Paroles de l'administrateur diocésain

Père Loïc Lagadec

Lettres aux fidèles

Chers frères et sœurs,

Le diocèse nomme, au sein de la paroisse Notre Dame de l’Espérance, le père Patrick Faure1 chapelain de la collégiale Saint-André de Grenoble ; en charge de l'apostolat auprès des fidèles attachés au missel de 1962, il devient leur pasteur à partir du 1er septembre 2022. Il assurera notamment les messes du dimanche et de semaine.

Il est pour cela déchargé de sa mission de recteur de la cathédrale Notre-Dame de Grenoble à la fin du mois d’août.

Le diocèse exprime ses remerciements aux abbés Desjars et Lacroix pour le travail accompli. Ils quitteront le diocèse à la fin de l’année pastorale (fin août) comme convenu avec le supérieur du district de France de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre.

Les fidèles de Notre-Dame de l’Isle (située à Vienne) sont invités à poursuivre leur vie ecclésiale dans une paroisse de leur choix.

Le diocèse continuera d’accompagner tous les fidèles et leur nouveau pasteur. Il les encourage au respect des personnes et des décisions du pape et des évêques dans la confiance et la paix.

Le collège des consulteurs                                Père Loïc Lagadec, administrateur diocésain
Père Emmanuel Albuquerque E Silva
Père Emmanuel de Butler
Père Bertrand Cardinne
Père Bertrand de Courville
Père Emmanuel Decaux
Père Philippe Rey
Père David Ribiollet

1 Le père Patrick Faure a notamment été curé de la paroisse Saint Eugène Sainte-Cécile du diocèse de Paris

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17/03/2022

Chers frères et sœurs,

Le conflit armé en Ukraine ne nous laisse pas indifférents. Nombreuses sont les initiatives qui se lèvent pour, à la suite du Christ, aider nos frères souffrants. En ces temps de préparation à Pâques, sachons faire une place dans nos cœurs, dans notre prière et dans nos maisons pour ce peuple en train de vivre sa passion.

Voici quelques propositions concrètes pour nous rendre solidaires :

1. Donner

Plusieurs associations ont des réseaux bien développés sur le terrain et font des appels aux dons qui sont reversés intégralement aux équipes présentes dans les régions sinistrées. Afin de faire tourner les économies locales, d’éviter les stocks inutiles et les délais de livraison, ces associations encouragent les dons financiers plus que les dons matériels. Ce n’est pas forcement intuitif mais c’est le plus efficace pour permettre aux associations d’être plus rapides et de venir en aide au mieux aux personnes.

2. Accueillir

Un réseau d’accueil des réfugiés est en train de se construire.
L’État français organise le recensement via une plateforme : https://parrainage.refugies.info
La ville de Grenoble a aussi créé une plateforme : https://grenoble.fr/ukraine
Les hébergements d’urgence ne seront probablement pas suffisants, aussi des collectifs d’accueil au niveau des paroisses seront une manière de suppléer le manque de place.
Le diocèse se tient à disposition des paroisses pour aider à la mise en place de collectifs, en lien avec les associations partenaires : migrations@diocese-grenoble-vienne.fr
Enfin, il est important de souligner que notre mobilisation exceptionnelle pour les Ukrainiens ne doit pas faire de l’ombre à l’accueil inconditionnel que nous nous devons de faire à nos autres frères souffrants venus d’autres contrées. Comme un parent qui accueille son deuxième enfant, notre cœur doit s’agrandir, « Elargis l’espace de ta tente » (Is 54,2). Ayons une prière pour ces autres frères qui subissent un rejet encore plus marqué qu’à l’habitude et persévérons dans leur accompagnement.

3. S’informer

Il convient d’être vigilants sur les manipulations de l’information de toutes sortes, dans lesquelles certains régimes sont passés experts. Essayons de comprendre les enjeux de fond de ce conflit, pour être moins sujets aux manipulations idéologiques et politiques. D’autre part, sur la question des conflits armés, la tradition de l’Église est sur une délicate ligne de crête, entre légitimité de se défendre contre des agresseurs mal intentionnés et l’indispensable et virulent combat pour la paix, seule véritable issue.

4. Prier

Cette période grave nous enjoint à être des témoins de Jésus, sereins et confiants, n’étant pas accablés par la peur ou le désarroi mais emplis d’Espérance. Pour cela prions, et intercédons pour la paix. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » nous dit le Christ Jésus. Désirons cette paix de Dieu, désirons en être les serviteurs par toute notre vie. Demandons à Dieu de nous aider à nous convertir, conscients que notre propre œuvre de paix dans nos vies contribue à la Paix.

P. Loïc Lagadec, administrateur diocésain
Miki de Dompsure, responsable du service diocésain Diaconie et soin

Communiqués

03/02/2022

Ce mercredi 2 février 2022, à la suite de l’installation de Mgr Guy de Kerimel comme archevêque de Toulouse le 30 janvier, les membres du collège des consulteurs du diocèse de Grenoble-Vienne ont élu le père Loïc Lagadec administrateur diocésain. Il était jusqu’à présent vicaire général.

Prions pour le père Loïc Lagadec qui a accepté cette charge pour servir l’Église en Isère dans l’attente d’un nouvel évêque. Que l’Esprit saint l’accompagne et le soutienne dans cette nouvelle mission qui prendra fin à l’installation du prochain évêque du diocèse de Grenoble-Vienne.

Rappels

Le collège des consulteurs est un groupe de prêtres qui a été choisi par l’évêque parmi les membres du Conseil presbytéral (prêtres élus par leurs confrères pour conseiller l’évêque). Dans notre diocèse, ce sont les pères Emmanuel Albuquerque, Emmanuel de Butler, Bertrand Cardinne, Bertrand de Courville, Emmanuel Decaux, Loïc Lagadec, Philippe Rey et David Ribiollet.

C’est ce collège qui a été chargé d’élire le prêtre qui administrera le diocèse jusqu’à l’installation du prochain évêque nommé par le Siège apostolique ; il le conseillera pour les décisions importantes qui doivent être prises pendant la vacance du siège (nominations, appels aux ordres…). C’est ce même collège qui reconnaîtra officiellement le nouvel évêque sur présentation de la lettre de nomination du pape.

La mission de l'administrateur, en attendant l’arrivée du nouvel évêque, est de soutenir la vitalité de l'Église et de prendre les décisions quotidiennes, assisté notamment du collège des consulteurs et du conseil de l'administrateur. Il le fait sans introduire d'innovation pastorale, dans un principe de stabilité et de continuité avec les orientations pastorales du diocèse et les décisions précédemment prises par Mgr Guy de Kerimel.

Il a pratiquement tous les pouvoirs de l’évêque, sauf ceux qui excèdent la simple administration du diocèse. Il est tenu aux obligations de l’évêque diocésain. Il peut appeler aux ordres et instituer au lectorat et à l’acolytat ; il demande le cas échéant à un évêque de procéder à l’ordination (c. 1018). Tout comme un évêque, il administre un diocèse, est convoqué aux réunions des évêques de France ou de la province ecclésiastique, donne le sacrement de confirmation, donne toutes les dispenses et partage de plein droit l’assemblée des évêques où il vote.

Cette période de vacance du siège épiscopal nous invite à prier pour celui qui nous sera donné comme évêque

Dieu notre Père,
ton Fils Jésus a choisi les Apôtres pour sanctifier ton peuple,
le conduire et lui annoncer l’Évangile.
Nous t’en prions,
accorde à notre Église diocésaine un pasteur selon ton cœur,
qui aura l’Esprit de l’Évangile et saura nous guider
et nous accompagner dans notre mission.
Rends-nous ouverts et accueillants
à celui qui sera choisi comme évêque de Grenoble-Vienne.
Nous te le demandons et te rendons grâce par Jésus le Christ,
notre Seigneur.
Amen.


Homélies

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de Yves-Marie Fankou Selemani - cathédrale-primatiale Saint Maurice de Vienne

Elle n’était qu’une petite palestinienne de Nazareth. Il n’était qu’un charpentier.
Ils n’étaient que 12 puis 72.
Et pourtant, leurs vies ont accueilli et désigné l’invisible.

Qu’avons-nous d’autre à faire de plus important que de les imiter ?
Imiter Marie qui dit oui à Dieu si fort qu’elle en engendre le Verbe en elle, pour nous.
Imiter les 12 et les 72 qui, deux par deux, par leurs paroles et leurs vies, attestent que l’Espérance est offerte à profusion.
Imiter Jésus de Nazareth qui aime en donnant sa vie, et qui par-là, produit un effet multiplicateur de vie.

Nos imitations visent d’abord à faire l’expérience de la vie évangélique comme puissance de transformation de nos vies. Comme par surcroît, elles peuvent être aussi prophétiques et désigner le mystère de Dieu qui est là, quelque part entre nos vies.

Yves-Marie, c’est dans cette dynamique que tu te présentes aujourd’hui. Sans orgueil et sans prétention, mais avec le cœur joyeux de celui qui a trouvé et choisi sa voie et qui trace humblement son sillon.

Yves-Marie, l’Église te choisit pour te confier des missions particulières dans le corps ecclésial, et pour cela elle t’ordonne diacre en vue d’être prêtre. Elle a vérifié que tu avais les aptitudes requises, en consultant tes formateurs, des frères séminaristes et les laïcs de la paroisse de La Sainte Trinité à Grenoble, où tu étais jusque récemment. Tu en as beaucoup.

Et pourtant, comme chacun de nous, tu es marqué de l’imperfection et de l’incomplétude. C’est le signe que structurellement tu n’es pas à la hauteur, et que structurellement tu vas avoir besoin et des autres et de Dieu. Et si c’est une épreuve qu’il en soit ainsi, c’est surtout une bénédiction, pour toi comme pour chaque être humain.

Accueille ta pauvreté et vis-la en béatitude. Fais-en l’expérience pour toi, pour être serviteur des béatitudes auprès de ceux vers qui tu seras envoyé.
Mais c’est vrai que c’est fou, tout cela. Cela vient de ce Dieu qui vient jusque dans la chair, de ce Dieu qui annonce l’inauguration d’un royaume en train d’éclore, comme souterrain et éternel, de ce Dieu qui meurt d’amour comme un perdant et qui ressuscite d’amour comme un fils perdu retrouvé... C’est bien cette folie de Dieu qui nous oblige à aussi être un peu fou, de Dieu et pour Dieu.

C’est cela être chrétien, et c’est pour vivre cela qu’on a besoin des prêtres, et des diacres, et des consacrées, et des époux, et de chacun de nous, pour être des signes de cette folie de Dieu et pour être un peuple serviteur de cette folie de Dieu. Ne soyons alors pas étonnés qu’on nous prenne pour des fous !

Bénie soit notre époque qui ne comprend plus rien au christianisme : nous allons être obligés de fondamentalement réapprendre à en parler, à en témoigner, à en rendre compte. Réjouissons-nous : seule notre capacité à vivre vraiment l’Évangile attestera de sa pertinence et de sa véracité.

Yves-Marie, tu es ordonné diacre. C’est un ordre que l’Église te donne : pour devenir prêtre, tu dois être diacre comme Jésus : comme Jésus, être au service de ceux qui souffrent, comme Jésus, faire du bien par tes paroles et tes gestes, servir le peuple de Dieu aussi, lui laver les pieds de toutes les manières possibles comme Jésus et surtout désigner le Royaume. Car désigner le Royaume, c’est un grand service humanitaire, désigner l’Espérance, c’est très urgent.

Imite aussi le mouvement de descente de Dieu. Dans ta chair aussi, car il s’agit aussi comme Lui, de porter dans la chair le sens des choses. Toute ta vie, il s’agira de descendre, et encore descendre, bas, très bas, au niveau où se jouent les enjeux existentiels de nos vies.

Aujourd’hui, avant de recevoir cet ordre au service, tu as reçu l’ordre de la mutilation symbolique du célibat : une drôle d’aventure à l’image de la folie de Dieu. Une aventure paradoxale, pour un Dieu qui valorise la chair en la prenant et ce faisant, en lui donnant une dignité jamais égalée.

La convenance du célibat pour les prêtres est régulièrement interrogée. On voit très bien ce qui est difficile et peu naturel, on voit aussi très bien les risques d’immaturité, de fragilisation ou de rigidification. Nous vivons ce célibat, comme notre foi, c’est-à-dire, dans des vases d’argile. Nous le vivons comme un projet d’amour, nous l’acceptons et le choisissons pour désigner le royaume.

Il s’agit d’abord d’une expérience humaine et spirituelle pour nos vies d’hommes : ce que nous vivons humblement, c’est l’aventure de la préférence. Préférer l’Évangile et le Christ à tout, le vivre dans sa chair.

Ce faisant, nous prenons un risque, ce oui de toute la vie nous, « nous expose, il ne peut pas en être autrement ». C’est le risque de tout choix, le risque de tout amour. Nous pouvons parfois trébucher ou nous casser franchement la figure... « Et alors !? » ... On est relevé et on peut fidèlement continuer, patiemment, humblement, sans gloire, à servir, encore et encore, à poser l’acte de croire, à être pardonné et à pardonner, on continue à aimer, à se donner et à recevoir et se recevoir...

Pourtant, il y a comme une gloire le jour de l’ordination, semblable à celle des amoureux le jour de leur mariage : comme une exultation d’amour et de foi, l’intuition validée d’avoir trouvé son point d’équilibre, sa façon d’aimer comme Jésus. Cette gloire est d’emblée celle de la croix, comme il en est de toute vie humaine. N’en ayons pas peur, elle est notre salut.

Il y a une autre gloire... On commence à l’apercevoir quand on commence à avoir pas mal de cheveux blancs. C’est l’impression d’être en train de réussir la traversée. Cette joie est partagée par nombre de ceux qui tiennent dans les inévitables tempêtes de la vie. Quand on est ami de Jésus-Christ, on Le découvre nous tenant la main pour accomplir ces traversées. Il nous tient, malgré nos manques de foi.

Enfin, cher Yves-Marie, tu entres aujourd’hui dans la famille du clergé dauphinois. Tu reçois aujourd’hui l’incardination au diocèse de Grenoble-Vienne. En juin tu deviendras membre de notre presbyterium. Quelle joie de t’accueillir ! Tu deviens notre frère de mission, notre frère dans le sacrement de l’ordre. Tu as quitté il y a déjà longtemps ton pays pour tes études et tu as choisi de donner ta vie au peuple de Dieu en Isère, la terre française qui t’a accueilli. Nous sommes très heureux que tu deviennes un des nôtres et que tu sois notre petit frère. Nous essaierons d’être à la hauteur du don que tu fais de ta vie, pour être des frères pour toi, nous comme diacres et prêtres, nous comme peuple de Dieu en Isère.

Et maintenant, cher Yves-Marie, par l’imposition des mains de Mgr Anatole, accueille le don de Dieu, c’est Lui qui te donne de te donner, c’est Lui qui t’attire, irrésistiblement, c’est Lui qui t’envoie.

Père Loïc Lagadec
administrateur diocésain de Grenoble-Vienne

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Et alors !?...

Que signifie cette folie de brûler sa paire de bœufs quand on est agriculteur ? Qu’en penses-tu cher Jean-Marc ? Que signifie cette invitation à ne pas enterrer ses parents ? Qu’en pensez-vous M. et Mme Duvivier ? Quelle est cette urgence désignée par les propos délibérément outranciers de Jésus ? Quel est ce mystère que désigne ainsi Jésus qui bouleverse l’ordre des priorités dites « normales » ?

C’est en laissant résonner en nous la parole de Jésus que peut émerger la construction d’une réponse qui exprime qu’il n’y a rien de plus urgent que de suivre Jésus-Christ.

Répondre à l’appel de l’Église pour recevoir le sacrement de l’ordre s’inscrit dans cet appel qui arrive jusqu’à nous : c’est l’écho de la voix du Père, qui parvient jusqu’à nos oreilles de disciples : c’est Lui qui appelle chacun de nous à vivre comme le Christ.

Si nos histoires vocationnelles sont très personnelles, l’Église a une intention pour prendre soin du peuple que le Christ engendre. Elle choisit quelques-uns parmi les disciples qui la constituent pour exprimer ce que tous sont.

Pour rappeler de manière indélébile, aux personnes et aux communautés, que le Christ n’est pas venu pour être servi mais pour servir, et pour ne pas oublier que ses disciples sont appelés à pas moins que la même chose, l’Église ordonne diacres certains, pour que tous le soient. Ce sera ta mission Jean-Marc. Elle est d’abord symbolique, c’est-à-dire de sens, avant d’être fonctionnelle. Comme tes frères diacres, tu vivras ton ministère dans une triple mission diaconale : celle de la charité, celle de la Parole de Dieu et celle de la prière.

Pour rappeler de manière indélébile aux personnes et aux communautés que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est Lui qui le premier nous a aimés (1 Jn 4), certains sont ordonnés prêtres pour signifier l’antériorité de Dieu ; ceux-là sont chargés par tout leur ministère de faire vivre l’Église de telle sorte qu’elle s’expérimente comme convoquée, appelée et structurée par Dieu. Ce sera ta mission Benoît.

Prêtre, tu l’es aussi pour que tous le soient, c’est à dire capables de Dieu : de le prier, et de s’offrir à lui (Rm 12,1).

Il s’agit aussi d’aider le peuple de Dieu à être prophétique, chacun dans sa vie mais aussi ensemble, pour que nos vies et nos communautés soient un témoignage, une attestation d’Évangile.

Homme de l’Eucharistie, tu le deviens autrement. Tu découvriras combien la fraction du pain rassemble ton ministère. Tu découvriras petit à petit combien elle façonne le missionnaire que tu dois être et même jusqu’à l’intime de ta vie d’homme. Et avec frère Christophe de Tibhirine tu pourras dire : « N’être plus que le geste seul qu’il me faut devenir : eucharistie ».

Prêtre, tu dois être un homme de ponts, de liens et d’alliances, au service de la communion et de l’unité. On dit que la société française s’archipèlise, entre des îlots qui s’éloignent ; peut-être est-ce aussi le cas dans l’Église en France...

En tout cas, notre mission de prêtres diocésains, c’est d’avoir le goût de tous, et du lien entre tous.

Et justement Benoît, tu fais le choix de devenir prêtre diocésain. Et un des effets de ton ordination, c’est de te faire entrer aujourd’hui dans un ordre : celui des prêtres, qui, rassemblés autour de l’évêque, forment le presbyterium. Avec leurs frères diacres ils ont l’évêque pour Père, dont ils sont en quelque sorte les délégués.

Par amour des communautés locales, tu vivras une double fraternité : celles de tes frères prêtres et celle de ceux et celles auxquelles tu seras envoyé.

Stables dans un monde qui bouge, dans une posture désormais structurellement missionnaire, les prêtres diocésains choisissent de s’implanter dans une région, une histoire, une terre, des racines ; et de construire une fraternité missionnaire de prêtres serviteurs de communautés locales. Depuis déjà plusieurs décennies, ils découvrent de manière renouvelée la joie de la mission avec des laïcs, des Lemes, des frères fidei donum, des consacrées, et même des diacres ! L’unité et la spiritualité de ces prêtres aux personnalités et aux couleurs bigarrées, toutes plus attachantes et insupportables les unes que les autres, vient de leur passion commune : servir les communautés locales.

Certains voient en nous des héros de la foi, d’autres des hommes dont les postures posent problème.

Nous avons juste entendu un appel à laisser les filets de notre vie, pour mettre nos pas dans ceux de Jésus de Nazareth et à servir les communautés locales en Isère avec amour, foi et espérance.

Nous avons été appelés par l’Église pour être des pasteurs du troupeau, c’est à dire : soigner, accompagner, enseigner, conduire, aimer, en essayant d’imiter le Christ, lui qui est le vrai Berger de l’Église, et son seul Grand Prêtre.

Nous assumons parfois des missions d’autorité, mais en sachant qu’il s’agit de faire autorité et de l’exercer comme un service et non un pouvoir ; tout cela est bigrement exigeant, exposant, mais humblement nous nous sommes lancés.

Nous savons bien que nous ne sommes structurellement pas à la hauteur du signe que nous sommes appelés à signifier, et pourtant nous osons l’être, par foi, par appel, par service. Nous sommes tous pécheurs, nous sommes tous imparfaits, nous ne sommes pas assez compétents, pas assez intelligents, pas assez théologiens, pas assez organisés, pas assez spirituels, pas assez…, c’est vrai, c’est juste nous, pas mieux que d’autres, pas pires non plus. Nous espérons cependant que ce « pas assez » que nous sommes peut enfin laisser de la place à Dieu. Comme Jean-Baptiste, nous espérons nous effacer suffisamment devant Celui que nous tentons de désigner par nos vies et notre ministère.

Il est vrai que notre époque est complexe, que l’Église traverse bien des crises, et que les catholiques en France deviennent une minorité. Et il est certain que l’Église va vivre encore un chemin d’appauvrissement humain ; pour quelques années au moins, les catholiques en France seront moins nombreux dans un monde de plus en plus païen.

Et alors !?

Et alors !... L’Évangile n’en demeure pas moins bouleversant, la croix du Christ demeure un roc d’amour, et les disciples de Jésus que vous êtes - Benoît, Jean-Marc et vous tous - sont bien vivants ! Une attraction invisible et pourtant irrésistible nous fait juste désirer suivre le Christ, vivre joyeusement l’Évangile et partager la bonne nouvelle du Christ par amour des autres. Nos seules sécurités sont la foi, les frères et sœurs dans la foi et l’Église, notre mère dans la foi.

L’histoire nous enseigne d’ailleurs que l’Église a été confrontée à toutes sortes de vicissitudes internes et externes, et que, comme elle est vivante, elle a évolué pour être fidèle à son appel à être messagère du salut. Les discernements sont opérés dans la paix ou les disputes, mais ils ont permis, permettent et permettront sa fidélité créatrice, « avec la grâce de Dieu ».

Ces évolutions concerneront aussi les modalités d’exercice des différents ministères, donc aussi du ministère presbytéral. Ce que pour ma part je vois poindre, ce sont des pistes pour de meilleures articulations des ministères et des états de vie, qui permettent davantage de complémentarité et synergie entre ministres ordonnés, laïcs, consacrées, hommes, femmes, jeunes et aînés. Cela permettrait à chacun d’être davantage ce qu’il est appelé à être. Un travail de fin discernement est encore devant nous. C’est mon espérance pour le chemin synodal.

Alors, ce temps ne serait pas favorable ? Mais c’est l’inverse ! Il est magnifique ce temps ! Il a besoin d’être sauvé ! Tout le monde s’en fiche ? C’est justement notre mission : par notre amour, notre vie évangélique disruptive, notre foi détonante et notre Espérance à tout casser, il s’agit de briser le gilet pare-balle de l’indifférence. Et pour cela, pas besoin d’être nombreux, juste d’être amoureux.

Que se lèvent donc ceux que l’Évangile de Jésus-Christ fait vibrer et un jour a bouleversés !

Que se lèvent donc ceux et celles qui sentent en eux que ce trésor n’est pas pour eux mais leur a aussi été révélé pour être partagé !

Que se lèvent donc les hommes et les femmes pas mieux que les autres, des pauvres pêcheurs pardonnés, appelés à inverser l’ordre des priorités pour vivre l’Évangile !

Ensemble soyons un peuple de prêtres et de prophètes de la bonne nouvelle de l’Évangile !

Amen.

Père Loïc Lagadec, administrateur diocésain de Grenoble-Vienne

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Oints pour oindre

Frères et sœurs,

Si nous sommes ici ce soir, c’est parce que l’amour du Christ nous a saisis, c’est parce que l’Évangile de Jésus dépose en nos cœurs un très singulier désir de vivre autrement, c’est parce que le baptême fait de nous des membres du corps du Christ qu’est l’Église et cela nous réjouit d’être ensemble la famille de Dieu, son peuple, son temple.

Après deux années éprouvantes, nous sommes heureux de pouvoir enfin prendre le temps de nous retrouver et de célébrer paisiblement.
Mais plus profondément, nous sentons combien l’enjeu spirituel de cette semaine nous est nécessaire. Nous avons besoin que le Seigneur lui-même refonde notre foi, nous avons besoin que le Seigneur lui-même ré-envoie son Église en mission, et qu’elle ne vive pas que pour elle-même mais au service de la relation d’amour et de salut que Dieu veut entretenir avec chaque être humain.

Nous nous sentons parfois si faibles. Si cela nous arrive, surtout n’oublions pas de compter sur Dieu, sur Dieu lui-même, et il faudrait même oser croire « sur Dieu seul ». Solo Dios basta.

Nous nous sentons parfois au contraire si forts. Oh ! comme c’est trompeur et risqué de s’illusionner sur sa prétendue force.

C’est justement le sens des huiles saintes : elles sont là pour être des signes de Dieu qui vient être notre force là où nous sommes faibles.

L’huile a ceci de spécifique, c’est qu’elle pénètre ce qu’elle touche et qu’elle l’adoucit.

Le dimanche 13 mars dernier, Mgr Anatole Milandou a consacré l’autel et procédé à la dédicace de la nouvelle église Notre-Dame du Drac à Seyssinet. Pour ce faire, il a enduit l’autel de Saint-Chrême. L’autel représente la pierre angulaire qu’est le Christ, pierre angulaire du temple que Dieu construit, dont chacun de nous est une pierre vivante. Pendant que Mgr Anatole faisait cette onction, j’avais comme l’impression que c’était comme si le Christ, qui est l’oint parfait, prêtre prophète et roi, prenait lui-même soin de son Église par ce geste, qu’il l’oignait, qu’il la chrismait.

Frères et sœurs, en cette année 2022, l’onction de Dieu va-t-elle rentrer jusqu’au fond de nos cœurs de pierre, nos cœurs de croyants habitués de Dieu et des rites, mais parfois asséchés de charité, de foi, d’espérance et d’implication du fond de son être ?

Frères et sœurs, par ces huiles saintes, Dieu prend notre sécheresse en pitié et marquera nos corps de sa bonté.

Alors, puisque Dieu vient à notre aide et au secours de notre manque de foi, alors, par lui avec lui et en lui, nous pouvons renouveler nos missions de baptisés et de prêtres.

Il y a besoin d’oindre les personnes malades, et par là, plus largement, tous ceux qui souffrent injustement.

Chaque baptisé, et tous ensemble comme Église, nous avons alors à être des missionnaires de cette bonté de Dieu spécifique pour ceux qui souffrent et ont besoin de consolation. Comme le Samaritain si bon qui oint le corps de l’homme blessé, nous sommes appelés à oindre le monde dans lequel Dieu nous envoie.

Et nous, les prêtres, devons à la fois le vivre avec vous et vous y aider. Et nous sommes également envoyés par l’Église pour donner le cadeau du signe sacramentaire : l’attestation de Dieu qui souffre avec la personne et qui, par sa mort et sa résurrection, aide au combat contre le mal et pour le bien, et à la traversée de l’épreuve.

Il y a besoin d’oindre les catéchumènes et les chercheurs de Dieu pour le combat de la foi.

Et c’est votre mission à tous, peuple de baptisés, que d’être les témoins de l’Évangile du Christ et vous le faites en témoignant humblement mais fidèlement de votre foi autour de vous. Vous savez bien sûr que c’est surtout votre charité en acte et votre espérance qui sont déterminantes pour cela.

Mais vous êtes aussi vous-mêmes une précieuse onction pour tous ceux que vous accompagnez dans la multitude d’accompagnement de vie et de foi que vous accomplissez au nom de votre baptême, auprès d’autres baptisés.

Ce témoignage de foi et de vie compte. Sentez-vous ce soir et toute cette semaine encouragés par votre Église.

Et nous les prêtres, nous participons avec vous à cette mission, un peu en l’organisant si nous sommes curés, un peu en enseignant si nous sommes un peu doué pour parler, en accompagnant et soutenant vos chemins de foi et vos engagements dans l’Église, toujours, en étant tout simplement prêtre avec et pour vous.

Il y a besoin d’oindre les baptisés.

Avec le chrême qui est saint, parfumé pour dire encore d’une autre manière combien Dieu est bon, nous sommes oints pour dire qu’en devenant des disciples de Jésus le Christ, nous devenons des petits christs, des christiens. Cette onction nous identifie à lui, et nous devenons ainsi un peuple chargé de la même mission que le Christ : celle de prêtres, de prophètes et de rois.

Ce Saint-Chrême va aussi servir à une ordination de prêtre cette année.

Cher Benoît, j’ai reçu hier ta lettre de demande d’ordination et la demande du conseil du séminaire de t’appeler à être prêtre. Le collège des consulteurs que j’ai consulté m’encourage à répondre positivement à ta demande et considère avec joie la perspective de te recevoir dans le presbyterium de notre diocèse. C’est dans une joie profonde et devant le peuple de Dieu en Isère que tu désires servir que j’ai la joie d’annoncer au nom de l’Église à Grenoble-Vienne que je t’appelle à devenir prêtre.

Benoît, quand un évêque de l’Église oindra tes mains, ce ne sera pas pour dire ta dignité, car nous ne sommes structurellement pas à la hauteur de ce que nous représentons. Mais ce sera pour exprimer la consécration de ta vie à la mission de prêtre de Jésus-Christ. Cette onction, tu peux aussi la voir comme la bonté de Dieu qui soutiendra ton labeur. L’onction de Dieu pour toi sera un onguent sur tes mains calleuses de labeur missionnaire et eucharistique, sur ton cœur calleux de foi, d’espérance et de charité, ton cœur amoureux de l’Évangile et du peuple de Dieu.

Frères et sœurs baptisés, samedi soir prochain, durant la vigile pascale, les prêtres vous interrogeront pour vous proposer de renouveler les promesses de votre baptême.

Ce soir, comme un préalable, comme pour servir votre oui à Jésus-Christ, nous aussi, les prêtres, nous renouvelons nos promesses sacerdotales par le service du ministère épiscopal de Mgr Anatole.

Les diacres qui sont ordonnés pour la diaconie de la charité de la parole et de l’autel, renouvellent également ce soir leurs promesses.

Nous redisons oui à Jésus, nous choisissons l’Évangile comme boussole de nos vies pour incarner le Royaume dans nos existences, nous renouvelons notre choix d’avoir dit oui à l’appel de l’Église à en devenir ses ministres ordonnés, serviteurs humbles et joyeux d’être utilisés par Dieu pour sa mission.

Chers frères et sœurs, avançons ce soir d’un pas davantage résolu, dans la célébration du mystère de la foi. Il était mort, il est vivant, il constitue un peuple sacerdotal, prophétique et royal à l’image de son Christ pour annoncer au monde cette bonne nouvelle qui change tout. Nous sommes les serviteurs de cette espérance. Jusqu’à dimanche, jour après jour, laissons-nous oindre par le mystère de la foi et par Dieu lui-même.

Amen.

P. Loïc Lagadec
administrateur diocésain


Discours