Les Homélies de nos Prêtres

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Homélie du dimanche 30 juillet 2023, 17e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 13, 44-52.

Livre du livre du prophète Jérémie 26,11-16.24. Psaume 118.

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 28-30.

 

« Le Royaume des cieux est comparable à … » Il est intéressant de voir que Jésus, par différents moyens, essaie de nous faire saisir ce qui est, encore aujourd’hui, difficile à envisager. Et nous, que répondrions-nous ? 

En réalité, avec ces quelques lignes, nous recevons ce matin, un enseignement merveilleux concernant la rencontre avec Dieu dans notre vie, car le Royaume des cieux dont il est question, c’est en réalité Dieu lui-même. Essayons d’avancer un peu ensemble !

Dans la première parabole, celle du trésor caché dans le champ, on peut comprendre que Dieu se laisse découvrir souvent comme par hasard (providence) dans notre vie. Cela peut survenir au moment où on s’y attend le moins et de façon imprévue même : par exemple, à l'occasion d’une messe (une illumination par exemple),d’une visite dans une église ou un sanctuaire (comme celui de Lourdes, la Salette, Fatima, Rocamadour…), lors d'un pèlerinage, la lecture d’un verset biblique, d'une rencontre, d’une découverte de la vie d’un saint, aux JMJ ( j’espère que de nombreux jeunes vont faire cette rencontre et c’est ma prière), cela peut-être aussi lors d’une maladie ou du décès d’un proche… que sais-je ? Et alors, à chaque fois, il se fait comme une lumière éclatante, une réponse à notre attente la plus intime… cela reste surprenant, même pour la personne intéressée. On parle alors d'une conversion, d’un changement de vie… qui surprend parfois les proches et qui transforme vraiment, la vie de la personne. 

Le Royaume de Dieu est caché, dit Jésus, comme un trésor enfoui dans un champ ou comme une perle, petite, mais d’une valeur inestimable. Dieu ne semble pas évident à découvrir et pourtant, Il se laisse trouver, découvrir, sur notre chemin de vie ! 

Sans aucun doute, certains d’entre nous pourraient personnellement témoigner de l’histoire cette rencontre !

Une fois le trésor découvert, que fait celui qui l’a trouvé : il vend tout et achète le champ où il l’a trouvé. C’est sur cela que Jésus insiste ! Dieu est un trésor qui fait pâlir tout le reste à côté de Lui. Le cultivateur et le négociant vendent tous leurs biens pour acheter le champ au trésor ou la perle fine qui vaut bien tous les sacrifices. Liquider tout pour acquérir l’essentiel, renoncer à tout pour être davantage libre, abandonner pour mieux ordonner sa vie… voilà la folie de ces deux personnages. 

Cette attitude décidée doit aussi être celle de la vie chrétienne, de notre vie chrétienne. Je peux prendre un exemple : nous admirons le sportif qui est capable de décisions radicales et va se priver d’une quantité de choses pour battre un record. Lorsque je prépare des jeunes au mariage, je leur dis qu’ils auront des choix exigeants à faire dans le don d’eux-mêmes à l’être aimé… ! Eh bien ! Ce sont des choix radicaux pour le Royaume de Dieu, que Jésus veut nous voir prendre.

Mais, n’ayons pas peur ! Le prix à payer pour posséder effectivement la perle rare ou le trésor caché n’est pas forcément trop élevé en comparaison de la joie qu’il procure. « Dans sa joie, il s’en va vendre tout ce qu’il possède », comme nous l’avons entendu dans l’évangile. La joie indicible éclipse tous les autres sacrifices. Comme dans tout amour vrai, la joie d’aimer et d’être aimé de cet homme, de cette femme, fait oublier tous les autres partis possibles. La joie est première, avant même, les renoncements. Ça vaut la peine de lâcher du superflu pour choisir l’impérissable, de se libérer de ce qui passe pour trouver l’essentiel : voilà ce qui nous est demandé. Il n’est pas de bonheur plus inouï que de découvrir ces trésors extraordinaires de l’amour infini et de la Vie éternelle.

Oui, le Royaume est au fond des cœurs, comme la perle qui allume le regard, comme un trésor que dégage le désir le plus profond.

Mais la découverte de ce trésor doit se faire avec une attitude responsable, avec une sagesse similaire à ce roi qui comprend qu’il faut abandonner les rêves de longue vie ou de richesses, pour choisir l’art de gouverner et de discerner. (Première lecture). La vraie intelligence est de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et de recevoir de Lui le goût des vraies valeurs, au-delà même de ce que nous pourrions espérer !

« Mon partage, Seigneur, c’est d’observer tes paroles,

mon bonheur c’est la loi de ta bouche…

Aussi j’aime tes volontés plus que l’or le plus précieux » chantait le psalmiste.

Oui, frères et sœurs, mettons-nous à la recherche du trésor qu’est Dieu. En réalité, c’est le seul et le vrai trésor durable ! De fait, Il est déjà là dans le quotidien de notre vie !

Peut-être pourrions-nous faire mémoire, chacun dans notre prière, de cette rencontre décisive avec notre Seigneur. Ce peut être un petit exercice pour cet été ! Peut-être pourrions-nous même dire la date ou le lieu où j’ai été saisi par Lui ! (Pour moi, cette rencontre décisive a été vécu en juillet 1990, lors du pèlerinage diocésain à Lourdes).

 Je le redis : être chrétien, c’est avoir fait une rencontre, la rencontre du Christ vivant, ressuscité, c’est recevoir l’Esprit Saint ! Pouvez-vous retrouver la date et le lieu de cette rencontre ?

Mais, déjà, dans cette eucharistie, il nous faut redécouvrir le Seigneur, comme un trésor incroyable et un don inestimable. Demandons au Seigneur de nous rendre attentifs à Le reconnaître lorsqu’il se révèle à nous et demandons aussi la grâce de rester toujours « des chercheurs de Dieu » dans notre vie. 

Voilà ce que les textes de ce jour nous enseignent ; puissions-nous les méditer, les contempler et les garder dans notre cœur.

Oui, le Seigneur est là !

Il est notre vrai trésor !

 

                                                                                                   Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 9 juillet 2023, 14e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 11, 25-30. Livre du prophète Zacharie 9,9-10. Psaume 144.

Lettre de saint Paul aux Romains 8,9.11-13.

 

Dieu aurait-Il des secrets ? Dieu aurait-Il des choses à cacher, qu’Il révèlerait à certains, et pas à d’autres ? Mais quel est le secret de Dieu ? 

 Là, souvent nos yeux s’écarquillent, nos oreilles se dressent ! En fait, nous le connaissons déjà, ce secret ! 

Le plus grand secret de Dieu, nous dit Jésus, c’est qu’Il nous aime ! Il nous aime comme un père, Il nous aime comme une mère aime son enfant. En Jésus, Dieu se révèle comme un Dieu plein d’amour. 

Cette révélation dénote et a sans doute pu surprendre les différentes religions devant faire face à une multitude de divinités et de dieux qu’il fallait honorer par de nombreux sacrifices ! 

Ce que Jésus annonce par sa parole et par ses actes, c’est que Dieu est unique ! Nous comptons pour Lui, nous avons du prix à ses yeux. Chacun de nous est aimé pour ce qu’il est ; voilà la Bonne Nouvelle qui sera particulièrement annoncée lors des premières missions des Apôtres !

Dans un monde en manque du vrai amour, nous avons besoin toujours d’entendre et de réentendre : non seulement Dieu nous aime, mais il a aussi un plan de Vie pour nous !...   

C’est une certitude ! Dieu nous aime au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. 

C’est un Amour qui accueille, c’est un Amour qui relève, c’est un Amour qui libère, un Amour débordant, un amour vrai et accessible ! 

Ce secret peut nous sembler évident et même vécu, pourtant, et de façon inexplicable, un constat souvent s’impose : nous résistons à l’amour de Dieu ! C’est comme si notre intelligence humaine résistait à nous laisser éclairer par cette force d’amour.

Les premiers théologiens chrétiens aimaient utiliser l'image du soleil pour tenter d’expliquer Dieu, pour essayer d’expliquer l’inexplicable : l'astre, qui est difficile à regarder tellement il brille, qui est la source de la lumière et de la chaleur : c'est le Père ; la lumière qui vient de Lui et qui nous éclaire sur terre, c'est son Fils Jésus-Christ ; la chaleur qu'on ne voit pas, mais qui pourtant se diffuse et qui réchauffe, c'est l'Esprit Saint. 

Ce qui peut nous surprendre aussi et dérouter les savants, les érudits que nous sommes, c’est que ce soleil est pour tous les hommes, les bons comme les méchants ! Même dire cela, provoque chez certains, comme un « blocage » de notre intelligence !

Certains vont me dire ! Nous entendons bien que Dieu nous aime, mais nous ne saisissons pas comment vivre vraiment de cet amour ! Comment entrer dans cette relation aimante et vraie ?

 

Voici trois pistes données par l’évangile d’aujourd’hui, trois pistes accessibles et simples.

La première piste est donnée par le début de l’évangile d’aujourd’hui. Il nous présente un message clair. Jésus argumente de façon percutante en renversant une logique mondaine. Il simplifie et oppose les sages et les savants aux petits et aux humbles. Sa position est nette. Ses disciples seront des gens simples, humbles, capables de se laisser enseigner. Ils ne se réfugieront pas dans leurs capacités personnelles intellectuelles ni ne se poseront au-dessus de leurs frères et sœurs. Ils se feront petits, comme Jésus l’a signifié par sa vie. 

L’image que donne le prophète Zacharie dans la première lecture l’exprime avec simplicité. Notre Dieu est un Dieu humble qui vient monté sur un ânon (même pas sur un âne !). Il ne s’impose ni par la force ni par les connaissances. Il devra en être ainsi pour ses disciples !

La deuxième piste : Jésus, par une image bien connue de ses auditeurs, leur fait comprendre qu’ils peuvent toujours compter sur Lui, qu’Il porte leurs fardeaux avec eux. 

L’image choisie est celle d’un joug. Ce mot est employé le plus souvent de nos jours dans un sens figuré. Il exprime l’autorité qui écrase ou encore les problèmes qui pèsent lourd. Mais ce mot, dans son sens strict, nous réfère à un instrument habituellement en bois qui unit deux bœufs pour tirer une charrue. Les deux animaux ainsi se coordonnent et s’entraident dans leur action. C’est cette image que Jésus a à l’esprit, lorsqu’Il dit « Prenez sur vous mon joug… Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ». Ce joug se retrouve aussi dans l’amour des époux : l’amour conjugal (Les époux portent le même joug) !

Les disciples de Jésus que nous sommes ne sont pas prisonniers d’obligations qui écraseraient. La première et la plus importante des obligations ou des commandements, c’est celle de la loi de l’amour.

La troisième piste : trouver la consolation, le bonheur et le repos près de Dieu, voilà une bonne aspiration pour le chrétien. Comment faire ? En répondant à l’invitation de Jésus : « Venez à moi » ; venez à moi avec vos joies, vos souffrances, et vos difficultés quotidiennes. Venez à moi tels que vous êtes !

 

Cet été, un certain nombre d’entre nous vont peut-être découvrir des horizons nouveaux : la mer, la campagne ou la montagne, des ballades ou randonnées. Une occasion de prendre le temps de s’émerveiller, de dire merci à Dieu pour cette nature, de Le louer, de Lui dire notre reconnaissance pour tout ce qui nous est donné à contempler et à vivre… comme le faisait saint François d’Assise. 

Mais surtout, c’est l’occasion de nous laisser aimer tels que nous sommes, en écoutant ce que Jésus a à me dire, en lui confiant notre vie, en lui parlant « comme un ami parle à son ami. » (comme le disait St Ignace). En sa présence, nous pourrons remettre les évènements de notre vie à leur juste place afin de retrouver plus facilement la paix et la consolation que Lui seul peut nous donner. 

Combien de fois sommes-nous bloqués dans une situation dont nous avons du mal à trouver l’issue ! Pourtant, c’est dans la prière, dans la contemplation, par la force de l’Esprit Saint que nous pouvons trouver le chemin pour avancer.

 

 Bref, je le redis, que nous partions en vacances, ou que nous restions ici à Grenoble, prenons le temps de relire tel ou tel passage de la Bible, laissons-nous enseigner par la vie d’un saint, c’est toujours édifiant ! Ils ont eu aussi des difficultés, des problèmes ; alors comment ont-ils fait ?

Osons prendre un temps de recul dans un monastère ou un sanctuaire ! 

Regardons le monde qui nous entoure, à la manière de Jésus, c’est-à-dire avec les qualités du cœur de Jésus « doux et humble de cœur » ! 

Voilà ce que nous recevons, frères et sœurs, en ce quatorzième dimanche du temps extraordinaire de l’ordinaire !

Prenons-en conscience et laissons-nous toucher par ce cœur débordant d’amour !

Que cet été, soit vécu vraiment avec Jésus !

                                                                                                                 Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 3 juillet 2023, 13e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 20, 24-29.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 2, 19-22. Psaume 116.

 

Chers amis, l’évangile de ce jour nous transporte au dimanche de Pâques. Le Ressuscité apparait pour la première fois aux Apôtres, puis, huit jours plus tard, voilà qu’Il apparaît aussi à Thomas !

Thomas est appelé Didyme : le Jumeau (de qui est-il le jumeau ? Serait-ce de nous ?). Il fait partie du petit groupe de ces disciples que Jésus a choisis, dès les premiers jours de sa vie publique, pour en faire ses Apôtres. 

Il est "l'un des Douze" comme le précise saint Jean dans son évangile (Jean 20. 24). Le même saint Jean nous rapporte aussi plusieurs interventions de Thomas, qui nous révèlent son caractère. 

Rappelons-nous ! 

  • Lorsque Jésus s'apprête à partir pour Béthanie au moment de la mort de son ami Lazare, il y a un grand danger et les disciples le lui rappellent : « Rabbi, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider. » Devant la décision de Jésus, Thomas dit alors aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui. » Thomas est donc prêt à mourir pour Jésus et avec Lui. Dès le début, Thomas a vraiment donné sa vie à Jésus. 
  • Lors du dernier repas, juste après le lavement des pieds, lorsque Jésus annonce son départ, c'est Thomas, la gorge nouée sans doute, qui pose cette question importante : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ? » - "Je suis le chemin, la vérité et la vie", répond Jésus. 

C'est grâce à toutes ces questions que Thomas doit sa sympathique notoriété ! Peu après le dimanche de Pâques, le voici qui revient d'on ne sait où et il entend ses amis lui dire : « Nous avons vu le Seigneur ! » Sa réaction n’est pas forcément celle d’une personne qui doute, mais de quelqu’un qui espère tellement revoir son Maître, qu’il ne veut pas risquer une déception : « Si je ne vois pas dans les mains la marque des clous, si je ne mets pas ma main dans son côté, non, je ne croirai pas. » Pour la postérité, il a reçu le qualificatif d'Incrédule, cela n’est pas tout à fait juste ! Thomas est un vrai croyant.

C'est grâce à ces questions précises, à cet esprit scientifique pourrait-on dire, qui ne croit que ce qu'il a vérifié, que nous devons la certitude qui nous habite. 

On oublie souvent que Thomas est surtout le premier qui, devant le mystère des plaies du Christ ressuscité, a donné à Jésus son véritable titre : « Mon Seigneur et mon Dieu. »

Thomas n’a pas eu besoin de plonger sa main dans le côté de Jésus (il n’a pas été jusque là), car les paroles de Jésus ont suffi pour le convaincre. Il restera un témoin de la puissance du Christ ! Notre foi n’est pas une illusion. Nous aussi, nous touchons cette réalité chaque jour à travers le témoignage de vie des chrétiens authentiques qui nous entourent. Nous touchons réellement le Christ dans la réception des sacrements, particulièrement dans l’Eucharistie. Frères et sœurs, nous ne suivons pas un homme mort, nous suivons le Ressuscité !

Jésus-Christ est vivant et actif dans l’histoire et dans nos vies. La mort et le mal ne l’empêchent pas d’agir. L’Église est construite sur la solidité de cette expérience du Christ. Les apôtres et les saints nous prouvent que nous construisons vraiment sur le roc. L’Apôtre saint Thomas nous appelle à être, à notre tour, des témoins de sa puissance.

Retenons de Thomas, le désir que notre foi soit ferme et de (re)découvrir la puissance de Dieu chaque jour. Nous devons augmenter la fermeté de notre foi en découvrant la présence de Dieu chaque jour.  Osons redire comme Thomas et aussi comme des milliers de chrétiens après lui : « Tu es mon Seigneur et mon Dieu ! »

Frères et sœurs, demandons cette grâce d’une foi vraie et confiante en celui qui est notre Seigneur et notre Dieu !

Ainsi soit-il

 

 

Homélie du dimanche 2 juillet 2023, 13e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 10, 37- 42. 2e livre des Rois 4,8-11.14-16a. Psaume 88.

Lettre de saint Paul aux Romains 6, 3-4. 8-11.

 

       Chers amis, voici que ce mois de juillet, synonyme généralement de changement de rythme et de légèreté, commence dans une violente tension sociale, et pas des moindres ! Ce temps estival qui va bientôt commencer, où déjà dans la tête et le cœur de chacun, il y a, sans doute le désir de repos, le rêve des voyages et des découvertes, des rencontres familiales, voilà que l’actualité nous bouscule et nous sidère face à une telle agressivité où la notion du vivre ensemble est bien, bien mise à mal !  

Grand malaise de notre société, cohabitation difficile, des parents dépassés et parfois complices, une jeunesse asservie par les réseaux sociaux et les idéologies, une politique d’accueil non-cadrée… Le constat est là : la récurrence de ces manifestations de plus en plus violentes vont crescendo depuis plusieurs années. C’est dans cette réalité malsaine que les lectures de ce jour nous rappellent deux verbes essentiels qui paraissent, à première vue, déconnectés de notre réalité et pourtant, ils marquent la vie du chrétien. Ces verbes sont : Accueillir et Récompenser !

Comme toujours, et nous le savons bien, les propos de Jésus veulent nous faire réfléchir ! Ses phrases parfois un peu lapidaires sont là pour nous aider à discerner et à mettre en actes l’Évangile.

Commençons par le verbe « récompenser » !  Que veut-il dire ? Comment « être récompensé » ? Nous pouvons y réfléchir selon trois niveaux de lecture :

  1. La première récompense est celle de la justice. Cela se produit sur une base de : « tu me donnes » et « je te donne en retour ». C’est sur une base de calcul. Cela est très bien et même nécessaire. Si j’ai travaillé pour quelqu’un, je lui demande un salaire ; ‘donnant, donnant‘ ! Je suis quitte ! C’est peut-être parfois, de cette façon que nous faisons avec le Seigneur : « Je récite un chapelet et j’attends de Toi, telle ou telle chose. »
  2. Il y a une deuxième façon de recevoir un retour de notre action. Celle-là n'est pas seulement sur une base de calcul, mais sur une base de partage, d’échange, d’une réciprocité : « Je te rends un service et quand l'occasion se présentera, tu m’en rendras un. Je te reçois chez moi, je t’accueille pour un repas, j’espère que tu me recevras aussi ». C’est normal de s’attendre à ce qu’il y ait un retour lorsqu’on fait quelque chose pour quelqu’un. « Si on aide un prophète, on aura une récompense équivalente, une récompense de prophète, dit Jésus ». Sans être calculateur, lorsqu’on accueille quelqu’un, même généreusement, on peut espérer qu’il y ait un retour en proportion de qu’on a fait.
  3. Enfin, il y a une troisième façon de recevoir un retour de notre action : c’est de ne rien attendre en retour ! Au risque d’être surpris, c’est une attitude plus difficile ! Cependant sans rien réellement rechercher, dans un rapport différent, je prends conscience que je reçois bien plus que je n’ai donné ! Jésus ici nous montre comment, lorsque j’aide ou accueille tout à fait gratuitement avec le cœur, avec amour, lorsque j’accueille un petit, celui ou celle qui ne peut rien me donner en échange, alors là, la récompense est quelque chose de spécial parce que l’amour ne se mesure pas comme le reste, parce que l’amour me fait sortir de moi. Je ne regarde pas ce qui me reviendrait en retour. Je le fais, j’aime, je donne gratuitement, un point c’est tout !

C’est là que l’amour de Dieu est un modèle, car Dieu le Père nous donne tout, la vie, son amour, et même son Fils. Nos besoins d’amours humains, l’amour conjugal, l’amour filial, l’amour des parents pour leurs enfants s’en inspirent, même s’ils ne réussissent pas toujours à atteindre cet idéal. En fait, nous pouvons retenir qu’en aimant Dieu par-dessus tout, nous donnons à tous, l’amour nécessaire, c’est-à-dire un fondement durable, solide, vrai, lucide et apaisé.

Voilà très rapidement les différentes façons dont nous pourrions espérer une récompense ! Cela suppose un acte, une décision et aussi de prendre un risque, celui de l'accueil et du don de soi !

Vous me direz : « Est-ce possible ? » Oui, c’est possible, car l’amour est à la portée de tous. Le disciple de Jésus est celui qui accepte de sortir de lui, de « perdre sa vie » comme Il le dit lui-même, de ne pas seulement regarder du côté de ce qui est la justice ou du côté des conventions sociales, mais c’est accepter d’expérimenter le don autrement, accepter de se libérer d’un prêt à penser individualiste si actuel.

 

Le deuxième verbe nous invite naturellement à l’accueil ! Accueillir l’autre et se laisser accueillir par lui, ouvrir sa porte et ne pas fermer son cœur : ce ne sont pas là des actions d’éclat, mais des gestes modestes qui sauvent le monde.

C’est peut-être ce qui manque dans notre société d’aujourd’hui ! Il n’y a pas de petits gestes qui ne soient pas nécessaires et importants ! Il faut relire les écrits de La petite Thérèse de Lisieux quand elle dit l’importance de« Ramasser une petite épingle par amour » ! Oui ! « Il n’y a pas de petits gestes. » Le moindre geste, même presque invisible, lorsqu’il est rempli d’amour, a une valeur d’éternité.  Voilà une « bonne nouvelle » !

La liturgie de ce jour nous en donne un bel exemple ! L’image de cette femme qui reçoit le prophète Élisée dans le récit de la première lecture. « Un jour, le prophète Élisée passait à Sunam ; une femme riche de ce pays insista pour qu’il vienne manger chez elle. Depuis, chaque fois qu’il passait par là, il allait manger chez elle. » Plus encore, elle lui propose même une chambre à demeure ! Élysée se demande quoi faire pour la remercier. Apprenant que la dame éprouve le désir d’avoir un enfant, dans la confiance, le prophète intercède auprès de Dieu pour lui faire ce don. Rien de magique, et pourtant, c'est ce qui va arriver.

Cette femme est pour nous un modèle de l'attitude chrétienne à développer au fil des jours. Le chrétien est celui qui a ‘une chambre‘ en plus dans son cœur, son temps et sa vie… une ‘chambre’ dans laquelle Jésus peut entrer à tout moment. 

C’est ce qu’exprimait bien la tradition de nos grands-parents qui laissaient toujours une place ouverte lors des repas : « la place du pauvre ! »

       Pour conclure, il ne s’agit pas, pour nous, de chercher à obtenir une récompense à tout prix, mais simplement de nous ouvrir à la joie qu’il y a à partager, à découvrir l’autre, à l’accueillir, à s’enrichir respectueusement de nos différences. 

C’est de cette joie-là, dont Jésus nous parle ! La « récompense », comme la seule et vraie conséquence de notre « accueil » : c’est la vie éternelle ! Ce ne sera pas la richesse ou une bonne santé ou une longue vie… c’est la vie éternelle, c’est le don gratuit, sans commune mesure, sans aucun mérite de notre part. Dieu veut faire à chacun de nous le don de cette vie. Il nous la propose et il nous appartient ou appartiendra d’accueillir ce don.

 

En début de ce mois de juillet, violent et bien triste, nous entendons ces lectures qui devraient ranimer en nous la joie et l’espérance ! Prenons le temps de les relire ! 

Nous sommes là, frères et sœurs, pour annoncer, sans doute, modestement et pour faire rayonner vraiment, l’Évangile et la Bonne Nouvelle du Seigneur !

Demandons cela pour chacun de nous, pour notre paroisse, la France et le monde !

Ainsi soit-il !

 

 

Lettre Recommandation Mgr Eychenne

Lettre Recommandation Mgr Eychenne

Homélie du dimanche 25 juin 2023, 12e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 10, 26-33. Livre du prophète Jérémie 20,10-13.

Psaume 68. Lettre de saint Paul aux Romains 5, 12-15.

 

Ne trouvez-vous pas que cette page d’évangile est décapante ? 

En réalité, elle est très importante, car chers frères et sœurs en ce 12e dimanche du temps extraordinaire de l’ordinaire, ce texte a une saveur de mission, où peuvent se mélanger les joies et les peines ! En même temps, il nous en rappelle le ‘pourquoi’.

Pour le comprendre, il faut d’abord se rappeler que cette page d’évangile a été écrite pour des chrétiens d’origine juive, une cinquantaine d’années après la mort et la résurrection de Jésus. Ces juifs passés au christianisme sont considérés comme des renégats. Aussi cherchait-on à les éliminer, ou du moins à les faire taire ! 

Voici dans le contexte de l’époque ce que nous pouvons retenir : Témoigner de sa foi à cette époque, c’était souvent risquer sa vie !

On peut comprendre que certains aient cherché à se faire très discrets et à ne pas trop élever la voix. Les disciples avaient, sans doute, de bonnes raisons d’être inquiets.

D’ailleurs, rappelez-vous que Jésus ne leur avait pas caché que l’entreprise était risquée : « je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups… prenez garde aux hommes… vous serez haïs de tous à cause de mon nom… »  

C’est donc pour eux, mais aussi pour nous que saint Matthieu rappelle ces paroles de Jésus qui invitent à l’audace et au courage. Sans doute avez-vous retenu cette invitation de Jésus, renouvelée à plusieurs reprises : « Ne craignez pas... Soyez sans crainte ! ».

Cette invitation se retrouve 366 fois dans la Bible. Je vous invite à le vérifier si vous avez un peu de temps ! Donc, tout au long de l’année, chaque matin, en se levant, le chrétien peut lui aussi se redire : « Allez ! Ne crains pas ! J’y vais. »Chaque jour, nous pouvons alors, aller joyeusement témoigner de l’Évangile. 

« N’ayez pas peur ! », comme nous le souhaitait aussi, saint Jean Paul II le jour de son élection en criant sur le balcon de la basilique saint Pierre de Rome : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, en effet, grandes les portes au Christ ! » 

C’est en regardant vivre le Christ Lui-même que nous comprenons mieux toute la portée et les exigences de ce message : en relisant les évangiles, nous constaterons que le Christ n’a jamais eu peur d’affronter les autorités religieuses qui étaient opposées à son message de vérité et de miséricorde. Il fait bon accueil aux pécheurs, Il est allé vers les collecteurs d’impôts (Zachée, Matthieu…), Il a accueilli les lépreux, les prostitués et les pécheurs publics, ce qu’il fallait à tout prix éviter à cette époque. Il a pardonné les péchés. On peut dire que Jésus a vécu dangereusement. Il a accepté tous ces risques pour rester fidèle à sa mission jusqu’au bout. 

Alors Jésus prévient ses disciples : eux aussi, comme nous-mêmes, connaîtront des tempêtes et des contradictions. Les chrétiens sont effectivement persécutés quand saint Matthieu écrit son évangile. Il veut rappeler ce message d’espérance : « N’ayez pas peur…  Je suis avec vous ! ». Dieu n’abandonne pas ses enfants ! Ou encore comme le dit saint Paul : « Rien ne peut nous séparer de son amour ».

Parce que nous formons une communauté de chrétiens, une communauté de baptisés plongés dans la réalité de la mort et résurrection de notre Seigneur, le Christ compte sur la fermeté de notre foi et Il nous fait confiance. 

Car, dans notre monde d’aujourd’hui, parfois bien malmené et bien triste, les causes d’inquiétude ne manquent pas : Guerre, maladie, chômage, exclusion, humiliation, mépris, incompréhension, peur, précarité… Si toutes les époques ont leur lot de tribulations, nous ne pouvons pas baisser les bras !

Le Christ nous veut partenaires, Il veut tous nous associer à sa victoire sur la mort, c’est-à-dire sur sa victoire sur tout ce qui défigure l’homme, tout ce qui défigure sa Création !

Il compte particulièrement sur l’engagement personnel de tous ceux qui lui sont consacrés par le baptême - c’est-à-dire de chacun d’entre nous - pour faire retentir son Évangile dans tous nos milieux de vie. Cela, personne ne peut le faire à notre place !

Car si être disciple de Jésus (et je le dis avec infiniment de douceur) c’est uniquement aller à la messe le dimanche, ne pas voler, ne pas mentir ou tromper l’autre… donner un peu d’argent pour la lutte contre la faim dans le monde… méditer au fond de son cœur ou dans sa chambre… Cela est déjà bien ! Mais si être disciple de Jésus ne se résume qu’à cela, alors il y a de grandes chances que nous aurons peu de risque d’être trop inquiétés. Être disciple de Jésus Christ ce n’est pas seulement : « pratiquer une religion », c’est aussi, et en même temps : « pratiquer vraiment l’Évangile ». C’est là notre humble responsabilité de serviteur de l’évangile !

Alors, comment vivre vraiment en chrétien dans notre vie de tous les jours ? Ne pensons pas que les siècles passés aient été meilleurs ou plus faciles que le nôtre ! Être Chrétien aux premiers temps de l’Église, comme pour aujourd’hui, révèlent qu’en réalité, les enjeux restent les mêmes ! C’est bien ce que décrit saint Matthieu 50 années après la mort et résurrection de Jésus. N’oublions pas les siècles de persécution ou encore aujourd’hui, les persécutions et les massacres de nos frères et sœurs à travers le monde !

Sommes-nous sans défense ? Dans l’évangile d'aujourd'hui, Jésus nous fait une promesse. « Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux ».

En d'autres mots, Jésus nous dit de ne pas craindre de nous prononcer pour Lui dans nos milieux de vie, au travail, dans nos familles, à la maison. 

Laissons-nous interpeller par cet évangile qui est un appel à la confiance. 

En cette fin d’année où nous accueillons des enfants pour le baptême, la première communion ou la profession de foi. Nos jeunes ont besoin du témoignage d’adultes courageux qui n’ont pas peur de témoigner de l’espérance qui les anime. Si nous ne témoignons pas auprès d’eux de notre confiance et de notre espérance en Dieu, ils pourraient peut-être être tentés de baisser les bras et même d’apostasier.

Rendre ce témoignage, c’est aussi « confesser Jésus-Christ ».

Enfin, je note une dernière et importante remarque de Jésus qu’il nous faut méditer : risquer sa vie n’est pas si grave, nous dit Jésus ! Le drame serait de perdre son âme, c’est-à-dire de perdre la vie éternelle ! Comment disposons-nous notre cœur, notre âme pour la vie éternelle ? C’est un beau sujet de méditation !

Demandons au Seigneur, frères et sœurs, la grâce d’un cœur audacieux et confiant afin de mettre en pratique son Évangile, chaque jour, au cœur de notre vie, au cœur de nos actions, sans crainte !     

                                                                                                     Ainsi soit-il ! 

 

 

Homélie du vendredi 23 juin 2023, 11ème semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 6,19-23.

2e lettre de Saint Paul aux Corinthiens 11,18.21b-30. Psaume 33.

 

« Argent, vanité et pouvoir » ne rendent pas l’homme heureux ! Les vrais trésors, les richesses qui comptent, sont « l’amour, la patience, le service aux autres et l’adoration de Dieu » ! C’est ainsi qu’il nous faut comprendre l’évangile de ce jour !

La première lecture, celle de saint Paul aux chrétiens de Corinthe, est aussi dans cette même détermination ! 

Alors, permettez-moi de m’y arrêter quelques instants avec vous ! 

Nous pouvons comprendre que ce que nous recevons ce matin est un témoignage de vie ! C’est un texte qui mérite que l’on s’y attarde et que l’on découvre comment Paul a vécu sa mission. On l’admire souvent pour sa force de parole, pour tous les voyages missionnaires qu’il a accomplis, mais on mesure rarement tout ce que cela lui a coûté : toutes les fatigues, toutes les souffrances, toute la persévérance qu’il lui a fallu et surtout un amour de Dieu inébranlable !

« S’il faut se vanter, je me vanterai de ce qui fait ma faiblesse. » affirme saint Paul aux chrétiens de Corinthe

Le pape François, en préparant les JMJ de cet été à Lisbonne, interrogeait récemment les jeunes de cette façon : « êtes-vous des chrétiens de salon ou des chrétiens de mission ? » Cette parole s’adresse aussi à chacun de nous, quel que soit notre âge, et là, où nous sommes !

Aujourd’hui (bien évidemment, je ne vise personne), parfois, on veut bien annoncer la Parole, être des missionnaires, à la condition que ce soit sans fatigue, sans contrariété, et peut-être même, avec une belle auréole sur la tête et des compliments ! 

Posons-nous donc la question : qu’est-ce qu’être vraiment missionnaire ? Qu’est-ce qu’être véritablement un « annonceur de la parole de Dieu » ? Car ne nous trompons pas, annoncer la Parole n’est pas réservé à une élite ; cela appartient à tout baptisé, chacun pour sa part et avec le charisme qui est le sien. Par notre baptême, nous sommes « tous prêtres, prophètes et rois », donc tous des missionnaires !

Il ne suffit pas de dire : « Je suis chrétien » et rester juste observateur  !

Ne soyons pas timides, ou pire, ne soyons pas des chrétiens passifs !

Comme en témoigne saint Paul : « Cinq fois, j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois, j’ai subi la bastonnade ; une fois, j’ai été lapidé ; trois fois, j’ai fait naufrage et je suis resté vingt-quatre heures perdu en pleine mer. …/…

Et nous, qu’avons-nous fait ? Que faisons-nous ?

Souvent à pied sur les routes, avec les dangers des fleuves, les dangers des bandits, les dangers venant de mes frères de race (est-ce que mes frères et sœurs pourraient m’empêcher d’être témoin du Christ ?), les dangers venant des païens, les dangers de la ville (les dangers des médias, dangers des réseaux, les prêts-à-penser de notre époque…) les dangers du désert » … Saint Paul témoigne : «  j’ai connu la fatigue et la peine, souvent le manque de sommeil, la faim et la soif, souvent le manque de nourriture, le froid et le manque de vêtements, sans compter tout le reste. »

 

Frères et sœurs, comment mesurer notre entrain à annoncer la Parole ? 

Cela n’est pas mesurable, car la Parole agit dans les cœurs !

Demandons alors ce matin, à la lumière du témoignage de saint Paul, de nous interroger sur notre vocation et sur la manière dont nous la vivons, afin d’être de véritables témoins de la présence du Seigneur. Soyons donc des témoins fidèles et audacieux, amoureux de celui qui est la Vie !

Demandons, pour notre communauté de pouvoir annoncer humblement l’amour du Christ !

                                                                                                         Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 18 juin 2023, 11e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 9, 36 à 10, 8. Livre de l’Exode 19, 2-6a. Psaume 99.

Lettre de saint Paul aux Romains 5, 6-11.

 

 

Ce matin, un souvenir me revient à la mémoire ; c’était il y a quelques années et je me trouvais avec une équipe EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) ; nous échangions ensemble sur ce texte d’évangile. Une question se posait à nous : Jésus aurait-il été un bon chef d’entreprise selon les modalités d’aujourd’hui ?  Il n’a pas demandé de CV, pas d’entretien multiple ni de test psychologique ou graphologique… Pas si sûr ! Ce qui est certain, c’est qu’Il n'a pas eu peur de la diversité lorsqu'Il a choisi ses douze apôtres, ses douze collaborateurs. C’est un peu comme pour nous dire qu’il n’y a pas un moule unique et que, indépendamment d'un quelconque CV, chacun de nous est appelé !

Cependant, ce qui unissait à ce moment tous ces hommes, en dépit de leurs différences de culture, de tempérament et d'options politiques, c'était leur engagement inconditionnel à la suite de Jésus ; c’était leur point commun !

C’est un appel… pour un envoi ! Pour ce premier envoi, Jésus les ménage encore un peu : ils n'auront pas à dépasser les frontières d'Israël. La mission au grand large, parmi les nations, sera pour plus tard ! Pour l’instant, Il leur demande de s’attacher aux personnes qui sont autour d’eux, en proximité, leurs familles, leurs amis, le monde de notre univers quotidien…

En réécoutant cet évangile, ne trouvez-vous pas que ce texte semble, encore une fois, entrer en résonnance avec notre actualité ? Quand Jésus parle de mission, son constat semble intemporel !

 

Si nous le relisons, retenons trois éléments qui me semblent éclairants dans ce texte. 

- Le premier élément est une constatation : les brebis sont fatiguées, elles sont sans berger, et pourtant la moisson est abondante. Cela s’applique bien à nousNous sommes fatigués, car nous hésitons sur le chemin à prendre : nous courrons peut-être dans tous les sens sans connaitre vraiment le but et comment y aller ! Quand nous discutons avec les uns et les autres, nous entendons bien qu’ils  ont des souhaits, des désirs, des demandes pressantes, mais qui les guide ? Les médias, les réseaux sociaux ? …

- Le deuxième élément nous présente un appel et une décision pour répondre à cette situation. Jésus appelle des ouvriers pour travailler à sa vigne, et Il appelle largement ! Il choisit ici douze apôtres qui le seconderont et qui prolongeront sa mission dans le temps. Ces Douze ont été témoins de signes prodigieux, mais ils ont écouté sa parole ! Aujourd’hui, la parole de Jésus est toujours présente, c’est à nous de prendre le relais de ces Douze. « Il les appela » comme « Il nous appelle » nous aussi

- Le troisième élément est un envoi ! Une mission, certes limitée aux rencontres de notre vie de tous les jours. « N’allez pas vers les païens, allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. »  Jésus est très concret : pour nous, allons déjà vers les personnes proches de nous !

Il me semble bien que ces trois éléments puissent très bien s’appliquer à nous, aujourd’hui, dans notre société, même si des constats évidents peuvent alourdir nos échanges. 

En effet, notre situation de chrétiens, dans une société où nombre de repères se sont délités, ne cesse de nous poser de nouveaux défis. C’est une constatation que nous sommes tous à même de faire. Les défis sociétaux sont nombreux et si nous ajoutons à cela la question des abus sexuels, une déchristianisation, une culture Woke, un individualisme, une culture de la famille qui éclate, alors qu’elle devrait être le lieu de transmission et une école de l’amour, nous pourrions être découragés.

Bref, nous pouvons être un peu mal à l’aise d’afficher nos croyances, sans oublier, que régulièrement, les médias tapent sur la tête de notre Église, l’accusant de tous les maux. C’est vrai : voilà une constatation actuelle et c’est notre situation. Faudrait-il baisser les bras ?

Malgré nos faibles moyens, comme ceux des premiers Apôtres, ne laissons pas la peur nous envahir. Les personnes appelées, c’est bien nous ! Il n’y a pas à regarder ailleurs, mais il faut se prendre en main. 

N’ayons pas peur, comme nous le souhaitait saint Jean Paul II le jour de son élection en criant sur le balcon de la basilique saint Pierre de Rome : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, en effet, grandes les portes au Christ ! » 

Nous pourrions nous désoler et nous morfondre de la situation de notre Église, mais non ! Nous sommes appelés à vivre la beauté et la richesse évangélique. Elle est le signe de la présence du Christ dans le monde. Dieu ne nous abandonne pas ! Cela, nous pouvons le dire et le montrer par notre vie. C’est ce que nous sommes et ce que nous vivons qui interrogeront nos concitoyens. La mission continue ! N’ayons pas une tête d’enterrement, mais une “gueule de ressuscités“ !

Notre envoi et nos missions rejoignent celles des premiers Apôtres ! Par ailleurs, l’Église a toujours la même mission : « prendre soin de ceux qui nous sont proches, aller vers ceux qui sont loin ou qui se sont éloignés, annoncer la victoire de Dieu sur la mort, sur toute mort, redire que Dieu nous aime et qu’Il ne nous abandonne pas ».

Comment la réaliser ? La réponse de Jésus tient en un seul mot : « Allez ! ». C’est une décision et un acte de foi, une folie audacieuse !

Il n’y aura peut-être pas de signes éclatants comme ceux que Jésus avait manifestés, mais l’action de Dieu fera son chemin à sa façon. Je pense aujourd’hui, à de nombreuses associations au service des plus pauvres, qui sans faire de bruit, font beaucoup de bien ! Beaucoup de chrétiens sont déjà au service des plus pauvres, des plus démunis, discrètement. À nous de combler aussi les désirs des cœurs ! Ce n’est pas forcément juste un problème de pauvreté matérielle qui appauvrit notre société, mais la perte d’une spiritualité et d’une vraie espérance !

C’est ce que le saint Pape Paul VI souhaitait après le Concile Vatican II et ce que le pape François nous propose lorsqu’il écrit : « Nous sommes tous appelés à être des témoins, mais il y a de nombreuses formes existentielles de témoignage. » (23 janvier 2021 - Latran)

 

Frères et sœurs, prions le Seigneur, le maître de la moisson, qu’Il nous aide à être nous-mêmes dans notre foi et qu’Il nous donne de trouver des moyens, des façons d’en témoigner autour de nous. 

Que cette Eucharistie fasse de nous des disciples missionnaires de Jésus, des témoins qui rayonnent simplement, humblement par leur foi, leur espérance et une charité active. 

Ainsi le Royaume de Dieu sera proche pour nos frères et sœurs du XXIe siècle, et nous prendrons alors le relais des apôtres des premiers temps ; c’est ce que je nous souhaite avec la grâce de Dieu. 

Demandons, pour chacun de nous, d’avoir cette folie audacieuse des disciples missionnaires, pour aujourd’hui !                                                                          

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 12 juin 2023, 10e  semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 1-12. 2e lettre de saint Paul aux Corinthiens 1,1-7. Psaume 33.

 

Chers frères et sœurs, nous connaissons bien ces huit béatitudes! À chaque fois que nous les écoutons, elles nous intriguent, nous passionnent, nous stimulent aussi ! Cet évangile, en fait, nous livre une Loi nouvelle, une charte de la vie chrétienne en quelque sorte. C’est toute la physionomie de la vie chrétienne qui y est contenue ; c’est le programme de vie et de progrès spirituel du chrétien qui nous sont enseignés par le Christ Lui-même. 

Comme vous vous en doutez, de la même façon que cet enseignement s’adressait aux contemporains de Jésus, c’est à nous, aujourd’hui, qu’il s’adresse.

La réaction première qui jaillit de notre écoute ou de notre lecture attentive est sans doute que ce programme n’est en rien conforme à nos inclinations les plus spontanées, à ce que nous pouvons entendre autour de nous. Personne n’envisage spontanément le bonheur à travers la pauvreté, l’humilité, la faim et la soif, les persécutions et les insultes. Nous pensons plutôt en termes d’épanouissement, de satisfaction, de réalisation personnelle, de plénitude. 

En réalité, les paroles de Jésus annoncent et provoquent un bouleversement de l’ordre du monde, un renversement des valeurs, une nouvelle conception de l’homme et du monde.

Nous ne pouvons pas passer cet enseignement sous silence !

Nous ne pouvons pas croire et laisser croire que le monde ne pourrait vivre que dans un bonheur facile ! Une rapide relecture de notre vie nous ramène au réalisme de la vie ! Cet enseignement veut donc nous dire autre chose !

À chaque fois que j’entends ces Béatitudes, j’ai en mémoire les paroles de saint Paul dans sa lettre aux Chrétiens de Corinthe. Voilà ce qu’il nous dit : « ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ! » (1 Co 1, 26-31). 

Il n’est pas très surprenant, à la vérité, que pareille annonce ait maintes fois suscité une incompréhension et même un rejet. Beaucoup, en se trompant sur le sens, risquent d’avoir un ressentiment contre une religion chrétienne qui préfèrerait, dit-on, les pleurs au rire, la faiblesse à la force. 

 

Beaucoup trop s’en tiennent à une lecture sommaire, ils ne voient pas le trésor caché dans cet évangile des Béatitudes. 

Il nous faut méditer, approfondir pour comprendre que la vie selon les Béatitudes est une conformation de notre vie à celle du Christ, une invitation à Le rejoindre dans les joies et jusque dans les peines. Car, quel est celui qui le premier, et au plus haut point, a vécu pauvre de cœur, et a été insulté, alors qu’Il était doux, assoiffé de justice, le cœur pur, artisan de paix, mais affligé, en pleurs et persécuté …? 

Les Béatitudes sont à lire et à vivre à la lumière de la Croix, de la passion et de la résurrection de Jésus. La vie du disciple est configurée à celle du Christ, ne l’oublions pas : nous ne sommes pas au-dessus du Maître ! Au point que, comme le dit saint Paul « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).

Frères et sœurs, la liturgie de ce matin est une invitation : prenons le temps de relire et de méditer ces Béatitudes, non pas d’une façon superficielle, mais peut-être en nous arrêtant plus particulièrement sur un verset !

Demandons la grâce de conformer notre vie à celle du Christ ! C’est ce que nous pouvons demander, aujourd’hui, pour chacun de nous !                                       

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 11 juin 2023, solennité du Saint-Sacrement, Corps et Sang du Christ, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 20, 19-23. Livre du Deutéronome 8,2-3.14b-16a. 

Psaume 147.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 10, 16-17.

 

 

En entrant tout à l’heure dans l’église, j’ai été interpellé par une personne qui m’a dit : « Mon père, je viens depuis des années à la messe et je n’y comprends rien ! Pourriez-vous m’expliquer ce que sont le Saint Sacrement et l’Eucharistie ? ». J’ai répondu que beaucoup de choses nous échappent, nos connaissances n’expliquent pas tout… l’Eucharistie c’est un mystère ! Comment expliquer le mystère de l’amour ? Comment expliquer, par exemple, la venue au monde d’un enfant ?

À partir des textes de l’Écriture qui viennent d’être lus, essayons, dans ce court moment de l’homélie d’approfondir, un peu, ce mystère de l’Eucharistie. En même temps, un mystère est quelque chose qu’on ne peut comprendre. Nous le voyons, nous y assistons, nous le découvrons, mais comment l’expliquer vraiment ? Comme souvent, c’est par le cœur et la foi, bien plus que par la raison humaine, que nous pouvons y entrer ! 

Essayons d’entendre ce que les lectures de ce jour veulent nous dire ! 

Mais avant de commencer, avec la première lecture, il nous faut nous remettre dans le contexte de la relation aux multiples dieux contemporains de l’époque où les Hébreux quittent l’esclavage d’Égypte ! Que ce soient les Égyptiens, les Babyloniens, les Grecs, les Romains… il leur faut régulièrement faire des offrandes aux multiples dieux ! Brûler de l’encens, apporter de la nourriture, faire des sacrifices (et dans certains cas, des sacrifices humains ; je pense aux dieux de Baal). Le peuple hébreu, s’il reconnaît qu’il n’y a qu’un seul Dieu, va découvrir, durant ce temps de long voyage dans le désert, que la relation au vrai Dieu est bien différente !

Le texte de la première lecture nous donne cette clé intéressante pour comprendre le mystère de cette relation entre le peuple et Dieu, entre Dieu et son peuple. Celui-ci est à situer dans le prolongement de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Cette Alliance (qui sera réitérée plusieurs fois : Abraham, Noé, Moïse…) ne se résume pas à des mots. Elle est une façon de vivre, elle est une vie nouvelle. C’est pourquoi, Dieu ne se contente pas d’écouter et de protéger son peuple, Il le nourrit. Il lui donne ce qui le fait vivre et cette nourriture est spéciale, elle n’est pas comme les autres nourritures, elle remplit non seulement le corps, mais elle remplit aussi le cœur. Cette nourriture, dans le désert du Sinaï, n’est semblable à aucune autre. Moïse l’appelle la « manne », « cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. » (Mt 4,4 tentations)

Voilà le don de Dieu à son peuple, celui d’une nourriture spirituelle qui vient apaiser nos faims de toutes sortes : faim de Dieu, faim de vie, faim d’amour, faim d’être reconnu, faim d’absolu. La nourriture du ciel dont parle Moïse permet au peuple d’aller plus loin, de continuer son chemin à travers les embûches, les serpents, les scorpions… et tous les défis « de tous les déserts » vers la terre promise. 

 

Il y a là un premier paradoxe ou dit autrement : un ‘retournement’ : ce qui semblerait normal était de nourrir les dieux ! Là, c’est Dieu, lui-même, qui nourrit et prend soin de son peuple !

 

En Jésus, il y a un deuxième paradoxe : c’est celui de son incarnation ! Ce peut être difficile à comprendre, là aussi : comment Dieu pourrait-Il venir dans notre humanité, se mêler à nous et même, d’accepter d’être nourri par le lait maternel de Marie, sa maman ! La description que fait saint Luc de la Nativité est précise : si nous ne comprenons pas l’allusion, Jésus est déposé dans une mangeoire, nous dit-il ! N’est-ce pas le lieu pour servir la nourriture ! Dès la naissance de Jésus, nous comprenons la mission de Dieu parmi nous : de se faire nourriture !

Le texte de l’évangile que nous venons de lire nous invite donc à faire un pas de plus. La nourriture spirituelle que Dieu donne et que la « manne » dans le désert annonce, c'est Jésus lui-même, c’est-à-dire, son Corps et son Sang. Écoutons Jésus ! 

 

Littéralement : « Vous avez bien mangé, dit-il, mais attendez un peu avant de partir, je veux vous dire quelque chose d’important. Je suis le Pain de vie. Celui qui me mange vivra éternellement ». 

C’est un peu fort, diront certains de ceux qui entendent ces paroles. En vérité, et nous touchons là l’insondable de cette solennité ; mystère dont la profondeur ne finira jamais de nous étonner. Dieu se fait tellement proche de nous qu’Il va vivre pleinement notre humanité et qu’Il versera son sang sur la croix pour le salut de tous. Après la consécration, c’est-à-dire le Saint Sacrifice, ce simple pain, ce simple vin, (fruits de notre travail) deviennent Corps et Sang du Christ ! Quel mystère ! Le Corps crucifié et le Sang versé deviennent la nourriture de nos vies. Comment comprendre, si ce n’est par un acte de foi, de recevoir et d’y communier dans une Action de grâce ! 

Cela devrait avoir pour conséquence de bouleverser toutes nos projections utilitaristes sur Dieu lui-même !

C’est ce mystère que saint Thomas d'Aquin a décrit, dans son langage, dans la séquence que nous venons d’écouter : Lauda Sion Salvatorem : 

            « Le voici, le pain des anges, il est le pain de l’homme en route, le vrai pain des enfants de Dieu, qu’on ne peut jeter aux chiens.

             D’avance, il fut annoncé par Isaac en sacrifice, par l’Agneau pascal immolé, par la manne de nos pères.

             Ô bon Pasteur, notre vrai pain, ô Jésus, aie pitié de nous, nourris-nous et protège-nous, fais-nous voir les biens éternels dans la terre des vivants. »

C’est ce mystère de la nouvelle Alliance qui est célébré dans le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ».

Dieu, par Jésus, descend dans nos vies. Il se fait proche de chacun de nous comme un Père pour ses enfants. Jésus, Lui, se fait nourriture spirituelle dans le pain et le vin que nous partageons et cela est notre unité. « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui ».

Voilà l’alliance ! À chaque fois que nous venons communier, Jésus vient en nous, en moi, en son peuple rassemblé !

Il y a un troisième paradoxe ! Ce paradoxe nous concerne tous, maintenant, c’est celui des effets de l’Eucharistie : nourriture consacrée pour notre pèlerinage vers un retour à Dieu, non vers la Terre promise, mais vers notre Patrie du Ciel !

 

Que procure et change en nous l’Eucharistie ? Que venons-nous chercher à chaque messe ?

Croyons-nous vraiment que nous allons vivre éternellement ?

Croyons-nous que si nous mangeons la chair et buvons le sang de celui qui va mourir et ressusciter, nous vivrons éternellement de la vie du Christ ?

 Nous avons une réponse à apporter à ces questions : OUI ? / NON ? / Peut-être, même si je ne comprends pas tout ? 

Nos réponses, même si elles sont encore balbutiantes ou déterminées, nous invitent à un « croire », à un acte de FOI ! 

 

Alors, frères et sœurs, demandons la grâce et la force de ne jamais banaliser l’Eucharistie. En venant communier, que notre être, notre intelligence, notre cœur s’ouvrent et se disposent à tout recevoir du Christ ! Elle est un extraordinaire cadeau ! L’Eucharistie est  « source et sommet » de notre vie chrétienne ! Elle est Action de grâce !

Demandons de pouvoir y communier saintement, dignement, et toujours dans l’émerveillement de la proximité et l’audace de notre Sauveur !

                                                                                                           Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 9 juin 2023, 9e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Marc 12, 35-37. Livre de Tobie 11, 5-17. Psaume 145.

 

Chers amis,

Nous sommes toujours heureux de nous retrouver lors de cette messe matinale ! Merci d’être là !

Je sais même, que certains prennent le temps de lire et méditer les textes qui nous sont proposés. Bravo, vous avez raison ! La difficulté, c’est que la liturgie nous présente seulement des extraits des lectures. Bien que cela soit passionnant, nous sommes, par ce fait, privés de la vision totale des livres. Par exemple, depuis le début de cette semaine, nous entendons, en première lecture, le livre de Tobie et nous en méditons quelques passages ensemble. Mais arrivons-nous à suivre et à comprendre toute l’histoire de Tobie ? C’est un constat, beaucoup de chrétiens se contentent de la lecture de ces petits passages et se privent d’une compréhension plus large, plus riche !

Si je reprends l’exemple de ce livre ! Le livre de Tobie raconte l’histoire de deux personnages : deux histoires à la fois ordinaires et initiatiques qui vont trouver leur solution. 

- Tobit est un Juif pieux qui fait partie de la déportation à Ninive. Victime d’une maladie des yeux, il devient aveugle, sa femme lui fait de lourds reproches et il est réduit à la misère.

- Le fils de Tobit, appelé Tobie (avec un ‘e’), part pour un long voyage pour recouvrer une créance. Il y rencontrera Sarra, sa future épouse, victime d’un démon qui fait périr ses fiancés lors de la nuit de noces. Tobit sera guéri de sa cécité et Sarra sera délivrée de son démon grâce à l’intervention de l’ange Raphaël qui sera le compagnon de route de Tobie.

En quelques mots, je vous relate l’histoire de la rédaction du livre de Tobie.

Tout indique que le livre a été rédigé pendant la période hellénistique (grec), probablement vers 200 av. J.-C. Cet ouvrage est sans doute, l’œuvre d’un Juif de la diaspora, qui essaye de réfléchir à la manière de vivre sa foi en milieu païen. C’est un « récit de Diaspora ». Rappelons-nous qu’il y a beaucoup de communautés juives autour de la méditerranée !

Quel est le sens du livre de Tobie ?

Primitivement rédigé en hébreu ou en araméen (on en a découvert un fragment de rouleau en hébreu et quatre fragments de rouleaux araméens du Livre de Tobie à Qumrân), le livre de Tobie n’a été conservé qu’en grec. Il figure au canon de la Bible grecque, mais pas dans celui de la Bible hébraïque (c’est un livre deutérocanonique). Le livre de Tobie raconte donc un véritable voyage initiatique. Le fils de Tobit part très loin pour une raison financière et va y découvrir son épouse (une proche parente). Il va revenir également avec le remède qui va guérir son père de son aveuglement. 

Dans ce périple, Dieu sera toujours présent par l’aide de l’archange Raphaël !

Cette histoire connaît un Happy end ! L’aboutissement heureux de cette quête réside dans la fidélité à la Loi. Son père (Tobit) est un modèle dans ce domaine. Au péril de sa vie, il s’attache à garder les commandements de la Loi alors même qu’il se trouve en terre étrangère. Il va donner, malgré le danger, une digne sépulture juive à ses compatriotes.

Le livre de Tobie apporte donc une réponse à la question qui traverse la communauté juive en exil : comment vivre son judaïsme au milieu des païens ? 

Si je résume, on peut distinguer le fin principal et le but secondaire. 

  • La fin principale du livre est évidemment de démontrer que Dieu met parfois les justes dans le creuset de l’épreuve, mais qu’Il transforme ensuite leurs maux en toute sorte d’avantages, même temporels, quand ils ont fait preuve de constance et de fidélité. Par certains côtés, ce livre ressemble un peu au livre de Job.
  • Le but secondaire est de fournir « un parfait modèle de la vie domestique ». À ce titre, notre livre a été justement appelé : « le manuel des époux ». (c’est une lecture qui est souvent choisie par les fiancés, lors de leur mariage)

Tobie (fils) et Tobit (père) témoignent, enfin, d’une réelle confiance en la providence divine, capable de se manifester alors que tout semble définitivement perdu. 

Je termine en vous invitant à prendre le temps de lire les14 petits chapitres qui relatent cette incroyable et savoureuse histoire !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie de la solennité de la Sainte Trinité, dimanche 4 juin 2023, année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 3, 16-18. Livre de l’Exode 34, 4b-6. 8-9. Cantique Daniel 3.

Seconde lettre de saint Paul aux Corinthiens 13, 11-13. 

 

« Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint, soient avec vous ! » nous a dit saint Paul dans la deuxième lecture. C’est le souhait qu’il faisait en terminant sa seconde lettre aux chrétiens de Corinthe. Nous y avons répondu : « Et avec votre esprit ! »

Cette petite phrase résume toute la foi de l’Église que nous partageons et que nous redisons chaque dimanche, en particulier dans le « Credo ». 

Le Dieu des chrétiens est un Dieu unique en trois personnes ! Surprenant ! 

Mais comment l’expliquer ? Est-ce même possible de l’expliquer ? 

Comment expliquer que : 1+1+1=1

Est-ce que les enseignants pourraient confirmer cette addition ?

La Sainte Trinité est un mystère que nous avons appris. On nous l’a dit, nous le croyons, c’est un mystère, et on ne peut pas le comprendre. 

Cela est vrai si nous nous plaçons sur le registre de la raison humaine avec notre intelligence. Et sur ce plan, toutes nos explications, toutes nos recherches, ne pourront jamais nous faire entrer dans la compréhension de ce mystère. Elles nous en montreront les contours, au mieux. Elles en décriront l’essentiel, mais elles ne l’expliqueront pas. 

Si nous prenons un exemple : l’amour reste aussi un mystère ! Demain, nous fêterons les mamans et les bisous échangés avec chacun de leurs enfants témoignent d’un amour ! Comment l’expliquer ? Impossible de mesurer ou comparer l’élan d’amour dans ce baiser de tendresse !

Un autre exemple : le bouquet de fleurs offert par le fiancé à sa fiancée est sans doute très beau ; mais pour elle, ce bouquet a une tout autre signification : il exprime l’amour de son fiancé ! Comment expliquer ou quantifier le ressenti de cet amour ?

Alors, faut-il s'arrêter là, sans essayer d’avancer dans la compréhension de ce mystère ? Non, car il y a une autre voie pour mieux découvrir le mystère de la Sainte Trinité, c’est d’y entrer avec son cœur et non avec sa raison. 

Pour cela, faisons une rapide lecture dans le Premier Testament !

Dans l’Ancien Testament, Dieu se présente, non pas divisé, éparpillé dans diverses créatures, idoles ou leurs représentations (le vent, le soleil, la lune…). Il est le Créateur. Contrairement à ce qui se passe dans différents autres peuples (les Égyptiens ou les Romains par exemple), Dieu, pour le peuple hébreu, se présente comme Un et unique (Deutéronome 6,4). Il est toujours le même, quand il dit être le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (Exode 3, 6). Le nom du Dieu unique est « JE SUIS ». (Exode 3, 14)

 

Le Nom divin ne peut être attribué à quoi que ce soit ou à qui que ce soit d’autre que l’unique Dieu. C’est le sens du premier commandement de la Loi de Moïse : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. »

Tout cela exprime à la fois une proximité, un respect et un amour du Dieu unique. Dans l’Ancien Testament, les actes et les paroles des croyants sont toujours guidés par l’amour du Nom divin (Deutéronome 6,5). C’est quelque chose d’assez incroyable : le peuple Hébreu fait cette découverte que Dieu nous aime et qu’Il veut pour chacun de nous, cette relation d’amour et de proximité !

C’est dans cette foi au Dieu unique, révélé à Abraham et à Moïse, que Jésus a été élevé, car, ne l’oublions pas, par Marie, Il était juif et membre du peuple de l’Alliance. Sa mission sera d’accomplir et de porter à sa plénitude l’Alliance de Dieu conclue avec Abraham et Moïse. 

Frères et sœurs, avec Jésus, nous sommes invités à faire un pas de plus ; avec sa pédagogie habituelle, Il nous apporte une nouvelle image de Dieu. Il donne à Dieu le beau nom de PÈRE (« Abba » en Araméen, qui se traduit littéralement par PAPA). Déjà, à 12 ans, au Temple devant les docteurs de la Loi lorsque ses parents le retrouvent, Il leur dit « Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ». (Luc 2, 49) La prière à Dieu qu'il donne à ses disciples commence par « Notre Père » (Mathieu 6, 9) 

Dans sa prédication, Il nous parle souvent de ses relations particulières avec Dieu. Il se dit même « FILS DE DIEU », ce qui suscitera d’ailleurs, bien des incompréhensions. On l’accusera de blasphème, au moment de sa Passion : « Tu as dit : ‘Je suis Fils de Dieu’ » lui reproche le Grand Prêtre lors de son procès durant la Passion. (Mathieu 26, 62-65) 

Et pour compléter la révélation du Dieu Un et Trine, Dieu unique en trois personnes, Jésus décrit le lien d’amour qu’Il a avec son Père en le comparant au souffle qui nous fait vivre. Ce lien c’est celui de l’amour mutuel à nul autre pareil. Ce souffle de vie prend le nom d'ESPRIT SAINT, amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père. 

Telle est la nouveauté apportée par Jésus. Le nom de Dieu n’est pas seulement « JE SUIS ». Il est : « JE SUIS PÈRE, FILS ET ESPRIT SAINT », un seul Dieu en trois personnes, ce qui veut dire qu’Il est comme une famille. Dieu, n’est pas un solitaire, il y a un échange incroyable entre les trois personnes ! C’est toujours au sein d’une famille que l’amour s’exprime !

 

En lui nous pouvons nous reconnaitre par les sentiments d’amour, de partage, de don qu’Il met dans nos cœurs. 

Finalement, là ou notre intelligence humaine limitée (et je le dis pour moi-même d’abord) ne pourrait voir qu’une simple addition 1+1+1=1, que répondons-nous ?

Or Dieu, 3 fois saint, est surabondance d’amour, multiplication des dons ! 

Là, nous devons écrire, non pas la formule d’une simple addition comme je viens d’énoncer, mais : 

1x1x1=1 è  1 (Père) x 1 (Fils) x 1 (Esprit Saint) = 1 Dieu.

En Dieu, c’est une multiplication qu’il nous faut comprendre ! 

Voilà, en quelques mots, des pistes de méditation pour la fête de la Sainte Trinité où nous vénérons et aimons le Dieu Un et Trine, notre Dieu trois fois saint, qui est au cœur de notre foi.

Chers amis, je vous souhaite une belle fête de la Sainte Trinité !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 2 juin 2023, 8e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 11,11-25. Livre de Ben Sira le Sage 44,19-13. Psaume 149.

 

Le passage que nous venons d’entendre dans l’évangile de saint Marc est appelé traditionnellement : « La purification du Temple » ; Jésus en colère chasse les marchands du Temple ! Cet évangile, nous pourrions aussi l’appeler un ‘évangile à tiroirs’ car il comprend plusieurs thèmes. Il est aussi encadré entre autres thèmes par la surprenante mention d’un figuier. Cela peut paraître curieux et difficilement compréhensible, s’il nous manque quelques clés de lecture ! Relisons rapidement :

« Mc 1112 : Le lendemain, quand ils quittèrent Béthanie, il eut faim. 13 Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; mais, en s’approchant, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas la saison des figues.  Et ses disciples avaient bien entendu. »

Voilà donc des versets bien étranges qui présentent un comportement de Jésus peu commun. Quel est donc ce caprice de Jésus ?  Quelle est cette faim soudaine qui exige des fruits hors saison ? Et voilà même qu’Il parle à un arbre … N’est-ce pas curieux ? 

En réalité, Jésus propose, ici, une parabole !

Le choix du figuier n’est pas un choix anodin. Le figuier est d’abord un Arbre biblique. Il est toujours associé à la vigne. Le figuier et la vigne représentent toute la prospérité des royaumes d’Israël et de Juda sur lesquels règnent, habituellement la paix et l’abondance, la sécurité et la bénédiction de Dieu !

Par exemple, dans le Livre de Michée 4,4, nous pouvons lire : « Chacun pourra s’asseoir sous sa vigne et son figuier, et personne pour l’inquiéter. La bouche du Seigneur de l’univers a parlé ! » (Cf. aussi l’épisode avec Nathanaël)

Mais attention, si le peuple se détourne de Dieu, nous pouvons lire dans le livre de Jérémie 8, 12-13 : « Par leurs abominations ils se couvrent de honte, mais ils n’éprouvent pas la moindre honte… Avec eux, je vais en finir – oracle du Seigneur – : pas de raisins dans la vigne, pas de figues sur le figuier, le feuillage est flétri. » 

C’est tout cela que les disciples ont en mémoire lorsqu’ils entendent les paroles de Jésus. Alors que la Vigne et le figuier devraient signifier une abondance, ils sont ici, utilisés pour dénoncer les institutions du Temple et de la Judée, qui ne portent pas de fruit digne de l’Évangile. Le message est donc assez clair pour les disciples ! « Par leurs abominations, les responsables du peuple ne portent pas de fruit ! » Rappelons-nous la parabole des vignerons homicides (12,1-12) : « Tuons le fils du maître de la vigne ! »

Notons aussi une mention qui pourrait nous étonner : c’est l’évocation de la période « hors saison ». Quoi de plus normal qu’il n’y ait pas de fruit en cette période !

En réalité, la saison n’est pas celle du calendrier agricole, mais celle du Salut, cette réalité du règne de Dieu qui vient. Cette saison qui devrait porter du fruit est celle de la venue de Dieu – Jésus - dans le temps des hommes ! L’interpellation est là ! Le Royaume de Dieu est là ! 

Voilà la question qui nous est posée : allons-nous porter du fruit ?

 

Le figuier (littéralement, le peuple d’Israël), lui, aurait dû se préparer à la venue de son Seigneur qui s’est approché de lui, et donner du fruit à profusion. 

Cela ne s’est pas passé comme cela (pas encore !) et Jésus a faim : une faim de justice, de paix et de foi !

La question pertinente de Jésus s’adresse aussi à nous : quel fruit désirons-nous porter pour aujourd’hui, pour notre temps, autour de nous ?

Prenons le temps de réfléchir et d’y répondre ! Bonne méditation                                                                                                                                                             Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 29 mai 2023, Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 19, 25-34. Livre de la Genèse 3, 9-15.20. Psaume 86.

 

Il y a encore quelques décennies, après la grande fête de Pentecôte, avec les jours qui suivaient, l’octave gardait cette solennité de Pentecôte !

Le Pape Paul VI, en 1954, instaura une nouvelle mémoire et déclara : « Marie, Mère de l’Église »

En 2018, le Pape François fait de cette mémoire « Marie, Mère de l’Église », une mémoire obligatoire le lundi de Pentecôte, c’est-à-dire aujourd’hui.

Alors qu’il célébrait cette mémoire liturgique obligatoire, pour la première fois, en ce lundi de Pentecôte 2018, le Pape François faisait remarquer dans son homélie trois impératifs :

  • Dans les Évangiles, Marie était appelée « Mère de Jésus » et jamais « veuve de Joseph ». Ainsi c’est sa « maternité » qui parcourt les Écritures.
  • Marie nous est donnée aussi comme notre mère au pied de la Croix, dans cet échange incroyable, comme nous venons de l’entendre.
  • L’Église est « féminine » et si ce trait lui fait défaut, elle devient une association de bienfaisance, une ONG ou une équipe de foot.

Oui, l’Église est féminine par qu’elle est ‘église’, ‘épouse’… Et elle est mère, car elle met au monde Jésus ! « Épouse et mère » : voilà une caractéristique qui se comprend à la lumière du vocable de  « Marie, qui est Mère de l’Église ».

Seule une Église féminine peut avoir de la « fécondité » : « L’important est que l’Église soit féminine, qu’elle ait cette attitude d’épouse et de mère. Quand nous oublions cela, c’est une Église masculine, sans cette dimension, et tristement elle devient une Église de « vieux garçons » ! (Dixit le pape François avec humour !)

Sans la femme, l’Église n’avance pas. C’est cette attitude de femme qui lui vient de Marie.

Le pape François ajoutait : une des vertus qui distingue la femme est la tendresse : « Une Église qui est mère marche sur le chemin de la tendresse. Elle connaît le langage de la sagesse, de la consolation, de l’écoute, du regard qui sait avoir compassion, qui sait faire silence. »

 

En préparant cette homélie, j’ai noté que c’est aussi ce que relate saint Luc dans le passage du livre des Actes des Apôtres que nous avons entendus hier. 

Comme vous le savez, Jésus avait promis aux Apôtres qu’Il leur enverrait l’Esprit Saint, une force, le Défenseur, le Paraclet. Nous aurions pu nous attendre à ce que cet Esprit Saint intervienne en un seul coup ; mais il a fallu neuf jours, c’est-à-dire le temps d’une neuvaine, pour que les Apôtres soient pleinement disposés, accueillants à l’Esprit, pour que celui-ci les bouleverse complètement et que naisse, à ce moment-là, l’Église du Christ ! 

Forts de la promesse du Christ et dans l’attente de l’Esprit Saint, Marie était restée en prière avec les Apôtres et les disciples dans la chambre haute du Cénacle. Sans doute les a-t-elle accompagnés par sa confiance, sa présence et sa force, les invitant sans cesse à la prière !

  • Marie en prière, soutenant les apôtres pendant neuf jours. 
  • Marie accompagnant l’église naissante de la force de sa maternité et dans une confiance inébranlable en Dieu ! 

Sous ce vocable de « Marie, Mère de l’Église », nous redécouvrons cette confiance inébranlable de la Mère du Christ ! 

Dans l’Action de grâce, voilà ce que nous recevons, aujourd’hui, frères et sœurs, en ce lundi de Pentecôte !

Frères et sœurs, demandons l’intercession de Marie pour qu’elle nous soutienne dans la confiance sur notre chemin sur cette terre, en route vers le ciel !                                  

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 28 mai 2023, solennité de la Pentecôte, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 20, 19-23. Actes des Apôtres 2, 1-11. Psaume 103.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 3b-7.12-13.

 

 

  « La paix soit avec vous ! » C’est ce que dit Jésus aux Apôtres un peu affolés ; ils ont vu, au soir du Vendredi Saint, Jésus crucifié et voilà qu’Il est ressuscité trois jours plus tard ! 

Pendant quarante jours après sa Résurrection, le Christ va poursuivre son enseignement. Au jour de l’Ascension, Il va réellement les quitter et monter vers son Père et notre Père. 

C’est à ce moment qu’Il leur donne cette consigne : allez à Jérusalem, restez en prière, je vous enverrai le Défenseur, l’Esprit Saint. 

C’est ce que vont faire les disciples, réunis en prière au Cénacle avec Marie, avec un petit groupe d’hommes et de femmes, et voilà après neuf jours d’attente priante, le feu de l’Esprit leur est envoyé, bouleversant toute peur et toute crainte !

Chers frères et sœurs, en ce jour de Pentecôte, nous assistons au commencement de l’Église, au début de la prédication apostolique, au début d’un message qui va s’étendre jusqu’aux extrémité de la Terre ! La naissance de cette communauté qui va se mettre en route ! Tel un ouragan prodigieux qui bouleverse de fond en comble l’humanité, telle la foudre tombée du ciel pour incendier la forêt, L’Esprit Saint, à la Pentecôte, met L’ÉGLISE DU CHRIST EN FEU. Cela est signifié, en ce jour, par la couleur rouge de la chasuble que je porte.

  De fait, l’incendie, tel un brasier ardent qu’est l’Amour, ce feu que l’Esprit répand, s’étendra de ville en ville, jusqu’aux confins de la terre. L’Église est née ! Sa mission commence à la Pentecôte ! Sa belle mission est d’annoncer les merveilles de Dieu, sa mort et sa résurrection, la vie éternelle ! Plus encore, l’Esprit Saint va s’adresser à tous les hommes et femmes en leur langue.

  Ce qui est certain, c’est que l’Esprit anime l’Église ! C’est le même Esprit reçu le jour de notre baptême qui nous rassemble aujourd’hui en Église ! C’est toujours l’Esprit qui ouvre portes et fenêtres pour faire entrer une fraicheur vivifiante. Il fait éclater les ghettos et quitter les nids douillets et confortables. L’Esprit nous met à l’œuvre, il réveille, secoue, stimule et purifie. Pour ceux qui l’acceptent, il redonne courage et audace. Il est joie et communion. Il est à la fois douceur et force, eau et lumière, puissance et souplesse. Il est murmure et bourrasque, feu et fraicheur. Les fruits de l’Esprit sont répandus en chacun de nous pour la MISSION ! Oui, nous sommes tous concernés et envoyés !

Sans cesse, et aujourd’hui encore, l’Esprit Saint met au grand jour les zones d’ombre et révèle les coins un peu cachés. Il éclaire le message évangélique, nourrit notre Foi, déploie des perspectives nouvelles et surtout dilate nos cœurs. Il fait de nous des fils et des filles revêtus d’audace et non plus des esclaves plongés dans la peur et l’angoisse. Il nous ressuscite de toutes nos petites morts. C’est toujours l’Esprit Saint qui est à l’origine de notre prière, comme la prière du « Notre Père » que nous dirons ensemble tout à l’heure… C’est Lui qui nous permet de le prier et de croire que Dieu est vraiment Père !

Comme le disait saint Paul que nous avons entendu dans la deuxième lecture, « personne n’est capable de dire : ‘Jésus est Seigneur’ sinon dans l’Esprit Saint ».

Frères et sœurs, si nous sommes « remplis de l’Esprit Saint », nous parlerons d’autres langues que celles du monde qui véhiculent l’idolâtrie et les obscénités, les haines et les querelles, le sectarisme et la jalousie, les dominations et les divisions. Nous parlerons cette langue universelle qu’est l’amour, le don de soi, le service à l’autre, la proximité avec les personnes qui souffrent et qui ont besoin d’entendre une parole de consolation, une parole d’amour, une parole qui apporte un bien-être et l’assurance que ‘je ne suis pas tout seul‘ ! 

Nous porterons alorsautour de nous, les fruits de l’Esprit Saint qui sont douceur et paix, non-violence active et patience, bienveillance et confiance, humilité réelle et maîtrise de soi. Ce dernier fruit de l’Esprit est bien difficile à appliquer en chacun de nous tellement notre cœur est blessé. Être maître de ses passions : c’est un don qu’il nous faut redemander régulièrement !

 

Croyons, frères et sœurs, que Dieu est plus grand que nos limites. Il est le don de l’impossible !

 

 Frères et sœurs en Jésus, en ce dimanche de Pentecôte, osons le croire ! Ouvrons notre cœur ! Faisons-nous réceptacles de l’Esprit Saint et soyons assurés qu’il peut tout en nous ! 

Que cette solennité de la Pentecôte, cette année encore, soit pour nous l’occasion de prendre conscience de l’action de l’Esprit Saint toujours présent dans les personnes et dans l’Église !

Comme pour les disciples autour de Marie, frères et sœurs, restons unis dans la prière et demandons pour notre temps, comme pour nous-mêmes, une nouvelle Pentecôte et une nouvelle effusion de l’Esprit Saint. 

Puissions-nous être renouvelés dans les grâces, les charismes, la force et l’audace de l’Esprit Saint !

Demandons cela pour chacun de nous ici rassemblés, pour nos familles, notre paroisse et pour le monde !                                                                                                           

Ainsi soit-il !

 

Homélie du vendredi 26 mai 2023, 7ème semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 21, 15-19. Actes des Apôtres 25, 13-21. Psaume 102.

 

Chers amis, nous sommes à deux jours de cette grande et belle Fête de Pentecôte ! Nous entendons une des dernières apparitions du Ressuscité, avec ce dialogue entre Simon-Pierre et Jésus. 

L’évangile de ce jour veut nous aider à mieux comprendre notre attitude quand Dieu nous redit son amour !

Quelle est l’intention de Jésus face à une telle révélation ? La sincérité de l’amour véritable se vérifie dans le don de soi !

Le Ressuscité invite donc Simon-Pierre à se donner, c’est-à-dire à donner sa vie dans une détermination radicale et nouvelle, un peu à l’image : du Berger qui donne sa vie pour ses brebis. Cela devient possible, sans pour autant effacer de notre mémoire les erreurs passées, mais en découvrant, comme Pierre, que Dieu veut nous renouveler dans son amour par le don de la miséricorde. Cette grâce reçue remet l’homme debout ! Quand Jésus nous dit qu’Il m’aime et m’invite à l’aimer en retour, je reçois une force qui me permet de me redresser et de répondre : « Oui, Seigneur, je veux t’aimer ! »

Tout don total de soi-même ne prend son sens qu’à la lumière de l’amour infini de Dieu. Il faut cependant ajouter immédiatement qu’il prend sens aussi particulièrement, à la lumière de la valeur incomparable de la vie humaine. Pour cela, il nous faut du temps, d’où la demande répétée par trois fois par Jésus : « m’aimes-tu, plus que ceux-ci ? ».

Cette insistance marque la gravité de l’appel de Dieu ! (Nous connaissons peut-être le decrescendo en grec et comment Jésus, en respectant notre difficulté à aimer vraiment, se fait mendiant de notre amour).

Le sens extraordinaire de cet échange entre Pierre et le Ressuscité atteint une profondeur insoupçonnée qui résonne à la hauteur de la mission et à la nouvelle responsabilité que l’Apôtre reçoit.

Jésus met Simon-Pierre devant son désir de l’aimer de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force, mais également devant son incapacité à le réaliser seulement par ses propres forces. 

Cette incapacité est aussi – d’une certaine façon - la nôtre ! Sans doute l‘avons-nous expérimentée à plusieurs moments de notre vie ! Pourtant notre désir d’aimer est toujours là, présent, mais voilà, avec notre vie active, les jours qui s’enchaînent, nos soucis, les difficultés, peut-être sommes-nous un peu à distance ou en retrait vis-à-vis de cet Amour divin !

Frères et sœurs, nous entrons dans ce temps de Pentecôte ! N’est-ce pas là, pour chacun de nous, l’occasion de redemander humblement, non seulement la force et les dons de l’Esprit Saint mais d’augmenter en nous le désir d’aimer : aimer à la façon de Dieu !

 Si nous ne savons plus ce qui doit être renouvelé en nous, ayons l’audace de demander, dans un premier, d’être déjà renouvelés dans l’AMOUR pour mieux le recevoir, et oser ensuite le partager ! C’est bien la mission de l’Esprit Saint que d’être communion d’amour !

Que notre prière se fasse plus insistante : Seigneur, donne-nous ce dont nous avons besoin pour T’aimer et aussi nous laisser aimer ! Redemandons cela ensemble, maintenant :

Viens esprit de Sainteté, Viens Esprit de lumière !

 Viens Esprit de feu, viens nous embraser !                                     

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 22 mai 2023, 7e semaine de Pâques, année A. 

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 29-33. Actes des Apôtres 19, 1-8. Psaume 67.

 

L’évangile du jour commence par une annonce de Jésus qui pourrait paraître décourageante. Il nous dit : « Vous serez dispersés… vous me laisserez seul ». Ces paroles sont dures à entendre ! Malgré tout ce que Jésus a montré, dit et donné :OUI ! Le courage manquera malgré tout, aux Apôtres aux heures sombres de la vie de Jésus, pour Le suivre jusqu’au bout, dans sa passion. 

N’est-ce pas aussi un sentiment de découragement que nous pourrions avoir vis-à-vis de notre monde ou même de nous-mêmes ?

La semaine dernière, le mauvais temps nous donnait un peu un mauvais moral, nos familles peuvent vivre des difficultés, voire des épreuves, nous sommes peut-être malades ou fatigués …

Bref, Jésus connait la faiblesse de notre foi, la nôtre comme celle des Apôtres, Il sait que notre foi est fragile et peut avoir du mal à résister aux adversités, aux persécutions ou tout simplement les aléas de la vie. Il connaît aussi les risques d’échecs dans toute vie spirituelle ! Mais si les échecs sont surmontés avec humilité, courage et sagesse, ils nous permettront, si nous le désirons, de grandir dans une vraie relation à Dieu, dans une réelle espérance.

Par exemple, nous faisons mémoire, ce matin, de sainte Rita. Il est intéressant de voir comment elle nous invite à prier face à des situations graves et surtout à ne jamais se décourager, même dans les causes désespérées !

Jésus nous invite à regarder les choses de plus haut, au-delà des apparences, au-delà des peurs et des enfermements. Lui est vainqueur du monde ! Il va souffrir sa passion, mourir, mais sa mort et sa résurrection seront l’occasion du don de son Esprit, remis sur la Croix, et donné aux disciples réunis au Cénacle avec Marie.

Alors, frères et sœurs, entendons ces paroles de Jésus qui nous invitent tous à la confiance, à la fidélité, à la persévérance, et au courage ! Ceux qui appartiennent au Christ vaincront les difficultés comme Il l’a fait, même si nous devons pour cela passer par différentes petites morts et résurrections successives - pas vraiment voulues - mais vécues par et dans le même Mystère Pascal que le Christ. 

N'oublions jamais cette réalité qui nous anime : « Jésus est vainqueur du monde ! »

Dans cette dernière semaine de préparation à cette belle et grande fête de Pentecôte, Seigneur Jésus, que Ton Esprit nous aide à accueillir tes encouragements et nous dispose à  recevoir le don de ton Esprit Saint, quelles que soient nos faiblesses et nos situations. 

Esprit Saint, aide-nous à ne pas succomber à tout ce qui peut nous séparer du Père ! 

Viens diminuer notre orgueil et fais grandir en nous la Foi ! 

Fais-nous connaître la lumière de Ta vérité, fais-nous brûler du feu de Ta Force !

Tout au long de cette semaine, demandons d’être renouvelés dans la grâce de l’Esprit Saint !

Viens Esprit de sainteté, viens Esprit de lumière,

Viens Esprit de feu, viens nous embraser !

                                                                                                         Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 21 mai 2023, 7e dimanche de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 17, 1b-11a. Actes des Apôtres 1, 12-14. Psaume 26.

Première lettre de saint Pierre 4, 13-16.

 

Nous sommes dans les jours particuliers entre la fête de l’Ascension et celle de la Pentecôte. Dans notre vie quotidienne, il existe un grand danger : celui de s’habituer à de telles fêtes, de ne plus faire attention à tel effort, à telle personne, à telle situation ! 

Prenons quelques exemples : 

  • Le repas habituel est toujours délicieux et la bonne cuisinière ne reçoit plus de merci ! 
  • Nous recevons tels gestes de tendresse ou de délicatesse et cela nous semble normal…! 
  • Nous ne regardons plus la beauté de tel paysage ! 
  • Nous ne sommes plus émerveillés de notre conjoint, de nos enfants, de Dieu et plus encore de nous-mêmes !

Dans le même sens, ne sommes-nous pas trop habitués aussi à la beauté de la Messe, au mystère de la présence sacramentelle du Christ ?

 Faisons-nous attention aux paroles, aux interrogations, aux réponses que nous faisons tout au long de la célébration eucharistique ? Qui peut me dire le sens de la 1re prière que nous venons d’entendre juste après le Gloria ? (Réponses : Jésus est entré dans la Gloire du Père et il demeure avec nous jusqu'à la fin du monde !)

Par exemple aussi : quels sens ont pour nous des mots du Credo… plus particulièrement : Est mort Est descendu aux enfers ? Ou Communion des saints ? Ou encore, est assis à la droite du Père 

Plus encore si je continue, au moment où le prêtre dit juste après la préparation des dons (Pain et Vin) et la prière sur les offrandes : « Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout puissant ! »

Que comprenons-nous ? Qu’est-ce que le ‘sacrifice’ ? Pourquoi dire « votre sacrifice » ? Ou encore comme le dit saint Pierre : “la glorification du Père“ ? (2° lecture)

L’évangile de ce jour nous offre de belles pistes de réflexion. Jésus y exprime ce qu’a été sa mission : « glorifier le Père ! », c’est-à-dire faire que Dieu soit connu et reconnu pour ce qu’Il est. C’est la mission de Jésus, c’est ce qu’Il a fait : « J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés ».

Désolé, chers amis, de commencer cette homélie par une avalanche d’interrogations ! Mais, comment comprendre la révélation de Dieu, hier comme aujourd’hui ? Ce ne semble pas si simple que cela ! Même si les Apôtres ont accompagné longuement Jésus, ils se sont trompés d’abord sur son identité, ils ont été les témoins bouleversés de sa mort, ils ont douté encore devant l’évidence grandissante de sa résurrection, avant de discerner, enfin, à travers le Christ, Celui qu’Il leur a présenté comme étant « mon Père et votre Père ». 

C’est à la fois rassurant et inquiétant ! Notre intelligence humaine serait-elle si lente à comprendre la pédagogie de Dieu et sa logique ? Comment pouvons-nous y entrer et faire un pas de plus dans la compréhension d’un si grand mystère ?

Cette semaine, les lectures qui nous sont données nous permettent de comprendre un peu plus profondément ce mystère. Nous avons vécu jeudi dernier (il y a 3 jours) une solennité importante et, si vous le pouvez, je vous invite à en relire les textes, nécessaires pour intégrer le plan de Salut de Dieu, pour découvrir qu’en Dieu tout se tient !

Dans l’espace ouvert par le départ de Jésus lors de l’Ascension, s’ouvre pour chacun de nous, le temps d’une attente priante. L’invitation est celle de Jésus lui-même. Que dit-il aux Apôtres : « Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

À cette invitation, les Apôtres ont une belle et fidèle réponse. Ils vont faire ce que Jésus leur demande : « Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent à Jérusalem. À leur arrivée, ils montèrent dans la chambre haute… Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus… »

Nous remarquons que les Apôtres ne sont pas seuls ! La mère du Seigneur était là, au milieu des onze avec quelques femmes et disciples. La présence de la Mère de Jésus n’est pas anodine ! 

La Mission de Marie n’est-elle pas d’aider les Apôtres à se laisser surprendre par l’Esprit Saint, comme elle-même a vécu l’inattendu de Dieu, lors de l’Annonciation ?

C’est elle, Marie, qui veille aujourd’hui par sa présence au berceau de l'Église naissante comme elle l’a été sur celui de Jésus son Fils. Cette mission, elle l’a reçue au pied de la Croix, lorsque Jésus « nous » dit : « Femme, voici ton fils, voici ta Mère ! ». Avec elle, la continuité entre le temps de Jésus et le temps de l'Esprit est fidèlement assurée, comme cela a été en elle depuis toujours. Marie n’a de cesse de s’interroger comme nous le faisons ce soir : « Elle gardait tous ces événements dans son cœur ! » Marie ne comprend pas tout… et pas tout, tout de suite ! Elle prend le temps de réfléchir, de méditer afin que s’éclaire, en elle, la logique de l’amour de Dieu.

Une phrase marque la mission unifiante et confiante de Marie : « Tous, unanimes, étaient assidus à la prière... ». C'est la réalisation du vœu que le Seigneur a formulé dans sa dernière et longue prière avant sa Passion : « Qu'ils soient un, Père, comme Toi en moi et moi en Toi ! »

Peut-être pouvons-nous, frères et sœurs, faire comme Marie, garder tous ces événements dans notre cœur et laisser l’Esprit Saint les éclairer pour nous les faire comprendre.

Il est possible que certains, dans notre assemblée, éprouvent encore quelques difficultés à entrer dans la logique du Salut de Dieu ! Nous le savons bien : les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées ! (Is 55,8) Cependant, je le précise à nouveau, en Dieu, tout se tient ! Dieu est fidèle à lui-même ! Il veut le Salut de tous !

 

À quelques jours de la fête de Pentecôte, osons comme les Apôtres en prière avec Marie au Cénacle, demander, seul ou ensemble, la force, les dons, l’audace de l’Esprit Saint pour être, dès aujourd’hui, les témoins dont notre monde a besoin ! 

C’est Lui, l’Esprit Saint, qui nous fera connaître et comprendre notre Dieu : Père, Fils, Esprit Saint, et découvrir aussi combien nous sommes tendrement aimés de Dieu. 

Frères et sœurs, soyons toujours en alerte, confiants et dans l’espérance :

Jésus, Toi qui as promis d'envoyer l'Esprit à ceux qui te prient.

Ô Dieu, pour porter au monde Ton feu, voici l'offrande de nos vies.

                                                                                                                          Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 19 mai 2023, sixième semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 20-23a. Actes des Apôtres 18, 9-18. Psaume 46.

 

Frères et sœurs, nous vivons au quotidien des joies et des peines. Comme nous l’avons entendu dans la première lecture, tout n’a pas été très simple pour Paul, tant dans sa vie comme dans son apostolat. Il est important de noter que Jésus lui-même a vécu, comme chacun de nous, des moments de joie et des moments de peine !

Ce matin, nous restons dans la tonalité des événements que nous avons vécus hier ! L’Ascension de Jésus avait laissé les disciples dans cette peine de l’absence, comme nous pouvons si bien l’imaginer !

Si les Apôtres font l’expérience de cette séparation, de la tristesse et d’un certain deuil, c’est qu’il leur faudra consentir à ne plus « voir » avec leurs yeux de chair, Celui qu’ils aiment et qui est monté au Ciel.  

Ce qui est vrai, c’est que Jésus n’esquive en rien cette étape, comme Il le dit : « Vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira » (v 20). Le Maître « n’est plus », et de surcroît, le monde n’est pas au diapason de cette tristesse.

C’est là, une traversée, un saut dans la foi, car, si l’aube de Pâque est encore toute proche (« Vous serez triste, mais votre tristesse se changera en joie » v 20), mystérieusement, il nous faut et nous faudra « passer » par cette séparation ! 

La question ne sera pas tant ‘Pourquoi’, mais ‘Comment’ ! Comment vivre ce moment ? 

Ce que nous pouvons retenir, c’est que ce passage doit être vécu dans l’expérience Pascale, l’expérience d’une nouveauté, car ce passage est promis à une belle fécondité : « La femme, sur le point d’accoucher, s’attriste parce que son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus des douleurs, dans la joie qu’un homme soit venu au monde. Vous aussi, maintenant vous voilà tristes ; mais je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (v 21-22).

Voilà la promesse que le Seigneur nous fait. Quelle est donc la source de cette joie « imprenable » promise aux Apôtres (v 22) ?

  • Sera-t-elle simplement de re-voir leur Seigneur ? Sans doute !
  • Mais en fait, c’est infiniment plus… Car Jésus ne dit pas : « Vous me verrez de nouveau », mais « Je vous verrai de nouveau » ! Il y a là un renversement de perspective et un élargissement inouï, car si le désir de « voir Dieu » habite profondément le cœur de tout homme (Exode 33, 18), le désir de Dieu lui-même nous précède toujours. C’est cette certitude qui nous est donnée ce matin !

En Jésus, Dieu rejoint l’homme qui ne peut se sauver par lui-même. Il nous faudra vivre l’Incarnation, c’est-à-dire la venue de Dieu Lui-même en notre humanité pour comprendre le plan de salut de Dieu et nous redonner cette espérance ! C’est ainsi que le peuple de l’Alliance l’a perçu, c’est ainsi aussi qu’il nous faut le comprendre ! 

Frères et sœurs, notre joie, nul ne pourra nous la ravir.

Mais attention, une précision s’impose immédiatement ! Je ne suis pas à l’origine de cette joie, comme elle ne sera jamais plus une simple joie terrestre : cette joie que le Seigneur nous promet vient du don de l’Esprit Saint !

Dans cette neuvaine qui nous sépare de la Pentecôte, continuons notre prière.

Demandons au Seigneur, une claire vision de la présence du Christ et la capacité d’ouvrir notre cœur pour accueillir la joie promise par notre Seigneur.

Frères et sœurs, demandons chaque jour la force de l’Esprit Saint :

Jésus, Toi qui as promis d'envoyer l'Esprit à ceux qui te prient.

Ô Dieu, pour porter au monde Ton feu, voici l'offrande de nos vies.

 

 

Homélie du lundi 15 mai 2023, 6e semaine de Pâques, année A. 

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 26 à 16, 4a. Actes des Apôtres 16, 11-15. Psaume 149.

 

Frères et Sœurs, tout au long de ces jours qui nous acheminent vers l’Ascension et la fête de la Pentecôte, nous allons être interpeller, stimuler, provoquer même par Jésus et par l’Esprit Saint. En ce jour précisément, les lectures déjà nous interrogent ! 

Quelle est la nouveauté de la venue de l’Esprit Saint dans le monde et dans notre vie ?

Cette question se pose pour chacun d’entre nous !

En ces mois de printemps, propices aux réunions familiales, pratiquement tous les week-ends, et c’est une grande joie, nous célébrons des baptêmes d’enfants, baptisés dans l’eau et l’Esprit Saint. Je m’interroge souvent : que vont devenir ces enfants ? Que vont-ils recevoir de l’Esprit Saint pour qu’ils grandissent dans la foi et deviennent des disciples et des témoins ? Avec une question supplémentaire, comment les parents vont-ils les accompagner ?

Intellectuellement (mais l’avons-nous vraiment expérimenté dans notre vie chrétienne ?), nous le savons : au jour de notre baptême, nous avons reçu des dons, des vertus, des charismes… que nous mettons plus ou moins en pratique …

Quand Jésus parle à ses disciples et leur annonce la venue de l’Esprit, Il leur promet deux choses :

  • La première est d’accéder à la plénitude de la connaissance de Dieu. Dieu, nul ne l’a jamais vu. Alors, que pouvons-nous donc savoir de Dieu ? Nous le connaissons par celui qu’il a envoyé, son Fils, Jésus, vrai Dieu et vrai homme. À travers lui - et seulement à travers lui - nous connaissons le Père, c’est-à-dire son plan de salut pour chacun de ses enfants. Cette connaissance que nous avons du Père par le témoignage du Fils devient actuelle, parce que l’Esprit Saint authentifie, en nous, le témoignage du Christ. 
  • Mais, deuxièmement, ce témoignage ne vient pas simplement pour nous aider à croire. Jésus annonce aussi à ses disciples que l’accueil de ce témoignage les fait entrer dans sa propre mission avec ses joies et ses peines : « L’Esprit de vérité rendra témoignage en ma faveur et vous aussi vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement. » (Jn 15, 26) 

Que change en nous, l’Esprit Saint ? Comment pouvons-nous devenir témoins ? 

À la Pentecôte un bouleversement s’opère : les disciples de Jésus ne seront plus les titulaires d’une connaissance intérieure et expérimentée, ils seront les témoins d’une connaissance partagée.

Nous aussi, nous sommes appelés à être les témoins d’une connaissance partagée avec les hommes et les femmes qui nous entourent. 

  • Nous ne sommes pas appelés à vivre entre nous même si cela peut nous sembler plus confortable. 
  • Nous ne sommes pas appelés à rester entre nous, à gémir parce que nous serions moins nombreux que les autres, ou à nous plaindre parce que les autres ne penseraient pas comme nous. 
  • Nous sommes appelés à aller avec audace, au-devant des autres pour témoigner devant eux que Jésus donne sens à notre vie. 

Évidemment, ce témoignage peut prendre toute sorte de formes. Ce peut être parfois difficile : “le disciple n’est pas au-dessus du Maître ! »

C’est surtout par notre manière de vivre que nous témoignons de la présence et de l’action de Dieu dans notre vie. 

Comment faire ?

Le langage que nos contemporains comprennent, avant d’être des paroles, c’est d’abord le discours des actes. En nous voyant vivre, ils doivent pouvoir se demander ce qui nous habite pour nous donner d’agir d’une façon différente et comment, malgré nos propres soucis, nous avons des “visages de ressuscités “.

Demandons vraiment, frères et sœurs, en ces jours-ci, d’être joyeusement saisis à nouveau par l’Esprit Saint ! 

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 14 mai 2023, 6e dimanche de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 15-21. Actes des Apôtres 8, 5-8.14-17. Psaume 65.

Première lettre de saint Pierre 3, 15-18.

 

Chers amis, nous terminons presque le temps de Pâques avec ce 6e dimanche !

Nous sommes invités, particulièrement en ce dimanche, à faire le point sur notre vie de baptisés, sur notre vie chrétienne ! Nous avons commencé cette célébration par le rite baptismal, c’est-à-dire l’aspersion, rappel de notre baptême dans l’eau et l’Esprit Saint ! 

En tant que prêtre, j’ai la joie immense de célébrer, en ces temps-ci, beaucoup de baptêmes ! À chaque fois, émerveillé de l’amour de Dieu pour chacun, je prononce ces mots : « Clara, Maxime, ApollineMathiasje te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ! »

Chaque enfant, adolescent, chaque catéchumène adulte est baptisé dans l’eau et l’Esprit Saint ! Mais que vont-ils devenir ? Comment vont-ils percevoir cet immense amour de Dieu ? Sauront-ils découvrir tous les dons et charismes que l’Esprit Saint vient déposer en eux ?

Il leur faudra découvrir : qui est l’Esprit Saint ? Qui est l’Esprit Saint pour moi ?

C’est une question que nous pouvons nous poser. Le Père (nous le prions avec la prière que Jésus nous a donnée), le Fils (que nous entendons à travers l’Évangile et le témoignage des premiers chrétiens, sa vie d’homme, les signes et les miracles accomplis) et l’Esprit Saint ??? Où en sommes-nous de notre relation avec lui ?

Intimement, intellectuellement et même dans nos prières, j’ai l’impression que l’Esprit Saint est un peu le parent pauvre de notre vie chrétienne ! 

Dans quelques jours, nous fêterons l’Ascension du Seigneur. Jésus va monter vers son Père et, ce faisant, il annonce aux disciples qu’Il va envoyer l’Esprit Saint, le Défenseur. 

Jésus va demander aux disciples de se mettre en prière, ce qu’ils vont faire durant neuf jours dans la chambre haute avec Marie, neuf jours : le temps d’une neuvaine. Puis, ils vont recevoir l’effusion de l’Esprit Saint.

Pour nous, dans deux semaines, après la célébration de l’Ascension du Seigneur, nous arriverons au terme du temps pascal : sept semaines qui nous acheminent au 50e jour après le dimanche de Pâques, c’est-à-dire à cette belle fête de la PENTECÔTE. Ce chiffre est précis !

  • 50 jours après le repas de l’agneau à la fête de Pessah et après la sortie d’Égypte, les esclaves hébreux avaient jadis atteint le Sinaï et reçu la Loi de Dieu.
  • De même, 50 jours après la Pâque de Jésus - l’Agneau de Dieu -, ses disciples reçurent le don de l’Esprit de Dieu. 

Lors de la fête de Pentecôte, nous sommes renouvelés dans le don du Paraclet ! Le don de l’Esprit Saint !

Je pose cette question une deuxième fois !

Qui est l’Esprit Saint ? Comment le prions-nous ? Pourquoi sommes-nous si peu concernés ?

Peut-être avons-nous un problème, une difficulté possiblement liée à la traduction du mot hébreu RUAH (en grec, le terme employé est PNEUMA) ! Il a été traduit en français par ESPRIT ! Cela semble évoquer surtout quelque chose d’immatériel, d’évanescent, d’abstrait, d’intellectuel...

Or la « RUAH » de Dieu, c’est essentiellement son SOUFFLE, Le souffle de Dieu ! 

Déjà, dès les premiers siècles, les Pères de l’Église avaient essayé de trouver une image qui parlerait à tous ! Ils disaient : l’âme est une espèce de bateau à voile, l’Esprit Saint est le vent qui souffle dans les voiles ! De fait, ils comparaient les dons de l’Esprit avec les voiles d’un bateau. Le vent (l’Esprit Saint) souffle et fait avancer le bateau grâce à ces voiles. 

Mais n’oublions pas ! Un voilier peut avoir été conçu par un ingénieur génial : il peut même disposer d’un équipage de grands marins ... encore faut-il quitter le port, oser le large, que le vent souffle...et surtout que l’on ait levé les voiles.

Une question que je me pose à certains moments, et pour moi-même : N’y a-t-il pas en nous une peur de hisser les voiles, de quitter le port (quitter son confort), de risquer notre vie au Souffle de Dieu, de nous laisser emporter dans la grande aventure de la liberté divine ?

À nouveau, je me permets d’insister et de vous poser cette question : qui donc est cette troisième personne de la Trinité, celle que nous appelons l’Esprit Saint ?

Il est DON DE DIEU, reçu à notre baptême, renouvelé à notre confirmation ! Jamais, ni par l’intelligence ni par l’ascèse, nous ne pourrons le gagner, le saisir, le capter, le mériter. L’Esprit Saint est un don gratuit que Dieu nous donne et redonne librement à qui le lui demande.

  • Comment le découvrir ? Par la prière, en ouvrant notre cœur, notre intelligence, notre volonté… en nous laissant saisir par lui !
  • Que faire ? Rien d’héroïque !  « Si vous m’aimez ! » dit Jésus, en précisant que cet Esprit Saint, c'est précisément l'Amour qui les unit l'un à l'autre, le Père au Fils et le Fils au Père.

Cet Esprit s’appelle aussi DÉFENSEUR (traduction du grec "paracletos" qui donne en latin "ad-vocatus", Advocat). Il nous protège, il prend notre défense ! Il ne s’agit plus d’une présence extérieure et temporaire, telle celle de Jésus cheminant avec les siens sur les routes de Galilée, mais d’un accueil intérieur !

La précision des mots est importante ; il sera, nous dit Jésus : "AVEC VOUS...PRÈS DE VOUS...EN VOUS" : les prépositions utilisées signalent une présence de plus en plus intériorisée.

La suite du Discours d’adieu de Jésus, que nous venons d’entendre, précisera les fonctions que ce Défenseur remplira auprès des disciples : 

  • Il leur rappellera les enseignements de Jésus, les actualisera, leur en montrera la valeur définitive ; 
  • Il les leur fera comprendre de plus en plus profondément et ainsi les conduira vers la Vérité tout entière ; 
  • Il les rendra capables de témoigner de Jésus avec courage, de répandre son évangile parmi tous les peuples tout en leur permettant de confondre les mensonges du monde. C’est ce qui se passa pour les samaritains saisis par l’Esprit Saint, comme nous l’avons entendu dans la première lecture.
  • Il est enfin appelé l’ESPRIT DE VÉRITÉ, car il vient du Dieu de Vérité, il anime la Vérité de la Révélation de Jésus, il fait vivre dans cette Lumière du vrai, et il suscite l’adoration "en esprit et vérité" (Jean 4, 23). C’est toujours lui, qui nous permet de croire, de prier, de communier au Corps du Christ ! Il nous permet de reconnaître dans l’hostie consacrée, la présence réelle de Dieu ! C’est toujours lui qui anime l’Église !

Un dernier point ! L'Esprit Saint m'invite à ne jamais désespérer, ni des autres, ni surtout de Dieu, ni même de moi-même. L'Esprit est assez puissant en moi pour vaincre toutes mes résistances, à condition, bien sûr, d’accepter de vivre avec lui. L'Esprit est assez patient pour me mener à cette communion d’amour trinitaire, si toutefois je lui confie ma vie. 

Concrètement, je vous invite, dès ce soir et dans les jours qui nous séparent de l’Ascension puis de la Pentecôte, à demander pour nous-mêmes, nos familles, notre communauté et pour le monde, d’être ouverts à la grâce, à la force de l’Esprit Saint.

 Comment faire ? En faisant mémoire de notre baptême, en récitant le Veni Créator, en chantant et demandant : « Viens Esprit Saint !», à chacun de vous de choisir ce qui lui convient le mieux. 

Quand nous ferons le signe de croix, insistez sur le Saint Esprit !

Demandons ce dont nous avons besoin et Dieu nous donnera ce qu’il faut, car Il connaît, mieux que nous, nos besoins essentiels !

Ne remettons pas à demain, cette demande ;

Reprenons tous ensemble, maintenant, ce chant :

 

Jésus, toi qui as promis d’envoyer l’Esprit,

À ceux qui te prient,
Ô, Dieu pour porter au monde ton feu,

Voici l’offrande de nos vies.

 

 

Homélie du vendredi 12 mai 2023, 5° semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 12-17. Actes des Apôtres 15, 22-31. Psaume 56.

 

Chers amis, depuis plusieurs jours, nous entendons la métaphore de la vigne, introduite par le chapitre 15 de saint Jean. L’évangéliste insiste fortement sur l’attachement vital des disciples à leur Seigneur afin de porter du fruit. 

Le passage d’aujourd’hui nous invite à faire un pas de plus.

Petit à petit, il nous faut passer de la métaphore à la réalité. Les images : du vigneron, de la vigne et de ses sarments (15,1-8) sont substituées par sa réalité théologale et ecclésiale : le Père (vigneron)Jésus (vigne), les disciples (sarments)

Le verbe « demeurer », également repris et répété plusieurs fois, est là pour qualifier la relation entre la communauté et le Christ Jésus. Ces versets constituent, ainsi, une interprétation de la métaphore de la vigne à notre réalité à la suite du Christ.

Pour comprendre cette réalité, il nous faut aussi quitter notre représentation un peu « romantique » de l’amour, pouren découvrir la profondeur ! L’amour du Père et du Fils s’exprime en termes de commandements. Si ce terme de « commandement » choque certains d’entre nous, il nous faut l’entendre, non pas de façon servile, mais par “amour du véritable amour“ ! L’amour est un impératif, une décision, un acte libre !

La voie à suivre et à garder consiste à vivre du commandement de l’amour mutuel. Là aussi, il nous faut abandonner l’idée d’une cohabitation plus ou moins paisible, le ‘Je t’aime bien’, pour entrer dans une tout autre dimension : un don de soi sans compromis ! Jésus a déjà illustré cela dans le lavement des pieds, au soir du Jeudi Saint (Jn 13,34).

De fait, l’amour prend tout son sens à la lumière de la croix et de l’amour livré, de l’amour donné. La communauté croyante (celle que nous formons), est invitée à véritablement ancrer, à greffer, sa vie dans le témoignage d’amour du Christ qui s’accomplit lors de la Passion ; rappelez-vous : « à aimer comme il a aimé les siens, jusqu’au bout » (Jn 13,1). 

Ainsi l’amour mutuel, qui se découvre dans le mystère de la Croix, témoigne de cet amour donné par Dieu. Parce que cet amour est vrai, don de soi et oblation, il devient un fruit, agréable à voir et bon à manger (Gn 2,9), et pour cela, il est vécu au sein de la communauté. Il représente un témoignage vivant, pour notre monde. Que l’amour que nous avons les uns pour les autres dépasse ainsi un amour simplement humain parce qu’il est puisé à la Source qu’est le Christ !

C’est à cette condition que notre lien au Christ peut tout changer. Les versets montrent ainsi combien le don Sa vie, va inscrire la communauté des disciples dans une autre identité. Nous pouvons faire le constat que certains se disent chrétiens, mais n’ont pas (ou plus) le désir de témoigner bien qu’ils aient été baptisés et parfois même confirmés ! 

Peut-être manque-t-il quelque chose dans notre lien à Dieu ? Nous ne sommes pas de simples serviteurs obéissants et serviles, mais des disciples qui sont invités à entrer dans une relation aimante et gratuite. L’invitation va au-delà de nos espérances : « Je vous appelle mes amis ! » C’est alors que cette amitié pourra résonner aussi au sein de la communauté chrétienne.

Attention, il ne s’agit pas d’une récompense, d’un titre lié à nos mérites, mais d’un choix, un don gratuit du Christ lui-même. 

Quelle est notre réponse ? Comment vivre de cette amitié ? 

Chers amis, prenons le temps de relire ce chapitre 15 de saint Jean, de le goûter et de nous laisser simplement interpeller, surprendre et aimer en premier par le Christ ! Laissons résonner ces mots : « Je vous appelle mes amis ! » 

                                                                                    Ainsi soit-il !                                                                                                                                                                                    

Homélie du jeudi 18 mai 2023, solennité de l’Ascension du Seigneur, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 28, 16-20. Actes des Apôtres 1, 1-11. Psaume 46.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 1, 17-23.

 

Frères et sœurs, chaque fête, chaque solennité est importante, car elle nous permet de mieux comprendre le plan de salut de Dieu. 

Aujourd’hui, nous fêtons l’Ascension du Seigneur ! Savez-vous que chaque dimanche, chaque fête, nous faisons mémoire de cet événement ?  À quel moment ?

Quand nous récitons le Credo et que nous disons parfois, un peu sans trop y réfléchir : « Il est monté au ciel, il est assis à la droite de Dieu ! »

De fait, nous y croyons en nous appuyant d’abord sur la Parole de Dieu et sur celles des témoins qui nous l’ont transmise. 

Saint Paul nous le redit dans sa lettre aux chrétiens de Rome : « La foi naît de ce que l'on entend » (Rm 10, 17) … et pas de ce que nous voyons …

La première lecture est donc la base du témoignage des disciples sur l’Ascension. Lors de cet événement que nous relatent les Actes des Apôtres, juste après les apparitions de Jésus ressuscité, ceux-ci ont vécu une expérience particulière qui marque un moment unique et surprenant !

Cette expérience est comme une ultime apparition, une ultime “désapparition“ du Ressuscité. Les Apôtres voient Jésus disparaitre à leurs yeux humains. 

Cela peut nous rappeler l’épisode des pèlerins d’Emmaüs, car au moment de la fraction du pain, Jésus disparait à leurs yeux. Leurs cœurs étaient tout brûlants et ces pèlerins retournent en hâte à Jérusalem annoncer que le Christ est vraiment ressuscité ! 

À cet instant, les disciples réalisent-ils que se termine vraiment une étape des plus importantes du ministère de Jésus ?

De fait, plusieurs jours seront nécessaires pour découvrir le sens de ce qui vient de se passer, mais cette Ascension transformera leurs vies pour toujours ! 

  Et nous, comprenons-nous cette fête de l’Ascension ? Pourquoi est-elle si importante ?

  • La première conséquence : le lien physique avec Jésus est terminé. Les Apôtres ne verront plus Jésus ! Les limites du temps et de l’espace sont, en quelque sorte, rompues. La distance entre les personnes disparaît. Les liens se transforment.
  • La deuxième conséquence : S’ils vont éprouver l’absence du Ressuscité, Jésus entre dans une nouvelle présence auprès des siens, une présence spirituelle et vivante qui se continue jusqu’à nous. C’est un nouveau type de présence à l’humanité, dont le mystère de l’Eucharistie est l’exemple le plus sensible, une présence que nous vivons nous aussi ! 

Si je le dis autrement : ce mystère de l’Ascension est comme l’achèvement et le résultat du mystère de l’Incarnation que nous célébrons lors des fêtes de la Nativité. 

Ce lien peut nous échapper, mais il nous faut comprendre !

À Noël, Dieu se dévoile à nous dans son humanité par la naissance de l’enfant de Marie, déposé dans une mangeoire ! À ce moment-là, Dieu vient rejoindre chacun de nous dans notre humanité pour que nous puissions voir et entendre de sa bouche, la Parole du Père. Le mouvement se fait donc du ciel vers la terre. 

À l’Ascension, Ce mouvement se fait en sens inverse : de la terre vers le Ciel ! Jésus remonte vers son Père !

Dans notre foi chrétienne, tout se tient. Saint Jean l’exprime ainsi dans son prologue « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous » (Jean 1, 14) 

Si Dieu rejoint notre humanité, dans le mystère de l’Incarnation et qu’Il remonte vers son Père dans le mystère de l’Ascension : c’est pour nous faire découvrir un chemin inédit. Jésus devient chemin de vie vers le Ciel ! Il veut nous entrainer avec lui et nous faire comprendre que notre vie a un sens : nous sommes faits pour le Ciel !

Désormais, avec son départ physique vers le Père, sa mission prend toute sa dimension universelle, il n’y a plus de frontières géographiques ni de limites au temps. Nous ne sommes plus dans une terre précise et dans une époque donnée ! Chaque homme, chaque femme, à travers l’espace et le temps est invité à rejoindre le Christ. 

Les limites n’existent plus, le sang versé est offert à toutes et à tous. 

Chers frères et sœurs, que devons-nous retenir pour nous, ce matin ? Tout cela à la fois, même si la réalité de Dieu nous dépasse ! 

 

Si je résume en une phrase :

L’Ascension est l’annonce d’une espérance nouvelle, mais surtout

la promesse du Don de l’Esprit Saint : Dieu ne nous laisse pas seuls !

Il nous invite à vivre notre propre Pentecôte, toujours renouvelée,

toujours saisissante, toujours enthousiasmante !

Ce qu’ont vécu les Apôtres il y a plus de deux mille ans, nous le vivons nous aussi ! Nous avons déjà vécu cette Pentecôte au moment de notre baptême, renouvelée lors de notre confirmation, nous vivons une nouvelle Pentecôte à chaque fois que nous recevons le pardon de nos péchés, et lorsque nous communions en étant prêts à recevoir le Précieux Corps de Jésus ; à chaque fois, OUI ! C’est une nouvelle Pentecôte ! 

 

Comment nous y préparer et se laisser renouveler dans les dons de l’Esprit Saint ?

À partir d’aujourd’hui, et cela jusqu’au jour de Pentecôte, neuf jours vont s’écouler, c’est le temps d’une neuvaine ! 

Neuf jours de prière comme l’ont vécu les Apôtres avec Marie, au Cénacle !

Je vous invite donc à vivre profondément ces jours prochains, en communion les uns avec les autres, et à entrer dans cette Neuvaine ! 

Chaque jour et selon votre convenance, seul ou en famille, prenons le temps de la prière : prier avec le chant du Veni Creator ou tout autre chant, prière en invoquant l’Esprit Saint !

Demandons humblement au Seigneur de nous renouveler dans la force de son Esprit !

 

C’est la prière que nous pouvons avoir les uns pour les autres, les uns par les autres, pour nos familles, notre paroisse et le monde… 

Mettons-nous debout et demandons ensemble en chantant de tout notre cœur :

Viens, Esprit de sainteté, Viens, Esprit de lumière,
Viens, Esprit de feu, Viens nous embraser
 !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 14 mai 2023, 6e dimanche de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 15-21. Actes des Apôtres 8, 5-8.14-17. Psaume 65.

Première lettre de saint Pierre 3, 15-18.

 

Chers amis, nous terminons presque le temps de Pâques avec ce 6e dimanche !

Nous sommes invités, particulièrement en ce dimanche, à faire le point sur notre vie de baptisés, sur notre vie chrétienne ! Nous avons commencé cette célébration par le rite baptismal, c’est-à-dire l’aspersion, rappel de notre baptême dans l’eau et l’Esprit Saint ! 

En tant que prêtre, j’ai la joie immense de célébrer, en ces temps-ci, beaucoup de baptêmes ! À chaque fois, émerveillé de l’amour de Dieu pour chacun, je prononce ces mots : « Clara, Maxime, ApollineMathiasje te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ! »

Chaque enfant, adolescent, chaque catéchumène adulte est baptisé dans l’eau et l’Esprit Saint ! Mais que vont-ils devenir ? Comment vont-ils percevoir cet immense amour de Dieu ? Sauront-ils découvrir tous les dons et charismes que l’Esprit Saint vient déposer en eux ?

Il leur faudra découvrir : qui est l’Esprit Saint ? Qui est l’Esprit Saint pour moi ?

C’est une question que nous pouvons nous poser. Le Père (nous le prions avec la prière que Jésus nous a donnée), le Fils (que nous entendons à travers l’Évangile et le témoignage des premiers chrétiens, sa vie d’homme, les signes et les miracles accomplis) et l’Esprit Saint ??? Où en sommes-nous de notre relation avec lui ?

Intimement, intellectuellement et même dans nos prières, j’ai l’impression que l’Esprit Saint est un peu le parent pauvre de notre vie chrétienne ! 

Dans quelques jours, nous fêterons l’Ascension du Seigneur. Jésus va monter vers son Père et, ce faisant, il annonce aux disciples qu’Il va envoyer l’Esprit Saint, le Défenseur. 

Jésus va demander aux disciples de se mettre en prière, ce qu’ils vont faire durant neuf jours dans la chambre haute avec Marie, neuf jours : le temps d’une neuvaine. Puis, ils vont recevoir l’effusion de l’Esprit Saint.

Pour nous, dans deux semaines, après la célébration de l’Ascension du Seigneur, nous arriverons au terme du temps pascal : sept semaines qui nous acheminent au 50e jour après le dimanche de Pâques, c’est-à-dire à cette belle fête de la PENTECÔTE. Ce chiffre est précis !

  • 50 jours après le repas de l’agneau à la fête de Pessah et après la sortie d’Égypte, les esclaves hébreux avaient jadis atteint le Sinaï et reçu la Loi de Dieu.
  • De même, 50 jours après la Pâque de Jésus - l’Agneau de Dieu -, ses disciples reçurent le don de l’Esprit de Dieu. 

Lors de la fête de Pentecôte, nous sommes renouvelés dans le don du Paraclet ! Le don de l’Esprit Saint !

Je pose cette question une deuxième fois !

Qui est l’Esprit Saint ? Comment le prions-nous ? Pourquoi sommes-nous si peu concernés ?

Peut-être avons-nous un problème, une difficulté possiblement liée à la traduction du mot hébreu RUAH (en grec, le terme employé est PNEUMA) ! Il a été traduit en français par ESPRIT ! Cela semble évoquer surtout quelque chose d’immatériel, d’évanescent, d’abstrait, d’intellectuel...

Or la « RUAH » de Dieu, c’est essentiellement son SOUFFLE, Le souffle de Dieu ! 

Déjà, dès les premiers siècles, les Pères de l’Église avaient essayé de trouver une image qui parlerait à tous ! Ils disaient : l’âme est une espèce de bateau à voile, l’Esprit Saint est le vent qui souffle dans les voiles ! De fait, ils comparaient les dons de l’Esprit avec les voiles d’un bateau. Le vent (l’Esprit Saint) souffle et fait avancer le bateau grâce à ces voiles. 

Mais n’oublions pas ! Un voilier peut avoir été conçu par un ingénieur génial : il peut même disposer d’un équipage de grands marins ... encore faut-il quitter le port, oser le large, que le vent souffle...et surtout que l’on ait levé les voiles.

Une question que je me pose à certains moments, et pour moi-même : N’y a-t-il pas en nous une peur de hisser les voiles, de quitter le port (quitter son confort), de risquer notre vie au Souffle de Dieu, de nous laisser emporter dans la grande aventure de la liberté divine ?

 

À nouveau, je me permets d’insister et de vous poser cette question : qui donc est cette troisième personne de la Trinité, celle que nous appelons l’Esprit Saint ?

Il est DON DE DIEU, reçu à notre baptême, renouvelé à notre confirmation ! Jamais, ni par l’intelligence ni par l’ascèse, nous ne pourrons le gagner, le saisir, le capter, le mériter. L’Esprit Saint est un don gratuit que Dieu nous donne et redonne librement à qui le lui demande.

  • Comment le découvrir ? Par la prière, en ouvrant notre cœur, notre intelligence, notre volonté… en nous laissant saisir par lui !
  • Que faire ? Rien d’héroïque !  « Si vous m’aimez ! » dit Jésus, en précisant que cet Esprit Saint, c'est précisément l'Amour qui les unit l'un à l'autre, le Père au Fils et le Fils au Père.

Cet Esprit s’appelle aussi DÉFENSEUR (traduction du grec "paracletos" qui donne en latin "ad-vocatus", Advocat). Il nous protège, il prend notre défense ! Il ne s’agit plus d’une présence extérieure et temporaire, telle celle de Jésus cheminant avec les siens sur les routes de Galilée, mais d’un accueil intérieur !

La précision des mots est importante ; il sera, nous dit Jésus : "AVEC VOUS...PRÈS DE VOUS...EN VOUS" : les prépositions utilisées signalent une présence de plus en plus intériorisée.

La suite du Discours d’adieu de Jésus, que nous venons d’entendre, précisera les fonctions que ce Défenseur remplira auprès des disciples : 

  • Il leur rappellera les enseignements de Jésus, les actualisera, leur en montrera la valeur définitive ; 
  • Il les leur fera comprendre de plus en plus profondément et ainsi les conduira vers la Vérité tout entière ; 
  • Il les rendra capables de témoigner de Jésus avec courage, de répandre son évangile parmi tous les peuples tout en leur permettant de confondre les mensonges du monde. C’est ce qui se passa pour les samaritains saisis par l’Esprit Saint, comme nous l’avons entendu dans la première lecture.
  • Il est enfin appelé l’ESPRIT DE VÉRITÉ, car il vient du Dieu de Vérité, il anime la Vérité de la Révélation de Jésus, il fait vivre dans cette Lumière du vrai, et il suscite l’adoration "en esprit et vérité" (Jean 4, 23). C’est toujours lui, qui nous permet de croire, de prier, de communier au Corps du Christ ! Il nous permet de reconnaître dans l’hostie consacrée, la présence réelle de Dieu ! C’est toujours lui qui anime l’Église !

Un dernier point ! L'Esprit Saint m'invite à ne jamais désespérer, ni des autres, ni surtout de Dieu, ni même de moi-même. L'Esprit est assez puissant en moi pour vaincre toutes mes résistances, à condition, bien sûr, d’accepter de vivre avec lui. L'Esprit est assez patient pour me mener à cette communion d’amour trinitaire, si toutefois je lui confie ma vie. 

Concrètement, je vous invite, dès ce soir et dans les jours qui nous séparent de l’Ascension puis de la Pentecôte, à demander pour nous-mêmes, nos familles, notre communauté et pour le monde, d’être ouverts à la grâce, à la force de l’Esprit Saint.

 

 Comment faire ? En faisant mémoire de notre baptême, en récitant le Veni Créator, en chantant et demandant : « Viens Esprit Saint !», à chacun de vous de choisir ce qui lui convient le mieux. 

Quand nous ferons le signe de croix, insistons sur le Saint Esprit !

Demandons ce dont nous avons besoin et Dieu nous donnera ce qu’il faut, car Il connaît, mieux que nous, nos besoins essentiels !

Ne remettons pas à demain, cette demande ;

Reprenons tous ensemble, maintenant, ce chant :

Jésus, toi qui as promis d’envoyer l’EspritÀ ceux qui te prient,
Ô, Dieu pour porter au monde ton feu, Voici l’offrande de nos vies.

 

 

Homélie du vendredi 12 mai 2023, 5° semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 12-17. Actes des Apôtres 15, 22-31. Psaume 56.

 

Chers amis, depuis plusieurs jours, nous entendons la métaphore de la vigne, introduite par le chapitre 15 de saint Jean. L’évangéliste insiste fortement sur l’attachement vital des disciples à leur Seigneur afin de porter du fruit. 

Le passage d’aujourd’hui nous invite à faire un pas de plus. Petit à petit, il nous faut passer de la métaphore à la réalité. 

Les images : du vigneron, de la vigne et de ses sarments (15,1-8) sont substituées par sa réalité théologale et ecclésiale : le Père (vigneron)Jésus (vigne), les disciples (sarments)

Le verbe « demeurer », également repris et répété plusieurs fois, est là pour qualifier la relation entre la communauté et le Christ Jésus. Ces versets constituent, ainsi, une interprétation de la métaphore de la vigne à notre réalité à la suite du Christ.

Pour comprendre cette réalité, il nous faut aussi quitter notre représentation un peu « romantique » de l’amour, pouren découvrir la profondeur ! L’amour du Père et du Fils s’exprime en termes de commandements. Si ce terme de « commandement » choque certains d’entre nous, il nous faut l’entendre, non pas de façon servile, mais par “amour du véritable amour“ ! L’amour est un impératif, une décision, un acte libre !

La voie à suivre et à garder consiste à vivre du commandement de l’amour mutuel. Là aussi, il nous faut abandonner l’idée d’une cohabitation plus ou moins paisible, le ‘Je t’aime bien’, pour entrer dans une tout autre dimension : un don de soi sans compromis ! Jésus a déjà illustré cela dans le lavement des pieds, au soir du Jeudi Saint (Jn 13,34).

De fait, l’amour prend tout son sens à la lumière de la croix et de l’amour livré, de l’amour donné. La communauté croyante (celle que nous formons), est invitée à véritablement ancrer, à greffer, sa vie dans le témoignage d’amour du Christ qui s’accomplit lors de la Passion ; rappelez-vous : « à aimer comme il a aimé les siens, jusqu’au bout » (Jn 13,1). 

Ainsi l’amour mutuel, qui se découvre dans le mystère de la Croix, témoigne de cet amour donné par Dieu. Parce que cet amour est vrai, don de soi et oblation, il devient un fruit, agréable à voir et bon à manger (Gn 2,9), et pour cela, il est vécu au sein de la communauté. Il représente un témoignage vivant, pour notre monde. Que l’amour que nous avons les uns pour les autres dépasse ainsi un amour simplement humain parce qu’il est puisé à la Source qu’est le Christ !

C’est à cette condition que notre lien au Christ peut tout changer. Les versets montrent ainsi combien le don Sa vie, va inscrire la communauté des disciples dans une autre identité. 

Nous pouvons faire le constat que certains se disent chrétiens, mais n’ont pas (ou plus) le désir de témoigner bien qu’ils aient été baptisés et parfois même confirmés ! 

Peut-être manque-t-il quelque chose dans notre lien à Dieu ? @@@@Nous(???) ne sommes pas de simples serviteurs obéissants et serviles, mais des disciples qui sont invités à entrer dans une relation aimante et gratuite. 

L’invitation va au-delà de nos espérances : « Je vous appelle mes amis ! »

C’est alors que cette amitié pourra résonner aussi au sein de la communauté chrétienne.

Attention, il ne s’agit pas d’une récompense, d’un titre lié à nos mérites, mais d’un choix, un don gratuit du Christ lui-même. Quelle est notre réponse ? Comment vivre de cette amitié ? 

Chers amis, prenons le temps de relire ce chapitre 15 de saint Jean, de le goûter et de nous laisser simplement interpeller, surprendre et aimer en premier par le Christ ! Laissons résonner ces mots : « Je vous appelle mes amis ! » 

Ainsi soit-il !                                                                                                                                                                                   

Homélie du lundi 8 mai 2023, 5° semaine de Pâques, année A. 

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 14, 21-26. Actes des Apôtres 14, 5-18. Psaume 113b.

 

Dans les lectures d’aujourd’hui, où il est question d’amour et d’Esprit Saint, une certitude nous est donnée : « Le Père nous aime ! » Dieu est amour !

 

Attention ! Son amour n’est pas tout à fait notre façon d’aimer ! 

Cet Amour que Dieu a pour chacun de nous est concret, mais non d’une façon sentimentale ou romantique ; ne soyons pas des rêveurs ! 

L’amour que Dieu nous invite à vivre est entier, vrai, total : il a donc une exigence !

Dès la Création, il a été déposé dans le cœur de l’homme qui croit ! 

Dieu sait, comme nous le savons aussi : l’homme est capable d’inconstance, et c’est pour cette raison qu’une aide est nécessaire pour chacun de nous afin de garder cet amour dans notre cœur ! 

 Quelle est cette aide ? Jésus nous le dit : « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

Bien souvent, volontairement ou non, notre mémoire est sélective, alors comment garder le rappel précis de cet amour ? 

Déjà, il nous faut oser le dire (Jésus ne s’en prive pas !) le redire entre nous, mais aussi le dire au-delà de nous : la mission de l'Église est principalement là, faire découvrir que Dieu est amour ! L’annonce de la Bonne Nouvelle n’est envisageable qu’à travers le témoignage vrai d’hommes et de femmes. À nous, d’avoir l’audace d’annoncer cet Amour !

De fait, ce témoignage s’adresse à tous ! Mais, il sera vraiment pertinent, s’il passe dans le cadre d’une rencontre personnelle ! L’amour s’exprime toujours, d’une personne à une autre personne ! J’aurais beau le crier sur tous les toits, c’est parce que je vais rencontrer quelqu’un, que je vais lui parler et témoigner, que l’autre que je rencontre va avoir le désir d’aller plus loin. 

Je le redis, l’Amour n’est pas une idée, un sentiment ou un théorie : le vrai Amour est audace, action et don !

Toute gesticulation peut s’avérer sans grande efficacité ! Ce qui est premier, c'est que nos vies soient bonnes nouvelles. On ne peut annoncer l’Évangile de Jésus sans le témoignage concret de la vie. La bonne nouvelle devient bonne nouvelle, quand elle touche et nous touche par le cœur. Ce sont nos vies qui sont bonnes nouvelles plus que nos paroles. C'est la sainteté de chacun d'entre nous, animée par l’Esprit Saint, qui est l'outil premier de l'évangélisation.

Frères et sœurs, aurons-nous le courage et l’audace de cette annonce ? Il n’y a aucune supériorité ou suffisance, aucun prestige de notre part ! C’est Dieu qui transforme les cœurs ! L’amour de Dieu est gratuité ! 

Dans la première lecture de ce jour, les Apôtres Barnabé et Paul ont fait cette expérience alors qu’on les prend pour des dieux romains ou grecs, et ils précisent : « Nous aussi, nous sommes des hommes pareils à vous, et nous annonçons la Bonne Nouvelle. »

            C'est bien ce que saint Luc veut rappeler aux chrétiens dans ce passage si tonifiant des Actes des Apôtres que nous lisions à l'instant.

Quelle est la mission des disciples ? 

Raconter tout ce que Dieu avait fait pour eux et avec eux, et surtout comment par Amour, il avait ouvert aux païens la porte de la foi.

Puissions-nous au cours de ces jours faire entendre une Parole, une action que l’Esprit Saint fera surgir en notre mémoire ! Si nous craignons d’être un peu timorés ou hésitants, demandons la grâce et l’aide de l’Esprit Saint pour qu’il nous donne l’audace d’être des évangélisateurs pour aujourd’hui ; le monde a besoin d’entendre que Dieu nous aime ! 

Préparons-nous, déjà, à cette fête de Pentecôte ! 

Demandons d’être renouvelés dans les dons de l’Esprit Saint !         

 Ainsi soit-il ! 

Homélie du dimanche 7 mai 2023, 5e dimanche de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 1-12. Actes des Apôtres 6, 1-7. Psaume 32.

Première lettre de saint Pierre 2, 4-9.

 

Chers amis, notre monde serait-il parfait et sans crise ? Qu’en pensez-vous ?

Pensez-vous que le siècle dernier était meilleur que celui que nous vivons ? Pensez-vous que le siècle prochain sera meilleur ?

Hélas non ! Rien de nouveau ! « Rien de nouveau sous le soleil » comme nous pouvons le lire dans le livre de l’Ecclésiaste 1,9. Dans nos sociétés et même dans l’Église, il y a des crises : des crises profondes qui peuvent se traduire par des guerres, des crises humaines, des crises dans les familles, des crises systémiques… ! 

Nous pouvons retenir une évidence : là où il y a des hommes formant un clan, une famille, une société, nous rencontrons des crises !

Ne nous trompons pas, ne soyons pas, pour autant, des pessimistes sans espérance : une crise n’est pas forcément une catastrophe, mais elle nous oblige à trouver des solutions nouvelles, des médiations, à réagir avec justesse, à rebondir !

Il y a donc une crise au cœur de l’Église naissante du 1er siècle… 

C’est ce que nous venons d’entendre dans la première lecture, au chapitre 6 du livre des Actes des Apôtres. Nous sommes dans les tout premiers temps de l’Église naissante. 

Quel est le problème ? Après la résurrection de Jésus, la communauté des premiers Chrétiens s’agrandit de jour en jour ; c’est une bonne nouvelle ! Les nouveaux convertis au Christ-Jésus sont majoritairement des juifs, mais de plus en plus des non-juifs, c’est-à-dire des gens de culture grecque, qui sont touchés par la Parole du Christ et le témoignage des disciples, viennent agrandir la communauté. 

Comme souvent, les minoritaires ont des griefs contre les majoritaires. Ici : « ceux de langue hébraïque » ont tendance à favoriser leurs veuves, au détriment de « celles de langue grecque ». Nous voyons bien que ce n’est pas d’aujourd’hui que datent les appartenances, plus souvent sources de division que d’unions. 

Ce qui est intéressant dans ce passage (et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui), c’est la façon dont l’Église va traiter cette question. Que nous dit-on ? 

Premièrement, les Douze Apôtres convoquent l’assemblée des disciples. Aujourd’hui, nous dirions : « les évêques convoquent le synode », c’est-à-dire l’assemblée de tous les Chrétiens. Ils ne prennent pas leur décision tout seuls dans leur coin, mais ils vont impliquer tout le peuple dans la décision, avec une invitation : « cherchez plutôt sept d’entre vous » (nous assistons là à la naissance d’un nouvel ordre que sont les diacres).

Deuxièmement, ils énoncent le problème, tout en rappelant l’objectif, le cap qu’il faut garder. Problème on ne peut plus concret : le service des repas, aux plus défavorisés et aux veuves, prend trop de temps sur l’annonce de la parole et sur la prière. Or, les trois sont indispensables : la prière, l’annonce et le service des frères. 

Il n’est pas possible de favoriser l’une de ces exigences sans délaisser les autres ! Pourquoi ? La Mission est une, indivisible : elle ne peut exister sans le délicat équilibre entre ses trois piliers. 

  1. La prière, pour rester connecté à la source et accueillir le don de l’Esprit Saint qui pourra alors agir à travers nous ; 
  2. L’annonce de la Parole, car nul ne peut garder pour lui tout seul, ce trésor qu’il a reçu. 
  3. Et enfin la troisième exigence de la Mission : le service des frères dans ce qu’ils sont et leurs besoins. Nul ne doit être exclu !

 

La parole, reçue dans la prière et annoncée à tous, ne peut être comprise, ne peut être crédible si elle n’est pas mise en pratique, au service de la charité fraternelle. Rappelons-nous cette phrase : 

« c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que vous serez reconnus comme mes disciples ». (Jn 13,35)

 

Pour résumer :

  1. Les Douze, donc, ont donc convoqué tous ceux qui se réclamaient du Christ.
  2. Ensuite ils leur ont rappelé le cap à maintenir, 
  3. et troisièmement, ils proposent une solution qui consiste à modifier l’organisation actuelle pour l’adapter à la nouvelle situation. 

Et c’est toujours ainsi que l’Église va fonctionner, tout au long des siècles. 

Contrairement à ce que certains qui peuvent le penser, l’Église n’est pas statique : l’Église a constamment évolué. Si elle est toujours présente dans notre monde, c’est-à-dire deux mille ans plus tard, c’est que, en restant à l’écoute de l’Esprit Saint et à l’écoute de l’évolution du monde, refusant les compromissions ou les hérésies diverses… elle a créé, en collégialité, des structures, des ajustements adaptés, des Aggiornamento(s) dans la fidélité à sa Mission. 

C’est l’histoire des différents conciles, de celui de Jérusalem au début du premier siècle, jusqu’à celui de la deuxième partie du vingtième siècle, avec le concile Vatican II. Il est vrai qu’avec ces derniers siècles, on a vu dans notre société, des changements radicaux, dangereux, compliqués et l’Église n’a eu de cesse de rappeler le cap et les exigences de la Mission pour y résister.

Ainsi tout en combattant le relativisme ambiant, les passions désordonnées, l’Église s’est sans cesse renouvelée ; elle est animée, ce qui signifie qu’elle a une âme. Si nous sommes : « les pierres vivantes qui servent à construire le temple spirituel » comme l’écrit saint Pierre dans sa première lettre, c’est que c’est Dieu lui-même, Trinité Sainte, qui agit L’Esprit Saint est toujours à l’œuvre, comme Jésus nous l’avait promis. 

Pourtant, nous pouvons nous demander parfois, comme Thomas dans l’Évangile d’aujourd’hui qui pose une bonne question : « nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin ? ». N’oublions pas que Thomas pose cette question avant la mort et résurrection de Jésus, et qu’au deuxième dimanche après Pâques, il va dire cette phrase extraordinaire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Ce que nous savons, dans la foi, par la foi, c’est que : « Jésus est le chemin », et qu’Il nous mène vers le Père. Ainsi, c’est la foi qui nous fait connaître d’une part où nous allons : nous allons vers le Père, et d’autre part, le vrai chemin qui y mène : « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie ! »

Passer par le chemin qu’est Jésus, c’est donc suivre la Vérité, c’est vivre la vraie Vie. 

Frères et sœurs, quoi de plus rassurant, dans notre pèlerinage terrestre, pour combler le cœur de chaque homme, de chaque femme ?

Nous avons un chemin ! Nous avons un cap ! Voilà ce qui nous anime, voilà Celui en qui nous croyons, voilà quelle est notre foi !

 

Pour conclure, des crises, il y en aura surement d’autres… parce que là où il y a des hommes et des femmes, nous rencontrons des crises. Ainsi va la vie ! Est-ce grave ? Non, car nous avons les moyens et les ressources pour dépasser ces moments difficiles.

 Le plus important, dans notre vie de foi, notre vie sociale et familiale… c’est de garder le cap et notre fidélité à la Parole et de répondre avec audace à la mission que nous recevons 

Aujourd’hui, comme aux premiers temps de l’Église, c’est la promesse du Christ ressuscité qui nous conduit, qui nous ouvre à l’intelligence de la Mission et à une vraie espérance dans toutes les crises qui sont autant de « passages » que nous pouvons traverser ! 

 

Merci à chacun de vous d’être présents ce matin, car de fait, et même si la communauté que nous formons n’est pas parfaite, nous sommes rassemblés en prière, les uns, les autres, en gardant le cap !

Demandons la grâce de l’unité et de la fidélité !

C’est un pari fou, un pari audacieux, mais le monde a besoin de voir cette unité pour que le Christ soit entendu, compris et suivi !

Demandons cette grâce pour chacun de nous ce matin, pour nos familles, notre paroisse et pour le monde !                         

Ainsi soit-il !

 

Homélie du vendredi 5 mai 2023, quatrième semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 1-6. Actes des Apôtres 13, 26-33. Psaume 2.

 

Il y a en chacun de nous, un “Thomas“ et qui persiste ! Nous pourrions avoir une mauvaise idée de Thomas, pensant qu’il est quelqu’un qui doute… Mais non ; c’est un intuitif qui ose poser des questions, de vraies questions : 

« Comment connaîtrions-nous le chemin ? »

« Qu’est-ce que la vérité ? » comme le demande Pilate,

« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » comme le jeune homme riche.

Voilà les questions que l’on pose à Jésus. N’oublions pas que Thomas dira un peu plus tard, au deuxième dimanche de la résurrection de Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Frères et sœurs, voilà des questions que nous pouvons faire nôtres aujourd’hui quand nous nous tournons vers Jésus. Ces questions sont pertinentes et elles sont nécessaires afin d’avancer, d’être motivés, de mieux comprendre Jésus.

À ces questions, Jésus à son habitude ne répond pas directement ! Il donne une seule réponse aussi nette que définitive : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ! »

En réalité, Il éclaire nos interrogations, d’une lumière nouvelle. 

  • Il affirme en premier lieu sa divinité. Qui peut prétendre être chemin, vérité et vie, sinon Dieu lui-même ? En effet, il est en lui-même vie, amour et vérité. Par-là, Il en est la source pour nous. 
  • En second lieu, Il se donne lui-même à nous comme chemin, vérité et vie ! Il ne nous laisse pas seuls !
  • Donc, s’approcher de Jésus réclame, pour entrer vraiment en communion avec Lui, de le recevoir comme Dieu. 

À nous de recevoir sa présence comme une source, c’est-à-dire comme une grâce, qui va nous guider avec Lui, nous faire avancer par Lui, et nous faire vivre en Lui. C’est donc que pour avoir la réponse à nos questions, il nous faut revêtir le Christ. C’est le baptême en premier lieu qui nous unit à Lui (nous devenons frères et sœurs de Jésus, les familiers de Jésus) et qui fait de Lui, pour nous, le chemin, la vérité et la vie. Mais, aussi dans notre quotidien, oui, Jésus n’est pas absent, Il est bien présent, mais selon la modalité de Dieu ! Il marche cependant avec nous ; rappelez-vous les pèlerins d’Emmaüs ou le poème ‘des traces de pieds dans le sable’ !

Les sacrements que nous recevons pour notre sanctification ne font rien d’autre que de nous le rendre présent pour nous et de plus en plus : chemin, vérité et vie. Ces sacrements vont nous orienter par leur force et la grâce comme du dedans vers Lui. Nos facultés et toutes les dimensions de notre vie en sont illuminées. C’est Lui d’abord qui agit pour nous et qui nous fait découvrir combien Il est pour nous ce chemin qui nous conduit à cette vie Éternelle.

 

Les questions que nous nous posons sont bonnes et elles nous permettent d’avancer ; mais une fois posées, elles nous invitent à faire un pas de plus, c’est-à-dire choisir : Le choisir ! 

Comment ? Cela vaut pour nos choix les plus quotidiens, mais en définitive, c’est dans les épreuves de la vie, les moments sans doute plus difficiles… que la réponse de Jésus : « je suis le chemin, la vérité et la vie », se révèle comme éclairante et donne toute sa pertinence.

Je suis le chemin: marchez en moi !

Je suis la vérité: croyez en moi !

Je suis la vie : vivez en moi !

Demandons la grâce de vivre chaque jour une plus grande intimité avec Lui et découvrir, petit à petit, qui Il est vraiment et Le suivre vraiment !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 1er mai 2023, quatrième semaine de Pâques, année A. Saint Joseph

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 13, 54-58. Livre de la Genèse 1, 26 à 2, 3. Psaume 89.

 

Hier, dimanche, nous avons entendu que Jésus, bon et vrai berger, est celui :

  • qui connaît ses brebis, 
  • qui leur donne la vie éternelle
  • qu’Il est la porte qui permet d’aller vers son Père…

À partir d’images toutes simples (berger, brebis, porte …), Jésus nous propose, en réalité, un enseignement vigoureux sur la foi qu’il est important de recevoir, pour nous faire grandir dans la foi. 

  • Jésus est le Bon Pasteur, et nous avons besoin d’être enseignés, guidés et sanctifiés
  • Nous avons besoin de Lui faire confiance, de comprendre qu’Il connaît et prend soin de toutes les brebis, celles qui sont dans l’enclos comme celles qui sont à l’extérieur de l’enclos !

Avec l’Évangile de ce jour qui est la suite de l’évangile d’hier, il y a deux points précis qui nous sont donnés : une « mise en garde » et une « ouverture ».

- Jésus nous met en garde contre les mercenaires, les faux bergers, ceux qui nous guident vers des paradis perdus. Qui sont-ils ? Non, ce ne sont pas les prophètes de Dieu, mais des marchands de bonheur et de rêve, des voleurs et des bandits qui, en Israël comme dans le monde païen, prétendaient apporter la recette du salut sans passer par le Christ ! Plus encore, pour ces mercenaires, ces voleurs, ces bandits, les brebis, les personnes, n’ont pas de valeur ; ils n’en n’ont que faire ! Pour eux, les brebis ne sont qu’une valeur marchande ! Le constat de Jésus est terrible : « les brebis ne comptent pas vraiment pour eux. »

Pour Jésus, c’est tout le contraire ! Pour Dieu, chaque personne est unique ! Chaque personne est aimée de Dieu ! Même celles qui ne le savent pas encore ! La mission est là ! Elle est même, encore plus large…

 « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »

Le Christ a montré qu’Il est vraiment le bon pasteur, Celui qui donne sa vie pour ses brebis.
La réponse des brebis, notre réponse, tient en quatre verbes !

  • Écouter, non pas d'une oreille distraite la rumeur du jour, mais écouter vraiment Celui qui donne sens à nos vies. 
  • Connaître comme une ouverture à l'autre. Connaître le Christ, c'est réentendre combien nous avons du prix aux yeux de Dieu. 
  • Suivre le Christ dans la confiance, mais aussi oser Le suivre dans l'inconnu.
  • Et puis donner ! Donner la vie et donc la recevoir dans sa plénitude puisqu'il s'agit de la vie éternelle.

Frères et sœurs, en ce 1er mai, nous faisons mémoire de Saint Joseph travailleur ? Ces quatre verbes nous redisent, aussi, la juste attitude qui a été profondément la sienne ! Il a su écouter la Parole de Dieu, la parole de l’ange ; il a su connaître et comprendre le plan de salut de Dieu ; il a fait confiance et a suivi la Parole de Dieu jusque dans l’inconnu. Il a accepté Marie et son enfant ; il a donné la vie dans l’éducation, dans l’accompagnement qu’il a donné à Jésus.

Puissions-nous reprendre ces quatre verbes et, si possible, durant cette journée, les méditer : écouter, connaître, suivre, donner !                                     

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 30 avril 2023, 4e dimanche de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 10,1-10. Actes des Apôtres 2,14a.36-41. Psaume 22.

Première lettre de saint Pierre 2, 20b-25.

 

Chers amis, sommes-nous un peu comme les pharisiens qui, parfois, ont du mal à suivre Jésus dans ses paraboles et dans les images qu’Il emploie ? 

Je discutais, il y a quelque temps, avec les enfants du catéchisme et je leur demandais s’ils avaient déjà vu un troupeau de brebis ? Comme ce sont pour la plupart d’entre eux des citadins, ils n’avaient vu ni brebis ni berger.

Pourtant, cette image du bon berger nous est familière. Dans ce passage de l’évangile de saint Jean que nous venons d’entendre, Jésus se présente comme le bon berger ou le bon pasteur parce qu’Il connaît le chemin, parce qu’Il prend soin de chacune de ses brebis et porte sur ses épaules celle qui s’est égarée : Il connaît même le nom de chacune de ces brebis comme celui chacun de nous (quelle mémoire, pourrions-nous penser !!!) et, plus encore, Il est ‘le gardien de nos âmes’

A la fin de cet enseignement, Jésus, observant toujours l’incompréhension des pharisiens, ajoute à l’image du berger et des brebis, une autre image, celle de la porte « Moi, je suis la porte des brebis ». 

Je vous propose de nous arrêter quelques instants sur cette image surprenante et originale ! Jésus est donc une porte ! Qu’est-ce que cela veut dire ?

En réalité, pour les auditeurs de Jésus, l’image de la porte a du sens et un sens très précis ! En effet, l’Ancien Testament : la Torah, les prophètes, les livres de la Sagesse, les psaumes… évoquent toujours l’image de la porte en lien avec la présence de Dieu. Quand le prophète Isaïe affirme que la présence de Dieu sera toujours là, il le fait en disant, s’adressant à Lui : « tes portes seront toujours ouvertes, le jour ni la nuit, elles ne seront fermées. » (Isaïe 60, 11). 

Dans le psaume 24 aux versets 7 à 10 que nous chantons beaucoup dans le temps de Noël, le psalmiste s’exclame : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! »

Ici, dans notre texte, le sens est un petit peu différent, car Jésus s’applique à lui-même l’image de la porte. Il se présente comme le seul et unique médiateur auprès de Dieu. Il n’y a pas d’autre porte que Lui pour aller vers Dieu, le Père. Il est LA PORTE à travers laquelle nous avons « accès au Père » (Éphésiens 2, 18). 

Cette porte n’est pas un lieu de fermeture, c’est une porte ouverte qui offre un espace de liberté, qui ouvre un chemin, un avenir et non une fermeture ou une domination. 

Jésus est à la fois, porteouverture et Salut ! Il ouvre la porte du Salut, une présence du Seigneur qui est offerte gratuitement à tous, à condition que l’on accepte librement d’y entrer. Tu peux entrer, tu peux sortir quand tu le veux : « Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé ! Il pourra entrer, il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne passe pas par la porte ! Il ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie en abondance. » Quelle belle promesse !

Cette promesse est un don, un avenir ! C’est une bonne nouvelle ! Tous les disciples de Jésus, ceux d’hier comme chacun de nous, nous sommes en cheminement. Nous sommes des pèlerins en route vers le Ciel. Nous cherchons le chemin, nous sommes en chemin vers Celui qui est promesse de vie, celui qui est gardien de nos âmes !

Cela nous le savons, mais est-ce si simple de trouver le chemin qui mène au Ciel et d’entrer par la Porte ? Non, car plusieurs chemins de traverse peuvent se présenter à nous. On peut être aussi tenté d’escalader, d’entrer par nous-mêmes dans des paradis artificiels, sans passer par Jésus. C’est une tentation qu’on retrouve partout de nos jours. Nous pouvons l’entendre à travers les médias ou différentes propositions (ésotérisme, séries, téléréalités, jeux vidéo, achats compulsifs) qui pourraient nous faire croire que nous pouvons entrer par nous-mêmes dans une sorte de paradis ou de bien-être illusoire. Jésus disparaît de l’horizon. Il n’est plus ni vrai Dieu, ni vrai homme ! Il n'est plus LA PORTE. On en fait un sage qu’on respecte, un idéaliste dont on se moque ! 

Pourtant, en même temps, je suis frappé par les nombreux jeunes (et moins jeunes) qui sont en recherche, qui viennent frapper à la porte de la Maison paroissiale en quête de sens ! Est-ce une nouvelle recherche existentielle de notre vie après ces années post-covid ? Ces personnes, baptisées ou non, veulent comprendre ; et là, nous avons une mission évidente de témoins du Christ.

Comment entrer dans ce Royaume de Dieu dont Jésus est la PORTE ?

Cette question n’est pas nouvelle ! La première lecture nous montre qu’elle se posait déjà lors des premières prédications des Apôtres après la Pentecôte. « Frères, que devons-nous faire ? » demandait-on à saint Pierre et aux disciples. Où est donc cette porte ? Comment rencontrer le Christ ? Comment vivre cette intimité avec Lui ? Comment trouver un sens à notre vie ?

La réponse s’énonce ainsi et elle est toujours d’actualité : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, vous recevrez alors le don du Saint-Esprit…car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur, notre Dieu les appellera ». (Act 2 – 1re lecture) C’est une double bonne nouvelle, car :

  • Il est toujours possible de se convertir ! 
  • Sans distinction, nous sommes tous invités à rencontrer le Seigneur !

Il nous faut comprendre que le mystère de la porte des brebis implique que les brebis que nous sommes, osent se déplacer et qu’elles fassent le chemin nécessaire pour accueillir le don de Dieu qui leur permettra alors, d’entrer dans le Royaume. C'est cela le « Convertissez-vous ! » que propose saint Pierre. C’est oser un bouleversement qui change notre façon d’être et fait du Ressuscité le Maître et Seigneur de notre vie. Littéralement :  ‘Ne te laisse pas influencer par les slogans de notre société ! Sors de ton canapé ! Quitte tes séries de télévision ! Ose prier et lire la Parole de Dieu ! Viens rejoindre notre communauté paroissiale !

Frères et sœurs, le baptême que nous avons reçu – qui est un don gratuit - nous donne la direction, cette certitude d’être aimé et attendu, mais cela ne suffit pas ! Être baptisé ne nous garantit pas d’être sauvé ! Il nous faut entendre et réentendre sans cesse ce : « Convertissez-vous ! » Nous avons toujours à réajuster notre direction, prendre le bon chemin, toujours à rechoisir le Christ !

Frères et sœurs, nous sommes encore dans la célébration de la Fête de Pâques qui se prolonge jusqu'à l’Ascension et à la Pentecôte. C’est un temps important pour réagir et rebondir ! Profitons de ce temps pascal pour vivre une nouvelle et vraie conversion en renonçant à ce qui nous éloigne de Dieu. Ouvrons notre cœur à l’action de l’Esprit Saint pour être renouvelés dans les grâces de notre baptême !

 

C’est Lui, l’Esprit Saint, qui nous fera vivre et nous guidera pour comprendre l’enjeu prodigieux que représente cette Porte de Vie.

Frères et sœurs, demandons pour chacun de nous et pour notre communauté (présente ici ou par la pensée) : le désirl’audace, le discernement, la confiance… pour écouter et entrer par, Jésus, le bon Berger dans la vie en abondance qu’Il nous offre ! 

Voilà la bonne nouvelle que nous entendons aujourd’hui ! 

Rendons grâce à Celui qui prend soin de nous, Celui qui nous donne la vie en abondance !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du vendredi 28 avril 2023, Troisième semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 6, 52-59. Actes des Apôtres 9, 1-20. Psaume 116.

 

Pour ouvrir son Évangile, saint Jean pose une réalité étonnante : « Jésus est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn1, 11- Prologue). Il nous présente un Jésus venu donner sa vie, donner vie à la Vie !

C’est ainsi que saint Jean commence son Prologue et il continue en disant : pourtant la Vie qu’est Jésus, la Vie qui s’exprime avec les mots et les images de son temps, n’a pas été reconnue. Il faudra une grâce toute particulière, un don de l’Esprit Saint pour reconnaître qui est Jésus.

À nouveau ce matin, saint Jean nous place devant un choix : 

  • -       Croire ou ne pas croire ! Croire en Celui qui nous dit : « Celui qui me mange vivra ! »

  • -       Ou ne pas croire et passer à côté de Celui qui est la Vie. 

  • -       Croire en « Celui qui mange le Pain de Vie, vivra ! » 

  • -       Ou se détourner de Celui qui est la Vie.

C’est bien le constat ‘Croire ou ne pas croire’ que nous pouvons faire pour beaucoup de nos contemporains et même pour des membres de nos familles.

Ce sont des paroles étonnantes qui ouvrent sur une Personne. 

Pour l’évangéliste saint Jean, la Vie, c’est Quelqu’un, ce n’est pas abstrait. « Je suis la Vie » (Jn 14,6). Sans manger de ce pain (Jn 6, 53), nous risquons d’être des morts-vivants. Il s’agit bien plus qu’un acte matériel, alimentaire : manger du pain ! C’est beaucoup plus que d’acquérir un supplément de vitamine. C’est bien plus qu’un simple aliment !

 

Nous pouvons être vivants corporellement, psychiquement, au plus intime de notre cœur. Mais saint Jean nous révèle que nous ne sommes vraiment vivants :

  • -       que dans la mesure où nous vivons de Jésus, 

  • -       dans la mesure où nous mangeons ce pain, 

  • -       dans la mesure où nous entrons en communion avec Lui !

 Le Christ est pain de Vie pour ceux qui croient en Lui.

En relisant quelques commentaires sur saint Jean-Paul II, j’ai retrouvé une réflexion surprenante, c’était le 12 avril 2004 (à l’occasion de la Journée mondiale des Missions). Il nous disait : pour goûter ce pain, il nous faut devenir des « experts en contemplation eucharistique ». Il nous faut éduquer notre regard à « Le regarder ». Porter sur ce pain un regard nourrissant : n’est-ce pas notre plus vif désir que de « faire la volonté de Celui qui m’a envoyé » ?

C’est ce que nous vivons chaque matin, dans cette église, dans le cœur à cœur et l’adoration avec Jésus. Le regarder, Le contempler dans l’eucharistie pour vivre une relation intime avec Lui ! Comme le disait le saint curé d’Ars : « Je l’avise et Il m’avise. Je Lui parle et Il me parle ! »

 

Frères et sœurs, est-ce que nous mesurons la grâce de pouvoir vivre chaque matin, ici, l’eucharistie ? Hier, en réunion avec notre nouvel évêque et les curés de notre diocèse, nous avons pu rendre compte ce que nous vivons dans nos paroisses. Quand j’ai osé dire que dans notre paroisse, neuf messes étaient célébrées chaque week-end, et que chaque matin la messe matinale de 8h rassemble une bonne cinquantaine de paroissiens, mes confrères ont été étonnés ! 

Fréquentons donc, régulièrement, ce repas sacré de l'Eucharistie, mesurons le Mystère de Vie que nous contemplons ! 

Dans cette joie divine, dans l’Action de grâce, recevons et nourrissons-nous de Jésus, le pain de Vie, Celui qui se donne à nous gratuitement, généreusement, en nous donnant sa vie pour que nous ayons la Vie !

     Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 24 avril 2023, lundi de la 3e semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 6, 22-29. Actes des Apôtres 6, 8-15. Psaume 118. 

 

Dans cet évangile, Jésus répond à une question existentielle que nous nous posons, tous, sans aucun doute à différents moments de notre existence : quel est le sens de notre vie ? Que devons-nous faire ?

Chers amis, ce matin, nous sommes en Galilée aux abords du lac : d’une part dans la ville de Tibériade, et d’autre part, sur l’autre rive la ville de Capharnaüm, ville centrale dans le ministère de Jésus en Galilée. C’est là, où Jésus se retrouve dans la maison de Pierre pour se reposer.

Le chapitre 6 de saint Jean est important puisqu’il débute sur la réalisation de deux signes, deux miracles dans la même journée :

  • le premier : la multiplication des pains et des poissons pour nourrir 5000 hommes (6, 3-15) 
  • le deuxième : Jésus marchant sur l’eau pour rejoindre ses disciples en barque et accoster à Capharnaüm (6,16-21).

Il y a donc Jésus et ses disciples, mais aussi une foule nombreuse, en marche, en quête de Jésus. Cette foule quitte la ville Tibériade, sans Le retrouver. Elle va donc sur la montagne, là où a eu lieu la multiplication des pains et ne le trouvant pas non plus, elle se rend à Capharnaüm.

Là, elle va Le retrouver, vraisemblablement dans la synagogue, lieu d’étude et de lecture de la loi où Jésus a l’habitude d’enseigner, comme nous l’apprenons quelques versets plus loin (6,59) !

À la question : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? », Jésus répond, à son habitude, à côté de cette interrogation. De fait, Il réoriente leur propos et met l’accent sur l’essentiel. En effet, Il leur dit : « En vérité, je vous le dis, ce n’est pas parce que vous avez vu des signes que vous me cherchez, mais parce que vous avez mangé des pains à satiété. »

Évidemment, la multiplication des pains et des poissons a pu satisfaire la faim des hommes, mais elle signifie plus que cela, bien plus qu’une simple nourriture.

Finalement, la question que Jésus nous pose à nous aussi pourrait se traduire ainsi : quelle est notre image de Lui, quand nous prions ? Quelle est notre image de Lui quand nous Le cherchons ? Serait-il juste un distributeur de cadeaux ? 

La réponse de Jésus est précise et stimulante : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. » Jésus n’est pas là pour multiplier les pains matériels, même s’Il peut le faire dans certains cas (nous savons bien qu’il s’intéresse aussi à nos besoins terrestres et nos préoccupations.)

Mais, Il est là d’abord pour nous donner une « nourriture qui demeure », une nourriture céleste. Il veut tourner notre regard vers les réalités célestes ! C’est bien le thème central du chapitre 6e de saint Jean !

Jésus veut nous rappeler que nous ne sommes que des pèlerins sur cette terre, toujours en marche vers la Patrie du Ciel. 

Aujourd'hui encore, l'Évangile nous invite à passer de notre faim de miracles à une autre faim essentielle, qui est de « croire en celui que le Père envoie à tout homme » !

 Notre première ambition ne devrait-elle pas de travailler aux œuvres de Dieu ? C’est la phrase qui pourrait résumer l’évangile de ce jour et la question que nous pose Jésus, ce matin.

Dans notre prière, il revient à chacun de nous de méditer sur cette question et d’y apporter notre réponse personnelle !

Bonne méditation !

 

 

Homélie du dimanche 23 avril 2023, 3e dimanche de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 24, 13-35. Actes des Apôtres 2,14.22b-33. Psaume 15.

Première lettre de saint Pierre 1, 17-21

 

Chers amis, peut-être avez-vous l’habitude de vivre des retraites, des retraites silencieuses ou prêchées, des temps particuliers et précieux où l’on se met à l’écart dans un monastère ou une maison religieuse. 

Pour nous inviter à une relecture de vie, à une relecture spirituelle, il n’est pas rare que le prédicateur propose une méditation de l’évangile des pèlerins d’Emmaüs !

Dans cet évangile qui nous ramène au soir du dimanche de Pâques, deux hommes avancent sur la route. Seul l’un de ces deux hommes est nommé : Cléophas ! Qui est l’autre disciple ? Nous ne le savons pas, mais il pourrait être chacun de nous aux heures sombres du doute, de la tristesse, de la lassitude, du découragement. À ces moments précis, savez-vous quelle peut être notre tentation ? La fuite ! Partir, en laissant derrière nous tous nos problèmes : fuir sur les chemins d’Emmaüs. 

Ces deux hommes avaient suivi ce « Jésus de Nazareth » parce qu’ils « espéraient qu’il serait le libérateur d’Israël ». Pour eux, Jésus est mort avec tous leurs espoirs, et même les rumeurs des femmes n’ont pas eu raison de leur tristesse !

C’est pourtant à ce point de leur cheminement que le Seigneur les rejoint, les invitant à exprimer leur souffrance, leur déception, leur découragement.

Du coup, je vous propose en quelques minutes de faire une “mini retraite“ comportant cinq temps pour comprendre la pédagogie et la délicatesse de Jésus !

Le premier temps est une invitation à exprimer leur souffrance ! Souvent, « oser exprimer » ce que nous ressentons au fond de nous, permet un changement de perspective sur les événements de notre vie ! Une mise à distance dans la parole verbalise nos souffrances, nos découragements et cela est nécessaire. Écouter est important ! Oser exprimer ! La patience et l’écoute sont dons nécessaires.

Le second temps consiste à reconnaître notre perplexité et à entendre sans accusation ce que l’autre en en train de me dire : « Vous n’avez donc pas compris ! » La question est alors celle-ci : qui peut éclairer ma vie, et comprendre le sens de nos événements que nous subissons ? Le seul qui le fait avec une infinie délicatesse, c’est Dieu et il nous faut, dans la prière, nous tourner pauvrement vers Lui ! 

Le troisième temps nous redit que nous ne marchons jamais seul sur nos chemins de souffrance. Le Christ nous y a précédés pour pouvoir encore mieux nous y accompagner. N’oublions pas que dans nos joies comme dans nos peines,Jésus est là, jamais absent, même si notre souffrance le retire à nos yeux !

Le quatrième temps : il nous faut écouter, écouter ce que Dieu me dit ; par les Écritures, Il interprète sa vie et la nôtre. Il en nous en donne la finalité ! Les Écritures nous expliquent le sens de la vie, nos épreuves, parfois incompréhensibles et difficiles ! La difficulté sera de nous mettre à l’écoute d’un Autre, et surtout, d’arrêter de « ressasser» nos problèmes (sans doute, est-ce difficile car sans cesse, j’ai tendance à revenir à tel épisode de ma vie, à telle blessure… ) !

C’est là, dans l’humble et attentive écoute de la Parole, que Dieu nous donne une espérance nouvelle et des clés de lecture ! « Notre cœur n’était-il pas tout brulant tandis qu’il nous parlait sur la route et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » comme l’ont remarqué les deux pèlerins.

On peut difficilement reconnaître le Christ ressuscité si l’on n’entre pas de quelque façon dans le cheminement que nous proposent les Écritures, en partant de Moïse et des prophètes qui l’ont annoncé. Il n’y a pas de reconnaissance du Christ ressuscité sans un itinéraire dans la pédagogie de Dieu dans le Premier Testament. (Par exemple : c’est ce que nous avons fait lors de la Vigile pascale en écoutant les sept lectures qui nous ont exprimés depuis la Genèse, la création, en passant par l’exode et les prophètes, tout ce qui était dit de Jésus-Messie.)

Un certain nombre d’aspects de la Passion du Christ ne se comprennent qu’à la lumière des Écritures (tout est lié, nous redit régulièrement le Pape François).

Pour ces moments difficiles, complexes, un cinquième temps est important : lorsque nous nous enfonçons dans les ténèbres, il me faut avoir ce réflexe salutaire : « Reste avec nous, Seigneur : le soir approche et déjà le jour baisse ». C’est de Toi dont j’ai besoin ! C’est le moment de ce repas partagé pour lequel l’évangile selon saint Luc, reprend les mots mêmes qui ont servi à raconter l’institution de l’Eucharistie, au soir du Jeudi Saint : Jésus prend le pain, il le bénit, il le rompt, il le leur partage. À chaque verbe, les yeux des Pèlerins (comme ceux de notre cœur) s’ouvrent un peu plus !

Il nous faut laisser résonner la Parole, pour nous approcher de la Table où Dieu Lui-même, rompt le Pain après nous avoir dévoilé les Écritures ; c’est ce que nous allons vivre maintenant : « Oui, Seigneur, tu es la Résurrection et la vie ! De quoi aurions-nous peur ? »

Oui Seigneur, tu as les paroles de la Vie éternelle !

En conclusion, ces cinq temps nous montrent l’importance de ce chemin, de notre chemin ! C’est dans la relecture à des moments précis de ma vie, que les choses prennent sens, encore faut-il avoir l’audace et le courage de s’arrêter, de faire une pause et de se mettre à l’écart du tumulte de la Cité ! 

Frères et Sœurs, nous sommes, encore une fois, invités, par ce même chemin où Jésus nous accueille, nous accompagne, nous conduit.

 C’est éclairé par la présence du Christ que je perçois et comprends Sa présence ! J’ai donc besoin de ce temps pour faire le point ! 

Permettez-moi une proposition ! Peut-être êtes-vous en train de préparer le temps estival des vacances d’été ? Comment allez-vous l’envisager ? Ne pourrait-on pas prévoir, un temps de silence, le temps d’une marche, d’une retraite, Un pèlerinage ! Un retour vers Lourdes avec le Diocèse ou pourquoi pas, aller en Terre Sainte ! !

Frères et sœurs, la vie, notre vie n’est-elle pas un long pèlerinage vers la cité sainte ?               

 

Très rapidement, je vous redonne ces 5 + 1 temps de cheminement avec Jésus :

  • Le premier temps : exprimer nos souffrances, nos tristesses !
  • Le second temps : reconnaître notre perplexité face à ces événements !
  • Le troisième temps : croire en la présence de Jésus dans les bons et moins bons moments !
  • Le quatrième temps : écouter et prendre le temps de lire la Parole de Dieu ; la Bible !
  • Le cinquième temps : inviter Jésus dans notre vie et le recevoir dans l’Eucharistie !
  • Si vous vivez ces cinq temps, peut-être y aura-t-il un sixième temps : l’audace et la folie du témoignage ! Comme vous l’avez entendu : en pleine nuit les deux Pèlerins retournent vers Jérusalem annoncer qu’ils avaient rencontré Jésus ressuscité !

Ainsi soit-il !

Homélie du vendredi 21 avril 2023, deuxième semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 6, 1-15. Actes des Apôtres 5, 34-42. Psaume 26. 

 

« Une grande foule suivait Jésus parce qu'elle avait vu les signes qu'il accomplissait en guérissant les malades. »

Vous avez, sans doute remarqué que les foules tiennent une grande place dans les Évangiles. Dans le passage en Jean, 6e chapitre, que nous venons d’entendre, Jésus est, bien sûr, avec ses disciples, mais c'est la présence de la foule sur laquelle Il pose son regard et qu’il veut rejoindre.

Cette foule de l’évangile est celle du temps de Jésus, mais elle représente aussi toutes les foules humaines. Ce matin, même si nous ne sommes pas aussi nombreux, nous sommes aussi une petite foule rassemblée, une communauté autour de Jésus, désireuse de l’écouter. 

La foule sur laquelle Jésus porte son regard est aussi une foule en attente qui avait eu connaissance des guérisons, des signes que Jésus faisait. Ici, ce n'est pas précisément une foule qui demande du pain (rien n'est dit à ce sujet), mais c'est une foule qui cherche son prophète, son roi, son messie.

C'est au bénéfice de cette foule que Jésus va prendre une initiative surprenante : 

Regardant cette foule, Il demande aux disciples : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu'ils aient à manger ? »

« JÉSUS SAVAIT BIEN CE QU’IL ALLAIT FAIRE. »

Ce qu'il veut faire dans un premier temps, c'est nourrir la foule assemblée. C'est le miracle ou le signe que nous appelons « la multiplication des pains ».

Le terme multiplication n'est pas ici une notion mathématique. Jésus ne calcule pas. Ceux qui calculent, ce sont les disciples comme pour mettre en évidence la démesure du désir de Jésus et surtout son apparente impossibilité !

Cependant, Jésus va donner à manger à plus de 5000 hommes sans compter les femmes et les enfants, en partant de cinq pains d'orge et de deux petits poissons.

Le miracle a été concrètement possible parce qu'un petit garçon, qui avait amené son repas pour la longue marche et la longue journée, accepte de donner tout ce qu'il a pour que Jésus puisse nourrir toute cette foule si nombreuse et, de fait, c’est une surabondance : « et il en restera douze corbeilles ».

Pour que Dieu puisse agir, et cela nous concerne directement, il faut que l'homme (dans son sens générique) apporte quelque chose de ce qu'il a et qui est sans proportion avec le don qui lui sera fait.

Jésus prit les pains et ayant rendu grâce, Il les distribua aux convives. Tiens, avez-vous remarqué que la foule a changé de statut ? Ce n’est plus une foule anonyme, ce sont des invités. Le miracle n’a pas été fait devant elle, mais pour elle.

À ce moment précis, nous changeons de dimension. Le miracle de la fraction du pain devient un signe et annonce une présence. Si vous avez eu la curiosité de lire l’évangile de dimanche prochain, vous avez pu retrouver l’épisode d’Emmaüs avec ces deux pèlerins tout tristes, qui font la rencontre de Jésus et qui le reconnaissent à la fraction du pain.

C’est bien ce que nous allons vivre dans quelques instants : l’accueil de la présence sacramentelle du Christ.

Frères et sœurs, c’est à chacun de nous de mesurer, la profondeur et l'ampleur de la grâce qui nous est faite et ce que nous apportons à Jésus : un peu de temps, un peu de nous-mêmes et c’est Lui qui fait le reste.

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 17 avril 2023, lundi de la 2e semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 3, 1-8. Actes des Apôtres 4, 23-31. Psaume 2. 

 

L’octave de Pâques vient donc de se terminer avec le dimanche de la « Divine miséricorde » et nous entrons maintenant dans le temps pascal qui va durer six semaines, jusqu’à la fête de Pentecôte (pour être renouvelés dans le don de l’Esprit Saint) que nous vivrons ensemble, le 28 mai. 

Durant ces semaines, nous allons lire en continu le livre des Actes des Apôtres, c’est-à-dire le récit des témoins du Ressuscité qui partent en mission et qui « disent la parole avec une totale assurance » (1re lecture). C’est l’aventure passionnante des premiers chrétiens, de la première évangélisation, de la première annonce du kérygme “Christ mort et ressuscité“ ! Durant cette période, nous relirons aussi l’Évangile de saint Jean. 

 

Pour commencer cette longue marche de six semaines vers la fête de Pentecôte, nous voici un peu comme Nicodème, comme cet homme religieux qui cherche le Royaume. Nicodème est un homme de foi. Bien sûr, il s’interroge. Il ne comprend pas tout ! Nous lui ressemblons un peu !

« Il vint trouver Jésus pendant la nuit ! » Nicodème est un pharisien qui connaît très bien la loi et les textes religieux. C’est un notable, un sage, mais aussi un homme à la recherche de la vérité et il est curieux. Il avait suivi Jésus de loin. Il avait été touché par sa parole de grâce, par les enseignements de Jésus. Mais peut-être lui manquait-il un peu de courage pour aller rencontrer Jésus en plein jour ! En effet, que diraient ses compagnons s’ils le voyaient avec Jésus ? Il risquait gros ! Toutefois, ne jugeons pas trop vite ! Ne l’oublions pas, Nicodème est aussi celui qui sortira au grand jour pour recueillir le corps, sans vie, de Jésus. 

Nicodème est à la recherche du Royaume de Dieu ! Il est convaincu que Jésus est venu de la part de Dieu. Il veut apprendre, voir les choses telles que Dieu les voit, mais il ne comprend pas la réponse de Jésus. « Comment est-il possible de naitre à nouveau ? », demande-t-il à Jésus. 

Pour comprendre, il lui faudra s’ouvrir à l’action de Dieu au fond de lui-même, accepter l’enseignement du Christ et accepter de se laisser déranger par Lui, accepter ce renouveau de foi, sortir de ses certitudes pour s’ouvrir à l’inconnu de Dieu. Il faut renaitre d’en haut ! Jésus sait ce qu’est le baptême de l’eau et de l’esprit. Dans les eaux du baptême, chacun de nous meurt à lui-même afin de renaitre dans l’Esprit Saint et vivre en enfants de Dieu, en fils et filles adoptifs. Nicodème le comprend-il ? Pas encore ! Mais sa présence au tombeau semble bien nous le dire. 

Frères et sœurs, chacun de nous est appelé à une vie nouvelle, non pas selon la chair, mais selon l’Esprit. Cette nouvelle naissance dont parle Jésus est la vie dans l’Esprit. Une vie faite de foi, d’espérance et de charité, une vie d’audace, de témoignage. Mener une vie dans l’Esprit, c’est découvrir que :

Dieu habite au plus intime de nous-mêmes

et Il veut par amour, par miséricorde  nous associer à son projet de vie !

Au début de ce temps des semaines de Pâques qui vont, petit à petit, nous conduire au don de l’Esprit Saint,demandons à être renouvelés dans les grâces de notre baptême et d’avoir ainsi l’audace de nous laisser entrainer par l’amour de Dieu !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 16 avril 2023, dimanche de la divine Miséricorde, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 20, 19-31. Actes des Apôtres 2, 42-47. Psaume 117. 

Première lettre de saint Pierre 1, 3-9.

 

Chers amis, nous sommes encore dans la joie de Pâques !

Et voilà qu’en ce deuxième dimanche, nous sommes invités à approfondir ce mystère en découvrant, la miséricorde du Seigneur. Plusieurs personnes m’ont demandé ce que cela signifie. Qu’est-ce que la miséricorde ?

C’est pourquoi, en quelques minutes, je vous propose de réfléchir ensemble pour mieux comprendre l’importance de ce dimanche de la « Divine Miséricorde ». Contrairement aux images que beaucoup peuvent avoir (peut-être même dans notre assemblée) d’un Dieu méchant, vengeur ou absent, voire indifférent, notre foi chrétienne nous parle de Dieu en des termes d’amour et de miséricorde ! 

C’est le Pape saint Jean-Paul II qui est à l’initiative de ce dimanche de la « Divine Miséricorde ». ! Le 30 avril 2000, il canonisait Sœur Faustine Kowalska, humble religieuse polonaise, morte à 33 ans de la tuberculose.

   Derrière une existence ordinaire se cachait une vie mystique intense, marquée par de nombreuses apparitions de Jésus, qui s'est montré à elle comme la source de la Miséricorde. Il lui avait dit cette phrase : « L'humanité n'aura de paix que lorsqu'elle s'adressera avec confiance à la divine Miséricorde. »

Quel est donc le sens de ce mot « Miséricorde » ?

Comment pourrions-nous le comprendre ? Bontépitiécompassioncharité, pardon... un paroissien me disait : Dieu, dans ma misère me lance une corde ! En fait, ce mot est un terme presque technique. Il apparaît au XIIe siècle, traduit du latin misericordia, un mot qui est lui-même formé du latin miseria, ‘misère’ et de cor, le ‘cœur’. Un cœur ouvert à la misère de l’homme !

En hébreu, sa terminologie est aussi assez éclairante. Il vient du mot pluriel « Rahămîm », qui veut dire « entrailles ». Je cite ce verset superbe : « Est-ce qu'une femme peut oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même si elle pouvait l'oublier, moi, je ne t'oublierai pas » nous dit Dieu par la bouche d’Isaïe. (Is 49,15)

 

Cela exprime l’attachement de Dieu à l’homme.

On peut dire que la « Miséricorde » c’est l’amour inconditionnel de Dieu pour sa Création, la façon unique d’aimer de Dieu !

Devant notre misère, non seulement Dieu ne se détourne pas, mais Il est pris de compassion.

Ce qui pourrait dépasser notre entendement, c’est que notre péché ne Le dissuade pas de nous aimer, mais au contraire : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). À Moïse, Dieu se révèle ainsi : « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité ». (Ex 34,6)

   Tout au long de l'Ancien Testament, le peuple hébreu, malgré ses trahisons, va découvrir cette fidélité ! Il lui a fallu du temps pour expérimenter cette tendresse de Dieu, cet amour unique ! Dieu se montre saisi de compassion devant la misère du pécheur qui crie vers Lui : « Vais-je t’abandonner ? Non ! Mon cœur en moi se retourne, toutes mes entrailles frémissent. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère » (Os 11,8). Et le psalmiste chante : « Béni le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits ! Car Il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ». (Ps 102) L'Ancien Testament nous fait découvrir déjà que Dieu est amour.

   Quant à Jésus, Il ne cesse de répéter qu'Il est venu pour chercher et sauver ce qui était perdu : « Il y aura plus de joie dans le Ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentir ».

Dieu est amour ! Dieu est miséricorde !

         Chers amis, bien souvent, nous n'osons pas y croire, parce que cela nous semble trop beau pour être vrai. Nous n'osons pas admettre que Dieu nous aime à ce point et qu’Il m’aime tel que je suis ! 

Dieu a des trésors de miséricorde à nous donner et parfois, nous n'en voulons pas, peut-être par peur, par orgueil ou par manque de Foi. Il suscite donc des messagers de sa miséricorde, comme pour supplier les hommes de ne pas rester prisonniers de leurs péchés : « Ma Miséricorde est plus grande que ta misère et que celle du monde entier », explique Jésus à Sœur Faustine. « Je ne rejette jamais un cœur humble ».

Jésus n'a pas cessé de nous dire cet Amour de Dieu pour chacun d'entre nous. Comment ? Par des paraboles : rappelons-nous, 

  • - La parabole de l’enfant prodigue et du fils aîné qui ne comprend rien ! 
  • - Ou encore celle de la brebis perdue qui a tant de valeur aux yeux du bon berger. 
  • - Et aussi la parabole du pharisien et du publicain. Le pharisien qui obéit strictement à la Loi et qui se croit même supérieur et sauvé et le publicain qui se reconnaît pécheur et qui se croit perdu.

Jésus n'a pas cessé de vivre pour nous montrer cet Amour de Dieu. C’est ce que nous avons redécouvert au cours de cette semaine Sainte et de cet octave de Pâques. Il a choisi d’aller jusqu’à la mort pour témoigner de sa fidélité, de son plan de salut pour chacun de nous. 

Il nous invite à faire de même, à être nous-mêmes miséricordieux vis-à-vis de nos frères et sœurs :

  • « Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. »
  • « Bienheureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde. »
  • « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent »
  • « Je ne vous dis pas de pardonner sept fois, mais soixante-dix-sept fois sept fois. »

Plus encore, il nous faut relire la parabole du bon Samaritain !

Marie-Madeleine reconnaissant Jésus au matin de Pâques, s’écrit « Rabbouni ! » (Maître), et elle fait à ce moment-là, l’expérience de la certitude de l’amour de Dieu. Thomas, le dimanche suivant, c’est-à-dire aujourd’hui, va Le reconnaître : c’est bien le même Jésus. Sans plus d’explication, il va lui aussi, confesser en Jésus cet amour de Dieu et il dira : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».

Quel bel acte de Foi ! « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Et nous aussi, quand nous voyons l’hostie, Corps de Jésus mort et ressuscité, Dieu présent dans l’Eucharistie, nous pouvons aussi dire avec confiance : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Sœur Faustine a peint un tableau d’une de ses visions de Jésus. Sans doute le connaissez-vous ? Quand j’étais recteur du Sacré-Cœur, j’avais fait réaliser et installé un immense tableau ; peut-être l’avez-vous vu ? : deux rayons lumineux sortent du cœur de Jésus, le cœur siège de l’Amour de Dieu pour nous ; cet Amour que Jésus voudrait voir éclairer tous les recoins de nos vies. Au-dessous de ce tableau, est inscrit sur les recommandations de Jésus : « Jésus, j’ai confiance en toi ! ».

 

Chers frères et sœurs, redécouvrons jusqu’où va la miséricorde de Dieu !

Réjouissons-nous, n'ayons pas peur ! 

Reconnaissons que notre Seigneur est venu pour nous sauver !

Sûr de son amour et de sa miséricorde, osons dire et redire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 14 avril 2023, vendredi dans l’octave de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 21, 1-14. Actes des Apôtres 4, 1-12. Psaume 117. 

 

Chers amis, l’évangile de ce matin est surprenant et j’espère que vous aurez la bonne curiosité de le relire !Pourquoi est-il intéressant ? Parce que Jésus veut nous surprendre sur plusieurs aspects ! 

J'aimerais insister au moins sur deux bizarreries qui apparaissent dans ce récit. Elles ne se trouvent pas là par hasard, mais bien pour attirer notre attention : elles sont porteuses d'enseignement pour nous aujourd'hui. 

Première bizarrerie : sur la barque, Simon-Pierre est nu. Drôle de tenue pour un pêcheur !

 La traduction liturgique dit : « il n’avait rien sur lui » ! C’est une façon élégante de dire « qu’il est nu » ! 

Ne nous faisons pas d'illusion : le naturisme n'était pas franchement à la mode en Israël à cette époque. Cette nudité a un tout autre sens. Rappelez-vous dans le Livre de la Genèse, au tout début de la Bible : nous sommes dans le jardin d'Eden, le fruit a été croqué et … Adam et Eve découvrent qu'ils sont nus. Symboliquement, ils découvrent leur condition humaine, ils découvrent leur propre faiblesse, ils découvrent leur nudité. 

C'est exactement ce qui se passe pour Simon-Pierre. Lui, il s'était cru plus fort que tous les autres ; rappelez-vous la parole qu’il avait dite à Jésus : « Même si tous t'abandonnent, moi, je ne t'abandonnerai jamais ».

Mais aujourd'hui, Pierre découvre sa nudité : il a trahi, il a renié, et cela à trois reprises. Rappelez-vous le coq qui chante ! Pierre réalise à quel point il est pauvre, nu, faible. Mais à l'inverse d'Adam et Eve, Pierre ne tente pas de se cacher du Christ, au contraire, il se jette à l'eau pour le rejoindre. Et, cette fois-ci, c'est pour de bon !

Nous aussi, le Seigneur nous invite à prendre conscience de notre faiblesse et d’oser rejoindre le Christ ; voilà l’enseignement que nous pouvons retenir pour nous ! Plutôt que de nous cacher derrière les faux-semblants de nos hontes et de nos peurs, de notre nudité, ayons le courage de nous jeter à l'eau comme Pierre. Osons la confiance, osons la rencontre, osons la foi !

Deuxième bizarrerie : c’est cette histoire de poissons (et je ne parle pas de ce chiffre 153).

C'est tout de même très bizarre ; Jésus demande à ceux qui sont dans la barque : « Auriez-vous quelque chose à manger ? » Cela devrait signifier que Lui-même n’a rien !

Mais, quand les disciples arrivent sur le rivage avec leurs filets pleins à craquer (153 poissons, quand même !), ils voient « un feu de braises, avec du poisson posé dessus, et du pain ». 

Comment comprendre ? 

En fait, l'évangéliste veut insister sur la surabondance du don de Dieu. Le Christ n'a pas besoin de cette pêche miraculeuse qu'Il a pourtant lui-même provoquée. Non, c'est Lui, Lui encore, Lui seul qui donne, qui offre le pain et le poisson. Nous voilà donc invités à reconnaître le don de Dieu, de ce Dieu qui nous donne bien au-delà de tout ce que nous pouvons espérer ; ce Dieu qui se donne en chaque eucharistie !

Un dernier point : en relisant cet évangile, allez jusqu’au bout de ce chapitre 21 de Saint Jean. Il se termine par cette parole de Jésus à Pierre, après un incroyable échange par ces mots : « toi, suis-moi ! ».

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 10 avril 2023, lundi dans l’octave de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 28, 8-15. Actes des Apôtres 2,14.22b-33. Psaume 15. 

 

Frères et sœurs notre joie est grande et nous l’avons manifesté lors de ce week-end Pascal ! Nous avons chanté, nous avons rendu grâce ! Oui, le Christ est vivant, Il est ressuscité ! En ce lundi de Pâque, cette joie est toujours présente dans notre cœur ! 

En même temps, il nous faut assurer notre vie de tous les jours. C’est pourquoi trois petits mots retiennent mon attention dans l’évangile d’aujourd’hui ! Joie – Crainte – Frères : trois petits mots qui me font atterrir dans mon quotidien qui redémarre après l’intensité de cette Semaine Sainte !

Oui, Seigneur, je le crois : Tu es ressuscité, Tu es vivant dans ma vie, et c’est Toi qui donnes sens à ma vie, mais face aux évènements de ma vie, aux aléas, ce n’est pas toujours si simple… je peux facilement dans ce quotidien, osciller entre la crainte et la joie !

Dans le texte de ce jour (en saint Matthieu) les Saintes femmes " s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui ", avec le mélange de « crainte et de joie » que les Évangiles ont souvent noté.

Que va leur dire Jésus ? Sa réponse est éloquente et elle s’adresse à chacun de nous. Il reprend deux éléments de la parole de l'ange. D'abord, Il nous redit, « Je vous salue » : nous entendons avec joie, cette bienveillance de Jésus ! Puisavec insistance, connaissant nos réflexes, il ajoute :" Soyez sans crainte … n'ayez pas peur ! » ! Cet encouragement n'est pas superflu, car, en plus de nos préoccupations, en rencontrant Dieu, nous pourrions aussi éprouver une forme de peur :

  • Peur de la nouveauté de Dieu (de devoir rompre avec mes habitudes …)
  • Peur de l'aventure que Dieu apporte toujours (la tentation est grande de préférer son canapé et une vie tranquille)
  • Peur de nos propres résistances et de notre pesanteur. (il peut persister en nous une forme de désespérance)
  • Peur de ne pas être à la hauteur dans mon témoignage de chrétien (crainte de ne pas oser annoncer autour de moi : le Christ est ressuscité !) 
  • Peur du refus des autres, etc… (Que vont dire mes amis, ma famille, mes collègues).

« Soyez sans crainte ! », dit Jésus, et Il confirme la mission donnée aux deux femmes, mais en précisant l'un des termes. Il ne dit pas :"Allez dire à mes disciples", mais : " allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Cette précision est importante: qui sont ces frères de Jésus ? Ce sont ceux qui, le jeudi soir, ont fui sans courage et sans gloire, comme ceux qui l'ont renié plus ou moins ouvertement. "Mes frères", dit Jésus, parce qu'Il vient avec son pardon. Et Il leur donne rendez-vous en Galilée ; littéralement, Il les met en marche ! Tous devront faire la centaine de kilomètres, tous devront se regrouper au nom de Jésus, pour voir Jésus, pour entendre Jésus : c'est l'Église en marche, dès le premier jour, dès la première aurore de la résurrection.

Les saintes femmes sont les premières à entendre le message de la résurrection ; en ce sens, elles sont, ensemble, les premières messagères (les Apôtres des Apôtres !). 

« Soyez sans crainte », nous dit aussi Jésus ! Ce sont ces mots qui sont à retenir ce matin !

Nous aussi nous sommes invités à nous mettre en marche à la rencontre du Ressuscité, de son pardon, de son amour, de sa victoire sur la Mort ! Pas de Crainte ! Ni de Peur ! Demeurons dans la joie de ce dimanche de Pâques et annonçons à tous nos frères : un monde nouveau est là, une espérance nouvelle est là avec le Christ Ressuscité !  

Osons redire avec confiance et dans la foi : Le Christ est Ressuscité, Il est vraiment ressuscité, Alléluia !                                                                                           

                                                                                                     Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 9 avril 2023, saint jour de Pâques, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 20, 1-9. Actes des Apôtres 10,34a.37-43. Psaume 117. Lettre de saint Paul aux Colossiens 3, 1-4.

 

Chers frères et sœurs, nous venons sans doute, d’horizons différents, peut-être juste pour quelques heures à Grenoble, réunis en famille (ou en vacances) pour vivre ensemble ce jour de Pâques ; c’est le jour le plus important de notre vie chrétienne ! 

Nous sommes là, ensemble, ce matin, pour signifier et oser dire à notre monde que le Christ est mort, qu’Il est ressuscité et qu’Il offre sa vie pour que nous ayons la vie ! 

Dans ces mots se retrouve le kérygme, c’est-à-dire le centre de notre foi.

Toute cette semaine sainte, nous avons vécu, pas à pas, jour après jour !

  • Dimanche des Rameaux : l’entrée à Jérusalem de notre Seigneur,
  • mardi, nous avons pu vivre autour de notre évêque une belle messe Chrismale

et puis nous sommes entrés dans le Triduum, ces trois jours saints. 

  • Ensemble, nous avons vécu lors du jeudi, le dernier repas de Jésus (le don de l’Eucharistie) et Jésus serviteur, lavant les pieds des disciples, 
  • puis son arrestation, son procès (un simulacre de procès) sa condamnation à mort, le portement de croix, l’agonie de Jésus et finalement sa mort sur le Golgotha. Là, Jésus a été crucifié, Il a donné sa vie pour nous.
  • Hier, samedi était le jour du grand silence ; rien ne semble s’être passé, apparemment, si ce n’est que Jésus est descendu aux enfers et Il en est sorti victorieux !
  • Dans la nuit de samedi à dimanche, alors que l’église était dans la noirceur de la nuit, nous avons allumé le cierge pascal au feu nouveau ! Puis, nous avons écouté les récits de l’Ancien Testament qui exprimaient combien Dieu restait proche de son peuple ! Nous avons entendu les prophètes qui annonçaient l’attente du Messie ; nous nous sommes réjouis et nous avons chanté ces “alléluia“ dont nous étions un peu privés depuis le mercredi des Cendres. 

Durant la nuit, à travers le monde et en fonction des décalages horaires, l’incroyable nouvelle s’est propagée avec cette belle parole : « Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! » et nos cœurs se sont enflammés !

Ce matin, nous sommes réunis pour nous réjouir ensemble et recevoir Jésus dans le don de l’Eucharistie :  action de grâce au Christ ressuscité ! 

L’eucharistie nous invite toujours à une expression de foi, à reconnaître la présence de Jésus, dans cette hostie : « Oui, nous croyons que Jésus est ressuscité ! Oui, Seigneur, nous reconnaissons Ta présence dans ce pain et ce vin consacrés ! »

À chaque célébration eucharistique, après la consécration, j’aime particulièrement ce moment de l’anamnèse, ce moment où nous faisons mémoire et où nous chantons le kérygme (le centre de notre foi !), c’est-à-dire : « Il est grand le mystère de la foi ». L’assemblée répond : « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ». 

Cette belle réponse de l’assemblée situe la résurrection de Jésus dans l’ensemble du mystère du Salut ! Dieu ne nous a pas abandonnés ! Cette anamnèse est au cœur de notre foi et elle ne peut pas être isolée de la Passion (Mort et Résurrection) et du retour du Christ en gloire. 

La résurrection n’est pas seulement un prodige fantastique. Elle est un moment essentiel de notre foi en l’amour de Dieu qui se donne au monde par son Fils Jésus. Elle nous invite, comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture, à « recherchez les réalités d’en haut ».

C’est l’expérience progressive qu’ont faite les premiers témoins que sont Marie-Madeleine, Pierre et Jean dans la découverte du tombeau vide, comme nous venons de l’entendre dans l’évangile. 

Les premières arrivées au tombeau de Jésus sont les saintes femmes !

D’abord Marie-Madeleine. Elle vient lui rendre les derniers hommages qui sont de nettoyer son corps, de le purifier, car cela n’avait pas été possible le vendredi à cause de la grande Fête de Pessah. Mais là, surprise, elle ne trouve pas le corps de Jésus dans le tombeau. Elle n’en croit pas ses yeux et s’en va prévenir Pierre. «  Où est-il ? » demande-t-elle ?

Celui-ci avec l’autre disciple, probablement Jean, se rend au tombeau. Ils courent ! Jean qui est plus jeune arrive le premier. Il attend Pierre qui, lui, regarde à l’intérieur. Il aperçoit les linges posés à plat, le suaire (le linge qui avait enveloppé le corps de Jésus) roulé à part à sa place. Sous le choc, il laisse entrer l’autre disciple, Jean. Là se produit un événement majeur que l’évangéliste résume en deux verbes qui sont la clé pour méditer ce mystère de la résurrection de Jésus. En effet, que se passe-t-il : « Il vit, et il crut ». Deux verbes : voir et croire !

Nous pourrions nous demander : que voit-il et que croit-il ? Apparemment, il ne voit pas grand-chose ! Jean voit la même chose que Pierre : un tombeau vide ! Nous pourrions penser que ce tombeau vide est suffisant pour cet acte de foi. Mais est-ce bien le cas ? 

La résurrection de Jésus ne se démontre pas par des preuves tangibles. Le tombeau vide n’est pas une preuve en soi. Il est un signe. Ce tombeau vide, aussi mystérieux qu’il soit, n’est pas la raison de l’acte de foi du disciple. Dit autrement :le tombeau vide sans la foi, reste simplement un tombeau vide !

Si le disciple croit à la résurrection de son Maître mort sur la croix deux jours plus tôt, c’est qu’il comprend, en cet instant précis, que le plan de Salut de Dieu, révélé dans les Écritures, s’achève dans la résurrection du Christ-Jésus car Dieu relève du tombeau et de la mort, son Fils bien-aimé. Jésus est vivant, à jamais ! Il est l’Alpha et l’Oméga, IL EST CELUI QUI EST ! En un instant, saint Jean dans son intelligence, dans son cœur et dans un acte de foi, comprend tout cela !

C’est pourquoi, frères et sœurs, nous le rappelons à chaque messe comme je l’ai souligné en commençant : « Nous annonçons ta mort, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ».

Certains d’entre-nous vont peut-être me dire ! C’est sûr, si j’avais été, moi aussi, comme saint Jean, devant le tombeau vide, j’aurais pu dire : « Je crois ! » 

Mais notre regard aurait pu être celui de Marie-Madeleine ou de Pierre : faire simplement le constat de voir les linges et le suaire. Regarder, mais sans croire ! Même en regardant le lieu en détail, notre imagination est impuissante à nous montrer Jésus ressuscité. 

La seule voie qui nous est accessible pour réellement comprendre le plan de salut de Dieu, c’est celle de la foi. Cettefoi n’est pas imaginaire ou un sentiment, elle s’appuie sur la Parole de Dieu qui est un don ! « La foi est un moyen de connaître des réalités qu'on ne voit pas », nous redit l’auteur de la lettre aux Hébreux 11,1.

La foi nous ouvre à cette certitude que « Dieu n’a pas fait la mort » ! Croire nous engage alors dans chacune de nos actions. « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru », dira aussi Jésus. (Jean 20, 29)

La Résurrection de Jésus n'est pas un événement ponctuel qui n'intéresserait que la personne de Jésus et sa survie. C'est l'Événement qui s’adresse à tous, qui donne sens à notre histoire et à notre monde. Elle donne sens à mon histoire, donne sens à ma vie !

La résurrection de Jésus ouvre toute grande la porte « des réalités d’en haut » à ses frères et sœurs que nous sommes. Comme Jésus ressuscité, qui désormais vit totalement pour et avec Dieu, nous nous relèverons avec lui de nos tombeaux et nous vivrons pour Dieu. 

Frères et sœurs, voilà le mystère que nous vivons aujourd’hui en ce beau jour de Pâques ! Demandons au Seigneur de sortir de nos tombeaux, de nos peurs de toutes sortes, de nos petites morts, de sortir de nos désespérances, de nos lassitudes. 

Ce jour est un jour de joie ! C’est un jour de libération ! Avec les nouveaux baptisés de Pâques, avec le Christ ressuscité, recherchons les réalités d’en haut ! 

Croyons que le Christ nous ouvre la voie, qu’Il nous montre le chemin ! Ainsi, nous pourrons apporter dans notre monde cette note d’espérance et de joie qui lui fait tant défaut. 

Comme nos frères et sœurs chrétiens d’Orient, saluons-nous en ce jour de Pâques en disant : « Christos anesti. Alithos anesti ! »

« Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité » Alleluia !

 

 

 

Homélie du dimanche 2 avril 2023, dimanche des Rameaux, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu. 26,14 à 27,66. Livre du prophète Isaïe 50,4-7. Psaume 21.

Lettre de saint Paul aux Philippiens 2,6-11.

 

Frères et sœurs, il est toujours important d’écouter la Parole de Dieu, de la laisser résonner en nous afin qu’elle pénètre dans tout notre corps en passant de l’oreille à notre tête (à notre intelligence) et arrive jusqu’au plus profond de nos cœurs !

Nous sommes au premier jour d’une semaine fondamentale pour notre foi chrétienne ! En ce début de cette Semaine Sainte, dimanche des Rameaux, la liturgie nous présente deux pistes de méditation :

  • La première : l’entrée de Jésus à Jérusalem et 
  • La seconde : la lecture de la Passion selon saint Mathieu. 

Certains peuvent s’étonner de ce grand écart dans une même célébration : l’enthousiasme d’une foule qui attend le Salut de Jésus et la mise à mort d’un innocent ! De fait, ces deux pistes sont intimement liées l’une à l’autre. La description de l’entrée à Jérusalem de Jésus nous donne la clé de lecture qu’il nous faut pour méditer le récit de la passion du Christ que nous venons d'entendre. 

Regardons cela de plus près en quelques minutes. 

 

I- L’entrée triomphale de Jésus dans la ville de Jérusalem 

Par la bénédiction des rameaux à l’extérieur de l’église, nous sommes entrés en procession, en marche, en mouvement… ! Nous avons marché avec nos rameaux à la main reproduisant, en quelque sorte, la foule en liesse qui accompagnait Jésus entrant dans la ville sainte, Lui le sauveur. Ce n’était pas seulement des palmes ou des rameaux, mais c’était des manteaux qu’on étendait sur son passage, comme nous le dit l’évangile. Ne nous trompons pas sur l’expression enthousiaste de cette foule ! Les acclamations où résonne le mot "HOSANNA" ont un sens bien plus profond ! Nous pouvons le traduire par l’expression d'une supplique : « sauve maintenant »; ou encore : « sauve, nous t'en prions »… « nous avons besoin de ton salut » ! Depuis de longs siècles, toute l’attente et l’espérance du peuple hébreu s’expriment ici !

Mais déjà, cette entrée solennelle porte un message qui nous invite à situer le triomphe de Jésus à sa vraie place qui n’est pas celle des triomphes humains ordinaires.  

En effet, Jésus qui entre à Jérusalem ne le fait pas comme le font les chefs de guerre ou les généraux d’un cortège de vainqueurs, sur un char somptueux ou sur un cheval fringuant. Non, Il est assis sur un âne ! 

L’âne est l’animal des paysans. C’est celui du travail aux champs, des déplacements de matériel, des transports de denrées. C’est un animal de travail, il n’est pas rapide. C’est une bête de service. Jésus l’a choisi intentionnellement, car il veut signifier qu’Il arrive dans l’humilité et le temps des hommes, dans le service pour accomplir le plan de Dieu. 

 

II – Le récit de la Passion.

Ce texte est riche de détails, d’expressions et de relations. Je vous invite à le relire et à le redécouvrir dans votre méditation. 

Ce Messie pauvre et humble ira jusqu'à l’extrême en donnant sa vie sur la Croix. Il sera dénoncé, raillé, défiguré, maltraité, abandonné. C’est ce que nous livre la lecture de la Passion. 

La liturgie nous propose d’entendre toute la Passion qui va de la Cène, c’est-à-dire le dernier repas de Jésus avec les siens – où, Il nous redit le don de son corps et de son sang pour le salut du monde - jusqu’à son arrestation, sa passion, la croix, sa mort et sa mise au tombeau. 

Ce récit se déroule avec une multitude de détails. Pour certains d’entre nous, ils font peut-être échos à des images ou à des films comme celui de ‘Jésus de Nazareth’ de Franco Zeffirelli ou ‘La Passion du Christ’ de Mel Gibson. On peut se laisser pénétrer par ces images au point d’en garder une vision sanglante et défaitiste de la fin de la vie de Jésus. En réagissant ainsi, nous manquons alors l'essentiel ; il nous faut faire un pas de plus !

L’essentiel est de comprendre l'abaissement (la kénose) de Jésus, Fils de Dieu, qui ayant été jusqu’au plus bas en souffrant sa passion, est exalté et glorifié par Dieu, son Père. Il devient ainsi, comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : « Seigneur à la gloire de Dieu le Père ». « C’est pourquoi Dieu l’a exalté, (écrit celui-ci aux chrétiens de la ville de Philippes en Grèce) : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : ‘ Jésus Christ est Seigneur’ à la gloire de Dieu le Père. » (Philippiens 2, 5-11) 

Frères et sœurs, entrons dans notre Semaine Sainte en suivant Jésus : nos yeux fixés sur Lui « Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu ! » (Antienne de Carême – chantée chaque matin à l’office des Laudes). De fait, nous constatons bien que nous vivons un combat, combat à l’extérieur et à l’intérieur de nous-mêmes. De ce combat, soyons assurés que le Christ sort vainqueur !

Au moment même de sa passion, Il nous regarde et nous dit : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis… » (Jean 15,13) Si Jésus va jusqu’à donner sa vie, c’est par amour pour nous ! Là aussi, c’est l’essentiel que nous avons à redécouvrir tout au long de cette semaine sainte ! Voilà l’enjeu qu’il nous faut vivre !

Alors, chers amis, prenons le temps de vivre cette semaine, jour après jour, comme étant la semaine la plus importante de notre vie chrétienne, la vivre humblement, à la fois lentement et intensément, en méditant la Parole de Dieu dans la prière et la contemplation. Vivons ces jours précieux avec audace, les yeux fixés sur le Christ !

Je vous souhaite une belle et intense Semaine Sainte !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 26 mars 2023, 5e dimanche du Carême, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 11, 1-45. Livre d’Ezéchiel 37,12-14. Psaume 129.

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 8-11.

 

Après les évangiles de la Samaritaine et de l’aveugle-né, voici, avant que ne s’ouvre la Semaine Sainte, un troisième long récit de saint Jean nous est donné ce dimanche. Comme les deux précédents, il s’agit d’une catéchèse sur le baptême, sur la ‘plongée’ dans la mort et la Résurrection de Jésus. 

Tel est le message exigeant qui précède le récit de la Passion que nous lirons ensemble dimanche prochain : si l’on veut espérer avoir part à la Résurrection du Christ, il nous faut ‘plonger’ avec Lui mystérieusement dans la mort !

La résurrection de Lazare est, dans le quatrième évangile, le dernier « signe » de Jésus et, sans doute, le plus important. Il y a sept signes par lesquels nous découvrons l'œuvre de Jésus :  

Signe 1: L’eau changée en vin à Cana

Signe 2: La guérison du fils de l’officier.

Signe 3: La guérison du paralytique.

Signe 4: Jésus nourrit 5 000 hommes.

Signe 5: Jésus marche sur l’eau.  

Signe 6: La guérison d’un aveugle-né.     

Signe 7: La résurrection de Lazare

 

Il est important de noter que ce dernier signe se situe six jours avant la pâque. Il préfigure en Lazare ce qui va arriver à Jésus. Car c’est bien plus de Jésus que de Lazare dont il est question ici. 

Très simplement, je vous propose de regarder deux détails surprenants et étonnants de ce récit.

Le premier détail surprenant est l’étonnante finale du récit ! Si vraiment Lazare est revenu de la mort, on s’attendrait à ce qu’il raconte ce qu’il a vu dans son expérience de la mort... un peu comme dans les témoignages de « vie après la vie. » Rien de tout cela ! Lazare n’en dit rien et disparaît dans l’arrière-plan tandis que les projecteurs se focalisent sur Jésus.

Le deuxième détail surprenant, avant même cette finale un peu frustrante, c’est ce retard de Jésus qui ne semble pas pressé de partir, alors même qu’on lui dit que son ami est au plus mal et qu’il va mourir. Jésus reste encore trois jours sur place avant de se mettre en route. Il osera même répondre au reproche des deux sœurs : « je me réjouis pour vous de n’avoir pas été là-bas, afin que vous croyiez. »

Il nous faut donner toute sa portée à cette réponse : à travers de la mort de Lazare, elle vise toutes nos morts. Dieu n’a pas fait la mort ! Jésus montre que Dieu n’est pas du côté de la mort, mais du côté de la vie. Si Jésus laisse à la mort son pouvoir pour un temps, c’est parce qu’à travers elle, il donne à l’homme au cœur de son désarroi, l’espérance d’en sortir vivant et vainqueur. Face à l’incompréhensible, il nous faut redemander au Christ d’être renouvelés dans la foi et la confiance !

Mais cette victoire, Jésus, lui-même, ne l’obtient qu’en subissant la mort. « Si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous », nous disait saint Paul dans la deuxième lecture.  De la mort infâme que subira Jésus, va surgir la vie pour tous les enfants de Dieu !

Au cœur du récit évangélique, ce n'est pas le miracle qui importe ! Soyons attentifs à ne pas nous focaliser sur le miracle ! 

Il nous faut comprendre ce qu’il signifie, car :

  • Ce qui est important ici, c’est l’humanité de Jésus : Il pleure son ami ! 
  • Ce qui est important aussi, c’est surtout le dialogue de Jésus avec Marthe. 

Quand Jésus affirme : « Je suis la résurrection et la vie », la réponse de Marthe est splendide : « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui doit venir dans le monde. »

Marthe est ici, le modèle de la croyante. 

 

Même Marie, accablée par le chagrin, sans professer explicitement sa foi, se tourne vers Jésus et non vers le sépulcre. Dans son immense peine, elle choisit de regarder la vie.

Chers amis, ces attitudes nous posent une question ! Avons-nous cette même attitude de choisir la vie ?

Le texte d'Ezéchiel que nous avons entendu en première lecture, peut nous aider à appliquer ce récit à notre existence. Il nous dit : « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez de nouveau. » Toute l’espérance d’Israël est là : l’attente d’un Sauveur ! Nous-mêmes, au cours de notre existence, nous faisons l'expérience, de nombreuses petites morts. Nous attendons d’être relevés pour revivre à nouveau ! Mais de ces petites morts, nous n’en sortons pas indemnes, car elles vont nous demander de dépasser nos troubles, nos manquements, nos enfermements… pour oser dans un changement et nouvelle espérance ! La manière dont Lazare sort du tombeau est très éclairante : il sort « les mains et les pieds liés de bandelettes et le visage couvert d'un suaire. »Cela nous indique, dans ce surplus de vie, qu’il lui faudra être « délié » de ce qui le lie encore pour être libre, découvrir et choisir ! 

Comprendre cela est important ! Lazare, le pécheur aimé de Jésus comme chacun de nous, du plus profond de toute mort, de tout enfermement entend le cri  de Jésus : « Viens dehors ! » Lazare revient des enfers, comme le baptisé remonte de la piscine baptismale. Si pour Lazare, nous parlons de ‘réanimation’ plutôt que de ‘résurrection’, c’est pour signifier que ce surplus de temps à vivre - comme notre propre temps terrestre - restera ce lieu unique d’une vraie conversion à Dieu ! Tant que nous sommes vivants, nous pouvons nous convertir ! Après notre mort, il sera, vraisemblablement, trop tard ! Il restera la prière des vivants pour les âmes défuntes ! C’est pour cela que nous prions régulièrement pour les ‘âmes du purgatoire’.

Frères et sœurs, je peux résumer ainsi trois grandes attitudes :

  1. Avec Thomas, « allons-y, nous aussi pour mourir avec Lui. » 
  2. Avec Marthe, passons de la mort à la vie, en confessant la foi pascale de notre baptême : « tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » 
  3. Avec Marie, tournons les yeux vers le Seigneur !

Chers amis, il nous reste quinze petits jours d’ici Pâques. Notre Carême n’est pas encore terminé ! Accueillons toujours le sacrement de la réconciliation comme la grâce d’être déliés de nos péchés. 

Que notre Eucharistie d’aujourd’hui soit pour nous une nouvelle occasion de faire comme Marthe, une profession de foi totale et confiante en Jésus en lui disant du fond de notre cœur :

 Oui, Seigneur, je le crois : Tu es le Christ, le Fils de Dieu,

Tu es celui qui vient dans le monde

Avec Toi Seigneur, je veux choisir la Vie.

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 19 mars 2023, 4e dimanche du Carême, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 9, 1-41. Premier livre de Samuel 16.1b.6-7.10-13a. Psaume 22.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 5, 8-14. Dimanche de Laetare.

 

En ce « Dimanche de joie », la liturgie nous présente un magnifique évangile ! Nous poursuivons cette catéchèse sur le baptême. Après l’épisode de la Samaritaine et de l’eau Vive, (dimanche dernier) nous venons d’écouter, pas à pas, scène après scène, le récit très coloré de la guérison de l’aveugle-né. Comme tous les miracles de Jésus, celui-ci est un signe, une invitation à approfondir quelle est sa mission : continuer l’œuvre de Dieu pour tous les hommes ! Nous pouvons comprendre qu’il est difficile de commenter un texte aussi dense que celui-ci en quelques minutes. C’est pourquoi je vous invite à relire et à méditer ce texte en vous laissant pénétrer par la Parole du Christ.

Cependant, en une petite phrase, la lettre de saint Paul aux chrétiens de la ville d’Éphèse, nous donne un axe dynamique de cette catéchèse ! N’oublions pas qu’elle s’adresse à tous les chrétiens donc aussi à nous qui avons reçu le Baptême. Saint Paul nous dit : « Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des enfants de lumière. » (Ep 5, 08)

C’est toujours ce passage des ténèbres à la lumière que nous sommes invités à redécouvrir, comme nous le vivrons ensemble, lors de la Vigile pascale, un passage de la nuit au jour, de la mort à la vie !

Rapidement, je vous propose de développer deux points de compréhension pour illustrer et mieux comprendre ce récit ! Il comporte plusieurs mots clés.

Premièrement : L’aveugle-né, enfermé dans sa cécité depuis sa naissance, représente d’une façon symbolique, l’humanité refermée sur elle-même par le mal et par le péché d’Adam et Ève. Il y a une analogie entre le début du livre de la Genèse et les gestes de re-création que fait Jésus.

Cette humanité sortie de Dieu dans toute sa beauté a été corrompue par l’Adversaire de Dieu, Satan ! Alors que dans ce jardin d’Eden, la rencontre avec Dieu était une douce relation d’amitié, la rupture - la séparation envers Dieu - a produit un fruit d'opacité.

Cependant, la personne humaine, créature intelligente, créée à l’image et la ressemblance de Dieu a été dotée de la liberté : une liberté qui lui permet, dans tous les cas, de rechercher son Créateur, de sortir des ténèbres et de désirer voir la lumière, car Dieu n’abandonne jamais sa créature ! Depuis cette rupture, l’homme n’a de cesse de retrouver cette union perdue avec Dieu.

Ainsi, si nous crions vers Lui, si nous Le cherchons vraiment, nous passons de la cécité intérieure à la lumière de l’amour véritable ! C’est l’expérience que Jésus va donner de vivre à cet aveugle-né en lui ouvrant surtout les yeux du cœur. 

 

Deuxièmement : Comment les yeux de l’aveugle-né s’ouvrent-ils ? 

C’est par des gestes que Jésus fait et les paroles qu’Il dit ! Ses gestes reprennent ceux que nous lisons lors de la Création dans le livre de la Genèse, lorsque Dieu crée l’homme à partir de la terre. Jésus, Lui aussi, fait de la boue, Il l’applique sur les yeux de l’aveugle et Il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé. »

Jésus n’est pas dans le discours, mais dans le geste qui relève et révèle Dieu présent dans le quotidien que nous traversons.

L’aveugle a donc senti la boue sur ses yeux, il a entendu les paroles de Jésus et en tâtonnant, sans rien voir, il s’est mis en route, avec foi, vers cette piscine, préfigurant l’eau du baptême. 

En l’envoyant à la piscine de Siloé, la Parole créatrice de Jésus le recrée, le refait, illumine sa foi ! À ce moment précis, Dieu fait irruption dans sa vie et, en vrai, le bouscule ! Cet homme devient l’envoyé (Siloé), témoin de la miséricorde de Dieu !

Une fois sa vision retrouvée, l’aveugle-né est confronté à l’aveuglement des autorités : les pharisiens le questionnent et ne veulent pas croire à son témoignage. 

Enfermés dans leurs lois et dans leurs règlements, ils refusent de voir l’action de Dieu dans cet homme. Même ses parents ne veulent rien voir et rien savoir !

 

« Voir » n’est pas seulement une fonction physique.

« Voir » est aussi une vision spirituelle, une vision qui envahit le cœur et l’intelligence. 

Cet homme que Jésus guérit n'est pas seulement entré dans la connaissance naturelle que donne la vue éclairée par la lumière. Il est entré dans la connaissance surnaturelle que donne le Christ, Lui qui est la vraie lumière venue en ce monde ! Sans doute savez-vous qu’on appelait le Baptême chrétien dans les premiers siècles de l’Église : une « illumination » !

Comme à l’aveugle-né, Jésus nous demande personnellement, à nous qui sommes baptisés : « Crois-tu au Fils de l’homme ? ». Si je lui dis : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus me répondra : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle ». À l’exemple de l’ancien aveugle-né, comme baptisés, nous sommes invités, avec les yeux de la foi, à proclamer notre Credo en disant, nous aussi : « Je crois, Seigneur ! ». 

Chers frères et sœurs, que nous soyons catéchumènes, au début du chemin, ou baptisés depuis de longues années, la foi en Dieu restera toujours un chemin bousculé par les fragilités, les aléas de la vie et par les contradictions du monde. Parce que nous sommes limités et pécheurs, les aveuglements nous guettent toujours ! 

Voilà pourquoi nous avons besoin de vivre notre foi en Église, ensemble, en communauté, pour nous soutenir et nous aider, pour nous porter dans la prière et pour discerner ensemble ce que nous pressentons de Dieu dans notre vie, d’entendre ses appels et avoir l’audace d’y répondre !

 

Finalement, que pouvons-nous retenir de ce 4e dimanche de Carême, dimanche de la joie ? 

  • Avouons-le, nous sommes parfois bien aveugles nous aussi... aveugles sur ce que nous sommes… aveugles aux autres... et bien aveugles sur la présence de Dieu dans notre vie !
  • N’oublions pas que notre re-Création n’est pas achevée, que le Seigneur a encore des « retouches » à faire sur nous !
  • Notre Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l´apparence, les diplômes, la beauté, l’éloquence ! Le Seigneur regarde le cœur !

Frères et sœurs, confions à Dieu Créateur notre désir de passer chaque jour dans notre vie, des ténèbres à sa lumière, d’aller au-delà de nos aveuglements… à la foi lumineuse et confiante en Jésus Sauveur !

Demandons cette grâce pour les baptisés que nous sommes pour notre assemblée, pour notre Église et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 5 mars 2023, 2e dimanche du Carême, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 17, 1-9. Livre de la Genèse 12, 1-4a. Psaume 32.

Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 1, 8b-10

 

Le 2e dimanche du Carême, c’est-à-dire aujourd’hui, nous entendons le récit de la Transfiguration. Son importance et sa mémoire sont signifiées dans les trois évangiles : saint Matthieu, saint Marc (9,2-10) et saint Luc (9,28-36).

L’épisode de la Transfiguration de Jésus se situe immédiatement après la profession de foi de Pierre et à sa réaction à l’annonce de la Passion de Jésus. 

C’est un épisode assez surprenant ! 

Jésus vient d’interroger ses Apôtres en leur demandant qui Il était pour eux. Pierre, courageusement, confesse qu’Il est « le Messie, le Fils du Dieu Vivant » (Mt 16, 16). Les Apôtres ont dit ce qu’ils croyaient, mais bien plus que ce qu’ils voyaient. La foi est bien de croire à ce que nous ne voyons pas !

Par ailleurs, quand Jésus leur a parlé de passion, de souffrance et de mort, les Apôtres se sont scandalisés. Au point que Jésus va traiter Pierre de « Satan » !

Alors, sur la route qui le mène à Jérusalem, Jésus fait une pause mémorable. Il choisit ces trois disciples qui un jour seront avec lui au soir de la Passion au Jardin des Oliviers. Et là, Il leur montre qui Il est en vérité. Il leur montre ce qu’ils ne pouvaient pas imaginer lorsqu’Il les interrogeait. 

Il leur montre sa vraie nature divine : Lui, la lumière née de la lumière, Lui, source de toute lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, Lui le Verbe de Dieu qui s’est fait homme, sans cesser d’être Dieu, comme nous l’entendons dans le prologue de saint Jean. 

Jésus transfiguré montre, du même coup, à ses disciples, ce à quoi ils sont eux-mêmes appelés : ils sont appelés à partager la gloire de Dieu ; eux et toute l’humanité. Car l’homme a été créé pour la lumière et non pour les ténèbres. 

En manifestant sa gloire cachée, Jésus révèle aux disciples qu’ils sont destinés, non seulement, à partager la gloire de Dieu, mais aussi à resplendir de sa lumière. 

Tel est le message que nous recevons au cœur du temps de ce carême. 

Alors que nous montons cahin-caha vers Pâque, alors que nous sommes dans des efforts de pénitence et la prière, alors que le doute parfois nous assaille et que des épreuves peuvent surgir sur nous de toutes parts, cette lumière divine vient conforter notre foi. 

Oui ! Le Transfiguré illumine notre route terrestre pour nous conduire à notre propre pâque. 

Il rend éblouissante notre humanité. Cette lumière, frères et sœurs, donne tout son sens à notre existence. Nous ne sommes pas faits pour la nuit ; nous sommes faits pour la lumière du jour, la lumière de l’éternité ! Aujourd’hui Jésus laisse éclater ce qui nous est promis et annoncé, comme un don inimaginable. 

Cette scène est donc comme un pivot : 

-         Il y un avant : toute l'histoire du Peuple de Dieu, la très lente démarche d’hommes et de femmes pour accueillir le message du Dieu Unique. C’est le rappel entendu dans la première lecture où Abram est invité à tout quitter pour suivre avec confiance, la promesse d’une vie nouvelle dans un pays que Dieu lui montrera ! 

-         Il y a un après : à partir de la montagne de la Transfiguration, Jésus marchera dans une confiance inébranlable vers Jérusalem, vers sa Passion, sa mort et sa Résurrection, invitant ainsi tout chrétien à recevoir la bénédiction promise vers un pays qui n’est autre que le Ciel ! Cette transfiguration donne le sens et le but de notre vie chrétienne. 

     

Cette pause sur le mont Thabor, n’est pas la fin, elle est un point d’étape nécessaire, une annonce à recevoir, un chemin à poursuivre !

Les trois disciples, Pierre, Jacques et Jean qui sont là, aujourd’hui, comme témoins de la transfiguration, seront ceux qui verront Jésus défiguré dans son agonie et sa passion, avant d'être les témoins du Seigneur ressuscité. 

Il nous faut comprendre cela pour nous-mêmes ! La vie chrétienne épouse en tout point celle du Christ ! Nous ne sommes pas au-dessus du Maître.

Un dernier point ! 

       Si les disciples sont témoins de cette transfiguration, c’est pour que nous nous souvenions que tous les baptisés - c’est-à-dire nous - ont :

  • tantôt le visage transfiguré, illuminé par l’amour partagé, le don de soi et la joie de l’évangile,
  • tantôt défiguré par la souffrance, les péchés ou encore les : « souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. » (2e lecture de la lettre à Timothée)

    Ce qui nous est demandé, ensemble, en communauté fraternelle, c’est déjà, humblement, de transfigurer le petit monde dans lequel nous vivons, là où nous sommes : notre paroisse dans sa réalité territoriale, mais plus intimement, nos familles, nos lieux de travail, de service, de loisirs… 

Ce dimanche de la Transfiguration me fait revenir en mémoire la bénédiction que nous avons reçue au premier jour de cette nouvelle année. Nous étions encore avec Jésus, enfant de la crèche, lumière du monde. 

Cette révélation de Dieu, cette lumière de Dieu, cette beauté de Dieu qui l’habite, Jésus ne veut pas la garder pour Lui. Il veut nous la communiquer, la partager, afin que rayonnant du visage du Christ, nous en soyons le reflet dans le monde. Cette même lumière et cette même bénédiction, nous les recevons encore et sans cesse !

Sans doute vous rappelez-vous ce passage du livre des Nombres (Nb 6, 22-27) ?

Que le Seigneur te bénisse et te garde,

Qu’il fasse pour toi rayonner son visage,

Que le Seigneur, te découvre sa face,

Te prenne en grâce et t’apporte la paix.

Chers amis, chers frères et sœurs, dans notre monde parfois en guerre et dans les ténèbres, que le Seigneur nous apporte la lumière et la paix !

Continuons ensemble ce temps du Carême !

                                                                                                                 

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du dimanche 26 février 2023, 1er dimanche du Carême, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 4, 1-11. Livre de la Genèse 2,7-9 ; 3,1-7a. Psaume 50.

Lettre de saint Paul aux Romains 5, 12-19

 

Les lectures de ce premier dimanche du Carême nous mettent en parallèle, deux tentations : celle des origines dans le jardin d’Éden et celle de la tentation de Jésus au désert. Dans ces deux cas, nous constatons que “l’aire de jeu“ de Satan est la même : tenter l’homme !

Le désert est, ce dimanche, le lieu de la tentation. Dans l’histoire d’Israël, on voit le peuple hébreu succomber plusieurs fois dans l’idolâtrie au cours de son séjour au désert. Rappelez-vous l’épisode du veau d’or ! Le désert est ainsi un lieu où se joue un combat réel, un combat entre Dieu et Satan, entre Dieu et l’Adversaire.

En se retirant au désert quelques jours après son baptême, Jésus accepte d’entrer dans ce combat contre l’adversaire, réussissant là, où Eve et Adam avaient cédé au vil tentateur. Après quarante jours, le combat survient et le récit nous raconte les trois approches choisies par Satan et le refus radical de Jésus de se laisser entraîner à mettre Dieu de côté. Rien ne pourra remettre en cause la fidélité de Jésus à son Père !

En fait, le combat ente Jésus et Satan nous ramène au moins trois tendances de notre nature humaine, sources d’innombrables déroutes, de conflits et de misères. Ces tentations sont toujours à l’œuvre en nous, aujourd’hui et Jésus les affronte parce qu’en Lui, c’est nous aussi qui sommes soumis aux avances tordues de l’Adversaire.

  • La première tentation est représentée par la faim. Le tentateur prend appui sur ce besoin inné dans l’humain pour le replier sur lui-même et fermer la porte au projet de Vie de Dieu, pour lui !
  • La seconde tentation fait appel à un orgueil démesuré, la vaine gloire, pour que Jésus se confronte à Dieu !
  • La troisième tentation est celle du pouvoir sous toutes ses formes, représenté par les « rois de la terre ».

Que retenir de ce récit ? Sans doute avez-vous déjà entendu plusieurs commentaires sur cet évangile. C’est pourquoi j’aimerais réfléchir avec vous, ce matin, de façon un peu différente. Avec les jeunes de l’aumônerie, nous avons pris le temps de discuter et de partager sur les actions de Satan, sur les tentations, celles de Jésus, les nôtres, sur la réalité du Diable ("existe-t-il vraiment ?" m’ont demandé les ados) ! Pour cela, nous avons lu et réfléchi en partant d’un livre : La Tactique du Diable (Lettres d'un vétéran de la tentation à un novice)

 

L’auteur, C S Lewis, est un professeur de littérature du Moyen Âge et de la Renaissance à Oxford, il est aussi un ami de J. R. Tolkien. Tous les deux sont catholiques pratiquants. Lewis est également l’auteur d’un ivre bien connu « Les chroniques de Narnia » qui jouit d'un immense succès auprès des enfants.

Ce livre : « La Tactique du Diable » est un recueil de lettres (qui sont des lettres de réponses) d'un vétéran de la tentation (un oncle qui est diable en chef) aux demandes de conseils d’un novice (son neveu qui est un apprenti diable). Ses demandes sont précises : détourner de Dieu, ceux que cet apprenti diable doit pervertir !

Ces lettres sont très intéressantes. Au début, on a peut-être un peu de mal à entrer dans la compréhension de ces échanges de lettres, puis à la lecture des conseils de l’oncle, on rit, enfin… enfin, on rit beaucoup moins, car nous nous rendons compte que ces lettres nous parlent de “moi“.

Ce livre détaille l’action du Démon dans notre vie. Nous sommes dans un vrai combat : un combat spirituel et un combat vital ! Dans cette bataille, les termes restent empruntés au vocabulaire militaire ! Par ailleurs, ce livre a été écrit en 1941.

Plusieurs pièges sont repérés.

I) Les pièges du tentateur :

  1. L’intox : il essaye de nous faire croire qu’il n’existe pas.
  2. Le camouflage : il se déguise en ange de lumière. Il travestit ce qui est mauvais, pour lui donner l’apparence de quelque chose de bon.
  3. L’anesthésie : il endort notre conscience.
  4. La propagande : il collabore à la diffusion des fausses nouvelles qui vont nous embrouiller.
  5. Les complices : il utilise le concours de nos passions, de nos mauvais jugements, de nos bêtises et il va s’en frotter les mains.
  6. Une stratégie multiforme : il s’adapte à chacun de nous.
  7. L’arme secrète du démon : le découragement ; on baisse les bras…

Alors, comment réagir, comment riposter ?

II) La riposte du chrétien :

1.     La conscience du danger : je sais que Satan existe et je sais qu’il veut agir dans ma vie.

2.     Le compagnon d’armes : Jésus est toujours à mes côtés et je sais que je ne suis pas seul !

3.     Les missiles : je torpille les slogans de Satan avec des versets de la Bible. C’est ce que fait Jésus, car à chaque tentation, Il va répondre par un verset de la Bible.

4.     Le contre-espionnage : je repère la stratégie de l’adversaire.

5.     L’entraînement : je tâche de me battre chaque jour contre mes défauts, et le temps du Carême est propice pour cela.

6.     Les offensives : je prends régulièrement la résolution d’attaquer l’ennemi sur l’une de ses positions.

7.     L’équipement : pour avancer, je m’allège par des jeûnes réguliers.

8.     Le moral : je demande à l’Esprit Saint d’entretenir en moi une âme de vainqueur, un moral d’acier ! Je le sais : Jésus a vaincu Satan !

9.     Le char blindé : je me blottis dans les bras de Jésus.

10.  La couverture aérienne : je vis à l’abri du manteau protecteur de Marie.

11.  Les alliés : je sollicite l’appui de tous les saints du ciel, de tous mes amis du ciel et de la terre pour que nous puissions ensemble, par la prière, mettre à terre le démon.

12.  La musique militaire : c’est en chantant les louanges de Dieu que je gagne toutes ces batailles.

Notons pourtant que ce Diable en chef (l’oncle du livre) doit bien avouer, mais à contrecœur, que tous les démons de l'enfer sont démunis face à l'amour inconditionnel de Dieu et à son inépuisable capacité à pardonner.

 

Chers frères et sœurs, le début d’un nouveau Carême est toujours une belle montée vers Pâques dans une profonde joie ; il est l’occasion pour nous, de comprendre comment être, nous aussi, vainqueur face à toutes les tentations de Satan ! C’est un combat quotidien, mais sans se décourager ! Si d’aventure, vous constatez qu’à un moment donné, c’est un peu plus difficile et que certaines choses vous posent problème ou se révèlent à vous avec force, pensez bien au Sacrement de Réconciliation qui est, pour chacun de nous, l’occasion de nous savoir pardonner et de repartir du bon pied et affermi.

Comme nous l’avons entendu mercredi dernier, le jour du Mercredi des Cendres,

« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » soyons persuadés que, parce qu’Il est vainqueur, Jésus est cette Bonne Nouvelle pour aujourd’hui !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 22 février 2023, mercredi des Cendres, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 6,1-6.16-18. Livre du prophète Joël 2, 12-18.

Psaume 50. Deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 20-6,2.

 

Chers Frères et Sœurs, nous allons vivre ensemble, en paroisse, ces quarante jours de Carême.

Ces quarante jours ne doivent pas être des jours de désolation ou de tristesse, mais plutôt des jours qui annoncent la joie et l’espérance ; ils nous redisent que nous sommes faits pour la vie et la résurrection ! 

Ils évoquent évidemment dans notre mémoire, le temps passé par Jésus au désert. Ce temps de 40 jours et de 40 nuits évoque aussi les quarante années passées par le peuple hébreu à travers le désert en chemin en chemin vers la Terre promise. 

La similitude des chiffres ne doit pas nous faire oublier la différence profonde entre ces deux temps dont l’Écriture garde la mémoire !

Les quarante ans de la traversée au désert sont un temps de purification destiné à faire surgir à nouveau, la foi du peuple d’Israël, après les différents moments où les Hébreux ont douté de celui qui l’avait sorti d’Égypte et où ils se sont retournés contre Dieu (rappelez-vous l’épisode du Veau d’or !). Cette génération pourtant, libérée de l’esclavage de Pharaon ne devait pas voir la Terre promise parce qu’elle avait douté de Dieu. 

Tel n’était évidemment pas le sens de l’épreuve vécue par le Christ, quand, après son baptême, Il est conduit au désert pour y être tenté. Nous aurons l’occasion, dimanche prochain, de méditer sur ces tentations de Jésus au désert, mais déjà, nous savons qu’il ne s’agit pas pour lui d’un temps de purification, mais plutôt au sens propre, d’un temps d’épreuve. Jésus sortira vainqueur de ces tentations en se référant à la Parole de Dieu, par sa fidélité de Fils à son Père.

De fait, les quarante jours que nous allons vivre évoquent aussi clairement ces deux réalités. Le temps du Carême sera un temps de purification et un temps d’épreuve, sans oublier que le Christ est vainqueur et qu’Il nous a sauvés. 

 

Prenons le temps de détailler un peu ces deux réalités !

1re réalité : c’est d’abord un temps de purification, pendant lequel nous sommes invités à nous reconnaître pécheurs. Le geste que nous allons faire tout à l’heure de recevoir sur notre tête - un peu de cendre - nous rappelle, avec évidence, les gestes pénitentiels de la Bible pour signifier le repentir. Mais n’oublions pas qu’à l’initiative de Dieu, il y a une libération de l’esclavage ! C’est donc un temps de conversion et de contrition ! Pour nous y aider, le sacrement de réconciliation est aussi un extraordinaire lieu de libération !

2e réalité : c’est aussi un temps d’épreuve pour la foi. Si nous sommes invités au jeûne et à la prière, ce n’est pas pour nous punir ni une recherche doloriste ni non plus pour donner un signe extraordinaire devant lequel tout le monde aurait à s’émerveiller. Nous ne sommes pas dans un ramadan chrétien ! Si nous jeûnons et si nous prions, c’est parce que le jeûne, comme la prière, est un acte de foi. Nous faisons l’expérience, en renonçant joyeusement à ce qui est superflu et qui nous encombre, que celui qui nous fait vivre, c’est Dieu Lui-même. 

 

Chers amis, entrons dans ce temps de carême, non pas dans la tristesse ou dans l’accablement provoqué par le marasme de notre société, mais dans la joie confiante de la résurrection vers laquelle nous nous avançons.  

Posons cet acte de foi que Dieu de miséricorde vient au secours de notre faiblesse. Aujourd’hui, dans tous les continents, dans tous les pays et avec toutes les communautés chrétiennes, c’est l’Église tout entière qui se mobilise pour avancer dans le chemin de la purification par des actes de foi sur le chemin Pascal.

 Pendant quelques instants de silence, prions dans le secret de notre cœur pour que notre démarche de ce jour porte encore cette année, un fruit nouveau. Ne mettons pas la barre trop haute ! Ne choisissons pas des objectifs intenables, mais des choix simples et réalisables : peut-être, prier le chapelet, lire quelques chapitres de la Parole de Dieu, rendre visite à des personnes isolées ou malades, vivre le sacrement du Pardon…

Dimanche prochain, lors de la célébration de l’Appel Décisif, notre évêque accueillera les futurs baptisés de la nuit de Pâques : accueillons dans la joie, les nouveaux frères et sœurs que le Seigneur nous donnera par le baptême !

 

Prions les uns pour les autres, les uns par les autres ! 

Beau et saint Carême à tous.

Recueillons-nous quelques instants dans le silence afin de nous préparer à recevoir les Cendres.

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 20 février 2023, 7e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 9, 14-29. Livre de Ben Sira le Sage 1, 1-10. Psaume 92.

 

Avec cet évangile, nous entendons un épisode plutôt compliqué de la vie de Jésus. On y trouve plusieurs thèmes : l’échec des disciples devant la maladie ; la guérison par Jésus de cet enfant possédé ; les reproches de Jésus aux disciples ; l'analyse de la déclaration du père de l’enfant malade et son acte de foi ; le rôle essentiel de la prière dans la guérison … 

Cela fait déjà beaucoup de thèmes différents, et il me semble ne pas avoir tout dit !

Mais ce récit nous invite à réfléchir tout particulièrement sur la foi. On rencontre cette notion à différents moments du passage. Jésus appelle les disciples : génération incrédule, le père de l’enfant malade implore l’aide de Jésus par ces mots : si tu peux quelque chose, viens à notre secours … À quoi répond Jésus : « Si tu peux !… » Tout est possible à celui qui croit. C’est alors que le père a cette prière insolite : Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi !

 

Frères et sœurs, à trois jours de notre entrée en Carême, c’est cet aspect particulier de la foi qui devrait nous éclairer. 

Très rapidement, je vous propose de reprendre quelques aspects de cet évangile ! Que s’est-il passé ? 

L'événement se passe après la transfiguration où les disciples ont vu la gloire de Dieu. Jésus était sur la montagne avec Pierre, Jacques et Jean. C’est en l'absence de Jésus, qu’un homme a prié les disciples de délivrer son fils possédé. Mais les disciples n'y sont pas parvenus. Ils n’ont pas eu assez de force pour chasser le démon, ou peut-être pas assez de foi ou de prière ? 

C’est à son retour que Jésus leur va reprocher leur manque de foi. En quoi les disciples ont-ils manqué de foi ? La suite du récit le dira.

Des précisions sont demandées au père du malade. Alors, il raconte à Jésus comment, depuis son enfance, un esprit mauvais domine son fils. Puis, il finit son intervention par une prière, une demande : si tu peux quelque chose, viens à notre secours … Cet homme mettrait-il en doute les compétences de Jésus ? Il faut dire qu’il a été refroidi par les disciples du Christ comme peut-être beaucoup de nos contemporains pourraient être refroidis par notre façon de faire, d’être, par nos manques d’action ou de foi… Jésus relève alors cette demande en interrogeant, en fait, la foi du père de cet enfant : Si tu peux !... 

Sans lui faire de reproches, Jésus veut faire réfléchir cet homme à ce sujet. 

 

Qu'est-ce que la foi ? Nous pensons habituellement qu'elle correspond à cette seule déclaration : je crois. Mais cette expression est l'affirmation de la croyance, non de la foi. Le croyant croit que Dieu existe, et souvent, ça s'arrête là. Vous savez comme moi que beaucoup de personnes en sont là ; posez des questions autour de vous et vous entendrez qu’elles croient que Dieu existe, mais elles n'ont pas de relations avec Lui.

Or, la foi est relation, la foi est contact, elle est lien, alliance avec Dieu ! La foi est un don qu’Il nous fait pour que cette relation se réalise ! C'est ce qu'exprime la prière du père de l'enfant une fois qu’il a compris : « Viens ! » dit-il. « Toi, Seigneur, viens ! » 

N’oublions pas que la foi vient de Dieu ! La foi, c'est être sûr de Dieu, ce n'est pas être sûr de soi, sinon cette "foi" nous pousserait à nous passer de Dieu. 

C'est pourquoi la foi se manifeste dans cette relation à Dieu, dans une relation de confiance.

 

Frères et sœurs, à quelques jours du début de ce Carême, posons-nous cette question : quelle est notre foi en Dieu ? Où en sommes-nous ? Où en suis-je personnellement ?

Bonne méditation !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 19 février 2023, 7e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 38-48. Livre des Lévites 19,1-2.17-18. Psaume 102.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 3, 16-23.

 

Chers amis, nous sommes à quelques jours de notre entrée dans le temps du Carême, un temps important et nécessaire, car il va nous permettre de nous préparer à cette très belle fête de Pâques ! 

Avec ce 7e dimanche du Temps « Extraordinaire de l’Ordinaire », nous terminons la lecture du chapitre 5 de l’évangile selon saint Matthieu qui a soutenu notre méditation depuis plusieurs dimanches.

Ce chapitre cinquième est à relire régulièrement, car il nous permet de mieux comprendre la pertinence de l’enseignement de Jésus. 

Les premiers versets de ce chapitre commencent par les Béatitudes dont on peut dire qu’elles sont la charte du chrétien qui fait le choix de suivre le Christ.

Après de vives discussions et controverses avec les pharisiens, ce chapitre se termine par une conclusion audacieuse qui est à la fois une invitation, une prise de conscience et un chemin : être parfaits comme notre Père du ciel est parfait.

Si ces versets de l’évangile nous troublent, nous provoquent, nous bouleversent, nous font réfléchir, c’est que c’est bien l’intention de Jésus de nous faire comprendre le sérieux de sa Parole et l’exigence de la Sainteté !

Jésus nous appelle donc à un choix de vie qui s’ouvre, encore une fois, à une conversion ! 

Littéralement, les comportements des disciples de Jésus ne peuvent se limiter à ce que font les païens et même les juifs pieux. 

Je vous laisse imaginer la surprise et les réactions des auditeurs ! Pas tant, à cette invitation à la sainteté, cat tous connaissent bien ce passage du livre du Lévitique entendu en première lecture : « Soyez saint ! » (Lévites 19)

Ce qui a de quoi surprendre, c’est cette injonction : « Aimez vos ennemis ! » ou encore : « priez pour ceux qui vous persécutent ! »

Jamais aucun prophète n’avait ainsi parlé… pour parler comme Jésus, soit il faut être fou…soit il faut être Dieu !

Même si la Loi du Talion (œil pour œil, et dent pour dentétait un grand progrès par rapport au cycle de vengeance sans fin de l’ancien temps, où la violence appelait la violence parfois même sur plusieurs générations, Jésus nous enseigne, avec des paroles d’une puissance extraordinaire, une tout autre Loi, celle d’une non-réplique : « et Moi je vous dis de ne pas riposter au méchant. » 

Déjà, Dieu dans la première lecture du livre des Lévites, nous exhorte à un amour du prochain. Ce soir, Jésus nous invite à faire un pas de plus vers la sainteté, qui nous ordonne de rejeter la haine, l’intolérance et la rancune.

Si les jours présents paraissent encore difficiles, où nous assistons, bien impuissants, à des guerres, des exodes, des attentats, des conflits… bref, à une escalade de la violence, c’est, hélas, toujours un même instinct sauvage qui prédomine ! 

Tout en n’étant pas dupe des intentions géopolitiques aux plus hauts niveaux des états, (intentions qui nous échappent ou nous désolent) l’invitation de Jésus, déjà à notre degré, est précise : si nous voulons vraiment ressembler à notre Père des cieux, nous devons nous interdire toute riposte qui serait conduite par la vengeance, la haine ou la violence. 

 « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Cette perfection à laquelle le Christ nous appelle n‘est autre que la Loi de l’amour.

Nous pourrions avoir tendance à penser que le Christ apparaît trop gentil, trop naïf ou doux rêveur lorsqu’Il prône l’amour des ennemis. Pourtant, les séries des tragédies humaines qui ensanglantent notre mémoire nous apprennent chaque jour, avec tristesse, que la rancune du cœur produit son fruit de malédiction … que la haine appelle la haine, que la violence appelle la violence, et cela  dans une suite sans fin.

Jésus nous exhorte à répondre par une attitude qui signifie que nous avons à renoncer à nous faire justice nous-mêmes, en laissant Dieu faire lui-même ce travail.

Il ne s’agit pas d’une démission ni d’une soumission servile, mais bien au contraire, d’actes de liberté positifs : « laisse ton manteau, fais deux mille pas avec lui, donne, ne tourne pas le dos. » C’est précisément en nous engageant ainsi à l’encontre de la violence, que nous sauvons notre liberté de toutes haines, de toutes colères et autres désirs de vengeance qui nous assaillent et nous poussent à une riposte qui ne ferait qu’amplifier le mal. 

L’attitude surprenante que Jésus nous invite à adopter (qui est d’ailleurs fondamentalement la sienne tout au long de sa vie, jusqu’au cœur de sa Passion) est la seule qui sauvegarde la possibilité d’un dialogue, qui permette à chaque instant de renouer des relations humaines, qui maintienne l’avenir ouvert. Il est intéressant d’entendre ce passage avant d’entrer en Carême !

Mercredi prochain, mercredi des Cendres, prenons le temps de relire ce passage de l’évangile de saint Matthieu. Jésus nous donne sept exemples concrets de comportements pour ses disciples, exemples qui peuvent être pour nous aussi durant ce temps du Carême :

  • ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre, 
  •  si quelqu'un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau, 
  • si quelqu'un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui, 
  • à qui te demande, donne, 
  • à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos,
  • aimez vos ennemis,
  • priez pour ceux qui vous persécutent !  

Ces exemples que Jésus nous donne ne se comprennent que si l’on se rappelle que le disciple est invité à imiter Dieu, son Père ! Frères et sœurs, ne croyons pas que ce soit hors de notre portée, de notre intelligence ou de notre agir ! 

Éclairer par l’Esprit-Saint, c’est ainsi que nous pouvons comprendre lorsque Jésus nous invite à agir comme le Père agit : « Vous donc, vous serez parfaits (vous serez saints) comme votre Père céleste est parfait (saint) ». 

 

C’est la grâce que nous pouvons demander en ce début de carême.

Prions les uns pour les autres ! 

Bonne méditation !

                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 13 février 2023, 6e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 8, 11-13. Livre de la Genèse 4,1-15.25. Psaume 49.

 

La liturgie de ce jour nous invite à ouvrir le livre de la Genèse (4,1-15.25) sur la naissance de Caïn et Abel : l’un (Abel) devint berger et son frère Caïn cultivait la terre. 

« Caïn présenta des produits de la terre en offrande au Seigneur. Abel présenta les premiers-nés de son troupeau, en offrant les morceaux les meilleurs. Le Seigneur tourna son regard vers Abel et son offrande, mais il ne porta pas un regard sur Caïn. Caïn fut très irrité, et il montra un visage abattu… »

  Nous connaissons les versets suivants : « Caïn se jeta sur Abel, son frère et le tua … »

 

Ce texte est complexe, car chaque mot en hébreu a un sens très précis ! Impossible donc en quelques minutes, de rendre toute la richesse de ce texte ! 

             Un des accents que je choisis ce matin est mis sur le processus qui conduit au meurtre ! Le meurtre est le péché le plus grave que l’homme puisse commettre ! Notons que nous pouvons tuer de plusieurs façons, nous pouvons tuer le corps physique, mais aussi la personne morale, sociale ou toutes personnes dans sa dignité !

Sauf pour un homicide involontaire (c’est le cas d’un accident), il y a, à l’origine du meurtre, généralement un mauvais sentiment : la haine. Il s’agit d’un sentiment violent qui pousse à vouloir du mal à quelqu’un et même de se réjouir du mal qui pourrait lui arriver. La haine est très souvent fille de la jalousie, sentiment d’envie à l’égard de quelqu’un qui possède ce que l’on n’a pas ou ce que l’on voudrait avoir. Il n’est pas rare que ce sentiment ait pour commencement, un différent, une indélicatesse, une simple moquerie, une déception… ou simplement parce que l’autre me gêne !

Mais à l’origine du ressentiment, de la jalousie, ou de la haine, il y a surtout le mépris de Dieu.

Le meurtre de Caïn provient de la fermeture de son cœur à l’amour de Dieu, et cette fermeture le pousse à devenir jaloux ! Sa jalousie le conduit ensuite à la haine et la haine s’est matérialisée par le meurtre qu’il a commis.

Il y a donc une relation entre le refus de Dieu, la jalousie, la haine et le meurtre.  Avec Jésus, le péché doit se combattre dès le germe du péché : la haine est déjà le meurtre en puissance. Pour éviter de tuer, il faut donc d’abord éviter de haïr. « Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. » (Mt 5, 22). Saint Jean dans sa première lettre assimile même la haine au meurtre lorsqu’il affirme que : « Quiconque a de la haine contre son frère est un meurtrier » (1Jn3, 15).  

Vous allez me dire que : Moi, je ne suis pas un meurtrier ! Je n’ai jamais tué personne !

Pourtant, frères et sœurs, reconnaissons que très souvent, la jalousie et la haine sont des sentiments qui peuvent habiter ‘mon cœur’. Je peux avoir tendance à détester celles ou ceux qui réussissent là où j’ai pu échouer, ceux qui possèdent ce à quoi j’aspire. 

Envers tous ceux qui aiment et servent Dieu (littéralement, ceux qui ont une foi solide !) de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur force, de tout leur esprit, je peux ressentir parfois une envie, une défiance, une jalousie et je peux alors peut-être même les combattre, les dénigrer intérieurement.

Libérons notre cœur de cette jalousie ou de cette haine qui le ronge ! Avec la grâce de Dieu, le pardon véritable et l’acceptation de nos limites, nous pouvons entrer dans un processus salutaire de libération.

Voilà ce à quoi ce texte de la Genèse nous invite dans nos réflexions ce matin.

Comme chaque matin, je vous propose de prendre le temps de relire les textes de ce jour et de les méditer.

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 6 février 2023, 5e semaine du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 6, 53-56. Livre de la Genèse 1,1-19. Psaume 103.

 

À différents moments de notre existence, nous sommes confrontés à la maladie, à la souffrance, pour nous-mêmes ou pour nos proches. La maladie et la souffrance provoquent en nous un sentiment d’impuissance et même d’injustice ! Elles peuvent parfois bouleverser nos vies, la nôtre, celles de nos proches, particulièrement la cellule familiale et amicale : pour nous encourager à donner de notre temps, soutenir les malades, être attentifs à leurs besoins, nous avons besoin d’aides, d’espérances, de soutien…

       Aujourd’hui, l’évangile de saint Marc que nous venons d’entendre, nous entraine à suivre Jésus à Génésareth où Il va rencontrer et guérir des malades et des personnes avec handicap qui ont besoin de sa présence.

        À l’époque de Jésus comme aujourd’hui d’ailleurs (les temps ne changent pas ce ressenti), les malades se sentent très rapidement mis à part de la vie des bien portants ; c'est pourquoi les liens de solidarité et tout ce qui permet aux personnes atteintes de maladie de se sentir écoutées, reconnues, aimées sont extrêmement importants. Les moyens actuels (un coup de téléphone, une petite visite…) sont plus faciles qu’à l’époque où il fallait aller à pied ou à dos d’âne pour les rencontrer.

Dans l’Évangile, nous voyons bien que toutes ces personnes qui ont besoin de guérison ne viennent pas seules : ce sont leurs familles, leurs voisins, leurs amis qui se mettent à plusieurs pour aller à la rencontre de Jésus ; car comme nous l’avons entendu, ces malades étaient déposés; ce qui signifie que quelqu’un les portait. 

Mais aujourd’hui, la personne de Jésus n’est plus aussi visible qu’à l’époque ! Sa présence est différente. C’est nous, ses disciples, qu’Il envoie dans le monde pour être ses mains, son cœur, sa tendresse pour refaire ces gestes de douceur.    

        La souffrance reste un mystère qui nous surprendra toujours ! Le Fils de Dieu fait homme n’a pas supprimé de l’expérience humaine, la maladie et de la souffrance ; mais en les assumant Lui-même, Il les transforme et leur donne une dimension nouvelle. 

       Le week-end prochain (dimanche 12 février) sera le « Dimanche de la Santé ». Avec l’équipe Diaconie et Soin, nous allons vivre un accompagnement particulier auprès des personnes malades de toutes sortes de maladies : physique, psychique…

       Ce jour-là, nous vivrons avec la communauté rassemblée un beau sacrement : celui de l’Onction de malades : Sacrement de paix, de courage, d’espérance… Bien sûr, il n’est pas magique, mais rien n’est impossible à Dieu !

L’Église reconnaît dans les malades, une présence spéciale, particulière, du Christ souffrant.

        Avec le Pape François qui nous y encourage, là où nous vivons, élargissons notre regard aux malades invisibles, immobilisés dans leurs chambres, dans leur maison de retraite, dans les hôpitaux et allons leur redire que c’est pour eux que Jésus est venu exprimer la tendresse de son Père pour chacun d’eux.

Frères et sœurs, dès maintenant, dans cette eucharistie, prions pour toutes les personnes malades ou fatiguées, que nous connaissons ou non, et pour toutes celles qui les assistent et qui les soignent.

Demandons pour chacun une grâce de paix et d’attention à tous !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 5 février 2023, 5e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 13-16. Livre du prophète Isaïe 58, 7-10. Psaume 111.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 2, 1-5.

 

La vie d’un prêtre est toujours une vie palpitante, pleine de surprises et de rencontres surprenantes et toujours intéressantes ! Il n’est pas rare que lors de ces rencontres, nous soyons interrogés sur des questions de société, sur la maladie, le monde, sur tout ce que nous vivons ! Beaucoup ressentent que le monde va trop vite et qu’ils n’ont pas le temps de réfléchir suffisamment à ce qu’ils font, pas le temps de profiter aussi de la beauté du monde. 

Souvent j’entends aussi cette question : quel est le sens de notre vie, de ma vie ? Pourquoi sommes-nous sur cette terre ?

Il y a une vérité qui nous échappe parfois, et pourtant … 

La vie est un cadeau ! La vie est un don ! Nous ne sommes pas à l’origine de notre vie ni de la vie sur terre. Ce n’est pas nous qui avons choisi de naitre dans tel ou tel pays ni à notre époque… Ce n’est pas nous qui avons créé le monde ! Nous recevons tout cela !

Le croyant dira avec foi : « Par Dieu, nous recevons tout : la Vie, le monde tel que nous le voyons et le vivons, le Salut, ce projet de vie, la Vie éternelle et les grâces nécessaires pour vivre chacune de nos journées. » 

Bien sûr et nous le savons, nos journées sont toutes différentes ; certaines sont très belles et d’autres plus compliquées. Ainsi va la vie !

Mais ce dimanche, ensemble, en écoutant la Parole de Dieu qui nous est donnée, je trouve que les textes nous parlent de nos actions ; littéralement de ce que Dieu attend de nous !

C’est un peu comme si nous était posée cette question : 

Qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Qu’est-ce que Dieu attend de nous ?

Peut-être nous sommes-nous déjà posé cette question ? Alors, pendant quelques instants, je vous propose d’y réfléchir ensemble !

La parole de Jésus est peu banale ; elle est même terriblement audacieuse ! 

Il nous dit « Vous êtes le sel de la terre. […]  Vous êtes la lumière du monde ». 

Vous êtes sel pour la terre, vous êtes lumière pour le monde ! Ce qui importe, c’est l’impact que nous pouvons avoir sur cette terre et notre monde. Tout seul, le sel ne sert à rien. Toute seule la lumière n’éclaire rien.

- Quelle est la fonction du sel ? Il met en valeur la saveur des aliments. Un plat sans sel est fade, sans relief. Le sel relève le goût d’un plat, il permet à tous les ingrédients d’enrichir les saveurs pour réjouir nos papilles. C’est étonnant : un peu de sel, et le repas est un délice. En même temps, trop de sel, et c’est immangeable. Pour être efficace, le sel doit être à la fois présent, mais bien dosé.

- Et quel est le rôle de la lumière ? La lumière révèle la beauté du monde.

Sans lumière le monde est le même, mais dans l’obscurité, on ne peut pas profiter de sa beauté, de ses couleurs, de sa profondeur. Si cette église était dans le noir, nous ne verrions plus rien : plus de visages, plus d’yeux qui brillent… La lumière nous montre combien cette église est belle et que vous êtes uniques ! La lumière révèle la beauté du monde.

Si Jésus nous dit : « Vous êtes le sel de la terre. […]  Vous êtes la lumière du monde ». C’est donc qu’il attend quelque chose de nous, quelque chose de moi ! Mais Il attend quelque chose de mesuré, à la fois fou et subtil, mais bien présent, pour que le monde ait du goût et soit lumineux !

Qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Qu’est-ce que Dieu attend de nous ? Avec une question pratique ; comment y arriver ? Quoi faire ?

 

Être sel de la terre et lumière du monde, c’est en fait, une mission essentielle que Jésus nous a confiée.

 En recevant du Cierge pascal, cette lumière lors de notre baptême, en l’accueillant, c’est une mission qui nous est confiée, une mission essentielle et, quelle que soit la puissance de notre lumière (ou du nombre de watts) ; peu importe, pourvue que la lumière soit !

En réalité, cette mission fondamentale découle des « cinq essentiels de la vie chrétienne » ! Ces cinq essentiels nous renseignent sur la vie chrétienne que nous avons à mettre en œuvre de manière équilibrée et vraie pour entretenir notre foi et être de vrais disciples. 

Ces cinq essentiels sont aussi le moteur de notre vie paroissiale ! Alors quels sont-ils ? 

Voici un rapide rappel, ce sont : la Prière, la Fraternité, le Service, la Formation et l’Évangélisation.

Dans lequel de ces cinq essentiels se situe donc « être sel de la terre et lumière du monde » ? C’est plus particulièrement dans l’évangélisation

  • La prière ? On connaît, on sait à peu près ce que c’est et comment ça marche ! Seul ou en communauté, c’est lire la Parole de Dieu, prier les uns pour les autres, les uns avec les autres, pour le monde ; ce soir, en étant réunis, nous faisons une prière communautaire. La prière, c’est aussi être familier de la Bible, seul ou à plusieurs et cela pour le monde. C’est bien ce que font les moines et les moniales, toutes celles et ceux qui sont consacrés comme les Clarisses, les Dominicaines, les Carmélites ou les Chartreux… et bien d’autres communautés en Isère.
  • La fraternité ? C’est presque naturel, c’est humain ! C’est reconnaître que nous, frères et sœurs en Jésus, et plus largement, nous en avons besoin. C’est cette fraternité universelle que les hommes de bonne volonté veulent partager !
  • Le service ? Oui, nous voyons bien de quoi il s’agit ; il faut parfois se forcer un peu, mais on y arrive ! C’est être attentif aux besoins, être à l’écoute de ceux qui nous entourent ! Ce n’est pas forcément simple dans notre société individualiste, mais dans notre paroisse, ce service est visible : je pense par exemple au service Diaconie et Soin avec ces visites aux malades ou dans les EHPAD ! Ou encore avec l’abri saint Luc dans l’accueil de femmes issues de l’immigration pour leur offrir pour quelques jours un lit, un peu de chaleur, un abri, un peu de nourriture !
  • La formation ? L’écoute de la Parole, nous l’avons tous déjà fait au moins un peu, nous avons quelques souvenirs du catéchisme, et nous écoutons bien à la messe, nous partageons la Parole en petits groupes, en fraternités locales… En même temps, nous sommes parfois bien démunis quand les questions sont plus précises ou incisives sur la Trinité, sur les sacrements ! Savons-nous répondre ?
  • Le dernier essentiel est l’évangélisation ! Cela peut évoquer une frilosité ou une réticence !  Pour certains, cela évoque des « gros mots » comme si cela était du prosélytisme, une conversion forcée, ou même de l’endoctrinement… Stop ! Évangéliser, c’est annoncer la Bonne Nouvelle ! Ce n’est pas donner des leçons de catéchisme à chaque personne que l’on rencontre. 

Évangéliser, c’est écouter, entendre le désir, c’est annoncer l’Évangile, qui veut dire bonne nouvelle à des personnes qui, bien souvent, sont en attente. Et cette bonne nouvelle c’est que Dieu nous aime et nous veut du bien. Il nous sauve ! Il a un projet de vie pour nous ! Il a une réponse à nos désirs les plus vrais. Combien de personnes sont un peu esseulées et en recherche !

Pour annoncer cette Bonne Nouvelle, il n’y a pas que les mots. Il y a notre vie entière : la façon simple et vraie de notre témoignage pour qu’il soit reçu !

Évangéliser, c’est témoigner du Christ en vivant, évidemment, ces cinq essentiels.

Alors oui, frères et sœurs, ne soyons pas quelconques, fades comme ceux qui sont sans espérance ! Ayons du goût ! Donnons du goût ! Reflétons la lumière du Christ ! Jésus ne nous a pas dit « soyez nombreux ! », mais plutôt « soyez le sel qui donne du goût, et la lumière qui rayonne ! »  Ne voyons aucune prétention dans cela, c’est le Christ qui le dit de nous !

C’est la petite quantité qui fait toute la différence. Nous le savons : quelques minuscules grains de sel répartis dans un grand plat, et c’est toute la nourriture dont la saveur est exaltée !

Ayons du goût ! Donnons au monde la lumière et le bon goût qui plaît à Dieu ! 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 30 janvier 2023, lundi de la 4e semaine du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 5, 1-20. Lettre aux Hébreux 11, 32-40. Psaume 30.

 

 

Avec un peu d’humour, le passage que nous venons d’entendre pourrait s’intituler : exorcisme à la baie des Cochons…

Nous découvrons, ici, quelle est l’autre rive que Jésus veut rejoindre (Mc 4,35). Il entre donc dans le pays des Géraséniens. C’est un pays qui ne connaît pas encore la révélation du Dieu unique. C’est donc un pays non-juif et païen, faisant partie de la Décapole ! La mention des porcs (animal impur) illustre déjà cette différence entre juifs et non-juifs. 

La décision de Jésus est très précise ! Il veut sortir d’un territoire bien connu et s’ouvrir à d’autres espaces, à d’autres populations pour annoncer la Bonne Nouvelle ! Or mystérieusement ici, il n’y aura pas ou très peu de paroles, mais une libération.

En le relisant, ce texte devrait donc nous étonner : Jésus, ne va-t-il pas là-bas pour « évangéliser » ?  Oui, mais à sa manière : évangéliser, pour Jésus, c’est d’abord de « libérer », de libérer de ce qui empêche de vivre : ce peut être l’oreille, les yeux, la bouche, le corps pour pouvoir entrer pleinement dans le message de salut. C’est pour cela qu’Il est venu comme Il le dit Lui-même : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie. » (Jean 10, 10)

La pointe de ce texte est donc la libération de nos multiples emprisonnements, de nos multiples enfermements !

Regarder et comprendre les emprisonnements qui peuvent aliéner l’humain : vivre dans des lieux de mort, être enchainé à… se faire mal à soi-même, être possédé par le mal. Être divisé à l’intérieur de soi : cet homme ne dit pas « JE », il est possédé par des contradictions où la vie se laisse vaincre par la mort.

L’action de la parole de Jésus porte des fruits de libération ! Les preuves en sont ces signes de la vie. Le texte nous en donne quatre : assisvêtusain d’espritêtre avec Jésus comme ce possédé, comme nouveau sens à sa vie.

Les habitants de la ville, eux, ne semblent retenir de ce miracle que la perte de leurs porcs ! Ils ne se réjouissent pas ! Pas de compassion particulière pour la guérison de cet homme possédé ni aucune curiosité à l’égard de Jésus !

Nous assistons alors à un double mouvement :

  • -       Les uns supplient Jésus de partir, qu’Il s’éloigne d’eux ! 
  • -       L’ancien possédé nous dit son désir de proximité avec Jésus ! 

À la demande des habitants, Jésus s'en va, mais Il laisse maintenant derrière lui un témoin.

En conclusion : Jésus a bien chassé le démon (ou la légion de démons) Il a bien libéré le possédé qui désire maintenant le suivre. Le mal a été balayé, réduit à l’impuissance par son autorité. Cependant, malgré le message d’espérance de l’Évangile d’aujourd’hui, une chose reste claire : 

  • -       Jésus ne forcera pas ceux qui ne veulent pas l’accueillir,
  • -       le rappel que la vie d’un homme est bien plus précieuse qu’un troupeau de porcs.

Bonne méditation !

Ainsi soit-il 

Homélie du dimanche 29 janvier 2023, 4e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 1-12a. Livre du prophète Sophonie 2,3 ; 3,12-13. 

Psaume 145. Lettre de saint Paul aux Corinthiens 1,26-31.

 

Chers amis, nous connaissons bien ces huit « Béatitudes » ! Nous les entendons même plusieurs fois tout au long de l’année liturgique. Alors, ce matin, je vous propose un petit exercice : laissons-nous interpeller par les Paroles de Jésus au début de son « Discours ou sermon sur la montagne », des paroles fondatrices qui nous donnent ce qui, pour Lui, est l’essentiel de son message ! 

Ce qui nous frappe tout d’abord, c’est le caractère non seulement percutant, mais un peu à contre-courant de ces Paroles, comme le dit saint Paul quand il parle de la “folie de Dieu“. Peut-être sommes-nous conduits à nous poser cette question : comment peuvent-elles s’appliquer dans le concret, dans le quotidien de notre vie ? Oui, comment et pourquoi ?

En préparant cette homélie, j’ai relu la traduction de ce passage d’évangile par André Chouraqui ! C’est un spécialiste de la Bible, d’origine juive, qui nous en offre une lecture originale.

En effet, il n’est pas toujours simple de traduire de l’araméen, en grec puis dans la langue des différents pays, en français pour nous. André Chouraqui propose, dans une traduction littérale, le mot : « heureux » par : « en marche » au sens de se lever vers, de marcher avec confiance, dans une dynamique qui n’est statique. Quelle belle traduction qui nous donne le goût de relire ces huit béatitudes avec un regard nouveau.

 Relisons donc ensemble ces Béatitudes !

 

- En marche, les humiliés du souffle ! Oui, le royaume des Cieux est à eux !

L’humilité nous permet d’apprendre et donc de progresser. Être humble également, désarme l’hostilité. Nous pouvons entendre dans cette parole que l’humilité est ce qui nous permet d’avancer vers le royaume des cieux. Cela tient au fait que l’humilité, l’esprit de pauvreté, suscite la générosité, la solidarité, et l’entraide. 

 

- En marche, les endeuillés ! Oui, ils seront réconfortés !

Avec les endeuillés, il ne s’agit pas de mort physique, mais de donner une place à l’échec, à l’impuissance que nous vivons tous dans telle ou telle situation. Bien au-delà du précepte : « il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais », la vie est un don, un chemin, et une progression. Il ne s’agit pas de tout arrêter, mais de toujours repartir dans une espérance nouvelle, réconforté et soutenu par celles et ceux qui nous sont proches ! 

 

- En marche, les doux ! Oui, ils hériteront la terre !

Cela se prolonge avec l’évocation les : « doux », autrement traduit par les « bienfaisants ». Les doux hériteront la terre, autrement dit, ils ne mettront pas un terme prématuré à l’aventure; il y a comme une douceur du cœur qu’il nous faut avoir, contrairement à ce qui s’était passé (par exemple en Ex 16) après la sortie d’Égypte avec les Hébreux. Rappelez-vous, après avoir quittés Pharaon, la colère monte en eux contre Dieu. Ces colériques sont finalement morts dans le désert, sans pouvoir entrer en Terre promise. Les doux inscrivent leur action dans la durée contrairement aux colériques qui handicapent toute marche commune !

 

- En marche, les affamés et les assoiffés de justice ! Oui, ils seront rassasiés !

Peut-on passer sous silence la question de toutes sortes de discrimination ? Peut-on passer sous silence les distances abyssales entre les écarts sociaux, la qualité de vie, et même l’urgence sociale, quand on a faim et soif de justice ? La justice n’est pas l’égalitarisme. Ce qui est juste doit être pensé déjà, au regard des responsabilités individuelles et de ce qui est juste pour vivre : être rassasié, ce n’est pas non plus être gavé, mais avoir ce qui est nécessaire pour vivre. Comment agir dans un monde qui connaît le prix de toute chose, mais qui compte pour rien les valeurs aussi importantes que la vie, la vie naissante, la dignité humaine, l’accompagnement des personnes âgées et même le don de soi ?

 

- En marche, les miséricordieux !  Oui, ils obtiendront miséricorde ! 

Les miséricordieux sont ceux auxquels il sera fait miséricorde : cela pourrait donner l’impression d’un « retour sur investissement » qui s’éloigne de la grâce du pardon qui est une dynamique du don ! « Je te pardonne, tu me pardonnes… c’est bon ! On est quitte ! » Si nous espérons être au bénéfice de la miséricorde, alors c’est la miséricorde qui doit nous animer au fond de nous-mêmes. Certes, il y a ici une logique d’équivalence en termes d’éveil ; (par exemple en Mt 13,18) rappelez-vous l’image de la parabole du Royaume qui raconte qu’un semeur est sorti pour semer, et cela sans calculer. Non cette image de la miséricorde n’est pas un investissement limité, ciblé uniquement sur de bonnes terres, ce qui reviendrait à aimer seulement ceux qui sont aimables : Dieu a semé à tout va, sans distinction de terres ! Dieu veut faire miséricorde à tous !

 

- En marche, les cœurs purs ! Oui, ils verront Dieu !

Refuser les pensées mauvaises, le machiavélisme, la manipulation, les rumeurs, voilà ce qui caractérise les cœurs purs. Les cœurs purs sont ceux qui ne font pas écran à l’amour divin, mais qui lui sont perméables. Les cœurs purs ne cherchent pas à garder pour eux l’amour qu’ils ont reçu. Ils diffusent ou irradient l’amour de Dieu sans calcul et peut-être même sans s’en apercevoir ! Peut-être avez-vous déjà rencontré une personne qui, tout naturellement et sans calcul, dit quelque chose de l’amour de Dieu : il en vit et le communique !

 

- En marche, les faiseurs de paix ! Oui, ils seront criés : fils de Dieu !

Est-il besoin de dire que tous les conflits sont des facteurs de drames dans toutes les sociétés ? Les artisans de paix, les médiateurs, les conciliateurs sont autant de personnes qui vont essayer d’éviter les conflits, les tensions, et même les guerres… Loin de refuser les difficultés ou un statu quo, les faiseurs de paix, à la ressemblance du Christ, les fils de Dieu, sont ceux qui créent les conditions pour rendre notre monde plus vivable et plus juste.

 

- En marche, les persécutés à cause de la justice ! Le royaume des Cieux est à eux !

Cette béatitude peut nous troubler ! Voilà à nouveau cette question de la justice aux risques d’être persécutés, au nom de Jésus ! Il ne fait pas toujours bon de dénoncer le mal et d’oser dire la vérité. Va-t-on cesser de tuer le messager ? Non, hélas ! Bien des prophètes, bien des témoins ont été et seront encore persécutés ! Mais frères et sœurs, peut-on se taire pour autant et se croiser les bras ?

Chers frères et sœurs, les Béatitudes constituent donc un programme, un chemin, une clé de lecture, une route pour notre vie… très opérationnelle pour repenser notre quotidien aussi bien dans notre vie sociale, professionnelle ou paroissiale. 

Confrontés à notre réalité, nous pouvons découvrir que les Béatitudes peuvent être à la fois un horizon et un chemin toujours praticable qui nous permet de réinvestir notre présent avec cet élan de grâce qui rend notre humanité plus humaine et plus proche de la Création, telle que Dieu la créée !  

 

Prenons le temps, durant cette journée, de relire ces huit Béatitudes, de les faire nôtres ! 

Demandons la grâce au Seigneur de suivre le même chemin que Lui !

En marche, frères et sœurs !        

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 23 janvier 2023, 3ème semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 3, 22-30. Lettre aux Hébreux 9,15.24-28. Psaume 97.

 

L’évangile de ce jour nous parle d’esprit impur, de Satan, du diable, du démon : la Bible désigne par bien des noms celui qui était le premier parmi les anges de lumière. Ne l’oublions pas : il y a eu révolte et sécession !

Pour désigner le diable, il existe différents noms que nous avons tendance à employer de manière indifférenciée sans trop savoir ce qu’ils signifient, ni à quelle réalité ils appartiennent. L’étymologie de ces noms, issus des Écritures, nous permet de comprendre qui est Satan et quelles sont ses intentions.

Voici les différents noms du diable et leurs différentes significations :

  • ·      Satan : Adversaire ou accusateur, le trompeur.

  • ·      Diable : Diabolos, celui qui divise, le séparateur

  • ·      Démon : c’est un Esprit mauvais et impur qui vient parfois habiter, occuper ou posséder ,

  • ·      Lucifer : Ce nom n’est pas directement dans la Bible ! « Le porteur de la lumière »! Il a été jeté du ciel à cause de son péché, parce que, dans son orgueil, ange rebelle a voulu être comme Dieu.

  • ·      Beelzeboul signifie littéralement « seigneur du fumier ». C’est une allusion à Baal, la divinité phénicienne et philistine dont l’idolâtrie est décriée par les prophètes bibliques. Dans l’Ancien Testament, Baal est une idole, il incarne le faux dieu par excellence.

     Il est intéressant, pour aller un peu plus loin, de relire le premier livre de la Genèse. Il y eut, aux origines, une tentation et un mensonge irrémissible qui sera lourd de conséquences : celui de Satan, dont Jésus dit qu’il « est menteur et père du mensonge » (Jn 8, 44). La conséquence sera cette coupure, cette rupture de la relation vraie, simple et quotidienne de Dieu avec Adam et Eve. 

Alors, à quel jeu pervers se livre Satan ? Il s’efforce d’instiller dans l’esprit de la femme (et plus largement dans l’esprit de chacun) une idée fausse, une idée… satanique. Dieu vous trompe : ne l’écoutez pas ; mangez de ce fruit et vous serez comme des dieux… Satan veut prendre la place de Dieu et nous entrainer avec lui. 

Mettre Satan à la place de Dieu, faire croire que l’action de Jésus est due au diable, nier l’Esprit de vérité par lequel Jésus accomplit sa mission : n’est-ce pas ce que font les scribes et les pharisiens ? « C’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. »

C’est là une démarche satanique qui enferme l’homme dans une prison de ténèbres et l’empêche de reconnaître et de s’ouvrir à la source qui illumine et purifie, c’est-à-dire de s’ouvrir à Dieu Lui-même.

Nous arrive-t-il d’être nous-mêmes tentés par le diable ? Oui, Jésus Lui-même, bien qu'il soit Dieu, a été tenté par le diable. La réaction de Jésus doit être pour nous un exemple : sans se laisser prendre aux pièges de séduisantes et perfides paroles, Jésus a été entièrement fidèle dans un chemin d’obéissance à son Père, dans la confiance en son amour… 

Ne l’oublions pas Jésus est parfaitement vainqueur du diable à la croix, vainqueur de toutes nos « transgressions »(He 9,15), pour notre salut ! Nous sommes, nous aussi, invités à la confiance, à la fidélité dans l’amour de Dieu.

Quelles sont nos armes ? La prière, le chapelet, la lecture de la Parole de Dieu avec fidélité, recevoir et vivre le sacrement de réconciliation de façon régulière : autant de moyens concrets que le Seigneur nous offre afin que nous soyons vainqueurs de celui qui est le père du mensonge.

Demandons cette grâce pour chacun de nous ; sans aucune crainte et sans compromissions, faisons confiance à Dieu en toutes choses !             

                                                    Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 22 janvier 2023, 3ème dimanche du temps ordinaire, année A.

- Dimanche de la Parole -

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 4, 12-23. Livre du prophète Isaïe 8,23b à 9,3. Psaume 26.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 1,10-13.17.

 

Frères et sœurs, je ne doute pas un seul instant que vous soyez des familiers de la Parole de Dieu et que vous preniez plaisir à la goûter, car c’est une Parole qui donne vie ! 

Nous sommes pratiquement au début de l’évangile de saint Matthieu et, sans doute, connaissez-vous les expressions « vie cachée » et « vie publique » deux expressions qui désignent les deux étapes de la vie de Jésus. Effectivement, pendant trente ans, plus ou moins, mystérieusement sa divinité est restée cachée. Il était simplement un habitant comme les autres de la petite bourgade de Nazareth, le fils du charpentier Joseph et de Marie. 

Sa vie publique commence à partir du moment où Jésus quitte Nazareth et s’en vient à Capharnaüm.

Le Baptême qu’Il vient de recevoir (entendu quelques versets avant), onction de la part de Jean-le-Baptiste, vient lui révéler qu’Il peut se dire le Fils de Dieu comme l'Esprit le lui a fait connaître. Plus encore, les cieux se sont déchirés et la voix de Dieu, son Père, a résonné en affirmant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve toute ma joie ! »

L’évangile d’aujourd’hui, en saint Matthieu, nous fait donc connaître l’endroit où Jésus a commencé sa vie publique. Le choix qu’Il fait de s’installer à Capharnaüm est des plus intéressants et même programmatique de sa mission. 

Peut-être avez-vous eu cette grâce de faire un pèlerinage en Terre sainte et sans doute avez-vous visité cette ville ? On peut y voir la maison de saint Pierre telle qu’elle a été préservée dès le 3e siècle. Cette ville de Capharnaüm qui aujourd’hui est en ruine, mais qu’on visite avec émotion, était au temps de Jésus un véritable carrefour de commerce et d’échanges. Cette ville était très cosmopolite. 

On l'a appelée le « rendez-vous des nations ». Outre les juifs, des Romains, des Syriens, des habitants de la Cisjordanie, de Sion et du Liban… beaucoup de personnes y venaient pour commercer et même certains s’y établissaient. Ce qui fait que nous sommes très loin de l’atmosphère qui régnait à Nazareth, petite bourgade juive où tout le monde se connaissait et où la vie se déroulait sur un rythme marqué par les fêtes juives. Capharnaüm vivait sur une dynamique bien différente. Il y avait sans doute aussi, plusieurs temples voués à différentes divinités. De fait, cette ville devait être un “sacré bazar“ d’où l’expression qu’employait parfois ma maman en entrant dans ma chambre : « c’est un vrai capharnaüm » !

Jésus est conscient de cette diversité ; plus encore, Il la recherche, car elle est aussi pour lui une chance. Il veut porter le message qui est en Lui à toutes les nations. Il se présentera comme Celui qui est attendu par Israël, le Messie, mais déjà, dès les débuts de sa prédication, son regard se porte plus loin, aux périphéries, vers les nations païennes. 

Jésus commence donc sa vie publique sous le signe de l’ouverture, des défis de la rencontre, de la diversité et de l’annonce d’un Royaume différent des autres royaumes de la terre. 

Voilà  rapidement, le portrait de Jésus qui nous est donné ce dimanche. 

À ce portrait de Jésus, s’ajoute une action remarquable qui nous est racontée dans la seconde partie de l’évangile. Il s’agit du récit de la vocation de Pierre et André, de Jean et Jacques, tous deux fils de Zébédée, quatre pêcheurs dont Il fera des « pêcheurs d’hommes ».  

Ce qui est à retenir ici, au-delà de l’appel auquel ces quatre premiers Apôtres répondent avec empressement en abandonnant tout sur le champ, c’est le fait que Jésus décide de les associer à dès le début de sa mission. Jésus, au lieu de se lancer dans sa prédication seul sur les chemins de la Palestine, Il se liera avec ces premiers Apôtres qui seront accompagnés par la suite d’autres Apôtres pour former le groupe des Douze, mais aussi de disciples, hommes et femmes, qui vont le suivre tout au long de son ministère. 

Ce qui est remarquable également, c’est que Jésus n’a pas choisi des gens instruits, des savants ou des riches. Il arrête son choix sur des petits, des pêcheurs, comme plus tard sur un collecteur d’impôt, Matthieu (Marc 2, 13-17), puis sur des amis de ceux-ci, et même des pécheresses comme Marie-Madeleine ou Marie de Magdala (Luc 8, 2), sur des laissés pour compte. Il n’avait pas devant Lui des gens exceptionnels selon les critères mondains d’aujourd’hui.

C’était les représentants d’un monde bien ordinaire qui L’entouraient, mais ce qui est constant et frappant chez ces personnes, c’est leur attachement à JésusIls ont foi en Lui. « À qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle ? »dira saint Pierre à Jésus un jour où presque tout le monde le quittait (Jean 6, 68). Ce choix de Jésus illustre déjà l’essentiel de sa mission, choix qu’Il résumera dans cette phrase capitale : « le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19, 10). 

Sommes-nous persuadés que, sans le Christ, nous sommes perdus ?

 

Frères et sœurs, accueillons aujourd’hui le rappel des débuts de la vie publique de Jésus en nous laissant, nous aussi, habiter par un réel désir de Le suivre comme les premiers Apôtres, le désir de nous laisser « interpeller » par Lui. 

Redisons : « oui, j’appartiens au Christ et je ne veux pas de division en moi ! »  (1 Co 1,12) C’est Toi, Seigneur, que je veux suivre ! 

Demandons à l’Esprit Saint de renouveler notre ardeur et notre désir de témoigner de Jésus dans un monde qui a bien besoin de son message d’amour, d’unité, de confiance et de miséricorde. 

Frères et sœurs, voilà ce que nous recevons aujourd’hui, de la Parole de Dieu ; c’est un véritable trésor qui nous est offert ! Alors, prenons le temps de la parcourir, de la méditer, de la goûter et de nous en nourrir ! Laissons-nous habiter par elle et, par notre vie, notre façon d’être, nous transmettrons un peu de cet amour du Christ !

Rendons grâce à Dieu !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du vendredi 20 janvier 2023, vendredi de 2e semaine du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 3, 13-19. Lettre aux Hébreux 8, 6-13. Psaume 84.

 

Lundi dernier, je vous ai fait une introduction à cette lettre aux Hébreux. Je vous propose de revisiter ce matin, pendant quelques instants, cette lettre que je vous ai invité à lire en entier en demandant l’aide de l’Esprit Saint ! 

Dans le passage de ce jour, il est question d’Alliance(s) avec Dieu !

Celui qui a été un médiateur de l’Alliance faite avec les fils d’Israël, c’est Moïse. La relation de Dieu avec Moïse a été particulière et ponctuée d’événements comme celui du buisson Ardent, de la Tente de la Rencontre, des 10 commandements…

Mais cette alliance ne leur a pas donné la liberté de s’approcher de Dieu. Ils ont été tellement effrayés au mont Sinaï, qu’ils ont demandé à Moïse d’être un intermédiaire, pour ne pas entendre Dieu leur parler directement (Exode 20. 18-21). Cela peut paraître paradoxal, mais il y avait une crainte ! Cette crainte n’a pas duré longtemps, puisque dès qu’ils ont eu la Loi, ils l’ont transgressée, alors qu’ils s’étaient engagés à la respecter. 

Une nouvelle Alliance était donc nécessaire, pour l’accomplissement des promesses de Dieu. Peut-être vous posez-vous cette question :

 

Qu’est-ce qu’une alliance biblique?

C’est une relation au sens fort, un contrat, mais aussi un don, un arrangement entre deux parties : en l’occurrence, entre Dieu et un groupe de personnes. Ces deux parties ont alors des obligations à respecter.

L’alliance est toujours proposée par Dieu, qui assume ses obligations de plein gré. L’homme les reçoit comme prescrit par Dieu. L’obéissance à Dieu et aux commandements de Dieu, permet de demeurer en relation avec lui. 

Il y a eu plusieurs alliances dans la Bible (avec Abraham, Noé, David…). En fait, elles peuvent être rassemblées en deux catégories : l’ancienne et la nouvelle, qui (à tort) sont souvent mises en opposition.

L’Alliance avec Moïse fait référence. Elle est celle qui avait été contractée avec Israël, au mont Sinaï (Exode 19. 5). Sous cette alliance, la bénédiction de Dieu dépendait de l’obéissance à la loi. L’engagement était scellé par du sang (Exode 24. 3-8). Le contrat a été rompu par la désobéissance de l’homme.

Cette première alliance, pourtant déjà belle, s’est révélée insuffisante. Elle était temporelle et faillible par l’inconstance de l’homme. 

La seconde Alliance (au verset 7 de ce jour) est nouvelle, meilleure et éternelle. Sous cette Alliance, Dieu ne demande rien aux hommes, car toutes les saintes exigences de Dieu sont accomplies dans la personne et l’œuvre du Christ. Elle est également scellée par du sang ! En cela, elle est entièrement basée sur l’œuvre accomplie par le Christ, sur son sang versé à la croix.

 

Les chapitres suivants de cette lettre vont définir que le Christ est le centre de cette alliance. Il en est le garant et le médiateur par le don de sa vie.

 

Cette nouvelle Alliance est aussi la promesse d’un changement intérieur  !

Dieu pourvoit à ce changement en renouvelant notre cœur. Il dit : « je leur donnerai mes lois, je les inscrirai dans leur pensée et sur leurs cœurs. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ».

Déjà le Prophète Ezéchiel nous l’annonçait (Chp. 36,26) en parlant de Dieu : « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous »

Frères et sœurs, par notre baptême et le don de l’Esprit Saint, c’est le Christ lui-même qui écrit dans le cœur des croyants ! C’est toujours par Lui que la bénédiction et l’amour du Père nous sont donnés ! 

Prenons le temps de relire cette lettre !                      

Bonne méditation

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 16 janvier 2023, lundi de la 2e semaine du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 2, 18-22. Lettre aux Hébreux 5, 1-10. Psaume 109.

 

Si vous me le permettez, je vais m’intéresser avec vous, aujourd’hui, à cette lettre aux Hébreux que nous allons lire durant plusieurs jours. Avez-vous eu l’occasion de la lire en entier ? Savez-vous que nous n’en connaissons pas l’auteur ? 

Sans doute, a-t-elle été composée par les disciples de saint Paul pour ne pas perdre ce qui n’avait pas encore été mis par écrit de l’enseignement de leur Apôtre. Le style diffère un peu, mais le fond s’accorde bien avec la pensée de saint Paul et de ses écrits ; elle est très intéressante et puissante ! Je vous invite à prendre vraiment le temps de la lire.

Cette lettre est adressée particulièrement aux chrétiens d'origine juive, donc connaissant bien, en principe, la foi, les rites du judaïsme et surtout la promesse de Dieu en la venue du Messie Sauveur. 

Dans le passage d’aujourd’hui, nous pouvons noter deux types de grands-prêtres : 

  • d'un côté, le grand prêtre du culte juif, 
  • de l'autre Jésus, celui d'un culte nouveau.

- Le grand prêtre juif a pour mission de veiller aux relations avec Dieu, et ce, en faveur des hommes. Il a une fonction de médiateur pour les péchés, et il est un pontife, c’est-à-dire un faiseur de ponts entre Dieu et les hommes, entre les hommes et Dieu. Parmi ses fonctions, il y a celle d'entrer une fois l'an, à l'automne, dans la partie la plus sacrée du temple de Jérusalem pour un sacrifice pour les péchés, dans le cadre de la grande fête de Kippour, la fête du pardon. Cela nous rappelle un épisode que nous connaissons bien, c’est celui avec Zacharie qui était le grand prêtre cette année-là. Il entre dans le Saint des saints et il a cette apparition de l’ange qui lui annonce la naissance à venir, celle de Jean. À ce moment-là, Zacharie à cause du doute qu’il formule, devient muet. Ces prêtres sont de la famille d'Aaron, le frère de Moïse, la famille choisie par Dieu, de la tribu de Lévi dont une fonction importante est le culte du temple.

- Jésus est lui aussi présenté comme grand prêtre, mais d'une Alliance Nouvelle, élargie à toute l'humanité. Il n'est pas de la tribu des prêtres juifs. Sa mission prend sa source au sein même de Dieu. 

L'auteur de la lettre l'affirme en citant un vieux psaume annonçant le Messie futur comme étant Fils de Dieu, intérieur à Dieu même : « Tu es mon Fils », avons-nous entendu. Et il ajoute une autre citation du psaume 109 où le sacerdoce de Jésus est dit « de l'ordre de Melkisédek »

Melkisédek est ce personnage mystérieux, qu'Abraham rencontre un jour non loin de Jérusalem. Melkisédek est ‘un roi de justice’, il est roi de Salem (la ‘ville de la Paix’). Il fit apporter du pain et du vin : « il était prêtre du Dieu Très-Haut » (Genèse 14,18s.). 

Ce prêtre du "Dieu Très-Haut", comme Jésus, n'est pas de la tribu sacerdotale. Melkisédek n'appartient même pas au peuple élu ! Mystérieusement, il offre du pain et du vin, offrande annonciatrice et figure de ce pain et de ce vin du sacrifice du Christ, lors de la Cène le soir du Jeudi Saint. 

Cette figure de Melkisédek est reprise dans le Canon romain, la prière Eucharistique n°1 qui évoque « le sacrifice de notre père Abraham, et celui que t’offrit Melkisédek, ton grand prêtre, en signe du sacrifice parfait ». Melkisédek est donc compris, par les Père de l’Église, comme étant une figure de Jésus. 

Cependant, Jésus va plus loin, son offrande, c'est tout Lui-même, toute sa vie. Dans le pain et le vin se trouve réellement toute la personne de Jésus ! Il y a donc continuité et en même temps, une nouveauté entre le sacerdoce de l'Ancien Testament et celui du Nouveau Testament. 

Le sacerdoce de Jésus porte à son accomplissement plénier - à sa perfection - à son sommet, le sacerdoce juif ancien. « Je ne suis pas venu abolir la loi et les prophètes, je suis venu accomplir », dit Jésus (Mt 5,17).

Frères et sœurs, prenons le temps de lire et relire cette lettre aux Hébreux dans son intégralité ! Méditons-là, elle est vraiment remarquable, captivante, inspirante !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 15 janvier 2023, 2ème dimanche du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 1, 29-34. Livre du prophète Isaïe 49, 3.5-6. Psaume 39.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 1, 1-3.

 

Comme nous le disions au début de cette messe, lors d’un baptême, il y a un “avant“ et un “après“. L’évangéliste saint Jean nous rapporte d’une manière très particulière le baptême de Jésus au Jourdain. L’évangéliste ne relate pas cette scène, il la fait raconter par la voix du Baptiste. Saint Jean nous invite ainsi à découvrir progressivement, comme à son habitude, le contenu et la qualité de ce témoignage ainsi que la précision de chaque mot.

Jean-Baptiste désigne Jésus par ces mots : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Chacun de ces mots est important !

Nous exprimons cette expression plusieurs fois chaque dimanche, lorsque nous célébrons l'Eucharistie. Avons-nous conscience, frères et sœurs, du sens de ces mots, ou les répétons-nous un peu mécaniquement ?

Ce matin, en revisitant quelques passages de l’Écriture Sainte, je vous propose de réfléchir quelques instants pour nous demander ce que signifie cette expression.

 

- Premièrement : « L'Agneau de Dieu » : l'expression fait d'abord référence à des textes importants de la Bible, plus particulièrement à l’Ancien Testament. Le premier auquel je pense, c'est au livre d'Isaïe, au chapitre 53. Je vous invite à relire ce chapitre, où le prophète parle d'un « serviteur de Dieu » et d’un « agneau »

Qui est ce « serviteur de Dieu » ? Parle-t-il de lui-même, du peuple d'Israël, ou du Messie ? Ce qui est saisissant, c’est que quelques siècles avant Jésus-Christ, Isaïe décrit avec une grande précision la passion de Jésus, comme s'il y assistait. Que dit-il ? « Comme un agneau qu'on mène à l'abattoir, il n'a pas ouvert la bouche...Nous l'avons vu, il n'avait ni beauté ni éclat, le dernier des hommes, un homme voué à la souffrance », ou encore : « c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. » (Is 53)

Les juifs connaissent par cœur le livre d’Isaïe. En entendant Jean-Baptiste dire ces mots, ses auditeurs pensent tout de suite au Serviteur de Dieu, c’est-à-dire au Messie.

« Agneau » : l'expression fait également référence à un épisode fondateur de l'histoire sainte : le passage de la Mer Rouge (livre de l’Exode chp. 12). Juste avant de fuir la terre de l'oppression pour passer dans la terre de la liberté (la terre promise), nous nous rappelons comment les Hébreux ont tué un agneau dans chaque famille, en ont pris le sang pour badigeonner les linteaux de leurs maisons, puis, très rapidement en y préparant des herbes amères, ils ont mangé l'agneau. Depuis cette première « pâque », et jusqu'à aujourd'hui, on célèbre toujours le mémorial du « passage » (Pessah) de l’esclavage à la liberté, de la mort à la vie, en mangeant l'agneau pascal.

Pourquoi le rituel juif a-t-il repris cette tradition de l'agneau ? Sans doute, parce que l'agneau est la nourriture habituelle des nomades, mais également parce que l'agneau est le symbole de la victime innocente, et le symbole de la non-violence. Ne dit-on pas, encore aujourd'hui : « doux comme un agneau » ?

En désignant Jésus comme « l'Agneau de Dieu », Jean-le-Baptiste le présente aussi comme quelqu'un qui se place du côté des victimes, qui n’oppose pas de résistance à ceux qui lui volent sa vie. 

Jésus dénonce, par son attitude, toutes les attitudes de violence, d'oppression, toutes les conduites meurtrières et folles de l'humanité.

 

- Deuxièmement, Jean complète l’expression : «Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Là encore, chaque mot est essentiel ! « Qui enlève le péché du monde ».

Cet agneau enlève (ou ‘porte’ selon les différentes traductions) le péché du monde ! Cette expression peut sembler bien étrange : un agneau, petit, faible… vient enlever le poids, la lourdeur des péchés du monde. Le contraste est extrême entre :

  • l’Unique (un agneau) et la multiplicité (les péchés),
  • entre un petit être naissant (agneau) et le ‘vieux’ monde,
  • entre la sainteté de Dieu et les péchés du monde.

Pourtant malgré ces oppositions, une réconciliation et une restauration sont attendues. Enlever les péchés du monde revient à redonner au monde son identité première d’espace (ou de Création) créé par Dieu pour le bien de tous, c’est-à-dire pour toute l’humanité. 

En désignant Jésus comme « l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde », Jean-le-Baptiste reconnaît l’identité et la mission divine de Jésus, Celui qui vient réconcilier le monde à Dieu. Car cet homme n’est pas un simple messie, il est celui qui était avant le baptiste. 

L’évangéliste fait écho ici au Prologue de son évangile affirmant la préexistence divine du Christ, le Verbe, qui était au commencement auprès de Dieu et qui a planté sa tente parmi nous (Jn 1). 

Regardant Jésus venir à lui, Jean reconnaît qui est Jésus et il nous oriente déjà vers la croix, lieu du sacrifice et du Salut ! Cette croix devient le lieu où le Fils révèle l’amour du Père en réponse à son Baptême où le Père révélait son amour pour le Fils !

Cet « Agneau de Dieu » nous renvoie donc à la préparation de la Pâque (Jn 19,14), où l’on sacrifiait les agneaux, jour de la Passion de Jésus. 

Avec ces quelques mots, Jean vient témoigner de l’identité divine de Jésus et de sa mission qui s’accomplira jusque sur la croix pour apporter le Pardon et le Salut.

C’est toute la révélation qui nous est donnée ! Les auditeurs juifs qui étaient sur le bord du Jourdain ont immédiatement saisi le sens de cette annonce. Pour nous qui prononçons ces mots un peu machinalement, il est bon de prendre le temps de retrouver ces fondamentaux, de comprendre ce que nous exprimons et ce que nous vivons, vraiment, à chaque Eucharistie.

 

Un dernier point pour terminer ! 

Sans doute avez-vous remarqué qu’il y a une redondance dans le texte de l’évangile. Celui qui vient de désigner Jésuscomme l’Agneau de Dieu, déclare aussitôt : « Je ne le connaissais pas ». Le baptiste affirme même par deux fois son ignorance ; une insistance n’est jamais anodine dans la Bible. Il y a un message très concret que nous devons entendre ! Peut-être sommes-nous un peu troublés par cet aveu, en raison de l’évangile de Luc qui fait du Baptiste un cousin de Jésus (Lc 1,36) !

Le Baptiste ne connaît pas Jésus avant qu’Il vienne à sa rencontre. Il a raison ! Il faut la voix du Père pour que Jean-le-Baptiste puisse véritablement comprendre et rendre témoignage. Il faut que le ciel s’ouvre, que l’Esprit Saint descende pour que Jean comprenne que « oui » : Jésus est bien Celui que nous attendons et qu’Il est le Messie annoncé par les prophètes. Il a fallu que Jean-le-Baptiste entende la voix du Père pour qu’il devienne le porte-parole de Dieu ! La Parole de Dieu apparaît comme incontournable pour connaître Jésus, l’Agneau de Dieu, celui qui annonce un baptême dans l’Esprit Saint.  

Je termine donc par cette question : finalement, nous-mêmes, quand nous prononçons ces paroles lors de la messe, comment le faisons-nous ? Comprenons-nous vraiment qui est Jésus pour moi ? Ou encore, et c’est plein d’espérance :avons-nous fini de découvrir qui est Jésus pour moi ? 

Si nous avons un peu de temps, comme je l’espère, relisons le chapitre 53e d’Isaïe  ainsi qu’Exode 12, reprenons les textes de ce jour ! Tout cela va s’éclairer autrement dans notre intelligence et notre cœur.

Bonne méditation 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 13 janvier 2023, vendredi de la 1ere semaine du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 2, 1-12. Lettre aux Hébreux 4, 1-5.11. Psaume 77.

 

Après une longue pérégrination en Galilée, nous voilà donc de retour à Capharnaüm, dans la maison de saint Pierre. Cela aurait dû être, dans cette maison, un temps de vie simple, familial, un temps de repos bien mérité aussi, après avoir tant marché et effectué plusieurs guérisons. 

En réalité, il en sera autrement. 

Jésus est donc de retour à Capharnaüm et aussitôt, le bruit court qu’Il est dans la maison de Simon-Pierre. Tant de monde s’y rassemble qu’il n’y a plus de place, pas même devant la porte ! Là, Jésus leur « annonçait la Parole » nous dit saint Marc.

Imaginons la scène ! La maison, le petit patio, la cour devant la maison… Cependant, la maison galiléenne n’est pas si grande. Régulièrement, à chaque passage de Jésus, l’endroit est pris d’assaut. Cette maison devient un lieu de rassemblement où Jésus enseigne, parallèlement à la synagogue. Combien sont-ils, ce jour-là ? Sans doute nombreux à s’y entasser, avides d’écouter le Maitre !

En utilisant le verbe, « se rassembler », saint Marc ne désigne pas une file d’attente de curieux ou de malades espérant un miracle, mais des hommes et des femmes venus d’abord pour L’écouter, écouter sa ParoleMais, le fait est là : il n’y a plus de place !

Nous connaissons bien ce passage : arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes. Comme ils ne peuvent l’approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus du lieu où se trouve Jésus et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé. Nous voyons presque la scène tellement la description est réaliste ! 

Cette opération n’est pas passée inaperçue ! Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. »

Il existe de nombreuses interprétations de cet évangile. Ne risquons pas de réduire cette personne paralysée à son handicap, ni à un désir de guérison qui est, à ce moment du récit, peut-être, plus le nôtre que le sien. 

Nous aimerions, sans trop attendre, un petit miracle supplémentaire ! 

Mais, à bien y regarder, ne serait-ce pas autre chose qui motive ces cinq personnes ? 

Saint Marc nous a précédemment avertis : la foi véritable naît de l’écoute féconde de sa Parole et non d’une croyance en ses seuls miracles. C’est également ce que nous avons entendu dans la première lecture de la lettre aux Hébreux. 

Jésus, voyant la foi de ces hommes, nous montre qu’ils s’inscrivent dans la dynamique du règne et du Salut. Ils ont entendu la Parole de Dieu ; peut-être veulent-ils tout simplement la faire entendre à cet homme paralysé ? Comme de vrais disciples de Jésus, leur témoignage de foi devient visible dans le service de la charité.

Cette personne paralysée n’a-t-elle pas aussi le droit d’écouter la Parole et d’entrer ainsi dans la foi ? La mission des disciples n’est-elle pas justement d’amener vers Jésus ces personnes que les fragilités et les blessures laissent à la porte, quitte à franchir audacieusement bien des barrières et des obstacles ou des toits ?

Chers frères et sœurs, quelle est notre mission ? Amener les personnes à Jésus pour qu’elles entendent sa Parole ? Encore faut-il que nous soyons, nous-mêmes, pétris de cette Parole ! 

Prenons-nous le temps de la lire autrement que lors des eucharisties où nous en écoutons seulement de courts passages ? Prenons-nous le temps de la goûter véritablement, car c’est une Parole qui nous fait entrer dans une foi renouvelée, elle nous fait revivre, elle nous fait renaître et pardonne à celui qu’il appelle déjà, mon enfant !     

Demandons la grâce, ce matin, d’avoir ce désir renouvelé d’écouter, de lire la Parole de Dieu !       

                                                       Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 9 janvier 2023, fête du Baptême du Seigneur. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 3, 13-17. Livre du prophète Isaïe 42, 1- 4.6-7. Psaume 28.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 3, 2-3a. 5-6.

 

Hier, dimanche, nous avons vécu une belle solennité où les Mages sont venus se prosterner devant notre Seigneur. L'Épiphanie (mot qui signifie « manifestation » ou « révélation »), ne se limite pas à la visite des Mages qui adorent l'Enfant Dieu aux lueurs de l'étoile. Aujourd'hui, ce baptême, qui est aussi une Épiphanie, nous parle par la parole de Dieu : « Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, en qui j'ai mis je trouve ma joie. » Par exemple : les noces de Cana sont tout autant une épiphanie que l'adoration des mages et le baptême au Jourdain.

Jésus est plongé par Jean-le-Baptiste dans l'eau et Il en ressort. Ce mouvement, signe du baptême primitif, est l'image de sa mort (plonger) et de sa résurrection (sortir). L’eau est à la fois, un signe de vie (elle est nécessaire), mais, elle est aussi, signe de mort : un lieu où nous pouvons nous noyer. 

À l’époque de Jésus, l’eau avait aussi ce côté obscur et trouble. Au moment où Jésus ressort de l’eau, à la lumière :« Les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre sur lui »

Le monde de Dieu n'est plus fermé et lointain. Il est visible et accessible en Jésus. L'Esprit relie le ciel à la terre et la terre au ciel. Par Jésus, par son acte d’humilité, la communication entre Dieu et les hommes est, à nouveau, rétablie et possible.

Le baptême nous donne l'Esprit Saint pour connaître Dieu, vivre de lui, le communiquer, comprendre le projet de salut qu’Il a pour chacun de nous. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé
en qui je trouve ma joie. » 
: ce sont les mots du Père exprimant sa relation aimante et joyeuse à Jésus et lui assignant sa mission. Cette même parole de bénédiction a été prononcée définitivement sur chacun de nous et pour toute notre vie, au jour de notre baptême.

La célébration du baptême du Seigneur renvoie donc à notre propre baptême. Le baptême, jour de notre naissance en Dieu, nous faisant filles et fils par adoption du Père, sœur et frère de tous dans l'Esprit Saint. 

Non seulement Jésus est enfant de Dieu, mais nous le sommes, nous aussi. Nous sommes aussi témoins d'une nouvelle création, témoins de la tendresse et de la miséricorde du Père pour les enfants : pour ses enfants que nous sommes. 

Cela veut dire qu'à la suite de notre baptême, nous sommes invités à rendre témoignage à Jésus en paroles, mais surtout en actes. Le baptême nous immerge dans la vie de Pâques et fait de nous des créatures nouvelles. En effet, il n’est pas anodin que dès le début de l’Église, les baptêmes avaient lieu à un moment précis, lors de la nuit de Pâques, au moment de la résurrection de Jésus.

Chers frères et sœurs, le baptême nous donne le Christ pour passer avec Lui continuellement :

  • de la mort à la vie, 
  • du péché à la sainteté, 
  • de l'égoïsme à l'amour.

En cette Solennité, rendons grâce à Dieu pour notre baptême !

Recevons ce cadeau de l’amour de Dieu, choisissons cette Vie en Dieu ! 

Frères et Sœurs, c’est bien ce témoignage de l’amour de Dieu, que nous pouvons donner ensemble !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 8 janvier 2023, solennité de l’Épiphanie du Seigneur. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 2, 1-12. Livre du prophète Isaïe 60, 1-6. Psaume 71.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 3, 2-3a. 5-6.

 

Chers amis, nous connaissons bien ce récit qui commence comme un beau conte oriental !

Voilà des Mages bien savants et surtout des sages attentifs qui ont vu apparaître une étoile peu ordinaire !

Précisons que ces Mages sont non-juifs, et ne sont pas des rois ; ils sont surtout des chercheurs de Dieu, des chercheurs des mystères de la Création ! Audacieux et déterminés, ils se mettent en route ! Cherchant leur chemin, ils demanderont même où se trouve le roi des Juifs qui vient de naître. 

La question qui les habite au plus profond d’eux-mêmes pourrait se traduire ainsi : « Où est le Seigneur-Roi ? »

N’oublions pas que l’évangéliste saint Matthieu relate, ici, un message d’universalité. 

Ce message d’universalité est déjà présent dans la première lecture, tirée du Livre d’Isaïe. Ce message nous enseigne que tout homme et toute femme de bonne volonté, qui cherche sincèrement le bien, la justice et la paix, peuvent se reconnaître chez ceux qui espèrent et marchent vers la lumière.

C’est le même message que l’on retrouve dans la seconde lecture, tirée de la lettre de saint Paul aux Éphésiens, où il annonce cette bonne nouvelle que : « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. »

Depuis le début de l’humanité, et aussi loin que nous pouvons remonter dans le temps, l’homme porte en lui, cette recherche et cette interrogation métaphysique : « Où es-tu, Créateur du monde ?Pourquoi suis-je ? Où est notre Dieu ? Et qui est-il ? » Mais si ces mages de l’évangile se sont mis en route, c’est en vérité pour répondre à l’initiative toujours première de Dieu. C’est bien là, le sens évident de l’étoile : c’est toujours d’abord Dieu qui se met à la recherche de l’homme, qui lui lance, un premier, un appel et lui indique un chemin ! 

Avec Dieu, il n’est pas question de races, de classes, ni même de sainteté. Dieu appelle tous les hommes : quels que soient leur continent, les blancs, les jaunes, les noirs, les riches et les pauvres, les pécheurs et les justes. Sans demander une soumission quelconque, l’invitation est pour tous ! Libre à chacun de se mettre en route ! Mais tous peuvent trouver, s’ils le souhaitent, une place dans la caravane des mages.

 

Deux constats s’imposent :

- L’audace est nécessaire ! Ne faut-il pas être un peu fou pour partir ainsi à l’aventure, comme jadis Abraham, Moïse, Marie, Joseph et bien d’autres encore ? 

- Nombreux sont appelés, beaucoup portent en eux-mêmes cette interrogation, mais peu y répondent ! Combien d’hommes, au temps des Mages, ont remarqué et suivi l’étoile ? Dieu n’est-il pas le laissé-pour-compte de nos emplois de temps trop chargés ? L’étoile de Dieu ne disparaît-elle pas dans les paillettes jetées par notre société !

Ce qui est certain, heureusement, c’est qu’il existe toujours des chercheurs de Dieu, des sages assoiffés d’infini, assoiffés de Dieu ! À vous tous, j’adresse un grand merci d’être là, ce soir.

Si Dieu nous indique une route, il faudra donc, aussi notre détermination ! 

Cela est important, car ces mages ne sont pas restés bien assis dans leur fauteuil, enfermés dans leur science, dans leurs connaissances ou dans leurs dogmes. Ils se sont mis en marche. Ils se sont déplacés avec les risques inhérents à tout voyage, et particulièrement à leur époque. Ils sont entrés dans une route qui n’était pas toute tracée d’avance. 

Par exemple, lorsque les Mages arrivent à l’entrée de Jérusalem, l’étoile va disparaître. Pourquoi l’évangéliste nous le précise-t-il ? Peut-être qu’une grande ville bruyante peut éteindre la lumière de Dieu ! Loin de baisser les bras, ces Mages interrogent alors Hérode puis les prêtres par une question capitale :

Où est-il ce roi qui vient de naître, dont nous avons perdu la trace ?

Je termine sur cette question qui est posée : elle est importante et capitale ! Elle résume en fait, la quête de beaucoup de nos contemporains ! Et même, à certains moments : n’est-ce pas aussi notre question ?

  • « Où es-tu, Seigneur ? » Les Mages T’ont trouvé sous les traits d’un enfant. Peut-être devons-nous Te chercher tout simplement sous les traits des plus faibles, des plus pauvres, dans la fragilité d’un enfant, comme des personnes âgées, bref, de ceux qui ont besoin d’amour ou tout simplement d’une présence. 
  • « Où es-tu, Seigneur ? » Élie, le prophète T’avait trouvé non pas dans la tempête ou le vent, mais « dans le murmure d’une brise légère. » (1R 19) Dieu se cherche et se trouve dans le silence, dans la prière qui est d’abord une écoute. 
  • « Où es-tu, Seigneur ? » Les Mages T’ont trouvé à Bethléem qui signifie la « maison du pain ». Et là, ils t’ont trouvé réellement dans cette mangeoire, annonce du pain de l’Eucharistie !
  • « Où es-tu, Seigneur ? » L’homme est fondamentalement un chercheur, mais a-t-il encore le goût, cette audace et cette sagesse, dans notre société si souvent en manque de repère et d’écoute, d’entendre ton appel ?

Comment donner la soif et le goût de Dieu aux hommes qui les ont perdus ? Avec humour, j’emprunte cette image au prêtre dominicain Jacques Loew : « Comment faire boire un âne qui n’a pas soif ? » (Jacques Loew dans « Paraboles et Fariboles »)

Comment donc faire boire cet âne tout en respectant sa liberté ? Est-ce qu’on le force, on le contraint, on le soumet ?

Vous connaissez, sans doute, la réponse ! Il s’agit de : « Trouver un autre âne qui a soif et qui boira longuement, avec joie et volupté, au côté de son congénère ! »

Chers frères et sœurs, réjouissons-nous de cette merveilleuse histoire si inspirante et si actuelle. Humblement, devenons ces mages ou ces sages – et pourquoi pas ces ânes - assoiffés de Dieu, qui seront pour les autres comme une étoile qui leur donnera l’envie d’en faire autant !

Un dernier point : après avoir bu et goûté la présence de Dieu, ne repartons pas comme nous sommes venus ! Repartons par un autre chemin en devenant disciples de Jésus !

Voilà, chers frères et sœurs, notre joie de ce jour !

Les Mages nous montrent le chemin ; puissions-nous humblement prendre leur suite pour aller vers le Christ !                                                                                                                                           

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 6 janvier 2023, vendredi avant l’Épiphanie. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 7-11. Première lettre de saint Jean 5, 5-13. Psaume 147.

 

Frères et sœurs, comprenons-nous vraiment la mission de Jean-le-Baptiste et le formidable élan de conversion qu’il a suscité dans le peuple hébreu à son époque ? Sa prédication musclée, sa figure prophétique ont bouleversé de nombreuses personnes.

Tous ceux et toutes celles qui se décidaient à changer de vie, à vivre une réelle conversion et à faire à Dieu toute sa place, venaient à la rencontre de Jean pour se plonger dans les eaux du Jourdain en signe d’un renouveau intérieur, et se faire baptiser. 

Cet élan est remarquable et il est particulièrement souligné par les évangélistes. C’est au milieu de ces foules que Jésus arrive au bord du Jourdain !

Volontairement et bien que sans péché, Jésus Lui aussi, vient se faire baptiser par Jean.

Nous assistons, à cet instant, à la double action d’une solidarité qui nous dépasse ! 

  • Jésus a donc inauguré sa vie publique par un acte d'humilité et de SOLIDARITÉ avec les hommes qu'Il vient sauver, 
  • et c'est ce moment-là que Dieu le Père a choisi pour manifester au monde sa SOLIDARITÉ et sa proximité avec son Fils.

En remontant de l'eau nous dit saint Marc, Jésus voit le ciel se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre vers Lui.

Au même instant, accompagnant cette venue de l'Esprit qui Le désigne, une voix venant du ciel, la voix de Dieu, se fait entendre en disant : "Tu es mon Fils Bien-aimé, en toi je trouve toute ma joie !".

Rappelons-nous : la communication avec Dieu, le Père, avait été rompue par le refus de nos proto-parents Adam et Ève. Le ciel avait été fermé : voilà qu’il s’ouvre à nouveau ! Nous entendons la voix du Père et l’Esprit Saint nous est donné. 

Jésus qui entend, le Père qui parle, l'Esprit qui descend :

dès la première page de l'Évangile de saint Marc, 

c'est la Trinité sainte qui se manifeste !

Déjà au baptême, c'est le mystère de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, qui commence à se révéler.

Au moment même où Jésus accepte avec humilité ce Baptême de conversion, au moment même où Il fait cet acte de devenir frère parmi les frères, Dieu le Père exulte ; c’est une joie au ciel ! Dieu le Père le fête comme son Fils, son Bien Aimé, Celui qui est source de toute joie.

 Cela nous renvoie à notre propre baptême, car c’est cette même joie du Père qui nous est donnée ! C’est cette même joie indicible lors de chaque baptême célébré ! Joie dans le cœur du baptisé et joie dans le cœur de Dieu !

Quelle est le motif de la joie profonde du Père et du Fils ? Saint Jean nous le rappelle dans la 1re lecture : « pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui mettez votre foi dans le nom du Fils de Dieu. »

Chers amis, comprenons-nous cela ? Comprenons-nous que cette invitation nous dépasse ?

C'est bien de cela que l'Esprit-Saint témoigne aujourd'hui dans l'Église : c'est tout le mystère de Jésus qui nous sauve pour que nous ayons la Vie éternelle, de Noël au Cénacle, du Baptême à la Croix, de la mort à la Vie ! 

Oui, le désir et la joie de Dieu, c’est que nous soyons avec Lui pour toujours !

Prenons le temps de méditer ces paroles toute cette journée.                                                                                                               

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 2 janvier 2023, lundi avant l’Épiphanie. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 1, 19-28. Première lettre de saint Jean 2, 22-28. Psaume 97.

 

Chers amis, nous sommes aux premiers jours de l’année 2023, et déjà, l’évangile veut stimuler notre curiosité, elle veut nous “titiller“, comme pour nous dire de ne pas entrer dans la routine ! Ne soyons pas passifs, mais audacieux ! Soyons attentifs à ce qui se passe !

Loin de nous alanguir dans une digestion difficile ou de ronronner sous la couette, nous quittons la crèche pour faire un bon de 30 années ! Nous nous retrouvons à « Béthanie, de l’autre côté du Jourdain. » Jean est là.

La foule s’interroge et on parle de lui : 

« As-tu vu Jean, celui qui baptise ? As-tu rencontré Jean ? »

De plus en plus, à Jérusalem, les croyants les plus lucides, les plus sincères, n'avaient que cette question à la bouche Qui est-il donc s’il n’est ni le prophète Élie, ni le Prophète annoncé ? Jean, intriguait par son style de vie, par son ascèse, par la vigueur de sa parole qui appelait à une vraie conversion. 

 Des prêtres et des lévites viennent officiellement poser à Jean cette question : « Qui es-tu ? », et surtout : « Que dis-tu de toi ? » Cela dit, ils expriment aussi une véritable attente. Encore aujourd’hui, le peuple Hébreu est dans l’espérance du Messie, tout entier dans cette disponibilité : « Si tu es le Messie attendu, tu dois en avoir conscience ! Si tu es Élie, ou un prophète … attendu pour la dernière ligne droite de l'histoire du monde, dis-le-nous franchement ! »

La réponse du Baptiste est étonnante : « Je ne suis qu'une voix ». Non pas la Parole définitive, mais une voix, une alarme, un cri qui surprend, un cri qui touche et fait se retourner. Et son message est un programme de vie en reprenant simplement, mais essentiellement l’annonce du prophète Isaïe : « Aplanissez dans le désert le chemin du Seigneur. »

Frères et sœurs, nous sommes encore à quelques jours de la Crèche et le monde a besoin de nouveaux Jean-Baptiste ! Notre temps a encore et inlassablement besoin d’entendre la voix de témoins enflammés de Dieu !

Pour cela, nous sommes invités :

  • à raviver la FOI reçue à notre baptême !
  • à demander la Grâce et le renouvellement de la force de l’Esprit Saint en chacun de nous, pour nous-mêmes, notre famille et pour notre communauté.

Le baptême que donnait Jean dans les eaux du Jourdain était simplement un rite d'éveil, de repentir, de conversion au sérieux de la foi. Jésus, Lui, vient plonger les hommes et les femmes dans l'Esprit Saint, qui est la force efficace de Dieu. 

Tous ceux et toutes celles qui remontent, ruisselants de cette plongée dans l'Esprit Saint, sont recréés à l'image de Dieu et fortifiés pour la marche à la suite de Dieu !

En ce premier jour de l’année, nous sommes invités à entendre cette voix tonitruante de Jean qui appelle à la conversion et ensemble, frères et sœurs, soyons ces témoins audacieux, ces disciples missionnaires pour cette nouvelle année 2023 !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 1er janvier 2023, solennité de sainte Marie, Mère de Dieu. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 2, 16-21. Livre des Nombres 6, 22-27. Psaume 66.

Lettre de saint Paul aux Galates 4, 4-7.

Journée mondiale pour la paix

 

Chers amis, voici une nouvelle année qui commence ! Comme moi, vous avez déjà sans doute reçu une multitude de textos, d’appels téléphoniques qui, par vos smartphones, vous ont apporté plein de vœux amicaux !

Une nouvelle année est toujours un moment particulier. 

De quoi l’année sera-t-elle faite ? Quels événements se produiront dans nos vies personnelles : des joies, des rencontres, un mariage, des naissances, de belles réussites professionnelles, des mutations ; sans doute vivrons-nous aussi des maladies, des deuils, des moments difficiles. 

Quels seront les événements dans le monde ? Comme nous l’espérons tous, peut-être une paix en Ukraine, une prospérité, une remontée économique… peut-être, hélas aussi, des affrontements, des guerres… Que sais-je ?

Ce n’est pas le temps, ce matin, de jouer aux devins et de se lancer dans des pronostics, si ce n’est d’espérer le meilleur pour notre monde ! 

L’invitation est plutôt d’établir dans quel état d’esprit, dans quelle disponibilité de cœur… nous allons vivre cette nouvelle année, car tout changement commence par changer soi-même !

Les textes de la Parole de Dieu d’aujourd’hui nous seront des plus utiles parce qu’ils nous donnent une direction, un sens et un objectif. Je le redis : tout changement commence par changer soi-même !

De fait, ces textes nous orientent vers nos racines chrétiennes : la promesse de Dieu, la décision de quitter nos esclavages, de vivre de cette liberté d’enfants de Dieu, découvrir qui est le Père et son projet de vie…

Notre désir de vivre une année nouvelle de façon satisfaisante, apaisée, respectueuse… est une intention bonne et souhaitable qui redit notre réelle espérance !

Mais désirer vivre une année nouvelle de cette façon, devrait aussi nous décider à laisser tomber ce qui nous appesantit, ce qui nous contraint, ce qui peut nous emprisonner… pour nous conduire à laisser entrer un peu d’air nouveau et frais dans notre quotidien. 

Dans certains pays, il existe même une tradition surprenante : le 31 décembre est le jour où l’on jette par les fenêtres, tout ce qui est vieux et usagé : meubles, vêtements… (il n’est rien dit de ce qui est fait des conjoints ou des enfants ; LOL)

Concédons que la méthode est radicale et pas très écologique, mais ces gens n’ont peut-être pas totalement tort, dans le fond, de marquer ainsi un changement bienvenu.

Il est encourageant et utile de regarder en avant avec des yeux neufs quand commence une nouvelle année. Mais comme nous le proposent les textes des lectures de ce matin, ce regard tourné vers de nouveaux horizons ne doit pas nous couper de ce qui fait ce que nous sommes et pourquoi nous sommes dans cette église. Il ne s’agit pas de rejeter ou de se couper de ses racines : de son baptême, de son histoire, de ses responsabilités.

Comment alors garder ces liens avec ses racines ? N’est-ce pas notre important défi pour cette nouvelle année ! Pour cela je vous invite à laisser de côté les enjeux politiques bien réels qui, sans doute, peuvent nous préoccuper, et à éviter de nous laisser entrainer dans des chemins de traverse qu’objectivement nous  nous ne voudrions pas !

Regardons plutôt, ce matin, la question du point de vue d’une personne disciple de Jésus, c’est-à-dire de chacun de nous, de moi, de toi, de nous qui sommes réunis dans cette église.

Pour les chrétiens que nous sommes, la foi est un don de l’Esprit Saint reçu à notre baptême et redynamisé par les sacrements, la prière, la lecture de la Parole de Dieu, par une charité active… 

Les exemples de vies de saints nous montrent que notre cheminement chrétien, même s’il est parsemé parfois d’embuches et de chutes, est toujours possible ! Parmi tous les saints, celle qui a une place particulière est la Vierge Marie !  Nous sommes invités à nous laisser animer et habiter par sa présence toute maternelle. Elle n’est pas la 4e personne de la Trinité ! Elle est comme nous ! Mais par son « Fiat » à Dieu, par son « oui » à l’ange, guidée par l’Esprit Saint, elle n’a de cesse de participer au projet de Salut du Père et de tout son cœur de mère, elle nous conduit à son Fils ! 

La mission de Marie est de nous montrer comment être à l’écoute de la parole de Dieu, de tourner notre regard vers son Fils !  Elle est, comme nous le chantons régulièrement, « la Première en chemin » ! 

C’est aussi ce que cette fête mariale : « Marie, Mère de Dieu » nous permet d’intérioriser. 
 

Jésus est bien le « fils, né d'une femme », comme le dit saint Paul. Comme il le proclame dans le reste de la deuxième lecture, nous sommes, nous aussi, des fils et des filles de Dieu, et comme Jésus, nous avons Marie pour Mère. 

C’est à la Croix que saint Jean reçoit Marie : « Voici ta mère ! » (Jean 19, 26).

Pour le manifester avec plus de force, le concile Vatican II a proclamé « Marie Mère de l’Église ». Elle est aussi notre mère à chacun d’entre nous. Elle est la mère de l’Église parce qu’elle a donné au monde Celui qui vivifie l’Église et qui remplit nos vies. 

Marie est toujours aux côtés de son fils. Nous pouvons la vénérer de façon simple, par exemple : par la récitation du chapelet, par la récitation de prières comme le « Souvenez-vous » ou par diverses invocations comme celle-ci : « Marie, priez pour nous qui avons recours à vous ». Oui ! Marie intercède pour chacun de nous !

Par l’intercession de la Vierge Marie, que cette nouvelle année soit remplie pour chacun, d’une réelle détermination chrétienne dans un cœur apaisé pour percevoir dans notre quotidien, les joies simples, vraies et charitables ! En faisant ainsi, nous devenons, à l’exemple des bergers au matin de Noël, des annonciateurs du projet de Salut de Dieu ! 

N’oublions pas que nous sommes héritiers de la promesse de vie éternelle avec et par le Christ ressuscité. N’oublions pas, non plus, que Dieu en ce début d’année, veut notre bonheur, notre bien et la paix. C’est pourquoi nous entendons cette antique bénédiction :

Que le Seigneur te bénisse et te garde, Qu’il fasse pour toi rayonner son visage,

Que le Seigneur, te découvre sa face, te prenne en grâce et t’apporte la paix.

Demandons ce matin pour chacun de nous, pour cette année, cette grâce et cette paix !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du samedi 31 décembre 2022, 7e jour dans l’octave de Noël. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Première lettre de saint Jean 2, 18-21. Psaume 95.

Messe d’action de grâce pour l’année 2022.

 

 

Chers frères et sœurs, nous sommes au terme de l’octave de Noël (il y a une semaine, jour pour jour, nous étions ici même en train de célébrer la naissance de notre Sauveur), et nous sommes aussi au terme de cette année 2022 et à la veille d’une nouvelle année 2023 !

L’Église, en ce dernier jour de l’année, nous invite à revenir au cœur du mystère de l’Incarnation en méditant, à nouveau, le Prologue de saint Jean, que la liturgie nous avait déjà proposé dans la joie du jour de Noël. 

Ce jour-là, nous avions contemplé la Lumière du Verbe illuminant notre monde plongé dans la nuit. Le Verbe vient pour tous, sans distinction pour toutes les femmes et tous les hommes, mais à tous ceux qui ont faim et soif de vérité, Il donne de renaître de l’Esprit, afin de devenir enfants de Dieu. 

Aujourd’hui, cet Évangile nous éclaire, à nouveau, sur le projet de Dieu. Reconnaissons qu’à certains jours, par l’agitation du monde, par nos nombreuses activités, nous pouvons oublier ce que la naissance de Jésus, l’Incarnation de Dieu, suppose comme Amour, comme puissance de Vie, comme projet de Salut… pour chacun de nous et pour le monde ! Il est vrai qu’à certains jours, nous pouvons oublier l’éclairage de Dieu sur notre vie et être, parfois, dans l’obscurité, un peu perdus !

À Noël, notre temps inaugure une nouvelle Création. C'est le temps du Verbe qui annoncera le temps de l’Église, le temps de l’Esprit-Saint, ce temps qui est le nôtre, aujourd’hui. Le Verbe, nous redit le Prologue de saint Jean « était » dans le monde depuis toujours, mais il devait venir dans notre histoire et notre temps. Dieu qui avait déjà parlé par la création tout entière avait annoncé sa venue par les Prophètes. 

« Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ! » Maintenant, Il est vraiment présent dans notre humanité. Sa Parole retentit, et dans cette Parole, par le don de l’Esprit-Saint, Dieu, en Jésus se dit tout entier. Il nous dit qui est le Père et quel amour Il a pour chacun de nous. 

Frères et sœurs, ce qui a commencé en cette nuit de Noël, c’est cette extraordinaire espérance qui illumine le monde chaque jour, depuis presque 2000 ans. 

Alors oui, une année se termine ! Une nouvelle année commence, nous allons entrer dans l’année 2023 ! Que sera-t-elle ? Elle sera passionnante et parfois déconcertante ! Que serons-nous ? Sans être extérieur aux contingences de notre monde, notre avenir est sans cesse ouvert et réouvert ! Il ne se fera ni par la force ni par la violence, ni par le pouvoir, ni même par la richesse. Si nous le décidons, nous serons habités d’une vie tellement puissante que nous traverserons tout ; y compris tous les bonheurs et toutes les peines ! Y compris la mort et toutes nos petites morts !

C’est là – et pas ailleurs – qu’est la source de notre joie. Une joie qui grandit à chaque fois que nous courons vers la lumière, la joie confiante, profonde et calme de ceux qui choisissent de s’associer à cette œuvre de vie.

Il nous revient, frères et sœurs, dans le temps de cette nouvelle année, à travers les plus ordinaires de nos choix et de nos décisions, par notre façon d’être et de réagir, d’être porteurs de cette paix et de faire basculer la nuit du monde vers la lumière. 

À travers ce que nous sommes, bien humblement, nous pouvons changer le monde ! Cela pourrait paraître désuet et improbable, pourtant, rien n’est impossible à Dieu, si nous entrons dans son projet ! Tout peut changer peu à peu, nos familles, notre paroisse, notre diocèse, notre pays… comment ? Par notre prière, par notre témoignage, notre charité… 

Dans ce travail de recréation, nous ne serons jamais seuls. Le Seigneur l’a promis, Il nous bénit, celui qui, de Noël à Pâques nous a donné sa vie.      

Demain, 1er janvier 2023, nous demanderons l’intercession de la Vierge Marie et nous entendrons cette bénédiction très ancienne (livre des Nombres Chap 6) :

 

Que le Seigneur te bénisse et te garde, qu’il fasse pour toi rayonner son visage,

Que le Seigneur te découvre sa face, te prenne en grâce et t’apporte la paix.

 

Frères et sœurs, demandons pour chacun de nous, cette grâce, cette paix et la bénédiction du Seigneur pour tous les instants de notre vie !                                                                      

Ainsi soit-il !

Homélie vendredi 30 décembre 2022, fête de la Sainte Famille. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 2,13-15.19-23.

Livre de Ben Sira le Sage 3,2-6.12-14 Psaume 127.

 

Avec Jésus, la famille prend un sens tout à fait nouveau. De la Sainte Famille, nous savons peu de choses sinon qu'elle était sans grande richesse. Joseph était un simple ouvrier artisan. Quand je dis « sans grande richesse », c’est que, par exemple lorsque Marie et Joseph présentent leur fils au Temple selon la coutume, elle offre, non pas l'agneau des riches, mais les deux tourterelles des pauvres.

Par sa confiance en Dieu, cette famille modeste s’ouvrira rapidement, comme une fleur s’épanouit en ouvrant ses pétales, à la grande famille des disciples de Jésus, à la grande famille des nations. Ainsi, la Sainte Famille s’élargit à toutes les familles de par le monde dans l'amour universel qu'elle partage avec son fils.

Il me semble capital, important, de réinsister sur le sens véritable de la famille, sur son originalité. De comprendre aussi l’incroyable : Dieu, en Jésus, a besoin d’une famille ! Retenons qu’il y a là un message important adressé à toutes les générations, pour notre temps !

C'est dans cette perspective qu'il nous faut situer nos familles humaines d'aujourd'hui. Elles sont le lieu où nous grandissons. C'est là que, normalement, les enfants reçoivent les valeurs structurantes de l'amour, de la confiance, du service, de la spiritualité et de la foi en voyant leurs parents prier. Dans beaucoup de familles, cette mission est remplie avec une grande et belle générosité. 

Tristement, ce n'est pas le cas partout, nous en faisons le constat autour de nous ! Nombreux sont les couples qui se disloquent, parfois pour peu de choses, par un manque d’accompagnement ou de formation. Je suis frappé aussi, en ces temps de Noël, de voir des familles déchirées, les frères et sœurs, les parents et enfants qui restent fâchés à vie. Même en ces temps de Noël, nombreuses sont les familles qui sont confrontées à d'autres problèmes parfois très lourds, le chômage, la précarité, le surendettement, la maladie…

La Sainte Famille ne sera pas épargnée par les difficultés. Elle sera malmenée comme de nombreuses familles qui sont éprouvées par les épreuves de la vie ! Dans bien des cas, la foi et l’espérance seront un soutien solide !

Jésus de Nazareth nous redit que la famille est un lieu de formation indispensable, mais qu'elle remplit bien son rôle lorsqu'elle enfante à la société et à la grande famille de tous les peuples, ceux qu'elle a reçus en son sein. 

Si nous le voulons bien, l’exemple de la Sainte Famille sera toujours pour nous, un soutien pour apprendre à être des artisans de paix, d'unité et de réconciliation. Quel que soit l’état de nos familles, notre mission de chrétiens, à l’image de la Sainte Famille, est de construire cette unité, cette capacité de service, de confiance, de prière.

Avec la Sainte Famille, lieu de tous les combats, les puissances du Mal n'auront pas le dernier mot. Par cette eucharistie, nous sommes invités à prier pour toutes les familles, celles que nous connaissons et celles qui se construiront tout au long de l’année 2023, pour les familles en difficulté que nous pouvons aider par la prière. Remarquons en cette église Saint-Louis, accrochées à ces deux grands arbres de prières, les intentions qui implorent une réconciliation, une guérison ou expriment une action de grâce!

Je pense tout particulièrement, ce matin, aux couples de fiancés qui vont recevoir le sacrement de mariage, charge à nous de leur proposer une solide formation pour que le « oui » qu’ils vont prononcer le jour de leur mariage soit compris, réitéré, sublimé… pour que leurs familles deviennent de familles saines et saintes.

Frères et sœurs, voilà ce que nous recevons en ce jour particulier. 

Rendons grâce aussi pour nos familles, nos parents, nos frères et sœurs !   

Que Dieu soit béni !                                                                                      

Ainsi soit-il 

Homélie lundi 26 décembre 2022, fête de saint Étienne. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 10, 17-22. Livre des Actes des Apôtres 6,8-10 ; 7, 54-60. 

Psaume 30.

 

La liturgie de l’Octave de Noël reste surprenante ! Nous sommes encore dans la joie - la Joie de Noël - et quasiment, sans transition, nous expérimentons le martyr et la folie des hommes ! 

Cette folie est-elle terminée ? Non, hélas, elle demeure encore !

Devant les épreuves que connaissent actuellement l’Europe et de nombreux pays dans le monde, nous pouvons nous surprendre à dire à Dieu, dans notre prière : « Seigneur où es-tu ? Pourquoi ta venue en notre chair n’a-t-elle pas changé notre humanité et le cœur des hommes ? »

L'Évangile d'aujourd'hui nous répond en nous replaçant devant deux certitudes :

·      Le Seigneur Jésus continue de nous envoyer dans notre monde en attente, pour témoigner : «  il y aura là un témoignage pour eux et pour les païens … ne vous inquiétez pas » ...

·      Le Seigneur sait que la mission dépasse nos forces : il sait que nous sommes démunis, mais Il nous assure que : « ... mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. ».

Mission risquée, mission dangereuse, mission impossible aux hommes seuls… mission qui ne devient pensable qu'avec la force de Dieu, avec la force de l’Esprit Saint !

Si nous regardons le rapport des forces uniquement du point de vue humain, il y aurait de quoi désespérer : brebis au milieu des loups, nous risquerions d’être battus d'avance. Car, nous le savons : « L’homme est un loup pour l’homme !»

Pourtant, chaque jour, comme au premier jour, le Christ nous redit : « Je t’envoie ! »

La première lecture nous présente saint Étienne, premier martyr. Il était, comme nous l’avons entendu dans les Actes des Apôtres : « plein de la grâce et de la puissance de Dieu » ! Sa sagesse laissait sans voix ses auditeurs : « l’Esprit Saint inspirait ses paroles ! ». 

Il sera le premier à aller jusqu’au bout du témoignage en faveur de Jésus, non seulement en paroles, mais en actes !

Saint Étienne nous montre jusqu’où va le don de soi, le don de sa vie et son corollaire : le pardon. Par la parole, celle qu’il donne en remettant son « esprit », et par la vision qu’il a au moment de mourir : il donne tout librement. La porte d’entrée vers Jésus passe par là !

En fait, le martyre d’Étienne ne vient donc pas troubler la paix de Noël. Il nous enseigne que le Verbe s’est fait chair par sa vie donnée, pour pardonner et pour nous apprendre à pardonner. Telle est la volonté du Père qu’il vient accomplir. 

Est-ce possible ? Oui, nous dit saint Matthieu, « ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous ». Nous n’avons pas à nous demander si aurons la force et les mots du pardon : Dieu lui-même l’accomplira en nous. 

Laissons faire Dieu par son Esprit en nous ! 

Par là, Il accomplira lui-même son dessein en nous et pour l’humanité.

Que dire à Jésus ? Quelle consigne nous donne cet enfant désarmé de la crèche pour cette confrontation avec le monde du refus, monde de violence, monde de l’indifférence ?

« Ne craignez pas... courage ! N’ayez pas peur ! »

« Ne nous laissons pas voler la joie de Noël ! »

N’ayons pas peur au point de nous laisser assombrir par le défaitisme ambiant et une désespérance qui, de fait, n’est pas chrétienne !

Choisissons ensemble et personnellement, d’être les témoins joyeux du Verbe fait chair.

Voilà ce que nous entendons au lendemain de Noël, encore tout entier, dans la joie de la naissance du Sauveur ! Demandons cette grâce pour chacun de nous, ce matin, pour nos communautés, pour nos familles et pour le monde !                                                                                                                                                                                                                                              

Ainsi soit-il !

 

Homélie messe de Noël (jour), dimanche 25 décembre 2022. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Livre du prophète Isaïe 52, 7-10. Psaume 97.

Lettre aux Hébreux 1, 1-6. Messe du jour.

 

 

Chers amis, merci pour votre présence, paroissiens habituels ou inconnus ; bienvenue dans cette église Saint-Louis, soyez chez vous !

Savez-vous que cette messe de 10h - messe du jour de Noël - est, en réalité, la troisième messe de la Nativité que nous célébrons pour faire mémoire de la naissance du Sauveur. 

Au moins, trois temps sont donc nécessaires pour entrer progressivement dans ce mystère !

Au cœur de la nuit de Noël, où véritablement, la lumière est apparue ; Celui qui se présentera aux hommes comme « la lumière du monde », est né. 

Mystérieusement, cette naissance n’est pas annoncée aux « connaissants », aux puissants ou aux dignitaires, mais aux pauvres, aux bergers. 

- Hier soir, lors de la messe de la veillée de Noël, avec les familles et les enfants qui étaient très nombreux - avec une assemblée nombreuse, nous avons commencé la célébration dans la pénombre d’une nuit froide de Bethléem et les yeux des enfants étaient tout brillants! Nous avons entendu le récit émouvant de cette Naissance et nous nous sommes réjouis en chantant « Douce nuit » et « Il est né le divin enfant » ! Nous avons surtout découvert, au cœur de cette nuit, le visage de Dieu dans cet enfant de la crèche : visage de lumièrevisage de paixvisage d’un petit enfant, en tout point semblable à nous, tout en étant le Fils de Dieu.

- Avec la deuxième célébration - la messe de l’Aurore - l’évangile nous a conduits, au petit matin à la crèche avec les bergers qui avaient entendu le message des anges. Ils ont trouvé Marie et Joseph avec le nouveau-né déposé dans la mangeoire. Ils ont adoré le Seigneur et, émerveillés par cette rencontre, ils sont repartis au petit matin pour aller annoncer alentour cette bonne nouvelle de la naissance de cet enfant. 

- Avec cette messe du jour (donc, la troisième), nous sommes appelés, tout en contemplant Jésus déposé dans une mangeoire, à prendre un peu de hauteur, à découvrir son identité et le sens de cette Naissance. 

Pour quoi cet Enfant-Dieu est-il venu dans notre humanité ? 

C’est la raison pour laquelle nous entendons le Prologue, c’est-à-dire le début de l’évangile selon saint Jean. Ce Prologue est une préparation et un prélude à la Bonne Nouvelle de la venue de Jésus. Il nous invite à la méditation, à la contemplation pour découvrir réellement le sens de l’évènement que nous avons fêté cette nuit. 

 

Sommes-nous au clair sur cette question ?

Pour moi, ce fils engendré en Marie par la puissance de l’Esprit Saint, finalement, qui est-Il pour vous ? Les réponses pourraient être très diverses, car, aujourd’hui dans notre société égocentrée, instantanée, consumériste… cette fête a été vidée de son sens premier.

Le prologue de St Jean nous redit des choses absolument extraordinaires et capitales pour entrer dans le mystère de cette naissance ! 

Cet Enfant Jésus qui est la Parole du Père, qui vient prendre chair en Marie dans la puissance de l’Esprit Saint, est réellement le fils de Dieu. Or, cet enfant qui est Dieu lui-même, a participé – nous dit l’évangéliste – à la création du monde : « sans lui, rien n’a été fait ». Ce tout petit enfant est véritablement tout-puissant. Avec Lui, la « Lumière du monde », arrive dans notre humanité presque sans bruit et sans éclat ! L’extraordinaire de Dieu nous rejoint dans l’humilité d’une famille qui semble démunie de tout confort. Comme pour marquer ce contraste, l’évangéliste ajoute que cette lumière donnée au peuple préparé depuis des générations à la venue du Messie (toute l’espérance du peuple hébreu !), cet enfant qui est pourtant la Lumière, n’a pas été reçue. Le monde ne l’a pas reconnu. 

Peut-être pourrions-nous constater la même chose aujourd’hui !

Tout le paradoxe, toute la pédagogie de Dieu sont déjà présents à la crèche !

 Et cette pédagogie, reconnaissons-le, nous déconcerte vraiment ! Comment Dieu, qui est Dieu, peut-il prendre notre condition humaine et venir à nous dans la pauvreté d’une étable ? Nous pensions Dieu omnipotent et tout-puissant, mais nous le découvrons dans le regard d’un enfant ! Qui peut craindre un bébé ? Nous pouvons rêver de puissance et de domination, Dieu veut nous faire découvrir qu’il a pour chacun un projet de Vie, jamais déconnecté de notre humanité ! 

À Noël, nous ne sommes pas dans un conte de fées. Nous y contemplons le mystère : celui de l'Incarnation : Dieu fait Homme ! Les apparences ne sont pas trompeuses en ceci que le Verbe éternel prend, à son compte et sans tricher, l'humanité telle qu'elle est : avec ses joies et ses peines, avec la vie naissante et la mort !

Je le redis autrement : lorsqu'Il vient la remplir de sa présence, le Verbe ne fait pas voler en éclats notre humanité. Il vient y faire sa demeure en la respectant, et toujours sous la forme d’une proposition : « Veux-tu ? ». Là, le Prologue nous invite donc à prendre un peu de hauteur !

Il le fait pour que nous aussi sachions habiter ce corps mortel qui est le nôtre, comme des hommes et des femmes qui ont leurs vraies racines dans le cœur de Dieu, dans l'éternité. 

Il ne s’agit pas une éternité abstraite dont on ne saurait trop que faire, mais au contraire une éternité que l'on peut traduire comme une plénitude de vie, une plénitude d'amour.

Le Verbe vient habiter notre humanité aux prises avec le péché, avec la mort, pour la rendre à elle-même. On appelle cela le Salut.

Là est la raison de la venue de Jésus ! Jésus vient nous montrer le ciel, pour nous faire entendre avec sa voix d’homme, l’amour de Dieu le Père !

Ce que ce mystère de Noël vient nous révéler, c’est que Dieu n’a jamais voulu rien d’autre pour chacun d’entre nous, que nous vivions dans son amour et que le projet du Père est de nous faire vivre dans l’éternité.

Si nous acceptons de placer notre confiance dans ce tout petit Enfant qui vient nous sauver à travers sa vie, si nous suivons son enseignement, alors nous découvrirons l’amour du Père pour chacun d’entre nous. C’est ainsi que nous parviendrons à vivre dans la justice, la paix et l’espérance pour que de vraies relations fraternelles puissent exister entre tous nos frères et sœurs humains.

Chers amis, voilà donc la réalité de Noël !

Il y a donc urgence, frères et sœurs, pour que nous soyons des chrétiens crédibles : devenons, tels les humbles bergers de la crèche, audacieux et capables d’aller à la rencontre de ceux qui ne connaissent pas encore la véritable mission de l’enfant de Bethléem, pour témoigner humblement, autant par notre manière de vivre que par nos paroles, de l’amour du Père.

Si trois célébrations nous sont proposées pour mieux comprendre le mystère de Noël, c’est que nous avons besoin un peu de temps pour vivre notre rencontre personnelle avec le Christ. C’est Lui qui donnera cette certitude que notre salut et notre avenir sont en notre Dieu trois fois saint !

 

Ainsi soit-il !

 

Homélie du vendredi 23 décembre 2022, 4e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 57-66. Livre du prophète Malachie 3, 1-4. 23-24. Psaume 24.

Messe de l’aurore.

 

Chers amis, une chose que nous avons perdue, peut-être oubliée, est l’étymologie des prénoms ! Bien souvent, nous sommes incapables de savoir ce que signifient nos prénoms !

À l’époque de Jésus, chaque prénom était choisi avec attention. Par exemple :

- Jean (hébreu Yōḥānān) signifie « Dieu fait Grâce » !

- Zacharie (hébreu zekharya(h)) est un prénom qui signifie « Dieu se souvient ». 

Comme Zacharie, dans de nombreuses situations, nous avons un réel besoin de faire mémoire, de recul et de silence !

Zacharie a eu besoin de silence. 

Neuf mois ! Neuf mois de silence et de prière. Zacharie a eu beaucoup de temps pour penser au plan de Dieu. Il a exprimé le fruit de sa contemplation dans son Cantique (Luc 1, 68-79) que nous entendrons demain (samedi 24 décembre) !

Il avait sans doute besoin de ce temps de silence et de prière pour approfondir le mystère et la mission de son fils, Jean. L’Esprit Saint a parlé à son cœur pendant ces longues heures de silence et l’a aidé à comprendre ce que ni les maîtres ni les livres ne pouvaient lui enseigner. Sans doute aura-t-il compris le plan de Dieu sur sa vie et sur celle de son fils et bien sûr les conséquences sur l’avenir du peuple Hébreu. 

Pour être sensible aux inspirations de l’Esprit Saint, (pour nous, il est important de le comprendre), il faut faire silence dans son cœur. Silence pour distinguer la voix de Dieu au cœur du brouhaha et des multiples autres voix du monde qui tentent d’étouffer la parole du Seigneur.

Du silence de Zacharie, nous pouvons passer au silence de Marie. Il nous reste encore deux jours pour contempler le silence de Marie, alors qu’elle attend la naissance de son Fils - la naissance de Dieu fait homme. Quel mystère ! 

Marie a-t-elle dû, sans doute, s’éloigner de l’agitation des rues, de l’animation de la place du marché, pour réfléchir au Plan de Dieu ! Elle trouve, avec Joseph, refuge dans une simple grotte ; juste la simplicité de la paille et la présence de quelques animaux : humilité du Christ devenu homme. 

Posons-nous ces questions, ce matin : que sera ce Noël pour nous ? Ferons-nous silence ? Arriverons-nous à prendre un peu de temps de recul, un temps de prière, un temps de contemplation ? Tout cela dans l’attente devant nos crèches, de l’Enfant Jésus ?

Je n’oublie pas le silence de celles et ceux pour lesquels Noël sera vécu difficilement dans une solitude contrainte et une certaine tristesse ! Pour eux, c’est le silence de la famille ou de la fraternité, du voisinage, qui creusera le manque !

Je sais que pour de nombreuses personnes, ce prochain week-end sera rapide, intense, bruyant ! Sans doute aussi un peu épuisant, sans trop de repos pour être disponible à tous !

Frères et sœurs, nous avons un défi : au cœur de toute cette agitation, j’aimerais que l’on puisse « se pauser », se « poser » un peu, prendre quelques minutes à l’écart ! Peut-être aujourd’hui, essayer de faire silence, de prendre le temps du silence et de la contemplation, couper tout ce qui est « amplification du bruit » « Générateur de bruits » ! 

C’est la grâce que nous pouvons demander ce matin pour chacun de nous, humblement ; faire silence en nos cœurs !                                                                                                                                         

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 19 décembre 2022, 4e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 5-25. Livre des Juges 13,2-7.24-25a. Psaume 70.

 

Chers amis, je vous invite vraiment à prendre le temps de méditer cette page d’évangile que nous venons d’entendre et à la mettre en parallèle avec la première lecture. De fait, nous connaissons bien l’Annonciation à Marie, nous avons entendu l’Annonciation à Joseph (c’était hier, Dimanche). Voilà que nous entendons maintenant une autre annonciation, celle faite à Zacharie qui annonce la naissance de Jean le Baptiste. 

C’est à Zacharie, son père, que l’ange Gabriel vient l’annoncer. L’évangile nous précise que Zacharie et sa femme Élisabeth étaient des justes. Ils étaient de lignée sacerdotale et ils suivaient fidèlement les commandements de Dieu. Une précision est apportée : ils étaient déjà avancés en âge.

Zacharie et Élisabeth ne sont pas épargnés par les épreuves et les souffrances de la vie : en particulier, ils n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth était stérile et c’était, pour eux, une peine profonde. 

À la différence de Marie et de Joseph, quand l’ange vient annoncer à Zacharie qu’il sera bientôt père, il ne croit pas. Il doute de la parole de l’ange ! Pourquoi ? Il bute très simplement sur une réalité : sa femme et lui sont déjà vieux et Élisabeth est stérile ! Comment est-ce donc possible ?

Zacharie, tout prêtre qu’il est, a un regard excessivement humain. Il ne fait pas battre son cœur au rythme de la foi, en l’amour providentiel de Dieu. 

Zacharie est prêtre du Très-Haut, officiant dans le temple en présence du Seigneur.

Il est désigné, pour cette année (et c’est un honneur), comme thuriféraire et porteur de l’encens dans le Saint des saints ! Et pourtant, il est pris en défaut au niveau de sa foi en la réalisation de la promesse divine. 

On peut être un homme ou une femme irréprochable au niveau religieux, et être pourtant mal croyant. Cela peut nous surprendre ! Nous pouvons avoir des signes de piété, venir régulièrement participer à l’eucharistie, et être pourtant mal croyants.

Cette mise en garde vaut aussi bien sûr pour nous : nous croyons certes que Jésus est né comme nous allons le fêter dans quelques jours, qu’Il est ressuscité des morts et qu’Il est vivant pour les siècles ; mais lorsqu’il s’agit d’intégrer ce mystère dans nos vies, nous hésitons !

Finalement, d‘une certaine façon, Zacharie est notre jumeau. Que ce soit à l’écoute de la Parole de Dieu ou devant ses silences, il nous arrive de douter, de manquer de confiance… de ne pas comprendre les plans de Dieu pour le monde et pour moi. 

Comme Zacharie, nous pouvons souvent être lents à comprendre la volonté de Dieu dans nos vies. 

Frères et sœurs, nous sommes seulement à quelques jours de la Nativité, demandons la grâce de la foi pour savoir accueillir de la part de Dieu tout ce qui nous semble humainement irréalisable. 

Seigneur, Toi qui es le Dieu de l’impossible et qui nous étonnera toujours, rends nos cœurs dociles à tous les mouvements de ta grâce ! Puissions-nous nous émerveiller sans cesse de ta présence en nos vies ! 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 18 décembre 2022, 4e dimanche de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 1, 18-24. Livre du prophète Isaïe 7, 10-16. Psaume 23.

Lettre de saint Paul aux Romains 1, 1-7. 

 

Cet épisode de l’évangile de saint Mathieu pourrait aisément s’appeler « l’Annonciation à Joseph ». Nous connaissons bien d’autres annonciations dans la Bible (par exemple celle du message à la femme de Manoah dans le livre des Juges qui annonce la future naissance de Samson, ou encore celui que nous entendrons dans la liturgie de demain, qui annonce à Zacharie, la naissance de Jean le Baptiste). Celle que nous connaissons bien sûr le mieux est « l’Annonciation à Marie par l’ange Gabriel » racontée par saint Luc, et la réponse de la Vierge Marie : « qu’il me soit fait selon ta parole ! » 

Chers amis, en ce 4e dimanche de l’Avent, nous entendons ce récit où Joseph est dans une situation difficile, de grande perplexité et de doute : il vient de découvrir que sa fiancée, Marie, est enceinte après avoir passé trois mois chez Élisabeth, sa cousine. C’est alors que Dieu intervient !


     Je vous invite, durant quelques instants, à regarder de plus près cette « Annonciation à Joseph » et ce songe mystérieux !
            Déjà, gardons en mémoire que les songes dans la Bible ne sont pas des rêves ! Il existe plusieurs sortes de songes ; ce sont par exemple, celui de Jacob où il voit une échelle sur laquelle les anges montent vers le ciel et en descendent (Genèse 28, 12-16) ou celui de saint Pierre à Jaffa qui s’interroge sur les aliments défendus ou permis aux nouveaux baptisés (Actes 10, 10-16). Les songes sont toujours reliés à des interventions de Dieu.


            C’est ce qui arrive dans le cas de Joseph. Ce songe, par la réponse qu’il apporte, est riche d’enseignements. 


         L’évangile de ce jour nous montre les questionnements, le bouleversement et même la déception du futur époux. En effet, c’est un homme juste et il réfléchit à ce qu’il doit faire : faut-il renvoyer sa future épouse, alors qu’elle est enceinte, et qu’il n’est pas le père de ce bébé ? Sans aucun doute, Joseph aime Marie et ne souhaite pas lui nuire, mais…quelle est la juste décision ? Nous pouvons parfaitement comprendre ce bouleversement !


          C’est alors que l’intervention divine prend la forme d’un ange qui lui apporte ce message : 

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle, vient de l’Esprit Saint. Elle enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire Le Seigneur sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » 

Chaque mot que Joseph entend a une portée incroyable ! Le message ne peut être plus clair ! L’ange dit de Marie : « Ton épouse » ! Il s’adresse aussi à lui en le nommant : « Joseph, fils de David ». Joseph sait et il comprend l’attente de son peuple qui attend depuis plusieurs siècles, le Messie promis, le nouveau David.

En Joseph, nous avons donc un homme rempli de foi en Dieu et soucieux de répondre positivement au projet de Dieu. Quoique de façon obscure et sans vraiment tout comprendre, il perçoit l’Action de l’Esprit Saint en Marie. C’est pourquoi, sa réponse est rapide et nette : « il prit chez lui son épouse. » 

Cette Annonciation nous redit l’enracinement dans la foi du Peuple élu et sa confiance inébranlable en la promesse de Dieu !

La décision de Joseph nous éclaire aussi, car elle nous enseigne deux choses très importantes à propos de ce grand mystère de l’Incarnation de Dieu fait homme. 

La première regarde l’origine divine de cet enfant que porte Marie. Sa conception est l’œuvre de l’Esprit Saint. Joseph n’est pas le père de cet enfant ! Son parcours futur n’est pas connu de Joseph ni de Marie, comme c'est le cas de tous les parents qui accueillent un enfant. Que sera cet enfant ? Mais tous deux font confiance à Dieu dans un abandon extraordinaire, car ils reconnaissent l’action de Dieu dans ce qu’ils vivent. 

- En conséquence, et c’est le deuxième point, ils permettent à Dieu de prendre chair dans un corps humain. C’est le versant humain du mystère de l’Incarnation : Jésus-Christ, parfaitement Dieu et parfaitement hommeCette révélation est inouïe et continue à surprendre encore nos contemporains !

Ces deux réalités, la réalité divine et la réalité humaine, ne font pas seulement que coexister en Jésus, elles sont intimement reliées au point que l’une ne va pas sans l’autre. Lorsque je regarde l’enfant de Marie :

  • Je peux voir son fils formé en elle dans sa chair et inséré, par l’acceptation de Joseph qui épouse Marie, dans une lignée humaine à laquelle il se rattache. 
  • Je vois aussi le Fils de Dieu qui vient parmi nous comme l’un de nous, le Verbe de Dieu fait chair. 

Frères et sœurs, nous sommes à quelques jours de la fête de la Nativité du Sauveur. Ce temps de l’Avent est une invitation à suivre le même chemin de foi de Joseph et de Marie. Ils ont vécu tous ces mois d’attente, où l’Enfant-Dieu s’est développé dans le sein de Marie, dans la joie de voir enfin sa frimousse à Noël ! 

Nous avons, nous aussi, à nous émerveiller devant cet enfant ! Ne trouvez-vous pas surprenant que tous les médias, les magasins, les centres commerciaux soient capables décrire en grand « Noël » et d’oublier complètement le sens réel de cette fête !

Bref, Joseph et Marie, malgré des questionnements légitimes, ont gardé intacte une confiance dans le projet de Dieu. Alors, suivons leur exemple et demandons au Seigneur de nous aider à surmonter nos doutes, nos hésitations, afin de nous réjouir, nous aussi, dans l’accueil de la naissance du fils de Dieu, en notre cœur, en notre vie !

Voilà ce que nous recevons en ce 4e dimanche de l’Avant. Puissions-nous prendre, cette semaine, le temps de méditer pour nous préparer à cette incroyable vérité : la venue de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, cet Enfant qui vient nous sauver !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 16 décembre 2022, 3e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 5, 33-36. Livre du prophète Isaïe 56,1-3a.6-8. Psaume 66.

Messe de l’aurore.

 

« Je parle ainsi pour que vous soyez sauvés ! »

J’étais cette semaine, avec les enfants du catéchisme. Nous avons échangé sur Noël ! Nous avons parlé de toutes sortes de préparatifs, et aussi de confessions pour préparer le cœur de chacun des enfants. Nous avons bien échangé sur Noël, sur cette fête. J’ai écouté !

Nombreux sont les enfants que l’approche de Noël fait rêver. Certains comptent les jours, découvrent un calendrier de l’Avent, construisent la crèche… Dans certaines familles, ils prennent aussi le temps de prier ensemble ! Cela est très beau !

Au plus profond d’eux-mêmes, ils pensent, sans doute, aux cadeaux qu’ils ont demandés ou espèrent recevoir (certains m’ont même remis une liste à remettre au père Noël !). Ils sont nombreux aussi à anticiper la réunion des familles, la joie de revoir les cousins et les cousines… Il est touchant de remarquer la place que peut prendre chez eux le désir qui grandit et qui mobilise leur imaginaire. Leur capacité d’imagination est grande ! 

Certains, sans peut-être le savoir vraiment, ont soif de Jésus et d’absolu de Dieu ! Les plus grands savent très bien que le père Noël reste un argument commercial dans notre société de consommation, mais que Jésus, Lui, nous offre bien plus que des cadeaux éphémères ! Ils ont en eux naturellement cette capacité de Dieu ! Je note aussi que beaucoup, même si les cadeaux font peut-être rêver, ont au fond d’eux-mêmes, un désir de paix et d’amour dans une famille unie, stable, apaisante.

Sans infantilisme, il me semble que le Seigneur attend de nous que nous apprenions à Le désirer avec la ferveur et l’enthousiasme d’un enfant.

Pour chacun de nous, posons-nous cette question ! Demandons-nous quelle place le désir de Dieu peut prendre dans notre vie spirituelle. Que désirons-nous de la part du Seigneur ? Quelle est notre demande humble, vraie, simple que nous adressons au Seigneur pour nous, notre famille, pour le monde ? Au-delà des grâces que nous recevons, le don de Dieu est dans cette assurance du Salut !

« Je parle ainsi pour que vous soyez sauvés ! » nous redit Jésus dans cet évangile !

Que notre désir de Dieu et de ses bienfaits grandisse en nous en cette période de l’Avent ! Qu’il soit loin de tout caprice d’enfant gâté, loin de tout fanatisme ou sottise de celles et ceux qui croient savoir mieux que Dieu lui-même ce qu’il leur faut ! 

C’est l’invitation que nous adresse la liturgie de ces jours : le verset « alléluiatique » (entre les deux alléluia) commence par un verbe qui redit ce « désir ». Nous entendons : « Viens Seigneur ! » et nous allons le réentendre tout au long de cette semaine. 

Viens Seigneur en notre vie, en notre cœur !

C’est à l’exigence de notre désir de conversion et d’espérance joyeuse que se mesurera la vérité de notre attente du Sauveur et de notre soif de vivre en Lui.

Frères et sœurs, en cette « messe de Rorate », avec une âme d’enfant, demandons de grandir dans notre désir de Dieu.

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 12 décembre 2022, 3e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 21, 23-27. Livre des Nombres 24,2-7.15-17ab. Psaume 24.

 

Rapidement, quel est le contexte de la scène qui se déroule dans l’évangile que nous venons d’entendre ?

Jésus est depuis plusieurs jours dans le Temple de Jérusalem ! Il enseigne, mais Il enseigne apparemment sans permission et Il attire les foules qui viennent l’écouter. Surtout, sa présence intrigue et dérange : il vient de chasser les vendeurs en expulsant tous ceux qui vendaient et achetaient dans le Temple ! Plus étonnant, Il guérit des boiteux et des aveugles et la foule d’enfants crie : « Hosanna au fils de David ! » Nous sommes donc dans un contexte messianique très fort !
C’est alors que les chefs des prêtres avec les anciens du peuple, autrement dit les autorités religieuses et civiles, qui composaient le Sanhédrin, viennent demander compte à Jésus de la liberté qu'Il prend : « Par quelle autorité enseignes-tu ici ? Qui t'a donné cette autorité ? » La réponse de Jésus est immédiate !

Quelle habileté ! C’est sans doute notre réaction spontanée ! Il s’en sort bien. L’échappatoire est judicieuse !

Mais il y a beaucoup plus qu’une habileté dans ce récit. La question posée à Jésus, au vu de ses enseignements et de ses actes de puissance est bien la vraie question : « Par quelle autorité fais-tu cela et qui t’a donné cette autorité ?» 

Cette question est assez proche de celle que Jésus lui-même va poser à ses disciples : « Pour vous qui suis-je ? »Même pour aujourd’hui, nous constatons encore que les réponses ne sont pas unanimes.

Cette interrogation posée par Jésus sur le Baptême de Jean en est un révélateur. 

  • S’il est du ciel, alors, il nous faut entendre son appel à la conversion et reconnaitre celui dont il dit qu’il est plus grand que lui. 
  • Dire qu’il est des hommes par crainte de la foule, c’est manifester que l’on obéit aux hommes et à ses propres intérêts plutôt qu’à Dieu. Se prononcer au sujet de Jean c‘est se prononcer au sujet de Jésus. 
  • Dire : « nous ne savons pas » prononcé au sujet de Jean leur interdit de reconnaître finalement l’autorité divine de Jésus.

 

Frères et sœurs, ce matin et pour chacun de nous : quelle est ma réponse ?

Ma vie témoigne-t-elle clairement de ma conviction que Jésus est descendu du Ciel, qu’Il est le Fils de Dieu ? Celui que nous allons fêter dans quelques jours à la crèche, ce petit enfant est-il vraiment, pour moi, le Sauveur ?

Que cet Avent qui avance à grands pas, soit pour nous l'occasion d'un sursaut de foi, d'un surcroît de confiance, quand bien même nous pourrions manquer de patience ! Approchons-nous encore plus de Lui, puisqu'il enseigne dans son Temple. Laissons-nous, nous aussi, enseigner par Lui en prenant le temps de lire sa Parole !

Disons-Lui : « Parle-nous encore, Seigneur, avec l'autorité du Père, toi qui as les Paroles de la vie éternelle ! »

Chers amis, que cette troisième semaine de l’Avent soit, pour chacun de nous, l’occasion de nous laisser saisir par la délicate bienveillance de notre Sauveur !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 11 décembre 2022, 3e dimanche de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-André, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 11, 2-11. Livre du prophète Isaïe 35,1-6a.10. Psaume 145.

Lettre de saint Jacques 5, 7-10. 

Dimanche de Gaudete.

 

 

Nous retrouvons, ce matin, Jean-le-Baptiste ! C’est lui qui nous a interpellé la semaine dernière dans l’évangile du 2e dimanche de l’Avent par sa prédication inspirante, annonciatrice et en même temps dérangeante. Nous le retrouvons aujourd'hui alors qu’il est en prison, enfermé parce que son franc-parler lui a mis à dos les autorités politiques et surtout le roi Hérode. 

La patience de Jean-Baptiste est donc mise à rude épreuve ! Il y a peu de chance que cette prison ait été très confortable et qu’on ait eu pour lui beaucoup d’égards. Il ne s’agit plus pour lui d’attendre tranquillement sur les bords du Jourdain ou dans le désert. Ainsi, quand saint Jacques (2lecture) nous invite, lui aussi, à la patience, il nous faut mesurer ce que cette invitation représente par rapport à nos vies, vie chrétienne et vie humaine. La patience est nécessaire !

Qui est Jean Baptiste ? Voilà un homme à la parole de feu, courageuse, puissante, et prophétique. Son annonce stimulait à reconnaître les erreurs de sa propre vie, de ses manquements, une invitation à changer radicalement, à retourner vers Dieu. Des foules nombreuses de tout le pays avaient entendu son message de conversion et autour de lui une communauté de disciples s’était constituée. Chacun voyait, en lui, le prophète Élie. Jean est celui qui avait désigné Jésus en disant : « Voici l’Agneau de Dieu ! ».

Cependant, l’attitude de Jésus le surprend quelque peu ! Jésus ne vient pas comme un juge rigoureux prêt à remettre, presque par la force, les pêcheurs dans le droit chemin. Il les accueille et mange avec eux, Il leur annonce un message de libération et de paix, d’amour miséricordieux. En envoyant ses disciples depuis sa prison, Jean attend donc une confirmation : « Es-tu celui qui doit venir ? Es-tu le Messie ? ».

Remarquons que Jésus ne se limite pas à leur répondre : « oui, c’est moi ! ». Il sait que les actes parlent bien plus que les mots ! Il demande simplement aux envoyés d’observer autour d’eux : les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent…

Il ne s’agit pas de guérisons anecdotiques ! Ce sont les signes messianiques que les prophètes avaient déjà annoncés depuis des siècles (1re lecture d’Isaïe). La réponse de Jésus est donc concrète : « Oui, je suis bien le Messie, voyez plutôt ce que je fais, mes œuvres certifient que c’est vrai. » 

Et nous, frères et sœurs, en sommes-nous persuadés ? Peut-être y a-t-il un Jean-Baptiste qui sommeille en chacun de nous ! Peut-être avons-nous besoin pour croire, de voir et même pour certains, d’avoir des preuves ! Peut-être sommes-nous comme Jean, quel que peut, impatient ?

De fait, depuis la venue de Jésus en notre chair (ce que nous allons fêter à Noël) jusqu’à sa revenue (à la fin des temps), nous sommes dans le temps de l’Église ! Nous nous trouvons dans cet entre-deux, où nous sommes invités à croire sans voir. Nous vivons dans le temps de la patience, pour reprendre la formule de saint Jacques ! 

Nous sommes dans le temps de la maturation, mais aussi dans le temps de l’espérance, où l’Esprit Saint conduit l’Église et chacun de nous ! N’oublions pas que, dans ce temps de la patience, de la maturation et de l’espérance, mais aussi de l’épreuve, nous ne sommes pas complètement dans l’obscurité. Déjà des signes messianiques nous sont donnés, par une présence active de Dieu, par la puissance de son Esprit Saint au cœur des disciples de Jésus, au cœur de son Église, au cœur de nos vies.

Notre existence de chrétien dans le monde peut sembler guère différente de celle de tous les autres ? 

Comme les autres, nous sommes, nous aussi, confrontés aux difficultés, aux accidents de la vie, aux souffrances inhérentes à l’existence humaine ! Mais, si notre vie présente les mêmes vicissitudes que les autres, le témoignage que nous sommes appelés à rendre, n’est pas de faire disparaître, comme par magie, les difficultés de l’existence. 

Nous témoignons humblement que nous sommes habités par une force qui nous permet d’affronter les difficultés de la vie dans la confiance, fortifiés par la certitude que Dieu garde pour chacun, un projet de vie, un projet de salut !

Chers amis, je sais bien qu’à des moments précis de notre existence, nous pouvons être dans le doute, nous ne comprenons pas plus que les autres : pourquoi la maladie, la mort, la guerre … ? Mais, dans et avec la prière, petit à petit, la souffrance comme l’incompréhension devrait provoquer en nous, non pas une résignation, mais une douce vertu de patience 

A l’image de Dieu qui se montre d’une incroyable patience vis-à-vis de nous, nous devons apprendre et accepter, nous aussi de vivre dans une patience sereine ! Quand je vous parle de patience, il ne s’agit pas de vivre en se croisant résigné nos bras, en attendant que ça aille mieux ; il s’agit de vivre dans une patience active et généreuse !

C’est aussi ce que peut nous apprendre ce dimanche de Gaudete, ce dimanche de la joie chrétienne ! Le rose de ma chasuble, entre le violet et le blanc, dit aussi cette progression lumineuse dans nos vies. Découvrir la patience comme la joie d’une naissance qui ne doit pas nous faire oublier la persévérance patiente vécue des parents durant les neuf mois d’attente ! 

Nous sommes donc à quelques jours de l’anniversaire d’une naissance qui résonne encore jusqu’à nous. Déjà, pour Marie et en Marie, le don extraordinaire de la vie divine est présent en elle ; pourtant, rien n’est encore visible, sinon son ventre qui s’arrondit. 

Avec elle, redécouvrons le mystère du don de la vie cachée, mais déjà présente, fragile et pourtant si forte en promesses de l’Enfant-Dieu !

 

En ce temps de l’Avent, en ce dimanche de la Joie, regardons avec le même émerveillement et la même confiance, ce mystère de la vie naissante au cœur de toute mère qui porte en elle son enfant.

À la question de Jean-le-Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir ? », nous connaissons la réponse joyeuse et vraie : Oui, Tu es le Messie, Seigneur ! Tu es celui qui est, qui était et qui vient, c’est Toi l’enfant-Dieu, l’enfant de la crèche, c’est bien Toi,  le Messie ! Jésus, c’est Toi qui est le Sauveur !

Frères et sœurs, en ce temps de l’Avent, même si nous attendons impatiemment la Nativité du Seigneur et la rencontre avec l’Enfant Jésus, puissions-nous déjà rendre grâce pour le don que Dieu nous fait de sa présence !

                                                                                                                      Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 9 décembre 2022, 2ème semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 11, 16-19. Livre du prophète Isaïe 48, 17-19. Psaume 1.

Messe de l’aurore.

 

L’évangile de ce jour nous demande un peu plus d’attention, car c’est un texte particulier et subtil !

Comment comprendre ce que Jésus est en train de nous dire ? Faut-il entendre de sa part de la tristesse, une crainte, un avertissement ?

Ce qui semble évident, c’est que Jésus met la foule qui l’écoute devant ses contradictions ! Celles-ci ne font que dévoiler l’immaturité de cette foule !

     Comment expliquer davantage ? « Cette génération », dit Jésus, n’a envie de rien et trouve toujours une objection qui justifie sa passivité. Dans notre langage plus actuel, nous pourrions dire que cette foule se conduit comme des enfants ou des adolescents enfermés dans leur monde, derrière leurs tablettes et qui nous répondent : « Je m’en fous, je ne veux pas ! »

Face à Jean, qui est « plus qu’un prophète » (Mt 11, 11) et face à Jésus lui-même, cette foule boude comme des gamins qui refuseraient de prendre part à des jeux auxquels on les inviterait. Cette foule refuse de se laisser interpeller par ceux qui sont « venus » à sa rencontre, ici : Jean-Baptiste et Jésus. Elle ne les accueille pas pour ce qu’ils sont. 

C’est bien cette immaturité religieuse et sociale, et même cet aveuglement que Jésus entend pointer chez ses interlocuteurs. À vingt siècles de distance, ces interlocuteurs, ce sont nous aussi, ce matin !

Mais le drame de ces « générations » est peut-être plus profond et peut-être même plus grave : cette foule, n’a-t-elle pas reconnu ou n’a-t-elle pas voulu reconnaître le Messie ? Pourquoi ! Parce que cela risquerait de la déranger dans les sécurités de ses représentations toutes faites, dans son confort facile ? Là, est en fait une vraie question…

Frères et sœurs, ne limitons pas les avertissements et la tristesse de Jésus seulement à ses contemporains. Prenons le temps de réfléchir pour adapter ce que nous sommes, ce que nous vivons, ce que la société nous propose à ces quelques jours de Noël ! Lorsque nous lisons ce passage de l’évangile de Matthieu, ne le renvoyons pas trop vite dans le passé. Jésus parle bien de « cette génération » au présent. Cette expression peut donc aussi être entendue de façon bien plus large. 

Finalement, quelle sera l’attitude de « cette génération » (la nôtre) au soir de Noël ? 

Sera-t-elle blasée, indifférente, ou émerveillée ? Et nous-mêmes, comment allons-nous accueillir Jésus, l’Enfant-Dieu de la crèche ? 

  • Peut-être, aurons-nous la tristesse d’entendre : « plus de place ! » dans le cœur de certains, comme dans la ville de Bethléem ?
  • Ou alors la « joie des Bergers » venant à la crèche et celle des Anges chantant “Gloria in excelsis Deo“ dans le ciel ?

Frères et sœurs, que le froid de l’hiver et la pluie de ce matin n’accaparent pas notre cœur, mais que nous témoignons par une vraie chaleur de notre espérance en Dieu !

     Puissions-nous, Seigneur, en ce temps de l’Avent, peut-être un peu plus nous attacher humblement à Ta Parole faite chair !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 5 décembre 2022, 2e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 5, 17-26. Livre du prophète Isaïe 35, 1-10. Psaume 84.

 

Chers amis, nous sommes souvent habitués (peut-être un peu trop d’ailleurs !) aux miracles de guérison, à ces signes que Jésus fait pour les hommes et les femmes qui viennent vers Lui. Ces rencontres de Jésus avec tel ou tel personnage (qu’ils soient : boiteux, aveugles, sourds, estropiés, lépreux…) respectent souvent un déroulement habituel. Il y a régulièrement un échange, une questionun acte de foi, une demande puis une guérison physique et spirituelle !

Ici, dans cette péricope de l’évangile de saint Luc, la rencontre semble un peu inhabituelle ! Elle a tellement marqué les esprits que nous la retrouvons aussi dans les autres évangiles !

  • Jésus regarde cet homme paralysé, couché sur la civière et l’envisage, avant toute guérison physique, comme une personne à restaurer dans sa relation à Dieu.
  • Jésus fait entendre, en premier, une parole de salut des plus inattendues, qui d’ailleurs va choquer : « Homme, tes péchés te sont pardonnés » !

Il le fait sans même avoir entendu le bénéficiaire. Jésus offre le pardon de manière immédiate. Il ne s’agit pas d’une promesse à venir ni d’un appel à la repentance, la parole de Jésus agit, aujourd’hui, efficace, en faveur de l’homme paralysé. 

Son premier relèvement s’inscrit d’abord donc dans la restauration d’une relation à Dieu, par la guérison d’une réconciliation offerte. Effectivement, il existe des paralysies qui peuvent être intérieures et bloquent ainsi la relation à Dieu !

Le signe du relèvement physique et de la marche est ainsi placé au second plan.

Ce qui est mis aussi en relief, c’est la présence de ces porteurs volontaires, ingénieux, remplis d’une foi audacieuse, qui, faute de pouvoir passer par la porte, n’hésitent pas à passer par le toit. 

Cet homme-là sur sa civière est bien entouré, par des amis entreprenants, par une communauté bienveillante.

Dans cette péricope, Jésus va droit à l’essentiel : restaurer la relation à Dieu par le pardon des péchés ! La réaction est immédiate, au grand dam des bien-pensants : « Quel est donc cet homme qui dit des blasphèmes ? » Jésus affirme, ainsi, qui « Il est ».

Pour nous, ce matin, nous recevons, à nouveau, un enseignement magistral : paralysie physique, paralysie spirituelle… le péché cloue l’homme au sol comme un malade à son lit. 

Il nous faut réentendre que le pardon nous recrée dans la relation à Dieu, qu’il nous rend à la communauté des croyants et nous remet debout, en marche : « Il partit pour sa maison en rendant gloire à Dieu. »

Le pardon nous invite à l’Action de grâce et à la louange !

Frères et sœurs, en cette deuxième semaine dans ce chemin de l’Avent, prenons le temps à la fois de la prière personnelle, dans la contemplation de la crèche, mais aussi prenons le temps de porter dans la prière et dans la foi, les membres de notre famille, des amis, des membres de notre communauté paroissiale qui, d’une façon ou d’une autre, sont éprouvés de multiples façons ! 

Ne l’oublions pas, suivant les circonstances, nous pouvons être tout à la fois, le malade sur la civière ou l’un de ces porteurs audacieux !      

Voilà notre mission tout au long de cette semaine !     

Ainsi soit-il 

Homélie du dimanche 4 décembre 2022, 2e dimanche de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 3, 1-12. Livre du prophète Isaïe 11, 1-10. Psaume 71.

Lettre de saint Paul aux Romains 15, 4-9.

 

Les lectures de ce matin sont si riches et si remplies de réminiscences de l’Ancien Testament qu’elles peuvent tout à fait nous laisser un peu perplexes et peut-être même nous laisser sur notre faim ! 

Avons-nous pris le temps de lire ces textes ce matin avant de venir à la messe ? Avons-nous saisi quelques clés de compréhension pour pleinement intégrer ce que Dieu veut nous dire et mieux nous convertir ?

Finalement, sommes-nous si familiers de la Bible ? C’est une bonne question en ce temps de l’Avent ! 

En réalité, tout est important dans l’Évangile, sinon l’auteur ne l’aurait pas écrit. Par exemple, pourquoi saint Matthieu nous donne-t-il le menu des repas de Jean-Baptiste et non pas le menu des repas de Jésus ? Ou encore, pourquoi désigner un désert : comment Jean pouvait-il « baptiser avec de l’eau dans le désert » ?

 

- Ou encore, par exemple ! Les poils de chameau, est-ce que ça vous parle et vous donne envie de rencontrer une personne habillée avec des poils de chameau ? 

Pourtant les habitants de la Judée vont aller à la rencontre de Jean ! C’est même cette caractéristique qui les pousse à sortir jusqu’au désert, pour aller voir et écouter ce drôle de personnage ! 

C’est bien ainsi que l’évangile nous présente le baptiste : « Jean portait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins […]. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui… »

Remarquons aussi que l’accueil de Jean est loin d’être chaleureux, car il va jusqu’à traiter certains d’entre eux d’« engeance de vipère ! »

Plusieurs détails peuvent nous échapper, mais, pour les habitants à cette époque, tout cela a du sens ! 

J’aimerais avec vous, très rapidement, décrypter l’évidence de l’évangile de ce jour, car, contrairement à nous, toutes ces personnes qui vont à la rencontre de Jean, connaissent parfaitement les Écritures. 

 - Il est écrit, dans le livre du prophète Malachie, au chap. 3, verset 23 : « Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. » et encore dans le 2e Livre des Rois chap.1 verset 8, en parlant d’Élie : « C’est un homme portant un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins. »

Quand on leur apprend qu’il y a dans le désert un homme vêtu de poils de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins, ils se disent immédiatement : « ça y est, c’est Élie qui est revenu ! »

Donc, loin d’être anecdotiques, pour ces habitants de Jérusalem, les poils de chameau, c’est Élie, le plus grand des prophètes, qui revient préparer le jour du Seigneur, « jour grand et redoutable » ainsi que l’Écriture l’avait annoncé.

C’est naturellement que les juifs vont s’interroger au sujet de Jean et même de Jésus, s’ils ne sont pas, l’un ou l’autre, le prophète Élie ! (Mt 11,14 & 16, 14) Ou encore, lors de la Transfiguration, cette nécessité de la présence de Moïse et d’Élie attestant la légitimité de Jésus. (Mt 17,3).

Ces gens savent donc lire les signes. Ils ont le sens du symbole. Pour nous, reconnaissons-le, c’est souvent beaucoup plus difficile ! 

 

- Le mot « DESERT » ! 

Ici, ce mot ne veut pas simplement dire un endroit tout sec, sauvage ou un endroit où il n’y a personne. Ce mot nous renvoie à plusieurs sens possibles (comme celui par exemple d’un désert intérieur, peut-être ce désert dans lequel je suis actuellement ?)

Souvent, dans la Bible, des mots, comme le « désert », renvoient à des histoires anciennes et bien connues. Ce n’est pas trop difficile ! Le désert fait référence à deux ou trois histoires les plus connues de la Bible et particulièrement une : l’histoire de Moïse et du peuple hébreu, libéré de l’esclavage quittant l’Égypte, en un exode dans le désert vers la Terre Promise. 

Pour approfondir encore ce que cela peut nous dire, il nous faudrait donc relire le livre de l’Exode et le livre des Nombres. Jean « nous plonge dans le désert », et volontairement, saint Matthieu nous replonge dans cette histoire, dans la promesse, l’errance du peuple hébreu, son attente et, en même temps, sa proximité avec le Dieu Unique.

 

Je termine avec le régime alimentaire, un peu particulier, de Jean-le-Baptiste !

Manger des sauterelles ! Pour saisir l’allusion, il faut nous rappeler que nous sommes invités à nous préparer à vivre comme les Hébreux, un chemin de libération dans le désert. Pour eux, c’était d’Égypte jusqu’à la Terre Promise. Pour nous, c’est donc depuis l’esclavage de notre péché, de nos fermetures, de nos peurs et de la mort jusqu’à la promesse du Salut en Jésus. 

Voilà l’invitation qui nous est adressée : vivre, nous aussi, un exode, un passage, une libération.

Dans ce trajet des Hébreux, il est précisément question de « sauterelles » (particulièrement, au début de l’exode) et de « miel » (à la fin de l’exode vers la Terre promise).

  • Dieu envoie des sauterelles pour libérer les Hébreux de l’esclavage en faisant plier pharaon. (plaies d’Égypte)
  • Et nous nourrir aussi de miel. C’est l’aliment par excellence de la Terre Promise dont l’autre nom est « le pays où coule le lait et le miel ».

Nous n’avons pas toujours la clé, le décodeur qui nous permettrait de reconnaître instantanément les signes que Dieu nous envoie.

La question est là : comment lisons-nous la Bible ? Mais lisons-nous la Bible ? 

Si nous ne sommes pas des familiers de la Bible, nous risquons bien de passer à côté de ce que Dieu veut nous dire ! Certes une jolie histoire, mais dont l’enracinement peut nous faire défaut !

Saint Paul nous y invite justement aujourd’hui, dans le passage de sa lettre aux Romains que nous avons entendus dans la deuxième lecture :

« Tout ce qui a été écrit à l'avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance. » 

Voilà ce que nous entendons en ce dimanche :

Persévérance, Réconfort, Espérance !

Cet appel à la conversion, qui vient du souffle brûlant du désert par la bouche de Jean est adressé à chacun de nous :

« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est là » !

Puissions-nous l’entendre en ce bref temps de l’Avent et comprendre que la logique de Dieu passe aussi par le temps et l’histoire des hommes !

Frères et sœurs, prenons le temps de lire la Parole de Dieu !                                                                        

                                                                                                       Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du vendredi 2 décembre 2022, 1re semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 9, 27-31. Livre du prophète Isaïe 29, 17-24. Psaume 26.

Messe de l’aurore.

 

"Croyez-vous ?"

En lisant les textes de ce jour, nous découvrons qu’il y a un fil conducteur qui parcourt la première lecture, le psaume, l’antienne de l’alléluia et l’évangile : il est question d’aveuglement, d’aveugles et de lumière !

 Quel est le contexte ? Jésus vient de guérir une fillette chez un notable. Sans doute cela s’est-il su et voilà que deux aveugles le suivent en criant. Ils rejoignent Jésus dans une maison bien précise, qu’Il occupe avec ses premiers disciples. Cela n’a pas du être facile pour ces deux aveugles d’y arriver en se repérant dans les ruelles étroites et pleines de monde de la vieille ville de Capharnaüm.

Cette maison, nous la connaissons bien ! C’est celle de Simon-Pierre, Apôtre !

Je vous laisse imaginer leur détermination et leur foi en la personne de Jésus ; c’est ce qui est particulièrement remarquable. Ce que Jésus avait fait pour la petite, Il le ferait bien pour eux aussi ! C'était ce jour-là ou jamais : "Aie pitié de nous, fils de David !"

Voilà le contexte et cela m’a conduit à une petite méditation. Dans ma prière, deux petits points m’ont intrigué :

  • Premier point : la question de Jésus semble superflue, puisque ces deux aveugles sont devant Lui. Il leur demande cependant : « Croyez-vous que je peux faire cela ? »
  • Deuxième point : pourquoi l’évangile fait-il mention de la Maison de Pierre ? Nous lisons dans l’évangile : « Quand il fut entré dans la maison, les aveugles s’approchèrent de lui ».

Comme d’habitude, l’Évangile est là pour nous bousculer et il nous interpelle ! 

La maison de Pierre est un lieu central de la Fraternité ! C’est le lieu où la première communauté de disciples se rassemble autour de Jésus, un lieu important de la prière, de la discussion, un lieu de communion profonde avec le Seigneur ! Un peu comme nous ce matin, en cette église !

C’est dans cette maison, baignée par la présence de Jésus, qu’il interpelle les deux aveugles :

"Croyez-vous, dit-il, que je puis de nouveau rendre lumineux votre regard, que je puis vous remettre ensemble sur un chemin de lumière ; croyez-vous que j'ai la puissance de vaincre tout aveuglement ?" Ce sont des questions que Jésus pourrait nous poser ce matin !

Si nous disons dans la prière et dans la Foi : "Oui, Seigneur, nous croyons !", Jésus va réellement toucher nos yeux, notre cœur, notre intelligence... Quelque chose va changer en chacun de nous, dans notre regard, dans notre cœur, dans notre façon d’observer et de chercher à comprendre ce qui se passe dans notre monde, dans notre vie. En nous, le réel va nous être révélé, tel que Dieu le voit, lui qui crée la lumière. Et Jésus va nous dire : "Qu'il vous advienne selon votre foi".

Si notre foi est vraie, si nous croyons, si nous faisons confiance au Christ, le résultat sera là ! Bien que Jésus les invite à une discrétion, nos deux aveugles, par une révélation ou une illumination intérieure, deviennent de véritables Disciples-Missionnaires ! Ils vont annoncer le Christ et dire ce que Dieu a fait pour eux.

  Seigneur, nous qui sommes, bien souvent, aveugles, donne-nous, ce matin, ce surcroit de Foi pour que nous puissions vivre pleinement de tes sacrements ! Que notre cœur s’ouvre à ta lumière, à ta vision ! Donne-nous Seigneur, la joie de Te voir et de T’annoncer ! Puissions-nous être d’humbles « lumières » pour nos frères et sœurs à travers le monde, comme ces petits lumignons qui nous éclairent ce matin !                       

                                                                                                                                                                                                             Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 28 novembre 2022, 1re semaine du temps de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 8, 5-11. Livre du prophète Isaïe 4, 2-6. Psaume 121.

 

Chers amis, nous entrons dans le temps de l’Avent et le chemin que nous commençons ces jours-ci est :

  • à la fois un nouveau chemin d’Église, un chemin du peuple de Dieu, vers la fête de la Nativité. Ce chemin sera jalonné par toutes ces quatre bougies qui seront allumées chaque dimanche de l’Avent. Ce chemin concerne tous les chrétiens, tous ceux du monde entier, 
  • et en même temps, c’est un chemin personnel où nous marcherons, ensemble, à la rencontre du Seigneur, le Seigneur qui vient, à nouveau, à nous.

Noël est une rencontre, pas seulement, une fête temporelle ou commerciale ou bien le souvenir ému d’une merveilleuse naissance, la venue au monde de l’Enfant Dieu dans les conditions difficiles que nous connaissons ! Oui, Noël est bien davantage qu’un naissance !

L’Avent est cette route que nous empruntons pour rencontrer le Seigneur, en communauté paroissiale et personnellement dans la prière, ! Ensemble, nous marchons pour Le rencontrer, pour être avec Lui.

Ne croyons pas que ce chemin sera une simple balade en montagne ! Ce n’est pas si facile de vivre avec la foi et de tenir dans la durée ! Nous l’avons, sans doute, déjà expérimenté !

Les lectures des célébrations eucharistiques vont nous y aider. En ce premier lundi de l’Avent, nous entendons l’épisode de ce centurion qui, dans le récit de l’Évangile de Matthieu (8, 5-11), se prosterne humblement devant Jésus pour Lui demander de guérir son serviteur : une demande qui semble essentielle pour lui. Cette rencontre a aussi pour but de nous accompagner dans notre rencontre de Jésus !

 

Ce qui va forcer l'admiration du Christ, plus encore que son humilité, c’est sa foi tranquille et audacieuseCe capitaine vient le supplier, non pas pour lui-même, mais pour un autre, un de ces petits, un de ces sans-grades, un de ces hommes simples que Jésus aime accueillir. 

Cet officier de l'armée d'occupation fait preuve d'humanité et de sens social : ce n'était sans doute pas courant à l’époque ! 

Cette foi, cette audace, cette rencontre… sont les illustrations et les étapes de notre chemin de l’Avent qui s’ouvre pour nous !

Dans la prière au début de la messe, nous avons demandé la grâce de parcourir ce chemin avec plusieurs attitudes pouvant nous aider. 

Demandons cette persévérance dans la prière, cette justesse dans le choix de vivre ensemble, en famille et personnellement. 

 

Chers frères et sœurs, avec un cœur ouvert, osons ce chemin à la rencontre du Seigneur, mais aussi, et surtout acceptons de nous laisser rencontrer par Lui. 

Demandons d’être réaffirmés dans notre foi, et la certitude que :

  • Jésus est venu il y a environ deux mille ans, 
  • qu’Il reviendra à la fin des temps, 
  • et qu’Il est aussi présent çà chaque instant de notre vie !

Demandons la grâce de nous laisser rencontrer par Lui !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 27 novembre 2022, 1er dimanche du temps de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 24, 37-44. Livre du prophète Isaïe 2,1-5. Psaume 121. 

Lettre de saint Paul aux Romains 13, 11-14a.

 

En observant cet évangéliaire, vous pouvez constater que nous sommes au début de l’année liturgique et au fil des quatre prochaines semaines symbolisées par cette couronne de l’Avent, nous serons conduits jusqu’à cette belle fête de la Nativité.

Cela mérite quelques explications. Oui, nous commençons une nouvelle année ! Un enfant du catéchisme me disait, la semaine dernière, au sujet du temps de l’Avent et de Noël : « Si je comprends bien : tous les ans, c’est la même histoire ! ».

Il est vrai, Noël revient tous les ans, mais personne ne sait comment cette année, Jésus va venir « en chacun de nous ». Je faisais remarquer à cet enfant que, l’an passé, il était plus jeune, qu’il avait grandi et que son regard, ses attentes ont sans doute, changé, et cela d’année en année. 

Et pour nous, chers frères et sœurs … ce temps de l’Avent est-il le même que celui de l’année dernière ? Certes, nous nous préparons à fêter Noël, mais comment est notre cœur ? N’est-ce pas pour nous, l’occasion d’une attente renouvelée ? De fait, nous avons changé, nous aussi. 

Alors, comment attendre à nouveau la venue de notre Seigneur ?

Les textes de ce jour veulent nous stimuler en nous invitant à ne pas rester passivement les bras croisés en attendant le Royaume de Dieu !

Fêter Noël, c’est comprendre que Jésus est venu sur la terre des hommes, il y a plus de 2000 ans, mais qu’Il reviendra à la fin des temps, et en même temps, Jésus vient aujourd’hui, si nous savons l’accueillir… Il est venu, Il est là, Il reviendra ! (C’est ce que nous chantons dans l’anamnèse, juste après la consécration du Pain et du Vin : nous proclamons ta mort ; nous célébrons ta résurrection ; nous attendons ta venue.) Nous connaissons bien cette réponse, mais, y croyons-nous ? Est-ce dans notre cœur ? L’Avent, c’est l’attente de la re-venue du Christ ! Voilà le mystère que nous sommes invités à vivre profondément.

En ce premier dimanche de l’avent, les textes nous plongent donc au cœur de l’histoire humaine. Ils nous invitent à élargir notre regard ; à regarder très loin dans le passé, avec l’épisode du déluge avec Noé ; et à nous projeter en avant, vers la fin des temps et la nouvelle venue du Christ en gloire.

L’Ancien Testament nous rappelle ces moments dramatiques, comme au temps de Noé ou de la déportation à Babylone. Les gens de l’époque ne se souciaient de rien : on buvait, on mangeait, on prenait femme ou mari… Voilà qu’arrivent le déluge, la déportation, le désert… avec au final, un « petit reste » d’hommes et de femmes avec qui Dieu renoue alliance. 

Malgré toutes les trahisons de l’homme, toutes ses ruptures d’alliance, Dieu n’a cessé de travailler le cœur de l’homme pour l’associer à son dessein d’amour et de salut. 

Le sommet de cette longue histoire du salut, c’est la venue de Jésus sur notre terre ! Il vient justement accomplir les promesses et l’attente des prophètes de l’Ancien Testament. 

En Jésus sont inaugurés les temps messianiques qui sont les derniers temps.

Voilà l’évènement central que nous fêtons à Noël. Voilà ce qui donne sens à la célébration de Noël pour les chrétiens : en Jésus, notre Dieu s’est fait homme. Ce n’est pas un petit Jésus en sucre ou en chocolat que nous allons dévorer ; c’est vraiment la venue de Dieu dans notre chair (incarne). Il s’est fait homme pour nous révéler, avec une voix humaine, l’amour du Père pour chacun de nous, son projet de Vie et de Salut. 

Plus de 2000 plus tard, nous sommes toujours dans les derniers temps messianiques où il nous faut préparer le retour du Christ. Faut-il préciser pour éviter tout contresens que le temps des hommes n’est pas le temps de Dieu et inversement ?

Les textes de ce jour nous invitent donc à regarder en avant, à nous mobiliser, à choisir la vie, à choisir le Christ. Est-ce nouveau ? Pas tellement !

Isaïe, déjà, dans la première lecture, nous invitait dans une vision humaniste et prophétique (6 siècles environ, avant la naissance du Christ) à marcher tous ensemble vers ce royaume de justice et de paix, là où les épées seront transformées en socs et les lances en faucilles. Plus de guerre, le mal sera vaincu ! Hélas, nous pouvons constater que nous en sommes bien loin ! Le royaume n’est pas encore là, mais il est déjà inauguré par le Christ. Les germes sont là, à nous de les voir, de les faire grandir et de les faire fructifier. 

La deuxième lecture nous redit que cette attente du retour du Christ chez saint Paul n’est en rien une attitude passive. Cette attente doit mobiliser nos énergies : « rejetons les œuvres des ténèbres… revêtons-nous des armes de la lumière », autrement dit : rejetons ce qui conduit à la mort, entrons dans le combat de la vie, choisissons la vie !

Saint Paul nous demande de nous préparer à ce retour du Christ en faisant, dans la vie de tous les jours, les choix qui s’imposent pour que grandisse, déjà en nous, l’amour mutuel. 

L’évangile nous appelle aussi à une vigilance active : restez éveillés, « tenez-vous prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Mais serons-nous prêts à l’accueillir ? À quelle heure viendra-t-Il ? Nous ne le savons pas !

Notre société, comme celle du temps de Noé, n’endort-elle pas beaucoup d’hommes et de femmes avec l’incitation à consommer toujours plus, à croire que notre bonheur se trouve dans les achats que nous ferons comme en ces jours de black Friday ? Le réveil ne peut être que brutal quand surviennent les crises sociales, économiques et financières. L’aveuglement est souvent là. Nous faisons comme si …

Mais, après quoi court notre monde malade ? 

  • Malade de ses laissés pour compte à la recherche d’un logement, d’un emploi, de personnes qui sont dans la rue … 
  • Malade des guerres, de la misère, des dictatures, de l’indiférence … 
  • Malade de ses refus d’accueillir la vie naissante et refus d’accompagner dignement la fin de vie, en se débarrassant de nos anciens qui nous “encombrent“
  • Malade de la surexploitation de la terre, de la course au pouvoir et à l’argent.

 

 Le monde de Noé est-il si différent du nôtre ?

« L’actuel système mondial est insoutenable », nous dit le pape François dans l’encyclique Laudato’ si. Ne sommes-nous pas en train de rendre la terre invivable et de préparer les déluges à venir, si nous ne changeons pas ?

Alors, faut-il changer le monde ? Évidemment, mais, n’est-ce pas plutôt à nous, déjà, de changer ! N’est-ce pas à nous de réfléchir, de nous engager et de décider ; réfléchissons : après quoi, ou après qui courons-nous ? Sommes-nous encore des acteurs dans ce monde ? 

Le temps de l’Avent nous invite à nous interroger sur ces réalités, à nous tenir en éveil, à nous faire sortir de notre désespérance, de notre passivité et à nous retrousser les manches… 

Regardons le Royaume à venir !

Pour répondre à cet enfant du KT ! Alors oui, tous les ans c’est la même histoire de Noël, mais c’est, en réalité et surtout, un temps propice pour redécouvrir le sens de notre existence chrétienne.

Dieu est avec nous, ne Le manquons pas, soyons prêts pour le rendez-vous à l’accueillir.

Cela est certain : Il est venu, il est là, il reviendra ! Et nous, serons-nous là, avec Lui ?

Ainsi soit-il !

 

Homélie du vendredi 25 novembre 2022, 34e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 21,29-33. 

Apocalypse de Saint Jean 20,1-4.11à21, 2. Psaume 83.

 

Toujours en écho à la belle fête du Christ-Roi, la liturgie nous fait méditer toute cette semaine, sur le chapitre de saint Luc où Jésus nous parle longuement de l'avenir.

Depuis le début de la semaine, Jésus, dans un style particulier, nous parle de son retour à la fin des temps avec tout un cortège d'événements mystérieux dont la date reste cachée dans le secret du Père. 

Quand Il évoque ce scénario de la fin, Jésus le fait toujours dans le langage traditionnel des Apocalypses ! Soyons clairs sur le sens du mot Apocalypse : il veut dire « révélation » !

Faut-il avoir peur ? La réponse est simple : non ! 

L’invitation est claire : il faut discerner, espérer, il faut veiller !

Pourtant, certains vont me dire que ce langage apocalyptique rejoint des réalités que nous connaissons. Les dérèglements climatiques et les catastrophes qu’ils engendrent, les grands malheurs de notre temps (guerres, extrémismes armés), la montée des nationalismes, les violences. 

Devons-nous comprendre que le message biblique nous parle des réalités d’aujourd’hui ?

N’oublions pas que, depuis les temps bibliques, chaque génération a connu son lot de signes inquiétants et a entendu les sirènes de la fin des temps ! 

N’ayons pas peur, mais il nous faut nous ressaisir ! Il me faut surtout comprendre que même si le texte décrit une réalité qui semblerait correspondre à notre époque, il m’invite à une promesse, il nous montre un avenir.

La dynamique du discours apocalyptique de Jésus nous invite ici à ne jamais nous résigner devant les forces du Mal où les adversités qui se déchaînent parfois au cœur de nos existences.

Même lorsque je serai soumis à l’écrasement du malheur, même lorsque ma vie sera jalonnée de signes inquiétants, lorsque mon avenir (celui de mes proches, de ma descendance, etc.) me semblera menacé, je relirai dans ce texte, la promesse d’une délivrance et d’une intervention divine : « Quand vous verrez cela arriver, sachez que le règne de Dieu est proche ». Dieu ne nous abandonne pas ! Il a réellement un projet d’avenir pour chacun de nous.

Alors, « Redressez-vous et relevez la tête », « Tenez-vous sur vos gardes… Restez éveillés dans une prière de tous les instants » ! Ce sont autant d’expressions qui m’appellent personnellement à rester debout devant Dieu pour ne pas sombrer dans le fatalisme, le défaitisme, la peur ou la crainte.

Frères et sœurs, au moment où le temps de l’Avent (adventus = avènement… de Dieu !) commence, ce texte nous rappelle que le règne de Dieu est proche et que rien ne saurait l’entraver. 

C’est une promesse éternelle : « le Ciel et la Terre passeront, mes paroles ne passeront pas ! » (Lc 21,33)

C’est avec ces mots, frères et sœurs que nous pouvons commencer ce jour dans l’espérance et confiants dans la promesse de Dieu.         

                                                                                                                                                                                                                         Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 21 novembre 2022, 34e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 21,1-4. Livre du prophète Zacharie 2, 14-17. 

Cantique (Lc1, 46-55).

Présentation de la Vierge Marie.

 

En cette dernière semaine de l’année liturgique, nous faisons mémoire de Marie, et de sa présentation par Anne et Joachim (au Temple) en remerciement de cet enfant : c’est-à-dire de l’offrande d’elle-même. 

Souvent, dans l'Évangile, Marie, mère de Jésus, prend sa place, simplement, discrètement, dans le groupe de ceux et de celles qui cherchent Dieu. Elle est là ; rappelez-vous, Marie :

  • au Temple, avec Joseph et leur bébé de quarante jours (avec la présence de Syméon et de la prophétesse Anne),
  • au Temple encore avec Joseph, Jésus adolescent avait fait une fugue,
  • seule au pied de la Croix où Jésus agonise,
  • puis au Cénacle avec ceux qui attendent l'Esprit au jour de la Pentecôte.

La Vierge Marie ne peut être honorée, chantée et priée que si nous la reconnaissons d’abord comme une femme proche de nous, une femme aimée et qui aime, une mère qui a enfanté et qui a souffert.

Nous savons que, dans les évangiles, la personne de Joseph reste discrète aussi, mais présente surtout dans les premières années de la vie de Jésus ; ensuite, il n’apparaît plus. Faut-il comprendre que cette absence est en lien avec sa mort, laissant Marie vivre un veuvage qui est un état de vie toujours difficile ! 

Parce que nulle femme n'est entrée comme elle dans le mystère de Jésus-Christ mort et ressuscité, en elle, nous pouvons contempler à la fois la Mère de Dieu, notre sœur en humanité et le modèle de notre foi.

Marie a donc connu différents états de vie : célibataire, fiancée, mariée puis veuve sans doute.

Si je reviens à l’évangile de ce jour, en contemplant le don des quelques piécettes que cette veuve dépose dans le tronc du Trésor, Jésus reconnaît l’humilité de cette femme à travers son geste qui pourrait paraître insignifiant ! 

Et pourtant quel enseignement ! Cette femme ne cherche pas à paraître comme les riches qui finalement donnent leur superflu (ce qui est déjà bien). Elle donne tout de son être, tout ce qu’elle est et même son indigence !

En déclarant : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde. », Jésus, peut-être, pense-t-il aussi à sa maman, Marie !

Le geste de cette veuve dit ce qu’elle est : pauvre, mais reconnaissante pour la vie reçue, et dans le don d’elle-même au Seigneur. 

Frères et sœurs, en conclusion de cette année liturgique, le geste de cette femme ouvre nos yeux sur ce temps favorable, ce temps du salut (2 Co 6, 2).  Dans son geste se cache l'annonce de cette vivante espérance (1 Pi 1, 3), qui passe par la dépossession pour posséder un plus grand bien. C’est bien ce que Jésus va vivre : comme elle, Il a “tout donné ce qu’il avait pour vivre” c’est-à-dire sa propre vie !

À quelques jours, d’entrée dans le temps de l’Avent qui va nous conduire vers Noël – la venue de notre Sauveur -, il est temps pour nous, de rendre grâce pour la vie reçue et d’entrer davantage dans une véritable espérance !

Demandons cela par l’intercession de la Vierge Marie, la mère de Jésus et notre mère !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 20 novembre 2022, solennité du Christ Roi de l’univers. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 23, 35-43. 2e livre de Samuel 5,1-3. Psaume 121. 

Lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 12-20. Aumônerie.

 

Chers amis, nous terminons le cycle liturgique de cette année. Aujourd’hui, nous sommes au 34e dimanche du temps « extraordinaire de l’ordinaire », et nous célébrons le Christ : Roi de l’univers ! Cette fête nous montre non seulement la royauté du Christ, mais aussi la destination de notre vie, comme Jésus le promet au bon larron.

Christ Roi ! Qu’est-ce que cela signifie ? Hier soir, c’était la fête de l’aumônerie à la Maison du lycéen et, aux jeunes qui étaient là, j’ai posé cette question : pouvez-vous me citer quelques noms de roi ? Cherchez dans vos souvenirs, dans les cours d’histoire que vous avez étudiés. Vous me dites : Louis XI, le Roi David, Henri IV, Saint-Louis, Louis XIV, Elizabeth II, Charles III et d’autres encore sans doute. 

Ils ont tous des points communs !

  • La plupart d’entre eux, du moins en Europe, sont issus d’une famille royale (ils arrivent sur le trône par la transmission ou une succession) 
  • et tous règnent sur un territoire particulier : ils sont rois de France, reine ou roi d’Angleterre, rois d’Espagne et d’ailleurs… Quand nous parlons d’un roi, d’une reine, on y associe un pays et un territoire.

Aujourd’hui nous fêtons le Christ, roi de l’univers

Et là, nous comprenons bien que nous changeons de dimension, car, l’univers, c’est grand, c’est immense et pour l’instant non-mesurable, car en extension. 

Il nous faut comprendre, chers amis, que Jésus ne règne pas sur un territoire avec des frontières, qu’il faut défendre et protéger des agressions extérieures, car l’univers ce n’est pas seulement notre terre, c’est l’ensemble du monde créé. Ce n’est pas seulement le monde matériel que nous explorons avec nos télescopes (Hubble ou James Webb), nos satellites, mais c’est aussi le monde immatériel qui échappe à nos sens, le monde visible et invisible. Je cite saint Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche : « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, puissances, principautés, souverainetés, dominations, tout est créé par lui pour lui. Il est avant toute chose et tout subsiste en lui » (Col 1, 15-17). 

Donc, la royauté de Jésus n’est pas attachée à un territoire et comme Il répond lui-même pendant son interrogatoire par Pilate, lors de sa Passion : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18,36).

Pour un roi, le plus important n’est pas son territoire, mais ce sont ses sujets, ceux-là mêmes qui vivent sur ce territoire et qu’il représente. Le rôle du roi est de les protéger, d’en prendre soin, de leur donner tout ce dont ils ont besoin, un roi qui donne son temps au service de tous. Quand Il entre à Jérusalem, Jésus ne chevauche pas un superbe destrier, mais Il est sur un petit âne qui avance doucement, lentement : la vraie monture d’un souverain ! Un vrai roi doit être capable de mourir pour ses sujets. Jésus le confirme : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11). 

Si Jésus prend cette image du berger, c’est aussi en référence au roi David (première lecture de ce jour) qui était un petit berger que Dieu a choisi comme roi de son peuple. Jésus reprend cette image du berger, car celui-ci doit conduire son troupeau, il le mène vers de verts pâturages, connaît chacune de ses brebis, en prend soin, guérit celle qui était malade, va chercher celle qui était perdue en la portant sur ses épaules pour la ramener au troupeau.

Voilà donc le vrai roi de l’univers, celui qui donne sa vie pour ses sujets et c’est pourquoi son trône n’est pas un trône en or avec de belles pierres précieuses : son trône est une croix, un instrument de mort qu’Il va transfigurer en un instrument de Vie. C’est bien ce qui se passe dans l’évangile que nous venons d’entendre. C’est en effet, très surprenant !

Rappelez-vous ! Jésus, lorsqu’Il a été condamné puis crucifié au Golgotha, Il avait à ses côtés, les deux larrons, deux brigands. Ce brigand que l’on appelle le bon larron, après avoir reconnu le mal qu’il a pu faire, reconnaît, en Jésus, son roi : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23,42). Ce royaume n’est pas pour plus tard, mais pour aujourd’hui, car Jésus lui répond aussitôt : « Je te le dis, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Lc 23,43). 

Pour entrer dans le royaume de Dieu, devenir le sujet de ce roi capable de donner sa vie pour moi par amour, il nous faut entrer dans une relation personnelle et intime : « Tu seras avec moi. » C’est bien, là encore, toute la différence avec les grands rois des royaumes, qui sont bien souvent, loin du peuple, difficilement joignables et d’une approche distante ! 

C’est cette intimité, cette proximité, cette communion qui manifestent cette royauté : « Le Règne de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17,21). 

Alors, qui est ce roi qui donne la vie, sa vie et qui partage son amour ; où donc règne-t-il ?

Il règne dans (votre) ton cœur si tu lui ouvres la porte de ton cœur. Il n’est pas très loin dans le ciel, mais tout proche ! Ce roi ne prend pas le pouvoir par la force qui serait une dictature, même pas par la démocratie, c’est-à-dire par un choix majoritaire, ni même par la peur... Ce roi règne parce que tu le veux et parce que tu désires l’accueillir. C’est ainsi qu’Il règne dans le cœur de tous ceux qui acceptent son amour et veulent le répandre à leur tour : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

L’enjeu est à : il faut donc ouvrir nos cœurs à l’amour de Dieu pour entrer dans cette intimité avec Lui ! J’aime cette invitation de Jésus que nous lisons dans le livre de l’Apocalypse (cf. Ap 3,20). 

  •  « Voici que je me tiens à la porte et je frappe, si tu m’entends, si tu m’ouvres, j’entrerai et avec toi, je prendrai mon repas. »
  • Jésus nous dit aussi : « Si quelqu’un m’aime, mon Père et moi nous viendrons chez lui et chez lui ; nous ferons notre demeure ».

Il nous faut donc comprendre que dans le Royaume de Dieu, Christ Roi de l’univers, on ne peut régner que par l’amour. Voilà ce à quoi nous sommes invités : l’amour !

Alors, frères et sœurs, que cette fête qui termine l’année liturgique nous ancre davantage dans notre vocation baptismale de prêtres, prophètes et rois, de Disciples-Missionnaire au service de l’humanité comme l’est Jésus, notre Maître et Seigneur : le Christ Roi de l’univers !

Ayons l’audace et l’amour d’étendre le royaume de Dieu par l’amour et le soin que nos prendrons de chacun de nos frères !

Soyons heureux d’avoir un tel Roi qui nous aime et veille sur nous !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 18 novembre 2022, 33e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 19, 45-48. Apocalypse de Saint Jean 10, 8-11. Psaume 118.

 

« Ma maison sera une maison de prière.

Or, vous, vous en avez fait une maison de bandits. »

Cette phrase du Christ est violente, surtout si nous nous représentons le contexte dans lequel Jésus chasse les marchands du Temple à coups de fouet (cet épisode est repris et développé dans les évangiles, la description de Saint Luc reste plus modérée !)

Il est vrai que de nombreux marchands étaient installés autour du Temple. Historiquement, les marchands devaient se tenir à l’extérieur du Temple pour vendre tout ce qui servirait comme sacrifices. Parce que les juifs de la Diaspora venaient de tout le bassin méditerranéen avec leurs monnaies locales, il fallait des changeurs en argent du Temple. Il y avait aussi des montagnes d’animaux préparés et disponibles pour les sacrifices.

Mais au fur et à mesure du temps, pour être certains d’être au plus près de la « clientèle », ces marchands avaient envahi les divers parvis. En réalité, le commerce de l'esplanade, particulièrement fructueux, était aux mains de la famille du Grand Prêtre. À cette époque-là, notons que la fonction du Grand Prêtre est plus politique que spirituelle. 

Selon son habitude, Jésus donne l'explication de son geste en citant l'Écriture et les écrits des prophètes Isaïe et Jérémie (Is 56,7 et Jr 7,11). Il met en cause les autorités religieuses qui ont perverties le lieu de culte et oublié qu'on ne peut pas servir à la fois Dieu et l'argent.

            Nous savons bien les dangers auxquels l’Église doit faire face lorsqu’elle se laisse submerger par la tentation de la mondanité et si au lieu d’être fidèle au Seigneur, elle se laisse séduire par l’argent et le pouvoir.

Jésus, volontairement, est violent et Il s’enflamme contre cette pratique, car c’est le cœur de la relation avec Dieu qui est touché. Cette relation entre le Seigneur et les priants ne doit pas (en tout cas, ne devrait pas) être polluée par des affaires du monde. 

Aujourd’hui, nous avons une clé de lecture essentielle. Nous comprenons que ce Temple, c’est le Corps du Christ, Son Corps offert en sacrifice. Comme Jésus nous l’a enseigné, « je dois » et « nous devons », faire attention à rester dans la relation privilégiée du Fils à son Père, du Père à son Fils. 

L’Église ne peut pas être politique, elle ne peut pas être commerciale. Surtout, l’Église n’est pas mienne. J’en fais partie, mais elle ne m’appartient pas. L’Église ne peut pas être partagée, elle ne peut pas être divisée, car l’Église c’est le Christ et chacun de nous, dans la mesure où nous sommes unis au Christ. 

           À chaque fois que je fais de l’Église ma chose, ma vision, je deviens un marchand du Temple.

           Mais à chaque fois que j’entre humblement dans la volonté de Dieu, que je cherche à répondre à Son appel en offrant ma vie pour Lui et mes frères, alors là, j’édifie l’Église, Temple spirituel, Corps du Christ !

Il n’est pas nécessaire d’être de grands saints reconnus dans le calendrier, ou dans le martyrologue, comme sainte Philippine (que nous fêtons aujourd’hui), mais c’est dans mon quotidien, dans la façon dont je parle de l’Église que je peux faire grandir l’Église (même si parfois, à travers le péché et la folie de ses hommes et ses femmes, je souffre avec Elle et pour Elle)

Demandons, frères et sœurs pour chacun de nous, pour notre Paroisse et pour le monde, un amour plus grand pour le Corps du Christ, pour l’Église !         

                                                Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 14 novembre 2022, 32e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 18, 35-43. Apocalypse selon saint Jean 1,1-4 et 2,1-5a. 

Psaume 1.

 

Nous approchons de la fin du cycle liturgique et au cours de ces deux dernières semaines, nous allons être interrogés, bousculés afin que nous puissions nous déterminer et choisir. 

N’ayons pas de crainte, c’est pour notre bien.

L’évangile de ce jour ressemble beaucoup à celui des dix lépreux, que nous avons entendu récemment. Dans ces deux épisodes historiques, nous rencontrons les deux mêmes formes de la prière : une supplication (une demande de miséricorde !) et une louange

Dans les deux cas, le Seigneur Jésus-Christ souligne que le miracle a lieu quand se rencontrent la foi de l’homme et la miséricorde de Dieu : « Ta foi t’a sauvé ! ».

Chers frères et sœurs, ces deux lectures sont donc un appel à la conversion ! 

  • Le lépreux reconnaissant donne l’exemple de la conversion : il se retourne, il revient sur ses pas et se tourne vers Jésus pour l’adorer. 
  • L’aveugle de Jéricho, en entendant le nom de Jésus de Nazareth, crie vers lui de toute sa foi. 

Ce sont deux exemples qu’il faut entendre. À nous et pour nous s’adresse ce message de conversion. 

Nous aussi, nous pouvons supplier le Seigneur et le louer. 

Toutes nos oraisons liturgiques contiennent l’une et l’autre forme de ces prières, comme les deux jambes qui nous conduisent vers une relation personnelle avec le Seigneur Jésus. 

Comme le lépreux purifié et comme l’aveugle illuminé, nous pouvons faire l’expérience d’une vraie proximité avec notre Seigneur. 

Voilà cette invitation que nous avons à recevoir du fond de notre cœur : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». N’est-ce pas la parole qu’un ami adresse à un ami, à un frère, à un conjoint, à ses enfants … ? Jésus attend notre réponse.

Je lisais récemment un commentaire spirituel sur cet évangile. Permettez-moi de vous livrer l’essentiel de ce que j’en ai retenu, pour aller plus en profondeur, en trois points :

  • Un premier point : L’aveugle de Jéricho nous apprend que la prière efficace est une prière simple, audacieuse, concise, humble. « Jésus, aie pitié de moi ! » Il nous faut osez dire cela, sans plus d’explications, sans crainte d’être mal compris, sans avoir peur de paraître simpliste, sans se soucier de sa dignité ou de son image, simplement dire : « Jésus, aie pitié de moi ! »
  • Un autre point important : avant de s’adresser de façon si audacieuse au Seigneur, sommes-nous résolus à accepter sa guérison et à Le suivre sur le champ, abandonnant tout ? Toute hésitation serait ici tragique : si nous ne sommes pas convaincus de tout notre être que le Seigneur exaucera notre vœu, il n’y aura pas de miracle. Si nous ne sommes pas suffisamment pauvres pour tout laisser immédiatement afin de Le suivre, nous n’aurons jamais cette pleine foi en sa guérison. Nous pouvons comprendre comment ces choses sont liées ! Le miracle peut avoir lieu quand se rencontrent la foi de l’homme et la miséricorde de Dieu. La guérison que le Seigneur jugera essentielle pour moi (car peut-être sera-t-elle différente de mon attente), s’opère par notre foi qui nécessite un détachement total et qui s’accompagne d’une véritable conversion. 
  • Finalement, dans un bouleversant renversement, ne faudrait-il pas que, nous aussi, nous arrivions enfin à Lui demander : « Seigneur, que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Nous sommes là dans un échange humble et vrai ! Je vous souhaite une bonne méditation tout au long de ce jour : « Seigneur, aie pitié de moi ! » « Seigneur, que veux-tu que je fasse pour toi ? »

                                                                                                   Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 13 novembre 2022, 33e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 21, 5-19. Livre du prophète Malachie 3, 19-20a. Psaume 97. Deuxième lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 3, 17-12.

 

Voilà un évangile inquiétant, déroutant, ne trouvez-vous pas ? 

Nous sommes pratiquement au terme de l’année liturgique puisqu’elle se terminera le dimanche prochain, 34edimanche du temps ordinaire, fête du Christ-Roi. Puis le 1er dimanche de l’Avent commencera la nouvelle année et nous avancerons vers la fête de Noël.

Déroutantes, sans doute, mais n’ayons pas peur d’entendre les paroles de Jésus : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Je vous laisse imaginer la réaction des personnes qui entendent ces mots de Jésus !

Les contemporains du Christ admiraient le temple de Jérusalem, lieu par excellence du culte, lieu de la présence de Dieu. Il a fallu plus de quarante ans pour le construire. Ce temple, témoin du génie des hommes et de leur quête de Dieu, sera pourtant détruit par les armées romaines en 70, soit une quarantaine d’années après que Jésus ait prononcé ces paroles. En ce sens, l’annonce de Jésus s’est bien réalisée.

        Je vous propose de prendre un peu de hauteur. En réalité, cet épisode du temple a, en fait, une portée et une signification plus larges. Nous savons que, dans notre monde, il y a de belles choses, des constructions grandioses qui révèlent la capacité de l’être humain à édifier, à construire, à embellir. Le choc de la destruction de ce Temple de Jérusalem, n’est pas sans nous rappeler un choc similaire lors de l’incendie de la Cathédrale Notre-Dame de Paris ! Quel émoi !

Au prix d’efforts sur plusieurs siècles, les hommes ont laborieusement accumulé des connaissances, pour déchiffrer le fonctionnement de l’univers, en comprendre les mécanismes. Cela fait partie de la Création ! 

Dieu a voulu l’homme créateur, chercheur et bâtisseur. Les hommes y consacrent du savoir, du temps, de l’énergie. Ce que Jésus nous dit, dans ce récit, c’est de prendre garde de ne pas vouer un culte à ce que les hommes ont découvert ou façonné, aussi grandiose que soit l’œuvre créée. 

Pourquoi ? Vouer un culte à ce que l’on trouve, à ce que l’on produit, à ce que l’on construit, à ce que l’on achète, revient parfois à nous situer sous l’emprise de l’objet. L’homme y perd son humanité, sa dignité et, d’une certaine manière, sa liberté.

        Jésus nous invite au contraire, en ce dimanche, à garder le cap que Dieu a fixé pour la création qu’Il nous confie. Garder ce cap signifie d’adopter deux attitudes essentielles :

  • La première attitude est de ne pas se laisser égarer par les prophètes de malheur, par une société qui peut nous amener dans de mauvais chemins : « prenez garde de ne pas vous laisser égarer » dit Jésus. 
  • La seconde attitude est de persévérer dans l’action au service du projet de Dieu sur notre monde : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie » dit Jésus.

 

      Première attitude : ne pas se laisser égarer ! Qu’est-ce qui pourrait nous égarer ? La peur ! Le désespoir ! La lassitude et le découragement ! Baisser les bras !

Jésus ne cherche pas à faire du catastrophisme. Il nous propose de prendre de la hauteur. Le message essentiel que Jésus nous livre ici est un message de mobilisation et d’espérance. Il ne cherche pas à nous faire peur. De toute manière, il suffit d’être attentif aux événements de l’histoire, aux événements actuels (et même dans notre Église) pour être convaincu, si cela était encore nécessaire, que le mal et la souffrance sont présents et l’ont toujours été. 

Jésus nous dit que ces événements font partie de l’enfantement (parfois douloureux) du monde, de sa croissance matérielle et spirituelle, mais que, au-delà de ces événements, l’univers a un sens et ce sens est celui de la Vie ! Ne vous laissez pas égarer ; gardez le cap !

      Seconde attitude : persévérer pour obtenir la vie. Nous sommes invités à garder le goût d’agir. Mais comment garder ce goût d’agir ? C’est exactement à cette question que l’Apôtre saint Paul répond dans sa lettre aux Thessaloniciens. Cette lettre fait partie des premiers écrits du Nouveau Testament. 

Son affirmation est radicale : il nous faut agir pour faire progresser le monde jour après jour, pour le rendre plus fraternel, et ne pas céder au fatalisme ni à l’immobilisme.

Pour cela, tant en restant ambitieux, ne cherchons pas forcément, de grands desseins. 

Construisons, jour après jour, le monde par de petits gestes simples, des gestes signifiants et nécessaires : notre agir aura, alors, du sens et de la consistance !

Finalement, si je reprends l’exemple de la destruction du Temple ou de la Cathédrale de Paris, ou sans doute d’autres exemples, nous pouvons découvrir que le monde, comme notre vie, fonctionne dans un « Mouvement Pascal ». Ce mouvement est toujours un écroulement, une Mort et une Résurrection (la vie que Dieu nous annonce) ! Nous expérimentons régulièrement ces trois temps dans notre vie.

Ne soyons donc pas effrayés ! Ne baissons pas les bras ! Gardons le Cap !

Persévérons pour obtenir la vie !

C’est pourquoi l’évangile se termine sur ce beau mot d’encouragement que j’aime tout particulièrement : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

C'est ce que je nous souhaite à toutes et à tous. 

Ne perdons pas notre espérance et avançons quoiqu’il arrive autour de nous ! 

Le Christ est notre chemin !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du vendredi 11 novembre 2022, 32e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 17, 26-37. 2e lettre de saint Jean 1a.4-9. Psaume 118.

 

 

À mesure que l'année liturgique approche de son terme (nous entrerons dans la nouvelle année liturgique au temps de l’Avent), la Parole de Dieu nous invite à réfléchir sur la « fin » de toutes choses.

Dans l'évangile, nous voyons Jésus montant à Jérusalem, approchant donc de sa fin terrestre, nous proposer l'interprétation de deux faits historiques, qu'Il considère comme des symboles de toute « FIN » : le déluge avec l’arche de Noé ..., la destruction d'une cité terrestre, Sodome avec l’histoire de Loth…

Comme au temps de Noé, comme avec celui de la destruction de Sodome, il nous arrive, à nous aussi, de « vivre comme des aveugles » (Luc 17, 26-37), de vivre comme si ce monde-ci devait durer, comme si nos vies ne devaient jamais finir. Jésus nous exprime ce matin que la vie même si elle est l’occasion de vraies joies, n’est pas forcément une partie de plaisir.  Il nous prévient, encore une fois, que la vie, ‘c’est sérieux !’ Elle est un don, un cadeau, mais elle est limitée dans le temps.

Jésus veut nous faire remarquer que quand la vie se limite aux horizons de cette terre, la seule chose qui compte alors pour nous, c’est d’en profiter au maximum : on veut tout et tout de suite ! Ainsi s’explique et se comprend la frénésie d’hier, d’aujourd’hui et (sans doute) de demain : frénésie de plaisirs immédiats et consuméristes, du « manger, boire, acheter, vendre… ». Tout cela peut être important, mais ne remplit pas pleinement d’espérance le cœur de l’homme.

Sans espérance ni vision, malheureusement, cette attitude risque d’être la façon de vivre de beaucoup. Que faisons-nous de notre vie ?

Jésus n'a jamais prétendu que nous serions récompensés en ce monde. Il n'a jamais promis à ceux qui le suivent, une vie facile et sans soucis. Il nous a assurés que le Père, qui voit dans le secret, ne nous oubliera jamais. Il prendra soin de nous jusqu’à nous conduire à cette proximité promise avec Lui.

Finalement, frères et sœurs, cette page est d’une grande actualité en ce jour si particulier où nous fêtons saint Martin, où nous faisons mémoire de l’Armistice. Notre défi actuel, comme croyants, est d’éviter que la « sécularisation extérieure » ou dit autrement : la « paganisation de notre société » ne se transforme lentement en nous en « sécularisation intérieure », en une « perte d’espérance », une perte de vision ! Nous risquons de ne plus percevoir dans nos personnes dans l’horizon de ce nous vivons, qu’un Royaume nous attend, que notre vraie vie est avec Dieu Lui-même.

La finale de l’évangile nous redit, par une image, cette urgence ! Pourquoi Jésus parle-t-Il de vautours ? « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. »

Vous le savez, les vautours sont des oiseaux nécrophages : ils se nourrissent presque exclusivement de cadavres d'animaux. L’enjeu est donc là ! Il nous faut éviter de devenir des « corps morts », des cadavres jetés en pâture aux vautours ! Mais, veillons à bien rester ce pour quoi nous sommes créés : « des vivants » ! Bien sûr, cette image nous est donnée pour nous rappeler que « notre Dieu est celui de la vie ».

Les paroles de Jésus sont plus prophétiques que jamais. Elles nous rappellent que seule la réalité du monde à venir peut nous aider à trouver le sens de nos vies « pèlerinantes ».

Demandons, frères et sœurs, pour aujourd’hui déjà de pouvoir prendre conscience de l’amour de Dieu, de « rester attachés au Père et au Fils » 2 Jn 1,9 (comme le dit saint Jean dans la première lecture) et de comprendre que nous sommes faits pour une vie avec Lui et pour Lui.                                                                                             

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 7 novembre 2022, 32e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 17, 1-6. Lettre de saint Paul à Tite 1,1-9. Psaume 23.

 

En écoutant le Christ nous parler ainsi du scandale, du mépris des plus petits, mais aussi du pardon et de la repentance des pécheurs, du désir de pardonner, nous avons envie de reconnaître : c’est difficile pour moi ! Peut-être avons-nous le désir et même l’envie de supplier le Seigneur de nous y aider en disant : « comme les disciples : « Augmente en nous la foi ! » Change mon cœur, Seigneur !

Tout simplement, nous constatons qu’il est parfois désagréable et douloureux de pardonner, difficile de faire la Paix, trop dur de supporter l’autre qui m’agace profondément ! Et même de me supporter moi-même, tellement je connais mon cœur et ses travers ! Oser demander la paix pour le monde, c’est aussi demander la paix en soi, car la Paix commence déjà en soi !

Chaque jour, nous demandons beaucoup de choses au Seigneur, mais ces demandes sont-elles vraiment les plus nécessaires pour notre vie ? Que ce soient des demandes pour une place de parking, ou encore pour gagner au loto … Mais qui parmi nous ce matin, a fait cette demande au Seigneur d'augmenter en lui, sa foi ?

Cette demande devrait pourtant être récurrente ; c’est une bonne et saine prière : « Seigneur, augmente ma foi ! » ou d’une façon plus collective : « Seigneur, augmente, en nous la foi ! » 

Chez saint Luc, la foi peut déraciner les arbres, chez saint Matthieu et saint Marc la foi peut déplacer les montagnes.

Aussi petite qu’un grain de moutarde, la foi au Christ peut nous aider à déraciner l’arbre du mal qui parfois se développe malheureusement dans nos communautés, mais aussi en nous-mêmes. 

«Oui ! Seigneur, augmente notre foi ! »

Frères et sœurs, que cette prière soit la nôtre ce matin ! Attention, ne nous trompons pas ! La foi n’est pas un objet ni une quantité monnayable, mais elle est un don et un mouvement ! 

Nous l’avons reçue au jour de notre baptême et nous sommes invités à l’expérimenter et à la faire grandir en nous.

  • La foi au Christ peut nous aider à transporter les montagnes qui obscurcissent la lumière dans notre Église et barrent le chemin de la vie. 
  • La foi au Christ, mort et ressuscité pour le pardon de nos péchés et le salut de tous, est une force qui nous donne d’avancer sur un chemin de purification, sur un chemin de justice et de vérité !

Chers amis, faisons nôtre cette prière, au moins pour aujourd’hui : Seigneur, nous te prions pour toutes les nations, fais déjà de notre communauté un lieu de fraternité et de liberté, de justice et de paix, pour que notre Paroisse et le monde, sans cesse, renaissent à l'Espérance.

Prenons le temps, durant les quelques instants qui vont suivre, d’exprimer à notre façon, cette demande au Seigneur !

Oui, Seigneur, augmente en chacun de nous la foi !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 6 novembre 2022, 32e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 20, 27-38. 2é livre des Martyrs d’Israël 7, 1-2.9-14. Psaume 16.

Deuxième lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 2, 16 à 3,5.

 

La semaine que nous venons de vivre a été riche en émotions et peut-être propice aussi en interrogations !

Après la fête de la Toussaint et le jour de prière pour nos fidèles défunts, nous rendons grâce aujourd’hui pour le Dieu de la vie :

Notre Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants, et… cela change tout !

À chaque eucharistie, nous célébrons la Résurrection de Jésus qui annonce déjà notre propre Résurrection. Sa Résurrection est une formidable espéranceune lumière qui éclaire, guide et illumine notre vie et donne un sens aux enjeux de notre vie terrestre !

 

Bien sûr, tout cela n’est pas sans poser question. La vie, la mort, l’après… et pourquoi ? 

Ces questions importantes taraudent l’humanité depuis les origines. Elles sont existentielles ! 

Sans oublier pour les croyants que nous sommes : ai-je vraiment le désir d’entrer (ou non), dans cette vie à venir en suivant le Christ !

À la différence des animaux, les premières tombes des hommes, montrant des rites funéraires, sont perçues, par les anthropologues, comme un signe d’humanité.

D’une façon générale, l’homme prend soin des défunts, par différents rites et rend hommage, par une espérance concrète, à la vie qui continue, de façon intuitive !

Que devenons-nous après notre mort terrestre ?

Au cours des âges, des réponses variées ont été apportées en fonction du développement de la pensée humaine. De nos jours persistent encore diverses réponses à cette question fondamentale. Si certains pensent que tout est fini lors de notre mort terrestre, pour d’autres, cela reste très confus : « on meurt, après on ne sait plus, et pourtant, de nous il ne reste pas qu’un souvenir ! » Cependant nous le percevons : l’intuition d’une vie autre, après la mort, nous habite à des moments particuliers, quelles que soient les époques et les civilisations !

Pour nous chrétiens notre conviction est forte ; nous affirmons la résurrection de la chair et pas seulement de notre âme ! Nous le répétons à chaque credo que nous proclamons. Cela nous a été révélé et des témoins en ont témoigné. 

Qu’est-ce que cela veut dire ? Et quelle conséquence pour nous aujourd’hui ?

Le texte de la première lecture de ce jour, le livre des Martyrs d’Israël, marque une étape capitale dans le développement de la foi juive. C'est l'une des premières affirmations de la résurrection des morts. Nous sommes vers 165 avant Jésus-Christ, en un moment de terrible persécution déclenchée par le roi Antiochus Epiphane II, qui était très certainement un fou mégalomane et voulait être vénéré comme un dieu. 

Pour obliger les juifs à renier leur foi, il exige d'eux des gestes de désobéissance à la Loi de Moïse. Nous pouvons relire ce texte qui montre le courage de ces frères et de leur maman qui résistent jusqu’à offrir leurs vies ! Paradoxalement, c'est au sein même de cette persécution qu'est née la foi en la Résurrection. Car une évidence est apparue qu'on pourrait exprimer ainsi : puisque nous mourons par fidélité à la loi de Dieu, Lui qui est fidèle, nous rendra la vie.

Au temps du Christ, la foi en la Résurrection n'était pas encore partagée par tout le monde. Les pharisiens y croyaient fermement ; pour eux, c'était une évidence que le Dieu de la vie n'abandonnerait pas ses fidèles à la mort. Mais on pouvait très bien être un bon juif sans croire à la résurrection de la chair ; c'était le cas des sadducéens. 

Pour justifier leur refus de la résurrection, ils cherchent à démontrer qu'une telle croyance conduit à des situations un peu ridicules : leur logique semble imparable. Une femme ne peut pas avoir sept maris à la fois, on est tous d'accord ; si vous croyez à la résurrection, disent-ils à Jésus, c'est pourtant ce qui va se passer... elle a eu sept maris successifs, qui sont morts les uns après les autres ; mais si tous ressuscitent, vous voyez à quelle confusion cela nous mène !

L'erreur, va leur dire Jésus, c'est de justifier notre foi par nos raisonnements. Comme Isaïe l'a dit depuis longtemps : « Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, et ses chemins ne sont pas nos chemins » (Is 55, 8). 

Il nous faut donc penser autrement ! L’Alliance avec Dieu traverse la mort : Il noue avec chacun de nous un lien d'amour que rien ne pourra détruire. Au-delà de la mort, comme le dit saint Jean « nous lui serons semblables » (1 Jn). Même s’il est vrai que pour l'instant : « Ce que nous serons ne paraît pas encore clairement »... Serons-nous alors comme des anges ?

Comment les morts ressuscitent-ils ? 

Avec quel corps reviennent-ils ? 

Ce " comment " dépasse notre imagination et notre entendement ; il n’est accessible que dans la foi ; « Acte de foi » qui nous aide dans ce que nous ne comprenons pas encore, ce que nous ne voyons pas encore !  Quant à dire « Avec quel corps reviennent-ils » : n’imaginons pas un retour à cette vie présente, ne tombons pas dans la croyance désespérante de la réincarnation qui ne serait qu’un échec de la vie passée !

Je termine par ces trois points :

  • Notre participation à l’Eucharistie nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration de notre corps par le Christ : en recevant cette hostie consacrée, nous passons, le temps de la communion, du visible à l’invisible !
  • Croire en la résurrection n’est pas une folie ! Pour le Chrétien, c’est une réalité ! La Résurrection du Christ n’est pas seulement le miracle d’un cadavre réanimé. Elle inaugure une dimension nouvelle, inédite, qui intéresse et répond à tous les hommes, de tous les temps ! La vie au ciel n’est pas la simple continuité de ce que nous vivons sur cette terre.
  • Avant même d’envisager notre « résurrection » et de la désirer, nous devons vivre notre « incarnation » !Croire en la résurrection, ce ne peut être simplement une question de l’au-delà de notre vie. C’est une vraie interrogation dans notre désir de vivre uni au Christ, maintenant ! Que faisons-nous du don de la vie que nous avons reçue ? Que faisons-nous de nos journées ? Que faisons-nous de nos mains, de notre cœur, de notre intelligence, pour le service des autres ? 

Ne l’oublions pas, notre vie présente au moment de notre départ vers la maison du Père « ne sera pas détruite, elle sera transformée » ! (Préface des défunts n°1) Tous les liens que nous avons tissés (liens d’amitié, d’amour, de charité que nous avons pu vivre et partager) ne seront pas détruits, mais plutôt sublimés… À chacun de nous de faire les belles et saintes choses que nous demande le Seigneur !

Voilà, frères et sœurs, ce que nous recevons en ce 32e dimanche du temps extraordinaire de l’ordinaire ! Alors, oui, déjà pour aujourd’hui, souhaitons comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture que : « le Seigneur Jésus et Dieu notre Père qui nous a aimés … réconfortent nos cœurs et les affermissent en tout ce que nous pouvons faire et dire de bien ». 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 24 octobre 2022, 30e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 13, 10-17. Lettre de saint Paul aux Éphésiens 4, 32 à 5,8. Psaume 1.

 

Encore une fois, l’évangile de saint Luc raconte une des nombreuses guérisons opérées par Jésus. La guérison d’aujourd’hui est bien décrite ! Dans cette synagogue, en ce jour du sabbat, au milieu de la foule, il y a cette femme courbée. Elle est infirme depuis dix-huit ans. Curieusement, elle ne demande rien ! Elle est là, courbée, essayant de regarder… mais, étant courbée, ce n’est pas très facile !

Le texte précise qu’elle est « absolument incapable de se redresser ». Elle est repliée sur elle-même, physiquement et moralement. Mais que signifie : « être courbé » ? Pensons-y un instant… imaginons-nous courbés… que voyons-nous ? Le sol, nos pieds… mais aussi mentalement, penchés sur nos problèmes, fermés sur nous-mêmes avec cette difficulté de lever les yeux pour voir plus loin ! Jésus la voit ! Il la guérit !

Il annonce sa guérison comme une libération. Jésus ne lui dit pas qu’elle est guérie, mais : « te voici délivrée de ton infirmité ». En redressant la femme, Il restaure sa confiance, la rend capable de s’adresser à Dieu pour Lui rendre gloire. 

Cette guérison est aussi une délivrance du mal, de l’esprit qui possédait cette personne infirme et l’empêchait d’entrer dans une relation, face-à-face avec les autres, et aussi une vraie relation d’amour avec Dieu. Bien souvent, nos replis sur nous-mêmes, nos infirmités physiques ou morales nous empêchent de vivre cette relation de tendresse avec Dieu.

Ceux qui reprochent à Jésus de guérir le jour du sabbat sont aussi un autre exemple de ce manque de confiance qui empêche d’agir avec amour. Eux aussi, d’une autre façon, sont repliés, infirmes, fermés ! Ils se replient sur la loi, sur des règles au lieu d’accueillir le geste de libération de Jésus, tout simplement parce qu’Il ébranle leurs certitudes.

La joie de l’assemblée montre bien que la guérison de la femme courbée est un geste de salut pour les hommes et les femmes de tous les temps. Comme cette femme, toute la foule entre dans la louange, dans une relation vraie à Dieu et aux autres, dans l’Action de grâce.

Ne nous trompons pas frères et sœurs ; nous aussi, nous appartenons à cette humanité courbée, accablée parfois par les soucis, les fautes, les manquements, les péchés ou les mauvaises nouvelles… Tout cela nous écrase littéralement et nous plaque au sol !

Nous pouvons être tentés de nous recroqueviller sur nous-mêmes, de nous crisper sur des certitudes qui nous empêchent d’aimer et qui nous empêchent d’espérer.

Cet évangile nous rappelle que le Christ est venu nous libérer de ces pesanteurs ; à tous ceux qui le Lui demandent, Ildonne la force de se redresser, de vivre debout, malgré les épreuves, tout en restant en communion avec les autres, portés par l’espérance. 

Comme Jésus a redressé la femme courbée, dans la synagogue, le jour du sabbat, croyons que Jésus est avec nous à chaque instant pour nous relever et nous faire vivre d’une vie de ressuscité. C’est là que se situe l’enjeu : à la fin des temps, la résurrection que nous est annoncée sera un redressement pour chacun de nous.

Que cette grâce soit celle de chaque jour, pour nous, nos familles, notre communauté paroissiale et pour le monde !                                                                     

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 23 octobre 2022, 30e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 18, 9-14. Livre de Ben Sira le Sage 35,15b-17.20-223a. 

Psaume 33. Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 4, 6-8.16-18.

 

Chers amis, je fais un pari fou : vous avez pris le temps de découvrir les lectures de ce jour avant de venir à la messe ! 

Assez régulièrement, comme les lectures de ce dimanche, les cinq lectures se répondent les unes les autres ; elles font un tout intéressant ! L’Ancien Testament annonce et le Nouveau Testament révèle l’action du Salut en Jésus ! 

Avez-vous noté que ces textes nous expriment un aspect de la réalité de Dieu :

  • Ils nous disent qui est Dieu, 
  • et en même temps, ils nous disent qui est l’homme.
  • Ils nous rappellent comment l’homme est situé par rapport à Dieu.

Qui est Dieu ? 

- « Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence (il se montre impartial) entre les hommes. Il écoute la prière de l’opprimé » nous dit et nous répète Ben Sirac le Sage, dans la première lecture. 

- « Le Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris. Le Seigneur entend ceux qui l'appellent » continue le psaume 33.

- Saint Paul insiste dans sa seconde lettre à Timothée : « personne ne m'a soutenu... Le Seigneur, lui, m'a assisté… Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume. »

     Toutes ces affirmations, tous ces petits bouts de révélation sur Dieu, Jésus les reprend, les récapitule dans sa parabole du pharisien et du publicain : « pour certains hommes qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient tous les autres » précise le verset 9.

Qui est l’homme ? Dans quel but Jésus met-il en scène cette parabole ?

Le but est important ! Il est de rappeler à chacun que le regard de Dieu sur les hommes est bien différent du regard que les hommes portent sur eux-mêmes, du regard que les hommes portent les uns sur les autres. 

     Si les hommes entre eux ont ce regard de jugement, ce regard impitoyable parfois, qui condamne, qui établit des catégories : les bons et les méchants, les croyants et les païens, ceux qui font comme nous ou ceux qui font autrement ; Dieu, Lui, ne fait pas de différence entre les hommes. Il ne met aucune étiquette sur chacun, comme nous avons tendance à le faire nous-mêmes. 

Comment l’homme se situe-t-il par rapport à Dieu ? Pourquoi Jésus invente-t-il donc cette parabole ?

C’est pour nous redire que Dieu aime toute personne sans distinction. Dieu nous aime et cela, malgré et avec nos défauts, nos travers, malgré nos péchés, et ce qu’Il veut vraiment, c’est nous sauver ! Qui sommes-nous pour juger nos frères ?

Pour cela, Il nous redit avec force qu’il faut ajuster sans cesse notre attitude, dans deux directions, avec deux regards : 

  • notre attitude entre nous, frères et sœurs en humanité, fils et filles d’un même Père, 
  • et notre attitude vis-à-vis de Dieu. 

Bien souvent, malheureusement, nous jugeons Dieu de la même façon que nous jugeons les autres …

De fait, frères et sœurs, cette parabole nous bouscule. Instinctivement, nous cherchons à nous identifier : qui suis-je alors ? En qui nous reconnaissons-nous ? 

Est-ce dans le rôle du pharisien, ou dans celui du publicain ?

Quelle perception de nous-mêmes avons-nous vis-à-vis des autres ? Comment nous situons-nous face aux autres ?

  • Est-ce la suffisance du pharisien qui commande en nous, qui nous place au-dessus des autres ? 
  • Ou bien, ce qui prédomine en nous, est-ce plutôt l’humilité du publicain, capable de reconnaître son péché et qui peut alors voir chez les autres, tout le bien qu’il ne voit pas en lui-même ? 

        Sans doute, sommes-nous bien souvent partagés entre ces deux attitudes extrêmes. Sommes-nous à la fois, l’un ou l’autre, l’un et l’autre ? Quoiqu’il en soit, le regard que nous portons sur nous-mêmes vis-à-vis des autres détermine forcément notre attitude vis-à-vis de Dieu. 

       Nous comprenons que ce n’est pas si simple ! Car l’attitude que je choisis n’est pas sans conséquences. Fondamentalement, mon attitude, non seulement révèle qui je suis vraiment, mais elle m’entraîne sur un chemin qui me rapproche de Dieu ou peut-être m’en éloigne. Il nous faut choisir !

Attention aussi, ne faites pas dire à Jésus ce qu’Il ne dit pas !

Jésus ne nous dit pas qu’il nous faut devenir des publicains, c’est-à-dire avoir une vie de désordre, de choisir le péché, ou le profit malhonnête. Il ne fait pas l’éloge de ce publicain en tant que tel, de ses choix de vie discutables, mais Il souligne la justesse de son attitude vis-à-vis de lui-même et de Dieu. 

   De même, Jésus ne nous dit pas de ne pas lui rendre grâce comme le fait ce pharisien. Il ne nous dit pas de ne pas suivre les règles élémentaires de la vie en société, de ne pas jeûner, ni de faire l’aumône. Jésus ne condamne pas le pharisien, mais sa suffisance, car ses actions sont bonnes et respectables.

Jésus nous rappelle simplement que ce que nous faisons ne suffit pas. Personne ne peut se sauver soi-même par ses seuls actes. Si je me crois parfait, je n’ai pas besoin d’être sauvé ! Là est le danger !

Ce n’est pas ce que nous faisons de visible aux yeux des hommes qui nous rendent justes ou non, mais c’est notre regard sur nous-mêmes, sur les autres et sur Dieu. 

Même le plus grand des pécheurs (ici le publicain) peut être sauvé par Dieu, malgré ses actes qui sont mauvais et qui restent mauvais. Mais rien n’est impossible à Dieu pour celui qui cherche et veut se convertir en se tournant vers Lui ! Voilà qui est rassurant !

La conclusion des cinq textes de ce dimanche culmine dans la petite phrase que nous chantons entre les deux « alléluia » (c’est le petit verset qui passe souvent inaperçu). Cette phrase nous donne bien souvent la clé de lecture de l’évangile du jour. Que dit-il : « Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation ».

  

En fait, tous les textes de ce jour ont pour mission (pour seul but) de nous réconcilier avec Dieu, avec les autres, et avec nous-mêmes !

Prenons le temps, frères et sœurs, de relire ces textes pour les méditer et en faire notre “miel“ afin que notre regard change sur nous-mêmes, sur les autres et sur Dieu !

Bonne méditation !                                                                                            

  Ainsi soit-il !  

 

 

Homélie du vendredi 21 octobre 2022, 29e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 12, 54-59. Lettre de saint Paul aux Éphésiens 4, 1-6.

Psaume 23.

 

Dans l’évangile de ce jour, il est question de signes de temps ! Pour les comprendre, Jésus veut nous dire que : le silence, la prière, la réflexion et le discernement sont absolument nécessaires !

Les temps changent et nous, chrétiens, nous devons les comprendre pour mieux accompagner nos contemporains, sans doute changer aussi pour mieux nous adapter, oser dénoncer s’ils contredisent les valeurs éthiques… , et cela sans nous renier, tout en gardant notre repère essentiel : Jésus, vrai Dieu et vrai homme, Mort et Ressuscité ! (voir la 1re lecture de ce jour de saint Paul aux Éphésiens)

D’une certaine façon, oui, les temps changent ! Ces changements peuvent nous stimuler, nous agacer, souvent ils nous bouleversent et nous déstabilisent en nous mettant dans une situation souvent délicate !

 Pour comprendre les signes des temps, avant tout, le silence est nécessaire : faire silence et observer. Ensuite, réfléchir à l’intérieur de nous-mêmes pour essayer de mieux comprendre. 

J’entends autour de moi, des questions souvent récurrentes comme par exemple :

  • pourquoi y a-t-il tant de guerres maintenant, encore tant de conflits…? 
  • Pourquoi les familles ont-elles des difficultés à tenir dans la durée ? 
  • Pourquoi beaucoup semblent insatisfaits de ce qu’ils ont, de ce qu’ils font, de ce qu’ils sont…? 
  • Quels sens donner aux lois de bioéthiques ? 
  • Pourquoi, ceci ou cela…? 
  • Pourquoi ?… Ne nous décourageons pas !

            Silence, prière, réflexion et discernement… sans oublier de nous former.

C’est seulement ainsi que nous pourrons comprendre les signes des temps !

Face à un refus, le Christ ne mâche pas ses mots ! Il fustige « les hypocrites » qui feignent de ne pas comprendre et refusent toute interprétation. Peut-être ne savent-ils pas ou ne veulent-ils pas voir ? Pourtant, ce qui caractérise l’homme, c’est sa capacité de discernement, sa liberté et sa soif de justice !

Frères et sœurs, quel que soit notre âge : jeunes et moins jeunes, nous voyons bien que notre emploi du temps n’est pas toujours bien ajusté ! Nous sommes capables de passer jusqu’à l’étourdissement, des heures à consulter les médias, Internet, les réseaux sociaux, Facebook… pour avoir, en quelques lignes rapides, une connaissance, souvent superficielle de tout sur tout. 

Mais nous oublions peut-être l’essentiel : la prière, la lecture de la Bible, nous former, une disponibilité aux autres, un service de charité aux plus défavorisés… ou simplement prendre conscience de l’action de Dieu dans ma vie ! 

Appliquons-nous à prendre du temps pour cela ! Ne nous laissons pas influencer par « le prêt à penser consensuel » et « le besoin de faire comme tout le monde » !

Jésus ne nous demande pas d’être, pour autant, des experts en météorologie, Il nous demande de nous appuyer sur les signes du quotidien qui nous redisent sa présence. À qui sait le voir et ose le croire, Il redonne l’essentiel en nous montrant le chemin vers son Père et notre Père ! Avec Lui, ce chemin devient possible, même si le monde change autour de nous ! Avec Lui, rien n’est impossible !

Dans un monde qui n’a pas fini de « bouger », gardons le cap, demandons à l’Esprit Saint qu’il nous éclaire et nous aide à rester libres, à discerner et comprendre afin de poser les bons et vrais choix de vie !

Demandons cette grâce pour rester de fidèles témoins du Christ ! 

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 17 octobre 2022, 29e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 12, 13-21. Lettre de Saint Paul aux Éphésiens 2, 1-10. Psaume 99.

 

Il est question, ici, de partage, d’héritage et d’arbitrage ! Jésus se garde bien de répondre à toutes ces questions par trop humaines et souvent partiales. En bon pédagogue, en bon éducateur, Jésus va essayer de nous faire comprendre où sont les véritables enjeux en racontant un fait assez courant de son temps, j’imagine. 

À son habitude, Jésus donne une nouvelle parabole : celle du riche insensé. Il s'agit, notons-le, d'une richesse honnêtement acquise. Jésus ne dénonce pas la richesse tant qu’elle reste un moyen ou une conséquence et non un but !

Que se passe-t-il ?

Regardez, dit-il, cet homme qui a une bonne terre, de bonnes récoltes. Il vit bien. Mais il en veut toujours plus : de nouvelles granges, plus de profit, plus de sécurité pour être à l’abri des imprévus, pour l’avenir. 
 

Nous pourrions nous demander : qu’y a-t-il de mal à cela ?

En effet, nous pourrions dire : « C’est sage ! Il est bien de se construire un patrimoine, de faire des placements, de préparer l’avenir des enfants, de se donner une sécurité pour sa retraite. » Et sans doute, avons-nous raison. Ce sont des raisonnements respectables. 

Mais attention ! Là encore, Jésus ne vient pas condamner la possession de biens. Il ne vient pas nous dire qu’il faut n’avoir rien, ne pas prévoir sa retraite. 

Alors qu’est-ce qui ne va pas chez notre homme riche de la parabole, et qui engrange ? Où le bât blesse-t-il ? Quel est donc l’enseignement de Jésus ?

Écoutez : « Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on te redemandera ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ? » « Voilà », conclut Jésus, « ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu.» 

Ce qui « cloche » ici pour l’homme riche de cette parabole, c’est qu’il semble se laisser enfermer par ses possessions matérielles. C’est son attachement à celles-ci, en ne pensant qu’à une pérennité terrestre ! Or, nous ne sommes que des pèlerins sur cette terre ! 

Qu’en est-il pour nous-mêmes ?

Peut-être pouvons-nous faire un petit exercice et regarder dans notre vie, pour nous, 

  • Ce qui est superflu,
  • Ce qui est utile 
  • Ce qui est important 
  • Ce qui est nécessaire et essentiel. 

Cet exercice que nous pouvons faire au cours de la semaine, nous renseignera sur nos priorités et nous aidera sûrement à les mettre à la bonne place. 

Que cette messe nous aide à élever notre cœur vers les biens spirituels, vers les réalités spirituelles qui ne s’achètent pas, mais qui font vraiment vivre !  

Demandons à l’Esprit-Saint , cette grâce du discernement pour chacun de nous !     

Bonne réflexion !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 16 octobre 2022, 29e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 18, 1-8. Livre de l’Exode 17, 8-13. Psaume 120. 

Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 3, 14 à 4, 2.

 

Chers frères et sœurs, sans doute avez-vous eu la curiosité, ce matin avant de venir à la messe, de lire les textes de la liturgie de ce dimanche ! Ils sont très intéressants et abordent une multitude de thèmes.

Pour cette homélie, j’ai choisi d’en retenir au moins trois : trois thèmes majeurs qui traversent les lectures de ce jour ! 

 

- Le premier thème et peut-être le plus évident est celui de la prière.

En effet, dès la première lecture du livre de l’exode, même si le mot « prière » n’est pas explicitement nommé, il semble bien que ce soit grâce à la prière de Moïse que le peuple l’emporte sur ses adversaires. 

Attention, ne tombons pas dans la magie qui nous ferait penser qu’il suffit d’avoir les bras levés au ciel pour que nos prières soient exaucées ! Il ne s’agit pas de cela ; au contraire, Moïse n’y est pas arrivé tout seul, il a eu besoin de son frère Aaron et de Hour pour tenir bon dans la durée. 

C’est donc ensemble qu’ils invoquent Dieu, qu’ils espèrent en la victoire de leur peuple, un peu comme s’ils portaient leur peuple à bout de bras, grâce à la prière.

 Voilà une belle image pour illustrer ce qui me semble être la prière : c’est porter ensemble, à bout de bras ceux pour lesquels nous prions. Plus encore, nous nous portons les uns, les autres dans la prière. Cela nécessite - forcément - un certain effort !

Je le précise, à nouveau, cela n’est pas magique ! 

 

- Le deuxième thème est celui de la Foi !

Le fait de nous sentir accompagnés, soutenus de l’intérieur, nous aide à garder cette confiance en nous ; en fait, c’est une question de foi. Comme le dit Jésus, il suffit d’un tout petit peu de foi, gros comme une graine de moutarde, pour pouvoir déplacer les montagnes. 

Car la foi, le fait de croire, de croire sans voir, de croire en soi, de croire aux autres, de croire au projet de Dieu dans notre vie et de savoir que l’on croit en nous, tout cela nous aide à oser, à dépasser nos limites et nos peurs qui souvent nous paralysent. Cette foi est essentielle ! Elle est aussi un don que nous recevons et qu’il faut entretenir !

Voilà donc pourquoi Jésus se demande dans la finale de l’Évangile d’aujourd’hui : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? »

Cette parabole de la veuve et du juge sans justice nous est donnée pour illustrer cette invitation à « toujours prier sans se décourager » !

 Mais attention, il y a, là aussi, une précision importante pour éviter une ambiguïté qui pourrait transparaître dans cette parabole ! 

Nous risquons, en effet, d’entendre cette parabole comme une invitation à “casser les oreilles de Dieu“ pour obtenir ce que nous voulons, comme cette veuve opiniâtre qui a obtenu gain de cause à force d’insistance auprès de ce juge sans justice. 

Or Dieu n’est pas comme ce juge ! Jésus le dit clairement à la fin de la parabole !

Par ailleurs Jésus le dit aussi dans d’autres évangiles, notamment chez saint Matthieu (Mt 6, 7-8) : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles et de prières, ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. »

Frères et sœurs, si Jésus nous donne l’exemple de cette veuve qui crie sans se décourager, c’est parce qu’elle a foi en ce qu’elle demande et elle y croit vraiment que sa demande est légitimement juste ! C’est une des pointes de cette parabole ! 

Et nous, frères et sœurs, comment prions-nous ? Quelle est ma prière ? Il est vrai que Dieu ne répond pas toujours aux demandes que je Lui formule :

  • On peut prier pour la paix dans le monde (c’est bien), mais la réponse de Dieu sera sans doute d’abord, la paix en moi, pour que je puisse la propager autour de moi !
  • On peut prier pour retrouver la jeunesse d’avant, mais la réponse de Dieu peut être cette jeunesse du cœur et l’enthousiasme des années à venir et encore à construire !
  • On peut prier pour trouver la richesse, mais la réponse de Dieu peut être différente et nous offrir une autre richesse, celle de la richesse de son amour, la certitude que je suis appelé à vivre avec Lui pour toujours, richesse dans les amitiés, les relations, les rencontres… Quelle richesse de pouvoir être ici, tous ensemble ce matin !
  • On peut demander que l’autre change, mais la réponse de Dieu peut être de découvrir que c’est moi qui peux changer… Mon regard peut changer sur l’autre et le voir autrement !

Si cette veuve prie sans se décourager, c’est parce qu’elle a la foi, que sa demande est vraie et cela change tout !

 

- Il y a aussi un troisième thème : le projet de Dieu pour moi, pour nous !

En effet, il y a un autre fil conducteur qui parcourt tous ces textes. Ce fil conducteur est celui du projet de Dieu pour l’humanité, l’Alliance qu’Il fait avec elle, avec moi, pour nous faire entrer dans son intimité et partager sa vie. 

Toutes les prières que nous pouvons faire sont sans commune mesure avec le projet que Dieu nous propose pour cette vie présente et pour la vie éternelle !

Ce projet bienveillant de Dieu que Jésus a mené à terme est déjà commencé dans l’Ancien Testament. La première lecture, nous montre une figure incontournable, celle de Moïse. L’évangile nous redit l’invitation de Jésus à ses disciples de crier vers Dieu, jour et nuit, à cultiver une foi inébranlable en Lui. 

Saint Paul ne se trompe pas quand il s’adresse à son disciple Timothée : « Tu connais les Saintes Écritures, elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus-Christ. »

Au cœur de ce projet de Dieu sur l’humanité, nous sommes invités à garder la foi comme un don précieux, à prier par une prière persévérante qui s’incarnera dans l’audace d’hommes et de femmes de prière (quand je dis cela, je ne pense pas uniquement aux moines et moniales). Oui, nous sommes tous invités à prier, là où nous en sommes, et si notre prière confiante se joint à des gestes concrets, c’est pour nous redire qu’elle n’est pas un refuge dans le laisser-faire et l’inertie. 

L’expérience nous montre que :

  • La prière persévérante nous sort de nous-mêmes, de notre petit monde et nous ouvre aux désirs de Dieu sur l’humanité.
  • La prière persévérante crée une chaîne d’amour entre les priants qui expérimentent ainsi une véritable communion de frères et sœurs tournés ensemble vers le même Père. 
  • La prière persévérance développe une attitude fondamentale de pauvreté et d’humilié. 

Pauvre et humble devant Toi, Seigneur, je te prie, car tu sais ce dont j’ai besoin !

Alors, frères et sœurs, faisons confiance à Dieu, même quand l’amour de Dieu ne semble plus évident, voilà l’acte de foi vrai ! Jésus ne s’est pas caché à lui-même, et donc ne nous a pas caché la difficulté : ce n’est pas facile de persévérer dans la foi, de ne pas se décourager, de ne pas « baisser les bras » ! Gardons la foi ! Croyons que notre prière portera du fruit !

Ne nous faisons aucune illusion ! Au moment d’entrer dans sa passion, quand les trois disciples, au jardin de Gethsémani, seront près de craquer, Jésus redira avec insistance (comme dans sa prière du Notre Père): « Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation. » (Mt 21,46)

Je vous le redis : frères et sœurs, gardons la foi et croyons que notre prière portera du fruit !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du vendredi 14 octobre 2022, 28e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 12, 1-17. 

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 1, 11-14. Psaume 32.

 

 

Impressionnant, le nombre de personnes qui entourent Jésus ! L’évangile nous parle de la foule qui s'est rassemblée par milliers pour entendre Jésus, au point que les gens s'écrasent. Il est vrai que la parole de Jésus n’est pas une parole mièvre, mais une parole directe, sans concession ! 

Si vous en avez le temps aujourd’hui, reprenez cet évangile, car c’est une véritable catéchèse qui nous est proposée !

Je souhaite m’arrêter quelques instants ce matin, sur cette recommandation.

"Méfiez-vous du levain des Pharisiens, c’est-à-dire de leur hypocrisie", dit Jésus à ses disciples.

Déjà, quelle idée avons-nous du levain ? Savez-vous que beaucoup de jeunes n’ont jamais vu ou touché du levain ? Le levain, encore employé de nos jours par quelques boulangeries à l’ancienne, est un morceau de vieille pâte qu'on laisse fermenter et qu'on mélange ensuite à une pâte neuve pour la faire lever. Qui dit levain, dit : transformation, fermentation, et en un sens : corruption ! Le levain était considéré, dans ce cas-là, comme un élément impur.

  • Encore aujourd’hui, dans les familles juives pratiquantes, quand arrive la fête de la Pâque, on nettoie, on élimine de la maison toute trace de levain, afin d'accueillir avec un cœur nouveau la volonté de Dieu, comme au premier jour de l'Exode.
  • Le pain qui sera consacré ce matin, ici, dans quelques instants est, lui aussi, sans levain !

Saint Paul, dans la première lecture, fait allusion à cette tradition lorsqu'il recommande aux Corinthiens : "Purifiez-vous du vieux levain et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté." (1 Co 5,7).

C'est bien le « sens négatif » du levain que Jésus retient ici, de la corruption et de l’hypocrisie qui pourraient être aussi les nôtres. Il vise des attitudes bien précises : "Méfiez-vous du levain des Pharisiens, c'est-à-dire de leur hypocrisie". Jésus nous alerte de tout ce qui vient corrompre ma vie, mon témoignage chrétien, mon espérance ! 

Ne croyons pas que nos attitudes n’auront pas de conséquences ! Nous pouvons le lire dans la suite de l’évangile de ce matin lorsque Jésus s’adresse à ses amis : “Tout ce qui est caché sera connu… Craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de vous envoyer dans la géhenne. 

Finalement, n’avons-nous pas à faire personnellement un vrai nettoyage dans notre vie pour réfléchir et éradiquer tout risque d’une attitude corrompue par les hypocrisies tant personnelles que celles qui nous entourent ! C’est ce que nous pouvons retenir ce matin !

Comment allons-nous faire pour supprimer le levain qui pourrait engendrer en nous une duplicité, un voile, des ténèbres, une crainte… bref, une contamination nocive ! Comme le dit saint Paul : “Revêtons l’homme nouveau ! “

Ayons cette audace et ce courage de purifier notre vie et de supprimer tout ce qui pourrait la corrompre !

 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 10 octobre 2022, 28e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 11, 29-33. 

Lettre de Saint Paul aux Galates 4, 22-24.26-27.31à5, 1. Psaume 112.

 

Peut-être sommes-nous un peu comme cette foule qui réclame un signe ! Ils veulent une preuve ! Ils veulent qu’on ne les “roule pas sur la marchandise“ ! Et cette foule accule Jésus à manifester de l’extraordinaire, du surnaturel, saupoudré d’actions éclatantes et bien sûr, surprenantes ! 

Mais la réponse de Jésus est cinglante : « Il ne vous sera donné que le signe de Jonas ! »

Mais quel est-il, ce signe ?

Jonas est le héros d’un petit livre du Premier Testament. Ce petit livre n’a rien d’historique, c’est plutôt une parabole qui nous parle de l’universalité de la foi… Si vous en avez la possibilité, prenez le temps de relire ce petit livre, il est assez court ! 

Avec beaucoup d’humour et d’ironie, l’auteur de ce livre fait de Jonas la figure symbolique de ce judaïsme postexilique, c’est-à-dire après l’exil à Babylone, fermé sur lui-même et qui découvre, un peu ébahi, que Dieu ne rejette pas les païens qui se tournent vers Lui. Même les étrangers, non juifs, se convertissent !

À cette foule, Jésus donne en exemple les habitants de Ninive qui se convertissent après avoir entendu la parole de Jonas. C’est le seul signe que donne le prophète : une parole forte annoncée au nom de Dieu. Jésus ne fait pas autre chose. Il a refusé toute forme de stratégie médiatique visant à séduire ceux qui Le voient. Il parle, annonce le Royaume, apaise les cœurs blessés, libère les consciences qui ploient sous le poids du fardeau et de la culpabilité, relève l’humain condamné, accueille le rejeté... Ce qu’il dit, Il le fait ouvertement !

 

La Bible nous raconte assez fréquemment que les païens, comme les habitants de Ninive, sont en réalité, bien plus disponibles au passage du Seigneur dans leur vie que les croyants bien établis. C’est peut-être parce qu’ils sont en désir, en attente, et dans l’espérance de cette rencontre qui changera véritablement leur vie ! Ceci est vrai tout autant pour aujourd’hui !

Alors, pour nous-mêmes, frères et sœurs, soyons attentifs, ne nous habituons pas au Christ ni à sa Parole !

Ne soyons pas des chrétiens blasés, restons intérieurement comme ceux qui désirent se laisser convertir, encore et toujours ! Laissons-nous surprendre par ce Dieu qui veut nous donner sa vie !

Le seul et unique signe qui nous est donné aujourd’hui, c’est le Christ, la vie ordinaire de Dieu parmi les hommes.

Le signe qui nous est redonné lors de cette messe est cette parole : « Ceci est mon Corps ! »

Par cet humble pain consacré, c’est le Corps du Christ qui nous est offert. Il vient nous redire que l’ordinaire de nos vies est le lieu de notre sainteté et notre chemin de vie avec Dieu, notre voie de salut.

Demandons pour nous ce matin, encore une fois, de garder un regard émerveillé sur notre Dieu qui se donne et nous bouscule sans relâche pour que nous changions, pour que nous nous convertissions et nous tournions totalement vers Lui, pleins de confiance !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du vendredi 7 octobre 2022, 27e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 26-38. Actes des Apôtres 1, 12-14. Cantique, Luc 1.

MÉMOIRE DE NOTRE-DAME DU ROSAIRE

 

La fête de Notre-Dame du Rosaire que nous célébrons aujourd'hui a été instituée pour honorer la Bienheureuse Vierge Marie lors de la victoire chrétienne sur les Turcs à Lépante le 7 octobre 1571, deuxième moitié du XVIe siècle. Le pape saint Pie V et tous les chrétiens avaient prié le chapelet pour demander la victoire. Cette date a été conservée.

Le Rosaire, appelé aussi le « Psautier de la Bienheureuse Vierge Marie », est l'une des meilleures prières à Marie, la Mère de Dieu. Je cite saint Jean-Paul II : « Le Rosaire, bien que de caractère clairement marial, est au fond une prière christocentrique. Dans la sobriété de ses éléments, il a toute la profondeur du message évangélique dans son ensemble, dont on peut dire qu'il est un résumé. » (Saint Jean-Paul II. Rosarium Virginis Mariae – Sur le Très Saint Rosaire). 

Nous connaissons Marie et l’appelons sous différents vocables : Notre-Dame du Rosaire, Notre-Dame Réconciliatrice, Notre-Dame de la Victoire, Notre-Dame de la Paix. Mais ne nous y trompons pas, derrière la diversité des vocables ou des contextes historiques, c’est un seul et même but vers lequel tend la prière chrétienne, la Victoire de la Paix : c’est-à-dire, la Victoire du Christ. À chaque fois que nous récitons le chapelet, nous manifestons par l’intercession de la Vierge Marie, la Victoire du Christ.

Lorsque la guerre, la haine, la violence, l’arrogance…  menacent de tout emporter, les chrétiens, à l’école de l’Évangile, pressentent que le salut ne peut pas venir de la force des armes. 

Certes, il est légitime de se défendre, de tout faire pour mettre hors d’état de nuire envahisseurs et terroristes : c’est même un devoir ! Mais le risque est grand, alors, d’ouvrir le cycle infernal de la vengeance, de monter dans l’escalade de la puissance et de la surenchère, de risquer de mettre notre confiance dans nos chars et nos chevaux, dans nos avions et nos missiles, alors que de telles armes humaines sont incapables de produire une victoire qui soit une vraie paix ; elles n’engendrent que plus de frustrations chez les vaincus et, souvent, un désir de revanche.

Si les chrétiens se tournent vers Marie, c’est qu’ils savent, dans la foi, qu’un tel combat et une telle victoire ne peuvent être que spirituels. Ce vrai combat n’est pas entre des bons et des méchants, entre les pays, ou les cultures… Le combat véritable se déroule dans les cœurs, au plus intime de chaque homme. Aujourd’hui, plus encore qu’au XVIe siècle, nous percevons combien les enjeux politiques sont complexes, imbriqués, mêlés de bien et de mal, et que les meilleures causes sont souvent gâtées par les égoïsmes les plus douteux et les plus cyniques.

Le danger actuel, c’est que nous possédons les armes pour tout détruire sur notre terre, si l’homme ne devient pas plus sage et plus raisonnable.

Demandons à la Très Sainte Vierge, par son intercession de nous garder dans la fidélité à son Fils et aussi dans son désir de paix dans le monde et de paix dans nos cœurs !

C’est la grâce que nous pouvons demander ce matin par l’intercession de la Vierge Marie

                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 3 octobre 2022, 27e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 10, 25-37. Lettre de Saint Paul aux Galates 1, 6-12. Psaume 110.

 

« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? »

Nous connaissons bien cette parabole du « bon samaritain ». Je ne vais donc pas la commenter ce matin et je vous invite à prendre le temps de la méditer. 

Je vais plutôt m’intéresser aujourd’hui à une question existentielle, à cette question du légiste qui reflète les débats théologiques de l’époque, et sans doute aussi nos propres questions : il s’agit de la vie éternelle : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » demande le docteur de la Loi. Cette question, parfois absente dans les activités trépidantes de notre existence, est capitale aussi pour nous !

Nous venons d’entendre, dans l’évangile, qu’il reçoit successivement deux réponses. 

La première réponse, c’est Jésus qui l’énonce en citant l’Écriture, en jumelant Lui-même un passage du livre du Deutéronome sur l’amour de Dieu, le « Shema Israël », et un passage du livre du Lévitique sur l’amour du prochain. À ce niveau théorique, tout est dit ; il n’y a rien à ajouter : « Tu as bien répondu, dit Jésus, fais cela et tu auras la vie » … Littéralement : tu sais très bien ce que tu dois faire, et nous savons également, ce que nous devons faire.

La deuxième réponse, c’est cette parabole que nous connaissons bien ! Elle exprime une réponse dynamique, sous la forme d’un programme de réflexion et qui se termine ainsi : « Va, et toi aussi fais de même ! » … Littéralement : agis de la même manière que le Samaritain, car là aussi, tu connais la réponse. Or qu’a fait cet étranger ? Est-ce si extraordinaire ? Il a mis en œuvre sa miséricorde, sa bonté, envers le blessé rencontré sur la route.

Frères et sœurs, nous pouvons nous poser cette question puisque nous le savons, la route qui descend de Jérusalem à Jéricho passe devant chez nous, et nous l’empruntons tous les jours. C’est la route de notre travail ou jusqu’à cette église, de nos responsabilités, de nos solidarités et de nos fraternités : « Va, et toi aussi fais de même ! ». 

Ouvrons nos yeux, demandons à Jésus de les garder grands ouverts, et laissons-nous arrêter, comme Lui, par les blessés de la vie.

Un dernier point est important : ne l’oublions pas ! Le bon Samaritain, c’est aussi et d’abord Jésus : Il nous aime jusqu’à l’extrême. « Il nous a aimés et s’est livré pour nous. » (Eph 5,2)

Demandons cette grâce d’être attentif aux personnes qui nous entourent, mais aussi d’avoir l’humilité de nous interroger sur cette vie éternelle que Dieu nous propose et de réfléchir sur les moyens qui sont les nôtres pour nous y préparer !

                                                                                                                 Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 2 octobre 2022, 27e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 17, 5-10. Livre du prophète Habacuc 1,2-3.2, 2-4. Psaume 94. 

Première lettre de saint Paul à Timothée 1,6-8.13-14.

 

Chers amis, imaginons que Jésus soit là, devant nous ! 

Quelle serait notre réaction, notre attitude ? 

Que voudrions-nous Lui dire ?

Aurions-nous cette demande particulière à la manière des Apôtres : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » ? Augmente en moi la foi ! C’est une belle demande ! 

Nous aurions pu demander d’autres choses : augmente en moi … la sagesse, l’intelligence, la mémoire, la santé, ou même d’une façon plus triviale, mon compte en banque…

 Nous aurions pu demander aussi sur le plan de la Mission : donne-moi Seigneur de faire des miracles, pour encore mieux évangéliser, ou encore le courage de pouvoir répondre à toutes les questions… 

Plus encore, et de façon tout à fait louable, de pouvoir changer la nature des choses ou de stopper la violence qui, malheureusement, se déchaine à travers le monde (1re lecture avec le prophète Habacuc).

Les Apôtres ont fait très simplement cette demande !  « Augmente en moi la foi ! »

La réponse de Jésus a de quoi nous déconcerter !

Il prend l’image de cet arbre qui serait déraciné et planté dans la mer, et qui montre en réalité l'incohérence, ou du moins « un certain décalage » avec la demande des Apôtres, aussi belle soit-elle.

En réalité, le souci n’est ni la demande ni la réponse. C’est la manière de poser la question : « Augmente en nous la foi ! » La demande des Apôtres est-elle bien posée ? Comment mesurer la taille idéale ou la quantité idéale de la foi ? 

Comme les Apôtres, nous demandons parfois une : « quantité de foi » alors que Jésus propose, sur un tout autre plan : « une qualité dans la foi ». Il nous faut donc quitter le côté quantitatif pour entrer dans le côté de la relation. Arrêtons de tout vouloir mesurer ! Tout se joue dans la relation, dans notre relation personnelle avec le Christ. 

Dès lors, que notre foi soit grande ou petite, peu importe le côté quantitatif ; il nous faut entrer dans la relation, et cela depuis le don gratuit de la Foi, au jour de notre baptême ! Tant que notre foi est la foi en Jésus Christ, tant que nous faisons confiance au Christ, tant que nous restons enracinés dans sa Parole, avec une foi vécue aussi en communauté, nous répondons à l’attente de Jésus ! Qui peut juger que notre foi est grande ou petite ?

Car c’est Lui qui agit ! Et si c’est bien le Christ qui agit, rien ne peut nous décourager ! Ce n’est pas la foi des miracles qui nous fera changer, mais la foi toute simple et incarnée en Jésus Ressuscité ! C’est par elle que nous pouvons alors vivre cette relation personnelle qui nous fait entrer dans la fidélité de l’appel et de l’amour du Christ. C’est Lui qui agit ! Mais pour qu’Il puisse agir, Il a besoin d’un cœur disposé, capable d’accueillir et confiant. Là peut se situer la difficulté !

Déjà le prophète Habacuc dans la première lecture, nous invitait à la confiance et à la fidélité ! le Seigneur l’invite à mettre par écrit « une vision pour le temps fixé », vision qui « ne décevra pas et … Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, sans retard. » C’est une vision de confiance ! Frères et sœurs, nous pouvons découvrir une certaine analogie avec le temps que nous vivons.

Alors que les Apôtres (c’est-à-dire en élargissant à tous les disciples-missionnaires de tous les temps) sont peut-être inquiets d’un manque de résultat ou de ne pas y arriver, Jésus nous redit que nous « sommes de simples serviteurs » et que « nous n’avons fait que notre devoir ». Nous avons à faire notre devoir dans la confiance, simplement parce que nous aimons comme nous sommes aimés. Il n’est pas ici question d’une quelconque soumission, mais bien d’un « devoir libre, discerné, choisi… ».

Littéralement, le Christ nous invite à rester sereins face à la mission. Il ne nous demande pas de réaliser des choses extraordinaires, mais d’être simplement des chrétiens audacieux et confiants. Il nous suffit d’un peu de foi reçue lors de notre baptême, de faire réellement ce qui est à notre portée, et Dieu fera le reste. C’est ce que signifie l’expression « simples serviteurs » et cela ne dédouane pas l’apôtre de faire sa mission avec amour en y mettant son propre cœur et du cœur à l’ouvrage. Comprendre cela enlèvera le poids de la recherche du résultat et de l’efficacité ! Dans un monde où l’on cherche la performance dans tous les domaines, il est bon d’entendre que notre mission n’est pas d’aboutir à un résultat précis ou un quota, à tout prix, mais que notre mission, quelles que soient les générations est l’humble et vrai témoignage du Salut en Jésus ! Notre agir chrétien sera humble, aimant, attentif à chacun, serein.

Ils sont vrais et réconfortants tous ces adages, toutes ces affirmations !

  • Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, et Dieu fera le reste ! 
  • Faisons ce qui est possible et Dieu fera l'impossible ! 
  • C'est la puissance de Dieu qui rend possible ce qui semble impossible !

Tout cela est vrai et rassurant, car reconnaissons-le, notre Mission nous dépasse !

En même temps, n’oublions pas, frères et Sœurs, que si nous demandons un surcroit de foi et de confiance, c’est parce que Jésus est venu nous sauver et qu’Il nous aime tels que nous sommes ! Mais, si nous ne croyons pas, si nous ne cherchons pas à Le suivre, à mettre nos pas dans les siens, à faire la volonté de Dieu, comment serions-nous sauvés ?

Ne pensons pas que notre vie chrétienne soit facile et sans embuche ! C’est justement parce que nous chutons que notre foi, aussi, doit être affirmée !

Plus que jamais, nous avons besoin de la foi, de ce « don gratuit de Dieu » (comme le rappelle saint Paul à Timothée : « un esprit de force, d’amour et de pondération ») pour accomplir notre humble mission dans ce monde où règne l’incroyance et une forme de folie. 

Alors oui, humblement, mais avec audace et réalisme, faisons nôtre cette prière : « Seigneur, augmente en moi la foi ».

Que la foi et notre confiance en notre Dieu, trois fois saint, soit le cœur de notre vie chrétienne et le cœur de notre relation à notre Sauveur !

C’est la grâce que nous pouvons demander et y ajouter la demande de raffermir notre confiance en Lui !

En toi, j’ai mis ma confiance, Ô Dieu très saint, Toi seul es mon espérance 
Et mon soutien ; C’est pourquoi je ne crains rien, 
J’ai foi en toi, ô Dieu très saint. C’est pourquoi je ne crains rien, J’ai foi en toi, ô Dieu très saint.

 

Homélie du vendredi 30 septembre 2022, 26e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 10, 13-16. Livre de Job 38,1.12-21 ; 40,3-5. Psaume 138.

 

Comme je vous le disais en introduction, saint Jérôme était un amoureux de la Parole de Dieu. Toute sa vie, il l’a passée à traduire les textes bibliques de l’hébreu au latin.

Ce matin, j’ai envie de vous proposer de prendre du temps pour relire la Bible, à la suite de saint Jérôme. Puisque tous ces derniers jours, nous lisons, et encore aujourd’hui, le livre de Job, je vous invite à relire ce livre en entier. 

Dans la Bible, parmi les livres de Sagesse, qui traitent de la vie quotidienne, du savoir-faire et du savoir-vivre (comme le livre des Proverbes), du sens de l'existence (avec Qohèleth), de l'amour (en lisant le Cantique des cantiques), de la présence de Dieu dans la création et dans l'histoire (avec Ben Sirach et le Livre de la Sagesse), de la prière (en méditant les Psaumes), il y en a un qui parle de la souffrance de l'homme : c'est le livre de Job.

Job est un personnage à la fois réel et fictif. Il est réel en tant qu'il représente la souffrance de combien de femmes et d'hommes par le monde. Il est encore réel parce que son auteur réfléchit sur l'épreuve qu'a vraiment subie le peuple d'Israël pendant son exil à Babylone ; mais il est fictif au sens où l'auteur n'a pas voulu décrire une situation historique singulière, mais une situation que tous rencontrent plus ou moins à un moment donné de leur existence. L'auteur du livre biblique de Job, qui a vécu sans doute au V° siècle avant Jésus Christ, a écrit ce livre après le retour d'exil de Babylone. Il ne présente pas son héros comme un Juif important, mais comme quelqu’un comme nous, comme n’importe qui !

À travers toute la tradition chrétienne, Job a constamment été reconnu comme le modèle du Juste souffrant et donc comme une figure de Jésus : on loue souvent la patience et la fidélité de Job dans son malheur ; on le décrit comme celui qui se lamente sur son fumier. Parfois aussi, on le met en évidence comme celui qui a l’audace de discuter avec Dieu et qui ose le prier, non seulement afin de comprendre et d'accepter sa condition, mais parce qu'il cherche à découvrir si l'épreuve douloureuse telle qu’il la vit, a un sens pour l'homme et pour Dieu. 

Le livre de Job n'est pas seulement un livre biblique : c'est encore un des grands textes du patrimoine spirituel de l'humanité. Dans la Bible, il indique un moment clé de la réflexion d'Israël sur sa propre histoire, après la détresse de l'exil. Effectivement, comment le peuple de Dieu, et nous avec lui, pouvons-nous rester fidèles à Dieu et continuer de Le prier quand souffrent les hommes, et particulièrement les innocents ? 

Que pouvons-nous retenir de ce livre ? 

La souffrance n'a pas de valeur en elle-même, mais elle peut être le lieu où l'être humain est amené à se poser les questions fondamentales sur sa propre vie, son existence et le destin du monde. 

N'oublions pas que pour beaucoup de nos contemporains, la souffrance et la mort semblent mettre en question l'existence même d'un Dieu bon et tout-puissant. Que répondons-nous aux questions qui nous sont posées sur la souffrance ? Est-ce Dieu qui veut la souffrance ? Est-ce l’homme qui en est la cause ? Avons-nous une réponse ?

Alors, prenons le temps de relire et méditer ce livre de Job.

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 25 septembre 2022, 26e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 16, 19-31. Livre du prophète Amos 6,1a.4-7. Psaume 145. 

Première lettre de saint Paul à Timothée 6, 11-16.

 

Chers amis, de nombreuses pages, de nombreux commentaires ont été écrits sur cet évangile, tellement il nous surprend et nous dérange !

Je vais vous proposer juste quelques réflexions et vous laisser méditer ce texte personnellement. Que nous dit cet évangile ?

  • qu’un homme riche vit dans le luxe : il est vêtu de pourpre et de lin fin ;
  • qu’un pauvre vit devant chez lui, couvert d’ulcères ;
  • que le pauvre meurt, ainsi que le riche ; 

Ce que pointe l’évangile, c’est que la mort va rendre définitifs les fossés que nous créons.

Nous ne savons pas grand-chose de l’homme riche, il n’a pas de nom, par contre nous entendons qu’il est vêtu de pourpre et de lin fin. On ne dit pas qu’il est méchant. On dit simplement qu’il est dans son monde, dans son confort, dans ses festins somptueux, dans sa tour d’ivoire. 

Qu’en est-il aujourd’hui ? Avez-vous déjà observé la maison d’une personne fortunée ? Plus elle est riche et moins elle peut voir les autres au-dehors. Cette maison est entourée de haies très hautes, avec des arbres, des murs, des portails, des chiens, des gardes …et tout cela enferme cette personne « riche » dans son confort en oubliant peut-être celui qui a faim juste devant sa porte !

Il y a aussi ce pauvre, dont nous connaissons le nom : Lazare. C’est un cas unique où l’on donne un nom à un personnage d’une parabole. Ce nom a été choisi en raison de sa signification, ce n’est sans doute pas un hasard. Issu de l'hébreu " el'azar " Lazare signifie " Dieu a secouru " : vaste programme !!! Non pas que Lazare soit vertueux (cela n’est pas dit !), mais il est noté simplement qu’il est pauvre et qu’il aurait bien voulu avoir quelques miettes, quelques restes, quelques offrandes à se mettre sous la dent.

On aimerait croire que si ce riche pourtant croyant (il connaît Abraham) s’était donné la peine d’ouvrir son portail, de sortir de sa suffisance, peut-être aurait-il été choqué de voir l’état de cet être humain, peut-être aurait-il posé son regard, avoir un geste de compassion pour ce pauvre dont les plaies sont soulagées par les chiens ?

En même temps, ne faisons pas de caricatures ! Ce pourrait être trop facile ! Peut-on dire que ce riche ne connaissait pas ce pauvre ? Non, car il semble bien connaître son nom et il le nomme dans la deuxième partie de la parabole !

Si seulement Jésus nous avait présenté un mauvais riche, qui maltraitait le pauvre, nous aurions pu respirer. La parabole ne nous aurait pas concernés. Nous aurions pu penser : « nous ne sommes pas riches, ou si peu, et puis, nous ne sommes pas mauvais ». Mais précisément, cette parabole ne donne aucune dimension morale à l’attitude de ce riche anonyme, faisant bonne chère et vivant dans le luxe.

La richesse n’est pas mauvaise en soi, mais elle risque d’aveugler la personne riche. L’argent est neutre et en même vecteur de puissance. Voilà le danger !

Jésus ne lui reproche nullement d’être riche, mais bien d’être aveugle et surtout indifférent à la misère du pauvre qui gît à sa porte. Être riche n’est ni une tare ni un vice honteux. Mais il y a une bonne et une mauvaise manière de l’être.

Une chose est certaine : le luxe endort les individus, les sociétés et les nations. Il émousse la vigilance.

Enfermé dans une prison dorée, le riche risque de ne pas entendre les cris de souffrance de ses frères et sœurs. Il peut aussi, tout autant, rester sourd à la Parole de Dieu qui pourtant, pourrait le délivrer ! 

Comment faire entendre, encore aujourd’hui, que l’amour de Dieu et l’amour du prochain n’est qu’une seule et indivisible nécessité … et cela quel que soit le niveau de notre compte bancaire ?

En effet, la parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare ne cesse pas d’être d’actualité. Les journaux nous la racontent tous les jours. Les prophètes, comme le prophète Amos, en répètent aussi les durs avertissements, les appels pressants à la conversion et aux indispensables changements. 

Il ne faut prendre à la légère ni le réquisitoire d’Amos, ni la parabole de Jésus, car nous sommes tous concernés ! Il nous faut donc l’approfondir. Tous deux livrent un message semblable. Tous deux nous invitent à la conversion.

 

Je termine par un dernier point qui, pour moi, est une évidence : l’enfer et le ciel existent !

Il arrive de plus en plus aujourd’hui qu’on se demande si l’enfer existe ! Il arrive que certains s’empressent de dire que « non », ou d’édulcorer une réponse (oui bien sûr, mais ce défunt est au ciel)... N’est-ce pas un peu léger ?

Jésus, lui, en tout cas, ne pense pas comme cela. Pour Lui, la vie d’ici-bas, notre vie terrestre, prépare celle de l’au-delà.Pour Lui, l’enfer, c’est de rester loin de Dieu, comme nous le sommes ici-bas. C’est rester loin des autres comme nous le sommes déjà sur terre. C’est donc l’homme qui se condamne lui-même et qui « s’enfer-me »

La seule sanction, c’est simplement cette distance que le riche a mise entre lui et Dieu, entre lui et les autres, et qui alors, devient définitive au moment de notre mort.

Frères et sœurs, sommes-nous convaincus que nous sommes en train de fabriquer notre ciel ou peut-être notre enfer ?

Chaque fois que nous nous ouvrons à Dieu et aux autres ou chaque fois que nous nous enfermons en nous-mêmes, nous créons soit notre ciel, soit notre enfer. Celui qui n’aime pas ici-bas se met lui-même hors du coup, pour ce festin de Dieu, où n’entrent que ceux qui savent vraiment aimer ou du moins, ceux qui recherchent comment vraiment aimer. 

 

Chers amis, c’est ce que nous redit l’évangile en clair : n’attendons pas demain pour nous mettre à aimer, car après notre mort, il sera trop tard !

Restons vigilants ! Tant que nous avons du souffle, tant que la vie est en nous, tant que nous pouvons faire des choix pesés, pensés, réfléchis, conscients… restons vigilants et décidons d’aimer et de nous laisser aimer ! 

Demandons cette grâce à Dieu pour chacun de nous, pour notre communauté rassemblée, pour tous ceux qui sont à La Salette en pèlerinage, pour nos familles et pour le monde !

            Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 23 septembre 2022, 25e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 18-22. Livre de Qohéleth 3, 1-11. Psaume 143.

 

Si vous me le permettez, je vais m’attacher de préférence, à la première lecture, celle du livre de Qohèleth. Peut-être avez-vous eu la curiosité de lire ce livre ? 

Nous connaissons tous cette phrase : « Vanité des vanités, tout est vanité ! » Elle est de Qohèleth (appelé aussi l'Ecclésiaste), ce sage biblique nous dit aussi qu'il n'y a : « rien de nouveau sous le soleil » ; des phrases qui font partie de notre langage quotidien, un peu comme des proverbes. 

Dans la Bible, le Livre de l'Ecclésiaste ou de Qohèleth vient après le Pentateuque (avec ses cinq grands Livres), et après les Prophètes. Avec les Livres des Proverbes, de Job, de Ben Sira, et de la Sagesse, il fait partie des cinq écrits de sagesse. 

Ce livre est écrit environ au IIIe siècle av. J.-C.

Quel est le propos de Qohèleth ? À quoi nous invite ce sage ? Que veut-il nous dire ?

Il nous propose de prendre la vie comme elle vient, comme Dieu nous la donne, de vivre à fond les jours et les évènements quand ils sont là, sachant que le malheur est toujours possible, surprenant… tapi à notre porte. Voilà un résumé très succinct du livre de Qohèleth, qui est un livre atypique et si moderne par bien des côtés.

On le croit parfois pessimiste parce qu’il observe ce qui se passe « sous le soleil » et conclut qu’on ne peut pas compter sur une justice humaine : il y a des méchants qui vivent longtemps et des justes qui meurent trop tôt, des sages pauvres et des riches idiots. Mais est-ce vraiment du pessimisme qu’affirmer cela ?

Il y a « un temps pour tout » (3,1) nous dit-il, et que « Dieu fait tout chose belle en son temps » (3,11) ; chaque temps de la vie a son sens en son moment, affirme le Qohèleth. Ce qui semble effrayant et difficile à un moment donné, peut (avec le recul et dans une relecture) nous aider à grandir ou avoir même des conséquences positives. 

Qohèleth propose un regard sur les humains et la société qui, pour être passablement désabusé, il n'en reste pas moins pétillant d'ironie, et tourné vers la joie de l'instant présent qu’il nous faut vivre pleinement. 

 

Bref, malgré la brièveté et la fragilité de la vie, nous sommes capables de tout ! Et toutes nos actions y trouvent leur place.

Nous qui courons sans cesse après le temps, nous qui parlons de temps « perdu », nous qui n'avons pas le temps…, prenons le temps d’écouter Qohèleth et retrouvons un temps pour chaque chose. Il s'agit de saisir et de vivre pleinement le temps présent, qu'il soit heureux ou malheureux. Il n'y a pas de temps perdu, dit Qohèleth, mais des temps à vivre. Veillons à ne pas gommer les moments de peine ni à oublier ceux de joie... Chaque moment peut avoir du beau, même parfois du pire, mais une fois qu'on prend du recul, on s’aperçoit que quelque chose de bon peut nous advenir. 

Hormis celle de Dieu, il n'y a pas de vérité éternelle : le temps passe, tout change. 

Mais ce qui est important pour nous, c’est qu’il ne faut pas vivre dans le regret du temps passé, de ce que nous n’avons pas pu faire, ou dans l'illusion de l'avenir : vivons le temps présent, car c’est le seul dont nous disposons et qui nous permet de créer ou co-créer avec Dieu ! 

Voilà ce que nous recevons de Qohèleth et, si vous en avez le temps, goûtez ce livre et sa sagesse !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 19 septembre 2022, Notre Dame de la Salette. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 19, 25-27. 2e lettre de St Paul aux Corinthiens 5,17-21. 

Psaume 39.

 

Fêter, Notre-Dame de La Salette, aujourd’hui, 19 septembre, c’est toujours fêter par elle et avec elle, Jésus, Jésus son Fils, Jésus qui est le Salut advenu en ce monde, et Marie a dit « Oui » au projet de Dieu. 

Au sanctuaire de la Salette, sans doute est-ce la grande effervescence et la joie, ce matin !

Fêter, Marie (que nous connaissons aussi à la Salette, sous le vocable de « Réconciliatrice des pêcheurs ») en son apparition sur cette haute montagne éloignée de tout, c’est faire nôtres, deux aspects importants et même centraux du message de l’Évangile : 

  • l’appel à la réconciliation, si présent dans les prières et la 1re lecture de ce jour, 
  • et l’appel à faire une place concrète et réelle à Jésus dans notre vie quotidienne.

Ces deux aspects sont au cœur du message de Marie aux deux petits bergers, Maximin et Mélanie. Quand Marie parle de conversion à vivre, elle nous invite à la prière chaque jour, quotidiennement, matin et soir.

L’appel à la réconciliation est en fait, une double action et une décision : 

  • se laisser réconcilier par Dieu et 
  • devenir des ambassadeurs de cette réconciliation.

Se laisser réconcilier par Dieu :

  • parce que nous ne lui faisons pas assez de place dans notre vie
  • parce que nous avons du mal à vivre les appels de l’Évangile 
  • parce qu’il est parfois difficile de répondre à son appel à aimer : aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même. 

Pécher (en hébreu, mot qui signifie « manquer le but ou la cible ») c’est manquer le but de ce double appel à aimer. Nous oublions trop souvent, l’appel de Dieu dans notre vie. C’est pourquoi il est urgent de se laisser réconcilier avec et par Dieu.

C’est à cela que nous sommes appelés, et nous devons demander à Dieu sa force, la force de l’Esprit Saint. C’est ce qui s’appelle prier, demander une intercession et signifie compter d’abord sur Dieu avant de compter sur nous-mêmes.

C’est cette expérience intérieure et réelle du pardon qui me permettra aussi de devenir un ambassadeur du Christ. Saint Paul est un témoin qui peut dire, dans la première lecture, son expérience : « Compte sur Dieu, fais-lui une place, il est là à tes côtés, il t’aime malgré tes difficultés à l’aimer et à aimer ton prochain ! »

Voilà ce que nous recevons de Marie en son message de La Salette. 

Oui, elle est là, à nos côtés, présente avec nous comme avec saint Jean au pied de la croix où Jésus est mort pour nous sauver !

Ne l’oublions pas, la croix est aussi un lieu d’espérance, malgré toutes les épreuves que nous devons porter. Ne désespérons pas, Marie est là et Jésus lui dit : « Porte avec eux ce que chacun te confiera et me confiera ainsi, porte avec eux pour qu’ils ne soient pas seuls sur leur chemin de vie et de sainteté ! »

Voilà chers amis, ce que Jésus nous dit ce matin, voilà ce qu’il nous dit avec Marie, Notre-Dame de La Salette.    

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 18 septembre 2022, 25e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 16, 1-13. Livre du prophète Amos 8, 4-7. Psaume 112. 

Première lettre de saint Paul à Timothée 2, 1-8.

 

Chers amis, nous venons d’entendre des textes bien surprenants et j’espère que vous aviez pris le temps de les préparer avant de venir, afin qu’en les réécoutant ce matin, vous puissiez peut-être mieux les saisir ! Reconnaissons-le, ces lectures nous déconcertent. 

Oui, Jésus nous provoque aujourd’hui pour nous faire réfléchir, et les trois textes de ce jour nous aident à regarder avec attention notre monde, qui, en tout cas nous sommes nombreux à le penser, est en manque de justice et de vérité, en manque de relation fraternelle, en manque d’attention aux pauvres et aux petits.

J’aimerais aussi que vous preniez le temps de relire la deuxième lecture, celle de saint Paul ! Celui-ci nous rappelle l’essentiel et nous met dès le début dans de bonnes conditions pour essayer de comprendre. C’est la prière qui peut nous aider à comprendre tant le monde et nos sociétés qui fonctionnent par des règles de profit, de défiance et de spéculation : « Je voudrais donc qu’en tout lieu les croyants prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute. » (1 Tm2, 8) Quelle belle prière !

Alors, oui ! Certains vont me dire que Jésus nous surprend, car il semble louer un “coquin“, une personne capable de malhonnêteté !  

Les lectures de ce jour nous provoqueraient-elles sur le fait de tricher, de mentir, de tromper ? De fait, ces textes énumèrent une panoplie de tricherie : diminuer les mesures, augmenter le prix, fausser les balances, acheter tout pour une paire de sandales, vendre jusqu'aux déchets du froment (comme nous le dit le prophète Amos)… il est vrai que ces façons de faire sont d’actualité ! Ou encore : créer un réseau d'amis par une série de fausses factures comme nous l’entendons dans l’évangile.

 

Attention ! Ne nous trompons pas ! Si Jésus nous propose cette parabole, c’est qu’elle est, pour Lui, prétexte pour tout autre chose. Il nous faut donc trouver la pointe du texte ! 

Que se passe-t-il ? Un homme riche avait un gérant qui fut dénoncé, parce qu’il gaspillait non pas les biens de son maître, mais ceux de ses débiteurs. Le maître convoque donc le gérant et le renvoie ! Dur ! Voilà ce gérant confronté à la catastrophe. Mais au lieu de baisser les bras, il réfléchit, il cherche une issue : « Que vais-je faire ? » Il trouve une solution !

On connait la suite, et comment il falsifie les factures des débiteurs ! Saint Luc donne deux exemples de tricherie : 20 sacs de blé et 50 barils d’huile, ce qui fait à chaque fois une somme conséquente. En réalité, que fait ce gérant malhonnête ? Il abandonne simplement son avoir, sa commission ! Et voilà les débiteurs gratifiés chacun d’une généreuse remise. Avec de pareilles largesses, l’ancien gérant pouvait être assuré de trouver en eux, des gens pour le recevoir, reconnaissants, une fois qu’il serait renvoyé.

Le fait surprenant c’est que le maître de la parabole loue ce gérant. Non pour sa malhonnêteté ; il l’appelle bel et bien un trompeur, un fils des ténèbres. S’il le loue, c’est qu’il s’est montré habile, ingénieux. Par exemple, on pense au hold-up du siècle ; nous pouvons en admirer l’astuce, sans pour autant approuver l’acte lui-même.

Comprenons-nous la pointe de cette parabole ? Suspens !!!!! 

De quoi s’agit-il ? Et pour nous ? Nous aussi, nous allons un jour ou l’autre, quitter la gérance de notre vie et de nos biens, et nous devrons en rendre compte en quittant cette vie terrestre. Qu’allons-nous faire ? Ou plutôt que devons-nous faire ?

Eh bien, nous dit Jésus dans l’évangile : soyez au moins aussi habiles, vous, les fils de lumière, pour assurer votre vie éternelle, que ce gérant, fils des ténèbres, l’a été pour son avenir matériel.     

J’ai donc trois questions :

            1- Comment notre travail, nos biens nous préparent-il à la vie éternelle ? En employant l’argent à faire le bien, en donnant aux pauvres qui se feront auprès de Dieu, nos avocats quand nous aurons à rendre compte ? Donner généreusement est un geste du cœur, une expression de l’amour. Or nous serons jugés sur l’amour ! Comme quoi, penser aux autres est encore la meilleure façon de penser aussi à soi-même. Cela ne sert à rien d’accumuler dans notre vie terrestre : « Nus, nous sommes venus au monde, nus, nous repartirons ! »

            2- Sommes-nous libres ou esclaves ? Sommes-nous de Dieu ou esclaves des idoles comme l’amour de l’argent ou le démon de l’avarice ? L’Évangile d’aujourd’hui nous met face à ce choix radical. 

            Précisons-le ! L’argent n’est ni bon ni mauvais : c'est un moyen, neutre ! Tant mieux si mon travail et mon intelligence, mes capacités me donnent une aisance ! Mais Jésus qualifie l’argent de trompeur, car il peut donner facilement l’illusion que l’on peut s’appuyer sur lui. Jésus connaît ce piège et nous met en garde !

     3 - Existe-t-il des obstacles à cette communion avec les autres ? « Les biens » dont je dispose (argent, maison, biens de consommation, etc…), servent-ils à la communion, c’est-à-dire «au bien véritable » ? Ai-je de vrais  amis sur lesquels je puis compter ?

     Servir Dieu, c’est Lui ressembler, et Lui ressembler, c’est prendre tous les moyens au service d’une seule fin : entrer en communion avec les autres.

 

     Voilà, chers amis, quelques pistes de réflexion que nous proposent les textes de ce jour ! Sans doute, allez vous en trouver d’autres !

Il y a donc, un choix urgent à faire : nous servir de l'argent et de tous nos biens, pour établir entre tous une relation fraternelle. Sans doute est-ce cela qui manque le plus dans notre société d’aujourd’hui. « Se faire des amis ! », propose Jésus. Donc, il nous faut revenir à l'usage premier de l'argent comme moyen de partage et non comme moyen de domination ; comme moyen de communication entre les hommes et non comme moyen de pouvoir. 

Puissions-nous prendre le temps, frères et sœurs, de relire ces textes et de les méditer. Un jour, le Maître nous dira :« Rends-moi les comptes de ta gestion ! » Y aura-t-il, ce jour-là, beaucoup d'amis pour nous accueillir ? Je nous le souhaite.

Demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer sur notre mission, sur nos devoirs, sur nos exigences, en vue du Royaume éternel !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 16 septembre 2022, 24e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 8, 1-3. 1re lettre de saint Paul aux Corinthiens 15, 12-20. Psaume 16.

 

Ce bref passage de l’évangile évoque quelques traits majeurs du ministère de Jésus. Ces résumés, de temps à autre dans les évangiles, rappellent l’essentiel de la mission du Christ. 

Luc mentionne d’abord le thème central de toute l’activité de Jésus : 

  • proclamer l’Évangile, 
  • annoncer la Bonne Nouvelle, 
  • dire que Dieu va instaurer son Règne.

Jésus n’attend pas les gens, comme Jean-Baptiste au désert qui attendait qu’ils viennent jusqu’à lui. Il va vers le peuple, de village en village, Il fait les premiers pas, pour révéler l’amour de Dieu partout où Il se rend, dans « les villes et les villages ». 

Cette Bonne Nouvelle n’est pas réservée à une élite ; Il est important de le comprendre ! Dieu, par son Messie, offre cette assurance à tous. Dans l’évangile que nous venons d’entendre, nous retenons qu’il y a deux genres de témoins qui Le suivent et qui L’assistent dans cette mission d’annonce : les douze Apôtres et un groupe de femmes.

Ces femmes qui accompagnent Jésus ont dû déconcerter le peuple de l’époque. Les disciples eux-mêmes s’étonnent quand ils découvrent, par exemple,  Jésus parlant à une femme de Samarie. (Jn 4, 27) Cela ne se fait pas ! Un rabbin ne devait même pas parler à une femme en public. Jésus ne s’embarrasse pas de ces considérations.

Ces femmes manifestent une générosité totale, une reconnaissance à Celui qui leur a apporté guérison et libération. Elles suivront fidèlement le Christ jusqu’à la croix, alors que les Apôtres, eux, s'enfuiront. Elles seront présentes au tombeau le matin de Pâques et, au Cénacle, elles prieront, avec les disciples, dans l’attente de l’Esprit Saint (Actes 1, 14).

L’évangéliste met en relief plusieurs personnages féminins, toujours présentés sous un jour favorable. Tout d’abord la maman de Jésus, Marie, qui domine évidemment « L’Évangile de l’enfance » (chap. 1-2), et aussi la mère de Jean Baptiste, Élisabeth, et Anne la prophétesse qui entourent Marie. Dans le reste du troisième Évangile, relevons seulement les passages propres à saint Luc  qui évoquent la participation essentielle des femmes :

  • -    la pécheresse pardonnée (7, 36-50) ;
  • -    la veuve de Naïm, à qui Jésus rend son fils unique (7, 11-17) ;
  • -    Marthe et Marie qui reçoivent Jésus (10, 38-42) ;
  • -    la louange adressée à la mère de Jésus par une femme (11, 27s) ;
  • -    les deux paraboles de la femme qui cherche sa pièce de monnaie perdue (15, 8-10), évangile de dimanche dernier, et la veuve importune qui insiste pour obtenir justice (18, 1-8) ;
  • -    sur le chemin du Calvaire, un groupe de femmes manifestent leur sympathie à Jésus (23, 27-31).

Ajoutons les passages les plus caractéristiques des Actes des apôtres :

  • -    Marie, la mère de Jésus, et un groupe de femmes attendent avec les apôtres la venue de l’Esprit Saint dans le Cénacle (1, 14) ;
  • -    la résurrection de Tabitha (9, 36-42) ;
  • -    Lydie et sa maison se convertissent (16, 13-15) ;
  • -    Aquila et Priscille accueillent Paul et deviennent ses proches collaboratrices (18, 2.26).

Dans un monde où la force violente dominait, saint Luc met en lumière peut-être davantage les femmes attachées au Christ, formant un groupe, comme davantage disposées au Royaume de Dieu. 

Cela est une vraie nouveauté à l’époque de Jésus !

Rendons grâce pour toutes ces femmes et toutes les femmes, celles d’hier et celles d’aujourd’hui, assidues à la prière, à l’écoute, à la charité, et au service de tous, particulièrement dans notre église !                                                                                                                         

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 12 septembre 2022, 24e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 7,1-10. 1re lettre de Saint-Paul aux Corinthiens 11,17-26.33. Psaume 39. 

 

Chers amis, nous faisons, aujourd’hui, mémoire du « saint Nom de Marie ». 

« Le nom seul de Marie met en fuite tous les démons », disait saint Bernard. 

En lisant quelques commentaires, hier, sur l’importance de cette mémoire, je vous livre quelques petites phrases que j’ai retenues : « Béni et invoqué par tous les chrétiens du monde entier, le prénom de Marie est devenu si célèbre que c’est aujourd’hui le prénom féminin le plus donné au monde. Il est fêté, plus particulièrement chaque année par l’Église catholique, le 12 septembre. »

Réciter un “Je vous salue Marie“, prononcer le nom de la Vierge Marie suffit à réconforter de nombreux fidèles.

Alors, pourquoi cette fête le 12 septembre ?

La fête du saint Nom de Marie est apparue en Espagne au XIVe siècle. Elle va s’étendre petit à petit à toute la chrétienté, tout particulièrement  à partir de 1683 avec le pape Innocent XI. La raison en est une action de grâce pour la délivrance de Vienne assiégée par les Turcs au cours de la même année. 

En effet, en juillet 1683, plusieurs milliers de Turcs avançaient vers Vienne, menaçant l’Europe tout entière. Le roi de Pologne, sur les conseils du bienheureux capucin Marco d’Aviano, accepta de porter secours à la ville. Après avoir entendu la messe et communié, le roi Jan Sobieski III et les siens se mirent sous la protection de Marie. Se levant plein d’ardeur après la consécration, le roi déclara : « Marchons sous la toute-puissante protection de la Mère de Dieu ! ». Son espoir ne fut pas trompé : les Turcs prirent la fuite le 12 septembre.

La fête du saint Nom de Marie va être célébrée le dimanche durant l’octave de la Nativité de la Vierge, entre le 8 et 15 septembre. Elle sera définitivement fixée au 12 septembre par le pape Pie X en mémoire de l’anniversaire de la victoire. En 1970, après le Concile Vatican II, la fête est supprimée puis finalement rétablie en 2002 par le pape Saint Jean-Paul II. On sait toute l’affection que le souverain pontife portait à la Vierge comme en témoigne sa devise, « Tout à Toi, Marie : Totus tuus », abréviation de la forme la plus complète de la consécration à la Mère de Dieu : « Je suis tout à toi et tout ce qui est à moi est à toi. »

Au cours des siècles, de nombreux saints ont honoré le nom de Marie. Je livre quelques citations à votre méditation :

  • Saint Ambroise de Milan (+397) écrivait : « Votre nom, ô Marie, est un baume délicieux qui répand l’odeur de la grâce ! » 
  • Saint Bernard de Clairvaux (+1153) y voyait un refuge dans le combat spirituel. « Le seul nom de Marie met en fuite tous les démons », disait-il.
  • Saint Bonaventure (+1274) invoquait la Vierge en disant : « Que Votre nom est glorieux, ô sainte Mère de Dieu ! Qu’il est glorieux, ce nom qui a été la source de tant de merveilles ! » 

Nous pourrions trouver encore et encore, citations, cris d’admiration et prières adressés à Marie. Avec tous les saints et saintes du ciel, confions à Marie, frères et sœurs, par son saint Nom, notre chemin de conversion à Dieu !

Nous nous confierons à Marie, à la fin de cette eucharistie, en chantant un “Je vous salue Marie“ !

                                                                                                       Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 11 septembre 2022, 24e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 15, 1-32. Livre de l’Exode 32,7-11.13-14. Psaume 50. 

Première lettre de saint Paul à Timothée 1, 12-17.

 

Nous sommes dans le chapitre 15e de l’évangile de saint Luc. L’évangile de ce dimanche est souvent présenté comme celui des paraboles de la miséricorde. Miséricorde ! 

C’est un mot qui peut-être, ne parle pas beaucoup à nos contemporains, et pourtant ! Dieu connaît notre misère et notre cœur !

 Jésus a, en face de Lui, des scribes et des pharisiens qui, encore une fois, récriminent contre Lui parce qu’Il fait bon accueil aux pécheurs et pire encore… Il mange avec eux !

Plutôt que d’engager une polémique avec eux pour se justifier, Jésus va, comme Il le fait souvent, leur proposer une réponse sous forme de trois paraboles. Elles sont imagées, parfaitement compréhensibles et intemporelles, comme nous venons de l’entendre !

La première est celle de la brebis perdue. Nous voyons le berger laisser là son troupeau pour aller chercher la brebis qui s’était égarée. Il la cherche vraiment ! Jésus montre la joie du berger qui l’a retrouvée et cette joie, il veut la partager avec ses amis, ses voisins. La dimension spirituelle de ce récit s’exprime alors ainsi : « le ciel est en fête, car un pécheur a retrouvé le troupeau et s’est converti. »

- Ensuite, la deuxième parabole : c’est l’histoire de cette pièce d’argent perdue. Force est de constater que, pour l’époque, cette pièce avait une très grande valeur. C’est grâce à la persévérance de cette femme dans sa recherche qu’elle a retrouvé sa pièce. Jésus nous donne ici l’image d’un Dieu qui persévère dans la recherche de la relation, dans la recherche de celui qui s’est perdu, dans la recherche de chacun de nous.

La conclusion de cette seconde parabole est de la même teneur : Jésus, là encore, nous dit : « la joie du ciel lorsqu’un pêcheur se convertit. »

Il est important de retenir que c’est le désir constant de Jésus de ramener vers la demeure du Père, celles et ceux qui s’en sont éloignés.

Jésus aurait pu s’arrêter là, mais Il va faire un pas de plus et nous entendons la troisième parabole.

La troisième parabole est la plus connue. Elle a inspiré de grands peintres qui ont voulu représenter le retour de ce fils prodigue.

Remarquons qu’il y a trois personnes dans cette parabole, et que le personnage central est le Père. Pour Jésus, cet homme est le visage de son propre Père. C’est ainsi qu’on aurait pu présenter cette parabole en la nommant celle du Père prodigue

Le père de la parabole va devoir faire face d’abord au plus jeune de ses fils puis à l’ainé.

Nous pouvons lire cette parabole au moins à deux niveaux :

  • Peut-être d’abord au niveau de la vie familiale. Ce temps où les enfants, que l’on n’a peut-être pas vus vraiment grandir, vont vouloir se libérer de l’autorité parentale ! Certains l’ont peut-être vécu pour eux-mêmes, quand ils étaient plus jeunes, ou le vivent pour l’un de leurs enfants.
  • Le second niveau de lecture est assurément spirituel.

S’éloigner de Dieu ne L’éloigne pas de nous !

Il est important de le comprendre ; Dieu nous attend ! Comme le père de la troisième histoire, nous avons ici, l’image d’un Dieu qui est miséricordieux, un Dieu qui vient nous rejoindre dans ce qui fait nos fragilités et nos misères, notre péché et nos inconstances. C’est aussi l’image d’un Dieu qui nous laisse libres, profondément libres !

La prérogative la plus importante de cet amour c’est qu’Il nous laisse libres et, plus encore, Il nous rend libres. Cette liberté en Dieu est tellement importante que nous sommes libres de L’aimer, mais aussi libres de ne pas L’aimer, voire même, de Le rejeter ! La folie de Dieu va jusque-là ! Quoiqu’il en soit, être libre c’est toujours prendre des risques. Tout choix demande un vrai discernement et une décision assumée ! Oui, tout comme l’amour, aimer, c’est prendre des risques.

Le père de cette parabole, que nous connaissons bien, est un père aimant, attentif et miséricordieux, et il est aussi profondément juste. On pourrait lui faire le même reproche que celui que les pharisiens font à Jésus. On pourrait reprocher à ce père d’être finalement trop bon (pour ne pas citer le mot de Cambronne) ! D’ailleurs, c’est ce que fait le fils ainé. Mais, oui ! Dieu est démesurément bon ! Il est la bonté même, et Il nous invite à faire ce chemin, sans doute à être de la même bonté de Dieu, mais surtout, à faire le chemin de cet enfant qui veut revenir au Père !

De fait, ce chemin intérieur est à vivre au quotidien pour découvrir un Dieu qui prend soin, un Dieu qui persévère dans la relation, qui nous cherche et qui nous attend ! C’est incroyable : quoique nous ayons pu faire, Dieu nous attend ! Découvrir un Dieu qui ne nous cache pas que les choses peuvent être difficiles, mais surtout un Dieu qui nous invite à entrer dans la confiance de l’amour ! 

Voilà le Dieu de Jésus Christ, voilà le Dieu auquel nous croyons, voilà le Dieu qui croit en nous ! 

C’est pour cela « qu’il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » 

Se convertir, c’est tourner notre cœur là, où il y a la Vie, la vraie Vie ! C’est partir à la rencontre, persévérer dans la relation et attendre dans la confiance !

Frères et sœurs, c’est particulièrement dans le sacrement du Pardon que nous pouvons vivre ce retour au Père : entrer en soi-même (discernement), comprendre ce qui m’a éloigné du Père (relecture), oser dire : « Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. »

Ma prière pour ce soir, dans cette eucharistie, est que nous fassions ou refassions cette expérience de nous sentir aimés et de nous savoir aimés du Père. Soyons assurés que Jésus est là avec nous, comme Il l’a promis, et gardons au fond de notre cœur cette certitude d’être attendus, aimés, pardonnés ! Que cela nous donne une joie profonde et durable … 

Voilà ce que nous pouvons retenir de ces trois paraboles de la miséricorde !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 9 septembre 2022, 23e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 39-42. 1re lettre de St Paul aux Corinthiens 9,16-19.22-27. Psaume 83.

 

Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?

C’est la question que nous pose l’évangile ce matin. De fait, pour avancer dans la vie, nous avons besoin de nous appuyer sur un bras confiant et solide. Nous espérons compter sur un regard lumineux qui pourra éclairer le nôtre. En même temps, nous le savons, à bien des égards, nous sommes tous atteints de troubles de cécité. Il nous arrive de ne pas voir suffisamment clair et de ne pas être aussi solides que prévu !

Ces constats me permettent de méditer un peu sur ce qui se vit dans notre société. Celle-ci, hélas, vit une période marquée par le trouble et une certaine forme d’obscurantisme ! Elle semble, par bien des côtés, ne plus assurer le soutien solide de son histoire et de la tradition !

Des États-Unis à notre vieille Europe, notre monde est marqué et même manipulé, particulièrement aujourd’hui, par des mouvements militants destructeurs qui inondent les réseaux sociaux ! Par exemple, avez-vous entendu parler (et je le dis par son nom en anglais), de la « cancel culture ou culture de l’annulation », ou en encore du wokisme… Ce sont des mouvements dont nous trouvons très facilement la trace et les influences.

La culture woke, qui se déchaine à l’heure actuelle en déboulonnant certaines statues ou en rejetant une partie de notre culture (réécriture de certains livres  ou film) parce qu’elle serait imprégnée de certaines valeurs par exemple, voudrait nous priver de ce bras et de ce regard, c’est-à-dire de notre histoire. L’homme ne serait rien d’autre que ce qu’il tient de lui-même. Cette idéologie nous dit que notre humanité ne pourrait trouver quoi que ce soit dans une tradition vivante, une culture, un héritage qui puisse lui permettre d’avancer. Le passé serait inexistant ou négatif ; ne compteraient que le moment présent et nos seules forces.

Cet individualisme, mêlé de déconstructivisme, fait de la domination l’unique mode de compréhension des relations entre les humains. Pour la culture woke, la différence entre les humains est tellement irréductible qu’elle ne peut se résoudre autrement que par la domination d’un groupe sur un autre, d’un humain sur un autre. D’où les violences dans lesquelles nous entrons un peu plus chaque jour : violence verbale, violence conjugale, violence économique et médiatique. Il n’y a plus de place pour un universalisme. Nous entrons, alors, dans une culture de la « dictature » ! Il n’y a plus de place non plus pour un catholicisme qui fait de l’unité et de la totalité, non un point d’aboutissement, mais une condition de départ.

Le wokisme et la cancel culture sont une sorte de gnose, un salut par la connaissance, mais une connaissance privée : je suis moi-même mon propre salut ! C’est le choix d’un savoir privé, solitaire et donc friable, car non contrôlé. Ce serait une connaissance faisant fi de la Tradition, sans appui, sans aide, sans vision… sans origine et du coup, sans finalité objective. Tristement, aux États-Unis comme en Europe, cette guerre générationnelle des idéologies n’en est qu’à ses balbutiements…

Frères et sœurs, je vous le demande : ne nous privons pas d’aide, ne nous laissons pas priver de ces riches différences qui sont une chance pour chacun de nous. Dans notre histoire, nous connaissons de grands et beaux moments, mais aussi de tristes épisodes, c’est vrai ! C’est ce qui fonde pourtant, déjà pour l’Europe, les bases de notre société judéo-chrétienne. Refusons la destruction narcissique ! Le wokisme finalement, c’est le refus d’une différence ! N’ayons pas peur ! Sortons de la défiance ! Invitons nos voisins, surtout celles et ceux qui nous paraissent les plus éloignés de nos coutumes. Prenons le risque de l’accueil et non du repliement !

Le Christ a rejoint les hommes et les femmes de tous âges, conditions, des étrangers comme des juifs ou des païens. Au ciel, son regard et sa communion se font encore davantage universels. Chacun de nous est appelé au salut ! Tel est le véritable catholicisme qui n’exclut personne. En affirmant cela, nous comprenons bien que ces idéologies sont totalement incompatibles avec le catholicisme ! Mais il nous faut les connaître pour que nous puissions très simplement, à l’occasion de rencontres ou de conversations, savoir quoi répondre.

Chers amis, demandons cette grâce d’être toujours illuminés par le Christ et de demeurer dans la lumière du Seigneur pour avancer et témoigner !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 5 septembre 2022, 23e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 6-11. Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 1-8. Psaume 5.

Chers amis, avez-vous remarqué que, bien souvent, les personnes qui ne pensent pas comme nous, nous dérangent ! Nous ressentons, à ce moment-là, un ressentiment, peut-être même une colère, bref quelque chose qui nous agace. Nous en recevons un exemple dans l’évangile de ce jour !

Les pharisiens n’arrivent pas à aimer Jésus, car Il les bouscule dans leur conception de l’application de la loi. Il a déjà guéri un jour de sabbat et là, ils se demandent s’il ne va pas encore le faire ! Jésus, connaissant leurs cœurs, le perçoit très bien ; Il voit, malgré leur piété, leur générosité, une étroitesse d’esprit et surtout de cœur. Alors, déterminé, Il n’hésite pas, Il guérit ! 

Mais plus encore Il enseigne ; Il essaie d’ouvrir les cœurs à la compassion, à l’amour des autres, ce qui va bien au-delà d’une application stricte de la loi. Malheureusement, nous le savons, les pharisiens resteront sur leur position et s’y enfermeront même encore un peu plus en se réunissant pour voir ce qu’ils feraient à Jésus et comment le faire périr.

De fait, c’est la « loi du monde » où il est plus facile de se débarrasser de ceux qui nous dérangent, qui ne pensent pas comme nous, plutôt que de se laisser déranger par eux ! Jésus Lui, invite à aller plus loin. Il nous invite à ouvrir notre esprit et notre cœur. Si l’application de la loi est importante (car sans loi, ce serait l’anarchie), l’amour doit toujours avoir la première place. C’est là une route bien plus difficile, où en accueillant l’autre, il faut savoir renoncer à ses habitudes, à ses acquis, et même, parfois, à ses rites.

Mais, allons plus loin : quelle est la question que nous pose l’évangile, aujourd’hui ? 

N'y aurait-il pas un pharisien qui sommeillerait en moi ? Jésus nous interroge, nous aussi, aujourd’hui : notre foi, notre pratique religieuse sont-elles faites seulement de devoir ou sont-elles ouvertes à l’amour ? Suis-je ici, ce matin, par devoir ou par amour ?

Ceci étant dit, il ne faut jamais confondre le péché et le pécheur. Si le péché est à condamner, le pécheur est toujours à aimer. (Rappelez-vous l’épisode du bon larron !)

L’action de Jésus a les conséquences que nous connaissons : les pharisiens sont remplis de colère, ils sont « remplis de fureur » ! Avec Jésus, la règle de l’amour prend le pas sur la primauté de la loi et ainsi leur contrôle des gens est mis au défi. Même si parler de « saintes colères » dans des cas sociétaux actuels et concrets qui pourraient être justifiés, ou même appropriés, il nous faut être attentifs aux mouvements personnels de colères intérieures qui devraient nous alerter : « Suis-je, à ce moment précis, dans l’amour ? » À nous d’essayer de les corriger ! 

Frères et sœurs, dans notre prière, nous pouvons demander au Seigneur, ce discernement que l’amour l’emporte toujours sur tout, dans mes choix. 

Demandons aujourd’hui au Seigneur, la grâce d’une journée apaisée et joyeuse !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 4 septembre 2022, 23e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 14, 25-33. Livre de la Sagesse 9, 13-18. Psaume 89. 

Lettre de saint Paul à Philémon 9b-10.12-17.

 

 

        Aujourd’hui, c’est le dimanche de la rentrée, une nouvelle année scolaire et universitaire commence. Sommes-nous heureux de ce début d’année ? Nous allons enfin, nous revoir, discuter, échanger et louer notre Seigneur ! 

Sans doute avez-vous remarqué dans les rues, ces enfants tout joyeux ou pour certains, quelque peu stressés, sur le chemin de l’école. Nous aussi, nous allons redémarrer toutes nos activités : le travail, les associations, les réunions et tout ce qui fait notre vie quotidienne.

        C’est aussi une nouvelle année pastorale qui recommence pour notre paroisse ! 

Du coup, j’ai une question peut-être un peu abrupte, pourtant essentielle !

  • Comment allons-nous être chrétiens en vérité et en action, cette année : un chrétien ardent et véritablement disciple du Christ ?
  • Comment allons-nous être témoins de l’Évangile ? 
  • Comment allons-nous participer aux activités de la paroisse ? Et elles sont nombreuses, nécessaires et nous avons besoin de chacun de vous ! 

C’est le moment de choisir nos références, nos aspirations et surtout notre modèle de vie. Jésus nous demande de ne pas rester les bras croisés en espérant que d’autres fassent à notre place, mais de choisir pour avancer, simplement, sans doute petit pas après petit pas, mais avancer vraiment et participer à la vie missionnaire de notre paroisse. 

        Choisir le Christ, c’est faire confiance, c’est aussi accepter de porter sa croix pour avancer librement… Nous avons tous des croix à porter, plus ou moins lourdes, parfois difficiles à porter seul… 

Pour oser avancer, Jésus nous demande de ne pas choisir à moitié, mais d’être vrais, entiers. Quand nous disons construire notre vie, cela veut dire se préparer à poser des gestes concrets et des fondations solides sur des bases sérieuses : sur la vérité, la liberté et l’engagement. 

Il nous faudra, pour cela, prendre le temps du discernement pour être sûrs d’aller jusqu’au bout de nos choix.

        En ce dimanche de rentrée, peut-être avez-vous remarqué de nouveaux habitants qui viennent s’installer ici à Grenoble ou dans les environs. Ce sont de nouveaux frères et sœurs en Christ qui rejoignent notre communauté ; notre paroisse, c’est aussi la leur, ils sont ici chez eux. Pour mieux faire connaissance, nous vous accueillons à la nouvelle maison Paroissiale (juste à côté de cette église Saint Louis) pour le temps d’un petit café, d’un moment de discussion, de rencontre…

       Les textes de ce jour nous éclairent et nous donnent quelques pistes de réflexion pour mieux discerner !        

- J’ai envie de parler d’abord de cette toute petite lettre de saint Paul à Philémon. C’est la lettre la plus courte de saint Paul et pourtant c’est une lettre qui révolutionne le monde et la société de l’époque… Saint Paul pose les fondations des droits de l’homme 18 siècles avant la Révolution française... Que se passe-t-il ? Onésime, qui était un esclave selon la loi de l’époque, n’est plus un esclave par le baptême qu’il a reçu de la main même de Paul, en prison ; c’est donc un homme libre, c’est un chrétien, plus encore : c’est un frère...  Le baptême fait de nous des frères et des sœurs en Jésus-Christ. Saint Paul invite donc Philémon à accueillir Onésime comme un frère. C’est un vrai bouleversement ! Je vous laisse imaginer le retentissement que ce texte a pu avoir dans la société de l’époque. Ce texte nous oblige à changer de regard sur le monde qui nous entoure. Il faut avoir le courage, comme saint Paul, de dénoncer les erreurs pour changer ensemble, ce qui ne va pas dans notre société moderne.

    - Le livre de la Sagesse veut nous aider à faire confiance à Dieu car c’est Lui qui éclaire notre chemin. La vraie sagesse que nous devons demander, avec la force de l’Esprit Saint, c’est la connaissance de Dieu !

Ces livres de la sagesse Biblique que nous lisons de temps en temps nous montrent que les anciens avaient une sagesse qui nous donne des leçons encore aujourd’hui, pour apprendre à ouvrir les yeux sur l’essentiel. Prenez le temps de le lire en entier, et faites-en du miel pour vous !

   - Que de grandes questions dans l’Évangile d’aujourd’hui ! Cela peut faire peur ou plutôt nous stimuler !

   Jésus nous interpelle ; Il nous demande de choisir avec notre intelligence et notre capacité de discernement, c’est-à-dire de Le préférer à toutes les attaches terrestres ; bien sûr, il faut aimer sa famille, son conjoint, ses enfants, ses frères et sœurs, mais le choix radical que Jésus nous demande c’est de préférer le Seigneur, c’est-à-dire de Le mettre en tête de tous nos choix. 

Deux fois dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous invite à une attitude juste, vraie ; Il nous dit de nous assoir pour réfléchir avant de nous engager à faire quelque chose d’important ; c’est bien cela qui est proposé aujourd’hui : il faut réfléchir avant de commencer notre année pour savoir comment devenir des chrétiens plus ardents, plus forts. Cela est valable d’ailleurs dans toutes les situations de notre vie. Oui, Jésus est exigeant, c’est vrai ! Il faut aimer Dieu, aimer sa famille, aimer les autres et spécialement nos ennemis, apprendre à pardonner pour mieux aimer, porter sa croix c’est-à-dire suivre le Christ Jésus et accepter la vie telle qu’elle est en essayant, malgré tout, de rayonner autour de nous pour être témoin de l’évangile et de l’Église. Rien de facile dans toutes ces demandes !

       Ce qui est certain, et cela vous le savez, c’est que si je reste seul, isolé, ce sera peut-être difficile ou compliqué. C’est la force de la Communauté chrétienne, c’est la force d’une vie fraternelle qui va nous donner de tenir dans la durée et de nous soutenir les uns, les autres, même si cette communauté n’est pas parfaite ; nous sommes des pécheurs !    

Car, oui, suivre Jésus est exigeant ! Ce monde est un peu fou et Jésus nous propose une autre forme de folie ! « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Être ou devenir disciple de Jésus :

  • C’est accepter que le Christ bouleverse notre façon de vivre !
  • C’est reconnaître que le don de la Sagesse est précieux et nécessaire pour découvrir qui est Dieu pour moi. 
  • C’est comprendre que sans la Sagesse qui nous permet le juste discernement, nous courons à notre perte, comme celui que veut construire une tour sans d’abord prendre le temps de s’assurer qu’il peut aller jusqu’au bout.

En ces jours de rentrée, il est de coutume, frères et sœurs, de prendre de bonnes résolutions pour l’année qui commence.

Je reprends la question du début de cette homélie : 

Alors, chers frères et sœurs, comment allons-nous être des chrétiens en vérité et en action, ardents, pour cette année ?

Et moi, comment vais-je être chrétien cette année ?

       Il faudra nous asseoir pour prendre le temps du discernement, de la prière, pour y répondre et prendre les justes décisions !

Bon discernement, sans oublier que l’Église à besoin de chacun de nous et que l’Église, c’est nous !

Donnez-vous ! Donnez-vous au Christ !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du mercredi 31 août 2022, 22e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 4, 38-44. Première lettre de Saint Paul aux Corinthiens 2, 10-16. Psaume 32. 

 

Chers amis, dans ma méditation des lectures de ce jour, je me suis particulièrement attaché à mieux comprendre la première lecture. 

Bien sûr, saint Paul s’adresse en premier lieu aux chrétiens de la ville de Corinthe, mais pas seulement à eux ! Elle s’adresse aussi à chacun de nous et à toute notre paroisse.

Que nous dit-elle ? Elle fait tout d’abord un constat et un rappel à l’ordre ! 

Voici une première remarque face à ce texte : Paul semble un peu dur. Il faut dire que ce qui se passait à Corinthe était, à cette époque-là, assez déroutant ; il y avait de grosses divisions parmi eux et de gros problèmes de mœurs

Malgré leurs nombreux dons reçus (la connaissance de la Parole de Dieu, conscience de qui est le Christ), les Corinthiens ne sont pas encore complètement matures spirituellement. Leurs divisions et leur façon de vivre en sont une preuve manifeste.

Plus encore, saint Paul insiste en regrettant que rien ne distingue la communauté chrétienne de Corinthe du monde environnant. Saint Paul leur reproche de vivre leur vie de manière identique aux personnes qui ne connaissent pas Dieu !

Ils sont des chrétiens un peu insipides qui passent inaperçus.

Ces deux problèmes sont des obstacles qui provoquent un contre-témoignage !

- Le premier problème que Paul mentionne est celui des disputes et divisions qui existent entre eux, concernant l’allégeance à tel ou tel responsable : « Je suis de Paul, je suis d’Apollos ».  Ils sont un peu comme des enfants en maternelle qui se disputent pour savoir lequel de leurs pères est le plus fort ! Saint Paul essaie de leur montrer que cette attitude est non seulement puérile, trop humaine, mais qu’elle est aussi « à côté de la plaque ». Ces personnes par lesquelles ils ont entendu parler de Dieu ne sont que des serviteurs. Paul leur rappelle que Christ nous appelle à être les serviteurs les uns des autres et que là est la vraie grandeur et le chemin que Dieu veut pour les chrétiens. Ce n’est pas une quelconque compétition…

- Le deuxième problème est le désir que tout chrétien devrait avoir : savoir quitter le côté puéril de l’enfant et grandir en Christ !

Pour Paul, certains chrétiens sont ou demeurent encore aujourd’hui, comme les bébés dans la foi qu'il appelle les "charnels". Un bébé, c'est un bébé ! Paul ne leur adresse pas tant de reproches. Il est naturel que ceux qui sont de nouveaux chrétiens soient des enfants en Christ. Ils expérimentent cette nouvelle vie, la grâce de Dieu, l'Esprit et toutes les autres choses pour la première fois. Ils ne sont pas encore des chrétiens accomplis, des disciples parfaits tout de suite. Il leur faudra sans doute du temps pour approfondir leur foi !

 Finalement, les attitudes et le comportement de l'ancienne vie peuvent parfois durer un peu. Mais l’enjeu est qu'ils grandissent !

 

Frères et sœurs, n'est-ce pas un enseignement pour nous ? 

Où en sommes-nous dans notre foi ? Comment grandissons-nous dans la foi ? 

Est-ce que notre communauté chrétienne grandit en sainteté ? Comment témoignons-nous auprès des catéchumènes, des nouveaux baptisés ?

Si nous ne grandissons pas en tant que chrétiens, il y a des conséquences pour nous, et pour l'Église tout entière. Nous perdons de vue ce que Jésus veut faire dans notre vie. Il veut bien que nous parvenions à la maturité, à la stature parfaite du Christ : des hommes et des femmes bien ancrés dans le monde et aussi spirituels. 

Si un bébé ne pense pas trop à la maturité, parce qu'il est tout content là où il se trouve. C'est tristement ainsi pour le chrétien immature et charnel ; il se contente de sa petite vie du monde et il ne vise pas ce que Dieu veut faire en lui ; c'est au-delà de ses horizons ! 

Demandons la grâce pour nous, nos familles et notre communauté, de grandir humainement et spirituellement ! 

Ayons le souci de l’unité et de témoigner simplement de l’amour de Dieu !  

Ainsi soit-il !

Homélie du vendredi 26 août 2022, 21e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon Saint Matthieu 25, 1-13. Lettre de Saint-Paul aux Corinthiens 1, 17-25. Psaume 32. Rentrée de l’équipe paroissiale

 

Il y a des folies chez les hommes et les femmes ! Non seulement il y a une forme de folie du monde ou de la société, mais c’est bien l’être humain qui y ajoute sa part ! Certains vont peut-être même me dire que Dieu est fou de laisser autant de liberté aux hommes !

En partant de la première lecture de saint Paul aux Corinthiens, je me permets de réfléchir avec vous, à haute voix ! Remarquez que l’évangile parle aussi de cette folie avec cette parabole des vierges sages et prévoyantes et des vierges folles et insouciantes. 

« Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes ! »

Voilà ce que nous dit saint Paul !

Nos folies humaines, nous les connaissons bien, même si nous les identifions peut-être plus aisément chez les autres que chez nous-mêmes. Il y a d’abord cette folie de placer nos cœurs dans les biens qui passent, et d’être alors nécessairement déçus par les réalités créées. Tout passe : notre belle voiture vieillit, notre smartphone est dépassé par une nouvelle génération, nos vêtements s’usent et même notre conjoint ou nous-mêmes, nous nous ridons un peu plus jour après jour, nos cheveux blanchissent… ainsi va la vie ! 

Quelle folie, alors, de placer nos cœurs dans des réalités qui sont nécessairement éphémères ! 

Une autre folie humaine consiste à croire pouvoir tout comprendre de Dieu. (Je ne parle pas de la folie qui serait de se croire être comme dieu !) C’est vrai qu’il est parfois difficile de comprendre ce que Dieu veut ! Le Seigneur nous dit le chemin du bonheur et nous prévient des chemins d’adversité. Le risque serait de nous égarer alors dans une vie d’insatisfaction ! Pourquoi ceci ou cela ? Ne faisons pas du « calimérisme », comme ce petit poussin qui porte une coquille sur la tête et qui dit que le monde est trop injuste.

Le véritable acte de foi, s’il appelle à mettre en œuvre notre raison humaine, doit aussi, justement au nom de cette raison, croire que l’intelligence divine dépasse infiniment tout ce que nous pouvons comprendre de Lui.  Le Seigneur le révélait clairement par la bouche d’Isaïe : « Mes pensées ne sont pas vos pensées ! » (Isaïe 55,8-9a). Mes chemins ne sont pas mes chemins !

Mais pour accueillir le mystère de Dieu, il ne s’agit cependant pas simplement d’adhérer à une sagesse quelconque, un peu décourageante, consensuelle, mollassonne, il nous faut comprendre et choisir un tout autre chemin et entrer dans une autre forme de folie bien plus prometteuse de vie : cette folie de Dieu passe par la folie de la Croix ! Mais que cette folie de la croix est difficile à comprendre !

La folie de Dieu va jusque-là, ou plutôt : c’est là qu’elle commence, car elle Le conduit à l’acte de suprême folie qu’est la croix. Face à un monde cherchant à répondre aux grands questionnements sur le mal et la souffrance, la mort, le Seigneur n’apporte pas d’explications raisonnables : Il ouvre les bras dans l’acte fou de la Croix, et nous voilà convaincus qu’il n’est pas la cause de nos maux, puisqu’Il les subit lui-même. Le Seigneur n’a pas supprimé la mort, ni même la souffrance !

Frères et sœurs, je vous propose de retenir pour chacun de nous, ce matin, de demander l’audace d’une sagesse (celle de l’Esprit Saint) pour entrer dans cette folie de Dieu ! Comme saint Paul nous le rappelle : 

« …que votre foi soit fondée non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2,4). Quel mystère ! Il nous faut quitter nos égarements, nos dédales, nos labyrinthes sans véritable issue ! Ce n’est que dans la prière, la méditation, l’offrande de soi que, peu à peu, nous pouvons comprendre de quel amour Dieu nous aime et cette folie de Dieu qui veut nous conduire jusqu’à la Vie éternelle. 

Bref, chers amis, entrons dans une vraie et réelle folie de Vie !                                                                                                           

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 24 août 2022, saint Barthélémy. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 45-51. Apocalypse de Saint Jean 21,9b-14. Psaume 144. 

 

L’évangile de ce jour, très succinctement, à travers deux courts dialogues, l'un avec Philippe, l'autre avec Jésus, nous donne d’entrevoir l'essentiel de la personnalité de Nathanaël (Dieudonné, en hébreu !) Dans le collège des Apôtres, Nathanaël se fera appeler Barthélemy.

Nous sommes dans le petit port de Beitsaïda qui vient de donner coup sur coup trois disciples : André et Pierre, les deux frères, et également Philippe. Aussitôt appelé par Jésus, Philippe répercute l'appel qui l'a profondément touché. Il s'en va trouver son ami Nathanaël.

Il lui dit, tout simplement : "Celui dont il est écrit dans la Loi de Moïse et les Prophètes, nous l'avons trouvé ! C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth." C’est celui que nous attendons et qui est le Sauveur !

La remarque quelque peu désabusée de Nathanaël, est pourtant pertinente : « De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? » De fait, les Écritures ne parlent pas de Nazareth, mais désignent Bethléem comme le lieu d’origine du Messie (Mi 5, 1). 

Mais, cela ne l'empêche pas d'entendre le témoignage enthousiaste de Philippe, et l’explication de sa propre rencontre avec Jésus : 

  • le Messie est venu : tout concorde avec les Écritures ;
  • nous l'avons trouvé : pour nous, c'est un nom, c’est un visage, une voix.
  • « Viens et vois ». Fais comme nous: mets-toi en route vers Lui. Rencontre-Le !

Philippe, en vrai témoin, en vrai serviteur de la Parole, s'efface : il ne va pas imposer à Nathanaël sa manière, son expérience, sa découverte de Jésus. Pas forcément de grands discours ! Philippe dit seulement sa joie, sa certitude.  

Nathanaël accepte la démarche et va vers Jésus. Ce dernier regarde l'homme qui s'approche, et Il dit à son sujet, cette phrase un peu surprenante : "Voici un véritable fils d'Israël. Il n’y a pas de ruse en lui. “

Nathanaël a entendu ce que Jésus vient de dire. D'emblée il se sent rejoint dans ce qui a été l'effort intense de sa vie : sa droiture, sa recherche amoureuse du Messie. Ce qu'il a été, ce qu'il a voulu être, ce qu’il est réellement, et cela, Jésus le voit, Jésus l'a vu. 

Cette invitation, libre et enthousiaste de Philippe : « Viens et Vois » devrait être la nôtre, aujourd’hui comme hier, au cœur de la première annonce de la Bonne Nouvelle (kérygme), car ce n’est pas nous qui convertissons, nous sommes simplement des témoins, des passeurs ; seuls, la présence de Jésus, sa Parole vivante, et le rayonnement de son Esprit d’amour peuvent triompher de nos résistances et nous donner l’audace d’oser cette rencontre !

Le mérite de Nathanaël est aussi de ne pas s’obstiner dans un scepticisme, mais de demeurer ouvert à l’imprévu de Dieu, dont l’action au cœur de notre histoire, est toujours déconcertante.

En un éclair, Nathanaël se découvre précédé par le regard de Jésus, et reconnu tel qu’il est : un chercheur de Dieu !

Parce qu'il se sait reconnu, il reconnaît à son tour Jésus pour ce qu'Il est : le Messie envoyé de Dieu et le roi attendu par Israël. 

Jésus l'a vu espérer, et parce que Jésus, dans son amour, a pris l'initiative, Nathanaël peut croire en Le voyant, à cette rencontre du Christ : « Rabbi, c'est toi, le Fils de Dieu ! C'est toi, le roi d'Israël ! » Il faudra sans doute, du temps et un beau compagnonnage avec Jésus, pour que Nathanaël comprenne vraiment la mission du Christ en notre humanité.

Mais déjà, frères et sœurs, puissions-nous demander d’avoir la joyeuse audace appelante et confiante de Philippe ! 

Puissions-nous dire à celles et ceux que nous rencontrons : « Viens et Vois » ! 

Puissions-nous espérer que ces personnes puissent s’exclamer, après cette rencontre du Christ, la réponse de foi de Nathanaël : « C’est toi, Jésus, le Fils de Dieu ! »

Demandons pour chacun de nous, cette grâce d’évangélisation et la prière des Apôtres !           

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 21 août 2022, 21e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 13, 22-30. Livre du prophète Isaïe, 66, 18-21. Psaume 116. 

Lettre aux Hébreux 12, 5-7.11-13.

 

« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ?»

Chers frères et sœurs voilà une phrase qui a, au moins, le mérite d’être claire : aujourd’hui, il est question du Salut, de notre Salut ! 

Qu’est-ce donc que le Salut ?

Je ne ferai pas de grandes démonstrations théologiques ! L’Évangile du jour nous rappelle qu’il s’agit de, (et je cite ) : « prendre place au festin dans le Royaume de Dieu »… donc de rencontrer Dieu face à face, de festoyer avec Lui, et littéralement, de partager l’intimité de Dieu… (« Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau » : déjà un avant-goût avant la communion !)

Et puisqu’il s’agit d’un festin, bien entendu, on peut supposer qu’il s’agit d’un partage avec celles et ceux invités au festin du Royaume avec nous (des personnes que nous connaissons ou pas), et cela, dans la joie, l’Amour et la fraternité…Bref, voici un programme qui donne envie, n’est-ce pas ?

Alors maintenant que le programme est annoncé, posons-nous cette question : à qui est destiné ce Salut ? 

Là encore, si nous relisons la première lecture en Isaïe, nous entendons que Dieu s’adresse, non pas à un tout petit groupe, mais à : « toutes les nations, de toute langue… », Il prendra même des prêtres et des Lévites au-delà du peuple Élu… ça semble bien être adressé à chacun de nous et au-delà même ! Quelle joie ! Nous pourrions presque nous arrêter là et nous dire que tout va bien et qu’il nous suffit d’attendre !

Comment ? Que me dites-vous ?…Que je n’ai pas tout lu ? 

Effectivement, c’est exact, car l’évangile nous rappelle quelque chose d’essentiel ! « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. » 

Alors évidemment, je vous le concède, vu comme cela, ça change un peu la donne…donc si je comprends bien, le Salut est destiné à tous, cela est certain…mais encore faut-il en trouver la clef…et visiblement même avec un bon serrurier, y entrer ne semble pas forcément si simple…Alors frères et sœurs, réfléchissons : comment trouver cette bonne clef ? 

Pour cela, je vous propose de relire plus précisément, les textes de la liturgie de ce dimanche… ils nous donnent au moins, trois indications :

 

La première indication : « Éloignez-vous de moi vous qui commettez l’injustice »… il y a donc une importance dans le rapport de mon comportement envers les autres…c’est une piste essentielle ! … en même temps, nous pouvons nous souvenir dans la bible que Jésus a fréquenté des hommes et des femmes, plus ou moins justes…qui sont devenus des amis fidèles. Je pense à : Zachée, Matthieu, le collecteur d’impôt, Marie-Madeleine, Pierre qui a un peu renié, trahi même…et puis rappelez-vous, jusque sur la croix, le bandit à côté de Lui, auquel il a promis une place avec lui dans le Royaume….Ce n’est donc pas une porte fermée, mais une attention particulière qui nous est demandée, celle de ne pas commettre d’injustice, donc de vivre avec une certaine droiture et oser une conversion !

La deuxième indication nous est donnée par le texte de la deuxième lecture de la lettre aux Hébreux. Notre Dieu est un Dieu pédagogue qui respecte notre liberté ! La lettre aux Hébreux nous parle de la pédagogie de Dieu envers nous, qui est celle d’un Père corrigeant son fils, non pas pour le punir, mais pour le faire grandir. Puisque nous sommes tous pécheurs, il est rassurant de savoir que Dieu, non seulement nous corrige positivement, mais qu’Il veut pour chacun de nous, le pardon et un grandissement. C’est l’espérance de Dieu pour nous !

Pour cela, et c’est peut-être une difficulté pour certains d’entre nous, il faut que j’accepte d’être relevé dans mes chutes avec humilité, par le Père qui m’aime comme je suis ! Ce sera pour nous tous une conversion à vivre, une reconnaissance de mes faiblesses, de nos faiblesses… qui peut conduire, dans une prise de conscience, à un nouveau chemin de vie !

 

La troisième indication se découvre dans le psaume 116 ! C’est la louange !

C’est le plus court de tous les psaumes, mais il contient un trésor : 

« Louez le Seigneur, tous les peuples ; fêtez-le, tous les pays ! Son amour envers nous s’est montré le plus fort ; éternelle est la fidélité du Seigneur ! »…

La louange ! C’est l’art de prier, de chanter, de laisser monter de notre cœur, l’expression de notre joie, de notre espérance en Dieu. C’est une prière gratuite de l’âme toute tournée vers notre Père…C’est donc cela le secret pour s’unir au Père ici et maintenant, et pour espérer un jour qu’Il nous ouvre les portes du Royaume… 

Un dernier point pour terminer : la porte reste cependant étroite ! Alors, n’allons pas trop vite ! Ne courons pas dans tous les sens au risque de la rater : prenons donc du temps, sachons écouter et choisissons le bon chemin !

Rapidement, je vous redonne ces trois points ; 

- Comprendre que je suis vraiment invité au festin du Royaume ! Le Seigneur m’y attend.

- Être relevé par notre Seigneur, dans mes chutes avec humilité !

- Découvrir que la louange est une porte d’entrée !

Certes, l’Évangile de Jésus est et sera toujours exigeant, mais les promesses du Père et les enseignements de Jésus chassent la peur et nous tracent le chemin à suivre pour être trouvés dignes d’entrer dans le Royaume. 

Chers frères et sœurs, voilà l’extraordinaire invitation que nous recevons en ce dimanche ! À nous de nous convertir et de désirer vraiment être avec le Christ au festin des Noces de l’Agneau !                                                                                                                                 

 Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 24 juillet 2022, 17e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 11, 1-13. Livre de la Genèse 18, 20-32. Psaume 137.

Lettre de saint Paul aux Colossiens 2, 12-14.

 

Certaines lectures dominicales, comme celles de la messe de ce dimanche, pourraient demander plusieurs heures d’homélie, tant les textes sont riches, beaux et intéressants !

Ce matin, si vous me le permettez, je vais m’attacher davantage à la prière et à la foi. 

 

Posons-nous ces questions :

Comment la foi est-elle transmise ? 

Où la prière est-elle la plus visible ? 

 

La bonne réponse est dans la famille ! C’est dans la famille, cette cellule de base nécessaire et essentielle, que pourra se faire l’apprentissage de l’amour, l’attention et le soin de l’autre, mais aussi du témoignage de la foi et de la prière !

 

C’est cette demande que nous entendons parfois de l’un de nos enfants : « Papa, maman, apprends-moi à prier ! Ou « Pourquoi la prière ? »

 

De fait, c’est en entendant nos parents ou nos grands-parents, mais aussi lors de la messe ou des séances de catéchisme que nous apprenons cette prière du Notre Père ! Pour longtemps, cette prière est et sera toujours présente en nous ! Elle peut revenir sur nos lèvres tout naturellement, à des moments particuliers.

Pourtant, pour certains, avec le temps, réciter la prière du Notre Père peut devenir une répétition qui s’est peut-être vidée de son sens ou même de sa pertinence ! Au cours des années, elle a pu devenir une sorte d’automatisme sans que soient vécus en profondeur la beauté, l’intensité  et même le sens incroyable de cette belle prière.

Or, cette prière du Notre Père est une invitation surprenante à vivre une relation filiale, mais aussi familiale et fraternelle ! Lorsque nous la dirons ensemble tout à l’heure, nous devrons prendre conscience de cette réalité : nous sommes, frères et sœurs.

Quelle audace alors, d’oser s’adresser à Dieu de cette façon ! Oser dire que Dieu est notre père, pour chacun de nous !

 

            Laissons Jésus nous apprendre sa prière, tel que nous le rapporte l’évangéliste saint Luc : « Père… »

Jésus a osé renouveler complètement ce mot en disant à Dieu : « Abba »… « papa ». Quand nous reprenons la prière de Jésus, nous osons, à notre tour, penser que « nous sommes aimés de l’amour même dont le Père aime son Fils Unique » (Jean 20, 17). Dieu n’est pas un inconnu, mais un Père, un papa qui se fait proche !

 

« Père, que ton nom soit sanctifié… » 

« Que ton Règne vienne… »

 

Avant de dire à Dieu nos propres besoins, nous avons d’abord à prier aux intentions du Père. Et ses intentions sont celles-ci : « que son Nom soit manifesté, que son Règne vienne ! » Dans cette prière, nous lui demandons de nous faire entrer dans ses projets, de pénétrer dans son intimité pour être intérieurement transformés. C’est bien Jésus qui nous montre son Père. Mais reconnaissons-le, nous peinons, car nous avons du mal à entrer dans cet amour filial, nous ne le connaissons pas ou si peu. Comme nos mots humains sont pauvres pour exprimer cette réalité du Don que Dieu veut pour chacun !

Ayant ainsi formulé le désir de connaître le Père, d’entrer dans son intimité, nous lui demandons ensuite les moyens de le réaliser et de continuer notre chemin de vie sur cette terre.

 

C’est la deuxième partie du Notre Père : 

« Donne-nous le pain… »

« Pardonne-nous… car nous –mêmes nous pardonnons… »

« Ne nous laisse pas entrer en tentation… »

 

C’est seulement du Père que nous pouvons recevoir le pain, le pardon et la liberté face au mal.  Donne-nous au jour le jour le pain nécessaire, ce pain eucharistique, dont nous avons besoin pour aujourd’hui, pour tenir maintenant. Et dans le « nous », sont présents tous ceux qui manquent de pain. Ma prière est vraie, si elle m’invite personnellement à partager.

Donne-nous aussi, Seigneur, de pouvoir pardonner, du fond du cœur, à ceux qui nous ont fait tort. Est-ce si simple ou si facile de demander Pardon à quelqu’un ou de recevoir un Pardon ?

Il y a là, une exigence presque surhumaine… J’ai besoin de l’aide de Dieu pour découvrir ce Pardon, pour y entrer et pour le vivre !

 

 « Délivre-nous enfin de toute tentation ! » Il y a les petites tentations, celles qui reviennent sans cesse, mais il y a aussi la grande tentation qui est d’abandonner Jésus, d’oublier sa Parole, ses commandements, son invitation… Finalement, c’est la tentation de perdre notre relation de fils ou de fille, vis-à-vis du Père… d’oublier l’amour, don du Père, don de Dieu ! C’est la tentation de croire que je n’ai besoin de personne pour arriver !

 

C’est bien chaque jour aussi qu’il nous faut nous battre contre le mal, conquérir notre liberté et exprimer concrètement notre être chrétien !

 

Prier à la suite de Jésus, c’est m’adresser à Dieu avec mes joies, mes peines, mes soucis quotidiens, en n’ayant pas peur d’être parfois un peu casse-pieds, à l’instar d’Abraham (première lecture) ou de cet ami sans gêne de l’évangile ! Il n’y a pas à craindre d’être “sans-gêne“ car Jésus nous dit : « Le cœur de Dieu est un cœur de Père. Frappez ! Cherchez ! Demandez ! » Dans cette relation filiale, confiante, n’ayons pas peur d’être importun comme lorsqu’on parle à un vrai ami. C’est une force à demander pour que grandisse en nous le désir et que s’affirme notre confiance en Dieu. 

 

Un enfant au catéchisme me disait récemment : « la prière ne marche pas toujours ! » Il nous est arrivé à tous de beaucoup prier pour une guérison pour un proche, une intention… et, finalement, de ne pas recevoir, selon notre idée, le fruit de notre prière. Quels sont donc le sens et la demande que je formule dans ma prière ? C’est vrai, la prière n’est pas magique ! Pourtant, elle est importante et elle nous dépasse toujours.

 

Il me faut comprendre ! Prier n’est ni un moyen de pression ni un acte de puissance ! La prière est plutôt l’expression d’une pauvreté par laquelle nous osons dire à temps et à contretemps, notre attente, notre désir, notre soif. Mais, elle est, plus encore, l’expression de notre espérance, car, que notre prière soit exaucée ou non dans son objet immédiat, nous croyons que nous sommes de cette multitude humaine pour laquelle Jésus-Christ a intercédé une fois pour toutes.

 

Alors, frères et sœurs, acceptons de nous laisser façonner par ces mots que tant de chrétiens, depuis presque vingt siècles, ont prononcés dans toutes les langues ! En faisant ainsi, notre prière sera de plus en plus vivante et vraie. 

J’insiste : dire cette prière du Notre Père, c’est nous reconnaître fils et filles aimés du Père, frères et sœurs de Jésus.

 

Demandons, en prenant le temps, en pesant chaque mot quand nous réciterons cette prière tout à l’heure, d’être renouvelés dans la beauté, la profondeur et l’intimité de cette Prière du Notre Père !

Demandons cette grâce pour chacun de nous ce matin, pour tous celles et ceux qui, à travers le monde, expriment cette même prière du Notre Père !                                          

       Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 17 juillet 2022, 16e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 10, 38-42. Livre de la Genèse 18, 1-10a. Psaume 14.

Lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 24-28. 

 

 

       Chers amis, permettez-moi de partager avec vous une question, une interrogation, une préoccupation importante pour notre vie paroissiale ! Je porte ces questions en moi depuis de longues années et plus particulièrement, depuis que je suis le curé de cette belle paroisse Notre-Dame de l’Espérance.

  • Comment avons-nous été accueillis en arrivant dans l’église pour cette eucharistie ? 
  • Comment nous sommes-nous accueillis les uns les autres en arrivant ?
  • Quel accueil souhaiterions-nous ? Un sourire, un signe, un regard, un geste ?

Ces questions sous-tendent celle-ci, bien sûr : comment accueillons-nous notre Seigneur ?

Il me semble que l’accueil devrait être l’ADN de notre vie fraternelle paroissiale ; nous rappeler un prénom, découvrir un visage nouveau, prendre des nouvelles des uns et des autres…

 Les textes d’aujourd’hui nous parlent d’hospitalité et plus largement de l’accueil que nous devrions vivre et mettre en application. 

Pratiquer l’hospitalité est quelque chose de sacré, tout particulièrement au Moyen-Orient ! C’est une marque d’ouverture aux autres et aux imprévus de Dieu. Elle nécessite des gestes concrets d’attention et de préparation pour accueillir l’invité, voire même l’invité-surprise. Cette hospitalité suppose aussi que ceux qui reçoivent restent près de leurs invités et leur prêtent une oreille attentive.

Quand j’étais curé sur le plateau du Vercors, il y a déjà quelques années, dans plusieurs familles, au moment du repas, on mettait une assiette supplémentaire, une place réservée pour un invité-surprise de dernier moment. 

- Dans le récit tiré du livre de la Genèse entendu en première lecture, c’est Abraham qui est l’hôte et l’invité surprise, c’est le Seigneur. De prime abord, on peut être dérouté, car Abraham s’adresse tantôt au Seigneur, tantôt aux trois hommes qui se tiennent près de sa tente. Les premiers théologiens Chrétiens ont compris qu’Abraham s’adressait, en fait, aux trois personnes de la Trinité : Un seul Dieu, Trois Personnes ! Rappelez-vous la belle Icône de la Trinité, de Roublev. 

Pour préparer ce repas improvisé, Abraham se met en quatre, mettant à contribution son épouse Sarah et toute sa maisonnée. Abraham apparaît dans ce récit comme un modèle d’accueil, comme un exemple d’hospitalité. Le récit se termine par la promesse du Seigneur de revenir le visiter quand naîtra Isaac.

- L’évangile de ce dimanche, nous relate un autre accueil : celui de Jésus par ses amies Marthe et Marie dans leur maison de Béthanie. Les deux sœurs avec leur frère Lazare ont déjà accueilli Jésus à de multiples reprises. Marthe et Marie, ce jour-là, reçoivent Jésus, chacune à sa manière. L’une, Marthe, si humaine à nos yeux, est absorbée dans les tâches concrètes du service. L’autre, Marie, si mystique, est tout occupée à boire les paroles de Jésus. À première vue, la réaction de Jésus peut nous surprendre. 

On pourrait croire qu’Il accorderait peu de considération à Marthe accaparée par les préparatifs du repas pour un invité de marque ! On serait tenté de vouloir opposer Marthe (l’active préoccupée surtout des contingences matérielles) à Marie (la contemplative, occupée seulement à rester aux côtés de Jésus, attentive à l’écouter et à méditer ses paroles). 

En fait, ce serait une erreur de vouloir opposer les deux sœurs. Marthe et Marie sont toutes deux des amies proches de Jésus. Ce serait faire fausse route que de vouloir opposer deux vocations de disciples, de nature différente certes, mais qui, au demeurant se complètent vraiment. Le service de l’hospitalité et l’écoute de la Parole doivent aller de pair, chacun dans sa vocation. 

Lorsque Jésus affirme un peu brutalement : « Marie a choisi la meilleure part ! » n’est-ce pas pour nous provoquer un peu et déranger nos habitudes ? Pour remettre les pendules à l’heure ? Pour rappeler à ses disciples, à nous aussi chrétiens, que le service du prochain s’enracine d’abord dans l’accueil de la Parole d’amour du Seigneur.

    Nous pouvons très facilement nous identifier tantôt à Marthe, tantôt à Marie. La proximité avec Jésus dans la méditation de sa Parole et la vocation du service et de la charité sont nécessaires à tous ceux qui se disent chrétiens. 

    Nous pouvons tous être plus ou moins tentés par l’activisme jusqu’à oublier simplement de prendre le temps d’écouter ! C’est à vivre aussi dans le quotidien de notre vie, avec mon conjoint, mes enfants, ma famille et même dans notre Paroisse !

    Je vous invite, chers sœurs et frères, à prier en ce jour :

  • pour celles et ceux qui pratiquent cette belle vertu de l’hospitalité. Je pense notamment aux hospitaliers de Lourdes, 
  • aux soignants et aides-soignants qui accueillent et accompagnent les malades dans les hospices, 
  • à tous ces bénévoles qui accueillent les sans-abris et les affamés (particulièrement en cette période où beaucoup de lieux sont clos à cause des vacances - par exemple dans notre paroisse, nous avons l’abri st Luc), 
  • et à vous qui, à votre table, laissez toujours une place pour le pauvre, le mal-aimé, l’étranger ou l’isolé. 

Soyons aussi reconnaissants envers ceux qui, un jour, nous ont invités à la table de l’amitié et ont pris soin de nous accueillir et de nous écouter à un moment peut-être difficile de notre vie !

Aujourd’hui, comme à chaque Eucharistie, n’oublions pas que c’est Jésus, Lui-même qui nous accueille et qui nous invite dans sa maison. C’est Lui qui nous invite à accueillir la Bonne Nouvelle à la table de sa Parole. C’est Lui qui nous rassasie à la table de son amour, de son Corps. 

    Je conclurai en citant deux versets du Nouveau Testament que je livre à votre méditation de ce jour :

  • Le premier est tiré de l’Épitre aux Hébreux : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » (He 13,2)                  
  • Le second, du Livre de l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. »       (Ap 3,20)

Frères et sœurs, que ce temps estival soit, pour chacun de nous, l’occasion de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et, en même temps, de nous mettre au service des uns des autres !                                                  

                                                                                                                           Ainsi soit-il ! 

Homélie du dimanche 10 juillet 2022, 15e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 10, 25-37. Livre du Deutéronome 30, 10-14. Psaume 18.

Lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 15-20.

 

En lisant les lectures de ce dimanche, sans doute vous êtes-vous aperçu qu’elles s’éclairent les unes les autres ! La première lecture de ce dimanche est une merveilleuse introduction à l'enseignement de l'Évangile. Ce texte du Livre du Deutéronome, assez juridique, nous dit que la Parole de Dieu est toute proche de nous, inscrite dans notre bouche et dans notre cœur pour que nous puissions la mettre en pratique.

        Le passage de l’Évangile que nous venons d’écouter commence par une question personnelle posée à Jésus par un docteur de la Loi, un érudit. C'est une bonne question même si elle est posée, comme nous le dit saint Luc, pour mettre Jésus à l’épreuve. 

Ce scribe n'a pas dit de façon abstraite : « Comment obtenir un billet gratuit pour le Ciel ? »,  mais bien plutôt : « Que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? » ! Notons déjà sa conviction, sa foi, que la vie sur cette terre n’est pas le terme de notre vie, mais qu’il y a une vie après notre mort. « Que dois-je faire ? » demande-t-il. C’est une question précise !

Jésus lui dit : « Tu es un docteur de la Loi ; tu dois savoir cela. Que lis-tu dans la Loi ? » Et l'homme donne alors la bonne réponse : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même. » « Tu as bien répondu, lui dit Jésus ! Fais ainsi et tu auras la vie. » Mais le scribe insiste et lui pose alors une autre question : « Qui est mon prochain ? » C’est une question intéressante pour nous aussi !

        Jésus va répondre par cette parabole du « bon samaritain » que nous connaissons bien, mais dont nous n’aurons jamais fini de découvrir tout le sens. 

Souvenons-nous qu’une parabole consiste à amener les auditeurs à s'identifier à l'un ou à l’autre des personnages du récit. 

Reprenons rapidement la structure du récit. Le docteur avait dit « Qui est mon prochain ? », mais Jésus, après la parabole, reformule autrement la question : « Qui a été le prochain de l'homme tombé sous les coups ? » Le docteur ne peut que répondre : « Celui qui a fait preuve de bonté envers lui. » Lorsque Jésus dit : « Va et fais de même » !

Le sens immédiat qui semble évident est de dire : « Va et sois, toi aussi, un bon samaritain » ! Nous pourrions nous arrêter là ! Mais, il y a un autre sens : « Comme l'homme tombé sous les coups des brigands, accepte que même un samaritain soit ton prochain ? » L'homme tombé sous les coups pourrait être l’un de nous ! Si c’était toi ? Accepterais-tu d’être aidé, relevé et soigné par un samaritain ? 

Là, une clé de lecture peut me manquer !

 En effet, ce n’est pas par hasard que Jésus nous donne en exemple un samaritain. Les samaritains étaient méprisés par le peuple juif, car ils étaient considérés comme des hérétiques. Rappelez-vous l’épisode de la samaritaine de Sīkar, près du puits de Jacob. Elle va même jusqu’à se moquer de Jésus : « Toi, un juif, tu demandes à une samaritaine de t’aider ! » (Jn 4,9) 

Pourtant, Jésus déclare que ce samaritain est plus proche de Dieu que tous les dignitaires du Temple. C’est lui que Jésus nous donne comme modèle à imiter. 

Avec cette parabole, Il nous montre que mon prochain, celui qui va me secourir, m’aider, me soigner peut être une personne avec laquelle je peux être en distance ! 

Comme nous sommes nous-mêmes tentés de le faire, les docteurs de la Loi faisaient des distinctions entre les différentes catégories de prochain : les fréquentables et les non fréquentables ! Avec Jésus, il y a un renversement radical. L’important, c’est de nous faire proches de l’autre, de nous approcher de lui, de nous laisser approcher par lui ! 

        Nous le savons, dans cette parabole, Jésus nous parle aussi de Lui-même ? Il est celui, par excellence, qui se rend proche de l’homme dans la détresse. Il s’approche des malades, des paralysés, des lépreux et des exclus de toutes sortes. Il pardonne à la pécheresse. Il va même chez les publicains que tous considéraient comme des traitres. Lui-même s’en explique en disant : « Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs… Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. » (Mc 2,17)        

Mes amis, nous sommes toutes et tous, ce blessé de la route de Jéricho. Nous faisons partie de l'humanité blessée par le péché. Comme le blessé de la route de Jéricho, nous avons besoin de quelqu'un qui s'arrête pour nous sauver, nous apporter le soin dont nous avons besoin, la parole que j’espère. Celui qui s’arrête, c’est Jésus. C’est Lui le bon Samaritain. Il se fait proche de nous, il se fait notre prochain. Il se penche sur notre humanité blessée. Il multiplie les guérisons et les pardons. Il vient vers nous avec amour et compassion. Malgré nos fautes et nos erreurs, il nous relève et il nous conduit à Dieu. Mais, n’oublions pas que d’autres personnes peuvent agir de la part de Jésus !

Chers frères et sœurs, dans cette célébration, demandons au Seigneur la grâce de renouveler notre regard pour que cette semaine nous sachions reconnaître :

  • En Jésus le bon Samaritain par excellence !
  • Que je peux être aussi le Samaritain, en particulier pour ceux qui ont le plus besoin que l’on s’approche d’eux par notre aide et notre amitié, par un coup de téléphone, par une visite, par un service, que sais-je ?À chacun de nous d’être inventif !
  • Sans oublier d’accepter que moi aussi, j’ai besoin que l’on prenne soin de moi, dans mes peines, mes blessures… En comprenant que je peux avoir besoin, moi aussi, d’être aidé, par des personnes connues ou non, peut-être même par des personnes avec lesquelles je suis en conflit ! 

En cette période estivale, ne nous enfermons pas sur nous-mêmes ! Nous allons rencontrer, cet été, des membres de nos familles, certains même avec lesquels je peux être en désaccord, ou fâché. N’y a-t-il pas là, une occasion de réconciliation ou d’entraide ? 

Frères et sœurs, voilà ce que je reçois dans les textes de ce jour et que je souhaite partager avec vous. Restons disponibles et confiants ! Gardons notre cœur ouvert aux imprévus, parfois déroutants, de notre Seigneur ! 

Restons disponibles et confiants aux imprévus de Dieu ! Accueillons le Christ ! 

Soyons disponibles aux autres. Je vous souhaite un bel été !    

Ainsi soit-il

Homélie du mercredi 6 juillet 2022, 14e semaine du temps ordinaire, Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 10, 1-7. Livre du prophète Osée 10, 1-3.7-8.12. Psaume 104. 

 

Sainte Maria Goretti

  

6 juillet : Sainte Maria Goretti, martyre de la pureté (1890-1902)

Sainte Maria Goretti

En ce jour, j’aimerai vous dire quels petits mots de sainte Maria Goretti, appelée aussi “martyre de la pureté“ :

Elle est aussi appelée Marietta par certains…

Elle est née en 1890 et elle avait douze ans quand elle préféra mourir pour le Christ, plutôt que de pécher. Maria est née au village de Corinaldo en Italie, dans un univers frappé de plein fouet par la crise économique. Elle est l’aînée de six enfants et, de ce fait, elle reçoit très jeune de lourdes responsabilités. Elle les assume avec sérénité et piété afin de permettre à ses parents d’assurer la subsistance de la famille. Malgré l’exil dans une métairie des Marais Pontins, la mort précoce du père et une promiscuité difficile, Maria, à 12 ans, rayonne par sa vie intérieure. 

Toute à l’ardeur de sa première communion, elle apprend par cœur car elle n’a pas eu d’instruction et ne sait pas lire, elle se prépare. En même temps, elle subit le harcèlement du jeune Alessandro Serenelli qui vit sous le même toit et veut abuser d’elle. Elle résiste. Le garçon insiste. Le 5 juillet 1902, il s’est armé d’un couteau. Maria ne cède pas et ne cesse de lui dire : « C’est un péché, Alessandro ! »

Le garçon perd la tête. Frappée de quatorze coups de couteau, Maria mourra le lendemain dans de grandes souffrances en ayant pardonné à son meurtrier. Alessandro sera condamné et il va se convertir en prison. 

Quarante-cinq ans après la mort de Maria, il assistera à son procès de béatification avant de finir ses jours comme jardinier dans un monastère franciscain. 

 

Une vie surprenante, exemplaire !

« Le sang de Maria Goretti, versé en sacrifice de fidélité totale à Dieu, nous rappelle que nous sommes, nous aussi, appelés à faire don de nous-mêmes au Père. Nous sommes appelés à accomplir la volonté divine pour nous retrouver saints et dignes à ses côtés. Notre vocation à la sainteté, qui est la vocation de tout baptisé, est encouragé par l’exemple de cette jeune martyre… 

 

« Regardez-la, surtout vous les adolescents, vous les jeunes. Soyez, comme elle, capables de défendre la pureté du cœur et du corps ; efforcez-vous de lutter contre le mal et le péché, en alimentant votre communion avec le Seigneur par la prière, l’exercice quotidien de la mortification et la scrupuleuse observance des commandements. N’ayez pas peur d’aller à contre-courant, de rejeter les idoles du monde, lorsqu’il s’agit de témoigner par une conduite courageuse, de l’adhésion au Christ chaste et pauvre. Sachez toujours valoriser et aimer la pureté et la virginité. »

Saint Jean-Paul II, le 29 septembre 1991

Frères et sœurs, voilà ce que nous pouvons retenir pour nous, ce matin. Prenons le temps de la prier, de lui demander son intercession pour nous-mêmes, peut-être aussi pour les jeunes que nous connaissons.

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 3 juillet 2022, 14e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 10, 12-12.17-20. Livre du prophète Isaïe 66, 10-14c.

Psaume 65. Lettre de saint Paul aux Galates 6, 14-18. 

 

Aujourd’hui, s’identifier comme chrétien, dans une société largement sécularisée, ne va pas de soi. La culture ambiante, les modes de vie, les manières d’être sont parfois bien éloignés de nos styles de vie ; et plus précisément, beaucoup se détournent de l’Évangile, bien qu’ils soient baptisés. 

Qui n’a pas eu le sentiment, à un moment de sa vie, d’être déconnecté des choix sociétaux et même, d’une certaine façon d’être au milieu de loups dans un monde où le pouvoir, l’argent, la convoitise sont, le plus souvent, les moteurs de notre société ? 

Ou encore, qui n’a pas eu le sentiment d’être noyé dans une indifférence religieuse où tout est mis au même niveau ! 

C’est un constat ! Il n’est pas forcément nouveau ni particulièrement joyeux…

    Pourtant, c’est précisément dans ce monde-là que Jésus nous envoie comme des agneaux au milieu des loups. L’image est très parlante ! Dans la continuité des premiers disciples, Il nous dit dans quel esprit y aller, comment se comporter et, même si ce terme nous paraît un peu guerrier, avec quelles armes, Il nous envoie en mission.

    Tout d’abord, Jésus envoie 72 disciples, et pas seulement ses 12 Apôtres, car l’urgence de la mission n’est pas réservée aux seuls évêques et à leurs collaborateurs directs, mais elle est pour tous les chrétiens de tous les temps, et partout sur la terre.

Comme la loi de Moïse imposait deux témoins pour qu’un fait soit reconnu, Jésus envoie devant lui ses disciples deux par deux. 

Deux, c’est déjà une petite communauté. Chacun des disciples, dans ce petit groupe, est le témoin et le garant de l’autre devant les peuples. Ses disciples passeront de maison en maison. Ils n’iront pas seulement dans les lieux sacrés comme le Temple ou les synagogues, mais directement dans les lieux où vivent les hommes, les familles. En effet, Dieu nous rejoint chez nous, Il s’adresse à nous, là où nous sommes.

Cette mission qui nous est confiée à cause de notre rencontre du Christ est la même que celle qui est confiée aux 72 ! Quelle est-elle donc ? S’agit-il de guérir les malades ? Faut-il faire des actions extraordinaires ? Des miracles ? Non, ce n’est pas ce que nous dit l’évangile.

La mission confiée aux 72 n’est pas d’abord de guérir les malades et de maîtriser les esprits mauvais, mais elle est surtout d’annoncer la Bonne Nouvelle de la paix de Dieu, la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Jésus le demande à plusieurs reprises : « dites-leur : le règne de Dieu est tout proche. »

Les guérisons et les actes extraordinaires ne sont pas une fin en soi ni le seul but de la mission ! Si cela est possible, tant mieux, mais, peu importe que les signes soient visibles, effectifs ! Ne risquons pas de transformer notre Dieu en un dieu magicien ! Ce qui est important, ce n’est pas le signe en lui-même, mais ce qu’il révèle, c’est-à-dire que « Dieu est avec eux, avec nous ! Dieu est présent, même dans nos infirmités et les contradictions de ce monde. »

C’est bien l’expérience que font les disciples qui, à leur retour, seront tout excités de raconter leurs exploits. À vrai dire, ils sont eux-mêmes surpris de ce qu’ils ont été capables de faire, car cela les dépasse : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom ! »  Certes, le signe est éclatant ! Mais il ne faudrait pas que cet éclat empêche de voir ce qui est ainsi signifié : le règne de Dieu est déjà là. C’est toujours par le nom du Christ que les disciples annoncent ce Règne !

C’est ce que rappelle Jésus en insistant : « Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » De fait, dans les cieux sont inscrits les noms de tous les missionnaires. Que les esprits mauvais soient soumis, c’est bien. Mais il y a mieux encore : c’est cette intimité avec Dieu, source de vraie joie, source de tout apostolat !

    Frères et sœurs, de quelle manière sommes-nous invités à annoncer le Royaume de Dieu ?

    Dans ce monde parfois difficile qui ne fait pas de cadeau, quels sont nos moyens ? Certains vont dire : avec quelles armes se battre ? Nos armes, c’est surtout la Paix, la paix qui est si fragile, jamais parfaite, mais qui est un état et une attitude qui peuvent se révéler une force incontournable, dans une réelle maitrise de soi et une vraie confiance.

Cependant, il faut du temps, même si nous le demandons souvent dans nos intentions de prière universelle, pour que s’établisse la paix, l’amitié, la bienveillance, un climat de confiance qui précède l’annonce du Royaume. 

Il est bon de prier pour la paix, encore faut-il que nous vivions nous-mêmes dans la paix ! Il nous faut la vivre intérieurement pour en être les témoins avant même d’essayer de l’expliquer. Le chrétien sait quand le temps est venu de parler de Dieu et quand il est juste de se taire et ne laisser parler que l’amour. 

Nous avons toujours et partout à établir des liens, surtout en ces temps où le ‘vivre ensemble’ est menacé, où la solitude, dans notre époque, n’a jamais été aussi massive. 

Je suis effectivement très surpris du grand nombre de personnes qui se confient à moi et me disent qu’ils ne regardent plus la messe que sur leur écran de télévision ! Cette façon de faire, même si elle peut paraître assez pratique, nous prive totalement de notre famille paroissiale et de la vie en communauté dans une relation fraternelle, et surtout, de l’Eucharistie.

Frères et sœurs, l’enjeu est là pour aujourd’hui ! Il est important !

Alors, Seigneur, aide-nous à nous rendre disponibles pour annoncer le Christ !

En réalité, la joie, la Paix, l’Amour nous sont donnés par le Seigneur, et renforcés quand j’en deviens témoin ! Alors, transmettons-les !

Cette façon de vivre l’évangile et d’annoncer la Bonne Nouvelle peut inspirer notre vie en ces périodes de vacances, où nous allons côtoyer des personnes nouvelles, des gens très divers… 

N’est-ce pas une bonne occasion d’être d’audacieux témoins du Christ en ces prochaines semaines ?

Demandons cette grâce pour chacun de nous !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 27 juin 2022, 13e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 8, 18-22. Livre du prophète Amos 2,6-10.13-16. Psaume 49.

 

Chers amis, nous entendions hier, presque le même texte dans l’évangile selon saint Luc et, aujourd’hui, il nous est donné selon saint Matthieu. Retenons donc cette insistance qu’il nous faut entendre, pour nous, ce matin ! Que veut donc nous dire notre Seigneur ?

Voici deux candidats qui veulent se mettre à la suite du Christ.

- Le premier, un scribe, sans doute enthousiasmé par le Sermon sur la montagne et émerveillé par les premiers miracles de Jésus (la guérison d’un lépreux, celles du serviteur d’un Centurion et de la belle-mère de Pierre), s’approche de Jésus. Il ne veut pas laisser partir Jésus sans lui avoir déclaré sa flamme : « Maître, je te suivrai partout où tu iras. » Belle déclaration !

Or Jésus n’est pas comme les Rabbins juifs de l’époque, que leurs disciples choisissent pour maître. 

Ici, le scribe n’est pas appelé par Jésus ; il se propose de lui-même. Remarquons que Jésus ne décourage ni n’encourage ce volontaire ; Il le met tout de go, en face de son mystère : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » En effet, devenir disciple de Jésus est exigeant : c’est marcher derrière Celui qui monte à Jérusalem pour y subir la Passion. Jésus ne reposera sa tête que sur la croix.  

Se mettre à la suite de quelqu’un veut dire que cette personne a pour nous une importance capitale. On peut suivre quelqu’un de façon multiple : on peut le suivre pour ses idées comme tel philosophe ou personnalité politique, on peut aussi suivre quelqu’un pour son génie comme certains scientifiques. On peut aussi se laisser abuser par faiblesse, par les belles paroles d’un gourou avec les risques qui peuvent toucher ici à notre vie affective. Là, le discernement et la vérité deviennent primordiaux !

L’invitation de Jésus est donc exigeante : « suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts ». 

« Suis-moi… » Nous ne savons pas précisément si ce disciple et l’autre ont fini par suivre Jésus !

Alors qu’est-ce qui fait que l’on suive Jésus ? Que faut-il ?

Alors qu’est-ce qui fait que certains puissent décider de donner radicalement leur vie pour Lui ?

Pour pouvoir suivre Jésus, il faut d’abord savoir qui Il est, le connaître, l’écouter, le comprendre. Mais, avant de nous mettre à suivre Jésus, il faut se dire que c’est Lui qui me connaît et qui me suit ! Et cela reste un mystère pour nous ! C’est le Christ qui nous appelle et nous choisit ! Il nous suit jusqu’à ce que nous acceptions de nous arrêter et de vivre la rencontre. Avant de pouvoir suivre Jésus, il faut d’abord s’être laissé chercher et trouver par Lui. 

C’est le mystère d’une rencontre : de personne à personne !

Chacun dans notre assemblée pourrait, sans doute, expliquer l’histoire de leur rencontre avec le Christ vivant : rencontre toujours bouleversante, toujours personnelle et unique !

Voilà ce qui fait que l’on veuille suivre Jésus : cette rencontre saisissante, ce moment où Il est devenu quelqu’un pour nous, ce temps où son histoire s’est révélée à nous, cet instant où sa Parole a touché notre cœur…

Nous voyons bien ici qu’il n’y a rien d’extérieur à Lui, comme le seraient les idées, le génie ou la pensée.  Jésus vient à nous sans aucune arme à la main ni par un artifice quelconque ; Il vient seul, avec Lui-même, avec le désir de nous voir grandir, de nous voir nous épanouir et d’entre, avec Lui, dans la vie éternelle.

Il vient seulement nous demander, en nous laissant une incroyable liberté : « Toi, suis-moi ! » et Il attend notre réponse.

Puissions-nous, frères et sœurs, faire mémoire de cette rencontre du Christ à un moment de notre vie et, dès aujourd’hui, re-choisir de faire route avec Lui !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 26 juin 2022, 13e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble église Notre-Dame Réconciliatrice, 

par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 11b-17. Livre de la Genèse 14, 18-20. Psaume 109.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 11, 23-26. 

 

Chers amis, comme je vous le demande régulièrement, vous êtes invités de façon pressante à préparer les célébrations dominicales, en prenant le temps chez soi, pour découvrir les différentes lectures et peut-être (soyons fous !) à les méditer ! 

Les trois textes de ce jour (avec le psaume) expriment une belle unité entre eux et sont impressionnants de richesse :Élie, Paul et Jésus nous parlent tous les trois de liberté et d’amour, mais dans un désir très précis, car cette liberté est faite pour entrer en action, elle est toujours un acte pour mieux servir, mieux aimer, mieux annoncer le Royaume ; et donc évangéliser, c’est-à-dire annoncer la Bonne Nouvelle.

Tous les Chrétiens sont appelés à être témoins de cette Bonne Nouvelle !

Attaché à la liberté, il y a un mot avec lequel nous avons peut-être du mal, un mot sous-jacent dans les trois lectures : c’est celui de l’obéissance ! En effet, en étant attentifs, nous constatons que tous les textes de ce jour nous parlent d’obéissance. Attention, il ne s’agit pas d’une obéissance d’esclavage ou servile comme le précise saint Paul ; il s’agit de suivre le Seigneur quand Il nous appelle : l’obéissance à Dieu nous libère. C’est une belle découverte que nous pouvons faire dans une vraie relecture de notre appel !

Je sais bien que parler d’obéissance résonne très mal pour certains d’entre-nous ! Cependant, je le redis avec force, il n’est pas question d’une quelconque soumission, mais d’oser un « OUI » dans un réel discernement : une vraie obéissance à Dieu est libératrice. 

Chers frères et sœurs, essayons en quelques minutes de comprendre ensemble, le sens de cette obéissance.

Jésus marche avec courage sur la route en allant vers Jérusalem, comme nous le précise l’évangile. Le Christ Jésus est profondément libre, Il sait très bien que cette route va Le conduire à sa Passion, mais Il fait face et Il obéit à son Père en continuant sa mission pour libérer l’humanité de la mort et la conduire à la Vie. 

Cet évangile nous fait découvrir le mystère de l’exigence de Jésus qui ne laisse pas de place au doute ou à une quelconque hésitation : son OUI est vrai, Il sait, Il fait confiance, Il ne se dérobe pas et ne condamne pas !  L’urgence est là : il faut annoncer le Royaume de Dieu et cela sans regarder en arrière. Le chrétien doit regarder devant lui !

Le texte de saint Paul aux Galates insiste encore sur l’amour qui doit être libre, mais aussi sur l’obéissance à cette loi d’amour, ce commandement où Dieu nous redit qu’aimer rend libre.

La priorité pour saint Paul, c’est l’avenir, c’est la vie !

J’aime beaucoup ce psaume 15 qui dit notre attachement au Seigneur, dans notre prière et notre fidélité au cœur de notre vie ; c’est Lui qui nous conseille et éclaire notre discernement pour choisir le Bien et renoncer au Mal.

Dit autrement : notre obéissance est d’abord une obéissance à l’Amour ! C’est notre amour qui est la mesure de notre réponse à l’invitation de Jésus à le suivre. 

Comme vous le savez, cet après-midi auront eu lieu, en la Basilique du Sacré-Cœur, une ordination diaconale : Jean-Marc Franchellin, (aumônier de la prison de Saint-Quentin-Fallavier) ainsi que l’ordination d’un nouveau prêtre : Benoît Duvivier. Pour l’un et l’autre, c’est librement qu’ils s’engagent par l’ordination, à devenir serviteurs et témoins du Christ. L’épouse du futur diacre permanent a été également interrogée, car c’est conjointement que leur couple se met au service des autres.

Toutefois, l’appel de Dieu n’est pas seulement pour devenir diacre ou prêtre. Dieu nous appelle tous, là où nous sommes avec nos charismes, nos limites et nos manques !

À quoi donc le Seigneur nous appelle-t-il ?

Le Seigneur nous appelle tous à faire quelque chose de notre vie. Il faut grandir quand on est jeune ; il faut apprendre quand on est étudiant ; il faut travailler quand on a la chance d’avoir du travail et d’être payé pour le faire ; il faut transmettre quand notre expérience est profitable à d’autres, oser donner de mon temps libre pour me mettre au service des autres ; il faut se marier quand on vit en couple, et être fidèle : il faut toujours avancer dans la vie, ne pas rester les bras croisés, apprendre à partager, écouter le Seigneur qui nous guide. 

Mais surtout ce que nous avons à vivre au cours de notre vie,

c’est aimer, toujours aimer plus.

Et ceci, quel que soit notre vocation, notre appel : l’Église a besoin de nous tous !

Oui l’Église a aussi besoin de nous : hommes, femmes, célibataire, marié, consacré - d’âge mûr ou plus jeune, pour choisir et décider librement de devenir des missionnaires de l’amour de Dieu ! Le monde a besoin de nous !

Oui, j’en suis sûr, le Seigneur parle, et le premier apprentissage des chrétiens est d’apprendre à écouter ! Peut-être est-ce là une difficulté très actuelle : comment l’entendre dans le brouhaha médiatique ? Il m’arrive bien souvent de fermer mes oreilles et mon cœur. C’est rarement sur un portable que le Seigneur nous appelle… N’avons-nous pas besoin de calme et de cette liberté intérieure pour bien écouter ce que Dieu veut me dire ?

C’est le plus souvent dans la prière que le Seigneur nous parle le mieux, généralement dans la modalité du conseil… Parole parfois confirmée, comme dans le texte d’aujourd’hui, par la bouche de quelqu’un de notre voisinage ou de quelqu’un qui a charge de serviteur de l’Église. Par exemple : « Élisée était en train de travailler dans son champ et de labourer, quand le Seigneur lui a parlé et l’a appelé par la voix de l’un de ses amis, le prophète Élie. »

Le Seigneur ne nous demande pas d’être aveugles et sans intelligence ; il nous faut  écouter, réfléchir, discerner, sans que notre liberté soit pervertie ! Alors, comment faut-il comprendre ce verbe obéir ? 

Obéir :

C’est déjà écouter, être attentif, entendre l’appel, suivre, puis se mettre au service.

Obéir, c’est comprendre que nous sommes faits pour l’amour et 

que notre liberté c’est aussi être capable d’aimer.

Un dernier point rassurant pour terminer, car nous avons tous du mal à aimer : c’est l’Esprit Saint qui nous rend capables d’aimer au-delà de notre faiblesse.

Si vous le voulez bien, reprenez, ce soir, le psaume de ce dimanche :

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable. (Ps 15)

Frères et sœurs, mettons-nous à l’écoute de Dieu, alors nous deviendrons inébranlables !

C’est la grâce que nous pouvons demander et recevoir en ce jour !

Bonne méditation !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 24 juin 2022, solennité du Sacré Cœur de Jésus, année C.

Messe célébrée à Grenoble église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 11b-17. Livre du prophète Isaïe 34,11-16. Psaume 22.

Lettre de saint Paul aux Romains 5, 5b-11.

 

Frères et sœurs, la solennité du Sacré Cœur de Jésus est une fête importante ! Ce n’est pas parce qu’elle serait ruisselante de sentimentalisme, mais elle est importante car elle nous donne de contempler et de parler de ce Cœur qui a tant aimé les hommes jusqu’à donner sa vie.

Mais comment vraiment parler du Cœur de Jésus ? 

Rappelons-nous ! Quand la lance du centurion a percé le Cœur du Christ en Croix en faisant jaillir du sang et de l’eau, il n’accomplissait pas simplement le rite ultime pour vérifier la mort de la victime, mais il accomplissait un geste prophétique. En effet, le sang et l’eau qui jaillissent du Cœur du Christ expriment en même temps, le don total que Jésus a fait de Lui-même et la source de vie que ce don devient pour l’humanité entière. 

C’est en regardant couler le sang et l’eau du côté transpercé du Christ que nous pouvons comprendre ce que saint Paul dit dans l’épître aux Romains : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. » (Rm 5,8) 

La joie à laquelle le Christ nous invite aujourd’hui est la joie toute simple de la brebis un peu « follette » d’avoir été retrouvée, d’être portée sur l’épaule de son berger, d’être soignée, remise en forme et réintégrée à la plénitude du troupeau. C’est la joie de nous tous, pécheurs réconciliés avec Dieu.

Parler du cœur de Jésus, c’est donc redire la miséricorde de Dieu : un cœur qui aime jusqu’au pardon, un cœur qui bat pour chacun de nous !

Nous pressentons bien qu’une humanité sans le cœur du Christ, une humanité sans pardon, c’est une humanité vouée à la délation, à la barbarie et à la sauvagerie.

  • Une personne qui vit sans pardon est une personne qui s’enferme dans sa culpabilité et risque de plonger dans le désespoir. 
  • Une société qui vit sans pardon est une société qui s’étouffe dans sa culpabilité et la transforme en agressivité envers les autres pour trouver les coupables que nous ne voulons pas reconnaître en nous-mêmes. 

Le cœur de Jésus nous apprend à la fois le don de soi, le don de la vie et le don du pardon.

Pourquoi donc est-il si difficile de répandre le pardon ? Pourquoi donc est-il si difficile de reconnaître que l’on a besoin du pardon et de ce Cœur qui nous aime ? Pourquoi donc est-il si difficile de se reconnaître pêcheur et d’oser dire : « J’ai besoin de Toi, Seigneur ! » ? 

Pour nous reconnaître pécheurs, il faut que nous soyons profondément assurés de l’amour que Dieu nous porte, non pas seulement à chacun d’entre nous en particulier, mais à l’humanité tout entière. Pour avoir la confiance nécessaire pour avouer notre péché et en être pardonné, il faut que la plénitude de l’amour de Dieu se manifeste à nos yeux.

Célébrer le Sacré Cœur de Jésus, c’est donc s’extasier devant ce mystère, devant le don de Jésus par la folie de la Croix et se laisser emporter dans le mystère d’amour dans lequel on se réjouit avec la Trinité, quand un seul pécheur est converti. 

      N’oublions toutefois pas que contempler le Sacré Cœur de Jésus, ce n’est pas seulement de se réjouir avec Dieu : c’est s’engager à Lui ressembler !

Frères et sœurs, c’est la grâce que nous pouvons demander, que nos cœurs battent à l’unisson et surtout, qu’ils battent à l’unisson de celui de Dieu ! 

Demandons cette grâce pour chacun de nous et pour l’humanité tout entière !      

                                                        Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 19 juin 2022, solennité du Saint-Sacrement, année C.

Messe célébrée à Grenoble église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 9, 11b-17. Livre de la Genèse 14, 18-20. Psaume 109.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 11, 23-26. 

 

Il m’arrive de discuter avec des personnes qui me disent que : « Dieu est déconnecté de ma vie. Dieu ne comprend pas ce que je suis ! Pourquoi j’agis de telle ou telle façon… Il semble même être indifférent à mes besoins ! ». Et nous, qu’en pensons-nous ? Est-ce que ces questions sont les nôtres à certains moments, peut-être particulièrement lorsque notre peine, notre angoisse deviennent profondes ? Dieu attendrait-il de nous une action particulière ?

Dans beaucoup de religions, l’attitude envers le dieu est d’offrir un sacrifice d’oblation ; on fait une offrande pour attirer sur nous, ses bons augures, une aide. De même, toujours à l’époque de Jésus, nos frères juifs apportaient en holocauste des bœufs, des brebis, des agneaux, des colombes… 

Chers amis, non seulement, il est bien rare que nous venions à la messe avec une basse-cour, mais notre religion chrétienne est la seule religion où Dieu se fait Lui-même nourriture … N’est-ce pas paradoxal et surprenant ? Non seulement, Dieu connaît nos besoins, nourriture, boisson, repos et tant d’autres choses, mais pour satisfaire et contenter nos besoins, Dieu se fait Lui-même nourriture ! C’est le propre de la religion chrétienne.

Quand Jésus l’annonce, les personnes auxquelles Il s’adresse, ne vont pas le comprendre immédiatement ! Certains mêmes sont scandalisés et en colère : comment est-ce possible ; « manger son corps ? Boire son sang ? Quelle horreur !» Il faudra un peu de temps pour que les premiers chrétiens découvrent que le sacrement de l’Eucharistie est un don incroyable et inestimable !

Par deux fois, l’Apôtre Paul, écrivant à la communauté de Corinthe, rapporte les paroles de Jésus dites dans le récit de l’institution de l’Eucharistie. C’est le témoignage le plus ancien de la Dernière Cène.

N’oublions pas que les évangiles seront écrits un peu plus tard et ces relations épistolaires sont les premiers écrits que nous avons. Elles étaient adressées aux toutes jeunes communautés chrétiennes installées autour de la méditerranée : Éphèse, Rome, Corinthe et d‘autres encore.

Que nous dit saint Paul dans cette lettre aux chrétiens de Corinthe ? Il rappelle ce que Jésus, à quelques heures de sa mort, à quelques heures de sa Passion, nous laisse en témoignage :

- « Faites ceci »c’est-à-dire prenez du pain, rendez grâce et rompez-le ; prenez le calice, rendez grâce et distribuez. Jésus commande de répéter le geste par lequel Il a institué le mémorial de sa Pâque, ce geste au moyen duquel Il nous a donné son Corps et son Sang. C’est ce geste qui nous permet d’avoir part, toujours aujourd’hui à son Corps et à son Sang.

Ce geste est parvenu jusqu’à nous : c’est le “faire” l’Eucharistie, qui a toujours Jésus comme sujet, mais qui se réalise à travers nos pauvres mains jointes, transformé par la force de l’Esprit Saint.

« Faites ceci ». Nous venons de l’entendre dans l’Évangile, Jésus interpelle les disciples stupéfaits à un « faire » peu probable : « « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » (Lc 9, 13). Comment satisfaire une foule de cinq mille personnes fatiguée et affamée ?

En réalité c’est Jésus qui fait tout : Il bénit et rompt les pains jusqu’à rassasier tous ces gens, avec ces cinq pains et ces deux poissons. 

La pédagogie de Jésus se découvre précisément. Il eut été facile de congédier la foule, mais les disciples sont invités à mettre à disposition le petit peu qu’ils avaient.

Ce que nous vivons, encore aujourd’hui dans cette église, n’est pas si éloigné de cet épisode de la « multiplication des pains » !

 

- Jésus bénit, rend grâce et Il rompt : c’est l’autre parole qui explique le sens du : « faites ceci en mémoire de moi ». Jésus s’est rompu, Il se rompt pour nous, et Il nous demande de nous donner, de nous « rompre » nous aussi pour les autres, autant que cela soit possible. 

Justement ce “rompre le pain”, ce pain rompu est devenu le signe de reconnaissance du Christ et par la suite des chrétiens. 

- Rappelons-nous l’épisode des pèlerins d’Emmaüs, au soir de Pâques. Deux disciples marchent vers le village d’Emmaüs, l’un d’entre eux se nomme Cléophas. Nous ne connaissons pas le nom de l’autre disciple : ce pourrait être chacun de nous ! Marqués par la mort de Jésus, ils rentrent tristement chez eux. Le matin même, ils ont bien entendu des femmes dire que Jésus est ressuscité, mais leur cœur est tellement empli de tristesse qu’ils ne comprennent pas. Jésus arrive auprès d’eux et les enseigne. Chers amis, vous connaissez bien cet épisode ! Arrivés dans une auberge, les disciples demandent à Jésus d’y entrer avec eux, car il se fait tard. Au moment de la fraction du pain, Jésus dit les mêmes paroles que celles qu’Il avait prononcées quatre jours auparavant, le Jeudi saint. C’est alors que leurs yeux s’ouvrent et qu’ils le reconnurent, « à la fraction du pain » (Lc 24, 35). 

  - Rappelons-nous aussi que la première communauté de Jérusalem : « était assidue à la prière […] et à la fraction du pain » (Ac 2, 42). 

C’est l’Eucharistie, qui devient, depuis le commencement, le centre et la forme de la vie de l’Église : source et sommet de notre vie chrétienne !

 Je termine tout simplement en parlant de cette église, mais je pourrais dire la même chose de toutes les autres églises. Ces églises sont belles, elles ont été construites avec le talent de toutes sortes de maîtres-ouvriers : maçons, maître-verrier, sculpteurs, peintres, facteurs d’orgues… Ces églises ont été le lieu de la prière de la communauté chrétienne depuis de longs siècles, mais quel est l’élément le plus important et le plus remarquable de cet édifice ?

Qu’en pensez-vous ?

Le trésor des églises n’est pas le bâtiment, mais ce que contient le maître autel. C’est au centre de maitre-autel, qu'il y a une petite cavité : le tabernacle !

Toute cette église a été construite pour permettre à ce petit tabernacle d’accueillir le Christ !  

Que contient ce tabernacle ? Quelques grammes d’une nourriture qui pourrait sembler banale, ordinaire, juste un petit peu de pain ! Pas n’importe quel pain : le pain consacré, c’est-à-dire : Jésus Lui-même ! Cette église a été construite uniquement pour que nous puissions venir et adorer Celui qui est présent dans le tabernacle.

Frères et sœurs, oui ! Le Christ s’offre à nous comme nourriture pour apaiser notre faim : faim de Dieu, faim de vivre ! Plus encore, au moment où nous Le recevons, au moment où nous L’incorporant en nous, nous devenons “d’autres christ“, dans l’action de grâce, avec cette même mission de la louange et de l’annonce à tous nos frères.

Voilà le Dieu trois fois saint qui s’offre à nous comme nourriture ! Il est celui que nous avons célébré, Trinité sainte, dimanche dernier.

Puissions-nous, en sortant de l’église tout à l’heure, à la fois nourris et envoyés, être les témoins et les disciples que Jésus espère !

Voilà le merveilleux mystère que nous pouvons vivre ce dimanche.

 Quelle grâce que le Seigneur nous offre, frères et sœurs,

  • en venant jusqu’à nous, 
  • en venant en nous !

 

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 12 juin 2022, solennité de la Sainte Trinité, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 12-15. Livre des Proverbes 8, 22-31. Psaume 8. 

Lettre de saint Paul aux Romains 5, 1-5. 

 

Mystère de la Pentecôte ! Mystère de la Sainte Trinité ! Mystère du très Saint Sacrement dimanche prochain !Est-ce que certains vous posent des questions sur ces célébrations chrétiennes importantes et vous demandent des explications ? Pour beaucoup, ces fêtes ne sont que des jours sympathiques où l’on ne travaille pas ! Quelles réponses pouvez-vous donner ?

Il m’arrive assez souvent que l’on me pose cette question : « Puis-je dire que je suis croyant et révéler que je ne comprends pas tout ? Est-ce grave ? »

Non. Bien sûr que non ! La réponse est claire ! Il y a toujours quelque chose qui nous échappe. Je peux dire quelque chose de Dieu, mais jamais en dire la totalité. C’est cela que nous appelons « le mystère » c’est-à-dire qu’il ne peut pas être expliqué par notre raisonnement, par l'esprit humain ; c’est quelque chose qui nous échappe ! 

En même temps, je ne peux pas rester dans ma foi adulte avec pour seule connaissance, le catéchisme de mon enfance ! Réfléchir, prier, me former, lire… est indispensable pour mieux comprendre et témoigner de « qui est Dieu pour moi et quelle espérance habite en moi ! » !

Que ce soit Pentecôte, la Trinité, le Saint Sacrement, mais aussi Noël, Pâques, l’Ascension et bien d’autres révélations sur Dieu, sur la vie de Jésus, en partant de son enseignement, de ses paraboles… il y a là toujours, un paradoxe ! Nous sommes interpellés par un mystère qui se donne à voir, mais qui ne se laisse pas « emprisonner ». Nous ne pouvons pas avoir une emprise sur la réalité de ces mystères, même si, dans certaines circonstances, nous pouvons presque les toucher, les sentir, les vivre, les entrevoir, les reconnaître… et pourtant, nous le voyons bien, ils échappent à notre entendement, à notre logique humaine ! 

Ce dimanche matin, je vous propose de réfléchir ensemble sur ce mystère : celui de La Sainte Trinité !

Ce Dieu trinitaire que nous adorons n’est ni un inconnu ni un Dieu distant. Notre Dieu est tout proche. Il est à la fois, au-dessus de nous, à côté de nous et en nous. Mais, comment interpréter ce mystère ? 

Ce que nous pouvons faire, c’est partir peut-être de nous-mêmes ; partir de l’expérience de notre humanité. Nous pouvons essayer, par une analogie qui ne pourra que tâtonner, tâcher de mieux le comprendre.

Prenons un exemple : un des traits essentiels de notre humanité, c’est notre capacité à aimer. C’est vrai, nous avons tous ce désir intense, essentiel : être aimé et aimer ! Ce désir d’aimer, cette réalité de l’amour vrai traverse toute notre humanité. Mais pour que l’amour soit mis en pratique, il faut que nous soyons en relation. Nous ne pouvons pas aimer en restant seul ! Cela paraît évident ; s’aimer soi-même, ce serait de l’égoïsme, du narcissisme. Ce serait très insatisfaisant. Certes, nous ne pouvons pas expliquer l’amour ni le sentiment qui l’accompagne, ni la détermination ou l’audace du don de soi ! Et pourtant, nous l’expérimentons ! Impossible de le toucher, de le mesurer, de le quantifier, de le capturer, et pourtant l’amour est là, nécessaire, possible, presque palpable.

Donc, le point de départ de tout ce que nous pouvons vivre, c’est notre capacité à entrer en relation avec l’autre. La relation n’est pas simplement être les uns à côté des autres ou partager quelques points en communs ; la relation, c’est la capacité d’être les uns avec les autres. 

Or, nous savons et nous croyons que nous sommes créés à « l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn) ; donc, par notre humanité, nous disons quelque chose de Dieu, puisque nous portons en nous, son image et sa ressemblance. 

Alors, par nos attitudes, notre manière d’être, nos charismes, notre désir, notre volonté d’aimer… nous disons vraiment quelque chose de Dieu. Dieu se fait connaître à travers nous. Si la relation est au cœur même de notre vie, cela nous dit quelque chose du mystère de la Trinité. 

La Trinité ne s’explique pas, elle se vit ! Elle se vit parce que Dieu est avant tout : relation ! Dieu n’est pas une solitude ! Cette certitude est très importante pour nous chrétiens ! Dieu veut entrer en relation avec chacun de nous, et cette relation est appelée à s’ouvrir, à s’ouvrir à celles et ceux qui sont autour de nous. 

Donc, vivre de ce Dieu trinitaire, c’est se rendre compte :

  • Que cette force de vie, cette force d’amour, qui est en moi vient de Dieu qui est Esprit Saint.
  • Que ce désir d’aimer et de me donner aux autres vient de Dieu qui est Père. 
  • Que la capacité de me mettre au service jusqu’à donner ma vie, vient de Dieu qui est Fils. 

Tout vient de Dieu qui se manifeste à chacun de nous et par chacun de nous ! Pour cela, des charismes et des dons nous sont offerts pour déployer avec prodigalité notre vie de baptisé et d’enfant de Dieu au cœur de ce monde-ci.

Quand nous disons : au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, certes nous le disons parfois un peu machinalement, mais nous exprimons, à ce moment-là, une vérité complexe : « trois personnes et une seule nature », mais surtout une réelle et profonde relation dans un amour vrai et juste qui existe au sein de la Trinité :

  • Une relation de filiation entre le Père et le Fils,
  • Une relation d'un amour commun entre les trois, qui se nomme l'Esprit Saint.

 Ainsi, nous pouvons dire que l'essentiel de la vie trinitaire est l'« intercommunion » et l'« interpénétration » réciproques des trois Personnes de la Trinité. C’est ainsi que nous pouvons entrer dans ce un mystère !

L'une des expressions évangéliques les plus claires de ce mystère s’exprime dans l’évangile de saint Jean : « Je suis dans le Père et le Père est en Moi » (Jean 15,16). Les Personnes sont l'une dans l'autre, l'une pour l'autre, sans rien garder pour elles. « Le Père est en Moi et Je suis dans le Père » (Jean 10, 30; 14, 10.) 

Ou encore : « Nul ne peut connaître le Père s'il ne connaît le Fils » dit Jésus et l'Esprit est envoyé par le Père qui le donne pour rappeler tout ce qu'il a révélé par son Fils. C’est l’évangile de ce jour. Il est l'Esprit du Père et du Fils (Jean 14, 26). Quel mystère !

Croire au Dieu Trinité, c’est donc sortir des idées toutes faites que nous nous pourrions avoir sur Dieu. C’est toujours un acte de foi !

Alors, à notre question  du début : « Puis-je dire que je suis croyant et révéler que je ne comprends pas tout ? », je peux seulement témoigner de ma relation à Dieu, de mon amour pour Dieu ! Je ne peux pas et ne pourrais jamais pleinement expliquer Dieu. Cela se révèle dans ma manière de vivre et d’aimer à la manière de notre Dieu trois fois saint !

Frères et sœurs, c’est la grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous ce matin. 

Seigneur, éclaire mon intelligence 
et permets que je vive, déjà, 
de cet amour dès maintenant et autour de moi, 
que j’en témoigne !

                                                                                                  Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du mercredi 8 juin 2022, 10e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église Saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 17-19. Psaume 15. Premier livre des Rois 18, 20-39.

 

« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17-19)

Aujourd’hui, en ce mercredi de la 10e semaine du temps extraordinaire de l’ordinaire, nous entendons ce rappel : le Christ n'est pas venu abolir, mais accomplir ! Cette phrase nous reprécise que son identité la plus profonde de Fils le conduit à ne rien vouloir faire qu'Il n'ait vu réaliser par le Père. Nous Le redécouvrons à la fois confiant en l’amour du Père, en la parole du Père, et également, obéissant au Père. 

Il répond, Il écoute le Père et fait de même ! Notons bien que Jésus demeure profondément librehumble et audacieuxconfiant et obéissant !

Alors, à partir de cette attitude filiale du Christ, nous pouvons nous demander si nos initiatives qui semblent peut-être nous distinguer, ne sont pas là pour nous mettre en avant, ne sont pas, en fait, le signe d'un orgueil qui nous pousserait à vouloir être le premier, à exister dans notre paraître. Quel est mon “être“ de chrétien ?

Littéralement : suis-je dans l’imitation du Christ, confiant et obéissant ?

Aujourd’hui, nous entendons ce récit extraordinaire du prophète Élie dans la première lecture du livre des Rois. Elle nous relate, un peu par analogie, son attitude audacieuse, humble, et confiante. En effet, Élie est en apparence seul en face des quatre cent cinquante prophètes de Baal quelque peu déchainés, mais Dieu est avec lui ! Le Peuple, témoin de ce défi, reconnaitra le Dieu unique d’Israël ! « C’est le Seigneur qui est Dieu ! »

Quelle confiance ! Quelle audace et quelle obéissance de la part du prophète Élie !

De même, pour marcher à la suite du Fils, portés par l’Esprit Saint, (comme nous le souhaitons), nous pouvons trouver aussi ces mêmes dispositions dans la vie des saints : « Les saints suivent l'Esprit, ils ne le précédent pas. Et de cette manière, ils sont conduits avec douceur, sans même savoir le chemin qu’ils devront prendre (...) C’est peu à peu que le chemin s'ouvre devant eux, dans la confiance et l’obéissance, dans un cœur livré avec simplicité au Christ. »

À nouveau, nous découvrons l’attitude fondamentale du chrétien : audace, confiance et obéissance !

Saint Paul nous précise dans sa lettre aux Romains, que tout notre être doit puiser dans le Christ obéissant, nos actes de confiance et d’audace : « l’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour ». À la veille de sa mort, Jésus s’adressant au Père récapitule sa mission : « J’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire » ; et sur la Croix, Il a dit : « Tout est accompli. " 

La Loi ne se limite plus à des prescriptions extérieures et formelles, à une façon de vouloir briller, mais elle engage tout notre être. Elle devient la loi du cœur, écrite et conduite par l’Esprit. Tout se résume en une attitude ouverte d’écoute, d’accueil, de relecture ; une attitude généreuse, docile à l’Esprit qui habite en nous. Notre vie sera alors une incarnation de la loi nouvelle, la loi de l’amour vécue dans la liberté et l’obéissance à un Autre plus grand que nous.

Frères et sœurs, demandons au Seigneur son aide pour relire notre vie, dans le quotidien de nos actions : sont-elles des réponses humbles, audacieuses, confiantes et obéissantes à son appel à l’imitation du Christ ? Ne sont-elles pas une recherche orgueilleuse de l'expression de notre être ? Sommes-nous fidèles à cette loi d’Amour ? En avons-nous, au moins, le désir ?

Méditons toutes ces réflexions tout au long de ce jour afin que le Seigneur comble en nous ce qui pourrait nous manquer !

Ô Jésus, tu es doux et humble de cœur, 
Rends mon cœur semblable au tien. 
Ô Jésus, tu es doux et humble de cœur, 
Rends mon cœur semblable au tien.

Homélie du lundi 6 juin 2022, Bienheureuse Vierge Marie, année C.

Messe célébrée en l’église Saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 19, 25-34. Psaume 86. Livre de la Genèse 3, 9-15.20.

 

         Chers amis, le temps pascal est terminé et pour la dernière fois de cette année, ce beau et grand cierge a été allumé. Bien sûr, il brulera encore aux moments de baptêmes, de funérailles…

À peine ce temps est-il achevé que nous entrons dans « le temps extraordinaire de l’ordinaire ». Mais, dès ce premier jour, alors que le feu et le vent de l’Esprit Saint nous ont emportés dans l’élan et la force du Seigneur, nous reprenons le temps ordinaire avec cette belle fête que notre pape François a voulu instituer désormais les lundis de Pentecôte ; la célébration de la fête de Marie, Mère de l’Église.

          Il est vrai qu’il n’y a plus d’octave du Saint Esprit dans la liturgie d’aujourd’hui ; Octave signifie huit jours qui suivent la date (comme l’octave de Noël ou l’octave de Pâques …) Dans l’ancienne liturgie, il y avait l’octave de Pentecôte. 

Finalement, commencer ce nouveau temps de tous les jours avec cette fête de Marie nous ramène à l’essentiel et nous garde bien ancrés dans l’Esprit Saint, l’Esprit du Ressuscité.

Marie, la nouvelle Ève !

Marie, Temple de l’Esprit Saint !

Marie qui intercède pour chacun de nous !

         Marie est Mère de l’Église ! En quoi Marie peut-elle être appelée sous ce vocable ?

Peut-être est-ce une question que vous vous posez ?

          - En premier lieu, elle est Mère du Christ et Mère de Dieu. Toute sa vie de femme et de mère a été la préparation et la réalisation du choix de Dieu qui lui a demandé de mettre au monde son Fils unique (avec un paradoxe surprenant, mais véridique : Jésus est né du Père avant tous les siècles, vrai Dieu né du vrai Dieu) afin d’en faire un homme, de l’aimer comme une maman pour qu’Il grandisse et se prépare à son tour à sa mission ! Dieu a besoin d’une famille ; c’est la folie de Dieu. Nous pouvons en déduire l’importance de la famille, importance de nos familles terrestres !

          - Ensuite, Marie deviendra Mère de l’Église, au pied de la Croix de son Fils. C’est ce que nous venons d’entendre dans l’évangile de saint Jean qui nous ramène au Vendredi Saint. Dans sa peine, dans sa douleur de maman, elle entend Jésus qui, sur le point de mourir, lui dit ces quelques mots que l’évangile d’aujourd’hui nous rappelle ; Jésus désigne à Marie l’Apôtre Jean qui sera son fils : « Femme, voici ton fils » ; et Il désigne à Jean que Marie sera sa mère « Voici, ta mère. »

          Jean, le disciple que Jésus aimait, représente chacun de nous au pied de la Croix de Jésus et nous tous ensemble, en Église au pied de la Croix de Jésus, nous sommes unis. Aussi, chacun de nous et toute l’Église accompagnée par la Vierge Marie qui devient notre Mère, nous sommes ses enfants ; Marie, Mère de l’Église avec ses enfants au pied de la Croix.

          Alors, comme il est beau de retrouver toujours Marie à Pentecôte avec les Apôtres tout tremblants, morts de peur dans la chambre haute, Jean, et les dix autres. C’était notre première lecture. Ils prient, ils espèrent, ils attendent… alors survient  le souffle de l’Esprit Saint, les langues de feu qui apportent cet élan missionnaire ; c’est la Pentecôte que nous fêtions hier. Les langues sont déliées, les cœurs s’ouvrent !  

            Oui, Marie agit en mère qui rassemble ses enfants, une maman qui aime profondément ses enfants.

La maternité divine de Marie continue de se déployer dans sa prière : « Élevée dans la gloire du ciel, elle accompagne et protège l’Église de son amour maternel » (cf. Liturgie de la Messe de Marie Mère de l’Église).C’est encore aujourd’hui la mission de Marie. Dans notre diocèse, nous avons eu une apparition de Marie par deux fois : à notre Dame de l’Osier et à la Salette, avec ce même message de l’urgence de la conversion.

Frères et sœurs, demandons en ce jour, l’intercession de Marie, Notre Dame de l’Espérance, pour notre paroisse, pour nos familles et pour chacun de nous.            

   Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 5 juin 2022, solennité de la Pentecôte, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 15-16.23b-26. Livre des Actes des Apôtres 2, 1-11. Psaume 103.

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 8-17. 

 

Chers amis, la fête de Pentecôte n’est pas une fête anodine ! C’est  une fête importante, fondatrice ! 

Comment pouvons-nous la décrire ? C’est un feu, un feu qui brûle, éclaire et réchauffe, comme nous l’avons entendu dans la lecture des Actes des Apôtres. Nous sommes à Jérusalem, au sein d’une foule nombreuse de pèlerins de toutes nationalités. Ces personnes viennent d’assez loin pour vivre joyeusement cette fête agraire.

Les Apôtres, eux, sont confinés dans la chambre haute, tremblants de peur. Jésus, lors de son Ascension, en les envoyant vivre une neuvaine de prière, leur a promis une force ! 

Alors, l’inattendu se produit : alors que les apôtres sont en prière avec Marie, un feu se partage en langues pour se poser sur chacun d’eux. L’Esprit Saint est un feu ! L’esprit Saint est aussi un vent violent, ou encore un tremblement de terre qui apporte l’audace de la mission.

Qu’engendre la Pentecôte ? C’est la naissance de l'Église, avec ce gigantesque élan qui s'empare des disciples d'abord terrorisés, puis audacieux pour annoncer au monde la Bonne Nouvelle du salut : Christ, vrai Dieu et vrai homme ! Christ mort et ressuscité ! 

Ils sont ces témoins qui peuvent en témoigner.

La Pentecôte, c'est tout cela, et bien d’autres choses encore. Je voudrais m'arrêter avec vous sur un aspect bien souligné dans le texte des Actes des Apôtres que nous avons lu : les foules assemblées dans la ville de Jérusalem sont d'origines culturelles diverses, et pourtant, chacun entend le message dans sa propre langue. Les interprètes et traducteurs furent donc inutiles : chacun entend la même chose ! La Pentecôte est aussi ce mystère : la bonne nouvelle est adressée à tous !

Ce que nous entendons, c’est :

  • Cette universalité permet de rejoindre chaque homme, chaque femme, chaque enfant, quel que soit l’âge, la Nation, la langue, ou l’époque… 
  • Cette universalité rejoint chacun dans ses attentes les plus vitales comme les plus insoupçonnées, les plus nécessaires comme les plus existentielles !

Pentecôte, c’est donc un don que nous recevons, encore et encore !

Que vient réveiller et révéler en nous l’Esprit Saint ?

La première révélation de la Pentecôte est celle de l’émerveillement. Au matin de la Pentecôte, les Apôtres réagissent au don de l’Esprit par un chant de louange : « Tous, chacun dans leur langue, chantaient les merveilles de Dieu. » Aujourd'hui encore, malgré les souffrances, voire les doutes qui nous assaillent, osons nous émerveiller pour la vie, pour la bonté et la générosité, pour ce monde, nous émerveiller ce que nous sommes ! Osons bénir Dieu, parce que nous sommes partie prenante dans l’ordre de la Création qu'Il nous appelle à transformer.

La Pentecôte est aussi la révélation d’une consolation ! Nous comprenons que nous ne sommes pas seuls ! Le Christ est reparti vers son Père, il est assis à sa droite, mais sa promesse est toujours actuelle : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet. » Le Paraclet dont nous parle l’évangile de saint Jean, c'est quelqu'un : c’est la troisième personne de la Trinité. Il nous vient en aide, c'est un avocat, un défenseur, quelqu’un qui nous conseille et qui nous console.  Ce Paraclet, Jésus le nomme encore « l'Esprit de vérité ». Il est comme une douce présence grâce à laquelle on pressent ce que Jésus est pour son Père, ce qu'Il est pour nous, ce que nous sommes pour Lui. 

Cet Esprit de vérité nous permettra le discernement du projet de Salut de Dieu, car le comprendre ne va jamais de soi. Nous ne saisissons pas tout ! Toutes les révélations sont rarement comprises sur le moment. Elles doivent être gardées en mémoire, ruminées dans l'étude et la prière, un peu comme Marie qui gardait tout dans son cœur. Il nous faut souvent du temps pour comprendre le dessein de Dieu.

  • La Pentecôte, c'est ensuite la révélation d’une URGENCE, urgence de la Mission, urgence d’une Audace ! Oui, l'Esprit nous envoie en témoins « au monde entier ». 

  Ne restons pas confinés ou enfermés dans une “chambre haute“ dans un écrin bien confortable et l’abri du monde ! Nous sommes envoyés, non pas seulement par ce que nous disons ou faisons, mais par ce que nous sommes.  Jésus n’a pas tant besoin d’apôtres avec de belles paroles que de témoins qui vivent de lui. Nous sommes aimés de Dieu, témoins et disciples par notre baptême, des témoins qui vivent tout simplement de Lui.

  Dans notre monde souvent abîmé par des passions désordonnées, par un climat de peur, de violence ou d’individualisme, ce qui rend nos vies contagieuses, comme le dit saint Paul dans l’épître, c'est de nous laisser conduire par l'Esprit au point de devenir des hommes et des femmes vrais, libres à l'égard des préjugés ou des peurs pour devenir capables de faire confiance aux autres, de faire confiance à Dieu. 

La vie chrétienne est de consentir à aimer Jésus, à accueillir l’amour du Père dans notre cœur et dans tout notre être, de laisser l’Esprit Saint agir en nous. Et c’est cela qui touche les cœurs.

Que vient alors réveiller et révéler en nous l’Esprit Saint ? 

Ce sont les dons, les vertus, les charismes, les fruitsreçus au jour de notre baptême, renouvelés au jour de notre confirmation. Ce sont des cadeaux offerts, reçus, mais notre drame, c’est que beaucoup ont oublié de les déballer, et peut-être même les ont égarés ! Pourtant, dans ce cadeau, se trouve tout ce dont nous avons besoin…

- Dons de Sagesse, Intelligence, Conseil, Force, Science, Piété, crainte respectueuse de Dieu,

- Des charismes : se découvrir des témoins avec notre propre langage, aussi balbutiant est-il et qui, pourtant, porte des fruits chez les personnes que nous côtoyons.

Les fruits de l’Esprit Saint sont : l’amour, la joie, la paix, la patience dans les épreuves, la serviabilité, la bonté, la confiance dans les autres, la douceur, et la maîtrise de soi (un fruit précieux, même s’il est le plus nécessaire et le plus exigeant !) 

Si vous constatez que l’un de ses fruits venait à vous manquer, demandez-le au Seigneur ! « Seigneur, j’ai besoin de ce fruit pour vivre avec Toi, pour vivre de Toi ! »

Frères et sœurs, puissions-nous, aujourd’hui, et les jours qui viennent, nous laisser renouveler dans la force et l’audace de l’Esprit Saint !

Viens, Esprit Saint, viens en nos cœurs,

Viens, Esprit Saint, viens, Consolateur.

                                                    Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 1er juin 2022, 7e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 17, 11b-19. Livre des Actes des Apôtres 20, 28-38. Psaume 67.

Nous pouvons faire un constat, sans doute amplifié par la pandémie et confirmé à travers le monde : le constat est celui-ci : « notre monde est injuste, déraisonnable ! Notre monde est fou ! Comment réagir ? »

Il est vrai que les problèmes liés au pouvoir de la science sur la vie, à la domination par la guerre, à la survie de l’homme dans son environnement naturel, aux mutations de la société et aux crises économiques, les enjeux climatiques… nous troublent profondément ! Bref, toutes ces questions ont pris depuis les dernières décennies une dimension planétaire, et même si beaucoup acceptent de travailler ensemble, l’accélération de tous ces phénomènes est de plus en plus difficilement à maîtriser.

Nous observons tout cela un peu impuissants, en priant aussi (et cela est nécessaire), mais que faire ?

C’est pourtant dans ce monde-là que le Christ nous veut, comme témoins de son message, dans ce monde où l’homme peut faire des merveilles. En effet, l’homme est capable de prodigalité, de vraie générosité, particulièrement quand il prend la mesure de sa pauvreté. 

Dieu nous veut dans ce monde : « Je ne te demande pas de les retirer du monde, dit Jésus à son Père, mais de les garder du Mauvais ; [..] Sanctifie-les ».

Au cœur de ce monde que Dieu aime profondément, mais qui est travaillé par les forces du refus, de la révolte et de l’athéis­me, le Père veut donc nous garder et nous sanctifier, en réponse à la prière de Jésus.

Il nous garde vraiment :

-non pas comme des étrangers de notre monde, non pas en nous isolant comme dans une bulle où nous respirerions seulement l’air de la foi et de l’espérance bien à l’abri, 

mais en nous fortifiant intérieurement par son Esprit, 

-contre les mensonges de « l’esprit du mal », contre les contagions de l’intelligence et du cœur, contre nos propres tristesses et nos découragements.

Il nous garde, Dieu notre Père, et Il nous sanctifie ; Il nous « consacre », tout en étant pleinement dans le monde, Il nous met à part pour Lui-même et avec Lui et nous fait entrer dès maintenant dans sa vie, dans son projet, dans sa lumière, dans le Salut dont nul n’est exclu si ce n’est par celui qui le refuse lui-même. Parce que nous comprenons son projet, Il nous rend complètement disponibles à la vie de tous !

C’est ainsi que Jésus peut demander pour nous, à son Père : « Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité ! » 

La vérité dont le monde a soif, c’est que Dieu veut tout réconcilier dans son Fils et que cette promesse de paix et d’unité passe, d’une façon mystérieuse, par la Pâque de Jésus, sa mort et sa résurrection, sa montée vers le Père et l’envoi de l’Esprit Saint.

Le premier signe que nous pouvons donner à Dieu de cette harmonie profonde avec son dessein, c’est, contre toute attente, notre union fraternelle, déjà au cœur de nos familles et de notre communauté paroissiale pour témoigner de son Amour, dans une contagion positive ! Oui ! C’est l’Amour qui sauvera le monde !

Frères et sœurs, dans cette neuvaine qui, de l’Ascension nous conduit vers l’effusion de l’Esprit lors de la Pentecôte, pouvons-nous, chaque jour, demander pour chacun de nous, d’être renouvelé dans l’espérance, dans l’amour et dans la force de l’Esprit Saint !

                                                                                                 Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 30 mai 2022, 7e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 29-33. Livre des Actes des Apôtres 19, 1-8. Psaume 67.

 

Frères et sœurs, peut-être avez-vous pris le temps de lire les textes de ce jour et de les méditer. Ce passage de l’évangile selon saint Jean me suggère trois rapides réflexions :

La première réflexion est à propos de la parole de Jésus concernant la foi de ses disciples. Ceux-ci affirment croire à la parole de leur Maître parce que, disent-ils, Il ne s’exprime plus en paraboles, mais plus ouvertement. Jésus nuance leur enthousiasme en annonçant que leur foi sera (à certains moments) ébranlée et que ses amis (c’est-à-dire eux) le laisseront seul. Nous aussi, nous pouvons faire l’expérience que certaines paroles de l’évangile nous éclairent et que d’autres sont plus obscures, mais aussi qu’une même parole qui nous semblait obscure à un moment, s’illumine tout à coup ! Pourquoi cela ? Sans doute parce que nous avons mûri dans notre foi ou encore parce qu’en demandant la force de l’Esprit Saint, nous sommes à cet instant plus disponibles à la Parole de Dieu. 

Notre compréhension est-elle totale ? Peut-être, même si l’Esprit Saint nous fera vivre l’expérience d’un nouvel éclairage au temps opportun ! 

La seconde réflexion concerne ce que Jésus nous dit de la paix : « Je vous ai dit cela pour que vous trouviez en moi, la paix ». Nous voyons que la paix dont parle Jésus n’est pas la sérénité d’une sagesse humaine, mais cet accord profond avec et dans le Christ … pour que vous trouviez « en moi » la paix, dit Jésus. 

Il est important de comprendre que c’est dans cette union au Christ que nous pourrons découvrir une véritable paix que les épreuves de la vie ne pourront pas altérer.

- Enfin, la troisième réflexion porte sur la dernière phrase de l’évangile que nous venons d’entendre, où Jésus nous dit : « Ayez confiance ; moi, je suis vainqueur du monde ! ». Quand on sait que Jésus a dit ces mots, juste avant son arrestation, avant sa condamnation et sa mort, on peut s’interroger sur ce qu’est cette « victoire » de Jésus. Cette phrase peut paraître bien paradoxale ! Jésus affirme qu’Il est vainqueur du monde alors qu’Il va mourir et donner sa vie !

Mais nous savons que la Victoire dont parle Jésus, c’est la Victoire de l’Amour

Cet amour habitait Jésus jusque dans l’épreuve de la croix : c’est dans ce sens qu’Il est vainqueur du monde. Ainsi, Jésus nous invite aujourd’hui à garder confiance et à croire que cet amour triomphera de toutes les forces obscures. 

Pour résumer :

  • Laissons-nous éclairer dans notre lecture de la Parole de Dieu par l’Esprit Saint afin que nous puissions la comprendre et tenir bon dans la foi,
  • La paix, c’est l’union au Christ
  • Vainqueur du monde, c’est la victoire de l’amour.

Les souhaits de paix et de courage adressés aux disciples ne sont pas seulement des paroles de réconfort à une communauté dans l’épreuve, mais un appel qui provoque les croyants à réagir en témoins.

Le courage que Jésus attend de ses disciples devra prendre appui sur cette certitude : « Moi, je suis vainqueur du monde ! »

En cette neuvaine à l’Esprit Saint, demandons pour chacun de nous, la grâce de ce courage, particulièrement dans l’adversité et la fidélité à la Parole de Dieu !

Demandons cela pour chacun de nous ce matin, pour notre communauté, pour la France et pour le monde !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 29 mai 2022, 7e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 17, 20-26. Apocalypse de saint Jean 22, 12-14.16.17.20. 

Psaume 96. Livre des Actes des Apôtres 7, 55-60. 

 

     Frères et sœurs, nous voici donc à la fin du temps de Pâques, entre l’Ascension et la grande fête de Pentecôte, un entre-deux, une fin et un commencement qui nous préparent à une nouvelle effusion de l’Esprit Saint. 

Nos lectures ont de ce fait, à la fois une tonalité de conclusion et aussi d’une étape nouvelle. Nous l’avons entendu avec : 

  • Le martyre d’Étienne qui donne sa vie comme le Christ a donné sa vie, 
  • et en même temps, une tonalité universelle : Jésus est l’Alpha et l’Oméga !  Il récapitule tout en Lui !

Le lien qui unifie ces textes et notre vie est l’unité et l’amour.

Je remarque, comme vous, cette insistance vitale sur l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Jésus l'a souvent dit : « Je suis dans le Père, et le Père est en moi. Le Père et moi, nous sommes UN ! » L’Esprit Saint est envoyé par le Père et le Fils ! Nous notons et redécouvrons encore cette Unité des trois personnes !

Dans notre monde, régulièrement déchiré par les guerres, les injustices et l’individualisme ambiant, de fait, nous pensons à l’unité, nous rêvons de concorde et d’unité dans nos familles, dans notre pays et plus intimement déjà en nous-mêmes.

Mais quand nous pensons à l'unité, alors que nous la désirons intensément, nous le faisons un peu en baissant les yeux, parce que cette unité n’est ni simple ni facile ! Notre péché demeure une entrave à l’unité, et cela, déjà en nous-mêmes !

Combien d’entre nous, découragés, pensent que l'unité reste un idéal difficile, et même improbable à court terme. J’entends cette désespérance autour de moi !

Quand Jésus, Lui, nous parle de l'unité, elle redevient une espérance, une promesse, une certitude,

car l'unité vers laquelle nous sommes en marche, existe déjà en Dieu. 

Elle n’est pas un rêve ou une utopie !

Le lien vivant de cette union du Père et du Fils est le Saint Esprit, depuis toujours et pour toujours, une communion d’amour.

Cette intimité, cette réciprocité d'amour du Père et du Fils, voilà ce que Jésus nous offre comme modèle pour notre unité fraternelle. Cette unité est toujours à rechercher sans être jamais découragés.

Je pense à l’unité dans notre Diocèse, dans notre Paroisse avec ses cinq clochers. Je pense aussi à l’unité dans nos familles et le plus grand défi est sans doute cette unité en nous-mêmes !

Prenons un exemple : notre paroisse n’échappe pas aux différentes tensions internes ou externes à l’Église. Notre nouvelle Maison Paroissiale est un des lieux où nous souhaitons vivre cette unité ! Pour y arriver, il nous faut mettre en œuvre une vision commune de la Mission d’accueil et d’annonce !  C’est un défi pour chacun de nous, un défi pour la communauté fraternelle des bénévoles de notre paroisse que nous formons !

Est-ce facile ? Non ! Allons-nous y arriver ? Oui, dans le respect de l’histoire et la décision de chacun !

Alors OUI ! Cette unité est et ne sera possible que dans l’amour ! Un amour qui ne s’appuie pas sur nos mérites, nos qualités, nos familles, la beauté, le savoir, ou par un artifice quelconque… mais cette unité ne sera possible que si nous la fondons sur l’amour de Dieu pour chacun et notre réponse à aimer Dieu et notre prochain ! Attention à ne pas croire que nous savons mieux que les autres, c’est ensemble que nous y arriverons !

Dans notre désir d’aimer, il y a une antériorité à l’amour ! Dieu est toujours le premier à nous aimer. Cela veut dire que nous ne sommes jamais sans amour, même aux heures les plus douloureuses et les plus sombres de notre existence, Dieu continue à nous aimer ! Même si parfois cet amour ne nous paraît pas si évident : ne doutons pas !

C'est Lui qui éveille en nous la source de l'amour et qui l'alimente tout au long des mois et des années de notre existence terrestre. 

  • C’est parce que nous sommes aimés que nous pouvons aborder celles et ceux que Dieu met sur notre route avec des mains qui ne font jamais mal, avec des mots qui ne ferment jamais le cœur, avec un regard qui ouvre toujours à l'Espérance et au Pardon !
  • C’est parce que nous sommes aimés que nous devenons capables du Don véritable de soi à l’autre, du don à Dieu ! Nous trouvons alors la force de construire l'amour dans notre couple, dans nos familles, sans nous arrêter aux blessures de l'amour-propre et que nous pouvons sans cesse repartir !
  • C’est parce que nous sommes aimés que nous trouvons la patience d’éduquer et de grandir avec nos enfants même aux âges difficiles, et avec nos parents vieillissants ; 
  • C’est parce que nous sommes aimés que notre célibat, notre solitude ou notre veuvage sont et peuvent toujours devenir des lieux de fécondité.
  • C’est parce que nous sommes aimés, et que Dieu nous aime tels que nous sommes, même quand nous sommes déçus de nous-mêmes, que nous pouvons laisser l’amour de Dieu entrer en nous ; nous en faisons régulièrement l’expérience ! Nous ne pouvons pas nous taire et garder ce trésor d’amour pour nous seuls ! 
  • C’est parce que nous sommes aimés, véritablement aimés, que nous sommes et devenons témoins et disciples-Missionnaires en annonçant l’amour de Dieu pour tous !

Frères et sœurs, aujourd'hui encore, le Christ nous rassemble et vient à nous dans cette Eucharistie, en nous donnant tout, son amour, sa vie et jusqu’à son corps et son sang ! C’est grâce à ce don d’amour que nous pouvons repartir dans le monde avec audace et confiance !

Ouvrons notre cœur, notre intelligence, ouvrons-nous tout entier à l'Esprit Saint que Jésus nous a promis et qu’Il ne cesse de nous envoyer à travers tous les sacrements et dans la prière !

À quelques jours de la Pentecôte, laissons-nous toucher, laissons-nous renouveler par l’amour de Dieu par son Esprit Saint !

Désirons ensemble cette unité fraternelle au service de la Mission et de tous ! Voilà ce que nous pouvons entendre et demander en ce 7e dimanche de Pâques, à une petite semaine de cette grande et belle fête de Pentecôte ! 

Restons acteurs d’unité dans nos familles, dans notre paroisse et dans le monde !

                                                                                                   Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du jeudi 26 mai 2022, Ascension du Seigneur, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 24, 46-53. Actes des Apôtres 1, 1-11. Psaume 46.

Lettre aux Hébreux 9, 24-28 ; 10, 19-23. 

 

Aujourd’hui, nous fêtons la solennité de l’Ascension du Seigneur, une fête majeure de notre vie unie au Christ, mais aussi une fête mystérieuse et surprenante. Lors de la dernière séance de catéchisme, à la question posée : « Qu’est-ce que la fête de l’Ascension, pour vous ? », un des enfants a donné cette réponse très intéressante. Il a dit : « L’ascension, c’est comme Noël, mais dans l’autre sens ! »  Un autre a immédiatement surenchéri : « Jésus a pris l’ascenseur vers son Père ! » Ce n’est pas faux ! Jésus a pris (Cf. « il s’est abaissé » – Ph 2,8) notre humanité pour nous faire monter au « Ciel » !

Ce terme particulier « d’Ascension » a été choisi, car il est question dans les récits d’aujourd’hui de Jésus « emporté au ciel ». Il a donc bien fallu qu’il « monte », qu’il y ait une « ascension » ! Mais le ciel dont il est question ici n’est pas celui que l’on voit au-dessus de nos têtes et que les météorologues et autres astrophysiciens explorent en permanence.

Le « ciel » dont il est fait mention dans les lectures de ce jour est compris comme étant ce lieu mystérieux où Dieu réside et qui nous échappe complètement. Notre intelligence cartésienne a du mal à comprendre ! (Cf. Lettre aux Hébreux– « pas de mains d’hommes ») ! Pourtant, nous disons bien dans nos prières « Notre Père qui es aux cieux » et dans le Credo, en parlant de Jésus : « Il est monté aux cieux » ; Mais le ciel dont nous parlons n’est évidemment pas un lieu précis, distinct de celui que l’on peut admirer par une belle nuit étoilée !

En fait, la désignation de ce « ciel » échappe à l’espace et au temps (comme étant une représentation mathématique de deux notions inséparables et s'influençant l'une l'autre), tels que nous les percevons sur cette terre. 

Alors, ne soyons pas étonnés de ne pas avoir une réponse simple à donner aux enfants qui nous questionnent sur le ciel ; ni aux non-croyants en général qui se moquent parfois de nos conceptions parce qu’ils opposent la connaissance et la foi, le rationnel et l’irrationnel, le matériel et le spirituel, au lieu de les comprendre comme des valeurs complémentaires. Effectivement, quand les astronautes sont montés dans l’espace, ils n’ont pas vu Dieu, donc Il n’existerait pas … C’est par l’intelligence de la foi que nous pouvons comprendre ce mystère.

« Jésus fut enlevé au ciel », nous dit saint Luc. Que veut-il nous dire ? L’évangéliste essaye de nous transmettre le sentiment des disciples après la résurrection ; ils se rendent bien compte que, dans leur quotidien, Jésus n’est plus là, à leurs côtés ; en tout cas, plus là « comme avant ».

Ils commencent, petit à petit, à comprendre que s’ils l’ont revu après sa mort et sa résurrection, c’était bien Lui, mais Il était tout autre. Il leur apparaissait, mais ils ne le reconnaissaient pas tout de suite, eux qui, pourtant le connaissaient si bien. Il fallait qu’Il se dévoile par un geste, par une parole, une action, une prière… pour qu’ils le reconnaissent, avant qu’Il disparaisse à nouveau, comme pour les deux pèlerins sur le chemin d’Emmaüs, le soir de Pâques. Jésus disparaît au moment de la bénédiction, et c’est alors que leurs yeux s’ouvrirent …

L’évangéliste exprime par cette image de l’Ascension de Jésus que rien ne sera plus comme avant. Il y a comme une rupture : une rupture dans le temps et l’espace comme dans leur vie. La présence de Jésus ne peut plus être cette présence palpable, matérielle, concrète comme lorsqu’Il cheminait avec eux sur les routes de Galilée. Cependant, Il est toujours là, mais pas de la même manière. 

Il est à désormais « au ciel » !  C’est-à-dire, encore une fois, dans ce lieu mystérieux qui est tout à la fois infiniment lointain et pourtant si proche ; tout à la fois invisible et pourtant si évident ; tout à la fois à venir et pourtant déjà là. Voilà le mystère que nous sommes invités à vivre aujourd’hui !

Bref, ce récit veut nous dire - et c’est ainsi que nous croyants, nous le comprenons - que Jésus rejoint son Père, « notre Père qui est aux cieux ». Il est désormais « assis à la droite de Dieu » pour exprimer sa proximité avec son Père. Il retourne vers son Père, et, en quelque sorte, Il nous montre le chemin, Il nous ouvre le chemin vers le ciel, le chemin vers le Père

Frères et sœurs, nous aussi, nous sommes invités à Le rejoindre à notre tour, et c’est à ce moment-là que nous verrons Dieu face à face ! Jésus ne nous a-t-il pas dit : « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie » ? (Jn 14,6)

Ce départ de Jésus n’est pas un abandon. Dans le récit de la première lecture des Actes des Apôtres où saint Luc s’adresse à Théophile (l’ami de Dieu), Il dit à ses amis, juste avant de disparaître à leurs yeux : « vous allez recevoir une force, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous. Alors, vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre. » 

Non seulement, Jésus ne les abandonne pas et Il ne nous abandonne pas, mais Il travaille avec eux et encore avec nous, par le don et la force de l’Esprit Saint !

Alors, ne restons pas comme les disciples, le nez en l’air à regarder le ciel comme dans la première lecture ! Ce pourrait être un danger, alors que nous sommes envoyés en mission ! « Ne cherchons pas Jésus où il n’est pas ; ne le cherchons pas chez les morts, il est vivant ! »

C’est, ni plus ni moins, un envoi en mission qui nous est donné et que nous recevons ce matin : « Vous serez mes témoins, ici à Jérusalem et jusqu’aux extrémités de la terre. » Cet envoi en mission est toujours d’actualité aujourd’hui !

Comment répondre à cet envoi, à cet appel ? 

Neuf jours nous séparent de la grande fête de Pentecôte ! Durant neuf jours, en dilatant notre cœur, nous sommes invités à nous préparer à une nouvelle effusion spirituelle ! 

Neuf jours, c’est le temps de la grande neuvaine où nous demandons la grâce d’être renouvelés dans la force de l’Esprit Saint : déjà reçu au jour de notre baptême, renouvelé au jour de notre confirmation ! C’est bien le même Esprit Saint qui va nous accompagner tout au long de notre mission ! 

Pour cela, il nous faut prier et demander pour chacun de nous le cadeau des dons de l’Esprit Saint !

Viens, Esprit Saint, viens en nos cœurs,

Viens, Esprit Saint, viens, Consolateur !

 

 

 

 

 

 

Homélie du mercredi 25 mai 2022, 6e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 12-15. Livre des Actes des Apôtres 17,15-22 à 18,1. Psaume 148.

 

Chers amis, en cette veille de l’Ascension, les textes se font de plus en plus précis et les lectures d’aujourd’huidemanderaient des commentaires assez développés. 

Je vais donc choisir de relire avec vous la première lecture. En effet, le discours de Paul aux Athéniens est des plus actuels pour nous !

Où sommes-nous ? En Grèce ! De l'an 49 à l'an 52, les spécialistes de la vie de saint Paul nous disent que celui-ci est engagé dans son deuxième voyage missionnaire. Il le commence à Antioche dans les difficultés qu’il vit avec Barnabé comme nous l’avons lu ces derniers jours. Il laisse celui-ci pour traverser la Turquie actuelle avec Silas (Actes 15, 36-40). Plus de mille kilomètres à parcourir, soit en bateau, soit à pied ! Le groupe s’embarque pour la Macédoine, poursuit sa route, évangélisant au passage Thessalonique et Bérée. Paul se retrouve, alors, seul à Athènes : la capitale culturelle de la Grèce. Il y reste seul attendant que Timothée et Silas viennent le rejoindre. 

Athènes est l’une des plus belles villes de l’époque, pleine d’animation, riche de sa culture et de grandes diversités, comme le sont aujourd’hui, par exemple, Paris ou New York. Nous pouvons y admirer les magnifiques bâtiments, les maisons richement sculptées en pierre blanche, les théâtres et de belles fontaines. Nous y découvrons aussi les nombreux temples où l'on adorait une multitude de divinités. Petits temples bien souvent avec des colonnades et de jolis frontons sculptés et décorés. Chaque temple a son dieu ou sa déesse. 

Lorsque Paul commence à s’adresser aux gens réunis autour de lui à l’Aréopage, il se sert de ce qu’il voit pour en faire un point d’accroche. Il commence son discours par ces mots : « En effet, en parcourant la ville, et en observant vos monuments sacrés, j’y ai trouvé, en particulier, un autel portant cette inscription : ‘ Au dieu inconnu’. » 

Voilà le début de sa prise de paroles. Puis il poursuit son discours (en vérité son témoignage) avec un souci remarquable de rejoindre ses auditeurs, tout en annonçant le Kérygme : Mort et Résurrection de Jésus !

L’ensemble de son argumentation va dans le sens d’un effort pour rejoindre ceux à qui Paul s’adresse pour la proclamation de la Bonne Nouvelle de l’Évangile. Ce discours est remarquable du point de vue de la communication. Saint Paul n’est pas seulement un très bon communicateur, il a aussi la parole d’un excellent évangélisateur qui ne craint pas de témoigner. Même si, dans l’assemblée, certains se moquent de lui, quelques-uns, pourtant, s’attachent à lui et vont devenir croyants.

Notre société n’est sans doute guère différente de celle qui était vécue à Athènes à cette époque-là ! De nombreuses divinités y sont toujours bien présentes ! Pas de jolies colonnades ou de frontons richement sculptés, mais des temples de la consommation et du gaspillage, des dieux autoproclamés, une désespérance sans but… Même si nos témoignages semblent parfois ne pas être reçus avec le risque de rester sans voix dans le brouhaha médiatique, des hommes et des femmes sont toujours en attente ! 

Avec saint Paul, dans le sillage du texte de l’évangile de saint Jean, nous sommes invités à rester toujours attentifs à ce que nous dit l’Esprit, si nous voulons connaître et suivre Jésus. « Il reprend ce qui vient de moi, dit Jésus, pour vous le faire connaître. » (Jn 16,15) 

Frères et sœurs, à la veille du départ de Jésus vers son Père, en cette belle fête de l’Ascension, demandons avec ferveur et confiance la force de l’Esprit Saint pour rester des missionnaires fidèles à notre baptême !

C’est la grâce que nous pouvons demander, la grâce que nous devons demander pour être des témoins audacieux pour notre temps !

                                                                                                                       Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 23 mai 2022, 6e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 26 à 16, 4a. Livre des Actes des Apôtres 16, 11-15. Psaume 149.

 

 

Tout au long de cette semaine, le lectionnaire férial nous propose de relire une partie du long discours de Jésus à ses disciples durant la dernière Cène ; nous sommes toujours dans l’évangile de saint Jean. 

Parmi toutes les annonces de Jésus, et cela à quelques heures de sa Passion, nous entendons celle de la promesse de l’Esprit Saint ; Esprit Saint qui accompagnera les disciples dans les oppositions et contradictions qu’ils auront à endurer, dans l’annonce du Kérygme : Jésus Mort et Ressuscité ! Et ces altercations et oppositions seront nombreuses !

Toutefois, loin de désespérer, ils ne cesseront pas d’annoncer : le Messie, Fils unique de Dieu et Dieu lui-même, vrai homme et vrai Dieu, mort et ressuscité. C’est le contenu essentiel de notre foi ! C’est cela que les disciples ont la mission d’annoncer dans les villes païennes : annonce audacieuse et difficile sans une action divine !

Aujourd’hui, Jésus promet donc à ses disciples qu’Il leur enverra l’Esprit qui vient du Père et du Fils. Cet Esprit, qu’Il appelle « parakletos », ce qui peut se traduire en latin aussi bien par « consolator » que « auxiliator », est avant tout l’« Esprit de Vérité ». `

Il est très important de faire attention à ce nom de l’Esprit de Dieu, car, avec la Passion du Christ, nous atteignons le point culminant de la lutte entre l’Esprit de Vérité et « l’esprit de mensonge » (avec une petit « e »). Avec la mort de Jésus, l’esprit de mensonge semble être vainqueur (Jésus va réellement mourir) ; mais il sera totalement vaincu par la Résurrection de Jésus. Jésus a vaincu la mort !

Cette lutte continue et elle durera jusqu’à la fin du monde, car il est important de comprendre que l’esprit du mensonge, l’esprit du Mal, qui a été vaincu par le Christ, soit aussi vaincu en chacune de nos vies et en chacun de nos cœurs. Chacun de nous a à vivre, d’une façon particulière, ce choix de Dieu, de renoncer au Mal et de suivre le Christ.

            Si on ne peut comprendre le mystère de Dieu, c’est qu’Il est une Lumière trop forte pour nos yeux mortels. Mais si l’on ne peut comprendre le mystère du mal, c’est simplement parce qu’il est l’absence totale de lumière, une ténèbre absolue.

            Avec notre imagination humaine, nous pouvons imaginer toutes sortes de choses sur le « Prince du Mal » ; mais la seule vérité révélée à son sujet est que le Christ l’a vaincu, et qu’il est donc inutile de le craindre, si nous nous appuyons sur le Christ qui nous rend déterminés et forts.

            En ce temps de préparation à l’Ascension de Jésus vers son Père, et à quelques jours de la fête de Pentecôte,demandons à être renouvelés dans la force de l’Esprit Saint ! Ouvrons nos cœurs à la lumière de l’Esprit Saint ; ou plutôt demandons à Dieu d’ouvrir Lui-même nos cœurs, comme à Lydia de la ville de Philippes, dont nous parlait la première lecture des Actes des Apôtres. 

N'oublions pas qu’en nous, comme dans le cœur de ceux qui sont en recherche, l’Esprit Saint est déjà en action, car, avant même d’avoir entendu la prédication de Paul, Lydia vénérait déjà Dieu ; aussi ouvrit-elle simplement son cœur aux paroles de Paul.

Frères et sœurs, à nous aussi, l’Esprit Saint  a été donné au jour de notre baptême, renouvelé lors de notre confirmation. 

Demandons de tout notre cœur d’écouter ce que l’Esprit de Dieu veut nous dire déjà pour aujourd’hui !                                   

                                                                                                     Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 22 mai 2022, 6e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 23-29.

Livre des Actes des Apôtres 15, 1-2. 22-29. 

Psaume 66. Apocalypse de saint Jean 21, 10-14.22-23

 

Chers amis, permettez-moi de m’attarder un peu sur la première lecture dont saint Luc est aussi l’auteur. En effet, la première lecture d’aujourd’hui, dans le livre des Actes des Apôtres, nous présente un texte qui peut paraître anodin. Il s’agit du récit des premières décisions prises par l’Église naissante à Jérusalem, à la suite d’un conflit parmi tant d’autres. On le présente souvent comme étant le 1er Concile de Jérusalem.

De quoi s’agit-il ? Comme vous le savez, les Apôtres vont parcourir le bassin méditerranéen et annoncer Jésus sous l’action de l’Esprit Saint. De nombreux païens vont être profondément touchés par le Seigneur et ils vont se convertir au Christ. Voici la question, elle est simple : doit-on, oui ou non, imposer la loi juive aux païens devenus chrétiens ?

Nous pourrions dire entre nous, chrétiens du vingt et unième siècle : quelle incidence pour nous ? Le problème évoqué est apparemment juridique (la circoncision), dans un contexte bien précis, dans la ville d’Antioche en Syrie, il y a deux mille ans ; en quoi serions-nous concernés ?

        En réalité, cette question est intéressante. Certes, c’est une décision juridique et aussi pastorale, mais elle est d’abord la décision de l’ouverture. L’Église naissante accueille des personnes d’origines diverses, sans leur imposer les obligations de la loi juive ! Pourtant cette loi juive s’impose toujours aux membres de l’Église eux-mêmes, c’est-à-dire aux juifs devenus chrétiens. En même temps, des non-juifs veulent suivre le Christ Jésus et frappent à la porte de l’Église naissante.

Bien que bouleversée et surprise, la jeune communauté des disciples de Jésus décide donc de s’ouvrir à toute personne, quelles que soient son origine, ses traditions, ses croyances anciennes, du moment qu’elle souhaite entrer dans cette communauté pour suivre le Christ ressuscité. Une seule vérification : avoir fait la rencontre de Jésus, recevoir le baptême et l’effusion de l’Esprit Saint.

Les seuls préceptes imposés à ces nouveaux chrétiens consistent alors à :

  • « s’abstenir de manger des aliments offerts aux idoles et de viande non saignée. » (C’est-à-dire que c’est le refus de l’idolâtrie, des sacrifices et des offrandes faites aux nombreuses divinités païennes : dieux grecs, romains, égyptiens, babyloniens, mésopotamiens et bien d’autres encore… )
  • « s’abstenir… » des unions illégitimes et de débauches ; c’est donc la reconnaissance de la valeur irremplaçable du couple humain, homme-femme dans la fidélité, de l’importance de la famille, lieu de la transmission de l’amour et de la foi. 

Ces préceptes sont ce qu’on pourrait appeler les « fondamentaux », puisqu’ils sont en fait les termes de la première alliance, très ancienne, conclue avec Noé. Le but visé est très précis : il s’agit de rendre possible la communion dans les premières communautés chrétiennes formées de juifs et de païens convertis au christianisme. Ce pourrait être dit autrement : aux Juifs, il est demandé de s’universaliser, et aux païens de recevoir la particularité juive comme étant le Peuple à qui Dieu a parlé en premier.

        Décision donc d’ouverture et de communion ! Cela n’a pas été simple à mettre en œuvre et a suscité de nombreux débats. L’accent est mis sur la nécessité de vivre l’Alliance, et non sur la pratique de rites et de ses nombreux interdits et obligations qui s’étaient accumulés au fil des siècles dans la loi juive.

On pourrait donc penser que le texte que nous venons d’entendre pourrait être l’acte d’émancipation du christianismepar rapport au judaïsme dont il est pourtant issu. En réalité, il serait dommageable de comprendre le Christianisme sans le Judaïsme. Notre société française est bien judéo-chrétienne ! Par exemple, il est impossible de comprendre l’Eucharistie sans ses racines juives ! Ou encore, impossible de comprendre le sens de l’union des époux sans lire certains livres du Premier Testament, par exemple celui du prophète Osée… ! À l’époque de Jésus, la polygamie était chose courante.

Pour souligner cette nouveauté, c’est dans cette ville d’Antioche de Syrie, actuellement en Turquie, que le nom de chrétiens va être donné pour la première fois aux membres de cette communauté des disciples de Jésus. Chrétiens signifie ‘être du Christ’, ‘ceux qui appartiennent au Christ ‘, ‘ceux qui voient en Jésus le Christ, le Messie’. Ce ne sont pas des disciples d’un quelconque meneur d’hommes, d’un gourou ou d’un prophète, mais bien des disciples de ce Messie annoncé par l’Écriture et attendu par tout le peuple juif.

        On le comprend, cette audacieuse décision est loin d’être anodine. On accepte mieux alors cette demande lorsqu’elle est annoncée par cette phrase : « l’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé... ». Ce pourrait paraître bien présomptueux, mais la foi nous fait dire que, en effet, cette décision d’ouverture aux païens est capitale et qu’elle n’a pu se faire qu’avec l’éclairage de l’Esprit Saint.

        Comme dans cet épisode du livre des Actes des Apôtres, l’Église reconnaît chacun dans sa différence, dans sa singularité. Elle propose un chemin d’avenir, un chemin nouveau, sans obliger quiconque à oublier son passé, sans obliger les personnes à de faux semblants, mais au contraire en assumant la vérité de son histoire, de son état de vie, de son cheminement, la vérité dans toutes ses pauvretés et dans toutes ses richesses. Oui, nous sommes tous différents, mais complémentaires et Dieu nous aime tels que nous sommes !

L’essentiel de ce qui nous rassemble ce soir est rappelé par Jésus dans la lecture de cet évangile de saint Jean : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. »

L’expression est toute simple et c’est ce qui nous unit aujourd’hui ! « Si quelqu’un m’aime. » Voilà la condition première ! Voilà ce qu’ont vécu les premiers disciples ! Si nous sommes réunis dans cette église, c’est que nous aimons le Christ et que nous désirons Le suivre !

 

C’est ce même Esprit Saint qui nous met en présence de Dieu. C’est ce même Esprit Saint qui nous enseigne et nous fait comprendre les paroles du Christ. 

Chers frères et sœurs, c’est ce même Esprit Saint de Dieu qui nous rassemble aujourd’hui, dans toutes nos différences, à quelques jours de la fête de l’Ascension.

Jeudi, nous allons vivre cette belle fête de l’Ascension de Jésus vers son Père et Il nous demande de nous réjouir, car Il retourne vers son Père.

Demandons déjà avec audace, d’être renouvelés dans l’Esprit Saint et de mettre en pratique les Paroles du Christ ! 

Continuons notre route, ensemble à la suite du Christ !

                                                                                                          Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 18 mai 2022, 5e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 1-8. Livre des Actes des Apôtres 15, 1-6. Psaume 121.

 

Chers amis, pourquoi portons-nous au fond de nous-mêmes des peurs, des angoisses, des attentes et, en même temps, de grands désirs, des souhaits et des projets ? 

« Que voulons-nous ? Pourquoi, à certains moments, la peur et le manque me taraudent-ils ? Pourquoi ai-je en moi ce désir viscéral d’être aimé et d’aimer véritablement en retour ? Pourquoi espérons-nous une vie féconde qui porte du fruit, dans l’aide et l’amour, déjà dans la simplicité des relations ordinaires ? Une vie qui aurait du sens ? … Dans la fidélité à mon baptême, quels sont les fruits que j’aimerais partager ?... » 

Voici de nombreuses questions que se posent beaucoup de nos contemporains, avec plus ou moins de courage !

La réponse nous est donnée dans l’évangile de saint Jean que nous entendons ce matin, dans cette méditation du chapitre 15 : 

·      « Demeurez attachés à Jésus-Christ. » 

·      Restez greffés sur Lui comme le sarment sur la vigne ! 

C’est une réponse simple et intense. « Restez greffés ! » c’est l’image que Jésus nous donne pour que nous parvenions à comprendre l’urgence de notre vie.

Littéralement, ne nous coupons pas de la sève ! Ne nous éloignons pas (et sous aucun prétexte) de la source même de l'amour ! Demeurons dans cet amour qui nous a été révélé. 

Pour cela : « Demeurez… » Ce verbe impératif revient sans cesse sous la plume de saint Jean. C’est une insistance qui peut nous surprendre... et agacer peut-être même certains d'entre nous ! Pourtant, c’est là l’essentiel !

L'enfance et plus encore l'adolescence sont des périodes où l'on privilégie davantage le moment présent, l’immédiateté. C’est l’instant présent qui importe ! Quelque part, on se moque de l'avenir et, pour certains même, il ne fait plus rêver. À ces âges-là, nous n’y pensons pas !  

De ce point de vue, nous risquons tous, plus ou moins, d’être ou de rester de grands adolescents ! Or voilà que cette page d'évangile nous prend un peu à contre-pied ! À l’opposé d’une attitude d’un certain zapping ou d’une bougeotte, bien souvent en lien avec le mode de vie notre société, nous sommes invités à établir une stabilité en Jésus !

Le texte que nous venons d’entendre nous prend à contre-pied. C'est comme si saint Jean nous disait : « Ne faites pas seulement qu'entrevoir l'amour de Dieu et de courir après... L'important, c'est d'y demeurer ! » Ou encore : « Ne lisez pas à la va-vite ou en diagonale les évangiles... L'important, c’est d’être là et d'y demeurer ! » 

On ne devient pas complètement chrétien du jour au lendemain ! On ne se convertit pas forcément en un jour ! C'est bien souvent l'affaire de toute une vie. C’est à la fois avancer (être en mouvement), un attachement, dans une stabilité qui demeure. 

 En terre iséroise, nous aimons bien cette devise des Chartreux « Stat crux dum volvitur orbis », c’est-à-dire : « La Croix demeure tandis que le monde tourne. »

C’est ce que nous sommes invités à vivre humblement dans notre quotidien souvent trépidant, mais comment vivre ces deux attitudes à la fois ? Comme notre vie est d’abord mouvement, la stabilité en Christ ne peut pas être qu’une option !

Frères et sœurs, il nous faut nous nourrir de cette parole fondatrice ! Alors, ne l'avalons pas trop vite. Lisons-la, relisons-la, ruminons-la, méditons-la, laissons-là prendre racine en nous ! Demeurons dans le Christ tout en restant attentifs à ceux qui sont autour de nous, même si cela va nous mettre dans une tension paradoxale. 

Gardons notre cœur greffé sur le Christ, en étant conscient que notre ‘dépendance’ - tel le sarment sur la vigne - ne trouve pas forcément un écho favorable dans ce monde qui se revendique ‘indépendant’ !

Il faut du temps pour que la Parole du Christ imprègne notre vie. L'important, c'est de demeurer avec Lui, en Lui et Lui avec moi. 

Le reste nous sera donné par surcroît !

                                                                                                               Ainsi soit-il !

                                                                                       

 

 

Homélie du lundi 16 mai 2022, 5e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 21-26. Livre des Actes des Apôtres 14, 5-18. Psaume 113b.

 

Chers amis, nous sommes à la 5e semaine du temps pascal et, petit à petit, la liturgie nous oriente vers les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte. Avec ce passage de l'Évangile, nous sommes à la Cène, au soir du Jeudi Saint, quelques minutes avant le départ au Jardin de Gethsémani. (cf. Jn 14, 21-26). Jésus finit un long discours par ces versets : « Je vous ai dit ces choses, alors que je demeurais avec vous. Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (versets 25-26). 

C'est la promesse de l'Esprit Saint qui nous est donnée ! 

Esprit Saint qui habite avec nous, qui est Dieu lui-même dans la Trinité et que le Père et le Fils envoient. « Le Père enverra en mon nom », dit Jésus, pour nous accompagner sur notre chemin, sur notre route sur cette terre, et ils l'appellent Paraclet

Soutenir et accompagner : c'est la tâche de l'Esprit Saint.

En grec, le Paraclet est celui qui nous soutient, qui nous accompagne pour ne pas tomber, qui nous conserve fermes dans la foi, qui est proche de nous pour nous guider. 

Le Seigneur nous a promis ce soutien.

Que fait donc l'Esprit Saint en nous ? Le Seigneur le dit : « Il vous enseignera tout et vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (v. 26). 

Enseigner et rappeler : c'est aussi la tâche de l'Esprit Saint.

Il nous enseigne : il nous enseigne le mystère de la foi, il nous enseigne à entrer dans ce mystère, à le comprendre plus intiment chaque jour. Il nous enseigne comment développer notre foi sans nous tromper, comment grandir dans la compréhension des paroles de vie de Jésus.

Il nous rappelle les enseignements de Jésus, ses consignes, ses paraboles… L'Esprit Saint nous guide dans cette mémoire ; il nous guide pour discerner, dans le présent de notre vie : quel est le juste chemin et éviter de nous égarer ! Si nous demandons la lumière de l'Esprit Saint, Il nous aidera, tout en laissant libre, à discerner pour prendre les vraies décisions, les petites de chaque jour comme les plus importantes. 

Mais avons-nous l’habitude de lui demander son aide ?

C'est l'Esprit qui dans cet enseignement et dans ce souvenir nous permet de discerner les décisions que nous devons prendre librement et en vérité !

Frères et sœurs, aujourd’hui, peut-être pouvons-nous demander l’aide précieuse de l’Esprit Saint, demander que le Seigneur nous aide à nous ouvrir à ce don de l’Esprit Saint donné au jour de notre Baptême et renouvelé au jour de notre confirmation.    

Il est le Paraclet ! Il est notre défenseur !                                                                                 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 15 mai 2022, 5e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 13, 31-33a.34-35. Apocalypse de saint Jean 21, 1-5a. Psaume 144.

Livre des Actes des Apôtres 14, 21b-27. 

 

J’ai souvent entendu de la part d’amis, de paroissiens, de frères et sœurs en Christ, ces deux exclamations :

  • J’aime Jésus et je veux le suivre quoi qu’il arrive !
  • Qu’il est difficile d’être véritablement chrétien ! 

Ces deux phrases ont résonné en moi tout au long de cette semaine ; de fait ces deux affirmations ne s’opposent pas ! Aujourd’hui comme hier, être disciple de Jésus est difficile ; certes je le veux, je l’accepte, je le désire, mais ça ne va pas de soi. 

Pourquoi ? Certains vont me dire que c’est parce que Jésus met la barre très haut : 

« Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres. »

Devant une telle affirmation :

  • Qui parmi nous peut dire qu’il aime ses frères comme Jésus nous a aimés ? 
  • Qui peut prétendre être capable d’aimer au point de paraître un disciple de Jésus aux yeux de tous les hommes ? 

Aimer comme Jésus nous a aimés, c’est-à-dire comme Dieu nous aime, c’est aimer jusqu’à donner sa vie. Quelle exigence ! 

Si vous en avez la possibilité, relisez la vie de saint Charles de Foucauld et vous verrez que, à sa façon, modestement, il a été vraiment ce témoin de l’amour, témoin d’amour.

Et pourtant, d’un autre côté, « aimer » n’est-ce un désir tellement naturel qu’il ne devrait pas nécessiter un grand effort ? Nous aimons être aimés et nous désirons aimer en retour ! Cela fait partie de notre ADN ; c’est ce qui nous a été donné par Dieu Lui-même, cette capacité viscérale d’aimer au plus profond de nous-mêmes. 

Nous pouvons noter, combien nous sommes tristes et malheureux quand quelqu’un nous dit ne pas nous aimer.

« Aimer » est donc un désir naturel. Aimer ses proches, aimer son conjoint, ses enfants, sa famille… quoi de plus banal ! Quoique… nous avons tous, dans nos familles, dans nos relations amicales ou professionnelles, des exemples de situations difficiles, douloureuses parfois, parce qu’il y a de l’animosité, une colère, parce qu’il y a, en fait, un manque l’amour !

Non, en réalité, l’amour n’est pas si évident ! Même chez les fiancés qui se préparent au mariage, s’aimer n’est pas gagné d’avance. C’est pourquoi, dans le parcours de préparation au mariage qui leur est proposé dans notre paroisse, il est prévu des temps d’échanges autour de notre façon d’aimer (non pas de mettre la main sur l’autre, mais de se donner réellement à l’autre). Bref, des temps d’éducation au vrai amour s’imposent. 

Nous le savons bien, l’amour peut être blessé. S’il ne se réduit qu’à un sentiment, l’amour devient très fragile en allant même jusqu’à « démolir » l’espérance qui est nous ! L’amour est une décision dans la constance !

Pas plus tard que la semaine dernière, une femme me confiait ses difficultés, à la suite de son divorce. Ses deux enfants, nés pourtant de l’amour de leurs parents, deviennent à présent pour eux des sujets de discorde, de déchirements, voire de violence et de haine. « Quelles souffrances ! » me disait-elle… Comment un amour vrai peut-il se transformer en haine ? Et des cas comme celui-là, nous en connaissons tous plus ou moins, hélas ! 

Comment l’amour que l’on croit toujours indestructible, au début, peut-il devenir à ce point destructeur ? C’est aussi l’occasion pour nous de prier pour toutes les personnes qui vivent des périodes difficiles dans leur couple, ou un divorce.

En même temps, si je continue sur le registre de la famille, l’amour est toujours possible ! Je suis témoin, le témoin heureux, de confidences de couples dont l’amour après 50, 60, 70 ans de mariage reste toujours bien présent, malgré les vicissitudes de la vie. 

Nous constatons qu’il existe des amours durables et toujours présents ! Et pourtant, ils reconnaissent avoir eu, comme nous tous, des difficultés et des soucis, mais qu’ils ont pu dépasser et surmonter ensemble dans le dialogue, main dans la main.

Là aussi, aimer c’est décider d’aimer, quoiqu’il arrive !

Dans la première lecture, nous avons entendu Paul et Barnabé affermir le courage des disciples, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Là aussi, le message de Jésus est exigeant. Le chrétien n’est pas exempté d’épreuves ou de difficultés ! On ne peut pas se contenter de belles paroles ! Pour les premiers chrétiens, les épreuves dont parlent Paul et Barnabé ne sont pas des petites difficultés passagères : c’est la violence de l’animosité, des persécutions déjà présentes et à venir !

Il en faut du courage pour aimer jusqu’à risquer sa vie par amour de Jésus ! C’est pourtant bien ce que signifie la parole de Jésus : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Dans cet évangile que nous venons d’entendre, Jésus donne à ses amis ce commandement à quelques heures de son arrestation, de sa passion, de sa mort sur la croix. 

Judas vient de quitter la table pour aller tristement, Le trahir ! Comme un testament ou une confidence que l’on peut faire à ses intimes quand l’heure de mourir est proche, c’est une phrase importante qu’il nous faut écouter et intérioriser.

Testament spirituel ? En réalité, il s’agit plus d’une mission que d’un commandement. Jésus donne sa vie jusqu’au bout, et nous demande, autant que possible, de faire de même en mémoire de Lui. 

Mission qui devient témoignage, puisque l’amour dont nous ferons preuve montrera à tous les hommes que nous sommes ses disciples. 

Comment témoigner du Christ ? En aimant simplement ! En aimant, sans doute, d’une façon déraisonnable, bien loin des critères de notre société.

Nous qui sommes appelés chrétiens, disciples du Christ, baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, nous sommes donc des témoins et des missionnaires. Rien de moins ! 

Pas seulement « amis de Jésus », ce qui n’est pas trop difficile, mais véritablement envoyés par Lui en mission dans notre quotidien ! 

C’est-à-dire, en mission auprès de tous ceux qui nous entourent, plus ou moins proches, en mission auprès de ceux que nous n’avons pas forcément choisis ! Avec ceux qui nous ressemblent et avec ceux qui sont très différents de nous ; avec ceux qui semblent plus riches et ceux qui semblent plus pauvres que nous ; malades ou en bonne santé ; ceux qui nous sont sympathiques et ceux avec lesquels le contact est plus distant ou difficile.

Pas seulement « amis de Jésus », mais « amis de tous » par conséquent !

J’entends bien la question que nous pouvons nous poser : alors, comment « faire » ou plutôt comment « être » ?Comment « être » à la hauteur d’une telle mission ?

Déjà, une première condition : ne baissons pas les bras devant l’ampleur des choses à changer d’abord en nous-mêmes, avant de vouloir changer le monde ! 

Par exemple : nous prions, avec raison pour la paix dans le monde ! Mais, n’avons-nous pas d’abord à prier pour ce que nous vivons, pour la paix dans les relations professionnelles et amicales qui tissent notre quotidien, dans nos familles, en nous-mêmes ! Il peut paraître bien facile de prier pour ce qui est loin de nous !

Jésus ne se contente pas de nous envoyer « comme des agneaux au milieu des loups » : Il nous accompagne Lui-même et Il nous apprend à aimer comme Il aime ! 

Il nous a donné l’Esprit Saint au jour de notre baptême, Esprit de Force et de Vérité ; Il se donne à nous en nourriture à chaque Eucharistie, dans sa parole, pour que nous puissions, en l’accueillant dans notre corps, « être » d’autres christs ! 

Jésus est toujours avec nous, et ça change tout ! C’est Lui qui nous montre et nous apprend !

Alors, oui, frères et sœurs, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous,

Nous avons à choisir d’aimer et à décider de suivre Jésus, malgré les difficultés, 

même si mon amour peut ne pas être reçu !

Ne désespérons jamais et, en ce jour si particulier de la canonisation de saint Charles de Foucauld. Apprenons de lui la confiance, comme nous pouvons l’entendre dans sa prière : 

Mon Père, mon Père, en toi je me confie,
En tes mains, je mets mon esprit.
Je te le donne, le cœur plein d’amour.
Je n’ai qu’un désir : t’appartenir.

Demandons l’intercession de ce nouveau saint !

                      Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 11 mai 2022, 4e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 12, 44-50. Livre des Actes des Apôtres 12, 24 à 13,5. Psaume 66.

 

     « Moi, la lumière, je suis venu dans le monde ». 

Moi, la lumière...Voilà l’extraordinaire révélation sur le mystère intime de Jésus et sur la mission qu'il a reçue du Père !

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, il est question de ténèbres et de lumière. "Je suis venu dans le monde afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres" (v.46). Le Christ vient révéler, apporter la lumière ! 

Dans notre monde, nous pouvons constater qu’il y a, en quelque sorte, une succession de ténèbres et de lumière, de l’obscurité au jour. Cela commence dès le début du monde puisque nous pouvons lire dans le Livre de la Genèse : il y eut un SOIR, il y eut un MATIN ! 

Déjà, en remontant à la théorie du Bing Bang, alors que tout était « obscurité », une lumière incroyable, une énergie éblouissante a traversé l’univers en création.

Ainsi, selon, Jésus, les ténèbres précèdent la foi : elles sont pour nous le pays d'avant la foi. C’est important de le comprendre.

Savez-vous que :

  • Toutes nos liturgies nous donnent de passer de l’obscurité à la Lumière !
  • La Vigile Pascale en est le type même : elle est la mère de toutes les Veillées. Nous passons des ténèbres de la nuit à la lumière de la Résurrection du Christ, de la mort à la vie !
  • Le Baptême est aussi ce passage de la mort à la vie ! Rappelez-vous les baptêmes des catéchumènes lors de la Vigile Pascale ! Ils ont été plongés littéralement dans l’eau pour être relevés dans la lumière. Le cierge que le nouveau baptisé a reçu pour éclairer sa vie, brille de la lumière du Christ.
  • Même dans l’imagerie populaire, cette distinction existe. Ne dit-on pas : « Broyer du noir ! » ou : « être dans le brouillard » ? À l’inverse ne dit-on pas : « Avoir une idée lumineuse !», avec une ampoule qui s’éclaire au-dessus de la tête !

Frères et sœurs, nous ne sommes pas créés pour vivre dans l’obscurité ou la grisaille !

Si à certains moments de notre existence, il nous arrive de revenir aux ténèbres (volontairement ou non), à la tristesse, ou à une perte du sens de notre vie ! Nous devons avoir un seul réflexe, un réflexe immédiat : dans un acte de foi, venir, revenir à “Jésus-lumière“ entendre ses paroles et les garder. Ou encore, prendre un temps d’adoration du Saint Sacrement où l’ostensoir représente souvent un soleil avec Jésus au centre, rayonnant ! 

Nous sommes donc invités à être des tournesols, celle belle plante qui tourne, tout au long de la journée, pour suivre et accueillir la lumière du soleil ; c’est l’héliotropisme du tournesol. Soyons donc de « beaux tournesols » tournés sans cesse vers la lumière du Christ !

Frères et sœurs, puissions-nous demander, pour chacun de nous, d’être à l’écoute de la Parole de Dieu tout au long de ce jour ! 

Puissions-nous la garder, en être nourris, illuminés et être « lumière » à notre tour pour le monde !

                                                                                                                  Ainsi soit-il !

 

   

 

 

Homélie du lundi 9 mai 2022, 4e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 10, 1-10. Livre des Actes des Apôtres 11, 1-8. Psaume 41-42.

 

Hier, quatrième dimanche de Pâques, nous avons entendu que Jésus, Berger, est le Bon Pasteur, celui :

  •  qui connaît ses brebis,
  •  qui leur donne la vie éternelle
  •  que personne ne pourra les arracher de sa main !
  •  que son Père et Lui sont « un » ! 

Jésus continue à expliquer cette réalité que ces expressions décrivent ! Dans l’évangile d’aujourd’hui, Il nous précise : une « mise en garde » et une « ouverture ».

Jésus nous met en garde contre de faux bergers, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui. Qui sont-ils ? 

Ce ne sont pas les prophètes de Dieu, mais des marchands de bonheur et de rêve, des voleurs et des bandits qui, en Israël comme dans le monde païen, prétendent apporter la recette du salut par des moyens bien éphémères sans passer par le Christ !

Une ouverture ! Pour préciser sa mission véritable, Jésus nous invite à faire un pas de plus ! Non seulement Il est notre Pasteur et guide, mais Il est la seule personne qui peut nous conduire à une abondance de vie, à la Vie éternelle ! Pour cela, Il va prendre l’image d’une porte.

Notre Seigneur est aussi une porte qui s’ouvre ! « Une porte pour les brebis » ! Il est donc une porte !

C’est sur cette notion de porte que je souhaite m’arrêter quelques instants avec vous !

Nous franchissons chaque jour des portes ! Nous en connaissons bien le principe ; il y a des portes qui ouvrent et d’autres qui ferment !

Le Seigneur est donc « porte » pour les brebis que nous sommes. Il est cette porte que chacun de nous peut franchir pour "entrer et sortir" :

Entrer et sortir ! C'est le mouvement, la liberté que l'on trouve dans le Christ : en entendant ces mots, chacun de nous est interpellé. Déjà le psalmiste déclarait, à propos de l'entrée dans le Temple : « C'est ici la porte du salut, les justes y entreront ! » (Ps 119,20). 

Jésus redira, dans le même esprit, au cours de son repas d'adieux du Jeudi Saint : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ; nul ne va au Père sans passer par moi ! » (Jn 14, 6)

Le Christ Pasteur est pour nous Celui qui accueille et celui qui envoie, Celui qui rassemble et Celui qui relance. Il est devant moi chaque jour comme une porte toujours grande ouverte, jamais fermée. Il est Celui :

  • qui m'invite à entrer dans l’église pour vivre l’Eucharistie, comme vous l’avez fait ce matin,
  • qui m'appelle à sortir pour l'aventure de la foi et de l'espérance, à oser la rencontre dans la joie du témoignage.

N’est-ce pas, chers frères et sœurs, cette invitation et ce mouvement que nous sommes déjà invités à vivre pour aujourd’hui ?

Puissions-nous rendre grâce pour Celui qui nous guide, qui nous montre le chemin, éloigne les voleurs, nous met en garde contre les faux prophètes et nous conduit à la Vie éternelle !

                                                                                                       Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 8 mai 2022, 4e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 10, 27-30. Apocalypse de saint Jean 7,9.14b-17. Psaume 99.

Livre des Actes des Apôtres 13,14.43-52. Journée de prière pour les vocations.

 

« Je suis le Bon Pasteur, le vrai Berger ! » dit Jésus.

C’est ce message de Jésus que nous recevons chaque année, plus précisément le quatrième dimanche de Pâques. Si pour nous, chrétiens, cette image du « Pasteur » ou du « Berger » a un sens profond, pour beaucoup de nos contemporains, elle peut apparaître ambiguë et étrange. 

Ces mots : « pasteur » « berger », « brebis », « agneau » « troupeau » semblent faire référence à une autre culture, à une autre civilisation que la nôtre. Et puis, dans la plupart des cas, pourquoi un berger accepterait-il de prendre en charge un troupeau de brebis ? 

Nous pourrions répondre que c’est tout simplement pour pouvoir en vivre en vendant du lait, de la laine et de la viande, en faisant du fromage. Être comparé à une brebis ou à un mouton n’est pas forcément très flatteur pour chacun de nous.

Attention, lorsque Jésus se dit « pasteur », « berger » et nous désigne comme étant ses « brebis » ce n’est pas du tout dans ce sens-là. Vous le savez bien, Jésus parle souvent en parabole, Il aime prendre des images de la vie quotidienne.

Ces images nous aident parce que nous avons besoin que quelqu’un nous montre comment discerner et progresser dans notre chemin de vie. Quels que soient nos chemins, nous savons aussi que des loups seront présents avec un appétit féroce ! Qui peut nous en protéger sinon le Pasteur Lui-même ?

Il nous faut toujours chercher dans quel contexte Jésus s’exprime et quel est l’essentiel de son message. Lorsqu’on lit la Bible, on constate que ce titre, dans le sens de « Pasteur », est souvent attribué à Dieu lui-même. 

Rappelons-nous ces paroles du psaume 99 dont nous venons de chanter quelques strophes : 

« Reconnaissez que le Seigneur est Dieu : il nous a fait, et nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau » ou encore les paroles du psaume 22 que nous connaissons bien : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. » Attention, ce n’est pas une image simplement pastorale et bucolique ! Le métier de berger est rude ! Le berger est un guide, attentif aux soins et à la santé du troupeau, mais aussi anticiper les différents dangers : voleurs, loups, prédateurs… trouver les bons pâturages…

Le plus souvent, la Bible nous dit aussi que le Seigneur confie ses brebis à des serviteurs. Il choisit des pasteurs pour guider son peuple. En lisant la Bible, nous pouvons en découvrir quelques-uns : le Prophète Jérémie, le Roi David… ou l’apôtre Pierre que Jésus enverra en mission…

Malheureusement, il arrive que certains d’entre eux ne remplissent pas très bien leur mission et tout le peuple en souffre. On comprend que les juifs contemporains de Jésus attendaient avec impatience le Pasteur suprême, le Christ, le Messie annoncé par le prophète Isaïe. 

Mais les chefs du peuple, les scribes et les pharisiens ne reconnaissent pas en Jésus ce Messie annoncé et lorsqu’Il leur dit être : « le Bon Pasteur, le Vrai Berger », cela les irrite et les scandalise. 

Dans les trois versets qui précèdent l’évangile que nous venons d’entendre, on lui demande de parler franchement : « Jusqu’à quand vas-tu nous faire languir ? Si tu es le Christ, dis-le-nous clairement. » Jésus leur répond : « Je vous l’ai déjà dit, mais vous ne croyez pas. Vous ne croyez pas les œuvres que je fais au nom de mon Père qui me rendent témoignage ; mais vous ne croyez pas parce que vous n’êtes pas de mes brebis. » Et, Il poursuit  dans l’évangile de ce jour : « Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. » 

En entendant ces mots, pour ses auditeurs, il apparait clairement que Jésus se dit l’égal de Dieu, se dit Dieu lui-même, et cela, ils ne le supportent pas. Saint Jean ajoute même : « Les Juifs allèrent chercher des pierres pour lapider Jésus. » Ils cherchèrent à l’arrêter, mais Il leur échappa. C’est pour cette raison que, quelques mois plus tard, Jésus sera condamné et mis à mort !

Ce passage d’Évangile date de près de 2000 ans et pourtant, il est toujours d’actualité. « Mes brebis, parce qu’elles croient en moi, écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. ». 

Cela signifie que ceux qui ne veulent pas croire en Jésus ne sont pas obligés de Le suivre. Ils peuvent choisir de ne pas faire partie de ses brebis. Dieu nous laisse totalement libres ! Il nous donne de choisir : suivre le Christ ou non !

Dieu veut tellement que nous soyons libres qu’Il nous donne même la possibilité de Le rejeter ! Ce fut le cas de beaucoup de juifs contemporains de Jésus, comme nous l’avons entendu dans la première lecture des Actes des Apôtres.

Paul et Barnabé vont rencontrer la même opposition lorsqu’ils annonceront la Parole de Dieu aux juifs résidant à Antioche (c’est la Turquie actuelle). Injuriés par des Juifs « remplis de fureur », ils garderont toute leur assurance et déclareront tranquillement : « Vous rejetez la parole de Dieu, vous ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle ? Eh bien, nous allons nous tourner vers les païens. » Chers frères et sœurs, les païens avant notre baptême, c’est nous !

Si nous sommes rassemblés dans cette collégiale Saint-André aujourd’hui, c’est bien parce que, grâce à ceux qui nous ont précédés dans la Foi, nous croyons au Christ mort et ressuscité. 

Nous croyons que Jésus nous guide vers la Vie éternelle. 

Oui, nous croyons que Jésus nous connaît tous et nous invite à écouter sa voix et à Le suivre, c’est une certitude ! 

Cela nous conduit à une certitude et à une question :

  • Oui, Jésus nous connaît tous et Il veut pour chacun de nous la Vie éternelle.
  • Mais nous-mêmes, écoutons-nous sa Parole et Le connaissons-nous vraiment ? 

Nous avons toujours besoin de « pasteurs » dans notre monde où, bien souvent, nous ne savons où aller, comment avancer et « où » ! Nous avons besoin d’être aidés pour trouver la bonne direction. 

Je termine en vous rappelant que ce dimanche est aussi la journée mondiale des vocations. La vocation est un appel que Dieu adresse à chacun des membres de son peuple. Il appelle bien sûr des prêtres (et il y a une réelle audace à répondre à cet appel), mais aussi des diacres, des religieux, des religieuses, des couples dans le sacrement de mariage… quels que soient notre âge et parfois même notre état de santé. Il nous appelle tous, chacun selon nos moyens, à être des chrétiens vivants, annonçant et témoignant de l'Évangile. 

Bref, notre vocation est un appel à la sainteté dans tous nos états de vie !

Le Seigneur continue d'appeler pour la mission. Personne ne peut répondre à la place des autres. 

Il compte sur chacun de nous. Le Christ est notre Bon Pasteur !

Puissions-nous, frères et sœurs, écouter sa voix ! Suivons-le et aidons les jeunes et les moins jeunes à marcher à sa suite « vers les eaux de la source de vie », c’est-à-dire vers la Vie éternelle, comme nous y invite saint Jean dans le livre de l’Apocalypse !

Demandons de tout notre cœur à échapper aux pièges des loups de ce monde et à suivre le bon chemin à la suite du Bon Pasteur ! 

Voilà ce que nous entendons en ce quatrième dimanche du temps Pascal !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 4 mai 2022, 3e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 6, 35-40. Psaume 65. Livre des Actes des Apôtres 8, 1b-8.

 

Un résumé rapide ! 

Nous sommes ici au lendemain d'une des multiplications des pains. Jésus est passé ensuite de l'autre côté de la mer de Tibériade, appelée aussi mer de Galilée. La foule qu'il vient de nourrir est partie à sa recherche. Il est bien certain que, pour ces personnes, manger à leurs faims n'est peut-être pas évident tous les jours et combien il est impératif, pour eux, de garder un tel homme providentiel ! 

C'est bien ce que l’Évangile nous rapporte au verset 26, quand Jésus dit: « Vous me suivez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. »

Ainsi, nous voyons que c'était bien la nourriture terrestre qui comptait principalement pour eux en premier ! Cet impératif est-il si différent aujourd'hui, pour chacun de nous, avec nos mentalités si avides de bien-être et de confort, de manger à notre faim, bref de son « ventre » ? Il n’est pas certain que notre monde soit si différent !

Dans tout ce chapitre 6e de Jean, il est souvent question de "Pain". Le Pain que Jésus a distribué à la foule et dont Il se qualifie lui-même en bien des circonstances est devenu avec Lui une réalité : « Je suis le pain de vie » Si nous sommes là ensemble ce matin, c’est, me semble-t-il, que nous avons compris que le Pain de vie, c’est Jésus qui se donne à nous en son Eucharistie.

Dans de nombreux pays, hélas, la famine existe bien réellement ! Cependant il y a famine et famine, et tout particulièrement dans notre pays, la faim qui nous tenaille n'est pas seulement une famine physique, mais surtout spirituelle : c'est la famine de Dieu, d’une soif de Dieu !

Il est aussi "Pain du Ciel", c’est pour cela qu’il est absolument nécessaire pour notre âme et pour notre esprit. En son absence, nous ne mourrons certes pas physiquement, mais nous risquons plutôt de dépérir, de nous dessécher spirituellement. Notre vaste monde vit sans Dieu sans bien souvent s'en rendre compte. Notre monde se perd et se meurt de ce manque de Dieu !

Jésus va encore plus loin dans la révélation : le Père lui donnera le pouvoir de ressusciter ceux qui croient en Lui. Or, pour Jésus, la foi n'est pas une seule, une simple adhésion de l'esprit ou d’un ensemble de connaissances, d’un catalogue appris par cœur, c'est d’abord une démarche, une rencontre : « Celui qui vient à moi... » 

Nous avons à nous déplacer, à aller vers Jésus ! Croire, c'est venir à Jésus-Christ, autrement dit : adhérer, non pas à une doctrine, mais de toute sa personne à Celui qui est l'Envoyé de Dieu.

Les disciples qui entendirent ces paroles de Jésus, même s’ils ne les ont pas comprises totalement, les ont bien retenues, eux qui sont venus au Christ jusqu'à donner leur vie, comme tous ces martyrs (comme celui d’Étienne) qui ont donné le témoignage suprême de la foi, vécue comme une démarche de vie ! Quel surprenant paradoxe : « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » (Mt 16,24)

N'est-ce pas cela être disciple : mettre ses pas dans les pas du Maître, emprunter son chemin, qui peut être un chemin de croix et en même temps un chemin de Vie, un chemin de résurrection ?

Frères et sœurs, soyons sûrs que, comme nous l’avons entendu dans la première lecture des actes des Apôtres, notre monde a besoin de témoins, des « Philippe » et des « Etienne » qui annoncent le Christ avec des signes qui marquent les gens de son temps !

Oui, être témoin du Christ, c’est offrir cette joie et cette espérance au monde !

                                                                                                                 Ainsi soit-il 

Homélie du lundi 2 mai 2022, 3e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 6, 22-29. Psaume 118. Livre des Actes des Apôtres 6, 8-15.

 

Que devons-nous faire ? 

Les temps que nous vivons nous questionnent ! Je suis régulièrement interrogé :

Pourquoi cette pandémie ? 

Pourquoi ces guerres ? 

Quel sens donnons-nous à nos besoins matériels et bien sûr, à notre vie ?... 

Beaucoup d’entre nous portent en eux-mêmes des interrogations et cherchent des réponses, parfois même désespérément. Il est bon de se poser ces questions ! Cela est bien ! Il est normal que notre intelligence nous interroge. Mais qui va m’aider ? Qui peut m’éclairer ? Qui peut me guider ?

Regardons l’évangile de ce jour, il nous donne la réponse :     

En effet, Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. »

 La curiosité, le constat d’un manque suffisent parfois pour me mettre en route ! J’ai une attente, je veux savoir… Je veux découvrir le sens de ma vie. 

Nous sommes invités à chercher Jésus, à aller plus loin, à nous laisser guider par Lui ! 

Être là, dans cette église, ce matin, c’est entendre ce que le Christ veut me dire et essayer de saisir comment Il répond à mes questions et m’éclaire ! 

C’est déjà bien de vouloir suivre Jésus, quelle qu’en soit la raison : la curiosité, le plaisir, ou la soif intellectuelle ou spirituelle. Mais l’important est de découvrir dans cette attente la raison la plus essentielle de notre vie : le Christ nous donne de comprendre que notre vie a du sens parce qu’Il donne sens à l’amour que je cherche et que je reçois ! Notre relation doit mûrir et devenir une conviction d’amour. Il en est ainsi dans toute relation vraie, mais plus encore dans notre lien avec le Christ !

La foi chrétienne est la conviction sincère que Jésus est nécessaire à mon bonheur nécessairement durable. Non pas quelques pains qui vont me nourrir et me rassasier un instant, non pas un bonheur qui serait limité dans le temps, mais une Joie pleine, une joie qui remplit une vie, quels que soient les difficultés ou les imprévus de la vie !

Nous faisons une erreur énorme si nous pensons que la foi chrétienne peut se réduire à une doctrine ou à un dogme. Non ! La foi chrétienne est d’abord une rencontre, une rencontre à la fois humaine et divine. Elle est la conviction vraie, sincère, non seulement que Jésus est vivant, mais qu’Il est absolument nécessaire à mon bonheur, à mon espérance, pour ma vie présente et celle à venir. Ma foi, celle que j’ai reçue comme un cadeau au jour de mon baptême, touche ma vie entière dans toute son épaisseur, dans chaque aspect de ma vie. 

Tout cela peut nous interroger ; alors : que devons-nous faire pour mieux comprendre et ne pas nous tromper de chemin ? Cette question est essentielle !

Pour travailler aux œuvres du Seigneur, l’invitation est là : 

Aimer et laisser aimer !

Un seul est capable de me combler : le Christ ! Il nous faut L’aimer et nous laisser aimer par Lui ! Pour cela, je suis invité à Croire en lui. C’est la conviction et l’acte de foi que nous pouvons faire !

C’est alors seulement que ma foi devient chrétienne. Croire en Lui, mettre mon espérance en sa Personne ! Alors seulement, à ce moment-là, nous « travaillons aux œuvres de Dieu. » Alors seulement, nous « croyons en celui que Dieu a envoyé. ».

 Voilà l’enseignement que nous recevons ce matin.

Demandons au Seigneur de nous apprendre à vivre de la foi, pour qu’elle grandisse en nous ! Restons toujours curieux de Jésus ! Restons des amoureux du Christ Ressuscité !                                                                                                                                                                

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 1er  mai 2022, 3e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 21, 1-19. Apocalypse de saint Jean 5, 11-14. Psaume 29.

Livre des Actes des Apôtres 5, 27b-32.40b-41.

 

En ce troisième dimanche du temps pascal, il est bon de réentendre cet évangile où Jésus ressuscité apparaît à nouveau aux disciples. 

La tristesse de la mort de Jésus, bien que ressuscité, semble encore présente chez les apôtres. En l’absence du Maître, voici que les apôtres ont repris leur vie ordinaire et retrouvé leur profession. Pêcheurs ils étaient auparavant, pêcheurs ils redeviennent maintenant. Pêcheurs peu chanceux apparemment, du moins cette nuit-là, puisqu’au petit matin, ils rentrent bredouilles de cette nuit de pèche. 

Sur la plage pourtant, un homme inconnu d'eux leur demande de poser un acte de foi : de jeter encore leurs filets. C’est ce qu'ils font, eux les professionnels, et cette fois avec une telle quantité de poissons (153) que les yeux de Jean (le disciple bien-aimé) s’ouvrent immédiatement, tandis que les autres disciples restent encore dans l'aveuglement. Et voici que cet inconnu les invite, sitôt sortis du lac, à une sorte de pique-nique. Ici encore, c'est le partage du pain et de la nourriture qui, comme dans le cas des disciples en route vers Emmaüs, leur révèle la présence du Ressuscité. 

Prenez le temps de reprendre cet évangile de le relire et de le méditer ! Il y aurait beaucoup de commentaires spirituels à faire…

 

Attachons-nous au petit passage, après le repas. Là, Pierre est appelé à part ! Jésus prend l'initiative d’un nouveau dialogue avec lui. 

Il est vrai que la dernière prise de position du chef des Apôtres concernant son Maître n'était guère brillante : Pierre avait répondu par trois fois, avec force: « Je ne connais pas cet homme » (Mt 26, 69-75). C’était dans la nuit du Jeudi au Vendredi saints !

« Je ne connais pas … » Ce qui n'était sans doute pas faux car, au cœur de la Passion, Pierre ne sait plus très bien qui est Jésus ; son Maître était devenu une énigme pour lui. 

« Et aussitôt, comme il parlait encore, un coq chanta ! Pierre sortit et pleura amèrement » (Lc 22, 61-62). C’est alors que Pierre prend conscience que Jésus, Lui, le connaissait vraiment ! Il avait annoncé, par avance, sa trahison. 

Déjà le prophète Isaïe énonçait que les chemins de Dieu ne correspondaient pas à ceux des hommes. « Vos pensées ne sont pas mes pensées ! » (Is 55,8)  

Cependant, Jésus connait le cœur de l’homme et le cœur de chacun !

Pierre est donc invité à revoir ses schémas trop humains ! Pierre va faire, d’une façon sensible, réelle, l’expérience de l’amour de Dieu dans la triple demande de Jésus.

Curieusement, les trois questions sont posées dans un ordre inverse de ce que nous attendrions spontanément, c’est-à-dire :      

  • « M'aimes-tu ? » 
  • « M'aimes-tu vraiment ? » ; 
  • « M'aimes-tu plus que les autres ? » 

On constate bien une sorte de gradation. Mais là, l'intensité est tout au contraire décroissante : ces nuances entre les trois termes sont encore plus précises dans l'original grec. 

Par exemple : 

  • En français, nous pouvons dire : j’aime bien mon conjoint, mais le chat aime aussi la souris, pour la manger… 
  • En anglais, c’est un peu plus précis, subtil : I love my wife, I like a cheese burger ! 

En grec, il y a au moins trois façons de dire “aimer“. 

  • On commence par l’amour-passion : « Pierre, m'aimes-tu passionnément, plus que les autres ? » ; (Éros - Amour passion) 
  • puis Jésus pose une deuxième question, plus simplement : « M'aimes-tu d'un amour de charité ? »; (Agapé –Amour de charité) 
  • et enfin, encore plus simplement : « M'aimes-tu d'un amour au moins d'amitié ? » (C’est la Filia, l’affection).

On devine le désarroi de Pierre, qui par sa trahison, a fait l'expérience de son impuissance, de son incapacité à aimer véritablement Jésus, déjà au moins, d'un amour de charité. Ne voulant pas mentir à nouveau, il répond par un aveu humble et vrai : « Oui, Seigneur, je t'aime, mais d'un simple amour humain : je ne suis pas capable de faire mieux, tu le sais ! » 

A chacun de ses aveux d'impuissance, mais qui sont autant de déclarations de son désir d'aimer en vérité, Jésus répond en confiant à Pierre le soin de ses brebis. Ainsi est clairement signifié que la mission de l'apôtre s'enracine exclusivement dans l'amour, aussi pauvre soit-il, que Pierre porte à son Maître. 

Jésus demeure toujours l'unique Pasteur, mais Il a choisi Pierre, non pas malgré, mais à cause de ses pauvretés, pour qu'il apparaisse clairement que le trésor qu'il porte dans un vase d'argile ne vient pas de lui, mais de Dieu (2 Co 4,7). En réalité, c’est Dieu Lui-même qui nous aime et nous essayons de L’aimer en retour. Mais Il sait, Il connaît nos difficultés à aimer.

Frères et sœurs, il en va de même pour chacun de nous ! Jésus nous demande : « M’aimes-tu au moins un peu ? » quelle sera notre réponse ? 

  • Un amour passionné ?
  • Un amour de charité ?
  • Une affection tout humaine ?
    • La réponse appartient à chacun de nous !

Cependant, quels que soient notre histoire et nos manques d’amour récurrents, il nous faut aimer notre Seigneur ; Jésus nous le demande : « M’aimes-tu au moins un peu ? »

En ce troisième dimanche de Pâques, entendons cette invitation confiante de Jésus qui invite à une réponse « Suis-moi » ! Suis-moi, tel que tu es, tel que tu vis, tel que tu aimes ! Ne crains pas !

Que dans notre cœur nous puissions répondre vraiment : « Oui, Seigneur, c’est Toi que j’aime ! C’est Toi que je veux suivre ! » avec la force et la grâce de Dieu !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 25 avril 2022, fête de saint Marc, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Marc 16, 15-20. Psaume 88. Première lettre de st Pierre 5, 5b-14.

 

 

Chers amis, voilà un évangile clair et précis, énergique !

Je vous invite à en retenir cinq verbes qui sont essentiels.

Deux de ces verbes sont à l’impératif : Allez ! Proclamez ! Ils nous dirigent vers l’extérieur.

Deux de ces verbes vont nous dire la conséquence et comment ils agissent et leur action en nous : Baptiser ! Sauver !

Le dernier verbe va nous déterminer dans notre décision. Ce verbe qui établit, en quelque sorte, une charnière entre l’accueil et la réalisation est le verbe « croire » !

- Deux verbes à l’impératif : Allez ! Proclamez !

Ce sont les dernières consignes de Jésus ressuscité à ses disciples dans l'Évangile selon saint Marc que nous venons d’entendre. Jésus leur ouvre tout grand le champ du monde, sans leur fixer aucune frontière. Pas de frontière pour la parole de Dieu !  « Allez dans le monde entier ! » Pas de discrimination entre les auditeurs : « Proclamez l’Évangile à toute la création ! ». De fait, l’Église est en sortie pour aller aux périphéries ! L’église, ne l’oublions pas : c’est nous-mêmes ! Sortons donc de nous-mêmes ; sortons de notre confort, de nos peurs et de notre timidité parce que l'amour peut tout ! 

- Baptiser ! Peut-être n'aurons-nous pas beaucoup d'occasions de baptiser quelqu'un ou d'être responsables du baptême d'un autre. Ceux qui accompagnent les catéchumènes connaissent bien la joie du baptême reçu ! Mais, déjà chaque jour, nous avons l'occasion d'aider des baptisés à vivre leurs engagements baptismaux, à renoncer au péché et à croire à l'amour. Trop souvent ceux qui sont baptisés ont oublié ce que signifie le baptême. Être Chrétien, c’est faire la rencontre du Christ et vivre de cette amitié ! 

- Être sauvé ! C’est ce que nous désirons, ce vers quoi nous tendons ! Nous savons bien que nous ne sommes que de passage sur cette terre. Prenons un simple exemple : ceux qui ont fait l'expérience de perdre un document sur l'ordinateur ou de voir leur disque dur se détruire, savent combien il est douloureux et contrariant d’avoir cliqué trop vite ou d’avoir reporté une fois de trop le besoin d’une sauvegarde ! Imaginons la lamentation, quand c'est la vie éternelle d'une âme qui est en jeu. Si seulement nous comprenions la valeur d'une âme et de son salut ! 

C’est cette feuille de route que l’évangéliste saint Marc nous invite à suivre ! Il nous invite à une action, une action que personne d’autre ne peut faire pour nous : celle de croire et d’inviter à cet acte de foi ! Croire que Dieu peut tout ! Croire que Dieu veut mon salut ! Un « Croire » dans la foi et donc croire sans voir !

Saint Marc a ceci de particulier qu’il n’a pas connu personnellement Jésus ! Comme nous aussi ! Par son évangile, il montre encore mieux combien il a compris l’importance de la mission du Disciple-Missionnaire. Pour lui, le disciple s’inscrit dans une tradition de témoins de la foi qui remonte jusqu’aux premiers disciples. Nous agissons selon le mode de l’Église : croire sans voir !

En cette fête de saint Marc, demandons au Christ de nous fortifier dans notre marche à sa suite. Que nous puissions être au cœur de notre monde ces disciples simples, et pleins de zèle et d’audace. Même si parfois la mer se déchaîne, même si parfois le vent nous est contraire (Cf. Mc 4, 35-41), nous savons que le Christ demeure avec nous jusqu’à la fin du monde (Cf. Mc 16, 20). »

Voilà notre espérance ! 

Voilà pourquoi nous sommes invités à aller et proclamer, à baptiser et annoncer le Salut, à croire !

                                                                                                                      Ainsi soit-il !

Homélie du jeudi 14 avril 2022, Jeudi saint, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 13, 1-15. Psaume 115. Livre de l’Exode 12, 1-8.11-14.

 

Chers amis, nous voici au premier jour du Triduum Pascal : trois jours Saints qui sont à la fois particuliers et cruciaux pour notre foi chrétienne !

Chaque année, nous revivons cette suite d’événements décisifs pour l’humanité : une suite unique et irréversible, avec peut-être, pour certains, le risque de prétendre tout connaître à l’avance ! 

L’évangile que nous venons d’entendre pourrait susciter de nombreux commentaires.

  • Pourquoi entendons-nous, ce soir, le récit du lavement des pieds et non pas celui de l’institution de l’Eucharistie ?
  • Comment Jésus se fait serviteur et nous invite à faire de même, Lui que l’on appelle Maître et Seigneur.
  • Le refus de Pierre, le rôle de Judas et du Diable…

C’est pourtant avec un regard neuf que nous pouvons redécouvrir ce qui nous échappe encore : ce chemin de vie qui passe par la Passion jusqu’à la Résurrection d’entre les morts ! 

Nous constatons bien que notre compréhension, notre intelligence en sont bousculées ! Nous ne comprenons pas tout et notre foi, peut être interpellée et parfois même comme bloquée !

Ce que je découvre et que j’aimerais partager avec vous, ce soir, c’est qu’au cœur de cette tragédie, la joie n’est pas absente.

Pour beaucoup, cette fin de Carême est empreinte d’une lourdeur : toutes les statues sont voilées, demain sera jour de jeûne… Mais où est la joie, pourrions-nous demander ?  

Pourtant, nous le sentons bien, nous ne sommes pas ce soir dans le pathétique, l’angoisse, mais dans la joie du futur repas pascal, dans la joie d’un repas de fête, la joie du rappel de la libération d’un peuple. C’est cette joie, de son origine et de sa nature, qui me marque ce soir. 

Alors d’où vient cette joie du Jeudi Saint ?

Elle vient (me semble-t-il) non pas des agapes, de la dégustation d’un vin millésimé, mais d’une rencontre immédiate du Christ ; notre joie, c’est le Christ ! Cette joie vient d’une expérience sensible de la prévenance de Dieu. Comme nous venons de l’entendre : « Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout. » (Jn 13, 1). 

Les aimer jusqu’au bout, cela veut dire, pour Lui, les aimer jusqu’à les toucher… intimement ! Dans nos cinq sens, le toucher est fondamental ; c’est le plus réceptif, celui dont on ne peut être privé, sauf à être mort. 

Par exemple, quand un malade ne parle plus, ne voit plus, n’entend plus, quand on ne sait plus comment communiquer avec un mourant, nous lui prenons la main, nous lui caressons le front, nous pouvons même l’embrasser. C’est ce que fait Jésus : Il lave puis essuie les pieds de ceux qu’Il enverra jusqu’aux extrémités de la terre comme messagers de son Évangile ; mais Il les touche aussi à l’intérieur de leur corps en se faisant nourriture et remède. 

Certes, certains vont peut-être me dire, à raison, que la signification de ce geste du lavement des pieds est d’abord un geste d’accueil, un geste d’hospitalité, un geste de service comme on le dit. Évidemment, chez nous, il n’est pas très courant de se laver les pieds quand on arrive chez quelqu’un. Mais dans le pays de Jésus, en Terre sainte, il fait chaud. Et il y a beaucoup de poussière. Quand on marche dehors, on se salit très vite les pieds. C’est un geste de politesse, quand quelqu’un arrive chez vous, de lui laver les pieds. 

Mais, ici, ce geste dépasse la simple hospitalité ou le service du frère ! C’est sans doute en premier l’accueil de Dieu lui-même !

Pour bien comprendre toute la beauté de ce geste, il faut se rappeler un autre geste de lavement des pieds raconté dans la Bible. Je vais faire appel à votre mémoire : cela se passait bien avant Jésus, à l’époque d’Abraham. Je vous emmène au chêne de Mambré.

Un jour, au plus chaud du jour, nous dit le livre de la Genèse (chapitre 18), Abraham était assis à l’entrée de sa tente à Mambré. Ayant levé les yeux : voici que trois hommes sont devant lui. Abraham, un homme très accueillant, se lève et s’empresse auprès d’eux. Il les invite à entrer, et il prononce cette phrase : « Qu’on apporte un peu d’eau pour vous laver les pieds » (Gn. 18,4). Et puis, il leur prépare un somptueux repas, un véritable festin pour que ses visiteurs refassent leur force. Pendant le repas l’un des trois hommes prend la parole. Il dit à Abraham : « Je reviendrai chez toi l’an prochain, et ta femme Sara aura un fils » (Gn. 18, 10). C’était le Seigneur qui parlait ainsi. C’est Lui qui était venu visiter Abraham. C’est Lui qui lui promettait ainsi un enfant, donc une descendance.

Eh bien, nous le savons, cette promesse a été tenue. Abraham a eu un enfant, il a eu une descendance. Et au bout de cette longue histoire sainte, il y a Jésus, Fils d’Abraham (cf.Mt.1,1). C’est Lui, Jésus, qui aujourd’hui vient nous visiter. C’est Lui qui nous invite ce soir. C’est Lui qui nous offre un repas. Il prononce cette parole indépassable, surprenante, incompréhensible, si ce n’est par la foi : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ».

Comme Abraham avait lavé les pieds du Seigneur, aujourd’hui c’est le Seigneur qui lave les pieds de ses disciples. Il nous rend bien plus que la politesse. Cela ne peut signifier qu’une chose : tout est accompli !

            Quand le Christ lave et essuie les pieds de ses apôtres, quand Il leur livre son corps et son sang en nourriture et en boisson, non seulement Dieu se laisse voir, mais Il nous touche au plus profond de nous-mêmes. Il nous touche de l’extérieur et à l’intérieur. Il nous touche de sa délicatesse et nous touche dans notre désir de Lui !

Pensez-y frères et sœurs, vous qui allez avoir les pieds lavés dans un instant ! Il nous faudra y penser, nous tous, frères et sœurs, quand nous recevrons tout à l’heure son Corps en allant communier. 

Ce soir, pas de théophanie grandiose ! Pas de montagne du Sinaï toute fumante ! Pas de montagnes tremblantes ni de trompette trompetant à tout vent (cf. Ex 19, 18). 

Dans l’humilité d’un geste de tendresse et de purification, dans la simplicité du repas de la Pâque partagé par Jésus avec sa nouvelle famille, une joie nouvelle apparaît, une joie inconnue depuis qu’Adam et Ève ont quitté le paradis terrestre : 

Dieu s’approche jusqu’à nous embrasser, jusqu’à faire corps avec nous.

Là est notre joie véritable ! Voilà ce mystère d’une joie partagée qui s’offre à nous au début de ce Triduum ! Cette joie du don total est à vivre déjà pour nous ce soir, pour nous maintenant ! 

Demain sera demain ! Vivons déjà, frères et sœurs, maintenant cette belle, joyeuse et délicate proximité avec notre Sauveur !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 11 avril 2022, Mercredi saint, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu, 26, 14-25. Psaume 68. Livre du prophète Isaïe 50, 4-9a.

 

Nous entrons dès demain, dans le Triduum Pascal, en Église : trois jours importants, nécessaires et essentiels.

Pourquoi ? C’est toute l’humanité qui est sanctifiée par l’offrande que Jésus fait de Lui-même. Nous avons encore entendu hier dans l’évangile de saint Luc : « Il nous a aimés jusque-là. » « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. » (Lc 22,15) 

Pour bien comprendre ce que nous allons vivre en ces jours saints, il nous faut revenir sans cesse à ce grand désir de Jésus du Salut pour tous. C’est l’amour infini de Dieu qui veut sauver l’humanité et nous redonner espérance. Cela peut nous sembler paradoxal quand nous constatons toutes les manigances dont l’homme est capable en s’éloignant de Dieu…

Alors que Judas mène ses tractations secrètes avec les chefs des prêtres, Jésus connaissant le cœur de l’homme, révèle au grand jour leur complot : « L’un de vous va me livrer ! »

Chaque mot de ce texte est très précis et, si vous en avez le temps, je vous invite à relire et méditer ce texte.

Par exemple, quand Jésus dit « L’un de vous va me livrer ! », avez-vous remarqué que Judas réagit et pose sa question en dernier, alors que saint Matthieu suggère que tous les autres, doutant d’eux-mêmes, ont déjà posé leur question : « Est-ce moi ? »

Les onze accueillent la parole de Jésus chacun pour eux. La tristesse qu'ils ressentent est le fruit de leur foi en la parole du Seigneur. Si celui-ci dit que l'un d'entre eux va le trahir, ils se sentent immédiatement concernés et souffrent de cette possible trahison dont ils seraient potentiellement l'auteur. 

Il faut que le Seigneur énonce explicitement la menace qui pèse sur Lui pour que Judas se dévoile, alors qu'il était resté silencieux jusque-là. 

De fait, son cœur n'est déjà plus habité par l'amour. 

Au fond de lui-même, il a déjà trahi son maître. Un cœur qui aime Dieu est un cœur qui est conscient de sa possible faiblesse, tout en restant totalement confiant dans l'amour du Seigneur. 

 

Frères et sœurs, aujourd’hui encore, le combat qui se joue dans la trahison de Judas existe encore dans notre monde. Il y a des “Judas“, des Judas au cœur froid et sans pitié qui sont toujours là, même au cœur de l’Église.

Jésus, Lui, continue son œuvre de salut. « Le Fils de l’homme s’en va comme il est écrit à son sujet. Mais malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! » (Mt 26,24)

Dans ces jours saints qui s’annoncent, nous allons voir la vie et la mort s’affronter dans un duel prodigieux. Le Maître de la vie meurt. Mais Ressuscité, Vivant il règne. Chaque détail de la liturgie va nous mettre, pour peu que nous soyons attentifs, sur la voie de la compréhension de ce grand mystère. 

Nous entrons donc demain en Église, dans le Triduum Pascal. 

Chers amis, que ces trois jours Saints soient vécus, pour chacun de nous et en communauté paroissiale, en profonde intimité avec notre Sauveur !        

Puissions-nous avancer pas à pas, goûter cet Amour, écouter la voix de Jésus, souffrir avec Lui et nous réjouir avec Lui, lors de sa résurrection !                                                      

                                                                                            Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 11 avril 2022, Lundi saint, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 12, 1-11. Psaume 26. Livre du prophète Isaïe 42, 1-7.

 

 

En ce Lundi Saint commence notre semaine Sainte ! « Six jours avant la Pâque » : c’est ainsi aussi que débute l’évangile, en nous invitant, à nouveau, dans ce petit village de Béthanie. Nous connaissons bien ce village proche de Jérusalem, car c’est là que Jésus aimait venir, c’est là qu’il a réanimé Lazare. 

C’est là aussi qu’habitent ses sœurs Marthe et Marie. Marie de Béthanie apparaît dans l'Évangile comme une femme extraordinairement intuitive. Sans doute beaucoup de ses amis devaient la juger, à certaines heures, un peu surprenante et imprévisible. Par exemple : les jours où tout le monde s’activait à la cuisine, on trouvait Marie, assise aux pieds du Seigneur. (Lc 10,39)

Ce jour-là, six jours avant la Pâque, tous, après avoir pleuré la mort de Lazare, fêtaient sa réanimation. Nous avons en mémoire la belle profession de foi de Marie et sa sœur Marthe ! 

Dans un contraste saisissant, leur frère Lazare reprenait goût à la vie, mais Jésus, lui, allait goûter la mort.

 Marie ne faisait pas exprès de réagir autrement que les autres ! Elle ne cherchait pas à se singulariser. Simplement, c’était une femme qui, en chaque occasion, rejoignait l’essentiel, et posait les gestes que son cœur lui dictait !

Jésus, lui, a toujours pris la défense de Marie de Béthanie, car Il voyait en elle, non pas une paresseuse ou une excentrique, mais une femme capable de tous les courages pour suivre jusqu’au bout les certitudes de son cœur, une croyante prompte à s’oublier pour écouter les paroles de vie de son Seigneur.

Le paradoxe est là ! Il y a comme un décalage :

Jésus allait vers la mort, et tous ces gens ne pensaient qu’à la fête !

Sauf Marie ! Marie, l’intuitive ! Elle a voulu dire à Jésus ce qu’elle entrevoyait, ce qu’elle comprenait au fond de son cœur, ce qu’elle pressentait du mystère de Dieu qui traversait sa vie de prophète. Mais comme ces choses-là sont au-delà de toute parole, Marie les a dites avec son parfum et ses cheveux, avec ce gaspillage définitif, avec son geste démesuré et un peu fou, qui la rendait si heureuse. 

Nous pouvons déjà noter la fureur de Judas qui manifeste déjà, à cette occasion, la rupture d’amour à venir ! 

« Laisse-la », dit Jésus à Judas : « elle a gardé ce parfum pour ma sépulture. »

Mais qui a compris ? Ce qui est sûr, c’est que déjà, toute la maison est remplie de son parfum ! Marie, au début de cette grande Semaine, dans un geste prophétique, nous invite personnellement, à renouveler notre prévenance, notre délicatesse, notre gratitude envers notre Seigneur Jésus !

À nous, dans le secret de notre cœur, de trouver le geste que nous souhaitons pour Lui exprimer tout cela, c’est-à-dire notre reconnaissance, notre amour et notre présence !                                                                                                             

      Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 10 avril 2022, dimanche des Rameaux, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Lecture de la Passion selon saint Luc 22.14 à 23, 56. Livre du prophète Isaïe 50, 4-7.

Psaume 21. Lettre de saint Paul aux Philippiens 2, 5b-11.

 

Chers amis, le dimanche des Rameaux a deux versants, deux parties pourrait-on dire : 

  • Une première partie qui, ma foi, est bien sympathique, nous sommes réunis, nous agitons les rameaux qui seront bénis et ramenés dans nos maisons, nous avançons en procession. Vous êtes venus nombreux aussi acclamer Jésus comme la foule de Jérusalem.
  • Puis nous entendons ce long et poignant récit de la Passion de Jésus. 

Nous entrons dans la semaine Sainte en suivant le chemin de Jésus qui monte vers le Golgotha. 

Nous allons entendre que : « Dieu a tant aimé le monde qu’il nous a donné son Fils ». Et, comme nous le dit Saint Paul dans l’épitre : « Le Christ Jésus s’est dépouillé lui-même prenant la condition de serviteur… Il s’est abaissé lui-même… jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. »

Chers amis, nous sommes là au centre, au cœur de la Foi chrétienne symbolisée par cette croix bien visible dans notre Église. Mais au-delà de la mort et de la croix, n’oublions pas qu’il y a la résurrection que nous fêterons le jour de Pâques et qui donne sens à ce tragique chemin de croix.

Nous ne faisons pas qu’écouter une histoire. Cette Passion nous concerne. Elle nous invite à entrer véritablement dans cette actualité de Jésus qui donne sa vie pour chacun de nous ; n’oublions pas que Dieu nous aime et Il donne sa vie pour nous ! 

Dans ce simulacre de procès et poignant récit de la Passion il y a des témoins remarquables auxquels nous pourrions, peut-être, nous identifier. 

Si vous le voulez bien, regardons quelques acteurs qui participent, de près ou de loin, à cette montée au Golgotha.

    - Simon de Cyrène. Il n’a pas choisi d’aider Jésus à porter sa croix. Il est réquisitionné. Cet évènement s’impose à lui, mais, en le faisant, il devient l’aide et le serviteur de Jésus souffrant… Nous aussi, nous ne choisissons pas toujours ce qui nous arrive ou ce qui arrive à nos proches : quelle est notre attitude devant cette Croix ou la croix que portent ceux qui sont autour de nous ? Quand elle vient vers nous, cette croix peut prendre le visage de blessures, d'abandon, de solitude, du chômage, de la maladie, de la vieillesse, du deuil, ou de la mort…  Alors, sommes-nous le serviteur qui accompagne l’homme ou la femme en détresse, à l’image de Simon de Cyrène ? Et si le mal nous atteint personnellement, nous touche nous-mêmes dans notre tête, dans notre corps, comment portons-nous notre croix, à la suite de Jésus ?

    - Les femmes. Elles sont admirables ! Elles suivent Jésus dans la montée au calvaire, suffisamment proches pour le suivre et l’accompagner. On imagine sans peine la souffrance et l’épreuve de ces femmes qui tiennent bon, à contre-courant de la foule qui vocifère. Elles restent fidèles en suivant Jésus du calvaire et au-delà … jusqu’au tombeau. Ce sont elles, les premières, qui trouveront le tombeau vide au matin de Pâques et annonceront la résurrection du Seigneur aux Apôtres. Ces femmes nous apprennent à tenir bon dans l’épreuve et à espérer : voilà le témoignage qu’elles nous laissent ! En définitive, la mort et le mal sont vaincus et la lumière de Pâques jaillit. Parmi ces femmes, pensons particulièrement à Marie, la mère de Jésus. Elle est témoin, avec Jean, des dernières paroles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus. Le pardon suprême offert à ceux qui l’ont crucifié, montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » 

    - Jésus, Lui-même. Il vit sa passion et sa mort, parfaitement conscient qu’en prenant sur Lui la haine des hommes qui le condamnent et le péché du monde, Il accomplit, à ce moment-là, le grand mystère de l’amour de Dieu pour les hommes. Ce mystère de la Croix, comme celui de l’acharnement des chefs des prêtres, ou de la violence humaine…  reste difficilement compréhensible, supportable… cependant, pour notre Salut, Jésus accepte de passer par la mort pour que nous ayons la vie !

Tout au long de son chemin de croix, malgré l’épreuve, Jésus reste disponible et attentif à ceux et celles qu’ils trouvent sur son chemin : ses disciples, les femmes de Jérusalem, les bourreaux, le malfaiteur crucifié avec Lui, qui reconnaît ses fautes et à qui Jésus promet le paradis. 

Dans ses gestes et ses paroles ultimes, Jésus ne cesse de manifester l’attention, la tendresse et la bonté de Dieu son Père pour les hommes. Ce mystère est pour nous tous, une espérance !

C’est cette force et ce paradoxe de la Croix, qu’il nous faut découvrir et redécouvrir ! C’est pourquoi, nous entendons au début de la semaine Sainte, ce récit de la Passion pour qu’il chemine en nous-mêmes, pour qu’il alimente notre prière. 

Notons peut-être tout particulièrement ces phrases : « Je ne me suis pas dérobé » (Is50) ; « il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2)

Le Christ crucifié nous révèle à la fois sa détermination et son projet de Salut pour tous !

Alors frères et sœurs, au-delà du trouble éprouvé entre une foule capable d’acclamer Jésus le dimanche et de le condamner le vendredi suivant, ce Dimanche des Rameaux attire notre regard sur les jours Saints que nous allons vivre.

Ces jours ne sont pas anodins ! Prenons le temps de les vivre pleinement ! Prenons le temps de relire chaque jour la Parole de Dieu, le temps de la prière ! Accompagnons Jésus jour après jour !

Vivons ensemble, unis au Christ Sauveur, cette belle et intense semaine Sainte ! 

Prions les uns pour les autres ! Prions pour la paix dans le monde ! Prions et rendons gloire au Christ !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du mercredi 6 avril 2022, 5e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 8, 31-42. Cantique Daniel 3. 

Livre du prophète Daniel 3,14-20.91-92.95.

 

Nous sommes au 8e chapitre de l’évangile selon saint Jean et le texte que nous venons d’entendre est captivant ; je vous invite vraiment à le relire. Il soulève plusieurs thématiques parmi lesquelles je vais en retenir une : la question de la liberté et de l’esclavage ! 

Suis-je libre ? Ou bien, y a-t-il en moi un esclavage qui demeure ?

Le critère qui permet de reconnaître la vérité est son fruit ; le fruit de la liberté est la capacité à choisir le bien. 

  • La vérité rend libre, elle fait de nous des fils dans la maison du Père. 
  • Le péché rend esclave, car il contient toujours un mensonge.

Alors pour nous, le dilemme est toujours là : liberté ou esclavage ? Choisissons ! 

La parole de Jésus ne peut laisser personne en repos. Et ce qu'il disait il y a 2000 ans retentit avec la même force aujourd'hui, pour qui veut bien entendre : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres ».

À peine Jésus vient-il de dire cela que ses auditeurs sont piqués au vif et lui répliquent : « Nous sommes les descendants d'Abraham, et nous n'avons jamais été esclaves de personne. »

Soit dit en passant, ils semblent oublier les quatre cents ans de servitude en Égypte... Cependant Jésus met le doigt sur l'esclavage véritable et précise : « Tout homme qui commet le péché est esclave du péché. Si donc le Fils de Dieu vous rend libres, réellement vous serez libres ».

Quels choix ? Comment discerner dans le concret de notre vie ? Dilemme entre tout ce que nous entendons, par exemple, dans cette actuelle campagne présidentielle : esclavage ? Compromissions ? Liberté ? Vérité ? 

Il nous faut démêler le vrai du faux ! Plus nous voulons aimer et servir Dieu, plus nous voulons aimer et servir nos frères et sœurs, plus nous découvrons aussi en nous, tout ce qui y fait obstacle, tout ce qui nous fait dire avec saint Paul : « Je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas » (Romains 7, 19).

Alors, faut-il en prendre son parti et baisser les bras ? Est-ce perdu pour nous de faire le choix de la liberté et de renoncer à tout esclavage ? Surtout pas ! Tomber et toujours se relever, c'est ce que nous faisons à longueur de vie, avec la grâce de Dieu, et cela jusqu'à notre dernier jour où cette fois nous tomberons... dans les bras de Dieu ! 

Et si nous osions, en cette fin de Carême, en ces quelques jours qui nous restent à parcourir, découvrir en nous-mêmes, peut-être nos manques de liberté, ce qui est esclavage afin de les débusquer ?  Aurons-nous l’audace ou l’humilité d’aller rencontrer Jésus dans le sacrement de réconciliation ? 

Frères et sœurs, voilà l’invitation que nous recevons ! 

Choisissons la liberté avec la grâce de Dieu ! Choisissons avec Jésus la vérité !

                                                                                                            Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 4 avril 2022, 5e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 8, 12-20. Psaume 22. 

Livre du prophète Daniel 13,1-9.15-17.19-30.33-62.

 

 

En cette dernière semaine de Carême et avant d’entrer dans la Semaine Sainte, nous constatons que la liturgie nous invite à toujours plus de réflexion, à réentendre l’Origine, (c’est-à-dire d’où nous venons) et, en même temps, la finalité de notre vie (c’est-à-dire où nous allons) !

En affirmant, dans l’évangile que nous venons d’entendre : « Je sais d’où je suis venu, et où je vais » (v.14), Jésus pose comme fondement son autorévélation :

  • la question de son origine (c’est-à-dire qu’Il lie son identité profonde « la lumière du monde » (v.12)
  • la source de son être (le « d’où je viens ») 
  • et le sens de sa vie (le « où je vais »). 

Tenue, entre l’alpha et l’oméga, qui l’ont fait sortir du Père et revenir au Père, se dessine sa route d’Incarnation, c’est-à-dire :

  • sa venue au monde (la Nativité)
  • sa Passion, sa mort, sa Résurrection
  • et son Ascension.

C’est un chemin de croix parsemé d’épreuves, de tentations, de ténèbres, de don de soi à son Père que Jésus va vivre et, en même temps, ce chemin sera lumière pour le monde ! 

Jésus va réellement le traverser et en sortira vainqueur, car Il ne sera jamais seul (Cf. v.16), parce qu’Il sait que le Père est toujours avec Lui.

Ce chemin de vie, entre naissance et mort, est aussi le nôtre, avec nos joies et nos difficultés. Ce qui est certain, c’est que le Seigneur ne cessera pas d’être avec nous et qu’Il nous indique la vraie route !

Pour pouvoir comprendre le sens de notre vie et même porter un juste jugement, il faut savoir d'où l’on vient et où l’on va ! L'homme comprend et juge de manière purement humaine, car il ne connaît pas son mystère. Nous naissons, nous mourrons, mais ces deux moments de notre vie nous échappent totalement. Notre vie appartient à Dieu, car c'est Lui qui en est l'origine et le terme. 

Jésus, lui, connaît son mystère. Il sait d'où Il vient et où Il va.

Chaque disciple qui s’engage à la suite du Christ suivra une route illuminée de sa présence, « il ne marchera pas dans les ténèbres, mais dans la lumière. » (v.12).

Jésus nous propose d’emprunter, derrière Lui, ce même chemin. Comme Lui-même est uni au Père, Il nous fait entrer dans cette dynamique trinitaire (du Père et du Fils, éclairée par l‘Esprit Saint) en nous proposant de nous unir à Lui. 

C’est l’invitation qui nous est offerte !

Ainsi cette controverse, si âpre, avec les Pharisiens, nous livre des paroles capitales de Jésus sur le mystère de sa personne. Jésus, l'envoyé, et le Père qui l'envoie, demeurent unis, distincts, et un, dans l'action comme dans leur amour.

Cette unité est là : mêmes œuvres, mêmes paroles, même témoignage.

Frères et sœurs, nous avançons vers la Semaine Sainte. Puissions-nous continuer notre programme, notre projet de ce Carême ! Nous avons encore quelques jours pour nous ressaisir, pour mieux comprendre, mieux ouvrir notre cœur, mieux nous préparer à ce que Dieu veut pour chacun de nous. Restons dans la joie ! 

Laissons-nous illuminer par la présence du Christ !                                                  

                                                                                                             Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 3 avril 2022, 5e  dimanche du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 8, 1-11. Livre du prophète Isaïe 43, 16-21. Psaume 125. 

Lettre de saint Paul aux Philippiens 3, 8-14.

 

Chers amis, nous voilà arrivés au 5e dimanche de ce temps du Carême ! Les statues de cette église sont déjà voilées comme pour signifier que nous entrerons sous peu dans la Semaine Sainte !

Les évangiles des quatre premiers dimanches du Carême 2022 (Année C) nous ont permis d'explorer différents aspects de la réconciliation que Dieu nous offre. 

Reprenons rapidement la thématique de ces différents textes : 

  • Premier dimanche : la tentation de Jésus au désert, nous a amenés à réaliser que le mal et la tentation font partie intégrante de la nature humaine. Le Christ nous a montré comment y résister pour nous en donner la force.
  • Deuxième dimanche : la transfiguration sur la montagne nous a permis de voir Jésus dans toute sa splendeur de Ressuscité, vainqueur de la mort et du péché.
  • Troisième dimanche : la parabole du figuier stérile nous a permis de comprendre la patience du Christ-vigneron qui nous donne encore un peu de temps pour porter du fruit.
  • Quatrième dimanche : celle du fils prodigue nous amène à voir Dieu comme un Père, un Père qui nous aime, qui nous accueille quand nous revenons humblement à Lui, en lui demandant pardon.
  • Aujourd'hui, cinquième dimanche, la lecture de la femme adultère nous permet, une fois encore, de comprendre et d'expérimenter la miséricorde de Dieu. 

Quel bonheur de découvrir la profondeur de tous ces textes !

    L’évangile de saint Jean que nous venons d’entendre est bien connu. Et pourtant sa relecture a quelque chose de nouveau à nous dire encore et toujours.

    Dans ce texte, nous voyons Jésus, assis dans le Temple, qui enseigne le peuple. Arrivent les pharisiens et les scribes qui amènent une femme accusée d’adultère. Ces pharisiens se considèrent comme des justes ; ils ont le pouvoir et le savoir. 

Cette femme dont nous ne savons pas le nom a donc été surprise en flagrant délit d’adultère. 

Apparemment la loi hébraïque est simple, cette faute entraîne la lapidation. Enfin, la loi dit plus précisément, dans le livre du Lévitique au chapitre 20 verset 10 : « Quand un homme commet l’adultère avec la femme de son prochain ils seront mis à mort, l’homme adultère aussi bien que la femme adultère ».

Les scribes et les pharisiens ne semblent pas seulement vouloir appliquer la loi, oubliant que pour commettre l’adultère, il faut être deux. C’est donc bien Jésus que les scribes veulent mettre à l’épreuve en lui tendant un piège pour le confondre ! 

    En effet, inlassablement Jésus enseigne : l’amour, la miséricorde de Dieu ; Dieu qui nous aime, Dieu qui se fait proche, Dieu qui veut la vie pour chacun de nous !

  • Si Jésus condamne cette femme alors son enseignement s’avère contradictoire et sans intérêt. 
  • Si en revanche, Il ne la condamne pas, alors Il se met en opposition à la loi et peut être Lui-même condamné.

    L’attitude humble et pédagogique de Jésus est étonnante. Il s’abaisse, trace des traits sur le sol. Il attend en se taisant. Un silence qui dure … Pressé de répondre par les scribes, Il se redresse et dit : « Celui d’entre vous qui n’a jamais péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. ». Puis il s’abaisse à nouveau et attend.

 Cette phrase fait mouche en adressant au cœur de ces hommes qui cherchaient à le mettre à l’épreuve ; : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »

             Cette affirmation en dit long sur notre condition humaine.

Qui pourrait dire qu’il est parfait et sans péché ? Qui peut s’ériger en juge de son frère ? 

La réponse ne tarde pas : tous partent en commençant par les plus âgés. 

Certes, un manquement est un manquement, un mal est un mal, un outrage est un outrage… 

Jésus nous ne dit pas que le péché serait sans conséquence ! L’adultère fait toujours souffrir des hommes, des femmes, des enfants, des familles. Le Seigneur ne relativise pas pour autant, cette souffrance infligée à autrui, Il n’est pas indifférent à tout type de mal. Il a lui-même été confronté à diverses tentations comme nous l’avons vu en début de ce Carême. 

Il ne saurait être complice de ce qui blesse l’homme. Non, Jésus ne ferme pas les yeux sur la gravité du péché, mais Il les ouvre sur le visage du pécheur par sa miséricorde. Il a toujours dénoncé le péché, mais toujours accueilli le pécheur.

Il nous redit littéralement : « Oui, tu es un pécheur. Mais tu es plus que ta faute. Tu seras toujours plus grand, plus grande que ta faute. Plus grand, plus grande que tous tes péchés ; car tu es mon frère, ma sœur, mon fils, ma fille. » 

     J’aime personnellement, me rappeler cette phrase tirée de la première épître de saint Jean : « si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses ! » (1 Jn 3,20) 

Dieu est plus grand que notre cœur...

Jésus marque de la considération pour le pécheur, et non pour le péché. Cet évangile nous montre le vrai visage de Dieu, celui de la miséricorde et du pardon. 

            Frères et sœurs, n’oublions pas que pour notre vie chrétienne, nous avons en Église, 7 sacrements pour conduire notre vie chrétienne. En ce temps  de Carême, pensons particulièrement au sacrement de réconciliation ! Bien sûr, si vous êtes sans péché, vous n’en aurez pas besoin … mais, pardon de le dire si nettement, j’en doute !

            Démarche d’humilité, mais démarche libératrice que celle de demander pardon à son frère et à Dieu, pour les écarts de paroles ou de conduite, pour les manquements à l’amour qui jalonnent notre vie, les gestes déplacés ou des pensées qui ont pu dépasser notre pensée.

            Pour ce sacrement, de nombreuses heures de permanence et d’accueil sont proposées sur notre Paroisse et au centre-ville de Grenoble.

Préparer Pâques, c’est aussi nous soulager du poids de nos péchés pour se relever, choisir le bien, rejeter le mal et marcher joyeux vers le Christ mort et ressuscité pour nous, pour notre salut. Dieu nous veut libres et légers !

Dieu n’attend pas que nous changions pour nous pardonner ; Il nous pardonne pour que nous changions. Voilà cette belle et sainte nouvelle que nous recevons en ce 5e dimanche de Carême !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 30 mars 2022, 4e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 5, 17-30. Psaume 144. Livre du prophète Isaïe 49, 8-15.

 

Chers amis, nous avançons dans ce temps du Carême et nous voyons déjà poindre les événements de la Semaine Sainte. Jésus vient de guérir un infirme, et cela, le jour du sabbat : c'est un scandale pour beaucoup. Pourtant, ce geste est non seulement un geste de salut, mais également, un geste de révélation.

Par cette action, Jésus se dévoile et il prend le temps de s’expliquer. 

Selon son habitude, Il va profiter de ces critiques pour manifester sa condition de Fils de Dieu et, en conséquence, de Maître du Sabbat. 

Nous le savons, certaines de ses paroles motiveront sa condamnation lors du jugement chez Caïphe. Rappelez-vous, quand Jésus se présentera comme Fils de Dieu, le grand prêtre déchirera ses vêtements, en disant : « Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous venez d'entendre le blasphème ! Quel est votre avis ? » (Mt 26,65).

Le scandale pour le Sanhédrin est, en effet, dans l’affirmation de son rapport à Dieu le Père : « il disait que Dieu était son propre Père et il se faisait ainsi l'égal de Dieu. » Jésus dérange parce qu'il révèle un autre visage de Dieu, parce que ses gestes de salut et ses affirmations bousculent la conception de Dieu de ses auditeurs et interlocuteurs.

Face à toutes ces critiques, Jésus reste fidèle à l'attitude qui fut la sienne devant les provocations du Diable au désert : Il ne prend pas la place de celui qui est la source de sa vie, de ses actes, de ses paroles. Il réaffirme avec foi et conviction : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu'il voit faire par le Père. » 

Nous pourrions nous poser cette question : mais que fait le Père ?

Comment comprendre spirituellement son affirmation ?

La lecture du psaume 144 peut nous y aider !

Que nous dit-il aujourd’hui ? 

« Le Seigneur est tendresse et pitié : sa bonté est pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres. Il est fidèle en tout ce qu’il fait » (Ps 144). Cet extrait du psaume résume précisément, l’enseignement de la liturgie de la Parole de ce jour. (Remarquons que les textes se répondent !)

Quel mystère surprenant, toujours à méditer et à approfondir !

Nous pouvons dans notre prière d’aujourd’hui méditer ces textes, prendre du temps avec Jésus ! Le Fils ne fait que ce qu'Il voit faire par le Père. Toute l’œuvre de Jésus, y compris sa passion, n'est que manifestation de ce que le Fils a vu faire par le Père. 

Qu'a-t-il donc vu ? Il a vu un Père qui donne sa vie, qui aime profondément, qui donne tout son être, dont l'existence et l'être ne sont que don de soi. 

Prenons le temps aujourd'hui de contempler Jésus se donnant, prendre le temps ne serait-ce qu'en priant Jésus en Croix cette grâce d'apprendre à l'imiter en toutes choses et en toute occasion, pour nous aussi, ressembler au Père.                                                                                                                                                     

                                                                                                                  Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 28 mars 2022, 4e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 4, 43-54. Psaume 29. Livre du prophète Isaïe 65, 17-21.

 

Chers amis, il y a beaucoup de déplacements dans cet évangile. Peut-être avons-nous encore quelques difficultés à connaître les distances entre les villes de Cana, Capharnaüm (35kms), ou encore à situer les régions de la Galilée et de la Judée… Retenons simplement que, lors de la noce à Cana, l’eau est changée en vin, une joie surabondante est offerte à tous ; la fête est sauvée ! Tel est le premier signe donné par Jésus, c’était « à Cana de Galilée, le commencement des signes de Jésus. » 

Saint Jean, dans ce chapitre, nous rapporte le second signe de Cana, un signe d’une tout autre ampleur. Cela se passe aussi un troisième jour et cette précision importante met aussitôt notre attention en éveil. Il sera donc question de vie et de mort…

Voici donc que Jésus fait un nouveau miracle : la guérison du fils d’un fonctionnaire royal. Si le premier avait été très spectaculaire (600 litres de vin millésimé !), celui-ci est sans aucun doute, bien différent : il ne résout pas un embarras matériel, il s’agit de guérir une vie humaine.

Ce qui attire l’attention ici, c’est que Jésus agit à distance, car Il reste à Cana. Il ne se rend pas à Capharnaüm pour guérir directement le malade. Il lui redonne la santé sans bouger de Cana : « Le fonctionnaire royal lui dit : ‘Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure!’. Jésus lui répond : ‘Va, ton fils est vivant ! » (Jn 4,49.50).

Quelle foi chez ce fonctionnaire royal, car il croit vraiment en la parole de Jésus !

Quelle leçon pour nous, ce matin ! 

Qu’est-ce ce texte peut nous dire ?

Cette scène nous rappelle que, tous, nous pouvons faire beaucoup de bien à distance, sans devoir être présents à l’endroit où l’on sollicite notre générosité. Comment faire ? En gardant contact avec les membres éloignés de nos familles, une personne malade ou en maison de retraite… Nous pouvons aider, tels ou tels projets missionnaires… Nous pouvons collaborer par la prière ou économiquement avec des missionnaires ou avec des associations catholiques qui agissent. Nous pouvons même donner de grandes joies à beaucoup de gens qui sont peut-être loin de nous physiquement et qui attendent de nous un signe, par un simple appel téléphonique, une lettre ou un message électronique.

Bien souvent, nous trouvons une bonne excuse dans l’impossibilité d’être physiquement présents dans les lieux où il y a pourtant des nécessités urgentes. Jésus, Lui, n’a pas cherché d’excuse en disant que Capharnaüm était trop éloignée : Il a accompli le miracle.

La distance n’est pas un problème à l’heure d’être généreux, car la générosité sort du cœur et dépasse les frontières et les distances.

Peut-être pouvons-nous prendre contact avec des personnes éloignées de nous et qui sont en attente d’un petit mot, d’un petit geste, d’une prière. 

Voilà un point de réflexion et d’action, simple et concret, pour ce temps de Carême : un bel effort de Carême !

Frères et sœurs, demandons au Seigneur l’audace de ces initiatives et accomplissons, chacun de nous, déjà « le miracle » d’une proximité !

                                                                                                                   Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 27 mars 2022, 4e  dimanche du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 15, 1-3.11-32. Livre de Josué 5, 9a.10-12. Psaume 33. 

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 17-21.

 

Nous connaissons bien cette merveilleuse page d’évangile ! Peut-être avez-vous pris le temps de la méditer ces derniers jours, en préparant les textes de ce dimanche … 

Cette parabole de l’Évangile de saint Luc que nous venons de lire, a souvent comme titre : « la parabole de l’Enfant prodigue » ou encore la parabole : « du Fils prodigue ». On préfère aujourd’hui, la nommer : « la parabole du Père miséricordieux. » L’accent n’est plus forcément mis sur les fautes, le péché, mais plutôt, en positif, sur le pardon, la miséricorde et plus particulièrement encore sur la joie dans cette intimité avec le Père ! Nous comprenons peut-être davantage ce lien avec ce dimanche de Laetare où la couleur rose domine sur le violet !

La joie de Dieu est d’annoncer sa miséricorde ! Le terme de miséricorde se dit en hébreu, la langue principale de la Bible dans l’Ancien Testament, « rahamim » qui est un pluriel qui signifie « entrailles ». Être miséricordieux, c’est être ému jusque dans ses entrailles, au plus profond de nous-mêmes. La miséricorde est ainsi vue comme venant du dedans, comme une émotion remplie de bienveillance, d’amour et de joie comparable à celle d’une maman pour son enfant qu’elle a porté dans ses entrailles. 

C’est avec cet arrière-fond de pardon, de miséricorde et de joie que nous pouvons entendre aujourd’hui la parabole du Père miséricordieux. 

     Un père et ses deux fils ! En réalité, si vous avez pris le temps de méditer cette parabole, ces fils ne sont pas si éloignés de nous ! 

Savez-vous que dans bien des histoires diverses, nous nous ressemblons tous beaucoup et ceux qui paraissent les plus différents sont parfois bien semblables. Certes, nous avons tous notre histoire singulière, mais, nos souvent nos histoires s’entremêlent !

Regardons les deux fils dont il est question aujourd’hui dans cette parabole. Tout semble les opposer : 

  • Il y a le bon fils ainé : obéissant, mesuré, travailleur !
  • Et le petit dernier : un peu rebelle, trop impulsif, centré sur lui-même !

Malgré les apparences, les deux fils de cette parabole se ressemblent, en fait, beaucoup. Pourquoi ?

Ils ont l’un et l’autre une attitude similaire par rapport à leur père (c’est-à-dire le même rapport à Dieu le Père, puisque c’est bien Lui qui est représenté dans cette parabole.) Fondamentalement, l’un et l’autre font la même erreur en mélangeant, par exemple : le devoir et l’amour ou plus particulièrement encore, dans la thématique de ce jour : le plaisiret la joie !

Plaisir et joie ne disent pas la même chose :

  • Le plaisir est une réalité physique, une sensation agréable éprouvée dans notre corps suite à certains stimuli tels une rencontre, un achat, une idée, une amourette… 
  • La joie est une réalité spirituelle, un fruit de l’Esprit Saint qui se développe en nous quand nous nous appliquons à vivre une vie juste, bonne et vraie ! 
  • Le plaisir est superficiel, il dure un instant : il va, il vient ! C’est une « bonne-heure »
  • La joie est profonde et lus durable : elle demeure même quand les circonstances sont moins plaisantes, tant que notre vie est fixée dans le juste et le bien.

Si le plaisir et la joie ne signifient donc pas la même chose, il y a pourtant un lien entre joie et plaisir : le plaisir est fait pour accompagner la joie ; non pas comme quelque chose d’automatique, mais plutôt comme une surabondance, gratuitement. 

Le plaisir et la joie sont faits pour aller de concert, mais parce que nous vivons sous le régime du péché originel, ils peuvent se déconnecter l’un de l’autre. Il peut y avoir de la joie sans plaisir et du plaisir sans joie.

Ce que le Père veut donner à ses fils (pas seulement à ceux de la parabole, mais aussi à chacun de nous, aujourd’hui), c’est le meilleur, c’est-à-dire la joie : sa joie ! Et la joie vient de cette proximité avec le Père. Et même plus précisément : la joie, c’est de demeurer avec le Père. Avons-nous réellement conscience que notre joie la plus profonde, même si pouvons la goûter à certains moments, sera vécue pleinement dans la vie éternelle, avec Lui. Être avec Dieu au ciel et pour toujours !

Ce que cherchent l’un et l’autre des deux fils, c’est le plaisir : une immédiateté, une certaine jouissance. Certes, ils le cherchent différemment, mais pour l’un comme pour l’autre, le sommet de leur quête, ce qui dirige leurs actions, ce n’est pas la recherche de la joie de demeurer avec le Père : c’est un contentement, un plaisir, une extériorité ! Avec surprise, nous constatons que le Père peut être même compris comme un obstacle !  

C’est très clair pour le fils cadet. En demandant sa part d’héritage et en partant, il souhaite se déconnecter d’une intimité avec le Père. Mais ça ne marche que pendant un moment. Loin de la source de la joie, parce que la vie peut être complexe, le plaisir passager ne nourrit pas le cœur de l’homme. 

La vraie joie, c’est d’être avec le Père et de vivre comme un fils, une fille, : expérimenter être un enfant bien aimé, œuvrer avec Lui, de collaborer à son œuvre.

Cela non plus le fils aîné ne l’a pas compris. Il ira jusqu’à accuser son frère d'avoir dépensé le bien du père et de reprocher à son Père de n'avoir jamais eu part à nul bien. En fait, le fils aîné commet la même erreur, le même péché que le fils cadet. Celui-ci, dans une logique comptable, avait réclamé sa part, oubliant que tout ce qui était au père était à lui aussi.

En fait, ce qui est en-dehors de la vie avec le Père, c’est cela qui désigne le « péché ».

Le Père, lui, nous invite à la gratuité et à la miséricorde, Il nous invite à cesser de compter. À qui demande, Il donne sans mesure, car c'est Lui-même qu'il donne. Sa communion est ouverte à tous et à tout instant. 

Sa joie du don devient alors notre joie ! Mais aussi, n’oublions pas que notre Joie d’être avec Lui, devient sa joie !

Nous savons bien que la joie peut sembler difficile dans notre monde qui souffre de guerres, d’injustice, de combats de toutes sortes… Face à l’impuissance que chacun peut ressentir confronté à certains événements difficiles de la vie, la vraie joie est cependant possible ! Oui, elle est toujours possible !

Frères et sœurs, ce temps de Carême est cette invitation à un retour au Père, à chercher à vivre une vraie intimité avec Lui, et plus particulièrement de puiser dans la prière et le sacrement du pardon : la force, la paix et la joie.

Ce dimanche de Laetare, dimanche de la joie, nous invite donc à une réflexion intérieure, à nous questionner sur la vraie Joie que nous désirons au plus profond de nous-mêmes ! 

Prenons le temps de la réflexion, de la méditation, sans oublier que le rose nous appelle à la joie de Pâques ! La fête de Pâques qui approche est peut-être l’occasion ainsi de nous réjouir dans le Seigneur !                       

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du vendredi 25 mars 2022, Annonciation du Seigneur, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 26-38. Livre du prophète Isaïe. 7,10-14. 8,10. Psaume 39. 

Lettre aux Hébreux 10, 4-10.

 

Nous connaissons bien ce récit de l’Annonciation et la majestueuse salutation de l’ange qui reconnaît, en Marie, celle qui est « comblée de grâce » ! 

A cette salutation, Marie est toute bouleversée !

Oui, Marie est toute bouleversée ! Ce trouble, que certains diront bien compréhensible, permet à l’ange, au messager du ciel de lui préciser : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » 

Pour accueillir, en elle, le Fils de Dieu, ne fallait-il pas, certes une coupe très pure, mais aussi une âme « craintive de Dieu » ?

 

Ce mot de « crainte » finalement est assez mal compris aujourd’hui ! Beaucoup comprennent simplement : peur, malaise, frayeur, doute, angoisse… et finalement incapacité !

 

Pensons-nous que Marie était tremblante de peur ? 

En réalité : non ! Marie était habitée par cette assurance donnée par le Seigneur, cette reconnaissance de ce qu'elle est pour Lui, qui donne à Marie la force et l'audace incroyables d'entrer par tout elle-même, dans son plan de salut !

 

« Sois sans crainte ! » Cette consigne de l'Ange à Marie, cet encouragement du Seigneur est pour chacun de nous, ce matin. « Sois sans crainte, toi qui es devant le Seigneur ! » Cela vient balayer de notre vie bien des réflexes de peur et bien des timidités devant l'œuvre de Dieu. 

 

Certes, nous n'avons pas reçu pour mission de modeler au Fils de Dieu un corps humain, mais nous avons une responsabilité très réelle qui nous est confiée à toute vraie servante et à tout serviteur de Dieu !

« Sois sans crainte ! », nous redit Dieu quand Il nous appelle : « Écarte de ton cœur tous les retours paralysants du passé; Dénonce avec lucidité et courage les misères 

et les conflits du présent, extérieurs ou intérieurs à toi-même, détourne de tes yeux toute angoisse pour l'avenir, puisque Je suis et serai avec toi pour toujours. »

 

 Dans notre monde où la pandémie comme les médias nous poussent à avoir peur de tout contact, et même de mon frère et de ma sœur au risque de m’en détourner, de mettre une distance pour me préserver. Comment alors, aller annoncer à temps et à contretemps que Dieu nous aime et qu’Il veut notre salut : « Sois sans crainte ! » De fait, en ce jour, frères et sœurs, demandons cet esprit d’audace et cette même assurance pour de balayer toute crainte de notre vie, car nous sommes dans la main de Dieu !

 

       À l’occasion de cette solennité, à l’invitation du Pape François, unissons-nous à la prière de tous les chrétiens à travers tous les pays et redisons ensemble la consécration au Cœur Immaculé de Marie, pour l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine :

 

« Ô Marie, Mère de Dieu et notre Mère, en cette heure de tribulation nous avons recours à toi. Tu es Mère, tu nous aimes et tu nous connais : rien de tout ce à quoi nous tenons ne t’est caché. Mère de miséricorde, nous avons tant de fois fait l’expérience de ta tendresse providentielle, de ta présence qui ramène la paix, car tu nous guides toujours vers Jésus, Prince de la paix.

Mais nous avons perdu le chemin de la paix. Nous avons oublié la leçon des tragédies du siècle passé, le sacrifice de millions de morts des guerres mondiales. Nous avons enfreint les engagements pris en tant que Communauté des Nations et nous sommes en train de trahir les rêves de paix des peuples, et les espérances des jeunes. Nous sommes tombés malades d’avidité, nous nous sommes enfermés dans des intérêts nationalistes, nous nous sommes laissés dessécher par l’indifférence et paralyser par l’égoïsme. Nous avons préféré ignorer Dieu, vivre avec nos faussetés, nourrir l’agressivité, supprimer des vies et accumuler des armes, en oubliant que nous sommes les gardiens de notre prochain et de la maison commune. Nous avons mutilé par la guerre le jardin de la Terre, nous avons blessé par le péché le cœur de notre Père qui nous veut frères et sœurs. Nous sommes devenus indifférents à tous et à tout, sauf à nous-mêmes. Et avec honte nous disons : pardonne-nous, Seigneur !

Dans la misère du péché, dans nos fatigues et nos fragilités, dans le mystère d’iniquité du mal et de la guerre, toi, Mère sainte, tu nous rappelles que Dieu ne nous abandonne pas et qu’il continue à nous regarder avec amour, désireux de nous pardonner et de nous relever. C’est Lui qui t’a donnée à nous et qui a fait de ton Cœur immaculé un refuge pour l’Église et pour l’humanité. Par bonté divine, tu es avec nous, et tu nous conduis avec tendresse, même dans les tournants les plus resserrés de l’histoire

Nous recourons donc à toi, nous frappons à la porte de ton Cœur, nous, tes chers enfants qu’en tout temps tu ne te lasses pas de visiter et d’inviter à la conversion. En cette heure sombre, viens nous secourir et nous consoler. Répète à chacun d’entre nous : “Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère?” Tu sais comment défaire les nœuds de notre cœur et de notre temps. Nous mettons notre confiance en toi. Nous sommes certains que tu ne méprises pas nos supplications et que tu viens à notre aide, en particulier au moment de l’épreuve.

C’est ce que tu as fait à Cana de Galilée, quand tu as hâté l’heure de l’intervention de Jésus et as introduit son premier signe dans le monde. Quand la fête était devenue triste, tu lui as dit : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Répète-le encore à Dieu, ô Mère, car aujourd’hui nous avons épuisé le vin de l’espérance, la joie s’est dissipée, la fraternité s’est édulcorée. Nous avons perdu l’humanité, nous avons gâché la paix. Nous sommes devenus capables de toute violence et de toute destruction. Nous avons un besoin urgent de ton intervention maternelle.

Reçois donc, ô Mère, notre supplique.
Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.
Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation.
Toi, “terre du Ciel”, ramène la concorde de Dieu dans le monde.
Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon.
Libère-nous de la guerre, préserve le monde de la menace nucléaire.
Reine du Rosaire, réveille en nous le besoin de prier et d’aimer.
Reine de la famille humaine, montre aux peuples la voie de la fraternité.
Reine de la paix, obtiens la paix pour le monde.

Que tes pleurs, ô Mère, émeuvent nos cœurs endurcis. Que les larmes que tu as versées pour nous fassent refleurir cette vallée que notre haine a asséchée. Et, alors que ne se tait le bruit des armes, que ta prière nous dispose à la paix. Que tes mains maternelles caressent ceux qui souffrent et qui fuient sous le poids des bombes. Que ton étreinte maternelle console ceux qui sont contraints de quitter leurs maisons et leur pays. Que ton Cœur affligé nous entraîne à la compassion et nous pousse à ouvrir les portes et à prendre soin de l’humanité blessée et rejetée.

Sainte Mère de Dieu, lorsque tu étais sous la croix, Jésus, en voyant le disciple à tes côtés, t’a dit : « Voici ton fils » (Jn 19, 26). Il t’a ainsi confié chacun d’entre nous. Puis au disciple, à chacun de nous, il a dit : « Voici ta mère » (v. 27). Mère, nous désirons t’accueillir maintenant dans notre vie et dans notre histoire. En cette heure, l’humanité, épuisée et bouleversée, est sous la croix avec toi. Et elle a besoin de se confier à toi, de se consacrer au Christ à travers toi. Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère.

        Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. Accueille cet acte que nous accomplissons avec confiance et amour, fais que cesse la guerre, assure au monde la paix. Le “oui” qui a jailli de ton Cœur a ouvert les portes de l’histoire au Prince de la paix ; nous espérons que la paix viendra encore par ton Cœur. Nous te consacrons l’avenir de toute la famille humaine, les nécessités et les attentes des peuples, les angoisses et les espérances du monde.

        Qu’à travers toi, la Miséricorde divine se déverse sur la terre et que la douce palpitation de la paix recommence à rythmer nos journées. Femme du “oui”, sur qui l’Esprit Saint est descendu, ramène parmi nous l’harmonie de Dieu. Désaltère l’aridité de nos cœurs, toi qui es “source vive d’espérance”. Tu as tissé l’humanité de Jésus, fais de nous des artisans de communion. Tu as marché sur nos routes, guide-nous sur les chemins de la paix. 

Amen.

Homélie du mercredi 23 mars 2022, 3e semaine du Carême, année C. 

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 17-19. Psaume 147. Livre du Deutéronome 4, 1.5-9. 

 

« Pas un iota, pas un point sur le « i », pas un trait ne disparaîtra de la Loi, jusqu’à ce que tout se réalise ». 

Il faut connaître, un peu…l’alphabet hébreu pour comprendre le premier sens de cette phrase ! En effet, l’alphabet hébraïque est consonantique, c’est-à-dire qu’il ne comprend pas de voyelle ! Le texte de la Loi ne donne donc à voir que des consonnes. Pour parvenir à l’entendre, il nous faut ajouter les voyelles – « points, traits, iota » – qui permettent de vocaliser le texte, c’est-à-dire d’écouter la Voix qui parle sous la lettre (par exemple : « pp » pour papa, papi ou papou et même : pipi…) 

Le sens second de cette phrase pourrait se résumer ainsi : « Donner une vie nouvelle à ce qui nous vient du passé… » 

Devant l’inconstance capricieuse de l’homme, quelle a été la pédagogie de Dieu ? 

Dieu s’est fait connaître aux prophètes qui, là encore, sont souvent rejetés et persécutés. Pendant des siècles, la loi de Moïse a guidé le peuple juif vers la rencontre du Dieu unique. De plus, pendant trente ans, Jésus a positivement observé les lois et les coutumes de son temps.  Ces lois et ces coutumes lui ont permis de se préparer à sa mission pour conduire ce peuple plus loin.  

Notons que Jésus ne rejette pas les prescriptions de son temps, mais Il leur confère un sens nouveau. « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » Pour Jésus, il n’est pas question de « conservatisme figé » ni, non plus, de bouleversement qui changerait tout. Il s’agit de donner une vie nouvelle à ce qui nous vient du passé. Ce n’est pas parce qu’une tradition est ancienne qu’elle est bonne à garder ! Ce n’est pas parce qu’une idée est nouvelle qu’elle serait forcément bonne. Jésus nous propose une synthèse harmonieuse entre la tradition et le progrès : l’accomplissement.  

Face à nos rigidités et nos multiples blocages, il nous faut réentendre l’espérance exprimée par Jésus : « Je suis venu ACCOMPLIR la Loi ! ». Accomplir la Loi, c’est le mystère de Pâque. Ce mystère est incompréhensible si nous n’entrons pas dans l’intelligence de la Foi.  

C’est seulement avec le cœur que nous pourrons comprendre le mystère de Pâque ! 

 Notre espérance est là : la pâque du Christ est accomplissement de la Vie qui triomphe de la Mort ! Cette pâque nous apprend, dans un premier temps,  à écouter : « Écoute, Israël ! » 

Accomplir la Loi, c’est peut-être apprendre à écouter en vérité, avec le cœur. Quand bien même nous savons que notre écoute est encore pleine de suffisance, d’interprétation inconsciente, d’imaginaire trompeur de l’autre et de ses intentions, à chacun de nous d’avancer en confiance… 

Accomplir la Loi, c’est peut-être écouter autrement et autre chose qu’une liste de préceptes ou d’obligations à suivre ou à transgresser. La Loi donne le sens de la marche. Jésus va jusqu’au bout de la loi d’Amour. 

Frères et sœurs, demandons la grâce de suivre Jésus avec audace !                                                                               

Ainsi soit-il ! 

 

Homélie du dimanche 20 mars 2022, 3e  dimanche du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 13, 1-9. Livre de l’Exode 3,1-8a.10.13-15. Psaume 102. 

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 10, 1-6.10-12.

 

Chers amis, peut-être trouvez-vous ces lectures un peu abruptes, difficiles ou tristounettes ? 

Je ne voudrais pas vous laisser dans l’ignorance, nous redit saint Paul !

Ce 3e dimanche de Carême veut nous éclairer et mettre l’accent sur notre conversion et sur les fruits qui sont au-dedans de nous et qui ne demandent qu’à éclore. 

Dans le récit que nous venons d’entendre, Jésus combat une croyance qui a la vie dure, et encore aujourd’hui : les catastrophes seraient une punition divine. 

Combien de fois ne l’ai-je entendu ! Quand tout va bien : c’est normal, Dieu est bon ! Mais quand une difficulté ou une catastrophe survient, nous laissons échapper cette question : « qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? » De fait, il est faux et même blasphématoire de penser que les cataclysmes, les catastrophes que nous constatons autour de nous puissent être des punitions divines. Si vous entendez dans votre entourage, particulièrement certaines personnes ayant des révélations privées, et qui vous présentent les cataclysmes naturels comme des punitions divines : je vous en prie, passez tranquillement votre chemin et haussez les épaules. 

Dieu ne veut pas la mort ! 

C’est l’homme lui-même qui peut créer son propre malheur ! 

Même si notre condition humaine va côtoyer la mort, notre Dieu est le Dieu de la Vie !

Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus fait référence à deux faits divers atroces : l’assassinat d’un groupe de gens pendant qu’ils offraient un sacrifice et la mort d’un autre groupe dans l’effondrement d’une tour, la tour de Siloé. « Pensez-vous qu’ils étaient plus pécheurs que les autres », sous-entendu « pour mériter une telle punition ? » Et la réponse de Jésus est claire. « Et bien, non, pas du tout ! »

Cependant, face à la souffrance et à la mort, nous nous interrogeons, mais il n’y a souvent rien à dire ! Simplement il nous faut être au côté de la personne qui souffre ! Le plus souvent, face à la souffrance, ce qui peut venir à l’esprit, c’est la négation de Dieu, en pensant : puisque le mal existe, Dieu n’existe pas ou inversement : c’est un tyran puisqu’il permet de telles souffrances ! 

Que dire à ceux qui sont ainsi blessés ou révoltés ? Et, en même temps, comment accueillir la personne blessée ou révoltée ? Comment tenter une explication ??? Il y a un mystère de la souffrance qui nous échappe et qui, reconnaissons-le, à la fois, nous heurte souvent violemment et en même temps nous effraie ! 

Car, nous ne pouvons que reconnaître la fragilité de notre existence !

Comment, dans la foi, avons-nous la certitude de l’amour de Dieu pour chacun de nous ? Comment savons-nous qu’Il est le Dieu de la Vie ! Quelle image avons-nous de Dieu ? Serait-il un Dieu magicien, lointain et simplement à notre service ? 

En réalité, Dieu est le tout-Autre et bien au-delà de nos schémas et nos calculs ! 

La lecture du Livre de l’Exode de ce troisième dimanche de Carême nous apporte une première réponse ; elle met en présence l’un des récits les plus étonnants de l’Ancien Testament : la scène du Buisson ardent. Là, Dieu se révèle à Moïse et Il lui dévoile son cœur de Père !

Dieu va donner à Moïse, rien de moins que la mission de délivrer son peuple de l’esclavage ! 

Moïse pose alors deux questions à Dieu : QUI SUIS-JE ? ET QUI ES-TU ?

« Qui suis-je pour aller vers Pharaon et faire sortir d’Égypte les fils d’Israël ? » et « S’ils me disent : quel est son nom ; que leur répondrai-je ? » (Ex 3,13). 

  • À la première question, Dieu répond simplement : « Je suis avec toi » (Ex 3,12). C’est la même réponse que Dieu apporte à nos questions et à toutes nos interrogations : « Je suis avec toi » … quoiqu’il arrive.
  •  À la seconde, Dieu répond par le tétragramme YHWH imprononçable en disant d’une façon mystérieuse qu’Il est : « Je suis » (Ex 3,14). Littéralement : « Je suis celui qui suis ! »

Qui aurait osé imaginer une telle situation : un Dieu qui aime et prend soin de son peuple ! Un Dieu qui se fait proche de chacun de nous ! 

Le Psaume 102 le rappelle : « Dieu révèle ses desseins à Moïse ! »

Cette révélation confiée à Moïse sera désormais le fondement de la foi d’Israël, la pierre angulaire sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour toute notre vie. Dieu, le Tout-Autre, Celui qui semblait inatteignable, voilà qu’Il se fait le Tout-Proche, Celui qui vient au-devant de son peuple pour lui apporter le salut et la vie !

Ce fondement est capital. Il permet une bonne approche du problème du mal – du mystère du mal – qui est évoqué dans l’évangile de ce dimanche. Dieu n’est pas le responsable de tous les malheurs qui frappent l’humanité. 

C’est pour cette raison que saint Paul, dans sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, nous redit : « Cessez de récriminer contre Dieu. » Ce n’est pas Dieu qui provoque la guerre, c’est la folie des hommes ! Ce n’est pas Dieu qui crée tel ou tel accident, c’est celui qui conduisait trop vite ou mal ! Même la mort ne sera pas la fin, mais l’ouverture à Dieu pour qui le souhaite !

Non ! Jésus n’est pas venu pour expliquer le mal, mais pour lutter contre le Mal, pour nous en libérer afin que nous puissions porter du fruit !

Pour illustrer l’urgence d’une conversion, Jésus, Lui-même, enfin nous raconte l’histoire de la vigne et du figuier. Depuis Isaïe, les Juifs avaient compris que leur peuple était comparé à une vigne que Dieu avait plantée pour qu’elle donne le meilleur vin. Jésus ajoute à l’exigeante parabole traditionnelle un surprenant vigneron qui plaide pour le figuier : « Laisse-le encore cette année, le temps que je bêche. » Comprenons bien que ce vigneron, c’est le Christ !

Cette parabole est donc pour nous ! Nous savons bien que notre histoire, notre caractère, nos doutes, nos manquements ne nous permettent pas de donner les beaux fruits qui pourtant sont déjà en germe en nous ! 

Cette parabole nous enseigne que cette conversion profonde est l’appel urgent.  Ce chemin de conversion est accompagné des encouragements du Seigneur Lui-même. C’est Lui qui nous travaille au corps, qui nous donne le but, c’est toujours lui qui nous nourrit et nous abreuve par le sacrifice de l’Eucharistie. Il ne mesure pas sa grâce et nous apporte son soutien jour après jour. Plus fou encore, Dieu espère en nous ! Il croit en chacun de nous !

En bon vigneron, Il prend patience et déploie inlassablement ses efforts pour que tout arbre porte du fruit, littéralement : pour que chacun de nous, sans exception, porte du fruit !

Retenons que Dieu est patient : Il sait que les fruits, sans distinction, ont besoin de temps pour croître et pour mûrir.

Le temps du Carême nous est donné pour prendre le temps de méditer ces paroles. Ce temps de grâce nous est ainsi donné pour que, avec le soutien du Christ, nous portions le premier de tous les fruits, celui du retour à Dieu, celui de la conversion. 

Frères et sœurs, c’est ce que nous pouvons demander en ce 3e dimanche du Carême, pour chacun de nous : laissons les beaux fruits que nous portons en nous, éclore, mûrir, rayonner ! Dieu est tout proche ! Il est avec nous et nous savons sa patience ! 

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 14 mars 2022, 2e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 36-38. Psaume 78. Livre du prophète Daniel 9, 4-10.

 

 

« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » Quel beau programme de vie, aussi exigeant que riche de joie et de paix ! Cela, nous le percevons, nous le comprenons et nous l’espérons. 

Mais voilà ! C’est un programme de vie exigeant ! Cela est certain, tant la psychologie de l’homme est complexe et même parfois, un peu tordue ! Pourtant, rien n’est impossible à Dieu !

Pour nous aider, le Seigneur Jésus nous montre les étapes, tel un pèlerinage à travers lequel nous pouvons atteindre ce but qu’est la miséricorde à l’image de Dieu. 

Quelles sont ces étapes ? 

Vous les connaissez sans doute ; elles semblent évidentes, mais elles vont nous demander de la volonté et une décision :

  • Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; 
  • Ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. 
  • Pardonnez, et vous serez pardonnés. 
  • Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous !

Il nous est dit, d’abord, de ne pas juger, et de ne pas condamner. Si l’on ne veut pas être exposé au jugement de Dieu, personne ne doit devenir juge de son frère. De fait, en jugeant, nous nous arrêtons souvent à ce qui est superficiel, extérieur, tandis que le Père regarde l’intérieur du cœur. Que de mal, les paroles ne font-elles pas lorsqu’elles sont animées par des sentiments de jalousie, d’envie ou de vaines stupidités ! 

Comment alors, le disciple du Christ peut-il « être miséricordieux » ?

Cette question est alors importante et dans tous les cas, elle est vitale pour notre « vie présente » et « celle à venir » !

 Jésus continue en employant deux verbes essentiels pour nous y aider :

  • “pardonner” (Lc 6, 37) 
  • et “donner” (Lc 6, 38)

Pourquoi un chrétien doit-il pardonner ? 

Parce qu’il a été, lui-même, pardonné ! Il a vécu (normalement) le don du Pardon de Dieu ! Il en a fait l’expérience ! Et cela autant de fois que nécessaire !

Nous sommes de pauvres petits pécheurs pardonnés, et pourtant, toujours, aimés de Dieu !

Aucun de nous, dans sa vie, n’a pu ou ne peut se passer du pardon de Dieu. Constatez combien nous sommes apaisés, heureux, quand le pardon a été donné et reçu !

La logique vitale de notre vie est là ! 

Puisque nous avons été pardonnés, nous devons, nous aussi, pardonner, avec la grâce de Dieu. 

Voilà déjà, si vous le voulez bien, une première grâce que nous pouvons demander et mettre en œuvre en ce début de Carême : vivre et expérimenter le Pardon de Dieu pour mieux entrer, à notre tour, entrer dans une démarche de pardon !  

Prenons le temps, aujourd’hui, demain, de faire cet examen de conscience, de comprendre qu’il y a, en nous des choses qui ont besoin d’être purifiées, pardonnées.

Ayons l’audace, avec la grâce de Dieu, d’entrer dans cette démarche du pardon vis-à-vis de nos frères et sœurs ! C’est la grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous ce matin et croyons que le Seigneur nous accompagne dans toutes nos vraies démarches !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 13 mars 2022, 2e  dimanche du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 2 8b-36. Livre de la Genèse 15, 5-12.17-18. Psaume 26. 

Lettre de saint Paul aux Philippiens 3, 17 à 4-1.

 

       Dans notre monde où l’obscurité et les guerres nous plongent dans la désolation, un pessimisme et un abattement certains, cette transfiguration doit nous réveiller ! 

        Nous le savons, Dieu ne veut pas tout cela ! Il veut la vie pour chacun de nous, mais les hommes sont capables du pire. L’actualité affligeante de ces derniers jours, nous révèle la folie de certains dirigeants et les terribles désastres qui en découlent.

Alors que pouvons-nous dire ou faire ?

Pourtant, notre monde est beau et nous y constatons la remarquable capacité des hommes quand ils font le choix du bien et de la justice !

Chers amis, quelle chance nous avons ! Quelle chance pour nous, les chrétiens ! Notre foi est tout entière tournée vers l’Espérance. Les lectures de la liturgie d’aujourd’hui viennent nous conforter dans cette espérance. Le récit de la Transfiguration doit réellement nous réveiller !

       Ces textes que nous venons d’entendre nous parlent des promesses de Dieu. Et nous le savons : Dieu tient toujours ses promesses, même si certaines choses nous échappent. Dieu ne nous abandonne pas et Il voit bien plus loin que nous ! Depuis cette étrange alliance conclue avec Abram, jusqu’à la Transfiguration qui nous donne un aperçu de ce que sera notre vie dans la gloire, Dieu est présent.

        Étrange alliance, disions-nous, dans ce “contrat“ que Dieu passe avec Abram. Je ne parle pas du rite particulier des animaux coupés en deux qui était un rituel courant à l’époque, quand deux chefs de tribu faisaient alliance. Les animaux partagés en deux préfiguraient, comme un avertissement, de ce qui arriverait à celui qui ne respecterait pas ses engagements. On ne peut plus dissuasif !

        Mais ici ce que nous pouvons remarquer, c’est qu’il ne s’agit pas d’une alliance entre deux hommes, deux humains, deux semblables, deux êtres égaux. C’est Dieu lui-même qui passe un contrat avec Abram (qui deviendra Abraham) ! Quelle disproportion entre la transcendance de Dieu et la petitesse de l’homme ! Comment Dieu peut-Il souhaiter s’abaisser ainsi, s’humilier diraient certains, en proposant une alliance aussi déséquilibrée, du moins en apparence et à vue humaine ? « Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? » s’émerveillait le chantre. Nous découvrons la folie d’amour de Dieu face à la folie de destruction de l’homme.

        Que nous dit cet épisode ? On voit ici, une fois de plus, que Dieu passe par nos rites, nos habitudes, notre humanité, nos façons de faire pour se manifester à nous. Pour nous rejoindre, Il parle notre langage, Il utilise nos signes, nos symboles, les choses qui nous parlent. Oui ! C’est vraiment un Dieu qui se fait proche. Nous le comprenons par l’acceptation de l’Incarnation du Christ !

       Il nous veut si proches qu’Il nous annonce la « Terre Promise » qui est et sera, rien de moins que le « Royaume de Dieu » ! N’oublions pas que nous ne sommes que de passage sur cette terre ; nous n’emporterons rien de ce que nous aurons pu mettre de côté, ni pouvoir ni argent … Seul l’amour restera !

C’est ce que nous dit aussi saint Paul dans sa lettre aux Philippiens : « Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux ! » Avons-nous conscience que nous sommes citoyens du ciel ! Dès à présent ! Quelle chance ! 

  • Mesurons-nous cette chance et cette espérance ?
  • Sommes-nous capables de nous en réjouir ? 
  • Parvenons-nous seulement à le croire, au moins ? 

Cette certitude d’être « Citoyens des cieux » devrait nous donner la force et le courage d’affronter les difficultés de chaque jour, de vaincre le mal auquel nous sommes confrontés, de découvrir que nous sommes, dans cette humanité, invités à nous supporter les uns les autres, à nous aider les uns les autres plutôt que de chercher le pouvoir sur les autres. 

« Tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés ! » nous redit saint Paul. Tenez bon ! Tenons bon ! L’Espérance est plus forte que tout le mal qui nous entoure.

        C’est sans doute aussi pour qu’ils puissent tenir bon et ne pas désespérer, que les disciples Pierre, Jean et Jacques, ont eu la chance de voir, sur la montagne, Jésus dans sa gloire, Jésus transfiguré, Jésus dans cette lumière éclatante. 

En effet, très peu de temps après, Jésus sera arrêté, jugé, condamné et crucifié. Mais cette vision anticipée de la Gloire leur a sans doute permis, après le choc terrible et la désillusion qui suivirent la chute puis la mort de leur maître, de retrouver l’espérance. 

Oui, ils ont vu la gloire de Dieu : Jésus resplendissant, transfiguré, en compagnie de Moïse et d’Élie, deux témoins qui accréditent cette vision ; Moïse, celui par qui la Loi de Dieu a été donnée, et Élie, le plus grand de tous les prophètes aux yeux des juifs de l’époque. 

        Ce signe d’espérance leur a été donné sur cette montagne, pour que nous, aujourd’hui, nous puissions repartir avec cette même assurance. 

       Et nous, aujourd’hui, nous sommes les héritiers de cette vision, héritiers de cette espérance, non pas comme des propriétaires, mais comme des responsables de sa transmission.            

Il est impossible de garder pour nous seuls, cette espérance !

Vivons, à temps, et à contre temps de cette espérance ! La transfiguration, ce n’est pas juste l’événement d’un lointain passé. Il nous faut l’annoncer à notre monde, annoncer cette « transfiguration » à laquelle tout être humain est promis, aujourd’hui, comme hier ou demain. Nous sommes faits pour entrer dans la gloire de Dieu ! Et comment mieux l’annoncer, dès maintenant, qu’en montrant nous-mêmes des visages de transfigurés ? Nous devons resplendir de l’amour de Dieu !

Frères et sœurs, que cette transfiguration puisse se lire sur nos visages, dans tout notre être, mais aussi dans l’unité de notre communauté paroissiale. Ne montrons pas des visages accablés et sans but !

        Alors, continuons, frères et sœurs, ce chemin de carême en nous gardons, les uns les autres dans la prière. Surtout, demeurons dans ce don, cette vertu d’Espérance que nous recevons comme un merveilleux cadeau !

Qu’en toute occasion, Dieu soit béni !

                                                                                                                  Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 9 mars 2022, 1re semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 29-32. Psaume 50. Livre du prophète Jonas 3, 1-10.

Il était une fois Jonas … Il y a quelques jours, nous avons eu une rencontre sur l’histoire de Jonas avec les enfants du catéchisme. Ce texte commence comme une histoire que l’on raconte aux enfants. C’est tout à fait cela : l’histoire de Jonas, c’est ce que les Juifs appellent un « midrash », c’est-à-dire un récit mi-réel et mi-fictif, une de ces histoires qui font réfléchir petits et grands. 

Nous l’avons entendu dans la première lecture ; prenons le temps de relire ce livre en entier (dix minutes montre en main pour le lire !) Quand les juifs racontent l’aventure de Jonas à leurs enfants, c’est pour leur faire découvrir que le salut de Dieu est pour Ninive et aussi pour toutes les nations. 

Quand les chrétiens racontent l’histoire de Jonas à leurs enfants, c’est pour leur annoncer Jésus-Christ, le vrai Jonas, et aussi pour parler, de conversion, du poisson, des trois jours dans les profondeurs des enfers avant la Résurrection…

Rappelez-vous : Jonas est un prophète juif à qui Dieu demande d’aller avertir Ninive, la grande ville étrangère et païenne, pour qu’elle change de vie, se convertisse et soit sauvée. Or, Jonas veut garder jalousement pour les Juifs le salut offert au peuple juif, et n’a aucune envie que Ninive soit sauvée… Alors il fuit ; il prend un bateau pour aller plus loin, à l’opposé de Ninive. Mais voilà qu’une grosse tempête secoue le navire. Les marins réveillent Jonas qui dormait. Il sait bien que c’est à cause de lui, de son refus, que la tempête se déchaîne. Il demande alors librement à l’équipage de le jeter par-dessus bord pour apaiser l’océan déchaîné. Aussitôt fait ! Un gros poisson qui passait par là, avale Jonas et le garde pendant trois jours et trois nuits. 

Puis, il le recrache… comme par hasard sur la plage juste en face de Ninive ! Jonas comprend alors que Dieu est têtu et veut absolument sauver les païens. Alors, Jonas s’exécute ; il crie dans toute la ville : « Convertissez-vous ! ». Les gens l’écoutent et commencent une conversion. À la grande fureur de Jonas, Dieu accorde le salut à Ninive. C’est le fameux épisode qui va suivre les versets d’aujourd’hui, du ricin desséché : Jonas est même dégoûté que Dieu soit si bon avec les méchants. « Sache que moi Dieu, j’ai plus de peine pour un humain qui se perd que pour une plante qui se fane » va-t-il entendre !

Voilà l’histoire en quelques mots. Vous devinez sans doute, dans quel esprit les Juifs la racontent aujourd’hui : Jonas préfigure pour eux, le peuple juif chargé d’annoncer à toutes les nations de se convertir au Dieu unique. 

Vous devinez également la lecture que nous, chrétiens, nous en faisons et c’est aussi ce que nous avons expliqué aux enfants du catéchisme. Jonas, c’est Jésus, vrai homme et vrai Dieu, qui est envoyé pour le salut du monde entier. 

  • Jonas endormi au fond sur le bois du bateau préfigure Jésus endormi dans la mort sur le bois de la Croix. 
  • La tempête, c’est les forces du Mal en action
  • L’interrogatoire de Jonas par les marins préfigure la comparution du Christ devant ses juges. 

Jonas se sacrifie librement : « Prenez-moi et jetez-moi à la mer » : Jésus qui au contraire écoute son Père, donnera librement sa vie dans sa Passion et le don de sa vie. De nombreux Pères de l’Église ont commenté le livre de Jonas. Je retiens celui d’Ambroise de Milan, sur le psaume 43,85 : « C’est lui, Jésus, le vrai Jonas, qui a donné sa vie pour nous racheter ». 

Prenons le temps de relire ce livre et, en ce temps de Carême, peut-être pouvons-nous en faire une lecture spirituelle !         

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 7 mars 2022, 1re semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 25, 31-46. Psaume 18B. Livre des Lévites 19, 1-2.11-18.

 

 

Chers amis, si nous prenons le temps de méditer et d’intérioriser l’évangile de ce jour (Matthieu 25, 31-46), nous entendons ce que Jésus attend de nous. Il nous rappelle l’importance de notre proximité et de notre tendresse à l’encontre de ceux que nous côtoyons. Cette attention à tous doit être notre règle de vie, et que c’est sur cela que nous serons jugés. 

Dans la grande parabole du Jugement dernier de l’évangile de saint Matthieu 25, le Roi dit : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde“ (Dieu a donc un projet pour nous) ! Il poursuit : “Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (25, 34-36). 

Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous avons fait tout cela ? » Et Il répondra : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40)

Une des pistes de lecture que nous pouvons comprendre pour nous ce matin, c’est que le salut ne commence pas seulement par la confession de la royauté du Christ, mais par l’imitation des œuvres de miséricorde par lesquelles Il a réalisé son Royaume. 

Celui qui les accomplit montre qu’il a accueilli la royauté de Jésus, car il a fait place, dans son cœur, à la charité de Dieu. « La foi sans les œuvres est morte. » dira aussi saint Jacques 2,21-26

Au soir de notre vie, nous ne serons pas jugés sur nos richesses ou sur nos propriétés, ni même sur le nombre de chapelets que j’aurais pu réciter, mais nous serons jugés sur l’amoursur cette proximité et sur cette tendresse envers nos frères en humanité.

Certains peuvent être surpris, mais de cela, dépendra notre entrée ou non dans le Royaume de Dieu. Jésus, par sa victoire, nous a ouvert son royaume largement, mais il revient à chacun de nous d’y entrer et contre vents et tempêtes de garder ferme ce désir et cette espérance.

Notre vie terrestre n’est pas un long fleuve tranquille, mais dès maintenant nous pouvons participer de ce Royaume, peut-être même sans en avoir pleinement conscience quand nous acceptons concrètement d’être proches du frère qui demande du pain, un vêtement, un accueil, un peu d’aide… 

Et si vraiment nous aimons ce frère ou cette sœur, nous serons poussés à partager avec chacun ce que nous avons de plus précieux, c’est-à-dire Jésus lui-même et son Évangile !

C’est toujours Lui qui est à la source de mes actions et qui anime mon cœur. Voilà notre richesse !

Ne l’oublions pas :

  • c’est Lui qui m’accueille en premier, 
  • c’est Lui qui nous nourrit par son Eucharistie,
  • c’est Lui qui est à l’origine de mon espérance,
  • c’est toujours Lui qui est me redit que je suis attendu dans son Royaume !

Alors comment recevons-nous cette invitation : « Venez, les bénis de mon Père ! »

  • En vivant de cette miséricorde de Dieu pour moi aujourd’hui et particulièrement en ce temps du Carême ?  
  • En libérant du temps et de la place dans mon cœur à la miséricorde de Dieu ?

Frères et sœurs, prenons le temps, tout au long de ce jour, de relire cet évangile et de le méditer !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 6 mars 2022, 1er dimanche de Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 4, 1-13. Livre du Deutéronome 26,4-10. Psaume 90. 

Lettre de saint Paul aux Romains 10, 8-13.

 

 

Chers amis, depuis mercredi dernier (mercredi des Cendres), nous sommes entrés dans le chemin du Carême ; n’oublions pas que ce temps du Carême est une montée vers la Joie de Pâques ! 

Pourquoi ce Carême ?

La raison est simple et, en même temps nécessaire et profonde. Il est bon pour chacun d’entre nous de vivre parfois comme des ruptures, des différences, pour marquer notre espace et notre temps. Durant quarante jours, nous sommes invités à nous rapprocher davantage de Jésus pour Le suivre et L’accompagner, pour nous préparer à vivre avec Lui le mystère pascal, sommet de notre vie chrétienne. Plus particulièrement, c’est ce que nous vivrons lors de la semaine Sainte : de la Sainte Cène, le Jeudi Saint au soir ; de sa mort sur la croix, le Vendredi Saint au Golgotha et jusqu’à sa Résurrection au matin de Pâques où nous nous réjouirons tous ensemble.  

Gardons en mémoire cette espérance au moment où nous commençons le Carême, tout simplement pour ne pas montrer des visages tristes et sinistres ; non ! Ce Carême est un temps de grâce !

Dans les textes liturgiques du Carême pour cette année (année C), l'accent est mis sur notre conversion. Pourquoi ?Pour entrer davantage dans une intimité avec le Christ. Comment ? En lisant l’évangile de saint Luc, en écoutant sa Parole, en lui demandant de l’aide et en suivant ses conseils.

Ce chemin de Carême est donc un temps de rencontre, d’amitié et de grâce ! Nous allons essayer, pour cela, de changer et calmer notre rythme de vie par la prière, le service et aussi le jeûne, en vivant une conversion, expérimenter ce retour vers le Père miséricordieux en recevant, d’une façon renouvelée, le Sacrement du Pardon

C’est pour cela que le Carême est un temps de grâce, certainement ! Cependant, il ne peut pas être, et ne sera sans doute pas, de tout repos. Pourquoi ? Ce temps nous amène sur le terrain du combat spirituel, car, que nous le voulions ou non, des forces obscures sont à l’œuvre en nous et dans le monde. Nous le constatons bien avec le déroulement de cette guerre terrifiante de ces derniers jours, mais elles sont aussi à l’œuvre au-dedans de nous.

En regard avec nos propres tentations, le récit en saint Luc que nous venons de lire, nous indique les principaux terrains d’où viennent les attaques, les assauts du Mal et de Satan, (appelé le Diable ici dans l'évangile qui vient d'être lu). Jésus a accepté de les subir pour être en tout semblable à nous, excepté le péché.

 

Très rapidement, regardons ensemble ce récit des tentations. 

Tout d’abord, notons que Jésus commence par s’éloigner des siens et du brouhaha de la foule. Il se rend au désert :lieu de solitude, à l’écart de l’agitation du monde. Peut-être pourrons-nous vivre ce temps durant ces semaines de Carême, soit par une petite retraite, soit en prenant un peu de temps à l’écart : en marchant dans la montagne, en entrant prier dans cette église, en coupant ou en limitant notre temps sur les réseaux sociaux… par exemple et d’autres moyens !

Au désert, Jésus se retrouve seul. Dans sa prière, il vit un affrontement avec le Royaume des ténèbres dont Satan est le représentant : c’est l’affrontement du bien et du mal, des ténèbres et de la lumière. Là, le combat spirituel se met en marche : d’un côté, se trouvent Dieu et sa Parole, de l’autre côté les attraits du monde sous ses diverses formes. 

Comment discerner ce qui est bon et juste, et rejeter ce qui est mauvais ?

Comment faire toute la place à la lumière ?

 Les réactions de Jésus sont donc un enseignement pour chacun de nous ! Ces tentations du Christ au désert sont plus actuelles que jamais !

Si le Christ a été tenté, nous le serons, sans doute, à notre tour. « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître », dit Jésus aux apôtres (Lc 6,40). Les mirages, les illusions que Satan lui fait miroiter au désert, l’ange des ténèbres nous les ressert encore aujourd’hui, même si c’est sous des apparences et des philosophies différentes, plus affinées, accommodées à nos goûts « d’hommes et de femmes cultivés ».

Ces trois tentations décrivent comme un crescendo dans le danger des illusions démoniaques.

- Première tentation, le premier danger : se laisser dominer par le règne de l’avoir ; toujours plus ! « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres se changent en pains. » La réponse de Jésus, est et sera à chaque fois, la Parole de Dieu.

- La seconde tentation, le deuxième danger nous fait passer de l’avoir au paraître ; C’est l’illusion du paraître, le règne des apparences. Le but consiste à épater la galerie, de sorte à régner sur les autres, à les dépasser, et donc à les dominer.

- Enfin, avec la troisième tentation, le troisième danger est la suggestion démoniaque qui atteint ici son paroxysme. Il ne s’agit plus maintenant d’avoir ou de paraître, mais d’être, d’être tout simplement ! D’être à la tête de tous les royaumes ! D’être le meilleur, le plus grand, le plus fort, le plus offensif ! Nous le voyons bien avec tout ce qui se passe dans cette guerre où l’on veut dominer l’autre. C’est la tentation monstrueuse de l’orgueil, avec cette nuance toutefois : devenir le meilleur, mais à condition de rester esclave du… démon ! En effet, le diable ajoute : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu me rends hommage. » 

Il y a une subtilité diabolique qui pourrait nous faire douter de toutes ces tentations : Le diable se fait oublier pour mieux nous manipuler. C’est la grande trouvaille du Malin !

En terminant, prenons conscience que ce récit des trois tentations de Jésus au désert nous rejoint personnellement, à divers moments de notre vie. En effet, ne sommes-nous pas tentés, nous aussi comme Jésus l’a été ? Reconnaissons-le !

Ce début de Carême est l’occasion pour chacun de nous, de réfléchir et de débusquer ce qui a besoin d’être converti. Que cette Eucharistie qui nous voit en marche vers Pâques, soit pour nous le soutien de notre retour vers le Père miséricordieux, appelés à une conversion continuelle et à reprendre sans cesse ce chemin pour « Avec lui, renaître autrement ».

Comme saint Paul l’affirmait dans la deuxième lecture, redisons du fond de notre cœur, de toute notre foi en Jésus : « si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur… » écrit-il «… si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé » (Romains 10, 9). 

Que ce temps du Carême soit vraiment le temps, pour nous, de prendre conscience que Dieu veut nous sauver ; Il ne peut pas le faire sans nous ! Alors, demandons la grâce de participer avec confiance au salut qu’Il nous propose !

Bon Carême                                                                    

 Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi des Cendres 2022, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 6, 1-6. 16-18. Livre du prophète Joël 2, 12-18. Psaume 50.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 20 à 6, 2.

 

Chers amis, comme je vous le disais en introduction tout à l’heure, ce temps du Carême est un temps de grâce, un temps de rupture avec certaines habitudes : pas d’Alléluia ou de Gloria, une couleur différente pour la chasuble (le violet). Un temps de rupture avec certaines « mauvaises » habitudes qu’il nous faudra repérer. Bref, un temps où Dieu veut nous faire grâce.

Quarante jours pour prendre un peu de recul par la prière, le jeûne et l’aumône...

Quarante jours pour entrer dans la révélation de Pâques, la révélation de la vie du Ressuscité...

Quarante jours pour nous permettre de recevoir et redécouvrir comme un don ce qui doit être l’essentiel, le cœur de toute vie chrétienne, c’est-à-dire une vie orientée et ancrée en Christ, tournés ensemble — Lui et nous, nous par Lui, dans l'Esprit — vers le Père, dans la reconnaissance de nos difficultés et de nos refus parfois à aimer, aimer Dieu et son prochain comme soi-même... c'est-à-dire à vivre peut-être plus intimement l'Évangile...

Ce temps du Carême, c’est aussi quarante jours de marche au désert, comme un pèlerinage... pour creuser, expérimenter la faim et la soif de tout homme et y entendre, dans le manque, Dieu qui parle et qui appelle, Dieu qui sauve aussi, au cœur de toute traversée...

Quarante jours pour découvrir tout cela et laisser alors jaillir notre joie pour qu’elle se répande dans notre monde blessé, dans ce monde en guerre, dans ce monde que Dieu aime toujours profondément. 

En fait, ces quarante jours représentent toute la vie humaine. Ce temps ne fait que redire la tâche de notre propre création : retrouver en nous l’image de Dieu. Cela passe pour chacun et chacune d’entre nous par une démarche de clarification, de vérification de ce qui est vrai dans notre vie, et de ce qui est faux. 

Qu’est-ce qui, dans nos vies, a besoin d’être regardé, ajusté, débarrassé du superflu, réorienté ?  Il s’agit en effet de nous libérer du désir d’être au centre, peut-être de ce qui nous inquiète et nous accapare pour nous tourner résolument vers Dieu et vers les autres.

Ces quarante jours vont passer très vite ; alors, commençons ensemble dès aujourd’hui !

Mais comment ? ... Quelle place ou quel temps donner à la prière ? Quelle place donner à la lecture et à la méditation plus quotidiennes de la Parole de Dieu ? ... Et si nous nous obligions aussi, à la découverte ou redécouverte du sacrement du pardon ? ... N’oublions pas l’appel à aller à la rencontre de l’autre qui est là, à nous mettre à l’écoute de ses besoins, de ses faims et dans ses attentes de sens et de vie ? Une oreille attentive, une main posée sur une épaule ...

Quarante jours au cours desquels nous sommes invités à cheminer ensemble tel un pèlerinage pour approfondir notre être chrétien, à être miséricordieux à l’image du Père, comme Jésus nous y appelle. 

Ne nous fixons pas de grandioses objectifs, sans doute louables, mais que nous aurons peut-être du mal à tenir dans le temps. Demandons des choses simples. Allez, soyons fous : dix minutes de prière chaque jour, se confesser régulièrement, rendre visite à un voisin, réciter le chapelet, prendre des nouvelles des membres de sa famille ; rien d’extraordinaire, mais surtout ayons tout simplement le désir du cœur à cœur avec Dieu !

Puissions-nous en ce début de Carême, repérer et décider ce qui nous aidera davantage, de manière simple, humble et réelle, à nous laisser réconcilier avec Dieu, par de petites et grandes conversions. Ainsi nous ne pas marcherons pas à côté de notre vie.

Je vous souhaite, et je nous souhaite, un beau et saint Carême à chacun !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 28 février 2022, 8e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 10 17-27. Psaume 110. Première lettre de saint Pierre 1, 3-9.

 

Cela s'est passé rapidement et même brusquement : Jésus se préparait à partir, et voilà un homme qui arrive en trombe et se met à genoux devant Lui. Apparemment, cet homme semble pressé, comme s'il jouait la dernière chance de sa vie ! En fait, que vient-il demander ? Une guérison, pour lui ou pour un de ses proches, une grâce particulière ? Non, cet homme accourt pour poser une question singulière : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »

Cette question est surprenante, en même temps, belle et essentielle ! C’est une question qui nous titille aussi et qui pourrait nous gêner. Pourquoi ? Parce que c'est justement celle que nous n'avons peut-être plus le courage de nous poser ; parce que nous doutons de nous, de nos décisions… et peut-être même de la réponse de Dieu…

Cette question est tout simplement réaliste ! Que vient demander cet homme ? Il veut dès aujourd'hui une vie qui puisse traverser la mort ; il veut, avec les choses qui passent, construire dès aujourd'hui, du définitif. C'est lui qui a raison ! Si nous ne nous posons plus cette question, nous risquons d’être des rêveurs : nous imaginons que cette vie qui nous est donnée "va durer toujours" !

« Bon maître, dit l'homme, que dois-je faire pour avoir en partage la vie définitive, la vie éternelle ? »

Le Christ répond de façon claire et en deux temps : 

  • "Tu as les commandements !" « Oui » dit-il ! 
  • Alors, "Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as, et donne-le aux pauvres. Puis viens, suis-moi ! »

N’y a-t-il pas dans notre vie, un oui qui n'aurait pas encore été complètement dit à Dieu et qui nous rendrait tristes ? Peut-être !

Ne soyons pas comme cet homme qui « avait de grands biens ». Ne faisons pas erreur sur la notion de “grands biens“. Ne restons pas crispés sur un trésor : que ce soient l'aisance, le confort, la culture ou le pouvoir, les relations amicales ou amoureuses ! Ou simplement encore, sur les années qui nous restent à vivre sur cette terre ! Nous le savons : cette vie passera…

Aujourd'hui encore, le Christ nous offre sa parole, sa sagesse de vie. 

Aujourd'hui, après avoir communié tous ensemble à l’Eucharistie, c’est-à-dire à la vie qu'Il nous apporte, ne repartons pas tout tristes comme les disciples.

Si certains d’entre nous, catastrophés, doutent ou s’inquiètent : "Mais alors, qui peut être sauvé ?", saint Pierre y répond dans la première lecture « Exultez d’une joie… car vous allez obtenir le salut des âmes qui est l’aboutissement de votre foi. »

Ce qui nous revient, c’est la décision de l’amour et du don de soi L’impossible, c’est Dieu qui le réalise !

Soyons assurés, en retour, du regard de Dieu qui aime la personne que je suis, tel que je suis avec mes charismes et mes défauts. En toute occasion, Il nous invite et nous redit aujourd’hui encore : viens, suis-moi !".

Frères et sœurs, demandons simplement la force, le courage et l’audace d’y répondre !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 27 février 2022, 8e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 39-45. Livre de Ben Sira le Sage 27, 4-7. Psaume 91. 

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 15, 54-58.

 

En ce dernier dimanche du temps extraordinaire de l’ordinaire et juste avant le temps du Carême, nous accueillons les conseils de JésusNous sommes dans le chapitre sixième de saint Luc qui continue le long Discours ou Sermon sur la montagne.

Jésus s’exprime en paraboles comme nous le dit saint Luc : « Il leur disait en parabole… » écrit-il ici. Les paraboles sont des images ou des histoires qui apportent un enseignement important. Ici, Jésus veut, à travers elles, que les foules comme les disciples soient interpelés, qu’elles comprennent cet enseignement et le retiennent. 

Ce matin, intercalées avec des ‘logion’ (ou sentences) nous entendons trois images ou paraboles : celle des deux aveugles, celle de la poutre et de la paille puis celle de l'arbre et de son fruit. Comment les comprendre et quoi retenir ?

Je vous propose tout simplement de les revisiter ensemble, et, petite fantaisie, aujourd’hui, commençons avec la dernière parabole et nous terminerons avec la première. 

- Cette dernière parabole est celle de l’arbre et de son fruit. Ce qui est important à retenir, c’est cette attention particulière à soigner l’arbre lui-même. Pourquoi ? Nous l’avons entendu : « c’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre » comme le précise, si bien, le passage du livre de Ben Sira le Sage dans la première lecture. Les fruits « bons, savoureux » sont le résultat des soins nécessaires et importants qui ont été apportés à l’arbre. Plusieurs personnes mettent « la charrue devant les bœufs » et ne pensent qu’aux fruits à récolter. Ils oublient de prendre soin de l’arbre qui porte les fruits. 

Des efforts sont toujours nécessaires pour préparer le terreau où les arbres vont pousser et porter des fruits. Comme de bons jardiniers, il nous faudra ensemencer, abriter les jeunes pousses si besoin, parfois couper et émonder l’arbre, le nourrir et l’arroser aussi avec soin. 

Cet arbre : c’est notre vie ou encore nous-mêmes et notre famille quand nous voyons les enfants grandir, c’est aussi notre communauté chrétienne. Il nous faut en prendre soin ! « La peine que vous vous donnez n’est pas perdue ! » dit saint Paul aux chrétiens de Corinthe.

- Passons maintenant à l’image de la poutre et de la paille. Cette image est très connue. Elle est tellement bien choisie qu’elle n’a presque pas besoin d’explication. Tout le monde la comprend ou devrait la comprendre. Le message pourrait s’énoncer ainsi : « Avant de faire porter des responsabilités et des devoirs sur autrui, commence par te regarder toi-même ! » 

Cette invitation, si elle était suivie avec application, éviterait bien des conflits dans les familles et les couples, dans les groupes de toutes sortes ; ne le croyez-vous pas ? Elle est un gage de réalisme et de vérité dans son regard sur soi et sur les autres.

Terminons maintenant par la première parabole de l’évangile :

- « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? » nous dit Jésus. Cette observation est on ne peut plus évidente. Elle est aussi très parlante et porteuse de sens. Prenons un exemple : imaginons que nous montons dans un taxi dans une grande ville que nous ne connaissons pas. Nous annonçons l’adresse à laquelle nous souhaitons nous rendre et alors, le conducteur se retourne et nous constatons qu’il est aveugle !!! Que faire ? Rester dans la voiture on en descendre rapidement ? 

En réalité, aujourd’hui, Jésus nous pose une question : sommes-nous aveugles ? Comment est-ce que nous guidons celles et ceux qui nous sont confiés ? Voyons-nous ce qui est nécessaire ? Dans notre vie de tous les jours, voyons-nous le beau et le bon qui vient de Dieu ? Il est vrai que les décisions des puissants, des responsables politiques, des despotes, la guerre, la violence aveugle, la laideur portent atteinte gravement à notre humanité. Hélas, toutes ces décisions viennent de l’homme et de son aveuglement, elles n’apportent pas que du bon !

Cependant, Dieu, Lui ne cesse pas de nous inviter à ouvrir nos yeux sur ses bienfaits. D’ouvrir nos sens et notre cœur sur les signes bienfaisants, nécessaires, bons dont nous avons besoin. Mais tout le monde ne voit pas cela : l’aveugle ne les voit pas ou pire, il ne veut pas les voir. « Il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir » dit le proverbe.

L’aveugle dont parle Jésus ici, ce n’est pas celui dont les yeux du corps ne fonctionnent pas, mais celui dont les yeux de l’âme (ou du cœur) ne fonctionnent pas, c’est-à-dire celui qui ne regarde pas le monde avec la foi, celui qui ne s’en sert pas, ou pire, qui prétend voir ! 

Quand Jésus fait des miracles en guérissant des aveugles, c’est surtout pour nous dire qu’il peut aussi apporter la lumière de la foi. Cet aveuglement intérieur n’est pas sans issue. Il est toujours possible de voir clair ! D’ailleurs, Jésus est ce maître qui peut former ses disciples pour qu’ils puissent avoir un bon regard sur le monde, pour qu’ils puissent le connaître et le comprendre comme Dieu lui-même le connaît et le comprend. 

Jésus est donc ce Maître qui peut enlever la poutre de notre œil intérieur afin de bien voir et que la lumière entre en nous.

Si notre œil est clair, la Lumière qu’est Jésus pourra entrer en nous. Nous pourrons, alors reconnaître l’action de Dieu dans l’Histoire, dans notre entourage, mais aussi dans les choix cruciaux de notre vie. 

Tel un bon arbre que nous pouvons être, un bon fruit en sortira. Ce bon fruit, ce sera d’abord de bonnes paroles ; la vraie bonne parole, la parole de louange de celui qui reconnaît la bonté de Dieu et la proclame, ou encore la parole d’action de grâce qui vient remercier Dieu pour sa présence, ses bontés et ses bienfaits. L’attente de Dieu est là : du débordement de notre cœur, déborderont ces bonnes paroles. 

Vous constatez que ces paraboles, certes différentes, nous redisent toutes trois la même origine. Le point de départ, c’est toujours Dieu.

Frères et sœurs, nous sommes à quelques jours du début du Carême qui est un temps de grâce. Demandons au Seigneur de recevoir « ces Paroles » aujourd’hui avec un cœur ouvert.

Personnellement et en communauté paroissiale, croyons que nous pouvons :

  • porter de beaux fruits, 
  • nous réjouir des fruits que je vois chez mon frère et ma sœur 
  • et garder un œil clair, ouvert ferme et inébranlable sur le monde et l’œuvre de Dieu.

Demandons cela ce matin, pour nous-mêmes, nos familles, notre communauté paroissiale et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 23 février 2022, 7e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 9, 38-40. Psaume 48. Lettre de saint Jacques 4, 13-17.

 

 

Chers amis, nous avons fêté hier la Chaire de saint Pierre ; nous faisons mémoire, aujourd’hui, de saint Polycarpe : le dernier témoin de l’âge apostolique (mort autour des années 155 ou 167. Il était un disciple direct de l'apôtre Jean)

Évoquer les témoins directs de Jésus nous fait peut-être rêver ! Quelle image avons-nous de ceux qui ont connu Jésus et qui ont tout quitté pour Le suivre ? Certains pourraient répondre : quelle chance ont-ils eu d’avoir connu Jésus ! 

L’évangile de ce jour nous apporte un enseignement spirituel sur notre mission de chrétien, pour aujourd’hui !

Jésus a choisi des hommes, des hommes comme les autres, avec leurs qualités (certes) et leurs limites, pour ne pas dire leurs défauts. Pour une part, au début, ils vivaient incontestablement leur statut de disciple un peu comme une promotion, comme un honneur ; d’autant plus que, dans leur cas, c’était le Rabbi qui les avait choisis ! Il est clair que ces humbles pêcheurs du lac de Galilée avaient encore du chemin à parcourir pour découvrir qui est Jésus !

Dans les versets qui précèdent ce chapitre 9e de saint Marc, Jésus n’a de cesse de les inviter à renoncer à toute sorte de pouvoir ou de gloire personnelle, bref à rester humble.

Je vous propose deux constats rapides 

  • Certes les disciples ont tout quitté pour suivre Jésus, mais comprennent-ils vraiment ce que Jésus leur dit ? À ce moment de l’évangile, nous pouvons penser qu’ils n’ont pas vraiment tout saisi !
  • Font-ils déjà des miracles ou des signes ? À ce moment de l’évangile, pas encore !

Mystérieusement, voilà que « qu’un autre » réussit là où les disciples de Jésus connaissent l’échec. Les voilà contrariés ; littéralement, ils peuvent craindre que cet « autre » finisse par leur faire de l’ombre ; cette idée leur semble intolérable !

La réaction est presque enfantine : « Il n’est pas de ceux qui nous suivent ! » Il ne fait pas partie de notre groupe ! Littéralement : il ne peut pas avoir les mêmes privilèges que nous !

Cette expression trahit un égo qui n’est pas anodin : depuis quand s’agit-il de suivre les disciples et non le Maître (« nous suivent ! ») ? Ce lapsus trahit une sorte d’appropriation du ministère, voire même de la personne de Jésus, récupérée au service de la vaine gloire de ses compagnons ? 

Le risque est toujours possible, même aujourd’hui, que nous soyons consacrés ou laïcs ! Nous pourrions ressentir la même frustration.

La réponse de Jésus tranche singulièrement sur le discours revendicateur et accusateur des disciples. Il leur répond : « Comment pourrait-il parler mal de moi, alors qu’il vient explicitement de puiser dans mon autorité pour faire le bien ? »… puisque c’est en mon nom qu’il fait du bien ?

Nous pouvons faire ce constat : 

Oui, le Christ nous appelle, non pas parce que nous sommes meilleurs ou plus intelligents que d’autres, mais très simplement parce que nous sommes pauvres et que nous avons besoin de Lui. 

Notre joie, notre gloire est de mettre notre vie entre les mains du Christ. Il est probable que le comportement quelque peu mesquin des disciples, à ce moment-là, nous choque ; mais sommes-nous tellement différents d’eux dans nos pratiques quotidiennes ? 

Aujourd’hui, demandons à l’Esprit Saint la grâce d’être de vrais et justes disciples, sans exclusivité !

  • Que nous rendions grâce pour l’amour de Dieu pour moi, car je suis unique aux yeux de Dieu, avec des dons et des charismes, que j’ignore peut-être ! 
  • Que notre admiration pour les dons de Dieu sur nos frères dépasse notre jalousie.
  • Que nous annoncions le Christ à tous ceux qui attendent la Parole de Dieu, de Dieu tout amour.
  • Alors ! Pas de confusion entre disciples et maître : C’est bien et toujours le Christ que nous suivons ! N’est-ce pas, pour nous, un rappel à réentendre ce matin ?

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 20 février 2022, 7e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 27-38. Premier livre de Samuel 26, 2.7-9.12-13.22-23. 

Psaume 102. Lettre de saint Paul aux Corinthiens 15, 12.16-20.

 

            Cet évangile semble être impressionnant de candeur ! Que veut nous dire Jésus ? En lisant ces recommandations, nous aurions presque envie de Lui dire : « Mais Jésus, tu n’es quand même pas sérieux !  Tu veux vraiment qu’on agisse de façon aussi naïve ? Nous laisser écraser sans nous défendre et même aller jusqu’à aimer ceux qui nous détestent, au risque qu’ils nous détestent encore davantage et nous persécutent ? Comment est-ce possible ? Ai-je bien entendu ? »

          Effectivement, ici, Jésus ne parle pas en images !  Il ne raconte pas de paraboles qu’il faudrait décoder. Il manifeste très clairement ses exigences que nous pouvons trouver bien difficiles à suivre !

Alors de quoi s’agit-il et comment faut-il comprendre ?

Les recommandations de Jésus que nous venons d’entendre font partie de ce qu’on appelle le Discours ou le Sermon sur la montagne. Elles suivent la proclamation des Béatitudes que nous avons méditée dimanche dernier. Nous sommes au chapitre 6e de saint Luc. Elles s'appuient sur une règle précise que l’on a appelée la règle d’or

Je ne sais pas si vous connaissez cette règle et je vous propose d’en dire quelques mots, puis nous reviendrons dans un deuxième temps, aux invitations percutantes de Jésus.

Cette règle d’or que Jésus reprend à son compte se trouvait déjà dans l'Ancien Testament à différents chapitres (Tobie 4, 15 par exemple) et dans les cultures profanes comme celles des Grecs. Elle s’énonce comme ceci : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent ». Je crois que nous sommes tous d’accord ! Cette phrase, cette règle, a traversé les siècles et je suppose qu’elle vous est connue !

Cependant, selon son habitude, Jésus va plus loin et nous fait faire un pas de plus. Il transforme cette formulation traditionnelle. Il ne dit pas seulement : 

« Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent », mais Il invite à un déplacement nouveau et audacieux. Il nous dit : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. » Nous ne sommes plus dans une situation passive, mais dans l’action !

Jésus propose ainsi une règle de vie dynamique. Il ne s’agit plus seulement de trouver la bonne attitude, mais plutôt de la vivre concrètement et d’avoir l’audace d’en rayonner autour de nous. 

Jésus explicitera à la fin du texte de saint Luc les bonnes occasions où nous pourrons vraiment expérimenter cette règle de vie revisitée : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera ».Cette liste n’est pas exhaustive ; elle demeure toujours ouverte.

Remarquez que si tout le monde mettait en pratique cette règle de vie, et déjà au sein même de nos communautés chrétiennes, les relations seraient complètement changées entre les personnes, dans nos familles, entre les groupes, entre les nations, et même entre les états. Hélas, elle demeure, malgré sa pertinence et sa beauté, un idéal parfois difficile à choisir et à atteindre. 

 

- Je passe maintenant à la deuxième partieaux phrases percutantes que nous venons d’entendre. Jésus va plus loin dans l’idéal qu’Il propose. C'est là que les images du soufflet sur la joue ou de la tunique qu’il faut donner, ainsi que l’amour des ennemis nous interpellent.

L’image, souvent sarcastique, du bon chrétien naïf qui se laisse frapper en tendant l’autre joue, fait partie du catalogue des clichés que nous pouvons entendre et qui peuvent nous agacer. 

Or, soyons clair : les paroles de Jésus n’ignorent, ni n’effacent, les inimitiés. Aimer son ennemi ne signifie pas cautionner ses actes, ses paroles, ses attitudes ou ses opinions. Aimer son ennemi n’est nullement lui donner raison ! Celui qui se situe dans une opposition hostile ou vindicative demeure un ennemi ; ne soyons pas dupes ! Peut-être est-il un ennemi du moins pour un moment ? Nous espérons qu’il pourra changer, lui comme moi ! Il ne s’agit nullement de laisser la victoire au Mal et aux malfaiteurs ; bien au contraire.

L’amour des ennemis, tel que nous le propose Jésus, ne fait pas appel aux seuls sentiments. Face à son ennemi, le disciple doit passer à l’action, et sortir « ses armes ». Mais des armes bien désarmantes : faire du bien, prier, donner… Une autre « arme », que nous gardons pour certains dans notre poche, est le chapelet. Cela peut paraître anodin et faible face à des moqueries ou des insultes, et pourtant quelle puissance pour celui qui expérimente la récitation du Rosaire ! 

Faire du bien, prier, donner… il n’y a rien d’innocent ou de naïf dans le choix de ces verbes. Il s’agit ici de verbes d’actions concrètes qui inscrivent le disciple dans une posture dynamique. 

S’il y a des actions, des campagnes à mener, des batailles à livrer, ce ne sera pas sur le même terrain ni avec les mêmes armes. 

La réponse du disciple ne se situe pas dans une volonté d’éliminer ou de réduire au silence son ennemi, mais d’avoir l’audace de désirer le guérir, de le sauver du Mal, quitte à s’humilier soi-même aux yeux des hommes et parfois même jusqu’au don de sa vie ! Nous connaissons tous les histoires de saints et de saintes qui ont donné leurs vies par amour de Dieu et des hommes !

  • Au crescendo du Mal répond ainsi le crescendo de l’Amour,
  • À une haine intime, répond l’action orientée vers le Bon, vers le Bien. 
  • Aux sombres malédictions, répond la vraie bénédiction.

Face à la montée de la violence, le disciple descend au plus profond de l’amour non pour lui-même, mais pour son ennemi.

Il n’y a donc rien de naïf en ces paroles : 

Aimez vos ennemis… à celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre…

 prêtez sans rien espérer en retour… pardonnez…

Bien au contraire, il faut bien plus de courage pour répondre aux affronts par l’amour et renoncer à la vengeance. Il faut beaucoup d’audace pour témoigner de cet amour divin miséricordieux

Il est sûr que les paroles de Jésus nous semblent un peu folles aux yeux de notre monde, mais quelle sagesse, quelle force et quelle espérance ! 

En conclusion : frères et sœurs, ayons ce soir, à la fois cette humilité et cette audace face aux invitations de Jésus. Nous savons bien que tout cela nous dépasse et que nous avons besoin de Lui pour comprendre et mettre en actes ce qu’Il nous demande d’être et de faire.

Alors, disons-lui modestement, du fond de notre cœur comme l’a fait l’Apôtre Pierre : « Sans toi, Seigneur nous ne pouvons rien faire ». (cf. Jean 15, 4-5) C’est la posture du disciple qui attend tout du Christ, mais qui, en même temps, adhère et se met en action. Si nous réalisons cet appel, si nous le comprenons, c’est notre paroisse qui changera, ce sont nos familles qui évolueront et, sans doute, le monde.

Gardons cette espérance et cette détermination en chacun de nous et demandons la grâce de l’Esprit Saint !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du mercredi 16 février 2022, 6e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 8, 22-26. Psaume 14. Lettre de saint Jacques 1, 19-27.

 

Sans doute avez-vous pu lire ce texte d’évangile avant de venir à la messe ; n’est-ce pas ? Alors, peut-être que, tout comme moi, vous avez pu être surpris par ce texte, car il pose au moins, deux questions !

Quelles sont-elles ?

  • Pourquoi guérir en deux étapes alors que d'habitude Jésus procède en une seule ?
  • Pourquoi sortir du village pour guérir cet homme aveugle ?

Jésus n’aurait-il pas pu le guérir en une seule fois dans le village de Bethsaïde ? Pourquoi cette insistance ?

              - Première question ! Pourquoi guérir en deux étapes alors que d'habitude Jésus procède en une seule ? 

Après la première étape et avoir mis de la salive sur les yeux de cet aveugle, Jésus sollicite la liberté de celui qu'Il est en train de guérir. Il l'interroge sur ce qu'il aperçoit, invitant l'homme à poser ainsi un acte de foi. D’une certaine façon, il l’invite à coopérer à son action. L'homme montre sa bonne volonté et répond.

Deuxième étape : Jésus peut alors imposer une nouvelle fois les mains et porter la guérison à son terme. C'est souvent ainsi que Dieu procède aussi avec nous. Sans doute avez-vous remarqué qu’Il ne donne pas tout, tout de suite ! Il nous invite à grandir dans la confiance et à coopérer à son action.

-Deuxième question ! Pourquoi sortir du village pour guérir cette personne aveugle ? 

Une réponse que nous pouvons donner, c’est que « le village » symbolise ici les habitudes de cette personne aveugle, une certaine connaissance des lieux ou une manière de vivre, des relations construites autour de son handicap, des ruelles bien connues, qui sont comme un enclos limité, un peu étroit, bref autant de choses qui l'enferment dans sa maladie. Pour que la guérison puisse avoir lieu, il est nécessaire qu'il sorte de ce cadre. Celle-ci advenue, Jésus l'enjoint de ne pas retourner dans le village, mais d'aller directement chez lui, dans sa maison. 

Ainsi en est-il lorsque nous nous convertissons. Peut-être avez-vous déjà eu la chance de faire une retraite, et constaté que cela vous fait sortir de votre cadre, de découvrir une écoute et une relation différente à Dieu. Pour que la guérison du cœur puisse avoir lieu, il nous faut donc quitter les lieux, les occasions, où nous étions plus exposés à des tentations ou des enfermements. Une fois guéris, pardonnés, il nous faut apprendre de nouvelles habitudes, éviter les lieux où nous savons que nous sommes fragiles. 

Frères et sœurs, demandons au Seigneur la sagesse pour discerner ces lieux, ces relations qui nous enferment, et la volonté pour savoir comment ne plus nous y exposer.

Pour nous, même si nous essayons de vivre journellement aux côtés de Jésus, il faut du temps pour entrer dans sa Parole, il nous faut du temps pour nous ouvrir à sa lumière.

Tout cela est parfois mystérieux et échappe même à notre logique ! L’important est de respecter les patiences du Seigneur, de croire en sa capacité de guérison et surtout, de ne pas le croire absent parce nos aveuglements nous occultent encore sa présence.

Selon le temps de Dieu et dans la confiance, demandons au Seigneur, les guérisons dont nous avons besoin ! 

                                                                                                                    Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 31 janvier 2022, 4e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 5, 1-20. Psaume 3. 2e livre de Samuel 15,13-14.30.16, 5-13a.

 

Chers amis, nous venons d’écouter un récit passionnant et haut en couleur ! 

Jésus traverse le lac en direction de l'Est, et Il arrive en plein pays païen (la Décapole), où les gens, contrairement à la Loi juive, élèvent des porcs en quantité.

Dans cette région hostile, Jésus ne va pas tenter une prédication devant les foules. Mais, à peine a-t-il débarqué, voici qu’un malheureux se présente. C'est à la fois un homme dont sa psychologie est malade et surtout, un possédé ! Comme souvent, il n’est pas toujours facile de tracer une frontière entre la maladie et l'emprise du démon.

Certes, Jésus va le guérir, mais plus encore, Il y a une puissance du mal et de mort à laquelle Jésus va s’opposer et agir… Cette puissance du mal travaille toujours le monde aujourd’hui, et le cœur des hommes. 

À la question posée : « Quel est ton nom ? », ils répondent :

"Nous sommes légion", dit l'esprit du mal par la voix du malade.

Chez les Romains, une légion, c'était six mille hommes ! 

À Lui seul, Jésus va donc vaincre une légion de démons : c'est donc le signe que le Règne de Dieu fait irruption avec Lui dans le monde, et que le règne du mal est appelé à disparaître.

Mais, si les hommes ont du mal à percevoir qui est Jésus, le démon, lui, reconnaît par trois fois la puissance de Jésus. Reprenons ensemble le récit :

  1. Tout d'abord au moment où le possédé se prosterne, en disant :"Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ?",
  2. Puis quand les démons supplient Jésus de ne pas les expulser ; c’est donc qu’il reconnaît que Jésus en a les moyens,
  3. Enfin au moment où ils proposent à Jésus un marchandage :

"Tu me laisses les porcs, animaux impurs, et moi je t'abandonne cet homme !"

Jésus accepte, mais pour montrer aussitôt que ce marchandage n'a pas de sens, le troupeau va s'engloutir dans la mer.

 Comment interpréter et traduire ce récit pour nous, ce matin ? 

Parfois nous sommes tentés, nous aussi, de ne pas reconnaître Jésus, et surtout de marchander avec Lui :

« Seigneur, laisse-moi ce petit coin d'égoïsme, cet instant de paresse. 

Laisse-moi mes porcs (c’est-à-dire, mes petites affaires... »

Jésus nous répond, en quelque sorte, à travers ce récit du possédé :

« Laisse-moi te libérer !»

 Jésus donne toujours à la fois son pardon et sa confiance, Il guérit ! Il sauve ! Il expulse les démons ! 

        La finale de l’évangile est quelque peu surprenante ; l'ancien possédé, une fois revenu à son bon sens (de sa maladie et de sa possession), veut se mettre immédiatement au service de Jésus et partir avec lui en Galilée ; mais Jésus (et c'est là une marque de confiance) lui répond : " Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde." Jésus lui confie une autre mission, importante ! C’est un envoi en évangélisation, un envoi pour être porteur, dans son propre pays, de la Bonne Nouvelle en Jésus-Christ ! 

Frères et sœurs, pour nous aussi, la rencontre de Jésus interpelle ; Il commande aux démons, fait guérison, et nous envoie en mission…

 C'est toute l'histoire de ce malheureux ! 

C'est aussi notre histoire et notre chemin de joie quand Jésus nous relève ! 

                                                                                                                Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 30 janvier 2022, 4e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 4, 21-30. Livre du prophète Jérémie 1, 4-5.17-19. Psaume 70.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 31 à 13,13.

 

Chers frères et Sœurs, l’évangile que nous venons d’entendre poursuit et complète celui que nous avons entendu dimanche dernier lorsque Jésus entre dans la synagogue de Nazareth et lit un passage du livre d’Isaïe. La liturgie de ce jour prend même le soin de nous remettre en mémoire la déclaration capitale du Seigneur devant la foule de la synagogue de Nazareth.

A Nazareth, tous sont en attente d’une prise de parole de Jésus, car ils savent ce qui s’est passé à Capharnaüm. Mais, quand le Christ lit et explique ce que dit le prophète Isaïe dans cette synagogue de Nazareth, il y a beaucoup plus qu’une traduction ou un commentaire. Il y a un accomplissement : « Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit… » dit-il, et de fait, c’est bien le Messie attendu qui se présente devant eux. Alors, surprise… les gens « s’étonnent du message de grâce qui sort de sa bouche » (Lc 4, 21-22). 

Mais voilà ! La suite de l’histoire nous confronte à une difficulté. Comment ces gens qui sont ses amis, ces habitants du village où Il a grandi et qui le connaissent tous, vont-ils se retourner d’un seul coup contre Lui, avec colère ? 

Cet épisode est révélateur de plusieurs questions qui nous interpellent sur notre façon d’être chrétien ! J’en retiens seulement quelques-unes :

  • La Parole biblique que nous entendons est-elle de Dieu ou est-elle des hommes ?
  • Peut-on être « prophète » vis-à-vis des gens que l’on connaît bien ? 
  • Suis-je capable de me réjouir parce que Dieu veut le Salut au-delà de mon petit monde, que Dieu puisse s’adresser à d’autres personnes que moi ?

Alors, qu’est-ce qui déclenche cette réaction des habitants de Nazareth ? 

Peut-être d’abord une première difficulté : reconnaître une parole de Dieu à travers une parole humaine. Dans la Synagogue de Nazareth, ils entendent bien la parole d’un homme (Jésus), mais reconnaissent-ils la Parole de Dieu (Christ) ? 

C’est la question de la foi à laquelle nous sommes pouvons être confrontés dimanche après dimanche. Les lectures que nous avons entendues aujourd’hui sont des paroles humaines, et c’est par la foi que nous reconnaissons dans ces paroles humaines une parole de Dieu qui s’adresse à nous. Dans un acte de foi, nous reconnaissons, dans l’Écriture, que c’est Dieu Lui-même qui s’adresse aux hommes et nous savons bien que cette parole de Dieu adressée à chacun de nous s’exprime à travers des paroles humaines. 

Les différents Conciles (et particulièrement Vatican II) nous précisent bien que les auteurs humains des livres bibliques n’en sont pas les premiers auteurs (cela nous est dit dans un livre : Dei Verbum). Il y a un autre auteur qui est l’Esprit Saint, qui les inspire et qui met dans leur bouche, dans leur texte, ce que Dieu veut faire comprendre et connaître aux hommes. 

Voilà donc une première difficulté. Ce ne sont pas simplement Jérémie, saint Paul ou saint Luc qui nous parlent, mais à travers eux, c’est Dieu lui-même qui s’adresse à nous. 

Il y a aussi une deuxième difficulté : à qui s’adresse cette Parole ? À des personnes privilégiées ou, plus largement, à tous ?

Aujourd’hui, nous découvrons à travers les deux exemples que Jésus donne, celui de la veuve de Sarepta et celui de Naaman le Syrien, comment nous sommes en difficulté pour comprendre que cette parole de Dieu s’adresse aussi à d’autres qui ne sont pas de notre cercle. C’est là un des problèmes que Jésus rencontre dans cette synagogue.

Il y a autour de nous des gens qui ne vivent pas dans notre foi ! Ce sont ceux que Jésus désigne comme les étrangers à l’Alliance : la veuve de Sarepta, Naaman le Syrien et tant d’autres à travers la Bible, et pourtant ils accueillent cette parole avec émerveillement, plus encore, ils l’attendaient. (Rappelez-vous par exemple l’histoire de Jonas, sa mission pour la ville Ninive et sa colère parce que les Ninivites se sont convertis !)

Un peu de la même façon, dans la synagogue : « Tous devinrent furieux » que Jésus puisse affirmer que l’Alliance pouvait être proposée aux païens alors qu’ils se considéraient comme propriétaires de cette Alliance. 

Il y a toujours le danger de « mettre la main sur Jésus ». Alors, par une forme de dépit, ils poussent Jésus hors de la ville, pour le précipiter au bas d’un escarpement.

Et selon la promesse de Jérémie, l’évangile nous dit que Lui : « passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 30). 

Cet évangile devrait nous interroger sur notre façon d’accueillir la Parole de Dieu ! Sommes-nous donc si habitués que nous restons impassibles et sans désir d’action ? N’avons-nous pas à nous réjouir que cette Parole qui me touche puisse aussi toucher celles et ceux qui sont en attente de cette précieuse intimité avec notre Créateur, de ce salut qui nous est promis ?

Nous ne sommes pas un cercle fermé ou replié sur nous-mêmes ! Nous sommes invités à nous réjouir que le Salut que j’ai moi-même reçu, soit aussi proposés largement !                                 

Alors, pas d’indifférence, de colère ou de condescendance, à la suite du Christ, notre Mission est d’être ses témoins et ses prophètes dans les grâces déjà reçues à notre Baptême 

Ne soyons pas indisposés ou agacés par la Parole que nous entendons, même si parfois elle nous bouscule, parce que Dieu veut toucher au-delà de nos habitudes. 

En touchant notre cœur et notre intelligence, l’Esprit Saint n’a de cesse de nous mettre en mouvement, de nous remettre sans cesse en marche ! Il est vrai qu’il nous faudra sortir de notre zone de confort et découvrir la joie simple et puissante de l’évangélisation !

Comme le prophète Jérémie nous le disait dans la première lecture, nous découvrons que la mission, comme la vie de prophète, n’est pas une mission de tout repos. Être un prophète, être un missionnaire nous expose mais, en même temps, Dieu nous rassure : « Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer » (Jr 1, 19) dit le Seigneur à son prophète.

Je termine par une dernière question, une question essentielle : frères et sœurs, serons-nous des témoins et des prophètes, déjà aujourd’hui et tout au long de cette semaine ?

Le monde attend impatiemment la Parole de Dieu, Parole de délivrance, Parole de Salut ! Qui peut annoncer cette Bonne Nouvelle si ce n’est chacun de nous ?

                                              Ainsi soit-il !       

 

Homélie du lundi 24 janvier 2022, 3e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 3, 22-30. Deuxième livre de Samuel 5,1-7.10. Psaume 88.

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l’Église.

 

L’Église fait mémoire et célèbre aujourd’hui un évêque qui illumina l’aurore du XVIIe siècle par sa charité, son zèle missionnaire et sa très fine connaissance de la psychologie humaine : il s’agit de saint François de Sales. Il est évêque de Genève résidant à Annecy, Docteur de l'Église Catholique romaine et Fondateur de l’Ordre de la Visitation avec Sainte Jeanne de Chantal ; nous sommes en 1610. Infatigable, il a sillonné son diocèse et les diocèses voisins (dont le nôtre et particulièrement en la Collégiale saint André où il ses enseignements ont résonné à plusieurs reprises) pour présenter et défendre la foi catholique. 

Je crois qu’il est bon, de temps en temps, de nous arrêter sur des figures de grands saints et saintes qui nous permettent d’avancer nous aussi et de mieux comprendre la mission que nous recevons en tant que chrétiens. 

Quatre cents ans nous séparent de François de Sales. Son époque n’est pas la nôtre. Nous pouvons toutefois noter bien des similitudes, car ces deux périodes de l’histoire sont l’une et l’autre marquées par une profonde mutation culturelle et un abandon de la foi.

Saint François est né en 1567 en Savoie, près d’Annecy, ses parents lui offrent de poursuivre de solides études de philosophie, de théologie et de droit. À 26 ans, il est ordonné prêtre. Face au protestantisme et à Calvin, qui depuis 28 ans s’imposait avec tant de puissance, François devient un témoin et un défenseur de la foi de l’Église Catholique romaine. Son intelligence, son équilibre, sa bonté, son humilité et sa douceur ont permis le retour à la foi catholique de beaucoup de fidèles. 

Sa douceur a été l’un des traits dominants de sa riche personnalité. En s’appuyant sur la grâce de Dieu, saint François de Sales a réussi à obtenir une meilleure maîtrise de son tempérament. Il écrit : « J’ai fait un traité avec moi-même de ne jamais parler quand je me sens touché de colère. » Quelle prudence de choisir de ne pas parler lorsque je suis ébranlé par la colère !

Un deuxième trait remarquable de son ministère pastoral a été de travailler à la formation des laïcs et de leur proposer une spiritualité adaptée à leur condition de vie. Il écrit dans son introduction à la vie dévote : « La dévotion doit être différemment exercée par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par le prince, par la veuve, par la fille, par la mariée ; et non seulement cela, mais il faut accommoder la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier ». Littéralement, chacun a une vocation propre en fonction de ce qu’il est ! Puis il ajoute : « Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite » Lisez ou relisez ce livre : introduction à la vie dévote ! C’est un livre étonnant et très puissant. (Liturgie des Heures, I, p. 1363.)

Je termine par un dernier point pour montrer sa modernité : ce pasteur savant et dévoué fut proposé aux journalistes du monde entier comme modèle et patron. Il fut le premier à employer l’imprimerie et ainsi, il put diffuser ses sermons en leur donnant le format de journal facilement accessible à tous. 

Pour résumer, je repère trois traits principaux de son apostolat :

  • Sa charité pour le prochain, 
  • Son amour pour la vérité par une vraie vie de dévotion
  • Le sens providentiel de l’histoire et l’appel universel à la sainteté.

  Frères et sœurs, en ce jour, rendons grâce pour saint François de Sales et aussi pour tous les témoins d’hier et d’aujourd’hui !

                                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 23 janvier 2022, 3e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 1-4.4, 14-21. Livre de Néhémie 8,2-4a.5-6.8-10. Psaume 18B.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 12-30.

 

Chers amis, ce matin, nous avions une séance de catéchisme avec les enfants, en l’église saint Vincent de Paul. Un des enfants s’adresse à moi en m’interpellant avec cette question : « Pourquoi parles-tu après l’évangile ? Pourquoi parles-tu longtemps ? »

Longtemps ? Non, bien sûr, une heure ou deux, mais pas davantage !!!… (Humour !)

Aujourd’hui, nous sommes le 3° Dimanche du Temps Ordinaire : Dimanche de la Parole de Dieu comme l’a demandé le pape François ! 

Pour quelle raison ? Peut-être faut-il faire le constat que beaucoup de fidèles, même s’ils possèdent une Bible chez eux, n’ont pas l’habitude de l’ouvrir et de la lire ! L’invitation est sans détour : lire la Bible, seul, en famille, en groupe… est essentiel ! Déjà très simplement, en lisant et méditant, par avance les textes de la liturgie dominicale, en les redécouvrant autrement et en les entendant dans la grande assemblée, cela devrait permettre une compréhension et un éclairage nouveaux !

Chaque dimanche, nous sommes ici réunis en cette église, pour vivre l’Eucharistie, mais aussi écouter la Parole de Dieu, pour la comprendre (c’est, en principe, à cela, que sert l’homélie !) et la mettre en pratique. 

L’homélie est une tradition qui ne date pas d’hier ! D’après les témoignages des premiers chrétiens, l’écoute hebdomadaire de la Parole dure depuis bientôt deux mille ans. Mais ce ne sont pas les Chrétiens qui ont commencé. Ils ont hérité de cette pratique de leurs frères juifs. Comme le montre l’évangile de saint Luc d’aujourd’hui, déjà à l’époque de Jésus, les Juifs se réunissaient chaque semaine à la synagogue pour lire la Bible et pour la commenter. 

Cependant, cet usage, en réalité, est bien plus ancien. 

Cinq siècles avant le Christ, nous voyons le prêtre Esdras lire la Torah, c’est-à-dire la Loi de Moïse (comme nous l’avons entendu dans la première lecture). La scène se situe après le retour d’exil, à l’époque où Néhémie rebâtit Jérusalem et le Temple. Ce passage nous montre qu’après les dizaines d’années passées à Babylone, les Israélites ne comprenaient plus la Torah. Ils avaient petit à petit oublié la langue biblique sacrée, l’hébreu, et appris la langue des Babyloniens, c’est-à-dire l’araméen. C’est pourquoi il fallait que le clergé (les Lévites) traduise et explique le texte lu par Esdras.

Beaucoup de manuscrits attestent que c’était un phénomène courant : le texte était lu en hébreu, puis traduit et commenté en araméen, en grec ou en latin, selon les époques.

Mais quand Jésus lit et commente le texte du prophète Isaïe dans la synagogue de Nazareth, Il va beaucoup plus loin qu’une traduction ou un commentaire. C’est un véritable accomplissement : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture » !

Cet accomplissement est celui-ci : Jésus est bien le messie, celui qui a reçu l’onction de l’Esprit Saint, celui dont Isaïe a prophétisé la venue. Tous ont les yeux fixés sur Lui. De fait, Jésus accomplit les actes qui attestent son identité messianique : Il annonce la bonne nouvelle aux pauvres, Il guérit les aveugles, Il libère les possédés…

En Jésus, la Parole résonne bien plus et au-delà des prophètes. Jésus accomplit en plénitude la Parole de Dieu parce qu’Il est, Lui-même, cette Parole ; en sa chair, il rend visible la Parole. Certains, comme les enfants du catéchisme ce matin, vont peut-être me dire comment « voir » une « voix » ? 

Reprenons ce que nous dit saint Luc !

Au début de son évangile que nous avons lu, il fait mention des « témoins oculaires de la Parole ». L’expression est curieuse : une parole, cela s’entend ; alors, que veut dire saint Luc quand il affirme que les Apôtres ont vu la Parole ? La réponse est qu’en voyant Jésus, ils ont vu la Parole, avec un « P », s’exprimer dans notre humanité ! Jésus ne traduit pas la Parole d’une langue à une autre ; il est la Parole faite chair ! Saint Jean, dans son Prologue, dit la même réalité : « Et le Verbe s’est fait chair ».

Ainsi, lorsque Jésus, vrai Dieu et vrai homme :

  • bénit les enfants, 
  • touche les lépreux, 
  • impose les mains aux malades, 
  • relève les pécheurs,

 Il est Lui-même, par ses gestes, la miséricorde de Dieu.

Ou encore lorsqu’Il :

  • accueille le disciple bien-aimé sur son cœur, 
  • reçoit le baiser de Judas, 
  • fixe avec amour le jeune homme riche,
  • pose son regard sur Pierre,

 Il traduit par ses attitudes la tendresse de Dieu.

    Plus encore, lorsqu’Il :

  • pleure sur son ami Lazare, 
  • se met en colère contre les vendeurs du Temple ou les pharisiens,
  • lutte contre l’angoisse et qu’Il donne sa vie sur la croix, 

Il dit, par ses émotions, combien Dieu n’est pas indifférent aux actions des hommes et combien Il consent, en appelant chacun à la Vie Éternelle, à se faire malmener par eux. 

En somme, lorsque Jésus enseigne dans les synagogues, interpelle dans le Temple, ou parle en parabole au bord du lac de Galilée, Il ne délivre pas seulement un commentaire de plus sur la Parole de Dieu : non, Il est Lui-même cette Parole, et, en tant que tel, et par son autorité, Il livre dans son enseignement, les profondeurs du cœur de Dieu. Mieux que tous les savants et les exégètes qui scrutent la Bible, Il « explique » le Père. Il le fait connaître quand Il proclame, comme nous le dit saint Jean : « Qui m’a vu, a vu le Père ! » (Jn 14,9)

Frères et sœurs, tout en écoutant la Parole, l’Église n’a pas d’autre mission que de « continuer Jésus » ici-bas. Mystérieusement, Dieu compte sur nous ! Jésus n’a pas d’autre bouche, pas d’autres mains, ni d’autre cœur que les nôtres.

Aussi, quand nous sortirons de cette église, après avoir été nourris du Christ par sa Parole et par son corps qui est l’Eucharistie, demandons-nous comment nous pouvons être son cœur, pour aimer ; ses mains, pour relever et consoler ; ses pieds, pour visiter les malades et les prisonniers ; sa bouche, pour annoncer l’Évangile et prier ; car si nous ne le faisons pas, qui le fera à notre place ? Il y a là un grand enjeu pour notre communauté et pour notre société !

N’oublions pas : par notre baptême, nous sommes devenus chrétiens, configurés au Christ ! Mais, être chrétien n’est pas un titre, c’est une mission !

Pour la vivre, il nous faut goûter encore, et sans cesse écouter le Christ pour que sa Parole pénètre en notre cœur, en notre intelligence ; c’est une Parole de Vie !

Demandons la grâce pour chacun de nous et pour notre paroisse, d’avoir le désir de lire la Parole de Dieu, de la méditer et de la savourer !

Quelle joie renouvelée, quand nous le faisons seul, en famille ou avec des frères et sœurs ! 

Ainsi soit-il

 

Homélie du mercredi 19 janvier 2022, 2e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 3, 1-6. Premier livre de Samuel 17 32.33.37.40-51.

Psaume 143.

Nous connaissons bien cette histoire de David et de Goliath, histoire surprenante ! La vie de David commence de manière incroyable. Il est un petit berger, le dernier des huit fils de Jessé, et le voilà désigné par le prophète Samuel pour être roi d'Israël ! La Bible explique le choix de David, elle nous dit que : « Dieu regarde le cœur, pas les apparences. » (1Samuel 16,7)

Le roi David occupe une place importante dans l’Écriture qui consacre plus de pages à sa vie qu’à celle de tout autre personnage de l’Ancien Testament. Il « est par excellence le roi selon le cœur de Dieu. »

David a reçu de Dieu la promesse d'une alliance indéfectible envers sa dynastie. Après sa mort, le peuple d'Israël se met à espérer un nouveau David qui ne soit pas seulement un roi, mais l'Envoyé même de Dieu, le Messie, restaurateur de la grandeur d'Israël. Voilà pourquoi dans les évangiles, Jésus sera souvent appelé : "Fils de David". 

Par exemple : au dimanche des Rameaux ne dit-on pas : « Hosanna, ô fils de David ! »

Le livre de Samuel et le Premier Livre des Rois décrivent donc l’histoire du roi David avec un grand réalisme et sans complaisance : une vie pleine de vicissitudes où l’auteur sacré met l’accent sur le fait que Dieu est toujours avec David et que celui-ci s’en remet à Dieu au moment du danger. Mais aussi, que David s’écarte de temps en temps d’une vie droite et qu’il commet l’iniquité …

Dans l’histoire de David, nous pouvons contempler à de nombreuses reprises l’exemple de sa foi. Un épisode bien connu est celui que nous venons d’entendre : son combat avec Goliath, le géant et le champion de l’armée des Philistins. Le texte s’attarde à décrire la haute taille et l’armure du Philistin, tout en soulignant la disproportion avec David, un petit pastoureau, tout jeune, sans expérience de la guerre et ayant pour seule arme une fronde. 

Cela dit, un contraste encore plus fort se situe dans l’attitude des deux combattants. L’orgueil du Philistin qui lance un défi aux troupes du Dieu vivant se heurte à la foi de David, qui s’engage dans le combat au nom du Dieu des armées.

C’est cette foi qui amène David à se préparer de son mieux. Cependant, avec sa fronde, même si les moyens semblent disproportionnés face à l’équipement de l’ennemi, il va vaincre le géant Goliath.

L’Écriture donne à la faiblesse, à la petitesse de David, une deuxième dimension. Toute l’histoire du salut est, en effet, traversée par ce paradoxe : la force de Dieu « se déploie dans la faiblesse ! » (2 Co 12,9)

Frères et sœurs, pour nous qui sommes faibles, mettons notre force en Dieu ! Face aux “Goliaths“ politiques, aux despotes, à l’inertie des administrations et la virulence des lobbys, des conjonctures défavorables, des marchés qui dépriment, face aux Goliaths qui sont des monstres inhumains, défions, à notre tour, la force brute pour offrir un autre visage, celui de la foi, de l’espérance, de la confiance. Soyons assurés que, avec tous nos petits et grands moyens mis en commun, nous ferons de grandes choses.

Alors n’ayons pas peur ! Avec la force de Dieu, entrons nous aussi dans son combat !                 

 

Ainsi soit-il !

 

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Homélie du lundi 17 janvier 2022, 2e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 2, 18-22. Premier livre de Samuel 15, 16-23. Psaume 49. 

 

 

« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »

Nous pouvons faire le constat que Jésus avait un bon sens de la répartie ! Avez-vous remarqué comment, à partir d’une question qui pourrait être embarrassante, Il répond à ses interlocuteurs ?  

« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas ? ». Il répond, comme souvent, par une autre question : « Les invités de la noce pourraient-ils jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? » Dans cette réponse, il est encore question de noces, comme dans l’évangile d’hier avec les noces de Cana et il y est encore question de ce qu’on y mange ou qu’on y boit, ou pas !

Cet épisode d’aujourd’hui arrive comme un éclairage du signe que Jésus a fait à Cana alors qu’on allait manquer de vin. Sans sa présence, les invités auraient été contraints de jeûner, alors que l’époux était avec eux. Impensable ! 

La deuxième partie du texte de cet évangile pourrait aussi nous étonner. Jésus poursuit sa réponse en donnant deux images : celle du vieux tissu à réparer et celle du vin nouveau et des vieilles outres. Quel rapport avec la question posée, pourrions-nous penser ?

Pourtant, à qui sait interpréter, ces images sont très concrètes. Comme toujours de la part de Jésus, ces images semblent nous dire : "à chaque situation, ayons une attitude appropriée". 

Comprenons les signes des événements qui arrivent. Adaptons-nous avec un regard neuf, pour accueillir le don que Dieu vient nous proposer !

Ces petites paraboles nous révèlent un peu plus la nature de Dieu, le sens de la mission de Jésus, et les enjeux de notre propre réponse aux événements. Le vieux vêtement, les vieilles outres, peuvent être nos vieilles habitudes, nos manières de raisonner, qui ont été valables en leur temps, mais que nous devons reconsidérer puisque voici les temps nouveaux, l’avènement de Jésus. 

Lorsque l’époux nous sera enlevé, alors nous jeûnerons. Jésus annonce ainsi sa mort prochaine, mais Il anticipe aussi sur sa résurrection, qui préfigure aussi la nôtre, car le vin est le signe de la fête et de la joie. 

Alors nos vieux tissus sont incompatibles avec la pièce d’étoffe toute neuve qui nous est donnée. N’essayons pas de raccommoder nos vieux tissus avec la pièce neuve, n’essayons pas d’accommoder la Bonne Nouvelle avec nos vieux schémas, nos anciennes façons de voir les choses. Le tissu neuf nous est donné pour nous permettre de fabriquer un vêtement neuf ! 

Je vous propose une formule rapide pour traduire l’évangile de ce jour : « Dès ce matin, habillons-nous de neuf » !Comme l’écrira Saint-Paul : « Revêtons l’homme nouveau ! » (Ep 4,24)

Frères et sœurs, ayons l’audace d’habiller de neuf notre façon de penser, notre regard, notre façon d’agir selon la manière de Dieu !

C’est la grâce que nous pouvons demander ce matin pour chacun de nous !                                                                                                             

Ainsi soit-il

 

Homélie du dimanche 16 janvier 2022, 2ème dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 2, 1-11. Livre du prophète Isaïe 62, 1-5. Psaume 95.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 4-11.

 

 

  Chers amis, nous sommes invités ce matin à la fête, plus exactement à un mariage ! Nous voilà à Cana, dans le territoire de Galilée.

Reconnaissons-le, ce miracle de Cana est dans toutes nos mémoires ! Rares sont les repas où je n’entends pas sous forme de boutade par un convive enjoué : « Fais Cana… en me présentant une carafe d’eau ! » Bien sûr, je n’y suis jamais arrivé ! C’est vrai que nous sommes habitués à cette transformation ! Certains sont même admiratifs en voyant comment le Fils de Dieu, à la prière de Marie sa mère, a réussi non seulement à sauver un mariage, mais à changer de l’eau en un vin somptueux millésimé et pas seulement quelques litres… mais 600 litres : six jarres de cent litres de vin !

            Ce passage est passionnant, car, tout d’abord, il se passe lors de noces, un temps très joyeux, mais surtout, c’est la fête qui introduit la première étape de la vie dans le don de l’amour d’un homme et d’une femme ! Nous pouvons y lire un écho de l’Ancien Testament (Is 25, 6) des Noces entre Dieu et l’humanité : les noces de l’Agneau (Alliance de Jésus Christ et de son Église - Ap 19, 7 ; 9) !

  Aujourd'hui, pour aborder ce miracle sous un angle différent, nous allons nous tenir du côté des serviteurs ! Eux qui n'ont rien dit, mais ont tout vu, qui n'ont fait que des actions toutes ordinaires, mais qui ont collaboré, au départ et sans le savoir, à un grand miracle.

  Les serviteurs ont eu, au début, affaire à la seule mère de Jésus, Marie, qui leur a dit seulement : « Faites tout ce qu'il vous dira! » en désignant Jésus.  Remarquez ainsi, le regard vigilant et plein d’attention de Marie ! Elle a remarqué le manque de vin !

  Que fait Jésus ? Il se tourne vers les serviteurs et leur dit : « Remplissez d'eau ces cuves ! » Voilà ces hommes surpris et peut-être même en plein désarroi. Ils avaient déjà vidé l’eau des cuves après les ablutions rituelles de purification des convives. Les convives font ce geste religieux de purification en récitant des prières, en se lavant les mains avant le repas. Jésus demande aux serviteurs de remplir à nouveau ces cuves, d'eau propre. Il faut environ une trentaine de seaux par cuve, et il y en avait six ! - - - 

- Tout ce travail pour rien, pensent-ils. 

       - À quoi bon toute cette eau puisque les convives maintenant sont attablés ? 

Il faut vraiment que Marie se soit montrée très convaincante : elle était si impressionnante dans sa certitude ! Pour elle, ils vont obéir, et sans rechigner, puisqu'ils remplissent les cuves jusqu'au bord.

  Et Jésus leur demande de façon un peu surprenante : « Puisez maintenant et portez-en au Maître du festin. » Ici, pas de formules magiques ni d’incantation ésotérique !

  On assiste alors à un curieux manège : ceux qui parlent ne savent rien, et ceux qui savent tout se taisent. Plus encore, entre les cuves remplies d’eau et le verre du marié, l'eau s'est changée en un vin délicieux. 

  Or, les serviteurs savaient bien qu'ils n’avaient puisé que de l'eau. On entend l'ordonnateur du festin féliciter le marié, qui lui, n'y comprend rien ; mais pas un mot de Marie, et silence total aussi de la part des serviteurs. Jésus a opéré le miracle, mais jusqu'au bout, Il a voulu se servir de l'action des serviteurs, et c'est avec l'eau propre de l'obéissance que Jésus a régalé et sauvé la noce.

  L'évangéliste ne nous dit rien de plus et pas davantage comment le miracle a été salué ni comment le rôle de Marie a été reconnu, ni même comment Jésus aurait pu être félicité. Très sobrement, il mentionne que ce fut le premier des signes opérés par Jésus, et que les disciples, à la vue de ce signe, commencèrent à voir sa gloire, c'est-à-dire l'union indicible du Père et du Fils, signe préfigurant les Noces de l’Agneau.

  Si simple et si dépouillé, notre récit se montre plein d'enseignements pour nous, humbles serviteurs que nous sommes et tâcherons de la vie et de l'Évangile.

Toute sa spiritualité est là dans ce simple conseil que nous donne Marie ! Marie, elle-même a vécu cette confiance dans l’obéissance : « Qu'il me soit fait selon ta parole » ! 

Pour compléter cela, je vous livre trois petites remarques très simples :

- D'abord nous sommes certains de rester dans la volonté de Dieu quand nous comprenons les conseils de Marie, notre Mère : "Faites tout ce qu'il vous dira !" Si vous êtes familiers des conseils que Marie nous donne lors de ses apparitions, à la Salette ou à Notre-Dame de l’Osier, mais aussi à Lourdes ou à Fatima… vous pouvez remarquer que c’est toujours le même message en désignant son fils : "Faites tout ce qu'il vous dira !"  Marie elle-même l’a expérimenté lors de l’Annonciation en disant : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! »

- Jésus aurait pu assurer seul la joie de toute une noce, mais Il veut donner à ces hommes, à ces serviteurs très humbles, la joie d'avoir puisé de l'eau. C'est Jésus qui fait tout, et en même temps, c'est Jésus qui nous donne tout à faire, dès lors que nous nous laissons interpeller par lui. 

- Finalement qu’est-ce qui permet ce signe étonnant ? C’est l’acte de foi, l’acte  d’obéissance et de fidélité des serviteurs ! Ils ne comprennent pas tout, mais, bien qu’ils soient surpris, ils obéissent à Jésus et vont jusqu’au bout de ce qu’Il leur demande.

  Ce signe est riche d’enseignements pour chacun de nous ! Nous sommes comme ces serviteurs, nous ne comprenons pas toujours tout des chemins par lesquels le Christ nous fait avancer, mais nous sommes invités à la fidélité ou du moins invités à devenir ces serviteurs pour la gloire de Dieu et le Salut du monde !

Rendons Grâce à Dieu, frères et sœurs, qui non seulement a sauvé cette fête, mais qui nous permet de transformer nos vies, de transformer toute vie : un peu d’eau et d’écoute de sa Parole et voilà une vie nouvelle et belle qui nous est proposée !

Plus encore, un peu de vin et c’est Lui-même qui se donne dans l’Eucharistie !

                                                                                                                          Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 12 janvier 2022, 1re semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Marc 1, 29-30. Premier livre de Samuel 3,1-10.19-20. Psaume 39.

 

Chers amis, depuis plusieurs jours déjà, nous écoutons, en première lecture, des passages du premier livre de Samuel, avec le prophète Éli, Anne et son époux Elcana. Peut-être avez-vous eu la curiosité de lire ou peut-être d’essayer de comprendre où tout cela se situe historiquement et sociologiquement dans la Bible ? 

En fait, nous sommes vers 1050 avant Jésus-Christ, à Silo, à une trentaine de kms de la ville de Jérusalem. Cela fait à peu près 150 ans que, peu à peu, les 12 tribus d’Israël ont conquis une partie du pays de Canaan. 

Comment se compose la société dirigeante ? Pour l’heure, ces douze tribus n’ont pas de roi (les rois Saül et David apparaitront bien plus tard). Ces douze tribus sont dirigées par des Juges, des chefs politiques et religieux. Ces juges sont appelés au secours lorsque la situation est très mauvaise mais contestés dès qu’elle s’améliore.

Il y a aussi des prêtres, chargés des rites religieux, installés autour des différents sanctuaires. Le plus important de ces sanctuaires est justement celui de Silo car il abrite l’Arche d’Alliance : Tables de la Loi données à Moïse sur le mont Sinaï par Dieu.

Eli est le prêtre de ce sanctuaire, Eli porte un nom qui signifie, « mon Dieu ». (Une petite remarque : quant au moment de sa mort en croix, Jésus dit : « Éli, Éli… » Il appelle non pas le prophète Éli, mais son Père : « Mon Dieu, mon Dieu »)

À côté des prêtres, et parfois en opposition à leur pouvoir, se tiennent les prophètes. Ce sont des porte-paroles de Dieu qui transmettent une parole que Dieu leur a confiée. A l’époque d’Éli, les prophètes exercent en groupe. Ils entrent en transe, au moyen de la danse et de la prière. Mais ce que nous savons, c’est que : « La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, et la vision, peu répandue. » Bref, la communication entre Dieu et les hommes ne fonctionne pas vraiment ! Les prophètes n’entendent plus la Parole divine !

Cependant, l’un d’entre eux va devenir l’un des plus grands prophètes d’Israël. Pour l’heure, il n’est encore qu’un enfant : Samuel ! (C’est-à-dire : Dieu exauce)

Il a été confié au prêtre Eli par sa mère, Anne. Comme nous l’avons entendu hier ; Anne espérait tellement avoir un bébé qu’elle s’était engagée, si elle était enceinte, à l’offrir au service de Dieu. C’est ce qu’elle fit ! Samuel est donc dans le Temple de Silo, quand Dieu l’appelle trois fois plus une fois.

« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». C’est ce que Samuel devra répondre lorsque Dieu l’appellera. C’est l’enseignement donné par Eli au moment où celui-ci découvre que c’est Dieu Lui-même qui appelle Samuel.

Frères et sœurs, cet enseignement nous concerne tous, à tout instant, parce que c’est une leçon de prière. L’enjeu de notre vie, ce n’est pas le don de Dieu ou sa proximité, puisque cela nous est déjà donné lors de notre baptême, mais ce qui importe, c’est la façon avec laquelle nous répondons à son appel :

« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »

Frères et sœurs, comment écoutons-nous Dieu qui nous parle, car aujourd’hui encore, Dieu ne cesse de nous parler, de nous interpeller, de nous encourager…?

Cette invitation à l’écoute de la Parole peut paraître banalement pieuse. Pourtant, elle combat nos ressorts intérieurs les plus profonds. Elle s’oppose même à nos idées religieuses les plus ancrées. Reconnaissons que spontanément, nous ne sommes pas toujours au service de Dieu ! Plus encore, c’est souvent nous qui Lui demandons d’être à notre service et de répondre à nos attentes et à nos désirs !

Samuel transmettra donc ce qu’il a reçu de Dieu. Nous sommes appelés à faire de même. Peut-être pouvons-nous faire cette expérience dans notre prière ? Ne gardons pas égoïstement la foi comme un trésor intime et caché, mais osons la partager avec nos proches.

Essayons, dans notre prière, aujourd’hui et dans les jours à venir, d’avoir cette même disponibilité de cœur : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Peut-être serons-nous surpris de ce que le Seigneur va nous demander !

                                                                                                                                                              Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 10 janvier 2022, 1re semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 14-20. Premier livre de Samuel 1, 1-8. Psaume 115. 

 

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ! »

   

  Nous connaissons bien cette phrase !

Vous souvenez-vous à quel autre moment de l’année liturgique nous entendons cette phrase, nous l'entendons ? Elle nous est dite le jour de l’entrée en Carême au moment du geste de l’imposition des Cendres. « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ! »

   Nous avons terminé hier, avec le Baptême de Jésus, le temps de la Nativité ! Nous commençons aujourd’hui la 1resemaine « Extraordinaire » du Temps Ordinaire.

Dans l’Évangile de Marc, ce sont les premières paroles de Jésus ; nous sommes au chapitre premier : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Croyez à la Bonne Nouvelle !

  La venue de Jésus est un moment de basculement dans l’histoire de l’humanité : avant, c’était le temps de la promesse, le temps de l’attente. Mais avec la présence de Jésus, c’est Dieu lui-même qui nous dit : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. »

La promesse est tenue : Dieu n’a pas oublié les hommes. Depuis la séparation et la rupture de l’homme au jardin d’Éden, Dieu n’a eu de cesse de désirer rejoindre chacun de nous ! C’est en Jésus que cette promesse s’accomplit.

Cette première semaine du Temps Ordinaire démarre un temps qui s’arrêtera au début du Carême (Mercredi des Cendres). Alors, remettons-nous en route ! C’est l’invitation que nous entendons ce matin. Mais peut-être avons-nous un peu perdu le sens des réalités de Dieu durant ces jours qui entourent la Nativité : affairés que nous sommes, pour certains troublés dans le brouillard des soucis de la vie, dans les craintes de cette pandémie ?

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

Il nous faut bien comprendre que cette phrase est un encouragement. Jésus est là, Il nous appelle nous aussi !

Prenons un exemple : imaginez un randonneur sur le plateau du Vercors par temps de neige dans le froid et le brouillard. Il ne sait plus très bien la direction, car il a peut-être égaré sa carte ou la visibilité n’est pas bonne. Voilà que, sur son chemin, il croise une personne qui le renseigne, et encore mieux, lui donne une boussole. Ce randonneur en est tout ragaillardi, son courage revient, la fatigue est dépassée et il peut repartir joyeux, plein d’espérance !

Ce randonneur est un peu chacun de nous. Dans notre attente du Royaume de Dieu qui nous parait parfois lointain, Jésus nous dit : « le règne de Dieu est tout proche ! ». Non seulement Il nous redonne courage, mais Il nous offre une boussole, son évangile : « Croyez à l’Évangile ! » Encore faudra-t-il ouvrir le Livre, le lire et le méditer !

Cette Bonne Nouvelle qu’Il nous propose va nous inviter à changer de direction, plus exactement à retrouver la bonne direction pour reprendre celle du Soleil levant. Changer de direction, c’est-à-dire se convertir !

        Jésus est là sur notre route ; Il nous invite à Le suivre comme Simon et André, comme Jacques et Jean. De fait, Il est lui-même la Bonne Nouvelle, Il est lui-même la boussole ! Alors, frères et sœurs, en ce début du temps extraordinaire du Temps Ordinaire, je souhaite bonne route à chacun ! Aidons-nous les uns, les autres !    

                            Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 9 janvier 2022, Fête du baptême du Seigneur, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 3, 15-16.21-22. Livre du prophète Isaïe 40, 1-5.9-11. Psaume 103.

Lettre de saint Paul à Tite 2, 11-14 ; 3,4-7.

 

Les jours passent vite, les uns après les autres ! Dimanche dernier, nous avons vécu la fête de l'Épiphanie avec les mages venus se prosterner devant l’Enfant Jésus. Aujourd'hui, avec la solennité du Baptême du Seigneur, nous faisons un bond gigantesque, pourrions-nous dire puisque nous nous retrouvons une trentaine d’années plus tard. 

Ce récit du baptême est une théophanie (du grec théos – Dieu et phanein – éclairer) c'est-à-dire une manifestation de Dieu, une illumination ou un éclairage sur ce que Dieu fait pour nous et sur ce que nous sommes invités à découvrir et à devenir.

     Cette scène se situe au désert, là où prêche Jean-le-Baptiste. Sa mission (comme nous venons de l’entendre avec Isaïe – 1re lecture),  est de préparer le chemin du Seigneur, de tracer une route pour notre Dieu qui vient sauver son Peuple.

Le désert où il vit est le lieu de toutes les possibilités. C’est à travers le désert que Dieu a fait cheminer son Peuple durant quarante années, pour l’amener à la Terre promise. C’est dans ce même désert que Jésus sera tenté, juste après son baptême, c’est là également que Jean le Baptiste appelle à la conversion. Éloignés de la vie ordinaire, les gens qui le rejoignent se laissent interpeller par son mode de vie et aussi par la parole puissante qu’il annonce. Cependant, ils ne sont pas surpris de son enseignement, car comme lui, ils attendent Celui qui doit venir, le Messie. 

Pour vivre cette attente, un geste important leur est proposé par Jean-Baptiste, un geste qui n’est pas anodin : le baptême !

Quel est ce geste ? Le baptême de Jean consiste à inviter des personnes, sans distinction de classes ou d’âge, à entrer dans l’eau du Jourdain acceptant ainsi de se laisser purifier par Dieu : pour être dégagés des égoïsmes, des orgueils et de toutes vanités. On y entre nu pour signifier l’humilité. Le baptême de Jean-Baptiste est donc un geste de vraie conversion dans l’attente du Messie ; ce n’est pas un geste anodin, mais un vrai engagement. 

Ce message de conversion retentit avec force, car Jean-Baptiste dans sa vie dépouillée est l’image parfaite du juif croyant qui n'a pas d’autre attente que celle de voir l'Envoyé de son Seigneur, le Messie attendu. Vivant à une époque où Israël est sous la domination de Rome, il n’attend pas de chef militaire ou politique. Il s’inscrit surtout dans le message des prophètes d’Israël qui annoncent la venue d’un Messie Serviteur, d’un Messie Sauveur qui transformerait l’histoire sainte d’Israël. 

Dès le début, pour éviter toute méprise, Jean le Baptiste montre qu’il n’est pas le Messie. Lui-même ne baptise que dans l’eau. Ce qu’il annonce c’est un baptême à venir « dans l’Esprit Saint et le feu », par Celui qui est plus grand que lui.

Effectivement, au moment où il verse l’eau du baptême sur Jésus qui s’est mêlé simplement aux personnes présentes, la voix de Dieu retentit. Le ciel qui était fermé depuis le Jardin d’Eden, s’ouvre, une voix se fait entendre, et un signe matériel apparaît sous la forme d’une colombe. Ces signes désignent le Messie Serviteur, l'Élu de Dieu. 

L’évangile de ce dimanche, nous permet d’assister, à une manifestation de la Trinité :

  • l’Esprit qui descend sur Jésus, alors qu’Il priait, et surtout
  • la voix du Père qui vient du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
  • comme une réponse à la prière de Jésus que nous ne connaissons pas.

 

Quelle joie pour Jésus de se savoir reconnu comme le fils bien-aimé de son Père du ciel et de ressentir la présence discrète, mais efficace de l’Esprit Saint auprès de Lui.

Ce qu’Il entend, c’est : « Je t’aime, tu es tout mon amour ! »

Frères et sœurs, qui peut rester insensible à une telle déclaration, que l’on soit homme ou femme, jeune ou âgé, en bonne santé ou malade ? Avez-vous déjà entendu : « Je t’aime, tu es tout mon amour » ?

Si en plus, cette déclaration d’amour vient de Dieu, alors, tout est possible ! Et pour Jésus c’est important ; la joie ressentie ce jour-là restera gravée en lui toute sa vie terrestre, même aux pires moments, sur la croix. Jésus sait que Dieu son Père ne peut l’abandonner. 

Cette reconnaissance reçue au baptême de Jésus sera aussi renouvelée, paradoxalement, quand Jésus au moment de sa mort, dira à saint Jean, le disciple bien-aimé, en parlant de sa mère : « Voici ta mère » (Jn 19,27). 

À Marie, il dira aussi : « Voici ton fils. » Devenant ainsi frères et sœurs de Jésus puisque nous avons la même maman, et nous pouvons, nous aussi, nous adresser à Dieu en disant : « Notre Père ». Comprenons-nous cette filiation, cet amour de Dieu pour chacun de nous ? Ainsi, à notre baptême, à nous aussi Dieu a dit : « Toi, tu es mon fils/ma fille bien-aimé(e) ; en toi, je trouve ma joie ! Tu es tout mon amour ! »

Cette joie n’est pas juste pour Jésus, elle nous concerne nous aussi.

Frères et sœurs, avons-nous vraiment conscience de l’amour que Dieu notre Père a pour nous ? Saint Jean nous le disait il y a quinze jours environ : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes. » (1 Jn 3,1). 

Ce baptême que nous avons reçu il y a plus ou moins longtemps, fait de nous des chrétiens, attachés au Christ, mais a-t-il réellement changé quelque chose en nous ? 

Nous avons expérimenté la plénitude des dons dans la force de l’Esprit-Saint, renouvelée toujours par le même Esprit au jour de notre confirmation. Mais où en sommes-nous ? Plusieurs questions devraient nous interpeller !

  • Notre baptême nous a rapprochés de Jésus par le don de la Foi, mais avons-nous l’impression d’être frères de Jésus, d’être tout proches de Lui ? Quelle est ma relation avec Lui ? Quelle mon espérance en la vie Éternelle qui nous est annoncée ?
  • Notre baptême nous engage donc, vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis des autres, vis-à-vis de l’Église … Où en suis-je de mon engagement ? En ai-je conscience ? Est-ce que, concrètement, je l’expérimente ? Comment est-ce que je vis cette vie fraternelle puisque, en Jésus, nous sommes frères et sœurs en Jésus ?

Beaucoup de questions m’interrogent, et devraient nous interroger en cette fête du baptême de Jésus ! C’est peut-être le moment de se rappeler l’interpellation puissante et prophétique de saint Jean-Paul II quand il nous disait, au début de son pontificat : « France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » (Jean-Paul II au Bourget, le 1er juin 1980).

Et nous, frères et sœurs, sincèrement, sommes-nous fidèles aux promesses de notre baptême ?

C’est la question que nous pouvons nous poser telle une méditation, une relecture notre vie, ce soir ou dans les jours qui viennent ; mais ne l’oublions pas : 

Baptisés et chrétiens, Dieu met en chacun de nous tout son amour !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi après l’Épiphanie, 5 janvier 2022, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 6, 45-52. Première lettre de saint Jean 4, 11-18. Psaume 71. 

 

Depuis Noël, d’épiphanie en épiphanie, de révélation en manifestation, Dieu s’est fait connaître : 

  • dans l’abaissement d’un nouveau-né qui réjouit les humbles bergers, 
  • dans la fragilité d’un nourrisson qu’adorent les sages venus d’Orient, 
  • dans le sourire d’un tout petit bébé que les vieillards Syméon et Anne reconnaissent comme le Messie tant attendu.

 

Jésus, devenu adulte, continue de révéler son identité divine : Il enseigne, Il guérit toute maladie et toute infirmité dans le peuple. De grandes foules le suivent. Pris de compassion par ces foules sans berger, Il continue à les enseigner et plus encore, Il les nourrit tant spirituellement que physiquement.

Son épiphanie comme Berger d’Israël a été tout à la fois très extraordinaire, humble et, sans aucun doute, très fugitive, car : « Aussitôt » nous dit l’évangile, le miracle des pains accompli, Jésus renvoie les disciples et la foule rassasiée, chacun comme il était venu. Et Lui s’éloigne seul, dans la montagne, pour prier.

Comment fait Jésus pour savoir ce que font les disciples ? Nous ne le savons pas ! Mais Il voit la barque des disciples ballottée sur les flots, alors que Lui-même, sur la montagne, est solidement ancré à son Père dans la prière. Alors, marchant sur la mer, Il rejoint ses disciples en difficulté ! Il leur dit : « Confiance, n’ayez pas peur, c’est moi. » Le grec est très intéressant pour mieux comprendre cette phrase : « egô eimi, Je suis… » Cela fait résonner, et déjà dans l’Ancien Testament avec le buisson ardent, la façon dont se manifeste Jésus. À nouveau, c’est une épiphanie, une manifestation de qui IL EST !

Il y a cependant, un paradoxe qui ne cesse de me surprendre : plus Jésus se révèle et moins les disciples le reconnaissent… C’est mystérieux ! La peur et la sidération les renferment, tenant la place de la confiance. Nous constatons qu’il y a une difficile naissance de la foi en Jésus !

Mais l’annonce du Salut s’amplifie ! A Noël, nous nous sommes réjouis, nous nous sommes émerveillés d’un Dieu qui se manifeste dans notre chair, dans notre humanité. À l’Épiphanie, la manifestation du Salut de Dieu est proclamée aux nations … Au-delà du peuple élu, c’est au monde entier que Dieu s’adresse !

Aujourd’hui, frères et sœurs, redescendons sur terre, et reconnaissons que Dieu se manifeste dans notre monde tel qu’Il est, avec ses aspérités, ses violences, ses laideurs, mais aussi avec ses joies, ses gestes de paix et sa beauté. 

Non, le miracle de Noël ne s’arrête pas dans nos crèches, il se poursuit dans notre monde, chaque fois que l’Emmanuel, « Dieu avec nous », est présent dans nos gestes, nos paroles, nos regards. C’est bien sûr dans le quotidien de notre vie, que nous pouvons Le reconnaître ! Demandons, ce matin, cette grâce que nos cœurs ne s’endurcissent pas et que nos yeux s’ouvrent pour Le reconnaître. 

La foi c’est de croire sans voir ! Alors, demandons cette grâce, dans notre quotidien, d’avoir la foi de Le « voir », pour chacun de nous ce matin et plus largement, pour nos familles, notre paroisse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi après l’Épiphanie, 3 janvier 2022, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 4, 12-17. 23-25. 

Première lettre de saint Jean 3, 22 à 4, 6. Psaume 2. 

 

La liturgie ne cesse pas de nous surprendre ! Cet évangile peut nous sembler étonnant et déconcertant en ce temps de Noël, car hier encore, nous étions là, devant la crèche avec les mages, pour nous prosterner devant l’Enfant Jésus. En effet, nous passons pratiquement et sans transition de la naissance du Seigneur au début de son ministère public, au début de sa prédication. 

Jean le Baptiste a bien préparé le terrain : des foules sont là, en attente. En apprenant l’arrestation de Jean, Jésus se retire en Galilée ; Il quitte Nazareth, la ville qui l’a vu grandir et va habiter à Capharnaüm, petite ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtalie.

Aujourd’hui, Jésus quitte donc cette période cachée à Nazareth pour entrer dans sa vie publique.

Avec l’arrestation de Jean, Jésus se met lui aussi, à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

Ces versets sont propres à approfondir le mystère de l’Épiphanie et particulièrement aussi celui de Noël. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par les mots du prophète Isaïe : “Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. “

Dans les lectures de la fête de l’Épiphanie, saint Paul dans sa lettre aux chrétiens d’Éphèse affirmait l’universalité de la venue du Sauveur : “Il a été révélé maintenant … Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’évangile. “

À travers ces fêtes, la mission de Jésus est bien présente : comme à la crèche où il attire déjà à Lui le monde païen, le début de son ministère voit toutes les nations venir vers Lui !

« Ce peuple qui habitait dans les ténèbres … est associé au même héritage ! »

La liturgie de Noël l’annonçait déjà ; la visite des mages païens le confirme. Les prophéties trouvent leur accomplissement en la personne de Jésus, le Verbe fait chair, lumière pour le peuple d’Israël et pour toutes les nations.

Nous sommes tous concernés !

Pour nous ce matin, la question est de savoir comment, personnellement, j’accueille cet héritage et cette promesse ?

Comment est-ce que j’accueille cette Bonne Nouvelle ? Qu’est-ce qu’il convertit en moi ? 

Bien souvent, dans notre vie, dans notre cheminement, nous sommes aussi à la croisée des chemins. Que faisons-nous ? Restons-nous dans notre routine ou nous mettons-nous en route avec une audace supplémentaire ? Il ne suffit pas de nous engager sur le chemin de l’humilité ouvert par les mages, par exemple en visitant l’Enfant Jésus, il ne suffit pas de rester dans le don de nous-mêmes, même si c’est déjà bien d’être humble et dans le don de soi : 

Il nous faut, nous aussi, nous prosterner devant Jésus !

Il nous faut, nous aussi, oser nous convertir, 

changer notre façon de vivre et oser témoigner de Lui !

Aujourd’hui encore, pour tout chrétien, cette affirmation est fondamentale. Si vous êtes là ce matin, c’est que notre Dieu s’est fait chair, Il a pris notre humanité, Il s‘est fait homme pour nous montrer le chemin et nous mettons notre foi dans son nom, “Jésus-Christ : le Seigneur sauve“, comme le dit l’Apôtre saint Jean dans la première lecture. 

Cependant, une question demeure pour chacun de nous, en ce début d’année 2022 : qui transmettra cette Bonne Nouvelle ? Qui aura l’audace de témoigner de Lui, aujourd’hui et dans les jours qui viennent ? 

Là aussi, le Seigneur attend de nous que nous puissions l’annoncer !

Frères et sœurs, demandons cette grâce ! Qu’Il nous donne la force de la mission !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 2 janvier 2022, solennité de l’Épiphanie du Seigneur, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 2, 1-12. Livre du prophète Isaïe 60, 1-6. Psaume 71.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 3, 2-3a.5-6.

 

Chers amis, la semaine dernière, nous étions dans la joie de la naissance du Sauveur. Les jours passent vite et, dès le lendemain de Noël, nous fêtions déjà la Sainte Famille. Puis, tout au long de la semaine, nous avons fait des bonds dans le passé, dans le futur ; nous avons retrouvé Jésus à douze ans, à trente-trois ans ! Aujourd’hui, nous venons, à nouveau, nous prosterner devant Jésus dans la petite ville de Bethléem. Avec cette fête de l’Épiphanie, c’est-à-dire de la révélation de « qui est Jésus pour nous », avec ces Mages (qui ne sont pas rois !), nous sommes nous aussi en chemin. L’Évangile que nous venons d’entendre nous livre un enseignement profond sur la recherche de Dieu et la reconnaissance du Christ. 

     Cette recherche, cette rencontre, cette reconnaissance concerne tout homme, quelle que soit sa culture ou son origine. Plus largement que le Peuple élu, tout être humain partage ce même désir de Dieu dans son cœur, ce désir de transcendance, ce désir de rencontrer le Christ, sans même le connaitre ! 

Saint Paul l’a très clairement exprimé (deuxième lecture) : « ce mystère, le mystère de Dieu parmi nous, concerne aussi les païens puisqu’ils sont associés au même héritage… ».

     Dans la nuit de Noël, au petit matin, ce sont les bergers, les plus petits parmi les petits d’Israël qui ont découvert en ce petit d’homme, le Sauveur tant attendu et qui sont repartis dans la joie en chantant les merveilles de Dieu.  

Aujourd’hui c’est le tour des plus grands et des plus lointains, ces mystérieux mages dans leur quête guidés par l’étoile. 

Mais qui sont ces mages ? Ils ne sont pas rois ; ils viennent d’Orient, nous dit l’Évangile. 

Autrement dit, ils viennent façonnés par une autre culture, par d’autres traditions que celles du peuple juif, pard’autres religions. Ce sont des hommes de culture, de science : ils étudient les étoiles, ils connaissent leurs positions. Ils sont attentifs aussi aux signes de leurs temps et ils savent les interpréter. Ce sont des sages qui, allant au bout de leurs recherches et de leurs questionnements, acceptent de se laisser déplacer, de se mettre en marche, d’aller même jusqu’à se laisser enseigner par des sages d’une autre nation, ceux qui connaissent les Écritures d’Israël, pour aller vers cet inattendu roi de Gloire, qui se donne à contempler dans ce nouveau-né, dépourvu de tout moyen de puissance. Imaginons l’étonnement de ces mages, arrivant dans le lieu très humble de Bethléem, où ils découvrent Marie tenant l’Enfant Dieu dans ses bras ! N’auraient-ils pas plutôt imaginé Le découvrir dans un palais ou une demeure majestueuse ?

     Cependant, les mages ne se laissent pas distraire par ce qu’ils découvrent. Ils accompliront leur quête et se prosterneront pour adorer l’Enfant Dieu. Ils Lui offriront de l’or, de l’encens et de la myrrhe ! Événement important, avertis en songe, ils repartiront par un autre chemin ! Au sens propre ou figuré, ils repartiront différents ou encore dans un chemin de vie autrement !

     S’ils ont cette intelligence et cette souplesse, tristement, il y a d’autres personnages qui eux, resteront sur leur savoir et leur pouvoir ; ils savent, mais ils resteront enfermés sur eux-mêmes ; incapables de se mettre en route… Qui sont-ils ? Ce sont le roi Hérode, ses grands prêtres et ses scribes. Ils savent, mais restent sans action !

Pour nous ce matin, il nous est donné encore aujourd’hui des signes : au moins trois signes ! Trois jalons pour rencontrer Dieu ! 

Trois jalons que beaucoup peuvent déchiffrer et comprendre 

l’étoile, la Parole et l’enfant.

         

Le premier signe de Dieu l’étoile a marqué une étape dans la vie des mages. Ils ont choisi de la suivre. Elle les a conduits vers la vraie lumière qui éclaire tout homme. 

Quelle leçon pouvons-nous en tirer dans notre propre démarche de conversion ? 

À l’image des mages, saurons-nous nous mettre en route à la rencontre de la Lumière et repartir par un autre chemin, celui du Christ qui a dit : « je suis le chemin » (Jn 14,4). 

L’histoire des mages montre que notre vie n’est en rien gouvernée par un destin, définie par une mécanique céleste qui s’imposerait à nous. Ce n’est pas notre horoscope qui définit notre avenir ! C’est le Christ qui s’offre à nous pour nous guider, en nous laissant libres de Le suivre ou non. 

Frères et sœurs, nous avons déjà rencontré ces étoiles ! Si nous faisons mémoire de notre histoire, nous pourrons constater que des étoiles ont été allumées dans notre vie… rencontre, mariage, vocation, profession ou décision prise suite à un conseil éclairé. N’oublions pas que nous sommes nous-mêmes des étoiles les uns pour les autres !

Si la lumière illumine tout homme, c’est à chacun de se laisser illuminer, dans une démarche active. Rester passifs devant la lumière du Christ ne suffit pas pour être dans la lumière. 

Le second signe qui mène à Dieu, c’est la Bible, sa parole inépuisable. Je vous pose une question : faisons-nous de cette Parole un vieux grimoire poussiéreux ? Ouvrez-vous votre Bible ? Cette Parole est-elle toujours vivante ? Savez-vous que la Bible est un trésor international de l’Humanité, le livre le plus traduit et diffusé à travers le monde ? Il nous faut la méditer, la goûter pour en découvrir l’indicible beauté ; sans doute faut-il avoir gardé un cœur d’enfant ! Le Christ Lui-même nous le dit : « Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu... »

Le troisième signe, précisément, c’est l’enfant, celui que nous avons adoré à la crèche, il y a encore quelques jours ! Quand on regarde le passé du christianisme (les premiers siècles de l’histoire chrétienne), on remarque que la majorité de ce qu’on appelle les « hérésies » rejette l’humanité de Jésus. Nous sommes habitués à dire que Jésus est vrai Dieu et vrai homme ; cependant, si nous mesurons ce que nous osons dire, nous découvrons que Dieu s’est fait homme et qu’Il a pris notre humanité ; c’est réellement vertigineux ! (Cf. comparer le Symbole des Apôtres et Credo de Nicée-Constantinople et les précisions de qui est le Christ). 

L’inouï de Dieu : c’est que Dieu a pris notre humanité, pour nous redire avec une voix d’homme que Dieu est proche ! Si proche qu’Il se fait nourriture et nous redit à chaque Eucharistie : « Prenez et mangez ». Il nous faut réentendre, au creux de nos existences les plus quotidiennes de fils et filles bien-aimés du Père que : « Nous avons part à la divinité de celui qui a pris notre humanité » !

C’est cela aussi la folie de Dieu, sa folie d’amour !

Frères et sœurs, en ce début d’année 2022, nous recevons une invitation capitale ! 

     Oserons-nous nous mettre en route en suivant l’étoile qui apparaît dans le ciel de notre vie, à travers toutes nos rencontres, par la lecture de la Parole de Dieu, en nous mettant face au mystère de la Crèche ? 

Alors, quoiqu’il arrive, si nous sommes attentifs à ces signes, une grande, une très grande joie nous est promise…Elle est bien différente de la joie commerciale ou de la joie du monde et des plaisirs : c’est une joie intérieure de comprendre que Dieu est présent dans ma vie et de le savourer ! Tout au long de ces jours qui vont s’écouler durant cette année, le Christ sera présent ! Cette joie sera le signe de la présence vivante du Christ dans nos vies !

Permettez-moi de vous redire : 

Que le Seigneur vous bénisse ! Qu’il vous garde dans sa joie et dans sa paix ! 

À tous et à vos familles, belle et sainte année 2022 !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du samedi 1er janvier 2022, solennité de sainte Marie, Mère de Dieu, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 2, 16-21. Livre des Nombres 6, 22-27. Psaume 66.

Lettre de saint Paul aux Galates 4, 4-7.

 

Une année vient de s’écouler ! Ce n’est pas seulement un petit chiffre que nous allons changer (2021 devient 2022). L’année qui vient de se terminer est une année où nous avons vécu beaucoup d’événements soit joyeux, heureux comme des fiançailles, des mariages, des naissances, des changements de situation, mais aussi des événements douloureux, difficiles, délicats. Inutile de les énumérer, car nous savons bien ce que vous avons vécu tout au long de cette année.

Cependant, frères et sœurs, essayons d’être dans l’Action de grâce et si cela nous est trop difficile, demandons l’aide de l’Esprit Saint pour percevoir et rendre compte malgré tout, des événements beaux ou simplement heureux que nous avons vécus. 

Nous commençons donc une nouvelle année ! Que sera-t-elle ? Nous sommes bien incapables de le savoir, mais cependant, elle sera ce que nous souhaitons qu’elle soit … du moins autant qu’il est possible ! Dans la contingence des événements que nous pourrions traverser, nous restons toujours libres de faire du bien et de poser des actes charitables !

Le 1er janvier est le jour par excellence où nous sommes invités à nous émerveiller de ce que Dieu fait dans notre vie et aussi de la grandeur de la Vierge Marie. Être Mère de Dieu est une grâce inouïe, absolument unique. Une grâce que Marie a accueillie avec beaucoup d’humilité ; que dit-elle lors de l’Annonciation : « Voici la servante du Seigneur ! »

Chacun sait qu’il y a toujours un lien très particulier entre un enfant et sa maman ! C’est vrai aussi de Jésus et de Marie ! Cette maternité l’engage beaucoup, au plus profond d’elle-même. Nous entendons encore, huit jours plus tard, le récit de la visite joyeuse des bergers dans l’étable de Bethléem.

Marie a reçu un titre. Ce titre de Théotokos (du grec Θεοτόκος, « qui a enfanté Dieu », ou encore « Mère de Dieu ») nous dit quelque chose de l’humilité de Dieu, car Dieu accepte de naître d’une créature humaine. En même temps, ce titre nous dit sa confiance en Marie au moment où Dieu lui confie une telle mission : mission incroyable d’accueillir le Fils de Dieu en notre humanité.

Cette solennité de Marie, « Mère de Dieu, » est la plus grande fête en l’honneur de la Vierge Marie. Elle est le fondement de toutes les autres : si Marie est immaculée dans sa conception, c’est bien : 

  • en vue de sa mission de Mère de Dieu ; si on fête l’Assomption de la Vierge Marie, 
  • parce que Dieu ne pouvait pas laisser se dégrader ce corps qui l’avait porté.

Cette mission de Marie ne doit pas nous rendre envieux en disant : « quelle chance a-t-elle eu de recevoir la visite de l’ange, ou encore de vivre une telle proximité avec Jésus ! » 

Savez-vous que Dieu agit en nous d’une manière similaire à ce qu’Il a fait pour Marie ? Lorsque Dieu nous donne une mission qu’elle soit d’annonce, d’évangélisation ou de témoignage, Dieu ne nous prend pas pour des instruments purement passifs, inanimés. Il fait toujours appel à notre coopération et à notre liberté ! C’est ce qui permet de dire et de comprendre, quand l’œuvre est réalisée, qu’elle participe à la fois de la main de Dieu et aussi de la nôtre. 

Oui, Dieu a besoin de nous ! Pensons-y tout au long de cette nouvelle année : Dieu a besoin de notre intelligence, de notre cœur, de nos mains… pour porter le beau message de l’amour de Dieu pour tous ! Soyons persuadés que, chacun à notre niveau, nous sommes en capacité de témoigner de Dieu.

Prenons un exemple avec les rédacteurs des quatre évangiles ! Saint Jean n’écrit pas de la même façon que saint Luc ou saint Marc comme saint Matthieu. Chacun le fait avec sa grâce propre, avec ses talents, son intelligence, son tempérament, le vocabulaire dont il dispose … en réalité, c’est toujours la Parole de Dieu !

Si Marie a été appelée dans la gloire de Dieu, c’est aussi ce que Dieu veut faire pour nous, même si nous ne vivrons vraisemblablement pas une assomption comme Marie ; notre corps va se dégrader dans la terre. Gardons cela en mémoire : comme pour Marie, Dieu nous invite à partager et avoir part à sa gloire.

Perplexes ? Méditons cette phrase de l’évangile que nous venons d’entendre : « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. »

J’aime beaucoup cette formule, à la fois délicate et respectueuse. Cette formulation signifie d’une certaine façon que Marie ne comprend pas tout et qu’elle découvre petit à petit le plan, toujours surprenant, du Salut de Dieu. Si elle ne saisit pas tout, comme nous-mêmes nous nous interrogeons sur le sens des événements, Marie fait confiance en tout à Dieu 

Quoiqu’il puisse nous arriver tout au long de cette année, 

faisons confiance en tout à Dieu, comme Marie !

Il nous faudra retenir et méditer les événements de notre vie. Sans cette méditation, nous risquerions de nous priver de mieux comprendre le sens du chemin que Dieu nous invite à prendre et peut-être même pire, de nous renfermer sur nous-mêmes en renonçant à Dieu !

Comment comprendre ?  Aujourd’hui, quand nous ne savons pas faire quelque chose, notre réflexe est de chercher un tutoriel sur internet et de nous débrouiller comme nous le pouvons. C’est peut-être très bien, sauf qu’avec une telle méthode nous restons bien seuls, appuyés sur nos seules forces. Marie n’est pas seulement un modèle à imiter pour mieux vivre de la vie de Dieu. Marie est une personne avec laquelle on entre en relation et qui peut agir puissamment dans notre vie par son intercession. Ce n’est pas pour rien qu’avant de mourir, Jésus a voulu nous donner sa Mère ! Rappelez-vous ce qu’Il dit au disciple du haut de la croix : « Voici ta mère. » Tout au long de cette année, rappelons-nous que nous pouvons égrener le chapelet, qui est la meilleure défense contre les forces du Mal.

La liturgie, en cette nouvelle année, nous propose l’ancienne prière de bénédiction (entendue dans la première lecture du livre des Nombres) que Dieu avait suggérée à Moïse pour qu’il l’enseigne à Aaron et à ses fils. J

e vous invite dès ce soir ou demain, à reprendre cette formule pour la donner, pour la proposer aux personnes que vous rencontrerez ; vous pourrez même la chanter :

« Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6, 24-25)

Frères et sœurs, demandons à la Très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, sa présence, comme une maman soutient avec force ses enfants qui doivent partir en voyage, et cette nouvelle année est comme un voyage : qu’avec la lumière et la grâce de Dieu, que cette Bénédiction puisse être un chemin de paix pour chaque personne et chaque famille, pour notre paroisse, pour chaque pays et pour le monde entier. 

Demandons cette grâce pour chacun de nous tout au long de cette nouvelle année !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 29 décembre 2021, 5e jour dans l’octave de la Nativité, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 2, 22-35. Première lettre de saint Jean 2, 3-11. Psaume 95.

 

Si vous avez été attentifs à la liturgie de cette semaine après Noël, vous avez pu vous apercevoir que la chronologie est un peu en zigzag ! Un jour, nous nous trouvons au Temple et Jésus a 12 ans, un autre jour, nous sommes au calvaire au moment de la résurrection le dimanche de Pâques, puis nous retournons au massacre des saints Innocents et voilà qu’aujourd’hui, nous sommes, à nouveau, dans le Temple. 

Pour la première fois, Jésus, encore bébé, entre à Jérusalem et la présence du Christ Seigneur remplit le Temple.

Dans la foule anonyme du Temple, nous rejoignons un petit groupe qui passe presque inaperçu : des parents et un enfant et un vieillard qui arrive assez rapidement au-devant du tout jeune foyer.

Marie, la maman, serre dans ses bras l'offrande du monde, le propre Fils de Dieu ; et lui, Joseph, le papa, apporte l'offrande des pauvres : deux jeunes colombes. Quant à Syméon, il n'est ni prêtre, ni rabbi, ni lévite. Il n'était pas au Temple à attendre l'événement : il vient d'y arriver, poussé par l'Esprit Saint !

Il rejoint Marie et Joseph et, sans un mot, il reçoit l'Enfant : c'est la nouvelle alliance dans les bras de l'ancienne; c'est l'instant de fidélité que Dieu préparait depuis Abraham.

Puis, l'enfant au creux de ses bras, Syméon se met à bénir Dieu. L'Esprit, illuminant sa prière, lui dévoile son propre destin, le destin de l'Enfant et celui de sa Mère.

Pour lui-même, le vieil homme parle de départ et de paix : il peut s'en aller vers la mort, puisque déjà il a rencontré, vu et touché celui que Dieu donne pour la vie du monde : il s'en va, alors, dans la paix, parce que Dieu s'est souvenu de son amour. (C’est le cantique de Syméon.)

Pour l'Enfant, Syméon annonce un destin universel : il sera le Salut de tous les peuples, Salut d’Israël, à qui Dieu montre sa fidélité, et Salut des nations païennes, qu'il prend dans sa miséricorde (Rm 15,7-12). Tous les hommes seront éclairés par la lumière qui émane de cet Enfant.

Toi-même, ajoute Syméon, - un grand étonnement passe dans le regard de Marie – « un glaive traversera ta vie » ; l'épreuve révélera le fond de ton cœur ; l'inconnu, l'imprévu, l'incompréhensible réclameront de toi, avec ta disponibilité de servante, un surcroît d'amour et de pauvreté. Littéralement, même si certains évènements pourront t’étonner et même te surprendre, fais confiance en Dieu !

Quant à nous, frères et sœurs, suivons, rien que pour aujourd'hui, la démarche de Syméon, poussé par l'Esprit : entrons dans l’intériorité de notre prière, recevons l'Enfant ! Marie nous le prête un instant ; de fait, elle nous le donne chaque jour.

Tout au long de ce jour, spirituellement, gardons l’Enfant doucement au creux de nos bras, dans notre cœur ; quand nous recevons l'Enfant Jésus, ce n’est pas Lui que nous portons, c'est lui qui nous porte, c’est Lui qui nous conduit.      

                                                                        Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 27 décembre 2021, fête de saint Jean, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 20, 2-8. Première lettre de saint Jean  1, 1-4. Psaume 96.

 

Les jours s’écoulent vite ! Dans la nuit du 24 au 25 décembre, nous avons vécu la naissance du Sauveur dans le concret d’une famille près du champ des Bergers ! L’assemblée était nombreuse, joyeuse. Au petit matin, nous sommes venus nous prosterner, avec les bergers, devant l’Enfant Dieu. Le 25, jour de Noël, nous avons entendu le Prologue de saint Jean. 

En prenant un peu de hauteur, nous avons pu découvrir davantage le plan du salut de Dieu, la raison de la venue de Jésus en notre humanité ! Nous le savons, ce Salut va passer par le refus de Dieu ! 

Hier, dimanche, nous avons fêté la Sainte Famille et nous avons retrouvé Jésus à l’âge 12 ans dans le Temple face aux docteurs de la Loi, aux scribes, aux prêtres, tous étonnés de sa connaissance et sa sagesse.  

Avec ses réponses éclairantes, le jeune Jésus est en train de vivre (pourrait-on dire) une première « évangélisation ». Sa naissance s’est manifestée pour faire advenir la Lumière et le Pardon dans un univers de guerre. Il proclame cette beauté fragile dans un monde de mensonge. 

Aujourd’hui, en faisant mémoire de l’Apôtre saint Jean, nous effectuons un bond de presque 33 ans pour arriver au matin de Pâques et à l’annonce de la Résurrection de Jésus : la vérité de son Amour vainqueur est là, la lumière brille dans les ténèbres ! 

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, celui du matin de Pâques, saint Jean a encore, sans doute, dans les yeux les scènes tragiques du Vendredi saint.

Quand Marie de Magdala arrive en courant à la recherche de Jésus, elle est affolée : que se passe-t-il ?

 « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Celui que Jésus aimait court avec Pierre pour prendre la mesure des paroles de Marie de Magdala.

Les voilà arrivés ! Ils traversent le petit jardin, en contrebas du Golgotha. Jean se penche, regarde rapidement, puis s’efface pour laisser entrer Pierre, qui est l’aîné et le responsable de leur petite communauté. Pierre regarde : les linges sont là, à la place du corps ; le suaire est là aussi, à la place de la tête, bien roulé à part. Il se dit intérieurement : « Les femmes ont raison ! On a enlevé le Seigneur. » 

Pierre regarde, mais ne voit pas ! Pas encore ! Ils cherchent comme les saintes femmes, le corps sans vie de Jésus ! Ils cherchent un cadavre !

C’est alors,nous dit l’évangile, que le disciple que Jésus aimait entre à son tour : "Il voit et il croit". En fait, Jean ne voit « rien » de plus. Il voit la même chose que Pierre ! Il ne voit pas encore le Christ ressuscité. Mais il voit « en creux » l’accomplissement de la promesse du Christ dans les linges restés à leur place : si le corps est absent, c’est qu’Il est vivant ! C’est ce que nous appelons 

la foi : c’est-à-dire, croire sans avoir vu !

Nous sommes, frères et sœurs, encore dans la contemplation du mystère de la Nativité. Durant cette nuit de Noël, nous avons prié, nous nous sommes prosternés devant l’Enfant Jésus ! 

Qu’avons-nous fait ? 

Avons-nous juste regardé la crèche, aussi belle soit-elle ? 

Nous sommes-nous arrêtés au merveilleux de la nuit de Noël, mais pris par notre quotidien, le train-train des jours qui passent, nous ne sommes pas allés plus avant dans cette révélation ? 

Ou, avons-nous vuet avons-nous cru réellement que cet enfant est notre Salut ?

En prière devant nos crèches, demandons d’être renouvelés dans la grâce de la foi, c’est-à-dire de croire sans voir ! C’est un don et une grâce que le Seigneur veut nous donner pour peu que notre cœur « voit » autrement et s’ouvre véritablement !

Demandons cela pour chacun de nous ce matin, pour nos familles, notre communauté et pour le monde !   

                                                                           Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 26 décembre 2021, fête de la Sainte Famille, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 2, 41-52. 1er livre de Samuel 1,20-22.24-28. Psaume 83. 

Première lettre de saint Jean 3, 1-2. 21-24.

 

Chers amis, j’espère que vous avez pu vivre un beau Noël, simple, chaleureux et priant. J’espère aussi que vous avez pu communiquer à toutes les personnes qui n’ont pu se rendre à cette fête de la Nativité de goûter cette joie de Noël !

Au lendemain du 25 décembre, nous fêtons immédiatement, cette année, la Sainte Famille. Il s’agit de la famille de Nazareth, celle de Jésus enfant avec ses parents Marie et Joseph. Une Sainte Famille, avec ses joies et ses difficultés, dont nous venons d’entendre une des péripéties les plus connues, un des rares événements que les Évangiles nous rapportent de l’enfance de Jésus. 

Regardons ensemble, si vous le voulez bien, cet épisode qui nous est proposé aujourd’hui. Il peut ressembler, au moins dans sa forme, à des situations qui peuvent nous être familières ! 

        Que se passe-t-il ? Jésus semble échapper à la vigilance de ses parents ; ils sont à Jérusalem en pèlerinage. Jésus vient d’avoir 12 ans et la précision est importante, car pour les juifs de cette époque, c’est l’âge de l’entrée dans la vie adulte. Aujourd’hui, cet âge est plutôt celui de l’adolescence avec bien des crises ! 

Lorsque ses parents le retrouvent enfin au bout de trois jours, la réponse de Jésus les laisse stupéfaits. Nous le serions aussi à leur place ! Que dit Jésus : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? »  

Comment Jésus peut-il s’étonner de ce que ses parents le cherchent ? Encore plus déconcertant, Il ajoute : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père? »

Remarquez, ce ne serait pas la première fois ni la dernière, que des parents ne comprendraient pas leur enfant devenu adolescent ! 

        Une supposition ! Jésus serait-il dans une phase rebelle ? L’évangéliste Luc nous donne des éléments clairs pour enlever de nous cette idée, car nous avons entendu que : « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth et il leur était soumis » puis, plus loin : « il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes ».

Alors, que nous dit ce récit, en vérité ? Pourquoi saint Luc a-t-il jugé bon d’inclure cet épisode dans son évangile ? Sans doute, est-ce Marie qui lui a fait cette confidence !

De cet épisode, nous pouvons retenir trois enseignements 

- Premier enseignement : oui, Jésus est un homme ordinaire. Il a un père et une mère qui l’élèvent, s’occupent de son éducation, en suivant les rites de leur temps et qui prennent soin de Lui. Il a été enfant, comme tout le monde, Il a parfois déconcerté ses parents, avant de devenir Celui qui proclamera la Bonne Nouvelle sur les routes de Palestine. 

- Deuxième enseignement : non, Jésus n’est pas un homme ordinaire. Dès qu’Il quitte son statut d’enfant pour celui d’adulte, Il se comporte en adulte et commence immédiatement sa mission : interpeler les personnes influentes de son temps, les religieux et les maîtres sur leurs connaissances, leur enseigner ses propres réponses, dans ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui une « première évangélisation ». Surprenant !

- Troisième enseignement : non, Jésus n’est pas seulement qu’un homme extraordinaire : Il est fils de Dieu, celui que nous avons accueilli hier dans la crèche, que nous avons adoré ; Il est celui que les anges ont chanté et que les bergers, à la fin de la nuit, sont venus visiter ! Il l’affirme lui-même lorsqu’Il répond : « c’est chez mon Père que je dois être ». Quand il dit « mon Père », il parle bien évidemment de Dieu, le Dieu qui s’est révélé à Abraham, Moïse, David ; le Dieu qui s’est manifesté à Marie et à Joseph avant la naissance de leur Enfant, Jésus.

Ce récit exprime déjà le Mystère de l’Incarnation (In-Carné : dans la chair). 

Quel est l’impact de cette fête de la Sainte Famille pour nous aujourd’hui ?

Si Dieu a choisi de naître dans une famille, ce n’est pas sans signification. Cela nous dit l’importance de la famille, aux yeux de Dieu. 

  • Importance de la famille, avec une place spécifique et non interchangeable pour chacun de ses membres. Une famille éducatrice, un père, une mère, et un enfant accueilli, reçu pour lui-même, un enfant sujet, et non pas objet obtenu de droit, non pas « objet de revendication ». L’accueil de l’enfant (un ou plusieurs) est un don, fruit de l’amour ; c’est ce qui fonde la famille. (J’ai une prière particulière aux couples en attente d’enfant.)
  • La fête de la Sainte Famille est aussi l’occasion de fêter nos propres familles, au lendemain de Noël où beaucoup de familles (avec les restrictions sanitaires que nous connaissons) ont eu le bonheur de se retrouver, de se rassembler autour d’un repas, de se téléphoner et d’échanger quelques nouvelles… bref, de manifester notre attachement aux uns et aux autres. 
  • Cela peut paraître bien banal, mais ne manquons pas de fêter nos familles, ces petites cellules dans lesquelles tant de choses importantes se jouent. C’est le lieu où naît, grandit et s’expérimente la relation aux autres, cet irremplaçable amour avec toutes ses déclinaisons : amour conjugal, filial, paternel, maternel, fraternel. La famille est le lieu où l’amour se découvre !
  • La famille est aussi le premier lieu de vie pour chacun (accueil lors de la naissance), et le dernier lieu de sécurité pour beaucoup au moment de la vieillesse.

Même si notre société, jouant le chaud et le froid, déstabilise la famille, nous savons bien qu’en même temps beaucoup de personnes rêvent d’une famille stable et aimante ! La famille est la valeur sûre et stable de nos existences.

        Souvent la Sainte Famille nous est donnée en exemple, mais si nous sommes réalistes, nous constatons qu’il n’y a pas de famille parfaite. Nos familles cheminent cahin-caha sur le chemin de la vie, mais c’est justement, dans le désir de pardon et d’amour, de crises surmontées et de nouveaux départs que nos familles pourront se stabiliser et grandir en sainteté !

Frères et sœurs, cette fête est donc l’occasion d’une prière renouvelée ! 

Seigneur, toi qui nous a donné de transmettre la vie au cœur d’une famille,

et comme Tu l’as toi-même souhaité pour ton propre fils ; 

En cette fête de la Sainte Famille, nous te rendons grâce pour nos familles humaines 

et pour nos familles spirituelles.

Permets que tout enfant puisse connaître un père et une mère aimants 

pour grandir dans l’équilibre et dans la paix !

 

C’est la prière d’action de grâce que nous pouvons exprimer en ce jour, tous ensemble !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du jour de Noël 2021, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Livre du prophète Isaïe 52, 7-10. Psaume 97.

Lettre aux Hébreux 1, 1-6.

 

Chers amis, je vous pose une petite question pour commencer cette homélie, mais rassurez-vous, je ne suis pas là pour vérifier vos réponses.

Êtes-vous allés aux messes, celle d’hier soir, de cette nuit ou encore à celle de l’Aurore ce matin très tôt ?

Cette question me permet simplement de vous dire que je suis toujours frappé par le contraste entre les trois messes de Noël. Si vous êtes des lecteurs d’Alphonse Daudet, vous souvenez qu’il y a au moins trois messes de tonalité différentes !

  • - Trois messes pour marquer l’importance de cette incroyable naissance. 
  • - Trois messes pour aborder différemment Celui que nous célébrons !

Lors de la messe de cette nuit, l’église était bondée, et nous avons écouté le récit merveilleux de la naissance de Jésus ! Nous avons pu prier, adorer, prendre du temps devant la crèche. Sans doute, avez- vous installé dans votre appartement ou dans votre maison, la crèche, y déposer l’Enfant Jésus cette nuit, faire une prière, chanter un refrain. 

Lors de la messe de l’Aurore, tôt ce matin, dans l’obscurité de la nuit, avec juste quelques petites bougies allumées, nous nous sommes remémoré la visite joyeuse et intime des bergers à la crèche avec les anges qui chantent : « Gloria… ». 

Les bergers avaient décidé d’aller voir celui qui leur avait été annoncé et ils se sont déplacés jusqu’à Bethléem. Là, ils ont vu Marie, Joseph et l’Enfant Jésus, dans l’humilité de la crèche. 

Chers amis, cette troisième messe, la messe du jour que nous vivons maintenant nous invite à une belle et profonde méditation en saint Jean. Elle nous permet de prendre un peu de hauteur pour mieux comprendre le Plan de salut de Dieu : le mystère du Salut en Jésus ! Oui ! Nous qui sommes chrétiens et témoins, cela nous concerne, car c’est de notre salut dont il est question !

De fait, les lectures de ce jour de Noël complètent, si vous me permettez cette comparaison, le faire-part de naissance de Jésus, fils de Marie et de Joseph. 

L’auteur de la lettre aux Hébreux nous dit qu’Il est l’expression parfaite du Père, littéralement « Consubstantiel » au Père ; saint Jean, dans son prologue nous redit qu’Il est lumière, et Isaïe qu’Il est porteur de paix

L’enfant de la Crèche, vrai homme, est : Dieu, Lumière et Paix !

 

Si je rédige la première ligne de ce faire-part, ce pourrait être : Jésus est Fils du Père !

C’est-à-dire qu’Il est l’expression parfaite (consubstantiel  de la même substance divine) de l’être du Père : relation unique et très étroite, qui exprime que Jésus est bien le Fils de Dieu, né du Père. Il est de nature humaine, tout comme nous, mais Il est aussi de « substance divine ».

La Vierge Marie le savait dès l’Annonciation : cet enfant ne sera pas juste un enfant parmi d’autres, mais Il pourra dire plus tard en vérité : « le Père et moi, nous sommes un. » Jésus nous dit qui est le Père, et Il nous le dit dès sa naissance : II est celui qui se penche vers l’homme, qui en prend la condition, se fait petit enfant pour que nous ayons la vie, pour notre salut.

 

La deuxième ligne du faire-part pourrait être : Jésus est lumière du monde !

C’est-à-dire que cet enfant de la crèche apporte la lumière, la lumière dans le couple bien sûr, mais la lumière du monde ! L’émouvant prologue de saint Jean nous redit que le Verbe : « était la vie et la Vie était la lumière des hommes. »Cette lumière ne s’arrête pas à la chair, elle dit le plus profond de l’homme, elle illumine son cœur. 

La révélation de Noël, c’est que nous pouvons maintenant voir Dieu face à face en Jésus, et Lui peut nous regarder en nous partageant sa vie. 

C’est une grande chance et une grâce pour nous qu’il en soit ainsi : car en Lui nous découvrons qui est Dieu ! « Qui me voit, voit le Père » (Jn 14,9)

En le regardant, à qui le veut, nous vivons déjà d’une autre vie, nous resplendissons d’une autre lumière, jusque-là, toutes deux cachées aux hommes.

 

Et voici la troisième ligne du faire-part Jésus est celui qui porte la Paix et annonce la Bonne Nouvelle !

Nous pouvons nous demander, sans doute : peut-on vraiment affirmer cela face à toutes les terribles violences de notre monde qui reste baigné dans une humanité bien souvent, sans Dieu et sans réelle compassion. 

Oui, je le crois profondément, toute la vie de Jésus en témoigne, jusqu’à son procès devant Pilate et à sa mort même : Il vient renverser les puissants de leurs trônes, élever les humbles, donner au monde la paix. La paix dont nous parlons n’est pas n’importe quelle paix, mais c’est celle qui vient de Dieu. Elle ne se réduit pas à un subtil et fragile équilibre entre des forces antagonistes, jamais rassasiées. Contrairement à tant de beaux parleurs et despotes autoproclamés, Jésus n’a jamais porté d’autres armes que celles de la vérité et de la justice ; Il n’a jamais eu aucun lien avec les forces de mort, et bien au contraire, Il a combattu la mort et Il l’a vaincue. 

Par Jésus et en Jésus, se trouve donc déjà pour nous la paix véritable, celle du Paradis que nous avons perdue après la faute de nos pères, celle à laquelle nous aspirons pour trouver toujours plus sur notre terre : de fait, nous rêvons du Ciel !

Alors, messe du soir, de l’aurore ou messe du jour, il n’y a pas à choisir, mais à les vivre toutes : c’est la proposition que je vous lance pour l’année prochaine, car c’est le même mystère que nous sommes invités à accueillir sous toutes ses formes, pour notre plus grande joie !!!

Comprendre Noël : 

  • C’est comprendre que Dieu ne nous abandonne pas !
  • Qu’un Salut est déjà là !
  • Que le Fils de Dieu nous regarde, et son regard est un regard d'enfant.

Permettez-moi de vous souhaiter à nouveau : Joyeux et saint Noël à tous ! Alléluia !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 20 décembre 2021, 4e semaine du temps de l’Avent, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 26-38. Livre du prophète Isaïe 7, 10-14. Annonciation.

 

Comme je vous le disais récemment, ces jours qui précèdent Noël nous invitent à revoir avec un regard neuf l’Histoire Sainte d’un peuple en attente. D’une façon accélérée, nous revisitons les éléments essentiels de la promesse de Dieu : la venue du Sauveur !

Coquetterie de la liturgie : nous entendons aujourd’hui, le récit de l’Annonciation dont nous avons entendu, hier (dimanche) la suite dans le récit de la Visitation.

 Revisiter l’Histoire sainte, c’est remonter des siècles en arrière pour entendre et découvrir, à nouveau, la fidélité de Dieu. 

Avec la 1re lecture du livre d’Isaïe, nous assistons à l'une des pages les plus dramatiques de l'histoire du peuple d'Israël ; nous sommes vers 735 av. J.-C. L'ancien royaume de David est divisé en deux petits royaumes, depuis environ 200 ans ; il y a deux rois et deux capitales : la Samarie au Nord, Jérusalem au Sud ; c'est là, à Jérusalem, que règne la dynastie de David, celle dont naîtra le Messie.

Un jeune roi de 20 ans, Acaz, vient de monter sur le trône de Jérusalem, et dès le dernier son des trompettes du couronnement, il doit prendre des décisions très difficiles.

La Bible n'est pas un livre d'histoire, nous le savons bien ! Si les paroles du prophète Isaïe nous ont été conservées et transmises, c'est parce que la question qui se pose au Roi Acaz est d'abord une question de foi. Pour prendre des décisions valables, il doit s'appuyer sur sa foi, c'est-à-dire ne compter que sur Dieu seul : Dieu a promis que la dynastie de David ne s'éteindrait pas ; 

Dieu a promis, Il tiendra ses promesses. Il n'abandonnera pas son peuple. C'est la certitude d'Isaïe.

C’est cette espérance, cette certitude qui va traverser les siècles de génération en génération. Dieu a un plan et ce Plan du Salut passera par le « OUI » de Marie et celui de Joseph.

Dans ce récit de l’Annonciation, nous pouvons entendre que si Marie a bien saisi ce Projet de Salut, sa question montre notre difficulté de compréhension. C’est pourquoi elle se permet de rappeler à l’Ange qu’elle est encore une jeune fille et que dans son projet de vie, elle ne peut ni ne désire concevoir d’enfant.

Nous connaissons la réponse de l’Ange. L’ange évoque et récapitule toutes les promesses messianiques, tout en les dépassant infiniment. Voilà ce qu’il répond : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint. » On savait que le Messie serait investi de la puissance de l’Esprit Saint pour accomplir sa mission de salut ; Isaïe, par exemple, avait dit : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines, et sur lui reposera l’Esprit du SEIGNEUR » (Is 11,1-2). 

L’annonce de l’Ange, ici, va beaucoup plus loin : car l’enfant ainsi conçu, sera réellement Fils de Dieu : « celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu ».

Si je vous redis tout cela ce matin, c’est pour que nous soyons bien persuadés que Dieu a un Plan de salut pour nous et qu’Il ne nous abandonne pas, même si nous ne saisissons pas tout. 

Je termine avec un dernier point ! Une question m’est souvent posée : finalement, quel est le prénom de cet enfant ? Est-ce Jésus (comme dans l’évangile) ou Emmanuel (comme dans la 1re lecture) ?

De fait, cet enfant sera bien appelé Jésus, nous le savons bien (cela veut dire « le Seigneur sauve son peuple de ses péchés »), mais quand Il quittera les disciples pour rejoindre son Père, Il leur dira : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps », ce qui est la traduction du nom Emmanuel.

Jésus, Emmanuel : être sauvé de ses péchés, c'est tout simplement savoir que Dieu est avec nous, ne plus jamais douter de « vivre en sa présence » !

À quelques jours de Noël, puissions-nous, frères et sœurs, méditer tous ces événements, faire confiance en Dieu, comprendre que Dieu a un Plan de salut et que ce Plan de salut, c’est Jésus !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 19 décembre 2021, 4dimanche de l’Avent, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 1, 39-45. Livre du prophète Michée 5, 1-4a. Psaume 79. 

Lettre aux Hébreux 10, 5-10.

 

Voici que l’ange est venu annoncer une nouvelle étonnante à Marie et Marie a dit « OUI » au projet de Dieu ! L’ange Gabriel vient tout juste de la quitter et le « Oui » de Marie est total, entier ! La voilà partie « en hâte », vers le haut pays de Juda, à la rencontre de sa vieille cousine qui est enceinte et en est à son sixième mois ! 

L’ange lui avait dit : « Et voici qu’Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait : ‘la femme stérile’. 

Car rien, (rien) n’est impossible à Dieu !

       Dès son arrivée, les deux femmes se saluent ! En lisant un peu entre les lignes, en réalité, elles se saluent sur le seuil de la Nouvelle Alliance : l'une est vieillissante, l'autre encore toute jeune. À elles deux, elles résument toute l'histoire sainte :

  • derrière Élisabeth, toute ridée, se profilent de longs siècles de préparation, de longs siècles d’attente et d’espérance 
  • et Marie, rayonnante, sans tache ni ride, annonce l'Église de Jésus.

Elles ont en commun leur espérance et leur maternité, mais surtout, elles partagent le fait que leur maternité les engage tout entières dans le plan de Dieu. Leurs deux enfants sont des enfants de l'impossible : Élisabeth était stérile, et Marie avait décidé de rester vierge.

Toutes deux témoignent dans leur chair que rien n'est impossible à Dieu ! 

Deux femmes, deux maternités ! Cependant, il y a une différence entre les deux bébés qu'elles portent ! L'un, par miracle, est le fils de Zacharie, l'autre, par miracle, est le propre Fils de Dieu. 

Au seuil de la maison, c’est Marie qui salue la première ! Dès que le son de sa voix parvient à Élisabeth, celle-ci sent son enfant tressaillir dans son sein. Il n'y a là, en soi, rien d'extraordinaire pour une mère qui en est à son sixième mois, mais l'Esprit Saint fait danser d’allégresse le petit Jean-Baptiste. L’Esprit Saint dévoile à Élisabeth la portée de cette jubilation de l'enfant, au moment même de l'arrivée de Marie.

      Élisabeth, dans un grand cri, annonce ce que l'Esprit Saint vient de lui révéler, et son exclamation est une double bénédiction : 

  • « Bénie es-tu entre toutes les femmes ! 
  • Béni est le fruit de ton sein ! »

En un éclair, le temps d'un « cri de Jubilation » : Élisabeth comprend et tout de suite elle se situe à sa vraie place

Elle, l'ancienne, s'efface devant la jeune mère du Messie, avec cette question : « D’où m'est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Elle ajoute ensuite, en quelque sorte : « Mon enfant a compris avant moi, puisque, en moi, il a tressailli d'allégresse quand tu t'es approchée, toi Marie,  porteuse du Messie ! »

Ainsi le face-à-face des deux mères ne fait que transcrire la rencontre invisible des deux enfants. 

  • Jésus revêt sa mère de sa dignité de Mère de Dieu ; 
  • Jean éveille sa mère à l'accueil du mystère des œuvres de Dieu. 

Sans doute avez-vous déjà admiré des icônes représentant les deux femmes en train de s’embrasser, leurs deux ventres tout proches comme symbolisant la rencontre des deux enfants !

Marie en arrivant, porte son lourd secret, et voilà qu'Élisabeth le crie au monde. 

Élisabeth commençait seulement à s'habituer à son propre bonheur, et elle découvre, à livre ouvert, dans le cœur de la Vierge, une Annonce attendue depuis des siècles, une joie encore plus indicible que la sienne :

  • Pour la première fois dans le monde, la venue du Messie est reconnue.
  • Pour la première fois, Marie, jeune mère, est accueillie comme porteuse de l'espoir du peuple de Dieu.

Quelle joie ! Tout s'accomplit selon la promesse : le Christ est venu, il vient, et il viendra

À quelques jours de Noël, nous voici exhortés à renouveler notre regard, notre intelligence et  notre capacité d’émerveillement ! 

Beaucoup d’entre nous connaissent d’avance tous les éléments qui révèlent cette naissance, et nous savons déjà tout ce qui va s’y dire. 

Pourtant, frères et sœurs, ne faisons pas de ce Noël, une simple répétition de celui de l’année dernière ! Préparons-nous à le découvrir dans une espérance renouvelée ! Accueillons la JOIE de Noël ! Laissons notre cœur « être comblé de joie » parce que cet enfant, nous le croyons, est la réponse au désir de bonheur de toute l’humanité.

Frères et sœurs, ne manquons pas le rendez-vous avec l’Enfant Jésus ; bousculons peut-être notre manque de disponibilité intérieure, notre lassitude, nos manques d’espérance, notre fatigue… et surtout sortons de notre routine !

Croyons ! Renouvelons notre regard !

Aidons-nous à vivre ce temps de Noël comme un magnifique cadeau de Dieu, 

comme une belle et incroyable Visitation que Dieu veut personnellement  nous faire vivre !

Que nous soit accordée en cette fête une simplification du cœur ! Ne courrons après ce qui est superflu ou artificiel ! Gardons cette simplicité du cœur ! Croyons que rien, rien n’est impossible à Dieu !

Frères et sœurs, demandons cette grâce pour chacun de nous ici présents, pour toutes les personnes chrétiennes ou non, qui ont déposé une prière dans cette église et pour nos familles ! 

Puissions-nous nous entraider et partager la joie de Noël !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 15 décembre 2021, 3e semaine du temps de l’Avent, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 7, 18b-23. Psaume 84. Livre du prophète Isaïe 45,6-8.18.21b-25.

Messe de Rorate

 

Nous sommes, ce matin, dans l’église tout obscure, éclairée simplement par de petites flammes. Elle représente peut-être un peu notre état d’esprit et nos difficultés à nous poser autrement. Comment réagissons-nous dans le quotidien de notre vie ? Voyons-nous clair, ou sommes-nous dans l’obscurité ? Qui est Jésus pour moi ?

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Cette question, que nous avons entendue deux fois dans l’évangile, est surprenante ! Le Précurseur est-il pris d’un doute, Lui qui pourtant avait vu « l’Esprit descendre sur Jésus et demeurer sur lui » (Jn 1, 33) ? Ou bien veut-Il que ses disciples se rendent compte par eux-mêmes de son identité, en allant Le rencontrer personnellement ? 

Il est vrai que Jésus ne correspond en rien à l’image qu’ils s’étaient faite de Lui : où est-il donc ce « plus puissant » que Jean, celui qui : « baptiserait dans l’Esprit Saint et le feu » ; Celui qui exercerait le jugement et séparerait le grain de la paille, et brûlant la paille au « feu qui ne s’éteint pas » (Luc 3, 16-17) ? 

Car, loin de tout éclat de force, voilà qu’au contraire Jésus s’intéresse aux plus petits, aux malheureux ; Il prend du temps avec les personnes malades, Il s’adresse à la foule des petites gens qu’Il déclare bienheureux. Qu’est-ce que cela veut dire ? 

Que peut-Il bien attendre de ces marginaux, de ces “sans pouvoir“, de ces hors-la-loi de Dieu ? Sans compter qu’en mangeant avec les publicains et les pécheurs, Il se met à dos les chefs religieux qui auraient dû être des alliés dans la grande réforme qu’Il est supposé instaurer. 

Beaucoup de questions traversent donc l’esprit des disciples de Jean :

  • Pourquoi reste-t-il ainsi dans la pénombre avec les pauvres, mendiant, errant de village en village, dormant à la belle étoile et se nourrissant de ce qu’on lui offre ? 
  • Pourquoi favorise-t-Il de miracles et de prodiges des personnes sans aucun « poids » religieux ou politique ? 
  • Finalement, qui est donc ce Jésus ? « Est-il celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Avant de nous scandaliser de l’attitude des disciples du Baptiste (en pensant qu’ils n’auraient rien compris), demandons-nous si cette question lancinante ne nous a pas traversée nous-mêmes, tant il est vrai que le Dieu que nous révèle Jésus-Christ ne correspond pas - ou si peu - à la représentation que nous nous étions faite du Tout-Puissant, quelqu’un de magicien, capable de régner sur le monde et sur nous-mêmes, faisant disparaître d’un coup de baguette magique toute pauvreté, toute guerre et  toutes difficultés ! 

Pour beaucoup, même pour certains chrétiens, Noël reste une énigme, voire une surprise et peut-être même un scandale ! Dieu serait donc un enfant ! Allons, soyons sérieux ! Dieu est Dieu !

Et pourtant ! 

Noël, ce mystère de la Nativité, dans la petitesse de l’Enfant de la crèche nous fait déjà découvrir la pédagogie de Dieu ! Mystère à méditer et méditer à nouveau…

Car :

 Tel est notre Dieu, et il n’en est pas d’autre. 

                                                                                                            Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 13 décembre 2021, 3e semaine du temps de l’Avent, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 21, 23-27. Psaume 24. Livre des Nombres 24,2-7.15-17ab.

 

            Il y aurait beaucoup de commentaires à faire sur les différentes raisons pour lesquelles nous refusons parfois de répondre à l’appel de Dieu ou simplement de témoigner de Lui.

            J’aimerais avec vous, ce matin, m’arrêter sur un mot : autorité !

Voilà certainement, frères et sœurs, un des mots-clés de ce passage de l’Évangile. Vous l’avez entendu, il se trouve au début et à la fin du texte : « Par quelle autorité fais-tu cela ? »

Nous retrouvons ce même mot dans d’autres chapitres : « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité. » (Marc 1, 21-28) 

Tous ceux qui écoutent Jésus conviennent : « Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! »

Non seulement Jésus commande aux esprits impurs, mais Il enseigne avec « autorité ». Il ne parle pas en l’air : sa parole a du poids, elle agit sur les choses, elle transforme le monde. Car Jésus n’est pas un homme savant, porteur simplement de belles paroles ; non ! Il est la Parole même de Dieu, le Verbe fait chair. Il est la présence même de Dieu sur terre. Il dit, et cela est ; Il commande, et ceci existe ! Comme nous venons de l’entendre : « Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. », affirme le Psalmiste (Ps 24). 

On n’enchaîne pas la Parole de Dieu, dira saint Paul à Timothée, et aujourd’hui encore, dans l’Église, nous accueillons cette belle parole, puissante, libératrice, qu’on a commencé à entendre il y a deux mille ans en Galilée. Cette Parole n’est jamais autoritaire, mais elle est pleine d’une autorité qui éveille et interpelle. Il est vrai que ce mot « d’autorité » n’a pas très bonne presse aujourd’hui. Nous sommes encore dans ce courant soixante-huitard de “il est interdit d’interdire !“ où chacun fait ce qu’il lui plait (certains le pensent encore !).

Mais connaissons-nous son étymologie ? Que signifie le mot : autorité ? 

Vous le savez peut-être, le mot autorité vient du latin « auctoritas » et du verbe « augere » qui signifient faire croître, faire grandir ! L’autorité, au sens premier, est le pouvoir de faire grandir, de susciter, de développer ce qu’il y a de bon chez l’autre. De fait, c’est bien la mission des parents vis-à-vis de leurs enfants : les faire grandir avec amour, mais aussi avec une « autorité » bienveillante et responsable !

Frères et sœurs, confions-nous, nous-mêmes, à l’autorité de Jésus Sauveur. Que sa présence, dans le capharnaüm de nos pauvres vies, soit le rayon de soleil qui nous éclaire. Que sa parole puissante chasse de nous tout ce qui pourrait nous oppresser, tout ce qui pourrait nous asservir. 

Que son autorité nous fasse grandir et porter du fruit ! 

Nous sommes invités à ouvrir nos oreilles, notre cœur pour entendre la Parole de Jésus ! Demandons cette grâce pour nous, ce matin, pour notre communauté, nos familles, notre paroisse et pour le monde ! 

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 12 décembre 2021, 3 dimanche de l’Avent, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 3, 10-18. Livre du prophète Sophonie 3, 14-18a. Cantique, Isaïe 12.

Lettre de saint Paul aux Philippiens 4, 4-7.

 

Chers amis, c'est aujourd'hui le « dimanche de la joie – dimanche de Gaudete ». Comme je vous le disais en introduction, le prêtre est revêtu à cette occasion, (comme au dimanche de mi-carême : « Dimanche de Laetare »), d'une chasuble de couleur rose pour signifier déjà, cette lueur du début de la journée, le rosé du jour qui se lève, l’aurore de la nouvelle extraordinaire de la naissance de l’Enfant Dieu.

Oui, les chrétiens sont porteurs du plus formidable message de bonheur : Dieu est avec nous ! Si vous avez été attentifs aux différentes lectures, l’invitation est tonique :

·      Avec le prophète Sophonie, nous sommes invités à faire avec Dieu comme un tour de danse ! « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations. Réjouis-toi. Tressaille d’allégresse... Car le Roi, ton Seigneur, est en toi ! Ton Dieu est en toi : il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête ! »

·      Et saint Paul de surenchérir : « Soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous. Le Seigneur est proche. »

Frères et sœurs, l’invitation est là, mais sommes-nous dans la joie ?

Ce week-end a été, pour moi, un temps particulièrement riche et joyeux : hier soir, nous avons vécu une belle célébration avec les personnes malades, fatiguées, âgées qui ont reçu le sacrement de l’onction des malades ; ce matin, nous étions avec les enfants du catéchisme et à la messe de 10H30 en l’église saint Vincent de Paul, nous avons accueilli les couples de fiancés qui se préparent au mariage. 

Aux enfants du catéchisme, je posais cette question : « Voulez-vous être heureux ? Voulez-vous vivre dans la joie ? »Inutile de vous donner la réponse ! Quand j’ai rencontré les fiancés, à la question posée : « Voulez-vous être un couple uni et joyeux ? » là aussi, avec un regard brillant, c’est bien un « oui » retentissant et franc qu’ils ont répondu.

Et vous-même, ici dans cette assemblée, en ce dimanche froid, mais ensoleillé, regardez votre cœur : voulez-vous être heureux ? Voulons-nous vivre dans la joie ? Oui, sans aucun doute ! 

Et bien, vous avez raison ! Nous avons raison de demander cette joie !

Mais peut-être pouvons-nous nous poser une question : cette joie de Dieu, cette joie qui doit remplir notre cœur, est-elle possible ? Selon ce que nous vivons, selon ce que nous expérimentons, peut-être que, à certains moments de notre vie, aux moments les plus difficiles, nous constatons que cette joie n’est pas évidente, pas facile… Oui, sans aucun doute ! À d’autres moments, nous expérimentons une vraie joie. 

Mais attention, de quelle joie parlons-nous ? De quelle joie le Seigneur veut-Il nous combler ? En effet, il est important de réfléchir pour découvrir de quelle joie nous parlons.

Si les enfants de ce matin m’ont répondu “oui“ au bonheur, peut-être que certains pensaient aux cadeaux éphémères des grandes surfaces ou à ceux qu’ils découvriront le soir de Noël ? Bien souvent les futurs mariés qui ont répondu “oui“ à bâtir dans la joie un couple uni et joyeux,  pensaient à une vie de couple sans nuages et sans crises ! 

Je tiens à vous le redire ; oui ! Nous sommes faits pour la joie ! Mais pas pour n’importe quelle joie !!!

Il y a quelque chose d’important à découvrir ! La joie n'est pas d'abord le « gros fun » ou la grande sensation ! Elle n'est pas présente quand j’entends des jeunes me dire : « Je vais m’éclater en boite », quand elles ne sont pas fermées… Elle est rarement au bout d'un joint, ou au fond d'une bouteille d’alcool ou dans les jeux virtuels sur Internet. Le problème est que, peut-être, nous confondons facilement la vraie joie avec un sentiment superficiel de bien-être, d’une joie passagère, d’un bonheur c’est-à-dire “d’une bonne heure de joie“ que nous pouvons trouver parfois dans l'amusement. Reconnaissons que nous cherchons alors facilement le plaisir dans l'évasion, les fantaisies, les plaisirs, et nous embrassons alors une existence toute superficielle, dans la sensation agréable du moment…certes nous vivons, mais il nous manque quelque chose d’essentiel !

Cette joie de Dieu, celle qu’Il nous propose est-elle réellement possible durablement ?

Oui, bien évidemment, mais que devons-nous faire ?

Comment agencer notre vie pour que cette joie soit palpable et, en même temps, durable ? Pour qu’elle ne soit pas éphémère et qu’elle remplisse mon cœur ? 

Jean le Baptiste, avec une certaine radicalité et de manière très concrète, nous répond que oui, cette joie véritable est possible... mais à trois conditions 

- Première condition : aimer et vivre une vraie conversion !

Le chemin de la joie, pour Jean le Baptiste, passe par la conversion du cœur et de l’intelligence. Nous portons en nous un désir de bonheur bien plus grand que nous. Seul Dieu peut dilater notre désir à sa mesure qui est d’aimer sans mesure. On est libre que dans la mesure où l’on aime d’un véritable amour, d’un amour de compassion, d’un amour gratuit. Je disais encore aux fiancés de ce matin : « On n’aime pas l’autre pour être aimé en retour ! » On aime, même si l’autre n’est pas parfait ! Et j’ai insisté en leur affirmant qu’il n’y a pas de famille parfaite, pas plus que de conjoints parfaits ! Nous pouvons porter ce désir, mais personne ne peut se prétendre parfait ! Là aussi, sans désespérer et sans fausse idéalisation, il me faut comprendre nous avons tous, une ou des conversions à vivre pour grandir dans un vrai don de soi !

- Deuxième condition : retrouver le bon sens, le vrai sens de notre vie. 

Pour cela, nous n’avons à faire, poursuit le Baptiste, que des choses simples, mais essentielles : « Si tu as deux manteaux, partage avec celui qui n’en a pas » ou encore : « Ne faites ni violence ni tort à personne. » Les chemins du bonheur empruntent ceux du partage et de la justice. Sans doute avez-vous expérimenté cet adage : il y a plus de joie à donner qu’a recevoir !

- Troisième condition : être plongé dans l’amour de Dieu !

Pour cela, il nous faut nous plonger dans la miséricorde de Dieu ! 

Ce qui peut gâcher notre joie, c’est le péché, l’offense (celle que je commets, celle que l’on me fait), les disputes, le remords, l’indifférence, le cancanage, les paroles décevantes ou maladroites… Prenons-nous conscience que le pardon, c'est le don gratuit de Dieu, c'est le cadeau de Dieu qui est au centre du sacrement de réconciliation ? Pour relever la tête et repartir, j’ai besoin, personnellement, d’entendre de la part de Dieu : « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, je te pardonne tous tes péchés.» J’ai besoin de l’entendre et cela, je ne peux pas le faire tout seul. J'ai besoin de l'Église pour me signifier le pardon de Dieu afin de continuer ma route dans la paix ! La grâce du pardon va apaiser mon cœur, pour avoir un cœur en paix, ouvert à Dieu et aux autres.

 

Alors que devons-nous faire ?

Laissons Dieu entrer dans nos vies pour nous désencombrer justement de tout ce qui nous encombre et qui prend de la place, trop de place !

De fait, le message de Jean le Baptiste que nous entendons aujourd’hui est extraordinairement éclairant et fondamental. 

Il dit au peuple en attente très exactement ceci : dans votre attente, faites ce que vous devez faire et faites-le bien… Faites-le patiemment, tranquillement, avec persévérance. 

Il ne dit pas ce que nous devons faire, mais comment le faire.

Faites donc le bien, avec courage et douceur, avec partage et justice. Là est aussi notre joie en Dieu !

Frères et sœurs, nous sommes à quelques jours de Noël ; permettez-moi de vous souhaiter une bonne et fructueuse préparation en ce temps de l’Avent ! Préparons-nous vraiment à accueillir Celui qui vient nous sauver et nous apporte la joie du Salut !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 8 décembre 2021, solennité de l’Immaculée Conception, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 26-38. Psaume 97. Genèse 3, 9-15.20

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 1, 3-6.11-12.

 

Commençons, si vous le voulez bien, en faisant un petit détour à Lourdes ! Quand la Vierge, “la belle Dame“ apparut à Lourdes à Bernadette, et que celle-ci lui réclamait une preuve de l’authenticité de tout ce qu’elle lui avait dit, elle lui transmit ces simples mots : « Je suis l’Immaculée Conception ! » Bernadette n’en avait jamais entendu parler ; elle ne savait même pas ce que ces mots signifiaient ! 

Et nous, le savons-nous ? Que comprenons-nous de ce mystère immense qui a été porté, médité et propagé par la piété populaire et qui, instinctivement, en a perçu l’importance !

« Je suis l’Immaculée Conception ! » dit Marie.

Oui, Marie a été la première des rachetées, dès avant sa naissance, de façon à pouvoir engendrer sans péché celui qui allait être le Sauveur du monde : Jésus ! 

Aussi l’Ange peut-il s’adresser à elle en utilisant ce vocable surprenant : « pleine de grâce ». Nous pouvons imaginer la stupéfaction de Marie !

La Bonne Nouvelle de l’Évangile est que le bien est un surcroit d’amour, que la grâce est toujours donnée en abondance, et qu’elle peut tout… tout, à condition que l’homme y consente et accorde sa confiance. En Marie, il n’y a aucune hésitation ! Il y avait consenti dès le début et elle le redit d’une façon simple et admirable : « qu’il me soit fait selon ta volonté ! ».

Ce consentement, c’est à nous aussi que Dieu le demande, Lui qui veut prendre chair en nous, et naître en notre humanité, en cette de fête de Noël qui approche. 

Quelle réponse faisons-nous à cette demande ? Souvenons-nous du premier signe de Jésus à Cana, cette petite ville ! Écoutons Marie qui, aux noces de Cana, dit aux serviteurs : « tout ce qu’il vous dira de faire, faites-le ! », tout comme elle répond à l’Ange « qu’il me soit fait selon ta volonté ! ».

La mission de Marie est de nous faire entrer dans cette confiance en son Fils, d’être à l’écoute de la parole de son fils. Elle-même n’hésite pas : « qu’il me soit fait selon ta volonté ! »

Bien sûr, pour chacun de nous, le péché originel est un consentement congénital au mal ; mais il ne rompt pas pour autant la relation avec Dieu. Bien au contraire, Dieu va toujours au-devant de nous, tout comme Il allait au-devant d’Adam et d’Ève au jardin d’Éden, tout comme Il va au-devant de Marie pour lui annoncer la nouvelle. Et au lieu de nous cacher, nous avons à repartir sans cesse à sa rencontre ou plus encore, à le laisser simplement s’approcher de nous. N’ayons pas peur ! Ne soyons pas comme Adam et Éve qui ont eu peur au jardin d’Éden !

Dès le premier moment de son existence, Marie est tout entière rapportée à Jésus, et il n’y a rien en elle qui ne soit pour Jésus ou par Jésus. Libérée du péché originel, elle est totalement disponible, donnée à son Fils ! 

Elle peut se faire, comme le dirait saint Paul « toute à tous ! ». Combien il est réconfortant pour nous de savoir que Marie est là, à nos côtés, une maman aimante, attentionnée ! 

Mais, ô combien aussi, Marie a dû être réconfortée de rester à côté de son Fils, dont rien ne les séparait ! 

Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit ? Cesse-t-elle de chérir le fruit de ses entrailles, comme le dit le prophète Isaïe ?

C’est le mystère qu’il nous est donné de contempler ce matin. 

Marie a reçu de Dieu le pouvoir sans limites, d’aimer, mais aussi de nous rendre sensibles à la tendresse illimitée de Dieu dont elle a été comblée.

Puissions-nous, très simplement, au cours de cette journée, demander et redemander l’intercession de Marie pour chacun de nous, pour nos familles, pour les personnes malades, isolées, pour tous ceux qui se sentent seuls, oubliés de Dieu alors que Dieu est toujours présent !

Demandons cette grâce pour notre communauté, nos familles et pour l’Église ! 

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 6 décembre 2021, 2e semaine de l’Avent, année C. Saint-Nicolas.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 5, 17-26. Psaume 84. Livre du prophète Isaïe 35, 1-10.

 

De façon exceptionnelle, aujourd’hui je ne vais pas commenter l’évangile, mais vous redire qui est l’évêque Nicolas de Myre. Cela me donne l’occasion de fêter une bonne fête à tous les Nicolas !  Il est né à Patare en Lycie (ville située dans la Turquie actuelle) vers 270 de parents chrétiens. C’est encore une période de grandes persécutions des chrétiens. Il est certainement un des saints chrétiens les plus populaires.  Il est le protecteur des enfants, des veuves et des gens faibles. La tradition populaire nous redit qu’il fut bienveillant et généreux. 

Pourtant, nous savons peu de choses personnelles sur lui. Au fond, cela lui va très bien : sa notoriété est due surtout à son humilité, à sa modestie et à une vraie simplicité pastorale. 

L’Église orthodoxe l’exalte, le fête en tant que « modèle de douceur ». Le « bon saint Nicolas » est particulièrement fêté, en tout cas dans notre vieille Europe, mais aussi de l’Atlantique au Pacifique. 

Il est invoqué aussi bien en Orient où il est le patron des Russes, qu'en Occident où il est le patron des enfants. Aujourd’hui, dans de nombreux pays, c’est un moment de fête.

Si l'on peut en parler ainsi, c’est qu’il est l'ancêtre du Père Noël (Sint Niklaas - Saint Nicholas - Santa Claus) - Aux États-Unis en 1931 par Coca-Cola en fera un argument publicitaire, en le “relookant“ tel que nous le connaissons aujourd’hui, utilisation dommageable à titre purement commerciale.

Au-delà de ce folklore, puisse-t-il nous apporter son secours et conforter les chrétiens de l’Europe en implorant pour nous courage et persévérance dans les épreuves présentes ! 

Si nous n’avons aucun texte de saint Nicolas, l’Église a reconnu en lui un défenseur inébranlable de l’orthodoxie de la foi, un témoin fidèle de la Trinité, un évêque qui a fait confiance au Père, au Fils et au Saint-Esprit, au seul et unique Dieu en trois hypostases, un seul Dieu et trois personnes avec leurs propriétés distinctes.

Nous savons également qu’il a participé au concile de Nicée (en 325).

Il fit aussi de nombreux miracles dont la croyance populaire s’est fait largement l’écho. Ces miracles furent connus en Occident et cela contribua à l'extension de son culte.

Frères et sœurs, demandons à saint Nicolas, en cette neuvaine de l’Immaculée Conception, de nous aider à développer les vertus de la petite voie de l’enfance spirituelle. 

Saint Nicolas est le Grand Saint des enfants, il doit donc être un de nos Saints Protecteurs ! Plus nous serons petits, humbles, enfants et confiants, plus Jésus pourra faire de grandes choses en nous ! 

Lorsque nous redirons, particulièrement, le Credo de Nicée-Constantinople, demandons aussi à Saint-Nicolas la fidélité à la Foi de l’Église.

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 5 décembre 2021, 2 dimanche de l’Avent, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Luc 3, 1-6. Livre du prophète Baruc 5, 1-9. Psaume 125.

Première lettre de saint Paul aux Philippiens 1, 4-6.8-11.

 

Chers amis, nous venons d’entendre dans la première lecture ce très beau texte du prophète Baruc. Peut-être avez-vous eu la curiosité de lire la totalité de ce livre ? Six siècles av. J.-C., ce prophète demande à son peuple de quitter « sa robe de tristesse et de misère ». Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il s’adresse à des gens qui souffrent : tout va mal et le peuple est prisonnier en exil à Babylone. C’est au cœur de cette situation dramatique que Baruc annonce d’une façon prophétique, le lever d’un jour nouveau. 

Que dit-il ?

·    Les exilés vont pouvoir revenir chez eux. 

·    Pour eux, ce sera un jour de joie et d’allégresse. 

·    Pour Dieu, il n’y a pas de situation bloquée.

·    Avec lui, c’est la fin du cauchemar qui arrive, c’est l’irruption de la lumière.

Il exhorte en disant : « Debout Jérusalem… regarde vers l’Orient »C’est-à-dire, le soleil qui lève et notre soleil, c’est le Christ !

À travers ce message d’espérance, Baruc nous dit ce qui est au cœur de la foi biblique : même dans les difficultés les plus extrêmes, les croyants sont invités à tenir le coup et à se relever, à se remettre debout, à ne jamais rester couchés à terre. Pourquoi ? Parce que notre Dieu est le Dieu de la vie, un Dieu libérateur ! Les malheurs n’auront qu’un temps. Un jour, ils s’effaceront pour faire place à la joie. Ce sera la victoire de Dieu, de sa miséricorde et de sa justice. C’est de cette Bonne Nouvelle que nous avons tous à témoigner.

Dans la deuxième lecture, l’Apôtre Paul va dans le même sens. Lui-même se trouve dans une situation difficile, grave. Il sait qu’il va vers sa mort. Et pourtant, c’est un message de joie qu’il adresse aux Philippiens. Cette joie trouve sa source dans le cœur même du Christ, dans son amour pour Jésus !

Alors, frères et sœurs, je vous pose une question : comment est-il possible de se réjouir, en ce temps de l’Avent, en ce moment où nous allons nous préparer à fêter Noël, nous réjouir de cette venue de la Justice de Dieu dans sa gloire ? Comment se réjouir dans notre monde un peu triste, malade et tourmenté ? Comment se réjouir dans nos familles peut-être en difficultés, dans notre Église avec tout ce que nous entendons ?

Il faut le redire ! Noël est la fête de l’intériorité et non des apparences. Noël s’adresse à l’intime du cœur de l’homme et non à un impératif commercial tapageur. Nous avons fait de Noël une fête pleine de la lumière des illuminations, de repas plantureux, de cadeaux couteux. Mais Noël, dans la Bible, est la fête du cœur qui s’est converti, qui se tourne vers l’accueil de Dieu au fond de son cœur. Noël est la fête de l’intériorité d’un cœur qui se laisse toucher par la miséricorde et l’amour de Dieu pour lui, par son projet de salut. Noël, c’est le regard d’un enfant qui nous invite à l’éblouissement d’un amour à donner et surtout à recevoir !

Comment allons-nous faire ?

Saint-Paul nous le redit : « discerner ce qui est important ! » Faisons travailler notre intelligence et notre sens critique ! Ne nous laissons pas tromper par tout ce que nous entendons dans tous les médias !

Alors que faire ?

·    Les ravins qui doivent être comblés, ce sont les ravins de nos rejets et de nos peurs de l’autre. 

·    Les montagnes qui doivent être abaissées, ce sont celles de nos égoïsmes et de nos orgueils. 

·    Les chemins tortueux qui doivent devenir droits, ce sont ceux de nos mensonges, de nos lâchetés, de nos critiques incessantes. 

·    Les chemins rocailleux qui doivent être aplanis, ce sont ceux de nos violences, de nos haines, de nos jugements péremptoires.

Tout cela doit disparaître dans le temps de l’Avent pour pouvoir voir, dans l’Enfant qui nait à Noël, la Justice et la Gloire de Dieu, son amour et sa miséricorde, pour nous débarrasser de tout ce qui nous encombre et nous centrer sur l’essentiel.

L’Avent n’est donc pas un temps anodin et accessoire, il est nécessaire pour préparer nos cœurs

·    à percevoir, de l’intérieur, le mystère de l’amour de Dieu, 

·    d’une justice qui nous dépasse, 

·    un projet de salut qui nous déconcerte, 

·    la joie d’une miséricorde qui dépasse nos timides pardons, 

·    la gloire d’un salut qui relève et n’abaisse pas, qui construit et ne détruit pas.

Les textes de ce jour (textes de joie et d’espérance) nous demandent de préparer nos cœurs à l’accueil de la Justice et de la Gloire de Dieu, dans la joie et la miséricorde. Comme le dit saint Paul aux Philippiens, cela ne peut se faire que dans un amour mutuel et fraternel, qui seul permet de connaître et de discerner qui est Dieu pour moi, ce que sont la Justice et la Gloire de Dieu.

Le temps de l’Avent doit donc être celui d’un véritable plongeon dans la conversion, dans le changement. Préparer la venue du Seigneur, c’est aussi une invitation à renoncer au péché, c’est nous ouvrir au Christ, à son pardon et à son amour.

Oui ! Frères et sœurs, nous sommes donc tous appelés à nous convertir. C’est le meilleur service que nous pouvons rendre à l’Église qui est un peu chahutée en ces temps, comme nous le vivons tous. Ce qui rendra notre communauté paroissiale plus crédible, c’est l’amour que nous mettrons dans nos vies dans l’espérance et le service.

Frères et sœurs, c’est la grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous, ici présents : pour nos familles, pour notre communauté, pour notre paroisse et pour le monde !

Demandons cette grâce de conversion et de joie dans le Seigneur !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du mercredi 1er décembre 2021, 1ere semaine de l’Avent, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 15, 29-37. Psaume 22. Livre du prophète Isaïe 25, 6-10a.

 

Chers frères et sœurs, avez-vous remarqué ce paradoxe ? En lisant les textes de la liturgie de ce jour, nous avons de la peine à penser que le temps de l’Avent est un temps de pénitence !

Comme pour le Carême, la couleur violette nous le rappelle ! Cependant, quelle profusion sur la Table du « Seigneur, Dieu de l’univers » !

Dieu convie ses enfants à la joie et ne lésine pas sur les moyens : « viandes succulentes et vins décantés »Quel régal !

Mais Il sait que la fête vécue à l’ombre de la mort, a un goût d’amertume qui assombrit la joie. C’est pourquoi, avec délicatesse, Dieu prend le soin d’« enlever le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations », nous dit le prophète Isaïe. 

Et pour que « notre joie soit parfaite », c’est bien la volonté de notre Seigneur, (Jn 15, 11),     « le Seigneur détruira la mort pour toujours ; il essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre, il effacera l’humiliation de son peuple ; c’est lui qui l’a promis » (1re lecture). 

Profusion de mets délicieux ! Pourquoi ? C’est parce que la nourriture est aussi le symbole de la vie ! Cette nourriture délicieuse, riche, abondante à laquelle fait allusion le prophète évoque la plénitude de la Vie divine dont Dieu se réserve de nous combler, conformément au dessein d’amour qu’Il nourrit depuis toute éternité, à notre égard. Est-ce que nous le comprenons ? Notre Dieu n’est pas un Dieu vengeur qui pourrait se réjouir de notre malheur, Il veut notre bonheur !

Les signes que pose Jésus rendent visibles l’action paternelle de Dieu à notre égard, Lui qui « guérit les boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets, et beaucoup d’autres encore », et qui nourrit ses enfants, afin qu’ils ne « défaillent pas en chemin » en repartant. Dieu est fidèle : Il est pris de compassion pour chacun de nous.

Parce que la vie est avant tout relationnelle et qu’elle ne nous est pas donnée comme un objet qui viendrait combler un vide, elle est présente dans un échange entre Dieu et nous. 

Pour nous, dans notre humanité (mystère de Noël), cet échange, ce cœur à cœur, passe par le Christ. 

C’est Lui, le Christ, qui recueille « les sept pains et les quelques poissons » images de nos pauvres efforts humains ; Il les offre en notre nom au Père en rendant grâce, puis Il nous les rend, afin qu’en les partageant, nous entrions à notre tour dans la logique du don, de l’amour, c'est-à-dire du don de la vie.

Dieu ne nous demande pas l’impossible. Ce qui est sûr, c’est que même si nous ne mettions en commun que notre superflu : « tous mangeraient à leur faim ! »

Cependant, il nous faut comprendre que le Père ne crée pas à partir de rien. Nous pourrions commettre cette erreur de croire en un Dieu magicien. Non, Il multiplie les dons de celles et ceux qui partagent généreusement ce dont ils disposent.  De cette façon, ils participent à ce dont nos frères ont besoin pour vivre décemment. Mystérieusement, Dieu a besoin de nous !

Ce temps de l’Avent est un temps de pénitence, mais aussi un temps qui nous permet de goûter à la prodigalité de notre Seigneur. En ce jour, il nous faut retenir cette joie du partage, signe concret de la liberté des enfants de Dieu. 

Gardons cela à l’esprit en ce début de l’Avent et avançons résolument vers Noël, bien évidemment, mais plus encore demeurons dans l’attente de la ‘venue en gloire’ de notre Seigneur !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 29 novembre 2021, 1re semaine de l’Avent, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 8, 5-11. Psaume 121. Livre du prophète Isaïe 2, 1-5.

 

Chers amis, l’évangile que nous venons d’entendre nous redit comment nous devrions entrer dans ce temps de l’attente, dans ce temps de l’Avent ! L’attitude de ce centurion de l’armée romaine nous est donnée en exemple !

- Cet homme vient supplier Jésus, non pas pour lui-même, mais pour un autre 

Il vient simplement dire : "J'ai un serviteur ; il souffre ; il va mourir !" ... 

- Ce capitaine est aussi un humble, une personne humble ! Cette attitude a aussi du prix aux yeux de Jésus. Que dit-il : "Je ne suis pas digne de cet honneur que tu me ferais en descendant chez moi". Il ne se sent pas digne, malgré le poids de son autorité humaine et sa compétence d'officier.

Mais ce qui va forcer l'admiration du Christ, plus encore que son humilité, c'est sa foi, une foi tranquille et audacieuse : "Dis seulement une parole, de loin, de là où tu es, et mon serviteur, là où il est, sera guéri, car les choses, les événements doivent t'obéir. Dis seulement une parole, et je m'en irai, certain de ton action, sûr du pouvoir de ta bonté. Quelle foi ! Une parole, et la paralysie cessera ! Une parole et la souffrance s'éloignera !"

Ce Romain, cet étranger, a pressenti quelque chose du secret de Jésus. Avec ses mots à lui, il exprime le mystère de la parole créatrice et recréatrice. 

Littéralement, il dit à Jésus : « Je sais que tu peux commander à la souffrance et à la mort. » Voilà ce qui force l’admiration de Jésus pour ce centurion.

Cette foi, mystérieusement, Jésus ne l'a pas trouvée chez les siens, chez les familiers du Temple et de la prière. Il l'a trouvée chez cet étranger, venu de l'occident (des Gentils), avec, pour toute richesse spirituelle, sa droiture d'homme et sa compréhension intuitive de la mission de Jésus ! 

 

Pourquoi entendons-nous cet évangile au début de l’Avent ?

Sans doute pour éveiller en nous une attitude juste ! Pour comprendre que notre attention à celles et ceux qui souffrent relève de notre responsabilité et d’une intercession ! Nous connaissons notre pauvreté, mais elle ne doit pas entamer notre espérance en Celui qui peut tout !

C'est l'humilité qui attire l'action de Dieu. La foi du centurion trouve son expression dans la conscience de son indignité qu'il confesse : "Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit".

La nouvelle traduction du missel est une bonne chose, car elle nous oblige à quitter nos habitudes et à revoir notre façon de réciter toutes choses peut-être un peu mécaniquement… Elle nous permet de nous arrêter sur de nouveaux mots, une formulation nouvelle, non pas pour nous déstabiliser, mais pour nous faire entrer plus en profondeur dans la compréhension de ce que nous vivons au cours des célébrations eucharistiques.

Tout à l’heure, juste avant la communion, nous dirons : moi aussi, Seigneur, je le sais et tu le sais : 

Je ne suis pas digne que tu viennes ! Je ne suis même pas digne de venir vers Toi. Mais dis une parole et je serai guéri.

Ce que nous découvrons aussi ce matin, c’est que le cœur de Dieu se donne toujours lorsqu’une juste et humble demande lui est faite.

Frères et sœurs, demandons cette simplicité et cette humilité pour chacun de nous ce matin pour nos familles, notre paroisse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 28 novembre 2021, 1er dimanche de l’Avent, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 21,25-28.34-36. Livre du prophète Jérémie 33, 14-16. Psaume 24.

Première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 3, 12 à 4,2.

 

 

       Je vous confie une petite anecdote récente : lors d’une rencontre avec de jeunes lycéens se préparant à la confirmation, nous avons eu une belle discussion avec cette question : comment devons-nous comprendre notre vie ?Notre discussion a été intense. Un des jeunes, un brin philosophe, a dit : la vie est une succession de passages et de recommencements ! Nous passons, parfois sans le percevoir, d’un moment à un autre, de l’enfance à l’adolescence, de la jeunesse à la maturité puis à la vieillesse, d’une vie de célibataire à une vie de famille…! 

Cette réflexion est intéressante, mais elle n’est pas totalement juste, car si la vie est bien une succession de passages, elle n’est pas un cycle où nous pourrions recommencer à zéro… la vie est mouvement ! Elle n’est pas un cercle, mais davantage – si je prends une image – un escalier en colimaçon !

Nous ne pourrons jamais retourner aux jours d’avant. Nous devons nous préparer à demain en vivant l’intensité du jour présent !

Plus concrètement pour nous en ce 1er dimanche de l’Avent 2021, une année liturgique s’achève et une nouvelle année ‘recommence autrement’ ; ce passage est particulièrement propice pour établir des « bilans » de l’année passée et concevoir des « projets » nouveaux pour avancer et progresser !

Cependant, ne nous trompons pas ! Pour le dire autrement : ce nouveau commencement est donc unique, différent forcément de celui de l’année dernière ! Nous entrons, chers frères et sœurs, dans une nouvelle étape ! 

Plus exactement, ces semaines de l’Avent nous invitent à redécouvrir avec un regard renouvelé que : (n’oublions pas le sens de l’Avent - avènement) ! 

  • Il y a eu une première venue que nous allons fêter à Noël : la naissance de Jésus dans le petit village de Bethléem, 
  • Une troisième venue comme nous l’avons entendu dans l’évangile. C’est l’attente du retour du Christ dans la gloire. C’est ce que nous chantons à la fin de la consécration : « nous attendons ton retour dans la gloire » ! 
  • Entre ces deux venues, il y en a une deuxième : c’est le temps intermédiaire, le temps que nous vivons aujourd’hui. Chaque jour le Seigneur vient ! (par sa présence dans l’Eucharistie)

L’évangéliste Luc, dans l’évangile d’aujourd’hui, évoque ce temps qui change en employant un vocabulaire apocalyptique. Ces signes cités n’expriment pas d’abord, comme nous pourrions le penser, la « fin du monde. » Ils dépeignent, de manière symbolique et imagée, le penchant, le désordre cupide et irresponsable établi au cœur de l’homme. Le même discours aujourd’hui nous parlerait sans doute (en transposant dans notre actualité) du réchauffement climatique, de la crise économique, de pandémie et de coronavirus, de la confusion des genres, du terrorisme, surtout des guerres toujours engendrées par la soif du pouvoir ou des richesses… Toutes précarités ne sont pas éloignées de nos propres familles ; nous pourrions, nous aussi, parler de chômage, de séparation, du divorce, de maladie, etc… Nul ne peut se dire à l’abri des soucis et des difficultés !

   Face aux drames de notre humanité, nous pourrions entrer dans un repli sur nous-mêmes, être prostrés ou faire du “Calimérisme“ : « le monde est trop injuste ! » Mais l’ambition de Jésus est de nous provoquer pour sortir d’un immobilisme et nous entrainer à « un voir plus loin » ! 

Avec certitude, Il annonce un nouveau regard orienté devant nous : « alors on verra le Fils de l’Homme apparaître à travers la nuée. »

Il ne dit pas : « Ayez le moral dans les chaussettes, car c’est la fin du monde. » Il dit plutôt : « Ne soyez pas abattus ! »c’est-à-dire : « Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »

Jésus annonce la libération réalisée par le Fils de l’Homme, c’est-à-dire par une humanité transformée par la présence du Fils de Dieu fait Homme. Non seulement le Christ oriente notre vie, mais sans le Christ, notre vie n’aurait pas de sens ! 

Frères et sœurs, ne nous laissons pas impressionner par le brouhaha intimidant et paralysant du monde relayé par les médias. Sans doute connaissez-vous cet adage : « Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit.  » , de saint François de Sales. Je peux vous l’assurer, il y a du bien et du bon qui est vécu concrètement dans notre monde !

Cette venue du Fils de l’homme (c’est comme cela qu’il nous faut le comprendre) est un prodigieux appel à l’espérance, car malgré l’apparence redoutable de tous ces évènements, les fidèles du Christ n’ont rien à craindre, à condition d’être vigilants et, en même temps, d’être d’une audace évangélique

 Qu’est-ce que la vigilance qui nous est demandée ? La vigilance pour Dieu, c’est un cœur qui aime dans la durée, c’est-à-dire : en tout temps et par tous les temps !

Comment rester audacieux ? Croire en Dieu… Croire que rien n’est impossible avec Lui ! Avoir cette folle audace, ne plus perdre son temps à ne faire autre chose que « d’aimer », aimer à travers notre vie familiale, notre vie fraternelle, professionnelle, associative… Cela seul restera ! Tout le reste sera dispersé comme paille au vent ! 

Le temps liturgique de l’Avent n’est donc pas une énième répétition d’un anniversaire ; il est celui d’un mouvement, d’une nouveauté et d’une attente.

Permettez que je vous souhaite, très simplement et avec un peu d’humour, une très belle et sainte année ; une année de croissance spirituelle, de charité et de foi !  

C’est ce que nous pouvons, résolument, nous souhaiter au début de ce temps de l’Avent !                                                     

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 24 novembre 2021, 34e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 21, 12-19. Cantique (Daniel 3). 

Livre du prophète Daniel 5, 1-6.13-14.16-17.23-28.

 

Dans l'évangile que nous lisions hier, Jésus annonçait de grands signes pour la fin des temps. Aujourd'hui, envisageant le temps de l'Église, qui sera pour les disciples le temps du témoignage, Il évoque les souffrances et les persécutions qui attendent les croyants :

  "Avant tout cela (donc bien avant les événements de la fin)

  • on portera la main sur vous et on vous persécutera;
  • on vous livrera aux synagogues, on vous mettra en prison,
  • on vous traînera devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom."

Les verbes sont forts, importants, inquiétants ! Aujourd’hui, jour où nous faisons mémoire des martyrs du Vietnam, nous voyons une certaine corrélation avec ce qu’ils ont vécu dans leurs corps, dans leurs chairs à cause du nom de Jésus : « On vous persécutera », « on vous livrera », « on vous jettera en prison », « même vos parents vous livreront »… voilà qui ne manque pas de frapper les esprits et peut-être même, pour certains, de nous effrayer ! 

Mais est-ce bien de cela que Jésus veut d’abord nous entretenir ?

Non ! Il veut nous redire, nous réaffirmer ses encouragements !

 

 Relisons ensemble ce texte : 

·      « À cause de mon Nom » (qui revient deux fois : ces mots sont donc importants !), 

·      « l’occasion de rendre témoignage », 

·      « vous n’avez pas à vous soucier », 

·      « je vous inspirerai un langage et une sagesse », 

·      « pas un cheveu de votre tête ne sera perdu » !

Il nous faut entendre avec confiance ces encouragements et ces promesses de Jésus, qui nous disent que les derniers temps sont les temps apostoliques : ce sont les temps du témoignage

Ce sont les temps dans lesquels nous sommes, frères et sœurs ! En conséquence, ce sont aussi des temps de combat, des persécutions ont lieu à cause du Nom de Jésus. C’est un combat que nous avons peut-être du mal à imaginer tellement il nous dépasse ! Les derniers temps sont donc des temps où l’Esprit suscite des témoins, ce qui engendre l’opposition du monde, une réaction de l’adversaire, du Démon, de Satan ; mais même cette résistance devient une occasion de témoignage, car rien ne peut arrêter la Bonne Nouvelle.

La force de cet évangile veut ainsi nous ouvrir au véritable enjeu de notre vie, qui est l’accès à la Vie éternelle. Nous sommes faits pour la Vie éternelle ! 

C’est en ce sens que les persécutions, de quel qu’ordre qu’elles soient, aussi sombres qu’elles soient, ne sont jamais des impasses tragiques. Elles sont toujours des occasions d’échapper à la mort, plus précisément à la mort de notre âme.Elles sont l’occasion pour notre Maître de nous rendre témoignage, en manifestant, aux yeux de tous, la force de son Esprit. 

Ainsi, si ce texte, si nous en faisons une bonne lecture, doit réveiller en nous peut-être peur ou angoisse, mais ce doit être surtout celle de nous voir nous attiédir, de nous faire démissionner, celle de voir notre foi s’affadir. Car seule notre tiédeur peut compromettre notre participation à la Vie éternelle, qui se prépare et qui commence dès maintenant.

Frères et sœurs, l’enjeu est là ! L’enjeu est que nous entrions avec le Christ et pour le Christ, dans cette Vie éternelle qu’Il nous propose. Ne manquons pas cette invitation et n’ayons pas peur d’en témoigner autour de nous. Notre monde a soif ! Il attend véritablement que nous lui communiquions cette Bonne Nouvelle !

Demandons cette grâce pour chacun de nous, pour nos familles et pour le monde, dès aujourd’hui !

Ainsi soit-il ! 

Homélie du lundi 22 novembre 2021, 34e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 21, 1-4. Cantique (Daniel3). Livre du prophète Daniel 1, 1-6.8-20.

 

Chers amis, avec la fête du Christ Roi que nous avons vécue hier, nous arrivons au terme de notre année liturgique. En effet, nous entrerons, dès dimanche prochain, dans le temps de l’Avent qui va nous conduire jusqu’à la fête de la Nativité de notre Seigneur.

Pour nous préparer à une année nouvelle, cette fin d’année est l’occasion de se poser, de regarder, de relire l’année écoulée. Nous sommes invités à rendre grâce et à faire l’offrande de tout ce que nous avons vécu de beau ou de difficile !

L’évangile de ce jour nous invite à faire l’offrande de nous-mêmes. Comme cette pauvre veuve, je peux déposer, bien modestement, mes situations, mais aussi toutes les rencontres et les personnes qui ont pu, directement ou non, m’accompagner dans ma vie humaine et spirituelle ; bref, je peux déposer tout cela avec l’offertoire du saint sacrifice de cette eucharistie, et cela tout au long de cette semaine.

Relire, redécouvrir, prier :

·     Quels sont ceux qui ont pu m’aider ces derniers mois, à grandir dans une confiance en Dieu et en la présence de Jésus à mes côtés ?

·     Qu’est-ce qui m’a aidé à croire qu’Il est là et à vivre une amitié toute simple avec Lui ?

·     Quelles rencontres ou quels évènements m’y ont aidé durant cette année un peu mouvementée ?

·     Quels moments aussi ou par quels moyens, prière ou retraites, sacrements ou lecture de la Bible, les autres groupes auxquels je participe ou tout simplement ma fidélité à cette messe de 8h chaque matin ?

·     Qu’est-ce qui m’a aidé à avancer et à enraciner un peu plus la foi dans ma vie ? Qu’est-ce qui m’a aidé à m’enraciner un peu plus dans cette confiance en Dieu qui est là et qui veut me rejoindre au cœur de ce que je vis ?

Du coup, où est-ce que j’en suis de ma foi en Dieu et de ma vie avec Lui ?

À la fois :

·     où est-ce que j’en suis de mon désir de vivre avec Lui, mais aussi, et c’est inséparable, 

·     où est-ce que j’en suis de mon désir, et de la mise en œuvre de cela, pour entendre et vivre les appels de l’Évangile, très concrètement ? 

·     Où est-ce que j’en suis vraiment ?

Nous sommes tous invités, et chacun de nous, là, maintenant, dans le silence de notre cœur, à rendre grâce pour ce qui a été, pour le chemin parcouru, les situations belles ou douloureuses, et en même temps, à demander l’Esprit Saint que Jésus nous promet, pour continuer le chemin, chemin de vie, de sainteté, chemin de service et d’offrande de moi-même…

Modeste et humble, c’est cette offrande qui peut monter de mon cœur, peut-être même avec mon indigence qui peut être déposée dans le silence de la prière, avec le pain et le vin de l’Eucharistie par lesquels Jésus se rend présent à nous et à notre monde.

Frères et sœurs, que cette semaine soit l’occasion de revisiter ce que nous avons vécu depuis l’Avent 2020. Dans l’attente et dans l’espérance, commençons d’une façon nouvelle cette année liturgique.

Demandons cette grâce pour chacun de nous, ici réunis, pour nos familles et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 21 novembre 2021, solennité du Christ, Roi de l’univers, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Jean 18, 33b-37. Livre du prophète Daniel 7, 13-14. Psaume 92. 

Apocalypse de saint Jean 1, 5-8.

 

Chers amis, permettez que je vous conte la petite anecdote d’une visite chez des paroissiens, il y a quelques jours, lors d’un repas très sympathique. Au cours du repas, j’ai aperçu le petit coin prière de la famille. Dans ce coin prière, j’ai vu une jolie croix, sans doute ressemblant un peu à celles que vous avez chez vous. Sur cette croix, un peu ancienne, on voyait Jésus crucifié, une tête de mort sur la base (référence au premier homme - Adam - dont le pêché aurait été racheté par le sacrifice du Christ), et puis, juste au-dessus de la tête de Jésus, au sommet de la Croix, une petite plaque avec quatre petites lettres, un sigle : INRI.

 

J’ai posé la question aux enfants de la maison : « Savez-vous ce que ces quatre lettres signifient ? » Pas de réponse… Alors, j’ai posé la même question aux parents. Pas de réponse non plus… Et vous ? Je vous signale tout de suite qu’il ne s’agit pas du tout du nom de l’artiste … ni d’une marque de fabrique… Je vous donne un indice : c’est Pilate qui, au moment de la crucifixion, avait fait inscrire ces lettres, au sommet de la croix et en trois langues (en hébreu, en grec et en latin). En majuscule, en grec les lettres I et J s’écrivent pareillement. 

En réalité, ces quatre lettres sont un acronyme de l’expression latine : Jésus Nazarenus Rex Judaeorum, que l’on peut traduire en français par : Jésus le Nazaréen, roi des juifs, ou encore : Jésus le Nazaréen, roi des Judéens.

Roi des Juifs ! C’est déjà une belle reconnaissance, mais la fête d’aujourd’hui nous invite à voir encore plus loin, d’une façon plus universelle puisque nous disons que Jésus-Christ est le Roi de l’univers.

Voilà un titre qui ne manque pas de panache : Roi de tout l’univers ! Littéralement, Il est un “super, méga Roi“, au-delà de tous les pays, du monde et même de l’univers… 

Mais l’évangile de ce jour pourrait nous surprendre ; pourquoi ? Parce que pour illustrer la fête d’aujourd’hui, les liturgistes ne se seraient-ils pas trompés ? N’auraient-ils pas pu trouver un texte un peu plus glorieux, comme l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem (le jour des Rameaux avec la foule en liesse) plutôt que nous présenter l’épisode de sa rencontre avec Pilate à un moment tragique ? Non, aujourd’hui, nous lisons ce texte du dialogue entre Pilate et Jésus. N’oublions pas le contexte de cette rencontre : nous sommes à quelques heures de la mort de Jésus en croix.

Alors, pourquoi un tel récit ? 

Sans doute parce qu’il nous faut comprendre cette royauté au prisme de l’événement de la Passion. Nous ne pouvons pas faire l’économie du lien entre la Royauté de Jésus et sa Passion, et comprendre sous le regard de la Vérité que cette confrontation avec Pilate, montre la Parole souverainement libre de Jésus. “Ma royauté n’est pas de ce monde“ : dit Jésus.

Selon son habitude et sa pédagogie, Jésus reprend les mêmes termes que ceux de son interlocuteur. Non seulement Il provoque Pilate, mais Il nous provoque nous aussi et veut nous inviter à aller plus loin pour reconnaître sa vraie mission !

Alors, oui Jésus est Roi, mais pas du tout comme les foules et le monde l’entendent !

Oui Jésus est Roi face à Pilate, mais les rôles sont comme inversés !

Qui est Pilate ? C’est le puissant Procurateur d’un des plus grands empires qui ait dominé le monde ! Pourtant là, Pilate est complètement dépassé et ne sait même plus comment réagir ; en réalité, Pilate est mal à l’aise, il perçoit bien la souveraineté de Jésus, mais il n’arrive pas à la saisir vraiment. Dans ce dialogue, Pilate n’a aucune liberté, et de fait, il n’a aucune autorité. 

En réalité, son pouvoir est soumis à des pressions, celles de Rome et de l’Empereur, mais aussi à celles des puissants de Jérusalem : les grands prêtres et le Sanhédrin qui l’obligent, en quelque sorte, à condamner un innocent !

En face de lui, c’est bien Jésus qui parle avec autorité, qui ne semble même pas essayer de se défendre. Pourquoi le fait-Il ? Parce que Lui, Jésus est souverainement libre ! Il rend témoignage à la Vérité, son Royaume n’est pas à la mesure humaine. Roi, Il l’est manifestement, c’est certain, mais sans comparaison avec les schémas et les fonctionnements grandiloquents et distants des rois connus à cette époque !

Comment Jésus a-t-il manifesté chaque jour la force de sa Royauté ? D’une façon simple, humble :

  • Par des paroles de miséricorde et de pardon,
  • Par des exigences de vérité et une simplicité de vie,
  • Par des gestes qui soulagent et qui font vivre,
  • Par le respect et la tendresse pour les plus petits,
  • Par son émerveillement filial, sa confiance dans l’infinie bonté de son Père qui est maintenant « notre Père ».

Frères et sœurs, la fête de ce jour nous invite vraiment à réfléchir et à percevoir combien, ils sont dérisoires les symboles des pouvoirs terrestres et qu’ils sont vains les hommes et les femmes dans leurs comportements quand ils s’aveuglent sur eux-mêmes et qu’ils se croient tout-puissants !

L’homme est-il libéré de cette vanité ? Hélas non ! Encore aujourd’hui, il nous faut comprendre que la confrontation, les affrontements avec les “Pilates“ et les pseudo-rois de toutes les époques ne sont pas terminés ; ils se poursuivront jusqu’à la fin des temps parce que le combat de la Vérité habite encore notre espace et notre temps, que nous soyons en démocratie, en oligarchie, en dictature, nous voyons sans cesse l’argent, le sexe, la compromission venir ternir cette vérité ! Quels que soient les gouvernements et les pouvoirs reçus ou autoproclamés… nous constatons que les royaumes de la terre sont encore faussés, toujours soumis à des pressions, à des convoitises, à des drames. Les civilisations restent toujours sous le joug de l’injustice.

Le vrai pouvoir n’est pas dans une couronne, mais d’abord dans le service pour l’autre.

Alors, Oui ! Le Christ est Roi parce qu’il est d’abord un Roi serviteur.

Il donne à tous ceux qui le lui demandent la force de lutter contre le Mal qui défigure notre humanité ; plus encore, Il donne à l’homme, c’est-à-dire à chacun de nous, sa véritable place et sa véritable mission : être au service des uns et des autres, avoir les pieds bien posés sur terre et notre tête déjà au ciel !

Ne l’oublions pas, chers amis chrétiens : depuis notre baptême, par grâce, nous sommes prêtres, prophètes, et rois ! Nous participons à cette royauté à l’image du Christ. C’est bien ce titre royal que nous portons nous aussi. 

Un dernier point : nous sommes dans cette église sous le patronage de saint Louis : saint Louis, roi de France (XIIIe), était un homme profondément chrétien, bon, aimant Dieu, respectueux, conscient des promesses de son baptême et de ses responsabilités ! Il a été véritablement un roi au service. 

De par, le caractère royal de notre baptême, il est toujours possible pour chacun de nous de rester serviteur, les uns des autres.

Prenons le temps de réfléchir, de méditer le sens de cette fête, pour mieux comprendre la mission qui nous est confiée !

Frères et sœurs, rendons grâce pour tous ceux qui se mettent au service, en devenant serviteurs de tous ceux qui nous sont confiés !

Alors, frères et sœurs, rendons grâce pour le Christ, Roi de l’univers !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du mercredi 17 novembre 2021, 33e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 19, 11-28. Psaume 16. 2e livre des Martyrs d’Israël 7,1.20-31.

 

Souvent, en piquant ainsi l'attention de ses disciples, Jésus veut faire passer un message essentiel, qui concerne à la fois l'importance des grands enjeux de la vie, le sérieux des choix de l'homme et l'urgence de la conversion.

Mais ces exigences, même si elles peuvent nous surprendre, sont l'expression de son amour, et c'est cette pédagogie que nous avons, à certains moments, tant de mal à rejoindre.  Les disciples ont toujours des rêves de grandeur et de gloire. Ils ne semblent absolument pas encore avoir compris que Jésus va à Jérusalem pour souffrir, mourir et instaurer un règne invisible de grâce et d'amour. 

Que se passe-t-il dans cette parabole que nous croyons pourtant connaître assez bien ? 

Retenons dans cette parabole qu’un homme de haute naissance s’en va. Il va devenir roi et, pour cela, il va devoir s’absenter. Il confie son autorité à des serviteurs à travers le don des « mines » (dans l’évangile de saint Matthieu, ce sont des talents), somme qu’il ne reprendra pas, mais dont il attend des fruits. Autrement dit : en l’absence du roi, et jusqu’à son retour, à nous de jouer, selon ce que nous avons reçu et entendu !

Nous le comprenons, il ne s’agit pas de rentabilité ou d’un résultat financier : tout se joue sur une affaire de présence au don et à la parole confiée.

En réalité, il s'agit donc de l'œuvre de Dieu à réaliser ! 

Au point de départ, tout est don de Dieu : ce que chacun reçoit, il n'en est que dépositaire, au compte de Dieu. À l'arrivée, tout est don de Dieu, largesse de Dieu. La récompense est sans mesure, disproportionnée avec les services rendus : une ville pour une pièce d'or, un talent ou une mine ! Mais la récompense n'enrichit pas l'homme pour une possession égoïste : il reçoit ces dons, comme une gratification de Dieu, mais en réalité, ce sont de nouvelles responsabilités, une participation plus active encore à l'œuvre du salut. Il ne s’agit pas de dire : « Seigneur, j’ai bien travaillé, maintenant je me repose. » mais plutôt : « Seigneur, j’ai bien travaillé, mais à ton appel, je me donne encore davantage. »

Celui qui a, reçoit encore ; celui qui a fait fructifier les dons de Dieu en reçoit d'autres, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
            « Et l'autre ? », me direz-vous : « Pourquoi le roi lui retire-t-il cette somme qu’il lui a donnée ? »

À vrai dire, le roi ne lui retire rien du tout. C'est l'homme lui-même qui lui restitue sa pièce, intacte, enveloppée dans un linge, sans avoir rien fait pour la faire valoir. Que dit-il au roi : « Voilà ta somme ! » Il n'a pas décuplé, il n'a pas même quintuplé le dépôt confié ; il n'a pas cherché non plus à le placer en banque pour qu’il rapporte quelques intérêts. Il n’a rien fait, strictement rien fait !

Littéralement, il a rendu stérile le don du roi ; et le roi, simplement, en tire cette conclusion qui semble assez logique : « Cet homme n'a pas voulu de mon « don » ; il a pris mon cadeau comme un fardeau. Qu'il reprenne sa liberté, s'il ne veut pas la mettre à mon service ! »

Que retenir ce matin, pour nous ? Finalement, en faisant le choix de ne pas faire fructifier notre responsabilité (qui est toujours à la hauteur de mes capacités et de mes appels) et même parfois de nous écarter de l’auteur de la vraie Vie, une question peut nous habiter : 

·       Comment ai-je répondu et fait fructifier les dons reçus à mon baptême ?

·       Qu’est-ce qui donne du poids à mes jours ?

·       Qu’est-ce qui donne du sens et du prix à ma vie ?    

Bonne méditation !       

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 15 novembre 2021, 33e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 18, 35-43. Psaume 118. Premier livre des Martyrs 1,10-15.41-43.54-57.62-64.

 

Frères et sœurs, nous voilà pratiquement arrivés au terme de l’année liturgique. Après cette 33e semaine, nous fêterons le Christ-Roi de l’univers, dimanche prochain. Ensuite, nous entrerons dans le temps de l’Avent.

Le texte que nous venons de lire nous invite à entrer davantage dans le salut que Dieu veut pour nous et qui passe par le don de sa vie.

Quel est le contexte de l’évangile de ce jour ? Jésus est à la fin de sa vie publique. Après avoir annoncé pour la troisième fois sa Passion, Il monte à Jérusalem (Lc 18,31-34). Chemin faisant, il va guérir un aveugle à l’entrée de la ville de Jéricho (Lc 18,35-43), et quelques versets plus tard, Il va susciter la conversion radicale du publicain, Zachée (Lc 19,1-10) ; ceci, à chaque fois, malgré les préjugés d’une foule, qui fait obstacle à ces deux rencontres (Lc 18,39; 19,3).

Encore une fois, il nous faut comprendre que Jésus ne regarde pas à l’extérieur, à l’apparence, mais Il regarde le cœur (1 Sm 16,7), Lui qui sonde les reins (Jr 17,10). Ses pensées ne sont pas celles des hommes, ses voies ne sont pas nos voies (Is 55,8-9; Mt 16,23), son regard n’est pas notre regard. Mystérieusement et contrairement à nous, Il ferme les yeux sur les péchés des hommes pour qu’ils se convertissent (Sg 11,23). Il ne les enferme pas dans un jugement définitif, qui condamne. Son désir est le salut de tous !

Les détails de la description de cette scène sont importants, j’en retiens trois :

  • L’exclusion de l’aveugle (assis au bord de la route en dehors de la ville.) Pourquoi demande-t-il la pitié ? (C’est ce que nous demandons au début de chaque messe : « Kyrie eleison ! Seigneur prend pitié ! ») Il demande pitié, parce qu’il est aveugle, exclu de la vie sociale et citadine, considéré comme impur ! C’est un pauvre comme chacun de nous !
  • La foule est ici aussi une donnée importante. Cette foule est versatile. Un jour, elle acclame Jésus (dimanche des Rameaux) et quelques jours plus tard, elle le condamne à mort (le Vendredi saint). Ici, elle entoure Jésus, si bien qu’on ne peut accéder à Lui qu’en passant par elle : elle est un peu ce peuple de Dieu, capable de « rabrouer » et en même temps de « conduire » au Christ ! Surprenante foule !
  • Les yeux de cet aveugle ne voient pas, mais son  a dit « oui ».

Jésus s’adresse à cet homme aveugle et lui demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Verset 41). Ces mots de Jésus sont impressionnants : le Fils de Dieu est à présent devant l’aveugle comme un humble serviteur. Lui, Jésus, Lui qui est Dieu, dit : « Que veux-tu que je fasse ? Comment veux-tu que je te serve ? ». Dieu se fait serviteur de l’homme pécheur. Et l’aveugle répond à Jésus non plus en l’appelant : « Fils de David », mais : « Seigneur ». C’est bien ce titre que l’Église applique au Christ Ressuscité depuis le début.

Ainsi, cet aveugle met toute sa confiance dans sa réponse à Jésus : « Seigneur, que je retrouve la vue ! ». Une fois de plus, Jésus dépasse la demande de cet homme infirme : « Ta foi t’a sauvé ! » Il ne s’agit plus seulement d’une guérison, mais du salut !

Alors l’ancien aveugle « commença à le suivre en glorifiant Dieu » (v. 43) : il se fait disciple.  De mendiant, il devient disciple.

Frères et sœurs, n’est-ce pas aussi notre progression !

Ne sommes-nous pas tous des mendiants, mendiants de la miséricorde, mendiants de l’amour de Dieu ? Cela peut agacer certains d’entre nous ! Pourquoi ? Parce que notre orgueil en prend, sans doute, un coup, mais quelle joie, quelle chance et quelle grâce que notre Dieu veut pour chacun de nous !

Car suivre le Christ nous rappelle que nous avons tous toujours besoin de son salut pour la Vie éternelle !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 14 novembre 2021, 33ème dimanche du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 13, 24-32. Livre du prophète Daniel 12, 1-3. Psaume 15. 

Lettre aux Hébreux 10, 11-14.18.

 

Chers amis, avant de venir ici pour vivre cette messe, sans doute avez-vous lu les textes du jour, les différentes lectures et le verset « alléluiatique » ! Si oui, Bravo et continuez ! 

Alors, je vous invite à aller encore un peu plus loin car, lors de la messe, nous entendons seulement de courts passages des lettres et des évangiles. Je vous convie donc à prendre le temps de découvrir ce qui nous est donné quelques versets avant et après ce que nous entendons pour essayer de mieux saisir quel est le contexte. Effectivement, nous avons besoin de découvrir davantage l’environnement de ces écrits. Par exemple, en ce jour, nous sommes au chapitre 13e ; pourquoi ne pas lire celui qui précède … et celui qui le suit ? 

Jésus et les disciples sont sortis du Temple de Jérusalem. C’est là qu’ils se trouvaient comme nous l’avons lu dans le texte de l’évangile de dimanche dernier. Rappelez-vous, Jésus a attiré l’attention de ses disciples sur le geste d’offrande qu’une pauvre veuve a déposée dans le tronc du trésor, deux petites pièces. C’est, selon Marc, la dernière mention de la présence de Jésus dans le temple avant sa Passion.

Aujourd’hui, avec ce 13e chapitre de saint Marc, Jésus et les disciples ont quitté le Temple et Il est, avec ses Apôtres, sur le mont des Oliviers. De ce lieu, ils contemplent la ville de Jérusalem et le magnifique temple embelli par Hérode le Grand. Un des disciples fait part de son admiration devant cette construction. Et voilà que Jésus leur annonce que ce bâtiment construit pour défier les siècles sera détruit complètement. Cette destruction, effectivement, aura lieu en l’an 70, par l’armée romaine commandée Titus.

La question posée par les Apôtres est celle-ci : quand cela arrivera-t-il ? Nous comprenons bien la curiosité légitime des disciples.

Comme toujours, Jésus répond, comme nous venons de l’entendre, en élargissant la question puis sa réponse : « En ces jours-là, après une grande détresse… ». En plus de la destruction du temple, Il leur parle de la fin des temps ; mais aussi de sa mort et de sa résurrection. De fait, Il ne lui reste que quelques jours à vivre, humainement, parmi nous. En lisant la fin de ce chapitre et le suivant, vous verrez que nous sommes déjà au cœur de la semaine particulière : celle que nous appelons, la semaine Sainte.

Pour étayer sa réponse, Jésus utilise le langage apocalyptique habituel de son époque, comme le fait aussi Daniel, le prophète, dans la 1ère lecture. 

Ce langage a beaucoup suscité l’imagination des hommes au cours des âges en soulignant le plus souvent la tragédie de la fin du monde, mais très peu ont su mettre en lumière la Bonne Nouvelle que suggère Jésus dans l’évangile de ce jour. 

En effet, au cœur de l’automne, en ce moment où les feuilles meurent et tombent, cet évangile nous suggère une image de printemps : les branches du figuier qui deviennent tendres au moment où sortent les feuilles annoncent que l’été est proche. Cette image de printemps, pleine d’espoirs et de promesses, Jésus l’applique à la fin des temps et à la proximité de sa venue : « Lorsque vous verrez cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, sur le seuil. »

À trop regarder uniquement les images de détresse qui suscitent l’appréhension de la fin du monde, la peur d’une catastrophe mondiale, nous en viendrions à oublier la fraîcheur de celles qui annoncent la vie et une plénitude nouvelle.

Ce que le seigneur nous annonce, c’est moins la fin de ce monde, que la naissance d’un autre. C’est moins la perte de ce monde marqué par le péché que la restauration d’un monde nouveau où les mots de liberté, d’égalité et de fraternité ne seront plus de vains mots.

Certes, la naissance du monde nouveau sera précédée d’un déchirement, d’une perte, d’un bouleversement, mais n’est-ce pas le lot de toutes naissances ?

Les pauvres humains que nous sommes, nous qui vivons constamment dans le présent, ne pouvons pourtant pas gommer le passé, de même que le futur ne nous appartient pas complètement. Nous avons cependant, le devoir de la prévoyance et d’un travail fidèle et confiant.

Ce que Jésus annonce c’est qu’en notre monde, ce qui est déjà là, présent et agissant, mais peut-être caché, sera enfin dévoilé, révélé (c’est le sens du mot apocalypse). Le Seigneur vient faire toutes choses nouvelles ; ce qui était en germe sera moissonné !

Le Seigneur ne parle pas d’un “ailleurs“ hypothétique. Il nous donne les vraies dimensions de notre vie, de notre histoire. Dans les événements de toute vie se trouvent déjà les dimensions d’éternité. Le provisoire construit l’éternel. 

Ne nous trompons pas ! Notre espace et notre temps disparaitront, seuls l’amour et la charité construisent notre devenir. À nous, dans cette perspective, de modeler déjà notre vie dans ce monde-ci, dont nous faisons souvent le constat de ses limites ! La grâce qui nous est donnée, et cela dès maintenant, est de le comprendre et de choisir joyeusement Sa vie dans l’attente de ce monde à venir !

Depuis plus de 2000 ans, des hommes et des femmes croient à la fidélité de Dieu, malgré les échecs, les souffrances, les incompétences et tout ce que nous savons … Ils restent éveillés, attentifs et bienveillants, bons, et ceci par tous les temps, et tous les jours. Ils ne sont pas des héros sans peur et sans reproche. Ils font leur travail, simplement, avec à l’âme, un grand courage. C’est ce que nous recevons aujourd’hui :

« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Tout passe, hormis la parole de Dieu. »

Un dernier point pour terminer cette réflexion ! À l’issue du jubilé de la Miséricorde en 2016, le pape François écrivait que désormais, chaque 33e dimanche du temps ordinaire, serait la Journée Mondiale des Pauvres. Si « les pauvres sont nos maîtres… », comme l’a dit saint Vincent de Paul, c’est que derrière chacun d’entre eux se cache le visage de notre Roi. « La guerre se fait entre les riches pour posséder plus… […]. Les pauvres sont les artisans de la paix. Nous avons besoin de paix dans le monde, dans l’Église, dans toutes les Églises », écrivait le Pape François en novembre 2016. 

Il faut nous reconnaître pauvres devant Dieu, mendiants de son amour, mendiants de sa miséricorde. Notre seule richesse, c’est Dieu Lui-même ! Ces paroles sont toujours, et durablement, d’actualité.

Puissions-nous sans peur, avec audace et courage, continuer à avancer, et apporter à notre pauvre monde la lumière du Christ !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 10 novembre 2021, 32e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 17, 11-19. Psaume 81. Livre de la Sagesse 6, 1-11.

 

Le texte que nous recevons ce matin est capital et, comme je le fais régulièrement, je vous invite à le relire pour mieux le comprendre et bien saisir son message. 

Le voyage de Jésus vers Jérusalem n’est pas un voyage touristique. Il y va pour la grande fête de Pâques qui sera le lieu où Il vivra sa Passion et sera crucifié. Faisant l’expérience de sa résurrection, ses disciples comprendront plus tard et peu à peu que cette Prodigieuse Nouvelle concerne non seulement leur petit groupe, le peuple juif, mais aussi la Samarie, cette province hérétique et la Galilée, où de nombreuses religions et courants spirituels se mélangent.

Autrement dit, ce qui se passe dans ce voyage concerne non seulement Jésus et ses disciples, mais encore tout ce que la terre compte de personnes en recherche, malade ou en bonne santé, de toute obédience religieuse, bref : tout le monde et donc chacun de nous ! 

Le récit lui-même, l’histoire racontée, est donc pour nous lecteurs une invitation à nous lever et à avancer dans la vie à la suite du Christ

Nous le savons bien : si vraiment nous Le suivons, il nous faudra passer, nous aussi, par Jérusalem, c’est-à-dire par la croix. Ce n’est donc pas du tout du tourisme religieux, mais plutôt un engagement de vie ! Suivre Jésus sur la route de la vie, c’est accepter de prendre parfois un chemin surprenant et bien souvent différent de nos projets initiaux !

Sur cette route vers Jérusalem, voilà que : "dix lépreux vinrent à sa rencontre". On appelle lèpre, à cette époque, toutes les formes de maladies de peau. Celles et ceux qui en sont atteints sont rejetés de la communauté humaine comme de toute participation à la vie religieuse. 

Ces dix lépreux (ainsi que Jésus d’ailleurs) respectent les obligations sociales : ils restent à distance, ils vont ensuite faire remplir le constat de guérison à Jérusalem. Ce sont des hommes de foi. Ils font appel à la pitié de Jésus qu’ils appellent :"Maître".

Dans le groupe des dix lépreux, il y en avait un encore plus touché que les autres, encore plus rejeté et exclu du peuple de Dieu : c’était un Samaritain. Lui ira plus loin que ses neuf compagnons. Sur cette route, lui seul fait « demi-tour », il s’en retourne, dit l’évangéliste, glorifiant Dieu et se prosternant aux pieds de Jésus en lui rendant grâces. 

“Se retourner“ dans le langage évangélique, c’est bien plus que faire un demi-tour : c’est se convertir, c’est remettre sa vie en cause, c’est prendre un nouveau chemin. C’est reconnaître Jésus comme source du salut !

Entendons bien les dernières paroles de Jésus à cet étranger samaritain et ancien lépreux ! Que lui dit-Il ?  "Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé !" Une traduction plus proche du grec original serait : "Ressuscité, va !". Ce mot de "ressuscité" (anastasis) nous renvoie évidemment à la mort et à la résurrection du Christ. 

Plus qu’une guérison, c’est de Salut dont il s’agit et de vie éternelle !

Finalement, frères et sœurs, cette histoire de lépreux est un peu la nôtre… si du moins nous voulons nous mettre en marche. Peut-être connaissons-nous nos “lèpres“ nos maladies, notre péché ? Quoiqu’il en soit, régulièrement, nous pouvons bien faire comme le Samaritain guéri : faire demi-tour, retourner vers le Christ, réaffirmer notre foi, nous prosterner devant Lui, nous réjouir et rendre gloire à Dieu dans l’Action de grâce !             

Si vous voulons nous mettre en marche, entendons comme le samaritain : "Ressuscité, va !"

Puissions-nous, nous aussi, comprendre et croire que nous sommes des « ressuscités » avec le Christ !

                                                                                                                 Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 8 novembre 2021, 32e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Luc 17, 1-6. Psaume 138. Livre de la Sagesse 1, 1-7.

 

 Seigneur, augmente en nous la foi !

En matière de foi, nous prenons conscience que nous ressemblons aux Apôtres qui, un jour, demandent à Jésus d’augmenter leur foi (Luc 17,5-6). Cette demande n’exprime-t-elle pas justement notre désir de voir notre foi s’élever à la hauteur de la confiance inébranlable que Jésus place en son Père ?

Ne demandons-nous pas très régulièrement cela au Seigneur ? Pourquoi ? Souvent, nous avons l’impression que notre foi semble parfois un peu trop petite, étriquée, un peu fragile ou pas assez performante ! Bref : elle n’est pas toujours ce que nous voudrions qu’elle soit. 

Cependant, il y a un danger à penser cela ou du moins ce serait prendre le risque de laisser apparaître un manque d’espérance ! Nous n'avons pas à déprécier notre foi, même lorsqu'elle nous apparaît fragile.

     Mais attention ! Là encore, ne nous trompons pas ! La foi n'est pas un objet que l'on possède en plus ou moins grande quantité : la foi n’est pas mesurable ! On ne peut pas la comparer à celle des autres, trouvant celle de mon voisin ou de tel autre, plus grande que la mienne ; non, car ce serait penser un peu comme celui qui trouve l'herbe plus verte dans le jardin de son voisin. 

Alors, qu’est-ce que la foi ?

Si elle est au préalable un don, la foi se situe d’abord et avant tout dans l'ordre d'une relation vivante et personnelle avec Dieu. Grâce à elle, nous pressentons l'infini sans que, pour autant, cet infini se laisse enfermer dans nos définitions par trop étroites.

 Par la foi, nous sommes de la lignée de tous les croyants pour lesquels Dieu n'est pas quelque chose de vaporeux, une idée ou une idéologie, mais c’est Quelqu'un : le Christ, qui nous appelle à entrer en relation avec Lui. 

À la demande des Apôtres : « Augmente en nous la foi », la réponse de Jésus demeure toujours aussi déroutante. La foi, aussi petite soit-elle, comme une graine de semence par exemple, est douée d'une puissance de fécondité que nous soupçonnons à peine. 

Notre foi porte en elle l'amour infini de Dieu pour chacun et chacune de nous

un amour qui ne demande qu'une réponse généreuse et confiante de notre part.

Notre foi grandira alors à la mesure de l’Amour dont nous nous laisserons aimer. C’est ici que la rencontre du Christ joue un rôle fondamental pour grandir dans la foi. 

Être chrétien, c’est avoir fait la rencontre du Christ. La foi grandit quand elle est vécue comme expérience d’un amour reçu et quand elle est communiquée comme expérience de grâce et de joie. La foi est un Don et elle se fortifie en croyant !

     Un des fruits de cette rencontre avec le Christ, voire le plus significatif, est donc la joie. Il ne faut pas confondre cette joie avec l’exubérance. La joie, une joie souvent intérieure et communicative, naît de la rencontre du Christ ; c’est comme si, à son contact, nous sentions monter en nous un moment d’éternité et de plénitude, qui nous comble au-delà de toute attente et donne sens et souffle à notre vie.

Alors oui, Seigneur, augmente en nous la foi !

Puissions-nous, chaque jour, vivre une relation plus intime avec Toi !

Demandons cela pour chacun de nous ce matin, pour notre communauté, pour les personnes que nous connaissons et pour le monde !                                                                                                   

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 7 novembre 2021, 32ème dimanche du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 12, 38-44. Premier livre des Rois 17, 10-16. Psaume 145. 

Lettre aux Hébreux 9, 24-28.

 

La situation que nous présente l’Évangile semble apparemment anodine : Jésus, comme souvent, est dans le Temple de Jérusalem. La foule nombreuse entre et sort : les uns sont là pour prier, les autres pour présenter une offrande, quelques autres viennent y déposer leur contribution financière ! 

Jésus est là et c’est un fin observateur. Il aime les êtres et les situations de la vie courante. Pour Lui, les humbles réalités de la vie quotidienne sont pleines de leçons pour qui sait les voir avec son cœur. Comme les sages de l’Ancienne Alliance, Jésus se passionne pour l’homme, et surtout pour la manière dont l’homme cherche Dieu et parle à Dieu.

Jésus est assis. Mais que se passe-t-il de si particulier ? Qu’est-ce qui attire son regard ? Nous savons que Jésus va au-delà des apparences, au-delà des attitudes un peu démonstratives de quelques-uns. Ce jour-là Il s’était assis et regardait comment les croyants d’Israël apportaient leur contribution pour le trésor du Temple, « le denier du culte », en quelque sorte. Son regard est attiré par une dame, et, contrairement aux sommes parfois conséquentes déposées, voilà que cette pauvre veuve, une pauvre veuve, n’avait que quelques petites pièces (en fait deux piécettes) bien minces et bien légères à offrir.

Jésus regarde et Il aime son geste. Il appelle ses disciples auprès de lui, et Il leur parle en employant le vocable qu’Il utilise de façon habituelle pour communiquer un enseignement important : « Amen, je vous le dis … » C’est ainsi que Jésus introduit les certitudes ou les leçons qu’Il veut inculquer à ses disciples et à nous-mêmes : « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres dans le trésor. »

Nous pourrions faire plusieurs commentaires, sans doute importants sur notre façon (parfois contradictoire) d’agir ou notre altruisme ! Ces différentes attitudes révèlent parfois des paradoxes qui oscillent entre : « L’ostentation et la discrétion »  ou encore : « Le superflu et le nécessaire. » 

En réalité, Jésus veut nous inviter à aller bien plus loin, plus en profondeur : Il nous invite à l’audace de la vraie générosité !

Pour cela, Jésus ne va pas s’arrêter aux montants des dons en jeu, Il semble même inverser l’échelle des valeurs. Il veut surtout nous inviter à prendre un risque : le risque d’un don confiant et total 

Plus que de générosité, c’est de confiance dont il s’agit. Cette femme, cette pauvre veuve prend « un risque vital », un risque extrême : « elle a pris sur son indigence », nous dit l’évangile ! Dans notre société occidentale plutôt repue, nous avons peut-être, un peu de mal à prendre la mesure de ce risque, car nous ne vivons que très rarement de telles situations de précarité. 

La première lecture, qui fait écho, peut nous aider à mieux comprendre : cette veuve est comme cette autre veuve qui habite le village de Sarepta ; elle a accepté de perdre ses dernières réserves de nourriture à la demande du prophète Élie, au risque de mourir de faim après avoir tout donné et mourir de dénuement. « N’aie pas peur ! » lui dit Élie et elle fait confiance. Elle prépare une dernière galette, la donne au prophète Élie, en mange, elle et son fils et se prépare à mourir. Intellectuellement, il me semble que nous pouvons comprendre ce sens du dénuement, ce sens du don total et même y être sensibles !

Nous connaissons bien, aussi, l’émotion que Jésus sait éprouver face à toute pauvreté, mais pour entrer plus en profondeur dans les textes de ce jour, il y a peut-être une clef de lecture essentielle qui pourrait nous échapper !

La voici ! Pour mieux comprendre l’enjeu de cette situation, il nous faut préciser le contexte de ces versets dans l’évangile de saint Marc et à quel moment ces versets de l’évangile ont été écrits !

Jésus est à Jérusalem, non pas à l’occasion de l’un des séjours vécus avec ses disciples, particulièrement lors des grandes fêtes religieuses, mais après son entrée remarquée sous les acclamations et les Rameaux comme Messie et avant la Passion dans laquelle Il entre librement. Nous sommes donc au cœur de la Semaine Sainte ! Jésus sait le chemin qu’Il va suivre jusqu’à sa mort, le don libre de Lui-même afin que nous ayons la vie.

Dans l’évangile de saint Marc, je vous invite à relire les passages des chapitres 12, 13 et 14, y compris celui d’aujourd’hui, qui nous décrivent ces quelques jours, où Jésus est particulièrement attentif aux signes discrets et paradoxaux du Royaume qui advient ! Cette pauvre veuve qui à travers ce geste s’en remet à Dieu, est un de ces signes.Jésus voit aussi en elle une figure de ce à quoi Il est Lui-même appelé : donner sa vie en offrande, dans une totale confiance en Dieu, son Père.

Comme nous le dit la lettre aux Hébreux (en deuxième lecture), c’est son propre sang, sa propre vie qu’Il offre, dans un geste nécessairement unique et définitif, contrairement au grand prêtre qui, dans le Temple, répète chaque année, le rite des sacrifices, sans se donner lui-même.

À considérer l’enjeu de tout donner et surtout de se donner, nous pouvons être tout tremblants, inquiets devant une telle perspective ; nous avançons sur la pointe des pieds, voire nous freinons… Donner sa vie !!!  

Nous sommes conscients que beaucoup de choses nous retiennent, nous empêchent de nous donner davantage ; nous sommes conscients que nous pouvons nous donner d’un côté, mais que nous gardons nos réserves constituées, de l’autre. Pourtant, comme cette pauvre veuve, nous sommes invités à tout donner ! Comme le dit le prophète Élie : « N’aie pas peur ! »  

A ce niveau de réflexion, il n’est plus question de nos attitudes extérieures, mais plus profondément de notre cœur : pas question d’ostentation ou de discrétion ou d’un calcul estimant le superflu et le nécessaire ! Il est question d’une audace confiante et totale ! C’est la question du geste confiant de cette veuve et surtout celle de la confiance humble et totale de Jésus en son Père.

Frères et sœurs, voilà la méditation que je vous propose et que je vous conseille de poursuivre chez vous en ce jour. Que cette eucharistie soit, pour nous, un moment d’offrande, un moment nouveau d’offrande à Dieu, offrande de tout ce que nous sommes que ce soit dans nos joies, nos difficultés, dans notre malheur ou dans notre bonheur. Demeurons toujours dans une confiance totale ! Nous le savons : « C’est Lui qui a les Paroles de la Vie éternelle ! » (Jn 6, 68)

Quand nous irons auprès le Lui, dans notre dernière demeure, nous n’emporterons rien de ce que nous avons sur cette terre. Que l’Esprit Saint nous donne cette audace de risquer, peut-être jusqu'au don de notre vie, pour être à jamais, avec notre Seigneur !

Demandons cette grâce pour chacun de nous dans notre assemblée réunie ce matin, pour nos familles, notre communauté paroissiale et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du mercredi 3 novembre 2021, 31e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 14, 25-33. Psaume 111.

Lettre de St Paul aux Romains 13, 8-10.

 
Ce matin, je souhaiterais m’arrêter sur une toute petite phrase, ô combien importante, de la première lecture, lettre adressée aux chrétiens de Rome ! Cette phrase de saint Paul  est comme le résumé de toute la Bible : 
« Le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. » (Rm 13, 8)

La Bible tout entière peut être comprise comme une loi, donc une parole qui nous dit ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire !

Dans l’Ancien Testament, les Juifs comptaient 613 commandements ! Je ne les connais pas tous, mais à l’époque de Jésus, les scribes et les Pharisiens, eux, les connaissaient tous. Et quand ils posent la question à Jésus : « quel est le plus important de tous les commandements ? » Vous vous souvenez de ce que Jésus répond ? « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique, tu l’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (C’était dans l’évangile de dimanche dernier) 

Le plus important de tous les commandements, ce qui résume toute la Loi, c’est donc l’amour ; C’EST AIMER !

En fait, les commandements, la Loi, ce ne sont pas des injonctions auxquelles il faudrait obéir bêtement. Quand on parle de la Loi et des commandements dans la Bible, c’est d’abord une Parole qui est là pour nous indiquer le chemin de Vie et de Paix ; un chemin de bonheur et de joie ! Ce peut être par exemple ce commandement dont Jésus explique les conséquences : « Tu ne commettras pas de meurtre », parce que si tu assassines ton frère, ce n’est, bien sûr, pas génial pour la joie de ton frère, ce n’est pas génial non plus pour ta propre joie et, en plus, comme nous le savons tous, ce geste blesse toute la société. 

On pourrait faire le tour de tous les commandements et nous verrions que leur but, la finalité du commandement de la Loi : c’est l’amour, c’est la joie que l’on donne et que l’on transmet, avec en retour (parfois dans le temps) la joie que l’on reçoit.

Oui, l’accomplissement de la Loi, c’est donc l’amour. Une fois qu’on a saisi cela, tout le reste en dépend. L’amour est ce qui nous manque le plus, c’est ce dont nous avons tant besoin et que nous essayons de trouver, et parfois même d’acquérir un peu naïvement en croyant pouvoir l’acheter… Dit autrement, et pour aller plus loin, posons-nous cette question : qu’elle est la nouveauté que Jésus nous révèle ? Il nous révèle que :

Le commandement de l’amour est nouveau

parce qu’il est un don et non pas une loi.

Un « don », car aucune loi ne peut commander l’amour ! À ce commandement du don, notons deux caractéristiques du vrai amour : la reconnaissance et la gratuité. En fait, c’est une belle succession en cascade : la loi, c’est l’amour ; l’amour est un don et ce don nous invite à la reconnaissance et à la gratuité !

En fait, c’est ce que Dieu veut nous apprendre et ce que nous essayons de vivre en famille, de transmettre aux enfants lorsqu’ils commencent à parler et à grandir : dans la reconnaissance savoir dire un merci pour l’attention gratuite ! 

Quelle joie quand le fruit de ce don est réellement communiqué et que nous constatons que, une fois grands, ces enfants sont capables de redonner cet amour dans la reconnaissance et la gratuité!

Peut-être allez-vous me dire qu’aimer n’est pas toujours simple ! Cela est vrai, car “aimer“ demande de la réciprocité, de l’altérité et de sortir de notre isolement ; on ne peut pas aimer tout seul ! Il faut un vis-à-vis !

Alors, par où commencer pour aimer ? La solution est évidente : en nous laissant déjà aimer par Lui ! En laissant le Christ nous apprendre à aimer !

Voilà ce que nous pouvons demander dans notre prière aujourd’hui : laisser le Christ nous apprendre à aimer et L’aimer en retour !                                                                

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 1er novembre 2021, Solennité de la Toussaint, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 1-12a. Apocalypse selon Saint-Jean 7, 2-4.9-14. Psaume 23.

Première lettre de saint Jean 3, 1-3.

 

     Chers amis, un des mérites des saints, c’est qu’ils nous provoquent, au-delà de leur sainteté ! 

Que veut dire cette fête de la Toussaint ? 

Au moins deux choses :

La mort n’est pas la fin !

La sainteté est possible, toujours possible !

Mais à quel prix ? Les saints sont-ils vraiment nos frères et sœurs ? Sont-ils si extraordinaires puisqu’ils sont déclarés “saints“ ? N’avons-nous pas plutôt l’impression que nous ne pouvons pas être à la même hauteur qu’eux ? Ils semblent si loin, si parfaits, et nous : si pauvres, si imparfaits, parfois trop loin de Dieu, des autres et si insatisfaits de nous-mêmes. 

Attention ! Si nous comprenons la sainteté comme étant la perfection morale et humaine, nous sommes déjà fichus. Si les saints n’avaient jamais eu de faiblesse ou commis aucune faute, s’ils étaient si totalement parfaits, nous aurions toutes les raisons de nous décourager.

     Je crois que nous avons souvent une fausse image de la sainteté. Il n’y a aucun saint qui soit né comme un saint, sauf la sainte Vierge Marie, mais elle était si humaine, si proche de nous ! Elle a dû, elle aussi, chercher Dieu sur le chemin de la foi, on l’oublie parfois. Une phrase revient souvent dans les évangiles : « Marie méditait tout cela dans son cœur. » (Lc 2,19 ; 2, 51) Marie ne comprend pas tout, mais elle a décidé de faire confiance en son Fils.

     Mais en ce qui concerne les autres, je ne connais aucun autre saint qui n’ait jamais péché. Plus surprenant encore !  Il y a même des saints qui ont eu, en quelque sorte, besoin du péché pour rencontrer Dieu. C’est assez incroyable, mais vous pourrez le découvrir en lisant la vie des saints. Si tout dans notre vie était parfait, si nous n’avions pas de problèmes, en fait, peut-être n’aurions-nous pas besoin de la miséricorde de Dieu ?

     Il suffit de regarder le monde autour de nous, pour nous apercevoir que beaucoup de choses ne sont pas parfaites ! Nous pouvons subir le monde, subir la bêtise humaine et même notre propre bêtise, mais nous ne devons pas nous décourager ! Une mauvaise compréhension, de l’évangile de ce jour, pourrait nous faire interpréter les Béatitudes comme un idéal inaccessible, une sorte de pansement à une désolation, une sorte « d’anesthésique spirituel ! » 

Les Béatitudes, rapportées dans l’évangile de Matthieu, sont donc, en réalité, une mission.

C’est la mission donnée par Jésus de compléter ce que Lui-même a commencé. Lorsque les chrétiens (c’est-à-dire nous tous), à l’exemple des saints que nous célébrons aujourd’hui, auront vécu selon ces paroles de Jésus et l’auront fait de manière contagieuse, alors il n’y aura plus de pauvres, plus d’affamés, plus de souffrants, ni d’isolés ! Le Royaume de Dieu sera pleinement réalisé. 

C’est la mission que nous donne l’évangile de ce jour, mission d’agir et mission d’y croire. Et cette mission se réalise quand nous adoptons la sagesse des Béatitudes qui va à l’encontre de la folie de ce monde. Face à cette folie d’une volonté de posséder tout, de dominer les autres, de les asservir, de les juger, nous sommes invités à témoigner de « la folie de la croix » qui est « Sagesse de Dieu ». 

     Oui ! La sainteté est possible ! Ce qui nous manque parfois, et c’est essentiel : c’est le désir ! Le désir est nécessaire ! Un désir sincère, à la fois humble et vrai, à la fois folie et sagesse ! Mais même le désir sincère ne marche pas sans une passion pour Dieu et une passion comme Dieu a pour les hommes ! 

 

Frères et sœurs, en cette fête de la Toussaint, ayons ce désir, cette certitude de croire qu’avec Dieu rien n’est impossible ! Soyons des passionnés de Dieu, le reste nous sera donné par surcroit !

Demandons ce désir, et même le ‘désir du désir’, pour notre communauté, notre paroisse et pour le monde !                  

                                                                                                  Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 31 octobre 2021, 31ème dimanche du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 12, 28b-34. Livre du Deutéronome 6, 2-6. Psaume 17. 

Lettre aux Hébreux 7, 23-28.

 

Chers amis, en ce dimanche, permettez-moi de vous poser deux petites questions, peut-être surprenantes, mais importantes et existentielles ! … et je vous demande toute votre indulgence et toute votre attention. Laissons-nous interroger !

Première question : Combien faut-il de pieds pour qu’un tabouret puisse être stable ?

Un pied ?... Deux pieds ?...Trois pieds ?

Un pied !... mais il faudrait avoir un très grand sens de l’équilibre, et je risque de tomber … !

Deux pieds !...mais on risque de basculer en avant ou en arrière et ce ne sera pas stable.

Avec trois pieds, au minimum, vous obtenez une bonne assise, et le tabouret peut vraiment tenir debout et être stable. Pour vous le prouver, je monte dessus, et…ça marche ! Certains peuvent penser qu’avec quatre pieds, ce serait encore mieux, mais souvent, dans ce cas-là, il est nécessaire de réajuster un des pieds.

Deuxième question :

Savez-vous combien il y a de commandements, de lois, de préceptes dans la tradition des rabbins, à l’époque de Jésus et encore aujourd’hui ? 

Si nous réfléchissons bien, il y a d’abord la Loi que Moïse est allé chercher en haut du Sinaï, les dix Paroles, les dix commandements : le décalogue. Ces commandements sont toujours importants et actuels.

À l’époque de Jésus, il y avait aussi 613 commandements dont 365 (à peu près un par jour) étaient des interdits, interdit de faire ceci ou cela.

Bien souvent, les rabbins avaient tendance à situer tous ces commandements sur le même plan. Certes, ces commandements prenaient en compte des prescriptions tant sanitaires (avant d’aller manger, il faut faire des ablutions, sans doute pour être plus propre, mais aussi pour se purifier) que juridiques. Tous ces commandements pouvaient faire se tourner les juifs vers un légalisme un peu pointilleux, et parfois même aboutir à une certaine déformation des consciences. Par exemple, certains rabbins mettaient sur le même plan “les ablutions avant le repas“ et le précepte pourtant très important, d’ “honorer son père et sa mère“. (Les dix commandements)

Au temps de Jésus, quelques hommes prévoyants dans leur foi, essayaient d’établir une sorte de hiérarchie parmi les multiples obligations de la Thora.

D’où la question de ce scribe, de ce spécialiste, adressée à Jésus : « Quel est le premier de tous les  commandements ? » Quel commandement est le premier de tous ? Je ne sais pas ce que vous répondriez ! Peut-être proposeriez-vous : soyez heureux ! Ou : soyez féconds ! Ou encore : Faites du bien ! 

La réponse de Jésus est extraordinaire et elle nous invite vraiment à la méditation. Jésus répond tout d’abord en citant le livre du Deutéronome, chapitre 6, verset 5 : un texte magnifique que tous avaient en mémoire puisque, déjà au temps de Jésus, tous les hommes juifs priants, pieux, devaient le réciter au moins deux fois par jour : « Écoute Israël : le Seigneur notre Dieu est le seul, l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force » Si on veut l’exprimer autrement : de toutes “tes tripes“, de tout ton corps ! Il nous faut bien comprendre : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur“, signifie que toute ta personne sera mobilisée pour l’amour de Dieu, que tu dois tendre vers Dieu avec le meilleur de toi-même. Beaucoup de juifs avaient à cœur de se conduire de cette façon.

Mais Jésus ajoute aussitôt, en citant cette fois-ci le livre du Lévitique, chapitre 19, verset 18 : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est une nouveauté. Souvent, les rabbins prenaient une parole d’un livre, une autre dans un second livre et les associaient, les accolaient. Aucun d’eux, jusqu’à présent, n’avait eu l’idée d’assembler ces deux versets. 

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » est le second commandement, toujours inséparable du premier, et pourtant toujours distinct, car l’amour pour autrui ne peut pas remplacer l’amour pour Dieu, pas plus que le prochain ne peut remplacer Dieu.

Mais les deux commandements sont semblables parce que l’amour du prochain comme l’amour pour Dieu, doit mobiliser toute la personne et toutes ses forces, pas la moitié, ni le tiers seulement !... 

Toute la personne et toutes ses forces !

On ne peut vraiment s’approcher de Dieu, sans commencer à aimer ce que Dieu aime.

Plus on est près de Dieu, plus on se rend proche des autres fils et filles de Dieu.

L’évangile ne le dit pas, mais nous pouvons très bien imaginer que le scribe entend cette réponse et il dit à Jésus : « Maître, tu as raison de dire cela ! » 

Je reprends mon tabouret du début : voici le premier pied qui représente l’amour de Dieu, voici le second pour l’amour du prochain, mais il faut un troisième pied, une troisième assise, sinon vous allez basculer, tomber. Un des supports qui nous est donné par l’évangile pour être stable, ce troisième pied, c’est l’amour de soi ; ce troisième pied nécessaire, c’est l’amour de “moi“ !

« Tu aimeras ton prochain COMME toi-même. » Alors, attention ! Je ne suis pas en train de vous dire de devenir des égoïstes ou des narcissiques, mais il vous faut aussi avoir un juste amour de soi, un amour juste de ma personne, un amour vrai de ce que je suis, c’est-à-dire : reconnaître en moi, en ma personne, toutes les qualités et toutes les capacités que Dieu a déposé, aussi bien dans mon cœur que dans mon intelligence, capacité de création, capacité d’amour, capacité de réalisation, capacité de don de soi et de m’en émerveiller ! 

Dire que je ne m’aime pas, parce que je suis déçu de moi, de mes actions, de mes manques est un des dangers que je constate de temps en temps. Il risque d’invalider toute possibilité d’amour. Peut-être ai-je du mal à me réconcilier avec moi-même ? S’aimer, reconnaître la merveille que je suis, me permet de m’ouvrir à Dieu et de m’ouvrir aux autres. De même, aimer Dieu me permet de m’ouvrir aux autres et de découvrir toutes les qualités d’ouverture et de don que je peux avoir en moi. 

Vous l’avez entendu dans l’évangile, Jésus dit au scribe : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Vous allez me dire que ces mots sont encourageants : « Je ne suis pas loin… », mais en même temps, un peu décevants, car : « Je n’y suis pas encore ! », un peu comme quelqu’un qui me dirait « Tu fais bien, ce n’est pas mal ! Mais tu vas bientôt y arriver encore mieux, continues à avancer ! Il faut encore progresser. »

Ce “Tu n’es pas loin“, c’est à chacun de nous que Jésus l’adresse, puisque nous sommes tous réunis ce soir pour entendre sa Parole. 

Pour chacun de nous, Jésus nous dit : “Tu n’es pas loin“.

  • puisque tu cherches la vérité, 
  • puisque tu veux la trouver auprès de moi,
  • Tu n’es pas loin“, puisque tu veux donner un sens à ta vie, à ton travail, à tes souffrances, à ton dévouement,
  • puisque tu veux prendre du recul par rapport au tourbillon de la vie,
  • Tu n’es pas loin“, puisque tu veux échapper à l’engrenage de la routine,
  • Tu n’es pas loin“, parce que tu veux éviter le mensonge des relations superficielles.
  • Tu n’es pas loin“, oui ! “Tu n’es pas loin“, si tu as entrevu l’importance de la charité et de l’amour. 

C’est la prière que nous pourrions avoir aujourd’hui : 

Seigneur, si tu dis que je ne suis pas loin, si je comprends tes commandements, si j’essaie de mieux les appliquer, dis-moi, en cette veille de la Toussaint, ce qui me manque pour être plus près de toi, encore plus près de Toi, jour après jour !

Je sais que mon cœur Te désire ; c’est avec Toi que je veux être pour toujours !

  Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 27 octobre 2021, 30e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 13, 22-30. Psaume 12. Lettre de St Paul aux Romains 8, 26-30.

 

Chers amis, cet évangile est très intéressant ! Il nous faut le lire calmement et attentivement, car nous pourrions peut-être faire erreur dans sa compréhension en le lisant trop vite.

La question de ce matin est très précise : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Peut-être est-ce une question que vous vous posez vous-mêmes ?

Pourquoi cette question ? Le chapitre 13e de saint Luc rappelle plusieurs situations dramatiques. Ce sont : 

  • La souffrance devant cette tour qui s’est effondrée faisant dix-huit morts !
  • Les partisans d’Hérode qui ont assassiné ces gens pieux qui offraient le sacrifice !
  • Ou encore (dans un registre différent) le figuier dans la vigne, qu’il faut couper, parce qu’il ne porte pas de fruit ! 

La pédagogie de Jésus est telle qu’il ne répond jamais directement : les dates, les délais, les nombres, tout cela, à ses yeux, ne sont que vaine curiosité. 

On lui demande une sécurité : Il répond par une exigence. 

On lui demande : « Beaucoup seront-ils sauvés ? » Il répond calmement : "Tâche d'être de ceux-là ! Rien n'est fait d'avance ! Des derniers seront premiers et des premiers seront derniers : il faut entrer, donc vouloir entrer, et la porte est étroite".

En entendant cela, quelques-uns pourraient penser qu’il sera bien difficile d’entrer et donc se dire : "Puisque la porte est étroite, jouons des coudes, bousculons, et nous aurons la chance d’entrer." Mais faisons attention ; Jésus n'a pas enseigné qu'il fallait évincer des frères et des sœurs pour entrer dans le Règne de Dieu ! Jamais Jésus n'a voulu dire : "Les places sont rares, et elles reviendront au plus fort ou au plus malin." Oui ! Il y a une porte ! Et celle-ci est étroite !

     Comment décrire cette porte étroite ? Que signifie cette porte ?

Je prends un exemple ! Imaginons que nous sommes sur l’autoroute, l’autoroute de la vie et nous roulons à vive allure, peut-être même au-delà de la vitesse autorisée. Arrive la bretelle de sortie ! Mais nous roulons trop vite, les enfants se chamaillent, nous sommes distraits par la musique mise à fond, le paysage, le téléphone, d’autres choses…! Trop tard ! La sortie est dépassée et nous l’avons manquée ! Pourtant, nous le savions…

Si vous vous rendez à la cathédrale de Grenoble, il existe encore la porte de Vienne qui faisait partie des remparts. On pouvait y passer en payant un impôt. Au début de la nuit, cette grande porte était fermée et il ne restait ouverte, sur le côté, que cette petite porte étroite. C’est cela la porte étroite !

Pour les auditeurs de Jésus, sa parabole a sans doute été limpide. Mais pour nous, est-ce clair ?

L’indice que nous donne Jésus pour passer cette porte étroite est la gratuité ! Nous n’avons pas d’autre alternative que de vivre dans la gratuité. Le maître mot, c’est la gratuité ! Nous pouvons constater que ce texte ne contient en fait aucune condamnation, et que la question de cet homme est mal posée, mal posée, parce qu’elle sous-entendrait que Dieu, arbitrairement, sauverait les uns et condamnerait les autres. Non, l’entrée est libre et gratuite !

Ceux qui n’entrent pas par cette porte étroite s’empêchent eux-mêmes d’entrer ; ceux qui n’y entrent pas, ce sont ceux qui se privent eux-mêmes de la grâce, peut-être par orgueil ou par bêtise ; à aucun moment Dieu ne leur ferme la porte ; au contraire, Il les invite à décider et à faire tous leurs efforts pour qu’il n’en soit pas ainsi.

Un dernier élément ! Lorsque Jésus répond à cet homme, Il est en marche vers Jérusalem. Cette observation n’est pas anodine ; l’évangéliste montre par-là que Jésus est en marche vers sa Passion et qu’Il sera crucifié justement par ceux qui n’ont pas su entrer dans la gratuité de l’Évangile : la Bonne Nouvelle du Salut en Jésus-Christ !

Frères et sœurs, interrogeons-nous : certes la porte est étroite, mais elle est ouverte pour chacun de nous. Pourrons-nous ralentir un peu notre allure pour entrer ?

Demandons cette grâce pour chacun de nous !

                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

 

 

 

                                                                                       

Homélie du lundi 25 octobre 2021, 30e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Luc 13, 10-17. Psaume 67. Lettre de St Paul aux Romains 8, 12-17.

 

Courbée depuis dix-huit ans, la femme de l’Évangile ne peut plus regarder les autres, de visage à visage, et personne ne peut se tenir en vis-à-vis avec elle ! Impossible d’avoir un face-à-face ! Elle est  donc coupée de ses relations, le regard tourné vers le sol, vers la terre, vers la mort…

« Il fallait » que Quelqu’un la voie, la cherche du regard pour la sortir de son isolement. Sans quoi, elle serait restée tournée vers le néant, tournée vers la terre et non plus vers le Ciel. Elle était alors devenue étrangère au monde des humains.

Jésus la cherche, l’envisage et lui parle, Il la redresse d’entre les oubliés, d’entre les exclus ; personne ne s’intéresse à elle et pourtant, elle est présente, elle est là ! Il faut la recherche du Christ pour la remettre debout. Elle est comme ceux qui n’ont plus de visage dans notre société : le 'sans domicile fixe’ à côté duquel nous passons bien souvent en détournant le regard, la personne alitée, dans le  coma que l’on traite parfois comme un “légume“ à l’hôpital, le sans papiers que l’on renvoie loin de notre vue, le malade réduit à sa pathologie ou à son numéro de chambre…

Jésus remet debout, et encore mieux, Il redresse, Il redonne espérance, Il nous permet de regarder plus loin, de regarder le Christ ! Au-delà d’un regard, c’est une espérance qui renait !

Un dernier point ! Pour quelles raisons cette pauvre femme était-elle pliée en deux depuis de nombreuses années ? Peut-être l’âge ou un handicap sclérosant ! Le fait que Jésus attribue sa maladie à un démon (nous savons que les démons peuvent nous plaquer au sol, nous tétaniser !) laisse supposer que sa paralysie est sans doute autant spirituelle que physique. Nous savons (parfois par expérience) que le poids de notre passé, le poids de notre péché peut parfois nous paralyser, nous courber, nous plier en deux : ce peuvent être le chagrin, le ressentiment, la nostalgie, le remords, des attachements excessifs à des choses ou à des lieux…

Frères et sœurs, réfléchissons personnellement : qu’est-ce qui nous tient courbés, malgré nous peut-être, et sans même nous en apercevoir ? Sommes-nous droits, redressés, regardant le ciel ?

Demandons cette grâce de pouvoir nous redresser et d’aider autour de nous chacun à regarder le visage de celles et ceux qui nous entourent, et plus particulièrement de redécouvrir par notre regard, le Christ, de regarder vers le Ciel !

Demandons cette grâce pour chacun de nous, ce matin, et soyons attentifs à ceux qui sont courbés autour de nous, et qui ont besoin d’être regardés, aimés et relevés !

Ainsi soit-il !

 

 

Ainsi soit-il

Homélie du dimanche 24 octobre 2021, 30e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 10, 46b-52. Livre du prophète Jérémie 31, 7-9. 

Psaume 125. Lettre aux Hébreux 5, 1-6. 

 

Chers amis, en ce dimanche matin, j’ai quelques questions à vous poser et à vous laisser méditer personnellement :

  • Suis-je chrétien parce que je n’aurais pas de difficultés ?
  • Est-ce que j’ai déjà eu des problèmes de toutes sortes dans ma vie ?
  • Quelle est mon attitude dans ces situations ? Quelle est ma réaction ?

À la première question, la réponse, bien sûr, est non ! C’est parce que j’ai besoin d’être sauvé que la grâce m’a été donnée de rencontrer le Christ et de devenir chrétien !

À la deuxième question, je pense que les plus anciens d’entre nous répondront par l’affirmative. Tous, nous avons ou aurons des problèmes de toutes sortes : relationnels, santé … ! 

La réponse à la troisième question est peut-être plus complexe. Dans certaines situations comment ai-je réagi ? Suis-je resté prostré, abattu, le regard au sol en me lamentant comme si le ciel me tombait sur la tête ? Ai-je été désolé ? Ai-je été en colère contre moi, contre les autres ou contre Dieu ? Ou bien est-ce que je me suis « battu » seul ou avec l’aide d’autres personnes ? Ai-je été déterminé et audacieux ? 

Notons qu’il est question d’audace dans les textes que nous entendons ce matin.

L’audace produit souvent des miracles inattendus ! Pour être plus précis : une audace dans la foi, une audace éclairée par la foi, produit souvent des événements surprenants ! 

À plusieurs occasions, en tant que prêtre, j’ai vécu cette expérience poignante d’être témoin de la foi simple, pure et lumineuse d’une personne. Je reste profondément frappé par la sérénité de certaines personnes handicapées ou par des personnes frappées par un deuil toujours difficile. 

Cette sérénité est à la fois un don et une décision ! Un don qui m’échappe et que je peux recevoir, mais une décision qui m’appartient, parce qu’elle est aussi un « lâcher prise » ! Cette sérénité n’est pas une résignation. Elle est une raison de ne pas sombrer dans le pessimisme et un repli sur soi mortifère.

Plus grande encore est la confiance d’un homme ou d’une femme, blessés par la vie et qui s’approchent de Dieu en implorant sa miséricorde. « Un pauvre a crié, Dieu écoute », dit le psalmiste. Jésus ajoute doucement : « Va, ta foi t’a sauvé ».

Nous le savons bien, quand nous baissons les bras, quand le découragement nous guette, nous perdons confiance ! Dès que nous perdons confiance en nous-mêmes, ou les uns dans les autres, les relations se détériorent, nos projets s’effondrent. 

Il en va de même dans ma relation avec Dieu. Mais Dieu ne manque pas de foi en nous ! C’est nous qui sommes secrètement défiants à son égard : c’est ce que nous pourrions appeler la vieille cicatrice du péché...

Revenons à l’évangile : saint Marc nous présente donc un pauvre, tristement rejeté, rabroué par les autres et aveugle. En plus, il a du mal à se faire entendre, mais il a de la voix. Notons que les personnes handicapées, les sans-emploi, les personnes souffrantes ou isolées, les victimes de toute sorte n’ont guère voix au chapitre non plus, dans notre monde. Bien souvent, nous ne les entendons pas, car bien souvent, le bruit médiatique couvre leurs plaintes.

Parce que notre vie est bien plus grande que nos handicaps et nos entraves, la vie de Bartimée ne se réduit pas à sa cécité ! Il est aveugle certes, mais il est bien vivant ! Il a toujours en lui, la force de crier vers Dieu ! 

Comme lui, nos aveuglements nous fragilisent et comme lui, nous n’avons pas davantage vu le visage du Christ. Mais par la foi, nous croyons au témoignage de ceux qui l’ont connu. « Voir Dieu » : tout est là ! Voir Dieu « les yeux dans les yeux » (Isaïe 52,8), tel est le désir le plus profond exprimé dans l’Ancien Testament. C’est peut-être aussi notre désir, mais bien souvent, comme Bartimée, nous sommes aveugles.

En Jésus, Dieu se laisse découvrir ! Désormais, dans la foi, nous ne voyons plus que Jésus, en attendant de Le contempler de nos yeux de chair, au jour du grand passage à Dieu ! Plus précisément, c’est la foi qui ouvre nos yeux ! Nous devenons croyant plus exactement ‘chrétien’, le jour où Dieu devient un ami-confident et que j’accepte de Lui qu’il m’aime tel que je suis.

     Selon nos histoires, nous sommes aussi des pèlerins cherchant notre route sur cette terre. Nous aussi, à des moments précis de notre vie, lorsque nous hésitons, lorsque nous ne voyons pas quelle décision, quelle attitude prendre, quel chemin de vie emprunter, ou parce que nous souffrons, nous pouvons nous retrouver dans le cri de Bartimée. 

Aujourd’hui, nous sommes ici, dans cette église ! Peut-être qu’au fond de nous-mêmes, notre cri peut retentir silencieusement. La réponse est communautaire, elle est là. Chacun de nous peut dire à son voisin, à son frère ou à sa sœur : « Confiance, il t’appelle ». 

 

Oui, Jésus, tu m’appelles ici et maintenant, dans l’aujourd’hui de mon histoire.

Comme la foule qui de bouche à oreille porte à Bartimée le message du Christ, nous pouvons entendre ce même message : « Confiance ! Réveille-toi ! » Jésus t’appelle !

Quelle sera ma réponse ?

  • Vais-je rester prostré, en colère, assis, découragé ?
  • Suis-je prêt à laisser tomber mon manteau, les protections que j’ai mises en place et derrière lesquelles il me semble avoir trouvé un abri ? 
  • Suis-je prêt à me lever encore et toujours, et à courir, au son de son appel, aidé par des frères et des sœurs ?
  • Suis-je prêt à être attentif, à mon tour, aux cris, parfois vifs, parfois murmurés de ceux qui sont au bord du chemin ?

Certains vont peut-être dire que leur audace n’a pas eu le résultat espéré, que leur cri ou leur demande sont restés vains ! 

En relisant bien le texte, nous pouvons comprendre que ce n’est pas tant le miracle qui est important dans cette rencontre, mais l’invitation du Sauveur. « Va ! » dit Jésus. Vous l’avez remarqué, c’est le seul ordre qu’il donne à Bartimée. 

Jésus n’emploie pas le verbe voir : « vois ! » comme on pourrait s’y attendre, mais « va ! »… un aller vers ! Littéralement : marche, bouge, libère tes os, ressers-toi de tes jambes. Marche… et tu verras, sans doute avec un regard différent. 

C’est ainsi que Dieu remet de l’ordre dans nos prières. Bien souvent, nous Lui demandons la guérison et il nous donne la force : la force de Le suivre. 

À bien relire ce texte ; Bartimée a été sauvé de sa cécité. Il a surtout retrouvé une « claire vision » et un sens à sa vie : suivre le Christ. 

Cette force devient engagement ! De Bartimée assis au bord du chemin, il devient Bartimée suivant « Jésus sur le chemin ! »

Alors, pour reformuler des réponses à mes premières questions : pourquoi suis-je chrétien ?

En vérité, je suis chrétien parce que j’ai répondu à l’appel de Jésus, qu’Il me donne cette « claire vision » qui m’invite à le suivre avec audace et confiance, quelles que soient mes infirmités et mes blessures !

Oui ! Chers frères et sœurs, avec Jésus, allons avec Lui sur son chemin vers la Vie !

Passons, avec Lui, des ténèbres à sa lumière !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 20 octobre 2021, 29e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 12, 39-48. Psaume 123. Lettre de St Paul aux Romains 6, 12-18.

 

Voilà un évangile intéressant et je vous invite à le relire posément pour bien le méditer. Il me suggère plusieurs réflexions que je vous livre bien simplement. 

Au début de cet évangile, Jésus nous demande d’être prêts comme le maître qui ignore quand le voleur va s’introduire dans sa maison ou encore comme le serviteur qui ne sait pas à quelle heure, à quel jour son maître va revenir.

Pour nous, ce matin, que veut dire “être prêts” ?

Oui, mais de fait, prêts à quoi ?

Nous pensons peut-être être « prêts » au jour de la Rencontre avec un « R » à la fin de notre vie terrestre ! Mais déjà, plus concrètement, aujourd’hui, comme chrétiens, il me semble que nous devons être « prêts » à reconnaître les indices que Dieu ne cesse de nous donner à travers les différents événements de notre vie. 

 Mais comment interpréter ces indices dans le concret de notre vie, pour être prêts ?

C’est une vraie question ! Le serviteur de l’évangile ne se tient pas prêt en restant à attendre devant la porte sans rien faire, ou en passant son temps (pensant son maître absent) à ne pas lui obéir. Le serviteur, le bon serviteur, se tient prêt en accomplissant bien son travail, ce travail qui lui a été confié par son maître : « pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture » ; c’est bien ce que nous dit l’évangile. 

 Pour nous, comment nous tenir prêts ?

Simplement déjà, en faisant au mieux notre travail quotidien, celui de chaque jour, tout en étant à l’écoute de ce que Dieu est en train de me dire. Être prêt !

  • Je lisais il y a quelques jours, le récit de ce Bienheureux Guy de Fontgalland, mort à onze ans en 1925, à qui l’on demandait ce qu’il ferait s’il apprenait que sa mort était proche ; il répondait : « Je continuerais à jouer ! » Être prêt, pour lui, c’était cela.
  • Je pense aussi à cet ami médecin qui me confiait, lors du premier confinement, le risque qu’il prenait en allant soigner ses patients ; mais soigner ses patients était toute sa vie !
  • C’est aussi l’exemple de cette maman célibataire qui enchaîne des heures supplémentaires pour subvenir aux besoins de ses enfants.
  • C’est encore ce papa qui passe du temps avec ses parents vieillissants et malades.

Être prêt dans le quotidien en faisant bien son travail est sans doute la meilleure manière d’être prêt à la visite de Dieu. Notre travail, la charge qui nous est confiée sera différente selon nos vocations respectives, bien évidemment selon notre âge, notre état de santé ! Toutefois, comme dans l’évangile, il s’agira toujours d’être fidèle à sa mission tout en étant à l’écoute des autres, nos frères et sœurs en humanité, car ce sont les autres que le Seigneur nous confie.

Enfin, il est une phrase de Jésus qui m’a toujours bouleversé, c’est la dernière de notre évangile ; je cite : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage ». 

Personnellement, j’ai conscience d’avoir énormément reçu. Alors, quelle responsabilité pour moi ! La conscience d’avoir beaucoup reçu nous invite certes à un effort permanent, mais aussi à une immense confiance en la miséricorde de notre Dieu.

Frères et sœurs, ce matin, demandons simplement la grâce d’être prêt dans le quotidien de notre vie !

                                                                                                                 Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 18 octobre 2021, fête de saint Luc, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 10, 1-9. Psaume 144. Lettre de saint Paul à Timothée4, 10-17b.

 

Nous sommes en pleine semaine missionnaire et, à travers le monde entier, la mission est là, bien présente, urgente. Pour que le message du Christ soit annoncé, il faut des missionnaires : c’est-à-dire vous et moi !

« Priez donc le Maître de la moisson »... et, si vous le voulez bien, ce matin, je vais m’arrêter sur cette phrase !

Tous les mots portent dans cette consigne toute simple de Jésus.

 

- Le premier mot est : « Priez »... C'est la seule directive que Jésus nous laisse, la seule solution qu'Il nous propose, face au manque d'ouvriers et d'ouvrières pour la moisson de Dieu.

Oui, c'est Dieu qui prépare, c’est Dieu qui appelle et qui envoie; mais Il ne peut envoyer que ceux et celles qui auront répondu à son appel pressant. Prier pour les vocations, c'est prier pour l'appel, et aussi pour les réponses à cet appel !

 

- Le deuxième mot est : « Priez donc » ... Les ouvriers sont peu nombreux, donc priez ! Priez parce qu'on manque de bras, on manque de cœur, on manque d’espérance, on manque d’action de grâce…priez parce qu'il y a pénurie.

- Mais qui parle ici de manque ou de pénurie ? C'est Jésus Lui-même, Lui qui choisit et qui appelle ! Lui qui est à l’initiative de toute mission !

       - Qui se soucie des volontaires que Dieu va appeler ? C’est Jésus Lui-même, qui vient d'envoyer devant Lui, deux par deux, soixante-douze disciples ! Au moment même où Jésus envoie, Il constate que les ouvriers sont peu nombreux !

Si donc Jésus Messie, de son vivant sur terre, a perçu ce manque, c'est que ce manque de bras durera aussi longtemps que la mission de l'Église. Y avez-vous déjà pensé ?

L'Église, son Église, n'a donc pas à s'étonner ni même à désespérer devant la pénurie, car la disproportion entre l'immensité du travail et le petit nombre de personnes disponibles dure depuis le temps de Jésus et durera jusqu'à sa venue en gloire.

Jusqu'à la Parousie (la fin des temps), pour la moisson de Dieu, l'Église sera en manque d'ouvriers et d'ouvrières ; jusqu'au dernier jour de la mission, l'Église est invitée à prier, car elle sera tout simplement en situation de pénurie. Il faut donc nous installer durablement dans la prière, dans l'imploration et donc, dans la confiance !

 

- Le troisième mot : « Priez donc le Maître de la moisson ». En réalité, si nous regardons autour de nous, si nous constatons l’état de notre société (les familles qui souffrent, certaines personnes sont isolées, une humanité instrumentalisée par notre société marchande…), là où nous voyons des herbes folles ou desséchées, Dieu voit déjà la moisson qui lève. C’est vous dire l’espérance que Dieu a en chacun de nous, la certitude pour Lui, que la moisson est là ! Même certitude pour Jésus également, pour Jésus missionnaire en terre de Samarie autour du puits qui prononce cette phrase qui me touche énormément à chaque fois que je l’entends : « Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. » (Jn 4,35).

Levons donc les yeux ! Arrêtons de garder les yeux fixés sur nos chaussures ! Regardons plus loin, regardons les champs déjà dorés pour la moisson ! S’il en est ainsi, c’est que déjà d’autres missionnaires ont semé et que nous avons à récolter ! Notre mission est donc aussi de semer aujourd’hui pour que, plus tard, d’autres récoltent.

Frères et sœurs, depuis 2000 ans, cette invitation à la prière demeure ! Prions donc le maître de la Moisson, mais que ce constat de manque récurrent de missionnaire ne nous désespère pas ! 

Gardons la même confiance de Jésus dans l’urgence de l’annonce de Son Royaume, car Dieu sait ce dont nous avons besoin !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 17 octobre 2021, 29e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 10, 35-45. Livre du prophète Isaïe 53, 10-11. Psaume 32. 

Lettre aux Hébreux 4, 14-16. 

 

Il y a deux semaines, notre paroisse était en fête avec la messe de rentrée. Comme vous le savez, chaque rentrée est l’occasion pour la paroisse et aussi pour chacun de nous, de prendre des résolutions nouvelles, de choisir des caps, de nouveaux projets en lien avec des besoins pressants. Un des projets importants de notre paroisse Notre-Dame de l’Espérance est de redynamiser le service du Soin et de la Rencontre des personnes en souffrance : le service Diaconie et Soins. 

C’est précisément la mission de l’Église d’être proche de tous et, après ces mois de pandémie, une souffrance et des attentes essentielles sont bien présentes ! Je sais que par certains côtés, l’Église et les hommes qui la composent, peuvent faillir. Cependant la mission de l’Église est là dans la proximité, la sollicitude, l’accompagnement et la compassion. C’est bien le Christ qui nous guide et nous apprend tout cela. 

Nous connaissons aussi le commandement de l'amour fraternel au cœur du message de Jésus (Jean 13, 34-35), mais celui-ci risque d’être inefficace s'il ne se joint pas à celui, tout aussi fondamental, que nous propose Jésus aujourd'hui : la « Loi du service », c’est-à-dire : découvrir ou redécouvrir comment être serviteur !

L’évangile de ce jour vient nous aider à mieux comprendre la nature de ce service en dissipant un profond malentendu !

Observons la démarche de Jacques et Jean, fils de Zébédée (que l’on appelle aussi les fils du tonnerre). Peut-être leur question nous fait-elle sourire ? Peut-être dirons-nous qu’ils sont opportunistes ! De fait, sans doute les deux, mais surtout, ils semblent n’avoir rien compris aux enseignements et aux explications de Jésus. Pourtant, à plusieurs reprises, Jésus leur a expliqué que sa mission était d'aller vers les brebis perdues, de servir la volonté de salut de son Père pour toute l'humanité sans faire d'exception et qu’Il va donner sa vie pour que nous ayons la vie. Plusieurs fois, Il a répété ce message… sans que les disciples puissent vraiment l’intégrer !

La discussion dont fait écho l’évangile est presque triviale : savoir qui est le plus grand (Marc 9, 33 et suivants). Les deux Apôtres se voient chacun sur un siège autour de Jésus trônant comme un roi temporel et puissant. Ils se voient ainsi aux premiers rangs de sa cour royale. Immédiatement, la réaction des autres Apôtres se fait entendre : ils sont indignés !

La réponse de Jésus est donc précise et piquante ! Elle fait éclater le malentendu : « Oui… », dit Jésus, « vous serez avec moi et, si vous me suivez, jusqu'à donner votre vie comme moi ». Si je reprends les mots exacts entendus dans l’évangile : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » 

  • Jésus pense aux outrages, eux aux honneurs. 
  • Jésus pense à la croix où Il sera élevé, eux pensent à des trônes. 
  • Jésus pense à donner sa vie pour chacun et pour tous, eux veulent s'élever aux dépens de tous. 

Nous pourrions allonger la liste. Il y a donc un « malentendu profond », une mauvaise compréhension et en même temps, cette blessure récurrente de l’homme qui aspire à un pouvoir ! Pour dissiper tout malentendu, Jésus donne des précisions qui sont à retenir et qui constituent cette « loi fondamentale du service ». 

Comment résume-t-Il cette « loi du service » dans notre communauté chrétienne : 

  • « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. 
  • Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous » (Marc 10, 43-44). 

Cette invitation peut nous laisser perplexes ! Nous le savons bien, il y a tout un chemin à faire pour développer en chacun de nous, cet esprit de service dont parle Jésus. Ce n'est pas évident dans notre monde d'aujourd'hui, comme celui d’hier, où la compétition a une si grande place et où les réussites sociales, financières, professionnelles, familiales sont sur le devant de la scène. 

 

Alors qu'en est-il de cet appel de Jésus dans nos vies ?

Pour nous, chrétiens et croyants, il s'agit d'une règle absolue que nous ne pouvons pas mettre en doute. Elle s'applique non seulement aux ministres ordonnés, diacres, prêtres, évêques, mais aussi à tous les fidèles membres de notre communauté chrétienne. L'Église, même si parfois elle peut montrer une triste réalité à cause de ses membres pécheurs, n'en sera que plus belle lorsque toutes et tous s'efforceront d'incarner dans leur vie de tous les jours, cette « loi du service». 

Cet idéal du service demeure l'idéal incontournable du disciple de Jésus. Il nous revient donc de chercher à le vivre de diverses façons. 

Ne cherchons pas trop loin ! Ce peut être simplement en privilégiant le service de sa famille, de ses parents, parfois malades, de ses enfants, l’engagement dans la vie politique, dans la société civile (nous pensons entre autres à l’importance de la dignité humaine : par exemple la conception in utero jusqu’à la fin de vie), l'aide à des gens dans le besoin, la participation aux rencontres avec des personnes seules, isolées, malades dans le service Diaconie et Soins de la Paroisse, et par bien d’autres services à inventer peut-être, etc… Ce peut être au service de nos offices liturgiques, en jouant, par exemple de la musique et en nous donnant envie de chanter lors de nos célébrations en y mettant un peu de couleurs, de beauté, de passion, d’amour… ou encore simplement un sourire, de la bienveillance dans nos échanges quotidiens… 

À chacun de nous de trouver les bons moyens d’imiter le Christ ! L'important n’est pas tant ce que nous faisons, peu ou beaucoup (selon ses charismes, ses disponibilités, son âge…), mais c'est le cœur que nous y mettons.

Devenir disciple de Jésus, c'est entrer dans une famille où il y a de la place pour tout le monde et où il y a de l'amour fraternel qui se sent, se perçoit, se voit, se vit. J’aimerais tant, qu’à l’issue de chaque messe, nous puissions discuter, nous connaître un peu mieux, échanger nos attentes, parler de notre quotidien ! Nous nous quittons peut-être trop vite au seuil de l’église !

En disant cela et en le vivant, il ne devrait plus avoir de malentendu possible sur notre mission !

 

Alors que devons-nous faire ? 

Notre soif de grandeur ne doit pas nous faire oublier d’assumer notre mission prophétique : c’est en servant les petits que nous deviendrons grands… Je le redis, en cette semaine missionnaire, la mission est là au cœur de notre ville, au pied de notre quartier.

Impossible aussi de rester seul et de s’isoler ! Ne restons pas au fond de notre canapé ! J’ai besoin d’une réciprocité ! J’ai besoin aussi d’une communauté ; j’ai besoin de prendre soin de l’autre comme l’autre pourra prendre soin de moi ! Nous aurons tous besoin à un moment ou à un autre de notre vie, d’avoir quelqu’un à nos côtés qui pourra nous accompagner. En effet, il ne sert à rien de vivre pour celui qui ne vit pas pour servir.

Mais quel est le style du service ? À chacun de le trouver ! Dans l’Évangile, les bons serviteurs sont ceux qui risquent, ceux qui osent !

Ils ne sont pas peureux ou méfiants, ils ne conservent pas ce qu’ils ont reçu, mais ils l’utilisent à bon escient. Notre richesse, si elle n’est pas investie, se perd ; parce que la grandeur de notre vie ne dépend pas de ce que nous mettons de côté, mais du fruit que nous portons. Que de gens passent leur vie seulement à amasser, à accumuler, pensant à leur bien-être plutôt qu’à faire du bien. 

Mais comme elle est vide une vie qui poursuit ses besoins, sans regarder qui a besoin ! 

Si nous avons des dons, c’est pour être don nous-mêmes pour les autres. 

Frères et sœurs, osons être des dons pour tous ceux que nous rencontrerons ! C’est la grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous et pour tous les paroissiens de devenir une communauté missionnaire. Gardons et désirons cet esprit de service !

Qu’en toute occasion, Dieu soit béni !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 13 octobre 2021, 28e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 42-46. Psaume 61. Lettre de St Paul aux Romains 2, 1-11.

 

Jésus est toujours chez le pharisien qui l’a invité la veille ; la discussion se poursuit. Inviter Jésus chez soi n’est pas sans surprise, doit penser cet hôte ! D’ailleurs, les reproches adressés aux pharisiens se précisent : « Vous êtes comme des tombeaux qu’on ne voit pas et sur lesquels on marche sans le savoir. » Et quand un docteur de la loi se plaint d’être insulté, la réponse fuse : « Vous aussi, vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt. »

Choqué par l’attitude des pharisiens et des docteurs de la loi, Jésus ne mâche pas ses mots. Pourquoi ? Il sait qu'Il s'adresse à des hommes qui se posent en champions de la fidélité ! C’est peut-être cette attitude-là que le Seigneur veut dénoncer !

Avec le temps, peut-être l’usure de la vie, leurs déterminations se sont émoussées, restreintes, réduites à une pratique formelle (l’hygiène hier, et aujourd’hui les impôts sur les plantes), mais le cœur « n’y est pas » !

L’amour de Dieu semble être absent ; on parle de Dieu, mais c’est une « présence creuse » : ce n’est plus à Lui qu’on adresse la prière, comme ce n’est même plus pour Lui (ou ses frères !) qu’on paie l’impôt. 

C’est l’occasion pour l’évangéliste saint Luc de citer une maxime de sagesse : « Ceci, il fallait l’observer, sans abandonner cela. » Bien sûr, on doit payer ses impôts pour donner les moyens à la société civile d’être attentif à tous, mais il ne faut pas oublier ce qui est le plus important : l’amour de Dieu. Or ce « plus important » ne semble plus être le souci de ces pharisiens. 

     « Quel malheur ! » On retrouve l’injonction « malheureux » qui suivait les « Béatitudes » dans l’évangile de saint Luc 6, 24-26. En effet, ils cherchent « la gloire qui vient des hommes », mais ils ont « déjà reçu leur récompense » (Mt 6, 2). 

L’allusion aux tombeaux est parlante ! Plus précisément le contact indirect avec des cadavres, jugés impurs par la Loi, devient ici une critique équivalant à les estimer eux-mêmes comme des morts ; 

Ils ne vivent plus de l’essentiel, c’est-à-dire de l’amour de Dieu.

Peut-être, allez vous penser et dire que Jésus est un peu violent, mais chers frères et sœurs, nous ne sommes pas nous-mêmes, à l’abri d’une telle attitude ! Nous pouvons prier, nous pouvons donner généreusement (à la quête par exemple, au denier de l’Église ou à la contribution paroissiale : c’est important et vital) mais si ce geste est juste formel (il faut bien s’en acquitter !) et sans la prière, peut-être sommes-nous aussi dans l’attitude dénoncée par Jésus ? Alors :

Comment pouvons-nous y remédier ? 

Quelle est la bonne attitude ? 

Relisons le chapitre 2 de l’épître aux Romains : « Ceux qui font le bien avec persévérance… recevront la vie éternelle ! »

Frères et sœurs, aujourd'hui encore, le Seigneur attend de nous une vraie cohérence, une vraie logique de vie, un véritable amour :

  • entre la prière et la vie, entre nos paroles et l'engagement concret, 
  • entre notre générosité personnelle et ce que nous réclamons des autres.

 Osons nous interroger, humblement, simplement ! ! Osons faire ces choix et vivre de l’Esprit Saint ! Laissons-nous aimer par Dieu et redisons-Lui notre amour !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 11 octobre 2021, 28e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 29-32. Psaume 97. 

Lettre de Saint-Paul aux Romains 1, 1-7.

 

Une fois n’est pas coutume ; je ne vais pas commenter l’évangile, mais je vais, plus particulièrement, m’attacher à la première lecture. Régulièrement, nous entendons les différentes épîtres et je ne sais pas si nous prenons vraiment le temps de les découvrir. Nous en entendons seulement de courts extraits, des passages, mais prenons-nous le temps de lire ces Épîtres en entier ?

Aujourd’hui, nous commençons une nouvelle séquence en abordant les premiers versets de l’Épître aux Romains. Je vous propose donc, ce matin, une toute petite introduction à l’épître aux Romains écrite par saint Paul.

Quelles sont l’époque et les circonstances de la composition de cette Épître ?

Saint Paul a été un persécuteur des chrétiens ; puis, sur la route de Damas, il fait la rencontre du Christ. Alors, il va prendre un long temps de réflexion après sa rencontre avec le Seigneur et d’approfondissement des écrits bibliques avant de rejoindre, à Jérusalem, les Apôtres. Il va commencer alors, tout un parcours missionnaire, allant de ville en ville, de pays en pays.

Nous le rejoignons dans les années 55 à 57, lors d’un séjour de plus de deux ans dans la ville d’Éphèse (dans l'actuelle Turquie, véritable joyau de l'antiquité). Paul va passer l’été et l’automne de 57 en Macédoine (en Europe du Sud, situé dans la péninsule des Balkans). Depuis cette province, il aura à cœur d’écrire sa deuxième Épître aux Corinthiens. Il y fera de nombreuses allusions à sa prochaine arrivée dans leur ville (2 Corinthiens 2.1-3 ; 9.4 ; 12.20 ; 13.1, 2, 10). Il ira, en effet, à Corinthe (entre les villes d’Athènes et de Sparte) à la fin de l’an 57, et y demeurera les trois premiers mois de 58 (Actes 20.3). Là aussi, il anticipera sa venue prochaine à Rome en écrivant cette Épître aux Romains pendant ce séjour. Paul lui-même n’était jamais allé à Rome.

Dans cette lettre, il annonce donc aux Romains qu’il espère les voir bientôt en passant chez eux pour se rendre en Espagne. Pourquoi l’Espagne ? Pour Paul, c’est un peu le point d’orgue de sa mission.

S’il a le sentiment d’avoir rempli une partie de sa tâche apostolique, d’être sur le seuil d’une nouvelle période de sa vie, il sait que sa mission doit continuer. Il nourrit encore de vastes projets, qu’il laisse entrevoir à ses frères de Rome (15.24-28). Il veut annoncer l’Évangile en Espagne en réponse à l’invitation du christ en saint Matthieu 28,19 : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples ! » L’Espagne est le terme de l’occident, cette limite occidentale du monde connu des anciens.

Cependant, il est conscient des difficultés. Tout en énonçant ce plan ambitieux, il exprime les appréhensions sur son avenir. Il supplie les chrétiens de Rome de combattre avec lui dans leurs prières, afin qu’il soit délivré des incrédules qui sont en Judée (15.30-31). De fait, ses craintes iront en grandissant.

Qu’il eût ou non, en écrivant l’Épître aux Romains, le sentiment que son activité missionnaire touchait à son terme, cette Épître peut être considérée comme le testament spirituel de l’Apôtre des nations païennes, de l’Apôtre des gentils.

Bientôt, nous le savons, le christianisme prendra un nouvel essor à Rome, qui ne devait plus être arrêté. 

La richesse théologique de l'Épître aux Romains en a fait un des textes les plus étudiés encore aujourd’hui et les plus commentés du Nouveau Testament. Lorsque le Canon des Saintes Écritures a été établi, on a donné la première place à l’Épître aux Romains, bien qu’elle n’ait pas été écrite la première (les épîtres aux Thessaloniciens, aux Galates et aux Corinthiens l’ont précédée). Cette première place a été donnée à cette Épître précisément en raison de son importance doctrinale.

Voilà, frères et sœurs, une petite introduction pour vous donner envie d’approfondir cette Épître en entier.

Prenez le temps de la lire en continu (elle n’est pas très longue) même si elle peut paraitre un peu compliquée, car théologique. Nous pouvons nous aider des commentaires et introductions, et pourquoi pas, créer un petit groupe pour la redécouvrir ensemble.

En faisant ainsi, cette lecture sera l’occasion, pour chacun de nous, de nourrir ainsi notre foi et notre intelligence !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 10 octobre 2021, 28e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 10, 17-30. Livre de la Sagesse 7, 7-11 Psaume 89. 

Lettre aux Hébreux 4, 12-13. 

 

L'évangile, que nous venons d’entendre ce matin, touche au moins deux points sensibles : 
celui de notre devenir en tant qu’homme ou femme au-delà de cette terre (au-delà de la mort) et 
celui de nos biens matériels
Certes, il ne s'agit pas d’être effrayé par la vie à venir ou de se culpabiliser par la possession de quelques biens, mais l’invitation est précise : nous laisser convier à la Sagesse, à une sagesse qui nous libère parce qu'elle élargit notre horizon (comme nous l’avons entendu dans la 1re lecture) : « À côté de la sagesse, j’ai tenu pour rien la richesse », nous redit l’auteur de ce livre ! 

Jésus est en route et saint Marc nous présente donc un homme de bonne volonté, avec une question : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » demande-t-il à Jésus ? 

Voilà sans nul doute, une bonne question et un excellent objectif. L’homme s’adresse à Jésus avec droiture et modestie ; humblement, il n’hésite pas à s’agenouiller devant celui qu’il appelle « Bon maître ».

Pourtant, nous percevons bien que quelque chose ne va pas. Tout en s’adressant respectueusement à Jésus, quelle est la réalité de l’attente de cet homme ? Est-elle la recherche d’une ‘bonne astuce’ pour obtenir « la vie éternelle » ? La vie éternelle lui paraît-elle être un bien dont il pourrait augmenter son capital ? 

Or, la vie éternelle n’est pas quelque chose à faire, pas davantage un portefeuille à posséder ou une astuce, mais un chemin sur lequel avancer, guidé par la Parole de Dieu.

Immédiatement, Jésus oriente d'abord son interlocuteur en recherche vers Celui qui seul est bon. En faisant ainsi, Il le décentre de lui-même, puis l’invite à un choix et une disponibilité ! 

L’efficacité de nos actions ne provient pas de notre seule générosité, mais elle est donnée au bout d’une prière confiante et profonde : « J'ai prié, et l'intelligence m'a été donnée. J'ai supplié, et l'esprit de la Sagesse est venu en moi », entendions-nous dans la première lecture. Première demande : demander la sagesse ! La Sagesse est un don de Dieu, à demander humblement et à recevoir avec reconnaissance, au plus profond du cœur.

Pour cela, il nous faut prier, discernerchoisir, décider et parfois, bien souvent : consentir à quelques renoncements. Attention, le renoncement n’est pas forcément un manque à gagner ou une difficulté ; il peut être positif et libérant. Nous connaissons bien l’adage : choisir c’est renoncer !

Si on y regarde de près, on découvre que l’appel du jeune homme riche est un appel qui ne s’adresse pas seulement à lui, mais à chacun de nous. Il est porteur d’une invitation qui reprend celles des Béatitudes dont la première est : « Bienheureux les pauvres de cœur, car ils verront Dieu » ! 

Ne faisons pas de contresens ! Jésus ne condamne pas la richesse en tant que telle, mais plutôt le danger d’une certaine accumulation des richesses, qui parfois peut être frénétique ? C’est l’exemple choisi dans la parabole où Jésus raconte comment un riche fermier amassait plein de réserves de blé et à qui Dieu dit : « Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » À quoi te serviront toutes ces possessions ? (Relire St Luc 12,2)     

Cet épisode du cet homme riche (jeune ou moins jeune) représente chacun et chacune d’entre nous, quelque soient les époques !

Effectivement, quelle que soit notre histoire, à certains moments de notre existence, cette question du sens de la vie, de sa finalité est aussi la nôtre ! Ce peut être à l’occasion d’une perte, d’une séparation, de diminutions physiques, de problèmes de santé, d’amitiés et de joies partagées, d’une étape de la vie comme le départ des enfants de la maison ou comme le passage à la retraite… quel sens donnons-nous à notre vie ? Quel est notre but ?

Ces situations nous posent forcément la question : « Que me faut-il faire ? » C’est là que ce dialogue entre cet homme avec de grands biens et Jésus nous est précieux. 

Tout d’abord, il nous faut nous souvenir que les appels de Dieu sont d’abord une grâce et un amour qui nous sont donnés. « Jésus le regarda et il l’aima ! ». Ce regard et cet amour de Jésus nous sont manifestés, quelles que soient nos situations heureuses ou difficiles. Ils sont bien réels !

Notre réponse pourrait être celle de cet homme : « Seigneur, j'ai bien vécu et j’ai été un bon chrétien » ou bien : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse ».

C’est déjà beaucoup si nous pouvons dire cela ! Mais ce que l’évangile d’aujourd’hui illustre c’est que cet appel est toujours à l’œuvre. Là aussi, quels que soient nos charismes, notre richesse, notre âge, notre santé et même notre péché … l’appel à suivre Jésus est le même pour tous !

Jésus nous invite donc à un « lâcher prise », à une confiance audacieuse !

Frères et sœurs, quittons toute tristesse ! Ne soyons pas sombres ! Notre vie prend du sens quand elle est orientée vers Dieu, vers le Ciel : notre seule richesse…! Nous en rêvons tous ! La foi est authentique quand elle mise sur la présence active de Dieu au cœur de ce monde et de nos vies, dans les moments de bonheur et peut-être plus particulièrement dans les épreuves et les difficultés. 

Que cette eucharistie dominicale qui nous redit le don total du Christ, soit pour nous un soutien en cette période où nous restons profondément blessés par la folie et la lâcheté d’hommes et de femmes qui sont consacrés au Seigneur ou en mission d’église. N’oublions pas celles et ceux qui se donnent encore aujourd’hui généreusement. Poursuivons notre mission avec confiance ! Si nous ne le faisons pas, qui le fera ?

Comme les premiers chrétiens auxquels s’adresse saint Marc, redisons notre désir de suivre Jésus, quels que soient les difficultés et les détachements à décider, car avec Lui, nous entrons déjà dans le Royaume de Dieu qu’Il est venu annoncer, mais qui est déjà présent, aujourd’hui. 

Frères et sœurs, entendons cette parole d’espérance ! Réjouissons-nous et osons répondre avec audace à l’appel de Dieu !                                                                                     

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 6 octobre 2021, 27e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 1-4. Psaume 85. Livre du prophète Jonas 4, 1-11.

 

Saint Bruno le Chartreux (1030-1101) est fêté en ce jour, le 6 octobre.

Frères et sœurs, cette fête nous permet de faire écho à l’évangile de ce jour quand les disciples ont exprimé cette demande à Jésus : « Seigneur, apprends-nous à prier ! » (Lc 11, 1-4). Pour nous aussi, disciples du Christ, cette demande résonne : « Donne-nous, Seigneur, les mots justes pour apaiser notre cœur, pour nous garder dans l’espérance, redire aussi notre certitude d’être aimé et de T’aimer ! »

Voici la Prière de saint Bruno que nous pouvons faire nôtre : « Seigneur, qu'au long de ce jour, je Te révèle ». 

Saint Bruno est le fondateur de l'ordre des Chartreux et c’est une grâce pour nous d’avoir, dans notre diocèse, cette communauté de priants, témoins de l’amour de Dieu et d’un choix radical pour Dieu. Après avoir enseigné à Reims pendant longtemps, il gagna le massif de la Chartreuse avec quelques disciples pour s’y livrer à la pénitence et à la contemplation. 

Avec ses frères, il adopta un genre de vie qui alliait la solitude des ermites à un minimum de vie commune.

Cette prière de saint Bruno le Chartreux que je vais vous lire dans quelques instants est celle qu’il enseignait à Reims alors qu’il était professeur au séminaire : « Seigneur, qu'au long de ce jour, je Te révèle ». Frères et sœurs, reprenons cette prière ce matin, quels que soient notre état, notre peine, nos difficultés : 

« Seigneur, dans le silence de ce jour naissant, je viens Te demander la paix, la sagesse et la force. Je veux regarder aujourd'hui le monde avec des yeux tous remplis d'amour, être patient, compréhensif, doux et sage, voir au-delà des apparences,

Tes enfants comme Tu les vois Toi-même, et ainsi, ne voir que le bien en chacun.

Ferme mes oreilles à toute calomnie, garde ma langue de toute malveillance, que seules les pensées qui bénissent demeurent dans mon esprit, que je sois si bienveillant et si joyeux, que tous ceux qui m'approchent sentent Ta présence, revêts-moi de Ta beauté, Seigneur, et qu'au long de ce jour, je Te révèle. Amen. »

En ces temps de tourmentes, d’horreurs, de honte et de prières, Seigneur, nous Te confions tous les enfants, les adolescents, toutes les victimes de la folie de ceux qui te sont consacrés, nous te confions notre Église et notre Paroisse. 

Donne-nous, Seigneur, d’avancer dans la confiance et que la devise des Chartreux reste présente dans notre mémoire !

Dans ce monde qui bouge, dans ce monde qui est un peu folie : « Stat crux dum volvitur orbis », « La croix demeure tandis que le monde tourne ! » C’est une certitude !

Demandons pour chacun de nous, un surcroît d’espérance et de confiance !                                                                                                        

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 4 octobre 2021, 27e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 10, 25-37. Cantique Jonas 2. 

Livre du prophète Jonas 1, 1 à 2, 1.11.

 

En ce 4 octobre, nous faisons mémoire de saint François. Nous connaissons assez bien sa vie et nous pouvons nous la rappeler brièvement. Il est né dans une famille très riche, dans la ville d’Assise en 1182 et il décède en 1226, à l’âge de 44 ans. Le choix de vie de François irrite profondément son père à un point tel qu’il finit par rompre avec sa famille ; François renonce à son héritage, et continue de vivre comme un pauvre. Il se met à mendier et s’installe dans un ermitage. Il nous invite à un nouvel art de vivre et à une nouvelle manière d’être chrétien.

L’évangile que nous venons d’entendre en saint Luc, fait écho à un docteur de la Loi qui pose une bonne question : « Qui est mon prochain ? »

Un jour, François croise sur sa route un lépreux au visage rongé par la maladie ; tout d’abord il s’en écarte avec dégoût. Puis, brusquement, il voit dans le visage du lépreux, le Christ qui marche sur la route avec lui. Alors il s’en approche, le serre sur son cœur et l’embrasse. Cette rencontre est décisive ! Il dira : « À la vue de ce lépreux, tout ce qui était amer pour moi s’est changé en douceur pour l’âme et pour le corps. ».

Saint François est surnommé « le frère universel ». Cette fraternité est fondée sur la pauvreté radicale qu’il a embrassée (Dame pauvreté) à l'appel du Christ. François, le Pauvre d’Assise, est toujours aujourd’hui celui qui nous invite à l’amour de tous les hommes, et de toutes les créatures.

 C’est pour cela que saint François est le « patron céleste des écologistes ». En effet, le 29 novembre 1979, saint Jean Paul II, s‘intéressant et se préoccupant du respect de l'environnement, par une « bulle » spéciale, fait du saint d’Assise le « Patron des écologistes ». Quand j’emploie ce mot d’écologiste, attention, je ne fais pas référence aux politiciens qui peuvent avoir une visée opportuniste ou bien pensante, mais je suis dans une compréhension chrétienne de l’écologie. Pour mieux la concevoir, je vous invite à lire ou relire : ‘Laudato Si’ du Pape François.

En résumé, il y a trois raisons pour lesquelles saint François a été déclaré Patron des écologistes :

La première, c’est qu’il a œuvré toute sa vie pour mettre en valeur les éléments de la nature comme un don merveilleux, fait par Dieu au genre humain.

La deuxième est que saint François d’Assise a également compris, à sa manière, que tout vient de Dieu : toutes les œuvres du Créateur nous sont données, quelles qu’elles soient.

- Enfin, en troisième raison, saint François a chanté ce magnifique « Cantique des Créatures », par lequel il a offert la louange appropriée, la gloire, l’honneur et toute bénédiction au Très-Haut, Tout-Puissant et Bon Seigneur.

Saint François a vécu cette louange par toute sa vie. Pourtant, ne croyez pas que sa vie ait été simple ! François, qui est la figure de la joie et de la douceur, a aussi connu de grandes souffrances. Il a vécu une ascèse intense, il a connu la maladie et a été traversé par l'angoisse commune aux hommes. 

Il va vivre si proche du Christ, qu’il a reçu dans son corps les marques de la Passion du Christ : les stigmates. 

En ce jour, même si le temps est froid et pluvieux, demandons pour nous, la grâce de la louange pour toutes les œuvres de Dieu ! Demandons cette grâce pour chacun de nous, ce matin !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 29 septembre 2021, fête des saints archanges, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 47-51. Psaume 137. 

Livre du prophète Daniel 7, 9-10.13-14.

 

L’évangile de ce jour nous dit : « Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme » (Jn 1, 51). Ce passage fait référence au songe de Jacob (Gn 28, 10-17) dans des paroles similaires. 

Nous le savons ! Cette échelle mystérieuse sur laquelle montent et descendent les anges du Seigneur se réalise pleinement dans le Christ, lorsque celui-ci est élevé (Jn 3, 14) sur la Croix. Un certain nombre d’icônes orthodoxes représentent cette échelle mystérieuse.

La Croix devient l'échelle qui unit le ciel à la terre et qui embrase l'humanité entière. Elle est le ‘pont’, selon l'image chère à sainte Catherine de Sienne, que l'amour enflammé de Dieu a jeté pour rejoindre l'homme. La Croix est donc l’échelle qui nous permet de monter vers Dieu.

Cette Croix est aussi le lieu du combat ! Combat de la Vie contre la mort ! Combat contre Satan ! Celui-ci n’a d’autres intentions que de tromper et de détruire l’homme. Depuis le début de la Bible (Gn 1), on parle de cette séduction de Satan pour détruire cette harmonie entre Dieu et l’homme, détruire par la défiance.

Vous connaissez l’astuce de Satan ? Elle est tout d’abord de faire croire qu’il n’existe pas et de présenter les choses comme si elles étaient bonnes ! Mais son intention est bien de détruire l’homme, avec des motivations prétendument « humanistes ». Les anges, eux, ont cette mission de lutter contre le diable et de nous orienter, sans cesse, vers Dieu .

Les lectures du jour nous présentent donc ces images très fortes : la vision de gloire de Dieu racontée par le prophète Daniel, celle de la lutte de l’Archange Michel et de ses anges contre « le grand Dragon, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier » avant d’être finalement vaincu comme l’affirme le livre de l’Apocalypse (Ap 12, 7-12a).

Dans ce combat, les anges nous défendent. Ils sont à la fois signes, messagers et défenseurs. C’est pour cette raison que l’Église honore ses anges et ses archanges.

Encore mystérieusement, cette lutte, ces combats sont aussi une réalité quotidienne de notre vie chrétienne, dans notre cœur, dans notre vie, dans nos familles, dans notre société, et même dans nos églises... Si nous ne réagissons pas, si nous ne luttons pas, notre espérance va s’étioler et nous laissons ainsi, une victoire à Satan. Le Seigneur a donné aux anges cette mission d’être à nos côtés pour lutter et vaincre.

Sur cette voie, nous cheminons tous ensemble, cahin-caha, précédés du Christ, confortés par la tendresse de la Mère de Dieu, soutenus par l'intercession des saints, accompagnés par les archanges. 

Voici la signification de chacun de leurs prénoms : saint Michel, celui « Qui est comme Dieu » ; saint Raphaël, le « Dieu guérit » ; et saint Gabriel, la « force de Dieu » !

Puissions-nous maintenant, durant ce jour et les jours qui viennent, demander la présence et l’intercession de ces anges à nos côtés pour avancer. Demandons cela comme une grâce immense pour chacun de nous !

Que Dieu soit béni pour ses anges et archanges !

Ainsi soit-il

 

 

 

 

 

 

Introduction au début de la célébration :

 

Qui sont les saints Archanges ?

L’Église vénère aujourd’hui la mission de trois saints archanges. Ils sont remarquables pour leur amour sincère de la volonté divine. 

  • C’est avec loyauté que l’archange saint Gabriel délivra fidèlement le message le plus important de toute l’histoire humaine à Zacharie et à Marie. 
  • L’archange saint Michel lutta contre Satan et le chassa du Paradis. 
  • L’archange saint Raphaël vint à l’aide de Tobie, au cœur de son projet de couple dans l’Ancien Testament. 

Chez ces archanges il n’existe aucune duplicité du cœur. 

Dieu leur a demandé un service et ils l’accomplirent en toute vérité. Ne serait-il pas merveilleux d’utiliser nos talents et nos dons pour être aussi ces messagers de l’amour de Dieu pour notre temps ?

Homélie du lundi 27 septembre 2021, 26e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 46-50. Psaume 101. Livre du prophète Zacharie 8, 1-8.

 

Voici que les apôtres se disputent pour savoir qui est le plus grand ! Pour les aider à voir plus juste et ‘grandir’, Jésus répond d’abord à leur question avec une parabole d’un nouveau genre. Pour une fois, il ne s’agit pas d’un récit, mais d’un geste prophétique : un enfant est placé au milieu du groupe.

Cela nous paraît presque banal, mais ce geste a dû surprendre les disciples. Pourquoi ? Car à l’époque, un enfant n’avait pas d’existence sociale. Évidemment, on prenait soin d’eux, mais la mortalité était importante, seuls les plus vigoureux avaient une chance d’être reconnus et d’avoir une place dans la cité. L’image que donne Jésus de cet enfant n’est pas non plus celle de la naïveté érigée en absolu. 

Dans le contexte de l’annonce de la Passion, Jésus veut expliquer à ses disciples ce que va être le chemin du Fils de l’Homme : celui de l’innocent que tout le monde méprise. Il en sera de même pour ses disciples. Ce que Jésus essaie de nous faire comprendre, c’est que la grandeur chrétienne est cachée, parfois, dans ce qui méprisé, sans valeurs aux yeux des hommes.

Notre monde soi-disant moderne n’est pas finalement très loin d’une même considération de mépris, vis-à-vis du statut de l’enfant à naître. Certes, nous sommes soumis aux espiègleries de l’enfant devenu roi, mais quel mépris ont de l’embryon ! Aux yeux de notre société, le petit dans le ventre de sa maman n’a que peu de valeur ! Quelle erreur et quelle folie !

Au fond, la question qui agitait les Apôtres de savoir qui était le plus beau, le plus intelligent, le mieux placé… n'avait pas de sens aux yeux de Jésus. « Qui est le plus grand ? », se demandaient-ils. Mais, ils ne mesuraient entre eux que de fausses grandeurs. 

Ce que j’entends dans ce texte, c’est que Dieu seul grandit l'homme. C’est bien ce que répond Jésus, mais la vérité de l'homme, c'est d'être petit devant Dieu. 

Aujourd’hui, Jésus donne un enfant comme modèle, demain Il se mettra à laver les pieds de ses disciples et un jour, Il finira par souffrir et mourir sur la croix réservée aux bandits. 

Jésus n’a jamais cherché la grandeur et la gloire des hommes. Il a accepté d’être petit parmi les hommes, serviteur jusqu’a donner Sa vie pour nous. Si Jésus a pris ce chemin de petitesse, c’est pour nous montrer la grande tendresse de Dieu pour les petits, pour les pauvres et les humiliés.

 Une question se pose pour nous ce matin : sommes-nous capables de suivre ce chemin ?

Rêvons-nous encore de grandeur ou acceptons-nous que Dieu nous fasse grandir… de nous laisser grandir par Dieu seul en reconnaissant humblement notre petitesse ? 

En nous posant cette question, il ne s’agit pas de misérabilisme, mais d’accepter simplement cette réalité : Dieu seul grandit l’homme !

Frères et sœurs, demandons ce matin que l’Esprit de Vérité ouvre nos yeux à toutes les occasions qui nous sont offertes d’accueillir Jésus, l’Envoyé de Dieu dans notre vie, et qu’il nous donne de choisir en toutes circonstances la vraie et seule place qui convient aux disciples du Christ : la place la plus humble, la dernière !

Demandons cela pour chacun de nous ce matin : Dieu seul grandit l’homme !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 22 septembre 2021, 25e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 1-6. Cantique Tobie 13. Livre d’Esdras 9, 5-9.

 

Cela fait du bien d’entendre cet envoi en mission ! Ce rappel devrait sans doute nous interpeller et nous rappeler notre propre mission ! 

Que se passe-t-il dans l’évangile de ce matin ? Une nouvelle étape s’ouvre pour les Douze. Jésus les invite concrètement à entrer en mission, mais sans Lui. Après la théorie, voici la mise en pratique ! Après les avoir formés et fortifiés auprès de Lui, Jésus les envoie maintenant annoncer, non pas des choses ou des événements temporels, mais le Royaume de Dieu ! En tant qu’« envoyés », les Douze sont appelés à devenir Apôtres, appelés à prolonger la mission du Christ, appelés à prolonger la mission de Celui qui a été envoyé par le Père pour sauver les hommes. Il ne s’agit pas d’une mission de réconfort !

Nous découvrons que, comme les apôtres d’hier, les disciples-missionnaires d’aujourd’hui sont appelés, avant tout, à proclamer une parole qui coïncide avec la personne même du Christ. Bien sûr, il y aura des guérisons, des démons qui seront expulsés, mais fondamentalement, nos regards doivent être tournés vers le ciel, vers ce royaume que Jésus nous propose.

Bien souvent en rupture avec l’esprit du monde, leur véritable témoignage doit être l’annonce sans artifice, d’un Christ pauvre, doux et humble. Voilà le paradoxe ! C’est toujours le sens de la mission encore pour aujourd’hui : il s’agit de favoriser une rencontre avec le Christ ! Le disciple-missionnaire devra même s’effacer pour permettre cette mise en relation avec le Christ !

Sans mépriser pour autant les réalités de ce monde, le disciple demeure cependant tout tendu vers le Christ et ne veut rien savoir d’autre parmi les hommes, sinon l’annonce de Jésus-Christ, de Jésus-Christ crucifié (cf. 1 Co 2, 2), mort pour nous et ressuscité ! (Kérygme) 

J’ai eu une discussion intéressante, il y a quelques jours, avec des jeunes (non-chrétiens) qui étaient dans cette église. Une question m’a été posée : « Pourquoi certains chrétiens portent-ils sur eux une croix, “une croix avec un homme qui est mort ? » Question passionnante et essentielle ! J’ai expliqué que l’important n’était pas tant la croix, mais le Christ qui avait accepté par amour de donner sa vie. Qu’il était mort puis ressuscité et que nous étions tous invités à cette même résurrection. La mort n’est pas le terme de notre vie !

Oui frères et sœurs, nous sommes invités à témoigner du Christ mort et ressuscité !

Pour cela, le véritable disciple se doit d’être libre de toute attache. Cette disponibilité intérieure demande que nous voyagions léger ! Telle est la consigne de Jésus à ses disciples. Cette économie de moyens n'est pas un manque de prudence, mais une marque de confiance. 

L’évangile de ce jour nous redit cet appel à nous mettre en marche, à « oser partir » nous aussi, simplement, sans artifice, à annoncer à temps et à contretemps la Bonne Nouvelle du Royaume, à annoncer le Christ mort et ressuscité. 

Il est toujours bon de se rappeler qu’être chrétien, c’est être missionnaire !

Quel est le secret de la victoire de cette annonce : rester greffer sur le Christ, notre Unique Nécessaire.

Particulièrement, lorsque le combat avec l’esprit du monde se fait rude, aujourd’hui comme hier, il nous faudra reprendre force et vigueur en nous rappelant, cette certitude : 

« N’ayez pas peur, j’ai vaincu le monde. »

Personnellement, j’aime me rappeler la parole de sainte Bernadette, à Lourdes : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire ! » Quand nous partons en mission, n’oublions pas que c’est le Christ qui fait le travail ! Encore nous faut-il avoir l’audace de dire qui est le Christ pour moi !!!

La suite ne nous appartient pas, c’est l’Esprit Saint qui agit dans les cœurs !

Jésus nous demande d’avoir l’audace du témoignage, l’audace de la rencontre.

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 20 septembre 2021, 25e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 8, 16-18. Psaume 125. Livre d’Esdras 1, 1-6.

 

Petite introduction au livre d’Esdras

Assez régulièrement, il me semble intéressant d’expliquer un peu plus certains écrits du Premier Testament. Aujourd’hui, nous commençons un nouveau livre. C’est l’occasion de vous proposer une petite introduction au livre d’Esdras afin de vous inviter, avec audace, à lire et relire ce passage et, peut-être même, le livre en entier.

Le livre d'Esdras (ou Ezra) est un livre de la Bible hébraïque et de l'Ancien Testament. Selon la traduction grecque (la Septante) il existe quatre livres portant ce nom, appelés différemment selon les traditions littéraires (par exemple : Néhémie). Le 1er livre, celui dont nous venons d’entendre un passage, est écrit au Ve siècle avant Jésus-Christ.

Ce livre a pour titre le nom d’un prêtre réformateur : Esdras. Il raconte en détail le retour des Juifs de Babylone sous Zorobabel et Esdras, la reconstruction du Temple de Jérusalem et la restauration du culte. 

Permettez-moi, un petit rappel : la chute de Jérusalem et la déportation à Babylone vers 587 avant Jésus-Christ, furent une grande catastrophe nationale et un traumatisme énorme. Cependant, l’identité d’Israël va demeurer et va même se renforcer. En 538, l’empereur perse Cyrus, nouveau maître du monde, autorisa la reconstruction du Temple. C’est le texte que nous venons d’entendre.

Les livres d’Esdras avec celui de Néhémie ne formaient à l’origine qu’un seul livre donnant une histoire officielle de cette nouvelle époque. 

Le récit d’Esdras débute donc avec l’édit de Cyrus accordant aux Juifs déportés en Babylone la permission de rentrer au pays après 70 ans d’exil. L’édit date de 538 et la période couverte par le livre d’Esdras s’achèvera vers 457. C’est durant cette période-là qu’Esdras entreprend son œuvre de réformation. L’essentiel de l’histoire et de la situation spirituelle du peuple nous y est rapporté, bien que cette histoire comporte des manques. 

Pour bien comprendre ce livre, il est nécessaire de rappeler un certain nombre de faits qui vont être racontés dans un certain nombre de livres que vous connaissez. Pour signifier l’importance de cette déportation à Babylone, tous ces livres bibliques relatent l’Exil et le retour à Jérusalem : Ezéchiel, Daniel, Jérémie, Esther, Aggée, Zacharie, Esdras et Néhémie.C’est en les lisant que nous découvrons la manière dont ce retour s’est effectué. 

On y distingue trois étapes : 

  • la reconstruction du Temple après le premier retour sous Zorobabel et Josué ;
  • la restauration du culte (avec la redécouverte de la langue hébraïque) 
  • et le retour sous Esdras : la reconstruction des murailles de Jérusalem après le retour de Néhémie, le ‘Quotel’ ou ‘Mur des Lamentations’ est ce qui reste du Temple reconstruit à cette époque.

La lecture du chapitre 8 dans le livre de Néhémie nous raconte comment Esdras va restaurer le culte et la célébration des fêtes conformément à la Loi de Moïse. Esdras, à la fois scribe et prêtre, érudit dans la connaissance de la Loi, en fera une lecture publique magistrale qui durera 7 jours.

La grande liturgie à laquelle le texte nous fait assister est une reprise du don de la Loi par Dieu au Sinaï, et donc un grand renouvellement de l'Alliance entre Dieu et son peuple. Ces livres d’Esdras et Néhémie annoncent, alors, le renouveau d’Israël !

Frères et sœurs, prenez le temps de redécouvrir ces textes dont nous ne lisons seulement que quelques trop brefs extraits lors des célébrations eucharistiques !            

Bonne lecture !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 19 septembre 2021, 25e dimanche du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 9, 30-37. Livre de la Sagesse 2, 12.17-20. Psaume 53. 

Lettre de saint Jacques 3, 16 à 4, 3.

 

Chers amis, j’espère que vous avez pris le temps de lire les textes de ce jour avant de venir à la messe. Si vous l’avez fait, sans doute avez-vous pu remarquer que les lectures de ce dimanche sont d’une très grande richesse et elles sont d’un réalisme surprenant.

En priant cette semaine et en pensant à la fête de la Salette, en réfléchissant à ce que Marie a dit dans ce lieu ainsi qu’à Notre Dame de l’Osier, j’ai repéré un point commun : nous n’aimons peut-être pas entendre, ou du moins, nous refusons souvent de l’admettre !

Mais, en fait, que refusons-nous ?

1- D’entendre que nous ne savons pas bien écouter ! Nos oreilles seraient-elles donc un peu bouchées !? Effectivement, nous n’écoutons pas Dieu, mais nous n’écoutons pas plus notre prochain. Dans notre société surmédiatisée, oui, nous avons du mal à entendre ! Nous avons du mal à nous entendre ! Si vous saviez combien de fois, des couples me disent : « il/elle ne m’écoute pas ! Il/elle entend, mais ne comprend pas ! » Cela arrive entre conjoints, avec les enfants également.

Comme les disciples, nous nous occupons de choses futiles, de préséances, de carrières, d’achats, de petits bobos, des défauts du voisin ou de la voisine ou de nos loisirs et de je ne sais quoi encore…Notre convoitise peut nous entrainer dans une insatisfaction récurrente de ce que je vis ; cela va avoir pour conséquence une difficulté d’ouverture fondamentale à Dieu et aux autres. En n’écoutant pas, en nous fermant, il nous arrive de passer à côté de ce dont nous avons vraiment besoin d’entendre et de comprendre pour avancer ! 

Quand le Christ vient nous donner sa vie par amour, les disciples comme nous-mêmes ne comprennent rien. Rien à rien ! Cette logique du don de soi nous échappe si facilement. Il y a de quoi désespérer de nous ! Il y a de quoi désespérer les uns des autres. Si les disciples, si l’humanité, si nous-mêmes, sommes à ce point sourd, incapables de comprendre, incapables d’aimer... peut-être, alors, aurions-nous raison de désespérer ! Il n’est pas rare d’entendre certains s’enfermer dans une désespérance, un refus de vivre, ou encore pour d’autres, par le biais des réseaux sociaux, de se déconnecter de la vie réelle ! Vous en avez sûrement fait le constat autour de vous !

2- Mais une chose est sûre : Dieu ne désespère pas de nous. 

C’est cette espérance qui transparait surtout dans les textes de ce jour. Nous n’écoutons pas le Christ, alors, Lui nous écoute, Il s’intéresse à nos vies. Il nous interroge : « De quoi parliez-vous donc en chemin ? » (Mc 9, 30-37) Nous pouvons lui confier ce qui nous préoccupe : les choses importantes, mais aussi ce qui, apparemment, est sans importance. Il est vrai que le Christ nous entend et prend le temps de nous répondre, de nous enseigner encore et encore, et cela, sans se lasser.

Dieu a foi en l’homme ! Cela peut paraître incompréhensible ou folie, mais Dieu espère en chacun de nous. Il prend le temps de nous guider, de nous enseigner, Il nous appelle de nouveau et nous invite à dépasser nos limites et même, à dépasser nos contradictions. 

3- Qu’est-ce Dieu attend de nous ? Il n’attend pas que nous soyons parfaits ! Évacuons cette idée d’une perfection aboutie… nous sommes toujours en chemin ! Dieu attend surtout que nous nous déterminions, que nous prenions une décision, que nous agissions ! Comment ?

Il y a déjà une première étape à la fois simple et facile. C’est d’accepter de dire au Christ ce qui nous préoccupe, ce qui fait nos joies et nos peines, de s’adresser à Lui comme à un ami, comme à un confident. Cela, c’est la prière. Parler à Dieu simplement. Nous le faisons assez spontanément. Mais, en retour, il nous faut prendre le temps de L’écouter ! Il nous faut faire silence en nous ! En fait, parler et écouter n’est pas si difficile ; n’oublions pas que la prière est un échange, un cœur à cœur. 

Cette première étape est nécessaire pour entrer dans une deuxième étape : celle de la décision ! Il me faut donner une réponse à la parole que Dieu m’adresse. La lettre de saint Jacques que nous avons écoutée en deuxième lecture (Jc 3, 16-18 ; 4, 1-3) nous remet devant le choix fondamental : choisir le bien, écouter la Sagesse…

S’il s’adresse ainsi à ses correspondants, et à travers eux, à nous, c’est qu’il y a bien un choix à faire, que ce choix est urgent, et qu’il est toujours à reprendre. Nous avons sans cesse un combat intérieur en nous pour choisir de vivre, et de vivre pour Dieu et pour les autres. Il y a la vie et la mort, le bonheur et le malheur, et Dieu nous redit une fois de plus aujourd’hui : « Choisis donc la vie (cf. Dt 30), choisis le Bien ! » Pour ne pas nous tromper, pour nous permettre de faire de vrais choix de vie, nous avons besoin de discerner ! La vie ou la mort, choix de bonheur ou choix de malheur ?

Voilà ce que nous disent les textes de ce jour et j’en fais une rapide synthèse :

  • Nous ne savons pas bien écouter. 
  • Mais Dieu ne désespère pas de nous. Il croit que nous sommes capables du Bien.
  • Dans la prière, dans l’écoute et le discernement, nous devons nous déterminer, faire un choix de vie !

Chers amis, avec la simplicité et la confiance de l’enfant, avec le sérieux et la détermination de l’adulte, il y a urgence à écouter et à choisir le Christ ! 

En cette eucharistie, demandons la force de l’Esprit Saint ! Prions Jésus, pour que nous ouvrions notre cœur, nos oreilles pour entendre sa parole, et nos lèvres pour accueillir son corps, le don de sa vie dans l’eucharistie ! 

Certains vont peut-être dire que l’enjeu est important, mais pas facile à tenir ! Alors, qui peut nous aider ?

Nous pouvons, déjà, nous aider les uns, les autres, incontestablement comme nous le faisons ce matin. Mais celle qui nous aide comme une mère aide ses enfants : c’est Marie, la Vierge Marie !

À la Salette, Marie a pleuré ; une mère qui pleure comprend beaucoup de choses : elle compatit, elle est à l’écoute, elle nous console. Elle exprime la miséricorde de Dieu. Les paroles de Marie à la Salette résonnent encore aujourd’hui dans une surprenante actualité. En ce jour du 175e anniversaire (apparition le 19 septembre 1846), demandons à la Belle Dame son intercession ! Elle est connue sous le vocable : Notre Dame de la Salette réconciliatrice des pécheurs. Oui, Marie, priez sans cesse pour que nous ayons recours à vous ! Aidez-nous à écouter votre Fils, Lui qui a les Paroles de la Vie éternelle !

Frères et sœurs, demandons cette intercession ensemble, maintenant :

Je vous salue Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles est béni.

Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen !

Marie, apprends-nous maintenant à écouter ton Fils par toute notre vie ! 

Ainsi soit-il !

 

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Homélie du mercredi 15 septembre 2021, Notre Dame des douleurs, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 7, 1-10. Psaume 27. Lettre de saint Paul à Timothée 2, 1-8.

 

En ces dernières heures de sa vie terrestre, Jésus vit en sa chair les Mystères douloureux : L'agonie, la flagellation, le couronnement d'épines, le portement de croix, la crucifixion

C’est cloué au bois du supplice, qu’Il dit à sa mère : « Voyant sa mère et le disciple qu’il aimait, il dit à sa mère : ‘Femme, voici ton fils.’ Puis il dit au disciple : ‘Voici ta mère’ ». À cet instant-là, Jésus donne à sa mère un fils et au disciple bien-aimé, une mère : la Nouvelle Ève, Marie, mère des vivants, Marie mère de Jésus et notre mère ! Marie au pied de la Croix ! 

Dieu donne sa vie pour que l’homme découvre jusqu’où l’Amour se donne !

Dans la continuité de la fête de la Croix Glorieuse de notre Seigneur (c’était hier), nous demeurons aujourd’hui au pied de cette même croix, avec Marie que l’Église nous invite à honorer sous le vocable de « Notre Dame des douleurs ». 

Nous nous trouvons ainsi plongés au cœur de la Passion d’Amour pour nous de notre Seigneur Jésus Christ. Car nous devons bien garder présent à l’esprit que, pour le chrétien, la croix n’est pas l’exaltation de la souffrance, mais une façon de découvrir l’Amour infini de Dieu. Tel est le paradoxe que nous sommes invités à découvrir et à méditer.

À l’exemple de saint Jean, et à l’invitation de notre Seigneur, prenons Marie chez nous ! En nous unissant à elle dans la foi, nous nous unissons toujours davantage à son Fils. En effet, nous avons à découvrir cette belle communion de cœur et de volonté entre Marie et Jésus. En restant unis à elle, nous sommes sûrs de nous retrouver greffés sur le cœur aimant du Christ à travers lequel nous touchons le cœur paternel du Père pour retrouver notre dignité de fils de Dieu.

Au pied de la Croix, il y a une naissance ! Nous sommes enfantés à la vie de fils de Dieu. Lors de cet enfantement, Marie enfante aussi l’Église d’une manière toute particulière, car il convenait à celle qui avait mis au monde la Tête, qu’elle soit aussi la mère du Corps tout entier. 

Oui, au pied de la Croix, Marie enfante l’Église ! Voilà comment Marie est associée d’une façon unique à notre rédemption et nous redonne Espérance !

C’est ce que nous rappelle la Collecte de la messe en mémoire de Notre-Dame des Douleurs

 « Tu as voulu Seigneur, que la Mère de ton Fils, debout près de la croix, fut associée à ses souffrances ; accorde à ton Église de s’unir elle aussi, à la passion du Christ, afin d’avoir part à sa résurrection .»

Puissions-nous rendre grâce de la maternité de Marie pour nous tous, car elle nous invite sans cesse à tourner notre regard vers son Fils.

Merci Seigneur pour la Présence maternelle de Marie !             

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 13 septembre 2021, saint Jean Chrysostome, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 7, 1-10. Psaume 27. Lettre de saint Paul à Timothée 2, 1-8.

 

La liturgie eucharistique de ce lundi nous rappelle, ces paroles que nous disons régulièrement au moment de la communion : 

« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, 

mais dis seulement une parole et je serai guéri. »

Cet évangile est l’occasion pour nous de mieux comprendre dans quelle disposition d’esprit et de cœur nous pouvons nous approcher du Seigneur et lui présenter nos prières. 

Nous venons d’entendre ce que dit le centurion : « Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toitDis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. »

Ce sont bien ces paroles dans une expression similaire que nous prononçons en venant recevoir Jésus. 

Que nous révèle cet évangile ? En réalité, au moins deux aspects :

En rapportant la demande du centurion pour la guérison de son serviteur, alors que Jésus entre à Capharnaüm, cet échange de paroles met en évidence quelque chose de particulier.

Le premier : comment cet homme - dont on ne sait pas s’il est vraiment païen, s’il est “craignant-Dieu“ on sait seulement que c’est un sympathisant puisqu’il a restauré la synagogue de Capharnaüm -, comment cet homme manifeste-t-il par son attente, par sa demande, une espérance dont Jésus dit qu’il n’a jamais vu une telle foi même en Israël 

Le deuxième :  comment la demande est-elle faite ! C’est d’autant plus frappant dans l’évangile de saint Luc que le dialogue entre Jésus et le centurion n’est pas un dialogue direct. Le centurion reste chez lui ; il s’exprime à travers des intermédiaires que le centurion a envoyés au-devant de Jésus.

Nous voyons comment, dans cette succession d’échanges entre Jésus, les envoyés, le centurion, se déploient une pédagogie de la foi avec le Christ et une pédagogie de la rencontre.

Dans cette rencontre, nous voyons surtout - et c’est peut-être ce qui nous concerne davantage - comment de simples personnes peuvent devenir les intermédiaires de ce dialogue, comment elles peuvent servir d’intermédiaire entre le centurion et Jésus, comment elles peuvent se faire médiatrices de l’attente et de la demande du centurion, et messagèresde la réponse de Jésus : cela peut être le fruit d’un témoignage, le fruit de notre prière et nous sommes tous ces simples personnes, ces intermédiaires ! Nous portons la prière d’une personne que nous connaissons et nous lui apportons la réponse de Jésus. Nous avons tous cette mission de messagers !

Dans notre vie chrétienne, nous sommes sans cesse, invités à la rencontre du Christ. Bien souvent, nous pouvons éprouver des difficultés, voire même notre incapacité à Le recevoir chez nous. Nos péchés nous mettent parfois comme un blocage ! Cependant, nous sommes invités à entrer dans l’attitude d’humilité, simple et vraie, du centurion à l’égard du Christ. Nous sommes invités aussi à devenir les intermédiaires entre l’attente parfois importante d’un certain nombre d’hommes autour de nous et la personne de Jésus. 

Je termine par l’enthousiasme de Jésus. Quel plaisir d’entendre le Christ s’extasier devant la foi du centurion ! Le texte parle même d’admiration (au verset 9) et c’est Jésus Lui-même, qui l’exprime. 

Qu’admire donc véritablement Jésus ? Il ne s’agit pas d’une foi qui voudrait voir ou toucher, avoir des preuves, mais la foi en l’efficacité d’une parole qui n’exige aucune immédiateté. 

Heureux serons-nous si nous faisons de même ! En faisant ainsi, nous serons la joie de notre Seigneur.

Puissions-nous, en venant communier tout à l’heure, avoir cette vraie capacité de joie et d’humilité confiante en recevant Jésus !       

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 12 septembre 2021, 24e dimanche du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Vincent de Paul, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Messe de rentrée du catéchisme

Évangile selon saint Marc 8, 27-35. Livre du prophète Isaïe 50, 5-9a. 

Psaume 114. Lettre de saint Jacques 2, 14-18.

 

À chaque fois que j’entends la Parole de Dieu, je fais le constat que la pédagogie de Jésus est réellement extraordinaire ! Dieu nous interpelle ; Il nous invite à la conversion et à sa rencontre en nous faisant faire des petits pas, pas après pas, et en nous posant des questions fondamentales et profondes ! 

Nous connaissons bien cette question de Jésus à ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? »

Quelle réponse pouvons-nous apporter nous-mêmes ? J’espère qu’on vous posera cette question un jour ou l’autre, si ce n’est pas déjà fait, et à l’école pour vous, les enfants : « Qui est Jésus pour toi ? ». Si vous, les enfants, vous hésitez sur la réponse, allez vite poser la question à vos parents ! Leur réponse sera sans doute édifiante (enfin, je l’espère !)

Déjà à l’époque, les réponses étaient variées et surtout indécises. Elles le seront régulièrement dans les premiers siècles du christianisme et jusqu'à nos jours, car, si la question est bien comprise, les réponses peuvent varier. Pour certains, Jésus est :

  • un simple prophète envoyé par Dieu
  • un guérisseur et un exorciste puissant
  • un ancien prophète célèbre revenu à la vie
  • pour les plus mystiques, un ange ou un être céleste…

Toutes ces réponses sont seulement les plus « classiques » parmi ce qu'on appelle les « hérésies » chrétiennes. Mais il y en eut bien d'autres dans des systèmes philosophico-religieux totalement étrangers et incompatibles avec le christianisme : parmi elles, nous pouvons citer la Franc-maçonnerie, les sciences occultes, Reiki, la divination et d’autres pratiques similaires… qui nous détournent du vrai Dieu.

« Pour vous, qui suis-je ? » Pierre a vu juste : « Tu es le Christ. » Quelle bonne réponse ! Mais que met-il exactement sous le terme de Christ ? Probablement encore, ce que les Juifs fervents y mettaient : l’espérance de mettre les occupants romains hors du pays, celle d’une restauration nationale pour Israël, bref : la venue d’un roi terrestre, un Roi Messie Terrestre !

Jésus est obligé de rectifier, Il ne veut pas que l’on se trompe sur sa mission, sur son style, sur son message : il lui faut faire comprendre qu’Il est vrai Dieu et vrai homme ! C’est pourquoi, comme nous l’entendons dans l’évangile : « Il commença à les enseigner ». Ce n’est ni plus ni moins que le temps d’un catéchisme. Les Apôtres ont donc été les premiers à suivre le catéchisme avec Jésus !

       Pour avoir célébré de nombreux baptêmes depuis vingt ans que je suis ordonné, des 1re Communions, Profession de foi, confirmations, avoir accompagné des fiancés vers leurs mariages, avec mes frères prêtres et diacres… je suis toujours choqué et souvent même peiné quand, au-delà d’un vernis chrétien, je m’aperçois que l’intelligence et le cœur des personnes que je rencontre n’ont pas été nourris en profondeur ! Ont-ils eu la chance, après leurs baptêmes, de suivre des séances de catéchisme pour approfondir un peu plus la connaissance de Dieu ?

Notre responsabilité - celle de la Paroisse, mais aussi la vôtre, chères familles - est grande lorsque nous n’avons pas pris suffisamment de temps pour expliquer ce qu’est la Foi de l’Église : 

  • redire que la religion chrétienne n’est pas une religion du Livre ; 
  • qu’elle doit permettre une rencontre personnelle du Christ vivant. 

Le Credo et la prière du Notre Père que nous récitons peut-être simplement mécaniquement, devraient nourrir et renforcer notre foi et notre espérance en Dieu !

- Nous avons donc un pas de plus à faire pour approfondir ce que veut dire « être Chrétien » !

Le pape François, dans la chapelle sainte Marthe, dans une de ses médiations matinales dont il a le secret (le 10 janvier 2014) nous mettait en garde, non sans humour, contre le Credo des perroquets !

Je le cite : « Le chrétien ne répète pas le Credo par cœur comme un perroquet et ne vit pas comme un éternel « perdant », mais il confesse sa foi tout entière ! Et il rajoute : « L’Église est pleine de chrétiens vaincus, qui ne croient pas que la foi est victoire, qui ne vivent pas cette foi. » 

Ne soyons donc pas des perroquets ! Oui, beaucoup autour de nous encore sont en recherche et se cherchent ! Nous en rencontrons tous dans les rues de Grenoble, dans nos familles et amis ! Beaucoup sont insatisfaits de ce que propose notre société de consommation ! Les tentations sont grandes ! Beaucoup aimeraient un Dieu magicien ou un Dieu superman, mais non ! La force de Jésus est de mourir sur la Croix par amour pour nous, pour nous sauver ! Il nous faut comprendre ce que veut dire la venue de Dieu dans notre humanité (c’est le catéchisme que vous entendrez à Noël) mais aussi sa mort et sa résurrection (c’est le catéchisme à Pâques) ! Nous découvrirons aussi le don de l’Esprit Saint (ce sera le catéchisme de Pentecôte).

Être chrétien n’est plus un choix de convention ou de tradition, mais un choix d’engagement pour aujourd’hui ! C’est un véritable enjeu et un défi ! En cela, n’ayons pas de complexe d’être joyeusement chrétien et n’ayons pas des « têtes de carême », tristes et sans espérances, comme nous le demande le pape François. !  

Être chrétien est une grâce et une chance !

Oui, frères et sœurs, il y a un enjeu ! Pourquoi ? Car il nous faut être prêts à nous expliquer sur notre foi (et parfois comme au tribunal, nous redit le prophète Isaïe dans la 1re lecture) ! Notre époque actuelle n’acceptera pas que l’on puisse dire que nous sommes chrétiens sans avoir un minimum de répondant aux questions que l’on nous posera ! 

Si j’étais un peu taquin, j’aimerais que des amis autour de vous, vous provoquent un peu en vous posant des questions. Si vous n’avez pas toutes les réponses, vous pouvez continuer à vous instruire pour témoigner : voilà notre mission, nous explique le prophète Isaïe ! Être chrétien n’est plus seulement un choix de convention ! C’est un choix d’engagement pour toute notre vie ! N’ayons pas peur ! Soyons des chrétiens joyeux !

 

- C'est le deuxième pas auquel nous invite l'évangile : oui, un pas de plus !

Je termine en vous invitant à relire l'épître de saint Jacques (2e lecture). Il nous dit le réalisme de la foi ! La foi sans les œuvres est une foi morte ! Non seulement la foi nous implique dans nos convictions, mais elle implique que l'on agisse ! Ne soyons pas des chrétiens « mous, passifs et sans consistance » !

            Être baptisé est une grâce merveilleuse (nous sommes aimés de Dieu et nous le savons !) mais vivre en chrétien demande du temps pour se former, comprendre, prier, vivre cette rencontre du Christ ! Quel que soit notre âge, notre histoire, il est toujours possible d’avancer pas à pas pour faire l’expérience de cette rencontre fondatrice avec le Christ vivant !

Le catéchisme est cette invitation, petit pas après petit pas, pour découvrir qui est Dieu pour moi, pour Le rencontrer et découvrir son projet de vie pour moi ! C’est bien ce que nous faisons dimanche après dimanche. 

Notre réponse est aussi importante aujourd’hui pour nous et nos familles qu'au moment où elle fut posée à Pierre : « Pour vous, qui suis-je ? »

Posons-nous cette question : qui est vraiment, le Christ pour moi ! 

Je vous souhaite un beau temps de prière et de discernement !

 

Je termine en disant merci aux parents qui peuvent venir nous aider et aux catéchistes !

Que le Seigneur vienne bénir cette année de catéchisme en paroisse et qu’Il nous fasse grandir, ensemble !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 8 septembre 2021, Nativité de la Vierge Marie, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 1,1-16.18-23. Psaume 12. 

 

Aujourd’hui, nous célébrons un anniversaire : la naissance de Marie. Il est assez rare dans l’année liturgique de fêter un anniversaire de naissance. Sans doute, savez-vous que nous en fêtons seulement trois : celui de Jésus, celui de Jean le Baptiste et celui de Marie. La plupart du temps, pour tous les saints, c’est le jour de leur mort, c’est-à-dire le jour de leur entrée dans la Vie éternelle que nous fêtons. (Le dies natalis)

Que se passe-t-il avec Marie ? Avec sa naissance, l’aube du Salut est venue dans notre monde !

Avez-vous été attentifs à l’oraison du début de cette célébration ? Je vous en relis une petite phrase : « Puisque la maternité de la Vierge Marie fut pour nous le commencement du Salut, que la fête de la nativité nous apporte un surcroît de paix ! »

C’est pourquoi ce jour est un jour de grâce, un jour de joie, un jour de paix, un jour de confiance ; nous savons que nous en avons besoin pour notre vie. Il n’est pas sûr que nous le réalisions vraiment, cependant c’est bien cela pour ce jour qui est bien particulier.

Pourquoi devons-nous nous réjouir de la naissance de Marie ?

C’est tout simplement parce que le Seigneur a un plan de salut pour chacun de nous. Cette longue généalogie peut nous faire comprendre ce projet de vie. La conception immaculée de Marie signifie que la grâce du salut du Christ entre dans le monde. Marie est une terre admirable, une terre préparée pour accueillir l’Enfant Jésus.

Avec la naissance de Marie, le Salut s’inscrit dans notre histoire (l’histoire des hommes) et dans ce passage d’évangile l’ange indique à Joseph que le nom de ce bébé est Jésus. Ce nom révèle son rôle de Sauveur du monde ; Il est en même temps l’Emmanuel, Celui qui est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! Oui ! Jésus sauvera son peuple du péché, c’est la Bonne Nouvelle de notre foi, sans cesse à méditer !

Je ne sais pas comment vous « fonctionnez », comment va votre vie, comment vous vous sentez ce matin, joyeux ou tristes, heureux ou en soucis, mais il nous arrive parfois d’être découragés dans notre vie de tous les jours et aussi dans notre vie spirituelle. Nous pouvons avoir l’impression de « ramer » de ne pas avancer, nous nous épuisons dans notre lutte contre le mal et les combats de la vie. C’est alors à ce moment-là que nous devrions avoir un réflexe salutaire, un réflexe de survie, de nous tourner vers Jésus, d’invoquer Son nom avec foi et ferveur ! Il est notre Sauveur, Il nous sauve du péché ! La mission de Marie est de nous inviter à tourner notre regard vers son Fils. Dès sa grossesse, Marie sait que c’est Lui qui a les paroles de la Vie éternelle. La vie de Marie et toutes ses apparitions à travers le monde n’ont pas d’autre but que de tourner notre regard vers son Fils, de L’écouter, de Le prier…

Marie nous apprend combien il est important d’invoquer le nom de Jésus en chaque circonstance, en disant : 

  •  Oui, Jésus, je te confie cette intention, ce problème !
  •  Oui, Jésus, en Ton nom je te demande cette grâce !
  •  Oui Jésus, viens à mon secours !

À certains moments nous pouvons nous sentir seuls… Il nous faut réaliser alors, que Marie est auprès de nous, que non seulement Jésus est avec nous tous les jours, mais qu’Il nous a donné et confié Sa mère pour être nous aussi avec Lui.

Frères et sœurs, comme Joseph, n’ayons pas peur de prendre Marie chez nous et avec elle, cet enfant qui est Dieu et Sauveur : Jésus, vrai Dieu et vrai homme ! 

Demandons cela par l’intercession de la Vierge Marie ! 

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 6 septembre 2021, 23e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 6-11. Lettre de saint Paul aux Colossiens 1,24 à 2,3. Psaume 61.

 

À la suite du Christ, l’Église est appelée à imiter cet amour envers les malades et nous le vivons du mieux possible dans notre paroisse. L’Église entoure tous ceux qu’afflige une infirmité humaine qu’elle soit physique ou morale; bien plus, elle reconnaît dans les pauvres et dans ceux qui souffrent l’image de son Fondateur, le Christ pauvre et souffrant, et nous nous employons à soulager leur détresse et à servir le Christ en eux. 

Les guérisons et les exorcismes sont inséparables du ministère de Jésus : « Il parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie parmi le peuple. » (Mt 4, 23)

À travers ces guérisons, le Christ manifeste la puissance de Dieu, qui est fondamentalement le Bien, contre toutes les formes du mal. C’est ainsi que saint Pierre décrit le ministère de Jésus, lorsqu’il l’annonce au premier converti païen, le centurion Corneille : Jésus-Christ « est passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable ; car Dieu était avec lui. » (Ac 10, 38)

Chers frères et sœurs, c’est la mission qui nous incombe ; mais, est-ce si évident de faire le bien, d’être à l’écoute de celles et ceux qui souffrent ? Ce matin, Jésus nous interpelle avec cette question fondamentale : « Je vous interroge, est-il permis… de faire le bien ou de faire le mal ? »

C’est une question importante, une question que nous pouvons nous poser bien souvent : quand le temps nous presse, nous nous ne sentons pas concernés, quand la situation nous échappe ou nous contrarie… Est-ce si facile de faire le bien ? Chacun de nous est conduit à un discernement vital : faire œuvre de vie ou refuser ? Sauver une vie ou la perdre ?

Après sa question, Jésus attend ; Il regarde tous ceux qui sont rassemblés dans la synagogue, l'un après l'autre, ces Pharisiens et ces intellectuels, qui guettent son faux pas, puis son regard se tourne sur les hommes du pays, dont certains sans doute, ont pour lui une certaine admiration. Mais, de fait, dans l’évangile, personne ne parle, personne ne prend position. Les braves gens se taisent parce qu'ils ont peut-être peur des représailles ; les Pharisiens se taisent parce qu'ils craignent d’être démasqués.

Il y a des moments où le silence est coupable, surtout quand c'est Jésus qui pose les questions. 

Frères et sœurs, nous sommes invités à discerner, à prendre le temps de réfléchir, réfléchir à ce que j’ai pu faire aujourd’hui, à ce que je souhaite faire aujourd’hui ; 

Ne pas faire de mal, c’est bien ! Mais ne pas faire de bien, c’est mal !

Le fondement de l’amour, c’est Dieu : « Je peux commencer à aimer parce que je sais qu’Il m’a aimé en premier… S’Il ne nous avait pas aimés, nous ne pourrions sûrement pas aimer. »

  Pour aimer, nous recevons la grâce de l’amour de Dieu ! 

Alors :

Seigneur Jésus, je Te demande cette grâce qu’il n’y ait aucune paralysie en moi ; 

Aide-moi à être sûr qu’il n’y a aucune peur que Tu ne puisses guérir si nous nous ouvrons à Toi !

Donne-nous, donne-moi la grâce de comprendre ta Parole et de me mettre à

 Ton école dans une prière de louange et d’action de grâce.

Apprends-moi, Seigneur, à faire le bien comme Toi !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 5 septembre 2021, 23e dimanche du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 7, 31-37. Livre du prophète Isaïe 35, 4-7a. 

Psaume 145. Lettre de saint Jacques 2, 1-5.

 

La pédagogie de Jésus est toujours remarquable, à la fois simple et efficace ! Et, plus je lis et médite les évangiles, plus je suis marqué par sa manière de faire.

Les miracles du Christ, (faut-il le rappeler ?), sont avant tout des signes. 

Le risque de ces récits que nous entendons régulièrement serait que nous n’y voyions que l’extraordinaire. Jésus pourtant, a pris bien soin de nous recommander « de n’en rien dire à personne ». Comme s’Il nous disait : « N’en restez pas à la superficialité... ». « Ne t’arrête pas à cette curiosité malsaine des journaux à sensation. Va en profondeur pour comprendre ce que je suis en train de te dire ! C’est seulement ensuite que tu pourras proclamer ! »

Saint Marc, l’évangéliste nous présente souvent Jésus en train de guérir et d’expulser les démons. N’oublions pas que Jésus veut guérir aussi particulièrement notre difficulté à entendre sa Parole et un certain mutisme spirituel.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, on amène à Jésus un homme sourd, un homme qui a même de la difficulté à parler. Ce sourd est la personnification des Juifs sourds aux appels du Christ. Pire ! Ils disent savoir, mais le comble, c’est qu’ils ne veulent pas écouter ! Ils entendent, mais n’écoutent pas ; ils se bouchent même les oreilles ! (Mt 13,15).

Quant au mutisme, il est volontiers lié à un manque de foi ! Prenons un exemple : Zacharie, grand prêtre, entre dans le Temple, pénètre dans le saint des saints, et l’ange lui apparaît lui disant qu’il va avoir un enfant (Jean-Baptiste). Zacharie perd la parole parce qu'il a douté (Lc 1,20). 

Tout ceci n’est pas sans conséquence : Dieu Lui-même semble se taire quand nous ne voulons pas ou plus l'entendre. Le terrible silence de Dieu, si caractéristique de notre temps, n’a pas d’autre raison que notre surdité obstinée à sa Parole et à sa présence ! 

Nous le savons, si l’oreille est ouverte par le don de la foi, alors, oui, la parole peut confesser la foi. Il n’est donc pas étonnant que si peu de chrétiens aujourd’hui soient dans l’incapacité à faire entendre le mystère d’Amour de Dieu dans notre société ! Beaucoup de nos concitoyens sont baptisés (et c’est très bien), mais ont-ils été plus loin ? Lors des rencontres avec les couples qui se préparent au mariage, chacun d’eux affirme qu’il est bien baptisé (le plus souvent !). Mais, si j’approfondis un peu en leur disant : « Avez-vous pris le temps de lire la Parole de Dieu ? Êtes-vous allés au catéchisme ? », la réponse est souvent négative et cela est bien dommage !

Comment peut-on être chrétien sans prendre le temps d’écouter la Parole de Dieu, 

sans l’intérioriser, sans la laisser entrer en chacun de nous ?

 

Sans viser personne, c’est un constat : pour écouter Dieu, nous sommes terriblement sourds. Pour proclamer la Parole de Dieu, nous manquons alors de voix et d’audace, nous restons souvent muets...

Frères et sœurs, nous avons une responsabilité ; en vous voyant là, ce matin, en cette église, je constate que vous assumez cette mission et que vous avez le désir de vivre pleinement votre “être chrétien“ ! Merci ! 

Écouter le Christ et le suivre est méritoire ! Mais, n’oubliez pas qu’il y a aussi un combat contre les forces du mal. Quand nous désirons annoncer le Christ, Satan est contrarié et il nous met des bâtons dans les roues. 

Alors que Satan est fermé à tout et ferme l’homme en lui-même, Jésus, par sa Parole, brise ce monde clos d’un mot : « Effata, ouvre-toi ! » Il nous ouvre à Dieu et aux autres ! C’est ce même geste que fait le prêtre lors des baptêmes ou lors de l’entrée en église des catéchumènes : « Effata, ouvre-toi ! » Ouvre tes yeux à la beauté du monde ! Ouvre ton cœur à l’amour de Dieu ! Ouvre tes oreilles à la Parole de Dieu ! Ouvre ta bouche pour annoncer le Christ !

Peut-être faudrait-il prononcer ces mots plus souvent sur chacun de nous : « Effata, ouvre-toi ! » quand nous manquons de lumière et d’espérance ?

En disant « Effata, ouvre-toi ! », le Christ nous ouvre à la transcendance et nous élève, mais Il nous ouvre aussi aux autres, pour que nous soyons attentifs à chacun. Ne l’oublions pas, en paroisse, nous sommes une communauté fraternelle !

Si nous comprenons bien en négatif cette notion « de surdité et de déficience », il nous faut comprendre aussi en positif, ce que veut dire « entendre et comprendre » ! Ce sourd-muet incarne, bien plus encore et, cette fois-ci, d'une façon réelle, les païens venus à la foi, auxquels Jésus donne l'entendement du cœur, c’est-à-dire celles et ceux qui n’ont pas encore entendu la Parole de Dieu. Il faut les enseigner, et en accueillant cet homme sourd et qui a du mal à parler, Jésus l’ouvre à la Vie éternelle. C’est ce qui se passe pour tous les catéchumènes.

L’évangéliste saint Marc, qui écrit pour des païens convertis, sait faire échos à leur conversion, et eux, sans doute, se sont reconnus dans le sourd-muet guéri !

Le baptême qu’ils ont reçu a pénétré leur cœur et leur a délié la langue : ils ont "proclamer les louanges" de Dieu. C’est extraordinaire ! Nous aussi, au jour de Pentecôte, nous recevons l’effusion de l’Esprit Saint, cette force de la louange et cette annonce qui devient impérieuse. Nous le faisons à Pâques en chantant particulièrement l’Exultet au moment du feu nouveau.

Comme nous, ils reconnaissent les bienfaits de Dieu et demeurent dans la joie d’avoir entendu le message de Salut et de vie. 

Frères et sœurs, je vous invite à relire ce texte et à le méditer, car il nous provoque : ne sommes-nous pas, régulièrement, comme le sourd qui fait la sourde oreille à la Parole de Dieu ? Ne sommes-nous pas comme ceux qui ne veulent pas écouter la mission que Dieu veut nous confier au sein de notre paroisse ?

Jésus nous redit : ouvre-toi, ne reste pas replié dans tes refus, tes peurs, tes tristesses... Ne t’enferme pas dans ton mutisme !

Sois fort ! Ne crains pas ! (1re lecture Isaïe 35, 4)

Ouvre-toi aux tiens, au monde. Parle. Proclame.

 Annonce ! Pas besoin de grands discours.

Simplement que ta vie soit annonce et témoignage du Christ vivant.

Sois une interrogation pour le monde, afin que, en te voyant,

les personnes se questionnent et cherchent d’où vient ta joie !

 

Nous savons bien que nous ne sommes pas forcément des personnes exceptionnelles, mais humblement, patiemment, témoignons du Christ par toute notre vie !

Ces textes nous invitent donc, à l’Action de grâce. 

Dans l’histoire de l’Église, vous savez que le chant est important, car il ouvre et dilate notre cœur. Alors, rendons grâce aujourd’hui pour le don de la foi et louons-le à haute voix, en chantant ensemble :

Proclamez que le Seigneur est bon,

Éternel est son amour,

Que le dise la maison d’Israël : éternel est son amour !

Alléluia, Alléluia, Alléluia, Alléluia !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 1er septembre 2021, 22e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 4, 38-44. Lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 1-8. Psaume 51.

 

Chers amis, l’été se termine. Pour beaucoup d’entre nous, la période estivale que nous venons de vivre a marqué une certaine rupture avec notre vie quotidienne. Alors que nous retrouvons notre rythme habituel, l’évangile de ce jour nous présente trois petites scènes, très courtes, très simples, et qui nous font entrer dans l'intimité de Jésus, dans son propre quotidien où, apparemment, Il ne semble pas s’ennuyer !

Après l'office de la synagogue, sans doute très tôt le matin, Jésus se rend chez Simon pour y passer la journée. Mais la maison est très désorganisée, comme toute maison de malade. Que se passe-t-il ? La belle-mère de Simon est couchée, et elle ne peut Le recevoir. Elle n'a même plus la force de demander quoi que ce soit: ce sont les autres qui implorent Jésus en sa faveur.

Et voilà que Jésus, d'un seul mot, commande à la fièvre, comme Il chasse, aujourd'hui encore, toute fièvre de nos vies : fièvre aiguë dont nous pourrions souffrir dans une situation désordonnée, fièvre lente de ceux qui ont perdu la joie de vivre ! Jésus guérit d'un mot cette femme, à cause de la foi de ses proches ; et aussitôt, sans une parole, elle se remet à les servir. C'est sa réponse à la prévenance du Seigneur : assumer de nouveau par amour, son existence quotidienne dans la spontanéité du service.

Puis c’est l’heure du coucher du soleil, quand la chaleur du jour est retombée et qu'on peut transporter les malades. Jésus guérit tous ceux qu'on lui amène, les malades physiques et les malades mentaux, des hommes, des femmes, des vieillards, des jeunes, lassés de souffrir ou en proie à leurs démons quotidiens. Autour de Jésus, des dizaines ou des centaines de personnes appellent, réclament, s'impatientent, attendent leur tour ; et Lui, dans la foule, trouve le temps d'aimer chacun, de regarder chacun, d'imposer les mains à chacun d’eux comme s'il était l'unique.

Enfin, nous découvrons la dernière scène et la dernière leçon : après une nuit tout occupée à guérir, écouter, soigner, accompagner, expulser des démons, très tôt le matin, Jésus cherche la solitude. Il n'a pas boudé l'action ; Il s'est dévoué tout au long de la journée, Il a guéri jusqu'à la tombée de la nuit, mais Il a besoin de la prière, prière vers le Père, pour le Père, dans l’Esprit Saint, et Il s'en donne les moyens en se mettant un peu l’écart.

Mais très vite, la foule Le rejoint et voudrait Le retenir, Le garder pour elle ! C'est bien là aussi notre réflexe d'exclusivité, de replis sur soi, quand nous avons rencontré le Seigneur. Nous ne voulons pas Le quitter, nous voudrions prolonger à volonté avec Lui, ces moments de paix, ces instants où enfin nous avons été vrais devant Dieu, ces heures où vraiment le Christ a été en nous le consolateur !

Or le Christ nous renvoie à notre mission, à sa propre mission qui est universelle. Il nous dit : "Aux autres villes aussi il me faut annoncer la bonne nouvelle du Règne de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé."

Nous aussi, nous sommes envoyés ! Je sais que notre quotidien est dense avec beaucoup de choses à faire, beaucoup de personnes à rencontrer !  Peut-être ! Mais le seul moyen de ne pas perdre le contact avec le Christ, c'est d’être avec Lui et de repartir sans cesse avec Lui en mission. 

Je vous propose une question et une prière : 

  • de quelle fièvre le Seigneur peut-il nous guérir, aujourd’hui ? 
  • Seigneur donne-nous de comprendre ton appel à servir !

Frères et sœurs, osons lui faire cette demande, pour nous, mais aussi peut-être pour les personnes que nous connaissons ! 

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 30 août 2021, 22e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 4,16-30. 1re lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 4, 13-18. Psaume 95.

 

Après avoir bien hésité, j’ai choisi de commenter la première lecture, la lettre de saint Paul aux chrétiens de Thessalonique. De plus, cette semaine, om m’a posé différentes questions sur la mort, sur ce qui se passe après la mort et sur la résurrection. C’est très souvent, effectivement, que nous entendons le texte de ce jour lors de la célébration de funérailles.

La question posée à saint Paul à son époque est peut-être aussi, une de celles que nous nous posons aujourd’hui. Aux chrétiens de Thessalonique, Paul va répondre à des questions débattues dans leur communauté.

Que deviennent les morts ? Paul utilise un terme très précis : « les endormis dans la mort » (le mot endormi est répété trois fois dans ce texte), les "s'endormant", est écrit sans le mot "mort", dit l'original grec. Ce n'est pas qu'il ait peur du terme "mort". 

Endormis renvoie à une idée de "réveil", la mort est donc comme un sommeil avant un réveil. Quelqu'un qui dort est donc toujours vivant ! Cela peut faire penser à la formule liturgique "Qu'ils reposent en paix", simplement un repos dont la personne va se réveiller. Jésus va aussi employer ce terme pour son ami Lazare.

Paul poursuit en disant : « Il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres qui n'ont pas d'espérance. » Paul appuie son espérance sur la foi dans la mort et la résurrection du Christ. Le "il est ressuscité" se dit en grec : anastasis, c’est-à-dire : "il s'est relevé" ; cela va bien avec l'idée de "sommeil" dont on va sortir ! 

Paul développera aussi cela dans sa première lettre aux Corinthiens, au chapitre 15 : “Nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts ; alors, comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ, non plus, n’est pas ressuscité“. Or notre foi repose sur ce kérygme : le Christ est mort et ressuscité.

Dans la lettre aux chrétiens de Thessalonique, Paul insiste par deux fois en employant cette phrase surprenante : “Nous qui sommes encore là.... Les exégètes ont du mal à décrypter le sens précis de ce passage. Littéralement, nous restons encore là dans cette temporalité terrestre et pourtant nous sommes en devenir : nous sommes dans l’attente de la Résurrection dans le « temps » de Dieu !  

Les premiers chrétiens pensaient que la fin des temps était pour bientôt et que certains la verraient de leur vivant. 

Paul, pour signifier cette « venue du Seigneur » qui est à venir, à la fin des temps (sans que nous ayons une date), reprend en langage apocalyptique des images, au moment de la descente du Seigneur par exemple : la nuée, les trompettes, les voix... Ces images se retrouvent aussi dans le livre de l'Exode, la théophanie du Sinaï : le grand rassemblement du peuple hébreu autour de Moïse, figure du Christ, est la préfiguration du rassemblement final de la fin des temps de ceux qui sont morts dans le Christ. C’est aussi le sens du « Jugement Dernier » dans l'évangile de saint Matthieu, au chapitre 25, où tout être humain découvrira que tout ce qu’il a fait de bien à autrui, il l’a fait à Dieu sans même Le connaître: « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire » ! 

Dans cette attente qui peut être éprouvante, Paul continue : « Réconfortez-vous donc les uns les autres... Ce que je viens de vous dire est source d'une espérance à partagerIl ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n'ont pas d'espérance. »

Finalement, posons-nous cette question : quelle est mon attitude face à la mort, la mienne et celle des autres ? 

Je suis invité à prier pour entrer dans une démarche d'espérance, pour moi, pour telle ou telle personne, à prier comme nous le faisons lors de chaque eucharistie pour une personne qui nous est confiée, pour les âmes du purgatoire qui ont aussi besoin de notre prière.

Seigneur, souviens-toi de nos frères qui se sont endormis dans l'espérance de la résurrection et de tous les hommes qui ont quitté cette vie :

reçois-les dans la lumière près de toi. (Prière Eucharistique II)

Frères et sœurs, voilà ce que nous entendons ce matin ; puissions-nous relire cette lettre, la goûter, prier, méditer, mettre toute notre espérance dans le Christ mort et ressuscité !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 29 août 2021, 22e dimanche du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 7,1-8.14-15.21-23

Livre du Deutéronome 4, 1-2.6-8. Psaume 14.

Lettre de saint Jacques 1,17-18.21b-22.27.

 

Dans cet évangile, Jésus ne va pas par quatre chemins (expression que nous utilisons parfois). La question qu’Il pose est osée et pertinente : à quoi bon se laver les mains, si le cœur n’y est pas ? À quoi bon être parfaitement propre si, au-dedans de nous, tout est sali, sombre ! Comprenons bien ! En parlant de cette façon, Jésus ne parle pas d’hygiène, mais de religion. Ne tombons pas non plus dans le cliché en pensant que, à cette époque, les personnes pouvaient être d’une propreté douteuse ! Non, à cette époque-là, les personnes étaient très propres, les ablutions et les bains étaient très fréquents !

Mais pour les pharisiens, au-delà de l’hygiène (certes important, essentiel), ces gestes étaient surtout des gestes religieux. À l’origine de ces coutumes, il y a d’abord le sentiment d’un grand respect à l’égard de Dieu. Se laver les mains donne au repas une signification, une reconnaissance sacrée : on mange devant Dieu et on le remercie de nous fournir le pain. L’origine du geste est très spirituelle et, à la fois, d’une grande délicatesse vis-à-vis du Créateur !

Seulement voilà, c’est souvent le cas avec les hommes : les plus belles traditions, les belles intentions peuvent se dénaturer avec le temps. Pour les pharisiens, ces pratiques de respect sont devenues une manière de séparer les hommes, de distinguer rituellement les purs et les impurs, ceux qui sont dans les « clous » (en quelque sorte) de ceux qui ne le sont pas. Les Juifs veulent se préserver du « contact salissant » avec les païens ! Les justes sont écartés des pécheurs, les bien portants sont éloignés des pestiférés. Nous comprenons bien que cette attitude n’est pas juste et, en tout cas, ce n’est pas ce que Dieu nous demande !

En échos avec le psalmiste ou avec ce que dit le Prophète Isaïe au cœur de l’évangile d’aujourd’hui, Jésus, lui, dit avec réalisme que Dieu veut rejoindre tous les hommes. Comment ? Jésus accueille le contrôleur d’impôts méprisé, le centurion de l’armée romaine d’occupation dont Il va sauver la fille, le lépreux qu’Il va toucher ou la femme de mauvaise vie à laquelle Il va donner son pardon. 

Alors, à quoi sert de se laver les mains, selon les rites, si le cœur est plein de mépris, de haine, de mesquinerie ou d’envie ? Il est tellement important d’accueillir, de rassembler, d’écouter et d’aider chacun dans une vie vraie et droite, en commençant par nous-mêmes. 

Jésus ajoute quelque chose d’important, et Il s’adresse à chacun de nous ce matin, hier comme aujourd’hui : il faut changer ton cœur ! … car c’est de lui que sortent les pensées mauvaises. 

  • - Sinon, tu feras comme Pilate, qui se lave les mains en se détournant et en condamnant l’innocent. 
  • - Sinon tu seras semblable aux grands prêtres qui veillent à ne pas entrer dans le palais du Gouverneur pour éviter tout contact, toute souillure auprès d’un païen. Le problème, c’est qu’ils croient rester purs et ils mènent à la croix le Fils de Dieu. Quelle fausseté du cœur !

C’est ce que Jésus est en train de pointer : l’image ternie et fausse d’une apparence qui semble « propre » (ce que nous désirons montrer de nous-mêmes) extérieurement, alors que parfois, nous pouvons être intérieurement ravagés et dévastés !

On pense avoir les mains propres, mais notre cœur demeure hideux. 

La parole de Jésus fait « mouche » : c’est de ton cœur, pas de la boue des chemins, que viennent tous les maux qui divisent les hommes et font parfois de la terre, une sorte d’enfer. Aucune eau de nos fontaines ne peut ôter cette saleté-là. C’est ton cœur mauvais qui te sépare de Dieu et des autres.

Si nous nous arrêtons sur ce constat, nous risquons de repartir bien tristes, la tête basse, en nous disant : « Mais comment faire, Seigneur ? » 

Mais il y a une bonne nouvelle qu’il faut réentendre : 

  • Tu peux changer, tu peux changer ton cœur en n’y laissant entrer que la Parole de Dieu.
  • Tu peux le purifier, en laissant le regard de pardon de Jésus le laver en profondeur, dans le sacrement de réconciliation.

Alors, comme pour saint Pierre, qui a pleuré amèrement sa lâcheté, Jésus fera de toi un homme, une femme, au cœur doux et pacifié, aimant Dieu et ses frères.

Frères et sœurs, en ce 22e dimanche du temps ordinaire, à la fin des vacances et à quelques jours de la rentrée pour tous, voilà l’invitation à la conversion que nous recevons ! Une conversion, qui dépasse, en quelque sorte la morosité contagieuse ambiante, qui dépasse ce que nous pourrions prétendre être, mais qui touche l’intérieur, le fondement de ce que nous sommes pour que nos choix, nos pensées, nos actions soient sans cesse ajustés à la sainteté de notre Seigneur !

C’est la grâce que nous pouvons demander ce matin pour chacun de nous.

Ne soyons pas effrayés et reconnaissons que nous avons besoin encore de nous convertir, reconnaissons que Dieu nous y aide et qu’Il nous aime !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 23 août 2021, 21e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon St Matthieu 23, 13-22. 1re lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 1,1-5.8b-10. Psaume 149.

 

Petite introduction à la 1re épître aux Thessaloniciens

 

En cette période estivale encore pour quelques jours, j’aimerais vous inviter à en profiter pour entrer davantage dans la Parole de Dieu. Donc, ce matin, je ne vais pas commenter l’évangile, mais plutôt la première lecture, l’épître aux Thessaloniciens dont nous entendons les premiers versets. Dans les jours prochains, nous en entendrons les chapitres suivants. 

Celle-ci est, selon les exégètes, le document le plus ancien du Nouveau Testament. Cette lettre a sans doute été écrite vers l’an 51. 

Nous entendons régulièrement parler de différentes villes où résident les premières communautés chrétiennes. Nous connaissons l’Épitre aux Romains (avec la ville de Rome), l’Épitre aux Philippiens (avec la ville de Philippe), l’Épitre aux Éphésiens (avec la ville d’Éphèse) et cette Épitre aux Thessaloniciens. Où se trouve cette ville de Thessalonique ? Avez-vous eu la curiosité de la chercher sur un atlas ? Cette ville existe toujours. Elle est même la deuxième ville la plus peuplée en Grèce après la capitale.

La ville de Thessalonique est une ville portuaire grecque importante dans le golfe Thermaïque, sur la mer Égée. C’était un important port commercial. 

Cette ville, ancienne, avait été fondée par Cassandre de Macédoine en 315 avant Jésus-Christ. La population était composée essentiellement de Romains et de juifs. 

Le mont Olympe, situé à quelques kilomètres au sud-est de la ville, était considéré dans l’antiquité comme le foyer des douze divinités païennes.

Qui sont les destinataires de cette lettre, écrite par saint Paul, lui-même ? Ce sont des juifs et des païens convertis. L’Apôtre Paul associe à son nom ceux de ses deux collaborateurs Timothée et Sylvain (aussi appelé aussi Silas). Ces deux lettres destinées aux chrétiens de Thessalonique sont connues et citées depuis la plus haute antiquité chrétienne. 

Selon sa façon de faire (relire les Actes es Apôtres 17:1-5) Paul s’était approché tout d’abord des juifs de la ville pour leur dire que les prophéties de l’Ancien Testament annonçaient la passion et la mort du Messie, et que Jésus était précisément ce Messie promis et attendu. En fait, il a du mal et ne réussit pas à convaincre ses compatriotes, en tout état de cause pas un grand nombre, mais il fit des convertis parmi les païens (1:6-7). Ce succès va provoquer la jalousie des juifs et déclencher les persécutions contre Paul et ses disciples, ce qui obligea Paul et ses amis à quitter rapidement la ville. Lors de ces violentes émeutes, les juifs traînèrent l’Apôtre Paul devant le tribunal l’accusant de haute trahison, car les missionnaires étrangers annonçaient un autre Seigneur que César, l’empereur régnant. 

Thessalonique fut ainsi la deuxième ville européenne (après la ville de Philippe) à entendre et à recevoir l’Évangile. 

Ces lettres, assez brèves, présentent un intérêt particulier au lecteur de la Bible. Elles donnent une idée assez précise de la manière dont Paul présentait l’Évangile aux convertis du paganisme, une vive image de la vie chrétienne de la première heure de l’Église ainsi que l’attitude à adopter face aux faux enseignements et à la conduite immorale des habitants de cette ville et de la société d’alors ! 

C’est au milieu de nombreuses tribulations, mais aussi avec beaucoup de joie que les Thessaloniciens ont accueilli l’Évangile et la Parole de Jésus, comme nous l’entendons aujourd’hui et les jours suivants.

Frères et sœurs, réjouissons-nous de l’œuvre d’évangélisation de saint Paul. À notre tour, puissions-nous nous convertir et suivre l’évangile ! Bonne lecture !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 22 août 2021, 21e dimanche du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 6, 60-69. Livre de Josué 24,1-2a.15-17.18b. Psaume 33.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 5, 21-32.

 

Avant de commencer cette homélie, je souhaite rappeler un principe important, un principe incontournable de Dieu pour dire et redire ! 

Notre Dieu n’oblige personne. Il ne force personne ! Jésus n’oblige pas les disciples à le suivre. Pas question, ici de ‘soumission’ ! C’est pourquoi la question pertinente de Jésus dans l’évangile de ce jour est capitale !

 « Voulez-vous partir vous aussi ? »  Cette parole peut nous surprendre et en même temps, elle devrait nous rassurer. Jésus n’oblige pas les disciples à Le suivre ; tout simplement, parce que Le suivre doit être un acte d’amour et un acte de foi ! Nous ne pouvons pas aimer sous la contrainte. Personne ne peut aimer par obligation. Dieu nous veut profondément libres pour que nos choix soient librement décidés et discernés ! Voilà notre réponse à l’appel de Dieu !

Alors, en quelques mots, que se passe-t-il dans ce 6° chapitre de Saint-Jean ? Depuis quelques dimanches, après l’épisode de la multiplication des pains, nous sommes confrontés à un dialogue difficile entre Jésus et une foule en attente d’être rassasiée, une foule pas tout à fait ajustée à l’enseignement reçu dans la synagogue de Capharnaüm. Ce dialogue aboutit à cette déclaration surprenante de Jésus : « Si vous ne mangez pas ma chair et si vous ne buvez pas mon sang, vous n'aurez pas la Vie en vous ! » Ces paroles laissent perplexes ses auditeurs, comme nous pouvons l'entendre dans l'évangile d'aujourd'hui : « Cette parole est rude ! Qui peut l'entendre ? », disent-ils.

Jésus insiste en soulignant à nouveau l'importance de ses paroles : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie »... Tout est dans la confiance en Jésus ! « Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas » dit-il. Littéralement, certains refusent cette confiance.

L'évangéliste nous dit qu'à partir de ce moment-là, il y a une sorte de rupture et beaucoup de ses disciples cessèrent de l'accompagner... Ils s'en vont. 

Même si certains aspects du projet de Dieu peuvent nous échapper,

nous sommes à l'heure du choix !

Régulièrement, il faut donc choisir, re-choisir le Seigneur, il nous faut re-choisir son chemin de Salut, re-choisir notre confiance en Lui… Nous le savons bien, ce n'est pas toujours simple, car les vents contraires sont nombreux, car d'autres chemins peuvent nous paraître bien plus séduisants : Choisir et rechoisir le Seigneur !

C'est ce dont témoigne chacune de nos trois lectures de ce jour.

- Ce choix n'est pas nouveau ! Nos ancêtres dans la foi y ont déjà été confrontés. Quand les israélites sont revenus d'Égypte (première lecture), les cultes des populations locales les ont interpelés : il y avait les dieux des Amorites, et puis plus loin, les dieux de Mésopotamie... il a fallu, à un moment donné, que Josué les accule à choisir en leur demandant : « S'il ne vous plaît plus de servir le Seigneur, choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir ! » Déterminez-vous !Remarquez que, toujours aujourd’hui, dans notre société, bien des faux dieux sont présents et nous détournent du Seigneur !

- La deuxième lecture de saint Paul (un texte qui a fait couler beaucoup d’encre), fait retentir cette invitation libre à entrer dans la dynamique de l’amour qui transforme et qui donne la vie : être capable d’aimer jusqu’au bout, à l’exemple de cet amour radical auquel Paul invite les époux. L’analogie est forte entre l’amour des époux et l’amour du Christ pour son Église !

- Dans l'évangile, après le départ de ceux qui ne sont pas prêts à entendre ces radicales et surprenantes paroles, Jésus interroge ses plus proches, les douze Apôtres : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Que répondez-vous ? La réponse de Pierre est immédiate : elle est un acte de foi et d'abandon ! 

Ne nous trompons pas ! Pierre et les apôtres ne comprennent sans doute pas plus que les autres ce que signifie vraiment : « manger la chair du Fils de l'Homme et boire son sang ». C'est bien plus tard qu'ils comprendront dans la Pâque de Jésus, que l’Eucharistie est un don, qu’elle est « source et sommet » de toute vie chrétienne ! Nous-mêmes nous le savons et pourtant, il nous faut du temps pour le comprendre et l’accepter.

Pour l'instant, les apôtres sont dans une démarche de confiance, humble et vraie : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu ! »

Les paroles de Jésus restent les mêmes qu'il y a 2000 ans, et le chemin des disciples d'aujourd'hui - c’est-à-dire des disciples que nous sommes - reste fondamentalement le même que celui des Apôtres... Peut-être même qu’à certaines occasions compliquées ou douloureuses de mon existence, ai-je pu hésiter et même momentanément abandonner le Seigneur. Peut-être ai-je aussi entendu au fond de mon cœur : Alors, veux-tu partir, toi aussi ? Dans un élan de conversion, c’est mon cœur et mon intelligence qui retourne à Dieu dans un acte de foi et de confiance.

Bref, choisir et re-choisir de suivre Jésus sur son chemin surprenant d'amour, d'abaissement et de don pour la vie du monde n’est pas toujours simple ; mais à qui irions-nous ? Nous savons bien que nous ne pouvons pas obtenir le salut avec nos propres forces ! 

Chers amis, comme vous le faites en étant présents à cette Eucharistie, vous montrez que, dans votre quotidien, vous avez fait et refait ce choix de ‘manger la chair du Fils de l'Homme et de boire son sang...’ de choisir Jésus, ce vivre cette communion intime à Lui, de devenir son visage, sa présence, au sein de votre famille, de notre société et dans votretravail, dans vos amitiés, dans notre paroisse et nos services… dans tout ce qui remplit notre existence. Merci ! Votre présence est une réponse à l’appel de Dieu. C’est bien sûr, pas à pas, humblement, parce que Dieu nous appelle que nous avançons personnellement et ensemble. Quelle joie de se savoir appelés ! Ce sont ces choix, ces décisions qui font notre joie et comblent notre existence ; ils nous donnent d’avancer jour après jour, appelés par le Père à suivre son Fils dans la force de l’Esprit.

Voilà la grâce qui nous est donnée et redonnée aujourd’hui !

Que Dieu soit béni ! Puissions-nous Le suivre en toute occasion !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 28 juillet 2021, 17e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 13, 44-46. Livre de l’Exode 34, 29-35. Psaume 98.

 

Le Seigneur nous propose, dans l’évangile d’aujourd’hui, deux paraboles sur le Royaume. Elles sont comme deux facettes de cette réalité que nous recherchons. 

Avant d’entrer plus avant dans les détails de ces deux paraboles, il peut être bon de relever un premier point commun entre elles. Dans l’une comme dans l’autre, Jésus parle du Royaume comme de quelque chose que l’on acquiert, quelque chose d’extérieur à nous, qui n’a pas besoin de nous pour exister, mais qui peut devenir nôtre. 

Cela nous apporte déjà une signification : le Seigneur nous révèle que l’être humain n’a pas par lui-même, ni seul ni collectivement, le pouvoir de créer ou de mettre en place le règne de Dieu. Fondamentalement, nous ne pouvons que le recevoir !

D’après les paraboles de ce jour, son Royaume n’est pas totalement gratuit ; comme nous le dit l’évangile, il faut acheter le champ, acheter la perle ! Et en plus, cela coûte cher : pour l’acquérir, il faut vendre tout ce que l’on a ! Qu’est-ce que cela signifie pour nous ?

Il nous faut l’admettre : le Royaume de Dieu se mérite. Si en même temps, il est offert à tous, pour pouvoir user de ce trésor, il faut en quelque sorte « l’acheter », en devenir le « possesseur ». On ne peut accéder aux richesses du Royaume sans être disposé à sacrifier les biens de la terre. 

Là encore se posent de nouvelles questions : pourquoi et pour quoi ? 

Pour accueillir le Royaume, il est possible que certains biens terrestres soient ou deviennent dans le temps, un obstacle. Ces biens terrestres peuvent être simplement un attachement trop fort à ce monde-ci. Nous aurons donc des choix à réaliser, des biens auxquels il nous faudra renoncer ! ! Mais attention ! Il n’est pas forcément question d’argent, mais d’une disponibilité de cœur ! Nous le savons bien, il s’agit d’aimer Dieu par-dessus tout, nous aimer nous-mêmes et les autres pour l’amour de Dieu ; telle est la condition nécessaire pour entrer dans le Royaume de Dieu. L’amour ne s’achète pas !

C’est ainsi que nous pouvons comprendre, dans ces deux paraboles, qu’un délai puisse exister entre le moment de la découverte et le moment de la décision. Je peux découvrir le trésor dans ce champ ou cette perle magnifique, mais le temps que je réalise et que je fasse le choix de l’acheter : c’est le temps de la conversion, le temps du changement ! 

Déjà, nous avons identifié notre trésor, notre perle précieuse : c’est le Christ !

Nous n’aurons pas trop de tout le reste de notre vie pour détacher notre cœur de toutes sortes de biens terrestres (je le redis : pas uniquement les avoirs financiers… la jeunesse, les passions, le confort…) afin d’entrer en possession de l’héritage promis. 

Le temps de la conversion varie d’une personne à une autre, mais le but est le même : c’est le désir du Ciel, désir d’être avec notre Seigneur.

Il y a encore un élément dont je n’ai pas parlé : c’est la joie éprouvée par celui qui a découvert le trésor. 

Pourquoi cette joie ? Parce qu’il sait qu’il a découvert ce qui peut constituer la fin, le terme ultime de toutes ses recherches conscientes ou non, ce qu’il désire de tout son être : cela est source de joie ! 

Prions Dieu pour qu’Il fortifie en nous le désir de son Royaume ! 

C’est la grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous, ce matin. 

Seigneur, donne-moi de désirer être avec Toi pour toujours, dans ton Royaume !   

     Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 26 juillet 2021, 17e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon St Matthieu 13, 31-35. Livre de l’Exode 32, 15-24.30-34. Psaume 105.

Une graine de moutarde est semée dans un champ, un peu de levain qu’une femme va enfouir dans trois grandes mesures de farine : voilà comment Jésus décrit le Royaume de Dieu qu’Il est venu instaurer. Comment comprendre ce que Dieu veut nous dire ?

Il explique par des paraboles, comment ce royaume grandit et croît dans le cœur d’une personne et dans une communauté. Ce qui est certain, c’est que les graines de moutarde ne sont presque pas visibles. Elles sont très petites, mais si on les soigne bien et si on les arrose... elles finissent par se transformer en un arbre immense. L’exemple de la levure est assez précis et concret ; la levure ne se voit pas non plus, mais si elle n’était pas mélangée à la pâte, celle-ci ne lèverait pas. N’imaginons pas un Royaume de Dieu qui serait d’un coup stable, comme figé, non ! C’est un monde en croissance.

C’est donc avec ces images tirées d’une expérience humaine humble et quotidienne que Jésus explique ce qu’Il est venu mettre au monde et à quoi est comparable le Royaume de Dieu. L’image que nous pouvons retenir du Royaume de Dieu est celle d’une réalité qui est en croissance.

Il en est de même du disciple, c’est-à-dire pour chacun de nous. On ne voit pas forcément l’action d’un chrétien. Le vrai disciple est celui qui agit sans qu’on ne le voie ni le remarque, sans artifice ou esbroufe. Il s’insère dans son milieu de vie, là où on a le plus besoin de lui, rendant ce milieu plus humain, plus chaleureux et fraternel, plus digne et convivial ; un sourire ne se voit pratiquement pas, mais il peut illuminer une pièce … Le disciple apporte son énergie pour que le royaume se développe et que Jésus soit connu. Mystère du Royaume de Dieu qui nous est déjà donné de découvrir !

Bref, pour qu’une graine de moutarde pousse, il faut d’abord avoir l’audace de la planter et prendre soin de l’arroser. Il faut notre petite part pour que la grâce de Dieu entre dans nos vies. Dit autrement : le Royaume de Dieu ne peut pas se réaliser sans notre participation.

Cet évangile prend une saveur particulière en ce jour où nous faisons mémoire des saints Anne et Joachim. Ils ont vu, eux aussi, la détresse de notre monde et appelé le Sauveur de tous leurs vœux. Ils ont su accueillir, modestement dans leur vie, celle qui portera l’enfant de la Promesse : Marie, celle que Dieu avait préparée depuis toute éternité pour accueillir Jésus.

Joachim est un nom qui veut dire : « Dieu a fait lever » en Hébreux et Anne : « Dieu fait grâce ». Dans ces deux prénoms, nous retrouvons le sens même de l’évangile et ce que Jésus veut nous donner : faire lever en nous la grâce de Dieu.

Dans le terreau magnifique de leur espérance, Anne et Joachim ont permis que Dieu Lui-même prenne ses racines dans le champ de notre humanité. Grâce à leur docilité au dessein de Dieu, grâce à leur obéissance, au temps opportun, Dieu a relevé Israël dans la puissance de sa Résurrection et nous a donné Jésus, le Christ Sauveur.

Frères et sœurs, la grâce que nous donne à vivre l'Église aujourd'hui est donc une grâce de foi et d'espérance. C’est Dieu qui est à l’origine de tout, c’est Lui qui agit mais cela ne peut pas se faire sans nous.

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 21 juillet 2021, 16e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 13, 1-9. Livre de l’Exode 16, 1-5.9-15. Psaume 77.

 

Frères et sœurs, si avant de venir dans notre église, vous avez pris le temps de lire les textes de ce jour, sans doute avez-vous découvert la thématique, du moins une idée persistante qui apparaît dans ces différentes lectures. En effet, en les lisant, personnellement dans la prière, j’ai compris que nous sommes invités à trois attitudes : regarder le passé avec action de grâce, vivre le présent avec passion, intensément, et préparer l'avenir avec espérance

Je vais développer ces trois attitudes maintenant avec vous :

1- Regarder le passé avec action de grâce. Au risque d’idéaliser, il ne s’agit pas de croire que le passé ait été plus beau ou meilleur qu'aujourd'hui. Dans la première lecture, dans le livre de l’Exode, nous entendons les récriminations du Peuple hébreu ; alors même qu’ils étaient esclaves, ils ont vu la Puissance de Dieu contre les Égyptiens ! Et pourtant, ils récriminent : « Dans le désert, toute la communauté des fils d’Israël récriminait contre Moïse et son frère Aaron. Les fils d’Israël leur dirent : Ah ! Quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! » La réponse de Dieu sera la Manne donnée dans le désert et cette puissance à offrir ce qu’il faut pour nourrir son peuple à la fois naturellement et spirituellement ! 

Dieu ne nous abandonne pas ! Gardons cette affirmation en mémoire !

2- Il nous faut vivre le présent en ce monde avec passion, avec intensité, sans nous laisser enfermer dans les souvenirs d'autrefois et les constats parfois éprouvants de notre actualité ! Le présent est un instant unique ! Nous sommes invités à un engagement audacieux dans ce présent  avant qu’il ne passe ! C’est bien la Mission que nous recevons dans notre art de vivre chrétiennement ! Comment, en tant que chrétiens, vivons-nous chaque instant à la fois ordinaire et extraordinaire, comme un cadeau où notre liberté peut vraiment s’exercer ?

Le point d'appui de l’espérance chrétienne, c'est toujours l'initiative d'amour que Dieu a prise à l'égard du monde : le semeur est sorti pour semer. C’est ce que nous avons entendu dans l’évangile ! Là aussi, Dieu ne nous abandonne pas ! Dieu ne cesse de semer, de sortir pour nous rencontrer. Il sème ses grâces à tout vent en espérant qu’une bonne terre puisse les accueillir. Quelle terre sommes-nous ? Quelle terre voulons-nous être ?

La sortie du Seigneur est vitale pour nous ! Le Fils est sorti du Père "pour nous, les hommes et pour notre salut", pour semer la parole qui rejoint l'homme et l'appelle au salut. 

3- C’est pourquoi il nous faut regarder l’avenir avec espérance ! Il nous faut arrêter de regarder au sol avec tristesse, mais lever les yeux ! L’initiative de Dieu continue génération après génération ; encore aujourd’hui, Il suscite les hommes et les femmes nécessaires pour que sa Parole soit entendue, vécue, et qu’elle porte du fruit à raison de 100, ou 60, ou trente pour 1, et au-delà même de nos espérances, même si, à notre niveau, nous n’arrivons pas à tout saisir dans l’instant donné !

Frères et sœurs, gardons au moins pour aujourd’hui, cette triple attitude : 

Regardons le passé dans l’Action de grâce,

Vivons le présent intensément et avec passion,

Préparons l'avenir avec espérance

Dieu ne nous abandonne pas ! Que nous en soyons conscients ou non, Dieu est toujours à l’œuvre !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 19 juillet 2021, 16e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon St Matthieu 12, 38-42. Livre de l’Exode 14, 5-18. Cantique (Exode 15).

 

À plusieurs reprises, les évangiles rapportent cette scène avec les scribes et les pharisiens demandant un signe à Jésus, un signe venant du ciel : un signe qui rende la foi plus évidente et, bien sûr, plus facile. Nous sommes parfois nous-mêmes dans cet esprit de demande, et même de réclamation ; c’est une tentation courante !

Or, Jésus répond toujours négativement à cette demande. Effectivement, si vous relisez les synoptiques, vous pourrez constater que la réponse est sensiblement la même :

  • chez saint Marc (Mc 8, 11-12), d'une manière absolue, Jésus dira : « En vérité je vous le dis, il ne sera pas donné de signe à cette génération » ;
  • ou bien, en répondant, comme chez saint Matthieu et saint Luc (Lc 11, 29), en reportant le signe à la fin des temps : « lors du jugement », et dans ce cas interviennent, jumelés, les personnages de Jonas et de la Reine de Saba, qui renvoient, l'un à la mission prophétique, l'autre à la sagesse de Salomon. 

Dans sa réponse aux scribes, que nous lisons aujourd'hui dans l’évangile de saint Matthieu, Jésus ajoute une autre précision en lien avec le personnage de Jonas. Celui-ci est valable non plus seulement pour la fin des temps, mais pour la génération du Christ et pour tout le temps de l'Église, c’est-à-dire pour nous aussi, aujourd’hui : « Le Fils de l’homme restera de même au cœur de la terre trois jours et trois nuits ». Seulement trois jours et trois nuits, puis Il sortira de la mort, comme Jonas fut rejeté par le monstre marin. L’annonce est devenue réalité, comme nous le proclamons chaque dimanche et jour de fête, dans notre Credo ... « Le troisième jour, il est ressuscité des morts ». Voilà le « signe » de la résurrection qui nous est donné !

N’est-ce pas là, en effet, le signe majeur pour notre foi chrétienne : un geste qui nous dévoile la puissance de l’amour de Dieu ?

Ce signe est aussi pour nous l’assurance que la vie et l'amour auront le dernier mot. C’est cette certitude que nous ne sommes pas faits pour la mort, mais bien pour la vie !

Cette certitude est là ! Nos forces peuvent nous quitter, la maladie peut nous déposséder de la santé. Même si chaque jour raccourcit notre existence, même si, en nous, l'homme extérieur s'en va en ruines, nous le savons, nous sommes faits pour la vie éternelle ! C’est le cœur de notre foi ! Dieu nous aime et veut que chacun de nous soit auprès de Lui pour la Vie éternelle. Là est notre espérance !

Si l’accent est donné pour la fin des temps (c‘est-à-dire dans le monde à venir), la parole de Jonas et de la Reine de Saba garde pour nous, chrétiens, toute son urgence pour maintenant : 

  • Nous sommes invités à l’urgence de la Conversion !
  • Nous sommes invités à reconnaître, en Jésus, la sagesse du Père et son projet de Salut !

Frères et sœurs, puissions-nous demander, très simplement, un surcroît de foi, de ne plus réclamer sans cesse de signes et de marcher vraiment dans la confiance et l’espérance en Jésus !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 18 juillet 2021, 16e dimanche du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, Collégiale saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 6, 30-34. Livre du prophète Jérémie 23, 1-6. Psaume 22.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 2, 13-18.

 

Chers amis, à la fin de l’été, début septembre, une question vous sera sans doute posée et vous n’y échapperez pas. C’est à peu près celle-ci : qu’as-tu fait pendant tes vacances ? Où es-tu allé ? Était-ce bien ? Vous allez répondre et peut-être même vous expliquer. 

Que vos vacances aient été passionnantes ou non, en tant que chrétien, d’autres questions peuvent être posées : as-tu pris le temps de te ressourcer ou d’évangéliser ? As-tu pris le temps de prier ? As-tu pris le temps d’une retraite ? As-tu pris le temps de parler de Jésus ? As-tu eu des moments d’échange et de partage sur la foi ? Alors, qu’as-tu fait ? Quelle sera votre réponse ? Je ne le sais pas encore ! Mais je peux vous dire qu’annoncer Jésus aujourd’hui est toujours source de joie intérieure, joie à partager avec l’autre et aussi avec le tout Autre ! Il y a une vraie et simple satisfaction de témoigner de notre foi, d’oser parler du Seigneur !

C’est ce qu’ont fait les Douze qui reviennent donc tout joyeux de leur première mission. Jésus les a envoyé porter la Bonne Nouvelle, enseigner et guérir ceux qui étaient malades ! Selon les consignes de Jésus, ils étaient partis deux par deux pour proclamer partout qu'il fallait se convertir, chasser les démons et guérir les malades. Les consignes de Jésus étaient simples, sobres, efficaces… Ce sont toujours les mêmes aujourd’hui. Même un sourire derrière nos masques fait un bien fou à celui qui le reçoit !

Les Disciples-Missionnaires sont donc de retour ! Oui, ils sont heureux, certainement, mais sans doute, harassés de fatigue après cette longue tournée. Pourquoi ? La mission est prenante, fatigante, hier comme aujourd’hui ! Il y a des résistances et ce n’est pas toujours simple ! C’est pourquoi, à l’invitation de Jésus, ils vont essayer de prendre un peu de repos, à l’écart, auprès de Lui ! 

Ce passage d’évangile de saint Marc est intéressant, car il nous fait réfléchir sur quatre étapes importantes de l’apostolat du Chrétien-Missionnaire quatre étapes que je vous propose de vivre aussi durant cet été :

 

1 - Être disciple du Christ, c’est quitter son canapé, sa chaise longue, son bien-être ou un certain confort, bref : c’est se laisser désinstaller, se laisser envoyer en mission par le Christ !

Ce n’est pas notre mission, elle ne nous appartient pas ! Le Chrétien a naturellement cette responsabilité ! En mission, nous ne faisons pas une propagande pour notre compte, pour nos idées ou nos options. Par notre baptême, notre consécration religieuse ou notre sacerdoce, ensemble, nous sommes envoyés par Jésus, et nous Le représentons. Dès leur retour, les Apôtres viennent relater à Jésus tout ce qu’ils ont fait. Certains vont peut-être me dire qu’ils n’ont pas cette audace !

Saint François de Sales, ici même, dans la Collégiale saint André, a enseigné : « En mission, ne parle du Christ que si on t’interroge, mais vis ta vie de façon à ce qu’on t’interroge. » Nous sommes donc des témoins, déjà dans notre façon de vivre ! Dans notre quotidien, certaines attitudes, certains gestes peuvent interpeller les personnes que nous rencontrons et nous inviter à un échange. 

 

2 - Soyez fatigué par de la bonne fatigue… 

Je m’explique… Pour le dire simplement, on peut distinguer deux types de fatigue :

  • Celle de celui ou celle qui a marché longtemps pour accomplir sa mission. C’est celle des Apôtres, des disciples-missionnaires, la fatigue de la mission ; c’est une vraie et une bonne fatigue… C’est, par exemple, la fatigue de Jésus qui le fait s’assoir au bord du puits de la Samaritaine… 
  • Mais, il y a une autre fatigue : celle des brebis qui sont accablées, perdues et sans repère, affolées ! Saint Marc dit que : « Jésus eut pitié d’elle, car elles étaient fatiguées comme des brebis sans berger » (Mc 9,36). Dans sa compassion, c’est cette fatigue que Jésus voit et observe ! C’est la fatigue de celles et ceux qui sont égarés, paumés, cabossés par la vie, et qui sont sans boussole et sans direction dans leur vie. Beaucoup me disent combien cette fatigue est encore plus éprouvante. Peut-être l’avez-vous déjà vécue dans des moments difficiles?

 

3 - Pendant l’été, prendre le temps de recharger les batteries… pour garder le cap …

Comment faire ? “Faire du vide, pour faire le plein de Dieu“ ! Permettez-moi un conseil d’ami ! Essayez de mettre un peu  de côté tout ce qui peut vous embarrasser ! Ne transformez pas vos vacances en marathon ! Ne vous inventez pas un programme de fou ! L’invitation de Jésus est simple : « Venez à l’écart, dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. »  Durant ces vacances, fixons-nous volontairement des temps de repos avec Dieu, sous peine de nous épuiser spirituellement et nerveusement. La prière est tout aussi indispensable que l’air ou l’eau.  Il nous faut donc discerner l’essentiel de l’accessoire ! Pourquoi ne pas choisir de passer quelques jours de retraite dans un monastère pour nous mettre à l’écoute de Dieu avec la prière de frères et de sœurs ?

 

4 - Ce n’est plus nous, c’est le Christ qui agit et parle par nous !

Pour oser une parole, il ne nous est pas demandé d’être des savants ou des théologiens. Jésus nous demande simplement de partager ce que nous vivons avec Lui, d'être ouvert aux rencontres, attentifs aux personnes que nous allons rencontrer. Jésus nous montre l’exemple : « Saisi de pitié : il se mit à les instruire longuement. » Pourquoi ? Parce qu’elles sont dans une attente, dans une recherche, un éclairage… Nous avons souvent des difficultés à comprendre le sens de notre existence et nous faisons le constat d’une ignorance Le premier service que rend Jésus à ces foules désorientées, c’est de les : « ré-orienter » vers la lumière, de leur enseigner le sens profond de leur vie, de leur redonner un cap, une joie de vivre et une espérance. Cette Parole éclairante, c’est d’abord Lui-même, sa personne. Nous aussi, nous avons besoin de nous réorienter ! Laissons donc Jésus nous enseigner et nous éclairer et si possible, prenons le temps de conduire celles et ceux que nous rencontrerons jusqu’à Lui.

              En ce temps d’été traditionnellement consacré aux vacances (du moins pour ceux qui peuvent en prendre), il est bon de nous mettre à l’école du Christ !

              Il faut donc recharger nos « batteries spirituelles et physiques », sans quoi nous ne serons pas capables d’éclairer nos propres chemins et de garder le cap de la Mission, et d’être de vrais témoins pour tous ceux qui nous entourent ! Soyons donc disponibles à ces quatre étapes en nous mettant à l’école du Christ.

  • ·                   Se laisser désinstaller, se laisser envoyer par le Christ. 
  • ·                   Être fatigué de la bonne fatigue
  • ·                   Pour garder le cap … Prendre le temps de recharger les batteries
  • ·                   Avoir l’audace de témoigner pour redonner le sens et ré-orienter. 

Chers frères et sœurs, bon été Missionnaire et bon été de repos en Christ !                     

                                                                                                                                  Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 14 juillet 2021, 15e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon St Matthieu 11, 25-27. Livre de l’Exode 3, 1-6.9-12. Psaume 102.

 

Je vous propose ce matin un petit commentaire de la 1re lecture en Exode 3.

Que se passe-t-il ? Au beau milieu de sa vie quotidienne, Moïse, un berger, plus exactement un chevrier dans le désert du Sinaï, voit soudain quelque chose d’inhabituel : un buisson qui brûle, mais qui ne se consume pas ! Cette apparition le fascine et le trouble. Il fait donc un détour. Il s’approche, voulant regarder de plus près. Il s’avance vers le buisson, ouvert à l’inattendu !

  • Un buisson dans le désert ! Voici une première indication pour aller à la rencontre du Seigneur. Devant à l’inattendu, avoir cette disponibilité pour s’arrêter – au lieu de continuer son chemin – s’approcher, faire un détour, dans une attitude d’ouverture, et aussi de juste curiosité…
  • Ce texte peut me renvoyer vers des expériences dans ma propre vie : pas forcément devant un buisson, mais dans d’autres lieux qui m’interpellent, parfois me surprennent et qui m’invitent à m’approcher, à faire un détour ; au cours de cet été, pourquoi pas un monastère, une montagne, une rencontre…

Une voix interpelle Moïse : « Retire tes sandales, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Ex 3, 5).

« Le lieu où tu te tiens » ! Voilà une parole surprenante pour Moïse, en plein désert, au beau milieu de son travail quotidien de chevrier ! Pourquoi une « parole surprenante » : parce que Dieu parle bien d’une « terre sainte ». Quand on entend « terre sainte », on pense plus facilement à la terre où Jésus a vécu : Israël, la Terre sainte ! Ou à un lieu de pèlerinage, un sanctuaire, une chapelle… Frères et sœurs, est-ce que le sol de notre vie ordinaire peut devenir « terre sainte » ? Nos rues, les places que nous traversons, nos maisons, nos lieux d’engagement ? « Terre sainte », car le Seigneur y est présent ; le Seigneur nous y parle à chaque instant de notre vie.

  • Pour toucher cette terre sainte, Dieu met une condition : il faut enlever ses sandales ! Les chaussures sont parfois un symbole de notre statut, un signe de prestige… Dieu demande : « Enlève-les ! » Littéralement, laisse ton statut, laisse ce qui te protège, laisse les lieux où tu te mets à distance, parce que Dieu veut te parler, ici !
  • C’est l’invitation à me déchausser de manière plus symbolique que nous pouvons l'entendre ici : laisse tes idées préconçues, tes jugements ! Me déchausser (c’est-à-dire me mettre pieds nus), c’est aussi devenir vulnérable, entrer dans un chemin d’humilité, de détachement. Ce peut être parfois un peu douloureux quand le sol est accidenté… 

Une fois ses chaussures retirées, Moïse peut accueillir la révélation de Dieu : entendre sa voix, reconnaître sa présence. Dieu se présente comme le Dieu de ses pères : un Dieu qui connaît l’histoire de sa famille, un Dieu qui chemine avec son peuple, un Dieu qui entend la prière et les cris de son peuple ; comprenons que Dieu n’est pas lointain ni extérieur à nous-mêmes, mais proche de notre histoire, de notre vie ordinaire.

Et Dieu appelle Moïse à une mission particulière, à libérer son peuple : « Va ! Je t’envoie » ; « Tu feras sortir d’Égypte mon peuple. » C’est un appel à guider le peuple sur un chemin de liberté… Par la rencontre de Dieu, on devient missionnaire !

Dieu appelle, Il compte sur chacun, sur chacune de nous. Il nous fait confiance pour vivre la mission qu’Il nous confie ; ces missions sont multiples : annoncer sa Parole, vivre la fraternité, comprendre ce pour quoi je suis fait, entendre le projet de salut de Dieu pour chacun de nous et comprendre que cette vie terrestre est un pèlerinage vers le Ciel ! 

Dieu nous appelle à nous mettre en route à notre tour. 

Au cours de ce jour, prenons le temps de laisser résonner ce récit en notre cœur ce texte : la surprise toujours nouvelle d’une rencontre avec Dieu, l’exigence d’enlever nos sandales, de nous dépouiller un peu ; reconnaître la révélation de Dieu ; entendre un appel, son appel pour moi…

Prenons le temps, aujourd’hui, de la rencontre avec Dieu !        

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 12 juillet 2021, 15e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon Saint Matthieu 10, 34 à 11,1. Livre de l’Exode 1, 8-14.22. Psaume 123.

 

En ce chapitre 10e, saint Matthieu a regroupé en un même discours, un bon nombre de consignes de Jésus, concernant à la fois, la mission chrétienne et le style de vie des missionnaires chrétiens : c'est un peu la conclusion de ce discours que l'Église nous fait lire aujourd'hui.

         Comme vous l'avez remarqué, ces quelques versets sont centrés sur l'idée d'accueil ; mais l'accueil peut être vu à plusieurs niveaux.

Il y a d'abord l'accueil des envoyés de Dieu.

            « Qui accueille un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète. » 

       Autrement dit : celui qui accueille les messagers de Dieu - le message de Dieu, les suggestions de Dieu, la manière de faire de Dieu - voit venir dans sa vie une fécondité inespérée. Par cette disponibilité, c’est le don de Dieu accordé par le prophète. 

Mais un accueil plus fondamental se situe à un autre niveau : celui de notre relation directe au Christ Sauveur comme une réponse à toutes nos recherches de paix ! Dans cette recherche, il nous faut comprendre que tout n’est pas au même niveau.

          « Celui qui aime son père ou sa mère, son fils ou sa fille, plus que moi, n'est pas digne de moi », c'est-à-dire qu’il n'est pas au niveau d’amour avec ce que je lui offre, dit Jésus. 

Attention, pas de contresens ! le Christ ne cherche absolument pas à déprécier, ni même à relativiser les affections familiales. Lui-même, au moment de mourir sur la Croix, se soucie encore de sa mère.

 Au fond ce que nous cherchons : c’est aussi l’accueil total du Christ dans une plénitude de Paix !

Nous rêvons de cette paix, pourtant nous entendons : « N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix » (v34). Telle qu’on la comprend ordinairement, la paix serait comme un rêve où tout ne serait que beauté et harmonie, sans heurts ni pleurs. C’est ce que nous désirons vivre ! Or la paix du Christ est bien autre chose.

C’est une certitude de foi d’être aimé de Dieu et d’être entre ses mains quoiqu’il puisse arriver ; nous savons bien qu’il peut nous arriver toutes sortes de choses ou d’événements pénibles, mais gardons dans notre cœur que tout pourra se traverser avec Lui : les divisions, les décisions difficiles, les épreuves.

La paix du Christ n’est donc pas un état à atteindre comme quelque chose qui nous serait donné de façon définitive, elle se donne en chemin. C’est une étincelle pour éclairer notre nuit, un tremplin pour aller plus loin. 

Frères et sœurs, si vous en avez le temps, je vous invite à relire cet évangile et peut-être à réfléchir sur ces deux phrases que je vous propose en conclusion :

  • On n'aime jamais autant que lorsqu'on aime en Dieu.
  • On ne peut être en Paix que lorsqu’on la reçoit de Dieu dans notre chemin à la suite du Christ   

Bonne méditation à chacun !                                                                                                                   

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 7 juillet 2021, 14e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon St Matthieu 10, 1-7. Livre de la Genèse 41, 55-57.42, 5-7.17-24a. Psaume 32.

 

Il y a à la fois quelque chose de solennel et d’émouvant que d’essayer d’imaginer le défilé de ces douze visages et d’entendre résonner le prénom de chacun. Ils sont tous différents et à ce titre, nous pouvons peut-être découvrir un peu de nous-mêmes dans chacun d’eux. Nous pouvons même nous identifier, de manière privilégiée à tel ou tel apôtre, parce qu’il nous ressemble ou que ressentons une certaine affinité avec l’un d’entre eux. 

Pierre était vif, intuitif et entreprenant ; Jean, plutôt contemplatif et rapide à la course ; Thomas, rationnel et pragmatique ; Jacques, dévoué au bien de la communauté ; Barthélemy, fidèle et discret ; Philippe, empreint de sagesse ; Simon et Thaddée, des révolutionnaires zélés ; Jacques et son frère, un peu sanguins ; Matthieu, prompt à décider ; enfin, Judas calculateur sans aucun doute…

Voilà à quoi ressemblait l’Église, cette communauté des douze Apôtres ; voilà à quoi elle ressemble encore aujourd’hui : une communauté variée, au casting déroutant. Ce qui unit tous ces hommes, en dépit de leurs différences, de leur culture, de leur tempérament et de leurs options politiques, de leur engagement, c'est leur foi en Jésus-Christ

C’est sur ce seul critère que Jésus envoie les Douze en mission dans le monde. 

Dans l’évangile d’hier, Jésus était ému jusqu’aux entrailles, saisi de compassion envers les foules parce qu’elles étaient « désemparées et abattues comme des brebis sans berger » (Mt 9, 36). Étonnamment, la première réponse de Jésus à la détresse du monde, c’est nous : nous parce que nous avons la foi. 

Face à cette détresse, le Christ aurait pu envoyer des thérapeutes, des médecins, des psychologues, des écoutants, une catégorie de personnes qualifiées en santé physique et mentale... Mais non ! Certes, ces métiers sont importants, mais le plus urgent selon le Fils de Dieu, c’est d’apporter au monde la lumière de la foi

Aujourd’hui encore, du moins, en occident, l’État doit faire tout son possible pour garantir la santé du plus grand nombre. Cela est important et nécessaire ! Mais à en croire Jésus, la mission de la communauté chrétienne est plus importante encore. Elle seule est en mesure de témoigner de la foi en Jésus-Christ. Elle seule, en Église, est en mesure d’apporter ce qui est déterminant pour l’avenir de l’humanité et ses enjeux. 

Frères et sœurs, il est bon et nécessaire de méditer quelques instants sur la grandeur de notre mission et comment nous sommes, nous-mêmes, en Mission ; témoins, comme les Apôtres, ni meilleurs ni moins bons. C’est bien ce qu’ont fait et réalisé dans une grande diversité et de charismes, de nombreux chrétiens à la suite du Christ Sauveur ! 

Posons-nous la question ! Et nous, aujourd’hui, que faisons-nous ?

Quelle est notre mission en Église ? Quel envoi, quel appel avons-nous reçu, par le Christ, en ce monde pour aujourd’hui ?

Bonne méditation dans la prière !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 5 juillet 2021, 14e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon St Matthieu 9, 18-26. Livre de la Genèse 28, 10-22a. Psaume 90.

 

Ce matin, si vous me le permettez, je vais relire avec vous la première lecture, l’histoire de Jacob relatée dans le livre de la Genèse au chapitre 28e. Jacob était parti de Beersheba et se dirigeait vers Harane (une longue marche de plus de 700 kilomètres en plein soleil). À la fin du jour, il s'arrêta à l'endroit où il était, pour y passer la nuit ; il prit une pierre pour la mettre sous sa tête, et c'est là qu'il dormit. Il eut un songe.

Il faut se rappeler que ce patriarche était alors un homme en fuite pour trahison contre son père, Isaac et Ésaü, son frère. Peut-être vous rappelez-vous comment Jacob avait réussi à recevoir cette bénédiction qui était réservée à son frère ainé. Il est donc dans l’angoisse ; sa vie est incertaine. Fatigué, il s’endort.

Il eut donc un songe. Quand la Bible nous parle d’un songe à différents moments, il faut le comprendre comme étant différent d’un rêve ! Un songe, c’est Dieu qui parle ! Rappelez-vous, celui de Joseph dans le premier Testament et celui aussi de Joseph, époux de Marie, et bien d’autres.

Dans ce songe, Jacob voit une échelle dressée sur la terre, et son sommet touche le Ciel ; il voit des anges de Dieu qui montent et descendent (Gn 28, 12-13). Le Seigneur se tient proche et lui dit : « Je suis le Seigneur, le Dieu d'Abraham ton père, le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je te la donne, à toi et à tes descendants. »

Si le songe du petit-fils d’Abraham a connu une telle postérité, c’est parce qu’il appelle de tous ses vœux un pont entre Dieu et les hommes, une bénédiction qui descende sur la terre, un passage qui nous ouvre les portes du Ciel. L’échelle du songe de Jacob résume, avec des mots simples, l’attente messianique du peuple juif. Ce peuple était suffisamment humble et meurtri pour comprendre avoir besoin d’être sauvé de la mort, et suffisamment spirituel pour attendre ce salut de l’Auteur de la vie. Tout bon juif connaît parfaitement ce songe.

 

Pour nous, ce matin, comment mieux comprendre ce texte ?

Les anges qui montent et qui descendent introduisent le patriarche à l’accueil de la présence de Dieu, de sa force transcendante, de la grâce et de la bénédiction qui viennent d’En-Haut. Ils montent et ils descendent : ils sont les messagers de Dieu ! Jacob ne va pas s’évader de sa réalité terrestre ; mais celui-ci, par les anges, va désormais converser, dialoguer avec les réalités plus élevées. Il peut comprendre sa mission et surtout, lui qui est pécheur, la miséricorde sans retour de Dieu.

Voilà aussi ce que font les anges, pour nous, aujourd’hui encore : ils ne nous détournent pas de la vie terrestre, mais ils nous aident à dialoguer avec le Ciel. Ils tournent notre regard vers le Ciel. Cependant, il faudra bien plus que les anges pour que l’homme découvre la présence de Dieu trois fois saint.

Jésus - qui est en personne, le dialogue de la Terre et du Ciel – va dès le début de l’évangile de saint Jean, se révéler à Nathanaël, par cette même évocation : « Vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme ». (Jn 1,51)

« Vous verrez le Ciel ouvert », dit alors Jésus. Dans les trois autres évangiles, le moment où le Ciel s’ouvre, c’est au baptême du Christ ; le Ciel s’ouvre quand Jésus est reconnu comme le seul qui permet aux anges de monter et de descendre jusqu’à nous, et à nous d’aller jusqu’au Ciel.

La réalisation de cette échelle de Jacob va prendre une réalité nouvelle, au moment du baptême de Jésus. Le ciel s’ouvre, la voix du Père se fait entendre et notre regard se tourne, à nouveau, vers le Père.

Celui qui relie le Ciel et la Terre, c’est Jésus. C’est Lui le « Pont » par excellence ! Lui qui est vrai Dieu et vrai homme relie, dans son unique personne, le Créateur et la créature.

Voilà, en quelques mots, ce que nous pouvons retenir du songe de Jacob !

Frères et sœurs, je vous invite à nouveau, en cette période un peu plus calme pour certains d’entre nous, à relire au moins le chapitre 28e du livre de la Genèse et le premier chapitre de l’évangile selon saint Jean.

Laissez résonner ces phrases en vous et que l’Esprit Saint nous inspire !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 4 juillet 2021, 14e dimanche du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 6, 1-6. Livre du prophète Ezéchiel 2, 2-5. Psaume 122.

2e lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 7-10.

 

Chers amis, les textes de ce jour sont passionnants et j’espère que vous avez pu prendre un peu de temps pour les lire et les savourer avant de venir à cette eucharistie. Permettez-moi, pour bien les comprendre, de commencer cette homélie par un petit rappel !

La plupart d’entre nous ont reçu la grâce du baptême et, par le baptême, nous participons pleinement à la mission de Jésus. En effet, le sacrement du baptême nous confère une triple mission : « prêtre, prophète et roi ». Nous recevons l’onction de l’Esprit Saint par l’huile parfumée (le Saint Chrême) pour nous reconnaître enfant de Dieu et participer à sa mission.

Donc, par ce baptême reçu, chaque baptisé rend témoignage de Jésus-Christ par toute sa vie quelque soit sa situation et son âge : enfant, adolescent, adulte, célibataire ou marié, veuf, consacré, malade ou bien-portant. 

Par la prière, le baptisé rend vivant Jésus au sein de sa vie familiale, dans sa vie professionnelle, bref dans chaque instant de son quotidien. Cela n’a rien d’extraordinaire ! C’est le sacerdoce commun reçu par tous les chrétiens à l’image du Christ tête de l’Église. 

Si le Christ est la tête, nous sommes le corps de l’Église.

  • Si la tête participe à la Mission d’Annonce du Salut de Dieu, nous aussi, corps du Christ, assemblée de l’Église, nous participons à la mission. 
  • Nous sommes donc aussi des « prophètes en mission » !

 

Être prophète, c’est parler au nom de Dieu pour faire connaître ses volontés, son projet de Salut, 

sa présence et son amour indéfectibles pour tous ceux qui l’accueillent.

À la suite du Christ, nous avons pour mission d’annoncer la Parole de Dieu à nos frères et sœurs en humanité. 

Nous connaissons bien les effets de la grâce baptismale ! Cependant, il me semble important de nous rappeler que nous sommes tous envoyés comme prophètes.

Revenons aux lectures de ce jour ! Elles sont bien plus graves que celles que nous avons entendues il y a huit jours : Guérison de la femme aux pertes de sang et le retour à la vie de la fille de Jaïre.

Qu’apprenons-nous aujourd’hui ? 

  • Le prophète sait qu’il va au-devant des contradictions, c’était la première lecture. 
  • Jésus connaît l’échec dans son propre village de Nazareth, c’est l’évangile. 
  • Saint Paul, lui, raconte comment il a été humilié et contredit, dans le récit de la deuxième lecture.

 Cette eucharistie veut donc m’aider à accepter ma mission de prophète, mais aussi mes échecs et les contraintes avec humilité et confiance. En même temps, entrons dans une espérance nouvelle, car : « lorsque je suis faible, c’est alors que, avec Jésus, je suis fort », comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture. Nous le savons : « Le disciple n’est pas au-dessus du Maître ! »

« Jésus est parti pour son pays ». C’est une cruelle déception qui l’attend dans son village. À son sujet, au début, les gens n’expriment que des louanges : « Il prêche comme jamais homme n’a prêché. Il fait même des miracles et des signes prodigieux ! »

On s’attendrait donc à ce que, dans la synagogue, parmi les siens, ce soit la fête, et même une très grande fête et un accueil fraternel. Eh bien non, ce n’est pas ce qui se passe ! L’enfant du pays est mal accueilli. En effet, ses compatriotes ne peuvent imaginer un seul instant que « le charpentier », « le fils de Marie » puisse être celui qu’on dit qu’il est, ni qu’il réalise ce qu’on dit qu’il fait. Ils pensaient très bien connaître Jésus ! Et l’évangéliste précise qu’ils « étaient profondément choqués à son sujet.» 

Voilà la scène que saint Marc nous présente. Mais nous pourrions nous demander : « en quoi cela m’intéresse-t-il ? » Eh bien, cela nous amène à nous interroger : Qui est Jésus pour moi ?  

Sans doute allez-vous me répondre : « Oh, Jésus ! Oui, je le connais bien. J’ai été au catéchisme, depuis mon enfance, j’ai entendu parler de Lui. J’ai fait ma première communion, ma profession de foi et certains même (peut-être pas tous) peuvent dire : j’ai reçu le sacrement de confirmation. J’ai même lu les évangiles (du moins en partie), je vais à la messe, et je connais les principaux épisodes de la vie de Jésus, je Le prie… » Donc, oui, nous croyons Le connaître. 

Mais, frères et sœurs, permettez-moi une question : 

Avons-nous réellement rencontré Jésus ?

Avons-nous cherché à mieux Le connaître, à Le fréquenter dans la prière et dans la rencontre de nos frères ? Voulons-nous devenir son ami, l’ami de Jésus ; vivons-nous une amitié particulière et vraiment personnelle avec Lui ? Est-ce que j’ai le désir de Lui parler “d’ami à ami“ ? La rencontre de Jésus, c’est toujours l’émerveillement d’un amour toujours neuf, enthousiasmant, pressant, à la fois doux et intense.

Nous voici donc, frères et sœurs, interpellés, nous qui sommes du pays, de la famille, de la maison de Jésus, de sa parenté, devenus ses frères et sœurs depuis notre baptême. Avons-nous gardé la capacité de nous émerveiller avec des yeux toujours neufs sur ce qui fait la nouveauté de l’autre (aussi bien celle de Jésus comme celle de nos frères et sœurs), de sa capacité à changer, à se renouveler, à se donner. Le risque n’est-il pas de l’enfermer dans nos idées toutes faites ou dans un « prêt à penser » ? 

En nous posant toutes ces questions, nous sommes, en réalité, au centre de notre foi et de la réalité de notre baptême. Ces questions nous sont posées et nous sommes invités à y répondre :

  • Car, nous aujourd’hui, en tant que chrétiens, nous arrive-t-il d’être étonnés et dérangés dans notre foi, comme ces habitants de Nazareth ? 
  • Et dans ce cas, comment réagissons-nous ? Est-ce que nous nous contentons d’une réponse rapide, qui, d’un revers de main, nous rassure ? Ou plutôt sommes-nous capables de nous interroger ?
  • Ou bien, en reconnaissant notre faiblesse, sommes-nous prêts à laisser Jésus changer notre regard et notre cœur ? 
  • Sommes-nous prêts à nous laisser emmener plus loin, dans une aventure incroyable avec Lui, dans une foi vraiment vivante, avec pour seule sécurité la présence de Jésus Sauveur ?
  • Voulons-nous être des prophètes à notre manière, là où nous sommes : oser une rencontre, échanger un mot avec un ami ou un collègue de travail qui éclaire, qui ouvre l’esprit, qui m’ouvre à l’Esprit Saint. Car à ce moment-là, lorsque nous essayons de témoigner, pour peu que nous le fassions dans la prière, ce n’est plus nous, c’est Dieu qui parle et agit à travers nous.

Les lectures de ce jour nous provoquent, nous posent beaucoup de questions et dans un certain sens nous rassurent lorsque nous entendons les difficultés et les contradictions qu’ont vécues tant Jésus que saint Paul.

Frères et sœurs, en cette période peut-être un peu plus calme, prenons le temps de vérifier la qualité de notre relation à Dieu, de Lui redire combien nous L’aimons et combien nous désirons Le suivre.

Assumons pleinement notre mission de prophète pour Lui, aujourd’hui dans notre monde !

Que l’Esprit Saint nous éclaire, qu’il nous revitalise et nous donne l’audace d’être les témoins du Christ !

Demandons cette grâce pour chacun de nous, ici rassemblés, pour nos familles, pour notre paroisse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 30 juin 2021, 13e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon St Matthieu 8, 28-34. Livre de la Genèse 21, 5.8-20. Psaume 33.

 

Chers amis, voilà un évangile intéressant pour notre édification spirituelle ! Nous sommes au 8e chapitre dans l’évangile selon saint Matthieu.

Vraisemblablement, ce récit se situe dans l’une des villes de “la Décapole”, ces dix villes qui bordent le lac de Tibériade. La Décapole était une région dont la population était très mélangée. Beaucoup de païens y vivaient, des adorateurs d’autres dieux, donc des mangeurs de porcs. 

L’une de ces dix villes s’appelait Gadara. En montant vers cette cité depuis le lac de Tibériade, on traverse une zone escarpée, sans doute est-ce la “falaise” dont parle l’évangéliste saint Matthieu. Des grottes y étaient creusées à même la roche. Ces grottes étaient souvent des tombeaux, désaffectés ou non. C’était aussi le refuge peu fréquentable de nomades, de brigands et de marginaux. 

Jésus traverse donc le lac de Tibériade pour arriver en terre païenne. 

C’est ici qu’habitaient deux personnes un peu sauvages, des possédés, qui s’en prennent à Jésus d’une façon surprenante, car elles disent la vérité : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu pour nous tourmenter avant le moment fixé ? »

Le vocabulaire employé est lui aussi surprenant. Le « moment fixé », terme biblique très précis chez saint Matthieu, est le temps du « jugement dernier », quand le Christ reviendra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts. Comme souvent dans l’évangile, les deux possédés sont doués d’une clairvoyance mystérieuse. Ils comprennent, avant l’heure, que Jésus est le Fils de Dieu et ils l’interpellent : « Pourquoi viens-tu ici, en terre païenne, alors que le jour où les nations seront jugées n’est pas encore arrivé ? »

Le dialogue très instructif qui suit est important pour notre vie spirituelle. Ces ennemis de Jésus cherchent à négocier avec le Christ. Littéralement : “Si nous ne sommes pas avec toi, laisse-nous vivre au milieu de ces animaux impurs”. Un choix est posé !

Ainsi en va-t-il de tous nos marchandages avec le Seigneur, quand nous demandons à Dieu qu’Il nous laisse tranquille, avec telle facilité, telle demi-mesure, telle zone d’influence, telle compromission. C’est un peu comme si nous osions demander à Dieu : « Laisse-moi le droit de vivre avec telle ou telle faiblesse, tel ou tel péché. Ne me demande pas de tout lâcher de mes mauvaises habitudes… Seigneur, permets-moi de garder ma zone de confort, mon "refuge" loin de toi et loin des hommes… »

Mais, on ne marchande pas avec Dieu qui sauve. La suite du récit le montre clairement : les démons iront dans les porcs, et les porcs se précipiteront dans la mer. 

 

Que pouvons-nous retenir de cette page hautement spirituelle ? 

Cet évangile nous apprend que le compromis n’est pas compatible avec le Salut définitif.

Si chacun de nous porte un vrai désir de conversion… nous risquons bien de rester pécheurs jusqu’à notre dernier souffle ! Malgré cela, avons-nous un réel désir de Dieu, le vrai désir d’être avec Lui pour toujours ? 

Notre salut ne peut pas être dans la demi-mesure. Jésus est le chemin, la vérité et la vie et, pour Le suivre, il nous faut jeter à la mer tout le troupeau de nos misères et garder en nous le désir d’être avec Lui pour toujours. 

Que Dieu nous aide à y parvenir et qu’Il suscite en nous cette passion amoureuse pour Lui ; c’est la grâce que nous pouvons demander ce matin, pour chacun de nous, pour nos familles, pour les personnes auxquelles nous pensons et pour le monde ! 

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 28 juin 2021, 13e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon St Matthieu 8, 18-22. Livre de la Genèse 18, 16-33. Psaume 102.

 

« Laisse les morts enterrer leurs morts. » 

Il est possible que certains d’entre vous soient choqués en entendant Jésus prononcer ces mots. Que se passe-t-il dans ce texte ?

Voici deux candidats à la suite du Christ.

Le premier, un scribe, un érudit, sans doute enthousiasmé par le Sermon sur la montagne qu’il vient d’entendre et émerveillé par les premiers miracles de Jésus (guérison d’un lépreux, du serviteur d’un Centurion et de la belle-mère de Pierre), s’approche de Jésus. Voyant les disciples s’embarquer avec Jésus pour aller sur l’autre rive du lac, le désir, l’envie peut-être, le poussent à lui déclarer sa flamme : « Maître, je te suivrai partout où tu iras. »

Or, Jésus n’est pas comme les Rabbins juifs que leurs disciples choisissent pour maître. Les évangiles rapportent comment, au début de sa vie publique, Jésus invite mystérieusement ses premiers disciples avant l’appel définitif : de fait, c’est toujours Jésus qui appelle : « Toi, suis-moi ! »

Ici, le scribe n’est pas spécialement appelé par Jésus ; il se propose de lui-même. Jésus ne décourage ni n’encourage ce volontaire, il reste neutre ; il le met, simplement, en face de son mystère : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » En effet, devenir disciple de Jésus est exigeant : c’est marcher derrière Celui qui monte à Jérusalem pour y subir la Passion. Jésus, nous le savons, ne reposera sa tête que sur la croix.  

Pour bien lui préciser celui qu’il veut suivre, pour la première fois dans les évangiles, Jésus se nomme lui-même le « Fils de l’homme ». Ce titre renvoie au Messie transcendant dans le livre de Daniel, au chapitre 7 (révélations prophétiques)

Le plus souvent, Jésus va employer ce titre glorieux dans un contexte d’abaissement, de souffrance, comme dans les trois grandes annonces de sa Passion ; il veut ainsi laisser pressentir à ses plus proches que le Fils de Dieu sera un Messie souffrant, dans la lignée du serviteur souffrant en Isaïe dans les chapitres 52,13 et 53,12. 

Fin connaisseur de l’Écriture, le scribe a dû bien saisir ce que Jésus voulait lui dire. L’exaltation de ce scribe s’est-elle refroidie à l’annonce du dépouillement radical qui attend tout disciple du Christ ? Saint Matthieu ne le dit pas !

Le second candidat semble moins détaché. Il demande à celui qu’il appelle Seigneur, la permission d’enterrer d’abord son père. Mais : « Suis-moi ! » lui dit Jésus sans acquiescer à sa requête. En disant cette phrase surprenante : « Laisse les morts enterrer leurs morts », Jésus ne supprime pas le quatrième commandement de Dieu (Honore ton père et ta mère) : Il manifeste que les impératifs du Royaume l’emportent sur tous les autres. 

On peut aussi comprendre autrement cette phrase ! Jésus ne demande pas au disciple de ne pas enterrer son père, bien évidemment. Il lui dit en quelque sorte : « dans cette épreuve du deuil, suis-moi, va vers plus de vie. Accepte qu’une part de toi-même meure en enterrant ton père, afin de pouvoir renaître à la vie. »  

Quand Jésus nous appelle à Le suivre, c’est toujours pour un surcroît de vie !

Si tu veux me suivre, si tu veux te mettre à mon service,

Si tu veux annoncer l’évangile, « choisis donc la vie » !

 

Le Christ est le chemin, la vérité et la vie ! (Jn 14,6)

Puissions-nous, tout au long de ce jour, faire le choix du Christ, choisir la Vie, avec Lui et pour Lui !

                                                                                                                                  Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 27 juin 2021, 13e dimanche du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 5, 21-43. Livre de la Sagesse 1, 13-15.2, 23-24. Psaume 29.

2e lettre de saint Paul aux Corinthiens 8, 7.913-15.

 

Permettez-moi une homélie d’un style un peu différent pour une relecture d’un évangile particulier, une sorte d’explication de texte ! L’épisode de ce jour est relaté dans les trois Évangiles synoptiques – Marc Matthieu et Luc – c’est dans cette version de saint Marc que ce récit est le plus développé.

Avant d’entrer dans ce récit, je vous propose un petit mot sur les deux personnages principaux :

- Le chef de la synagogue, tout d’abord. Il s’appelle Jaïre ; ce n’est pas un responsable spirituel comme pourrait l’être un rabbin, mais c’est quand même un notable : sa maison spacieuse et ses nombreux domestiques témoignent de la place qu’il occupe dans la vie locale ; 

- La femme malade ensuite ; à la différence de Jaïre, elle vit en marge de la société, parce que sa maladie l’a rendue impure. Il faut rappeler ici le contexte religieux de l’époque. La Torah stipule que lorsqu’une femme a une perte de sang, elle devient automatiquement impure, et que quiconque a un contact avec une telle femme devient lui-même impur pour le restant de la journée ! De plus, le sang revêt un élément vital ! Perdre son sang, c’est la vie qui s’écoule et se perd ! Cela fait donc douze ans que cette femme est exclue de la vie religieuse et sociale à cause de sa maladie. Pour mettre fin à son exclusion, cette femme a cherché à se faire soigner par de nombreux médecins qui lui ont pris son argent, mais tous ont échoué ; elle a dépensé tout son argent en pure perte ! 

Un homme et une femme ! Un notable qui a un nom, et une femme exclue dont on ne sait rien : elle est sans nom. Tout semble montrer que ces deux personnages n’ont absolument rien en commun… apparemment ! Pourtant, quand on regarde de plus près, ce chef de synagogue et cette femme malade ont plusieurs points communs :

- Tout d’abord, et c’est le premier point commun, ils sont mystérieusement reliés l’un à l’autre par un nombre symbolique, le nombre douze : la fille du chef de la synagogue a douze ans et la femme malade se trouve dans cet état, elle aussi, depuis douze ans. Ce chiffre douze exprime beaucoup de choses : les douze tribus, les douze Apôtres…

- Ensuite, c’est le deuxième point commun, tous les deux font preuve d’une grande audace, une audace qui sera récompensée. On n’attend pas d’un chef de synagogue, un notable, qu’il se tourne vers un guérisseur, et pourtant il le fait. On ne s’attend pas non plus à ce qu’une femme en état d’impureté brave tous les interdits en se mêlant à la foule et en touchant un homme ; de surcroit un homme qui est un rabbi, et pourtant elle le fait.

- Et puis, troisième point commun, et sans doute le plus important, nos deux personnages viennent interrompre le cours normal des événements : le chef de la synagogue fait prendre à Jésus un chemin qu’il n’avait pas prévu, il le fait venir chez lui pour qu’il guérisse sa fille, et la femme le fait s’arrêter sur son chemin lorsqu’elle touche son vêtement ! Notons bien que c’est la foi de ces deux personnages qui provoque cette série d’évènements qui vont interrompre Jésus dans sa marche.

Remarquons la grande disponibilité de Jésus ! Il montre une souplesse dont nous ne savons pas toujours faire preuve nous-mêmes. Il se laisse interrompre sur son chemin ; Il se laisse déplacer ! 

De fait, ce récit est une suite d’évènements et d’interruptions. Il s’en rajoute encore une, la dernière, qui est dramatique : celle de la mort qui vient interrompre la vie de cette jeune fille. Les domestiques viennent annoncer au maître de maison : « Ta fille vient de mourir ! » ; à quoi bon faire déplacer Jésus ? Voilà le verdict lourd de conséquences annoncé par les domestiques de Jaïre.

Jusque-là, Jésus s’est laissé faire, Il n’a pas été maître de son emploi du temps, Il a subi toutes ces interruptions. Mais il se produit un tout dernier rebondissement, dont Il sera l’instigateur, car à la fin, c’est la mort qui se trouve elle-même interrompue ! Elle est interrompue par la Vie qui reprend ses droits. 

Si vous lisez ce récit avec attention dans la prière, vous constaterez que cet évangile n’est en fait rien d’autre qu’un récit pascal ; il nous parle de vie et de retour à la vie. C’est bien là-dessus que notre texte insiste, car il nous est dit, à la fin, que la jeune fille se lève alors qu’elle était endormie dans la mort. Si le verbe choisi en grec est celui que la première Église utilisait pour parler de la résurrection, Jésus précise quelque chose d’important : Il parle de la mort comme d’un sommeil provisoire !

Jésus est précis ! Cette annonce de vie et de résurrection à venir est pour tous, cette bonne nouvelle est pour Jaïre, ce notable, elle est aussi pour cette femme exclue. L’évangéliste veut nous faire comprendre que Jésus est Maître de la Vie ! Cette espérance de vie présente et à venir est pour chacun de nous, qui que nous soyons : riche ou pauvre, en bonne santé ou malade…

Pour terminer, notons la force et le sens de cette dernière scène !  Jésus va dans la chambre dans laquelle repose la dépouille de cette jeune fille et prend avec Lui deux témoins, Il lui prend la main et lui dit : « Talitha koum ! » Aussitôt la jeune fille se lève et se met à marcher. Et pour bien montrer que la vie est revenue, Jésus ajoute : « Donnez-lui à manger ».

Jésus lui a donné un surcroit de vie terrestre et les pleureuses ont cessé de se moquer. 

Que veulent nous dire les textes de ce dimanche ? « Dieu n’a pas fait la mort » nous redit le livre de la Sagesse en première lecture ! L’évangile nous parle de la réanimation de cette jeune fille, comme dans l’épisode de la réanimation de Lazare. Mais attention ! Dans ce contexte pascal, au-delà de notre temps terrestre, c’est bien à une autre connaissance à laquelle Jésus veut nous inviter. Notre mort ne termine pas la vie que Dieu veut nous révéler. Il veut nous faire participer, âme et corps, corps et âme, à sa Vie, à sa gloire. Car Dieu veut que l’homme soit un vivant, et ce n’est ni la mort ni le Diable qui l’en empêchera (Sg 2,24) !

Chers amis, la Bonne Nouvelle est là ! Au jour de la Résurrection, à la fin de notre temps terrestre, jour qui demeure caché dans le secret de Dieu, la main du Ressuscité saisira la nôtre, et chacun de nous l’entendra dire : « Lève-toi », « Talitha koum ! »

Chers amis, au milieu de nos inquiétudes, de toutes nos attentes, de toutes nos petites morts, il nous faut réentendre le Christ nous redire comme à Jaïre : « Ne crains pas, crois seulement ! » Pour cela, Il nous invite à sa table pour prendre la nourriture à la fois spirituelle et essentielle ; Il nous invite lui-même à l’Eucharistie, pour le temps que nous vivons sur cette terre, en attendant la Résurrection finale !

Frères et sœurs, voilà en quelques lignes ce que ce magnifique texte veut nous dire ; à chacun de nous, maintenant, de le relire, de le méditer, de le goûter et d’en vivre !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 23 juin 2021, 12e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon St Matthieu 7, 15-20. Livre de la Genèse 15, 1-12.17-18. Psaume 104.

 

Pour tous les jardiniers et amateurs de jardinage, les affirmations de Jésus dans cet évangile sont d'une telle évidence qu'on pourrait dire qu'elles sont simplistes. Mais il n’en est rien et, comme toujours, Jésus nous invite à aller un peu plus loin !

Je lisais, récemment, un écrit spirituel assez actuel qui écrivait à propos de notre monde : 

« Au début, le Diable est toujours gentil, séduisant, agréable. Ce n’est qu’après coup qu’on se rend compte que ce sont des monstruosités qu’il propose. » 

Cette phrase m’a frappé ; au début, le Diable se montre plutôt sympathique et désirable… c’est après qu’il se dévoile et apparaît tel qu’il est : terrible ! Au cours de son histoire, le peuple d’Israël a constamment été mis en garde contre les faux prophètes ; pourtant, ceux-ci n’ont pas manqué de se multiplier. Ces faux prophètes “viennent en habits de brebis”, de douces et avenantes brebis ; en fait, ils revêtent une apparence trompeuse pour masquer ce qu’ils sont en réalité. C’est là l’incise de Jésus dans cet évangile.

Jésus nous avertit une fois de plus : faites attention ! Discernez ! Débusquez le trompeur ! Mais, Il nous donne aussi le moyen de reconnaître ces faux prophètes. Son enseignement est toujours actuel. Il nous indique le seul critère infaillible pour identifier les vrais et les faux prophètes. Comment ? "Vous les reconnaîtrez à leurs fruits ! » La vérité et l'authenticité d'un croyant finissent toujours par ressortir, par passer par ses œuvres, par révéler ce qu'il est, ce qu'il cherche, ce qu'il a vraiment trouvé et qui, il annonce. Malheureusement, il faut souvent un peu de temps pour découvrir la vérité et c’est parfois un peu tard !

Encore de nos jours, notre Église a un devoir de lucidité, une tâche de diagnostic spirituel, cela lui incombe (d’où sa prudence, que certains pourraient lui reprocher !), mais ce discernement incombe aussi aux communautés chrétiennes, car nous vivons une période où les idéologies sont pléthores ! Beaucoup se disent prophètes, porteurs d'un message libérateur, interprètes inspirés des signes du temps présent, société liberticide… 

Il y a, aujourd'hui encore, comme au début de l'Église, de vrais et de faux prophètes, de bons prophètes et des prophètes de malheur. Il suffit de chercher un peu sur internet pour le constater… les détracteurs sont nombreux et les mensonges bien présents…

Comment pouvons-nous les reconnaître ? En tant que chrétien, c’est par notre capacité de réflexion, dans la prière et la confiance en Dieu que nous pouvons discerner. Comment savoir si ce prophète, celui qui se donne pour prophète, opère un véritable dévoilement, une mise en lumière du dessein de Dieu, ou si au contraire, il propose quelque chose qui pourrait y ressembler, mais qui est une réduction du mystère de Jésus ou un affadissement du sel de l'Évangile :

·     le faux prophète tourne, manipule et joue avec les promesses de Dieu ;

·     le faux prophète choisit son menu dans la Révélation et opère un tri dans les paroles de Jésus ;

·     le faux prophète confond la nouveauté de Dieu avec la nouveauté de ses propres théories ou de son langage; il réinterprète la Parole de Dieu, ou même pire, il la réécrit.

Saint-Paul, dans l’épître aux Galates nous dit ensuite à quels fruits nous reconnaissons un arbre bon : « … les fruits de l'Esprit, sont amour, joie, paix, patience, bienveillance, bonté, foi, humilité et maîtrise de soi » (v. 22-23). Voilà de bons critères pour discerner qui est la personne en face de moi !

Ne nous croyons donc pas spectateurs ou non concernés ! Quel arbre voulons-nous être ? Quels fruits voulons-nous porter ? N’avons-nous pas, depuis notre baptême, reçu cette mission de prophètes ? Que disons-nous du Christ ? 

Bonne méditation !                                                                                     

 Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 21 juin 2021, 12e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon St Matthieu 7, 1-5. Livre de la Genèse 12, 1-9. Psaume 32.

 

Chers frères et sœurs, voilà une page d’évangile très intéressante pour essayer de comprendre comment nous devrions être et agir en tant que chrétien. 

S’il y a incontestablement de la joie à être ensemble en ce lundi matin pour cette Eucharistie, ce serait pourtant bien naïf d’ignorer qu’il y a, entre nous, des différences irréductibles et que notre vie communautaire paroissiale pourrait connaître quelques tensions et même des conflits. Une communauté parfaite n’existe pas : simplement parce que nous ne sommes pas parfaits ! Ce n’est pas d’aujourd’hui ! Déjà, dans la première communauté chrétienne, il y a eu des difficultés, comme nous le montre l’exigence rapportée par l’extrait de l’évangile de saint Matthieu que nous venons d’entendre. Il s’adresse à la communauté chrétienne pour la régulation des relations entre « frères et sœurs » ; « Comment vas-tu dire à ton frère : “Laisse-moi enlever la paille de ton œil”, alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. » 

Cette exigence (et c’est même un commandement) invite à considérer notre vie personnelle et le fonctionnement de notre communauté chrétienne. Cette parole définit aussi une exigence personnelle. Elle a, de ce point de vue, deux versants :

Le premier versant nous invite à ne pas accabler de reproches ou de leçons de morale nos frères et nos sœurs. L’interdit posé par Jésus est clair. Il concerne la communauté chrétienne : ne pas dénoncer et ne pas donner de leçons, pour ne pas exclure. Cet interdit posé par Jésus est exigeant et sans doute difficile à vivre, tant nous sommes pressés de donner des conseils ou des leçons ! Une certaine pondération est nécessaire, car en donnant ces conseils, qui sait si mon œil voit clairement ? C’est pourquoi les leçons de morale de quelqu’un qui a une poutre dans l’œil sont celles d’un aveugle qui veut guider d’autres aveugles, comme le dit Jésus : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans un trou ? » (Luc 6,39)

Guider, conseiller, corriger un frère ou une sœur, même avec la meilleure volonté,

demande toujours une grande humilité, une juste connaissance de soi et une vraie disponibilité à l’Esprit Saint.

- La parole de Jésus a aussi un deuxième versant : elle nous demande donc de commencer par ce que l’on appelle aujourd’hui : « un travail sur soi », c’est-à-dire enlever ce qui nous empêche de voir clair. Ce travail commence par une disponibilité intérieure : écarter ce qui se déroule dans notre tête comme un tourbillon perpétuel qui peut fait écran et qui pourrait nous empêcher de voir avec justesse la réalité. Être au clair avec soi avant de commencer à proposer quelques conseils, quand bien même ils seraient judicieux !

Ainsi, pour vivre en amitié ou en fraternité, il nous faut accueillir l’autre, ne pas projeter nos propres opinions sur ce qu’il dit ou fait, mais faire l’effort de l’écouter ; ensuite seulement, prendre le temps de la réflexion en tenant à distance nos propres impatiences, voire nos colères. (« J’aimerais tellement que l’autre change et écoute ce que je suis en train de lui dire ! ») La parole qui naît alors est une parole qui doit construire et surtout ne pas détruire. 

Ce n’est pas simple, je le reconnais ! Pourtant, petit à petit, avec le temps, avec justesse, nous sommes tous capables d’écouter et d’aider autant que possible, notre frère et notre sœur.

Alors, pour ce matin, demandons au Seigneur de recevoir ces paroles avec un cœur ouvert, qui sait discerner, cela sans jugement hâtif et sans appréhension !

Demandons cette grâce pour chacun de nous, en aimant profondément, quoi qu’il ait pu faire, notre frère ou notre sœur.                                                

 Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 20 juin 2021, 12e dimanche du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon St Marc 4, 35-41. Livre de Job 38, 1.8-11. Psaume 106. 

2e lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 14-17.

 

 

L’Évangile de ce dimanche est celui de la tempête apaisée.  (Mc 4, 35-41)

Que ce passe-t-il ? Un soir, après une journée de travail intense auprès d’une foule nombreuse, Jésus monte dans une barque et demande à ses apôtres de passer sur l’autre rive, en territoire païen. Épuisé, Jésus, à peine monté dans la barque, s’endort à l’arrière sur un coussin. Soudain se lève une violente tempête. Les vagues violentes viennent se jeter dans la barque qui déjà, commence à se remplir. Très inquiets, les Apôtres réveillent Jésus en criant : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, Jésus ordonne à la mer de se calmer : « Silence, tais-toi ! », alors : « Le vent tomba, et il se fit un grand calme. » Jésus leur pose une question intéressante : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Cette question s’adresse, bien sûr, aussi à nous !

Les Pères de l’Église ont expliqué cette page d’évangile, à leur façon. 

Ce bateau, c’est notre histoire parfois ballotée par les vents. L’autre rive est une terre inconnue ; on sait peu de choses de cette terre-là. La traversée de la mer de Galilée indique aussi la traversée de la vie. La mer représente notre famille, notre communauté paroissiale, notre cœur lui-même : des petites mers, mais dans lesquelles, nous le savons, peuvent se déclencher à l’improviste, de grandes tempêtes. 

Qui d’entre nous n’a pas connu une de ces tempêtes ? Qui n’a pas vécu ces moments lorsque tout s’assombrit ? Alors, la petite barque de notre vie commence à prendre à l’eau de toutes parts, et nous pensons même que Dieu est absent ou qu’il dort ? 

Quelles peuvent être ces tempêtes ? Chacun d’entre nous en a vécu ; ce peut être :

·       Une réponse alarmante du médecin et nous voilà en pleine tempête. 

·       Un fils, une fille qui prend un mauvais chemin et fait parler de lui, et voilà les parents en pleine tempête. 

·       Une crise financière, une pandémie, la perte d’un travail, un amour déçu, la fin de l’amour du fiancé, ou du conjoint, et nous voilà en pleine tempête. 

Que faire alors ? À quoi ou à qui pouvons-nous nous rattacher ? De quel côté pouvons-nous jeter l’ancre pour éviter toute dérive ? Qui peut m’aider ? Jésus ne nous donne pas de recette magique pour éviter toutes les tempêtes de notre vie. Il n’a pas promis non plus de nous épargner toutes les difficultés ; Il nous a, en revanche, promit la force pour les surmonter, si nous la lui demandons. Reconnaissons-le, bien souvent dans ces situations difficiles, l’inquiétude, l’angoisse et la fatigue sont bien présentes !

Aujourd’hui, que nous enseigne cet épisode de la Tempête apaisée ? Qui est Jésus ?

- Une première chose qui nous frappe dans le récit de saint Marc est que Jésus est comme nous tous. Fatigué, épuisé, Il n’en peut plus ; Il a besoin de sommeil et de repos, Il n’échappe pas aux réalités de la vie ordinaire et courante, celle que nous vivons. 

Il y a donc une première chose que nous pouvons retenir dans le récit concernant Jésus : Il est bien homme ! Il est bien humain comme nous tous ! La nature divine ne paraît pas dans son aspect physique. S’Il était au milieu de nous, il est possible que nous ne reconnaissions pas sa divinité ! Jésus n’est pas un ‘superman’ : Il est entièrement homme. Après une intense journée de prédication, le soir venu, Jésus, épuisé, veut s’éloigner de la foule. Il est fatigué, Il cherche un peu de repos et Il s’endort sur le coussin à l’arrière de la barque. Les vagues, la tempête qui survient ne réussissent pas à le réveiller tellement Il dort profondément. Ce sont ses disciples affolés qui vont le réveiller en criant dans ses oreilles. 

- Et pourtant, Jésus est vraiment Dieu ! Une fois réveillé, Il agit et la réaction que les disciples ont retenue n’est pas celle d’un homme seulement. C’est la deuxième chose qui nous frappe, une deuxième facette de Jésus, que nous découvrons dans le récit de saint Marc. Jésus agit comme Dieu lui-même aurait agi. Il se fait le maître du vent et de la mer. Il leur commande : « Silence, tais-toi ! », et les éléments obéissent

Là, Jésus n’agit plus comme un homme ordinaire, la puissance de Dieu se manifeste en lui. Et c’est bien l’essentiel à retenir de cet épisode de la Tempête apaisée. Il ne s’agit pas de savoir si c’est possible : tout est possible à Dieu ! Ce qu’il y a d’essentiel ici, c’est que les disciples, à ce moment précis, perçoivent en Jésus une puissance qui lui vient d’ailleurs. C’est cette évidence qui marque profondément les disciples !

Jésus ici, révèle la toute-puissance de la présence de Dieu. Mais parce qu’Il est humain en tout, cette puissance reste cachée. Elle ne se révèle pas à tous, elle se révèle à ceux et celles qui s’approchent de Jésus par le cœur, dans la foi, c’est-à-dire ceux qui vont au-delà des apparences. 

Saint Augustin disait des Apôtres : « Ils ont connu l’homme, ils ont cru le Dieu en lui ». L’Apôtre Pierre le confessera au nom de tous en disant de Jésus : « Tu es le Christ Sauveur, le Fils du Dieu vivant ». 

Aujourd’hui, peut-être faisons-nous l’expérience de Jésus qui semblerait dormir dans notre vie … dans le monde… dans l’Église, ou en nous ? Une tempête, un tsunami …nous bouleverse et nous frappe de plein fouet… Et pourtant, Jésus est là toujours présent et puissant pour nous sauver et nous éviter d’être complètement submergés et de risquer une noyade !

C’est notre foi qui est sollicitée, qui a besoin de s’aviver, de se réveiller. Nous croyons que Jésus dort ? Non, c’est nous qui dormons ! 

Nous avons à faire et refaire l’expérience de la rencontre du Christ ! Nous laisser profondément toucher par le message et la personne de Jésus ! Oser se convertir de jour en jour. C’est en ouvrant notre cœur que, de plus en plus, nous découvrirons qui est le Christ pour moi, à la fois vrai homme et vrai Dieu. Nous découvrirons que Jésus est la porte et le chemin qui mène à son Père. 

Pour ce dimanche, retenons ceci : nous avons tous essuyé des tempêtes et nous allons, sans doute, en vivre bien d’autres, mais frères et sœurs, quelles que soient les tempêtes que nous vivrons, Jésus est présent, Il se laisse découvrir ! Il ne s’impose pas ! Il est là simplement, à la fois discret et en attente ! Il attend que nous fassions un bout de chemin avec Lui et que nous posions un acte de foi : « Voici que je me tiens à la porte, si quelqu’un m’ouvre, j’entrerai, je m’assoirai et je souperai avec lui » nous dit l’Apocalypse. 

Voulons-nous ouvrir notre porte ?

Frères et sœurs, dans cette Eucharistie (saint sacrifice de la messe) qui est le repas du Seigneur, prenons le temps de nous asseoir avec Jésus, de nous mettre à son écoute. 

La foi n’est pas le rêve d’une terre sans problème, d’une mer toujours calme ; la foi est de croire en Jésus avec confiance, de le savoir présent, de croire en son amour, de croire en sa Résurrection !

Demandons pour chacun de nous, en ce dimanche, un surcroît de foi afin que nous puissions, à travers nos joies et nos peines, continuer notre route avec Lui !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 14 juin 2021, 11e  semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 38-42. 

Deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens 6, 1-10. Psaume 97.

 

Frères et sœurs, il y a une question qui revient souvent, que j’entends régulièrement, soit sous la forme d’un constat, soit parfois sous la forme d’une critique ou … d’une boutade : le chrétien serait-il mou ? Serait-il trop gentil ou crédule ? Est-il sans réaction ? Est-il invisible dans notre société et juste bon à se faire critiquer ou moquer…

Saint Paul ne dit-il pas dans son exhortation aux chrétiens de Corinthe (c’est la lecture du jour) : « Veillons à ne choquer personne en rien ! » Avons-nous le droit de dire : « si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre ! »

Cette réaction pourrait nous offusquer ! Alors, comment comprendre cette attitude, car pour plus d'un d’entre nous, elle est souvent interprétée comme un signe de faiblesse ?

Que veut nous dire Jésus ? 

Pour mieux le saisir, il nous faut contempler Jésus et essayer de discerner ce qu’il vient radicalement renouveler et nous apprendre !

L'amour, dans le Christ, ne laisse pas la moindre place à la vengeance ni au désir d'infliger à l'autre la violence qu'il nous a faite. Cela se manifeste d'une manière excellente sur la Croix lorsque Jésus demande au Père de pardonner à ses persécuteurs au moment même où ils Le crucifient. 

Il nous faut, sans doute dans la prière, découvrir plus en amont ce que le Christ veut nous faire comprendre. Saint Paul affirme dans l'épître aux Éphésiens : « En sa personne, il a tué la haine » (Ep 2,16). 

Le témoignage de nombreux martyrs qui ont vécu la même chose nous apprend que cela n'est pas une fable ou une belle histoire pour enfants. 

Non ! L'amour peut nous transformer au point d'ôter de notre cœur toute trace de violence. C’est bien le but de l’amour ; ni violence ni rancune ! Voilà ce que le Christ veut nous apprendre !

Le Christ nous a laissé un modèle afin que nous puissions suivre ses traces. Saint Pierre, qui a vécu en profondeur cette transformation, dit du Christ : « Lui n’a pas commis de péché ; dans sa bouche, on n’a pas trouvé de mensonge. Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas, mais il s’abandonnait à Celui qui juge avec justice… Par ses blessures, nous sommes guéris », dit saint Pierre (1 Pierre 2,21-24). 

Cette victoire sur la haine, c’est ce que nous pouvons comprendre, découvrir et approfondir ; fût-ce au prix de notre mort, car la victoire ultime déracine le mal de notre cœur, nous ouvre à la vie éternelle et invite nos agresseurs à emprunter à leur tour ce chemin. Notre façon d’être, de vivre dans notre monde, est témoignage, même vis-à-vis de ceux qui voudraient nous offenser. 

Je ne sais pas trop quelles sont les images que nos contemporains peuvent avoir du chrétien ? Mais de fait, je sais et nous savons que nous sommes bien vivants, ancrés dans la société, certes souvent discrets, mais bien actifs, au service des uns et des autres. Il suffit de constater les œuvres de charité et d’entre-aide auprès de tous !

J’aime bien ce que dit saint Paul : « On nous croit mourants, et nous sommes bien vivants… on nous croit tristes, et nous sommes toujours joyeux… démunis de tout, et nous possédons tout. »

Présentons au Seigneur toute pensée de haine, toute vieille rancœur, et demandons-Lui de nous apprendre à aimer nos ennemis comme Il aime, et peut-être même en priant pour eux aujourd'hui ?

Demandons cette grâce pour chacun de nous, pour notre paroisse, nos familles et pour le monde !

Ainsi soit-il 

Homélie du dimanche 13 juin 2021, 11e  dimanche du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 4, 26-34. Livre du prophète Ézéchiel 17, 22-24. Psaume 91.

Deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 6-10.

 

Frères et sœurs, comme ces paroles sont réconfortantes ! Ce 11° dimanche est baigné d’un beau et agréable soleil, mais nous voilà, en plus, tout joyeux ! L’évangile nous parle du royaume de Dieu, non pas en termes de déclin, mais plutôt en termes de croissance !

Reconnaissons-le, à l’heure où nous avons été profondément ébranlés par cette pandémie et où nous ressentons peut-être encore un certain malaise dans ce monde où la foi s’étiole, où nous faisons le constat d’un véritable individualisme qui contredit le désir d’un vivre ensemble dans la fraternité… la Parole du Seigneur est claire, Il nous dit : « Faites attention ! Le Royaume de Dieu agit, que vous soyez éveillés ou que vous soyez endormis. » 

Le Royaume de Dieu agit. Le règne de Dieu est à l’œuvre, l’Esprit de Dieu est à l’œuvre.

C’est ce que nous montrent aussi les différentes célébrations : mariages, baptêmes, première communion, profession de foi… de ce week-end ; Oui ! Dieu est toujours à l’œuvre !

 Les textes d’aujourd’hui nous parlent du Royaume. Pour cela, l’évangile emploie deux images, deux images prises dans la nature ; des images sans doute plus simples à comprendre (sans être simplistes) que les mystères de la Trinité et de l’Eucharistie des deux derniers dimanches… quoique l’enjeu, si vous avez bien écouté, est ma participation, mon entrée dans le Règne de Dieu : notre désir « pour demeurer près du Seigneur », comme nous le dit saint Paul dans la 2e lecture !

Bref, nous entendons deux courtes paraboles très proches l’une de l’autre :

L’une nous donne l’image du blé, de ce blé qui pousse indépendamment de ce que fait le cultivateur. « Qu'il dorme ou qu'il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment. » Le cultivateur ne sait pas comment le Royaume se développe, cela échappe à sa conscience, mais de fait, l’Église grandit et le Royaume se développe.

L’autre parabole nous donne l’image de la moutarde, dont la graine est toute petite, mais qui produit une grande plante. J’ai eu la curiosité de voir une graine de moutarde, cette petite graine dont parle l’évangile ; à quoi ressemble-t-elle ? J’ai pu en tenir une dans la main ; elle est réellement minuscule ! Il faut, paraît-il, 750 graines pour atteindre le poids de 1 gramme ! À l’époque de Jésus, la graine de moutarde était la plus petite graine connue, mais une fois en terre, elle se développe tant et si bien que l’arbre potager qui naît de l’une d’elles peut atteindre jusqu'à 10 à 15 m de haut… si bien que, comme le précise l’évangile, des oiseaux peuvent y faire leurs nids.

Ces deux paraboles nous parlent de la croissance dans la nature. Pourtant, à l’œil nu, nous ne voyons rien, nous avons du mal à la percevoir. Mais, si nous ne la voyons pas, ce n’est pas parce qu’elle serait imaginaire, mais tout simplement parce que sa croissance est lente. Notre œil n’est pas capable de percevoir les mouvements très lents. Il est impossible de voir instantanément une plante grandir. Il faudra attendre le cinéma pour pouvoir découvrir image après image, le développement d’une plante ou d’une fleur en accéléré.

Alors, que nous disent ces deux paraboles sur le Royaume et cela s’adresse à chacun de nous ?

Il nous est proposé deux invitations à un « vivre » ensemble !

- Première invitation vivre ensemble dans la confiance dès ici-bas. Dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à avoir confiance plus que jamais. C’est sûr, nous voudrions habiter avec le Seigneur, mais nous sommes appelés à vivre avec Lui, déjà ici-bas et maintenant. Dans cet « ici et maintenant », que nous pouvons reconnaître que le Seigneur agit, reconnaître le Seigneur à l’œuvre et comment nous y pouvons y participer en Paroisse en annonçant la Parole de Dieu.

Cette attitude nous demande un surcroit de Foi. Alors, demandons-le ! Cheminons dans la Foi, comme nous le dit saint Paul. Frères et sœurs, que serions-nous sans la Foi ? Si nous avions un regard uniquement humain, à mesurer les statistiques, à regarder l’écosystème géopolitique et humanitaire du monde, nous pourrions, en effet, nous décourager. Mais non, Jésus nous invite à la confiance et Il nous dit aujourd’hui dans cette parabole :

« Prenez courage ! Que vous soyez éveillés ou endormis, que vos propositions trouvent un écho ou pas, l’œuvre de Dieu se réalise, et l’Esprit est à l’œuvre. »

- Deuxième invitation : vivre selon la disproportion. La deuxième parabole nous apprend une pédagogie particulière du règne de Dieu. Il s’agit de la disproportion, car il n’y a pas de commune mesure entre ce que nous pouvons faire, réaliser, et ce qui se produit effectivement. De même qu’il n’y a pas de commune mesure entre cette minuscule graine de moutarde - qui est la plus petite de toutes les semences du potager - et cette grande plante potagère dans laquelle les oiseaux du ciel viennent s’abriter.

La grâce nous entraîne dans un « au-delà », dans quelque chose de bien plus grand que ce que nous oserions demander et même rêver. Au fond, chaque sacrement est une pédagogie de la disproportion. 

Nous en prenons conscience en particulier au cours de l’Eucharistie : ce peu de pain et de vin transformés, durant la consécration, rendent le Seigneur présent Lui-même sur l’autel. 

Lorsque je suis amené à baptiser avec ces quelques gouttes d’eau, avec ces quelques paroles, une prière, un peu de saint Chrême, c’est émerveillé que je découvre :

  • La présence du Seigneur dans ce cœur d’enfant, dans ce cœur d’adulte, 
  • La présence de l’Esprit Saint, 
  • L’entrée dans cette Église, 
  • Que Dieu est Père et que, par ce baptême, nous sommes ses enfants bien-aimés… c’est énorme ! 

Quelle disproportion ! C’est celle de l’Amour de Dieu, de la surabondance de son Amour !

Vivre de cette disproportion, c’est demander au Seigneur d’avoir une Foi qui nous permette d’aller bien au-delà du visible et ce que l’on pourrait mesurer ; notre cœur ne perçoit pas tout…

Chers frères et sœurs, en ce 11e dimanche, osons vivre dans la confiance dès maintenant, et, en même temps, vivre selon la disproportion de Dieu, c’est-à-dire dans la démesure du projet de vie et d’amour de Dieu ! Le Seigneur nous donne tout, tout ce qu’Il est !

Je vous invite à relire ce texte ! 

Pour ma part, ce que je retiens, c’est que la Foi, c’est cela : reconnaître déjà dans le visible, la présence de l’invisible.

Frères et sœurs, rendons grâce à Dieu et demandons pour chacun de nous un surcroît de foi, de confiance et d’espérance ! Soyons émerveillés par l’action de Dieu !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 9 juin 2021, 10e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 17-19. 2e lettre de saint Paul aux Corinthiens 3, 4-11. Psaume 98.

 

Où en sommes-nous et à quel moment de l’évangile ? 

Nous nous trouvons dans le chapitre 5e de l’évangile selon saint Matthieu, juste après le discours génial, conséquent, époustouflant des Béatitudes. Nous sommes sur une des collines proches de Capharnaüm. Jésus vient d’exposer à ses disciples la Loi nouvelle de l’Évangile. De fait, c’est un tournant important et capital de son apostolat !

Attention ! N’interprétons pas trop vite ce texte ! Ce serait se méprendre d’entendre celui-ci comme une suppression de la Loi juive. En effet, Jésus l’affirme avec force et détermination : « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes… Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. » 

Autrement dit, Jésus n’est pas un révolutionnaire qui est venu réduire à néant la Loi juive. Il n’a pas condamné sa pratique. Il s’y est même conformé lui-même, par exemple, pour l’impôt du Temple (Mt 17, 24-27) ou pour la Loi de la Pâque (Mc 14, 12). Jésus le proclame lui-même d’une façon très claire : « Il n’est pas venu abolir, mais accomplir. »

Cela nous interroge : qu’est-ce que Jésus est venu accomplir ? Quel impact cela peut-il avoir dans ma vie chrétienne ? Quand Jésus proclame qu’Il est venu accomplir la Loi, cela veut dire qu’Il veut la mener à sa perfection, c’est-à-dire ce pour quoi elle a été créée. Dans les différents évangiles, Jésus rappelle que le plus grand des commandements est le suivant : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force, et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mc 12, 28-34/ Mt 22,37/ Lc10,27). 

Il insiste d’ailleurs en disant que dans l’observance de ce double précepte se résume en fait toute la Loi du Royaume. Ces deux commandements éclairent le fondement même de la Loi  !

Jésus montre donc ici que le principe qui doit sous-tendre la pratique de chaque précepte de la Loi est celui de l’Amour. Toutes nos actions, toute la façon dont nous nous y prenons pour les accomplir, notre façon de venir ce matin pour la messe, tout est sous-tendu par l’Amour ! Jésus est donc venu réorienter chaque observance de la Loi par rapport à sa finalité : l’Amour de Dieu, l’amour du prochain, l’amour de soi qui ne font qu’un. Cette finalité est donc le moteur de la pratique de la Loi en chacun de ses préceptes. Voilà en quoi consiste la perfection de l’observance de la Loi. C’est simple à dire, mais parfois, ô combien difficile à tenir dans le temps !

Cela, Jésus ne s’est pas contenté de l’enseigner. Il l’a lui-même vécu : ce n’est pas une théorie !

En donnant sa vie par amour pour nous, Jésus a conduit la pratique de la Loi jusqu’à sa réalisation maximale : la sanctification des hommes. Par son obéissance, Il a montré combien Il aimait le Père et par son sacrifice, combien Il aime chacun de nous. 

Double commandement de l’Amour !

Oui, en Jésus, nous contemplons l’accomplissement parfait de la Loi puisqu’en Lui se réalise pleinement le précepte : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force et ton prochain comme toi-même.» Jésus est le chemin !

Frères et sœurs, puissions-nous demander cette grâce pour chacun de nous de suivre Jésus dans nos actions, nos gestes, nos regards, nos paroles et les décisions que nous prendrons tout au long de ce jour !

                                                                                                                           Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 7 juin 2021, 10e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 1-12. 2e lettre de saint Paul aux Corinthiens 1, 1-7. Psaume 33.

 

Chers frères et sœurs, chaque verset des Béatitudes demanderait un commentaire conséquent tant ces paroles sont profondes et nous touchent intimement. Pour ce matin, je vous propose de nous arrêter simplement sur le 1er verset, quand bien même je vais en être frustré (et vous peut-être aussi !) car cet évangile est réellement magnifique !

« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. »

Ne faisons pas d’amalgame ou une mauvaise interprétation de cette parole ! Jésus ne dit pas : « Heureux ceux qui vivent dans la misère », Il dit : « Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre ! »

C’est tout à fait différent, car, à l'époque de Jésus, ce mot de "pauvre" (les Anawins en hébreu) avait déjà, dans son peuple, une longue histoire. Dans les textes les plus anciens, le pauvre était l'homme courbé, abaissé, incapable de résister et de tenir tête à l’oppresseur ; littéralement : celui qui devait toujours céder face aux puissants.

Ainsi la première béatitude de Jésus ne s'adresse pas précisément aux mendiants, aux indigents, mais à tous ceux qui ont un cœur assez pauvre pour se retrouver humble et digne devant Dieu, confiants pour recevoir de Lui seul, la force et l'espérance. Voilà comment nous pouvons comprendre le mot “pauvre“ dans la Bible.

Durant les siècles qui précèdent la venue du Messie, ce peuple élu, par son histoire d’égarements et de retour à Dieu, découvre cette pauvreté qui ne peut que l’encourager à crier vers son Créateur.

Nous retrouvons l’expression de cette pauvreté du cœur, particulièrement dans le chant des psaumes qui rythmaient la prière de Jésus et de ses disciples.

Par exemple, dans le psaume 47 :

« Un pauvre crie ; le Seigneur entend : Le Seigneur entend ceux qui l’appellent, de toutes leurs angoisses, il les délivre. Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu ».           

Ou encore, dans le psaume de ce jour, le psaume 39, nous entendons :

« Je suis pauvre et malheureux, mais le Seigneur pense à moi. Tu es mon secours, mon libérateur : mon Dieu, ne tarde pas ! » C’est un bel acte de foi et d’espérance !

Lors des vicissitudes de l’histoire qu’ont vécues tous les peuples, y compris le peuple élu, avec l’émergence des empires occupants, nous voyons bien qu’Israël est dépouillé de ses ambitions. Il ne représente plus, dans le monde, qu’un peuple tout petit et humble. Sa grandeur lointaine, l’époque des rois David et Salomon, n’est plus ! Désormais, dans la pauvreté d’un grand nombre, se creuse l’humilité des “pauvres du Seigneur”, les Anawim, les “courbés”, ceux qui attendent le Messie, ceux qui attendent le Libérateur !

Ne nous étonnons pas si, dans notre vie personnelle, le Seigneur nous place devant nos pauvretés. Finalement, notre pauvreté véritable est de nous croire rejetés par notre Seigneur, ou de nous tenir éloignés de Lui, alors que dans ce monde parfois compliqué, difficile ou hostile, Dieu ne nous abandonne pas ! 

Gardons confiance et espérance dans notre Seigneur, même s’il nous faut parfois courber la tête et pourtant, tenir bondans l’adversité ! Ne l’oublions pas : le Seigneur a vaincu la mort et Il nous aime !

Nous entendons la réponse à ce premier verset dans la lecture de saint Paul aux chrétiens de Corinthe : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort. Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ! »

Frères et sœurs, présentons-nous, dans cette eucharistie, avec un cœur de pauvre qui attend tout… tout, de notre Seigneur !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 6 juin 2021, solennité du Saint Sacrement. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 14, 12-16.22-26. Livre de l’Exode 24, 3-8. Psaume 115. 

Lettre aux Hébreux 9, 11-15. Séquence 'Lauda Sion".

 

Chers amis, d’une façon surprenante, mais bien réelle, au cœur de l'histoire de notre humanité, se trouve le mystère Pascal. Ce mystère marque un avant et un après ! Mystère qui marque aussi nos années : nous sommes en 2021 après Jésus-Christ ! Pour beaucoup, 2021 est seulement une date entre 2020 et 2022, mais, pour nous, nous qui sommes chrétiens, ce mystère Pascal marque le fait que Jésus a aimé son Père et nous a aimés jusqu'à mourir pour nous ! Nous sommes toujours dans le temps de l’Église, en 2021 après Jésus-Christ !

            Le don de sa vie pour nous, Jésus l'avait déjà exprimé symboliquement le jour avant sa mort lorsque, durant le dernier repas qu'Il avait pris avec ses disciples, Il leur avait dit, en leur offrant le pain et le vin (toutes choses banales !) : « Ceci est mon corps livré pour vous » et « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude ». Je vous laisse imaginer le regard étonné des Apôtres ! Ont-ils compris ce qui se passait à ce moment précis ? 

     Ce que nous fêtons aujourd'hui, en la solennité du Corps et du Sang du Christ, c'est le mystère de la vie : plus précisément, c’est le triomphe de la vie sur la mort.  Il est bon de nous le rappeler, chaque fois que, d'une façon ou d'une autre, nous touchons de près le mystère de la mort, soit par la mort d'une personne qui nous est proche, soit par l'expérience que nous faisons de nos propres limites qui sont nos petites morts. La vie triomphe sur la mort !

     Dès les premiers chapitres de son Évangile, saint Luc nous montrait symboliquement (au moment de la nativité) Marie nous offrant déjà son fils comme nourriture, en le plaçant dans une "mangeoire" (là où les animaux se nourrissent) et Jésus est déjà enveloppé de bandelettes, comme pour une sépulture.

L'eucharistie n’est pas simplement le rappel de ce que le Christ a vécu en donnant son Corps et son Sang. Elle est en même temps nourriture pour nous : si nous sommes vraiment disciples du Christ, nous ne croyons pas seulement que le Christ est mort pour nous et qu’Il est ressuscité d’entre les morts, nous croyons véritablement aussi qu’Il nous offre aujourd’hui de communier à son Corps et à son Sang. Chaque fois que nous accueillons en vérité le pain et le vin devenus Corps et Sang du Christ, nous lui sommes pleinement unis au plus intime de nous-mêmes. Ce que nous vivons n’est pas anodin !

Si nous sommes entrés dans cette église majestueuse, si beaucoup d’ouvriers et d’artisans talentueux ont participé à sa construction en y mettant tout leur savoir, c’est pour une seule chose : accueillir Jésus ! Et le lieu le plus important est ce tabernacle où il est conservé ! 

     Nous ne devons pas comprendre l'Eucharistie comme un rite isolé.  Nous n'y venons pas comme on va à la pompe à essence pour refaire le plein avant de continuer notre voyage. (Pardon de ces mots trop familiers). Ce n'est pas simplement un rite par lequel nous voulons refaire nos forces, c’est bien plus que cela !

     Permettez-moi d’insister. Lorsque nous célébrons l'Eucharistie, nous ne faisons pas simplement que commémorer la dernière Cène comme un événement du passé. Nous recevons réellement le don de la vie afin de pouvoir la partager, de la même façon que Jésus s'est donné lui-même. L’Eucharistie est aussi un envoi dans le monde, en Jésus, avec Jésus, comme Jésus, comme témoin du Christ, comme témoin-serviteur ! « Allez dans le monde, porteurs de cette Parole ! » N’oublions pas qu’au soir du Jeudi Saint, saint Jean nous redit l’importance du lavement des pieds ! Jésus-serviteur !

Recevoir l’Eucharistie, c’est accueillir le Christ, en étant intimement lié à Lui, et accepter d’être comme Lui, serviteur pour les uns et les autres !

     Alors, frères et sœurs, comment vivons-nous la messe ? Pourquoi venons-nous ici ?

Un sondage rapide pourrait nous faire comprendre combien nos attentes sont diverses et multiples ! Entre dévotions et routines, La sainte Eucharistie est-elle toujours comprise comme un don que Dieu nous fait pour être intimement lié à son Fils ?

     Que se passe-t-il lors de l’Eucharistie ?

Comment se fait-il que ce petit morceau de pain et ce peu de vin puissent devenir Corps et Sang du Christ ? C’est un mystère ! Pour mieux le comprendre, je vais faire appel à ce qui se passe, de façon assez exceptionnelle, lors des miracles eucharistiques.

Peut-être en avez-vous entendu parler ?

Jésus-Christ est vraiment présent dans l’hostie consacrée ! Cela est vrai et en même temps, c’est un acte de Foi ! Depuis plusieurs siècles et dans de nombreux pays, des miracles surprenants ont été révélés dans l’Eucharistie. Quand il s’agit de miracles, l’église est très prudente ! Même si le nombre est bien plus important, 132 miracles ont été reconnus officiellement par l’Église.

Le but des miracles n’est pas la recherche du merveilleux ou du magique ! Ce serait une erreur ; les miracles eucharistiques nous sont donnés pour fortifier notre foi !

Le plus récent miracle eucharistique reconnu par l’Église a eu lieu en 1996 à Buenos Aires, capitale de l’Argentine. L’enquête fut dirigée par le Cardinal Bergoglio, maintenant Pape François. Exactement, le 18 août 1996, après une messe célébrée par le père Alejandro Pezet

(une messe qui ressemblait à toutes les autres) une femme vint prévenir le prêtre qu’une hostie souillée avait été abandonnée au fond de l’église. Le père s’empressa de la ramasser pour la remettre dans le tabernacle, dans un petit récipient empli d’eau. Quelques jours plus tard, le 26 août, celui-ci s’aperçut que l’hostie s’était transformée en une substance toute couverte de sang. Il le signala à son supérieur, monseigneur Bergoglio qui demanda à ce que la scène soit photographiée. Ce fut fait le 6 septembre et l’on s’aperçut alors, en regardant de plus près, que la substance étrange était en réalité un morceau de chair. Bien que stupéfait, dans un souci de prudence, cette étrange hostie ensanglantée resta ainsi, plusieurs années, à l’abri dans le tabernacle.

Trois ans plus tard, Mgr Bergoglio décida de soumettre à l’analyse scientifique, ce lambeau qui ne présentait aucun signe de décomposition, ceci sans en préciser l’origine aux experts. C’est un laboratoire américain qui fut chargé de la mission d’étude. 

 

Voici résumée sa conclusion :

« La matière analysée est un fragment de muscle du cœur (…) Ceci indique que le cœur était vraiment vivant au moment où l’échantillon a été prélevé. J’affirme que le cœur était vivant étant donné que les globules blancs meurent en dehors d’un organisme vivant. (…) Par ailleurs, ces globules blancs avaient pénétré les tissus, ce qui indique, d’autant plus, que le cœur avait été soumis à un stress intense, comme si son propriétaire avait été battu sévèrement au niveau de la poitrine. » 

Je ne vous dis pas la suite, peut-être irez-vous la lire directement sur internet. C’est un fait avéré, authentifié par l’Église.

De fait, nous comprenons bien que l’Eucharistie, est un mystère qui dépasse tout entendement.

L’Eucharistie est la présence effective de la personne ressuscitée de Jésus, sous les apparences du pain et du vin ; elle est l’une des vérités les plus importantes et les plus difficiles qui nous aient été révélées par Jésus-Christ. Les miracles eucharistiques sont, à toutes fins utiles, des confirmations visibles de ce qu’Il nous dit de Lui-même, sans vouloir rechercher le merveilleux.

  Demandons la force de découvrir autrement l’Eucharistie, ce beau sacrement que nous vivons régulièrement, comme « source et sommet » de notre vie chrétienne. Repartons, après chaque messe, encore plus ancrés dans l’intimité avec le Christ, pour être nous aussi, capables d'aimer jusqu'au bout comme Lui !

Frères et sœurs, demandons cette grâce de pouvoir communier saintement, dignement à l’Eucharistie !

                                                                                                               Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 2 juin 2021, 9e semaine du temps ordinaire. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 12, 18-27. Livre de Tobie 3, 1-11.16-17a. Psaume 24.

 

Ce matin, je reconnais avoir un peu hésité entre commenter la première lecture, et commenter l’évangile. Même si je ne vais pas parler aujourd’hui du livre de Tobie, je vous invite vraiment à lire ce livre en entier ! Il relate une histoire à la fois rocambolesque et très touchante.

J’ai donc choisi de commenter l’évangile de ce jour, et dans ce texte, il est question de la Loi du Lévirat et de la résurrection ! Ce sont des sujets complexes qui, plus d’une fois, suscitent des questions, que ce soit sur l’un ou l’autre de ces points !

La foi en la résurrection n’est pas l’apanage du Nouveau Testament. Nous le savons, ce n’est pas une surprise ! Il en est déjà question dans l’Ancien Testament, et ceci dans plusieurs livres. Le livre de Samuel, par exemple, en parle en ces termes : « le Seigneur fait mourir et vivre ; il fait descendre à l’abime et en ramène. » (1 S 2,6). De même dans le livre des Macchabées, au moment du martyre des sept frères.  (2e livre des Martyrs d’Israël chp 7)

Pourtant les Sadducéens ne croient pas en la résurrection. Alors, pour montrer l’absurdité de cette croyance, ils interpellent Jésus sur un cas d’école basé sur la loi du Lévirat ; cette loi consistait à épouser la veuve de son frère pour lui donner une descendance. Le positionnement des Sadducéens relève d’une fausse conception de la résurrection. Ils ne pouvaient concevoir la résurrection autrement que sous la forme d’une réanimation du corps et d’une continuation de la vie terrestre.

Encore aujourd’hui, quand il m’arrive de discuter de ce sujet avec des chrétiens pourtant convaincus, la résurrection n’est pas réellement comprise. Il ne s’agit pas juste de “continuer cette vie“ ! En fait, la question qui est posée ici est de savoir s’il y a quelque chose à espérer après la mort.

- Jésus nous donne une première indication en disant que :

  • la vie de ce monde est une chose ; effectivement, sur cette terre, quand cela est possible, les enfants se marient, il y a un appel à fonder une famille. Certains, par vocation vont choisir un célibat consacré en vue du Royaume, d’autres par les aléas de la vie ou par choix personnel resteront célibataires.
  • la vie dans l’autre monde est tout autre chose. Là, mystérieusement, nous serons semblables aux anges c’est-à-dire que nous n’aurons plus d’autre préoccupation que de nous réjouir d’être en présence de Dieu ; nous ne pourrons plus mourir.

Dieu nous fait donc comprendre que la vie dépasse la mort et que le monde à venir dépasse notre entendement !

- Il y a une deuxième indication. En faisant référence à Abraham, Isaac, Jacob, Jésus veut nous faire toucher du doigt que le passé a quelque chose à voir avec le monde à venir. Ce que nous considérons comme passé sera présent dans le monde à venir. La résurrection ne fera donc pas de nous des hommes nouveaux. Elle ne fera pas, non plus, table rase de notre vie passée. Au contraire, nous ressusciterons avec tout ce que nous aurons vécu. Mais, nous ne recommencerons pas notre vie (ou une suite de notre vie) sur cette terre. Et ça vaut aussi pour l’histoire de toute l’humanité. 

Il nous faut donc dépasser les représentations temporelles de l’éternité. C’est ce qui peut être difficile à appréhender ! Nous ne pouvons revenir en arrière, nous sommes contraints par “l’espace-temps“ ! En Dieu, ce temps n’existe plus. Quand la mort survient, tout lien humain avec le défunt est rompu sans que nous puissions entrevoir la résurrection. Comme nous vivons dans le temps, l’église affirme que les défunts vivent un temps d’attente (purgatoire), eux aussi, entre leur mort et la résurrection finale à la fin des temps. (Nous parlerons une autre fois de l’Enfer)

En réalité, la mort nous fait abandonner la temporalité (terrestre) pour nous faire basculer dans le Royaume éternel de Dieu, dans le royaume de la résurrection. Difficile de comprendre tout cela ! C’est pourquoi, il nous faut, dans la prière, écouter la Parole de Dieu et croire que nous sommes réellement faits pour la résurrection, hors de ce temps et, pour la Vie éternelle être en présence de notre Seigneur !

Rendons grâce pour cette formidable espérance qui nous anime et qui dépasse notre horizon terrestre : nous sommes faits pour la vie et non pour la mort !            

                                                                                                                                                                                      Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 31 mai 2021, fête de la Visitation Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 39-56. Livre de Sophonie 3, 14-18. Cantique Isaïe 12.

 

En ce dernier jour du mois de mai, nous sommes invités à prendre du temps, avec Marie, pour méditer les textes que nous venons d’entendre.

Après la visite de l’ange, Marie se rend donc en hâte, chez sa cousine sans bien savoir toutefois ce qu’il faudra faire ou dire. 

Effectivement, après lui avoir annoncé cette naissance divine à venir, l’ange n’a strictement rien dit, ni même donné aucune consigne pour ce qui va se passer ensuite ! Marie ignore donc ce qu’elle va trouver à son arrivée. 

·    Elle ne sait pas que Jean tressaillira de joie en entendant sa voix. 

·    Elle ne sait pas qu’Élisabeth, sous l’action de l’Esprit Saint, reconnaitra en elle la mère du Sauveur et qu’elle-même sera, à nouveau, remplie d’Esprit Saint. Presque tout dans cette visitation, dans cette rencontre, lui est encore inconnu. 

Et pourtant, Marie sent en elle-même qu’il lui faut partir et traverser au plus vite les cent quarante kilomètres qui la séparent de la maison de Zacharie ; cent quarante kilomètres qu’elle devra parcourir à pied…Mais c’est une certitude, un appel irrésistible !

À son arrivée, Marie salue Élisabeth.

·    La mère du Messie salue la mère du précurseur. 

·    La mère de Dieu salue la mère du prophète.

·    La mère de la Lumière du monde salue la mère de celui qui lui rendra témoignage. 

Ces deux femmes n’épuisent cependant pas à elles seules le mystère de la Visitation. Car ce mystère n’est pas seulement la rencontre de Marie et d’Élisabeth. C’est la rencontre en elles, et par elles, du rédempteur et de son précurseur. En Marie, c’est Jésus qui vient visiter la maison de Zacharie. En Élisabeth, c’est Jean qui reçoit chez lui le Fils de Dieu.

Jésus vient au-devant de Jean pour qu’il commence sa mission prophétique et que s’accomplisse cette phrase de l’Écriture que nous retrouvons dans le livre de Jérémie : « avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré ; comme prophète des nations, je t’ai établi. » (Jr 1, 5). En cette Visitation, la Parole de Dieu s’accomplit !

Dès qu’il entend la salutation de Marie, Jean reconnait la présence du Verbe fait chair. En tressaillant et bondissant de joie dans le ventre d’Élisabeth, il fait comprendre à sa mère que le Sauveur est là, tout près, à quelques mètres d’elle. La première personne à qui Jean indique l’Agneau de Dieu, est sa maman, sa mère. Élisabeth est évangélisée par Jean qui, lui-même, est évangélisé par Marie, qui elle-même, est évangélisée par son propre Fils. 

L’Esprit Saint assure entre eux le lien unique de l’amour. La Visitation, fête que nous fêtons aujourd’hui, est une petite Pentecôte où l’Esprit Saint est répandu par le Père en abondance.

 

Frères et sœurs, que pouvons-nous comprendre et retenir, pour nous, ce matin ? 

Comme tout mystère marial, le mystère de la Visitation nous conduit toujours au Christ. 

Avoir le bonheur d’accueillir chez soi la mère de son Seigneur, c’est avoir le bonheur d’accueillir chez soi, son Seigneur.          

Demandons cette grâce, pour chacun de nous aujourd’hui, d’accueillir Jésus !         

Ainsi soit-il !

Homélie de la solennité de la Sainte Trinité, dimanche 30 mai 2021, année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 28, 16-20. Livre du Deutéronome 4, 32-34.39-40. Psaume 32.

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 14-17. 

 

Chers amis, il y a parfois, des prises de paroles un peu délicates ; nous fêtons la Sainte Trinité, mais comment l’expliquer ? Je vais essayer de le faire, modestement… Si c’est encore un peu ardu et si vous le souhaitez, n’hésitez pas à aller voir l’écrit de cette homélie sur le site de la paroisse ! 

Ce sont souvent des questions pertinentes qui nous poussent à avancer ! Cette semaine, à l’issue d’une messe, une paroissienne assidue est venue me voir et m’a exprimé son désir de se préparer au sacrement de la confirmation ; « Est-ce possible ? » Vous imaginez sans mal, le grand sourire sur mon visage ! « Oui, bien sûr, avec joie ! » Mais aussitôt elle me dit : « Ce qui est difficile pour moi, c’est de comprendre le mystère de la Sainte Trinité ». Nous avons échangé, puis je lui ai répondu : « La Sainte Trinité n’est pas une invention des hommes, mais la manière dont Dieu s’est révélé à nous. »

 De fait, nos explications, nos humbles mots humains, seront toujours pauvres pour rendre compte d’un si grand mystère ! 

Hier matin, je me trouvais avec les enfants du catéchisme et, bien entendu, nous avons travaillé sur cette belle fête de la Trinité ! Discussion passionnante ! Ils m’ont posé aussi cette même question ! Comment rendre compte de la Trinité ? Peut-être est-ce aussi la vôtre ce matin en arrivant ici ? 

Quel que soit notre âge en effet, c’est une énorme difficulté de concevoir, en mathématique, que : 1+1+1=1 ! Que Dieu se révèle à la fois comme un seul être et trois « personnes » ! Père (Créateur, Dieu qui nous crée à son image et ressemblance), le Fils (Sauveur, Dieu venant vers nous), l’Esprit du Seigneur, Dieu en nous. 

Je sais que quelques professeurs de mathématiques ont un haut-le-cœur à chaque fois que je dis que : 1+1+1=1 ! Je peux comprendre, mais en réalité, il ne faudrait pas utiliser l’addition, mais plutôt le signe de la multiplication. Pourquoi ? Eh bien parce que : 1x1x1=1 ! De fait, en Dieu, il y a une multiplication de l’amour ! Oui ! C’est toujours l’amour de Dieu qui est multiplié en nous !

Nous le savons bien ! Pour parler de Dieu avec nos mots humains bien imparfaits, nous ne pouvons que raisonner par analogie, par images et comparaisons, de façon souvent approximative !

Voici l’explication que j’ai proposée hier, aux enfants ! Elle reprend, par analogie, assez bien le sens biblique et elle me semble assez simple à comprendre (peut-être sera-t-elle trop simpliste pour certains d’entre vous ?) :

  • Si je parle à quelqu’un, il faut que les mots naissent dans mon esprit, dans ma pensée. 
  • Ensuite, je les transmets dans une parole avec une bouche, des muscles, des cordes vocales…
  • Et cette parole, articulée par ma bouche, devient un souffle, une onde sonore, qui se propage et atteint les oreilles de mon auditeur en faisant vibrer l’air autour de nous. 

J’ai donc une pensée, une parole et un souffle qui sont à la fois bien distincts, et constituent pourtant un même acte cohérent de communication. De même, Dieu est la source, l’origine (c’est le Père) qui nous révèle le Fils, la Parole faite chair (le Logos, le Verbe, voir l’évangile de saint Jean au chapitre1), qui vient à nous par l’Esprit (le souffle, Pneuma en grec, Ruah en hébreu). Cette explication reste bien modeste et sans doute un peu limitée, mais, à sa façon, elle décrit l’Action de la Trinité !

J’aimerais, ce matin, faire un pas de plus avec vous : je vous propose de demander ensemble, au Seigneur Lui-même, d’éclairer notre intelligence, notre cœur et notre foi pour pénétrer plus avant dans ce mystère. 

Les lectures de ce jour nous permettent, justement, une révélation, une compréhension progressive de qui est Dieu pour chacun de nous : un seul Dieu et trois personnes ! 

Que nous disent les textes de ce jour !  

- Il n’est pas aisé aux hommes de comprendre qui est le Créateur. Dieu se révèle progressivement. Dans toute l’histoire du peuple hébreu, les patriarches, les prophètes n’ont cessé d’exhorter le peuple à faire mémoire des merveilles de Dieu, de la manière très concrète dont le Seigneur s’est révélé à lui dans son histoire. Il a fallu un long temps pour que, petit à petit, le peuple hébreu découvre qui est Dieu : non pas un dieu omnipotent ou distant, mais un Dieu qui a un projet de Salut pour l’homme, un Dieu unique qui est exigeant, un Dieu qui se révèle, un Dieu qui aime son peuple. Le problème est toujours le même : la bêtise humaine, l’inconstance et les rivalités poussent les hommes à se détacher de Dieu. Pourtant, Dieu n’abandonne pas son projet d’amour et de vie, son projet de salut ! Il ne cesse pas de chercher des hommes et des femmes témoins de sa fidèle présence.

Dans le Nouveau Testament, au début de l’Épître aux Hébreux, l’auteur écrit : « À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses. » (Hb 1,1) 

- Effectivement, la Révélation plénière se dévoile en Jésus-Christ : vrai homme et vrai Dieu. Dans les Évangiles, Jésus apparaît comme Celui qui entretient une relation privilégiée avec Dieu qu’il appelle même : « Père ». Par les actions qu’Il pose, actions jusque-là réservées à Dieu comme la rémission des péchés, la guérison des lépreux, la réanimation de Lazare…, nous voyons la toute-puissance du Christ, en œuvre. Il n’est pas un prophète comme les autres, il y a en Lui infiniment plus, quelque chose d’unique. 

Jésus n’est pas un énième prophète, un énième serviteur de Dieu, envoyé par Dieu à son peuple. Nous le découvrons : il est réellement le Fils de Dieu. Quand ses disciples lui demandent comment prier Dieu : Il leur répond de façon très étonnante qu’ils peuvent s’adresser à Dieu, comme Lui-même le fait, en l’appelant “Père“ et en leur donnant la prière intime du « Notre Père : Abba »

La bouleversante nouvelle est annoncée ! Dieu se révèle comme Père dans la personne de son Fils Jésus. Dans cet échange permanent d’amour entre le Père et le Fils, voilà que se dévoile la troisième personne de la Trinité, la présence de l’Esprit Saint.

Lorsque Jésus, dans l’Évangile que nous venons d’entendre, invite ses amis au témoignage et à l’action. Il leur dit : « Baptisez-les au nom du Père et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28,19), Il nous révèle ainsi l’accomplissement de ce qui a été progressivement révélé : 

Dieu est Trinité. Dieu est un !

Dieu est Père, Fils, Esprit Saint.

Parce que nos mots sont trop faibles, notre adhésion est un acte de foi !

Un dernier point de compréhension s’impose alors : en se révélant à nous comme Père, Fils et Esprit Saint, Dieu nous révèle parallèlement ce que nous sommes pour Lui ! Là se situe notre implication personnelle !

Nous ne participons pas à la messe pour répondre à une norme sociale, mais parce que nous avons fait l’expérience de Dieu qui s’est révélé à nous d’une manière très concrète, à un moment particulier de notre parcours de vie. Dieu n’est pas de l’ordre d’une spéculation, mais Il est Celui par lequel nous nous sommes laissés rencontrer et aimer. C’est une expérience spirituelle de Dieu, en nous.

En Dieu Trinité, nous sommes devenus, par adoption, fils et filles du Père en Jésus par le don de l’Esprit Saint. 

Confesser la foi en la Sainte Trinité, c’est affirmer en parallèle de cette révélation trinitaire du Dieu unique, que nous sommes ses enfants, les enfants de Dieu. Depuis le jour de notre baptême, nous avons part à la vie de Dieu, en Dieu. N’avons-nous pas été baptisés (pour la plupart d’entre nous) au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ? 

Depuis notre baptême, nous ne sommes pas face à la Trinité ! De fait, nous sommes immergés en elle, à l’intérieur, à l’intime de cette communion d’amour !

En cette fête de la Sainte Trinité, rendons grâce pour la manière dont Dieu se révèle à nous comme Père, Fils et Esprit Saint. Notre Dieu n’est pas un Dieu distant, égoïste et solitaire ! Il est Trinité de communion et d’amour qui nous invite à partager un amour incroyable, même si cela nous dépasse !

La bonne nouvelle que nous entendons ce matin, c’est que nous comprenons petit à petit, qu’il y a de la place pour chacun de nous au cœur de la Trinité !

                                                                                                                                                   Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 26 mai 2021, 8° semaine TO - saint Philippe Néri. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 10, 32-45. Livre de Ben Sira le Sage 36, 1…22. Psaume 78.

 

Une fois n’est pas coutume ; aujourd’hui, je ne vais pas commenter l’évangile du jour, je vais m’attarder davantage sur la première lecture et vous proposer une petite introduction au livre du Siracide : le livre de Ben Sira le Sage. Ce livre est assez peu connu !

Il commence ainsi : « TOUTE SAGESSE vient du Seigneur, et demeure auprès de lui pour toujours. » (Si 1,1)

La FOI (renouvelée dimanche dernier par la grâce de l’Esprit Saint) comme la Sagesse, sont une force qui soulève les femmes et les hommes en leur donnant un but : rencontrer Dieu ! C’est bien notre but sur cette terre !

Mais cette orientation serait hypocrite si elle ne se traduit pas dans des attitudes concrètes de la vie de tous les jours. Or, en la matière, il est impossible d’édicter des règles générales, en tout lieu et en tout temps.

Chacun doit échanger avec d’autres, afin que son expérience mutuelle s’enrichisse et l’aide à grandir.

Le livre de l’Ecclésiastique (appelé aussi « Siracide » du nom de son auteur : Ben Sira le Sage) nous permet d’entrer dans cette démarche adoptée par un juif pieux.

Au début du christianisme, peut-être savez-vous que cet ouvrage connut un grand succès. 

D’ailleurs, le nom « Ecclésiastique » vient du fait que les premières communautés chrétiennes s’en servaient pour l’instruction des nouveaux baptisés désireux d’entrer dans l’Église. Il leur était demandé de lire ce livre. (Mais attention à ne pas le confondre avec le livre de l’Ecclésiaste ou Qohélet ! Ce sont deux ouvrages distincts.)

Ce recueil de la Sagesse de Ben Sira (fils de Sira) a été écrit à Jérusalem vers 180 av. J.-C. Ce livre appartient à la Bible grecque (la Septante : traduction de la Bible en grec pour les juifs de la Diaspora qui habitaient tout au long du bassin méditerranéen, et connaissaient peu l’Hébreu). Il n’a pas été retenu dans la Bible hébraïque, car le texte hébreu (sans doute perdu) n’a pas été porté par la tradition principale du Judaïsme. 

En effet, les textes en hébreu du Siracide ont été retrouvés récemment à Massada et à Qumrân (qui est un site archéologique en surplomb de la mer Morte) en1947. La découverte des manuscrits anciens cachés dans des jarres a été faite par des Bédouins ou dans la Genizah de l’ancienne synagogue du Caire en 1896. La synagogue avait été détruite, mais non pas rasée, seulement comblée. Puis une église chrétienne avait été érigée, elle aussi a été détruite…Enfin, une mosquée a été construite sur le même lieu. En 1896, des fouilles ont été effectuées en descendant de la mosquée à l’église, puis de l’église à la synagogue. Là, dans cette Genizah (terme araméen qui désigne le lieu sacré où l’on déposait les manuscrits ou rouleaux usagés) ont été trouvés d’anciens ouvrages liturgiques, d’études et juridiques qui y avaient été entreposés. Ils avaient été bien protégés par un environnement sec et sans lumière. Grâce à ces découvertes exceptionnelles, nous avons donc pu retrouver les deux tiers du texte en hébreu du Siracide.

Le Siracide est donc un livre de Sagesse, comme son nom l'indique bien dans le texte grec. La sagesse est un don de Dieu, mais nécessite à l'homme, du labeur, du travail pour l'obtenir.

Nous pourrions presque lui donner un autre titre : comment vivre sa foi dans la vraie vie ?

Le livre du Siracide réunit des sentences, des proverbes, et parfois un enseignement un peu plus détaillé qui forme de petits traités de quelques chapitres, sur des thèmes essentiels comme : la mort, le péché, la liberté, la miséricorde divine…

Si je vous explique tout cela, c’est parce que durant plusieurs jours, nous allons lire ce livre en 1e   lecture, ou au moins le chapitre 36. Je vous invite donc à prendre le temps d’ouvrir votre bible et de lire les différents chapitres, un peu comme les néophytes qui découvraient qui était le Christ, qui était Dieu : « Écoute la prière de tes serviteurs, selon ta bienveillance à l’égard de ton peuple. Et tous, sur la terre, le sauront : tu es « Le Seigneur », le Dieu des siècles ! »          

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 23 mai 2021, Solennité de la Pentecôte, année B. 

Messe célébrée à Grenoble, église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15,26-27, 16,12-15. Livre des Actes des Apôtres 2, 1-11. 

Psaume 103. Première lettre de saint Paul aux Galates 5, 16-25.

 

Depuis le dimanche de Pâque, cinquante jours se sont écoulés et, aujourd’hui, nous célébrons la fête de la Pentecôte. Nous le savons, nous chrétiens, que c’est le don de l’Esprit Saint qui est donné aux Apôtres et à toute son Église. Dans la chambre haute, à Jérusalem, au moment où les disciples sont en prière, il y avait là aussi, la Vierge Marie, les Apôtres bien sûr, et sans doute, encore quelques personnes présentes, tous enfermés dans cette pièce du Cénacle ; c’est là aussi que Jésus avait célébré sa Pâque lors du Jeudi saint et institué l’Eucharistie. 

Ils sont enfermés là, d’une part par peur d’être persécutés comme leur Maître, mais d’autre part aussi en prière, dans l’attente de l’Esprit Saint que le Seigneur leur avait promis lors de son Ascension. Soudain, ils entendent comme un bruit de vent violent, comme un tremblement de terre, et ils voient (et ce n’est pas facile à décrire) comme des langues de feu qui se déposent sur chacune de leurs têtes. C’est la promesse de Jésus qui se réalise. L’Esprit Saint est donné en abondance, et voilà qu’ils sont propulsés, décomplexés, envoyés, audacieux et non plus peureux… prêts à proclamer les merveilles de Dieu. Frères et sœurs, faisons mémoire de ce jour ! 

C’est le temps de l’Esprit Saint, le temps du début de la mission de l’Église, avec l’Esprit Saint qui prend le relais, qui accompagne et son Église et l’Histoire du Salut.

     Mais qui est l’Esprit Saint ?

Je m’aperçois que, pour beaucoup de chrétiens, alors que nous le nommons régulièrement en traçant sur nous le signe de croix, par exemple (au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit), l’Esprit Saint n’est pas bien connu.

Il est vrai que l’Esprit Saint ne se manifeste pas comme le Fils que l’on a vu parcourir les rues de Jérusalem et les routes de la Galilée… On ne l’a pas entendu prononcer des paroles comme celles du Père, lorsqu’Il s’adresse à Abraham, aux prophètes ou à son Fils Jésus ; rappelez-vous les paroles de Dieu lors du baptême de Jésus ou à la Transfiguration que nous entendons dans les nuées : « Celui-ci est mon fils bienaimé ; écoutez-le ! En Lui, je mets tout mon amour ! » 

L’Esprit Saint est la personne de la Trinité, qui apparemment, ne parle pas, n’a pas parlé, n’a pas non plus opéré de miracles que l’on pourrait lui attribuer directement. Et pourtant, c’est la force, l’inspiration, l’énergie, l’inspiration… pour tous ceux qui, désormais parleront et agiront au nom de Dieu trois fois saint, au nom de Jésus-Christ. Il est invisible, et en même temps, très actif. 

La promesse de Jésus est précise et les Apôtres l’ont entendue : « il y a beaucoup de choses que je veux vous dire… Vous n’êtes pas prêts à les porter et ce que vous avez oublié, l’Esprit Saint va vous le révéler ».

Frères et sœurs, nous sommes dans ce temps de l’Esprit Saint et pourtant, il est vrai que nous le connaissons si peu. Posons-nous la question : Qui est l’Esprit Saint pour moi ?

Jésus l’appelle aussi le défenseur, le Paraclet. Une autre traduction (à partir du grec) est : l’avocat. Serions-nous donc en danger pour que nous ayons besoin d’un avocat ? Oui ! Nous sommes parfois en danger. Nous sommes si peu préparés à l’adversité de certains contradicteurs, ou aux tentations du monde, que nous avons besoin d’un avocat qui nous aide sur ce qu’il faut dire pour assurer notre défense ! Dans l’adversité ou dans le simple témoignage, demandons la force de l’Esprit Saint pour annoncer notre amour de Dieu, trois fois saint !

L’Esprit Saint nous bouscule ! Il ne veut donc pas que nous soyons bien installés dans une Église à “air conditionné“, comme le dit le Pape. Le pape François ne cesse de nous rappeler que nous avons à témoigner des merveilles de Dieu au cœur de nos familles, auprès de nos amis, dans notre paroisse et jusque dans les périphéries. L’Esprit Saint qui nous est donné, justement, veut nous ouvrir, ouvrir notre cœur, c’est-à-dire balayer devant nos peurs, devant nos appréhensions, devant nos timidités ou nos manques d’audace pour pouvoir oser témoigner de Jésus-Christ et de sa Bonne Nouvelle.

Une chose est certaine : le monde a besoin d’hommes et de femmes qui ne soient pas fermés, renfermés, confinés, mais plutôt audacieux, joyeux et remplis de l’Esprit Saint. La fermeture à l’Esprit Saint est, non seulement un manque de liberté, mais aussi un péché, nous dit saint Paul. 

Il y a tant de manières de se fermer à l’Esprit Saint ; ce peut être : 

  • dans un égoïsme à son propre avantage, 
  • dans un légalisme un peu rigide (comme l’attitude des docteurs de la Loi que Jésus appelle hypocrites), 
  • dans un manque de mémoire de ce que Jésus a enseigné, dans le fait de vivre la vie chrétienne non comme un service, mais pour son intérêt personnel, 
  • dans son confort douillet de son canapé ou sous sa couette,
  • et ainsi de suite…

L’individualisme qui augmente dans notre société nous empêche, bien souvent, d’accueillir avec audace l’Esprit Saint. Oui ! Le monde a besoin du courage, de l’espérance, de la foi et de la persévérance des disciples du Christ. Je vous invite vraiment, à réfléchir, chacun de vous dans votre prière, pour reconnaître où j’en suis dans mon désir d’être renouvelé dans l’Esprit Saint. Nous l’avons reçu le jour de notre baptême, renouvelé lors de notre confirmation. (Si quelques-uns parmi nous, n’ont pas été confirmés, qu’ils n’hésitent pas à nous demander de recevoir ce beau sacrement !)

Notre monde fragilisé par bien des misères a besoin des fruits de l’Esprit Saint : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5, 22). Si d’aventure, vous avez l’impression qu’un des fruits vous manque : osez le redemander ! Osez dire : « Seigneur, il me manque ce fruit ! Viens Esprit Saint ! Enseigne-moi ! Dis-moi comment faire pour le recevoir et en vivre ! »

 Le fruit peut-être le plus difficile et qui souvent nous manque, est la maîtrise de soi… Combien de fois sommes-nous contrariés et en colère ! 

Oui, le don de l’Esprit Saint a été accordé en abondance à l’Église et à chacun de nous,

 pour que nous puissions vivre avec une foi authentique et une charité active, 

pour que nous puissions être des artisans de la réconciliation et de la paix.

Je souhaite terminer en rendant grâce pour le don de l’Esprit Saint ! La Pentecôte est une fête majeure ! C’est la naissance d’une nouvelle création, c’est un nouveau départ ! C’est la naissance de l’Église ! C’est la première communauté de frères et de sœurs de Jésus avec Lui et par Lui !

Si nous nous appelons frères et sœurs, c’est parce qu’au jour de notre baptême, nous avons reçu l’Esprit Saint ! Très souvent, lors des baptêmes, nous chantons à l’oreille des enfants : « Tu es devenu enfant de Dieu et frère de Jésus, Alléluia !Aujourd’hui l’Esprit repose en toi et chante Alléluia ! ». 

Maintenant que nous avons grandi et que nous sommes en âge de le comprendre, n’oublions jamais cela !

Frères et sœurs, vraiment, osons redemander la force de l’Esprit Saint !

Viens Esprit de sainteté, viens Esprit de lumière, viens Esprit de feu, viens nous embraser !                                                                                                               

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 19 mai 2021, 7e semaine de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 17, 11b-19. Livre des Actes des Apôtres 20, 28-38. Psaume 67.

 

En ce moment, nous sommes entre deux solennités, celle de l’Ascension et celle de Pentecôte : neuf jours qui constituent le temps d’une belle neuvaine à l’Esprit Saint. Ces derniers jours, j’ai pu discuter avec différentes personnes rencontrées à la suite de l’eucharistie. Nous avons parlé, échangé…

À chacune des personnes rencontrées, j’ai posé les mêmes questions : qu’attendons-nous ? Qu’attendons-nous de Dieu ? Qu’attendons-nous de cette fête de Pentecôte ou plus exactement, de l’Esprit Saint ? De fait, qui attendons-nous ?

Parfois, je n’ai pas eu de réponse ! En effet, je constate que dans la Trinité, l’Esprit Saint reste, pour beaucoup, un mystère et une interrogation ! 

Avons-nous pris le temps d’approfondir « Qui est l’Esprit Saint pour moi ? » Cette question nous renvoie, sans doute à ce que nous avons appris au catéchisme. Depuis ce temps-là, nous avons grandi, notre intelligence a mûri… Je vous pose à nouveau cette question : « Qui est l’Esprit Saint pour moi ? » Nous le récitons chaque dimanche quand nous proclamons le Credo : l’Esprit Saint est la troisième personne de la Trinité, qui procède du Père et du Fils.  

Au début de cette célébration, nous avons chanté : Viens Esprit de sainteté, viens Esprit de lumière… ! Comment l’attendons-nous ? Qui attendons-nous ? Comment sommes-nous disposés à l’accueillir à nouveau ? Il nous a déjà été donné, mais aujourd’hui, comment sommes-nous prêts à l’accueillir ? 

  • Est-ce avec indifférence ou suffisance
  • Avec un reste d’appréhension au fond du cœur pour le grand bouleversement que l’Esprit Saint peut déchaîner dans ma vie ? 
  • Avec une espérance molle, mêlée de lassitude ? Avec la résignation un peu triste de celles et ceux qui se laissent paralyser par leur misère, par une ambiance morose ou la léthargie d’un temps de canicule ? 
  • Ou, au contraire, comme les vrais disciples, unanimes dans la prière, groupés filialement autour de Marie, la Mère de Jésus, dans une même confiance dans le Seigneur ressuscité ?
  • Certains vont peut-être me dire que si j’écoute l’appel de l’Esprit Saint, cela risque de m’engager encore plus, peut-être même trop !!! Et bien, cela est vrai ! 

Frères et sœurs, et vous ? Quelle est votre réponse à cette question ?

Où en sommes-nous de celui qui ne cesse de venir, encore aujourd’hui, sur l’Église et sur chacun de nous, de celui que Jésus appelle la « Promesse du Père » et que Lui-même nous a promis. 

Nous attendons, non seulement une force, une aide, une lumière, mais nous attendons Dieu lui-même, Dieu le Saint Esprit, aussi vrai, aussi vivant, aussi éternel que le Père et le Fils. Nous accueillons la personne divine qui a pour noms « Don et Amour », « Avocat et Vérité » :

  • celle qui scelle l’union du Père et du Fils et 
  • celle qui conforte ici-bas tout ce qui s’unifie dans les cœurs et dans le monde. 
  • celle qui veut nous réveiller et vient mettre une tornade d’amour dans notre vie,
  • celle qui souffle dans la brise légère du matin de Pâques !

L’Esprit Saint est celui qui fait toutes choses nouvelles ... c’est lui qui conduit l’Église, et c’est pour cela qu’il est pour nous à la fois enthousiasmant par son message et redoutable pour le tiède.

De grâce, n’ayons pas peur dans cette neuvaine de demander à être renouvelés dans la force de l’Esprit Saint ! Faisons-nous “capacité“ afin que Dieu, par son Esprit Saint, donne sens à notre vie en faisant, de chacun de nous, une création nouvelle !

C’est la grâce que nous pouvons demander encore ce matin ; il n’est jamais trop tard !

                                                                                                                            Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 17 mai 2021, lundi de la 7e semaine de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 29-33. Livre des Actes des Apôtres 19, 1-8. Psaume 67.

 

Ce passage de l’évangile selon saint Jean me suggère deux réflexions 

- Ma première réflexion porte sur la dernière phrase de l’évangile que nous venons d’entendre où Jésus nous dit : “Ayez confiance ; courage, moi, je suis vainqueur du monde”.

À quel moment est-ce que Jésus prononce ces paroles ? 

Elles sont prononcées, juste avant son arrestation, sa condamnation et sa mort. Nous pourrions nous interroger sur cette victoire de Jésus. Mais nous savons que c’est la victoire de la vie sur la mort dont il s’agit. 

La mort est vaincue par l’Amour !

 Ainsi, Jésus nous invite aujourd’hui à garder confiance que cet amour triomphera de toutes les forces obscures. Saint Paul le dit à sa manière quand, s’adressant aux chrétiens de Corinthe, il montre que, sans l’amour, nous ne sommes rien, mais que si nous savons aimer à la manière de Dieu, alors notre vie prend tout son sens. Et Paul ajoute : “L’amour ne passera jamais” (1 Co 13, 8). 

- Ma seconde réflexion concerne ce que Jésus nous dit de la paix : “Je vous ai dit cela pour que vous trouviez en moi, la paix

Si nous prenions un peu temps pour intérioriser cette parole, nous comprendrions que Jésus ne parle pas d’une paix quelconque ; la paix dont parle Jésus n’est pas non plus la sérénité d’une sagesse humaine. Cette paix ne peut être possible que dans un accord profond avec le Christ, Lui-même : “en moi” dit Jésus. C’est en Lui que nous pouvons trouver toute paix. 

C’est dans cette union réelle au Christ que nous pourrons découvrir une paix que les épreuves de la vie ne pourront pas entamer ou enlever.

La confiance et la paix, ce sont ces deux mots qui ont résonné dans ma prière. C'est la foi vivante qui nous unit à Jésus dans une communion d’amour ! Saint Jean écrit en effet : « Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est vérité » (1 Jn 5, 5-6). C’est l’Esprit Saint qui va nous permettre de comprendre et de vivre cette communion d’amour !

Frères et sœurs, continuons, durant ces neuf jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte, avec persévérance, à demander la force de l’Esprit Saint pour qu’il nous aide à comprendre les paroles du Christ !

« Père saint, envoie sur nous ton Esprit : que son lumineux témoignage éclaire notre nuit et nous donne de persévérer dans la foi ; que l’espérance surabonde en nos cœurs troublés, afin que la paix l’envahisse, et que nous puissions garder nos pas dans ceux de Jésus-Christ Notre Seigneur, Lui qui vit et règne avec toi, Père, maintenant et pour les siècles des siècles. » 
Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 16 mai 2021, 7e dimanche de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 17,11b-19. Livre des Actes des Apôtres 1,15-17.20a.20c-26.

Psaume 102. Première lettre de saint Jean 4, 11-16.

 

 

Chers frères et sœurs, nous voici, en ce jour, au 7e dimanche de Pâques. Nous sommes dans ce temps si particulier entre deux solennités, celle de l’Ascension et celle de Pentecôte. Le départ du Christ n’interrompt pas la mission. Elle continue, comme nous le rappelle la première lecture, avec l’élection de Matthias, pour que la parole de Jésus soit sans cesse annoncée par des témoins. 

Aujourd’hui, nous réentendons le long discours de Jésus après la Cène dans lequel Jésus prie pour l’unité des disciples. 

Les textes de la liturgie de ce dimanche sont denses et pourtant essentiels à comprendre. En les méditant durant cette semaine, deux phrases ont retenu mon attention et alimenté ma prière ! 

Elles nous donnent quelques clés de compréhension contenues dans ces deux phrases :

  •  « Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. » (C’est la finale de la 2e  lecture - 1 Jn 4, 11-16)
  •  « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les envoie. » (Évangile Jn 17,18)

En quelques minutes, j’aimerais partager avec vous, très simplement, ce que j’ai perçu et le fruit de ma prière. Je vous invite à prendre personnellement, le temps de relire ces textes paisiblement et à les méditer ! 

Au même titre que les Apôtres et les disciples, nous sommes, nous aussi, les destinataires de l’évangile. C’est la même Mission que nous entendons dans la prière de Jésus à son Père : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les envoie. » Cet envoi d’il y a deux mille ans est toujours le même, aujourd’hui !

Jeudi dernier, la solennité de l’Ascension nous l’a rappelé : « Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux restent dans le monde » dit Jésus. Le Christ n’est plus là selon la modalité de sa vie terrestre. Il devient absent à notre regard, Il va vers le Père, Il est auprès de Lui, à sa droite ; Il est le Seigneur ! 

C’est bien cela le sens de la fête de l’Ascension : « Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde ; tandis qu’à présent je quitte le monde et je vais vers le Père. » (Jean 16,28). Oui, Jésus monte vers son Père ! D’une certaine façon, Jésus est absent, mais Il reste présent sous un autre mode. Les derniers mots de l’évangile de saint Matthieu le diront à leur manière : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps. » (Math. 28, 20) 

Cela pose une question, déclinée en deux interrogations : 

  • Comment le Christ, qui n’est plus présent à la manière de sa vie terrestre, peut-Il l’être de nouveau, pour nous ? 
  • Comment pouvons-nous accepter d’être rencontrés par Lui, dans notre vie ?

Pour l’évangéliste saint Jean, Jésus est venu nous communiquer la vie de Dieu : « Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. » (Saint Jean14, 23). Une des clés de compréhension se situe là, même si elle nous paraît quelque peu mystérieuse : « Demeurez en moi comme je demeure en vous ! » 

C’est cela l’objet de la venue du Christ ; par Lui, Dieu invite et propose à chacun de nous de demeurer dans cette réciprocité : « Moi en Lui et Lui en moi » (1re lettre de saint Jean) ; Jésus veut me communiquer sa vie : « Voici que je me tiens à ta porte et que je frappe ; si tu entends ma voix et ouvres la porte, j’entrerai chez toi et je prendrai le repas(eucharistique) avec toi, toi avec moi et moi avec toi. » Nous trouvons cette même idée de réciprocité en relisant le livre de l’Apocalypse 3, 20. Nous entendons bien qu’il y a une disponibilité essentielle pour que le Christ demeure en moi, et moi, en Lui ! 

L’Eucharistie que nous célébrons chaque jour,  est ce lieu extraordinaire où le Christ demeure réellement en moi ! Le pain et le vin deviennent Corps et Sang du Christ. D’une façon incroyable, inimaginable, en ce faisant nourriture, Dieu nous communique sa propre vie : la vie véritable ! 

C’est de cela dont nous sommes les témoins ! Dieu nous veut témoins de sa présence et de son projet de vie dans le monde ! Il est, réellement, le Sauveur du Monde ! 

Cela pose une autre question : 

  •          Que veut dire Jésus quand Il affirme : « Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. »   
  •          Que devons-nous en déduire : sommes-nous de ce monde ? Sommes-nous du monde ? 

La réponse est oui, nous sommes bien de ce monde, bien incarnés dans ce monde, même si nous sommes attendus dans l’autre monde, par Dieu ! En même temps, nous n’appartenons pas au monde, nous savons bien que notre temps de passage dans ce monde est limité (entre notre naissance et notre mort) et nous savons que la mort n’est pas la fin de la vie. Dit autrement, nous sommes faits pour le Ciel, mais c’est dans ce monde-ci que nous pouvons librement choisir le Christ et Le suivre ! Nous avons la certitude que nous sommes juste des pèlerins de ce monde, émerveillés par la beauté de la Création, mais plus émerveillés encore, par l’amour de Dieu ! Notre vie est au Ciel !

Le danger serait de croire que Dieu serait insensible à notre monde et qu’Il nous demanderait de le fuir ! Pas du tout ! Dieu aime profondément ce monde, comme Il aime profondément chacun de nous ! La preuve est « qu’Il a envoyé son Fils pour sauver le monde » !

Au cœur de ce monde, Jésus sait que les disciples, les chrétiens, auront à porter témoignage, à être des communicantsafin de vivre au quotidien de leur existence, le témoignage qu’Il a lui-même rendu au Père. Il sait que, eux aussi, seront en butte aux moqueries ou aux persécutions : « Le disciple n’est pas plus grand que le Maître. » (Mt 10,24)

Cependant, à l’inverse des fondateurs de sectes, Jésus ne persuade pas ses disciples de se retirer sur une sorte de piédestal spirituel ; Il ne leur demande pas de se constituer en une caste fermée, hautaine, méprisante pour ceux du dehors, séparés du monde. Bien au contraire, Jésus nous demande d’être dans le monde, sans être contaminés par lui, afin d’annoncer à tous la Parole de Vie et de vivre dans une charité réelle et profonde.

En résumé : Dieu est amour ; qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et : « comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les envoie. »

Je souhaite terminer par un dernier point : 

Dans quelques jours, nous fêterons la belle fête de Pentecôte, qui est un moment clé du christianisme ! C’est la naissance de l’Église, la naissance d'une fraternité autour, et avec le Christ ! C’est l’expérience de l’effusion renouvelée de l’Esprit Saint, pour la Mission !

N’oublions pas que, depuis mon baptême, renouvelé au jour de ma confirmation, j’ai reçu cette force de l’Esprit Saint ! Esprit de Force et de Vérité ! C’est Lui qui, dans la prière, nous donne la connaissance du vrai Dieu et aussi l’audace de demeurer en Dieu et d’en témoigner !

Croire en Dieu, c’est croire que Dieu est Père et que nous sommes frères et sœurs en Jésus par l’Esprit. C’est là le socle le plus solide du vivre ensemble dans ce monde-ci, au-delà des différences et des fragilités humaines. La vie chrétienne, c’est vivre de l’Esprit Saint, en ce monde, en notre temps !

Demandons au Seigneur d’être sans cesse renouvelés dans la force et les dons de l’Esprit Saint pour que nous soyons les témoins de l’amour de Dieu, en notre monde !

Frères et sœurs, demandons que, par la force de l’Esprit Saint, nous soyons, nous aussi, renouvelés dans la compréhension de ce que Dieu veut pour chacun de nous et du témoignage que nous pouvons apporter. 

 

R. Viens, Esprit de sainteté,
Viens, Esprit de lumière,
Viens, Esprit de feu,
Viens nous embraser.


1. Viens, Esprit du Père,
Sois la lumière,
Fais jaillir des cieux
Ta splendeur de gloire.

2. Viens, onction céleste, 
Source d’eau vive,
Affermis nos cœurs 
Et guéris nos corps.

3. Esprit d’allégresse, 
Joie de l’Église,
Fais jaillir des cœurs 
Le chant de l’Agneau.

4. Fais-nous reconnaître 
L’amour du Père,
Et révèle-nous 
La face du Christ.

5. Feu qui illumines, 
Souffle de Vie,
Par toi resplendit 
La croix du Seigneur.

6. Témoin véridique, 
Tu nous entraînes
À proclamer : 
Christ est ressuscité !                                                       

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie de la solennité de l’Ascension du Seigneur. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 16, 15-20. Livre des Actes des Apôtres 1, 1-11. Psaume 46.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 4, 1-13. Messe avec les enfants du catéchisme.

 

Comment comprendre cette Solennité de l’Ascension ?

Est-ce comme me l’a proposé un des enfants du Catéchisme de la Paroisse : « C’est Jésus qui prend l’ascenseur pour monter vers son Père ! » Ce n’est pas complètement faux, mais essayons d’aller un peu plus loin.  

En quelques minutes, voici l’essentiel des échanges avec le groupe des enfants ; je l’ai articulé en quatre points !

  • C’est à la fin d’un rêve 
  • C’est aussi un mystère d’absence et de présence.
  • L’Ascension du Seigneur est l’achèvement de son Incarnation ! 
  • La promesse du don de l’Esprit Saint : c’est le début de l’Église !

 

1- La solennité de l’Ascension est la fin d’un rêve.

Pour les Apôtres, c’est la fin du rêve d’un rétablissement du royaume d’Israël tel qu’il avait existé au temps de la puissance de David. À l’époque de Jésus, les Romains occupaient avec une main de fer et géraient tous les aspects économiques, politiques et même le religieux. Le rêve de beaucoup de juifs était de remettre un roi à la tête du royaume d’Israël. Comme le souligne le récit des Actes des Apôtres, les disciples vivaient encore ce rêve, même après la mort et la résurrection de Jésus. Au moment, où ils sont réunis autour du Seigneur ressuscité, ils lui demandent, encore en effet : « Seigneur est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir la royauté pour Israël ? » (Ac 1, 6). 

De fait, Jésus ne rétablira pas le royaume d’Israël ! Cela est toujours vrai pour notre époque, même si certains l’espèrent encore ! Le Christ ne gouverne pas le monde à la manière d’un monarque ou d’un chef politique !

Jésus quitte ce monde et monte vers son Père, non pour nous abandonner, mais pour assurer à l’humanité une présence infiniment plus large ! Il ne s’agit plus simplement d’être au milieu de quelques centaines de personnes, mais d’être présent à l’humanité entière. 

Il donne en même temps une mission : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé » Jésus nous quitte pour nous donner le salut.

Les Apôtres de Jésus vont donc partir, de siècle en siècle, jusqu’à aujourd’hui et jusqu'au bout de la terre, non pas pour rassembler des disciples autour de théories humaines, mais poussés par l’Esprit Saint, pour annoncer le kérygme, c’est-à-dire la mort et la résurrection du Christ.

Leurs témoignages seront entendus le plus largement possible : jusqu’aux périphéries de nos sociétés et des continents !

 

2- La Solennité de l’Ascension est un mystère d’absence et de présence.

Jésus est avec nous "jusqu'à la fin du monde" ! Mais notre époque, parfois si contradictoire, ne doit pas nous inquiéter. Pour nous, les chrétiens, c'est l'occasion de rendre grâces de la résurrection du Christ et de la vie qu’Il nous montre au-delà de la mort, c’est aussi l’occasion d'entrer dans le pardon de Dieu, et surtout pas une raison de craindre l'avenir.

Pourquoi ? Parce que ce monde n'est encore qu'à l'aurore de la foi, et Jésus, le Seigneur du temps et de l'histoire, donne rendez-vous aux hommes et femmes de tous les temps et de tous les siècles. 

Que sera notre monde ? Il sera un peu ce que nous souhaitons qu’il soit si nous avons l’audace d’oser annoncer cette bonne nouvelle et de le transformer par notre présence active (politique, sociétale, charitable…)

Oui, Jésus est avec nous "tous les jours" et chaque jour de notre vie ! Ce n’est pas une promesse, mais c’est une réalité ! « Le Seigneur travaillait avec nous », nous redit l’évangile.  C'est sa présence (“absence-présence“ ou “présence-absence“) au quotidien qui donne un sens à nos projets, à nos efforts, à tous nos gestes de charité. Il est réellement présent aux grandes joies de son Église, mais tout autant quand l'Église peine à trouver sa route, ou qu'elle doit ramer contre les tempêtes. 

Cette absence-présence peut être perçue aussi comme un manque, car nous ne le voyons pas, en tout cas, pas comme les Apôtres ont pu le voir. Cependant, Il est toujours présent dans son Eucharistie, Il est présent par sa Parole, Il est présent par les Sacrements de l’Église que nous recevons. Ou encore « En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18,20)

 

3-La Solennité de l’Ascension du Seigneur est l’achèvement de son Incarnation pour un retour au Père !

Nous avons pris un peu plus de temps avec les enfants, pour essayer de comprendre ce que ces mots signifient. Nous avons repris les premières pages des évangiles.

Dès les premiers chapitres, les Évangiles (en particulier celui de saint Matthieu) s'ouvrent sur une incroyable espérance : l'enfant de Bethléem vient au monde pour être l’Emmanuel : « Dieu avec nous ! ».

Au moment de son Incarnation (à Noël), Dieu vient en notre humanité, dans un petit village de notre terre : Bethléem. En quelque sorte, c’est le ciel qui descend sur la terre. Ce même Évangile se referme, en cet aujourd'hui de l'Ascension, sur la même assurance, étendue à toutes les nations et à tous les siècles : le Christ est toujours avec nous, Il est l’Emmanuel ! Si à Noël, Il vient dans notre monde, lors de l’Ascension, le sens de la flèche est inversé : Jésus monte de la terre jusqu’au ciel. 

Durant le temps de sa présence sur terre, le Christ est venu nous expliquer, avec des mots humains et compréhensibles par tous, le « projet de vie » que Dieu veut pour chacun de nous et l’importance de notre mission pour l’annoncer.

 

4-Que devons-nous retenir ?

Tout cela à la fois ! Mais surtout l’assurance que Dieu ne nous abandonne pas ! Il nous redit la promesse du Don de l’Esprit Saint : Dieu ne nous laisse pas orphelins !

L’Ascension est l’annonce d’une espérance nouvelle, car elle nous invite à vivre notre propre Pentecôte, toujours renouvelée, toujours saisissante, toujours enthousiasmante ! 

 

Frères et sœurs, n’ayons aucun doute : Dieu est là, toujours présent. Il renforce en chacun de nous le désir du Ciel ! Alors, n’ayons pas peur ! Nous avons une belle mission : nous devons regarder le Ciel car c’est là où nous irons. Et, en même temps, nous avons aussi à être disponibles à tous ceux qui sont autour de nous et à prendre soin d’eux. Selon notre liberté et notre détermination, si nous le voulons, nous pourrons tous nous retrouver au Ciel.

Notre espérance est là : avec le Christ, le Ciel est notre devenir ! Une nouvelle naissance au Ciel est possible ! Pour cela, nous avons à vivre charitablement, saintement, le temps qui nous est donné sur cette terre.

Les pères de l’Église expriment cette pensée de façon particulière :

Là où la tête est passée, là aussi le corps tout entier passera !

Là où le Christ est passé, là aussi, nous (c’est-à-dire l’église) pouvons passer !

Lorsque Jésus monte au Ciel, Il nous demande de prier afin que nous puissions être renouvelés dans la force du Saint Esprit. Depuis ce jour de l’Ascension et jusqu’au dimanche de Pentecôte, nous sommes invités à entrer dans une Neuvaine : neuf jours d’attente et de confiance qui nous préparent à la fête de la Pentecôte ! 

Demandons avec force pour nous tous d’être renouvelés dans les grâces de l’Esprit Saint, de grandir dans la foi, de nous réjouir que le Christ soit réuni auprès de son Père ! 

Ouvrons notre cœur et notre intelligence aux dons et aux fruits de l’Esprit Saint !

Ainsi soit-il ! 

 

 

Homélie du mercredi 12 mai 2021, 6e semaine de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 12-15. Livre des Actes des Apôtres 17,15.22 à 18,1. Psaume 148.

 

En cette veille de l’Ascension, je souhaite aujourd’hui m’arrêter quelques instants sur cette phrase que nous venons d’entendre dans l’évangile :

     « J’aurais beaucoup de choses à vous dire … Mais vous n’avez pas la force de les porter. »

En cette veille de l’Ascension, qu’est-ce Jésus, veut nous dire, ou me dire personnellement ?

Nous le savons, Jésus est sur le départ ! Il va rejoindre son Père : « Je m’en vais ! » dit-il à ses disciples. 

                    Mais Il ajoute : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire… »

Cette phrase résonne à la fois 

  • comme une surabondance d’attention (j’ai encore beaucoup de choses à vous enseigner…)
  • et en même temps, comme un aveu d’impuissance (vous n’avez pas la force de porter ce que je veux vous dire) !

Vous allez me dire que c’est frustrant ! Quelle que soit mon intimité avec Jésus, je dois reconnaître que j’ai encore beaucoup à apprendre ! Plus j’avance en âge, plus je grandis, plus je constate que beaucoup de choses m’échappent encore dans le devenir de notre vie !

Quelque soit ma vie (elle a pu être pénible ou compliquée), avec des hauts et des bas, facile ou difficile, avec le temps, j’espère, en tant que chrétien, avoir compris plusieurs choses :

  • J’ai déjà compris que je dois me tourner vers Jésus, qu’Il me prépare une place près de son Père, que ma Place est avec Lui…
  • J’ai déjà compris que la mort n’est pas la fin de la vie,
  • J’ai déjà compris que l’Esprit Saint me conduit aussi à la vérité… sur le monde … me fait comprendre comment être libre dans ma vie… dans mes choix…
  • J’ai déjà compris aussi la tendresse avec laquelle Jésus m’invite et me sollicite pour être près de Lui, avec Lui ! Il est le Chemin, la Vérité et la Vie !

Ce qu’il me faut comprendre aussi, c’est qu’avec le temps, Jésus m’entraine à aller plus loin, chacun selon son rythme, pas après pas ! Au-delà d’un savoir, d’un service ou d’une capacité, je sais que je dois aussi tenir dans le temps, dans la fidélité !

Bref, il y a tant de choses que Jésus depuis longtemps aurait voulu me dire et me faire comprendre ! Ce n’était peut-être pas le bon moment… C’était peut-être trop lourd à porter pour moi, à ce moment-là ?

Pourtant, ne nous laissons pas abattre ! Ne restons pas dans la tristesse ou l’insatisfaction ! En ces jours, et particulièrement dans cette neuvaine qui va débuter, demandons des forces neuves pour accueillir ce que Jésus souhaite nous dire ou nous redire ! Laissons-nous renouveler par son invitation ! Surtout, puissions-nous ouvrir notre cœur et nos oreilles pour entendre ce que Jésus veut me dire !

     Comprenons que l’Ascension de Jésus que nous allons revivre demain nous indique la direction unique de notre existence ; l’ascension de Jésus nous montre le Ciel et la Vie à venir ! Que l’Esprit de Vérité nous donne la force de continuer notre route, notre quotidien avec cette détermination à vivre droitement notre vie chrétienne, à nous mettre simplement à l’écoute de sa Parole dans l’espérance !     

Frères et sœurs, demandons cette grâce pour chacun de nous, ce soir, et préparons-nous joyeusement aux jours qui viennent !                   

                                                                                                           Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 10 mai 2021, lundi de la 6e semaine de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 26 à 16, 4a. Livre des Actes des Apôtres 16, 11-15. Psaume 149.

 

L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse !

     En nous faisant cette promesse, Jésus donne un nom à l’Esprit Saint. Comme nous venons de l’entendre, Il le nomme : le Défenseur (15-26) ! 

Sommes-nous donc en danger pour que nous ayons besoin que quelqu’un nous défende ? Oui !

 De fait, il existe même plusieurs dangers, ce peuvent être :

- le danger de nous laisser prendre par l’esprit du monde, 

- le danger d’oublier la promesse de vie de Jésus, 

- le danger de baisser les bras face aux contradicteurs, 

- le danger de la fuite ou tout simplement celui de nous perdre … 

- Et bien d’autres encore… comme les attaques du Mauvais…

Voilà pourquoi tous les disciples ont besoin d’un Défenseur.

Mais, il y a aussi un autre danger : le mal qui rôde autour de nous. Au moment où saint Jean écrit son évangile, les disciples sont en conflit avec les représentants de la Synagogue. Jésus ne leur cache pas qu'ils auront à affronter de multiples oppositions : exclusion de la synagogue, haine du monde et persécutions. Ceux qui les tueront « s'imagineront même, offrir un sacrifice à Dieu ». 

Nous pourrions être découragés ! Comment y faire face ?

Jésus leur annonce donc l'envoi de « l'Esprit de vérité qui procède du Père. » Appelé : « le Défenseur » ou « Paraclet», c'est lui qui sera aux côtés des disciples pour leur donner la force d'être les témoins dans les procès qui leur seront faits, témoins jusqu'au bout, comme et à la suite du Christ, « le témoin fidèle » (Ap 1, 5).

Même si cet évangile est écrit à l’époque ancienne où des chrétiens vivent des situations de persécution, l’Histoire, depuis vingt siècles, hélas, témoigne encore et toujours, de toutes les persécutions et les procès faits à des chrétiens à cause de leur foi et du témoignage qu'ils ont rendu à la suite du Christ. Cet évangile nous invite à prier avec et pour eux, mais aussi à prier pour nous, aujourd’hui.

Il est important aussi, de préciser que le rôle de l’Esprit Saint n’est pas de révéler quelques nouvelles vérités inconnues de l’Évangile. 

Le rôle de l’Esprit Saint n’est donc pas de nous révéler du neuf ou de prédire l’avenir. Son intervention vise à nous donner une intelligence profonde de la Vérité : « il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16,14), ou encore : « Oui, l’Esprit redira tout ce qu’il a entendu, et ce qui va venir, et il vous le fera connaître » (Jn 16,13). Il ne s’agit donc pas ici de prédictions, mais d’une compréhension et d’une reconnaissance du projet de Dieu.

L’Esprit fait donc de nous des missionnaires et des témoins, quoi qu’il puisse arriver !

Il nous met en mouvement, il nous bouscule pour que nous puissions imiter le Christ : « il rendra témoignage en ma faveur et vous aussi, vous rendrez témoignage » pouvons-nous lire dans l’évangile en Jean 15,26-27.

À chacun de nous, frères et sœurs, d’ouvrir nos yeux, notre cœur, de demander sans cesse l’audace de suivre le Christ, car c’est Lui qui est la Vérité, le Chemin et la Vie ! Je termine par un dernier point : n’ayons pas peur ! Ne cherchons pas, au loin Dieu : l’Esprit est déjà en nous !  Nous l’avons reçu le jour de notre baptême, renouvelé lors de notre confirmation et, à chaque sacrement, c’est lui qui nous ouvre les yeux du cœur pour voir Jésus vivant, présent dans son corps et son sang, comme dans l’Eucharistie ! 

Frères et sœurs, demandons, ensemble, la grâce d’un accueil audacieux et fidèle à Dieu, Un et Trine !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 9 mai 2021, 6e dimanche de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 9-17. Livre des Actes des Apôtres 10,25….48. Psaume 97.

Première lettre de saint Jean 4, 7-10.

 

En préparant cette célébration et en méditant les lectures de ce jour, j’ai essayé, dans ma prière, de discerner ce que le Seigneur voulait me dire et nous dire. Quel émerveillement devant la beauté et la profondeur de ces textes !

Deux phrases ont particulièrement marqué ma prière. C’est Jésus qui nous parle : 

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis. »

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. »

 

Avec la première phrase, nous pourrions dire que l’évangéliste saint Jean remet, en quelque sorte, les pendules à l’heure, en citant les paroles de Jésus : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ». Dieu m’a aimé et choisi, avant même que j’ai pu l’aimer et le choisir !

Que devons-nous comprendre ? Déjà, nous ne sommes pas à l’origine de notre vie ; c’est toujours Dieu qui est à l’origine de toute vie, mais aussi de ma vie chrétienne, de mon appel à Le suivre. Il est à la fois, l’origine, l’invitation et le terme ! Si nous sommes là ce matin, si nous avons décidé de venir dans cette église, c’est bien parce que le Seigneur nous a tous appelés. Notre présence est déjà une réponse !

Toute vocation vient de Dieu et c’est Lui qui prend la décision d’appeler. L’appel de Dieu est toujours premier et il nous devance ; on le voit dans les synoptiques (les quatre évangiles) lors de l’appel des premiers disciples : Jésus appelle, Il invite à le suivre, Il accompagne… Il est à l’origine de l’envoi en mission de chacun. C’est peut-être quelque chose de tout simple que nous pouvons pressentir dans nos vies : mystérieusement, c’est Dieu qui nous appelle en donnant le sens de notre vie et Il attend de chacun de nous, une réponse libre.

Rien de péremptoire ! La pédagogie de Dieu est toujours la même : certes, Il nous appelle, mais c’est toujours sous forme d’une proposition, car Il respecte toujours notre liberté ! Il nous sollicite sur le mode d’une invitation : « Veux-tu me suivre ? » Rien d’obligatoire ! La foi est un acte libre !

Les questions sont importantes et ont du sens : « Veux-tu vivre quelque chose de particulier avec moi ? » « Veux-tu partir en mission ? »  « Veux-tu te consacrer dans un état de vie particulier ? » Il en va ainsi pour tout appel, pour toute vocation ! 

Nous retrouvons cet appel de Dieu chez de nombreux prophètes, et bien au-delà, pour beaucoup d’hommes et de femmes de tous les temps. À un certain moment, ils sont saisis par Dieu, comme Paul, sur la route de Damas, comme le prophète Amos derrière ses bœufs, ou encore Jonas qui résiste de toutes ses forces contre la mission qu’il a reçue de Dieu (il doit évangéliser la ville de Ninive). Ce sont aussi le roi David alors qu’il est tout jeune et qu’il garde son troupeau de brebis… ou sainte Jeanne d’Arc dont c’est, ce week-end, la fête nationale… La liste est longue de celles et ceux que le Seigneur invite à la mission ! Sans doute que ce serait plus simple si Dieu apparaissait devant nous, dans toute sa puissance, entouré de milliers d’anges et d’archanges ! Dans de telles conditions, nous n’hésiterions plus … Mais Dieu nous fait une demande libre : « Veux-tu me suivre ? » Remarquez sa discrétion, il attend notre réponse. Nous retrouvons cette même humilité dans l’eucharistie que nous vivons : juste un peu de pain et de vin !

Ce qu’il faut comprendre aussi, c’est que l’appel n’est pas un privilège pour la gloire de son destinataire. Il ne nous appelle pas selon nos capacités ou parce que nous serions meilleurs, plus beaux, plus riches, plus intelligents…! Être appelé est toujours « pour les autres » ; tout appel est toujours lié à la mission et au service. En aucun cas, cet appel ne procure un statut de supériorité ! 

Tout appel demande une réponse, et c’est peut-être là, la difficulté de notre temps. Dieu appelle chacun de nous, quels que soient notre âge, notre histoire, notre état de vie… Une chose est cependant nécessaire ! Sans une réponse audacieuse de notre part, nous pouvons passer à côté de l’essence même de notre vie humaine : « Aimer et être aimé » !

 

Une autre clé de compréhension nous est donnée par cette deuxième phrase :

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. »

S’il y a appel, c’est pour notre joie et notre bonheur. Non seulement Jésus nous partage l'amour qui le fait vivre, mais Il nous donne la clé de la fécondité de nos vies : « Mon commandement le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». 

C’est l’essence même de notre vie humaine : Aimer ! Tout en nous exprime ce désir, depuis notre toute jeune enfance et jusqu’à la fin de notre vie ! C’est au sein de la famille que nous comprenons que l’amour existe, même s’il y a des querelles et des colères. L’amour est là ! Il est nécessaire.

En révélant cela, Jésus rétablit la vérité sur Dieu, sur l’homme et sur le monde, tels qu’ils ont été créés.

Il révèle que la nature de Dieu est d’aimer ! « L’amour dépasse tout » nous redit saint Paul dans la Première lettre aux Corinthiens 14, 1-15. La plus grande pauvreté de l'être humain, sa plus grande tristesse, est de ne pas être aimé et d’oublier d’aimer !

Sur l'horizon de tout ce nous venons d'entendre, il est clair que Jésus ne nous ordonne pas d’aimer d'une manière tout humaine, volontariste, centrée sur un moi égoïste, mais Il nous invite à nous laisser traverser, transformer et emporter par un amour qui nous précède et qui nous dépasse, un amour que nous avons à recevoir pour pouvoir le transmettre à notre tour. « Comme je vous ai aimés - dans l'amour dont je suis aimé par le Père, à votre tour - aimez-vous les uns les autres !» nous dit Jésus. 

      En d'autres termes, il s'agit de laisser l'initiative à l'Amour de Dieu et apprendre tout de Lui !

En ce sixième dimanche, demandons tout particulièrement, d’être renouvelés dans l’amour, renouvelés dans l’Esprit Saint, renouvelés dans la décision de répondre avec audace à l’appel de Dieu. 

C’est son amour qui tend, par un mouvement spontané de sa nature à se diffuser, à se répandre, à se donner, pourvu que nous ne lui opposions pas de vaines résistances. Si nous laissons ainsi l'Amour nous envahir, si nous laissons à l'Esprit Saint la maîtrise de nos vies comme Jésus a osé le faire, alors nous serons conduits, nous aussi, à donner notre vie, car telle est la logique de l'amour, sa loi interne, son dynamisme spontané, car : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».

Frères et sœurs, si nous comprenons cela, si nous le vivons, alors nous pourrons l’annoncer et bien sûr, le chanter sur tous les tons et dans toutes les langues (cf. final du Psaume 97)!

C’est ce dont notre monde a besoin, aujourd’hui : des témoins de l’amour de Dieu !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du mercredi 5 mai 2021, 5e semaine de Pâques, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Jean 15, 1-8. Livre des Actes des Apôtres 15, 1-6. Psaume 121.

 

Il me semble que, depuis ce temps de pandémie qui dure depuis plusieurs mois (en espérant sa fin prochainement !) nous remarquons davantage une réalité de notre société. De fait, nous pouvons faire ce constat paradoxal : nous vivons dans une société individualiste, dans laquelle, même si l’on travaille avec les autres, même si nous décelons une réelle compassion et solidarité plus attentive, nous restons farouchement indépendants. Chacun se réserve le droit de se séparer de ce qui ne lui convient pas ou de se « défaire »dles personnes avec lesquelles les relations sont trop compliquées ou trop exigeantes. Une des difficultés que je perçois, c’est que nous avons un peu perdu la force que devrait avoir une communauté paroissiale. 

Dans l’évangile de ce jour, Jésus nous invite à vivre l’inverse de toutes ces attitudes mondaines ! C’est un paradoxe qu’il nous faut reconnaître !

Jésus ne peut donc être mis au même rang que nos autres relations ; on ne peut pas lui dire un jour : « Je suis avec toi » et le lendemain : « Je n’ai plus besoin de toi ».

Certains peuvent dire même que Dieu est totalement absent de leur quotidien ! Or, il est très clair, pour moi, qu’on ne peut vivre en dehors de Dieu. Une vie sans Dieu méprise son authenticité et son espérance !

Si Jésus se montre aussi clair, ce n’est pas pour nous emprisonner ou pour nous empêcher de vivre. Au contraire, parce qu’Il nous aime et qu’étant Lui-même la source de la vie, Il tient à ce que nous restions attachés à Lui afin que sa grâce coule en notre cœur, en notre vie. 

Que nous le suivions ou non, Jésus reste, à jamais, la source vivre ! En vérité, ce n’est pas Lui qui a besoin de nous, c’est bien nous qui avons besoin de Lui, de la même façon qu’un pied de vigne vivra toujours, même s’il lui manque quelques sarments. Jésus nous invite donc à comprendre que notre vie a du sens, que sa vie coule en nous et que nous ne sommes pas faits pour avancer en nous desséchant dans les illusions et les dérives du monde. Le risque serait de finir dans une mort éternelle, car nous serions alors, complètement coupés de Dieu. 

L’invitation est pressante, elle est même urgente : rester attachés au Christ !

L’invitation est donc d’écouter sa parole, vivre de sa parole, car elle est source de vie pour nous-mêmes. De plus, et de façon toute naturelle, cela devient aussi une source de vie pour les autres, car, comme un sarment bien attaché à la vigne, nous portons, nous aussi, du fruit, du fruit qui nous vient de la grâce même de Dieu. Dieu veut que nous en portions encore davantage, Il veut que nous portions beaucoup de fruit ! 

Comment allons-nous faire ? Ce ne sera certainement pas à la force de notre poignet, certainement pas par notre volonté propre, mais bien en laissant Dieu agir en nous, en développant les dons, les charismes qu’Il met en nous. 

C’est en cela que nous serons de véritables disciples du Christ : il nous faut demeurer en Lui !

Restons attentifs à ce que Dieu veut pour nous, et de nous ! Mystérieusement, et en même temps dans une évidence, c’est ainsi que nous serons capables de porter du fruit au-delà même de nos simples capacités humaines. 

Voilà ce que nous pouvons réentendre aujourd’hui ! Ne suivons pas, sans réfléchir, ce que notre société nous propose. Refusons cette façon de vivre très individualiste ! « car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » nous redit Jésus !

Vivre du Christ, c’est au contraire, former une communauté de disciples missionnaires ! Voilà le défi que nous sommes invités à relever avec audace ! Demandons la grâce et la force d’y répondre avec joie !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 3 mai 2021, lundi de la 5e semaine de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 6-14. Lettre de Saint-Paul aux Corinthiens 15, 1-8. Psaume 18A.

Saint Philippe et saint Jacques le Mineur que nous fêtons ensemble aujourd’hui, sont des disciples audacieux de Jésus ; ils mourront martyrs au 1er siècle.

 

L’heure est grave ! Jésus vient de laver les pieds de ses disciples ! Ceux-ci ont-ils tout compris du sens de ce geste ? Ce n’est pas certain ! Plus encore, Jésus leur annonce des choses surprenantes : Il leur explique qu’Il va partir vers le Père et les quitter.

À ce moment de l'Évangile de saint Jean (nous sommes au chapitre 14e), le discours après la Cène devient un dialogue entre Jésus et les disciples. Après avoir conversé avec Pierre et annoncé son triple reniement, Jésus s'adresse ici à Thomas, puis à Philippe.

Je vous laisse imaginer la perplexité et l’incompréhension des disciples ! 

Les questions de Philippe et Thomas sont directes et pertinentes ! Sans doute font-elles encore échos aux nôtres ?

Philippe lui demande : « Montre-nous le Père » et Thomas a dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous en savoir le chemin ? »

Jésus répond par une phrase surprenante et insondable, qui ne peut être comprise que le cœur grand ouvert : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. » 

Nous avons tous eu l’occasion de méditer ces mots. Nous les connaissons par cœur ; comment cette phrase nous interpelle-t-elle ? 

Déjà, cette réponse nous précise à nouveau que nous sommes tous en chemin ! Mais, plus intensément, elle est ouverture, invitation et étonnement ! Nous ne sommes pas encore arrivés au terme de ce périple, car notre vie sur cette terre, qui s’égrène jour après jour, est un chemin patient vers Dieu.

Oui, Jésus est le chemin parce qu'Il est la vérité.

 Il est à lui seul toute la vérité que Dieu révèle aux hommes. C’est une profession de foi.

Il est aussi le chemin parce qu'Il est la vie.

Tout homme en marche vers le Père est en route vers la vie, et il trouve cette vie, déjà en rencontrant le Christ. Jésus est chemin de vie : Il est déjà la vie ; c’est lui qui mène à la vie. Sa résurrection est le signe, la certitude que nous sommes faits pour la Vie. Même la mort que nous connaîtrons un jour, ne sera pas la fin pour nous.

Jésus est la Vérité et la Vie, parce que, à la fois, Il manifeste le Père et introduit les hommes dans sa communion.

"Personne ne va vers le Père sans passer par moi", dit Jésus. 

Frères et sœurs, mesurons-nous la grâce, étonnante que nous avons d’approcher plus intiment ce mystère ? Combien de générations, avant la venue et la rencontre du Christ, ont dû se demander comment comprendre et comment rendre tangible ce mystère de vie en Dieu ? Sans doute avaient-ils cette intuition que nous sommes faits pour une vie au-delà de la mort, mais comment en connaître le chemin ? C’est une grâce extraordinaire de connaître que le chemin sûr, c’est le Christ ! 

Parce qu’il est la vérité et la vie, Il est le chemin de notre prière : c’est en son nom que nous prions le Père, c’est en son nom que le Père nous répond en nous donnant l’Esprit.

C’est pourquoi, ce matin, si nous nous retrouvons ici, dans cette église, c’est que nous croyons que notre vie a du sens. Mais, aujourd’hui encore, beaucoup de nos contemporains (chrétiens ou non) semblent perdus et sans repère, sans trouver le chemin qui nous est donné et pourtant accessible à chacun. Alors, oui, nous sommes invités à prier ! Que notre prière se fasse audacieuse, de cette audace qui plaît au Seigneur parce qu’elle agrandit les cœurs.

Que la Vierge Marie (Marie qui défait les nœuds) nous redonne aujourd’hui, avec sa douceur si convaincante, la consigne qu’elle avait donné aux serviteurs de Cana, une consigne plus urgente que jamais : "Tout ce qu’il vous dira, faites-le !" 

Alors, tout ce que nous demanderons en son nom, Il le fera !

Voilà le mystère de vie que nous entendons ce matin alors que nous fêtons saint Philippe et saint Jacques le Mineur. Puissions-nous, à notre tour, être les apôtres de notre temps !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 2 mai 2021, 5e dimanche de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Vincent de Paul, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 1-8. Livre des Actes des Apôtres 9, 26-31. Psaume 21.

Première lettre de saint Jean 3, 18-24

 

Il m’est arrivé une petite aventure la semaine dernière, et, ce matin, j’aimerais vous raconter ce qui s’est passé. À la fin de la messe, en l’église saint Louis, un petit groupe d’étudiants était présent. Deux d’entre eux faisaient visiter l’église aux autres jeunes, qui, manifestement, découvraient cette église. J’étais en train de ranger et les deux jeunes en question, vraisemblablement baptisés se sont approchés de moi et m’ont posé cette question : qu’est-ce qu’être chrétien ?

Alors, nous nous sommes assis quelques instants et nous avons discuté un peu : « d’où venez-vous ? Quelles sont vos études en cours ? » Difficile de répondre en quelques mots à leur question. Nous avons poursuivi par des échanges passionnants parce qu’à chaque fois, ils posaient d’autres questions avec une belle curiosité. J’ai donc essayé de leur apporter quelques éléments de réponse.

Qu’est-ce qu’être chrétien ? Peut-être est-ce une question que l’on vous a posée récemment ! 

En quelques minutes, je vais essayer d’apporter un début de réponse, et cela en quatre actes de foi et trois pistes. Ce sont celles que nous apportent, d’ailleurs, les lectures de ce matin. 

Quelle est la réalité du chrétien ? Je note au moins quatre actes de foi pour comprendre :

·    Que la vie n’est pas un dû, mais qu’elle est un Don de Dieu ! 

·    Que ma vie a du sens ! Depuis ma création, in utero, dans le ventre de maman, jusque dans la maladie, la vieillesse : oui ! Ma vie a du sens ! Elle est précieuse et unique ! Nul n’a le droit de me l’enlever !

·    Que Dieu aime chacun de nous ! Dieu m’aime. Nous sommes tous enfants de Dieu ! Mais le baptême nous donne en plus, d’être fils et filles du Père, frère et sœur de Jésus ! Dans cette fraternité, il y a une famille chrétienne ! C’est celle que nous formons aujourd’hui en cette église saint Vincent de Paul ! C’est une communauté comme toutes les autres, avec ses joies et ses difficultés. Mais, il est important de savoir que nous formons une famille ; je ne suis pas chrétien tout seul !

·    Que Dieu n’est pas quelqu’un qui me met à l’épreuve ! Il ne veut pas non plus la mort, mais Il veut la vie pour chacun de nous ; Il veut que nous soyons avec Lui pour toujours dans la Vie éternelle ! Jésus est le CHEMIN, la VÉRITÉ, la VIE ! Ma vie ne se limite pas à cette vie terrestre, mais elle continue au-delà de la mort ! Voilà la Bonne Nouvelle à annoncer !

Je vous laisse imaginer les yeux étonnés de ces jeunes et les discussions qui ont suivi ! Mais, même pour certains, est-ce si simple de croire ? Est-ce si simple d’être chrétien ? Non ! Pourquoi ? … Car Dieu nous laisse libres ! Dieu ne veut pas nous obliger ou nous contraindre ! Il nous demande de réfléchir, de comprendre, d’être audacieux ! Beaucoup d’entre nous ont peut-être du mal à le concevoir ! Mais, c’est un fait ! La vie, la paix, comme l’amour, ou la proximité qu’Il nous offre sont toujours sur le mode de la proposition : « Veux-tu ?...Être avec moi… me suivre… comprendre ce que je veux pour toi ; le veux-tu ? » (Par ex : les sacrements que nous vivons, demandent une adhésion, un oui que je prononce, pas après pas, par étapes.) Libre à nous de répondre oui, ou non.

Pour cela, Dieu ne nous laisse pas seuls à nous ‘dépatouiller’ ou à tourner en rond ! Il nous donne des pistes concrètes ! Mais, là aussi, elles ne sont pas automatiques ! Elles nous invitent à faire un pas, à une audace ! 

Les trois lectures d’aujourd’hui nous donnent trois pistes en images, pour que tous puissent comprendre ! 

1re piste : « Demeurez en moi, comme moi en vous »

Dans l’extrait de l’évangile de saint Jean qui nous est proposé aujourd’hui, Jésus l’explique à ses disciples par l’image de la vigne. Être disciple du Christ, c’est entrer dans une relation personnelle, essentielle : « De même que le sarment ne peut porter du fruit par lui-même s’il ne demeure sur la vigne ». Être chrétien n’est pas juste une adhésion à des valeurs ou à une morale, il s’agit d’être uni à une Personne ! Le Christianisme n’est pas non plus une religion du Livre ; être chrétien, c’est être uni au Christ, à Jésus !

- 2e piste : « Aimer, par des actes et en vérité »

Nous le savons, Jésus nous l’a dit : toute la Loi se résume à deux commandements : AIMER DIEU ! AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MÊME ! La première lettre de saint Jean affirme cela avec force : on ne peut répondre à l’amour que par l’amour ! Pas de “bla-bla“ ni de paroles creuses ! De même que Dieu a manifesté son amour pour les hommes en envoyant son Fils, de même il nous faut incarner notre amour pour Dieu en nous aimant les uns les autres : « par des actes et en vérité ». Concrètement, les mots ne suffisent pas ! 

Aimer, oser un pardon, dire « Je t’aime » ou tendre la main : tout cela est possible si mes actes prolongent mes paroles ! Plus qu’un « faire », il nous faut développer un art de vivre chrétien ! N’ayons pas peur de demander l’aide de l’Esprit Saint.

- 3e piste « Comment, à Damas – après avoir reçu le baptême - Saul s’était exprimé avec assurance au nom de Jésus. »

Le baptême est un don, qui nous ouvre, par l’Esprit Saint, à la reconnaissance du Christ vivant !

La première lecture nous explique le chemin de « Saul » qui deviendra plus tard « Paul » : saint Paul ! Son parcours, sa conversion ne sont pas forcément loin de ce que certains d’entre nous ont vécu ! Après avoir combattu la foi chrétienne des premières communautés, Saul fait l’expérience bouleversante de la rencontre du Christ vivant. Une rencontre qui le plonge dans un bouleversement tel, qu’il en devient aveugle ! Il lui faut rencontrer les frères, c’est-à-dire l’Église par les mains d’Annanie, pour recevoir l’Esprit Saint, recevoir le baptême et voir enfin clair sur la personne du Christ ! De fait, il l’annoncera jusqu’au don de sa vie.

 Il ira jusqu’à écrire un peu plus tard : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ! »

En conclusion, ces trois pistes décrivent brièvement, ce que devrait être notre vie chrétienne comme disciples du Seigneur !

  • Des hommes et des femmes qui vivent branchés sur le Christ comme le sarment sur la vigne. 
  • Des témoins de l’amour de Dieu, non par de simples paroles, mais véritablement « par des actes et en vérité ». 
  • Des apôtres formant une communauté fraternelle de disciples-missionnaires qui, à la suite de Paul (et de tous les autres témoins) porteront du fruit et un fruit qui demeure en Vie éternelle. 

 Puis, après nos échanges, les jeunes sont repartis… Qu’arrivera-t-il pour eux ? Je ne le sais pas. Pour moi, j’étais heureux de ce moment passé avec eux et d’avoir pu témoigner ce qui fait le cœur de ma vie, de témoigner du Christ ! J’espère que, à vous aussi, ce genre de rencontres se présente : « Toi, tu es chrétien, tu es chrétienne ? Qu’est-ce que cela veut dire, pour toi ? » 

Frères et sœurs, que l’Esprit Saint embrase nos cœurs et ouvre notre bouche pour qu’en témoignant par nos actes et nos actions, nous invitions à la rencontre toujours nouvelle et bouleversante du Christ !                                                         

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 28 avril 2021, 4e semaine de Pâques, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 12, 44-50. Livre des Actes des Apôtres 12, 24 à 13,5. Psaume 66.

 

      Nous ne sommes pas créés pour vivre dans l’obscurité ou la grisaille !

       Chers amis, en écoutant l’évangile de ce jour, nous recevons une certitude, et j’espère que c’est la vôtre également : nous ne sommes pas créés pour vivre dans l’obscurité et la grisaille ! Nous entendons aujourd’hui, une invitation pressante à quitter la nuit pour le jour, à quitter les ténèbres pour la lumière ! Pourquoi ? 

-        Parce que nous sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous sommes faits pour la lumière !

-        Parce que notre société – mais peut-être nous-mêmes aussi - fait parfois office d’éteignoir ! 

Je vous le répète d’une façon claire : nous ne sommes pas créés pour vivre, pour nous cacher dans l’obscurité ou la grisaille !

       Celui qui vient éclairer notre vie, c’est le Christ : « Moi, la lumière, je suis venue dans le monde ». Moi, la lumière... Voilà l’extraordinaire révélation sur le mystère intime de Jésus et sur la mission qu'il a reçue du Père ! Jésus vient éclairer notre vie ! Je sais bien que ce que nous vivons, les uns et les autres, n’est pas toujours très lumineux… et que notre quotidien est bien souvent un peu gris, terne. Soyons assurés que le Christ vient faire la lumière en nous !

"Je suis venu dans le monde afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres" (v.46) nous redit le Christ. Rappelez-vous aussi, dans le livre de la Genèse, cette alternance que nous trouvons au début de la création : « Il y eut un soir, il y eut un matin ! » C’est dans cet ordre-là qu’il nous faut saisir la révélation !

       Ainsi, selon, Jésus, les ténèbres précèdent la foi : elles sont, pour nous, le pays d'avant la foi. La foi, parce qu’elle vient du Christ, vient illuminer notre vie.

  • C'est là que nous demeurons avant de rencontrer Jésus-lumière; 
  • C'est là que nous retournons quand nous quittons sa main.

Savez-vous que toutes nos liturgies nous donnent de passer de la Nuit à la Lumière !

       - La Vigile Pascale (qui a eu lieu, cette année, très tôt le matin) en est le type même. Cette célébration, Mère de toutes les Veillées, nous rappelle chaque année que nous passons des ténèbres de la nuit à Résurrection du Christ, des ténèbres de la mort à la lumière de la Vie !

       - Le Baptême est ce passage de la mort à la Vie ! Le cierge que le baptisé reçoit brille de la lumière du Christ.

  Même dans l’imagerie populaire, cette distinction existe : ne dit-on pas, quand nous sommes tristes que nous « broyons du noir ! » ou que nous sommes « dans le brouillard » ! Ces termes révèlent que nous sommes dans l’obscurité. À l’inverse, ne dit-on pas « Avoir une idée lumineuse » lorsque nous trouvons une bonne idée ? Vous connaissez tous ce petit dessin qui représente la tête d’un petit bonhomme avec une ampoule qui s’éclaire au-dessus de sa tête ! « Enfin, la lumière m’est donnée ! »

Frères et sœurs, si à certains moments de notre existence, il nous arrive de revenir aux ténèbres (volontairement ou non), à la tristesse, ou à une perte du sens de notre vie, ne sachant plus où nous allons, nous devons avoir un seul réflexe : dans un acte de foi, venir, revenir à Jésus-lumière, entendre ses paroles et les garder, lire un psaume, chanter un chant de louange, ou encore, prendre un temps d’adoration au Saint-Sacrement où l’ostensoir représente souvent un soleil avec Jésus au centre !          

Ce peut être aussi de venir au confessionnal et confier tout simplement que : « je suis dans les ténèbres. » Oui Seigneur, j’ai besoin de ta lumière ! Croyez que le Christ, à ce moment précis, nous redonne à la fois, sa lumière et sa paix !

Finalement, il faudrait que nous soyons un peu comme des tournesols, qui ont cette capacité, cet héliotropisme, de se tourner vers le soleil. Oui, soyons tous comme ces tournesols, rayonnants de ces belles fleurs, instinctivement tournés, attirés vers le Christ !

  Puissions-nous demander cette grâce, pour aujourd’hui, d’être à l’écoute de la Parole tout au long de ce jour, d’être tournés vers le Christ soleil ! C’est Lui, qui donne sens à notre vie ; c’est Lui qui vient l’illuminer afin que nous soyons « lumière » à notre tour, pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 26 avril 2021, lundi de la 4e semaine de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 10, 1-10. Livre des Actes des Apôtres 11, 1-18. Psaume 41-42.

 

Entre l’évangile d’hier et celui d’aujourd’hui, nous retrouvons une réelle insistance : Jésus est le Bon Pasteur, leberger, celui :

  • qui connaît ses brebis, 
  • qui leur donne la vie éternelle
  • que personne n’arrachera de sa main ! 

À partir d’éléments tout simples, Jésus nous propose un enseignement vigoureux sur la foi, un enseignement que nous recevons à nouveau ce matin. Pourquoi ? Parce que nous avons besoin d’être de stimuler, de réveiller notre foi et de mieux comprendre qui est le Christ, pour moi !

  • Jésus est le Bon Pasteur, car nous avons besoin d’être enseigné(notre connaissance est limitée), guidés (parce qu’il nous arrive d’emprunter des chemins de traverse ou de nous engager sur des chemins sans issue) et sanctifiés (c’est Jésus qui nous rend saints).
  • Jésus nous demande aussi de lui faire confiance : Il connaît et prend soin de toutes ses brebis !

Avec l’Évangile de ce jour, nous faisons un pas de plus ; il y a deux nouveaux points précis qui nous sont donnés : une « mise en garde » et une « ouverture » :

- Jésus nous met en garde contre les faux bergers. Qui sont ces faux bergers ? 

Non pas des prophètes de Dieu, mais des marchands de bonheur et de rêve, des voleurs et des bandits qui, en Israël et dans le monde païen, prétendaient apporter la recette du salut sans passer par le Dieu véritable, sans passer par le Christ ! Attention, ces faux prophètes sont encore bien présents de nos jours !

- Mais, le Seigneur est aussi « porte pour les brebis » ! Il est donc une porte qui ouvre sur une perspective nouvelle !

C’est sur cette image de la porte que je souhaite m’arrêter quelques instants pour mieux comprendre ce que le Christ est pour chacun de nous !

De fait, chaque jour, nous franchissons des portes ! Des portes qui s’ouvrent, d’autres qui se ferment ! Des portes qui ouvrent sur un avenir, des portes qui enferment !

Le Seigneur est « la porte pour les brebis », Il est la Porte franchie par chacun de nous pour "entrer et sortir". Porte pour :

·     Entrer avec Lui pour se mettre à l'abri de tout ce qui pourrait nous arriver et vivre cette intimité avec Lui, 

·     Sortir pour marcher au large et trouver l'abondance.

Entrer et sortir, c'est le mouvement de liberté que l'on trouve dans le Christ ; et là, chacun de nous est interpellé. Déjà le psalmiste déclarait, à propos de l'entrée dans le Temple : "C'est ici la porte du salut, les justes y entreront !" (Ps 119,20). 

Jésus redira, dans le même sens, au cours de son repas d'adieu du Jeudi saint : "Je suis le chemin, la vérité, la vie ; nul ne va au Père sans passer par moi !". C’est ce que nous avons entendu à Pâques.

Le Christ Pasteur est, pour nous, celui qui accueille et celui qui envoie, celui qui rassemble et celui qui relance. Il est devant moi chaque jour comme une porte toujours grande ouverte ! Cette porte est toujours un lieu d’accueil et de passage, une porte : 

-     qui m'invite à entrer pour l’Eucharistie, comme ce matin ;

-     qui m'appelle à sortir pour le témoignage, l'aventure de la foi et l'espérance ;

Voilà ce que nous pouvons recevoir ce matin, en résonnance avec l’évangile d’hier ; une opportunité pour quelques heures de méditation sans doute et relire ces textes …

 « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » 

C’est cette phrase que je retiens pour moi, pour tout ce jour.

                                                                                                                           Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 25 avril 2021, 4e dimanche de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 10, 11-18. Livre des Actes des Apôtres 4, 8-12.

Psaume 117. Première lettre de saint Jean 3, 1-2.

Journée mondiale de prière pour les vocations.

 

Comme je vous le disais en introduction, nous sommes déjà au 4e dimanche de Pâques. Le Christ est ressuscité ; Il est vivant ! Il est présent dans notre vie. Nous le savons, mais attention à ce qu’une routine ou une habitude ne s’installe pas. 

Le Christ est ressuscité et Il est le Pasteur de notre Église, de son Église.

Ce dimanche est l’occasion de prier pour toutes les vocations : vocations sacerdotales et religieuses. Notre vocation chrétienne est toujours la sainteté et cette invitation du Ciel ! Mais, reconnaissons-le, il n’est pas toujours simple de suivre le bon chemin ! Entre assoupissement et fausse route, nous avons besoin de “re-pères“ ! En ce dimanche des vocations, nous sommes invités à prier spécialement pour obtenir de Dieu les nombreux pasteurs dont le peuple chrétien a tant besoin, de nos jours.

Bon Pasteur ? Dans notre civilisation de moins en moins rurale, l’image du berger ou du pasteur risque d’être incomprise, anecdotique et peut-être même, un peu puérile ! Quand avons-nous vu pour la dernière fois un berger, ou tout simplement un troupeau de brebis ?

Le bon Pasteur à l’époque de Jésus n’est pas un berger d’opérette. C’est d’abord un gaillard solide, qui marche en tête du troupeau, un bâton à la main, indiquant bien sûr la bonne direction, mais aussi affrontant les obstacles possibles : il faut bien protéger les brebis des voleurs, mais aussi des loups multiples, pour lesquels les moutons sans défense sont une proie facile.

Tout pasteur dans l’Église, tout pape, tout évêque, tout prêtre doit lui aussi se porter en première ligne avec un certain courage, et qu’importe les critiques ! À temps et à contretemps, il ose s’en prendre aux lobbies de la société moderne, tous ces “loups“ que nous pouvons rencontrer aujourd’hui comme hier, et qui font de l’avortement, par exemple, un progrès, de la liberté sans entrave, une exigence moderne. Il ose dire la vérité, sans s’inquiéter des conséquences ! 

En cette journée des vocations, je peux dire aux jeunes (à chacun de vous ou aux jeunes que vous connaissez) que la vocation sacerdotale ou religieuse vaut la peine d’être vécue à une époque où, précisément, il est peut-être plus difficile ou risqué d’être prêtre, où il faut aller à contre-courant d’une opinion conditionnée, où le prêtre peut être ridiculisé ou sali, parfois même par l’irresponsabilité de confrères criminels. 

Mais, n’est-ce pas passionnant d’entendre l’appel à être prêtre pour un jeune, aujourd’hui, dans un monde où les repères sont brouillés, où la quête de sens, comme du don de soi semblent être à la fois décriés et en même temps, le lieu d’une intense recherche !

Rapidement, je souhaite approfondir, avec vous, comment Jésus est le Bon Pasteur et ce que ça peut dire de la mission de tous les pasteurs dans l’Église. 

De fait, sa mission est triple :

- Il enseigne. Jésus dit : « mes brebis écoutent ma voix ». Si elles écoutent, c’est parce qu’Il leur parle, Il les enseigne. On voit bien cela dans l’évangile, Jésus passe son temps à annoncer la Bonne Nouvelle, à prêcher, à enseigner. En ce sens, Jésus est prophète : Il annonce, Il transmet la Parole de Dieu. Il est même le prophète, par excellence, car Il est lui-même la Parole de Dieu faite chair.

Il guide le troupeau. Jésus dit : « moi je connais mes brebis et elles me suivent ». Si les brebis suivent, c’est parce qu’Il est devant et qu’Il les conduit. En réalité, Il est devant et en même temps, derrière elles pour prendre sur ses épaules la brebis égarée ou fatiguée. Il les mène vers un but précis. Il veut les faire bouger, les faire grandir, les faire sortir de l’enclos, les mener sur les hauteurs, vers les prairies, vers les sources pour qu’elles s’abreuvent et se nourrissent de bonnes choses. Le Bon Pasteur sait ce qui est bon pour ses brebis, car Il les connaît. Il sait où les mener, car Il sait ce dont elles ont besoin. Elles lui font confiance, car Il les connaît, Il les aime. Alors, elles le suivent. En ce sens, Jésus est Roi : Il conduit et dirige son peuple, Il marche à sa tête. 

Il sanctifie. Jésus dit : «Je leur donne la vie éternelle ». Jésus donne la vie éternelle à ses brebis, c’est-à-dire qu’Il les sauve du péché et de la mort. Il leur donne la vie éternelle, la vie avec Dieu, c’est-à-dire la sainteté, cette intimité avec notre créateur. Jésus donne la vie éternelle, Jésus sanctifie, parce qu’Il se donne lui-même. Oui, Jésus a donné sa vie pour ses brebis, pour qu’elles soient sauvées : Il est mort pour qu’elles puissent vivre. En ce sens Jésus est prêtre : Il a offert un sacrifice pour le salut et la sanctification du peuple. Il a donné sa vie pour qu’elles aient la vie éternelle.

Le Bon Pasteur a donc cette triple mission : Il enseigne, Il guide, Il sanctifie.

Je souhaite terminer en faisant le lien avec la vocation sacerdotale et la joie d’être prêtre :

C’est Jésus le Bon Pasteur, le vrai Pasteur, le seul Pasteur, mais Il a voulu que sa mission, sa charge se poursuive dans l’Église à travers des hommes qu’Il choisit pour cette mission !

Attention à ne pas mettre le pape, les évêques ou les prêtres sur un piédestal ni en faire des surhommes. Attention aussi au risque du cléricalisme, tant de la part de certains prêtres, comme de quelques laïcs… Les évêques et les prêtres sont de pauvres pécheurs pardonnés comme chacun de vous. Notre communauté chrétienne doit être comprise et vécue en intégrant tous les états de vie, tous les âges… dans une vraie et respectueuse reconnaissance fraternelle !

Les pasteurs de l’Église ne sont que les pauvres instruments que Dieu s’est choisis pour continuer ces trois missions : enseignerguider et sanctifier. L’Église, à travers eux, en agissant par eux, en eux, malgré et avec toutes leurs limites humaines et leurs pauvretés, continue sa route. 

Comme le disait saint Jean-Baptiste : « Il faut que lui grandisse et que moi je diminue ».

     Pour la neuvaine que la Paroisse vous propose, je vous expliquerai les différentes intentions qui vous seront présentées, mais nous pouvons déjà, prier pour toutes les vocations, et demander aussi, au Seigneur que des jeunes, non seulement entendent l’appel de Dieu dans une consécration, dans une vocation particulière, mais qu’ils aient aussi l’audace d’y répondre ! Dans le brouhaha de notre société, certains jeunes, peut-être, ne savent pas comment répondre à l’appel qu’ils ont entendu.

Puissions-nous, humblement, dans la prière et par notre témoignage, inviter les jeunes à répondre à leur vocation ! Demandons cette grâce pour notre paroisse et le monde !

Jésus, Toi qui as promis, d´envoyer l´Esprit à ceux qui te prient, 
Ô Dieu, pour porter au monde ton feu, voici l´offrande de nos vies.

 

 

Homélie du lundi 19 avril 2021, 3e semaine de Pâques, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 6, 22-29. Livre des Actes des Apôtres 6, 8-15. Psaume 118.

 

Comme à son habitude, saint Jean fait passer, sous des mots tout simples, un enseignement très profond sur la personne de Jésus et sur son œuvre.

Jésus vient de nourrir cinq mille personnes dans le désert avec seulement cinq pains d’orge et quelques petits poissons. Le lendemain, les foules se mettent à sa recherche, et Jésus, une fois rejoint, entame un dialogue que saint Jean nous livre dans le chapitre 6de son évangile.

Ce matin, je vous propose de nous arrêter juste quelques instants sur le vocabulaire de saint Jean au sujet des signes opérés par Jésus. Pourquoi saint Jean parle-t-il des actions de Jésus sous le mot de « signe » et non pas de « miracle » ?

Car c’est bien à dessein que saint Jean emploie le mot, « signe » à propos des miracles de Jésus.

- Pour saint Jean, le but des signes est de révéler qui est Jésus ! Pour les autres évangélistes, les miracles de Jésus sont surtout des actes de puissance qui marquent la venue, l’irruption du règne de Dieu dans l’histoire des hommes. 

- Pour saint Jean, les actions de Jésus révèlent qui il est ! Jésus est bien l’Envoyé de Dieu, le Fils de Dieu prononçant sur notre terre les paroles de Dieu et accomplissant son œuvre parmi les hommes. Ainsi les prodiges ou les manifestations divines pointent toujours directement la personne de Jésus ; et là, nous recevons une invitation, car ces signes provoquent les hommes à croire, à espérer, en Jésus, Fils de Dieu ; ils appellent chacun à se tourner vers Lui pour être sauvé, et c’est pourquoi saint Jean les appelle des « signes » qui révèlent.

Face aux signes accomplis par Jésus, nous devons nous déterminer, car les réactions sont différentes :

  • Certains, sans contester les guérisons opérées par Jésus, refusent absolument tout acte de foi en sa personne. C’est le cas du grand prêtre Caïphe qui reconnaît, mais ne croit pas. 
  • D’autres en restent trop au stade de l’étonnement. Ils voient dans les signes du Nazaréen uniquement des prodiges, et ils restent à mi-chemin de la vraie foi. Ils admettent bien que Dieu a donné à ce Jésus des pouvoirs extraordinaires ; mais ils ne voient en Lui qu’un prophète, rien de plus. C’est le cas de la plupart des gens qui voulaient rattraper Jésus le lendemain de la multiplication des pains ! C’est bien ce que Jésus leur fait remarquer !
  • Il y a enfin la réaction de celles et de ceux qui perçoivent la portée des signes du Maître. Dans un acte de foi, ils parviennent à croire en Jésus, à reconnaître qui Il est : non seulement un rabbi dont la parole bouleverse les cœurs, non seulement un homme qui réalise des prodiges étonnants, mais celui qui vit une relation unique avec Dieu, son Père, qui l’a envoyé, celui qui peut dire : « Le Père et moi, nous sommes un ! ».

Ce qui semble certain, c’est que Jésus n’accepte pas les surenchères que nous lui proposons ; Il ne veut pas emporter notre adhésion par une escalade dans le prodigieux ou le merveilleux ; c’est un risque qui pourrait exister pour certains en « cherchant » le dernier endroit ou la dernière conférence ésotérique. Les signes nouveaux qu’Il nous propose sont tirés de notre vie de tous les jours. C’est même lui qui vient à notre rencontre dans l’ordinaire de notre vie ! Comme tous les jours, au cours de l’Eucharistie, Il prend simplement du pain, du vin et Il dit : « Ceci est mon corps livré pour vous. Je suis le Pain de la vie. L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en moi ».

Reconnaissons, quand nous nous avançons vers Lui pour la communion, Il vraiment présent !

Frères et sœurs, demandons, ce matin, la grâce de croire en Jésus, de croire en ses œuvres, et de pouvoir en témoigner !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 18 avril 2021, 3e dimanche de Pâques. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon Luc 24, 35-48. Livre des Actes des Apôtres 3, 13-15.17-19. 

Psaume 4. Première lettre de saint Jean 2, 1-5a.

 

Chers frères et sœurs, nous sommes au 3e dimanche après Pâques ; nous avons déjà entendu cet évangile, au soir du dimanche de Pâques. Pourquoi cette répétition ? Pour être attentifs, chers amis, à ne pas trop vite nous habituer à entendre que le Christ est ressuscité, qu’Il est réellement présent dans notre vie. 

Oui ! C’est vrai ! Il est présent, cependant et, une fois de plus, Il nous faut redécouvrir, que c’est bien le Ressuscité qui est à l'initiative de toutes nos rencontres avec Lui !

Ce dimanche-là, la présence de Jésus dans la chambre haute de Jérusalem n'est pas le fruit d'une déduction intellectuelle des Apôtres, ni même une autosuggestion ; elle n'est pas la projection imaginaire de leur désir de Le revoir, ni encore une hallucination collective de la fraternité chrétienne réunie et désemparée. Ce ne sont pas les disciples qui s'imaginent, ou se persuadent, que Jésus est présent pour combler le vide affectif laissé par son absence : c'est Jésus qui manifeste sa présence, librement, volontairement, comme Il veut et quand Il veut. 

Il nous faut entendre et recevoir cet enseignement pour nous, ce dimanche, car il reste vrai aussi, pour notre expérience spirituelle quotidienne. Comme moi, vous savez qu’il n’est pas en notre pouvoir, de créer en nous-mêmes et à volonté, le sentiment d’être tout proche de Jésus. Ce ne sera jamais une “surchauffe“ du cœur humain dans la prière qui nous donnera des évidences immédiates (apparitions ou révélations) et qui nous dispenserait de croire et d'espérer. Nous aimerions, bien sûr, que Jésus apparaisse devant nous ! Ce serait tellement plus facile, plus simple ! 

Mais, c'est toujours Jésus qui a l'initiative et qui se manifeste comme vivant, en chacun de nous comme au milieu de nous tous ; et même l'Eucharistie n'abolit pas forcément toute impression d'absence, car entre le sacrement visible et la réalité invisible, il n'y a pas d'immédiateté totale. Un espace reste ouvert, qui est celui de la foi. Cette même foi nous fait être là, réunis, ce dimanche !        

Que se passe-t-il dans l’évangile ? Ce jour-là, dimanche de Pâques, deux pèlerins étaient partis à Emmaüs, la tête basse et tout triste. Sur la route, ils font la rencontre du Christ ressuscité. Au moment du repas, ils le reconnaissent. C’est à toute vitesse, bouleversés, qu’ils rentrent à Jérusalem pour retrouver les disciples dans la chambre haute et leur raconter ce qui s’est passé. 

Alors que les portes sont closes, nous le savons, Jésus est au milieu d’eux. La première parole qu’Il adresse aux Onze est celle-ci : « La paix soit avec vous ! » C’est intéressant, car ces mots signifient que, nous aussi, nous avons besoin de paix ! Nous savons bien que la paix est un don et le fruit de l’Esprit Saint. Quand la peur ou l’angoisse nous submerge, la paix est à recevoir à nouveau !

Le Christ vient nous renouveler et nous apporter sa paix : « N’ayez pas peur ! » !

Nul doute que cette paix est nécessaire pour aider les disciples à Le reconnaître :

     "Voyez, regardez, mes mains, mes pieds; constatez cette chair, ces os".

     "Touchez-moi; rendez-vous compte par vous-mêmes; prenez des preuves tangibles".

Et même, Jésus, volontairement, reprend contact avec les choses de notre univers, du concret de notre vie : Il mange devant tous, un petit morceau de poisson. 

Je vous laisse imaginer la perplexité dans laquelle se trouvent les Apôtres !

Tous ces gestes que Jésus manifeste devant les disciples, traduisent extérieurement une vérité et une révélation essentielles : "C'est moi ! C’est moi ! C'est bien moi ! »

Ce qui veut dire : « Moi, le Ressuscité qui vous parle, je suis Jésus de Nazareth, celui que vous avez côtoyé, celui avec lequel vous avez marché. Moi, le Nazaréen : je suis le Seigneur, vainqueur de la mort, pour aujourd'hui et pour l'avenir »

Ainsi, en traversant la mort, Jésus ressuscité est resté le même, bien qu'il vive différemment, bien qu’il soit différent à notre regard. Ce lien entre le passé et le présent est essentiel au message de Pâques. 

C’est aussi ce mystère de mort et de résurrection, annoncé par le Christ que les premiers chrétiens vont peu à peu découvrir ! Nous ne sommes pas que pur esprit, mais bien corps et âme ! Dans les enterrements, quand je bénis le corps, je dis : « Nous croyons que nous ressusciterons corps et âme et au nom de cette foi, je bénis le corps. » C’est tout l’être humain qui ressuscite.

C’est un mystère parfois difficile à comprendre qui peut échapper à notre compréhension !

Prenons un exemple : en recevant le Sacrement de l’Eucharistie, au moment où nous retournons à notre place nous sommes les mêmes et pourtant, en même temps différents !

L’eucharistie que nous avons reçue nous transforme de l’intérieur ! Bien que nous ne le voyions pas, nous avons reçu en nous le corps du Christ. L’efficacité du sacrement ne peut pas être mise en doute ! Notre intelligence, la compréhension de notre monde sont bien souvent limitées à la perception de nos cinq sens. 

Un autre exemple : notre œil, aussi merveilleux et complexe est-il, reste pourtant limité à la vision du spectre visible ! Pourtant, l’infrarouge et l’ultra-violet, qui sont des lumières non visibles pour nos yeux (ce sont des ondes) existent bien ! 

Ou encore : L’amour entre deux êtres, sentiment qui existe réellement, ne peut être vu ! Nous le comprenons, mais il sera toujours difficilement mesurable !

Comprenant notre perplexité devant ces mystères, que fait Jésus ?

« Il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures ». Il leur découvre la cohérence du dessein de Dieu, la divine sagesse de la folie du Père, et par là même, Il nous révèle le sens de notre propre destin de baptisés encore invités à découvrir notre propre vocation : la reconnaissance du ressuscité permet la reconnaissance de nous-mêmes comme serviteurs souffrants promis à la résurrection.

Jésus souligne encore le lien vital qui existe entre son passé d'humilité et de souffrance et son « aujourd'hui de gloire », entre le mystère de son passage pascal et les promesses répétées de Dieu dans l'Ancienne Alliance. 

Frères et sœurs, ce sont ces mystères de vie que nous sommes invités à approfondir, jour après jour, et jusqu’au dernier jour de notre vie ! 

Cette lumineuse réalité transfigure notre existence personnelle ! Ainsi éclairé, notre témoignage pourra également illuminer notre monde.

Comme pour Marie de Magdala près du tombeau, comme pour les deux voyageurs d'Emmaüs, comme pour les disciples… , la rencontre du Ressuscité devient une invitation à une mission nouvelle

De mes souffrances, de ma mort et de ma résurrection… « À vous d’en être les témoins ! » leur dit Jésus. 

De génération en génération, ce témoignage continue jusqu’à nous… Si aujourd’hui nous ne témoignons pas, qui le fera ?

Deux mille ans après, c'est nous qui sommes témoins et qui devons annoncer...

  • Témoins que les souffrances du Messie ont un sens.
  • Témoins que la résurrection de Jésus donne sens à toute l'histoire humaine.
  • Témoins de la conversion nécessaire pour le pardon de Dieu et pour une vie authentique.

À nous, frères et sœurs, d’être disciples-missionnaires, d’être les témoins pour notre temps et d’annoncer humblement, mais avec audace, que Christ est ressuscité, qu’il est vraiment ressuscité !

                                                                                               Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du mercredi 14 avril 2021, 2e semaine de Pâques, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 3, 16-21. Livre des Actes des Apôtres 5, 17-26. Psaume 33.

 

Nous suivons depuis quelques jours, ce dialogue entre Nicodème et Jésus ; cependant, dans le passage que nous venons d’écouter ce matin, Jésus semble maintenant s’adresser davantage à nous qu’à Nicodème ! 

Pour cette petite homélie, je retiens cette phrase : "Celui qui fait le mal déteste la lumière", nous dit Jésus.

Pourquoi Jésus dit-il cela à Nicodème et donc à nous ?

Sans doute parce que celui qui fait le mal ne veut pas qu’on le voie, qu’on le surprenne dans ce qu’il fait ou manigance. Alors il se cache… ou bien il ment. En tout cas, il est plus préoccupé de lui-même que des autres… et Dieu, dans ses attitudes précises, semble "vraiment" être le moindre de ses soucis ! Il ne veut même pas entendre parler de Dieu tellement il a peur d’être mis à mal !

En revanche, celui qui vient à la lumière dit Jésus, celui-là n’a pas peur. Il sait qu’un Autre est avec lui. Au plus profond de lui-même, il veut s’ajuster à Dieu et vivre de son mieux pour faire sa volonté.

Jésus nous propose donc de vivre "en union avec Dieu". Faire la vérité, marcher vers la lumière, c’est agir "avec" Dieu. C’est tâcher de ne "rien faire sans Lui" ! C’est L’associer à tout ce que nous entreprenons. C’est être "avec" Dieu, dans les petites choses du quotidien, comme dans nos grands projets. C’est faire de lui notre compagnon de route

Comment peut-on y arriver ? Je vous livre deux conditions préalables.

La première condition est de croire en Jésus : croire qu’Il est la vraie lumière. C’est croire aussi qu’Il est venu pour mon bien, pour notre bien. Qu’Il est proche et même solidaire de nous, parce que Dieu aime ce monde, parce qu’Il aime sa création et ses créatures. Il les aime infiniment. Dieu m’aime ! "Il a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique". Croire que Dieu ne vient pas me juger, même si de temps en temps, il faut qu’Il me réveille, mais pour me sauver. C’est la première condition : celle de la foi en Jésus-Christ. Croyons, frères et sœurs, que dans le Christ, nous pouvons, si nous le voulons, être pardonnés : "Quiconque croit en lui ne se perd pas, mais obtient la vie éternelle."

L’autre condition est une décision que nous avons à prendre, et cela chaque jour : celle de vouloir marcher à la lumière de l’Évangile. « Vouloir », ce n’est pas « pouvoir » ! C’est une action, un chemin à choisir et à suivre, sans m’effrayer de mes chutes possibles !

« Pour s’approcher de Dieu il faut croire. » nous dit la lettre aux Hébreux (Hb11,16). « S’approcher » est donc unacte de confiance ! C’est « Vouloir et Croire », c’est être humblement en vérité, et pouvoir demander, quand je suis en difficulté : « Seigneur Esprit Saint, viens au secours de ma faiblesse. » Rm 8,26. Oser s’avancer vers Lui ! Je sais, Seigneur, que tu veux faire des merveilles en moi, si j’accepte de Te présenter ma vie telle qu’elle est, et faire la vérité en moi, avec Toi. 

Alors oui, Seigneur, viens mettre en moi cette lumière qui me détournera des ténèbres, qui les engloutira, qui me fera renaître". Par ta "grâce", fais-moi grandir auprès de Toi et donne-moi cette joie d’être toujours avec toi !                                                                                                                                                                                                                                               

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 12 avril 2021, 2e semaine de Pâques, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 3, 1-8. Livre des Actes des Apôtres 4, 23-31. Psaume 2.

 

En cette période de Pâques, réentendre le dialogue entre Jésus et Nicodème est important, car il redessine pour nous, les enjeux de notre vie chrétienne !

Quels sont les enjeux ? Sans doute, le premier : voir le règne de Dieu ! 

Pour le « voir », c'est-à-dire pour entrer dans la vie que Dieu nous offre, la vie qui traverse tout, même la souffrance, même la mort, il nous faut « renaître » ! Il nous faut naître d'en haut, c’est-à-dire naître de l'eau et de l'Esprit. 

Beaucoup d’entre nous, vont penser : j’entends bien cela, mais je suis déjà baptisé ! Cette naissance est arrivée à un moment de mon histoire, dans mon passé ! Comme pour la plupart, d’entre-nous, quand j’étais un bébé ! Comme Nicodème, je peux rester un peu bloqué sur les paroles de Jésus : les entendre et ne pas les comprendre ! « Je suis baptisé, je prie, je vais à l’église… qu’est-ce que Jésus veut me dire ? »

Il est vrai que notre baptême est un acte passé. Depuis notre baptême, nous sommes fils et filles de Dieu une fois pour toutes : mais cette naissance à la vie de Dieu, qui est pour nous liée à une date, à une célébration, ne porte ses fruits que si, chaque jour, nous nous ouvrons à cette vie qui vient de Dieu et aux grâces reçues lors de notre baptême. Il ne suffit pas de planter une graine en terre pour que cette graine se développe et grandisse, il faut l’alimenter, l’arroser, enlever les mauvaises herbes ! C’est peut-être ce qui manque à de nombreux chrétiens ! Les fruits ne sont, peut-être, pas ceux que Dieu avait espérés.

Ce dialogue entre Nicodème et Jésus nous interpelle donc sur un manque ! Peut-être me manque-t-il plusieurs choses essentielles ! 

  • Chaque jour il me faut réaliser, rendre réelle, cette relation inouïe de fils ou de fille de Dieu. Ai-je conscience que je suis bien aimé(e) du Père ? Peut-être ai-je un manque de confiance en Dieu !
  •  Chaque jour il m’est donné de réaliser, face à la précarité de notre existence, précarité de ma santé ou autre fragilité, que le baptême reçu m’indique que le Salut que Dieu me propose est un chemin de vie ! Que ce Salut dépasse toutes les difficultés de ma vie !
  • Chaque jour, en redisant la Prière de Jésus, le Notre Père, est-ce que j’exprime mon désir de "naître d'en haut", et que je suis fils ou fille du Père.
  • Chaque jour il me faut, par la prière, redemander les fruits de l’Esprit Saint que Dieu a déjà déposé en moi et qui peut-être sommeille encore ou ne s’exprime pas assez.

Par son Esprit, Dieu nous invite à écouter sans cesse son Fils ! 

Jésus insiste : "Ne t'étonne pas si je t'ai dit : Il faut naître d'en haut." Car c’est bien l’enjeu de notre vie sur cette terre.

Ce que Nicodème va devoir découvrir (et peut-être nous aussi) pourrait se traduire ainsi : comment vivre en Chrétien ? Comment vivre de la force de l’Esprit Saint, (comme nous l’avons entendu dans la 1re lecture) ? Comment vivre du Christ avec assurance (Ac 4,31) ?

Jésus vient au-devant de notre désarroi. Comme Il l'explique à Nicodème, il arrive que les chemins de l'Esprit soient parfois déroutants : "Le vent souffle où il veut, et tu ne sais ni d'où il vient ni où il va.", mais il est bien là ! Il y a aussi du mystère et des miracles dans notre vie !

Frères et sœurs, la grâce que nous pouvons demander pour nous ce matin est d’être renouvelé dans la force de l’Esprit Saint, d’être renouvelé dans la conscience de tous les fruits, de tous les dons que Dieu a déposés en nous ! Laissons-nous saisir dans la foi, par ce désir de renaissance ! C’est l’enjeu de chaque jour de notre vie !              

Au fait, une dernière question : connaissez-vous la date de votre baptême ? Est-il fêté comme une renaissance ?                                                                            

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 11 avril 2021, 2e de Pâques, Dimanche de la Divine Miséricorde. Année B

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon Jean 20, 19-31. Livre des Actes des Apôtres 4, 32-35. 

Psaume 117. Première lettre de saint Jean 5, 1-6.

 

Il a été écrit beaucoup de commentaires concernant les différentes apparitions de Jésus après sa résurrection, dont plusieurs concernent l’histoire de Thomas et son acte de foi. 

Mais ce matin, j’aimerais vous inviter à réfléchir à ce qu’est la miséricorde de Dieu. Ce deuxième dimanche de Pâques est pour toute l'Église celui de la Divine Miséricorde. Cette fête a été instituée par le pape saint Jean-Paul IIle 30 avril 2000, à l'occasion de la canonisation de Sœur Faustine qui a été un témoin privilégié de la Miséricorde de Dieu. 

Qu’est-ce que la Miséricorde de Dieu ? 

Certains risquent de me dire qu’il est parfois difficile de comprendre cette réalité, quand nous observons le monde, notre vie, notre histoire, les conflits, les injustices…  

Il est vrai que notre histoire, à des moments précis, semble incompréhensible ! Combien de fois ai-je entendu : « Où est-il ton Dieu ? » Cette question posée au psalmiste alors qu’il est dans l’épreuve (cf. Ps 41,11) est toujours d’actualité. 

Nombreux sont ceux, aujourd’hui, qui se posent la question de Dieu. La vie, notre vie, souvent sophistiquée, suréquipée et connectée, peut masquer la béance, un certain manque ou vide de notre âme ; et nous le savons bien : aucun bien matériel ne peut combler notre soif de vérité, notre soif d’absolu, notre soif de Dieu.

C’est aussi l’expérience du peuple Hébreu, maltraité, mis en esclavage, déporté en exil ou errant de longues années dans le désert. Pourtant, ce peuple va comprendre et témoigner de l’amour et de la compassion de Dieu.  Alors qu’ils sont eux-mêmes dans une terrible détresse, ils vont faire l’expérience de la douceur, de la bonté, de la présence de Dieu. 

À la différence des autres dieux souvent sévères, indifférents, condamnant, réclamant des sacrifices parfois sanglants (les dieux romains, grecs, babyloniens ou égyptiens…) ce peuple va faire l’expérience du Dieu unique qui veut le salut de tous et aime tous les hommes.

Ce thème de la miséricorde traverse comme un fil rouge notre liturgie de la Parole de ce dimanche. Je pense en particulier au psaume 117 que nous avons chanté. Ce psaume nous invite précisément à rendre grâce au Seigneur pour cette miséricorde : « Rendez grâce au Seigneur, il est bon ! Éternel est son amour. »

Si Dieu s'est manifesté comme libérateur et sauveur, c'est parce qu'Il nous aime. C’est cette découverte et cette compréhension du peuple hébreu qui nous sont données dans l’attente de la promesse de Dieu dans son Messie, le Christ. Sa miséricorde va Le mener jusqu’à prendre notre vie, notre chair pour dire et nous redire - avec des mots humains - l’amour de Dieu pour chacun de nous. Pourquoi l’Incarnation ? Parce que l’homme a la tête dure et qu’il a bien des difficultés - encore aujourd’hui - à comprendre et à accepter que Dieu puisse nous aimer tels que nous sommes !

De fait, dans ces temps qui sont les derniers, Dieu nous a tant aimés qu'Il nous a donné son Fils unique. Jésus se présente à nous comme celui qui est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Que souhaite-t-il ? Il veut que notre destin soit divin. C'est cette miséricorde du Seigneur que nous fêtons particulièrement en ce temps de Pâques

Ne nous trompons pas ! L’homme est toujours libre de faire le bien ou non, de choisir la vie ou non, le pardon ou la condamnation… Plus encore, c’est l’expérience de cette Miséricorde qui nous permet d’être, à notre tour, dans cette disponibilité de miséricorde vis-à-vis de nos semblables ! C’est parce que j’ai vécu la miséricorde de Dieu, que je peux être, à mon tour, miséricordieux.

Je pense aussi à la lettre de saint Jean que nous venons d’entendre. En raison de sa grande miséricorde, le Christ nous a libérés de nos péchés ; il nous a fait entrer dans une vie nouvelle, la vie de Dieu.

Avec l'Évangile, nous sommes plus que jamais au cœur de la miséricorde de Jésus, de son pardon inconditionnel et de la mission des Apôtres d’être ministres de son Pardon. Jésus montre aux disciples ses mains et son côté ; c'est-à-dire, que Jésus leur montre les blessures de sa Passion, en particulier la blessure du cœur, source d'où jaillit l’eau et le sang. Ce jaillissement est ce « geyser » de la miséricorde qui se déverse sur l'humanité.

On pourrait dire que la miséricorde est comme le second nom de l'amour, saisi dans son aspect le plus profond, le plus tendre, saisi dans son aptitude à se charger de chaque besoin en particulier, dans son immense capacité de tendresse et de pardon.

Oui, c'est de cet amour riche en miséricorde que nous devons (ou devrions) vivre ; c'est de cet amour miséricordieux que nous devons chercher à être les témoins, en particulier auprès des personnes touchées par l'épreuve ou la souffrance, personnes meurtries par les difficultés de la vie, blessées ou écrasées par le poids de la culpabilité.

Les marques de la Passion, que Jésus Ressuscité montre à ses disciples, et qu'il nous montre à nous aussi, sont le signe que : « chaque personne est précieuse aux yeux de Dieu. Jésus a donné sa vie pour chacun de nous » (Jean-Paul II).

Frères et sœurs en ce dimanche de la Divine Miséricorde, rappelons-nous que la miséricorde n'est pas simplement un bon sentiment avec le risque d’être mielleux ! Non ! C’est une action, une décision, un amour véritable qui se donne vraiment, un acte réel vis-à-vis des personnes avec leur petite ou grande misère.
 

À nous d'agir, selon nos moyens et nos capacités :

  • pour que le pardon miséricordieux soit plus fort que la vengeance, 
  • pour que la joie du don soit plus forte que la tristesse, 
  • pour que l'espérance soit plus forte que le désespoir.

Il nous faut réentendre la Vierge Marie s'écrier dans le Magnificat : « Sa miséricorde s'étend d'âge en âge » !Avec cette exclamation, Marie résume toute la Bible en quelques mots ! 

En ce dimanche de la Divine Miséricorde, regardons Jésus nous montrer les plaies de sa Passion et avec Thomas le croyant véritable, redisons : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Comme nous y invite sœur Faustine, redisons :

Oui ! Seigneur Jésus nous avons confiance en Toi.

                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

 

 

 

 

Homélie du lundi 5 avril 2021, lundi dans l’octave de Pâques, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 28, 8-15. Actes des Apôtres 2, 14.22b-33. Psaume 15.

 

Hier, nous avons vécu un dimanche de Pâques particulier (règles sanitaires et confinement). Comme tous les dimanches de Pâques, il a été un jour rempli de joie et d’espérance, dans la liesse, mais aussi porteur de certaines interrogations.

Une certitude : oui, le Christ est ressuscité, mais avec aussi une question : comment allons-nous continuer notre route ? Qu’allons-nous faire ? Comment vivre les prochains jours, les prochaines semaines ?

L’évangile de ce matin nous donne quelques pistes et en le relisant hier soir, trois petits mots ont retenu mon attention ! 

Après l’allégresse partagée de ce Dimanche de Pâques, j’ai noté trois mots importants : Joie – Crainte – Frères. Ce sont trois mots que Jésus a prononcés et qui vont nous aider peut-être à atterrir dans notre quotidien après cette Semaine Sainte…

Une certitude ! J’ai un acte de foi à poser : Seigneur, je crois que tu es ressuscité et que Tu es vivant dans ma vie.Mais, face aux évènements de ma vie et ses aléas, je peux osciller entre crainte et joie !

Dans le texte de ce jour, en saint Matthieu, les Saintes femmes " s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui ", avec ce mélange de crainte et de joie que les Évangiles ont souvent noté de façon très précise. Tout au long de cette semaine, ces deux sentiments seront bien présents dans les récits des apparitions. Ils sont peut-être présents en nous et même coexister.

Que va leur dire Jésus ? Il reprend deux éléments de la parole de l'ange, au moment de l’Annonciation à Marie. D'abord Il redit, « Je vous salue » puis avec insistance, Il poursuit :" Soyez sans crainte … n'ayez pas peur ! » L'encouragement n'est pas superflu, car, en rencontrant Dieu, nous sommes souvent tentés, menacés de retomber dans une forme de peur associée, paradoxalement, à la joie de la rencontre. De fait, croire en Jésus ressuscité devrait bousculer fortement ma façon de vivre !

Dire : Seigneur, je crois que tu es ressuscité et que Tu es vivant dans ma vie, c’est peut-être avoir :

  • Peur de la nouveauté de Dieu, qui va peut-être me pousser à rompre avec mes habitudes …
  • Peur de l'aventure que Dieu apporte toujours, et obligé de quitter mon canapé, ma vie tranquille.
  • Peur de mes propres résistances et de ma pesanteur, et parfois même je porte une certaine désespérance au fond de moi.
  • Peur de ne pas être à la hauteur dans mon témoignage de chrétien, ou ne pas oser témoigner !
  • Peur du refus des autres, etc …Que vont dire mes amis, ma famille, mes collègues ? Aurais-je l’audace de dire que je vais à la messe et que ce dimanche, nous avons chanté la résurrection du Christ ?

« Soyez sans crainte ! Allez annoncer… », nous dit Jésus. Que vos peurs ne vous bloquent pas ! Et Il confirme la mission donnée aux deux femmes, mais en précisant l'un des termes. Il ne dit pas :"Allez dire à mes disciples", mais : "Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Notons ce changement, ce pas supplémentaire qui est proposé : nous ne sommes pas juste des suiveurs de Jésus, des disciples ; nous sommes ses frères. 

Qui sont les frères de Jésus ? Ce sont ceux qui, le jeudi soir, ont fui sans courage et sans gloire, ceux qui l'ont renié plus ou moins ouvertement. "Mes frères", dit Jésus, parce que le Ressuscité vient avec son pardon pour chacun d’eux ! Et Il leur donne rendez-vous en Galilée. Il les met en marche. Tous devront faire une bonne centaine de kilomètres, tous devront se regrouper au nom de Jésus, pour voir Jésus, pour entendre Jésus : c'est, symboliquement l'Église en marche, dès le premier jour, dès la première aurore de la résurrection.

Les saintes femmes sont les premières à entendre le message de la résurrection ; elles sont, ensemble, les premières messagères courageuses, présentes, déterminées, bravant la peur d’une arrestation alors que les disciples sont encore enfermés à double tour ; elles deviennent Apôtres des Apôtres, comme les nomment les pères de l’Église. 

Ce matin, le Christ nous redit : « Je suis la résurrection et la vie », « Vous êtes mes frères. »

Soyons sans crainte, nous dit aussi Jésus, et restez dans la joie !

Nous aussi, nous sommes invités à nous mettre en marche à la rencontre du Ressuscité, de son pardon, de son amour, de sa victoire sur le Mort ! Pas de Crainte ! Ni de Peur ! Mais la joie de ce dimanche de Pâques à annoncer à tous nos frères : un monde nouveau est là, une espérance nouvelle est là avec le Christ Ressuscité ! 

Frères et sœurs, que cette joie que le Christ nous donne, que personne ne peut nous ravir, soit profondément la nôtre !

Le Christ est Ressuscité, Il est vraiment ressuscité, Alléluia !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 4 avril 2021, Saint jour de Pâques, année B.

Messe célébrée à l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 20, 1-9.

 

       Nous étions nombreux dans cette église Saint Louis, ce matin, pour la Vigile de 6 h 30. Cette fin de nuit dans notre ville de Grenoble, présentait quelques similitudes avec le jour naissant dans la vieille ville de Jérusalem, il y a quelque 2000 ans.

Nous sommes au lendemain de la Pâque juive et, au petit matin de ce jour-là, il faisait encore gris, encore sombre ; 

  • Sombre parce que le soleil n’était pas encore levé, mais sombre aussi parce que la mort était encore trop présente, l’image bien réelle de Jésus crucifié, sa descente de la Croix… Ce corps inerte et mort qu’il a fallu, rapidement, déposé dans un tombeau tout proche ; 
  • Sombre, parce que, ne l’oublions pas, les disciples eux-mêmes n’étaient pas à l’abri d’être, eux aussi, accusés et condamnés…
  • Sombre, parce que la blessure était trop vive pour que le mot « résurrection » vienne juste effleurer l’esprit des disciples, ou même être simplement compris. 

Bref, ce matin-là, les hommes se terrent et se taisent, enfermés à double tour dans la peur. 

     Tous ? Non ! Dans cette ville de Jérusalem encore endormie, une femme court. Elle court comme nous, peut-être ce matin, pour rejoindre notre assemblée et revivre l’expérience inouïe du tombeau vide ! 

Si nous connaissons depuis 2000 ans environ cette réalité, cette femme ignore encore l’extraordinaire nouvelle ! Elle court de toutes ses forces, en se répétant : « Où l'ont-ils mis ? Où est son corps ? Je le cherche ! »

Elle vient, en toute hâte, réveiller Pierre et le disciple que Jésus aimait, qui se mettent à courir à en perdre souffle, eux aussi, jusqu’au tombeau !

     Remarquons que c’est elle qui, la première se rend au tombeau, avant même Pierre et Jean. Ce matin-là, dans la précision des mots qui nous sont donnés par saint Jean, tout indique que la résurrection est une « naissance » : « le premier jour de la semaine... de grand matin... alors qu’il fait encore sombre... »

Le tombeau fait pour être un ossuaire devient ici, mystérieusement, matrice maternelleAlors qu’il est un lieu de mort, il devient un lieu de vie !

 Mystérieusement, il est ouvert et il est vide. Littéralement et spirituellement, nous pourrions dire : ce tombeau a accouché de la Vie.

     Pierre et Jean, arrivant essoufflés devant le tombeau vide, ne retrouveront que le linceul et le linge qui avait été déposé sur le visage sans vie de Jésus, selon la coutume juive. Le linge est bien là, mais, où est celui qui était mort ? Où est Jésus ? 

     L’audace de l’amour sera nécessaire pour la rencontre du Ressuscité ! Pierre, nous le connaissons, c’est celui qui a renié Jésus trois fois et qui, par trois fois, va redire son amour au Christ : « Tu sais bien que je t’aime » (Jn 21, 15). Quant à Jean, lui, il est le fidèle jusqu’au pied de la croix, le seul avec les saintes femmes. Arrivé le premier devant le tombeau, Jean laisse, par déférence, Pierre passer devant lui. Mais Jean, l’intuitif, l’ami et le mystique, est celui qui « voit et qui croit », là où Pierre ne fait que regarder sans voir. 

Comme c’est étrange ! On peut donc regarder et ne rien voir !

     La foi en la résurrection de Jésus ne passe pas par des preuves ou des reliques. Pierre a beau avoir devant ses yeux la tombe ouverte et parfaitement rangée, il regarde, mais ne « voit » pas ! En tout cas, pas encore !

On n’entre pas dans la résurrection de Jésus avec des arguments ou une belle démonstration. Jean, lui, voit et il croit. Pourtant, il semble faire les mêmes gestes que Pierre, il voit la même chose que Pierre, mais sa foi n’est pas dans sa tête ; elle est dans son cœur, elle est dans ses veines, elle est dans sa vie !

Frères et sœurs, à la fin de cette célébration, vous allez repartir de cette église et j’espère que vous allez annoncer à tous, familles et amis : « Le Christ est ressuscité, Alléluia ! » Cependant, au sens matériel du terme, vous n’avez aucune preuve ! Aucun signe n’est capable de donner la foi. Aucun signe ne peut être une obligation d’adhésion. 

Je vous propose un exemple : à celui qui n’est pas amoureux, un bouquet de fleurs aussi joli soit-il, ne dit pas, à première vue, l’amour que je porte. 

De la résurrection, nous n’avons que des signes ténus et fragiles, transmis de témoin en témoin pour arriver jusqu’à nous et qu’il faut savoir déchiffrer avec les yeux du cœur, avec les yeux de l’amour. C’est à cause de cet amour que Jean a cru le premier. En ce sens, « Le disciple que Jésus aimait » précède Pierre.

Nous recevons cette foi en Jésus ressuscité au jour de notre baptêmecomme vous l’avez reçue, (chers baptisés) ce matin d’une façon nouvelle, originelle. Cette foi est un don, un cadeau que Dieu nous offre, reçue puis réactivée au jour de notre confirmation et à chaque sacrement, comme au moment de l’Eucharistie ! Sur l’autel tout à l’heure, ce ne seront plus du pain et du vin, mais le Corps et le Sang du Christ. Nous voyons bien que cela nécessite un acte de foi doublé d’un acte d’espérance. Mais comme un talent, il faut l’exercer pour qu’elle grandisse. Il faudra du temps à l’Apôtre Pierre pour oser CROIRE  et comprendre que Dieu l’aime tel qu’il est ! 

Au fond, en ce jour du dimanche de Pâques, nous avons trois façons de contempler le Tombeau. 

Je vous les propose en ordre inverse :

       La troisième : je passe, je regarde le tombeau et je passe indifférent. 

       La deuxième : je vois le tombeau, je m’arrête, j’entre, je regarde et je ne vois rien. Pour moi, rien ne s’est passé, le tombeau semble vide.

       La première façon, celle qui devrait être la nôtre ce matinje passe devant le tombeau certes il est vide, mais il est rempli de la vie, rempli de l’amour de Dieu pour chacun de nous. Je ne reste pas indifférent, mais « JE VOIS ET JE CROIS ». Je crois profondément en la résurrection, c’est-à-dire qu’en sortant du tombeau, j’entre dans la vie. Comme pour le baptême, il y a pour moi comme une nouvelle naissance à la VIE. 

       Le mystère de la Vie que je croyais à jamais enfermé dans les tombeaux de la mort, écrasé sous la lourde pierre de mes désespérances ou de mes résignations, de mon péché, de mes manquements, s’est ouvert, d’une façon extraordinaire, par la Résurrection du Christ à la VIE. 

Alors, frères et sœurs, il y a cependant une condition pour que nous puissions “ voir et croire“ c’est que nous cessions d’avoir peur. 

« N’ayons pas peur ! » Dans les jours qui viennent, nous allons réentendre, régulièrement, le Christ nous redire : « N’ayez pas peur ! » Saint Jean-Paul II, au premier jour de son pontificat, va réaffirmer la même chose : « N’ayez pas peur ! » Avons-nous peur, dans notre cœur, peur de cette pandémie, peur de ce que je suis, peur de manquer, peur de la mort, peur de toutes ces inquiétudes dans notre vie… 

Le Christ vient supprimer toutes ces peurs et Il vient nous redire que nous sommes faits pour la Vie. Ce que nous fêtons en ce jour, c’est bien la résurrection du Christ, mais c’est aussi notre avenir, notre devenir. Il nous dit : « Je vous annonce la Vie. La mort est déjà vaincue ! » 

Frères et sœurs, sortons de nos tombeaux ! Allons à la rencontre du Vivant, à la rencontre du Christ ! Il nous précède,  et avec Lui, nous passons déjà de la mort à la vie ! 

C’est un acte de foi, une invitation ! Frères et sœurs, croyez-vous à la résurrection ? 

Oui ! Le Christ est ressuscité ! 

Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 4 avril 2021, Vigile Pascale, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Homélie après l’évangile selon saint Marc 16, 1-7.

 

Chers frères et sœurs, c’est une joie de nous retrouver tous ensemble, ce matin. Merci d’avoir accepté de vous lever de bonne heure pour prier et vivre ce temps unique et mémorable de la Vigile pascale. 

D’une certaine façon, je trouve heureux de vivre ce que les saintes femmes ont vécu le matin de Pâques, alors que jour se levait !

Chers futurs baptisés : Mariama, Caroline, Louise, Pierre-Henry, Abiba et Awassa, nous sommes heureux de vous accueillir ce matin.

Il ne vous aura pas échappé que saint Marc, l’évangéliste, le premier qui a écrit un Évangile (puisqu’il a été rédigé dans les années 60-65) ne raconte pas précisément l’apparition de Jésus Ressuscité. 

La fin de son évangile semble même dominée par la peur. Les femmes qui se sont levées à la première heure pour aller au tombeau, nous dit-il, sont effrayées parce qu’il règne, sans doute à Jérusalem, un climat de peur. Jésus est mort et cette mort ignominieuse est encore dans la mémoire des disciples, effrayés aussi d’être arrêtés. Ces femmes sont troublées aussi à la vue du jeune homme qu’elles voient assis, à côté de l’entrée du tombeau. (Notons que saint Marc ne parle pas d’ange.)

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, il manque une citation finale qui le complète : « Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur ». Ce verset 8 décrit bien leur sentiment à ce moment-là. 

Ne trouvez-vous pas que cette fin est abrupte et pour le moins déroutante ? Où est le Ressuscité ?

Alors de deux choses l’une : ou bien on a perdu les récits d’apparition dans l’Évangile de saint Marc, ou bien l’intention de Marc est de pousser la communauté chrétienne à découvrir la présence du Ressuscité au sein même de notre communauté paroissiale, dans le quotidien de nos vies, dans la rencontre de ceux qui l’annoncent et en témoignent ! 

De toute évidence, c’est cette dernière intention qui est visée par l’évangéliste, afin que nous puissions faire l’expérience du Christ ressuscité au sein même de notre communauté fraternelle !

C’est donc à l’Église, à nos communautés de continuer à écrire l’histoire du Christ Ressuscité à travers les siècles et les cultures différentes. La Résurrection du Christ se conjugue au présent et non pas au passé ! Si nous avons fait l’effort de comprendre et d’entendre ce qui est vécu dans l’histoire sainte du peuple hébreu, nous saisissons mieux ce que nous vivons aujourd’hui !

Je me suis fait une autre remarque importante : la parole est plus forte que la peur ! Si les femmes n’avaient pas réussi à dépasser ce sentiment de peur, nous ne serions pas rassemblés ici ce matin, pour vivre cette Vigile et vous, chers futurs baptisés : Mariama, Caroline, Louise, Pierre-Henry, Abiba et Awassa, vous ne seriez pas, ici, sur le point de recevoir le baptême. 

La parole, notre parole, doit être plus forte que toutes nos peurs.

Chers futurs néophytes, maintenant vient le moment où le Christ vous invite, comme ces femmes au tombeau, à dépasser toutes appréhensions, toutes peurs : peur de ce que pensent les autres, vos familles, vos amis, vos collègues, peur de ne pas oser dire que je suis devenu chrétien, peur de ne pas être à la hauteur du message que nous portons maintenant dans notre cœur !

Ne restons donc pas paralysés devant le tombeau vide, et revenons dans nos maisons en comprenant l’urgence de la Mission ! Ayons cette audace d’ouvrir notre cœur et notre bouche !

Saint Marc nous redit, dans son Évangile que la Résurrection de Jésus n’a rien d’un Happy End facile, pas plus que votre baptême serait la fin de votre conversion !

Ce baptême est le début d’une vie nouvelle !

Mystérieusement, Dieu nous veut acteurs et responsables ! Hors de question de rester assis dans notre canapé en attendant que le temps passe… Notre vie chrétienne prend son sens, véritablement, dans la manière dont nous la vivons et la proclamons.

Ce n’est pas toujours facile ? Oui, c’est vrai ! 

Peut-être voulons-nous encore des preuves que « Rien n’est impossible à Dieu » ? 

De fait, deux preuves nous sont données aujourd’hui : le tombeau vide et les disciples qui proclament que le Christ est vivant, hier comme aujourd’hui, et parfois même au prix de leur vie. 

Depuis deux mille ans, notre Église vit et grandit à travers les vicissitudes et les joies de l’histoire, dans le don et l’humble témoignage de chrétiens, hommes, femmes, enfants ou anciens, sans distinction de races, de couleurs, ou de condition. 

En ce sens, l’expérience du Ressuscité traverse l’histoire humaine.

Jésus est bien ressuscité, mais mystérieusement, il s’efface ! C’est avec la force missionnaire de l’Esprit Saint que l’Église et les communautés chrétiennes porteront l’Annonce.

 

Chers futurs baptisés, vous entrez maintenant dans cette grande histoire humaine des témoins du Christ.

Pour vous, comme pour nous, il y a un autre message qui ressort de l’Évangile. Il est adressé à tous les chrétiens. Il est d’ailleurs commun aux quatre Évangiles. C’est l’audace des témoins et la force de la parole !

Dès le tombeau vide, le texte de Saint Marc fait écho de cette audace ! Qui est ce jeune homme vêtu de blanc que les Saintes femmes aperçoivent près du tombeau vide ? 

Serait-ce Marc l’Évangéliste lui-même ? Serait-ce un membre de votre famille ? Peut-être une rencontre, ou encore le témoignage poignant d’une personne ou encore votre accompagnateur qui vous a amenés au Christ… qu’importe ! À un moment précis de notre vie, une personne a mis en nous, une étincelle, une révélation, un éclair de compréhension, une invitation…Tous, d’une façon ou d’une autre, ont proclamé : Il n’est plus ici dans ce tombeau, il est ressuscité. Venez et Voyez !  Ces paroles ont bouleversé votre cœur et votre intelligence !

Chers amis, cette Vigile pascale nous invite à quitter les parties sombres de notre vie, de nos peurs, de nos petites morts, de l’obscurité de nos désespérances et même de notre péché, pour faire le constat que le Christ n’est plus avec les morts, mais qu’Il est le Vivant !

Saint Marc l’évangéliste nous rappelle le mouvement des Saintes femmes : La PEUR devient JOIE ! Toute crainte doit devenir une allégresse ! 

N’ayez pas peur, va nous redire le Ressuscité, tout au long de cette semaine à venir !

N’ayons pas peur, car oui, alors la nuit se termine, il est temps de sortir de nos tombeaux !

Oui ! Il est temps de quitter nos tombeaux et nos angoisses, 
Il est temps de sortir du sommeil de la nuit, 
D'aller vers la lumière et d’annoncer, à nos frères et sœurs : 

Le Christ est ressuscité !

Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

 

Homélie du vendredi 2 avril 2021, Vendredi saint, année B. 

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Passion selon saint Jean 18, 1 à 19, 42. Livre du prophète Isaïe 52, 13 à 53, 12.
Psaume 30. Lettre de saint Paul aux Hébreux 4, 14-16 ; 5, 7-9.
 

Chers amis, en ce Vendredi Saint, nous célébrons la Passion de notre Seigneur. Il n’est pas simple de prendre la parole après un tel récit, si dense et si grave ! Notre regard est fixé sur le Christ !

Alors qu’Il est maintenant élevé de la terre, Il continue d’attirer à Lui tous les hommes de ce monde : ceux ignorent le Christ comme ceux qui le cherchent, ceux qui se moquent de lui, comme ceux qui pleurent devant tant de souffrances endurées !

Mystérieusement, la Croix est au centre de notre vie, au centre de notre foi ; non pour nous conduire à la Mort, mais pour nous élever vers la Vie ! Elle nous rappelle que la Vie nous est donnée par le Christ !

Oui, le récit que nous venons d’entendre, ce récit de la Passion, montre, avec pudeur, combien le Christ a souffert ! À travers les larmes et sa sueur, Il désire conduire la vie jusqu’à son terme, c’est-à-dire son projet de salut du monde. 

Avez-vous remarqué que, dans ce long récit de la Passion que nous venons d’écouter, qu’une question précise est posée. Elle se situe au début du récit et c’est la première prise de parole : « Qui cherchez-vous ? » demande-t-il à ses bourreaux venus l’arrêter. Oui, « Qui cherchez-vous ? ». 

Ils répondent tout tremblants en lui disant l’acte d’accusation qu’ils ont reçu des juges : « Es-tu Jésus de Nazareth ? »La réponse de Jésus est sans ambiguïté : « C’est bien moi. Je le suis »

En échos, nous qui connaissons un petit peu la Bible, nous comprenons que, lorsque Jésus leur répond : « C’est bien moi. Je le suis », cela fait référence à d’autres paroles : « Je suis celui qui est, qui était et qui vient. » Je suis le Christ Jésus, le Fils éternel de Dieu le Père : « Serviteur de Dieu » !

Jésus, comme son nom le précise, accomplit sa mission jusqu’au bout. Il donne sa vie en sacrifice pour le salut du monde. Jésus est le Sauveur !

En même temps, ce serviteur de Dieu est aussi le véritable Grand prêtre, comme nous l’avons entendu dans l’épître aux Hébreux ! La Croix par laquelle Jésus vit sa Passion devient l’autel où le Christ est à la fois, la victime et le prêtre. 

Frères et sœurs, par notre baptême, nous faisons de notre mieux pour marcher à la suite du Christ, à notre rythme. Mais le seul sacrifice qui vaille, c’est d’offrir nous aussi, notre vie dans nos combats quotidiens, comme dans les circonstances particulières qui nous sont imposées, tel ce temps de confinement qui n’en finit plus et qui nous fait changer nos habitudes, nos manières de vivre, nos rencontres et nos projets, qui nous fait perdre quelque chose d’essentiel : l’amitié, la fraternité et oblige à une distance avec l’autre. 

Comme Jésus, il nous faut librement accepter ce qui peut nous faire souffrir, pour que la vie renaisse et finisse par triompher. Il ne s’agit pas de rechercher la souffrance (quelle qu’elle soit), mais de nous laisser accompagner par le christ, dans ces moments difficiles !

Nous vivons cette Semaine Sainte de manière tout à fait particulière. En regardant longuement le Christ sur la Croix, nous pouvons décider à faire de nos vies, des vies encore plus offertes à Dieu, afin de partager, du mieux possible, à tous ceux et celles qui nous entourent, cette espérance et cette certitude que Jésus est Sauveur, que Lui seul a les paroles de la Vie éternelle !

Oui, il y a un mystère, le mystère de la Croix que, au fil des ans, nous essayons d’approcher petit à petit. Ce mystère de la Croix met en pleine lumière d’incroyables paradoxes ; j’en ai noté trois, mais il y en a bien d’autres :                                                                            

  • Premier paradoxe : L’instrument du supplice, la Croix, devient le chemin du salut et de la vraie vie. 
  • Notre foi aussi est paradoxale, car bien des croix que nous portons, que nous subissons, marquent notre existence ; à ces moments-là, nous pensons être seuls, isolés, mais pour le croyant, le Christ n’est jamais absent ! Lui-même porte nos croix, avec nous !
  • Un autre paradoxe étonnant : même si les hommes se détournent du Christ, ou pire le rejettent, Lui, Jésus, n’abandonne jamais sa mission de Salut pour tous ! Sans cesse, il nous appelle à la Vie !

Alors, cette question que nous avons entendue, retentit pour moi, pour nous : « Qui cherchons-nous ? Qui cherches-tu en venant dans cette église ? » Jésus attend de chacun de nous, une réponse de foi.

Frères et sœurs, choisissons le Christ ! Faisons-Lui confiance et rendons grâce pour sa vie donnée ! Demandons que, après ce temps vécu sur cette terre, nous soyons avec Lui pour l’éternité !                                                                                                                                     

 Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du jeudi 1er  avril 2021, Jeudi saint, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 13, 1-15. Livre de l’Exode 12, 1-8.11-14. Psaume 115. 
Lettre de saint Paul aux Corinthiens 11, 23-26.
 

Au cœur du repas durant lequel Jésus institue l’Eucharistie, un geste étonnant est associé !

Nous sommes tellement habitués à ce geste qu’il ne nous surprend plus : le lavement des pieds ? Mais oui, bien sûr ! Pourtant, ce geste est d’autant plus important qu’il est rapporté par les trois évangélistes Matthieu, Marc et Luc. C’est dire qu’il a marqué les esprits de ceux qui étaient là ; Jésus lave les pieds de ses disciples.

Un enfant du catéchisme m’avait fait, un jour, cette remarque : « J’ai tout compris ! C’est parce que les Apôtres avaient les pieds sales ! » Or, pas du tout ! Pourquoi ? Car s’ils sont fidèles à la Tradition juive, les Apôtres, avant le repas, ont dû prendre un bain et ont fait les ablutions rituelles. De plus, ce qui peut être choquant, c’est que ce geste est un geste d’esclave. Comment Jésus, qui est bien pour eux le Messie, peut-il faire une telle chose ?

Pour tous ceux qui sont dans cette salle haute, ce geste est à la fois déroutant et déplacé ! 

C’est d’ailleurs la réaction de Pierre : « Toi Seigneur, tu veux me laver les pieds ? » Pierre ne comprend pas et refuse, car il pense que Jésus ne peut pas s’abaisser à un tel acte. Ce n’est pas pensable que Jésus se mette à ses pieds. Pierre, ne l’oublions pas, avait conscience de la messianité de Jésus : « Tu es le Christ, le Messie de Dieu, le Fils du Dieu vivant » (Mathieu 16, 16).

Il n’est pas pensable pour Pierre de voir Jésus à ses pieds pour les lui laver : « Tu ne me laveras pas les pieds, non jamais ! » Il en est vraiment indigné…

Pierre ne se laissera faire que lorsque la Parole de Jésus lui ouvre le cœur : « si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas part avec moi » et dans son élan, il veut être lavé tout entier…

Il est évident que saint Jean, l’auteur de l’évangile, n’est pas dans une logique de propreté rituelle ! Nous sommes pleinement dans la signification de ce geste : l’abaissement de Jésus qui se fait serviteur jusqu’au bout.

Il lave les pieds de ses apôtres (c’est un geste extérieur visible), mais en fait, il les sanctifie (geste intérieur qu’on ne voit pas), c’est-à-dire qu’Il les rend purs. C’est ce qu’il demande à son Père : « Sanctifie-les dans ta vérité » (Jean 17, 17). 

Il est important de comprendre que nous ne pouvons pas nous purifier nous-mêmes : c’est le pardon de Dieu qui nous rend purs ; « lave-moi de ma faute, Seigneur, purifie-moi de mon péché » (Psaume 50). 

Plus encore ce geste est un élan d’amour et de pardon.

C’est le commandement nouveau donné par Jésus à ses Apôtres : « Si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et votre Maître, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous ».

Ne nous trompons pas : il ne s’agit pas simplement de faire du bien aux autres et d’être « en tenue de service » à leur égard. Cela est déjà louable ! Mais, il nous faut saisir que ce qui commande aux Apôtres, ne peut se comprendre qu’en lien avec ce qui se passe à ce moment intense du repas, au moment de la Cène du Seigneur. 

Il faut mettre en parallèle les deux commandements qu’Il leur donne : « faites ceci en mémoire de moi » (le ministère eucharistique) et : « faites, vous aussi, comme moi, ce que j’ai fait pour vous » (le lavement des pieds). Ces deux gestes sont à comprendre ensemble !

Par ce geste, Jésus anticipe ce qu’il va vivre dans quelques heures : le sacrifice total, le don de sa vie pour l’humanité tout entière. 

Le lavement des pieds est le signe de l’amour qui vient rejoindre les Apôtres, qui les sanctifie et les rend dignes d’accomplir à la suite du Christ, son sacrifice suprême.

Il nous est donné de pénétrer ce mystère, chaque année un peu plus, lors du Jeudi Saint. Ce n’est pas forcément très simple, mais demandons la force de l’Esprit Saint pour comprendre ce que Jésus est en train de faire en chacun de nous.

Je termine en précisant deux points :

  • La miséricorde du Seigneur fait aussi de ses Apôtres, les ministres du pardon des péchés puisque, dans la même ligne, selon l’évangile de Saint Jean, au soir de Pâques, Jésus donne le commandement et le pouvoir à ses Apôtres de pardonner les péchés. Nous savons bien que, dans le sacrement du pardon, le Seigneur vient laver vraiment ses disciples et les inonder de sa miséricorde. Là aussi, il y a un lien inséparable à découvrir entre l’Eucharistie et le Pardon !
  • Le lavement des pieds révèle à la fois l’abaissement et la toute-puissance du Christ. Paradoxe difficile à comprendre, encore pour certains chrétiens ou croyants d’autres religions !

Comment Dieu qui est tout-puissant peut-Il s’abaisser jusqu’à nous ? C’est exactement ce que nous retrouvons dans les sacrements : la pauvreté du signe (l’eau, le pain, le vin, l’huile…) et l’immensité du don de Dieu par la puissance du Christ. 

Nous retrouvons ce paradoxe dans cette puissance de l’Amour qui rejoint chacun, et ce, malgré la pauvreté de notre amour en retour !

Oui, j’ai bien conscience que ce Mystère que nous célébrons aujourd’hui demande du temps et beaucoup de prières pour l’approcher, mais déjà, frères et sœurs, nous pouvons le goûter !

Soyons en ce Jeudi Saint, dans l’Action de grâce pour l’immense don que Dieu nous offre maintenant en recevant son corps !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du mercredi 31 mars 2021, Mercredi saint, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 26, 14-25. Livre du prophète Isaïe 50, 4-9a.
Psaume 68. Lettre de saint Paul aux Philippiens 2, 5b-11.
 

En cette veille du Triduum pascal (trois jours Saints), nous entrons dans les heures sombres et troubles de la Passion… C’est l’Heure de Jésus, mais c’est aussi notre heure, celle du choix, et vous en avez fait un ce matin, en venant à cette eucharistie. 

L’Évangile de ce jour pointe un projecteur sur les disciples à un moment décisif : particulièrement sur Judas, « l’un des Douze » ! Mystérieux Judas ! Pourquoi son geste ? Quel sens donner à son geste ? Cela restera un mystère !

Si Jésus avertit ses Apôtres : « Amen je vous le dis : l’un de vous va me livrer », ce n’est pas pour jeter le trouble, ni invoquer sur Lui l’apitoiement, mais pour avertir les disciples de tous les temps, des ruses de « l’ennemi qui rôde comme un lion, cherchant qui dévorer » (cf. 1 P 5, 8). Ce que le Démon suggère dans les ténèbres, Jésus le révèle au grand jour afin que nous puissions nous appuyer sur cette connaissance pour le combattre victorieusement « fermes dans la foi » (Ibid.).

Pourquoi Jésus dit-il cela ce matin, à chacun de nous ?

C’est parce qu’il y a mille manières de trahir ! Mille façons de Le trahir !

·     Pour Judas, c’est en vendant son Maître, c’est-à-dire en le trahissant ouvertement ; c’est une trahison 

·     Pour nous, ce peut être en rompant le lien de compagnonnage, d’amitié avec Lui, c’est une trahison ; 

·     En décriant publiquement sa doctrine, son style de vie, sa personne, son Église, c’est aussi une trahison ! 

·     Mais cela peut se faire encore plus subtilement, en diluant son message, en consentant à des compromissions, en jouant sur les mots, en relativisant le caractère surnaturel et unique de la révélation qu’Il nous apporte, en mélangeant sa doctrine avec des apports d’autres traditions avec lesquelles l’Évangile est mis sur un pied d’égalité… Tous ces gestes, paroles ou actions sont des trahisons !

Nous pourrions continuer la liste des trahisons possibles …

« Serait-ce moi, Seigneur ? », c’est la question que nous pourrions nous poser, attristés et inquiets.

La trahison comme le reniement s’exprime ici comme le malheur toujours possible, de se fermer au don que Dieu veut pour nous, de se laisser déchoir de la grâce qu’Il nous offre gratuitement !

Le paradoxe est bien là ! Certes, « il vient le Prince de ce monde » c’est-à-dire Satan, c’est lui qui est déjà à l’œuvre à travers ces complots mortels ; mais ne l’oublions pas : « il n’a aucun pouvoir » sur Jésus (cf. Jn 14, 30). C’est sur l’homme que le Démon peut exercer son pouvoir ! Il nous faut, chers frères et sœurs, pour lutter contre le Mal, la grâce, la conviction, prendre la décision de suivre le Christ !

Saint Matthieu nous donne de mesurer la faiblesse et la vulnérabilité de Dieu en Jésus. Lui qui déclare à son peuple par le prophète Isaïe : « Ne crains pas, je t’ai libéré ; je suis ton sauveur. Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et moi, je t’aime… » (Isaïe 43, 1-4).

Encore ce matin, Jésus dresse la table du repas de l’Alliance, pour nous ses disciples, pour chacun d’entre nous qu’Il invite, non pas au rang de serviteur, mais élevé à la place de l’ami : « Mon temps est proche, c’est chez toi que je célèbre la Pâque avec mes disciples ».

Puissions-nous, à la veille de ce Triduum pascal, accueillir le don de la vie, accueillir Jésus, sans compromission ni trahison dans notre vie !                                                                     

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 29 mars 2021, lundi saint, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 12, 1-11. Livre du prophète Isaïe 42, 1-17. Psaume 26.

 

En ce début de Semaine Sainte, certains s’interrogent peut-être : que faire ? Comment agir ? Comment vivre ces jours Saints ? Un indice : Aimer et se laisser aimer !

En effet, l’évangile de ce jour nous propose d’être les témoins d’un acte d’amour incroyable ! Notre Semaine Sainte débute par une surabondance d’amour

Ce jour-là, c’est-à-dire, six jours avant la Pâque, nous nous retrouvons dans le petit village de Béthanie. C’est dans ce village que Jésus venait de « réveiller Lazare d’entre les morts. »

La joie est présente et elle devient une fête en l’honneur de Jésus et de Lazare ! Ce sont les deux sœurs qui sont à l’initiative de cette fête : Marthe et Marie. La fête bat son plein !

Marthe est déjà au service, quant à Marie … elle semble ailleurs !

Marie de Béthanie apparaît dans l'Évangile comme une femme très intuitive. Sans doute, beaucoup de ses amis devaient la juger, à certaines heures, comme une femme surprenante et imprévisible.

 Marie ne faisait pas exprès de réagir autrement que les autres ! Elle ne cherchait pas forcément à se singulariser. Simplement, c’était une femme qui, en chaque occasion, rejoignait l’essentiel, et elle posait les gestes que son cœur lui dictait : non pour braver les autres ou leur faire des reproches, mais par une sorte de nécessité intérieure, qui était la force même de son amour.

Jésus, lui, a toujours pris la défense de Marie de Béthanie, car Il voyait en elle, non pas une femme paresseuse ou une excentrique, mais une femme capable de tous les courages pour suivre jusqu’au bout les certitudes de son cœur ! Qu’a-t-elle pu ressentir ce jour-là ? Une intuition qui déborde de son cœur !

Son frère, Lazare, reprenait goût à la vie, Jésus, lui, allait goûter la mort.

ou encore…

Jésus allait vers la mort, et tous ces gens ne pensaient qu’à la fête !

Marie a voulu dire à Jésus ce qu’elle entrevoyait, ce qu’elle pressentait du mystère de Dieu qui traversait sa vie de prophète. 

Mais comme ces choses-là sont au-delà de toute parole, Marie les a dites avec son parfum et ses cheveux, avec son gaspillage définitif, avec un geste démesuré et un peu fou… Elle manifeste, de cette façon, son amour pour Jésus !

Face à cet amour, notons la remarque aigre de Judas qui exprime déjà la rupture d’amour à venir et sa future trahison !

  • "Laisse-la", dit Jésus à Judas : elle a gardé ce parfum pour ma sépulture.
  • "Laisse-la": elle a su entrer, par amour, dans le mystère de ma mort.
  • "Laisse-la": c’est un geste qui la dépasse elle-même. 

Peu importe, déjà, toute la maison est remplie de son parfum ! 

Marie de Béthanie, au début de cette grande et belle semaine, dans son geste prophétique, nous invite à renouveler notre prévenance, notre délicatesse, notre gratitude envers notre Seigneur Jésus !

Frères et sœurs, en ce début de Semaine Sainte, une semaine que nous commençons par ce geste d’une surabondance d’amour, sans effroi, peur ou angoisse, à nous de trouver le geste que nous souhaitons pour exprimer tout cela à Celui qui donne sa vie pour chacun de nous ! 

Demandons cette grâce pour nous tous réunis, pour nos familles, pour notre fraternité paroissiale !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 24 mars 2021, 5e semaine de Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 8, 31-41. Livre du prophète Daniel 3, 14-20.91-92.95. Cantique Daniel 3.

 

Ces quelques versets de l’évangile selon saint Jean, au chapitre 8, appartiennent au long échange que Jésus a eu avec les Juifs sur le lieu même du Temple. Nous sommes donc à Jérusalem. Peu de temps auparavant, Jésus avait hésité à entrer dans cette ville et à monter au Temple. En effet, certains Juifs, certains Pharisiens surtout, cherchaient à le faire périr. Mais, Jésus y était monté avec audace. Le peuple célébrait alors, la grande fête de Soukkot, une fête importante nommée la fête des Tentes, en souvenir de l’assistance que Dieu avait manifestée tout au long de l’exode de son peuple. 

Dès son arrivée sur l’esplanade du Temple, les ennuis débutent… Jésus avait commencé par sauver de leurs mains une femme prise en flagrant délit d’adultère. « Femme, personne ne t’a condamnée – Personne Seigneur. », c’est l’évangile de lundi dernier. En l’invitant à repartir sans paroles de reproches ni de condamnation, Jésus lui révélait qu’il n’était que miséricorde. 

Aucun blâme, aucun manque de confiance. Tandis que ceux qui s’étaient érigés en justiciers n’ont pas compris cette miséricorde. Enfermés dans leurs propres péchés, ils n’y ont pas cru. 

C’est alors que commence, avec l’évangile d’aujourd’hui, un long échange de Jésus avec les Juifs qui croyaient en lui. Il fallait en effet que ces croyants pleins de bonne volonté sachent que la miséricorde était en fait, l’œuvre de Dieu. 

  • Il fallait qu’ils reconnaissent que lui-même ne faisait rien qu’il ne l’ait déjà vu faire par le Père. 
  • Il leur fallait reconnaître que Dieu était Père
  • Il leur fallait découvrir que, dès les origines, Dieu est miséricorde

L’avons-nous déjà compris pour nous-mêmes ? Ce long échange entre Jésus et les Juifs présents ce jour-là au Temple, est plein d’autres enseignements.

  • À propos de l’appartenance à un peuple : De qui sommes-nous fils ? 
  • À propos des œuvres de vie : « Si vous êtes enfants d’Abraham, faites donc les œuvres d’Abraham. Or, vous cherchez à me faire mourir. » 

Pour nous, ce matin, pour nous qui sommes croyants, il faut noter cette insistance sur l’écoute de la Parole de Dieu : « Si vous demeurez dans la parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres. » nous dit Jésus.

À quelques jours de la Semaine Sainte, prenons un peu de temps et méditons ces deux questions : sommes-nous en vérité ? Sommes-nous libres ?

L’évangile de ce jour nous encourage à nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, à l’école du Christ. Chers frères et sœurs, recevons cette page d’évangile comme un encouragement à nous déterminer encore et encore pour devenir vraiment fils et filles de Dieu. 

Bien plus, à quelques jours de la Semaine Sainte, demandons cette grâce de vivre en disciples pour devenir vraiment fils et filles de Dieu avec et dans le Fils

Continuons à préparer notre cœur à vivre pleinement les jours saints !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 22 mars 2021, 5e semaine du temps du Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 8, 1-11. Livre du prophète Daniel 13, 1-9.15-17.19-30.33-62. Psaume 22.

 

 

Deux histoires : celle que nous avons entendue dans cette longue première lecture (l’histoire de Suzanne) et celle de l’évangile : la femme adultère.

Dans les deux textes aujourd’hui, il est question du regard que nous portons ou que les autres portent sur nous. Quand vous lisez la Bible, vous pouvez être surpris de noter tant de regards ! Que de regards dans les Évangiles ! Mais tous les regards ne sont pas semblables ! Certains regards tuent, d’autres sont un accueil, beaucoup restent passifs ou indifférents… 

Il y a d’abord le regard de convoitise des deux anciens qui veulent abuser de Suzanne, puis le regard pur du jeune Daniel qui va la sauver d’une condamnation injuste par la grâce de Dieu. Il y a le regard des scribes et des pharisiens sur cette femme qui est sortie de chez elle sans son attestation dérogatoire et sans son masque…(faisons un peu d’humour). Il y a aussi leurs regards sur Jésus pour le mettre à l’épreuve…

Puis, il y a le regard de Jésus dans une situation apparemment bloquée comme celle qu’a pu vivre Suzanne : un piège. Mais, quelle sagesse ! Jésus va s’en sortir de façon magistrale par cette phrase désormais célèbre : « Que celui qui est sans péché soit le premier à lui jeter la pierre ». 

Il y a encore un regard sur soi-même, celui des plus anciens parmi les accusateurs, qui révèle en profondeur la vérité du cœur. Laissant tomber les pierres de leurs mains, c’est tout penauds qu’ils rentrent chez eux.

Enfin, il y a le regard de cette femme accablée, accusée, inquiète de son sort, pour laquelle Jésus va laisser renaître une immense espérance par sa miséricorde, une miséricorde qui libère du regard des autres et du jugement, mais aussi une miséricorde qui donne envie de s’en sortir et de progresser sur le chemin d’une vie plus sainte, un chemin sans péché.

Pour nous ce matin, laissons-nous nous regarder par notre Seigneur Frères et sœurs, laissons-nous aimer par sa miséricorde plus forte que le péché ! Rappelons-nous l’une des dernières phrases de saint Jean-Paul II dans son dernier livre : « c’est la miséricorde qui aura le dernier mot » !

Apprenons aussi, à l’école du Christ, à regarder à sa façon, les personnes qui nous entourent, nos relations, notre monde ! Avec Jésus et par Lui, il y a toujours un progrès possible, un espoir, une renaissance. 

Personne n’est perdu ! Personne ne doit être désespéré ! L’espérance peut toujours entrer et habiter dans nos vies.  

À quelques jours de la Semaine sainte, laissons-nous regarder et aimer par le Christ !

                                                                                                                                    Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 21 mars 2021, 5e dimanche du temps du Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 12, 20-33. Livre du prophète Jérémie 31, 31-34. Psaume 50.

Lettre de saint Paul aux Hébreux 5, 7-9.

 

Chers frères et sœurs, 

Je me souviens d’une expérience qui m’avait marqué quand j’étais petit enfant à l’école primaire ; on nous avait donné des lentilles ou des haricots, nous les mettions sur du coton, nous arrosions, et nous observions… (peut-être cet exercice rappelle-t-il des souvenirs à certains d’entre vous ?). Chaque jour, nous regardions en nous demandant ce qui allait bien se passer. Petit à petit, un petit germe sortait de la lentille, puis il devenait comme une petite plante avec des radicelles et des racines, puis, à la fin, et c’est ce qui est intéressant, la petite lentille était toute rabougrie et sèche ! À l’époque, cette expérience m’avait impressionné : la richesse de la terre, la pousse des plantes, son mécanisme de transformation, la photosynthèse… Bref, j’étais en admiration devant la création et la manière dont la nature se développe ! 

Si je vous raconte cette expérience, c’est qu’avec l’équipe paroissiale et surtout l’équipe  “l’Église verte“, nous avons travaillé, sous l’impulsion du pape François, sur son Encyclique Laudato Si. C’est vrai, le monde dans lequel nous vivons, voulu et créé par Dieu est surprenant et il est beau ! À différents moments de notre existence, nous en prenons conscience et nous en rendons grâce ! En ces jours derniers, sans doute êtes-vous nombreux à vous promener, à profiter des rayons réconfortants du soleil, à admirer la nature qui s’éveille ! 

Dans ce même esprit, nous avons vécu en Paroisse, hier, un temps de prière et de réflexion sur ce thème : « Nous habitons tous la même Maison ! » La Terre est un bien commun à respecter et à partager. Nous ne sommes que les intendants de cette Terre qui est un cadeau. Elle ne nous appartient pas et il est de notre devoir de la préserver, d’en prendre soin et de la transmettre à toutes les générations futures.

L’équipe « Église Verte de la Paroisse » m’invite à vous redire que la conversion écologique à laquelle le Pape nous invite n'est pas uniquement de l'ordre d'une maîtrise efficace et respectueuse de la Création, mais elle est de l'ordre d'une relation vitale à tisser avec tous les êtres vivants. Le pape nous rappelle l’urgence d’une écologie intégrale qui respecte notre nature humaine. Nous le savons bien : nous ne sommes que de passage sur cette terre !

C’est bien le sens de l’évangile que nous entendons aujourd’hui, le sens même du Carême et de notre route vers Pâques, car ce que le Christ nous promet, c’est la Résurrection et la Vie éternelle ! Quel mystère que cette création que Dieu nous confie ! 

Je reviens à cette métaphore champêtre de l’évangile de la graine tombée en terre : qu’est-ce que cela veut dire qu’un grain tombe en terre, meurt et donne du fruit ? Comment comprenons-nous cette parabole ? Comment pouvons-nous donner du fruit ? Qu’est-ce que la mort ? L’allusion semble évidente ! Jésus se compare Lui-même à ce grain de blé qui tombe en terre. De fait, nous le savons : Jésus va offrir sa vie, mourir puis Il va ressusciter. 

Mais, Jésus ne ressuscite pas seul. Son projet est de nous entrainer avec Lui dans cette résurrection : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 20,24). L’image est parlante et très intéressante. Elle évoque, à la fois une disproportion et une incroyable fécondité. Mais elle me frappe surtout par l’opposition radicale entre deux réalités : d’un côté, une solitude stérile, de l’autre une abondance de fruits

L’explication de Jésus peut nous surprendre. Mais, que veut-il que nous comprenions ? La vie ne mériterait-elle pas d’être aimée ? Jésus la mépriserait-il ? Bien au contraire ! Nous savons bien qu’il est venu pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance (cf. Jn 10,10). 

Pour Lui : aimer la vie, c’est la donner ! « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle » (Jn 12,25).

La mort, la vraie mort n’est pas physique, mais c’est plutôt le refus de se donner ou encore le repli stérile sur soi-même. Saint Luc dans les Actes des Apôtres résume le parcours de Jésus en disant en une petite phrase : « Là, où il passait, il faisait le bien ! » (Act 10,38). Il est celui qui se donne entièrement, jusqu’au bout !

Que pouvons-nous retenir pour nous, à quelques jours de la Semaine Sainte, cette semaine la plus importante, la plus significative de notre vie chrétienne ? Une proposition : si vous le pouvez, prenez quelques jours de congé pour vivre pleinement le Triduum pascal, c’est-à-dire les trois jours saints : jeudi, vendredi, samedi. 

Retenons trois points :

- Premier point : alors qu’Il s’apprête à affronter sa mort, Jésus nous invite à comprendre notre existence à la lumière de son propre passage de la mort à la vie. Il laisse entrevoir aux disciples que son chemin, même s’il passe par la croix, est pour mener à la victoire. La mort est vaincue par Jésus !

- Deuxième point : la vraie mort est la stérilité de celui qui ne se donne pas, de qui ne dépense pas sa propre vie, mais veut la garder jalousement. 

- Troisième point : il n’est pas question de haïr sa vie ni de haïr la vie. Il n’est pas question de masochisme ni de tristesse, mais simplement d’aimer la vie de Dieu et de vivre ici‑bas selon Dieu pour vivre éternellement avec lui. L’homme ne doit pas agir en propriétaire ! La foi, la vie sont des cadeaux que nous recevons. Un seul est propriétaire : Celui qui, comme le grain de blé, nous a aimé et s’est livré pour nous !

Frères et sœurs, je réitère mon invitation : notre temps de Carême n’est pas terminé. Prenons le temps de la prière, pour comprendre ce à quoi nous invite Jésus : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera ». (Jn 12,26). Le mystère de sa Pâques, c’est ce que nous sommes appelés à vivre comme Lui et avec Lui en prenant comme Lui et avec Lui la place du serviteur.

Nous avons quelques jours encore pour nous préparer, pour recevoir le pardon sacramentel et pour entrer plus profondément dans ce mystère de vie que le Seigneur nous propose.

Que l’Esprit Saint nous guide en cette dernière semaine avant la Semaine Sainte !                                                                                                                        

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 17 mars 2021, 4e semaine de Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 5, 17-30. Livre du prophète Isaïe 49, 8-15. Psaume 144. 

 

Comment expliquer les textes de ce jour qui sont d’une très grande profondeur ? Comment les comprendre spirituellement et humainement ? Sans doute nous faudrait-il beaucoup de temps, bien plus que nous n’en avons ce matin !

Je crois que la lecture du psaume nous donne une piste et peut nous aider à entrer dans la puissance de ces textes ! 

Que nous dit le psaume d’aujourd’hui ? 

                « Le Seigneur est tendresse et pitié ; la bonté du Seigneur est pour tous, 

                sa tendresse, pour toutes ses œuvres. Il est fidèle en tout ce qu’il fait » (Ps 144).

Cet extrait du psaume résume l’enseignement de la liturgie de la Parole de ce jour, avec des textes qui se répondent ! « Dieu est tendresse et pitié ! »

     Nous avons, peut-être, des difficultés à comprendre ou à expérimenter cette réalité de la Bonté de Dieu ! Sommes-nous persuadés que Dieu est bon ? 

C’est toute l’originalité du peuple hébreu ; en effet, ils ont cette certitude que Dieu est “un“, unique, et qu’Il nous aime, contrairement aux autres dieux qui sont adorés en Égypte, en Grèce ou chez les Romains ou chez les Babyloniens qui sont des dieux dominateurs, durs et qui réclament sacrifices sanglants et hommages.

Oui, Dieu nous aime ! Sa bonté, sa tendresse toute discrète sont tout à la fois celles d’une mère et celles d’un père. 

Les termes de la première lecture nous aident à mieux saisir ce mystère divin : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi je ne t’oublierai pas ! ».

     Le Père se penche sans cesse sur chacun de nous avec une sollicitude maternelle, tout en restant profondément Père : « Cieux, criez de joie ! Terre, exulte ! Montagnes, éclatez en cris de joie ! Car le Seigneur console son peuple : de ses pauvres, il a compassion. » (1ère lect). 

     C’est parce que Dieu a été bouleversé jusqu’en ses entrailles maternelles et en même temps, en son cœur paternel, que, devant la tristesse de nos choix et notre solitude, Il est venu nous sauver. Voilà le mystère d’amour de Dieu. 

Il est un père attentif qui vient en aide à ses enfants, malgré nos erreurs, malgré nos égarements : « Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je suis venu à ton secours » (1ère lect).

     Nous le croyons : c’est en Jésus que Dieu réalise cette promesse comme Notre Seigneur l’annonçait lui-même dans son homélie (sa première prise de Parole) donnée à la synagogue de Nazareth au début de son ministère (Lc 4, 18-21). Déjà, Il annonce ce qu’il va faire : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés… » Jésus reprend, en l’accomplissant, ce que le prophète Isaïe avait annoncé six siècles auparavant.

     Quel mystère surprenant, mystère de tendresse, de bonté, d’amour, d’un Dieu unique ! Un mystère toujours à méditer ! 

Frères et sœurs, nous pouvons, dans notre prière d’aujourd’hui, prendre le temps de nous laisser toucher par la bonté et la tendresse de notre Dieu ! Demandons cette grâce pour chacun de nous, pour nos familles, notre paroisse et pour le monde !

                                                                                                                           Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 15 mars 2021, 4e semaine du temps du Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 4, 43-54. Livre du prophète Isaïe 65, 17-21. Psaume 29.

 

Chers amis, comme je vous le disais hier, nous sommes à la Mi-carême. Encore trois petites semaines jusqu’à Pâques ; trois petites semaines pour nous préparer ! Le temps passe très vite et l’évangile de ce jour nous invite à nous recentrer sur le Christ. Hier, c’était le dimanche de Laetare, dimanche de la joie, et je vous invite à poursuivre dans cette tonalité avec l’évangile de ce jour.

Que se passe-t-il ? Jésus vient de vivre une rencontre profonde, un peu extraordinaire avec les samaritains du petit village de Sikar (c’est là qu’a eu lieu la rencontre avec la Samaritaine, près du puits de Jacob). Il a passé deux journées intenses avec eux.

Il les quitte et arrive, dans notre évangile, en terre de Galilée, à Cana (là, où avait eu lieu le signe de l’eau changée en vin). Là, Jésus ne se méprend pas sur l'accueil qu'on lui réserve ; est-ce le Fils de Dieu, le Messie qui est attendu ? Pas du tout : on fait fête surtout au guérisseur, rien de plus ! On ne s'interroge ni sur son message ni sur sa personne.

La première demande du haut fonctionnaire s'en tient effectivement à ce que les gens racontent de Jésus : un guérisseur : « Je t'en prie, descends guérir mon fils qui se meurt ! »

Dans un premier temps, Jésus semble écarter la demande, tout comme Il avait fait pour la syro-phénicienne, la femme aux petits chiens. Il semble ne voir en lui qu'un Galiléen parmi tous les autres, aussi peu ouvert que les autres à son message et Il dit : « Si vous ne voyez signes et prodiges, vous ne croirez donc jamais ! »

Mais l'homme insiste, avec de l'émotion dans la voix : « Seigneur, descends avant que mon petit ne meure ! »; et cette fois, c'est à un papa, à un père que Jésus répond : « Va, ton fils vit ! »

Le changement d’attitude de ce père est flagrant ; il n'insiste plus ! Il ne réclame plus une présence physique de Jésus auprès de l'enfant. Il n'a que la parole de Jésus : “Va, ton fils est vivant“, et il reprend la routeIl a commencé à croire sans avoir encore rien vu.

Le changement s’opère : c’est le second signe important noté dans l’évangile de Saint-Jean !

Plusieurs heures après, dans la grande descente vers son village de Capharnaüm, il trouve ses serviteurs qui lui apprennent ce qu'il sait déjà : « Ton fils vit ! »

Les serviteurs arrivent avec la certitude de l'expérience, 

et ils trouvent, chez cet homme, la certitude de la foi.

Eux ont vu, lui a cru sans avoir vu !

En dialogue avec le père, ils vont découvrir que la guérison, qu'ils croyaient fortuite, était en réalité l'effet, à distance, d'une parole recréatrice Jésus. C’est important, spirituellement parlant pour nous. Nous aimerions tous que Jésus soit tout près de nous, mais pourtant, Il est là et Il agit !

En dialogue avec ses serviteurs, l'homme va pouvoir mesurer la délicatesse de Jésus : le Messie, qui fait advenir son salut dans l'espace du monde, laisse des repères dans le temps des hommes, pour que celui qui a cru ne puisse plus douter. 

C’est cette démarche de foi du « CROIRE SANS VOIR » que nous sommes invités à vivre joyeusement tout au long de ce Carême !       Dans trois semainesnous fêterons la résurrection de Jésus, le dimanche de Pâques et pourtant, nous n’avons rien vu ; nous n’étions ni au pied de la Croix, ni au tombeau, et encore moins dans la chambre haute ! Cependant, la foi est de croire sans avoir vu

Frères et sœurs, demandons pour chacun de nous, un surcroit de foi. Pour accompagner notre carême, cessons de demander un “guérisseur“ mais demandons humblement la foi !                    

                                                                                                                                                Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 14 mars 2021, 4e dimanche du temps du Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 3, 14-21. 2e livre des Chroniques 36,14-16.19-23. Psaume 136.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 2, 4-10.

 

Chers amis, en ce 4e dimanche de Carême, nous sommes donc arrivés en ce dimanche appelé dimanche de Laetare. Le temps passe très vite, déjà la Mi-Carême ! 

Au milieu de nos joies et de nos soucis, de nos épreuves, voilà que brille déjà la lumière de Pâques. Que signifie ce nom de : dimanche de Laetare ? Littéralement : Réjouis-toi, Jérusalem ! … car le Christ nous a sauvés. Réjouis-toi, Église, réjouis-toi chrétiens : « soyez pleins d’allégresse » nous dit l’antienne d’ouverture. Les ornements violets de la pénitence font aujourd'hui place à une couleur plus douce, plus radieuse : le rosé des premières lueurs pascales. C’est aussi le passage du violet au blanc, avec cet intermédiaire du rose. Frères et sœurs, nous sommes invités à un regain d’espérance.

Pourquoi ce Dimanche de la Joie et de la Bonne Nouvelle ? La réponse est simple et combien importante : parce que "Dieu est riche en miséricorde"... Nous venons de l’entendre dans la seconde lecture de saint Paul aux Éphésiens !

·    Parce que Dieu veut nous sauver ! Il veut notre salut !

·    Parce que Dieu veut que tous soient sauvés ! Est-ce que nous mesurons bien le projet de Dieu pour chacun de nous ?

Ô Seigneur, qu’il est grand ton Nom, Je chanterai tes louanges, je chanterai ton Nom.

C’est ce refrain qui a accompagné ma méditation hier soir, et qui m’aide à entretenir, toute la journée, une réelle joie intérieure. Puisqu’il est question de louanges et de joie dans le Seigneur, notre paroisse est ce lieu où expérimentons de beaux émerveillements ! C’est toujours l’Esprit Saint qui agit ! 

Je le dis humblement, mais réellement ! Nous vivons de beaux moments avec les différentes équipes de la Paroisse : que ce soit, dans l’accompagnement vers le mariage, le baptême … ou par exemple : les catéchumènes adultes qui, bientôt, vont recevoir le sacrement du baptême au matin de Pâques, ou encore tous les enfants et adolescents qui vont vivre leur profession de Foi ou la 1re Communion ! Quelle joie dans les cœurs ! Même les funérailles sont le lieu de belles rencontres et de soutien ! Oui, nous vivons de belles choses !

Est-ce pour autant que notre monde va bien ? Non ! Bien sûr ! Mais, ces beaux moments de fraternité, de partage, de prière… sont autant de petites et grandes joies !

Tout comme vous, je sais bien que ces derniers mois ont été difficiles et continuent de l’être. 

Tout comme vous, je rencontre des personnes qui souffrent : souffrances physiques, souffrances morales ! Problème de la vie que l’on subit, problème aussi parfois que l’on peut se créer soi-même !

Ce dimanche de Laetare est le rappel de notre espérance chrétienne ! Au-delà de toute contrariété, au-delà de toute déception, il nous faut expérimenter cette Bonne Nouvelle. 

Oui, "qu’il est grand ton Nom, toi Seigneur qui est riche en miséricorde"... 

Oui, Dieu connaît notre misère du cœur ! Dans nos ténèbres, Seigneur, Tu révèles ta Lumière !

 Ce dimanche nous redit cette certitude inébranlable de la miséricorde de Dieu qui, à la fois révèle, démasque mon péché et me rend supportable la révélation de toutes mes faiblesses.

La gratuité de son amour doit (ou du moins devrait) me faire prendre conscience, par contraste, de tous mes petits calculs d'épicier dans mes relations avec Dieu et avec les autres. Dieu n’entre pas dans ces calculs !

 « Si notre cœur vient à nous accuser, Dieu est plus grand que notre cœur ! » nous dit l’Apôtre saint Jean. Nous ne sommes jamais réduits à l’état de nos péchés, nous valons bien davantage !

Sans doute la plus grande désespérance que je peux éprouver dans cette vie, la plus grande peine que je peux ressentir, c’est le manque d’espérance sur moi-même, et parfois même, de me croire exclu de l’amour de Dieu !

Or, il me faut comprendre et me souvenir que notre pauvre humanité a du prix à ses yeux... nous avons du prix à ses yeux ! Oui, et j’ose le dire avec force pour chacun de nous : j’ai du prix aux yeux de Dieu !

Dieu ne se décourage pas ! Son plan de salut pour l’humanité est toujours présent, même s’il dépasse notre compréhension : la première lecture nous parle de la déportation à Babylone (durant 70 ans) puis de la libération par le roi Cyrus qui permet le retour avec la construction du nouveau Temple. Cet exemple nous redit l’importance de notre vie pour Dieu et parfois cette longueur du temps qui appartient à Dieu:

En ces temps qui sont les derniers : "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique..."

Frères et Sœurs, en ce beau dimanche de Laetare, gardons dans notre cœur ces deux certitudes : 

  • Dieu est riche en miséricorde. 
  • Dieu aime passionnément notre humanité : Il a tant aimé le monde qu'il a envoyé son Fils unique. Il est notre créateur ! Il ne nous abandonne pas.

Comprendre et reconnaître ces certitudes est déjà un grand pas ! 

Mais soyons fous ! Nous pourrions repartir de cette Eucharistie en faisant un pas de plus ! Je peux ce matin ou ce soir décider de faire un pas de plus et prendre une résolution !

Comment ? C’est tout simple : il nous reste trois petites semaines d'ici Pâques pour entendre le Christ nous dire : "Je te pardonne tous tes péchés : entre dans ma JOIE ! Ce qui alourdit ta vie, ce qui te met en colère ou dans la tristesse, "Je te pardonne tous tes péchés“

Trois semaines pour comprendre notre appel et, à nouveau, choisir la vie, choisir de regarder le Christ et recevoir la miséricorde de Dieu dans le sacrement du pardon : recevoir la paix ! Prendre le temps de vivre le sacrement du pardon afin de nous présenter, à Pâques, devant le Christ, rénovés, apaisés !

 

Les yeux levés vers TOI, Seigneur !

Donne-moi le désir de recevoir la MISÉRICORDE DE DIEU :

c’est-à-dire la paix du pardon reçu et donné !

Ô Seigneur, qu’il est grand ton Nom, Je chanterai tes louanges, je chanterai ton Nom. 

                                                                                                                                Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 10 mars 2021, 3e semaine de Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 5, 17-19. Livre du Deutéronome 4, 1.5-9. Psaume 147. 

 

Ce sont des textes très intéressants que nous entendons ce matin ; sans doute faudrait-il plusieurs heures (!!!) pour  bien les comprendre. C’est pourquoi je vous invite à poursuivre leur méditation tout au long de ce jour.

Cependant, je souhaite m’arrêter avec vous, quelques instants, sur cette petite phrase de l’évangile :

         « Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi et les prophètes ! »

         « Ne pensez pas… » Si Jésus affirme cela, c’est bien parce que certains le pensent. C’est donc une précaution et une invitation que Jésus nous lance.

Vous allez me dire : « Très bien, mais qu’est-ce qu’il ne faut pas penser ? »

         - Ne pensez pas que l’Ancien Testament soit périmé. 

         - Ne pensez pas que la Loi, les commandements, les préceptes de l’Ancien ou du Premier Testament soient quelque chose du passé et qu’ils soient obsolètes.

         - Ne pensez pas non plus que Jésus soit venu mettre en place une religion « molle », une religion peu exigeante, une religion sans commandements !

Regardons et écoutons autour de nous ! Il m’arrive d’entendre dire : « Il n’y a plus de loi, il suffit d’aimer ». (C’est un peu les slogans de mai 68 que nous entendons encore aujourd’hui). « Il n’y a plus de commandement, il faut seulement se laisser guider par l’Esprit », ou encore : « Fais ce que tu veux. Laisse-toi aller à ce que ton cœur te dit ! »

Attention ! Que disons-nous, nous-mêmes ? Nous savons bien que nous avons à transmettre ces enseignements aux jeunes générations. C’est d’ailleurs ce que nous entendons dans le livre de l’Exode : « Tu transmettras cet enseignement à ton fils et aux fils de tes fils. »

Comment transmettons-nous ces commandements et ces enseignements ?

Mais déjà, les vivons-nous nous-mêmes ?

L’Évangile de Jésus n’est pas qu’une invitation à « un laisser-faire enfantin » ou à une religion « allégée «  ni  même à « une religion bisounours »… Ne vivons pas une religion amoindrie !

Je vous cite en exemple une question que l’on me pose assez souvent : « Père, pourquoi parlez-vous de Satan, du Diable ? Il n’existe plus ! » Nous le constatons bien durant le temps du Carême : il y a un vrai combat contre les forces du Mal !

Il y a donc un enjeu, nous redit la 1re lecture du Deutéronome. C’est l’écoute, la transmission et l’enseignement !« Maintenant, Israël, écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Enseigne-le à tes fils, et aux fils de tes fils ». 

Mais quels sont ces décrets et ordonnances ? Nous les retrouvons dans les premiers Livres de la Bible ! Par exemple, dans le livre de l’Exode, les commandements (Ex 20, 1-17) cités dans la lecture de dimanche dernier. Ils sont comme des garde-fous : 

- Pendant six jours, tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, le jour pour Dieu.

- Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.

- Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

Ces commandements sont importants, il nous faut les entendre, les comprendre et les observer. C’est ce que Jésus est en train de nous redire.

Le Nouveau Testament n’est donc pas l’abrogation de l’Ancien Testament !

Le Premier annonce donc le Nouveau ! Le Nouveau accomplit le Premier Testament !

Tout était déjà dans le Premier Testament, mais il fallait la naissance du Christ. Il fallait l’Incarnation, la Mort et la Résurrection… pour que tout s’éclaire pour nous. Il fallait l’eucharistie que nous allons vivre dans quelques instants, pour que nous puissions aller au plein accomplissement de l’Ancien Testament.

Frères et sœurs, demandons ce matin, la grâce de redécouvrir ces commandements, de mieux les comprendre et de les observer, sans oublier que l’accomplissement parfait de la Loi en Jésus : c’est l’Amour !                        

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du lundi 8 mars 2021, 3ème semaine du Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 4, 24-30. 2e livre des Rois 5, 1-15a. Psaume 41-42. 

 

Nous connaissons bien le passage d’évangile que nous venons d’entendre. Jésus est dans la synagogue de Nazareth, tous avaient le regard fixé sur Lui. Jésus s’est levé, Il a ouvert le Rouleau du Livre du Prophète Isaïe, puis Il a prononcé cette phrase surprenante : 

« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » Lc 4,21

Toute l’assemblée le regarde, les yeux fixés sur Lui. Elle semble attendre quelque chose… et voilà que la liberté inouïe du Messie rencontre l’incrédulité et le scepticisme des Nazaréens (et plus largement des hommes et des femmes) engoncés dans leurs convictions - une certaine étroitesse qui peut être, parfois aussi, la nôtre- « N’est-ce pas le fils de Joseph ? » Lc 4,22. Encore une fois, on ramène la divinité de Jésus à un simple aspect humain !

En méditant cet évangile, j’ai été conduit à une petite réflexion ce matin :

 Je peux penser la Foi et les actions de Dieu dans ma vie, comme dans le monde, comme quelque chose de grandiose ou de spectaculaire ! Mais en fait, qu’attendons-nous de ce Carême ? Rien peut-être … ou beaucoup, trop ! J’attends du Seigneur, peut-être “du grand et du lourd“, du prodigieux ou du magique ! Or Dieu n’est jamais dans le spectacle ! 

Un exemple : si nous méditons l’épisode que nous avons entendu en première lecture : Naaman le Syrien, malade de la lèpre, se résigne à se déplacer et, après quelques péripéties, il : «va voir Élisée pour être guéri ». Le texte nous montre déjà une certaine démesure puisque ce général de l’armée du roi emporte avec lui dix lingots d’argent, six mille pièces d’or et dix vêtements de fête (pourquoi se prépare-t-il à faire la fête ?)

Mais à l’invitation : « Va te baigner sept fois dans le Jourdain », la colère le gagne devant la simplicité de ce geste : « Il s’énerve, il s’indigne et s’apprête à partir ». Pourquoi ? Parce que cet homme s’attendait à une sorte de spectacle, d’incantation magique, bref à une sorte de mise en scène. Mais le style de Dieu est tout autre : avec simplicité, Il guérit d’une autre façon, bien souvent sans bruit ! 

L’Esprit Saint agit avec simplicité et dans l’intimité des cœurs !

La même chose arrive avec Jésus, quand il revient à Nazareth et va à la Synagogue. Il lit la Parole de Dieu, fait une homélie inspirée et là, les gens le regardaient, ils étaient surpris, ils étaient satisfaits, mais certes, encore étonnés. Ils attendaient pour croire en Lui, qu’Il fasse encore quelque chose de merveilleux. Mais, cela ne marche pas comme ils le pensaient ; alors, ont commencé les bavardages, les critiques, la colère. L’attitude des gens s’est transformée, et ils ont voulu le tuer. De l’admiration, de l’étonnement, ils passent à la volonté de le tuer. Ceux-ci aussi voulaient du spectacle et du miraculeux. Littéralement : Qu’il fasse des miracles et nous croirons ! Or, la foi n’est pas un spectacle et rarement spectaculaire !

C’est la Parole de Dieu et l’Esprit Saint qui agissent dans l’intimité de nos cœurs !

Pour chacun de nous, frères et sœurs, ce Carême 2021 pourrait être l’occasion de mieux accueillir Jésus, cela sans artifice, sans mise en scène ou sans même vouloir « l’épater » par des décisions trop difficiles à tenir ! C’est par des choses simples que nous avancerons humblement dans la foi. Sachons l’accueillir déjà, par la prière, par la lecture, par le jeûne, dans la discrétion d’une simple aumône !

J’ai en mémoire cette citation de Saint François de Sales : « le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit. »

Demandons pour chacun de nous, encore ce matin, la grâce d’une conversion simple et humble !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 7 mars 2021, 3e  dimanche de Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Vincent de Paul, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 2, 13-25. Livre de l’Exode 20, 1-17. Psaume 18b. 

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 1, 22-25.

 

Surprenant ! Jésus est en colère ! Voilà une attitude inhabituelle qui peut nous troubler. Pourquoi ? La colère ne semble pas cadrer avec le personnage - doux et humble de cœur - et pourtant… Les moments où les Évangiles montrent Jésus en colère sont peu nombreux, mais ils existent bel et bien. Et sa colère (on pourrait l’appeler : une sainte colère) dans le Temple est l’épisode qui marque, sans doute le plus, nos mémoires. Si l’on vous demande à quel moment Jésus est en colère, c’est sûrement cette scène qui vous reviendra à l’esprit.

Il faut dire que cette histoire est haute en couleur : Jésus arrive dans le Temple à quelques jours de la Pâque (une grande fête), Il observe ce qui se passe puis se fabrique un fouet ; d’un seul coup, à grands coups de fouet, Il chasse du Temple les marchands, les bœufs, les brebis et les colombes ; tous fuient devant lui ; Il disperse l’argent des changeurs et renverse leurs tables. Quelle aventure ! Imaginez les regards stupéfaits, interrogatifs et sans doute, vindicatifs !

Avant d’aller plus loin, il faut bien comprendre ce qui se passe, et pour cela quelques précisions sont indispensables.

Si vous avez eu la chance d’aller en pèlerinage à Jérusalem, souvenez-vous de cette grande maquette qui représente la ville de Jérusalem et le Temple à l’époque de Jésus ! Le Temple de Jérusalem comprenait une cour immense avec de belles colonnades : le parvis des Gentils, appelé aussi parvis des Païens, et le Temple proprement dit, c’est-à-dire l’édifice du Temple, avec le lieu saint et à l’intérieur, le lieu très saint. Dans le premier lieu saint, seuls les juifs pouvaient pénétrer. Quant au lieu très saint - (le Saint des saints) - personne n’y entrait, sauf le Grand prêtre, une fois par an. Souvenez-vous de l’épisode de Zacharie (père de Jean le Baptiste), en saint Luc (Lc 1,9) ; il avait été désigné, cette année précis pour être le Grand prêtre et c’est dans ce lieu-là qu’il reçoit l’apparition de l’ange. 

Les marchands dont il est question ici, étaient installés non pas dans l’édifice du Temple, mais sur le parvis des Gentils. Ils étaient là pour assurer le commerce des animaux destinés aux sacrifices : les bœufs, les brebis et les colombes (l’offrande des pauvres). Je vous laisse imaginer l’odeur, à la fois des animaux vivants et celle de ceux qui étaient brulés.

Comme les gens venaient souvent de très loin pour les fêtes religieuses, trois fois par an, cette pratique rendait les sacrifices plus commodes. En réalité, cela facilitait la vie des pèlerins, car ils pouvaient trouver sur place les animaux qu’ils désiraient offrir en sacrifice. 

Mais, cela posait un problème, parce que ces animaux devaient être payés. Or, la monnaie romaine qui était en circulation alors, portait l’effigie de César. Et, comme on le sait, César avait le statut d’un dieu. Pour les juifs, la monnaie romaine était donc une monnaie idolâtre, elle ne pouvait en aucun cas pénétrer dans le Temple. C’est pourquoi avec les marchands, il y avait aussi des changeurs. Ces changeurs prenaient aussi une petite commission sur toutes les transactions.  Bref, un véritable lieu de négoce et de trafic !                          

Jésus est là, Il observe et entend ce brouhaha, ces marchandages, et l’odeur, la fumée… La colère de Jésus monte. D’ailleurs, Il n’est pas le seul à avoir été en colère ; sa colère se rattache aussi à celle des prophètes. Bien avant Lui, les prophètes n'y allaient pas, non plus, de main morte pour dénoncer ce lieu commercial et ces pratiques. On voit en Jésus, le vrai désir de rétablir la dignité de ce lieu saint « L’amour de ta maison fera mon tourment ! »

Je vous donne deux exemples :

- Isaïe disait de la part de Dieu (Is 1,11) : « Je suis rassasié de vos holocaustes de béliers et de la graisse des veaux. N'apportez plus vos offrandes inutiles. C'est pour moi une fumée insupportable. Recherchez plutôt le droit et la justice. » 

- Amos renchérit (Am 5,22) : « Le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne le regarde plus. Écartez de moi le bruit de vos cantiques. Que je n'entende plus la musique de vos harpes. »

Pour nous, aujourd’hui, que pouvons-nous comprendre ? Le Temple n’existe plus, alors, en quoi cette histoire nous concerne-t-elle ? Je vous propose trois points de réflexion :

- Déjà, le geste énergique de Jésus met un terme au rituel des sacrifices. En chassant du Temple tout le monde, Jésus montre bien qu'il entend mettre fin à cette religion sacrificielle. Ce ne sont plus des animaux qu’il faut apporter, mais nous-mêmes, notre cœur dans un profond désir de conversion ! Il n’est pas besoin de négociation, d’achat ou de marchandage, mais seulement de nous offrir, nous-mêmes !

Jésus n’est pas venu abolir la loi, mais l’accomplir parfaitement dans son obéissance totale au Père. Il propose ainsi un chemin qui libère ses frères et sœurs des lourdeurs et des limites des temples faits de main d’homme.

- Jésus annonce la disparition du Temple de Jérusalem. De fait, c’est vrai, en 70, il disparaitra.  Mais quand Jésus dit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai », à l'écoute de cette parole, la méprise des assistants est totale. « Mais lui parlait du sanctuaire de son Corps. » Le vrai Temple, c’est son Corps ressuscité. Les premiers chrétiens après la résurrection ont compris le sens profond des paroles de Jésus. « Ils se rappelèrent et ils crurent ». 

L’enseignement de ce dimanche est non seulement fondamental pour notre foi, mais il est des plus importants pour notre préparation à Pâques. Je vous le demande : n’apportez rien d’extérieur à vous-mêmes, quand vous venez devant l’Autel ! Aucun animal, mais seulement vous-mêmes, votre cœur, devant Jésus. En ce temps de Carême, nous sommes invités à approfondir le mystère de Jésus qui donne sa vie pour nous. C’est Lui-même qui s’offre en sacrifice : « Un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. » 

Les textes choisis par l’Église, pour ce 3e dimanche de Carême, veulent nous guider vers les réalités essentielles de notre foi en Jésus qui n’est pas seulement un grand personnage, mais qui est le Fils de Dieu vrai homme, Jésus de Nazareth, le fils de Marie, le Sauveur de l'humanité. 

Demandons, frères et sœurs, de pouvoir vivre un saint Carême sans artifice, en implorant simplement pour chacun de nous, la conversion de notre cœur et l’offrande de nos vies à Celui qui est la Vie !

                                                                                                                             Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 3 mars 2021, 2ème  semaine de Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 20, 17-28. Livre du prophète Jérémie 18, 18-20. Psaume 30.

 

Plusieurs fois, j’ai entendu des paroissiens, regretter, un peu dans la nostalgie ou dans la lamentation, le temps et l’époque de Jésus. Combien de fois ai-je entendu : « J’aurais tant aimé vivre à son époque, passer des heures à l’écouter et être assis à côté de Lui ! »  

Souvent, j’ai eu envie de leur répondre : « effectivement, écouter Jésus, avec une limonade bien fraiche », ce pourrait être merveilleux et confortable ; mais peut-être est-ce là, une sorte de rêve et une idéalisation de ma présence auprès de Jésus !

Peut-être pensons-nous parfoisqu’autour de Jésus, il y a une place à prendre. « Siéger à sa droite ou à sa gauche »… « Siéger et être assis » ? Mais, avons-nous bien compris son message et son invitation ?

Ce que nous dit Jésus et qu’Il nous rappelle sans cesse, c’est : « Je suis le chemin ! » ; ou encore : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il me suive… »

Nous sommes donc « en marche à sa suite » en mouvement et jamais installés ! Nous sommes invités à aller de l’avant !

Dans l’Évangile de saint Matthieu, nous sommes situés à la fin du ministère galiléen de Jésus, aux portes de son entrée à Jérusalem : la tension est extrême entre Jésus et les autorités religieuses de son temps. 

Il n’est pas question de s’asseoir ou de “boire une limonade“ ! C’est l’heure du combat du « pouvoir », l’heure du « combat du Roi Messie » qui va vers son dénouement : il est temps de se ranger en ordre de bataille et de s’armer pour la victoire !

Les deux frères (Jacques et Jeanveulent être associés étroitement à l’action de Jésus et ils le disent. Leur demande, quoiqu’audacieuse, semble légitime… car ils ont très bien compris et entendu ce qui va arriver au Messie ! La demande de la maman est assez extraordinaire aussi !

  Jésus n’a pas contesté leur audace, qui était une belle preuve de leur amour. De fait, ils boiront la coupe de Jésus, la coupe du martyr. Jacques sera le premier à donner sa vie, puisque le roi Agrippa I le fera martyriser dès l'année 44.

Frères et sœurs, en ce temps de carême, que demandons-nous dans notre prière à la suite du Christ ? 

« Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » nous redit Jésus ! Quelle est notre réponse ?

La foi chrétienne n’est pas un statu quo ou un chemin de domination du monde, mais elle nous convie à aller dans le monde, à la suite du Christ serviteur.

Demandons au Seigneur qu’il fasse grandir en nous la force de vraiment participer à la mission de notre maitre, à sa mission. 

Ainsi se dessine, pour nous, dans les lectures de ce matin, la figure du disciple du Christ ! Puissions-nous méditer sur le chemin qui nous est proposé et apporter notre réponse !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 1er mars 2021, 2e semaine du Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 36-38. Livre du prophète Daniel 9, 4-10. Psaume 78. 

 

Les deux premières semaines du temps du Carême, sont, pourrait-on dire, “une entrée en matière“. Rappelez-vous ! Lors du premier dimanche, l’évangile évoquait les tentations de Jésus au désert, et hier, nous avons écouté l’évangile de la Transfiguration. Ces deux dimanches nous ont invités à entrer progressivement (entre tentations et illumination) au cœur de ce Carême.

Les paroles de miséricorde et de pardon que nous venons d’entendre dans l’évangile de saint Luc, peuvent donner le vertige à qui les écoutent. Tout simplement, parce qu’elles dépassent ce que nous pouvons imaginer de vivre ; elles sont exigeantes ! 

Jésus exprime ici bien plus qu’une règle de bienséance, bien plus qu’un simple savoir-vivre dans le respect de tout le monde (pardonnez et vous serez pardonnés), bien plus que de vivre dans la non-violence, bien plus que de porter un regard de bonté sur les autres.

Jésus, en réponse à une spirale de la haine, nous invite à déverser sur un monde en manque d’espérance, en manque d’amour… une surabondance de miséricorde, que ce soit « sur les bons comme sur les méchants » (Mt 5, 45).

  • Au lieu d’être animé par la haine, il s’agit de faire du bien ; 
  • Au lieu de répandre la malédiction, car il ne faut jamais maudire, il nous faut bénir : « car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » nous dit Jésus.

Et pour nous en démontrer cette faisabilité, Jésus l’a vécue totalement ! Il a supporté tous les coups sans condamner, et ses dernières paroles ont été : « Père pardonne-leur. »

Il est vrai que nous pouvons dire que : « Je ne suis pas Jésus ! Lui était Dieu. Je n’ai pas cette force en moi et si je regarde ma vie, je peux faire le constat que je chute régulièrement ! »

C’est vrai ! Nous pouvons tous faire ce constat : nous ne sommes pas parfaits ! Nous pouvons trouver ce chemin bien étroit et la montée trop rude ! Mais Jésus nous redit : « Oui, cela est possible avec la grâce que je veux te donner ! »

Pour avancer sur le chemin du Carême, il nous faut être pétris par la contemplation de Celui qui a lancé au monde de tels propos parce qu’Il était lui-même, en vérité et en acte, la miséricorde incarnée. Si nous avons trop de mal à croire que cette façon de vivre soit possible, peut-être nous faut-il faire encore et encore, l’expérience de la miséricorde profonde de Dieu.

Tant que nous n’aurons pas été bouleversés jusqu’aux entrailles par sa miséricorde, nous aurons du mal à être miséricordieux comme le Père. 

C’est parce que j’ai été “miséricordié“, que je peux être, à mon tour, miséricordieux.

La foi nous l’apprend. Il ne suffit pas d’être plein de tendresse, de gentillesse, de bonté, d’amabilité. Les païens n’en font-ils pas autant ? Notre « être chrétien » profond nous pousse au-delà d’une simple amabilité ! Nous sommes invités à témoigner en actes et en paroles de Celui qui nous habite profondément.

C'est Dieu qui voit, dans le secret, le don que nous faisons de nous-mêmes même si personne sur terre ne le remarque. 

Lui seul sait la mesure avec laquelle nous nous donnons ou nous nous laissons prendre. Ce qui est sûr, et c’est Lui qui le dit, c’est que : « la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »  Lui-même prendra la même mesure pour nous combler, et Il mettra sa joie à la faire déborder.

Frères et sœurs, au début de cette 2e semaine du Carême, prenons au sérieux le chemin que Jésus nous propose. Fixons nos yeux sur le terme (la Pâque, la résurrection), et prenons ensemble et avec courage, la ferme détermination de suivre le Christ !

Demandons cela pour nous-mêmes ce matin, pour nos communautés, notre paroisse et pour le monde !                                                                                                      

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 28 février 2021, 2e  dimanche de Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 9, 2-10. Livre de la Genèse 22, 1-2. 9-13. 15-18. Psaume 115. 

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 31b-34.

 

Chers frères et sœurs, le temps file étonnamment vite et nous sommes déjà au 2e dimanche du temps du Carême. Chaque année, les deux premiers dimanches du Carême ont un but pédagogique précis : nous faire prendre de la hauteur et nous redonner le sens de ces quarante jours ! Pourquoi ? Il est nécessaire tout au long de ces jours de nous préparer à vivre pleinement la Semaine Sainte : la Mort et Résurrection de Jésus et nous aider et préparer à vivre avec foi, la fête de Pâques, cette vie nouvelle qu’Il veut nous donner ! 

Le 1er dimanche nous a d’abord conduits avec le Christ au désert, poussé par l’Esprit, puis le 2e dimanche (c’est-à-dire aujourd’hui) nous entraine sur la montagne de la Transfiguration.

Les tentations au désert du premier dimanche sont comme un prélude à la victoire du Sauveur sur le Mal, sur Satan. Les lectures de dimanche dernier nous apprennent, à l’imitation de Jésus, cette capacité comme Lui, à dire un “non“ catégorique à Satan et à toute compromission avec le péché.

La Transfiguration sur la montagne de ce dimanche réaffirme quant à elle, cette annonce de la victoire lumineuse du Christ sur le crépuscule de la mort. Les Apôtres (peut-être comme nous) ont eu du mal à tout comprendre, à tout saisir ! Que signifie : « Ressuscité d’entre les morts ? » 

Je vous propose, en prenant un peu de hauteur, de relire ensemble les lectures de ce dimanche.

Nous avons donc deux montagnes à gravir : celle de la Moriah (la tradition y voit l'actuel Rocher de la fondation situé sur le mont du Temple, au-dessus du mur des Lamentations à Jérusalem, qui se trouve actuellement sous le dôme du Rocher) et celle du mont Thabor ( à quelques kilomètres du lac de Galilée). 

Sur ces montagnes, nous voyons deux pères, deux fils, deux paroles venues d’en haut, deux paroles à écoutervraiment attentivement, deux révélations du dessein de Dieu, aujourd’hui, pour nous.

Si sur la montagne de la Moriah, c’est un père, Abraham, certes obéissant, mais dans la tristesse terrible de donner son fils unique en holocauste, sur le mont Thabor, nous n’avons pas un père qui monte avec son fils, mais un Fils qui monte vers son Père, librement ; un Fils, Jésus, qui n’a jamais eu le moindre soupçon sur l’amour de son Père. 

Ce lumineux récit de la Transfiguration prend une coloration particulière quand on l’écoute à la lueur de la première lecture du récit du sacrifice d’Isaac.

Prenons le temps de relire les textes de ce jour et observons comment ils sont magnifiquement agencés et comment ils s’éclairent l’un, l’autre !

Car, comme tout l’Ancien Testament, c’est à la lumière de Jésus-Christ que tout prend sens, et particulièrement aujourd’hui en reliant le sacrifice d’Isaac à la Transfiguration de Jésus.

Il nous faut comprendre que l’Ancien Testament annonce le Nouveau et le Nouveau Testament éclaire l’Ancien !

Que nous enseignent alors ces deux événements ainsi reliés ? D’abord, ils nous invitent à accueillir le Christ comme le nouvel Isaac, mais Il fait bien davantage, puisque c’est le Christ lui-même qui s’offre en sacrifice d’expiation. C’est à la lumière de cette Transfiguration que la mort du Christ doit se comprendre ! Arrêtons-nous quelques instants sur le sens de ces mots.

Pourquoi parler de «sacrifice expiatoire» au sujet de la mort du Christ ? Il est vrai que cette expression sonne difficilement à nos oreilles modernes. 

Que signifie le geste que fait Jésus le Vendredi saint au moment où Il va s’offrir et mourir en croix ? C’est bien ce mystère dans lequel nous serons plongés au terme du temps du Carême : le Christ a donné sa vie afin de nous racheter du mal et de nous affranchir de la mort. Mystère de mort et de vie !

Jésus qui était sans aucune complicité avec le péché, a vaincu le mal par la pureté totale de son être, par le don de son amour ou encore, par son offrande parfaite. 

Il a ainsi expié le poids considérable du péché qui avait fermé l’humanité à la vie véritable et Il nous a ouvert les portes de la Vie éternelle ; Aucun être sur terre n’aurait jamais pu mériter par lui-même cette Vie éternelle.

Non seulement nous ne pourrons pas y arriver tout seuls, mais, vraisemblablement, nos péchés seront autant d’obstacles supplémentaires !

Dans le sacrifice d’Isaac, le fils ne semble pas vraiment comprendre ce qui lui arrive, tandis que Jésus-Christ fait consciemment cette offrande : « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne. » (Jn 10,18), dit-il sans ambiguïté. Seul le Fils de Dieu pouvait réaliser cette offrande parfaite ; lui qui resplendit de lumière lors de la Transfiguration, lui qui éclaire toutes les obscurités de l’humanité pour lui redonner vie.

Voilà donc, de manière résumée, le grand mystère de foi que le Carême nous appelle à contempler encore et encore pour en vivre davantage. 

Cet épisode de la Transfiguration nous est donné comme un point d’étape pour nous dire : « N’ayez pas peur ! Vous le savez : j’ai vaincu le Mal ! J’ai vaincu la mort ! »  Avancez en confiance, dans ce chemin de vie en regardant le Christ et en choisissant de l’imiter.

Comme je vous le précisais en préambule : il nous faut prendre un peu de hauteur pour mieux comprendre le sens des quarante jours du Carême !

J’ai bien conscience de notre besoin de temps pour mieux entrer dans ce mystère de foi. Si je résume, retenons que :

  • Notre regard doit se fixer d’abord sur Jésus, sur sa manière de combattre contre Satan. Nous savons bien que pour nous, certaines tentations peuvent encore nous bloquer. C’est pourquoi le sacrement du pardon nous est tout particulièrement proposé pour nous permettre d’avancer, faire la paix en nous-mêmes et vaincre Satan.
  • Aujourd’hui encore, dans la confiance, nous sommes conduits à contempler le Christ rayonnant de sa lumière divine pour que nous continuions à fonder notre marche vers Pâques, sur Lui et sur Lui seul. 

La Transfiguration est une lumière puissante qui guide notre chemin. Cette voix venant du Ciel nous y appelle : « Écoutez-le ! » Prenons le temps d’écouter Jésus !

C’est une certitude que j’ai personnellement et qui s’adresse à chacun de nous ; cette Parole est toujours pour nous ! Écoutons notre Seigneur plus attentivement encore, en ce temps de Carême !

Bonne route vers Pâques à tous

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du mercredi 24 février 2021, 1ere semaine de Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 29-32. Livre du prophète Jonas 3, 1-10. Psaume 50. 

 

Comme je vous le rappelais en introduction, il y a une semaine, nous étions réunis pour commencer le Carême avec le mercredi des Cendres : une journée de jeûne et en recevant les Cendres. Tout au long de cette première semaine du Carême, l’Église nous invite, d’une façon plus intime, à découvrir qui est le Christ pour moi, et le sens de ces 40 jours ; un temps de grâce !

Que signifie le Carême pour chacun de nous ?

  • Renoncer aux faux dieux et choisir le Dieu unique,
  • Comprendre que c’est une route vers Pâques et que la Résurrection en est le terme,
  • Vivre le Carême avec Jésus (Chemin de Croix les vendredis)
  • Mieux découvrir la puissance de Jésus sur le Tentateur. C’est l’évangile que nous avons entendu dimanche dernier rappelant les tentations de Jésus au désert ! 

Combien ce Tentateur est puissant et peut nous faire dévier ! N’oublions pas que Jésus est toujours vainqueur et toujours plus fort que Satan !

Jésus vient de chasser un démon ; la foule devrait être reconnaissante et pourtant, cette elle réclame "un signe venant du ciel", un prodige, un peu magique, qui les contraindrait à croire en Jésus. Un signe de la part de Jésus pour prouver qu’il vient bien de la part de Dieu ! Ce geste qu’il vient de réaliser ne leur suffit pas ; il faut encore et encore des signes, pour transformer notre cœur endurci !

 Mais à ceux-là, comme à nous, il ne sera donné d'autres signes que celui de Jonas, nous dit Jésus. Cette réponse peut nous surprendre, et même peut-être nous contrarier. Que veut dire notre Seigneur ?

Jésus veut mettre ici en exergue un double paradoxe en faisant appel à des personnages historiques bien connus de la Bible : Jonas et la Reine de Saba. 

Pour les contemporains de Jésus, l’histoire de Jonas est une des mieux connues de la Bible. Jonas a été écouté par tout un peuple d'étrangers et tous ont choisi de se convertir, alors que Jésus, Lui, se voit contesté dans son propre peuple. 

Et pourtant, Jésus est « bien plus que Jonas » !

Il est la Sagesse même de Dieu, venue converser parmi les hommes.

Jésus rappelle alors l'exemple de la reine de Saba. Elle avait parcouru une longue distance depuis son Royaume d'Arabie pour entendre la sagesse de Salomon. (1er livre des Rois 10, 1-13)

Elle venait de loin pour écouter, tout comme Jonas venait de loin pour annoncer l’urgence d’une conversion ! Si elle, l'étrangère, s'est mise en route pour entendre la sagesse d'un roi, pourquoi allons-nous refuser Celui qui vient jusqu’à nous ?

Et pourtant, Jésus est « bien plus que Salomon » !

À "notre génération" aussi, il ne sera pas donné d'autres signes que celui de Jonas ! Or il y a :

Plus que Jonas ! Plus que la Reine de Saba ! Plus que Salomon !

Quel est le signe ultime ? Pour nous Chrétiens, le grand signe, c'est le signe du Fils de l’Homme, le signe de Jésus en Croix et sa Résurrection ! C’est ce que nous pouvons découvrir lors des chemins de Croix, les vendredis de Carême.

Peut-être pouvons-nous (et c’est une invitation pour aujourd’hui) relire tout simplement :

  • le livre de Jonas ; il est très court et comporte quatre chapitres 
  • et l’histoire de la Reine de Saba (1 Rois 10,1-29.) 

Ces lectures nous aideront à mieux comprendre ce que Dieu veut nous dire à travers sa Parole et comment vivre ce Carême d’une façon simple et profonde !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 22 février 2021, fête de la Chaire de saint Pierre, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 16, 13-19. Livre de la Genèse 9, 8-15. Psaume 22. 

Première lettre de saint Pierre Apôtre 5, 1- 4. 

 

« Le Fils de l'homme, qui est-il, d'après ce que disent les hommes ? »

Depuis deux mille ans, cette même question est posée. Elle traverse allégrement, les vingt derniers siècles : « Qui est Jésus ? Que dites-vous de Lui ?» 

Encore aujourd’hui, même si personne ne conteste la véracité de la présence de Jésus dans notre histoire, cette question demeure une réelle interrogation : « Qui est vraiment Jésus ? »  

Depuis cet épisode dans la ville de Césarée-de-Philippe, bien des réponses ont été données, nombreuses, diverses... mais ces réponses, même les meilleures, restent toujours incomplètes. 

Pourquoi ? Parce que le mystère de Jésus nous dépasse tellement ! Il est  vrai homme, et Il est vrai Dieu. Il est le Fils de Dieu venu nous sauver. Il est pour nous le Salut, Parole de la Vie éternelle. Toutes ces réponses sont justes, mais toutes sont encore incomplètes ; le mystère demeure : Jésus est tellement plus que toutes ces réponses !

« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, pour toi, qui suis-je ? »

Voilà la question essentielle. Jésus continue de nous l'adresser. Il convient de la laisser résonner longuement dans notre cœur et dans notre intelligence et oser une réponse, peut-être balbutiante, mais dans un réel acte de foi : « Seigneur, Tu es tout pour moi ! »

Nous sommes en temps de Carême : une grâce et une chance ! Je vous le redis à chaque eucharistie, avec cette question en corollaire : quelle est la place de Jésus dans ma vie ? Est-ce que je le laisse dans un coin, à l'écart, pour me souvenir de Lui seulement quand j'ai besoin de son secours, quand une “tuile“ me tombe sur la tête ? Ou bien, au contraire, est-il l'ami auquel j'aime parler, me confier, mon Maître qui éclaire mon chemin par sa Parole, par sa présence ?

À la question de Jésus : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, pour toi, qui suis-je ? », la réponse de saint Pierre est belle, juste, directe, précise : 

« Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » 

À ces mots, Jésus exulte en action de grâces, de prière de louange : 

« Heureux es-tu Simon, fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » 

Notons cette précision qui pourrait nous échapper ! Nous sommes à Césarée-de Philippe. Cette ville est parsemée (de nombreux temples et de lieux sacrés, une immense statue de César Philippe s’élève au cœur de cette cité, une multitude de dieux et de faux dieux sont présents, de nombreux devins pratiquent la divination et les augures lus à travers les entrailles d’animaux éviscérés… Quand Jésus dit à Pierre : « ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela », il fait justement référence à toutes ces pratiques pour signifier que la réponse de Pierre n’est pas une divination qu’il aurait pu vivre à travers les entrailles des animaux, mais que c’est le Père qui est aux cieux qui lui révèle qui est réellement Jésus ! 

Aussitôt, Jésus change le nom de son apôtre (telle une nouvelle naissance) : Simon devient Pierre, le roc sur lequel sera bâtie l'Église du Christ.

Pierre ! Un symbole qui évoque la solidité, la stabilité, la consistance : « Sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. » 

Désormais, malgré ses faiblesses, Pierre devra être prêt pour devenir le chef de l'Église : comme le Christ, il peut, lui aussi, poser sur ses frères un regard de miséricorde, parce que lui-même a bénéficié de la miséricorde de Jésus. Rappelez-vous son triple reniement et la triple question de Jésus : « M’aimes-tu ? », près du lac, après sa résurrection.

Cela nous permet de comprendre correctement le symbole des clefs et le pouvoir des clefs que le Christ a remises à Pierre. Gardons-nous de penser l'Église en rapport de pouvoirs, de suprématie, de domination ! Il s'agit d'abord de servir ; la mission de l’Église est de veiller au Bien de tous : biens spirituels, et biens fraternels. 

La mission de l’Église est toujours la même : annoncer la foi en Jésus-Christ ! C’est cette même foi que nous professons dans le Credo. C'est cette même foi que nous exprimons à la fin de la prière eucharistique : « Par lui, avec lui et en lui » !

En cette fête, frères et sœurs, que le Seigneur renouvelle en nous la Foi et l’amour de son Église. Nous savons que l’Église, composée d’hommes et femmes, n’est pas parfaite ; un seul est parfait : c’est le Christ ! Puissions-nous L’aimer et faire ce qui nous est demandé : témoigner de Lui au cœur de ce monde !               

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 21 février 2021, 1er dimanche de Carême, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 12-15. Livre de la Genèse 9, 8-15. Psaume 24. 

Première lettre de saint Pierre Apôtre 3, 18-22. 

 

Chers amis, vous le savez : depuis mercredi dernier, mercredi des Cendres, l’Église est entrée en carême, et toutes les églises de la Paroisse, ce jour-là, ont accueilli de belles et nombreuses assemblées, désireuses de se préparer à vivre ce Carême. 

De fait, à cette occasion, j’ai entendu beaucoup de questions de personnes qui m’ont interpellé pour me demander ce qu’est réellement le Carême ? Pour certains d’entre eux, la notion de Carême restait un peu abstraite, dans un doux mélange avec d’autres religions, un tantinet rigoriste et contraignant… bref : compliqué…

 Il m’a donc paru intéressant, ce matin, premier dimanche de Carême, de redonner quelques pistes pour, à nouveau, réexpliquer et essayer de mieux comprendre le sens de ce temps du Carême. ; et comme cela, si l’on vous interroge, à votre tour, vous aurez quelques précisions pour répondre et donner quelques explications. 

Depuis mercredi dernier, nous sommes donc entrés en Carême. À la lumière des lectures que nous venons d’entendre, voici trois indications qui vont éclairer ce que nous vivons :

1 - Déjà, depuis le mercredi des Cendres, nous sommes en chemin et le but est très concret puisque nous sommes en chemin vers Pâques. Pour cela nous avons quarante jours pour nous préparer. Le Carême est donc un moyen concret pour se préparer à la fête de Pâques ! Cette fête est la Résurrection de Jésus !

2 - Deuxième indication, Dieu nous offre un long chemin, une route qui nous conduit à cette promesse de Vie. En échos à la première lecture du Livre de la Genèse, ce temps du Carême nous est donné pour découvrir et pour vivre la réalité centrale de notre vie chrétienne, à savoir : Dieu est avec nous ! Il existe un mystère d’alliance que Dieu a scellé avec chacun d’entre nous au jour de notre baptême. Durant le Carême, nous allons donc faire mémoire de cette alliance et de cette promesse de Vie.

3 - Dernière et troisième indication ! Le Carême c’est aussi regarder Jésus ! C’est Le contempler, L’imiter autant que possible ! Ce qui veut dire que nous ne sommes pas seuls : bien sûr Jésus est là, mais il y a là aussi un compagnon de route, qui nous guide et qui nous aide dans tous les combats que nous avons à mener : c’est l'Esprit Saint ! C’est lui qui nous est donné au jour de notre baptême, renouvelé lors de notre confirmation, Esprit Saint qui anime non seulement l’Église et aussi notre vie chrétienne ; c’est lui qui nous aidera particulièrement dans la lutte et le combat spirituel contre le Démon, contre Satan ! Bigre !

C’est un peu tout cela que de l’évangile de ce jour nous donne de découvrir !

Aujourd’hui, nous avons écouté l’évangile selon saint Marc, et en quelques lignes, celui-ci plante l’ambiance de ces 40 jours de Jésus au désert et les tentations que Satan va imaginer pour provoquer Jésus.

Si vous avez l’occasion d’entrer dans cette église pour prier, vous pourrez observer ce très beau tableau (à votre droite) qui représente cet épisode.

Saint Marc décrit la vie de Jésus d’une façon directe, spontanée, concrète, un peu à la façon d’un reporter, avec des phrases courtes et percutantes. Il nous dit que Jésus, après son baptême, et « aussitôt poussé par l’Esprit au désert ».Surprenant ! Jésus vient justement d’être baptisé et d’être désigné comme le Fils bien-aimé, celui qui va opérer la grande Alliance entre Dieu et les hommes, et voilà que l’Esprit de Dieu l’envoie vers l’esprit du Mal : c’est-à-dire vers Satan !

Déjà, comment comprendre ce que représente le désert ! Le désert est un lieu complexe ! Peut-être y êtes-vous déjà allés lors d’un pèlerinage ou d’un goum ? C’est le royaume des grands contrastes : tantôt brûlant à midi et tantôt glacial au cœur de la nuit. C’est un lieu qui met souvent les nerfs à vif, car il n’est pas aussi silencieux que nous pourrions le croire. On y entend de nombreuses voix et murmures.

Quand nous disons « désert » nous pouvons penser « silence » ! Mais, non ! Dans le ‘silence du désert’, comme nulle part ailleurs, nous pouvons entendre des voix intérieures, la voix de notre cœur, avec nos affolements et nos aspirations, avec nos peurs et nos espérances. Nous pouvons y entendre aussi la voix de nos doutes lancinants et de nos mirages éphémères, mais aussi la violence de nos insatisfactions et même celles de nos rancœurs récurrentes. 

Il peut être souvent le lieu d’un combat en nous-mêmes, mais aussi d’un combat pour Dieu et contre Satan !

Pourquoi Satan ? Parce que discrètement, mais réellement bien présent, Satan est là ! Avec son habitude perverse, il combat contre Dieu et contre nousLa voix de Satan joue alors, à travers toutes ces voix comme le vent dans les tourbillons du sable. 

Certains sont peut-être sceptiques ! Mais savez-vous que la plus grande trouvaille de Satan, c’est de faire croire qu’il n’existe pas ! 

Pour autant, celui qui arrive à s’apaiser, pour celui qui arrive à prier, il y en est une qui finit par faire taire toutes les autres voix : la voix du Père ! C’est cette voix qu’il me faut, avec discernement, écouter pour me désintoxiquer de mes angoisses, de mes peurs et de mes mauvais penchants !

 Ne l’oublions pas et n’ayons pas peur ! Satan ne gagne pas face à Jésus ! Jésus est vainqueur même si le Tentateur reste toujours présent ! « Votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va-et-vient, à la recherche de sa proie » (1 P5, 8-9)

En résumé : le désert est le lieu biblique de la rencontre et du combat, de l’écoute et de la solitude, de l’exode et d’un dépouillement.

C’est ce que nous pouvons expérimenter, d’une façon nouvelle, durant ce temps du Carême.

À la lumière de cet évangile, plusieurs expériences nous sont proposées ! 

Par exemple :

  • L’expérience du besoin (avoir faim par exemple) nous fait éprouver notre fragilité. Nous ne pouvons pas nous auto-suffire !
  • L’expérience de nos responsabilités (se jeter du haut du temple, comme le propose Satan à Jésus, est une expression de la fuite parfois tentante, de nos responsabilités) nous fait éprouver notre solitude quand nous devons faire des choix. 
  • L’expérience de l’idolâtrie (c’est-à-dire de l’oubli de Dieu, de sa présence) nous fait découvrir qu’en suivant de faux dieux, nous laissons la porte entrouverte à nos propres péchés et à l’écoute de la voix de Satan. 

Est-il besoin de rappeler que ce chemin du Carême se nourrit de la Parole de Dieu, d’une vraie vie de prière et aussi des gestes que l’Église nous a proposés le Mercredi des Cendres : la prière, l’aumône et le jeûne ? 

Ces trois gestes sont à la portée de toutes et de tous. Je vous invite à les identifier pour vous-mêmes et à oser les vivre, sans faire des résolutions intenables, mais de façon réaliste, en choisissant des projets simples et réalisables. J’en suis certain, chacun de nous peut trouver de petites choses pour mieux vivre, pour mieux aimer, pour mieux prier !

Je souhaite terminer en vous donnant envie de vivre vraiment ce Carême. Soyons fous !

La tâche est peut-être audacieuse, car je pense que très peu d’entre nous se sont dit ce matin « chic, c’est le Carême » ! Cependant, frères et sœurs, choisissons une résolution, celle de prendre le Carême comme une grâce et une chance ! 

En définitive, nous pouvons encore nous poser la question : pourquoi Dieu désire-t-il que nous vivions le Carême comme au désert : deux réponses rapides :

·       Pour approfondir notre intimité avec le Seigneur, prendre du temps avec Lui, lâcher ce qui m’empêche de m’approcher de Lui.

·       Un temps pour laisser Dieu agir en moi. Oui, je le crois vraiment : le Seigneur veut faire de grandes choses en chacun de nous si nous nous laissons faire par Dieu !

 Frères et sœurs, en cette ouverture du Carême, recevons cette invitation à la disponibilité de cœur : « Seigneur, je veux Te laisser agir en moi, car c’est Toi qui as les Paroles de la Vie éternelle ! »

Beau et saint Carême à chacun de vous !                                                                                                                                                                                                                                           Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi des Cendres, 17 février 2021, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 6, 1-6. 16-18. Livre du prophète Joël 2, 12-18. Psaume 50.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 20 à 6, 2.

 

 

Votre présence nombreuse ce matin, de si bonne heure, montre l’importance que représente pour nous tous, ce temps du Carême et, en particulier, son premier jour : le mercredi des Cendres. J’aime dire que tout recommence avec le Carême. C’est, du moins, comme cela que je le comprends.

Pourquoi cette affirmation ? Parce que nous savons bien que tout seuls, nous n’arriverons pas à nous sauver ! Tout seuls, nous sommes pauvres et malheureux ! Mais, avec le Christ, tout devient possible !

Qu’attendons-nous ? Nous attendons qu’au terme de ce temps, Dieu nous relève et qu’Il nous renouvèle ! Tout ce que nous vivons, toute la liturgie que nous déployons tout au long de l’année converge vers Pâques. Tout converge vers la Résurrection ! C’est bien là, le chemin que l’Église nous propose et que nous souhaitons prendre et vivre avec le Christ !

  Nous devons comprendre ce temps du carême, comme étant un temps de libération, mais aussi comme un chemind’humilité et parfois, et même souvent, d’un combat intérieur ! 

Plus exactement : c’est un temps de Conversion et de Vie ! C’est cela que nous sommes invités à vivre !

Cette Conversion est aussi ce désir renouvelé de la sainteté ! Il faut déjà en avoir le désir et comprendre que dans tous les combats (petits ou grands que nous connaissons bien), Dieu nous donne les dons et les grâces nécessaires pour y arriver. (Il n’y a pas de recettes systématiques, mais quelques simples moyens que nous pouvons déjà choisir : le Jeune, la Prière, l’Aumône…)

Ce temps de Carême débute, en communauté, par le rite des Cendres ! Ce rite remonte aux temps bibliques. Les Cendres sont simplement les rameaux qui ont été concassés et brulés afin d’en faire une fine poussière. Les rameaux utilisés sont ceux qui manifestaient notre joie au début de la Semaine Sainte. Ils sont aussi le signe du côté versatile de l’homme : le dimanche des Rameaux au début de la Semaine Saint nous crions : « Hosanna, Fils de David » et le Vendredi Saint : « Crucifie-le ! » 

C’est pourquoi ce Carême que nous débutons est le temps favorable d’un choix éclairé afin d’essayer de prendre le chemin le plus droit possible. 

Nous allons recevoir ces Cendres, (d’une façon un peu particulière en cette année de Coronavirus), et en même temps, nous recevons aussi deux paroles : l’une, tirée de l’Ancien Testament et l’autre du Nouveau Testament. 

L’Ancien nous dit : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ! » 

Et le Nouveau : « Convertissez-vous et croyez à l’évangile ! ».

Cette phrase de la Genèse : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ! » rappelle que nous sommes des créatures et non pas des dieux. Et avec notre condition d’hommes ou de femmes, c’est notre fragilité qui est rappelée, fragilité, que nous vivons en ce temps de pandémie, fragilité si visible dans la maladie ou la mort. 

   Avec la Parole « Convertissez-vous et croyez à l’évangile ! », nous nous rappelons aussi que le Christ peut, si nous le voulons, nous libérer de notre condition de pécheur et de notre condition de mortel. « Convertissez-vous ! » Dit autrement : cessez de fixer la terre, redressez-vous, tournez-vous vers la Vie qui vient ! Le Christ nous a sauvés et Il nous invite à la Vie éternelle !

 Certains vont peut-être me dire : j’aimerais bien vivre une vraie conversion, mais j’ai trop de soucis, de problèmes, de questions…

Le temps du Carême est justement là, pour nous y aider et oser dépasser tous mes blocages.

  Dans quelques instants, les cendres seront déposées sur notre tête (prudence sanitaire oblige). Par ces Cendres, c’est donc notre fragilité et notre finitude qui sont signifiées. Elles nous rappelleront d'où nous provenons. 

Mais cette liturgie, dans ce désir de Conversion, nous redit qu’au terme de la Semaine Sainte, comme dans notre vie, la résurrection nous est toujours proposée !

Il y a cependant une décision que nous devons prendre (personne ne pourra la prendre à notre place) : faire le choix ou non de nous engager totalement à la suite du Christ ! Comptons sur la prière de nos frères et sœurs, car c’est en communauté que nous avançons, mais cette décision nous appartient personnellement ! Votre présence ce matin me fait percevoir que vous êtes déterminés à entrer vraiment dans ce temps de grâce qu’est le temps du Carême.

Prions vraiment les uns pour les autres et avançons ensemble !

                                                                                                                           Ainsi soit-il !

 

  

         

 

Homélie du lundi 15 février 2021, 6e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Marc 8, 11-13. Livre de la Genèse 4, 1-15.25. Psaume 49. 

 

 

Pour nous ce matin, en cette avant-veille de notre entrée en carême, je propose une réflexion toute simple, toute brève !

Reconnaissons-lel’évangile de ce jour a quelque chose de déroutant, et pour certains même, de décourageant. Alors que la plupart d’entre nous sont en attente (et même en exigence) d’un signe, de diverses confirmations éclatantes, de manifestations puissantes… voilà que Jésus, Lui, refuse de nous donner le signe que nous voudrions. 

Pour quelle raison ? Peut-être perçoit-Il qu’il s’agit d’un piège qui sera éventuellement utilisé contre lui plutôt qu’une demande pour solidifier la foi des demandeurs ? Voilà l’enjeu !

Jésus refuse de donner le genre de signe que cette génération demande.

Mais pourquoi un tel refus ? N’avons-nous pas tous besoin de signes ?

Or, aucun signe ne peut parler aussi fort que Sa personne même. Aucune preuve ne peut être plus évidente que ses « œuvres » comme la multiplication des pains qui précède de quelques versets, notre texte. Jésus ne donne pas de signe parce qu’Il réalise dans Sa personne la Parole que nous venons d’entendre. Il est « signe » (Lc 4,21). C’est Lui le signe ! Tout comme Jonas fut un signe pour les Ninivites, de même le Fils de l'homme le sera pour cette génération (Lc 11,30).  

Pour nous, le signe du Royaume, c’est Lui !

Pour nous, la miséricorde de Dieu, c’est Lui !

Pour nous, la Vie éternelle, c’est Lui !

Nous voulons des signes parce que, au fond de nous, nous voulons la facilité et l’évidence ! Dit autrement : nous voulons ne pas avoir besoin de réfléchir ! 

En refusant de donner un signe, Jésus provoque nos regards sur l’inédit : Sa personne est le chemin pour apprendre à découvrir le visage de Dieu. Sa personne est cette porte étroite (Mt 7, 13) venue vers nous parce que nous ne pouvions plus aller vers Lui. 

Au fond que recherchons-nous ? Cette évidence qu’un signe de grande puissance nous dispenseraient finalement de Le chercher dans la prière, de Le découvrir présent, simplement, dans notre vie ?  Nous voulons des signes parce que nous ne savons pas voir qu’il y a autour de nous de vrais témoins, des hommes et des femmes qui nous montrent humblement comment Jésus a transformé leur vie !

Ce que Jésus veut nous faire découvrir ce matin :

- C’est que tout signe qui ferait du bruit risque de ne pas Lui rendre témoignage. 

- Tout signe qui susciterait l’enthousiasme superficiel des foules pourrait faire obstacle à la puissance de la discrétion que Jésus a choisie en se faisant l’un de nous. 

Oui, tout cela semble bien mystérieux et peut-être même que certains pourraient être déçus… 

Jésus préfère convaincre non pas à force de signes, d’arguments d’autorité, mais en touchant nos cœurs, dans un cœur à cœur. C’est là, dans ce lieu secret qu’Il vient maintenant nous redire Sa présence réelle dans cette consécration de ce pain et de ce vin. 

Dans quelques instants, nous allons vivre ensemble cette eucharistie ; tel est le plus beau signe de Sa présence parmi nous dans ce Pain et ce Vin consacrés.

Frères et sœurs, demandons simplement la grâce d’être unis au Christ, sans feux d’artifice ni étincelles, juste “être avec Lui“.                                              

 Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 14 février 2021, 6e dimanche du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 40-45. Livre des  Lévites 13, 1-2.45-46. Psaume 31. 

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 10, 31-11,1. 

 

Saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean sont les auteurs des quatre évangiles. Bien qu’ils soient bien différents dans le style, tous les quatre témoignent du Christ et de sa mission. 

L’évangile de saint Marc, dont nous venons d’écouter un court passage, est un des premiers évangiles. Il est daté des années 60, 70. Saint Marc écrit en grec ; vraisemblablement, ce n’est pas sa langue maternelle et son style est particulier. Cet évangile est facile à lire. Il comporte seize chapitres écrits dans un style de reporter : des mots simples, des phrases courtes, des détails vivants, des paroles percutantes ; tout cela est bien dans la manière de l'évangéliste saint Marc, qui travaille à partir des évènements que saint Pierre a vécus et qu’il nous transmet.

L’évangile de ce jour rapporte, d’une façon très précise, justement une scène bien concrète. Les phrases sont imagées et courtes : un lépreux vient à Jésus. Il vient à Jésus comme à la chance unique de sa vie :

·     il supplie à genoux,

·     il veut recouvrer la santé,

·     il veut redonner un sens à sa vie

… plus exactement, il est surtout en train de demander à Jésus qu’il puisse reprendre sa place dans la communauté. En effet, comme nous l’avons entendu en première lecture, du livre des Lévites, les lépreux sont mis à part, car jugés impurs et sans doute contagieux.

En effet, impur, intouchable, on les considère comme frappés d'un châtiment terrible, et ils sont mis, avec tous les autres lépreux, au ban de la société. 

C’est le cas de cet homme. Il ne peut entrer dans aucune ville ni aucun village ; tout au plus peut-il mendier aux portes de la ville afin de vivre, et tout le monde doit s'éloigner de lui.

Ce lépreux se présente donc devant Jésus et Jésus a pitié de lui. Il fait même un geste surprenant : Jésus n’a pas peur : il le touche, et le guérit.

 Cependant, Il veut garder la discrétion, parce qu'Il veut faire l'œuvre de Dieu sans éclats, sans propagande, comme le Serviteur de Dieu qui ne crie pas sur les places. (Isaïe 42,2)

Mais, une fois guéri, cet homme laissera sa joie éclater. Il s'empresse de proclamer la nouvelle, de sorte que Jésus, Lui, ne peut plus entrer ouvertement dans une ville : « il se tient dehors, dans les lieux déserts » et c’est la foule qui vient à lui de toutes parts comme nous le dit l’évangile.

Étrange récit, qui oppose ainsi deux sortes de contagion :

  • la contagion de la lèpre, qui éloigne tout le monde du lépreux, et nous comprenons bien ce que cela signifie avec ce que nous vivons actuellement en ce temps de pandémie, qui éloigne tout le monde les uns, des autres,
  • la contagion de la sainteté, qui attire à Jésus tous les hommes.

Il y a un autre paradoxe :

- Le lépreux ne peut entrer en ville à cause de la crainte des habitants pour la lèpre ;

- Jésus, non plus, ne peut entrer désormais dans aucune ville ou village, à cause de l'enthousiasme des foules.

Revenons un instant sur la démarche résolue du lépreux.

« Si tu le veux, tu peux me guérir ! », dit-il à Jésus. Notons déjà l’audace qu’il manifeste en s’approchant de Jésus. De même, le lépreux ne dit pas : « Si tu le peux… », mais : « Si tu le veux ! »

Littéralement, le lépreux est en train de dire : « Moi, je ne peux rien contre ce mal. Personne n'y peut rien. Mais toi, il te suffit de le vouloir, et la maladie obéira ! »

Quelle foi, quelle confiance, dans cet appel du lépreux !

  En entendant ce bel acte de foi, nous ressentons de la joie et de l’admiration de Jésus ! Il a aimé la spontanéité de cet homme, la véhémence de son désir, sa confiance puisqu'Il a répondu sans attendre, à cet appel audacieux :"Je le veux : sois purifié !" dit-Il en le touchant.

Jésus le veut ! Jésus veut toujours, à toute heure de notre vie apporter une guérison, un Salut. Il le veut en réponse à notre désir dans la foi ! Mais, il y a un paradoxe. Parfois, c'est nous qui ne le voulons pas vraiment, ou du moins, nous n’allons pas jusqu’au bout de notre démarche. C’est comme si je restais à distance de sa Personne. 

Attention ! Je fais juste un constat sans faire de jugement : nous touchons ici, la liberté de chacun !

Alors que Jésus ne met aucune distance (il touche réellement le lépreux), nous pouvons mettre une distance entre nous.

Pourquoi ? Nous connaissons bien les misères qui nous collent au cœur… toutes ces lèpres multiples dont je vous laisse établir une liste, ces plaies douloureuses qui peuvent nous empêcher, réellement, de vivre, d’entrer en contact avec les autres, d’avoir un regard bienveillant sur le monde ou sur nous-mêmes.

 Au fond de nous, nous disons : « Après tant d'années, c'est incurable ! Je suis incurable ! Ainsi va le monde, ainsi va la société, rien ne peut changer ! »

C'est alors que s’insinue en nous une peur, une perte d’audace et d’espérance ; nous n'osons plus faire confiance ni à soi, ni à Dieu.

Nous nous en tenons à ce que nous voyons en nous, sans regarder suffisamment ce que Jésus nous donne à voir en Lui, tout ce qu’Il peut et veut nous apporter : sa miséricorde, son désir de nous faire vivre, la force de son amitié de Sauveur.

Souvent c'est l'image de nous-mêmes qui nous désole et qui nous tétanise et nous pétrifie sur place ! Nous n’osons plus avancer, nous n’osons même plus aller vers le Christ ! 

La première pauvreté de cœur que Dieu nous demande, n’est-ce pas de lâcher justement l'image déformée de nous-mêmes pour ne garder dans les yeux que son visage à lui.

« Mon modèle à moi, c'est le Christ », nous redit saint Paul avec une force incroyable.

Frères et sœurs, est-ce que nous croyons que nous pouvons ressembler au Christ ?

Avons-nous au fond de notre cœur le désir de ressembler à Jésus ?

Croyons-nous même que cela soit possible ?

Peut-être avez-vous lu ce livre nommé : “L’imitation de Jésus-Christ“. (Il a été écrit à la fin du Moyen-Âge - livre le plus imprimé au monde après la Bible)

Si vous l’avez dans votre bibliothèque, je vous invite à le lire ou le relire. 

Oui, il est possible d’imiter le Christ, à condition de ne pas nous mettre des barrières, des limites, des contraintes qui sont nos propres limitations ou nos propres phantasmes ! Et puisque vous êtes réunis dans cette église, j’ose penser que vous avez ce désir, d’une juste intimité avec le Christ.

Oui, frères et sœurs, nous sommes invités à une conversion : conversion du cœur, du regard, de mon passé, de mon présent et de mon avenir, conversion de toutes mes lèpres : UNE CONVERSION pour UNE GUÉRISON ! À Dieu tout est possible !

Jésus veut prolonger son geste de miséricorde et plus encore, un geste de ‘re-création’ à travers et pour chacun de nous. 

Pour cela, tout se passe, comme le décrit saint Marcen trois actes :  

  • Acte de foi, acte d’audace : « Si tu le veux, tu peux me guérir ! »
  • Acte d’Espérance, envers et contre tout : « Je le veux : sois purifié ! »
  • Acte de Charité, parce que nous voyons bien que nous avons besoin de nous aider les uns, les autres. Quand je n’en peux plus, mon frère, ma sœur me relève et me soutient. Cet acte est aussi un acte de proclamation ; oser dire au monde qui est mon Sauveur, qui est le Christ pour moi : « Il se mit à proclamer » « Sans chercher mon intérêt », dit saint Paul.

Frères et sœurs, quelles que soient les lèpres qui me paralysent (nous pourrions les décrire de multiples façons), demandons dans cette eucharistie, un surcroit de foi, un surcroit d’espérance, un surcroit de charité !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 10 février 2021, 5e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 7, 14-23. Livre de la Genèse 2, 4b-9.15-17 Psaume 103. 

 

Dans l’évangile de ce jour, le Christ veut nous interroger sur l’origine du mal et la conséquence de nos actions ! C’est une question que nous pourrions nous poser, nous aussi ; ce pourrait être même un sujet du bac de philosophie… D’où vient le mal ?

L’évangile d’aujourd’hui fait directement suite à celui d’hier, où Jésus reprochait aux pharisiens leur rigorisme quant aux rites de purification et surtout un attachement excessif à la tradition des hommes. Bref, leur manque d’amour !

En fin pédagogue, Il s’adresse maintenant à la foule et approfondit son propos. Ce qu’Il est en train de dire est une quasi-révolution. Pourquoi ? Il est possible que nous ne mesurions pas complètement le choc incroyable que provoque son propos dans le contexte de son époque ! 

En effet, Jésus affirme fermement que le mal ne vient pas d’une cause extérieure, mais bien de l’intérieur de l’homme.

Ce que Jésus affirme est tellement surprenant que les disciples sont totalement déroutés par cet enseignement : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? » va leur dire Jésus. Il est en effet plus simple de penser, comme le font les pharisiens, que l’impureté vient du monde qui nous entoure, à cause des autres, et que l’on peut s’en préserver en suivant un rituel, et surtout en se mettant à part des autres. 

Par contre, examiner son for intérieur, y reconnaître des pensées perverses est beaucoup plus difficile.

Le Christ précise pour ses disciples que le mal vient bien du « cœur » de l’homme.

Prenons le temps d’une petite explication ! Le cœur, dans la pensée hébraïque, est le siège de l’intelligence et de la volonté ; il est le lieu où se prennent les décisions bonnes ou mauvaises, où s’exerce finalement la liberté de l’homme, de commettre le bien ou le mal. Pour nous, aujourd’hui, le cœur est plutôt le lieu où s’exprime un ensemble de sentiments, plus ou moins dictés par un ‘ressenti émotionnel’… 

Jésus énumère les nombreux péchés humains et montre ainsi notre difficulté et parfois notre incapacité à faire le bon choix, quand nous sommes livrés à nous-mêmes. Saint Paul l’affirme aussi dans la lettre aux Romains : “Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas”.

Le constat de Jésus pourrait être désespérant. Nous avons l’impression que le combat contre le mal est perdu d’avance pour les hommes, quand l’homme ne prie pas, quand il ne réfléchit pas, quand il ne prend pas de décisions. Ce serait ne pas tenir compte de la bonne nouvelle annoncée dès le début de l’évangile de Marc. N’oublions pas : le Christ est vainqueur du Mal et de la Mort 

À ses disciples, Jésus veut communiquer son discernement et son intelligence.  Aux croyants, l’Esprit Saint donne cette force de décider de choisir le Bien et le Bon. Cependant, nous pouvons, parfois, et peut-être malgré nous, créer notre propre malheur quand nos choix, nos décisions nous conduisent sur des routes sans-issues ou sur des chemins de perdition ! 

C'est pourquoi, il est si important, tout au long de notre vie à la suite du Christ, que nous acceptions de connaître notre cœur, de prendre le temps de la prière, du discernement, du cœur à cœur avec Dieu, c'est-à-dire de sonder notre liberté et notre volonté : qu’est-ce qui, aujourd’hui me contraint, qu’est-ce qui, aujourd’hui, me conduit sur un chemin que je ne voudrais pas ?  

La question sous-jacente est de savoir si, oui ou non, j’ai donné ma vie à Dieu !

Finalement, où est-ce que j’en suis ? Que se passe-t-il dans ma vie et dans mon cœur ? Pour connaître dans quel état est mon cœur, le moyen est bien simple : il suffit de regarder ce qui en sort ! Comment je me comporte ? Comment est ma relation avec les autres ?

Et, si besoin, si nous ne sommes pas complètement satisfaits de ce qui sort de notre cœur : osons et demandons la grâce d’une nouvelle conversion !   

Voilà ce que nous pouvons retenir de l’évangile de ce jour !                                     

 Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 8 février 2021, 5e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 6, 53-56. Livre de la Genèse 1, 1-19. Psaume 103. 

 

À partir d’aujourd’hui et jusqu’au mercredi des Cendres, nous allons entrer dans un cycle de lecture des livres de la Genèse et des autres livres du Pentateuque. 

Je vous propose donc de réentendre une petite introduction à ce premier Livre :

La Genèse est donc le premier livre du Pentateuque (Pentateuque signifie cinq, les cinq premiers livres ou Thora). Elle raconte, comme son nom l’indique (genèse signifie commencement), les origines du monde et le début de l’action de Dieu parmi les hommes. Bien que faisant partie de la loi de Moïse, elle contient essentiellement des récits qui concernent les ancêtres du peuple d’Israël, ses pères. Elle inaugure ainsi une histoire qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui et intéresse à la fois le peuple juif et aussi l’Église du Christ.

Ce livre rapporte divers épisodes de la vie des patriarches, qui ont été groupés de façon à montrer que Dieu intervient constamment auprès d’Abraham et de sa famille en vue de préparer le salut du monde. C’est pourquoi les récits patriarcaux sont précédés d’un prologue, qui situe Abraham et ses descendants au sein des peuples de la terre et contient certains des chapitres les plus célèbres de la Bible : la Création (c’est la première lecture de ce jour) Adam et Ève (la création de l’homme et de la femme) le déluge, la tour de Babel... qui forment comme un raccourci saisissant de la marche de l’humanité ici-bas, avec ses entreprises et ses échecs.

Ce livre de la Genèse, riche par ses thèmes et ses figures, se retrouve dans de nombreux passages de la Bible (AT et NT), ainsi que dans la tradition orale, tant juive que chrétienne. Ainsi, la Genèse s’ouvre par le récit de la création et celui de l’attitude d’Adam au jardin d’Éden (comme nous le verrons dans les prochains jours). L’histoire du déluge servira de toile de fond au drame de la fin des temps, préfigurant aussi l’image du baptême. La destinée d’Abraham commence avec une promesse, sans cesse confirmée par Dieu, qui éclaire et détermine le sort de ses descendants proches et lointains, dont les patriarches et tout le peuple hébreu attendent l’accomplissement. C’est également cette même promesse que l’Apôtre Paul saluera la réalisation dans le Christ. 

L’Église lira le premier livre de la Bible pour apprendre le mystère de l’origine du monde et le sens de sa destinée, pour y découvrir aussi les premières étapes de l’œuvre de Dieu en faveur des hommes. 

Ce livre n’est pas à lire comme la recension d’un livre purement historique, mais on peut dire, avec tous les théologiens et les spécialistes du texte biblique, que le Livre de la Genèse est le livre dans lequel les fondements des choses, des êtres et des enjeux, sont déjà contenus en puissance. Pourquoi en puissance ?  Car on peut dire, avec juste raison, qu’il convient, pour comprendre ce livre, d’avoir présent à l’esprit deux projets :

- Premier projet : la fidélité de Dieu dans le plan du Salut. Dieu a un plan de Salut pour l’homme, même si les hommes régulièrement se montrent infidèles. 

- Deuxième projet : c’est essentiellement celui qui est le centre de cette histoire : Jésus-Christ, « la Parole faite chair » ; nous découvrons ainsi dans ce projet, l’annonce de la venue du Fils de Dieu c’est-à-dire : son Incarnation – la Pâques – la Pentecôte.

La Genèse est la pierre fondamentale de l’édifice de la Révélation, et l’Apocalypse (qui est le dernier livre de la Bible)en est la clé de voute. Sans fondamentalisme, je vous lance cette invitation pressante : lisons, méditons, étudions et goûtons ce Livre de la Genèse, ainsi que les premiers livres de la Bible, en laissant l’Esprit de Dieu graver en nos cœurs, les grandes vérités qu’ils contiennent. 

Demandons cette grâce et ce désir de lire la Parole de Dieu et de s’en nourrir !    

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 7 février 2021, 5e dimanche du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 29-39. Livre de Job 7,1-4.6-7. Psaume 146.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 9, 16-19.22-23.

 

Il y a une invitation que je vous transmets très souvent : avant de nous retrouver pour la messe, prenons le temps de lire et de méditer les différents textes du dimanche : pour l’eucharistie de ce matin, il était judicieux de lire (ou relire) le livre de Job, vous imprégner de l’évangile, chanter le psaume…  

Les lectures de ce dimanche sont remarquables et elles mériteraient un peu plus de temps qu’une simple homélie et une lecture priante pour entrer dans les mystères de la souffrance, de la mort et de la vie !

Si nous nous arrêtons sur cette première lecture et sur ces mots, nous risquerions d’entrer dans une désespérance. Pourtant, le Seigneur nous appelle à l’espérance !

Jésus est venu nous redire qu’à chaque instant de notre vie, Dieu est bel et bien présent !

Alors, frères et sœurs, je vous invite (dès que possible) de relire ces textes et les méditer, en famille, en fraternités locales, en groupes bibliques.

Voici quelques idées que je vous partage pour ce matin :

Le livre de Job est instructif pour notre vie. Certes, la vie est pleine de beaux événements - d’aventures plus ou moins passionnantes -, mais comme nous l’avons entendu dans le Livre de Job (1re lecture), beaucoup expriment que : « la vie de l’homme sur la terre est une corvée… qu’il ne compte que des nuits de souffrance » (Jb 7, 1-3). À différents moments de notre vie, nous pouvons reprendre à notre compte ces mots, exprimer ces plaintes ! Combien d’hommes et de femmes à travers les siècles ont vécus leurs existences avec ce sentiment d’accablement ! Certes, la maladie, les difficultés habituelles de l’existence, la vieillesse ou les troubles personnels (psychologiques ou démoniaques) sont des fardeaux, parfois bien lourds pour certains et pour leur entourage. Certains d’entre nous ont fait cette expérience, peut-être que d’autres auront à les affronter !

Je le crois vraiment : Dieu est bel et bien présent à chaque instant de notre vie ! Par son témoignage, Jésus nous l’affirme.

La puissance de sa parole et de ses gestes sont mises au service de ces hommes et ces femmes qui subissent les peines de l’existence, des peines très variées : une simple fièvre pour la belle-mère de Simon, à certains moments le découragement qui nous plaque au sol, mais aussi des maladies plus graves, ou quand des esprits mauvais nous tourmentent, ou même un simple virus…

Ce faisant, Jésus rend visible, pour ces gens, le Salut que Dieu envoie. À qui sait ouvrir les yeux et son cœur, cette présence est visible. Dieu n’est pas absent, Il vient faire toutes choses nouvelles. À travers ces gestes, il donne un signe concret de la vérité de ce qu’Il annonce.

C’est pourquoi tous les gens de Capharnaüm et des alentours se pressent en foule autour de la maison de Simon et d’André. Ils sont intéressés par la puissance que Jésus possède pour les soulager de leurs misères.

Mais l’évangile de saint Marc nous fait comprendre tout de suite qu’il y a un décalage entre l’attente de cette foule et la mission de Jésus. Peut-être ressentons-nous ce décalage en nous, ou le percevons-nous autour de nous ? Comment Jésus vient-Il guérir ? Et de quelle guérison veut-il pour nous ?

En effet, le récit commence par la scène de la guérison de la belle-mère de Pierre. Celle-ci est atteinte de fièvre, et Jésus la guérit ; il n’y a rien de spectaculaire dans cette guérison et on ne comprendrait pas pourquoi ce petit miracle serait rapporté si ce n’était pour faire ressortir un élément qui transparaît au travers des termes utilisés.

En effet, l’évangéliste utilise des mots qui sont habituellement réservés à la description de la Résurrection. Reprenons ce texte, comme il est écrit en grec, dans sa version originale. Il est dit qu’elle était couchée (en grec) et non pas qu’elle était au lit. Elle était étendue, comme le sont les morts. Et il n’est pas dit qu’Il la guérit, mais qu’Il la fit se lever ! L’expression « faire se lever » désigne habituellement dans l’Évangile, l’action de ressusciter ; redonner VIE !  L’évangile se place ainsi sous le signe de la Résurrection. On ne peut pas comprendre la suite, si on n’a pas compris cela en premier lieu.

Quand Jésus intervient dans l’existence de quelqu’un, c’est pour le faire passer d’une situation de mort à une situation de vie, c’est cela la Résurrection. C’est cette « guérison ultime » qu’il souhaite pour chacun de nous !

Ici, sans que les choses soient dites, il nous est donc donné de percevoir que toutes les relations que Jésus établit avec les humains sont placées dans cette perspective de la résurrection qui devient la réalité profonde de son ministère. Littéralement, quoiqu’il puisse nous arriver (maladies, vieillesse …) Nous sommes faits, par la grâce de Jésus, pour une vie, une Vie éternelle.

Cette résurrection doit se comprendre alors dans son sens véritable. Elle ne désigne pas seulement le fait de survivre à notre propre mort (cela est déjà prodigieux), mais elle est le fait que vivre dès maintenant, nous place dans la réalité de la présence de Jésus à nos côtés. C’est cela qui est désormais l’aspect essentiel du message de Jésus : Dieu avec nous, jusqu’à la fin du monde (Mt 28, 20). C’est ce message qu’il nous faut faire découvrir au monde, lui offrir !

Et l’évangile d’ajouter : « Il parcourut donc toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle dans leurs synagogues, et chassant les esprits mauvais. » (Mc 1, 39). Notons ce double sens : une résurrection et une annonce !

Tout ceci peut nous faire réfléchir sur la manière dont nous-mêmes, nous vivons notre relation au Christ. Évitons de devenir aveugles en devenant des résignés, des accablés, au point d’oublier la présence du Christ ressuscité auprès de moi, au cœur même de mon mal-être ?

Face à la souffrance de l’humanité, hier comme aujourd’hui, Dieu ne répond pas par des « abracadabra » de magicien. En Jésus, Il vient nous rejoindre, Il vient rejoindre l’homme dans son quotidien souvent sans bruit, mais toujours dans une grande délicatesse. Comme nous en faisons nous-mêmes l’expérience, il y a des moments où, face à la douleur de ceux qu’on aime, on ne peut rien faire d’autre que de partager et « être avec » silencieusement. Lui aussi est là, avec prévenance, en silence et en prière !

C’est pourquoi encore aujourd’hui et toujours, notre Église (avec un E), comme notre Paroisse, ont cette mission d’être proche de ceux qui sont abattus, malades, désespérés ou qui semblent être perdus. Nous avons, nous aussi, la mission de redonner espérance, redonner courage, redire la présence du Christ à nos frères et sœurs. Je pense aux soignants, à toutes les personnes qui entourent les malades.

À chaque mission que Jésus nous donne, il y a un envoi. Je termine donc en citant simplement la 2° lecture de Saint-Paul aux chrétiens de la ville de Corinthe, qui nous redit l’urgence de l’action : « …ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. »

Voilà, chers frères et sœurs, quelques idées pour découvrir la beauté et la richesse des textes de ce jour ! Prenons le temps d’une bonne méditation et de prier les uns pour les autres !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 3 février 2021, 4e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 6, 1-6. Lettre aux Hébreux 12, 4-7.11-15. Psaume 102. 

 

Aujourd’hui, frères et sœurs, nous poursuivons notre lecture de l’évangile selon saint Marc et nous arrivons au chapitre 6e. Jésus se rend dans son lieu d’origine, à Nazareth ; dans ce village où il a grandi, dans ce village où vit sa famille au sens large. 

Selon son habitude, le jour du sabbat, il entre dans la synagogue et « il se mit à enseigner. », avec cette parole d’autorité que nous lui connaissons.

Nous assistons alors, à une réaction un peu surprenante des auditeurs, avec une question que nous pouvons nous poser : pourquoi sa famille est-elle ainsi choquée ? 

L’évangile de ce jour ne nous le dit pas. D’ailleurs, d’une façon un peu récurrente, nous constatons que saint Marc décrit la scène et ses conséquences, mais ne donne que très peu de détails sur les faits.

Pourquoi cette famille (au sens large) n’adhère-t-elle pas à la Parole de Jésus ?

… Ou plutôt, quelles sont les évidences qui les stoppent dans leur questionnement ?

Ces questions peuvent être les mêmes, pour chacun de nous ! Nous connaissons bien Jésus, cela fait tellement de temps que nous le fréquentons ! Nous le connaissons depuis qu’Il est tout petit ; Il est le fils du charpentier ; alors, que signifie cette mission de prophète ?

… et puisqu’il est le fils de Marie et que nous connaissons bien ses cousins et cousines, puisqu’Il est du pays, puisqu’Il a grandi ici, qu’Il y a ses racines… rien ne Le distingue de nous ! Rien ne devrait Le singulariser à ce point !

Voici les raisonnements que nous pourrions avoir et les évidences qui pourraient nous dispenser de nous laisser toucher par sa Parole !

Saint Jean, dans son Prologue, exprime le même constat : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli. » (Jn 1,11) 

De fait, en raison de leur fermeture, les habitants de Nazareth deviendront, dans l’évangile de Marc et d’une façon paradoxale, le modèle des incroyants, c’est-à-dire le modèle de ceux qui regardent et ne voient pas, de ceux qui entendent, mais ne comprennent pas.

Du fond de leur aveuglement, la réaction est toujours similaire : elle bloque la compréhension, voire même, elle suscite une certaine hostilité. D’une façon réservée, saint Marc ajoute : « Ils étaient profondément choqués à son sujet. » En grec, le verbe employé a un sens encore plus fort que “choquer“ ! Littéralement, ils refusent d’admettre ce qui, en Jésus, les dépasse. Oh, bien sûr, ils reconnaissent bien sa sagesse et la réalité de ses miracles, mais quelque chose les empêche d’entrer dans la foi.

Disent-ils, au moins, que Jésus est un prophète remarquable ? Non ! Ils semblent rester fermés, même à cette évidence.

Alors, comment pouvons-nous comprendre cette attitude et réfléchir à notre posture personnelle, ce matin ? 

Ne croyez-vous pas, frères et sœurs, qu’à la longue, nous risquons de ‘trop nous habituer à Jésus’ ? Nous connaissons les miracles accomplis, nous savons le Bien qu’Il fait, nous savons aussi qu’Il nous annonce la Vie éternelle, mais, d’une certaine façon, nous le ‘connaissons tellement’, que nous poursuivons notre vie quotidienne sans prendre le temps de nous arrêter… C’est ainsi que notre foi risque de s’étioler au milieu du train-train de nos vies.

Certes, nous pouvons admirer la sagesse, reconnaître les miracles et, malgré tout, manquer de foi. Au lieu d’y découvrir l’action divine du Fils de Dieu, bien souvent nous nous arrêtons sur l’humanité de Jésus, pour essayer de combler le manque immédiat de ce que nous vivons ! 

Nous arrivons même à mettre une confiance excessive dans nos techniques humaines pour accompagner la transformation de notre monde. Nous sommes aussi persuadés d’avoir réussi à créer des sécurités, mais nous pouvons constater qu’elles sont vite secouées, comme nous le vivons actuellement, par un minuscule virus !     

Plutôt que d’affronter l’inconnu, de chercher l’origine de sa Sagesse et de sa puissance, les habitants de Nazareth se limitent à ce qui est connu, sécurisant : c’est-à-dire son origine terrestre !

Littéralement, ils refusent de sortir de leur zone de confort ! Là aussi, c’est une façon d’être qui peut être la nôtre : nous sommes bien avec tout ce que nous avons autour de nous et ces repères nous satisfont.

Peut-être manquons-nous un peu d’ambition dans notre foi dans le Seigneur ?

Désirer grandir dans la foi nous demandera toujours de sortir de notre zone de confort,

de prendre le risque de dépendre totalement de Dieu, et cela, quoiqu’il arrive !

Frères et sœurs, nous le savons, c’est Lui qui a les paroles de la Vie éternelle !

Demandons, ce matin, de faire tout simplement confiance en Dieu, de L’accueillir d’une façon toujours nouvelle dans notre vie, de nous laisser aimer par Lui, de L’aimer en retour et d’avancer avec Lui dans notre vie !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 1er février 2021, 4e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 5, 1-20. Lettre aux Hébreux 11, 32-40. Psaume 30. 

 

Sans doute avez-vous entendu déjà, de nombreux commentaires de cette rencontre des Géraséniens avec Jésus. L’évangile d’aujourd’hui n’est pas sans lien avec celui d’hier ! 
J’aimerais, ce matin, réfléchir avec vous sur la « foi des démons » : dans les deux textes (celui d’hier : Mc 1, 21-28 -année B- et celui de ce jour : Mc 5, 1-20), il est question d’hommes possédés par des esprits mauvais, une reconnaissance des démons et une Parole d’autorité !

Que se passe-t-il dans l’évangile de ce matin ?

Jésus traverse le lac en direction de l'Est, et il arrive en plein pays païen, là où les gens, contrairement à la Loi juive, élèvent des porcs en quantité. (Les porcs étant un aliment impur).

Dans cette région hostile, Jésus n’aura pas le temps de tenter une prédication devant les foules. À peine pose-t-il un pied, voici qu’un malheureux se présente. Celui-ci souffre doublement : une maladie mentale et il est possédé. 

Jésus va le guérir contre les puissances du Mal qui travaillent le monde et le cœur des hommes. À la question : « Quel est ton nom ? », "Nous sommes légion", répond l'esprit du Mal par la voix du malade.

(Pour information, chez les Romains, une légion, c'était six mille hommes !)

À Lui seul, Jésus va donc vaincre une légion de démons : en accomplissant ce geste, c'est le signe que le Règne de Dieu fait irruption, avec Lui, dans le monde. 

J’attire votre attention sur un fait important : si le monde des humains peine à comprendre qui est Jésus, les démons, eux, le savent bien !

            Comme hier « Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu » (Mc 1, 24), la parole de cet homme possédé est juste, conforme. Il reconnaît la divinité de Jésus : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas ! » C’est l’esprit mauvais qui s’exprime ainsi.

De la bouche de l'homme possédé, on vient donc d'entendre ce qui pourrait apparaître comme une profession de foi ! Le démon reconnaît qui est Jésus, « le Fils du Dieu très haut ! » Les mots sont justes, mais c'est tout, sauf une relation au Christ. Il utilise plutôt son savoir pour se protéger. Il sait déjà ce que Jésus va faire, et c'est même un cri de peur que le Démon exprime à cet instant !

Or, peut-il y avoir la foi sans une vraie relation à Dieu, à Jésus ?

Comme hier, comment pouvons-nous comprendre cette ‘profession de foi’ ? 

Un constat s’impose : sans une vraie relation à Dieu, à Jésus, les mots de la foi ne suffisent pas ! Dire ne suffit pas ! Il nous faut vivre une vraie et profonde relation ! La foi est le don de Dieu et s’incarne dans une rencontre !

Le « savoir » seul, s'il n'est pas animé par l'amour, n'est pas la foi. C’est une simple connaissance et non une reconnaissance ! C'est même ce qu'on appelle la foi des démons : et précisément, cette foi ne sauve pas ! Si vous avez l’occasion de lire quelques textes des Pères de l’Église, vous pourrez retrouver comment les démons reconnaissent Jésus et sa divinité. Ils ont, certes, une expression de foi, mais cette foi exprimée ne sauve pas. 

Cette constatation nous ramène à une actualité pressante ; prenons un exemple de notre quotidien ! Sans doute faudra-t-il que l'enfant apprenne son catéchisme, mais si cela se fait sans qu'une relation ne se noue entre le Christ et lui, qu'en restera-t-il à l'âge adulte ? La foi n’est pas juste une affaire de paroles, mais elle est le fruit d’une véritable rencontre avec le Christ vivant, présent ! 

Il nous faut le comprendre ; ne soyons pas, nous-mêmes, comme les démons, exprimant une parole, mais ayant oubliés, ou mis de côté cette relation d’amour avec le Christ

Dans l’évangile d’aujourd’hui, c’est l’histoire de cet homme dans cette rencontre avec Jésus.

Au-delà de tout marchandage, la mission de Jésus est une mission de libération.

« Laisse-moi te libérer ! » « Laisse-moi te sauver ! » « Laisse-moi te redonner vie ! » 

Jésus a cette Parole d’autorité contre les forces démoniaque, et en même temps, il annonce son pardon et sa confiance complétés par cette invitation personnelle : « annonce tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde ! »

Puissions-nous, au cours de ce jour et des jours à venir, retrouver, renouer d’une façon nouvelle notre relation à Jésus, Lui redire que nous l’aimons et nous laisser aimer par lui ! 

Osons alors témoigner !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 31 janvier 2021, 4e dimanche du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église Notre-Dame Réconciliatrice, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 1, 21-28. Livre du Deutéronome 18,15-20. 

Psaume 94. Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 7, 32-35. 

Entrée en église de Louise (Catéchumène)

 

Jésus enseignait ! 

« Aussitôt, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait », nous dit l’évangile.

Dans cet évangile, à quatre reprises, saint Marc, précise qu'à la synagogue de Capharnaüm, un jour de sab­bat, Jésus enseignait. 

Tous étaient frappés par son ensei­gnement, car il enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes. Et, à la fin de l’évangile, tous s'in­terrogeaient : « Qu'est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec auto­rité ».

Notre curiosité n’est-elle pas piquée au vif ? Quel est donc le contenu de cet enseignement qui a stupéfait tous les gens présents ?

Marc ne le dit pas, ou plutôt, il rapporte une seule phrase de Jésus : « Tais-toi ! Sors de cet homme ! »  N’est-ce pas étrange ? Et c'est d'autant plus étrange que les mots de cet homme, même s'il est possédé, ne semblent pas faux, quand il affirme : «Tu es le Saint de Dieu ». Alors pourquoi ce silence in­timé à quelqu'un qui dit quelque chose de juste ?

Oui, cette scène est étrange, elle nous déroute. Or, nous le savons, souvent le Seigneur pour nous conduire, commencepar nous dérouter, afin que nous nous posions les bonnes questions. 

Attachons-nous donc à com­prendre, au-delà des mots, ce qui se passe, soit du côté de l'homme qui parle, soit du côté de Jésus qui enseigne, avec ces questions sous-jacentes : quels sont les enjeux, ceux d’hier à la syna­gogue de Capharnaüm, et ceux d’aujourd'hui dans la caté­chèse chrétienne ?

Dans la bouche de l'homme tourmenté, on vient donc d'entendre ce qui pourrait apparaître comme une profession de foi : « Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu » ; sans doute pourrions-nous tous dire ces mots sans problème ! Mais la suite nous paraît bizarre : « Tu es venu pour nous perdre », dit l’homme possédé. Ce qui est parfaitement vrai !

Ces mots prononcés sont justes, mais ils expriment tout, sauf une relation. « Je sais fort bien qui tu es » n'ouvre pas encet homme un intérêt pour Jésus, ni un amour pour Jésus et, encore moins le désir de Le suivre. Il utilise plutôt son savoir pour se protéger. C'est un cri de peur que cet homme exprime ! Peur de ce que Jésus pourrait faire…

Or, peut-il y avoir la foi sans une relation à Dieu, sans une relation profonde à Jésus ?

Les mots de la foi ne suffisent pas ! La foi est un don de Dieu et s’incarne dans une rencontre !

Pour prendre un exemple bien concret : que signifierait un « je t’aime » d’un jeune homme à une jeune fille, s’il manque un réel attachement ? Que voudrait dire le cadeau d’un joli bouquet de fleurs, si le geste n’exprime aucun sentiment ? Dans un autre domaine, sans doute faudra-t-il que l'enfant apprenne son catéchisme ; mais si cela se fait sans qu'une relation se noue entre le Christ et lui, qu'en restera-t-il à l'âge adulte ?

Aujourd’hui, Louise vient de faire son entrée en église et a prononcé de belles paroles, disant qu’elle voulait suivre le Christ, mais si ce sont des mots « en l’air », que voudra dire son baptême ? Tout le cheminement que Louise a déjà commencé et est invitée à poursuivre, est une découverte personnelle du Christ vivant, du Christ présent, du Christ sauveur !

Le « savoir » seul, s'il n'est pas animé par l'amour, n'est pas la foi. C’est une simple connaissance et non une reconnaissance ! C'est même ce qu'on appelle la foi des démons (et là je cite les Pères de l’Église) : et précisément, cette foi ne sauve pas ! Cet homme possédé, à ce moment-là, n’est qu’une caricature de croyant. Sans jugement de ma part, c’est, hélas, un constat que nous pouvons faire aujourd’hui ! 

Le croyant ne peut pas être une sorte de perroquet, même d'une espèce catholique... qui ne ferait que répéter ce qu’il a entendu ! Que voudra dire la prière du Notre-Père, si elle est une simple récitation ! 

C’est un engagement, une disposition du cœur, c’est quelqu’un qui aime et qui croit que Dieu m’aime tel que je suis ! 

C'est pourquoi Jésus va libérer cet homme possédé : il commence à faire taire l’esprit mauvais ! 

En cela, aussi, cet esprit avait vu juste ! « Es-tu venu pour nous perdre ? » demande-t-il. C’est ce combat que Jésus mène contre les esprits impurs, les esprits mauvais, contre Satan.

« L’esprit impur… poussant un grand cri, sortit de lui. 

Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient 

entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? »
 

Jésus « enseigne avec autorité et pas comme les scribes » : c’est-à-dire sans faire référence à tel ou tel Rabbi, comme le faisaient les rabbins de l’époque ! 

Remarquez aussi que Jésus ne dit pas lui-même qu'il a l'autorité, qu'il faut lui obéir.

Jésus enseigne et sa Parole a une puissance nouvelle, comme aucune autre !

C'est sa présence qui accrédite sa Parole, d'autant que cette Parole agit et fait ce qu'elle dit. 

Mais, « comme notre cœur est lent à croire » (Cf. Lc 24 – Emmaüs). 

Il nous arrive, souvent, d’avoir cette lenteur à nous laisser pénétrer vraiment, par cette Parole !

Jésus patiemment donc, va enseigner ses disciples, et, petit à petit, les éclairer. Cela n’est possible que dans un accompagnement, un compagnonnage. Il semble donc privilégier la découverte lente et personnelle dans un cœur libre et aimant. Il nous donne, comme nous le faisons dimanche après dimanche, jour après jour, le temps de l'écouter, d'apprendre et d'accueillir son invitation à le suivre. Il nous relève de nos fautes et de nos échecs. Non seulement Il accepte nos questions, mais c’est Lui-même, à travers l’Évangile, qui les provoque et les suscite.

Durant cette eucharistie, frères et sœurs, prions particulièrement pour les parents et grands-parents qui sont les premiers éducateurs de la FOI ; prions aussi pour tous les enseignants, pour tous les catéchistes, pour tous ceux qui désirent témoi­gner de Jésus. Prions aussi pour tous les chercheurs de Dieu et tous les catéchumènes !

Comprenons que la foi n'est pas une affaire seu­lement de paroles, même si elles sont justes, mais de liberté et de charité en actes, au fil des jours. La foi est surtout dans notre histoire personnelle, la rencontre vraie avec le Christ ressuscité ! Nous ne sommes pas une religion du Livre, mais de la rencontre avec notre Sauveur !

Voilà ce que nous pouvons découvrir dans l’évangile de ce jour ! Demandons la grâce de pouvoir continuer notre chemin, avec le Christ, pour le Christ, avec nos frères et sœurs en humanité !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 27 janvier 2021, 3e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 4, 1-20. Lettre aux Hébreux 10-11-18. Psaume 109. 

 

Comme vous le pensez peut-être : enfin, une parabole avec son explication ! 

De fait, cette parabole a suscité de nombreux commentaires. Retenons déjà ce matin que cette parabole donne la clef de toutes les paraboles. Elle traduit la condition pour pouvoir entendre la parole de Dieu et la voir fructifier en nous. 

La question que Jésus nous pose est directe : qui sommes-nous ? 

« Sommes-nous les hommes d’un moment » ? Ou bien : « Sommes-nous attentifs à persévérer même dans l'épreuve ? » ; nous comprenons bien qu’il y a, en quelque sorte, une charnière, un choix en résonnance à ces questions.

Nous sommes capables d'enthousiasme et, en nous, la parole de Dieu trouve un écho ; nous la recevons avec joie, comme dit Jésus, et cette joie est sincère ; écouter la Parole de Dieu, écouter vraiment chaque parole de Dieu atteint notre cœur, éveille en nous l'espérance d'un nouveau commencement, et suscite un sursaut de générosité, des fruits nouveaux !

Mais la graine de la parole de Dieu a, parfois, tant de mal à prendre racine !

Les débuts sont souvent prometteurs. Puis tout à coup, les racines encore fragiles rencontrent la dureté du roc, et la graine s'épuise ! Si alors des épreuves ou des persécutions surviennent à cause de la Parole de Dieu, aussitôt nous nous décourageons !

Qui aurait pu penser qu'il y avait si peu de terre ? Vient alors un coup de chaleur, et tout grille en une matinée. Nous sommes ainsi, comme le dit Jésus : « les hommes d'un moment » !  

La graine n’est pas en cause, elle est excellente : rien ne peut mieux ensemencer notre cœur que la parole de Jésus ; mais, parfois malgré nous, il nous arrive de manquer de profondeur et de constance ! Cette Parole, qui pourtant voudrait germer en nous, rencontre rapidement la couche plus dure de nos tristesses, de nos peurs, de nos doutes, de nos refus.

Alors que faire ? 

Que faire pour que la graine résiste à toutes sortes de complications, grandisse en chacun de nous et porte du fruit ? 

La réponse est simple, et en même temps, parfois laborieuse à mettre en œuvre, une croissance est toujours possible !

Il y a déjà un constat que nous pouvons faire : nous avons de la bonne terre en chacun de nous, cela est certain ! Mais, si nous voulons la fidélité, il nous faut faire le choix personnel de la profondeur et de la constance. Il ne faudra pas oublier de nourrir cette terre en l’arrosant des sacrements et de la prière !

Frères et sœurs, ne nous décourageons pas ! Pour être une terre profonde et tenir dans la durée, il nous faudra du temps pour la croissance et aussi accepter d’avoir besoin des uns et des autres ! Les bons paysans, professionnels de la terre, peuvent nous confirmer que la graine ne devient pas plante en un claquement de doigts ! Il nous faudra de même, nous habituer aux longues patiences de Dieu et parfois aussi, savoir attendre dans la durée, les fruits !

Cependant, il nous revient, frères et sœurs, de poser un acte libre : « Choisissons ! », il est encore temps : la terre en nous est bonne, mais comment faire pour accueillir pleinement, en nous, la Parole de Dieu ? 

La question est là :

  Voulons-nous être les hommes d'un moment, ou les hommes et les femmes dans la durée ?

Puissions-nous prendre le temps, tout au long de ce jour, de laisser résonner en nous cette question et de répondre selon notre cœur, à l’invitation du Seigneur !

Ainsi soit-il !                                                                              

 

 

Homélie du dimanche 24 janvier 2021, 3e dimanche du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 14-20. Livre de Jonas 3, 1-5.10. Psaume 24.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 7, 29-31.

 

Frères et sœurs : les temps sont accomplis ! Mais n’ayez pas peur ! Ne craignez pas ! C’est le Christ qui nous le dit.Pour mieux comprendre ces mots, il nous faut lire la Parole de Dieu. Rappelez-vous : il y a deux semaines, nous avons entendu le récit du Baptême de Jésus. Ce baptême a été le moment important qui a ouvert, à nouveau, la communication avec le Ciel. Ce qui avait été fermé par le péché des origines (par Adam et Ève) est à nouveau ouvert ! 

Nous avons vu les cieux s’ouvrir ! L’Esprit Saint est descendu, il est donné ! Dieu le Père inaugure une communication nouvelle avec nous. Après avoir longtemps parlé par les prophètes, (c’est toute l’histoire du Premier Testament), Dieu nous parle par son Fils, par la voix de son Fils ! Oui, les temps nouveaux sont accomplis !

Si le Pape François nous invite en ce 3° dimanche ordinaire, à mieux comprendre l’importance de lire la Bible, c’est parce que nous pouvons faire le constat que nous ne connaissons pas, ou si peu, la Parole de Dieu ! Certes, chaque dimanche des passages de la Bible sont proclamés, mais nous lisons juste une petite partie de la Parole de Dieu. Nous entendons des textes choisis, qui sont en fait, de courts passages de la Parole de Dieu. Il nous manque souvent les articulations du texte, le contexte, la situation ou les enjeux. Tout ceci pour mieux nourrir notre prière et notre compréhension de l’action de Dieu et des hommes. Il nous manque souvent aussi une vision d’ensemble et des clés de lecture ! Ne faudrait-il pas davantage d’assiduité à l’écoute de la Parole dans une lecture continue de la bible ?

Je note la joie de ceux qui participent aux différents groupes de lectures bibliques, comme les Fraternités locales et bien d’autres. 

Les Pères de l’Église nous partagent cette image très parlante du “mâchouillage“ de la Parole de Dieu, de sa manducation. C’est cette invitation que nous recevons à vivre plus intensément !

Alors, oui, les Temps de l’attente sont accomplis ! Dès le début de son ministère public, la première proclamation de Jésus est une parole d'espérance 

J'ai pour vous une bonne nouvelle, la bonne nouvelle de Dieu.

Cette bonne nouvelle d'espérance tient en quelques mots : le Règne de Dieu est là !

Frères et sœurs, ô combien avons-nous besoin d’entendre cette Bonne Nouvelle ! 

En réponse à cette annonce inouïe que Dieu nous fait, que nous demande-t-Il ? 

Nous entendons deux invitations indissociables :         

  • Convertissez-vous !
  • Croyez ! (croyez justement à la bonne nouvelle !)

Ces deux invitations : la conversion et la foi sont impossibles à vivre l'une sans l'autre. Si nous nous convertissons, si nous tournons le dos à nos idoles, à ce qui nous emprisonne et nous entrave, c’est pour répondre à Jésus ; c'est pour servir le Dieu vivant. Notre conversion n’a pas d’autre sens que de se mettre au service du Christ ; vivre avec et pour Lui !

Réciproquement, croire en Jésus-Christ, c'est entendre un appel qui nous fait prendre une autre route, c'est accepter de changer, et cela nous conduit à la conversion ! Rappelez-vous les mages, des païens venus d’Orient et qui sont à la recherche de Dieu ; ils font la rencontre de l’Enfant Jésus, ils se sont prosternés (Épiphanie)… et ils repartirent par un autre chemin ! Ce n’est pas uniquement la route qui est ici signifiée, mais la disposition de leur cœur : ils se sont convertis !

La conversion et la foi (ou la foi et la conversion), c’est ce qui nous donne de vivre au quotidien l’Eucharistie, les temps de prière, la lecture de la Parole de Dieu, qui nous invite et nous presse pour l’Annonce du kérygme, qui dit l’unité entre nous et tous les chrétiens, et ouvre à une disponibilité aux personnes en précarité ! 

C’est cette conversion, cette même foi qui nous réunit nombreux ce matin dans cette église.

Il y a donc une urgence à choisir le Christ, à le choisir sans cesse, jour après jour !

Je peux en témoigner : combien de personnes qui entrent dans cette église, chrétiennes ou non, portent au fond de leur cœur, la recherche du Dieu vivant, le désir de Dieu, peut-être même sans Le connaître.

Oui ! Il y a donc une urgence à choisir le Christ ! Nous n’avons que cette vie terrestre pour cela ! C’est pour cette raison que saint Paul écrit aux Chrétiens de Corinthe : « Je dois vous le dire : le temps est limité. » Les gens de Ninive l’ont bien compris ! Ils se sont convertis, ils se sont détournés de leurs idoles ! Ils ont fait le choix de Dieu. Ce qui est extraordinaire, c’est que Dieu lui-même se « convertit » en renonçant à ce qu’il avait prévu ! Il avait averti la ville de Ninive de sanctions effroyables, mais, devant le retournement de ses habitants, Dieu renonce, Lui-même, à ce qu’il avait annoncé.

Mystérieusement, nous pouvons changer, le cœur de Dieu par notre conversion ! Il nous faut le découvrir, le méditer et le comprendre. Ce qui reste toujours surprenant, ce qui étonne encore et encore beaucoup de nos contemporains, c’est que Dieu s'échine à vouloir avoir besoin de l'homme pour réaliser son Plan de Salut. Ne pourrait-Il pas agir tout seul ? Non ! Dieu a besoin de nous, comme Il a besoin de Jonas pour annoncer cet appel à la conversion aux habitants de Ninive !

Dieu ne veut pas faire sans l'homme, Il ne veut pas faire sans nous.

Il vient me chercher dans ma famille, dans le quotidien de ma vie, dans mon travail !

Dieu veut simplement nous rejoindre dans notre réalité humaine pour être avec Lui. Il espère notre réponse, Il attend parfois longtemps notre réponse. 

Chacun de nous peut entendre : « Viens, suis-moi » ! Ne crains pas !

Alors, avec détermination, prenons le temps de nous nourrir de sa Parole, de nous nourrir de son Eucharistie, de nous nourrir de la prière, de nous nourrir des rencontres avec les autres et le tout Autre ! 

Laissons-nous interpeller par le Christ ! 

Comme les premiers disciples, laissons là nos filets qui parfois nous entravent, nous emprisonnent, nous bloquent, et suivons Jésus !    

Frères et sœurs, demandons cette audace pour chacun de nous, déjà, ce matin !                                                                                                                                                             

                                                                                                                                                              Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du lundi 18 janvier 2021, 2e semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 2, 18-22. Psaume 109. Lettre aux Hébreux 5, 1-10.

Ce qui est extraordinaire avec Jésus, c’est sa capacité à rebondir ! On lui pose une question ; Il y répond en pédagogue, en nous invitant à une réflexion plus profonde !

Si vous le souhaitez et que cela vous est possible, je vous invite à prendre un peu de temps pour relire l’évangile de ce jour, afin de le goûter, de le « mâcher » pour nourrir notre prière. 

Il faut nous remettre dans le contexte. 

Une question est posée à Jésus « Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »

Nous pourrions traduire cette question ainsi : comment ce rabbi peut-il prétendre être l’Envoyé de Dieu, alors qu’il transgresse la Loi alors que ses disciples n’observent pas les coutumes traditionnelles ? 

La réponse de Jésus est une suite d’explications qui sont enchâssées les unes aux autres.

Souvent, quand un texte d’évangile rapporte plusieurs paraboles, plusieurs images, nous pouvons constater qu’elles se mettent en valeur les unes, les autres. 

Et c'est le cas aujourd'hui, au moins si nous recevons les paraboles pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire non pas des énoncés clos et définitifs, mais de petits programmes de réflexion. Il y a comme un processus de raisonnement qui nous est donné.

La première parabole est sans doute la plus transparente : on ne se met pas à jeûner quand la noce commence. C’est presque une évidence ! Pourquoi ? Imaginez que vous soyez invités à une noce, ou pour un dîner chez des amis et que vous ne mangiez rien : 

        - ce serait faire affront aux jeunes mariés, ou à vos amis

        - cela détonnerait dans l'ambiance de joie de cette fête !

Petite conclusion : il faut savoir s'adapter aux divers moments de l'œuvre de Dieu. Il y a un temps pour l'ascèse (et pour le jeûne) et ce temps-là n'est jamais révolu ; il y a aussi le temps de la joie pour les amis de l'époux, mais c'est lui avec qu'il s'agit de se réjouir. « Les invités de la noce pourraient-ils jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? »

La deuxième parabole nous invite à une réflexion plus profonde ; car il y a plusieurs manières de raccommoder :

        - ou bien on raccommode du vieux avec de l'usagé : dans ce cas on n'aura aucune surprise au lavage, mais le raccommodage n'aura pas rajeuni le vêtement, et il durera encore un peu de temps,

        - ou bien on raccommode le vieux avec une pièce neuve, et dans ce cas, au lieu de réparer, on prépare de plus grandes déchirures.

Petite conclusion : on débouche donc sur une simple question de bon sens : faut-il, oui ou non, raccommoder ? Quand l'étoffe est trop ancienne, cela ne sert à rien, car on ne fait que prolonger un vêtement qui a déjà fait son temps. Il est des moments où il faut savoir faire peau neuve et changer le vêtement. Puisque l'Évangile est là, c'est lui qu'il faut revêtir d’une façon nouvelle, dit Jésus ! La nouveauté est là, elle nous demande un discernement et un changement ; en termes bibliques : une conversion au Christ !

Pour la troisième parabole, celle du vin et des outres, je m’adresse aux œnologues qui aiment le bon vin : pour le vin nouveau, il faut des outres neuves qui résistent à la pression. De toute évidence, Jésus voit dans le vin un symbole de l'Évangile, de la nouveauté absolue qu'il apporte. 

La parabole du Vin et des Outres nous redit cette force et cette tension de la nouveauté de l’Évangile !

Petite conclusion : la grâce de Jésus nous invite à aller plus loin ; elle nous donne à la fois le contenu et le contenant. En même temps qu'elle verse le vin nouveau, elle rajeunit l'outre. À vin nouveau, outres neuves, si nous désirons suivre le Christ.

 

Comment résumer en une phrase l‘évangile de ce jour :

Jésus est l'Époux qui apporte la joie (la joie des Noces) le discernement (avec ce tissu neuf qu’il nous faut choisir) et la nouveauté (avec les outres neuves qui nous permettent d’accueillir la nouveauté de l’évangile).

Frères et sœurs, il nous faut reconnaître cette nouveauté du Christ dans notre vie ! À chacun de nous, de prendre le temps de la méditation pour comprendre comment ces petites paraboles vont nous faire grandir dans notre vie de foi.

                                                                                              Ainsi soit-il !  

 

 

Homélie du dimanche 17 janvier 2021, 2e dimanche du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Vincent de Paul, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 35-42. Premier livre de Samuel 3, 3b-10.19. Psaume 39.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 6, 13c-15a-17-20. Accueil des fiancés.

 

Nous avons la joie d’accueillir, pour cette eucharistie en l’église saint Vincent de Paul, les couples de fiancés de la Paroisse qui se préparent à vivre avec enthousiasme, la célébration de leur mariage ! Quelle grande joie et quelle belle espérance ! 

Dans leur démarche, pas à pas, jour après jour, découverte de l’un après découverte de l’autre dans une réciprocité amoureuse, j’ose le dire : le Seigneur est bien présent, comme Il le sera tout au long de leur vie, dans les bons moments, comme les moments plus difficiles ! 

Je le redis régulièrement : les sacrements que nous recevons en Église ne sont pas magiques, mais j’ai cette certitude que Dieu est toujours présent, quels que soient les événements de la vie ! 

Chers fiancés, le sacrement que vous préparez est une grâce et une chance pour votre couple.

Nous voici, en ce jour, au 2e dimanche du temps ordinaire ! Juste un petit rappel : Dimanche dernier, la belle fête du Baptême du Seigneur dans le Jourdain a marqué la fin du temps de Noël et inauguré l'entrée de Jésus dans son ministère public, après trente années de vie cachée à Nazareth. 

Ce qui est assez extraordinaire avec la liturgie, c’est qu’elle nous entraine, en une semaine, de la crèche avec l’Enfant Jésus à 30 années plus tard.

Aujourd’hui nous entendons la première partie de l’évangile selon Saint Jean, qui nous présente la vie publique de Jésus, son ministère, avec un regard et une question.

D'abord, un regard ! Nous l’avons entendu dans l’évangile, la présence de Jésus au bord du Jourdain suscite chez Jean le Baptiste cette révélation : « Jean Baptiste posant son regard sur Jésus qui allait et venait dit : « Voici l'Agneau de Dieu ! »

Pour nous, cette désignation “Agneau de Dieu“ ne signifie peut-être pas grand-chose, mais, dans le vocabulaire biblique, dans la compréhension des juifs de l’époque, c’est l’annonce du Messie et enfin, l’accomplissement des « Temps nouveaux ». 

C’est pourquoi les deux disciples de Jean « entendirent ce qu’il disait, et suivirent Jésus ».

 

Arrêtons-nous quelques instants sur ce regard !

C’est ce même regard que nous aurons juste avant la communion, au moment où le prêtre élève et montre dans l’hostie consacrée, le Christ présent ! « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »

 C’est un regard de foi ! Pour le chrétien croyant, c’est accepter que Jésus, non seulement soit réellement présent dans cette hostie, mais qu’Il soit aussi une nourriture, un viatique pour notre vie chrétienne ! Dieu vient en moi et se donne en nourriture ! Lors de chaque eucharistie, le même miracle se produit : Jésus est présent dans le Pain consacré ! Dieu vient à moi, vient en moi !

Ensuite, nous entendons une question !

Les premiers mots de Jésus ouvrant son ministère public expriment cette question...

« QUE CHERCHEZ-VOUS ? »

Jésus interroge donc les deux disciples ! Remarquons que cette question est aussi la nôtre à des moments importants de notre vie ! Elle rejoint toutes nos questions existentielles : qu’est-ce que je cherche vraiment ?

Que cherchez-vous ?

Littéralement : quel est le sens de ma vie ? Quel est le sens que je veux donner à ma vie ? 

Certains fiancés vont répondre : 

  • le bonheurune vie féconde, à faire du bienà construire notre couple sur du solide, créer une famille… Être acteur de paix et de bienveillance… Bref, des projets qui correspondent à nos aspirations ! 

La question rebondit, si je vous dis « Qui cherchez-vous ? »

  • Pour elle : l’homme idéal ? 
  • Pour lui : la femme parfaite ? 

Sans enlever vos illusions, car vous l’avez déjà expérimenté, pour atteindre cet idéal, il y a encore du travail ! Cependant, en chacun de nous, il y a un vrai désir de perfection, un désir d’accomplissement.

Celui que nous cherchons, dans un cœur en attente, n’est-ce pas le Christ, comme André et Simon-Pierre ? Seul le Christ nous révèle l’idéal de la perfection et le chemin que nous avons à parcourir ! 

Cette question traverse le texte Biblique, car elle reviendra vers la fin de l'Évangile selon saint Jean, au dimanche de Pâques.

Vous le savez sans doute, de bonne heure, au dimanche de Pâques, Marie-Madeleine est sortie au petit matin. Elle va jusqu’au tombeau et devant le tombeau vide, elle pleure ! Où est le corps du Christ ? ... À ce moment, Jésus ressuscité s'adresse à Marie-Madeleine : « Marie, qui cherches-tu ? » lui dit Jésus « Qui cherches-tu... ? » 

C’est Lui, Jésus, que Marie-Madeleine cherche de tout son cœur !

Que nous en ayons conscience ou pas, cette question essentielle interpelle toujours de nombreux contemporains qui sont en attente de Dieu !

Et toi, personnellement : « Que cherches-tu ? » c'est-à-dire : quel est ton désir, ton désir profond, au point de tout quitter et de tout donner ? De te donner tout entier !

À cette question de Jésus, les disciples répondent à leur tour par une autre question : « Maître, où demeures-tu ? » La réponse de Jésus est remarquable de liberté : « Venez et voyez ! » Il n’impose rien et Il les invite, librement, simplement, à faire eux-mêmes l’expérience d’une rencontre avec Lui ! 

C’est ce que nous faisons à chaque eucharistie quand nous lisons la Parole de Dieu et Le recevons dans la communion.

En effet, les disciples sont allés, ils ont vu… à vrai dire on ne sait pas quoi, on ne sait pas ce qu'ils se sont dit, mais l'étonnant, oui, l'étonnant c'est qu'après avoir demeuré ce jour-là auprès de Lui, c'était environ quatre heures du soir... ils sont sortis transformés ! 

De chercheurs de Dieu, ils sont devenus d’audacieux témoins de Jésus... 

André, qui a fait l’expérience de la rencontre du Christ, va trouver son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » et André amène son frère à Jésus... 

Ils quitteront tout pour suivre Jésus !

Certaines personnes de notre assemblée pourraient en témoigner toujours aujourd’hui : la rencontre du Christ nous transforme profondément. Pour vous qui allez recevoir bientôt le Sacrement du mariage, ma prière est que vous sortiez transformés de cette rencontre intime avec Jésus.

Je souhaite ajouter une dernière remarque pour la conclure mon homélie.

Après avoir entendu la question de Jésus, après avoir osé faire sa rencontre, il nous faut faire un pas de plus : vous avez sans doute observé que les lectures de ce jour se répondent dans une même thématique.

Le Psalmiste exprime avec force cette attente et cette recherche profonde : Il dit : « D’un grand espoir, j’espérais le Seigneur : il s’est penché vers moi… alors j’ai dit : « Voici, je viens. »

De même dans la 1re lecture, le jeune Samuel, à l’appel du Seigneur répondra : « Me voici » ! « Parle, ton serviteur écoute » ! Et il se met donc à l’écoute de la Parole du Seigneur.

Chers amis, quel que soit notre âge… notre projet de vie, que nous soyons célibataires, fiancés, mariés, consacrés, prêtres… ou dans d’autres états de vie… 

À la question de Jésus qui franchit le temps et l'espace :

     - « Pourquoi, me cherches-tu... ? »

     - « Que cherches-tu... ? Qui cherches-tu ? »

… ma réponse libre doit m’inviter à une vraie disponibilité ; oser dire « Me voici, Seigneur, je t’écoute » ! Cette écoute de l’autre qui est vrai dans le couple, est encore plus nécessaire vis-à-vis de Dieu ! 

 

Frères et sœurs, osons nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, c’est Lui que nous cherchons de tout notre cœur. C’est Lui qui donne sens à notre vie ! 

Puissions-nous Le découvrir et nous mettre à son service !    

                                                                                                                                                                                                                                              Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du lundi 11 janvier 2021, 1re semaine du temps ordinaire, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 14-20. Lettre aux Hébreux 1, 1-6. Psaume 96

 

Les temps sont accomplis ! Hier, nous avons vécu le Baptême de Jésus, nous avons vu les cieux s’ouvrir ! Effectivement, les temps sont accomplis !

L’Esprit Saint est descendu, il est donné ! Dieu le Père inaugure une communication nouvelle avec nous. Tous ont entendu que le Fils, c’est-à-dire Jésus, est celui dans lequel le Père a mis tout son amour, toute sa joie. Le plan d'amour de Dieu est annoncé maintenant ; après avoir parlé par les prophètes, Dieu nous parle par son Fils, et la voix d'homme qu'on entend est celle du Fils de Dieu, la voix du Fils !

Dès le début de son ministère public, la première proclamation de Jésus est une parole d'espérance : j'ai pour vous une bonne nouvelle, la bonne nouvelle de Dieu.

Le contenu de cette bonne nouvelle d'espérance tient en quelques mots : le Règne de Dieu est là. « Dieu est avec nous : Emmanuel ! » C’est bien ce que cherche notre cœur !

En réponse à cette annonce inouïe que Dieu nous fait, que nous demande-t-Il ? 

Nous entendons deux invitations indissociables :     

  • Convertissez-vous !
  • Croyez ! (croyez justement à la bonne nouvelle !)

Ces deux invitations :  la conversion et la foi sont impossibles à vivre l'une sans l'autre. Si nous nous convertissons, si nous tournons le dos à nos idoles, c'est pour répondre à l'Envoyé, c’est pour répondre à Jésus ; c'est pour servir le Dieu vivant.

Réciproquement, croire en Jésus-Christ, accueillir le Messie de Dieu, c'est entendre un appel qui nous fait prendre une autre route, c'est accepter de devenir autre, et cela nous conduit à la conversion ! Rappelez-vous les mages qui font la rencontre de l’Enfant-Jésus (Épiphanie)… et ils repartirent par un autre chemin !

La conversion et la foi, c’est ce qui nous donne de vivre au quotidien l’Eucharistie, les temps de prièrel’Annonce, le témoignage, cette disponibilité aux personnes les plus défavorisées, à celles et ceux qui vivent dans la précarité ! Ce sont les fruits que nous pouvons vivre simplement si nous nous convertissons et si nous croyons.

Ce qui reste toujours surprenant, et ce qui étonne encore et encore beaucoup de nos contemporains, c’est que Dieu s'échine à vouloir avoir besoin de l'homme pour réaliser son Plan de Salut. Ne pourrait-Il pas agir tout seul ? Cet appel des disciples témoigne avant tout de cette réalité étonnante : 

Dieu ne veut pas faire sans l'homme, Il ne veut pas faire sans nous.

Il vient chercher celui-ci dans son travail, dans le quotidien de sa vie !

Dieu ne nous demande pas l’impossible, il veut simplement nous rejoindre dans notre réalité humaine en étant avec Lui. Il veut passer à travers celle-ci pour que l'appel à la conversion retentisse auprès de tous. Dieu nous demande d’être fidèles et de témoigner des merveilles qu’Il réalise dans nos vies.

Chacun de nous peut entendre : « Venez, suivez-moi ; venez après moi », comme l’a dit Jésus à Simon et à André, puis à Jacques et à Jean, et : « je ferai de vous des pécheurs d'hommes ».

Frères et sœurs, prions pour que nous découvrions comment faire retentir nous aussi, cet appel du Christ dans notre travail, dans nos engagements, comme dans nos familles.

Ne soyons pas inquiet, nous le savons, toutes missions en église, nous dépassent souvent. 

Alors, avec détermination, laissons là nos filets qui parfois nous entravent, et suivons Jésus !         

Demandons cette grâce pour chacun de nous !                                                                                                                                                                                                                      

 Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 10 janvier 2021, fête du Baptême du Seigneur, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 7-11. Livre du prophète Isaïe 55, 1-11. Isaïe 12. 

Première lettre de saint Jean 5, 1-9.

 

Les quatre évangiles nous parlent du baptême de Jésus ! Ce baptême est un événement nécessaire dans la vie publique de Jésus ! Pourquoi insister sur l’importance de ce moment où Jésus est plongé dans l’eau du Jourdain ? Le Baptême de Jésus apporte une double réponse : 

     - La première est celle de la réalisation du Plan de Salut du Père en son Fils Jésus par l’Esprit Saint (La Trinité est présente) 

     - La seconde est la réponse à notre attente et à toutes nos soifs : soif de vivre ! Soif de connaître ! Soif de croire ! Soif de Dieu !

Toutes ces soifs sont bien présentes en nous-mêmes, car nous pressentons vraiment que notre vie est bien plus grande que celle que nous vivons sur cette terre ! 

Dans un paradoxe surprenant, à la suite du Christ, par notre baptême, nous avons été invités, nous aussi, à un passage vers la Vie en passant par une plongée (au sens figuré) « par la Mort » ! Pourquoi évoquer la mort en ce jour ? Tout simplement, car le mot de “baptême“ en grec, signifie « être plongé » dans l’eau. Nous savons que l’eau est, à la fois, source de vie (croissance) mais aussi, qu’elle est source de mort (noyade).

Que se passe-t-il dans l’évangile que nous venons d’entendre ? 

Voici Jésus survenant sur le bord du Jourdain où baptise Jean. Ce fleuve sur lequel tout a commencé a une signification particulière. Il prend sa source sur le mont Hermon à 500 m d'altitude et descend jusqu'à la Mer Morte, 430 m en dessous du niveau de la mer ; en fait le point le plus bas de la terre. Déjà, nous pouvons comprendre que ce fleuve exprime réellement une descente et symboliquement, une profondeur !

Ce baptême que Jésus vient demander à Jean est un baptême de conversion. Il est le signe public qu'on regrette ses péchés et qu'on veut changer son style de vie, c’est-à-dire qu’on décide de vivre une descente intérieure et profonde en nous-mêmes pour une vie nouvelle ! Ils sont nombreux à accourir d’un peu partout, auprès de Jean ; ils viennent de Judée, de Jérusalem, Pharisiens, scribes, bref un « tout un peuple » (Lc 3,21) venant jusqu’au bord du Jourdain.

Surprenante situation, où Jésus attend son tour dans la foule de pécheurs ! D'emblée, Jésus rejoint les pécheurs là où Dieu travaille leur cœur, là où ils décident de se convertir. Que Jésus, qui es saint, sans péché, se présente au milieu des pécheurs, voilà qui est surprenant ! Mais qu’il s’abaisse dans les eaux, comme un pécheur ! Cela nous remue et bouscule beaucoup nos schémas. Pourquoi Jésus doit-il recevoir le baptême ?

Jean lui-même, voulait l'en empêcher, comme l’écrit saint Matthieu : « C'est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi et c'est toi qui viens à moi ! »

Ce récit dans l’évangile de saint Marc est d'une grande sobriété. Le baptême lui-même n'est pas décrit. Jésus a simplement effectué un double mouvement. Il est descendu dans les eaux et Il en est remonté. La descente dans le Jourdain traduit le mouvement même de Dieu venant à la rencontre de l'humanité pécheresse. ­

Jésus est plongé par Jean-Baptiste dans l'eau et en ressort… Cela préfigure l'image de sa mort et de sa résurrection. En se faisant baptiser dans le Jourdain, Jésus nous montre qu’il veut, (selon la parole de l’épître aux Hébreux) : « se faire semblable en toutes choses à ses frères ». De fait, Jésus a vécu ce que nous avons vécu, nous aussi, quand nous avons été baptisés. Il nous entraine à sa suite !

Il y a donc ce double mouvement de descente et de montée : « Les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre sur lui » !

J’aimerais m’arrêter quelques instants sur ce qui se passe, car je voudrais réfléchir avec vous, sur trois éléments importants : le texte dit : « Et aussitôt, en remontant de l’eau …     
        1 - il vit les cieux se déchirer
        2 - l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.
        3 - Il y eut une voix venant des cieux :
                       « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve toute ma joie. »

Dans ce verset, nous pouvons mieux comprendre le projet que Dieu veut pour notre Salut ! Dieu est remarquable pour sa persévérance et malgré les contradictions des êtres humains, il garde ce désir d’une grande proximité avec chacun. 

Rapidement, voici quelques pistes de réflexion :

Les cieux se déchirent ! Les cieux s’ouvrent !

S’ils s’ouvrent, c’est qu’ils étaient fermés… Comment cela peut-il se faire ? À quel moment ont-ils étaient fermés ?

Pour pouvoir le comprendre, retournons au livre de la Genèse, au chapitre 3

Rappelons-nous le contexte : nous sommes dans le jardin d’Eden, et Dieu avait l’habitude, « à la brise du jour » (Gn 3,8) de converser intimement avec Adam et Ève. Nous connaissons l’histoire malheureuse de la convoitise et la proposition du serpent de manger du fruit défendu. Ils en ont mangé… Certes, il y a un péché de désobéissance ! Mais le drame survient peu après, juste au moment où Dieu vient, comme d’habitude à la rencontre d’Adam et Ève, et ceux-ci se cachent ! Plus exactement, ils se dissimulent et ont peur de Dieu. Ils ne répondent pas à l’appel de Dieu : « Adam, où es-tu ? » Dieu comprend alors qu’ils ont mangé du fruit défendu. 

Tout aurait pu s’arranger, nous savons la bienveillance que Dieu a vis-à-vis de sa créature. Mais, l’attitude de l’homme brise tout dialogue de confiance. À ce moment précis, il se passe quelque chose d’effrayant : l’homme refuse le contact avec Dieu ! 

Dieu n’est pas fautif ! La conséquence de ce refus, c’est que quelque chose se ferme à cet instant : le dialogue ne semble plus possible et Adam et Ève quittent le jardin d’Éden, ce jardin de la Rencontre. C’est à ce moment-là que les cieux se ferment : non par la volonté de Dieu, mais par la bêtise de l’homme.

Dieu n’aura de cesse que de vouloir ré-ouvrir les cieux, mais ses nombreuses tentatives n’aboutissent  pas. À travers les prophètes, à travers tout l’Ancien Testament, Dieu va chercher à communiquer, sans grand succès… « À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils » (lettre aux Hébreux chap. 1)

Il envoie donc son Fils : c’est le temps de l’incarnation. C’est la fête de Noël que nous venons de fêter, l’Enfant-Dieu de la crèche…

Jésus commencera son ministère public par un geste d’obéissance, un geste d’une grande humilité, un geste qui va permettre à Dieu, en Jésus-Christ, de nous montrer le chemin qu’il nous faudra suivre.

La conséquence est immédiate : au moment où Jésus sort de l’eau du Jourdain, les cieux s’ouvrent, ils se déchirent ! L’Esprit Saint est donné ; comment décrire la troisième personne de la Trinité ? Lors de la Pentecôte, il apparaît sous forme de langues de feu, avec Ezéchiel, l’Esprit Saint est action, à d’autres moments, l’Esprit est un souffle, lumière ou colombe.

Comment décrire l’amour de Dieu ? Nos mots humains s’épuisent et restent faibles !

« Les cieux s’ouvrent et, comme une colombe, l’Esprit descend. » Immédiatement, par cette ouverture, on entend la voix du Père : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie. »

Ce sont les mots du Père exprimant sa relation aimante à Jésus et lui assignant sa mission. La communication entre Dieu et les hommes est enfin retrouvée ! 

Jésus aura cette mission de nous faire découvrir, entendre, écouter la voix de son Père, comprendre le Salut qu’Il veut pour chacun de nous, et combien nous avons du prix pour Lui.

C’est justement au moment du baptême de son Fils Jésus que s’ouvre pour nous, cet incroyable événement : à nouveau, nous entendons la voix du Père !

Par le don de l’Esprit Saint, nous faisons la joie du Père. Cette même parole de bénédiction a été prononcée au jour de notre baptême, et, pour chacun de nous, à ce moment-là, les cieux se sont réouverts. 

            Lors de célébrations baptismales d’enfants ou d’adultes, nous entendons que Le baptême libère du péché « originel » ! Comment comprendre ?

Le péché originel, est donc ce péché de désobéissance, de défiance et d'orgueil de nos premiers parents, c’est aussi la sortie du Jardin d’Éden et la fermeture des cieux.

Au jour de notre baptême, nous entendons, dans l’oreille de notre cœur : 

« Tu es mon fils bien-aimé, ma fille bien-aimée ; en toi je trouve ma joie.

Je te fais le don de la force de l’Esprit Saint, avec ses dons et son fruit,

afin que tu puisses entrer pleinement, par l’amour que je te donne,

dans le plan de Salut que j’ai préparé pour toi ! »

Frères et sœurs, voilà quelques clefs de lecture pour redécouvrir une épiphanie (ou révélation) ce qui était caché et qui se révèle aujourd’hui en pleine lumière ?

Réjouissons-nous aussi dans le Seigneur en cette fête, de nous avoir amenés ce soir, sur les bords du Jourdain et de faire mémoire, dans l’Action de grâce, de notre propre baptême !    

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 6 janvier 2021, mercredi après l’Épiphanie, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 6, 45-52. Première lettre de saint Jean 4, 11-18. Psaume 71. 

 

Pour notre vie spirituelle, le passage d’aujourd’hui est intéressant ! 

Il nous montre une expérience éprouvante des disciples et nous renseigne, d’une certaine façon, sur un combat quotidien dans notre vie de foi, un combat qui nous touche tous ! Une question est sous-jacente :

Quoi qu’il arrive, ai-je confiance en Jésus ?

Quoiqu’il puisse nous arriver au quotidien, dans notre vie, ai-je confiance en Jésus ?

Que se passe-t-il dans cet épisode ? Après une multiplication des pains enthousiasmante (c’était l’évangile d’hier : cinq mille hommes nourris dans l’allégresse !), Jésus renvoie les disciples en barque avant lui, en direction du petit port de Bethsaïde. « Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier », nous dit l’évangile. Sans doute, ressentait-Il cette nécessité de prière et d’Action de grâce ! 

Mais, voyant les disciples en grande difficulté, voilà que Jésus vient à eux en marchant sur la mer. Il vient à eux vers la fin de la nuit, en pleine tempête, mais eux ne le reconnaissent pas ! Surprenant, les disciples ne reconnaissent pas Jésus !

Ils ne voyaient qu'une chose : leur solitude ! Sans doute aussi une peur ou la crainte dont nous parle saint Jean dans la première lecture !

Ils auraient pu se souvenir que Jésus avait déjà calmé les flots en furies ! 

     Mais non !  Ils n'ont pas reconnu Jésus, qui refaisait les gestes de Dieu. Ils ont même cru voir un fantôme, ils ont poussé des cris, ils ont été "bouleversés". Ces mots décrivent bien l’affolement qui régnait dans la barque. Cela peut arriver, à certains moments de notre vie, que nous soyons, à ce point, bouleversés… Peut-être les disciples avaient-ils un cœur endurci, un manque de confiance, dans la solitude d’une nuit agitée ! L’évangile nous dit surtout : « …car, ils n’avaient rien compris au sujet des pains. »

Pour nous, ce matin, cette expérience spirituelle des disciples devrait nous faire réfléchir.

Jésus prie seul, dans la montagne ; cependant, Il voit, Il sait ses disciples en difficulté sur la mer.

Que pouvons-nous comprendre ?

La prière précède l’action ! La prière, dans la solitude, n’isole pas le Christ de ses frères, au contraire. Elle est le lieu de la perception de leur détresse et la source de sa compassion pour eux. 

La prière précède l’action ! Être uni au Christ priant nous permet, à nous aussi, de discerner la véritable détresse de ceux qui nous entourent et d’entrer dans une vraie compassion à leur égard. Littéralement, quand je suis moi-même, en prière, je ne me coupe pas du monde, mais je suis, au contraire, complètement relié au monde. En vous disant ces mots, je pense à tous les monastères de moines et de moniales et à l’importance de leurs prières dans leur solitude au rythme des offices, mais dans une prière qui est nécessaire et toujours connectée au monde. C’est un beau témoignage de foi ! 

Frères et sœurs, demandons donc, lors de moments difficiles, un plus grand désir de prière, un surcroit de confiance et de paix pour nous. Soyons aussi, pour nos frères et sœurs, des témoins de confiance et de Paix de la part du Seigneur.

Je vous propose une petite résolution pour ce jour : portons, dans la prière, une personne en difficulté et demandons au Seigneur de nous éclairer sur les gestes de compassion que nous pourrions poser à son égard.           

La prière précède l’action !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 4 janvier 2021, lundi après l’Épiphanie, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 4, 12-17.23-25. Première lettre de saint Jean 3, 22 à 4, 6. Psaume 2.

 

Alors que nous sommes encore dans le temps de Noël, cet évangile peut nous déconcerter. Nous avons encore l’image du petit bébé Jésus de la crèche, et d’un coup, nous sautons plus de trente années pour nous retrouver au début du ministère public de Jésus. 

Mystérieuse liturgie qui nous entraine dans toutes sortes de zigzags historiques, afin que nous comprenions mieux la mission du Christ.

Jean le Baptiste a bien préparé le terrain. Il est celui qui a annoncé la venue du Messie ; c’est un homme passionné, passionné de justice, et sa parole juste contre la malhonnêteté du roi Hérode le conduira en prison.

Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean, « il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée… », c’est-à-dire : au bord du lac de Tibériade, « …dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. »

Avec cette arrestation, Jésus se trouve à un tournant de sa vie, car en quittant la ville de Nazareth (temps de sa période de vie cachée), il entre et s’expose dans sa vie publique.

La figure de Jean le Baptiste va disparaître, invitant ainsi Jésus à prendre, en quelque sorte, sa suite

Effectivement, à partir de ce moment précis, Jésus se met, lui aussi, à proclamer : 

« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

Le passage d’évangile que nous venons d’entendre est à relire dans le temps de la Nativité (temps que nous vivons) afin de percer et d’approfondir le mystère propre de l’Épiphanie et tout particulièrement celui de Noël.

 Comme je le précisais hier soir, Noël et l’Épiphanie sont deux grandes fêtes majeures, deux versants d’une même et unique fête : la reconnaissance de Jésus venue en notre chair. C’est ce que dit saint Jean dans la première lecture : « Tout esprit qui proclame que Jésus-Christ est venu dans la chair, celui-là est de Dieu. » C’est bien la même chose qui nous est dite par ses deux fêtes : Noël s’adresse davantage au peuple Hébreu et l’Épiphanie davantage aux nations, aux païens, c’est-à-dire à chacun de nous.

L’Épiphanie nous rappelle aussi, à travers cette étoile, ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe : « Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » 

Hier encore, lors de l’eucharistie, en cette fête de l’Épiphanie, nous avons entendu dans la lettre de saint Paul aux chrétiens d’Éphèse, cette « lumière » qui éclaire toutes les nations. Je vous en relis quelques phrases : « Ce mystère…a été révélé maintenant… que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. »

Durant la nuit de Noël, rappelez-vous ! Nous entendions déjà cette annonce faite aux bergers : au petit matin, accompagnés par le chant des anges qui chantaient le Gloria, les bergers s’avancent jusqu’à Bethléem, découvrent l’Enfant Jésus et se prosternent devant lui. 

Hier, avec les mages, ce sont des païens qui se prosternent devant Jésus (La tradition nous informe qu’ils venaient d’Asie, d’Afrique, d’Europe : limites du monde connu à cette époque). 

Les prophéties de l’Ancien Testament trouvent leur accomplissement en la personne de Jésus : le Verbe fait chair est Lumière; et cela pour toutes les nations.

 Nous savons que cette large invitation s’adresse à tous. Nous nous en réjouissons dans une joie profonde ! Cependant, nous sommes invités à nous interroger à nouveau ! Cette question n’est pas anodine : et nous, comment accueillons-nous cette nouvelle dans notre quotidien ? Que devons-nous faire ?

C’est vrai, nous savons que Jésus est venu largement apporter la guérison, le Salut… et, nous devons nous laisser guérir de toute maladie et de toute infirmité ; mais, frères et sœurs, comment accueillons-nous, nous-mêmes cette nouvelle ? Nous avons une réponse à donner !

Il est vrai que bien souvent dans notre vie, dans notre cheminement, nous sommes à la croisée des chemins ; là aussi, comme pour les mages, nous sommes invités à la conversion. Comme eux, nous pouvons repartir par un autre chemin

  • Bref, nous n’avons jamais terminé de nous convertir !
  • Dans notre façon de vivre,
  • Dans notre désir de témoigner du Seigneur,
  • Dans nos décisions, petites et grandes, comment choisissons-nous le Christ ?

C’est un chemin d’humilité que les mages ont ouvert en visitant l’Enfant divin ; il nous faut bien souvent, faire de même.

Frères et sœurs, mettons notre foi dans le nom de Jésus

Demandons avec audace d’être aussi des “Jean-Baptiste“ des prophètes pour notre temps, et d’annoncer le Christ à temps et à contretemps !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 3 Janvier 2021, Solennité de l’Épiphanie du Seigneur, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 2, 1-12. Livre du prophète Isaïe 60, 1-6. Psaume 71. 

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 3, 2-3a, 5-6.

 

Chers amis, nous avons fêté Noël il y a quelques jours et, aujourd’hui, nous vivons la solennité de l’Épiphanie. Noël et l’Épiphanie sont deux belles fêtes solennelles de l’Église. En réalité, elles sont, toutes les deux, les versants d’une seule et même fête : pourquoi ?

  • La fête de la naissance du Sauveur et de sa manifestation dans l’humanité (Noël), seuls des juifs, les bergers de Bethléem, en furent les témoins, 
  • Pour l’Épiphanie, ce sont les mages venus d’Orient, qui sont les témoins et qui vont se prosterner devant Jésus. Ces mages représentent le monde païen (non-juif). 

Nous pouvons constater que Noël a plus de relief dans notre pays et dans certains pays voisins, ainsi que dans le continent américain. La solennité de l’Épiphanie est plus fêtée en Orient, mais aussi en Espagne. (Par exemple, chez eux : on n’offre pas de cadeaux à Noël, mais à l’Épiphanie).

Dit autrement, si à Noël, la Nativité du Seigneur, la venue au monde du Sauveur, a pour seuls témoins, les bergers, les humbles de la société d’alors (Luc 2, 17), l’Épiphanie est la fête de l’apparition, de la manifestation (traduction littérale du terme grec έπιφάνεια) du Sauveur aux yeux du monde, aux yeux des nations, aux yeux des païens.

D’une certaine manière, cette fête nous concerne au premier chef, car la plupart des membres de l’Église n’appartiennent pas au peuple de la première Alliance. C’est le baptême que nous avons reçu qui nous fait entrer dans l’Église et qui nous révèle que nous sommes enfants d’un même Père et frères de Jésus.

Cette solennité constitue à elle seule, comme un mini-évangile, un résumé du Salut que saint Matthieu veut nous faire découvrir. Rappelons-en quelques éléments...

- Les mages : ils représentent les païens (ce ne sont pas des rois !) qui ont su, mieux que les Juifs, accueillir le messie. Ce sont des savants - un peu à la manière des savants du  18e siècle en Europe - savants dans plusieurs domaines : l’astronomie, la physique, les sciences, les mathématiques, la botanique. Ils sont en recherche ! Ils représentent donc les non-juifs, qui ont su accueillir le Messie, mieux que les juifs eux-mêmes. 

Ce thème est cher à saint Matthieu ; souvenez-vous : à la fin de son évangile, il sera le seul à rapporter l’intérêt porté par la femme de Pilate - une païenne – sur le salut de Jésus. Dès le début, les païens, les étrangers, sont là auprès de l’Enfant Jésus, tandis que les autorités juives (les chefs des prêtres, les scribes et le roi Hérode) ne se déplacent même pas ! Hérode demande simplement aux mages d’aller voir et, une fois trouvé, de revenir lui raconter ce qu’ils ont découvert. Nous savons qu’Hérode est dévoré par la jalousie et qu’il fera assassiner, quelque temps plus tard, tous les enfants de moins de deux ans. 

- L’étoile : sans elle, les mages ne découvriraient pas le Fils de Dieu. Est-ce un astre ? Peut-être, mais nous devons comprendre cette étoile comme étant l’image de la foi : un don que Dieu nous fait. Elle est comme un signe dans la nuit, le signe d’un Dieu qui n’abandonne pas les hommes dans leurs ténèbres, mais se plaît à les rassurer en leur rappelant sa fidélité. Cette étoile est importante car, à plusieurs moments de notre vie, une étoile est apparue pour nous conduire et nous guider !

Les mages, nous dit l’évangile, « furent remplis de joie à la vue de l’étoile… » Peut-être est-ce pour nous une invitation à considérer, avec émerveillement, toutes les étoiles qui ont guidé notre route vers le Christ ? Réfléchissons bien : combien y en a-t-il eu de ces événements, de ces rencontres, de ces paroles, des célébrations, des versets bibliques, qui ont été comme des étoiles à certaines périodes sombres de notre vie et qui l’ont éclairée ? Ils nous ont aidés à choisir le chemin à emprunter et les décisions à prendre…

N’oublions pas que nous pouvons être telle une étoile - modestement sans doute -  lors d’un échange, d’un témoignage avec des personnes qui sont en recherche d’une aide, d’une attention, d’un soutien !

 

L’or, l’encens et la myrrhe... Ces cadeaux que les mages vont Lui offrir ont une signification précise.

De l’or, comme à un roi : car il s’agit que Jésus soit Seigneur de notre vie, qu’il règne sur nos désirs, nos projets, nos pensées, nos actes, nos choix... Jésus est Roi, mais pas n’importe quel roi ; Il n’est pas un monarque puissant comme ceux que nous découvrons dans nos livres d’histoire. La fragilité même de cet Enfant de Bethléem nous montre que ce roi n’a pour seule puissance que celle de son amour. Jésus n’est tout-puissant que par amour !

De l’encens, comme une prière à Dieu : car en Jésus, c’est plus qu’un prophète que Dieu nous envoie. Nous disons du Seigneur Jésus qu’il est désormais assis à la droite du Père ; c’est une manière de dire qu’Il est l’égal du Père, vrai Dieu né du vrai Dieu. C’est Lui qui nous permet d’entrer dans la connaissance du Père, par l’Esprit Saint.

De la myrrhe enfin ! C’est le cadeau le plus surprenant. C’est cet onguent qu’on utilise pour les soins funéraires. Jésus n’a pas fait semblant d’entrer dans notre histoire. Les mages lui offrent de la myrrhe, car Lui qui était immortel, a accepté, pour nous, de devenir mortel. Il nous a donné sa mort en gage de notre résurrection ! Cette myrrhe est déjà l’annonce de sa mort et de son ensevelissement.

Enfin cet évangile se termine par une révélation : c’est par un autre chemin que les mages sont conviés à regagner leur pays. C’est l’image même de la vie chrétienne, c’est-à-dire de la conversion à laquelle nous sommes tous invités. Nous pouvons suivre un chemin, pensant qu’il est le bon puis, un peu plus tard, une étoile brille, Dieu nous révèle ce à quoi nous sommes appelés et comment Le suivre, avec Lui et pour Lui. Quand on a découvert Jésus, on ne peut pas continuer comme avant... Il faut parfois changer de cap, prendre une autre route ! 

Frères et sœurs, en ce début d’année, demandons à Dieu qu’il en soit ainsi dans chacune de nos vies, pour que l’amour du Christ soit vraiment manifesté partout où des hommes, comme les mages de l’évangile, sont en quête d’un monde meilleur, d’une rencontre avec le Christ !

N’oublions pas que chacun, chacune d’entre nous, sont des lumières les uns pour les autres et que notre mission est aussi d’illuminer notre monde !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du 1er janvier 2021, Solennité de Marie, Mère de Dieu, année B

Messe célébrée en l’église de saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 2, 16-21. Livre des Nombres 6, 22-27. Psaume 66

Lettre de saint Paul aux Galates 4, 4-7. Journée mondiale de la paix.

 

Nous le savons ! Pour entrer dans la vie, nous passons par le corps d’une maman. Pour entrer dans la nouvelle année, nous passons par le cœur d’une Mère. Dans sa délicatesse liturgique, l’Église nous fait célébrer Marie, Mère de Dieu, en ce premier jour de l’année.

Parce que nous sommes accueillis dans le corps d’une maman, dès les premiers instants de notre vie intra-utérine, la porte de la vie s’ouvre pour nous ! Marie, la Vierge Marie, par son accueil maternel, est aussi cette porte d’entrée dans la nouvelle année ; « Porte du Ciel », dit cet hymne marial du temps de l’Avent et de Noël : L’Alma Redemptoris Mater. On y chante la Vierge Marie : «Porte du Ciel toujours ouverte ».

Marie est « Mère de Dieu », car elle a donné naissance au Fils de Dieu dans la chair ; c’est pourquoi elle est : « porte du ciel toujours ouverte ». Littéralement : porte qu’on traverse, per via caeli, c’est-à-dire la porte par laquelle on passe, pour aller là où quelqu’un nous attend. 

Marie n’est donc pas une porte pour s’y arrêter, mais une porte pour aller vers son Fils. Marie a donné naissance à Celui qui dira ensuite (dans l’évangile de saint Jean, Jn 10, 7) : « Je suis la porte des brebis ; personne ne va vers le Père sans passer par moi ». Marie est donc la porte qui ouvre à la porte des brebis ; et ainsi, nous entrons dans le cœur de la très Sainte Trinité.

Alors, en ce jour de passage à la nouvelle année, nous sommes vraiment invités à entrer en 2021 par la porte qu’est le Christ, en passant par la porte qu’est Marie.

 

Je vous propose cette méditation, en demandant l’intercession de Marie « Mère de Dieu », pour nous aider à découvrir comment vivre cette année avec foi et espérance.

Célébrer le jour de l’an par cette fête mariale, c’est donc s’ouvrir plus profondément au mystère de la présence de Marie sur notre chemin de foi, puisqu’on va jusqu’à la prier « maintenant et à l’heure de notre mort ». Marie nous accompagne tout au long de notre vie terrestre ; Marie accompagne tous les engendrements. Elle nous montre son fils et nous conduit à Lui. C’est la vocation de la Vierge Marie que nous pouvons découvrir en ce premier jour de l’année !

L’année 2020 est terminée ! Nous l’avons plus ou moins fêtée dans des conditions particulières…Nous avons vécu de beaux momentsmais reconnaissons que cette année a été difficile, frustrante, douloureuse ! Nous avons été privés de notre liberté, privés de rencontres, privés de douces réunions familiales et amicales… et ce masque qui couvre notre visage et nous empêche de découvrir pleinement ceux que nous rencontrons. Beaucoup ressentent cette situation sanitaire avec peur et angoisse. Un minuscule virus a montré notre fragilité ! Nous nous pensions si fort être tout-puissants ! Encore ce soir, nous ne savons plus très bien comment réagir ! Tout cela se mêle en nous et dans notre mémoire ! En même temps, nous portons au fond de nous cette espérance, cette certitude que Dieu est avec nous, qu’Il ne nous lâche pas.

Une nouvelle année commence ! Que sera-t-elle ? Que serons-nous ? Notre avenir est sans cesse ouvert et réouvert, et il ne se fera ni par la force, ni par la violence, ni par le pouvoir, ni par la richesse. 

Ce qui semble évident, c’est qu’il n’y aura pas de paix sans « la culture du soin » ! Il n’y aura pas de paix sans que nous collaborions ensemble en formant une véritable communauté de frères qui s’accueillent réciproquement, qui s’appuient sur eux, en prenant soin les uns des autres, particulièrement des plus faibles.

Ce que je viens de vous dire ne vient pas de moi, mais du très fort message du pape François en ce 1er janvier. J’espère que nous allons réussir à mettre en œuvre cette  « culture du soin », ensemble, dans notre paroisse, tout au long de cette année. Je vous invite à lire en entier ce message qui a été placé sur le site de la paroisse.

En cette journée mondiale de la paix, que le manteau de Marie, Mère de Dieu, vienne envelopper toutes les familles éprouvées par cette pandémie, mais aussi par toutes les difficultés que chacun de nous peut rencontrer. Que sa prévenance maternelle pour l’enfant Dieu se prolonge en une même prévenance pour chacun de ses enfants à travers le monde.

Ne perdons ni espérance, ni joie, ni soucis de l’autre !

Un des dangers serait de nous replier sur nous-mêmes, et cela serait terrible ! Demandons la grâce, pour chacun de nous, de garder le cœur ouvert aux autres et surtout à Dieu !

     Dans la première lecture du livre des Nombres, nous avons entendu une très belle bénédiction que je ne me lasse pas d’entendre et ré entendre.

Cette bénédiction solennelle est vieille d’au moins deux mille six cents ans ! Nous la recevons particulièrement en ce 1er jour de l’An !

Que le Seigneur te bénisse et te garde,

Qu'il fasse pour toi rayonner son visage.

Que le Seigneur te découvre sa face,

Te prenne en grâce et t'apporte la paix.

Belle et sainte année à tous !                                                                 

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du jeudi 31 décembre 2020, 7e jour dans l’octave de la Nativité, année B.

Messe d'Action de grâce pour l'année écoulée.

Messe célébrée en l’église saint-Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Première lettre de saint Jean 2, 18-21. Psaume 95. 

 

Chers frères et sœurs, nous sommes au terme de l’octave de Noël. Il y a juste une semaine, nous nous retrouvions dans cette église Saint-Louis (certains dans une autre église peut-être), et nous célébrions la naissance du Sauveur. 

Lors de la nuit de Noël, l’évangile selon saint Luc a été proclamé, nous faisant participer, au cœur même de la nuit, à cet événement si simple et naturel de la naissance, pour une maman, de son fils premier né. 

En même temps, nous redécouvrons un événement qui nous dépasse ; cet enfant né de Marie, est le Fils unique de Dieu : Dieu parmi nous, Dieu comme nous !

Ce soir, il nous est donné de méditer à nouveau - comme lors de la messe du jour de Noël - le prologue de l’évangile selon saint Jean. Ce prologue nous invite au cœur de ce mystère, il nous éclaire, à nouveau sur le projet de Dieu, sur la puissance de vie que Dieu veut pour chacun de nous et pour le monde, et pour comprendre le Salut de Dieu. 

Au commencement, et depuis toujours, existe le Verbe de Dieu, Lui qui est Dieu lui-même, par lequel tout a été créé. Il est Vie et source de toute vie, Lumière et principe de toute lumière. Il vient nous communiquer cette Vie et cette Lumière qu’il est depuis toujours.

Tout au long de cette octave de Noël, jour après jour, nous avons été invités à contempler le mystère éternel de Dieu. Enfin, pourrions-nous penser ! Contempler Dieu, Le toucher, L’entendre, vivre par lui et de Lui ! Cependant, en venant dans notre humanité, Dieu se heurte à un triple refus :

-        la Lumière a rencontré les ténèbres, et celles-ci ne l’ont pas reçue; 

-        le Créateur est venu visiter sa création et celle-ci ne l’a pas reconnu; 

-        le Verbe est apparu parmi les siens et les siens ne l’ont pas accueilli

Mystère de l’homme qui refuse de comprendre que son Créateur aime profondément sa création !

Frères et sœurs, ce qui a commencé la nuit de Noël recommence chaque jour. Il appartient à chacun de nous de savoir accueillir Jésus avec le cœur ouvert, dans notre vie de tous les jours, et de discerner la présence de Dieu au quotidien !

Une année se termine ! Nous avons vécu de beaux moments, mais reconnaissons que cette année a été difficile, frustrante, douloureuse ! Nous avons été privés de toutes sortes de choses : déjà, de notre liberté, de rencontres paroissiales, de réunions familiales et amicales. Beaucoup ressentent cette situation sanitaire avec peur et angoisse. Un minuscule virus a montré la fragilité de l’homme ! Encore ce soir, nous ne savons plus très bien comment réagir ! Tout cela se mêle en nous et dans notre mémoire !

Une nouvelle année commence ! Que sera-t-elle ? Passionnante quoi qu’il arrive, si nous l’avons décidé ! Que serons-nous ? Notre avenir est sans cesse ouvert et réouvert, et il ne se fera ni par la force ni par la violence, ni par le pouvoir, ni par la richesse. Nous sommes invités à entrer dans le cœur même de Dieu, à nous laisser habiter par une vie tellement puissante que nous traverserons tout, y compris tous les bonheurs et toutes les peines ! Y compris la mort et toutes nos petites morts !

C’est là, et pas ailleurs, qu’est la source de notre joie ! Une joie qui grandit à chaque fois que nous courrons vers la lumière, la joie confiante, profonde et calme de ceux qui choisissent de s’associer à la mission du Christ, dans la prière.

Il nous revient, frères et sœurs, dans les mois à venir, à travers les plus ordinaires de nos choix et de nos décisions, de faire basculer l’obscurité de la nuit et de mettre à chaque instant Dieu au monde. Dans ce travail de recréation, déjà en nous-mêmes, et autour de nous, nous ne serons jamais seuls. Dieu l’a promis, Il nous bénit, celui qui, de Noël à Pâques, nous a donné sa vie.

Demain, nous allons entendre, dans le livre des Nombres, une magnifique prière :                  

« Que le Seigneur te bénisse et te garde,

Qu’Il fasse pour toi, rayonner Son visage,

Que le Seigneur te découvre Sa face,

Te prenne en grâce et t’apporte la paix ! »

Frères et sœurs, gardons cette bénédiction dans nos cœurs !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 30 décembre 2020, 6e jour dans l’octave de la Nativité, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 2, 36-40. Première lettre de saint Jean 2, 12-17. Psaume 95. 

 

Nous connaissons cet épisode de la présentation de Jésus au Temple :

  • D’une part, quarante jours après sa naissance, pour la purification de Marie, 
  • et d’autre part pour la présentation du premier-né à Dieu. 

Aujourd’hui, nous entendons la deuxième partie de l’évangile. Après que Siméon ait accueilli Jésus, dans ses bras, Anne, la prophétesse, « survenant à cette heure même, proclamait les louanges de Dieu et parlait de cet enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. »

Chaque mot de ce texte a une signification très précise :

- Le prénom Anne signifie en hébreu : “Dieu est miséricorde“.

- Fille de Phanuel signifie en hébreu : “Dieu est lumière“.

- … de la tribu d’Aser signifie en hébreu : “bonheur“.

En déployant ainsi la signification des noms, nous comprenons un peu mieux ce que l’évangéliste veut dire et comment il place l’appartenance de la veuve Anne, dans cet évangile. Dieu est miséricorde et lumière, car Il est bonheur !

Poursuivons !

L’âge de 84 ans, un âge vénérable pour l’époque (la durée de vie était alors beaucoup moins longue) représente probablement et de manière symbolique, le long temps d’attente du peuple Hébreu ; 8+4=12, n’est-ce pas ? Douze tribus d’Israël qui pleurent l’absence de l’Époux, après que le péché (rupture avec Dieu) les ait chassés du jardin d’Éden, dont le chiffre symbolique est le 7 (les sept dons de l’Esprit et les sept sacrements). Si nous continuons, nous remarquons que 7x12= 84.

Tout cela veut dire que le temps de l’accomplissement est enfin arrivé ! À travers la numérologie (Gematria en hébreu) dont les Hébreux sont friands, nous comprenons que le temps de l’accomplissement est enfin arrivé.

Par son assiduité au jeûne et à la prière, Anne fait donc figure non seulement de la veuve parfaite, mais aussi de l’humanité repentante, qui s’est tournée vers Dieu dans un désir ardent de Salut, dans le désir de sa venue.

Le ministère prophétique de ces deux vieillards, Siméon et Anne, dont les yeux déjà s’éteignent, nous désignent Jésus comme la lumière, comme la miséricorde, et comme promesse de bonheur.

Frères et sœurs, voilà ce qu’il nous faut entendre à travers la signification des noms et des chiffres.

Telles sont les paroles d’espérance que le Père adresse à son Fils, et à tous ceux qui souffrent des « ténèbres du péché » et qui désirent ardemment le Salut que seul Dieu, peut donner.

Au terme de sa vie, relisant tout son cheminement avec le Seigneur pour en partager l’essentiel avec les croyants, saint Jean (que nous allons entendre tout particulièrement demain dans le Prologue), synthétise aussi son enseignement en quelques traits, en explicitant l’accomplissement de ces trois paroles prophétiques :

  • « Vous connaissez le Verbe lumière qui existe depuis le commencement. »
  • « Vous avez vaincu le Mauvais par la puissance de sa miséricorde. »
  • « Vous connaissez le bonheur d’être enfants du Père et de vivre de son Esprit. »

Pour nous-mêmes, à quelques heures du changement symbolique d’année, le Seigneur ne nous demande pas de choses extraordinaires. Vous le savez, le Seigneur n’agit pas dans l’extraordinaire, mais plutôt dans l’ordinaire, dans le quotidien de notre vie. 

  • Il nous demande de rester fidèles à sa Parole.
  • Il nous exhorte au combat spirituel, car les désirs égoïstes de la nature humaine (désir du regard, de la richesse, de l’orgueil) sont incompatibles avec l’amour du Père.
  • Il nous encourage à résister au Mauvais (Satan) en nous appuyant sur sa grâce, et sans cesse à nous relever de nos chutes en comptant sur sa miséricorde.

Retenons pour nous, aujourd’hui que Dieu est lumière, qu’Il est miséricorde et qu’Il veut notre bonheur !

C’est ce que nous redit la prophétesse Anne.

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 28 décembre 2020, fête des saint Innocents, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu, 2, 13-18. Première lettre de saint Jean1, 5 à 2, 2. Psaume 123.

 

Entendre ce texte, aujourd’hui, nous bouleverse et nous fait frémir. Il y a encore quelques heures, nous étions émerveillés et réjouis par la naissance de l’Enfant dans la crèche ; c’était la liesse, la fête : « Jésus est né, alléluia ! » et, tout de suite après, la liturgie nous met face au drame du monde et à la folie de l’homme pour nous faire mieux comprendre la difficile mission de Jésus. 

Nous avons fait un bond en avant et nous voilà juste après l’Épiphanie, en cette octave de Noël, à quelques jours de la visite des mages venus honorer Jésus. Les mages ont suivi l’étoile, ils ont cherché le roi d’Israël, ils sont passés par Jérusalem et ont consulté Hérode. Hérode, lui, n’a pas bougé d’un pouce dans son attitude ; il est violent, jaloux.

« Alors, Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région. » nous dit l’évangile de ce jour. 

Nous sommes tous confrontés, d’une façon ou d’une autre, à la barbarie de l’homme, à la douleur, à la mort…

  • Pourquoi ?
  • Pourquoi tant de violence ?
  • Pourquoi cette haine, cette folie d’Hérode ? 
  • Pourquoi les soldats ont-ils obéi et accompli leur geste terrible ? Car ce sont bien eux qui ont tués les enfants.
  • Pourquoi la mort de tant d’innocents ?

Ces questions traversent le temps et viennent jusqu’à nous, et malheureusement, ces mêmes cris retentissent encore.

Je vous laisse imaginer la douleur des parents ! C’est comme si résonnaient à nos oreilles, les cris de douleur de ces pauvres mères meurtries par la mort de leurs enfants et, comme le dit le prophète Jérémie : “Rachel pleure ses enfants“.

En ces jours, la souffrance de Jésus est à son comble. Il est tout petit, c’est un bébé, et il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir se déchainer la haine du monde contre lui. Alors qu’il est le Sauveur, lui-même terminera sa vie terrestre, cloué sur une croix.

À Noël, l’ombre de la croix est déjà présente ! N’est-ce pas ce que nous chantons dans le cantique « Il est né le Divin Enfant » : « … de la crèche au crucifiement, Dieu nous livre un profond mystère » !

Nous sommes toujours tellement saisis de stupeur et d’horreur devant toute cette violence, devant ce déferlement de violence de l’homme contre l’homme !

Ne pensons pas que cela s’inscrive dans une histoire passée ! Que d’endroits en ce monde ou, à l’instant même, au moment où nous sommes ici dans cette église (en relative sécurité) des drames similaires sont en train de d’être vécus : comment ne pas penser à tous ces enfants innocents qui, aujourd’hui encore, souffrent et meurent injustement, victimes de la folie des hommes, de l’inconscience des hommes, victimes d’avortement, victime de violences physiques ou morales ?

N’hésitons pas à nommer l’ennemi, Satan, le démon, le Diviseur… qui par l’inconscience consensuelle des hommes, continue à tuer et détruire à son gré, comme si l’homme donnait “carte blanche“ à sa folie meurtrière. C’est lui qui sort vainqueur de nos désaccords, c’est lui qui se réjouit de toutes ces violences !

Ce qui certain, c’est que Dieu est innocent du tout mal qu’Il ne veut pas ! Dieu n’est pas l’auteur du mal et Il laisse l’homme à sa liberté, même si l’homme parfois, est capable librement des pires atrocités … Cependant, Dieu continue son plan de salut ! Il sait où Il veut nous amener. 

Jésus va grandir en sagesse et en intelligence, obéissant à ses parents, comme nous l’avons entendu hier, dans l’évangile, offrant sa propre vie, pour que nous ayons la vie. Jésus sera sauvé de la mort par l’obéissance de Joseph et de Marie afin qu’Il puisse accomplir sa mission ; “et ils partirent en Égypte“, nous dit l’évangile. C’est ainsi que la Parole s’accomplit ; “d’Égypte, j’ai appelé mon fils“ mais l’homme entendra-t-il cet appel ?

La grâce que nous pouvons demander pour nous, et, bien sûr pour le monde, de libérer notre cœur de toute violence, de toute injustice et de tout mal !

Accueillons aussi dans notre prière, toutes les mères, tous les pères inconsolables et portons à Dieu, dans cette eucharistie, le refus de tous ceux qui ne savent pas que Dieu les aime et qu’il fait de la Vie de toutes nos morts ! C’est Lui qui est la source de la Vie !

En cette octave de Noël, puissions-nous en être assurés, mais surtout Le suivre pas à pas !

Ainsi soit-il !

Homélie du jour de Noël 2020, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Livre du prophète Isaïe 52, 7-10. Psaume 97.

Lettre aux Hébreux 1, 1-6.

 

Noël ! Heureux Noël ! Joyeux Noël ! 

Peut-être avez-vous reçu beaucoup de messages sympathiques, amicaux et familiaux ? Comme nous aimonsprofondément ce temps de Noël ! À cause, peut-être, de merveilleux souvenirs d’enfance, d’une recherche de sens et d’espérance… 

 Personnellement, je trouve une grande douceur dans cet événement caché dans la petite ville de Bethléem. Comme l’annonçait Isaïe cette nuit : « Un enfant nous est né, un fils nous est donné. Sa paix sera sans fin. ».

Que s’est-il passé donc en cette nuit de Noël ? 

 

Messe de la nuit

- Lors de la messe de la Nuit, Marie, douce et délicate, totalement unie à Dieu, pleine de grâce, forme la Sainte Famille avec son époux Joseph. Marie, porte en elle l’Enfant de la promesse, celui qui était attendu de toute éternité. Il est là : promesse de vie ! Sans doute se rappelle-t-elle l’annonce de l’ange Gabriel ?

Cette famille est pourtant refusée par toutes les auberges de Bethléem, et doit trouver un refuge dans une grotte où dorment des animaux. Dans cet abri pauvre, mais cependant chaleureux, une simple mangeoire (signification prophétique) sera le berceau du nouveau-né. La première maison du Verbe fait chair, du roi des rois, n’est donc pas un palais majestueux. C’est une modeste grotte semblable à celle que des fouilles archéologiques ont révélée à Bethléem.

C’est là que Marie, dont la virginité a été préservée par pure grâce du Père, met au monde son enfant. 

Cela peut nous paraître banal aujourd’hui ; mais à l’époque où il n’y a ni hôpital ni clinique, chaque naissance est déjà un miracle familial et intime. Joseph assiste avec pudeur Marie et recueille dans ses bras son fils qu’il nomme Jésus comme l’ange lui avait dit de le faire. Ce prénom n’est pas anodin, car il désigne déjà la mission de l’Enfant-Dieu : Jésus veut dire : « Dieu sauve ».

 

Messe de l’aurore

Ce matin, ici même à 8 heures, nous avons vécu la deuxième messe de Noël, nommée la messe de l’Aurore. Cette église était dans l’obscurité la plus totale, juste quelques petites lumières brillaient. Comme pour nous, ce matin, ce sont des générations qui ont vécu cette attente, tels des veilleurs d’espérance. Cette naissance aurait pu être secrète et inconnue si les anges innombrables n’étaient allés annoncer la nouvelle. À qui l’annoncent-ils ?

Aux pauvres d’abord, aux humbles. Cette nouvelle est annoncée, dans un premier temps, aux bergers qui vont venir s’associer à la joie du ciel et de la terre en chantant les louanges de Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime ». Mais, plus largement, les païens – des non-juifs – sont invités aussi à cette rencontre. Nous connaissons la quête des Mages lors du dimanche de l’Épiphanie.

La Nativité est, pour les croyants, l’accomplissement de la promesseune promesse attendue comme nous l’avons entendu lors de la lecture de la lettre aux Hébreux, en 2e lecture. Dieu est venu, Il a pris notre humanité ! Il est présent ! Nous pourrions tous nous réjouir, comme j’espère que nous le faisons tous, mais c’est aussi un drame : « Le monde ne l’a pas reconnu ! »

« Jésus, Tu es venu chez les tiens et les tiens ne t’ont pas reçu ».

Un drame ancien qui date de deux mille ans, mais qui est encore et toujours présent. C’est aussi le drame de notre société qui a abjuré sa foi, refusant de reconnaître le Christ et de L’accueillir. Cependant, lors de cette messe, il est bon de réentendre la joie simple des bergers qui a irradié cette naissance ; ils deviendront les premiers témoins et annonceront la naissance de Jésus.

 

Messe du jour de Noël

- Après avoir entendu le merveilleux de la naissance dans la nuit, nous sommes invités à prendre un peu de hauteur pour comprendre cet événement et mieux découvrir le Plan de Dieu pour chacun de nous. 

Saint Jean, dans cette longue méditation qui ouvre son évangile (appelée le Prologue), nous offre un chemin pour entrer plus avant dans ce mystère de l'Incarnation. Il déroule, pour ainsi dire, le mystère tout au long de l'histoire humaine, depuis les lointaines origines du monde. Il retrace en quelques lignes tout le projet de Dieu, sa longue patience vis-à-vis des hommes et de leurs péchés, et l'amour persévérant avec lequel Il a préparé, depuis des siècles, cette fête de Noël.

Saint-Jean nous dit surtout ce que le Christ a été depuis toujours !

De toute éternité, il était avec Dieu, et Dieu lui-même, Dieu avec Dieu ; Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit ! Nous découvrons que Dieu est unique et que, en même temps, Il n’est pas solitaire et se dit en trois personnes : Père, Fils et Esprit Saint. Avant même qu'il y eût un monde, avant même qu'il y eût un temps à mesurer, il était, comme Fils de Dieu, l'image parfaite de son Père, l'expression totale de son Père.

Parlant par les Prophètes que nous entendons dans le Premier Testament, ce Fils de Dieu était annoncé comme Sauveur, c’est-à-dire le Messie. Toute l’attente du Peuple Hébreu est là !

     Enfin ce Fils de Dieu s'est fait chair, il a établi sa demeure parmi nous, et il pouvait dire : "Moi, parole éternelle de Dieu, je vous parle du Père avec vos mots humains". Tout ce que vous avez cherché à savoir, tout ce que vous n’avez pas pu comprendre, je viens vous le dire dans un langage que vous comprenez. Après des siècles de révélation, nous avons entendu le Révélateur : le Fils de Dieu a fait entendre une voix humaine qui était la sienne.

Frères et sœurs, il ne suffit pas de nous rappeler que nous sommes chrétiens, peut-être surpris ou émerveillés par l’audace de Dieu, et de continuer notre vie comme si de rien n’était. Noël est un moment unique à vivre !

CHAQUE NOËL EST UNE INVITATION À ENTRER PLUS INTIMEMENT DANS CE MYSTÈRE DE PROXIMITÉ AVEC DIEU, À CHANGER MA MANIÈRE DE VIVRE !

Ne nous laissons pas submerger par les difficultés de l’existence, ou les difficultés sanitaires ! Ne nous laissons pas dominer par le « prêt-à-penser » et les idées toutes faites, ne croyons pas que nous pouvons nous attribuer le pouvoir de manipuler l’être humain et de nous en servir comme d’un instrument ! Ne renonçons pas à la puissance de l’amour et à la force de la fidélité jusqu’au bout !

Ne nous laissons pas voler la joie de Noël !

Ne nous laissons pas assombrir par une morosité ambiante, et tomber dans une désespérance qui n’est pas chrétienne ; croyons vraiment que le Christ nous sauve !

Chers frères et sœurs, la joie de Noël nous est donnée comme un cadeau extraordinaire afin que la joie de Noël habite nos cœurs et ne la quitte jamais.

Puissions-nous, frères et sœurs, tout au long de ces jours, chanter les louanges de Dieu !

 

Saint et joyeux Noël à chacun de vous et à vos familles !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

 

 

Homélie du vendredi 25 décembre 2020, Noël, messe des bergers, année B.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 2, 15-20. Livre du prophète Isaïe 62, 11-12. Psaume 96.

Lettre de Tite 3, 4-7.

 

 

Chers amis, merci, déjà, de votre présence de si bonne heure, après avoir passé, sans doute, une douce veillée de Noël, et avoir pris le temps d’accueillir le mystère de la naissance de Jésus ! Nous voici réunis pour célébrer « la messe des bergers », ou « la messe de l’aurore ». Il fait encore nuit au-dehors, et dans l’obscurité de cette église, simplement éclairée par quelques bougies, nous sommes invités à entrer davantage dans ce mystère de cette nuit de Noël.

Comme je vous le disais en introduction, la messe d’hier soir ne suffit pas ni même celle que nous vivons maintenant. Nous participerons tout à l’heure à la messe du jour de Noël qui nous invitera à prendre un peu de « hauteur théologique » et il nous faudra peut-être toute une vie pour saisir pleinement le mystère qui se dévoile à nos yeux. 

Peu de chrétiens connaissent cette messe de l’aurore. Pourtant, rappelez-vous les trois messes basses de l’écrivain Alphonse Daudet ! Peut-être aussi vous souvenez-vous du curé dom Balaguère, ventripotent, salivant en pensant déjà à son repas de fête, ou aussi, de ce “pousse au crime“ de Garrigou. Grâce à ce conte, bien des Français, même totalement déchristianisés, ont continué à se rappeler que la liturgie eucharistique comporte trois messes différentes (Les trois Messes basses). 

En effet, ces trois messes sont une invitation à entrer davantage dans le mystère de Noël. Elles constituent, en quelque sorte, une progression de cette lumière de la Nativité, et je vous propose très simplement ce matin, à la façon d’une méditation, de suivre ensemble, les étapes de cette illumination.

 

  • La messe de la nuit rappelle l’événement historique survenu il y a deux millénaires environ. Dieu a pris notre humanité  en naissant dans la petite ville de Bethléem ! La Vierge Marie a accouché du reflet resplendissant de la gloire du Père, et ce reflet lumineux est cependant si modeste que seuls, Marie et Joseph le discernent vraiment. En cette nuit de Noël, le corps visible de Jésus sert à désigner le mystère invisible de notre Salut, mais dans la nuit obscurcie par le péché, seuls les cœurs purs peuvent percevoir cette vérité. Certains vont s’arrêter au merveilleux de la nuit de Noël, mais il nous faut entrer en profondeur et devenir des témoins, comme les bergers, à la fin de nuit qui sont venus, ont vu et vont annoncer leur rencontre si particulière avec cet enfant. 

 

  • Après la messe de la nuit, c’est donc la messe de l’aurore que nous vivons maintenant. 

Sans doute, est-ce la plus intime ! Cependant, elle nous conduit à percevoir une nouvelle dimension de la venue du Messie. La lumière incertaine des premières lueurs du jour s’ajoute à la lumière qui vient de la crèche et touche chacun de nous, les plus éloignés de Dieu comme les chercheurs de Dieu : celles et ceux qui sont en quête de sens… et ils sont nombreux ceux qui cherchent un sens à la vie, à leur vie. Ces arbres que vous pouvez observer dans l’église, et dont les branches sont constellées de nombreux petits papiers porteurs de prière, montrent l’urgence de la mission. Cette messe est aussi appelée la “messe des bergers“.

Effectivement, à la lecture de l’évangile nous le comprenons ; de nombreux bergers gardant leurs troupeaux étaient dans les champs autour du village de Bethléem ; ce sont des gens humbles, et les voilà interpellés, avertis, émerveillés par ce qu’ils entendent, si bien qu’ils se laissent toucher par l’invitation des anges et par la petite lumière surgie dans la nuit. Ils décident de se rendre à Bethléem pour rencontrer l’Enfant dans cette mangeoire. C’est le cœur plein d’espérance et de joie, qu’ils repartiront, témoins de ce qu’ils ont vu ! À nous aussi d’ouvrir notre cœur à la lumière qui surgit dans la nuit !

  • La troisième étape est la sortie de la nuit : l’illumination connaît enfin son sommet dans la messe du jour que nous allons vivre ensemble tout à l’heure. 

On y proclame, en effet, le « Prologue » de l’évangile selon saint Jean. Ce texte est comme la clé de voûte du Nouveau Testament. Il nous renvoie à un nouveau « Commencement » et nous illumine en disant : « Le verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme. » Le Prologue nous permettra d’entrer davantage dans l’histoire du Salut, de prendre de la hauteur et de quitter la crèche pour quelques instants, afin de comprendre comment, de toute éternité, avant même que le monde soit créé, Dieu a un projet de vie pour chacun de nous. Cette lumière illumine sans cesse notre monde !

La lumière du Christ est pour chaque membre de l’humanité ; elle n’est pas le privilège d’une époque ou d’un lieu. La venue des mages à la crèche, dans quelques jours, nous le confirmera.

 

Je résume ; aux trois messes de Noël correspondent trois extensions de la Révélation : 

        - La nuit, Jésus est lumière et Il vient rencontrer chacun de nous.

       - À l’aube, Jésus lumière attire les plus humbles, les témoins, ceux qui vont aller rencontrer le Christ et témoigner : les missionnaires.

       - Au jour enfin, Jésus lumière s’offre pour tous les hommes, pour toutes les nations, pour toutes les civilisations, même les plus éloignées de Lui, et même pour les païens. Il offre une espérance et donne le sens de la vie et ce pour quoi nous sommes faits.

Frères et sœurs, dans quelques instants, nous allons vivre ensemble cette eucharistie ; je vous invite à faire le rapprochement entre la mangeoire où Jésus est couché, emmailloté où Il préfigure le Pain de vie et son Corps donné, sa Vie donnée pour que nous ayons la Vie.

Chers frères et sœurs, le jour va bientôt se lever, comme vous voyez cette lumière du matin à travers les vitraux de cette église. Ce jour est celui de la Nativité de Notre Seigneur. Avec les anges qui annoncent cette bonne nouvelle aux bergers, nous sommes invités, nous aussi, à entrer dans la louange de Dieu. Ne restons pas dans l’obscurité ! Devenons de lumineux témoins de l’amour du Christ !

Je souhaite à tous un joyeux, saint et merveilleux Noël !

                                                                                                                             Ainsi soit-il !

Homélie de la messe de la nuit de Noël 2020, année B.

Messe célébrée en l’église saint louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon Saint-Luc 2, 1-14. Livre d’Isaïe 9, 1-6. Psaume 95. 

Lettre de saint Paul à Tite 2, 11-14.

 

Frères et sœurs, nous allons mettre en acte ce que nous venons de chanter. Nous allons vivre l’instant de la naissance de Jésus très simplement ; je vais aller maintenant déposer l’Enfant Jésus dans la crèche. Si les enfants, les parents et bien d’autres souhaitent faire ce chemin avec moi, ils sont les bienvenus ! 

Nous nous prosternerons ensemble quelques instants devant Jésus dans la crèche. 

Nous chantons : « Gloria, gloria, in excelcis Deo ! »

Cette procession que nous venons de vivre, humblement, est un geste que des chrétiens, de génération en génération, ont accompli avec foi !

C’est un geste d’admiration, de vénération et de reconnaissance. 

C’est un geste qui nous invite à découvrir un mystère que nous devons approfondir ! 

Que sommes-nous donc en train de vivre ce soir : le Mystère de la Nativité ! 

Que se passe-t-il à Noël ? La naissance d’un enfant ! Cela est vrai ! Mais, pas de n’importe quel enfant !  

Chers amis, dans chaque nuit de Noël, il y a dans cette Nativité de Jésus, un secret qui ne peut être pleinement révélé ou totalement compris ! Pourquoi ?

C’est parce qu’il y a une telle grandeur dans cette petitesse, une telle profondeur d’amour dans cette simplicité, qu’on ne sait trop comment faire pour en parler. Nos mots humains ont du mal à exprimer un tel événement ! 

Comment faire pour traduire la clarté qui jaillit de cette nuit, et la Parole de vie qui monte d’un tel silence ?

Ce que nous savons, ce que nous pouvons dire, c’est que cette naissance est une Joyeuse et Bonne Nouvelle,qu’elle nous est annoncée aujourd’hui, qu’elle est chantée par toute la terre, et qu’une troupe innombrable d’anges chante avec nous ! (Lc 2,10-13). A ceux dont les cœurs s’ouvrent à ce mystère, leur joie devient communicative !

Comment témoigner de Noël ? Comment l’expliquer ? Peut-être allez-vous rencontrer des personnes (familles, petits-enfants, amis…) qui vous questionneront ? 

Nous pouvons dire qu’il y a un triple émerveillement dans cet immense mystère :

  • qui, tout d’abord, se déroule « au plus haut des cieux » ;
  • puis ce message va retentir sur toute la terre ; 
  • et se vit, enfin, en jaillissant au plus profond de notre cœur.

 

À partir de ces trois étapes, réfléchissons sur le sens de cette Naissance du Fils de Dieu !

1- Frères et sœurs, le mystère de Noël que nous vivons ce soir, se déroule d’abord au « plus haut des cieux » (Lc 2,14). Avant même que le temps et le monde soient créés, avant même le Big Bang : Dieu a un projet de vie !

Ce mystère a son origine au cœur même de l’amour trinitaire (Dieu, Père, Fils et Esprit Saint : c’est le signe de Croix que nous fait sur nous au début de toute célébration)

Parce que « Dieu est amour » en effet, qu’Il l ne peut être isolé, solitaire. Dieu est dialogue, relation, partage, amitié. Il est donc Trinité : un seul Dieu et trois personnes ! C’est parce qu’Il est la Vie, Qu’Il nous la transmet. « À son image donc », Dieu nous a tous créés » (Gn 1,27).

C’est parce que nous étions « perdus par suite de nos fautes », que cette nuit, d’en haut, Il nous envoie son salut. Ou, plus exactement encore, qu’Il nous envoie son Fils Jésus, qui est Lui-même notre Sauveur ! Première étape : Dieu veut le salut de tous !

2- Cette nuit de Noël et son message retentissent sur toute la terre et traversent tous les continents ! L’événement de cette Nativité est célébré par plus de 2,4 milliards de chrétiens sous toutes les latitudes. Nous ne sommes pas seuls à célébrer ce grand mystère ! Nous sommes en communion avec tous les peuples de monde depuis notre église. 

C’est dire l’incroyable retentissement de la naissance de Jésus ! Des conditions parfois difficiles n’ont pas empêché de vivre, même discrètement, cette fête (je pense aux périodes de guerres, aux années difficiles de persécutions, ou d’interdiction politiques…). Dans toutes les familles, même discrètement, Noël a été célébré et fêté ! 

Peut-être pouvons-nous y voir un parallèle entre ce qui s’est passé il y a 2000 ans et ce que nous vivons aujourd’hui. Comme vous l’avez entendu dans l’évangile, ils étaient nombreux ceux qui étaient déplacés, bousculés par ce grand recensement forcé dans tout l’Empire romain, un peu comme aujourd’hui la crise qui touche le monde entier et qui désorganise profondément nos modes de vie, de liberté et de pensée. Deuxième étape : Dieu veut le Salut de tous les peuples !

3- Je termine en interrogeant l’espérance que nous avons au plus profond de notre cœur ! Je veux croire encore que, sans infantilisme, nous avons encore un cœur d’enfant : un cœur qui continue d’espérer contre toute désespérance !

Il y a quelques jours, j’ai posé une question aux enfants lors de la séance de catéchisme ; c’était celle-ci :« Pourquoi Jésus est-il venu sur la terre ? » Une petite fille a levé la main et a répondu : «  Pour nous sauver ! » Sa réponse était juste, mais qu’est-ce que cela signifie ? Elle a poursuivi avec sérieux : « Jésus est venu sur terre parce que Dieu aime tous les hommes. Il est venu nous parler de son Père, et dire que nous sommes ses fils et filles bien-aimés. » Après quelques instants de réflexion, elle a ajouté : «  Si Dieu nous a créés, en effet, c’est par amour, c’est pour être mon ami, pour nous faire partager sa vie. » Quelle belle réponse !

En cette fête, il nous faut comprendre qu’il n’y a que l’amour qui peut nous rendre vraiment heureux. L’amour ne se mesure pas à ce que l’on possède ou à ce que l’on fait dans sa vie : il se mesure au contraire à ce que l’on fait de sa vie et à l’amour qu’on est capable de donner gratuitement, sans parfois même ne rien espérer en retour. Juste parce que l’on aime ! 

L’amour, tel que nous le découvrons cette nuit, est la valeur sûre. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». C’est le commandement que Jésus donnera à ses amis. Lui-même a montré l’exemple. Comme Il l’a dit : « Il n’y a pas de plus amour que de donner sa vie pour ses amis ». Le mystère de la mort sur la Croix est le rappel de la Vie qu’il veut nous donner ! Troisième étape : l’amour de Dieu jaillit au plus profond de notre cœur

Frères et sœurs, de cette nuit de Noël, retenons ce mystère d’amour ; il est un chemin de vie. Jésus nous invite à réussir notre vie en nous aimant les uns les autres et en faisant confiance à Dieu. Il nous rappelle, en cette nuit, que nous sommes créés pour le Ciel, pour le Royaume de Dieu. Dès 

Pour conclure, je vous invite à découvrir la pédagogie de Dieu. Pas de signe grandiose ou imposant lors de sa naissance ! C’est dans le visage d’un enfant que Dieu se laisse découvrir ! Pourquoi ? Peut-être pour nous redire de ne pas avoir peur de lui ! Qui peut craindre devant le sourire d’un bébé ? Mais, c’est bien ce bébé, Jésus, qui la source du Salut, la source de l’amour !

En cette nuit très sainte, c’est cette joie que chantent les anges dans la nuit de Noël, c’est aussi cette bonne nouvelle qui bouleverse les bergers, et ce mystère qui nous bouleverse tous ce soir ! Permettez-moi de souhaiter à tous un très beau et saint Noël !

                                                                                                                Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 23 décembre 2020, 4e semaine du temps de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 57-66. Psaume 24. Livre du prophète Malachie 3,1-4.23-24.

 

Comme vous avez pu le constater, les textes de ces derniers jours sont comme une récapitulation du mystère de la vie de Jésus, pour nous préparer à vivre Noël dans une meilleure compréhension de ce mystère.

Tout ce qui avait été annoncé il y a fort longtemps s’accomplit maintenant. Chaque jour, nous avons pris le temps de découvrir une petite partie du sens de cette Nativité.

Le prophète Malachie que nous avons entendu en 1re lecture nous le dit : « Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi ! » 

Cette fois, tout est prêt ! Tous les personnages sont en place, tous ceux dont Dieu a besoin. Et le dernier, celui qui est comme intimement lié à la venue de Jésus, ce dernier qu’est Jean-Baptiste, voilà que, lui aussi, vient de naître au monde ; c’est le récit de l’évangile d’aujourd’hui. 

La première lecture nous l’a d’ailleurs donné à entendre, à comprendre : ils sont tous les deux intimement liés, Jean et Jésus ; le premier annonce le second, il est le précurseur de la Bonne Nouvelle : le nouvel Élie, dira Jésus ! (Mt 17,11 : Jésus leur répondit : « Élie va venir pour remettre toute chose à sa place.)

Jean va nous aider à nous préparer à accueillir le Sauveur annoncé, le Sauveur promis et attendu ! Depuis des siècles, le peuple hébreu est dans cette attente !

Rappelez-vous : Zacharie, son père, avait douté et s’était étonné de l’annonce qui lui avait été faite, d’un fils qui venait. La stérilité d’Élisabeth rendait toute grossesse impossible ! Il faudra qu’il découvre, comme chacun d’entre nous, que : « rien n’est impossible à Dieu ». Il en était resté sans voix jusqu’à ce que s’accomplisse la promesse. Et voilà que nommant son fils, reconnaissant ainsi l’accomplissement de la promesse, obéissant à ce qui lui avait été demandé, il l’appellera : Jean. Zacharie reconnaît ainsi que Dieu lui a fait grâce et a exaucé ce qui fut la prière de toute une vie.

Mais plus largement que cela, plus que l’arrivée d’un enfant au sein d’une famille, Jean le Baptiste, dans sa mission de précurseur, est celui qui va annoncer la venue du Sauveur. Il nous redit à nous aussi, par ce prénom qu’il reçoit, cette Bonne Nouvelle : « Yohanan »en hébreu car « Dieu-fait-grâce ».

Alors ce matin, à quelques heures de Noël, peut-être pourrions-nous, nous aussi, porter d’une façon ou d’une autre, ce prénom, qui est Bonne Nouvelle : Dieu-fait-grâce. Il nous suffit, très simplement, de faire mémoire de notre vie pour y reconnaître les moments où Dieu a fait grâce !

Alors, frères et sœurs, laissons résonner en nous ce prénom ! Laissons notamment résonner en nous ce qu’il éveille du passage de Dieu dans notre vie, passage qui déjà fut de l’ordre du salut, d’un passage des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, une pâque...

Comme Zacharie qui entre dans la louange, celle du Benedictus que nous chantons chaque jour, chaque matin, et que nous réentendrons tout particulièrement demain, comme Zacharie, laissons monter en nous la louange de ce jour, là maintenant, telle qu’elle veut jaillir en nous, même si notre cœur est encombré ou triste. 

Oui ! Dieu fait grâce ! Nous pouvons nous appuyer sur cela pour croire et annoncer la venue du Sauveur aujourd’hui encoreDans quelques heures, nous fêterons la naissance de l’Enfant Jésus. Que dès maintenant, notre cœur s’y prépare !                                      

     Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 21 décembre 2020, 4e semaine du temps de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Luc 1, 39-45. Psaume 32. Cantique des Cantiques 2, 8-14.

Messe de Rorate (Messe de l’aurore)

 

Hier, nous avons entendu le récit de l’Annonciation, l’ange Gabriel venant à Nazareth et annonçant à Marie, une jeune femme vierge, qu’elle allait mettre au monde le Sauveur du monde ! Quelle joie et quelle espérance ! Ce jour-là, jour de la visite de l'Ange Gabriel, Marie a remis toute sa vie entre les mains du Père.

"Voici la servante du Seigneur"

C'était à la fois un don et une offrande, mais aussi une décision du cœur de Marie ; cette parole annonçait un avenir plein de mystère où une grande humilité confiante sera nécessaire face à toutes les épreuves que Marie et Joseph devront traverser !

"Qu'il me soit fait selon ta parole", ajoute Marie ; et par là, elle se voue tout entière à la volonté de Dieu, sans savoir d'avance par quels chemins Dieu la fera passer ni par quelle nouveauté. 

Bien souvent, nous cherchons à savoir, lorsque nous envisageons d’accepter de donner notre vie au projet de Dieu, quelles en seront les conditions : comment ? Pourquoi ? Dans combien de temps ? Par quels chemins ? 

Or, Marie dit « oui » à tout, sans savoir d’avance par quels chemins Dieu la conduira !

Sitôt l’ange parti après l’annonce de cette double maternité (la sienne et celle de sa parente), Marie, littéralement « bondit » à la rencontre de sa cousine Élisabeth, elle qu’on appelait la femme stérile! 

Nous assistons alors à une rencontre mémorable ; dans la maison de Zacharie, les deux femmes se saluent sur le seuil de la Nouvelle Alliance : l'une est vieillissante, avancée en âge, l'autre est encore toute jeune, toute fraiche; mais à elles deux, elles résument toute l'histoire sainte. Derrière Élisabeth, toute ridée, se profilent de longs siècles de préparation, et Marie, rayonnante et légère, sans tache ni ride, annonce l'Église de Jésus.

Elles ont en commun à la fois leur espérance et leur maternité, mais surtout le fait que leur maternité les engage tout entière dans le plan de Dieu ! Leurs deux enfants sont des enfants de l'impossible : Élisabeth était stérile, et Marie avait décidé de rester vierge.

Toutes deux témoignent dans leur chair que rien n'est impossible à Dieu; les deux bébés qu'elles portent redisent cela ! L'un, par miracle, est le fils de Zacharie, l'autre, par miracle, est le propre Fils de Dieu. 

Cette rencontre donne lieu à un tressaillement d’allégresse de l’enfant d'Élisabeth, puis la voilà toute remplie de l’Esprit Saint qui va dire cette salutation extraordinaire : "Bienheureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur !" 

Là où est Marie, là où nous rencontrons Marie, là est aussi l'Esprit Saint ! 

C'est la béatitude de tous ceux qui ont bâti leur vie sur la promesse de Dieu.

Tout s'accomplira selon la promesse : le Christ est venu, Il vient, et Il viendra. Il est venu dans l'humilité, il vient dans l'intimité et dans cette Eucharistie.

Si nous sommes, ce matin, dans l’obscurité de cette église saint Louis, c’est pour réaffirmer notre espérance et notre attente du nouveau Jour. Si nous sommes dans le noir, c’est que, peut-être, nous ne comprenons pas tout, nous ne percevons pas tout ! 

Croyons que Dieu fait de nous des veilleurs dans un monde parfois ténébreux. 

Frères et sœurs, nous savons que la lumière du monde, c’est le Christ !

                                                                                                                                    Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 20 décembre 2020, 4e dimanche de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 1, 26-38. 2e livre de Samuel 7, 1-5.8b-12.14a.16. Psaume 88.

Deuxième lettre de saint Pierre aux Romains 16, 25-27.

 

 

  En ce 4e dimanche de l’Avent, nous sommes déjà à quelques jours de la naissance du Messie. Il me semble que ce temps de l’Avent est passé à une vitesse incroyable, ne le trouvez-vous pas ? Notre cœur est-il prêt à accueillir vraiment le Messie ? Je le perçois comme vous, il est vrai que le contexte sanitaire nous bouleverse…

L’évangile de ce jour veut nous inviter à rejoindre Marie à quelques heures de la naissance du Messie. Sans doute avez-vous déjà préparé une belle crèche ? Dans ma crèche, j’ai un petit santon qui représente Marie ; mais c’est Marie de l’Avent, avec un ventre déjà bien rond. Bientôt, elle va mettre au monde l’Enfant Jésus. C’est elle, plus précisément, que l’évangile nous permet de rejoindre.

  Marie et Joseph sont donc en route, pour une longue marche vers le village de Bethléem pour ce recensement de toute la terre, demandé par l’empereur romain, Auguste ! Fatigue de la route, chaleur du jour, froid de la nuit, une certaine insécurité… Sur ce chemin difficile, Marie et Joseph avancent comme le font de nos jours d’autres familles que nous connaissons pour lesquelles le chemin peut être rude à certains moments.

  Cette marche est longue, à pied, aidé sans doute, par un âne. Le bébé, en Marie, est de plus en plus vigoureux. Elle ne connaît pas encore son visage. Elle a hâte du premier face-à-face, hâte de le voir, hâte de l'appeler Jésus pour la première fois et de le voir sourire en entendant la voix de sa maman. Mais elle a hâte surtout de donner au monde ce Fils que Dieu lui a confié.

  Et pour nourrir son attente dans cette longue marche de Nazareth à Bethléem, Marie fait mémoire de son histoire avec le Fils de Dieu : presque neuf mois déjà où elle a été tout pour lui parce que déjà, il était tout pour elle ! Huit mois durant lesquels elle a gardé dans son cœur les paroles si mystérieuses de l’Ange et chaque jour, elle redit son « OUI » confiant à Dieu !

  Comment vit-elle tout cela ? Il est bien difficile de le savoir vraiment ! Tant d’événements ont eu lieu depuis la visite de l’ange et Gabriel l’a quitté sans indications précises ! Sitôt l’ange parti, elle a très vite bondi chez sa cousine pour une visite à Élisabeth ! C’est elle qui lui a confié qu’elle portait en son sein un enfant ! Marie est restée six mois avec elle, nous dit l’évangile. Et puis, il y a eu la tristesse de Joseph en voyant sa fiancée enceinte à son retour (que penser ?) et puis encore, son acceptation du Plan de Dieu grâce au songe ! Voilà ensuite que Marie est obligée de vivre une nouvelle précarité avec ce voyage à Bethléem… puisqu’arrivent les jours où elle doit enfanter… Marie fait mémoire !

    Certains pourraient penser que par son « OUI », tout allait devenir simple pour Marie, qu’un chemin facile, aisé allait se dérouler tranquillement devant elle !

 Non ! Nous le savons bien !

  Ni pour Marie ni pour chacun de nous, la vie ne saurait être un long fleuve tranquille ! En faisant mémoire de tous ces événements, Marie avance la Première en chemin !

Même si le message de Dieu la bouleverse parce que l'irruption de son amour est toujours bouleversante, elle poursuit sa route…

  • Même si ce chemin vers Bethléem est éprouvant, 
  • Même si la naissance du Sauveur sera vécue dans la précarité d’une étable, 
  • Même si la folie du Roi Hérode obligera la Sainte Famille à la fuite en Égypte,
  • Même si de nombreux événements de la vie de Jésus vont bouleverser son cœur…

   Quand Dieu appelle, il ne triche pas avec nous ! Il ne nous dit pas que le chrétien aura une vie facile, qu’il ne sera pas affecté par des difficultés de toutes sortes ! Dieu nous assure simplement qu’Il sera là dans tous les moments de notre vie : les bons comme pour les moins bons !

Ce que nous savons, c’est qu’il a un projet de vie pour chacun de nous et le Ciel en est le but ! Certes, il est vrai que les chemins que nous prenons pour y arriver ne sont pas toujours les plus faciles, mais, in fine, c’est bien là que Dieu nous attend ! 

Marie poursuit sa route, elle fait mémoire. Marie n’est pas naïve ! Elle sait les aléas de la vie et pressent que sa disponibilité à Dieu demandera à certains moments du courage ! Pour relater cette recherche, son étonnement, son discernement, plusieurs fois les évangiles l’exprimeront avec délicatesse, en une phrase : « Marie méditait tout cela dans son cœur », dans la force de l’Esprit Saint ! Marie ne comprend pas tout, mais elle fait confiance en tout !

Sa réponse est là ! Elle n’a pas changé ! « Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole ».

Marie n'a pas d'autre projet que de laisser faire Dieu et de trouver grâce auprès de Lui.

Marie, par son « OUI », est la première des rachetés. Comme nous, elle doit tout à la miséricorde de Dieu. Toute la beauté de Marie, toute sa jeunesse d'âme, toute sa noblesse de cœur, toute sa grandeur de servante lui viennent de la Résurrection qui est dans le Christ Jésus (Rm 3,24). 

Et dans un paradoxe surprenant, Sa Sainteté est le premier fruit de la mort rédemptrice de son Fils.

Chers frères et sœurs, méditons sur ces mystères des merveilles de Dieu que nous chantons ce matin avec l'ÉgliseCette Annonciation est déjà l'aurore d'un monde renouvelé, « l'aurore avant le jour du Christ » !

Ce temps de la Nativité que nous allons vivre dans quelques jours est une lumière d'espérance qui, d'avance, traverse l'opacité de notre mondeC'est la certitude que Dieu travaille toujours à faire toutes choses nouvelles, quelles que soient les difficultés que nous connaissons actuellement (difficultés dues à la pandémie, difficultés dans nos familles, dans notre cœur, notre travail…)

La nouveauté qui vient du cœur de Dieu, est toujours une invitation pressante où notre liberté doit s’exercer ! 

Comme pour Marie, par son « FIAT » nous sommes invités à entrer dans un projet qui nous dépasse : un projet de Salut ! Nous le savons : nous ne comprenons pas tout, nous ne savons pas tout ! Celui qui sait, Celui qui nous guide : c’est le Christ !

Que ce soit à Nazareth, à Bethléem ou ici au centre-ville de Grenoble, aujourd’hui et même en ce temps de Covid, dans notre vie et dans nos familles, il nous faut réentendre, déjà pour nous-mêmes, que : « Rien n’est impossible à Dieu » !                                                

En ce quatrième dimanche de l’Avent, il nous reste quelques jours encore pour avancer et préparer véritablement notre cœur, pour le désencombrer de toutes choses inutiles (les cadeaux, l’angoisse, la peur, la solitude…), prier face à la crèche, face à la naissance de Celui qui vient nous sauver ! 

Voilà la Bonne Nouvelle que nous entendons aujourd’hui !

Marie, par son “oui“ nous y invite !      

     Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 16 décembre 2020, 2e semaine du temps de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 7,18b-23. Psaume 84. Livre du prophète Isaïe 45,6b-8.18-21b-25.

 

L’évangile que nous venons d’entendre est important ! Il met le doigt sur notre perplexité, nos interrogations dans notre rapport à Dieu ! 

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » 

Peut-être vous êtes-vous déjà posé cette question ? Est-ce que Jésus est bien le Sauveur ? Si c’est exact, comment peut-Il permettre ce que nous vivons ? 

 Dans cette église Saint-Louis, en plein centre-ville, beaucoup de personnes entrent, durant la journée, elles passent… Ce ne sont pas forcément des personnes chrétiennes, mais elles sont en recherche, perplexes en essayant de comprendre le monde dans lequel nous vivons. En ces temps bouleversés, ces interrogations expriment une inquiétude que l’on peut comprendre.

Elles rejoignent, à quelques siècles de distance aussi, celle de Jean le Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Le Précurseur est-il pris d’un doute, lui qui pourtant avait vu « l’Esprit descendre sur Jésus et demeurer sur lui » (Jn 1, 33) ? C’est ce que nous pourrions supposer dans une lecture trop rapide ! Ou bien, ne souhaite-t-il pas que ses disciples, déconcertés par le comportement de celui que leur Maître leur désigne comme le Messie, se rendent compte par eux-mêmes de son identité !

Il est vrai que Jésus ne correspond en rien à l’image que les disciples s’étaient faite de lui : où est-il donc ce « plus puissant » (plus puissant que Jean) qui « baptiserait dans l’Esprit Saint et le feu », qui exercerait le jugement et séparerait le grain de la paille, amassant la récolte dans son grenier et brûlant la balle au « feu qui ne s’éteint pas » (Lc 3, 16-17) ? 

Voilà que, tout au contraire, Jésus s’intéresse aux malheureux, prend du temps avec les malades, s’adresse à la foule des petites gens qu’Il déclare bienheureux. Qu’est-ce que cela veut dire ? 

Que peut-il bien attendre de ces marginaux, de ces hors-la-loi de Dieu ? Sans compter qu’en mangeant avec les publicains et les pécheurs, Il se met à dos les chefs religieux qui auraient dû être des alliés dans la grande réforme qu’Il est supposé instaurer. 

Pour les disciples de Jean, cette question demeure : Est-il Celui qui doit venir ?

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

L’expérience que vont faire ces disciples en voyant Jésus œuvrer, a dû, sans doute, provoquer un bouleversement intérieurement : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée !

Quel est le sens de ces signes ? Pourquoi, le Messie, reste-t-Il ainsi dans la pénombre avec les pauvres, errant de village en village, dormant à la belle étoile et se nourrissant de ce qu’on lui offre ? 

Pourquoi favorise-t-Il de miracles et de prodiges des personnes sans aucun « poids » religieux ou politique ? 

Avant de nous scandaliser de l’attitude des disciples du Baptiste, demandons-nous si cette question lancinante ne nous a pas traversés nous-mêmes, tant il est vrai que le Dieu que nous révèle Jésus-Christ ne correspond pas - ou si peu - à la représentation que nous nous étions faite du Tout-Puissant ! 

Pour beaucoup de personnes autour de nous, Noël reste une énigme, voire un scandale ! Dieu (avec toute sa force) se présente à nous en étant un enfant ! Allons, soyons sérieux ! C’est impossible !

Pourtant ! Dieu, dans la petitesse de l’Enfant de la crèche, vient jusqu’à nous en prenant notre condition humaine. Est-ce pour ne pas nous effrayer ? Nous redire que tout est possible ? Oui ! La logique de Dieu peut nous échapper, mais elle nous dit déjà sa pédagogie !

Tel est notre Dieu, et il n’en est pas d’autre. Il est Celui qui nous sauve !

Frères et sœurs, demandons, en ce temps de l’Avent, de nous laisser pétrir par ce mystère et de continuer à avancer dans la confiance, même si nous ne saisissons pas tout ! 

Demandons-Lui la grâce de garder un cœur ouvert et disponible pour accueillir sa présence !

                                                                                                                     Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 14 décembre 2020, 3e semaine du temps de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 21,23-27. Psaume 24. Livre des Nombres 24,2-7.15-17ab.

Messe de Rorate.

 

Hier, nous avons été invités à vivre, d’une façon simple et intense, le Dimanche de la Joie. Quel que soit l’état de notre cœur, la joie que Jésus nous donne est bien réelle !

 Mais après la joie de ce dimanche, la polémique contre Jésus continue !         

Nous sommes dans l’évangile de saint Matthieu, au chapitre 21e. Que se passe-t-il ? Jésus est dans le Temple de Jérusalem et Il enseigne ! Enseigner ? Sans doute savez-vous que seuls quelques Rabbis sont autorisés à enseigner dans le Temple. Ce sont eux qui ont le privilège de transmettre, d'instruire le peuple ! Cependant, Jésus enseigne.

« Les grands prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent de lui et demandèrent : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? »

Littéralement, et nous entendons bien les questions qui sont sous-entendues : « Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Quelle est ton origine ? »

Jésus répond, à son habitude, par une contre-question ! En fait, Il demande simplement à ses détracteurs (aux grands prêtres et aux anciens) qu’ils se déterminent en vérité sur leur foi !

Les grands prêtres et les anciens du peuple, comme beaucoup de chrétiens aujourd’hui, essayent d’esquiver cette question embarrassante, car elle révèle une sorte d’ambiguïté dans leur vie de foi. 

       Nous entendons chez eux, comme aussi peut-être chez certaines personnes que nous connaissons, comme une division intérieure. Il m’arrive assez souvent, lors d’un repas ou d’une rencontre, de demander directement à une personne baptisée : « Crois-tu que Jésus vient nous sauver ? », ou encore, à l’approche de ces fêtes : « Quel sens donnes-tu à Noël ? Quel est le cadeau que Jésus veut te faire ? » J’ai souvent cette réponse un peu alambiquée : « Oui, je le crois. » Mais aussi souvent : « Plutôt un oui, mais… ! » Bref, la réponse que j’entends régulièrement dit l’inverse et son contraire : « Oui, je suis baptisé. Oui, je suis croyant, mais non-pratiquant ! » 

Aujourd'hui, encore, pour certains croyants, je constate des réflexes de fermeture ou des allergies plus ou moins conscientes qui les empêchent d'accueillir en vérité le message de vie de Jésus ! Pour d’autres, des contradicteurs de tous bords (des responsables politiques, des agnostiques, athées, idéologues, et bien d’autres…) voudraient faire taire volontairement le Christ, étouffer sa Parole, accuser l’Église de biens des maux et ridiculiser les chrétiens…

Et nous qui sommes croyants, comment est-ce que nous nous déterminons vis-à-vis de Jésus ? Je suis souvent impressionné par l'ampleur des actions qui montre un combat qui dépasse notre condition humaine et qui met en évidence le déchaînement des forces du Mal contre notre Seigneur !

Littéralement, ce qui s’est passé il y a deux mille ans, le combat contre Satan, contre le Mal, continue encore aujourd’hui ! Cependant, nous croyons que le Christ est vainqueur, et si nous en sommes vraiment persuadés, rien ne peut nous toucher ! 

Alors, à mon niveau que puis-je faire ? Peut-être déjà, affirmer ma fidélité au Christ comme nous le faisons ce matin en venant à l’eucharistie, en témoignant de ma foi, en me mettant au service ! Parfois, il suffit de peu de choses, un sourire, une main tendue…

Ma vie témoigne-t-elle clairement de ma conviction que Jésus est descendu du Ciel, qu’il est le Fils de Dieu, que le plus grand cadeau que je puisse recevoir à Noël, c’est : sa vie, sa présence concrète dans ma vie ? Qu’il nous montre le chemin vers le Ciel, vers son Père et notre Père et, qu’ensemble, en communauté, nous pouvons rester ferme dans la foi et la prière…

Frères et sœurs, que cet Avent soit pour nous l'occasion d'un sursaut d’espérance, d'un surcroît de confiance, en vérité. Approchons-nous de Lui encore plus, puisqu'Il veut nous enseigner, nous faire comprendre qui Il est. Plus encore, Il veut nous nourrir par son Eucharistie !

Demandons-lui la grâce de vraiment nous préparer à Noël : « Parle-nous encore, Seigneur, avec l'autorité du Père, toi qui as les Paroles de la Vie éternelle ! »

Fais-nous attendre et hâter par la foi le jour de Ta présence, le jour de Ta gloire.

Demandons cela pour chacun de nous, personnellement, en famille, en communauté, en paroisse et pour le monde, en vérité !                                          

                               Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 13 décembre 2020, 3e  dimanche de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon Saint-Jean 1, 6-8.19-28 Livre du prophète Isaïe 61, 1-2a.10-11.

Cantique (Luc 1).

Deuxième lettre de saint Pierre aux Thessaloniciens 5, 16-24. 

Dimanche de Gaudete.

 

Chers amis, en étant attentifs aux différentes lectures de la liturgie de ce dimanche, vous avez, sans doute, pu vous apercevoir qu’elle est parcourue par un fil d’or : celui de la JOIE

Ce fil d’or est un fil ténu, mais bien réel ; il éclaire, à qui sait le découvrir, d'un discret éclat les nuits sombres de notre existence. Nous allons essayer ensemble de le repérer.

Une précision importante s’impose cependant ! La joie ne provient pas d’abord du pouvoir d’achat. Je sais bien que nous le savons tous, et que c’est une évidence… De nombreux témoignages montrent qu’elle ne se rencontre guère dans les pays parvenus à un haut niveau de vie et parmi les populations aisées. Ce serait même l'inverse que nous constatons si nous avons eu l’occasion de parcourir le monde et de rencontrer différents peuples : des pauvres (selon nos critères) rayonnent de joie alors que beaucoup d'autres, richement comblés, ne la trouvent pas. C’est juste un constat !

Quelle est donc cette joie ? Laissons le prophète Isaïe, Jean-Baptiste, Paul et la Vierge Marie nous l’apprendre.

Selon l'opinion courante, la joie serait le sentiment d'être rassasié, d'être en possession de ce que l'on convoitait, d’être encensé… Dès lors qu’on peut se procurer et jouir de ce que l’on ambitionne, nous ressentons du plaisir. Mais, nous l’avons déjà tous remarqué, ce plaisir est souvent éphémère et, passé le moment de plaisir, reste comme un vide en nous-mêmes qui nous laisse foncièrement insatisfaits. Là, ne réside pas la joie ! 

Je vous donne un exemple personnel, mais que beaucoup d’entre vous ont dû vivre. J’ai un cadeau à choisir : je réfléchis aux goûts, à la personnalité de la personne qui va le recevoir et je me mets en quête de ce présent. Il y a une vraie satisfaction à rechercher, à décider quel sera le cadeau et j’éprouve le plaisir par anticipation de trouver le bon cadeau à offrir, à imaginer le regard brillant de celui qui va le recevoir : excitation intense de ce moment ! Sitôt le cadeau offert, un vide s’installe, nous passons vite à autre chose. Pour entretenir cette joie, nous réfléchissons au prochain cadeau qui ferait plaisir… Nous surfons sur quelque chose qui, de fait, reste illusoire.

Quelle est donc vraiment cette joie ? Au fond de chacun de nous, il y a une joie véritable à laquelle nous aspirons, toute notre vie ! La joie véritable vient de la rencontre de l’Autre, (c’est-à-dire de Dieu, de Celui qui notre Créateur, de Celui qui nous a créés par amour) et à travers les autres. En reprenant les trois lectures que nous avons entendues, cette « Joie » est introduite ainsi : 

-        Elle pétille dans la « nuptialité » nous dit Isaïe lorsque cet Autre « m'a enveloppé du manteau de l'innocence, il m'a fait revêtir les vêtements du salut, comme un jeune époux se pare du diadème, comme une mariée met ses bijoux » (1re lecture). 

-        Elle éclate en chant et en danse dans le Magnificat de Marie, dans le psaume : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s'est penché sur son humble servante ! »

-        Elle est le fruit de la rencontre de Dieu dans la prière, ajoute saint Paul : « Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c'est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus » (2e lecture).

Jean-Baptiste, dans l’évangile, est le prophète qui se tient en marge du système de consommation et d’un paraître : vêtement en poils de chameau, quelques sauterelles grillées en alimentation. Il puise sa joie ailleurs que dans ce qui nous complique souvent l'existence. Il se présente d’une façon simple, comme une voix qui crie dans le désert. 

C’est ainsi que Jean prête sa voix à Dieuil en est le “résonateur“, et sa voix dit une joie intime : Dieu vient visiter son peuple ! Jean est dans la plénitude d’une vie totalement libre et totalement habitée par le Sauveur.

Sa joie est de dire que le Messie est déjà présent, qu’Il est l’Envoyé du Père. Jean insiste : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. » Jean s’efface complètement ! Sa joie est d’être simplement tout à Lui ! 

Sa rencontre du Messie est une indication précieuse de la Vraie Joie ! Elle est dans cet échange d’un Amour reçu et donné ! Elle est aussi particulièrement dans le don de soi et le service accompli ! Plus encore, l’invitation est d’entrer dans la joie même de Dieu ! Bien souvent, c’est dans la relecture paisible de toutes mes années d’existence, même dans les moments douloureux, que ces « joies » tracent un fil d’or ! Par exemple : j’ai aussi l’intuition de cette joie intérieure au moment même où Jésus dira du haut de la Croix « Tout est accompli » !

C’est cette audace qui anime la joie de Jean le Baptiste ! Ce n’est pas celle d'une possession illusoire, mais celle de tout recevoir de l’amour de Dieu. C’est cette joie qui surgit en nous lorsque nous tendons l'oreille de notre cœur à la voix du Christ. C’est également la joie de la rencontre du Dieu vivant, dans la prière qui se prolonge dans une vraie relation aux autres. C’est ce que nous essayons de vivre du mieux dans nos communautés paroissiales.

Chers frères et sœurs, nous ne sommes pas naïfs et nous connaissons bien le contexte actuel, combien ce temps est pesant, difficile ; nous ne comprenons pas tout, nous sommes bridés dans nos libertés sans savoir vraiment où nous allons… 

Nous ne pourrons pas entrer dans la joie de Noël sans passer par une certaine expérience de pauvreté et même de renoncement, à l'école de Jean le Baptiste.

À Bethléem, Dieu arrive comme un pauvre et il nous faut un cœur de pauvre pour nous réjouir avec Marie, Joseph et les bergers. Nous cherchions peut-être Dieu dans la santé, la réussite professionnelle, l’amitié ou le bonheur de vivre : bien sûr, heureusement, Il est dans tout cela ! Jésus Sauveur est toujours présent ! Soyons-en assurés !

De même, il est toujours présent en nous soutenant, particulièrement, au sein de toutes sortes d’épreuves que nous traversons (maladie, précarité, situations familiales difficiles…), Jésus Sauveur, est là, proche de chacun ! Plus mystérieusement, Il demeure la source de la seule joie que personne ne pourra nous ravir, celle du Magnificat des pauvres, celle de cet émouvant Jean Baptiste heureux de n’être que le témoin de la lumière. 

Alors, que vivrons-nous à Noël ?

Comme beaucoup d’entre nous, j’ai lu dans la presse, après l’annonce de Premier ministre qui annonçait un certain déconfinement : « On a sauvé Noël ! »

Ne nous trompons pas ! Chers frères et sœurs, c’est plutôt Noël qui vient nous sauver dans la venue du Seigneur !

Tel est le fil d’or que je portais dans ma prière ces derniers jours, et que je vous souhaite de découvrir et de voir traverser la trame de nos vies !

Puissions-nous, toujours en ce temps de l’Avent, entrer plus profondément dans cette joie que Dieu nous propose !

                                                                                                                             Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 9 décembre 2020, 2e semaine du temps de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 11, 28-30. Psaume 102. Livre du prophète Isaïe 40, 25-31.

 

Voici l’invitation surprenante que nous recevons ce matin !

     « Venez à moi, prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples… »

Pourquoi Jésus parle-t-il de joug ? Que signifie prendre le joug de Jésus ?

Ce sont des questions pour nous pouvons nous poser.

Si l’on y regarde de plus près, un joug n’est pas forcément un fardeau à proprement parler. Effectivement, c’est un poids, parfois lourd, mais dont la fonction est aussi une aide !

Physiquement qu’est-ce qu’un joug ? Sans doute avez-vous à l’esprit cet exemple : le joug est une barre de bois posée sur le dos des bêtes attelées afin qu’elle les aide à tirer plus facilement leur charge. C’est bien là son but ! Être ensemble ou à deux au moins, pour œuvrer et avancer !

Le joug est donc une réalité, mais aussi un moyen !

Je vous propose un autre exemple, pour mieux comprendre ce que certains peuvent éprouver dans les études : 

Il est des maîtres d'école ou des professeurs qui savent, par leur douceur, leur pédagogie, faire aimer les mathématiques ou le grec… là où d'autres, au contraire, par leur aigreur, leur intransigeance, les font détester. Le poids du joug n'est pas dans le joug, il est dans l'attitude du maître qui nous le propose. Rappelez-vous l’école, il y a quelques années où les cours que nous avons reçus pouvaient être un poids pour certains écoliers ; le joug des études !

- Un maître doux et humble ne peut que proposer un joug doux et humble, et ce joug sera simplement celui de devenir disciple, un joug facile à porter, car le maître souhaite, avant tout, que son disciple devienne peu à peu son égal. 

- Alors qu’un maître dur et orgueilleux ne pourra proposer, lui, que le joug de l'esclavage.

Autrement dit : en nous proposant, SON JOUG, en étant côte à côte avec Lui, Jésus, doux et humble, nous offre de l’aide pour porter le poids de la charge et avancer dans l’annonce de la Bonne Nouvelle ! Dans tous les cas, ce joug est prévu pour être porté à deux : Jésus et moi ! 

Mais là, Jésus apporte une précision pour aller plus loin ! Il dit : « mon joug » ! C’est bien SON joug qu’il nous invite à porter un peu avec Lui ! Il est celui qui y est attelé en premier et Il nous propose la place à son côté, près de Lui. Les fermiers le savent : lorsque deux bêtes reliées par un joug tirent une charge, il y en a toujours une, plus forte, plus audacieuse, plus robuste, qui marche légèrement en avant de l’autre. Jésus est bien celui qui est le plus déterminé, le plus robuste et le plus audacieux !

Il nous appartient donc d’aider, à notre façon, avec nos propres forces, Jésus à porter son joug. N’oubliez pas et c’est la finale de la première lecture du prophète Isaïe : « Tous ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des aigles d’aigle, ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer.» 

C’est précisément ce que fait Jésus avec chacun d’entre nous, si nous acceptons de devenir ses disciples, en mettant notre confiance en Lui ! Frères et sœurs, soyons prêts à répondre dans la joie à cette invitation et demandons à Jésus la force de répondre !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 7 décembre 2020, 2e semaine du temps de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 5, 17-26. Psaume 84. Livre du prophète Isaïe 35, 1-10.

Messe de Rorate.

 

Nous connaissons bien ce récit de la guérison d’un homme dans un brancard que ses compagnons font passer par le toit pour qu’il voit Jésus. Nous pouvons parfaitement bien imaginer la scène : Jésus est en train d’enseigner à une foule nombreuse, puis ces quatre hommes qui portent sur une civière, un homme paralysé… L’audace de ces porteurs et ensuite la force du pardon de Dieu et les péchés qui sont remis.

Je souhaite, ce matin, m’arrêter sur un petit point, mais si important ! Je veux parler de quelque chose qui nous arrive assez régulièrement.

Que se passe-t-il ? Les quatre hommes sont arrêtés par une foule nombreuse ; impossible de passer ! Obstacle, difficulté contrariante, porte qui se ferme : j’aimerais bien avancer vers Jésus, mais je ne le peux pas, la foule m’empêche de passer et de plus des murs se dressent tout autour de moi…! Bref : j’ai un problème…

 De fait, un obstacle me bloque ! C’est un constat ! Comment faire ? Je ne peux pas avancer !

Cette situation de blocage nous arrive assez souvent dans notre vie.

- De fait, il y a des obstacles qui sont des causes extérieures, parfois imprévisibles, des situations pour lesquelles je ne peux rien, si ce n’est (quand c’est possible) d’essayer de les contourner, d’être imaginatif. C’est ce que font les porteurs qui décident de passer par un autre chemin, pourtant difficile ! Ils sont très ingénieux ! Ils grimpent sur le toit, déplacent quelques tuiles et font descendre, on ne sait trop comment, le brancard juste devant Jésus. 

Nous connaissons l’adage : « une porte se ferme, une fenêtre s’ouvre ! » C’est une phrase que nous pourrions mettre en application, charge à nous de trouver des personnes ingénieuses pour nous aider.

- Mais il arrive que ces obstacles soient propres à nous-mêmes ! C’est nous-mêmes qui mettons des limites ! Le chemin est libre, possible, peut-être un peu ardu, mais c’est moi-même qui me bloque. C’est nous qui nous arrêtons… nous qui baissons les bras !

Là, se trouve un vrai combat, un combat spirituel.

Le Seigneur veut pourtant me consoler (comme nous l’a dit, hier, le prophète Isaïe, dans la première lecture), mais je me heurte à des difficultés qui m’enferment sur moi-même : difficultés matérielles, financières, des situations de solitude, de fermetures aux autres, de découragement… Là aussi, vous n’imaginez pas le grand nombre de fois où j’entends : « Mon père, je suis nul, je ne vaux rien. » Quelle erreur ; nous avons tous une immense valeur : personne ne peut être nul ! Ne nous décourageons jamais !

Comment écarter ces obstacles pour nous ouvrir à la consolation que le Seigneur veut nous donner ?

Il nous faut nous dépouiller, sans doute, être aidés pour quitter nos peurs, quitter nos égoïsmes, quitter ces sentiments qui obstruent notre fort interne : l’amertume, les plaintes, les blessures … pour que cette consolation que Dieu veut donner puisse advenir. Peut-être pouvons-nous prendre le temps d’un examen de conscience : comment est mon cœur ? Pourquoi ai-je, en moi, quelques amertumes ? Pourquoi suis-je triste ? Suis-je tourné vers la louange ou vers la plainte ? Suis-je capable d’aider les autres ? Est-ce que j’ose demander de l’aide ? Et puis, depuis combien de temps est-ce que je ne me suis pas confessé ? N’y aurait-il pas quelque chose qui viendrait encombrer mon cœur : un poids, une blessure, une offense ?

Nous l’entendons dans l’évangile d’aujourd’hui : le Seigneur donne son pardon, Il remet les péchés.

Il faut à ce moment-là  un vrai « courage » ! Oser demander au Seigneur la grâce du courage parce que, dans le courage, déjà, Il vient lui-même nous consoler. 

Ce courage peut venir du dedans de nous, mais parfois aussi il peut être insufflé par des amis, des paroissiens, des frères et des sœurs en Christ.

     Je sais que ce n’est pas toujours simple, pas toujours facile de se laisser consoler, d’accepter de montrer une faiblesse ! Pour beaucoup, il est plus facile de consoler les autres que de se laisser consoler. Ne restons pas abattus ! Ne restons pas seuls sur notre propre brancard, comme le paralysé de l’Évangile, isolé, là-bas, sans capacité de se lever. 

Il me faut entendre : “Lève-toi” !

 C’est la Parole de vie de Jésus, celle que le Seigneur veut donner à chacun de nous, cette Parole qui retentit même au-delà de la mort : “Lève-toi !” ».

Ne l’oublions pas : même la mort n’est pas un obstacle.

Quand le Seigneur nous dira : “Lève-toi !”, ce sera le temps de la Résurrection, pour chacun de nous.

Voilà ce que nous pouvons retenir ce matin : parole de consolation, parole d’espérance !

Nous, qui sommes dans l’obscurité de cette église, n’oublions pas que le soleil qui se lève, c’est le Christ Lui-même, notre lumière !         

                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 6 décembre 2020, 2e  dimanche de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 1, 1-8. Livre du prophète Isaïe 40, 1-5.9-11. Psaume 84. 

Deuxième lettre de saint Pierre aux Corinthiens 3, 8-14.

 

Frères et sœurs, chers amis,

           Déjà dimanche dernier, pour reprendre la parole du prophète Isaïe qui l’affirme, nous avons été consolés par notre Seigneur, nous avons pu vivre ensemble l’eucharistie, prier ensemble ! « Consoler, consoler mon peuple… » dit Isaïe. Je ne le sais pas pour vous, mais après ce long confinement, j’éprouvais un grand désir de retrouver, à nouveau, notre fraternité et de vivre enfin l’Eucharistie en communauté paroissiale. C’est pour moi une grande joie et une belle consolation ! Dimanche dernier, l’invitation des lectures était claire : 

Être des veilleurs ! Car nous attendons, selon la promesse du Seigneur,
un ciel nouveau et une terre nouvelle ! (Lettre de Saint-Pierre)

Pour cela : ne nous laissons pas voler la joie de Noël !

 

Aujourd’hui, 2e dimanche de l’Avent, Jean le Baptiste nous pose une question essentielle : 

Comment préparons-nous la venue du Seigneur ?

Comment préparons-nous notre cœur à accueillir d’une façon renouvelée,

 la venue du Seigneur dans notre vie ?

Cette question est pertinente, car l’actualité sanitaire nous oblige, malgré nous, à vivre ce temps de l’Avent et Noël, autrement ! Comme vous, je constate que nos repères et nos habitudes sont bousculés !

            Alors, comment répondre à l’invitation de Jean ? 

Relisons les textes…

            Dans la première lecture du prophète Isaïe, nous entendons : « Tracez droit dans les terres arides une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine, et les sommets en large vallée ! »

       De fait, et nous le ressentons bien, c’est une image qui nous est proposée. Pour illustrer ce texte, nous avons ici comme une photo de l’intérieur du cœur de l’homme, plus exactement, un instantané de nos chemins de vie !

Que voyons-nous ? 

  • En vérité, nous pouvons y voir des chemins pas toujours droits, des lieux parfois abîmés par la vie, par des blessures, par notre histoire… des inégalités de terrains liés à notre personnalité, des creux, des précipices !
  • Les ravins sont nos occasions de chute, nos situations de péchés, mais aussi des lieux dominants, des points forts. Des moments de joie, mais aussi des moments sombres et difficiles ! 
  • Les montagnes, les collines sont les lieux habités par nos appétits de pouvoir, de puissance, de domination, d’orgueil… qui peuvent nous éloigner de l’autre et même nous isoler ; et nous nous sentons seuls…

Toutes ces situations anciennes ou actuelles qui marquent mon existence, les bouleversements de ces derniers mois, peuvent rendre difficile, où comme bloquer, l’accueil du Sauveur en nous ! Je constate qu’il n’est pas rare, dans l’église, durant la journée et au long des rencontres et discussions, d’entendre des personnes qui ont le cœur lourd, chargé, morose, un cœur qui a du mal à se réjouir des fêtes à venir.

Alors, nous retrouvons cette question : comment nous préparer en vérité ? 

Une prise de conscience, un changement, une conversion est nécessaire ! Pour reprendre l’image du prophète Isaïe, il nous faut combler les creux et égaliser les “bosses chaotiques“ du terrain intérieur de notre âme, de notre intelligence, de notre affect, plus particulièrement parvenir à unifier notre vie et la pacifier…

Dans l’Évangile, saint Marc nous rappelle donc l’urgence d’une vraie conversion. Pour cela, il fait mention de deux baptêmes : il y a le baptême de Jean le Baptiste et l’annonce du baptême de Jésus.

Le baptême de Jean-Baptiste est un baptême d’eau. Saint Marc nous dit : « Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. » Tout d’abord, notons que Jean attire à lui une foule nombreuse en attente qui cherche à changer, à se convertir. Le baptême de Jean-Baptiste consiste donc à se reconnaître pécheurs et à confesser publiquement son péché, ses manquements. 

Ne croyons pas qu’il était plus simple hier de se reconnaître pécheurs ! Pour nous aussi, il est vrai qu’il faut du courage, un certain degré de vérité sur soi-même et de l’humilité, pour accepter de reconnaître son péché… Particulièrement aujourd’hui peut-être, où nous sommes dans une société individualiste où il est interdit d’interdire (souvenez-vous du slogan de mai 68) où, « chacun fait ce qu’il lui plait »(1982), en oubliant que celui qui est à côté de moi a besoin (et surement !) de moi…

       Reconnaître ses péchés ! De fait, notre liturgie catholique résiste à l’air du temps et nous invite avec réalisme, à réfléchir aux conséquences de nos actions : en parole, en pensée, par action et omission !

Nous vivons cette première étape au début chaque messe dans le rite pénitentiel, notamment à travers la prière du : « Je confesse à Dieu » et du chant du Kyrie. Seigneur, prends pitié ! Ô Christ, prends pitié ! À cet instant, nous nous reconnaissons publiquement pécheurs. Nous n’énumérons pas nos péchés, mais nous reconnaissons que nous avons besoin de la miséricorde de Dieu.

Mais, comme pour le baptême de Jean-Baptiste, tous les péchés ne sont pas remis (vous connaissez, je pense, la distinction entre les péchés véniels et ceux qui sont mortels). Au début de chaque eucharistie, nous sommes pardonnés des péchés véniels. C’est le baptême de Jésus qui accomplira le rite préparatoire du Précurseur ; lui-même le dit : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi. Moi je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Le baptême administré par Jésus sera un baptême dans l’Esprit Saint qui remettra tous les péchés. Cela est vrai, nous avons été baptisés, j’ai été baptisé, mais je reste libre, et comme le dit saint Paul, je suis capable du Bien comme du Mal ! Alors, se pose à nous une deuxième question par rapport à ma conversion : parce que mon péché demeure, est-ce que je suis disposé à recevoir le pardon sacramentel 

Cela veut dire en clair : est-ce que je me confesse régulièrement ?

           En cette deuxième semaine de l’Avent, la liturgie nous invite à regarder quels sont, dans notre vie, les pardons qui n’ont pas été demandés, ceux qui nous blessent ou ceux qui ont pu blesser l’autre. Depuis combien de temps n’avons-nous pas reçu le sacrement du pardon ? Je vous rappelle qu’il y aura des confessions avant Noël. Tout au long de la semaine, des prêtres sont disposés à vous écouter et à vous donner ce beau sacrement du pardon, afin que ce qui est compliqué ou douloureux dans notre vie soit apaisé, unifié par Dieu. Ne passons pas à côté de la libération, de la paix et de la consolation que Dieu veut nous offrir… pour retrouver une paix intérieure.

Ne nous laissons donc pas voler la joie de Noël par le virus et ses conséquences ! Mais ne nous volons pas, nous-mêmes, cette joie en gardant un cœur encombré par la tristesse et le péché ! Pour le virus, je ne sais trop que faire, mais je peux agir, déjà, pour retrouver la paix dans ma vie personnelle.

Frères et sœurs, soutenons-nous les uns les autres, dans notre propre conversion, pour témoigner, édifier notre paroisse, notre famille, donner à voir le visage du Christ et vivre ensemble, vraiment la joie de Noël ! 

C’est la grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous : puissions-nous accueillir la consolation et la miséricorde de Dieu !

                                                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 2 décembre 2020, 1re semaine du temps de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Matthieu 15, 29-37. Psaume 22. Livre du prophète Isaïe 25, 6-10a.

 

Nous entendons aujourd’hui, des textes qui sont réconfortants ; ils nous redisent le désir de Dieu de nous nourrir(Première lecture avec les festins fabuleux qu’Isaïe nous annonce), ou dans le psaume où le berger prend soin de chacune de ses brebis, ou encore dans l’évangile où nous imaginons de grandes foules qui accourent vers Jésus et Jésus qui est attentif à cette foule.

Quelle est cette foule diverse que Jésus rencontre ? … Boiteux, aveugles, estropiés, muets… mais sans doute aussi, celles et ceux qui les accompagnent… Bref, une vraie cour des Miracles ! Tous sont affamés, assoiffés, pas seulement de pain, pas seulement d’eau, mais aussi de la Parole et des gestes de consolation et de guérison de notre Seigneur.

Face à tous ces gens qui viennent à lui, Jésus sent monter en lui un sentiment de « pitié », plus exactement, le texte grec nous dit que Jésus est bouleversé intérieurement, remué jusqu’au plus profond de ses entrailles. Lorsque l’on sait qu’en hébreu « entrailles maternelles » et « miséricorde » ont la même racine, la conclusion s’impose : Jésus est bouleversé de voir cette foule !

Devant la souffrance de ces hommes et de ces femmes, douloureux héritage du péché des origines, Jésus est ému jusqu’aux entrailles. Il n’a qu’un seul désir : les sauver et les rétablir dans leur dignité de fils et de filles de Dieu. C’est le sens de toute sa vie et de sa venue sur cette terre ! C’est sa mission : rétablir chacun de nous dans la dignité de fils et de filles de Dieu, et ceci au-delà de toute maladie et de toute misère !

Autant que possible, Jésus va guérir ces hommes et ces femmes, de leurs maladies physiques et de leurs maladies psychologiques ; chasser les Démons. Mais cela ne lui suffit pas. Il veut aller plus loin : leur donner à manger.

De fait, nous n’avons pas le détail de ses enseignements ! Mais nous avons des indications très précises qui nous entrainent dans un contexte pascal : il y a le « lac » (Appel des disciples et l’annonce du Royaume), « la montagne à gravir » (les Béatitudes, la prière, le Golgotha) et puis la mention de ces « trois jours » (qui annoncent sa Pâques) !  

Ces trois jours évoqués par Jésus sont importants : ils nous redisent que nous sommes dans un contexte pascal : mort et résurrection. Ils traduisent qu'il ne s'agit pas simplement pour la foule de venir se faire guérir. Elle veut demeurer auprès du Christ, vivre de sa présence. Rester auprès du Christ est bien le désir des foules.  

Au bout de ces trois jours, le Christ leur donne le pain qui leur permettra de ne pas défaillir en chemin. C'est l'Eucharistie, pain de la route, Présence réelle du Christ, Corps du Christ, qui nous permet à nous aussi de ne pas défaillir en chemin et de rester dans la présence de Celui qui est source de toute guérison. Nous savons bien que le mois de confinement que nous venons de vivre, sans pouvoir nous nourrir du Corps du Christ, nous a fait défaillir. Nous avions faim de Lui !

Ayons donc à cœur de nous nourrir de l'Eucharistie, non seulement le dimanche, mais aussi en semaine, comme vous le faites aujourd’hui.

Je termine avec un dernier point ! Remarquons encore que le Seigneur part de ce que nous lui donnons : sept pains et quelques petits poissons, autrement dit, pas grand-chose de ce que nous possédons. Et nous ? Qu’avons-nous à proposer ? Que portons-nous dans notre besace ?

Et bien, même de ce pas grand-chose, ce peu que nous avons, le Seigneur veut en avoir besoin. Jésus veut avoir besoin de l’offrande de nos vies unie à sa propre offrande pour nous sauver et sauver le monde. Il veut nous associerd’une façon toute particulière au mystère de la Rédemption. Dit autrement : ce que nous vivons n’est pas magique, mais il faut que nous apportions un peu de nous-mêmes pour que le Seigneur puisse faire des miracles !

Frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous aider à donner tout ce que nous sommes pour qu’Il vienne transformer nos vies !                                                                    

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 30 novembre 2020, 1re semaine de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 4, 18-22. Psaume 18a. Lettre de saint Paul aux Romains 10, 9-18.

 

"Venez, suivez-moi", dit Jésus.

Jésus prononce ces mots deux fois en marchant au bord de la mer de Galilée. À ces invitations, quatre hommes le suivent, quatre hommes qui vivaient de la pêche. Quatre gaillards sans doute solides, professionnels et aussi des chercheurs de Dieu. 

Ne croyons pas que cet appel s’est arrêté au bord du lac de Galilée… non, l'appel de Jésus est toujours d’actualité et il nous concerne tous. Sans aucun doute, à un moment précis de notre existence, nous l’avons entendu ! Dans notre vie à tous et à toutes, Jésus est passé et il passe, en disant sans cesse : "Toi, viens, suis-moi!"

Que nous soyons célibataires, fiancés, mère ou père de famille, religieuse ou consacrés, artisan, employé ou moine, prêtre, l'évangile d'aujourd'hui fait retentir dans notre vie, et donc dans notre cœur, l'appel de Jésus. Ce n’est pas un appel anodin, mais plutôt un appel profond, un appel amoureux !

Essayons donc de comprendre, à partir de l'exemple des Apôtres, ce que le Maître attend de nous.

Premier Enseignement : il est clair, tout d'abord, que c'est bien Jésus qui appelle.

"Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, dira Jésus lors du dernier repas : mais c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez, vous, et que vous portiez du fruit" (Jn 15,26).

L’appel de Jésus est sobre, sans artifice ni effets spéciaux, sans séduction particulière ! Notons que ce n'est pas nous qui faisons cadeau à Dieu de notre vie. Ce n’est pas nous qui avons fait à Jésus l'honneur de le suivre, mais c’est Lui qui nous fait cadeau de Sa vie, en nous invitant à Le suivre ! C’est Lui qui nous a fait suffisamment confiance pour nous prendre à son service.

Quand Jésus appelle, il nous faut accepter certaines ruptures. C'est là un deuxième enseignement que nous suggère l'exemple des premiers Apôtres : ne dit-on pas que choisir, c’est renoncer !

À l’appel de Jésus, ils ont tout quitté, leurs filets, la barque, leur père dans la barque. Ils ont vécu là une rupture avec leur métier, avec leurs habitudes, leur gagne-pain et une certaine forme de sécurité. Ils ont dû accepter de lâcher l'avenir prévu, préparé (qui semblait tracé pour eux) et les filets apprêtés pour la pêche selon des techniques longuement éprouvées ; et cela pour suivre Jésus.

À travers les ruptures, c'est bien notre vie qui continue, c’est bien une réponse personnelle à donner à Jésus, en confiance ! Même si pour chacun, chacune d'entre nous l'appel de Jésus apporte un changement dans notre façon d’être ou de faire et qu’il demeure un mystère, il nous faut le découvrir et l’approfondir dans la prière. Le mystère des choix de Dieu reste bien souvent surprenant !

C'est le mystère des choix de Dieu, de Dieu qui est libre, profondément libre, divinement libre ! C’est Lui qui sait à la fois le bonheur qu'il nous offre et l’invitation qu'il nous propose.

Ce « Viens, suis-moi ! », fait de nous des appelés heureux, des baptisés qui fondent leur vie dans une amitié avec le Christ, bref des passionnés de Jésus Seigneur. Il est le lieu d’un vrai bonheur, d’une profonde joie ! 

Dans les jours qui viennent, en ce début de l’Avent, je vous propose de faire mémoire des petits et des grands appels reçus, de les redécouvrir et de réfléchir pour comprendre comment ou si nous y avons répondu. Soyons toujours dans l’Action de grâce, car Dieu n’a pas fini de nous surprendre et de nous appeler, sans se lasser.

Frères et sœurs, mettons-nous à la suite du Christ !

                                                                                                             Ainsi soit-il !

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Homélie du dimanche 29 novembre 2020, 1er dimanche de l’Avent, année B.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 13, 33-37. Livre du prophète 63,16b-17.19b ; 64,2b-7.

Psaume 79. Lettre de saint Paul aux Corinthiens 1, 3-9.

Frères et sœurs, nous ne sommes peut-être pas nombreux ce matin – environ la trentaine autorisée par la loi en ce temps de confinement – mais en repartant tout à l’heure de cette église saint Louis, j’aimerais que nous soyons des témoins audacieux d’une joie et d’une vraie espérance !  Alors, je le redis à tous avec force :

Ne nous laissons pas voler notre joie ! Ne nous laissons pas voler notre espérance !

Gardons cette joie et cette espérance dans notre cœur !

Nous le savons, les temps que nous vivons ont, pour beaucoup, une tonalité particulière de peine et d’angoisse, peut-être même de colère. Cette pandémie nous soumet à des contraintes qui nous bouleversent indiscutablement : modes de vie confinés, habitudes bouleversées, peur de l’autre et des contacts, manque de proximité dans nos rencontres familiales, paroissiales, fraternelles qui nous font cruellement souffrir… N’oublions pas les familles touchées par la maladie ou un décès ! Je suis marqué aussi par le dévouement des soignants et des accompagnants.

Bref, nous le constatons, de jour en jour, de semaine en semaine, cependant, nous restons proches de tous celles et ceux dont l’horizon s’assombrit professionnellement, humainement, socialement…

C’est donc dans ce contexte bien particulier, que nous entrons dans la sobriété audacieuse de ce temps de l’Avent :temps de l’attente, de la promesse, temps de l’espérance ! …Noël marque dans le concret de notre existence cette nouveauté extraordinaire !  Ce temps où le Christ déjà venu nous annonce sa re-venue ! La question est sur toutes nos lèvres : que sera Noël cette année ? C’est vrai, nous étions habitués à un Noël à notre mesure, selon nos habitudes et nos souhaits, au point d’oublier parfois l’essentiel de cette extraordinaire Nativité ! Sans doute, nous faudra-t-il vivre un Noël différent, plus intime, plus profond…

Plus que jamais, dans ces bouleversements nous avons besoin de nous poser, de réfléchir, de discerner en évitant toutes divisions, sans entrer dans des colères dévastatrices ou des rancœurs, car le risque serait de nous renfermer sur nous-mêmes, de nous replier sur nous-mêmes… 

Oui, ne nous laissons pas voler notre espérance !

Aujourd’hui, avec cette couronne de l’Avent devant l’autel, cette première bougie allumée est, un peu, comme une balise pour garder le cap !

La première étape sur ce chemin que nous recevons du Christ est un appel pressant !

VEILLEZ ! Voilà le maitre mot de ce dimanche : VEILLEZ !

Mais veiller à qui ? Veiller à quoi ? Veiller : qu’est-ce que c’est ?

Veiller, ce n’est pas attendre. Ce n’est pas qu’attendre. 

Veiller ne peut pas être réduit à une attente passive ou somnolente !

Il me semble que deux éléments constituent la notion de « veille », deux éléments qui font de nous des veilleurs.

Veiller : c’est être vigilant dans une situation particulière : celle de la nuit ! Cette vigilance devient d’autant nécessaire que l’obscurité, généralement, nous prive des repères habituels !  Il nous faut donc être vigilant parce que notre capacité de discernement, d’analyse, de vision est moindre du fait d’une certaine opacité. Cette vigilance au cœur de la nuit nous rappelle l’expérience commune de tout homme à certains moments de son existence et cette certitude : « Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment ! »

Cela est vrai pour la « veille » au sens propre et c’est vrai aussi pour la « veille » au sens métaphorique employé par Jésus dans la parabole de l’évangile.

La nuit, en ce temps de pandémie est bien d’actualité, elle est bien là ! Nous ne comprenons pas tout, sans trop savoir où nous allons. Cette nuit peut être aussi la nôtre, plus personnelle, quand je ne sais plus distinguer le bien et le mal, le chemin vers Dieu et le chemin qui me détourne de Lui !

Pour la Bible, et donc pour nous, la nuit signifie le temps des erreurs, des compromissions, des égarements, des excès et du mal, des tentations du Prince des Ténèbres.

C’est souvent dans la nuit que le voleur rôde et qu’il perce le mur de la maison pour y prendre les richesses matérielles et aussi notre richesse, notre espérance. La nuit peut être aussi le lieu des tromperies et des images déformantes ! C’est souvent dans la nuit que les hommes font ce qu’ils craindraient de faire en plein jour.

D’où vient cette nuit ? S’il fait nuit, c’est que la Lumière éclairant le monde n’est pas là. Elle n’éclaire pas tout homme. Elle n’éclaire pas encore complètement ma vie et mon devenir. Et, comme nous l’entendrons encore dans la nuit de Noël, nous sommes encore : « le peuple qui marche dans les ténèbres », « les habitants du pays de l’ombre ». (Lecture de la nuit de Noël (Is 9, 1-6))

Si nous sommes donc “dans“ la nuit, il est important de comprendre que nous ne sommes pas “de“ la nuit.

Nous ne sommes pas des fils des ténèbres, mais des fils de lumière, des fils du jour. Non pas des personnes apeurées ou craintives, mais des hommes et des femmes qui avancent d’un pas assuré et confiant dans la Parole du Seigneur. Nos interrogations et nos doutes ne sont pas un obstacle, mais une opportunité pour approfondir le projet de vie que nous avons reçu au jour de notre baptême.

 C’est le Christ qui vient éclairer notre vie et lui donner son sens ultime !

C’est pour cela que cette invitation à veiller résonne si fortement, c’est pour cela que vous êtes là ce matin ! En chacun de nous, nous portons ce désir de veille, c’est-à-dire de ne pas donner raison à la nuit, de ne pas nous soumettre à toutes les lois de la nuit, mais d’agir au cœur de la nuit comme si nous étions en plein jour. C’est cela le propre de l’action d’un veilleur. C’est cela que le Christ nous demande d’être, dans notre société, pour aujourd’hui.

 

Je termine, en ce temps de confinement, par deux attitudes du veilleur :

- Veiller, c'est entrer davantage dans la prière. C'est descendre plus profondément dans son cœur.  C'est consacrer plus de temps à la prière personnelle, à ce dialogue du cœur à cœur avec Dieu, ou comme le disait sainte Élisabeth de La Trinité lorsqu’elle était en prière : « Je me tais. Je l'écoute. Je l'aime. » C'est quitter les distractions, les évasions, les futilités du dehors, les peurs qui nous menacent, oser couper le rabâchage médiatique … pour entrer dans le sanctuaire de notre cœur profond où nous attend la lumineuse présence divine. 

Veiller, c'est aussi avoir les yeux grands ouverts, regarder les autres, et surtout les plus démunis, avec un regard purifié par la prière. C'est faire peut-être des dons généreux en argent pour les plus démunis, et aussi des gestes simples de solidarité qui sont autant d'actes d'espérance posés au-delà de la fatalité !

Notre évêque pour le temps de l’Avent nous invite à rester dans l’espérance et à prier une neuvaine, pour demander l’intercession de la Vierge Marie pour la fin de la pandémie. C’est aussi cette prière, cette veille que le Seigneur nous demande ! Vous la trouverez sur le site de la paroisse ou sur celui de notre diocèse. 

Marie nous apprend à être veilleurs, comme elle-même ne cesse de veiller sur chacun de nous ! Je termine en lisant cette prière avec vous :

 

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Commentaire de l’Evangile du 33ème dimanche du temps ordinaire

Année A (Mt 25, 14-30)

Vous l’avez compris, le maître qui part en voyage après avoir distribué des talents à ses serviteurs et « qui revient longtemps après », c’est le Christ. Les serviteurs sont les disciples, c’est-à-dire les baptisés, et les talents sont les dons que Notre Seigneur nous confie.

Au temps de Jésus, le « talent » est une monnaie romaine, de grande valeur : un talent était un lingot en argent ou en or qui valait six mille deniers. Un denier était, pour un soldat romain, le salaire d’une journée de travail.

Un talent, c’est donc l’équivalent du salaire de six mille journées de travail, vingt années environ… Une fortune !

Le premier et le deuxième serviteur qui ont reçu respectivement cinq talents et deux talents en présentent le double au retour de leur maître. Logiquement, le troisième qui n’a reçu qu’un talent aurait dû lui en présenter deux ; le double, comme les deux autres !

Nous reviendrons sur l’attitude de « ce serviteur bon à rien ». Pour l’instant, il nous faut répondre à une première question : quels sont ces dons inestimables, quel est ce trésor que nous possédons tous ?

+ Nous pouvons déjà penser aux dons naturels, à commencer par le don merveilleux de la vie et de ce que nous sommes dans le monde créé. La Bible, dans le récit inspiré de la Création, distingue nettement la création de l’homme et de la femme de celle des autres créatures : à eux seuls Il dit : « … soumettez-la ». En conséquence, le Catéchisme de l’Église Catholique affirme : « L’homme est le sommet de l’œuvre de la création »

+ Mais nous pensons aussi à d’autres dons, si importants pour notre dignité humaine, nous qui sommes appelés à la vie éternelle : la Parole de Notre Seigneur, particulièrement celle déposée dans l’Évangile ; le Notre Père que Jésus nous a laissé comme modèle privilégié de toute prière ; les sacrements, à commencer par le Baptême et le Pardon qui nous renouvellent dans l’Esprit Saint ; puis, au centre et au sommet de tous, l’Eucharistie, où son Corps, pain de la vie éternelle, est donné en nourriture, et son Sang versé pour le salut de tous. En un mot, le royaume de Dieu, le Christ Lui-même, présent et vivant au milieu de nous. Quels que soient la nature de ces talents et leur nombre, c’est ce trésor que le maître Jésus confie à ses disciples, à ses amis, à chacun d’entre nous.

C’est le moment de revenir à l’attitude du troisième serviteur. Bien qu’il soit mauvais, c’est lui qui va nous aider à approfondir le sens de cette parabole. Ce serviteur qui a reçu un seul talent ne l’utilise pas mais le cache. Pourquoi ?

Il donne lui-même la réponse lors du retour du maître : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient. »

Voilà le grand drame du péché ! L’homme de la parabole qui a une idée fausse de son maître, c’est l’homme pécheur mais aussi l’humanité en général qui, touché par le péché, ne peut plus voir Dieu tel qui est mais une figure déformée. Dieu n’est plus un père parfaitement bon et juste, attentif à sa petite créature, mais un mauvais maître, un despote, une personne dure et sévère qui considère ses serviteurs comme des esclaves pour rentabiliser ses biens et qui ne manque pas une occasion de les punir pour leurs fautes.

Le serviteur de la parabole, ayant une idée très négative de son maître, a peur de lui et cette peur le paralyse. Alors il cache le talent pour le protéger et le restituer au maître. Mais le maître n’a pas confié ses talents à ses serviteurs pour être conservés mais pour qu’ils soient utilisés d’une manière profitable. Celui qui vit dans la peur de l’autre cherche des refuges et des sécurités et n’accomplit rien. Pour progresser, entreprendre, prendre des initiatives, il faut un minimum de confiance.

Dieu, en tant que père, a sans aucun doute des exigences à notre encontre, mais ce sont les exigences d’un amour incommensurable !

Habituellement, un père forme d’ambitieux projets pour ses enfants, il ne veut pas que leur vie soit vide et ne débouche sur rien de bon. Au contraire, il a l’ambition que ses enfants aient une vie belle et bien remplie, qui leur permette d’épanouir leur personnalité et de trouver le bonheur.

Jésus est venu parmi nous pour purifier notre regard et notre cœur, afin que nous soyons capables d’accueillir Dieu tel qu’Il est, pour rétablir notre confiance en Lui.

Nous devons donc accueillir tout message de Jésus sur Dieu : sa parole, ses actions, l’accueil qu’il réserve à tous, particulièrement aux pécheurs, mais aussi ses réprimandes qui manifestent l’intérêt qu’il porte à notre vie afin que nous ne la perdions pas.

Pour résumer, nous devons accueillir et servir Jésus lui-même qui est l’icône parfaite du Père.

Père X. Brac de la Perriere ⴕ

Homélie du dimanche 15 novembre 2020, 33e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Sans assemblée !

Évangile selon saint Matthieu 25, 14-30. Livre des Proverbes 31,10-13.19-20.30-31. 

Psaume 127. Lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 5, 1-6.

 

À la lecture de cet Évangile, nous pourrions nous demander : Que faut-il comprendre par ces « talents » reçus par ces serviteurs ? Que signifient-ils ? Faut-il les assimiler à une somme d’argent ? Sans hésitation, NON ! Même si une thématique financière pourrait aider à une interprétation première du texte ! 

Élargissons notre compréhension ! N’avons-nous pas, nous aussi des talents ? 

Ils sont nombreux assurément ! Il y a d’abord notre vie, notre santé.  Il y a notre famille, notre ascendance, notre culture, notre être d’homme ou de femme. Puis, il y a nos connaissances, nos habiletés, nos savoir-faire, nos compétences. 

Ajoutons à cela notre beauté, nos goûts, nos amis, nos relations, notre profession, nos engagements, la paix dans laquelle nous vivons et… notre FOI.

Dans cet évangile, ce n’est donc pas l’argent qui est moteur ou en serait la cause ! Ce qu’il nous faut comprendre, c’est précisément ce que ces serviteurs ont reçu de la part du Maître, c’est-à-dire :

     Un geste de Confiance : Dieu leur confie des talents avec un vrai discernement !

     - Une espérance qui les invite à un projet enthousiasmant : une Alliance avec Lui ! 

Alliance qui révèle son projet de salut à l’égard de toute l’humanité !

Plus largement, Jésus souligne que si le peuple de la Première Alliance (c’est-à-dire le peuple hébreu) a été comblé de tous ces dons, c’est pour que ce peuple élu devienne témoin de la Fidélité et de la Miséricorde de Dieu !

In fine, (à la toute fin), même si ce mot n’a pas bonne presse, il y aura un jugement !

Le Jugement le voici : 

Il sera demandé à chacun : qu’as-tu fait de ce que tu as reçu !

Voilà pourquoi, trois situations sont évoquées ! Deux serviteurs qui ont fait prospérer les biens qu’ils ont reçus selon leurs charismes. Ils ont pris un risque audacieux et cette audace a porté du fruit ! Et puis, il y a celui qui a vécu dans l’anxiété et qui a enfoui ce trésor, pour le rendre intact au moment venu !

Si j’actualise pour ce dernier : Le Jugement, sera aussi de nous demander ce que nous avons fait de ce que nous avons reçu !

Comme souvent dans les paraboles de Jésus, l’effet escompté est de nous faire réagir ! 

Cependant, le message de la parabole est clair : les dons de Dieu ne sont pas faits pour être économisés, enfouis ou cachés. 

Aujourd’hui, nous qui sommes disciples du Christ, nous faisons partie de ces hommes et de ces femmes qui ont reçu des talents (au pluriel !) nous, qui avons reçu une richesse considérable à travers la tradition chrétienne qui nous a été transmise :

     - par la foi que nous avons reçue, 

     - par la parole de Dieu qui nous est donnée, 

     - par la fraternité…

Bref, autant de richesses que le Seigneur nous confie ?

Mais que devons-nous en faire ?

La foi chrétienne ne nous est pas donnée pour que nous en fassions une pièce de musée 

  • Elle nous est donnée pour être l’animation de notre vie, le dynamisme de notre liberté, la fécondité des vertus que Dieu met en nos cœurs, fraternelle et charitable, en particulier pour les plus fragilisés par la vie. 
  • Elle nous est donnée pour affronter les difficultés de cette existence et lui donner son sens véritable !
  • Elle nous est donnée pour nous ouvrir et rencontrer des hommes et des femmes qui ne la partagent peut-être pas, ou sont en recherche du sens de leur vie. 
  • Elle nous est donnée comme un bien à faire fructifier au service de tous !

La Foi est un don ! C’est un talent donné ! La première façon de faire fructifier ce DON, c’est de le faire fonctionner, c’est de le mettre en œuvre, c’est de le mettre en pratique, c’est de chercher comment ce trésor que nous avons reçu, peut rejoindre, non seulement nos proches, mais encore quantité d’hommes et de femmes qui vivent autour de nous et qui l’ignorent. 

Bref, la foi chrétienne porte la plénitude de son fruit quand nous acceptons de la risquer dans notre vie en ce monde ! 

Nous ne sommes pas envoyés par le Christ pour monter la garde autour d’un trésor à ne pas dissiper : nous sommes envoyés par le Christ pour ouvrir ce trésor à tous ceux qui peuvent y trouver quelque espérance.  

Saint Paul disait aux Thessaloniciens (2ème lecture) : « Ne restons pas endormis comme les autres » (1 Th5,6).

Aucun chrétien en ce monde ne peut se dispenser de se poser ces questions 

Comment est-ce que j’ouvre les trésors de la foi pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui ?

Qu’est-ce que je fais pour que le Christ soit connu, pour que sa parole soit entendue, pour que son espérance soit reçue ?

 

Frères et sœurs, finalement, quel est le désir du Christ ? 

Il n’a qu’un désir : celui de nous dire :

« Entre dans la joie de ton maître ! »

Pour notre joie et que cette joie devienne contagieuse !

                                                                                                                   Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 2 novembre 2020, commémoration des fidèles défunts, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 1-7. Livre de Job 19, 23-27. Psaume 24.

 

Chers amis, hier nous avons vécu la solennité de la Toussaint, avec cet appel, cette belle invitation à la sainteté, une sainteté qui est possible, toujours possible ! … À nous de le décider avec humilité.

Aujourd’hui, en cette journée du 2 novembre, nous faisons mémoire de tous les défunts de nos familles, de notre Paroisse… Déjà, hier après-midi, nous avons vécu une belle célébration où nous avons prié pour tous les défunts de notre paroisse qui sont morts cette année. Nous prions aussi pour ceux qui sont morts directement ou indirectement du Covid : une menace toujours présente. Nous faisons également mémoire des morts de l’attentat de Nice, là où la folie de l’homme se déchaîne ! Peut-être avez-vous encore en mémoire les visages des trois personnes assassinées : Nadine, Simone, Vincent. Nous constatons bien que tout cela nous bouleverse au plus profond de nous-mêmes.

 

Face à la maladie et la mort, nous restons bien souvent perplexes et sans réponse ! Nous le savons bien, l’existence de chacun a eu sa part de joie (il y a une véritable joie à vivre sur cette terre), mais aussi sa part de souffrance, car tout ne va pas toujours comme nous le souhaiterions : un certain individualisme par exemple, un monde qui, par certains côtés, est déboussolé…. Nous voyons bien que nous sommes “inégaux“ dans la part de souffrance, de situations difficiles qu’il nous faut vivre et qui nous laissent parfois sans voix. 

Nul doute qu’à certains moments, le poids des différents fardeaux a pu être ou reste encore pesant et difficile. Nous pouvons tous faire mémoire de certaines situations qui nous blessent encore personnellement ou nous contraignent dans notre quotidien. 

 

En première lecture, nous avons entendu un texte du livre de Job, dans lequel il est « abasourdi » par les malheurs en cascade : par la mort des siens, par la perte de son troupeau et de ses biens. Face à toute tentation de désespérance, il nous redit cette certitude : « Nu, je suis sorti du ventre de ma mère, nu, j’y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : que le nom du Seigneur soit béni ! » (Job 1,21) Est-ce une phrase que nous acceptons de reprendre pour nous-mêmes : « Nu, je suis venu au monde et nu, nous repartirons ».

La vie, nous le savons, n’est pas un long fleuve tranquille !  Le Christ n’a jamais promis une vie facile ! Il nous dit simplement qu’avec Lui, en devenant ses disciples, les tensions du quotidien, la souffrance, la mort… tout ce que nous construisons prend, avec Lui, un sens différent et nous oriente vers la vraie vie !

 

Frères et sœurs, tout ce que nous construisons sur cette terre devrait être orienté, non seulement par la charité les uns envers les autres, mais vers la construction de ce que nous voulons vivre par-delà la mort. Tout ce que nous créons par amour sur cette terre, (comme le contraire de l’amour : la haine, le mensonge…), aura valeur d’éternité !

 

      Comment comprendre cela ? J’entends souvent cette question nombre de fois ! Pourquoi la mort, si nous sommes faits pour la vie ? Mort, où est ta victoire ?

Ce que nous pouvons dire, nous le savons bien, c’est que la mort ne fait pas de distinction entre les jeunes et les moins jeunes, les riches et les pauvres ; pas même d’ailleurs entre les bons et les moins bons. Peu importe pour la Mort, que l’on soit mère de famille, grand-père attentif, prêtre dévoué ou tout jeune enfant. Cela reste un mystère !

On comprend alors que la mort soit souvent représentée dans l’imaginaire, comme une « faucheuse », elle qui coupe l’élan de la vie sans ménagement. 

La mort restera toujours un lieu de combat, un lieu de révolte ou de résignation ; tout simplement parce que pressentons que nous sommes faits pour bien plus que la mort ! 

Notre logique humaine est comme dépassée ! C’est pourquoi notre espérance chrétienne ne repose pas sur des raisonnements, mais sur un évènement majeur, sur cet événement qui est le socle de notre foi : la Résurrection de Jésus-ChristSi nous sommes là, ce matin, ensemble dans cette église saint Louis, c’est parce que le Christ est ressuscité et que sa résurrection résonne encore aujourd’hui et pour toujours ; et Il nous redit que : nous sommes faits pour la vie !

 

Je voudrais terminer par un dernier point ! Pourquoi prier pour les morts ?

C’est une question qui revient souvent ! La réponse est simple ! C’est parce que les défunts ont besoin de notre prière.  La mort n’efface pas comme par magie tout le mal fait et le péché commis. Nous ne sommes pas des saints, même si nous sommes appelés à la sainteté ! Rares sont ceux qui, à l’heure de la mort, sont purifiés au point de pouvoir s’immerger directement dans la sainteté de Dieu. Il en existe quelques-uns qui ont vécu saintement cette vie (parfois seulement quelques heures ou quelques jours), mais pour beaucoup, la vie n’a pas été exempte de défauts, de maladresses ou de péchés. C’est là où la notion de purgatoire intervient.

Le purgatoire est précisément cet état dans lequel les âmes des défunts se purifient. Il n’est pas une chambre de torture et ne doit pas être un motif de peur. Le purgatoire est compris comme une étape, un "sas" de préparation avant d’aller au Paradis. Il est la dernière chance donnée à l’homme de devenir ainsi apte à entrer au Ciel et dans la sainteté de Dieu. C’est sur ce point que notre prière est importante ! Nous pouvons prier tant que nous sommes dans cette vie terrestre, tant que nous sommes capables d’aimer en vérité ! Par notre prière pour les âmes du Purgatoire, nous pouvons porter avec eux, leur fardeau et même l’alléger. 

 

C’est pourquoi l’Église, dès les premiers temps, n’a jamais cessé de prier pour les défunts, comme nous le faisons aujourd’hui. C’est pourquoi nous prions particulièrement pour eux, aujourd’hui, en demandant aux générations suivantes après notre mort, de prier pour nous. C’est un vrai témoignage de charité fraternelle que nous offrons à Dieu et à notre monde, pour que cette prière continue de génération en génération.  Hier, aujourd’hui et demain, notre désir est le même : entrer dans la vision béatifique, c’est-à-dire demeurer auprès de Dieu pour toujours.  

Cela reste un mystère qu’il nous faut méditer et découvrir dans l’attente de notre propre entrée au Ciel.

Ne risquons pas d’être anxieux ou des ingrats ! Quelle grâce et quelle chance de pouvoir connaître le Fils et de savoir qu’avec Lui, non seulement la résurrection est possible, mais que cette vie en Dieu que nous désirons, est donnée à tous ! 

À chacun de nous de s’y préparer !

Alors, frères et sœurs, prions  pour les défunts de nos familles, de notre paroisse, les défunts dont nous avons connaissance, les défunts de la France et du monde !

Par notre prière, déjà pour aujourd’hui, demandons au Seigneur de les accueillir dès maintenant et pour toujours auprès de Lui !              

       

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Patrick Gaso - 2 novembre 2020 - Commémoration de tous les fidèles défunts.

Homélie du dimanche 1er novembre 2020, Solennité de la Toussaint, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 1-12a. Apocalypse selon Saint-Jean 7, 2-4.9-14. Psaume 23.

Première lettre de saint Jean 3, 1-3.

 

Ce message de “joie et d’espérance“ que nous recevons en cette fête de la Toussaint arrivera-t-il à transformer nos cœurs ? Laisserons-nous l’actualité dans laquelle nous vivons, nous voler la beauté de cette fête de la Toussaint ? C’est un enjeu, un vrai défi auquel il va nous falloir répondre !

Même si les temps que nous vivons sont affligeants, terribles et même déchirants (je parle du confinement, du virus et de ce massacre ignoble de Nice et ailleurs), nous devons comprendre cette fête de la Toussaint comme un jour de joie et de victoire

Chaque année, nous rendons grâce à Dieu parce que la vie continue au-delà de la mort. Nous rendons grâce à Dieupour cette multitude d’hommes, de femmes et d’enfants de tous les temps et de tous les lieux qui sont aujourd’hui, au Paradis, avec Lui. 

Dans son langage codé, le livre de l’Apocalypse, que nous avons entendu en première lecture, nous parle de vie et bonheur. « Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque de Dieu ». L’Est, dont parle Saint-Jean, est le lieu où se lève le soleil, c’est le côté de la vie, de la lumière et de la chaleur.

Cette solennité nous révèle le but de notre vie, qui n’est pas la mort, mais la Vie !

Tous les dimanches, comme nous le ferons ensemble tout à l’heure, nous proclamons avec le Credo : « Et exspecto resurrectionem mortuorum, et vitam venturi sæculi - J’attends la Résurrection des morts et la vie du monde à venir »

Sommes-nous vraiment dans cette attente ? Ou sommes-nous totalement obnubilés par ce qui se passe autour de nous au point que nous oublions le Salut que Jésus nous apporte ?

Nous le savons bien ! Derrière cette question, en fait, s’en cachent beaucoup d’autres : que se passe-t-il à notre mort ? Pourquoi ce virus ? Qu’est-ce que l’on entend par « les fins dernières », par « le jugement dernier », le ciell’enfer, le purgatoire ? Il serait trop long, ce matin, de vouloir répondre ici à toutes ces questions. Mais, cette fête nous interpelle et nous pose cette question : la Résurrection du Christ, est-elle une réalité pour moi ? Nous l’entendons aussi lorsque Jésus dit au bon larron repenti, au moment de la Croix : « aujourd’hui, tu seras avec moi au paradis » (Luc 23, 43) : est-ce une réalité pour moi ? 

Saint Pierre, dans sa 1re épître nous invite à une audace : « nous devons rendre compte de l’espérance qui est en nous » (1 P 3, 15). Or, cette espérance, la voilà : la Croix de Jésus n’a pas été vaineC’est le point de départ de toute vie chrétienne et ce n’est pas une utopie, un rêve pieux, ni un beau discours pour calmer nos angoisses existentielles ! 

Non, c’est une réalité vécue et annoncée par le Christ ! La mort du Christ en croix a ré-ouvert le Ciel pour que chacun de nous y trouve sa place : « Je pars vous préparer une place », nous dit Jésus, « et là où je suis, vous serez aussi » (Jn 14, 3). Voilà le plan de Vie que le Seigneur nous prépare !

Cette solennité nous est donnée, pour nous redire le vrai sens de notre vie, nous indiquer que la sainteté est ce chemin vers le Ciel et que cette sainteté est toujours possible ! Par-delà les difficultés, les échecs et les épreuves (nous en avons tous !), il y a cette espérance inouïe : nous sommes tous en train de devenir des saints !

Certains sont peut-être sceptiques… « Moi, saint ? » 

Oui ! Des saints, pas encore ceux du calendrier, mais ceux de notre entourage, et nous en connaissons sûrement. Nous fréquentons, peut-être même, sans le savoir des ‘graines de saints’ : Qui sont-ils ?

Regardons attentivement autour de nous ! 

  • Cette mamie qui prie chaque jour pour ses petits enfants ! 
  • Cette personne qui offre sa souffrance dans la prière ! 
  • Ce couple qui accueille un enfant porteur de handicaps et qui l’entoure avec un amour incroyable ! 
  • Ce parent qui travaille, plus que de raison, pour subvenir aux besoins de la famille ! 
  • Ce père de famille qui récite chaque jour, le chapelet ! 
  • Ce jeune qui prend du temps pour apporter un peu de chaleur aux plus défavorisés ! 
  • Cette fille qui refuse de faire comme les autres et garde son corps pour son époux ! 
  • Cette personne qui décide de refaire confiance à son conjoint adultère, etc… 

La liste est longue des personnes qui vivent à leur façon cette invitation à la sainteté du Christ ; il nous suffit, avec réalisme, d’ouvrir nos yeux sur le monde ! 

Sont-elles parfaites ? Je ne sais pas ! Sans doute, non ! Mais, ce que je sais :

Un chrétien ce n'est pas quelqu'un qui ne tombe jamais,

mais quelqu'un qui se relève toujours par la grâce de Dieu !

Oui, sans doute, nous sommes remplis de défauts ! Oui, et alors ! La sainteté, ce n'est pas la perfection. Les saints ne sont pas des sortes de top-modèles de la spiritualité. 

Et puis, ne l’oublions pas ! Un seul est Saint, et c’est Dieu. Mais, il communique Sa Sainteté à tous par l'Esprit Saint.

Par le jour le plus beau de notre vie, celui de notre baptême, nous sommes imprégnés, comme le dit le livre de l’Apocalypse, du « sceau qui imprime la marque du Dieu vivant. » Ce jour-là, nous avons reçu l’Esprit Saint. Nous portons la dignité royale de fils, de fille de Dieu dans le Fils Unique qu’est Jésus. Même nos fautes et nos ratés ne nous enlèvent pas cette grandeur. Même défigurés par le péché, nous gardons la noblesse de notre ressemblance avec Dieu. Frères et sœurs, soyons-en sûrs et ne désespérons jamais ni de nous ni de personne !

L’évangile nous rappelle cette ressemblance divine dans cette route royale des Béatitudes. Jésus y dresse son autoportrait, c’est-à-dire l’icône charnelle du Dieu invisible. La sainteté qui nous est donnée par le baptême et l'Esprit Saint, n’est pas la course à la perfection. Il suffit de regarder le Christ, de suivre son chemin et d’avoir le désir de l’imiter du mieux qu’il nous est possible.

Cette ressemblance divine est le don intime que Dieu nous fait de lui-même. Paradoxe en ce temps de confinement : Dieu se rend contagieux et cette contagion est un bonheur !

 

À partir du texte des béatitudes, je vous confie deux petites clés qui peuvent nous aider :

- La première clé est la compréhension du mot « heureux » ! Il revient plusieurs fois dans le texte ! Il n’est pas à comprendre dans le sens courant ! Nous ne sommes pas dans un bonheur commercial et éphémère ! Il nous faut comprendre que, dans la Bible et pour Jésus, le seul vrai bonheur, le seul bonheur durable, est de vivre en présence de Dieu ; notre cœur est fait pour cela ! Heureux, ici, peut se traduire par : en route vers Dieu pour le ciel ! Là est notre joie !

- La deuxième clé pour entrer dans les Béatitudes, pourrait bien être celle qui est au centre du passage : « Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! » C’est la seule Béatitude qui emploie le même mot dans les deux membres de la phrase : « À ceux qui font miséricorde, Dieu fera miséricorde. »  Comprenons que la clé importante à retenir est cette miséricorde que nous recevons et que nous donnons.

Finalement, que devons-nous faire ?

Nous devons prier et croire vraiment que nous sommes faits pour le ciel ! Quoiqu’il puisse nous arriver sur cette terre, nous sommes faits pour le ciel ! Le Saint Curé d'Ars disait avec réalisme et humour : "Les saints n'ont pas tous bien commencé, mais ils ont tous bien terminé ! » 

Cette certitude du Ciel devrait nous redynamiser en ce temps de reconfinement, en ce temps certes éprouvant, pour nous remettre en route dans une espérance nouvelle. 

Demandons cette espérance pour chacun de nous ce matin, pour nos familles, notre paroisse, pour la France et pour le monde !

                                                                                                                                    Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 1er novembre 2020 - Solennité de Toussaint

Homélie du jeudi 29 octobre 2020, 30e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 13, 31-35. Psaume 143. Lettre de saint Paul aux Éphésiens 6, 10-20.

 

Que nous enseignent les lectures de ce jour ? 

En méditant les lectures de ce jour, j’ai été frappé de voir combien elles correspondent à ce que nous vivons. Ces lectures nous enseignent, elles nous revigorent, nous ré-envoient, pourrait-on dire !

La première lecture de saint Paul aux chrétiens d’Éphèse m’a frappé :

« Frères, puisez votre énergie dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force. Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable. » Il insiste à nouveau en nous disant : ne quittez jamais le bouclier de la foi !

Nous ne vivons pas très bien ces derniers jours, avec le confinement qui reprend, l’assassinat dans la basilique de Nice et d’autres méfaits ailleurs… Peut-être avez-vous entendu sonner le glas cet après-midi, à 15H, ici comme dans toutes les églises de France pour prier pour les victimes de Nice, un homme, deux femmes qui se trouvaient dans cette Basilique.

Les différentes situations de notre quotidien (dans la société ou dans notre vie personnelle) peuvent parfois nous pousser à un désespoir ou à un rejet de l’espérance ! L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on !

Jésus a eu aussi son lot de douleurs et de contradictions ! Vous avez entendu certains pharisiens de l’évangile ! Ils ont l’air de se préoccuper gentiment du sort de Jésus ! Mais ne soyons pas dupes ! En feignant de l’avertir des intentions meurtrières d’Hérode Antipas, ils cherchent surtout à éloigner Jésus de la ville sainte. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’impact de Jésus sur les foules leur fait de l’ombre et les dérange ! 

Ce nouveau confinement, ces contaminations, ce virus… pourraient aussi nous éloigner de Dieu, de notre Mission, nous faire perdre notre confiance et notre espérance…

La réaction de Jésus est sans équivoque : rien ne peut le détourner de sa mission ! Ni les contraintes, ni les intrigues politiciennes des hommes, ni les situations complexes, pas même la mort ! 

Ses actions demeurent constantes et il se montre inébranlable. Sa sollicitude est donnée à tout homme. Que veut-Il ? Il veut rencontrer chacun, « expulser les démons et faire des guérisons ». Ses actions et signes prouvent qu’il vient de Dieu et agit en son Nom. 

         Cet évangile est riche et je vous propose de retenir trois enseignements pour nous, aujourd’hui !

- Nous recevons un premier enseignement ! Son exemple devrait nous donner la confiance nécessaire pour avancer face à nos propres difficultés et à nos luttes. Aux creux des moments difficiles, tournons-nous vers Lui parce qu’il nous à invite à persévérer dans la mission, à cette audace de croire que notre société attend notre témoignage de foi. Le monde a soif ! Il a faim d’espérance ! Il cherche un sens ! Soyons sûrs que Jésus nous accompagne. Il est toujours avec nous : il est l’Emmanuel !

- Nous recevons aussi un second enseignement ! Reconnaissons que nos difficultés peuvent nous entraîner vers un repli sur soi ! Le risque est de se replier dans un certain “Calimérisme“ ! (Rappelez-vous : Caliméro est un petit poussin tout noir coiffé de sa coquille et qui se plaint sans cesse : « le monde est trop injuste ! ») Frères et sœurs, ne nous replions pas sur nous-mêmes !

Au moment où se dessine sa Passion, Jésus pleure sur Jérusalem, sur cette ville qui, pourtant, devrait montrer l’exemple. Cependant, le cœur du Christ ne se ferme pas aux autres. Il n’a pas été absorbé par ses propres problèmes. Il offre librement sa vie pour ses frères. Il ne rejette jamais ! Il n’a pas d’amertume envers ceux qui l’ont fait souffrir. Il a aimé, et Il ne cesse jamais d’aimer même ceux qui s’acharnent sur Lui !

- Nous recevons aussi un troisième enseignement ! Aux yeux des hommes, quand une situation semble délicate, difficile… entendons que rien n’est impossible à Dieu ! En même temps, Il ne permet pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces ! Ce qu’Il nous donne, c’est cette fraternité, ce sont des frères et sœurs en Christ, avec lesquels nous allons pouvoir prier, même à distance en ce temps de confinement ! L’enjeu est de rester unis par la prière, et dans une même espérance ! Oui ! Dieu nous donne la force d’avancer, ensemble !

Comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, Dieu désire attirer à lui tout homme et toute femme pour nous redire son amour, sa protection. Laissons Dieu nous attirer à lui.

N’oublions pas : quoiqu’il puisse arriver, Christ est vainqueur, Lui seul donne sens et espérance à nos vies ! Puissions-nous garder cette certitude en mémoire, tout au long des jours qui viennent !                                                                                                                                           

           Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 28 octobre 2020, 30e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 6, 12-19. Psaume 18A. Lettre de saint Paul aux Éphésiens 2, 19-22.

 

Tous les grands moments de la vie de Jésus sont ponctués par des veillées de prière ! Peut-être l’avez-vous déjà remarqué ? Jésus prie ! À la veille de choisir ses adjoints directs (les Apôtres), nous le voyons passer toute la nuit sur la montagne, non seulement à réfléchir, mais à prier son Père. Il savait que, dès le lendemain, il allait jeter les bases de sa communauté messianique, donner à ce moment précis, une ossature à sa future Église et commencer le nouveau rassemblement du peuple de Dieu. 

Ce peuple de Dieu n’est pas particulièrement extraordinaire, c’est un peuple cabossé, malade, en attente et divers. D’ailleurs, nous sommes nous-mêmes dans cette situation, aujourd’hui.

Au petit jour, Jésus rejoint le groupe de ses disciples et Il en choisit douze, douze seulement, pour être ses Apôtres ! Douze avec lesquels Il va vivre une expérience surprenante, inédite, particulière. Douze avec lesquels Il va marcher, qui vont se laisser former, annoncer et envoyer.

Douze apôtres, autant que de tribus en Israël.

Sur quels critères Jésus s'est-il basé pour choisir ces douze Apôtres ? Nous ne le saurons jamais. Un point semble clair cependant, c'est que Jésus a créé une équipe très diverse, et sans doute très polyvalente.

Parmi les Douze, on trouve aussi bien Simon, le patron d'une petite pêcherie galiléenne, qui sera appelé Pierre plus tard, que Matthieu le comptable, aussi bien Jacques le légaliste juif, que Philippe qui parlait grec, aussi bien Simon le Zélote (un des apôtres que nous fêtons aujourd’hui avec Jude), le "résistant" qui est contre l’occupation romaine, que Jude, l’homme au grand cœur (appelé aussi Thaddée qui signifie : magnanime » en araméen), ainsi que "le disciple que Jésus aimait", "qui était connu du grand prêtre" (saint Jean).

Mais parmi tous ces disciples, on trouve aussi Judas, un homme précieux et compétent parce qu'il savait organiser l'intendance du groupe itinérant. Jésus l’avait choisi parce qu'il l'appréciait. Ne l'oublions pas : d'un bout à l'autre de sa vie avec Jésus, Judas a été libre, aussi libre que nous tous. C’est bien plus tard "Qu’il devint un traître", nous dit saint Luc; c'est donc bien qu'il ne l'était pas lors de son appel par Jésus !

"Jésus descendit avec eux et s'arrêta dans la plaine".

Il y avait là un grand nombre de disciples et une grande foule de peuples, des Judéens, des gens arrivés de la grande ville de Jérusalem, mais aussi des païens venus de la côte ; bref : une foule hétéroclite préfigurant, d’une certaine façon, l'Église de tous les temps.

C’est entouré des Douze qu'il avait choisi que Jésus s'avança vers la foule.

À partir de ce jour-là, les Douze comprirent qu'ils étaient choisis et liés, une fois pour toutes avec le Maître et qu'ils ne pourraient plus reculer. C’est petit à petit qu’ils comprendront qu’une mission énorme, gigantesque leur sera confiée et, en même temps, que c’est le Christ qui fait tout et qui allait tout donner, jusqu’à donner sa vie pour tous.

Ces Apôtres pouvaient-ils imaginer la suite ? Non, pas encore ! Mais, déjà, leur joie était grande d’être avec Jésus, de tout partager avec Lui et de pouvoir participer intimement à sa Mission. 

Frères et sœurs, nous ne savons pas de quoi sera fait demain, mais je vous invite à goûter, déjà, la joie d’être avec Jésus, de Lui faire confiance.

N’oublions pas : c’est Lui qui a les paroles de la Vie éternelle !

Demandons pour chacun de nous, puisque par notre baptême, nous sommes appelés nous aussi à Le servir, demandons d’avancer avec Lui simplement, dans la confiance.

Demandons-le aussi pour nos familles, notre communauté et pour le monde !

                                                                                                                                    Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 26 octobre 2020, 30e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 13, 10-17. Psaume 1. Lettre de saint Paul aux Éphésiens 4, 32 à 5,8.

 

Cette femme, quel âge avait-elle ? L'Évangile ne le dit pas !

Ce qui est sûr, c'est que depuis dix-huit ans, elle marchait toute courbée. 

 Se redresser était devenu pour elle non seulement douloureux, mais rigoureusement impossible. De fait, elle s’était résignée maintenant à marcher en regardant ses pieds, à faire de petits pas, à ne plus voir loin devant elle, et à regarder les gens comme par en dessous !

Elle est tellement résignée qu'elle ne songe même plus à demander quelque chose à Jésus. Elle est simplement là, en prière, le jour du sabbat.

Vous avez remarqué que c'est Jésus qui prend l'initiative et qui l'interpelle : « Femme, te voici délivrée de ton infirmité ! » Et Il pose les mains sur elle.

À certains moments de notre vie, ne trouvez-vous pas que cette femme a notre démarche, qu’elle a nos traits et qu’elle partage notre histoire ? À certains moments de notre vie, nous sommes, nous aussi, courbés, le regard bas et trainant ! D’une certaine façon, cette femme courbée, c'est aussi nous.

« Femme », dit Jésus (et dans sa bouche, c'est toujours un terme de respect, qu'il s'agisse de sa Maman, d'une pécheresse ou de toute autre femme) « Femme, te voilà délivrée, définitivement ! » 

Et à l'instant même, sous les mains de Jésus pour ainsi dire, la femme accomplit le geste qu'elle croyait pour toujours impossible : elle se dénoue, elle se déplie, elle se libère, elle se redresse ! La voilà qui s'éveille à l'Action de grâces !

Sabbat ou non, explique Jésus, et surtout le jour du sabbat, il fallait bien que cette fille d'Abraham soit déliée de ses chaînes. 

N’y a-t-il pas encore en chacun de nous, même si nous avons du mal à nous en apercevoir, de lourdes chaînes qui nous courbent et qui nous font presque tomber ? À bien regarder, n’y a-t-il pas une secrète, mais réelle courbure qui existe en nous-mêmes ? N’avons-nous pas ce désir de redevenir libres et souples et surtout d’entrer dans l'Action de grâces et la louange ? 

Frères et sœurs, je note deux choses pour nous ce matin, deux choses que je livre à votre méditation :

  • Le Christ vient renverser toute résignation ! Il y a des choses que nous pensions impossibles dans notre vie, mais croyons que le Christ vient bouleverser nos craintes et nos peurs ! Il nous libère de notre résignation face à une infirmité, un blocage spirituel, une blessure qui demeure encore et qui nous fait mal : il suffit au Christ d’une parole pour nous en libérer ! Il lui suffit d’une parole pour que nous puissions entrer dans la louange !

 

  • L’évangile dit : « Un esprit la rendait infirme ». Encore faut-il que nous admettions la réalité de cette action maléfique, pour pouvoir demander au Christ de manifester sa puissance ! Ne l’oublions pas, le Christ a vaincu Satan ! « Délivre-nous du Mal » dirons-nous tout à l’heure dans la prière du Notre Père. Oui Seigneur, prions-nous chaque jour, délivre-nous du Mal, du Malin, du démon !

Le Christ a bien remarqué l’infirmité de cette femme et son cœur, attentif à nos misères, est pris de compassion pour chacun de nous.

Alors, frères et sœurs :

Osons quitter toutes nos résignations et croyons que notre Dieu est le Dieu de l’impossible

Restons en présence du Sauveur et écoutons-Le !

Sachons nous réjouir et entrer dans la louange, alors, la joie de la foule sera aussi la nôtre !

                                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 25 octobre 2020, 30e dimanche du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Matthieu 22, 34-40. Livre de l’Exode 22, 20-26. Psaume 17.

Lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 1, 5c-10.

 

Chers amis, quand vous quitterez l’église, à la fin de cette messe, on vous remettra une petite feuille. Vous pourrez y lire les annonces et une courte introduction que je vous propose. Son but est de vous aider à mieux comprendre l’évangile de ce jour et de prendre le temps de le méditer.

De fait, certains chiffres nous permettent de mieux intégrer, de mieux comprendre la Bible. Des chiffres expriment une quantité, un poids, une mesure (par ex : un kilogramme de pommes de terre). 

Dans la Bible, des chiffres ont un sens plus profond, plus subtil ; ils nous permettent d’éclairer et de mieux concevoir la Parole de Dieu.

Prenons rapidement quelques exemples :

·    Le chiffre 1 symbolise Dieu, l’unique, un seul Dieu.

·    Le chiffre 2 pointe une certaine dualité qui existe au fond de nous qui doit être unifiée (nous verrons pourquoi tout à l’heure)

·    Le 3 dit la Trinité : Dieu Père, Fils et Esprit-Saint

·    Le chiffre 4 dit les quatre éléments, les quatre points cardinaux, donc l’espace, le cosmos, l’univers. 

·    Le chiffre 6 (les 6 jours de la Création)

·    Le chiffre 7 représente la perfection. Rappelez-vous l’épisode où Pierre demande à Jésus combien de fois il faut pardonner : jusqu’à 70 fois 7 fois…

·    Le chiffre 12 nous parle d’élections, des douze tributs d’Israël,  des douze Apôtres, des douze corbeilles pleines lors de la multiplication des pains, des douze étoiles qui couronnent la Femme, des douze portes de la Jérusalem céleste, des douze anges et des douze fruits de l’arbre de Vie.

·    Le chiffre 40 représente le temps, les quarante jours que les Hébreux vont passer dans le Désert, le temps du Carême pour chacun de nous, le temps durant lequel Jésus va être tenté, le Déluge qui se prolonge pendant 40 jours et 40 nuits, c’est aussi le temps du passage à une humanité nouvelle. Les Hébreux séjournent 40 ans dans le désert. Moïse reste 40 jours sur le mont Sinaï, Élie marche 40 jours. Jésus jeûne 40 jours…

·    Le chiffre 72 = 6x12 : ce sont les Disciples missionnaires.

·    666 : c’est le chiffre de la Bête, du Démon.  

·    144 000 personnes seront marquées du sceau du Dieu vivant (Livre de l’Apocalypse), soit : 12x12x1000 : ce sont tous ceux qui sont sauvés, ce chiffre dit l’infini ! C’est ce que nous entendrons dimanche prochain lors de la lecture d’un passage de l’Apocalypse.

La bible est donc riche en chiffres ! Et chaque chiffre a un sens et une signification !

Si j’introduis mon homélie de cette façon, c’est que la question qui est posée dans l’évangile est très intéressante. Certes, le docteur de la Loi interroge Jésus pour le mettre à l’épreuve, mais il a, en plus, une idée derrière la tête, une question plus précise ; dans l’évangile de ce jour de St Matthieu (22,34-40), nous entendons cette question : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » 

Si je vous parle commandements, sans doute allez-vous penser au chiffre dix : le chiffre 10 pour les dix commandements (les deux Tables de la Loi ou les dix Paroles) évidemment. 

En réalité, pour les juifs à l’époque de Jésus, suivre tous les commandements n’était pas si simple.

Pourquoi ?

Le chiffre 365 ne dit pas les jours d’une année civile, mais les 365 interdits recensés dans le Premier Testament : « ne fait pas… »

- Le chiffre de 248 : toujours dans l’Ancien ou le Premier Testament, représente les 248 prescriptions positives auxquels tout croyant juif a le devoir d’obéir : « Fait… » (par ex : Les ablutions, le nettoyage de la vaisselle…) 

Selon la tradition juive, la Torah et la Tradition comptent 613 mitzvot ou commandements, si nous faisons le total : 365+248 = 613 ! 

Mais alors, comment faire pour suivre et hiérarchiser tous ces commandements ? Quel est le plus important ? Quel est donc le premier ?

Nous retrouvons alors la question que le docteur de la Loi pose à Jésus.

C’est une question intéressante, car nous comprenons bien que Jésus apporte un changement !

Si nous passons du Premier (ou Ancien) Testament au Nouveau, l’Évangéliste Matthieu nous fait découvrir que dans le Christ nous quittons le champ de la Loi pour entrer dans celui des Béatitudes avec le chiffre 8 pour les le 8 Béatitudes !

- Et enfin, le chiffre 2 pour les deux commandements d’amour de Jésus. C’est ce que nous entendons ce matin.

- 613 interdits et prescriptions dans le Premier Testament qui deviennent seulement deux commandements dans le Nouveau. Mais ces deux commandements accomplissent les 613 anciens. Gardons bien cela à l’esprit lorsque nous lisons cet évangile !

Sa réponse est impeccable ! Jésus connaît parfaitement les Livres Sacrés. Cette question est pour lui l’occasion de donner un enseignement majeur qui nous fait accéder au cœur même de la Révélation évangélique et nous révéler qui est Dieu !

Le commandement « d’aimer le Seigneur de tout son cœur et de toute son âme… » se trouve explicitement dans le livre du Deutéronome (Dt 6, 5) ; Shema Israël que tous juifs pieux récitent matin et soir « Écoute, ton Seigneur ton Dieu est l’unique ». Aujourd’hui encore, ce verset (et d’autres aussi) se trouve dans l’encadrement des portes d’entrée (un petit boitier « Mezouzah).

Quant à l’autre commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », il a été déjà formulé dans le livre du Lévitique (Lv 19, 18). Commandement d’amour vis-à-vis de notre prochain !

La question que nous pourrions nous poser est celle-ci : où est donc est la nouveauté de l’enseignement apporté par Jésus ?

La nouveauté est d’abord dans le fait que Jésus, précisément, associe ces deux commandements qui, dans les Écritures, étaient formulés en deux passages bien distincts. Personne ne semble avoir eu cette audace avant lui.

Mais surtout, Jésus recentre toute la législation sur l’AMOUR. Il n’invente pas les termes de sa réponse : il joint deux versets qui sont séparés dans les Écritures, tout en leur laissant une hiérarchie !

  • TU AIMERAS TON DIEU : le rapport à Dieu n’est pas celui d’un esclave craintif.
  • DE TOUT TON CŒUR : dans la Bible, le cœur n’est pas le siège des sentiments et des passions, mais celui des décisions et des engagements. C’est le centre de la personne, là où elle se construit par ses volontés et ses projets.
  • DE TOUTE TON ÂME : ce qui signifie de toute ta vie. À tel point que, s’il le faut, le croyant ira jusqu’à donner sa vie (comme le Christ l’a donnée pour nous) et acceptera le martyre plutôt que de manquer à son Dieu.
  • DE TOUT TON ESPRIT c'est-à-dire de toute TA PENSÉE : car la foi ne se réduit pas à une impression, ni à un sentiment ; elle doit être réfléchie, rationnelle. Aimer Dieu, ce n’est pas se laisser porter par une éducation, les autres, ou l’habitude : c’est chercher à (re)connaître Dieu dans ma vie, et s’appliquer à comprendre ce qu’il veut.

À ce commandement, il s’ajoute UN SECOND qui lui est semblable : TU AIMERAS TON PROCHAIN COMME TOI-MÊME. Aimer son prochain tout en respectant un juste amour pour soi ! S’aimer n’est pas toujours simple, car je sais qui je suis ! Est-ce que je suis capable d’un peu d’amour pour moi et de reconnaître l’être étonnant que je suis ?… Je sais que je ne suis pas parfait… mais, malgré cela, je suis aimé de Dieu. Je suis créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est tout un travail de réconciliation avec Dieu et moi-même qu’il me faut faire, pour aimer aussi mon prochain !

Aimer Dieu sans aimer son frère est donc contradictoire ! (1 Jn4,20) ! 

Aimer son prochain n’est pas très en vogue aujourd’hui dans notre société individualiste et particulièrement en ce temps de distance sociale et sanitaire. Le Pape François explique ce risque dans Fratelli Tutti au N°36 : la peur de l’autre : Le “sauve qui peut” deviendra vite “tous contre tous”, et ceci sera pire qu’une pandémie. ! 

Je suis donc, invité à aimer comme Dieu aime ! TOUTE NOTRE VIE DÉPEND DONC DE L’AMOUR ! « L’amour est l’accomplissement parfait de la Loi ! » nous redit Saint Paul dans la lettre aux Romains 13, 8- 10)

Jésus termine ce court passage de l’évangile en ajoutant : « Tout ce qu’il y a dans l’Écriture - dans la Loi et les Prophètes - dépend de ces deux commandements ! »

Notre vocation, dans l’écoute de la Parole de Dieu, est d’aimer.

Mais, Dieu est-il entendu, compris ? Il faut du temps pour aimer et se laisser aimer et il faudra encore du temps ! Nous savons bien que, quelques chapitres plus loin, certains parviendront à faire condamner Jésus et nous serons à l’opposé de l’amour. Mais même sur la Croix, Jésus témoignera comment il a vécu et appliqué fidèlement son enseignement. Jusqu’au bout, Il va nous aimer et donner sa vie pour que nous ayons la vie !

La question du Docteur de la Loi peut être aussi la nôtre : ma vie est une multitude de sollicitations, de projets, de directions, de rencontres, de décisions, d’impossibilités, de défis, de contraintes : Qu’est-ce qui est prioritaire, Premier ? Ou plutôt : Qui est Premier dans ma vie !

La réponse de Jésus est aussi pour nous !

Elle est là, pour redonner le sens véritable de notre vie !

L’amour n’est donc plus une injonction, mais invitation et imitation ! L’AMOUR EST DON ! Il est Don de Dieu ! Encore faut-il se faire capacité pour l’accueillir. C’est de Lui seul que nous pouvons recevoir la force de l’aimer de tout notre cœur et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes.

Frères et sœurs, dans ces temps un peu difficiles et compliqués, demandons la grâce de choisir d’écouter notre Seigneur et de mettre l’amour de Dieu au cœur de nos vies !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 25 octobre 2020, 30° semaine du temps ordinaire, Année A.

Homélie du mercredi 21 octobre 2020, 29e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 12, 39-48. Cantique (Isaïe 12). Lettre de saint Paul aux Éphésiens 3,2-12.

 

Ce matin, nous entendons la suite de l’évangile d’hier. Quel est son message ? Clairement : Jésus viendra de nouveau ! Il est déjà venu (c’est au moment de son incarnation, évènement que nous fêterons dans quelques semaines, à Noël), mais Il reviendra (Nous le proclamons, dans la foi, à chaque eucharistie, au moment de l’anamnèse). Nous sommes familiarisés depuis longtemps avec cette certitude. Les chrétiens savent que Jésus reviendra, et cependant, quand on y pense sérieusement, il y a là quelque chose de surprenant, de bouleversant.

Nous savons que Jésus est présent : dans l’Eucharistie, dans les Sacrements, dans sa Parole, ou quand deux ou trois sont en prière au nom de Jésus, Il est là ! Oui, Il est là, présence réelle, dans notre vie présente, aujourd’hui, maintenant ! Les Apôtres l’ont connu dans son humanité, nous le connaissons certes autrement, et cependant il nous annonce, avec force, une autre venue : « Je reviendrai ! ». Cela devrait mettre notre cœur de chrétien en joie.

Il reviendra, non pas pour démolir ce que nous aurons construit avec Lui et pour Lui, mais pour achever, accomplir à sa manière, à la manière de Dieu, tout ce que nous vivons, tout ce que Dieu veut pour nous. Il reviendra inaugurer ce qu’il appelle Lui-même : « les cieux nouveaux et la terre nouvelle » !

Cette promesse peut nous laisser perplexes… Nous aimerions bien savoir quand, Seigneur ? Nous ne le savons pas ! Comment Seigneur ? Nous ne le savons pas plus ! Mais il est certain qu’Il reviendra. Pour cette raison, il nous demande de vivre comme des gens qui l’attendent. C’est sans doute un des paradoxes du chrétien d’être, à la fois pleinement dans le monde, et, en même temps, tendu vers l’espérance du Ciel.

Aux scribes, aux intellectuels, aux maîtres à penser, aux Apôtres, et, plus largement encore, à chacun de nous, Jésus dit : « Attention ! Vous connaissez la volonté de votre Maître ; il vous a confié la responsabilité de sa maison (comprenons : de sa Création). Il ne s’agit pas simplement de tuer le temps, ni de tout laisser aller, de s’activer à des choses sans grande importance, ou de ne penser qu’à soi… », Mais il s’agit plutôt d’être attentifs et responsables, dans une dynamique d’attente et, en même temps, de joie ! 

Ce qu’Il nous demande, c’est un réflexe de prudence élémentaire : si notre maison est ouverte à tous les vents, si nous vivons sans profondeur, sans savoir ni pour qui ni pour quoi, sans réagir devant l’assoupissement ou la facilité, nous risquons de nous retrouver, un beau matin, cambriolés, à la fois physiquement, mais aussi intérieurement, comme privés brusquement de tous les fruits de notre travail et de notre espérance ! Il nous faut donc veiller pour ne pas manquer sa visite !

Qu’il revienne à minuit ou à une heure impossible, ou même au petit matin, s’il nous trouve attentifs à notre poste, prêts à L’accueillir, le Seigneur nous dira : « Passe-moi ton tablier. Assieds-toi : mange les bonnes choses que tu as réchauffées pour moi ». Alors la mesure de notre fidélité sera la mesure de notre bonheur, et si nous avons su nous entraider pour veiller à plusieurs, c’est ensemble que nous mangerons ce dîner servi par le Christ. Il y a là comme un autre paradoxe : nous croyons, nous, servir le Seigneur, en réalité, c’est Lui qui nous sert. Relisons l’évangile d’hier : « il passera pour les servir ». 

Finalement, les questions qui nous sont posées ce matin pourraient être celles-ci ! 

  • Y a-t-il encore en nous, place pour l’espérance et l’accueil ? 
  • Attendons-nous vraiment le retour du Seigneur ? 
  • Ou bien avons-nous encore l’illusion de pouvoir accomplir par nous-mêmes et pour nous-mêmes, notre propre vie ?

Frères et sœurs, voilà trois questions que je vous propose de méditer au cours de ce jour !      

                                                                                                                                         Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 19 octobre 2020, 29e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 12, 13-21. Psaume 99. Lettre de saint Paul aux Éphésiens 2, 1-10. 

 

Il n’y a pas si longtemps encore, le notable du pays était souvent sollicité pour faire un arbitrage. Ce pouvait être : le maire, le notaire, l’instituteur, le médecin, le curé On pouvait exposer son problème et on attendait de ce notable qu’il donne une réponse, qu’il trouve une solution.

 C'est sans doute le prestige de son enseignement qui vaut à Jésus cette demande un peu insolite : "Maitre, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage". 

Jésus refuse tout net de se substituer au notaire ou au juge. Mais, selon son habitude, il saisit l’opportunité d’élever le débat, et répond au niveau du sens de la vie en disant deux choses, que je peux résumer ainsi :

      - "Gardez-vous de l'envie d'avoir toujours plus",

      - "Vous le savez : les biens d'un homme ne lui garantissent pas la vie".

Pour expliquer cela, il donne cette parabole du riche insensé.

Il s'agit, notons-le, d'une richesse honnêtement acquise : c’est la richesse d'un homme dont la terre a bien rapporté grâce à son savoir et à son travail. Jésus ne critique pas cette richesse ! 

Mais quels vont être les réflexes de cet homme devant la chance, devant cette surabondance inespérée ?

  • D'abord il veut se mettre à l'abri des aléas. Sécurité d'abord et il va constituer des réserves !
  • L'autre réflexe suit logiquement : puisque le souci s'éloigne, l'homme va enfin profiter : " Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence ».  Et l'homme, même s’il ne s'installe pas dans des vacances perpétuelles, déjà il a pour objet, au moins de bien profiter de la vie !

Pour certains, le calcul de cet homme riche ne semble pas si faux ! Que peut-on lui reprocher ?

Mais, « Tu es fou ! », lui dit Dieu. Littéralement, tu es « insensé » ; c’est la traduction exacte, c’est-à-dire : « Ta réaction n’a pas de sens ! »

Ce que Jésus vise dans sa parabole, c'est le réflexe d'accumuler des biens et cette tentation de s'appuyer sur des réserves matérielles pour vivre sans horizon, sans projet fraternel, bien souvent au niveau de la jouissance immédiate. 

Les paroles de Jésus sur l'au-delà peuvent nous déranger, parce nous voulons du concret, nous avons peut-être du mal à comprendre ce que peut être une vie au-delà de cette vie terrestre ! Nous oublions que nous ne sommes que de passage sur cette terre. « Nu, je suis venu au monde ; nu, j’en repartirais ! » nous dit Job.

La seule chose que nous pourrons sans doute garder, c’est ce qui a rempli notre cœur, c’est-à-dire la façon dont j’ai su aimer et la façon dont je me suis laissé aimer. Toutes ces relations, tous ces liens d’amitié, d’amour, de charité, c’est cela qui va perdurer au-delà de notre mort. Nos richesses, cet héritage que nous laisserons : qui l’aura ? Nous avons juste à espérer que nos héritiers ne se querelleront pas trop !

       Frères et sœurs, en cette période tourmentée et déstabilisante, au milieu du tourbillon de notre existence, au moment où nous sommes peut-être tentés de refermer les mains sur l'immédiat, avec cet évangile, nous pouvons entendre en nous la voix du Père, qui nous murmure, avec bonté et humour : 

" Ne sois pas dans l’angoisse et la peur de manquer ! ..." C’est un bien plus précieux que je te propose : « être avec moi pour toujours » !

Ce matin, demandons pour chacun de nous, la simplicité, l’attention à l’autre et aux autres, cette capacité de faire de notre vie un vrai “je t’aime“. Si nous possédons des biens (ce n’est pas un mal !), puissions-nous être fraternels et partager !

       Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche18 octobre 2020, 29e dimanche du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 22, 15-21. Livre du prophète Isaïe 45,1.4-6. Psaume 95.

Lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 1, 1-5b.

 

Extraordinaire évangile qui nous raconte le subtil piège que les pharisiens et les Hérodiens, pour cette fois ensemble, ont tendu à Jésus pour le faire condamner ! 

Remarquez que le coup est intelligent ! Il s'agit d'amener Jésus à choisir entre deux opinions politiques opposées qui chacune, pourraient le faire condamner à mort. On lui demande après de nombreuses flatteries : « Est-il permis ou non de payer l'impôt à César ? »

C’est une question qui semble anodine, mais qui en fait, est un piège ! Si Jésus répond OUI, les pharisiens crieront au scandale, puisque payer l'impôt à César, c'est en quelque sorte se montrer favorable à l'empire de Rome, et par conséquent admettre la divinité de César. N’oublions pas que César était considéré comme un dieu sur la terre comme pour Pharaon. Si, au contraire, Jésus répond que NON, il ne faut pas payer l'impôt à l’empereur César, alors il devient un opposant politique. Les pharisiens seront les premiers à le dénoncer aux amis d'Hérode pour le faire condamner comme un rebelle à l'autorité occupante.

Jésus semble être habilement piégé : être un mauvais citoyen ou être un citoyen sacrilège ! Mais, sa réponse est brillante, nette, directe : « Hypocrites ! »  « Montrez-moi la monnaie de l'impôt. », dit Jésus.

Coupant court aux flatteries mensongères, il prend ses opposants en flagrant délit de contradiction puisqu’ils portent sur eux la monnaie de l’impôt, représentant l’effigie de l’Empereur. Autant dire qu’un juif pieux n’était pas supposé la posséder ! Rappelez-vous, on nous en parle à plusieurs reprises dans l’évangile. Au moment d’entrer dans le Temple, les juifs devaient changer l’argent romain qu’ils portaient sur eux. C’est pourquoi il y avait des changeurs qui se tenaient dans le parvis du Temple ! L’argent romain était considéré comme idolâtrique et ne devait pas, par conséquent, entrer dans le Temple.

La réponse de Jésus retentit et surprend encore aujourd’hui : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »  Étonnante et remarquable réponse ! Bref ! Le piège n'a pas fonctionné.

De fait, Jésus ne répond pas à la question posée ! Il fait beaucoup mieux. Il la transforme, interpelle et en fait comprendre les conséquencesIl nous invite à réfléchir à notre tour.

Car attention ! Pour le croyant, la réalité de la terre, qu’elle soit régie par César ou un autre, disparaitra un jour pour faire place au nouveau Royaume.

Par le baptême, par le don de l’Esprit, le chrétien se découvre citoyen du ciel.

L’homme est renvoyé à sa vraie nature qui est d’être avec Dieu et « Citoyen du Ciel » !

L’enjeu véritable et important est celui-ci :

« Tout en étant de ce monde, et en même temps, de passage en ce monde, à qui voulons-nous appartenir ? »

C’est la question que Jésus nous pose ce dimanche : à César ou à Dieu ? Voilà la conversion que Jésus attend de nous tous. La réponse n’est pas si simple ; c’est à chacun de nous de répondre et de répondre en vérité.

  • Attention, ne nous trompons pas ! La pièce de monnaie n’est pas en cause pour elle-même ! L’argent, nous le savons bien, est juste un moyen et non une fin !
  • L’argent, comme le pouvoir politique, est une création de l’homme. Bien géré, cela est nécessaire pour un bien “vivre ensemble“ respectueux et solidaire ! 

Une dernière réflexion ! Si cette pièce d’argent porte le signe évident de César Tibère, c’est-à-dire son visage, où peut-on trouver le signe de Dieu dans le monde ? 

Je vous le redis : il est important de comprendre que l’homme n’appartient ni au politique, ni aux puissances d’argent, ni aux mécanismes économiques.

Nous trouvons le signe de Dieu dès le livre de la Genèse, où il est écrit que nous sommes créés à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26-27) : « Dieu créa l’Homme à son image ». 

Tout homme est une histoire sacrée et l’homme est à l’image de Dieu. 

Plus encore, le baptême reçu, nous configure d’une façon originale au Christ (prêtre, prophète et roi) et nous découvre frères et sœurs ! Nous le redirons tout à l’heure en récitant le Notre Père ! Une fraternité encore plus large est à redécouvrir et à mettre en action, comme nous le redit avec force le Pape François dans sa dernière encyclique Fratelli tutti ! Il nous faut comprendre que ce monde ne pourra véritablement répondre à sa vocation que si nous nous reconnaissons frères et sœurs.

Cela, notre époque semble l’avoir oublié ! C'est là que se situent les questions de justice sociale, de développement, de liberté, de charité, de la Mission telle que nous essayons de la vivre aujourd’hui, mais aussi du sens de ma vie, de notre vie et de notre avenir ! Nous percevons que ce désir du Ciel qui nous habite tous au plus profond de nous, est là, ancré dans notre cœur : être à Dieu pour toujours !

Ces questions ne doivent pas nous laisser indifférents. Nous savons bien les contraintes que nous subissons aujourd’hui, les restrictions, certaines limitations de notre liberté, avec ce virus qui rôde, les ordres et les contre-ordres et la peur qui peut s’installer. Cependant, ne craignons pas ! N’ayons pas peur ! Prenons soin, bien sûr des uns, des autres ; cela est évident, nécessaire, indispensable. 

Soyons passionnés par ce monde, mais choisissons d’appartenir à Dieu ! Ou dit autrement : rendons donc à ce monde ce qui est à ce monde, mais n’oublions pas que nous sommes à Dieu !

  • C'est tout cela que nous recevons aujourd’hui, en ce 29e dimanche du temps ordinaire. 
  • C’est tout cela que la Parole de Dieu nous enseigne avec perspicacité et profondeur. 

Demandons la grâce, pour chacun de nous, de la laisser résonner en notre cœur et faisons un choix juste et vrai  !                         

                                                                                                                                       Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 14 octobre 2020, 28e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 42-46. Psaume 1. Lettre de saint Paul aux Galates 5, 18-25.

 

Comment traduire ce mot « Malheureux » ? Peut-être par « quelqu’un qui n’est plus heureux ! » On pour pourrait dire aussi « C’est dommage ! » Ou même « Hélas ! » …

Ce qui est certain, c’est cette profonde douleur de Jésus devant la part de nous-mêmes qui oublie que l’accomplissement de la loi ne peut se faire que dans l’amour.

Malheureux homme qui, dès lors qu’il a accompli les obligations et les lois de sa religion, croit qu’il est en règle avec Dieu et qu’il peut se faire juge de ses frères. Il se trompe de Dieu, car Celui que Jésus nous révèle ne veut pas être servi, mais être aimé et rencontré gratuitement. 

Il se fait homme au milieu des hommes pour que nous nous approchions sans crainte de lui. Il ne nous appelle plus « serviteurs », mais « amis » (cf. Jn 15, 15).

Contrairement, à une idée récurrente, notre Dieu n’est pas le grand inquisiteur qui compte nos faux pas et nous contraint à observer les multiples préceptes de la religion. Il est celui qui juge selon la vérité, avec bonté et patience, dans l’amour. Il fallait observer la loi, sans abandonner l’amour ! Divin équilibre du jugement de Dieu !

Un double malheur me guette 

·            Le premier : être fier de son observance de la Loi et valoriser une belle image de soi-même

·            Le deuxième : Croire que Dieu ne peut plus m’aimer tant les chemins que j’ai pris m’ont éloigné de Lui.

 

En fait, si le Dieu que nous cherchons et que nous rencontrons dans le visage de Jésus ne nous surprend plus, s’il ne nous convoque pas en dehors de nos habitudes et de nos certitudes bien pensantes, à l’écart de nos chemins, bien conformes aux préceptes moraux que nous nous fixons et aux lois de l’Église, est-il encore vraiment le Dieu de Jésus Christ, le Dieu qui m’a créé, le Dieu qui donne sa vie pour moi, le Dieu qui donne et qui pardonne sans limites ?

Frères et sœurs, aujourd'hui encore le Seigneur attend de nous une vraie cohérence 

  • entre la prière et la vie, entre les paroles et l'engagement concret, 
  • entre notre générosité personnelle et ce que nous réclamons des autres. 

Aujourd'hui encore, sa tendresse me rejoint personnellement. Ce n’est pas une condamnation, mais bien une invitation musclée ! Osons faire ce choix et vivre de l’Esprit Saint !

Ainsi soit-il ! 

Homélie du lundi 12 octobre 2020, 28e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 29-32. Psaume 112. Lettre de Saint-Paul aux Galates 4,22-24.26-27.31 à 5,1. 

 

Ce matin, je souhaite m’arrêter sur cette petite phrase : « Cette génération cherche un signe… »

Il serait sans doute intéressant de compter le nombre de fois où nous demandons un signe à Dieu dans notre vie, une certitude que telle ou telle chose se situe dans son projet, ou une aide dans des décisions de choix de vie ? Nous serions peut-être surpris de comptabiliser toutes ces demandes ! Inconsciemment ou non, nous sollicitons sans cesse des signes à Dieu, comme si nous voulions qu’Il nous aide d’une façon très concrète. De fait, nous recherchons, ou même nous réclamons souvent des signes rapides et surtout efficaces !

En écoutant l’évangile de ce jour, nous pourrions nous poser cette question : pourquoi Jésus semble-t-il condamner cette recherche de signe ?

Peut-être parce que nous restons trop centrés sur nous-mêmes ou que la réponse de Dieu à cette recherche ne correspondra pas toujours à notre demande ! Bien souvent, la réponse est un silence, alors que nous attendons une réponse claire, précise ! Ce n’est pas que Dieu serait silencieux, mais sa réponse est une réponse qu’il nous faut découvrir et comprendre, bien souvent dans la prière et dans le temps !

Souvent, une note de déception s’empare de nous ! Le silence de Dieu peut sembler terrible à certains moments. « Dieu ne me répond pas ! » Pourtant, Dieu parle dans ce silence ! Par exemple : rappelez-vous l’épisode d’Élie sur le Mont Horeb (1 Roi 19, 11-14). Élie  réclame un signe, lui aussi, et il s’aperçoit que Dieu s’est laissé découvrir dans le silence d’une brise légère ! 

Dans l’évangile de ce jour, Jésus dit pourtant qu’il donnera un signe, celui « de Jonas » ! Quel est donc le signe de Jonas ?

En fait, c’est un double signe que nous découvrons dans l’histoire de Jonas. La Bible raconte que Jonas est envoyé par Dieu pour convertir la ville de Ninive, la grande ville païenne ! Vous connaissez son périple, ses refus, sa fuite et comment, il va passer trois jours et trois nuits dans le ventre d’un gros poisson.

Il prêche donc la destruction de Ninive, mais il sait que cette ville sera pardonnée par le Seigneur si elle se détourne de sa méchanceté. Et là, la ville se convertit. Jésus dit : « Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas ». Le premier signe est celui d’une ville qui se convertit et change radicalement, car tous les habitants se tournent entièrement vers Dieu ! 

Mais l’histoire de Jonas a deux sens. Elle donne un signe à travers la conversion de la ville de Ninive, mais Jonas en reçoit un pour lui. Après la conversion totale de Ninive, Jonas est en colère, il a été écarté comme un illuminé qui prêche le malheur et l’échec. Alors, il demande au Seigneur de le laisser attendre la mort. Jonas préfère mourir !

C’est là, où il devient à nouveau « signe », car Dieu donne un signe de sa miséricorde pour tous, et pour lui particulièrement. Il n’a pas été prophète uniquement pour sauver Ninive. Dieu l’a envoyé pour lui révéler son cœur. Et pour s’ouvrir à ce mystère d’amour, Jonas devait passer par l’échec, par un certain silence de Dieu, pour se convertir et enfin découvrir la Miséricorde de Dieu !

Frères et sœurs, je vous invite (et moi également), si vous le voulez bien, à prendre le temps, aujourd’hui ou dans les jours qui viennent, à relire notre vie autrement, à y découvrir le signe que Dieu nous a envoyé et que nous n’avons peut-être pas su voir, découvrir et comprendre : le signe de la Miséricorde de Dieu pour moi ! Plus encore, découvrons qui est « Signe » pour moi !

Voilà ce que Jésus nous propose de comprendre, aujourd’hui, dans cet évangile !

Rendons grâce à Dieu pour sa miséricorde !

Ainsi soit-il 

Homélie du dimanche 11 octobre 2020, 28e dimanche du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église Saint-Vincent de Paul, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 21, 33-43. Livre du prophète Isaïe 5, 1-7. Psaume 79.

Lettre de saint Paul aux Philippiens 4, 6-9.

Messe de rentrée de la Paroisse

 

Chers amis, ne trouvez-vous pas que les invités à la Noce de la parabole, c’est un peu chacun de nous ? Nous savons bien que Dieu invite, nous invite tous aux Noces de l’Agneau ! … pour vivre quelque chose de grandiose !

A chaque eucharistie, nous le redirons tout à l’heure et nous l’entendrons à nouveau : « Heureux les invités au repas du Seigneur » ! Il y a des moments où, nous disons oui à Dieu, et nous répondons à son invitation d’un cœur léger, mais parfois la peur, ou bien la paresse, ou encore le découragement, ou un emploi du temps trop chargé finissent par transformer « cette joie des Noces » en refus ou en indifférence. Et puis il y a d’autres moments où, après avoir rechigné, (« Non, je n’irai pas ! »), après s’être fait attendre, après avoir déployé des stratégies de fuites plus ou moins conscientes, nous finissons par regarder la réalité en face, par nous souvenir de l’invitation de Dieu, et par décider de transformer notre non en oui. Quelle joie !

Ce que cette parabole nous rappelle, c’est que, finalement TOUS SONT CONVIÉS, sans distinction et librement, « les mauvais comme les bons » nous dit l’évangile, « et la salle de noce fut remplie de convives. »

En cette messe de rentrée, cette parabole est pour nous comme une catéchèse, faisant le lien entre :

- le festin préparé pour tous les peuples, l’Agneau Pascal, Jésus-Christ crucifié, 
- et le bon Berger (entendu dans le psaume) venu rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. 

Mystère pascal et mystère de l’Église, profondément unis en chaque eucharistie, tissant chaque jour un peu plus l’habit de fête qui est la tenue de service de tous les invités aux noces de l’Agneau. A nous de comprendre que l’habit de fête est, tout simplement la tenue de service, pour être au service de tous !

Ne soyons donc pas étonnés ! Cette invitation à rester en tenue de service est toujours un grand défi pour chacun de nous en particulier, et aussi pour notre communauté paroissiale ! Notons bien que ce n’est pas le seul défi qu’il nous faut relever… il y en a plusieurs ! Ces défis sont nombreux, tant pour notre paroisse, que pour la société. 

Nous le savons, depuis la fin de l’hiver dernier, un virus s’acharne à bouleverser nos modes de vie. Et voici que sa présence inquiétante plane, à nouveau, sur cette rentrée pas comme les autres, ravivant l’incertitude et le doute, la méfiance et la peur. 

Décidément, et sans baisser les bras, que nous le voulions ou non, il nous faut apprendre à vivre autrement ! Bien sûr, nous prenons soin de tous et nous appliquons les consignes sanitaires nécessaires, et nous l’avons fait dès les premiers jours. Ce n’est pas une option !

J’ai entendu, comme vous, au cœur du confinement, le rêve d’un « monde d’après » débarrassé des incohérences et des injustices du « monde d’avant ». 

Mais aujourd’hui, nous sentons bien qu’entre l’avant et l’après, il y a le présent, un présent pendant lequel nos relations quotidiennes, familiales, paroissiales ou professionnelles, se voient fortement et parfois gravement affectées, que ce soit par la douleur de la maladie, l’épreuve de la solitude, (pensons à nos anciens qui se trouvent en EHPAD), la menace du chômage, les difficultés éducatives. Pour tous, il est même devenu difficile d’élaborer des projets à long terme. Par exemple, lors d’un rendez-vous hier avec des fiancés, nous nous interrogions pour savoir si leur mariage pourrait être célébré ? Les professions de foi, les premières communions risquent d’être un peu décalées…

Notre Paroisse n’échappe pas à cette réalité. Elle partage les angoisses et les interrogations de ce temps. Mais, elle ne doit surtout pas se décourager ni se replier sur elle-même en attendant que l’orage passe. Engourdie, elle aussi, par les masques et les gels, les ordres et les contrordres, notre Communauté paroissiale se sait appelée par son Seigneur à accompagner la famille humaine sur ce chemin que nous savons compliqué et incertain. Elle sait aussi que, même si les vents sont contraires, le Christ est sur le bateau, Il est notre balise, notre GPS, et notre paroisse sait qu’elle peut mettre en Lui toute sa confiance et toute son espérance. L’Esprit de Dieu n’est pas absent de nos vies, bien au contraire ! C’est bien dans ces conditions-là, avec ces contraintes et ces limites bien réelles, « ici et maintenant », que nous devons accueillir, vivre et annoncer l’Évangile du Christ. Vivre et réinventer la FRATERNITÉ ! C’est cette fraternité qui nous construit ! Nous en avons besoin ! Les embrassades, la convivialité de toutes nos rencontres joyeuses nous manquent terriblement ! Il nous faut retrouver et donc ré-inventer la façon de vivre cette fraternité, essentielle à notre vie chrétienne !

Chers amis, ne nous laissons donc pas paralyser par la peur et le découragement ! Nous avons à prendre soin les uns des autres, bien sûr ! Notre foi nous appelle à vivre dans l’espérance pour garder le cap, pour être encore et toujours dans le service et une disponibilité à tous. Ce ne sont pas de vains mots, ni seulement de belles paroles ; c’est ce que nous avons et devrions vivre chaque jour !

De fait, depuis plusieurs mois, en Équipe paroissiale, nous travaillons sur tous ces défis. Durant le confinement, nous nous sommes retrouvés deux fois par semaine, dans le respect des consignes et donc, comme beaucoup d’entre vous, en utilisant les différentes techniques des médias (skype, zoom et autres …)

​Ces défis sont ceux de notre société (je pense aux lois de Bioéthique, à la vie naissante, au soutien des personnes âgées), les défis familiaux (accompagner les parents, les enfants, les ados, l’aumonerie), les défis professionnels (le travail, les difficultés financières) et bien d’autres défis encore… Nous en sommes pleinement conscients !

C’est pourquoi, il est de notre devoir et de notre responsabilité de relever en paroisse, à notre niveau, déjà au moins là où nous sommes, ces défis, qui sont appelés les 5 essentiels de notre vie paroissiale :

     • Le défi d’une communauté paroissiale qui est un lieu de fraternité 
     • Le défi d’une communauté paroissiale qui prie et célèbre dans la confiance
     • Le défi d’une communauté paroissiale qui ose la rencontre et annonce l’évangile 
     • Le défi d’une communauté paroissiale qui est un lieu de service et d’accueil de tous
     • Le défi d’une communauté paroissiale qui donne envie de se former.

Le travail réalisé à partir des Assises (qui vous sera présenté dans quelques instants) et les lectures des dernières encycliques Laudato Si’ et Fratelli tutti, devraient nous aider à avancer et à mieux comprendre notre mission.

Merci à vous tous déjà disponibles à la Mission dans notre Paroisse et qui souvent, sans faire de bruit, êtes bien présents. Merci aussi, et ce n’est pas un vain mot, à vous tous qui allez accepter et vous engagez à vous mettre en tenue de Service, humblement et chacun selon vos possibilités et vos charismes !

C’est bien ce service et cette fraternité que je vous invite à vivre intensément tout au long de cette année, en paroisse, en famille, dans nos communautés.

Merci par avance et que le Seigneur, par son Esprit Saint, nous bouscule et nous guide sur ce chemin de la Mission pour un jour participer, dans la joie, au festin des noces éternelles  !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 11 octobre 2020, 28e Dimanche du temps ordinaire - Messe de Rentrée de la Paroisse

Homélie du mercredi 7 octobre 2020, 27e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 26-38. Cantique (Luc 1, 46-55). Livre des Actes des Apôtres 1, 12-14

Notre-Dame-du-Rosaire

 

La mission de Jésus, en prenant notre condition humaine, est de nous faire connaître le Père et le plan du Salut qu’il souhaite pour chacun de nous !

     Cette mission de Jésus, nous la connaissons ! Mais, elle est toujours d’actualité, il s’agit de nous laisser transformer par la prière de Jésus pour nous tourner vers le Père !

     Cependant, est-ce si facile ? Ne vivons-nous pas, parfois au quotidien, des obstacles, des empêchements ? Déjà, en nous-mêmes : notre pesanteur, notre inconstance, nos refus… mais il y a aussi quelqu’un qui veut s’opposer à notre relation au père ! On l’appelle : le Tentateur , le Diable, le Diviseur, Satan ! Avons-nous conscience de son existence ? Il est si malin, qu’il a réussi à nous faire croire qu’il n’existait pas ! Nous pourrions facilement le vérifier en posant la question aux personnes que nous rencontrons dans la rue. Et pourtant, il est bien présent !

Le catéchisme de l’Église Catholique nous redit : 

« Le mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. »(CEC 2851). (Lucifer= Ange de lumière)

Jésus, lui-même, au soir de sa Passion prie encore son Père de nous garder du Mauvais (Jn 17,15). 

Il est frappant de voir, aujourd’hui, par la multiplication des magnétiseurs, coupe-feu, voyants et médiums en tout genre, comment le démon étend de nouveau son pouvoir sur les personnes qui se trouvent affligées de différents maux psychologiques, physiologiques et spirituels. Parfois quand un problème se présente, les personnes ne se tournent pas vers Dieu, mais plutôt vers des individus qui risquent de les conduire en des méandres difficiles, compliqués et aussi, de surcroit très onéreux !

Rappeler son existence n’est pas une question de superstition ou d’obscurantisme primaire ! L’action du démon est réelle et s’étend sur toutes les dimensions du monde créé. 

C’est pourquoi, dans la prière du Notre Père que nous récitons régulièrement, selon la version de Luc ou celle de saint Matthieu, nous demandons : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. Délivre-nous du Mal ! » ; c’est-à-dire : délivre-nous du Mauvais.

Cette dernière demande du Notre Père nous place sous la protection du Seigneur et nous assure que celui qui est enfant de Dieu et ne s'expose pas à l'action du démon n’a rien à craindre du tentateur.

En ce jour, où nous faisons mémoire de Notre-Dame du Rosaire, nous avons aussi une autre arme ! Le chapelet est une « arme » efficace contre le Démon ! Prière simple, mais puissante !

Prier le Rosaire, c’est contempler l’histoire du monde entier du point de vue de Dieu et se réjouir avec Lui de voir le Christ faire toutes choses nouvelles. Le chapelet nous invite à entrer de nouveau, dans l’histoire du Salut que Dieu veut pour chacun de nous. Le « oui » de Marie nous le rend possible ! Invoquer le nom de Marie nous met donc en présence du Christ qui, Lui-même, nous met en présence de son Père et de notre Père.

Puissions-nous, frères et sœurs, rejeter les séductions du Malin et faire le choix de Dieu en toute occasion, renoncer à toute pratique démoniaque et demander l’aide de la Vierge Marie. Demandons cette grâce pour chacun de nous réunis ce matin, pour nos familles et pour le monde !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 5 octobre 2020, 27e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 10, 25-37. Psaume 110. Lettre de Saint-Paul aux Galates 1, 6-12. 

Sainte Faustine

 

En préparant cette célébration et, en particulier cette homélie, je me suis demandé si vous connaissiez tous Hélène Kowalska, celle qui sera sœur Faustine puis sainte Faustine que nous fêtons aujourd’hui. Il m’a semblé intéressant de relire ensemble sa vie.

Elle est née en Pologne le 25 août 1905dans une famille très modeste. Elle recevra peu d’instruction (seulement trois années d’école) et devra aller travailler, dès l’âge de 16 ans, comme servante. Elle sera canonisée le 30 avril 2000 par saint Jean-Paul II, le jour de l’instauration de la fête de la Divine Miséricorde, le 2e dimanche de Pâques. Sainte Faustine avait été béatifiée en 1993.

À l’âge de 18 ans, elle demande à ses parents de pouvoir entrer au couvent, mais les moyens financiers manquent, et elle devra travailler pour payer sa dot avant d’entrer dans la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde à Varsovie à l’âge de 20 ans. (C’était l’usage à l’époque).

Elle sera religieuse pendant treize ans avant de mourir des suites de la tuberculose le 5 octobre 1938.

Animée d’une profonde vie mystique, et d’une façon surprenante, elle verra Jésus lui apparaître et lui formuler des demandes : 

     - faire peindre le tableau de Jésus miséricordieux (vous pouvez en admirer un, superbe, dans la chapelle de la basilique du Sacré-Cœur,

     - faire réciter le chapelet à la miséricorde divine,

     - diffuser le message universel de la Miséricorde Divine

Jésus s’adresse souvent à des personnes avec un cœur simple ! Elle aura aussi d’autres apparitions, notamment celle de sainte Thérèse qui l’encouragera dans son désir de sainteté.

Sainte Faustine nous a laissé son Petit journal, rédigé à la demande de son directeur spirituel, le père Sopocko. Elle y évoque ses expériences mystiques, et y cite ce que Jésus lui demande en s’adressant à elle.

C’est le 13 septembre 1935 à Vilnius, que le Seigneur inspire à Sainte Faustine le Chapelet à la Miséricorde Divine. À maintes reprises, le Seigneur insiste pour qu’elle encourage les gens à le réciter (Petit Journal, 1541 ; 848).

Pourquoi ? Parce que cette prière du chapelet est une prière toute simple, porteur de grâces incroyables, inestimables, en particulier pour notre salut et celui des autres (Petit Journal, 811 ; 848 ; 1541).

 

Voici un petit extrait de l’homélie du pape Jean-Paul II lors de sa canonisation :

Il s’adresse directement, familièrement, dans le tutoiement d’un pape polonais à une sainte Polonaise :

« Et toi, Faustine, don de Dieu à notre temps, don de la terre de Pologne à toute l'Église, obtiens-nous de percevoir la profondeur de la miséricorde divine, aide-nous à en faire l'expérience vivante et à en témoigner à nos frères. Que ton message de lumière et d'espérance se diffuse dans le monde entier, pousse les pécheurs à la conversion, dissipe les rivalités et les haines, incite les hommes et les nations à la pratique de la fraternité. Aujourd'hui, en tournant le regard avec toi vers le visage du Christ ressuscité, nous faisons nôtre ta prière d'abandon confiant et nous disons avec une ferme espérance :                                        

« Jésus, j'ai confiance en Toi ! »

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 4 octobre 2020, 27e dimanche du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église Saint-Vincent de Paul, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 21, 33-43. Livre du prophète Isaïe 5, 1-7. Psaume 79.

Lettre de saint Paul aux Philippiens 4, 6-9.

 

Les lectures de ce dimanche nous parlent de la Vigne, des vignerons, du fruit de la Vigne : qu'est-ce que la vigne dans la Bible ? Que nous faudrait-il entendre et comprendre ce matin ?

À quatre reprises, dans l’Ancien Testament, Dieu compare son peuple à une Vigne. Dieu a planté cette vigne avec grand soin. Il a pris toutes les dispositions pour qu’elle prospère et porte beaucoup de fruits. Or, cette vigne, c’est-à-dire le peuple, le déçoit terriblement en n’offrant finalement qu’une récolte misérable, avec des fruits terriblement amers. Quand Jésus s’adresse à ses interlocuteurs, ils comprennent très bien son propos et le sens de cette parabole !

- Ils savent qu’elle est choyée par Dieu, qu’Il a tout donné et qu’en retour elle est décevante !  Le devenir de cette vigne (peut-être le nôtre aussi ?) n’est-il pas une sorte de raccourci de l'histoire de l'humanité ? 

- Avons-nous conscience que chaque eucharistie, que toutes les Eucharisties que nous célébrons font échos, justement, à cette Vigne.

- À chaque Eucharistie, en effet, nous rappelons le plan de Dieu sur l'homme par les deux thèmes de la création, symbolisée par la joie du vin (le fruit de la vigne), et celui de la rédemption (symbolisée par le sang versé). Nous comprenons bien l’analogie avec l’eucharistie !

Ce que Dieu offre à l'homme, dans sa création, c'est comme un vignoble à cultiver, du raisin à récolter, du vin à goûter… Et le vin, précisément, est un produit du travail de l'homme. Il y faut tout un savoir-faire nécessaire pour transformer de belles grappes de raisin en un vin capiteux. 

Ainsi, l'image du vin nous dit que Dieu n'a pas achevé sa création. Il nous l'a donnée pour que nous puissions, nous-mêmes, l'achever. Il nous a donné la vigne, qu’il nous faut cultiver ; il faut cueillir le raisin, puis le transformer pour qu’il devienne ce vin. C’est cette transformation, cette mission que Dieu nous confie. Comme le maître de la parabole, Il s'est discrètement retiré. Ce retrait n'est pas un désintérêt, mais une façon de mettre en évidence le sens des responsabilités et la liberté des hommes que Dieu ne se lasse pas d’aimer.

Voilà le constat ! La réalité semble décevante ! À une telle discrétion et à une telle confiance, les vignerons n’ont répondu que par l'insolence et la mort. L'homme d'aujourd'hui, comme du temps de Jésus, veut se passer de Dieu et gérer la vigne à son seul profit. Il s'en croit le propriétaire et l'actualité nous montre à suffisance, la folie de ce crescendo dans l'appétit d'avoir et d'avoir toujours plus. Le libéralisme sauvage et sans retenue, que nous avons vu s'amplifier sur toute la planète, entraîne d'innombrables dégâts à la fois, humains et en même temps, écologiques… C’est un premier constat sur lequel je vais revenir.

C'est alors que nous percevons le second thème de la parabole, celui du sang versé : signe de la rédemption. Les refus obstinés des hommes ne peuvent pas empêcher Dieu de poursuivre son projet d'amour. Ce qui est fou, c’est que Dieu continue, s'obstine à croire en l'homme. Il ose le risque suprême : Il décide d'envoyer son propre Fils et Il a la “folie“ de croire que : « Ils respecteront mon propre fils ». Il entreprend la démarche incroyable, celle qui s’est déroulée pour nous il y a deux mille ans : l'incarnation, la venue “in carne“ dans notre chair, du Fils de Dieu, Jésus.  « Dieu a tellement aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique », dit saint Jean. 

Hélas ! Ce fut la tragédie : « Voici l'héritier : allons-y, tuons-le ! » Nous connaissons la suite ; Jésus meurt sur la croix. Les hommes ne l’ont pas reconnu.

Mauvais calcul, prévient Jésus : vous voulez tuer l'héritier pour avoir l'héritage, mais Dieu ne renoncera pas à son plan de Salut :

           - l'héritage passera à d’autres, aux Gentils (nations païennes), qui seront le peuple de la nouvelle alliance, c’est-à-dire : nous,

           - il passera à d'autres vignerons, ses propres Apôtres, qui prendront en main le peuple de Dieu.

Cette erreur dramatique, ce mauvais calcul, guette encore notre monde. En sommes-nous conscients ?

Quel est-il ?

           - Vouloir se passer de Dieu, et pire encore : se prendre pour des dieux !

           - Rejeter le Créateur, et pire encore : mettre à genoux la Création.

Au début de ce troisième millénaire, le constat que nous faisons semble toujours le même, malheureusement. Nous exploitons, à la fois la personne humaine et la création ! Cette vigilance que nous devrions avoir de la Création (au sens large : Nature et humaine) est une réalité décevante. Nous essayons de le crier au monde, mais celui-ci est pris dans une spirale de folie à vouloir plus, plus… et toujours plus.  

C’est pourquoi, à la suite de Saint-François d’Assise, dont le pape François reprend le nom, l’intuition et la quête, va par son Encyclique Laudato Si’, nous montrer l’urgence. Sans doute avez-vous lu cette encyclique ? Si vous ne l’avez pas fait, il est toujours temps de la découvrir ! Nous vous invitons à la lire ensemble cette année. Beaucoup, parmi ceux qui l’ont lue, chrétiens ou non chrétiens, sont impressionnés par la clairvoyance et la profondeur de la réflexion du pape François.

Le travail que nous commençons aujourd’hui dans la Paroisse est une invitation à une triple conversion : Conversion à DieuConversion du cœurConversion écologique.

Je le redis : nous ne sommes pas propriétaires, mais plutôt gérants de cette terre qui reste l’œuvre du Créateur, ce Dieu que les psaumes nous invitent à louer. À partir des œuvres créées, nous reconnaissons la main de Dieu et nous nous élevons vers la miséricorde du Père (LS77). C’est en Jésus ressuscité que la création marche jusqu’à la plénitude de Dieu (LS83). L’homme est responsable de cette création qui lui est confiée, et nous aurons des comptes à rendre.

« Chaque créature a une fonction, et aucune n’est superflue […] tout est caresse de Dieu » (LS84) dit le pape François.

Voici la prière qui peut être la nôtre ce matin : 

Apprends-nous, Seigneur à respecter toute la création,

à la servir au lieu de nous en servir,

à savoir admirer sa beauté. 

La Création ne nous appartient pas ! Seigneur, Tu nous la confies comme un dépôt à entretenir, à faire fructifier et tu souhaites pour nous de grandir dans le respect de la loi naturelle. 

Seigneur, donne-nous la sagesse et la patience des cultivateurs !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 4 Octobre 2020 - 27° Dimanche du TO - Lancement Année Laudato Si'

Homélie du mercredi 30 septembre 2020, 26e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 9, 57-62. Psaume 87. Livre de Job 9, 1-12.14-16. Saint-Jérôme

 

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, il y a une phrase que beaucoup de théologiens et de saints ont essayé de comprendre, plus exactement de comprendre le sens de l’affirmation de Jésus quand Il dit : « mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête » ! 

C’est une phrase qui nous interroge sans doute, comme elle a interrogé beaucoup de familiers de la Parole de Dieu ; de fait, si nous lisons avec attention l’Évangile, nous constaterons que le seul moment où Jésus reposa sa tête, c’est au moment de la Croix, comme le dit saint Jean : « Tout est accompli ! Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. » (Jn 19,3).

Cette réflexion donne une certaine tonalité à l’évangile que nous venons d’entendre ! Nous le savons, Jésus n’a de cesse d’avoir cette initiative d’appeler des hommes et des femmes ordinaires, tout simples, à sa suite.

Mais, Il nous avertit que le disciple doit être prêt à l’itinérance, c’est-à-dire à ne pas savoir, lui aussi, où reposer sa tête, et donc à quitter d’une certaine façon, sa zone de confort et d’être audacieux.

Sans doute est-ce une manière de nous avertir que partout, et à chaque instant, nous risquons d’être rejetés. 

  • Le Fils de l’homme est à la fois celui qui est mis à mort et celui qui est exalté à la droite du Père.
  • Il est à la fois : « le faible humilié et le Christ glorieux ». Quel paradoxe ! On ne peut pas choisir de suivre l’un plutôt que l’autre. 

L’un et l’autre seront donnés et nous devons avoir cela en tête quand nous affirmons que nous sommes chrétiens !

Aux appels du Christ, nos réponses sont, bien sûr, personnelles ! Bien souvent, elles disent à la fois ce que l’on quitte et une aventure qui commence, un passé ou un avenir, un regard en arrière ou un regard en avant ! Une sécurité ou une audace ! Peut-être une peur ou un acte de confiance ! 

Bref : à chaque fois que Dieu appelle quelqu’un à son service, tout cela à la fois peut s’embrouiller dans notre tête !

Enterrer son père, faire ses adieux à ses proches avant une séparation longue ou définitive sont des actes qui renvoient à ce qu'il y a de plus profond en nous : la gratitude vis-à-vis de ceux qui nous ont donné la vie, la communion avec ceux qui nous sont les plus proches. 

Cela n’est pas un reproche en soi !

Maisannoncer le royaume implique non de renoncer à ces liens

mais de les hiérarchiser correctement relativement à l'urgence du royaume.

C’est bien cela que Jésus veut nous faire comprendre dans le texte de ce matin. Enterrer et saluer sont certes, des attitudes tout à fait louables, mais si elles sont figées, tournées vers le passé, elles n'ouvrent pas vers un avenir.

Jésus n'invite pas à délaisser les siens. Bien au contraire, et nous le savons bien, rappelons-nous comme Il prendra soin, au moment de sa mort sur la croix, de confier sa mère, désormais seule, à son disciple bien aimé ! Jusqu’au dernier moment, Jésus prend soin de sa famille !

Mais l’insistance de cet évangile est de nous faire comprendre que Jésus nous invite à nous situer dans nos préoccupations, nos désirs, nos relations mêmes les plus légitimes, tout cela, dans la perspective du Royaume des Cieux et de son annonce dans notre monde qui en a tant besoin ! Pour le dire autrement :

C’est en étant résolument ouvert à une communion en Dieu

qui mène à leur achèvement et dépasse toutes les autres communions,

que nous pouvons vivre sur terre,

Car, il nous faut comprendre que tout amour, l’amour vrai, trouve sa source dans le lien à Dieu !

Suivre Jésus, aimer Dieu donne une force supplémentaire à toutes les relations que nous vivons ici-bas. C’est le Don que Dieu nous fait ! C’est le projet de vie que Dieu a pour nous !

Demandons cette grâce de comprendre les enjeux de notre vie (en discernant le plus important, le plus accessoire) et la force d’une vraie réponse à l’appel de Dieu !    

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 28 septembre 2020, 26e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 46-50. Psaume 16. Livre de Job 1, 6-22.

 

Comme vous l’avez sans doute remarqué, nous commençons un nouveau cycle, avec la lecture quasiment en continu (sauf les jours de fête) du livre de Job. J’aimerais très simplement ce matin, vous inviter à aller un peu plus loin, en prenant le temps de lire ce livre. Pour vous y aider, je vous propose une petite introduction au livre de Job ! Découvrons ensemble qui est Job !

La Bible est déclarée « patrimoine de l’humanité » par l’Unesco. La Bible nous rejoint dans notre vie quotidienne, et nous devrions la lire régulièrement pour nous en nourrir. Vous avez bien noté que, lors des célébrations eucharistiques, nous en écoutons seulement certains passages. La lire dans son intégralité nous parle autrement et nous permet de mieux comprendre le projet de Dieu ! Dieu n’est pas absent de notre quotidien, particulièrement parmi les écrits de Sagesse (que nous retrouvons dans l’Ancien Testament). 

Ce sont par exemple : le savoir-faire et le savoir-vivre (Livre des Proverbes), le sens de l'existence (Livre de Qohèleth), celui de l'amour (Cantique des cantiques), de la présence de Dieu dans la création et dans l'histoire (Ben Sirach le Sage et le Livre de la Sagesse), de la prière (Psaumes). Il y en a un qui nous parle de la souffrance de l'homme : c'est le livre de Job.

Job est un personnage à la fois réel et fictif. Il est réel en tant qu'il représente la souffrance de combien de femmes et d'hommes par le monde, souffrance d’hier, d’aujourd’hui et vraisemblablement celle de demain ? Il est encore réel parce que son auteur réfléchit sur l'épreuve qu'a vraiment subie le peuple d'Israël pendant son exil à Babylone. Mais il est fictifau sens où l'auteur n'a pas voulu décrire une situation historique singulière, mais une situation que tous peuvent rencontrer à un moment donné de leur existence. Le Livre de Job est donc à lire, car c’est un livre dont la lecture est enrichissante pour tous et pour tous les temps. 

L'auteur du livre biblique de Job décrit un personnage qui a vécu sans doute au Ve siècle avant Jésus-Christ, après le retour de l’exil à Babylone. 

À travers toute la tradition chrétienne, Job a constamment été reconnu comme le modèle du Juste souffrant et donc une figure de Jésus. On cite souvent la patience et la fidélité de Job dans son malheur. Parfois aussi, on le met en évidence comme celui qui a eu l’audace de discuter avec Dieu, sans contrarier ni maudire Dieu. Il est celui qui ose prier Dieu au cœur même de sa souffrance, non seulement afin d'accepter sa condition, mais parce qu'il cherche à comprendre si l'épreuve douloureuse telle qu’il la vit, a un sens pour l'homme, un sens pour Dieu. Le texte que nous venons d’entendre met en évidence un paroxysme de souffrance : Dieu peut-il abandonner son peuple ? Peut-Il laisser tomber l’homme qu’Il a créé ? C’est une question que nous pouvons nous poser !

C’est parce que Job a été considéré comme le modèle de la patience et de la confiance que la dévotion populaire en a fait un saint à part entière. C’est à ce titre qu'il a sa place dans le calendrier liturgique romain, où sa fête est inscrite au 10 mai. 

Ce qu’il nous faut comprendre aussi, c’est que le livre de Job n'est pas seulement qu’un livre biblique ou qu’un livre inspiré. C'est encore un des grands textes du patrimoine spirituel de l'humanité. Dans la Bible, il indique un moment clé de la réflexion d'Israël sur sa propre histoire, après la détresse de l'exil. Il dit comment le peuple de Dieu, et nous avec lui, pouvons rester fidèles à Dieu et continuer à Le prier quand souffrent les hommes, et surtout les tout petits, les innocents ? La souffrance n'est pas à rechercher pour elle-même, mais elle peut être le lieu où l'être humain est amené à se poser les questions essentielles, fondamentales sur sa propre vie et le destin du monde. « Pourquoi la souffrance ? Est-elle normale ? Est-ce juste ? » La souffrance et la mort semblent mettre en question l'existence même d'un Dieu bon et tout-puissant. 

Que veut notre Dieu pour moi, pour nous ?

Toutes les questions sur la souffrance, la maladie, l’échec, la mort se trouvent en germe dans le livre de Job, si nous le lisons et relisons attentivement. C’est cette invitation que je vous propose ce matin. Prenez le temps de le lire, seul, en petits groupes, en fraternités locales !            

  Ainsi soit-il ! 

Homélie du mercredi 23 septembre 2020, 25e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 9, 1-6. Psaume 118. Livre des Proverbes 30, 5-9. St Padre Pio

 

Puisqu’aujourd’hui, nous fêtons saint Padre Pio, il m’a semblé intéressant de relire avec vous, son histoire et sa vie. Je vous en propose donc une courte biographie.

Le Padre Pio, né Francesco Forgione, voit le jour en 1887, le 25 mai, à Pietrelcina en Italie, dans une famille catholique et très pieuse. Il est le troisième d'une famille de quatre enfants. Comme il était de coutume à l’époque, il sera baptisé le lendemain même de sa naissance, en l'église paroissiale Sainte-Anne. En 1903, il commence son noviciat chez les frères capucins au couvent de Morcone, et choisit le nom de frère Pio. Il prononce ses vœux en 1907. Il est ordonné prêtre en 1910.

Des problèmes de santé l’empêchent de demeurer au couvent, il lui est donc accordé de rester dans la maison paternelle à Pietrelcina. En 1916, il arrive, enfin, au couvent de San Giovanni Rotondo (dans les Pouilles, à 130 km au nord-est de sa ville natale). 

En août 1918, il commence à ressentir des douleurs aux pieds et aux mains, et le prêtre vit alors quelque chose de rare, une transverbération, c’est-à-dire qu’il va recevoir les stigmates. Les stigmates (les marques de crucifixion du Christ) apparaissent sur son corps en septembre 1918. Cinq plaies sanguinolentes sont alors visibles sur ses mains, ses pieds et son thorax. Le bruit se répand un peu partout que le prêtre est un saint, capable de miracles. Le conseil des capucins le fait examiner par des médecins en 1920 afin de déterminer s'il s'agit d'automutilations ou non. Les médecins déclarent que ses blessures sont inexpliquées, même s'ils restent sceptiques.

Partageant sa vie entre l’autel et le confessionnal, Padre Pio reçoit une mission de Jésus : « Sanctifie-toi, et sanctifie les autres ». Padre Pio s’offre en victime pour les pécheurs et pour les âmes du Purgatoire.

Sa renommée s’étend rapidement et « Autour de Padre Pio, le surnaturel était naturel. » Parmi les phénomènes mystiques, on notera : les stigmates, les bilocations (être vu au même moment en deux endroits distants de centaines ou de milliers de kilomètres), la faculté de lire dans les consciences (plusieurs personnes l’ont entendu leur dire des péchés qu’ils cachaient ou avaient oubliés), de parler ou lire des langues qu’il n’avait jamais étudiées comme le français, l’anglais..., les parfums (aujourd’hui encore, de nombreuses personnes ont pu sentir ce parfum de violette émanant de ses plaies), le don de prophétie (parler au nom de Dieu), des extases (certaines messes pouvaient durer plusieurs heures !), le fait de vivre en dormant très peu et en mangeant très peu...

Tout ceci ne doit cependant pas faire oublier l’humanité de Padre Pio, l’amitié qu’il manifestait à ceux qui l’entouraient, le soutien qu’il leur apportait. Padre Pio a été un saint extrêmement attachant et très proche de nous.

On sait qu’il a beaucoup souffert et a été persécuté, pour des raisons diverses ne dépendant pas de lui, et même par les autorités ecclésiales (mais sans jamais avoir été condamné, car il n’y a jamais rien eu de répréhensible, ni aucune désobéissance au cours de sa vie)

En 1923, il lui est interdit de célébrer des messes publiques, de montrer ses stigmates ou même d’en parler. Il est cependant défendu par des milliers de fidèles. Les interdictions sont levées en 1933. La popularité de ce prêtre est immense, et il est reconnu par les fidèles non seulement comme un saint thaumaturge, mais aussi comme un prêtre aux capacités qui dépassent l’ordinaire. Il est également dit qu'il prédit l'élection du futur Pape Jean-Paul II

Ses stigmates disparaissent à la fin de sa dernière messe. Il meurt le 23 septembre 1968 à San Giovanni Rotondo, et est canonisé par saint Jean-Paul II en 2002.

Benoit XVI a synthétisé ainsi sa mission : « La première préoccupation de Padre Pio a été que les personnes retournent à Dieu, qu’elles puissent expérimenter sa miséricorde et, intérieurement renouvelées, qu’elles redécouvrent la beauté et la joie d’être chrétiens, de vivre en communion avec Jésus, d’appartenir à son Église et de pratiquer l’Évangile. »

Telle a été la mission de Padre Pio ! Rendons grâce pour sa vie et demandons d’autres “Padre Pio“, selon la volonté de Dieu, pour notre temps !                                           

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 20 septembre 2020, 25e dimanche du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 20, 1-16. Livre du prophète Isaïe 55, 6-9. Psaume 144.

Lettre de saint Paul aux Philippiens 1, 20c-24.27a.

 

Ce matin, dans notre paroisse, le catéchisme a repris ; environ une cinquantaine d’enfants étaient présents, prêts à découvrir ou redécouvrir qui est Jésus ! Pendant que les enfants étaient en train d’échanger avec leurs animateurs, j’ai pu discuter avec leurs parents : un bon moment de discussions qui m’a permis de pointer et préciser avec eux certains éléments essentiels de l’ordre de la foi.

Je constate que régulièrement, il est nécessaire de rappeler que la Bonne Nouvelle que nous acclamons, que nous lisons, que nous annonçons… n’est pas d’abord une doctrine, ou juste un enseignement : c’est une personne que nous découvrons, la personne même de Jésus. C’est bien ce que saint Paul dit lorsqu’il s’adresse aux chrétiens de Philippe (2electure) « En effet, pour moi, vivre c’est le Christ ! »

Certes, la Bonne Nouvelle est aussi un message qui tente d’expliquer avec nos mots humains, notre intelligence et notre compréhension ce qu’est le Royaume de Dieu : c’est-à-dire expliquer notre devenir, ce pour quoi nous sommes créés, le sens de notre vie, ce qu’il va se passer après notre mort !

 C’est pourquoi dans l’évangile selon saint Matthieu que nous lisons très régulièrement ces derniers temps, et dans cette longue série de paraboles, nous entendons à chaque fois la même introduction, comme pour nous dire : rappelez-vous ! : « Le Royaume de Dieu est comparable à… », ce qui revient à dire : voici, comment vous pouvez comprendre qui est Dieu et mieux Le connaître !

Sans artifice, dans le concret de sa vie, le Christ nous montre qui est Dieu et comment il est son Fils : depuis sa naissance dans la fragilité de la crèche, son effacement dans le petit village de Nazareth, jusqu’à sa mort sur la croix. 

Cette proximité de Dieu fait homme (l’incarnation de Dieu dans notre chair), montre une audace surprenante dans ce désir de rejoindre tout homme ! Pour de nombreuses religions ou courants philosophiques, l’idée même d’une incarnation de Dieu est incongrue ! 

Un Dieu qui prend notre humanité puis va mourir sur une croix pour le Salut de tous, reste un scandale pour les Juifs et une folie pour les autres. Cela nous dépasse ! Dans l’imaginaire des hommes, et peut-être pour vous aussi, Dieu est un “super héros“, mais en aucun cas, un Dieu qui se fait mendiant de notre amour jusqu’à donner sa vie ! 

C’est peut-être pourquoi, il est souvent difficile de comprendre qui est Dieu pour moi et d’imaginer ce que je suis pour Lui.

Cette compréhension est aussi à compléter par les Paroles du Fils de Dieu. Suivre et écouter Jésus nous permet de découvrir progressivement, dans le souffle de l’Esprit Saint, qui est son Père et notre Père !

Revenons à l’évangile de ce jour ; c’est une étrange parabole et une surprenante justice ! 

Si nous nous étions trouvés, nous aussi, dans la file des ouvriers journaliers qui ce soir-là, après avoir travaillé à la vigne toute la journée, attendaient leur salaire, nous aurions sûrement grogné – et sans doute, moi le premier : "Regardez-moi ces resquilleurs ! Ils sont arrivés les derniers à la vigne, et ils sont payés les premiers !" … et payés autant que nous ; c’est de la folie ! 

Prenons un exemple bien concret : après avoir fait vos courses au supermarché, la file d’attente à la caisse est si importante, qu’une personne arrive…et double tout le monde sous prétexte qu’elle est pressée et qu’elle a acheté peu d’articles ! Ou encore : imaginez une entreprise qui verrait arriver certains de ses employés à 17h et repartir les premiers, à 18h, puis recevoir le même salaire que vous qui avez travaillé la journée entière ; comment réagissez-vous ? Vous laissez passer ou vous protestez ?

De plus, ce soir-là, nous aurions probablement été blessés dans nos convictions égalitaires : "Ces derniers venus n'ont travaillé qu'une heure, et tu les traites comme nous, qui avons porté le poids du jour et la chaleur !" Imaginez la levée de boucliers des syndicats et les manifestations dans la rue, martelant un slogan du type : « À travail égal, salaire égal » !

Il ne s’agit pas, non plus, de remettre en question ce principe de la justice distributive ni de laisser les chefs d’entreprise considérer les travailleurs comme de simples ‘unités de production’ ou de simples numéros ! Ce n’est pas ce que dit Jésus et, pour vous en persuader, je vous invite à lire ou à relire les encycliques sur la position sociale de l’Église !

Dans cette parabole volontairement dérangeante, quel est donc le sens des paroles de Jésus ! Ce qui est en question, c’est l’image que nous nous faisons de Dieu. Qui est Dieu pour nous ?

« Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins », disait déjà le prophète Isaïe que nous avons entendu en première lecture.

Ce constat de la pensée de Dieu est déjà inscrit dans le Premier Testament. Il sera repris par de grands théologiens affirmant qu’on ne peut rien dire de Dieu, car notre langage humain est trop pauvre. Ce que nous pouvons dire au sujet de Dieu est au-delà de notre compréhension, au-delà de notre intelligence, au-delà de nos mots ! Il n’est pas possible d’enfermer Dieu dans nos concepts et le « mettre dans une case ». Effectivement, cela reviendrait à dire qu’on pourrait penser que Dieu est à portée de notre raison et qu’il est une simple projection de nos caprices ou de nos idéaux.

Je le redis différemment : c’est pourquoi Jésus dans son enseignement ne procède pas par des raisonnements logiques, mais par des images successives, qu’il emploie à travers les paraboles.

Dans cette parabole, le propriétaire de la vigne obéit donc à deux logiques :

  • la logique de la raison, et c'est la justice,
  • la logique du cœur, et c'est le don.

Toutes les deux sont nécessaires. Il faut être juste dans ce que nous sommes, dans ce que nous faisons. Mais, tout autant, il faut être bon, il faut être généreux dans nos actes. Il faut laisser parler sa tête autant que son cœur.

Pourquoi ? Dieu ne règle pas sa conduite sur une justice purement humaine et rétributive telle que nous pourrions la concevoir. Il aime aussi les derniers venus, les retardataires, les sans-mérites. Et nous-mêmes, sommes-nous des ouvriers de l'aube ou des ouvriers de la onzième heure ? Qui peut se vanter d'avoir toujours été fidèle ou disponible à la Mission ? Ne sommes-nous pas, nous aussi, des “derniers venus“ ?

L'important, c'est que nous reconnaissions Dieu comme celui qui, le premier nous a aimés. Ceci nous permet de répondre à l'appel du prophète : « Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver », nous disait Isaïe dans la première lecture.

Telle est la logique évangélique ! 

Que souhaite Jésus pour nous ? À la fois, nous orienter vers le Royaume et déjà le préparer par notre façon de vivre sur cette Terre.

Comment ? 

  • Par une humanité transformée, enfin libérée de la corruption, transfigurée par le Christ dans son regard sur la vie et sur l’autre, 
  • une humanité qui acquiert – petit à petit – le même regard que Jésus sur Zachée, sur Marie-Madeleine, sur Pierre, sur les bourreaux ou sur le brigand crucifié à côté de lui. 

« Ton regard est-il mauvais parce que moi je suis bon ? ». Voilà ce à quoi l’humanité est appelée, et voici la Bonne Nouvelle que nous devons sans cesse nous rappeler : le regard du Seigneur est plein de bienveillance et il met le dernier, le mal-aimé, le petit, le fragile, l’enfant à naître, à la première place.

Oui, Seigneuravant de vouloir changer le monde, aide-moi à changer moi-même d’abord ! Transforme mon regard sur Toi et sur les autres, mets dans mon cœur ta bonté, mets dans mes mains un peu de ta générosité.

Demandons cela pour chacun de nous ce soir, pour notre paroisse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 16 septembre 2020, 24e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 7, 31-35. Psaume 32. 1re lettre de Saint-Paul aux Corinthiens 12,31à13,13.

 

 

La première lecture de ce matin, l’Épitre aux chrétiens de Corinthe, est souvent choisie par les fiancés, avec cette certitude : “L’amour ne passera jamais“

Généralement, lors des célébrations de mariage, le texte s’arrête à cette affirmation. Aujourd’hui, nous allons un peu plus loin avec une insistance, dans ces versets, sur une connaissance en lien avec notre croissance humaine :

 « Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant. » 

Mais, pour moi, est-ce si sûr ? « Ai-je dépassé ce qui était propre à l’enfant ? » C’est la question que Jésus pose comme en échos dans l’évangile.

Nous pourrions l’aborder d’une autre façon, en nous interrogeant, par exemple : ai-je une stature d’adulte ? Est-ce que je raisonne comme un adulte ?

C’est une bonne question à nous poser dans le contexte infantilisant de notre société actuelle !

En clair : suis-je toujours et encore dans un registre enfantin ? Je vous assure que c’est une vraie question, car lorsque je rencontre certains de nos contemporains, qui ont pourtant dépassé largement le stade de l’enfance, je suis surpris parfois par leurs façons de raisonner, leurs façons d’appréhender telle ou telle situation et de faire des choix. Évidemment, il ne faut pas confondre gaminerie et esprit d’enfance ! Combien de fois sommes-nous pris, nous-mêmes, à des enfantillages ? 

Gaminerie ? Prendre au sérieux ce qui ne l’est pas ! Donner de l’importance à ce qui n’en a pas ! Certaines grandes personnes peuvent avoir une attitude d’adolescent attardé ou de gamin ; ils disent : « Je n’aime pas ! » ou « Je ne veux pas ! » ou même : « J’m’en fous ! » Peut-être avez-vous fait ce constat vous-mêmes, autour de vous ?

Dans l’évangile, Jésus dit de ces gamins qu’ils sont « assis » comme sans but, c'est-à-dire qu’il n’y a dans leur vie spirituelle aucun mouvement, sinon celui d’une mauvaise insatisfaction ! 

Beaucoup se plaignent que le monde ne réponde pas complètement à leur attente, ils sont constamment insatisfaits et bougons ! Alors que la vie s’ouvre, pleine de promesses, devant chacun de ces gaminsIl est vrai que s’ouvrir à la vie, assumer ses responsabilités, demande un effort, une constance, une persévérance ! C’est peut-être dans ce sens-là que la question se pose : notre monde est-il adulte ? 

Pour Jésus, beaucoup de Pharisiens réagissent ainsi : ils ont refusé le baptême de Jean et en même temps ils attendent la venue du Messie, et maintenant qu’ils voient en Jésus, Celui qui semble être le Messie, ils le refusent, ils se raidissent. Quelle inconstance !

Plus encore, pour garder leur autonomie, pour se rassurer sur leurs façons de penser, la critique devient agression, puis d’agression, elle devient meurtre : « Jean Baptiste est venu ; il ne mange pas de pain, il ne boit pas de vin, et vous dites : ‘C'est un possédé !’ Le Fils de l'homme est venu ; il mange et il boit, et vous dites : ‘C'est un glouton et un ivrogne. » Quel raisonnement surprenant !

Notre génération reste piégée dans cette attitude insatisfaite ! Des choix qui n’en sont pas, des compromis tièdes, des slogans mensongers, et nous constatons que certains explosent : « Je ne sais plus où j'en suis, je suis pris par la vitesse de la vie, le manque de perspective… Je m’ennuie, je suis entrainé dans des achats compulsifs, sans réel besoin ! Je veux être heureux, mais je ne sais pas comment faire, comment choisir ? » …

Choisir ? Pour certains c’est « Oui », mais sans trop s’engager et sans faire d’effort. Beaucoup trop restent passifs ! Ils semblent plus préoccupés d’eux-mêmes que du Bien commun et invoquent une litanie de bonnes raisons pour ne pas suivre le Christ, pour de ne pas croire et s’engager !

Peut-être nous manque-t-il de grandir humainement et spirituellement, dans le don de soi, l’amour et l’ouverture du cœur ? Avec discernement, n’hésitons pas à éteindre télévision, radio, Internet qui, bien souvent, nous infantilisent, nous abrutissent et nous paralysent ! Osons la confiance en suivant le Christ ! Nourrissons-nous de Lui et grandissons dans l’amour humainement et spirituellement!

Voilà l’essentiel de ce que nous recevons aujourd’hui !                      

  Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 13 septembre 2020, 24e dimanche du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu18, 21-35. Livre de Ben Sira le Sage 27, 30 à 28,7. Psaume 102.

Lettre de saint Paul aux Romains 14, 7-9.

 

La thématique de cet évangile fait suite à celle de dimanche dernier ; sans doute l’avez-vous remarqué ? Il s’agit d’abord du pardon, non pas du péché. 

Notre religion chrétienne n’est pas une religion du péché, même si le péché est le lieu d’un tristesse : elle est celle d’une découverte du pardon de Dieu, de son amour inconditionnel. Nous ne sommes pas en train de nous flageller. Nous savons que nous sommes tous pécheurs, mais nous croyons que Dieu veut la vie pour chacun de nous. Certes face à l’offense et au mal dont l’homme est capable, la question de Pierre est bien concrète ! « Combien de fois dois-je pardonner ? »

Pour beaucoup d’entre nous, cette question nous intéresse tout simplement parce qu’elle est aussi la nôtre ! Nous avons tous vécu des situations douloureuses, complexes, offensantes et parfois même répétitives d’où cette question : « Combien de fois dois-je pardonner ? »

Dans notre vie de tous les jours, sans chercher de graves offenses, les exemples sont nombreux : les parents s’adressant à leurs enfants : « Combien de fois, je vais te dire de ranger ta chambre ! », la fiancée à son fiancé : « Tu m’aimes combien ? Beaucoup ? Pourquoi tu ne me le dis pas assez de fois ?» ou : « Stop ! Cela déjà quatre fois que je te demande de descendre la poubelle, et tu ne bouges pas ! »

En réalité, la question de Pierre est significative d’un état d’esprit, d’une façon d’aborder la vie, la vie familiale, la vie entre amis, entre collègues, avec les personnes que nous côtoyons, et la vie spirituelle en communion avec Dieu. Cette question résume donc aussi la nôtre :« Lorsque telle personne commet des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? »

Autrement dit, l’Apôtre Pierre envisage le problème du péché, de l’offense et du pardon avec une mesure, une logique comptable : jusqu’à combien de fois est-ce concevable ou convenable de pardonner ? Au-delà d’un quota ou de la mesure fixée par nos soins, par la société, ou par la bienséance, la personne sera alors considérée comme coupable, voire irrécupérable ; quelqu’un dont on ne pourra plus tirer grand-chose ! Pire : une personne qui sera à éviter à tout prix et à ne plus fréquenter !

Dans toute relation cette réalité peut être présente ! Il y a toujours des moments critiques d’une véritable saturation ! Par exemple : face à certaines situations tendues, on n’en peut plus et on risque bien de jeter l’éponge et tout abandonner ; ceci se vit dans la vie conjugale, amicale y compris paroissiale. 

C’est cette question existentielle qui interroge notre bon saint Pierre ! Pour lui-même, il n’a pas encore fait l’expérience en vérité du pardon du Seigneur, (il la fera un peu plus tard) lui qui le reniera par trois fois au soir de la Passion (un reniement que l’on peut comprendre comme impardonnable !) Il lui faudra attendre après la Résurrection, cette rencontre au bord du lac avec Jésus, quand il lui demandera par trois fois : « M’aimes-tu ? »

Pour Pierre, pardonner c’est encore : jusques à quand je pourrai prendre sur moi pour surmonter l’offense. Ne nous faisons pas d’illusion, c’est bien souvent de cette manière courante dont nous abordons le problème du pardon. Pour nous, pardonner, veut dire : Seigneur, jusques à quand je peux tenir et supporter telle personne, telle offense ? 

Encore aujourd’hui, le problème du pardon devient donc ainsi un problème de limites.

Or précisément, sur ce sujet, Jésus lui dit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois.  » Sept fois ! C’est le chiffre que proposait saint Pierre, estimé, à l’époque comme un chiffre de « perfection », le chiffre de la patience humaine. La réponse de Jésus est stupéfiante : jusqu’à 70 fois sept fois ! Soit : 490 fois ! À qui pouvons-nous ou devons-nous pardonner autant de fois dans notre vie, si ce n’est peut-être à des proches, à des membres de nos familles, à un conjoint, à ceux que l’on rencontre tous les jours ! 

Jésus vient, ici, introduire une certaine démesure ! Ce que nous devons comprendre, c’est bien que le pardon doit dépasser nos aigreurs et étroitesses. Le pardon n’est pas un lieu de reproches, c’est un lieu qui doit devenir une force de résurrection ! C’est un lieu où l’homme est invité à se remettre debout, tant pour l’offensé que pour l’offenseur ! C’est un lieu qui nous fait vivre ou plutôt nous fait revivre. Frères et sœurs, comprenons que le pardon nous remet debout ! Inversement, le “non-pardon“ fait naître en nous comme une acidité, une amertume, un « vinaigre » qui vient nous ronger et pourrir notre vie.

C’est aussi le sens de la parabole que nous venons d’entendre ! Volontairement (Vous connaissez la façon de parler de Jésus !), elle étonne par sa disproportion ! 

Ce débiteur est libéré et dispensé de sa dette : une dette colossale équivalente à plusieurs dizaines de millions d’euros ! C’est extraordinaire ! Le pardon généreux du maître aurait dû lui ouvrir le cœur et le faire revivre. Cependant la suite est sombre ; au lieu d’exploser de joie, le débiteur, dès qu’il voit l’un de ses compagnons débiteurs, il lui tombe dessus pour le faire rembourser une dette minime (juste quelques centaines d’euros) en comparaison de la sienne et il est sans la moindre pitié. Pourtant, en reprenant la même attitude, ce débiteur se prosterne, demande un peu de patience… mais la grâce du pardon se heurte à la dureté d’un cœur comptable !

Ce que Jésus nous demande dans la question du pardon, ce n’est plus de l’envisager sous l’angle habituel d’une comptabilité, de la fatigue ou encore de la lassitude !

Oui, il faut pardonner, pardonner sans cesse et sans fin, aller jusqu’au bout du pardon, en comprenant qu’il n’y a aucune limite au pardon. Je sais bien que cette exigence est folie et que certains peuvent être choqués. Mais ce que nous révèle en profondeur cette parabole : si nous devons pardonner, c’est parce que nous sommes nous-mêmes objets de pardon. 

Nous sommes foncièrement des êtres pardonnés par Dieu et recréés par lui. Et si nous n’étions pas pardonnés sans cesse, si notre vie ne reposait pas constamment sur le pardon de Dieu, nous serions perdus. Avons-nous conscience de cela ? Lors de chaque célébration, au début de chaque messe, nous demandons pardon (c’est le temps de la prière pénitentielle) et nous recevons, pour les péchés véniels, le pardon de Dieu, afin que nous puissions vivre pleinement, le don de l’eucharistie qui suit.

Au fond, le pardon est un des éléments clefs de notre vie chrétienne. Le pardon est un élément vital, car selon que nous pardonnons ou que nous ne pardonnons pas, nous signifions par-là que le monde peut être régénéré, vivifié, ou non, par Dieu. Si nous nous refusons au pardon reçu et donné, nous risquons de vivre dans une désespérance de colère, de violence et de mort. 

Ce qui est surprenant, c’est que beaucoup de catholiques ont connaissance du Pardon sacramentel de Dieu, mais de façon étonnante, ils font le choix de ne pas le recevoir ! Cette attitude me surprendra toujours…

Alors oui, Seigneur : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » C’est ce que redirons ensemble dans la prière du Notre Père. Voilà le lieu de vie que le Seigneur veut donner à chacun de nous en ce dimanche.

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 9 septembre 2020, 23e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 20-26. Psaume 44. Première lettre de Saint-Paul aux Corinthiens 7, 25-31.

 

Nous avons souvent l’occasion d’entendre le récit des huit Béatitudes dans l’évangile de St Matthieu. Aujourd’hui, nous écoutons saint Luc. L’évangéliste semble avoir retenu des Béatitudes surtout les éléments les plus propres à raffermir une communauté éprouvée et menacée par le contexte politique de la diaspora. Vous savez qu’il est toujours très intéressant de découvrir les situations humaines dans lesquelles se situe l’annonce de la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

Nous sommes, vraisemblablement, juste après la destruction de Jérusalem dans cette vaste et grande dispersion de la première communauté judéo-chrétienne. Effectivement, la communauté est pauvre, éprouvée et menacée.

Saint-Luc est le seul, parmi les évangélistes, à renforcer les Béatitudes par leur pendant négatif.

  • Par quatre reprises, Jésus dit : « Bienheureux êtes-vous ! »,
  • Puis quatre fois également : « Malheureux êtes-vous ! »

 

 On peut ainsi aborder le message de Jésus par deux côtés : 

  • Le côté des reproches, par où l’homme sentira le manque qui le ramènera à l’essentiel, 
  • Et le côté de la promesse, où chaque appel à l’héroïsme devient une offre de bonheur.

Nous sommes donc invités, en ces temps qui sont les nôtres, de saisir les nuances de la pensée de Jésus, à regarder ces quatre Béatitudes successivement par leur envers et leur endroit

Je ne vais pas avoir le temps de toutes les déployer, mais je vais m’appliquer à vous donner quelques pistes afin d’alimenter votre méditation.

« Malheureux, vous les riches », dit Jésus. Malheureux, pourquoi ? Pas simplement par le fait qu’ils sont riches, car Jésus n’a jamais dénigré la richesse. Il avait des amis parmi des personnes aisées. Je cite quelques exemples : Matthieu et Zachée étaient riches, Marthe et Marie avaient des ressources, et Jeanne, qui suivait la troupe des disciples, était l’épouse de Kouza, l’intendant d’Hérode. 

Malheureux, pourquoi alors ? - « Parce que, dit Jésus, vous tenez déjà votre récompense ». Est riche, pour Jésus, celui qui n’attend plus rien de Dieu parce qu’il a refermé les mains sur son avoir, sur ses biens, sur tout ce qu’il possède et qu’il a mis « toute sa consolation » dans une sécurité matérielle. C’est cela qui le rassure ! Être riche, selon Jésus, c’est n’avoir plus en soi cet espace de désir que seul Dieu peut comblercette blessure d’espérance que Dieu seul peut guérir en la ravivant sans cesse. Si vous possédez une belle intelligence, si vous êtes créatif, tant mieux, c’est merveilleux, continuez ! Mais ne faites pas de votre richesse la seule possession qui vous importe ; elle reste éphémère.

« Heureux, au contraire, vous les pauvres », dit Jésus, « parce que le royaume de Dieu est à vous », parce que votre richesse est ce règne de l’amour qui s’accomplit en vous.

Jésus ne dit pas : « Heureuse la misère », car la misère est un mal qu’il nous demande d’éliminer ; mais bien plutôt : « Heureuse la pauvreté » qui ouvre le cœur aux dons de Dieu. Celle-là, et celle-là seule, est source de vraie joie. Si vous en avez la possibilité, prenez le temps de méditer sur la vie de saint François d’Assise, celui qui a épousé Dame pauvreté ; ce saint nous permet de comprendre ce que veut dire être pauvre en étant riche de Dieu.

Je vous laisse relire la suite de cet évangile !

Mais retenons que : Heureuxmalheureux, nous sommes tout cela à la fois ; mais chacune de nos misères n’est que l’envers d’une Béatitude que Jésus nous offre. Il suffit pour la recevoir de remettre notre cœur à l’endroit, c’est-à-dire dans le bon sens !

 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 7 septembre 2020, 23e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 6-11. Psaume 5. Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 1-8.

 

Je sais bien que nous sommes en début de matinée et que c’est peut-être un peu tôt pour vous faire cette proposition… Je vais vous inviter, pendant quelques instants, à vous imaginer à l’intérieur de la synagogue, vraisemblablement celle de Capharnaüm. Posons le décor : nous sommes en plein office de sabbat et toute l’assemblée est en train de prier, nous entendons des chants, des psaumes, des prières en hébreu. Dans cette foule, il y a deux hommes qui se trouvent en présence l’un de l’autre : Jésus, en train d'enseigner et une autre personne, plus loin, cachée par l’assemblée, une personne qui porte un handicap : sa main est desséchée.

Nous sentons cependant, comme une tension, pesante, dans cette synagogue. Dans l’assemblée, tous regardent Jésus, certains lui sont favorables, d’autres au contraire, sont dans l’attente du moindre faux pas. L’homme à la main paralysée, desséchée, lui, ne dit rien. Sa main inerte semble parler pour lui. Il est là comme témoin d’une humanité souffrante et impuissante. De fait, il n’a rien demandé, il est simplement là, il est simplement venu prier, comme tant d’autres. Il est même surpris qu’on puisse s’intéresser à son infirmité ; Jésus le fait se lever devant tous les autres et, pour une fois, il est le centre d’intérêt. 

Les pharisiens se soucient-ils pour autant de cet homme ? Il semble que non ! Pour eux, il n’est qu’un prétexte, un moyen, pour mettre Jésus en difficulté, en échec : peu importe la guérison d’un infirme ! Ce qu’ils veulent, c’est prendre Jésus en défaut, et cet homme à la main desséchée n’est finalement qu’une pièce à conviction pour le futur procès.

Jésus le sait. Il sent bien venir le coup, il connaît le raisonnement de ses adversaires. Ce faisant, il va jusqu’au bout de sa mission ; Il prend l’initiative, il n’a pas peur. Avant même cette guérison, il prend même le temps de poser une question à cette assemblée. Il les interroge, Il les met devant leur responsabilité : “ Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal ? De sauver une vie ou de la perdre ? “ « Que répondez-vous ? » demande Jésus. 

Il y a comme un retournement ? D’accusé, Jésus se fait accusateur ! 

Personne ne parle ! Personne n’a le courage de prendre position ! Tout le monde sait bien que sauver une vie est plus important que de la perdre ! Mais la lâcheté va jusque-là ! Jésus que l’on voulait prendre au piège prend l’attitude du juge. Il prend son temps ! Après cette question, il attend et promène son regard sur toute l’assemblée, les fixant les uns après les autres. Mais personne n’intervient… Jésus attend encore, Il scrute le cœur de chacun. Les braves gens qui lui sont favorables n’osent rien dire, parce qu’ils craignent les représailles. Les pharisiens se taisent, car ils risqueraient d’être démasqués.

Savez-vous qu’il existe des moments où le silence est coupable ? Parfois, ne rien dire est coupable, surtout quand c’est Jésus qui pose la question.

“Étends la main“ dit-il à l’homme. D’un seul coup, cette main qui était desséchée se dénoue, s’articule, bouge ! Elle est guérie, elle vit ! L’homme a été guéri en faisant ce geste tout simple sur l’ordre de Jésus. Il a cru suffisamment en Jésus pour commencer à faire un geste qu’il savait impossible ! Il a posé un acte de foi. Tout seul, devant cette foule qui ne se prononce pas, il a fait confiance à Jésus, qui, de fait, était alors encore plus seul que lui.

Frères et sœurs, que dire, pour nous, ce matin ? N’y a-t-il pas des choses desséchées en nos vies que le Christ veut dénouer et redonner à la vie ? Savons-nous faire de toutes nos paralysies, un bel acte de foi ? Je vous propose, ce matin, de nous laisser simplement interpeller par Jésus, d’entendre sa Parole, de l’écouter quand il me parle dans ma prière et peut-être aussi, d’oser lui présenter nos paralysies, les sécheresses de notre corps, de notre cœur, dans notre intelligence.

Osons faire confiance ! 

                                                                                                                        Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 6 septembre 2020, 23e dimanche du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu18, 15-20. Livre du prophète Ezéchiel 33, 7-9. Psaume 94.

Lettre de saint Paul aux Romains 13, 8-10.

 

En écoutant cet évangile, il m’est revenu en mémoire cette expression de saint François de Sales, une figure très intéressante d’un évêque (un saint !), qui est venu plusieurs fois faire des conférences, essentiellement à l’église Saint-André, à Grenoble. Cet homme était un grand connaisseur en humanité et j’aime reprendre ces mots : « Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie ! »

L’homme est capable de belles choses, extraordinaires, et en même temps, il peut être surprenant d’intolérance, de maladresse, de bêtise et de même de méchanceté ! « Se mettre d’accord… prier ensemble », comme le dit l’évangile, “faire communauté“ est toujours un vrai défi !

En bâtissant son Église comme une fraternité, Jésus ne s'est pas fait d'illusion. Il connaît très bien les tensions, les dissensions, les misères et les mesquineries humaines que l'on rencontre dans toutes les communautés, qu’elles soient paroissiales ou au sein de la famille, ou encore dans la fraternité que formait les douze Apôtres : rappelez-vous la trahison de Judas qui est éloquente !

Jésus s’adresse, ici, à ses disciples. Il s’adresse donc à chacun de nous, à nous qui sommes rassemblés dans cette église. Il est question d’offenses, de rencontres pour essayer de discuter, de correction fraternelle et surtout, il est question de réconciliation. Il s’agit de comprendre comment nous vivons en relation les uns, les autres et comment réaliser concrètement cette unité qui passe forcément par un « appel à aimer ».

Bien sût, certains rêvent de belles réussites ou de succès variés, mais à quoi aspirons-nous tous vraiment ? Nous savons bien qu’au fond de nous, nous rêvons tous, pour nous-mêmes et autour de nous, d’un pays, d’une communauté, d’une famille apaisée et fraternelle, d’une vie où je peux faire confiance à celui ou celle que je rencontre.

Mais, nous le savons tous, cela n’est ni simple ni facile, et déjà en nous-mêmes ! Un des enjeux de notre vie ensemble est d’arriver à se supporter (supporter mon voisin (mais, là je peux déménager), mon conjoint, supporter mes enfants, mes parents …) et en même temps de bien vivre ensemble. Cependant, il y a ce mal qui est là entre nous, qu’on peut appeler le péché, et plus largement toutes ces petites choses qui viennent brouiller la relation, toutes ces petites choses (mimiques ou sourires un peu moqueurs ou indélicats) qui viennent la perturber et parfois même la meurtrir profondément. 

C’est un sujet très délicat ! Pardon par avance si mes propos peuvent raviver des situations actuelles ou des souvenirs difficiles !

Nous nous posons tous ces questions : 

  • Comment faudrait-il réagir quand nous sommes touchés par un tel mal, telle parole, tel geste ? 
  • Quelle attitude trouver vis-à-vis d’une personne qui nous a blessés au point que la relation entre nous est cassée ?
  • Que faire de ce lien meurtri quand l’autre appartient à ma famille ? 
  • Comment réagir si cet autre n’a même pas vu, n’a même pas remarqué tout le mal qu’il me fait ou qu’il a pu me faire ?

… Dans de tels moments, je ressens une douleur, comme un poignard dans mon cœur !

Que fait-il faire ? Comment réagir ? Faut-il se taire ? Faut-il juste subir ? J’ai que certains réagissent, au moins, selon ces trois modalités : (en disant cela, je ne juge personne)

 - L’expérience montre combien le mal subit dont on ne parle pas devient comme un « poison intérieur » ! Cette rumination du mal que l’on m’a fait ou que j’ai ressenti, crée en soi une amertume, une rancœur va jusqu’à “pourrir ma vie“ : la mienne… et de celles de ceux qui m’entourent !

- Une autre réaction possible serait de riposter pour se venger, en disant il va me le payer : œil pour œil, et dent pour dent (Loi du Talion).

- Une autre solution que beaucoup choisissent consiste à en parler à des tiers (sa voisine par exemple ou son collègue de bureau, son ou sa meilleure amie) pour se plaindre ou pour accuser celui qui les a offensés. Mais là encore, nous nous enfonçons dans une impasse ! Parler nous soulage quelques instants, mais la souffrance est toujours là !

Et vous, frères et sœurs, comment réagissez-vous ? Avez-vous remarqué qu’aucune de ces trois pistes évoquées n’a été retenue par l’évangéliste Matthieu. À chaque fois, l’invitation est la même : « Si ton frère vient à pécher, va le trouver ! » Rencontre-le ! Explique-toi avec lui ! Et si tu n’y arrives pas, va demander de l’aide, va chercher un conseiller, un médiateur, quelqu’un qui va essayer de vous permettre de vous écouter vraiment pour pouvoir vous accorder.

La piste que Jésus veut nous redire, ici, est la meilleure et sans doute la plus exigeante : « Va rencontrer celui qui t’a blessé ! » Il ne s’agit pas d’être un redresseur de tort, ou de lui faire la leçon : mais d’aller le rejoindre en l’aimant davantage !

En réalité, ce que nous entendons dans cet évangile est une procédure de miséricorde que nous relate saint Matthieu.Tout doit être tenté pour maintenir ce lien, dans la communion fraternelle, celui ou celle qui est sur le point de s’en exclure.

La correction fraternelle exige courage et délicatesse d'un côté, 

humilité et compréhension de l'autre.

Elle ne se conçoit que dans un climat d'amour.

Elle passe par un dialogue vrai, une reconnaissance de l’offense faite et, si possible un acte de réparation ! Dire simplement à haute voix : « Je le reconnais. J’en demande pardon. » et d’entendre en retour : « Même si je ne comprends pas tout, je te pardonne. »

Mais là, si le frère s'endurcit et refuse d'écouter, il ne reste plus qu'à l'abandonner à la miséricorde du Pasteur suprême ! Lui fera l'impossible pour ramener la brebis égarée. Mais cela ne nous décharge pas de l'aimer, de continuer à l’aimer, puisque nous devons aimer « même nos ennemis », comme nous le rappelle le même évangile (Mt 5, 43).

Dans la foi, il faut croire à l'efficacité - inobservable par nos moyens humains - de la prière. Et plutôt que de critiquer les autres, prions pour eux !

Voilà une bonne manière d'être responsable de ses frères. C’est bien l’exemple que nous donne Jésus jusqu’à ses derniers instants, au moment de sa mort sur la croix : « Père, pardonne-le leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! » L’amour se donne jusqu’au bout et nul n’est au-dessus du Maître !

 

Je sais bien que certains souffrent encore aujourd’hui d’actions passées, de blessures encore à fleur de peau !

Faut-il pour autant désespérer quand nous ne voyons pas le succès de nos efforts de réconciliation et rester désemparés ? NON ! Si l’autre ne change pas, moi, je peux toujours changer ! Cela ne veut pas dire oublier, mais cela veut dire aimer encore, aimer davantage ! Comme prêtre, et je le dis brièvement, j’ai pu vivre des moments incroyables de pardons donnés aux derniers instants, sur le lit de mort, à une personne avec laquelle le mourant a pu rester en querelle toute une vie ! À ce moment-là, quelque chose d’extraordinaire se passe : un échange de pardons ! 

Ne désespérons jamais qu’un pardon puisse être donné ! N’oublions pas ce que dit l’évangile : « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel ! » Désirons un Ciel de paix, sans éprouver le regret d’avoir accompli ce geste de pardon au cours de mon existence terrestre !

 

Depuis 2000 ans nous sommes héritiers d’une promesse, nous formons une communauté par le baptême que nous avons reçu ! Nous en faisons partie ! Même si la vie n’est pas toujours facile, nous en sommes responsables ! La force du pardon est toujours là !

 Il y a donc une audace, et même une folie pour certains de rechercher la paix et la miséricorde !

Sans être naïf pour autant, je dois choisir :

  • Une vie où l’offense va me torturer jusqu’à l’excès, avec un poison intérieur ?
  • Ou cette folle espérance que l’amour est et sera la clé de toutes les réconciliations ? Et déjà en commençant par moi-mêmedans le Sacrement du Pardon, afin que cette tristesse soit effacée et que la paix du Christ me soit donnée ! Ce sacrement est déjà une grâce !

Je termine par un dernier point que je laisse à votre méditation, comme une façon de vérifier si je suis bien dans cette disposition de miséricorde.  Je le sais, je ne suis pas parfait, je suis capable de faire du mal : alors, suis-je prêt, moi aussi, à être corrigé fraternellement, à entendre ce que l’autre veut me dire et à entrer dans une instance de réconciliation ? C’est de moi, à ce moment-là, que dépendra la paix qui sera reçue.

Choisissons d’être pour nous, pour nos familles, nos communautés, nos lieux de travail, pour le monde… des artisans de miséricorde et de paix, des acteurs d’amour et de don de soi !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 31 août 2020, 22e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 4, 16-30. Psaume 118. Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 2, 1-5.

 

Nous sommes au début du ministère public de Jésus, dans la ville de Nazareth, et dans le texte que nous venons d’entendre, j’aimerais retenir un seul mot : “aujourd’hui“. Voici le premier mot et le mot clé de la première homélie de Jésus dans la synagogue de son enfance, lieu où la communauté de Nazareth s’est rassemblée. 

Imaginons la scène ! La communauté est là, rassemblée pour un sabbat ordinaire. On lui présente le Livre. Jésus lit le passage d’Isaïe et tous ont les yeux fixés sur Lui ; mais voilà que le commentaire de Jésus éveille tout de suite l’attention de ces hommes et de ces femmes. Nous savons bien que les habitants de Nazareth connaissent la famille de Jésus. Ils le connaissent comme étant le fils de Marie et de Joseph et ils s’interrogent : « N’est-ce pas le fils de Joseph ? ».

      “Aujourd’hui“ : dit Jésus

“Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’écriture que vous venez d’entendre !“ Depuis de longs siècles, le peuple juif espère la venue du Messie, et voilà que Jésus leur dit : “aujourd’hui“.

Comment cela va-t-il s’accomplir ? Jésus s’applique à lui-même la parole du prophète : “l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. “… pour une mission bien particulière, pour une œuvre de liberté, de lumière et de miséricorde.

Au moment où Jésus prononce ces paroles, c’est toute l’attention, l’espérance, l’attente du peuple juif, du peuple d’Israël qui est là, tendue vers la Parole de Jésus. C’est aussi bien sûr, la nôtre, avec cette certitude que Jésus Messie, Fils de Dieu, mort et ressuscité, est Celui qui nous donne la Vie.

     Cet “aujourd’hui“ est aussi notre aujourd’hui !

Alors : « Tous, dans la synagogue avaient les yeux fixés sur Lui. » Tous s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, car c’est bien la grâce de Dieu lui-même qu’il annonçait à tous, une réalisation, plus encore : une actualisation.

Si, dans un premier temps, l’assemblée est dans l’étonnement, très vite (et c’est paradoxal), à la suite de l’homélie de Jésus, va naître une incompréhension qui va se transformer en colère, et gronder en eux jusqu’au refus de croire. L’homme est surprenant quand ses sentiments deviennent complexes et contradictoires.

     Et pour nous, ce matin ?

Cet “aujourd’hui“ est toujours d’actualité ! Il y a un acte de foi à poser encore et sans cesse, lorsque le Christ-Messie nous redit au cœur de notre liturgie : “l’Esprit du Seigneur est sur moi“ et lorsqu’il affirme avec conviction que : “c’est aujourd’hui, que cette écriture s’accomplit pour vous qui venez de l’entendre“ 

  • Sommes-nous aussi dans la contradiction ?
  • Qu’en est-il de notre “aujourd’hui“ ? 

Peut-être Jésus nous trouve-t-il ce matin, pauvres en espérance, pauvres en joie ? Peut-être même fatigués de demander ou d’attendre une guérison ?

  • Pourtant, et je le crois fermement, aujourd’hui, le Seigneur nous renvoie dans le monde, forts de sa Parole.
  • Pourtant aujourd’hui, par sa Parole et en son eucharistie, Jésus vient jusqu’à nous, rayonnant de gloire, porteur de cette Bonne Nouvelle. Il nous redit qu’il est, à jamais, avec nous, que sa présence est sans cesse actuelle. 

En retour, il nous demande une seule chose, toute simple, mais porteuse de certitude, d’espérance et de paix : poser un acte de foi ! Poser un acte de foi au quotidien, même si nous ne comprenons pas tout. Il nous demande également degarder les yeux fixés sur Lui

Frères et sœurs, que tout au long de ce jour, soyons avec le Christ, les yeux fixés sur Lui ! C’est ce que nous vivons au cœur de l’adoration à l’issue de cette messe ou lors de la communion ! Gardons les yeux levés vers Lui ! Regardons vers Jésus présent ! Écoutons-Le nous dire, encore et toujours, qu’Il nous aime !

Puissions-nous demander cette grâce pour toutes les familles, pour chacun de nous, pour toute notre communauté paroissiale : gardons les yeux fixés sur Lui !                                

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 2 septembre 2020, 22e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 4, 38-44. Psaume 32. Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 3, 1-9.

 

Après l'office dans la synagogue, Jésus se rend dans la maison de Simon-Pierre, peut-être pour y passer la journée, peut-être aussi pour s’y reposer. Mais celle-ci est toute désorganisée, parce que la maitresse de maison est malade. La belle-mère de Simon, couchée, ne peut rien faire, pas même recevoir dignement Jésus. Elle n'a même plus la force de demander quoi que ce soit et ce sont les autres qui implorent Jésus en sa faveur.

Et voilà que Jésus, d'un mot, commande à la fièvre, comme Il chasse les démons ! 

La manière est la même : commander à la fièvre, chasser les démons ! Comme pour les démons qui sont expulsés, la guérison est instantanée !

     Jésus guérit d'un mot cette femme, certes par sa Parole, mais aussi à cause (ou grâce) de la foi de ses proches ! Nous constatons combien l’intercession est puissante. En effet : « À l’instant même, la femme se leva et elle les servait. »

     En lisant ce texte, nous ne pouvons que nous réjouir que, d’un seul coup, juste sur la Parole de Jésus, la maman soit guérie et se lève. Nous pourrions cependant nous poser une question : de quelle fièvre souffrait-elle ? Est-ce juste un coup de froid, un virus ? Ou bien, le texte nous invite-t-il à aller un peu plus loin ? L’enjeu est là, pour nous !

Quelles sont les guérisons que Jésus veut opérer en nous ?

Bref, quelles sont nos fièvres ? Dit autrement, quelle peut être la fièvre qui nous tiraille, qui nous épuise ou nous terrasse ? Cette fièvre que relate l’évangile, illustre les différentes fièvres dont nous pouvons être atteints et qui peuvent enflammer notre corps. La liste peut varier d’une personne à une autre, mais cette fièvre que je ressens peut être en lien avec : la sensualité, la colèrela mélancoliela jalousie, la soif de pouvoirla fièvre du désespoir, la contrariété

Combien de fois nos convoitises sont comme un feu qui brûle et nous consume ? Bien des faiblesses que nous supportons ou que nous entretenons sont des portes d'entrée pour d'autres fièvres plus graves encore : l'orgueill’envie, la haine, l’angoisse, l’image ternie de moi-même… 

Ce que je sais, c’est qu’en invoquant avec foi, l’Esprit-Saint, le Christ vient chasser ces foyers de destruction en mettant en notre cœur comme un baume de charité…

Je vous propose de relire la lettre aux Galates, au chapitre 5, dans laquelle vous pourrez retrouver le fruit de l’Esprit Saint que Dieu veut nous donner pour apaiser nos fièvres. « Voici le fruit de l’Esprit Saint : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi ». 

La conséquence sera rapide ; armés de ces cadeaux divins“Aussitôt“ nous dit l’évangile, nous allons nous relever comme la belle-mère de Simon-Pierre, et nous relever et servir, retrouvant immédiatement une charité active. C'est aussi cela que le Christ réalise en notre vie : Il nous libère de ce qui nous entrave, tout d'abord du péché et de toute lourdeur, pour que nous puissions aimer en vérité.

Frères et sœurs, prenons le temps, aujourd'hui, de demander au Seigneur de nous libérer des fièvres (péchés, passions, désespérances…) qui nous entravent afin que le Seigneur nous comble de la force de son Esprit Saint et de ses fruits, ceux qui nous manquent et dont nous avons grand besoin ! “Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi ». Le plus nécessaire est sans doute la maîtrise de soi.

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 30 août 2020, 22e dimanche du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu16, 21-27. Livre du prophète Jérémie 20, 7-9. Psaume 62.

Lettre de saint Paul aux Romains 12, 1-2.

 

Dimanche dernier, l’Évangile nous avait rapporté ce que l’on appelle habituellement la profession de foi de Césarée. Jésus avait posé une question à ses disciples : “Pour vous, qui suis-je ?“ Pierre avait dit à Jésus cette phrase extraordinaire, « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Cette profession de foi de Pierre marque un tournant essentiel dans l’Évangile. Pour la première fois, Jésus est désigné comme Messie !

Pierre a donc reçu une révélation importante directement de Dieu, le Père. Il a compris intérieurement qui est Jésus ; et Jésus va s'appuyer principalement sur lui pour accomplir sa mission. « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église. » Pierre a donc de quoi être fier. Jésus, cet homme qui fait de nombreux miracles et qui attire des foules immenses, compte sur lui. Whaoooo ! Quel privilège !

Alors quand Jésus, dans l'évangile d'aujourd'hui, commence à annoncer qu'il va beaucoup souffrir et être tué, cela ne correspond plus tout à fait aux projets de Pierre. Pierre imagine certainement plutôt un triomphe de Jésus ; une entrée triomphale dans Jérusalem et l’action de chasser les Romains. Avec toute son assurance fraîchement acquise, il va donc se permettre de prendre Jésus à part et lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. »Pardonnez-moi l'expression... mais quel culot ! 

Un simple pêcheur du lac de Tibériade se permet de corriger le Fils de Dieu ! Alors Jésus le reprend avec une sévérité impressionnante : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute ! », littéralement, : « Pierre, tu n’as rien compris »

Pour Pierre, vous pensez bien que c'est la douche froide. Son bel enthousiasme est cassé net ; car cet enthousiasme était fondé sur une illusion de succès mondain. Mais, Jésus ramène Pierre à la réalité. 

Être disciple, c'est accepter de prendre sa croix et même, par amour, de perdre sa vie pour finalement la garder. En fait, pour être un vrai disciple, on voit bien que l'enthousiasme des débuts ne suffit pas. Il faut de la constance et un véritable feu intérieur.

Certes, Pierre a bien ce feu intérieur, et il va le montrer dans la suite de l’évangile, mais, à ce moment précis, sans doute a-t-il, plus ou moins consciemment, l’image d’un messie qui vaincra les difficultés de ce monde. Cette image rejoint de fait, l’attente d’Israël d’un Messie Sauveur ! Je fais le constat que beaucoup de personnes, encore aujourd’hui, ont en eux-mêmes, une image très similaire !

       C’est là, que cet évangile nous rejoint et nous parle ! 

Si nous percevons bien cette incapacité de Pierre et des disciples à entrer spontanément dans ce chemin difficile à la suite du Christ, nous percevons aussi nos propres difficultés par rapport à Jésus. Nous sommes, peut-être un peu comme Pierre en pensant que Jésus, en claquant des doigts, va vaincre toutes les difficultés de ce monde, et surtout qu’il le fera sans avoir besoin de nous !

Les principales erreurs que nous commettonsou les principales résistances que nous éprouvons ne concernent pas simplement la vie et la mort de Jésus, elles concernent aussi notre propre existence, le regard que nous avons sur notre vie. Si nous avons du mal à reconnaître le Messie, Fils de Dieu, dans Jésus de Nazareth, crucifié, mort et ressuscité, ce n’est pas simplement parce que c’est difficile à comprendre, c’est aussi parce que cela nous dévoile le chemin de notre propre vie, nos souffrances et les croix que nous portons.

Comme Pierre, nous refusons d’entendre toute souffrance quand de son côté, le Seigneur affirme qu’il n’y a pas de véritable amour sans sacrifice. C’est peut-être là-dessus que nous buttons, car nous pensons que le véritable amour serait « tranquilou » et que je pourrais aimer sans me donner complètement.

Prenons un exemple ! Souvent, le samedi, nous célébrons des mariages et, régulièrement, le texte qui est choisi par les mariés est ce très bel évangile dans lequel Jésus affirme : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Donner sa vie par amour !

       Si nous réfléchissons, nous pouvons faire le constat que cela est vrai ! 

J’espère que vous l’exprimez et que vous le vivez vraiment ! Donner sa vie par amour ! Cela est vrai dans les rapports amoureux, cela est vrai aussi dans la vie de couple, la famille, également dans l’exercice d’un métier, d’une profession !

Est-ce si facile ? Non ! Il suffit d’évoquer certaines situations parfois douloureuses, pour comprendre que l’amour « coûte cher » : 

·     Pardonner à un ennemi qui nous a blessés et humiliés. 

·     Aimer fidèlement un conjoint, malgré les désaccords et la maladie. 

·     Continuer à aimer nos enfants ou nos ados quand ils nous font tourner en bourrique ! 

·     Garder le sens du partage quand tout, dans notre société, nous incite à entasser et à dépenser pour soi tout seul. 

·     Rester honnête dans les affaires quand les règles économiques et politiques sont celles de la jungle. Gagner sa vie sans tricher et sans frauder. 

·     Prendre parti pour les pauvres et les délaissés de nos sociétés. 

·     Se dire chrétien, aimer Jésus et vivre pour Lui dans un milieu laïc et incroyant. 

Chacun de nous pourrait donner de nombreux exemples de cet amour exigeant qui demande don de soi, abnégation et certainement sacrifices. Pour aimer de façon authentique, il faudra y mettre le prix et être déterminé !

C’est ce que Jésus est en train de dire à Pierre dans l’évangile d’aujourd’hui : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu ». Littéralement : tu raisonnes d’une façon trop humaine ! Ce n’est pas comme cela que Dieu pense et agit. En choisissant l’amour, avec tout ce que cela comprend de joie, mais aussi de souffrance, nous construisons une vie en abondance qui se transforme en vie éternelle. 

La force de Jésus est dans l’amour ; c’est ce qui transparait dans l’évangile ! Et en même temps, l’amour est ce qu’il y a de plus fragile, car l’amour dépend aussi de l’autre !

Professer la foi au Christ, vouloir être de ses disciples, marcher à sa suite, ce n’est pas simplement et seulement une intention du cœur, c’est une véritable transformation de notre manière de vivre, c’est une véritable conversion !

        Voilà, frères et sœurs, ce que nous pouvons entendre aujourd’hui dans les lectures de ce jour !

       Puissions-nous les garder dans notre cœur, les méditer et aimer comme Jésus aime !

                                                                                                                              Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 26 août 2020, mercredi de la 21e semaine du temps ordinaire année A.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 23, 27-32. 2e lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 3, 6-10.16-18. Psaume 127.

 

Voilà un évangile qui vient remettre les pendules à l’heure !

C’est bien une série de reproches que le Seigneur adresse aux scribes et aux pharisiens qu’il qualifie « d’hypocrites ».Alors que nous entendons cet évangile, posons-nous ces questions : ces mots sont-ils seulement pour eux ? Ou bien, sont-ils aussi pour nous !

Je vous propose de découvrir les attitudes décrites par Jésus ; il y a là, je crois vraiment, un enjeu important ! Je retiens trois expressions dans cet évangile :

- « Une belle apparence » 

Le souci de l’apparence introduit un hiatus, un écart dans ma vie. N’y a-t-il pas un danger d’authenticité quand je prends telle ou telle apparence selon les circonstances ? Danger de paraître, danger de me déguiser, danger d’être une sorte de « caméléon » ! Je peux aussi me conformer à l’image que les autres aimeraient recevoir de moi ou que j’aimerais donner aux autres. Cela me rend finalement vulnérable à la parole de l’autre sur moi, à son avis sur moi : donc vulnérable à la manipulation ! C’est bien ce que nous pouvons remarquer dans les effets de groupe, de mode, ou de marques.

Il y a donc un danger de vouloir faire faussement bonne figure. Non seulement, nous nous trompons nous-mêmes en déformant ce que nous sommes, mais nous trompons aussi les autres ! Nous avons donc à retrouver un juste positionnement. 

Détectons cette tendance lorsque nous tentons d’enjoliver les choses, de paraître plus que nous sommes. Le risque est grand de nous perdre, de devenir l’objet des sollicitations extérieures… et de me piéger moi-même !

- « Vous bâtissez les sépulcres des prophètes » Le Seigneur continue ses reproches. Nous pouvons peut-être dire que là, l’erreur en moi vient de ne pas réagir de la bonne manière et de ne pas respecter l’autre pour ce qu’il est. Un prophète est là pour que la Parole de Dieu soit reçue et produise en l’autre ce qu’elle propose. Peut-être avons-nous du mal à entendre tel conseil avisé que le Christ propose pour me faire grandir ?

Entendons cet avertissement de Jésus. Il me recommande de considérer ce qui nous est dit et non celui qui nous le dit. Une parole de vérité peut germer en toute personne, la plus humble, la plus simple, la plus éloignée de moi. Vivre de la Parole de Dieu requiert de nous laisser déplacer par elle. Ne tuons pas les prophètes ! Il m’est arrivé d’être surpris par la parole d’une personne toute simple et l’entendre me dire des choses d’une grande profondeur et que j’avais besoin d’entendre. Soyons donc attentifs et acceptons d’être dérangés dans nos habitudes.

    -  La conséquence, nous dit l’évangile, est celle-ci : « Vous témoignez contre vous-mêmes » 

Un contre-témoignage devient donc un piège ! C’est une tentation du Démon :  nous attirer loin de la vérité, de nous attirer hors de Dieu… Il est le Père du mensonge et de la ruse ! Il ne cherche qu’à nous détourner de la vie en Dieu !

Ne tombons pas dans l’hypocrisie pour faire bonne figure, pour faire semblant de recevoir des paroles sans les vivre vraiment, et pour nous mettre à la place des autres ; soyons chacun de nous, là où nous sommes, humblement, loin de toute fumée d’apparence et de tout artifice… Témoignons simplement du Christ ! Ne cachons pas ce que nous sommes ; Dieu nous aime tels que nous sommes ! À nous de nous laisser aimer humblement par Lui !

Frères et sœurs, que la Vierge Marie nous aide ! Sa parole est souvent discrète, mais son oui au bien, à la grâce, est unique et vrai ; et son non au mal, au péché, est ferme et sincère. Demandons son aide pour réaliser notre vie selon le plan de Dieu.       

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 24 août 2020, 21e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 1, 45-51. Psaume 144. Apocalypse de st Jean 21, 9b-14.

Saint Barthélémy

 

Nous sommes au début de l’évangile selon saint Jean et nous venons d’entendre deux courts dialogues de Nathanaël : l'un avec Philippe, l'autre avec Jésus ; ces deux dialogues nous donnent d’entrevoir, d’apercevoir davantage l'essentiel de la personnalité de Nathanaël (qui veut dire en hébreu : Dieudonné !) appelé aussi Barthélemy.

Le petit port de Beitsaïda vient de donner coup sur coup trois disciples : André et Pierre, les deux frères, et également Philippe. Aussitôt appelé, Philippe profondément touché par la personne de Jésus, répercute l’appel et il s'en va trouver son ami Nathanaël, dont il sait la piété et la justesse de sa foi.

Il lui dit plein d’enthousiasme : "Celui dont il est écrit dans la Loi de Moïse et les Prophètes, nous l'avons trouvé ! C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth."

La remarque quelque peu désabusée de Nathanaël est pourtant pertinente ; les Écritures ne parlent pas de Nazareth (une petite bourgade), mais désignent Bethléem comme lieu d’origine du Messie (Mi 5, 1). 

Pourtant, cela ne l'empêche pas d'entendre le témoignage de Philippe, et de sa propre rencontre avec Jésus :

  • le Messie est venu: tout concorde avec les Écritures ;
  • nous l'avons trouvé : pour nous, c'est un nom, un  visage, une voix.
  • « Viens et vois ». Fais comme nous : mets-toi en route vers lui.

Philippe, en vrai témoin, en vrai serviteur de la parole, s'efface : il ne va pas imposer à Nathanaël sa manière, sonexpérience, sa découverte de Jésus. Il lui dit seulement sa joiesa certitudeet il l’invite : « Viens et Vois ! ».  

Nathanaël accepte la démarche. Jésus regarde l'homme qui s'approche, et il dit à son sujet : "Voici un véritable fils d'Israël. Il n’y a pas de ruse en lui “.

Nathanaël a entendu. D'emblée il se sent rejoint dans ce qui a été l'effort intense de sa vie. Ce qu'il a été, ce qu'il  a voulu être, Jésus le voit, Jésus l'a vu. 

Ce que je retiens pour nous ce matin est cette invitation enthousiaste, une invitation libre : « Viens et Vois ! ». Elle devrait être pour nous, aujourd’hui comme hier, au cœur de la première annonce de la Bonne Nouvelle (kérygme, la foi), au cœur de notre façon d’annoncer le Christ, car seuls, la présence de Jésus, sa Parole vivante, et le rayonnement de son Esprit d’amour, peuvent triompher de nos résistances et nous permettre d’oser cette rencontre ! Ce n’est pas à force de longs discours et de grandes démonstrations que nous pourrons convaincre les personnes que nous rencontrons ou peut-être même nos familles ! C’est la présence du Christ dans l’Esprit Saint qui va favoriser et permettre toute conversion.

Le mérite aussi de Nathanaël est de ne pas s’obstiner dans un scepticisme, mais de demeurer ouvert à l’imprévu de Dieu, dont l’action au cœur de l’histoire est toujours déconcertante.

En un éclair, Nathanaël se découvre précédé par le regard de Jésus. Et parce qu'il se sait reconnu, il reconnaît à son tour Jésus pour ce qu'il est : le Messie envoyé de Dieu et le Roi attendu par Israël. Jésus l'a vu espérer, et parce que Jésus, dans son amour, a pris l'initiative, Nathanaël peut croire en le voyant: "Rabbi, c'est toi, le Fils de Dieu ! C'est toi, le roi d'Israël!" 

Frères et sœurs, demandons cette grâce, déjà pour ce matin, à la fois la joyeuse audace appelante de Philippe : « Viens et Vois » (le parcours Alpha qui commence par exemple) et la réponse de foi de Nathanaël !                                                                 

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 23 août 2020, 21e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 16, 13-20. Livre du prophète Isaïe 22, 19-23. Psaume 137.

Lettre de saint Paul aux Romains 11, 33-36.

 

Bien souvent vous voyez les prêtres uniquement lors des célébrations, comme ce matin. J’ai même entendu certaines personnes, quelques-unes étaient de passage, en vacances à Grenoble et qui croient que les prêtres ne « travaillent » que les dimanches. De fait, la plupart du temps, on ne nous voit pas le reste de la semaine ; pourtant notre activité est dense ! Bien sûr, nous avons des temps de prières personnelles, comme chacun de vous (du moins je l’espère !), mais il y a aussi une multitude de rencontres très diverses ! En tant que curé de la Paroisse, il y a une partie administrative importante, une partie « managériale » et une vision de la paroisse que nous partageons avec une équipe paroissiale que je trouve formidable. La Paroisse ne peut fonctionner que grâce à la disponibilité des bénévoles, laïcs hommes et femmes.

Mais la mission du prêtre comporte aussi beaucoup de rencontres parfois inattendues, mais souvent en lien avec la vie humaine, qu’elles soient à la fin d’une messe, en marchant dans la rue, ou en prenant le tram… ! Nous entendons des questions, des sollicitations pour des rencontres et aussi des préparations que nous organisons avec les différents services : (par exemple) préparation aux mariages, aux baptêmes, le caté, les funérailles (l’accompagnement des familles en deuil est un lieu de charité extraordinaire), la solidarité… sans oublier les équipes liturgiques… et bien d’autres encore ! Il y a aussi une forte demande de personnes qui ont un peu oublié ce qu’ils ont entendu au catéchisme et beaucoup ont le désir de comprendre le sens de la vie et pour certains de redécouvrir le Christ. Bref, de nombreuses rencontres souvent extraordinaires et les semaines passent très vite ! 

Lors de ces nombreuses rencontres, il m’arrive souvent de mettre les « pieds dans le plat », c’est-à-dire de poser des questions un peu directes, comme celles-ci : « Le christ est-il présent dans votre vie de fiancés ? »« Est-ce que vous priez ensemble, tous les deux ? » Ou encore lors d’une demande de sacrement, par exemple pour un baptême ou un mariage : « Témoignez-vous du Christ dans votre vie familiale et même professionnelle ? » 

Parfois la réponse est claire ! OUI ou NON ! C’est respectable ! Mais souvent, il y a comme une gêne ! Comme si cela était beaucoup trop intime ! Je note une sorte de pudeur, alors qu’ils semblent moins exigeants en termes de pudeur sur d’autres points de vue… Ils n’osent pas trop dire comment ils prient ou même s’ils prient…

Voyez le lien avec l’Évangile d’aujourd’hui. Dans l’évangile de ce jour, le Seigneur Lui-même, invite ses disciples à dire, à exprimer à haute voix, la foi qui les habite. Il les pousse à dire ce qui est au fond de leur cœur : « Pour vous, qui suis-je ? » Vous remarquerez que seul Pierre, l’incroyable Simon-Pierre, ose une réponse ! Et quelle belle réponse ! Quel beau témoignage ! « Oui, Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »

Pour nous, à cette question, quelle serait notre réponse ? Avons-nous l’occasion de dire notre foi ? Nous l’exprimons, certes, tant par la messe dominicale, comme aujourd’hui, que par des actes de charité et notre prière personnelle, en famille ou en couple… Mais le fait d’expliciter, de dire à voix haute, de témoigner, nous met dans une tout autre dynamique. Oser ouvrir notre bouche pour dire qui est Dieu, pour moi !

Je demande souvent aux enfants : allez interroger vos parents afin qu’ils vous expliquent qui est Jésus pour eux ! Parfois les parents sont un peu mal à l’aise…

Et nous, pourquoi sommes-nous si réservés, nous, les cathos, parfois même atones (sans-voix) ? C’est une question que je me pose ! Pourquoi avons-nous tant de difficultés à exprimer ce qui est au plus profond de nous-mêmes ? Pourtant nous savons que le Seigneur nous aime et nous L’aimons ! En France, beaucoup de familles sont catholiques, on se marie à l’Église, on baptise les enfants, on fait « tout ce qu’il faut », car cela nous tient à cœur. Ce sont de belles familles ! 

Mais, ne faudrait-il pas aller au-delà ? Surtout aujourd’hui, où les valeurs chrétiennes ne sont pas portées par la société ; nous le savons bien ! Regardez les lois de bioéthique et les incohérences perverses qui ont été votées ! C’est à chaque famille, à chaque parent, à chaque grands-parents, à chaque jeune de témoigner du Christ, de témoigner de son amour. 

Quand nous ouvrons notre bouche, quand nous osons une parole, quelque chose se passe en nous, en ceux qui sont autour de nous. Comme le dit Jésus : bienheureux es-tu ! « Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas ! » C’est une Béatitude ! Quand nous ouvrons notre bouche, il y a comme un déclic, un passage, quelque chose de différent lorsque l’on passe d’une foi intériorisée à une foi proclamée. Quelle joie d’annoncer le Christ !

Oui, aujourd’hui, le Seigneur nous demande de dire notre foi, déjà pour nous-mêmes : 

Qu’est-ce qui m’a attiré dans la personne de Jésus ?

Pourquoi suis-je ici ce matin, dans cette église ?

Comment dire à haute voix ma relation à Dieu ? Notre vie chrétienne ne se limite pas à l’assemblée dominicale ! Notre église ne doit pas être l’Église du Dimanche seulement. Elle doit l’être chaque jour, car nous formons une communauté de frères et de sœurs!

N’ayons pas peur ! Ne prétextons pas une fausse pudeur, pour nous cacher derrière un pilier (il y en a quelques-uns dans l’église Saint-Louis !) pour ne pas être repéré et interpellé ! Soyons audacieux : « Aujourd’hui, les temps sont favorables pour oser une parole ! »

N’ayons donc pas peur de dire que nous sommes chrétiens, non pas dans l’esprit d’un repliement identitaire (ce serait contraire et stérile), mais lorsque l’occasion se présente dans notre vie de tous les jours, en famille, avec des amis, dans le monde professionnel, avec intelligence et discernement ; témoignons de Celui qui est notre vie ! 

Prenons un exemple : dans son exhortation “La Joie de l’Évangile“, le pape François nous dit : “Lorsque l’occasion s’y prête, n’hésitons pas à dire que l’on prie pour quelqu’un“. En effet, souvent, lorsque l’on rencontre quelqu’un qui nous confie quelque chose de douloureux de sa vie personnelle qui pourrait être une intention de prière, nous disons : « Je penserai bien à vous… à toi » La pensée n’a pourtant jamais sauvé personne. Mais si à ce moment-là, j’ose dire : « Je prierai pour vous, pour toi ! », je rentre tout à fait dans une autre logique et la personne à qui l’on s’adresse le comprend très bien. La prière est essentielle ! Dieu fera ce qu’il est possible pour que la personne change, voit les choses autrement… car il y a une grâce qui est donnée.

Oui, nous sommes souvent trop pudiques en matière d’expression de notre Foi ; peut-être est-ce cette conception de la laïcité à la française ! Nos amis américains, par exemple, sont beaucoup plus “détendus“ sur ce sujet ! Ils ne disent pas au revoir, mais plutôt : « God, bless you ! Que Dieu te bénisse ! »

Ce qui est certain, c’est que par une trop grande timidité ou pudeur, nous laissons nos contemporains assoiffés se tourner vers d’autres paroles, d’autres idoles qui ne sont pas la Parole de Dieu.

En ce jour particulier où nous célébrons la Résurrection de notre Seigneur, prenons conscience de cette urgence, soyons fous, demandons le courage de dire notre foi, l’audace de témoigner du Christ ! 

N’ayons pas peur ! Commençons déjà en famille où nous sommes en terrain ami pour ainsi dire. N’ayons pas peur de dire pourquoi nous sommes Chrétiens.

Demandons cette audace pour chacun de nous, par l’intercession de saint Louis que nous allons fêter après-demain (mardi 25 août) et par l’intercession de Notre-Dame de l’Espérance ! 

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 17 août 2020, 20e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 19, 16-22. Cantique 32. Livre du prophète Ezéchiel 24, 15-24.

 

"Viens, suis-moi", dit Jésus. Voilà l’invitation de Jésus !

Il est intéressant de faire une certaine analogie entre le texte de ce jour et l’annonce de l’ange Gabriel à Marie qui traduit aussi cette invitation : "Viens, suis-moi" à laquelle Marie a répondu “oui“. Suivre Jésus, c'est tout le programme de l'Évangile.

Aujourd’hui, ce jeune homme pose de bonnes questions qu’il nous faut entendre intérieurement. "Viens, suis-moi". Voilà l’invitation qui nous est adressée. Suivre Jésus, voilà bien tout le programme de l’évangile. Pour être plus précis, ce qui nous est proposé, ce n'est pas seulement de suivre une file d’attente à la caisse d’un magasin (je le dis avec un peu d’humour) ou suivre un enseignement, ni davantage d’adopter une morale, mais bien de suivre la personne du Fils de DieuJésus de Nazareth, vrai Dieu et vrai homme ! C'est s'attacher à sa personne et cela pour la vie !

Suivre Jésus est donc une décision qui engage toute une existence et qu'il faudra ratifier de nouveau à chaque étape ! Le “oui“ est à redire, à confirmer chaque jour.

Suivre le Christ, cela peut alors nous emmener très loin, c’est une belle aventure, car c'est partager son destin de voyageur, sa mission, ses joies, une certaine solitude et sans aucun doute des combats ! 

Se mettre à la suite du Christ, exige de chacun de nous, une vraie liberté, à la fois intérieure, mais aussi une prise de recul sur cette forme de conditionnement que nous impose notre société individualiste et publicitaire ; une société qui nous présente le bonheur à travers des achats ou des façons d’être. 

Se mettre à la suite du Christ, c’est tout le sens de la parole du Nazaréen dans un chemin de perfection : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » Attention ! Ne nous trompons pas sur cette notion de perfection ; Jésus ne nous demande pas d’être des « supermen » ou des « Wonder women » ! La perfection, c’est d’imiter le Christ parfait, avec nos difficultés, nos faiblesses, mais avec la volonté d’être le plus proche possible du chemin qu’Il nous propose.

Qui nous dira comment faire ? Qui nous dira jusqu'où aller ?

C’est l’Esprit Saint, jour après jour. C’est lui que nous avons invoqué au début de cette célébration. Comment ?C’est jour après jour, dans la méditation de la Parole de Dieu, dans le service de nos frères, dans notre prière, que l’Esprit Saint va nous guider, qu’il va nous dire peu à peu comment avancer, quelles bonnes décisions choisir ! Nous avons aussi à demander la grâce d’une réelle fidélité. Cela sera l’histoire de notre vie, de nos décisions, de nos choix ! Il n’existe pas deux personnes identiques ! Il n’y a pas un chemin identique, mais il y en a une multitude qui mène à une seule Personne : le Christ !

Quel que soit, notre âge, notre état de vie, notre situation familiale ou professionnelle, notre richesse, nos responsabilités, nos chemins sont beaux, même s’ils sont parfois difficiles… Nous sommes tous concernés ! Tous, nous avons à mettre notre trésor, non pas dans les biens de cette terre, mais dans le ciel ; tous, d'une manière ou d'une autre, nous avons à nous libérer le cœur et les mains, pour suivre Jésus là où Il nous veut, là où Il nous a placés. Ce qu’il nous faut faire ce matin, c’est ouvrir nos oreilles et notre cœur et entendre le Christ nous redire  a 

Ne sois pas triste ! Dès aujourd'hui, n’hésite pas : suis-moi, car je veux te révéler mon projet de vie éternelle et te redire combien je t’aime !                   

         Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 16 août 2020 – 20e Semaine du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église Notre-Dame réconciliatrice, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu15,21-28. Livre du prophète Isaïe 56, 1.6-7. Psaume 66.

Lettre de saint Paul aux Romains 11, 13-15.29-32.

 

Voici un évangile surprenant ! Peut-être avez-vous eu le temps de le découvrir et de le lire avant de venir à la messe ? Cependant, je souhaite attirer votre attention car, dans une lecture trop rapide, il pourrait nous apparaître difficile et même nous surprendre !

    Je vous propose donc, tout simplement, d’entrer ensemble dans la logique de ce texte.

Un premier constat ! Jésus n'avait pas souvent l’occasion d'admirer la foi chez son Peuple, que ce soit à Nazareth, et même à Jérusalem : « Si vous aviez de la foi aussi gros qu’un grain de moutarde !» Mais par deux fois au moins l'occasion lui a été fournie d’admirer la foi chez des étrangers (des non-juifs) : rappelez-vous le centurion de l’armée romaine dans le village de Capharnaüm et cette femme cananéenne, c’est-à-dire cette femme du Liban. "Femme, grande est ta foi," lui dit Jésus.

          - Un deuxième constat ! Comment donc s'y est prise cette femme libanaise pour interpeller à ce point Jésus ? (En cet été 2020 tout particulièrement, pensons à prier pour le peuple libanais qui a subi cette double explosion qui a endeuillé Beyrouth, le Liban est sous le choc, choc à la fois économique et politique.)

    Comment s’y est prise cette femme libanaise ? Tout d'abord elle a décidé de ne pas manquer son heure, de ne pas manquer le passage du Messie dans son pays et dans sa vie. Avant même d'avoir pu l'approcher, elle crie vers Jésus. « Elle nous poursuit de ses cris », se plaignent même les disciples. Mais elle persévère et continue à crier : « Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ».

    De fait, elle ne connaît pas encore Jésus ! Mais, elle sait, au moins, ce qu'on dit de Lui dans son pays, et, arrivée aux pieds de Jésus, elle continue à prier sans se lasser : « Seigneur, viens à mon secours ! » Avons-nous cette prière persévérante régulièrement dans notre vie ?

    Dans un premier temps, Jésus semble écarter sa demande, un peu comme pour Marie lors du mariage à Cana : « Femme que me veux-tu ? ». Il s'en explique à ses disciples en prononçant cette phrase surprenante : « Je n'ai été envoyé que pour les brebis perdues de la maison d'Israël », et pour la femme agenouillée devant Lui, il trouve une autre explication très imagée, tirée de la vie de tous les jours : « Il ne sied pas de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Notons bien que Jésus ne dit pas : « pour le donner aux chiens », mais « aux petits chiens », la nuance est grande !

    La femme est intelligente et elle saisit l'image au bond, et grâce à l’expression « aux petits chiens », elle va révéler toute l'audace de sa foi. Elle va insister, discuter, faire pression respectueusement sur le cœur du Messie d'Israël : « Certes, moi, l'étrangère, je ne fais pas partie de la famille ; mais pour les petits chiens, il y a au moins les miettes » qui tombent de la table et ils s’en nourrissent ! Quelle audace !

    « Le salut vient des juifs » dira Jésus à la Samaritaine, mais ils ne sont pas les seuls bénéficiaires : la « Justice » de Dieu et son projet de « Salut » sont pour tous les hommes de bonne volonté et qui n’ont pas refusé de croire (Relisez la deuxième lecture). Tous sont appelés à la Vie et au Salut dans la maison de l’unique vrai Dieu, dont Jésus nous révèle le visage de Père. 

    À cet instant, imaginons le regard de Jésus se posant sur cette femme ! Regard plein de compassion et d’une jubilation intérieure, car Il voit la foi de cette femme et lui dit :  

« Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »

Nous connaissons la suite : sa fille qui était tourmentée par un démon est guérie.

Qu’allons-nous retenir pour nous, ce matin, en cette église Notre-Dame réconciliatrice, en ce 20e dimanche au milieu du mois d’août ? 

Je vous propose deux remarques rapides pour élargir notre compréhension :

Première remarque : le Salut voulu par Dieu, n’est pas un Salut pour une petite fraction d’hommes ou de femmes, même s’il nous faut approfondir l’élection du peuple d’Israël, mais c’est bien, un Salut pour tous, en tout cas pour tous ceux qui le veulent ! L’épître aux Romains nous le redit avec force : Dieu veut faire « miséricorde à tous les hommes » ! Et même le prophète Isaïe annonce l’incroyable nouvelle pour son époque : Ma maison s'appellera « Maison de prière pour tous les peuples ». (1re Lecture)

- Deuxième remarque : « Femme, grande est ta foi, dit Jésus, qu'il t'advienne selon ton désir ». Tout est donc dans la force du désir, de notre désir, de notre capacité à oser demander, véritablement. Ce n'est pas l'amour du Seigneur qui a des limites, c'est notre désir, notre constance, notre capacité à nous donner qui se limitent et qui se lassent ; c'est notre prière qui s'arrête trop tôt, comme si nous n'avions pas droit à la miséricorde.

Marie, que nous avons fêtée hier pour son Assomption, n’a pas eu une vie évidente ! Sa sainteté s’est faite progressivement, petit à petit. Cependant, elle fait confiance, même quand elle ne comprend pas tout. En cela, elle nous montre comment suivre son Fils.

 

Prions ensemble avec ces mots, ce matin : 

Seigneur donne-moi, donne-nous, d’être renouvelés dans la foi !

Qu’elle soit plus grande, plus profonde, plus audacieuse !

Ainsi soit-il !

Homélie du samedi 15 août 2020, solennité de l’Assomption, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 1, 39-56. Apocalypse de saint Jean 11, 19a ;12, 1-6a.10ab.

Psaume 44. Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 15, 20-27a.

 

Avez-vous remarqué que souvent, certains confondent Ascension et Assomption. Les deux mots ont une tonalité proche. Il est vrai que dans les deux cas, nous fêtons une entrée dans le Ciel et dans la Gloire de Dieu ! L’Ascension est la montée de Jésus et l’Assomption, celle de Marie.

Aujourd’hui, c’est la fête de l’Assomption de la Vierge Marie qui nous rassemble. Que veut dire cette fête de l’Assomption ? 

Voici quelques repères : par cette Solennité de l’Assomption, nous croyons fermement que Marie, à la fin de sa vie terrestre, est montée « au Ciel » avec son corps, alors que les saints n’y sont pour l’instant qu’avec leur âme seulement. Donc, Marie est montée corps et âme.

Si nous voulons le dire autrement, tous les saints connus et inconnus attendent la Résurrection, à la fin des temps pour être « au Ciel » aussi avec leur corps : le but de notre existence est la vie éternelle ! Au fond de nous-mêmes, nous le savons bien, nous le pressentons, nous sommes créés pour cela : pour la vie éternelle corps et âme ! C’est ainsi que nous pourrons nous reconnaître quand nous serons dans la Vie en Dieu. (C’est aussi pour cette raison que l’Église attache une grande importance à notre corps).

Dans un acte de foi, ce que nous croyons dans le mystère de l’Assomption, nous l’espérons pour nous-mêmes et nous l’attendons pour chacun de nous. 

Pour la Vierge Marie, cette Assomption est déjà accomplie ! Par là, elle ressemble encore plus à son Fils qui, lui aussi, est au ciel avec son corps ! 

Cela permet de mieux comprendre la place et la proximité exceptionnelle de Marie, dans sa relation avec l’Église du Christ (Je pense aux apparitions mariales de la Salette, à celles de Lourdes et à bien d’autres encore à travers le monde où Marie nous redit avec force de nous mettre à l’écoute de la Parole de son Fils.)

Nous le savons, Marie est une créature comme nous ! Par son « oui », par son « FIAT », elle intercède pour nous auprès de son Fils ! C’est la mission de Marie, c’est la mission d’une maman. Certains d’entre nous peuvent penser que Marie était privilégiée ou qu’elle devait avoir des facilités particulières !

En réalité, il n’en est rien !

- Comme pour nous, rien n’est fait d’avance : ni pour elle, ni pour nous ! Il y a la liberté de Marie, comme nous avons, nous-mêmes notre liberté ! Dieu ne cesse de nous proposer d’entrer dans son projet de Salut ! Mais, nous décidons … ou non, comme Marie qui a choisi de dire « oui » à l’ange Gabriel ! La sainteté de Marie s’est donc construite petit à petit. 

- Comme pour nous, tout ce qu’elle avait reçu était déjà en germe en elle ! Tout au long de sa vie, elle a choisi d’accepter de faire la volonté du Père, même si elle ne comprenait pas tout ! Il en est de même pour nous : nous ne comprenons pas tout ce que Dieu nous propose. Il y faut cette adhésion, cette foi qui nous permet de dire « oui ». C’est cette même adhésion qui nous permet d’être là, ce matin, pour cette eucharistie. Plusieurs fois dans l’évangile l’expression : « Marie méditait tout cela dans son cœur » nous rappelle que, sans tout comprendre, elle fait confiance en tout !

Elle laisse simplement résonner la Parole de Dieu dans son cœur afin que l’Esprit Saint lui donne d’avancer et de s’adapter sans cesse à la mission de son Fils Jésus, qui la dépassait complètement. 

Donnons quelques exemples !

  • En acceptant le message de l’Ange à l’Annonciation, Marie ne sait pas concrètement ce qui va se passer ; elle se précipite simplement chez sa cousine Élisabeth. Elle découvre là, à la fois le tressaillement de Jean le Baptiste qui s’agite dans le ventre de sa cousine et le dévoilement de sa mission : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?». (Luc 1,43)
  • Il y aussi l’inattendu de Noël à Bethléem ( on aurait pu imaginer que le Fils de Dieu naisse dans un palais !) 
  • puis l'exil en Égypte, 
  • la vie cachée de Jésus
  • sa vie publique que Marie va suivre de près et de loin et qui commence à Cana (« Femme, que me veux-tu ? », 
  • ou encore au pied de la Croix, (Marie sait qui est son Fils et elle accepte d’être là : quel acte de foi !) 
  • Sa présence auprès des apôtres lors de Pentecôte dans la chambre haute où l’Esprit Saint va expliquer toute chose… 
  • Ce qu’il nous faut comprendre, c’est que Marie a adhéré pleinement, même dans les moments d'obscurité et de souffrance, au projet d'amour de Dieu !

Comment comprendre les conséquences pour notre foi, et même pour notre vie de tous les jours ?

En fait, l'Assomption nous rappelle que la vie de chaque chrétien, comme celle de Marie, est un chemin d'imitation à la suite du Christ, même si parfois ce chemin est difficile ! ! Il nous faut entendre son enseignement, le suivre dans sa façon d’être et voir le but que Jésus nous désigne !

Ce chemin a un objectif bien précis la victoire définitive du Christ sur le péché et sur la mort et le désir de la pleine communion avec Dieu.

Ce que Jésus veut nous dire, c’est que nous sommes faits pour la Vie éternelle ! 

Nous sommes faits pour le Paradis ! Dans l'Assomption de Marie, nous contemplons ce que nous-mêmes sommes appelés à devenir, au terme de notre chemin sur la terre. 

Plus précisément, il s’agit pour chacun de nous de faire le choix d’être au ciel totalement, avec notre corps et notre âme, comme Marie à la suite de Jésus !

Cette fête de l’Assomption nous enseigne ainsi que l’enjeu de la vie humaine, de notre vie terrestre est le Ciel ! L’enjeu de notre vie n’est pas simplement d’améliorer notre bien-être sur cette terre, bien sûr : manger, être en paix et en sécurité, avoir des amis fidèles, être en bon terme avec sa famille… tant de choses que notre monde présente comme étant nécessaires pour être heureux… mais nous le savons bien : toutes ces choses-là passent ! 

 L’enjeu, c’est ce qui nous attend après notre mort ! Aujourd’hui, on peut vivre plus vieux, on peut guérir de nombreuses maladies, ou du moins, on peut soulager certaines souffrances. Ces avancées médicales sont magnifiques, même si un minuscule virus « Covid » nous éprouve cruellement actuellement !

Mais, de la mort, on ne guérit pas : c’est notre chemin à tous, la mort est notre commune épreuve.

C’est le Christ et sa victoire sur la mort qui comptent vraiment !

Alors, frères et sœursl’aventure de Marie est aussi la nôtre, comme celle de toute l’humanité ! C’est notre joie ! C’est notre espérance !

Avec tous les pèlerins des sanctuaires mariaux du monde qui fêtent en ce jour cette belle solennité, prions pour que :

Que Notre-Dame nous aide sur le chemin de la sainteté et

qu’elle intercède pour nous afin que nous comprenions la volonté de Dieu pour nous

et le salut qu’Il nous propose !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 19 juillet 2020, 16e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Luc, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 13, 24-43. Livre de la Sagesse 12,13.16-19. Psaume 85.

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 26-27.

 

Autour de cette église, de jolies maisons ont aussi un beau jardin ; en venant jusqu’ici ce matin, je suis passé dans le jardin derrière le musée. J’ai traversé ce jardin généralement bien entretenu. Pourtant, ce matin, j’ai remarqué qu’il y avait des mauvaises herbes assez hautes qui dépassaient du gazon.

Que faire quand, dans un joli gazon, on voit de mauvaises herbes pousser ? Il est fort probable que l’idée nous vienne de les enlever à la main ou mieux (ou pire), de mettre un désherbant !

C’est ce que Jésus est en train d’expliquer par cette parabole. Il s’agit bien de mauvaises herbes dans l’image de l’ivraie dont parle le texte de l’évangile qui vient d’être lu. Les désignations sont simples et nous les comprenons bien ! L’ivraie représente ce qui nuit, ce qui est nocif et étouffe… le mal, en somme, dans notre monde, mais aussi en chacun de nous. Le bon grain, c’est ce qui est bon, c’est le bien, ce qui produit du fruit. 

Globalement, nous comprenons le sens de la parabole ! Mais ce qui reste un mystère, c’est l’attitude du propriétaire qui représente Dieu. Sa réaction peut nous surprendre tant elle semble résignée. Ce qui semblerait normal, pour nous les « rapides », serait de s’occuper d’enlever rapidement les mauvaises herbes comme je le disais. Et pourtant le propriétaire dit dans le texte de l’évangile : « Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ». 

         Pourquoi une telle attitude ? Pensez-vous qu’un agriculteur ferait le même choix ?

Alors, comment devons-nous qualifier l’attitude du propriétaire, donc de Dieu ? En un mot, bien plus que nous, je dirais que « Dieu est humain » ! Il est profondément humain et il veut que nous le soyons. Que pouvons-nous dire ? Dieu a bon cœur, qu’il est compréhensif, qu’il n’écrase pas, qu’il espère tout, mais surtout, qu’il sait que notre cœur est « complexe » !

Les mauvaises herbes et le bon grain ici sont une image qui nous représente. Nous ne sommes pas 100% bons ! Nous ne sommes pas, non plus, 100% mauvais ! On a du mauvais, mais aussi de bons côtés en nous. Nous ne sommes pas, non plus, ni des choses ni des objets qu’on manipulerait sans risque. Nous sommes des personnes avec des sentiments, de la bonne volonté, mais aussi des faiblesses et des fragilités. Impossible d’agir avec les personnes sans les respecter, sans prendre le temps de leur donner une chance ! C’est pourquoi, Dieu qui agit « humainement » pourrait-on dire avec nous, veut donner une chance à chacun et nous donner tout le temps dont nous pourrions avoir besoin. Il est patient ! Je ne sais pas comment nous le comprenons ; pour moi, c’est bigrement encourageant. 

Comment Dieu fait-il pour être si patient ? Son secret, c’est de regarder non seulement le mal, le mauvais, mais aussi ce qui est bon dans les personnes, dans le monde, en nous aussi. C’est comme cela que Dieu agit, et comme cela que Dieu voudrait que nous agissions à notre tour ! 

Pourquoi Dieu agit-il ainsi ? C’est la pointe de cette parabole, le message essentiel, le message qu’il faudrait imprimer en très grand pour que nous ne l’oubliions pas, c’est le suivant :

         Nous sommes toujours en croissance spirituelle.

         Nous n’avons jamais fini de « grandir » humainement et spirituellement !

Le Royaume de Dieu se développe, en nous et autour de nous, au fil des ans.

         La Parole de Dieu porte du fruit dans la patience !

Il faut compter avec le temps quand on grandit, quand on se développe. Regardez les enfants. Quelle patience, ils ont demandé parfois à leurs parents pour les éduquer et les accompagner ! 

 

Je souhaite terminer en mentionnant qu’il y a, ici, deux dangers dont il faut prendre conscience, deux écueils à éviter.

- Le premier est celui de vouloir aller trop vite. Dieu nous dit ici de prendre le temps qu’il faut. Il y a un dicton qui le résume bien : « Tirer sur une fleur ne la fait pas pousser plus vite ». Dieu fait confiance aux capacités de grandissement, de croissance en dedans de nous. Il fait confiance à l’Esprit dont nous parle saint Paul dans la deuxième lecture, l’Esprit qui agit en nous ! Il vient à notre secours ! Dieu fait preuve de réalisme, Il fait preuve de tolérance. Ainsi nous aussi, nous sommes invités à faire de même. 

Le second danger est à l’opposé, c’est celui de se renfermer. Du style : « Tout est pourri. Il n’y a plus rien à faire. Moi, je m’en fous. C’est mon destin. Pas de moyen de changer, et puis, il y a le covid et le monde va à sa perte ! » Bref,  on se renferme dans un repli, un cocon « caliméro », dans un entre-soi, on se blottit dans son canapé et on n’en bouge plus. Alors que Dieu ici, nous redit : « Je le sais bien ! Tout n’est pas parfait dans le monde, il a bien des ambigüités, dans l’Église aussi, dans toute vie, dans ta vie, mais ne sois pas défaitiste ou fataliste. À travers l’ivraie, le bon grain va pousser quand même, avec le temps. » 

Et Dieu complète : « fais ton possible pour éviter l’étouffement du bon grain, ne cultive pas la tristesse et continue ta croissance, abandonne le reste entre mes mains. » 

L’enseignement d’aujourd’hui est très stimulant, encourageant ! En même temps, ce n’est pas la facilité qui est prêchée. Il faut se retrousser les manches, continuer à  faire sortir le bon qui est en nous, même s’il faut accepter cette nécessité du temps et faire le constat que tout ne soit pas parfait instantanément ! 

Dieu le sait et Il nous fait confiance afin que nous portions du fruit, et cela : Il en est certain !

                                                                                       Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 15 juillet 2020, 15e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 11, 25-27. Livre du prophète Isaïe 10, 5-7.13-16. Psaume 93.

 

Qui n’a pas eu le désir de rencontrer le Christ, de se déplacer avec Lui à travers les villes de Capharnaüm, de Jérusalem, de Nazareth, de discuter avec Lui et, peut-être même, de prier avec lui, de Le voir prier son Père ?

Qui n’a pas eu le désir d’entrer dans sa prière, dans la connaissance de cette intimité qui unit le Fils au Père, et le Père au Fils ?

En méditant l’évangile de ce jour, il nous est donné de contempler un peu plus Jésus en prière, et de voir comment Il entre dans la louange.

Ce jour-là Jésus a prié tout haut, et de telle façon que les disciples ont retenu la prière de Jésus et l’ont mémorisée. Cela nous permet encore aujourd'hui d'entrer un peu plus dans son lien à son Père.

La prière de ce jour, celle qui nous est donnée dans l’évangile, est une prière de louange, une prière d'admiration, une sorte de cri du cœur de Jésus vers son Père :

" Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange".

Qu'est-ce qui fait monter ainsi la louange dans l'âme de Jésus ? Tout simplement, Il s'émerveille de la manière dont Dieu, son Père, s'y prend avec les hommes. Non pas à la façon de notre monde, mais avec une vraie espérance pour chacun de nous ! Par sa prière, Jésus manifeste que Dieu espère en chacun de nous !

C’est cette bienveillance qui caractérise le Père. C’est cette bienveillance qui conduit le Père à faire briller le soleil ou pleuvoir sur les justes comme sur les injustes. Dieu ne juge pas ; Il donne à chacun ce dont il a besoin, charge à nous d’user de notre liberté pour transformer ce don. Surtout, Il donne aux hommes ce qu'Il donne au Fils, c'est-à-dire tout. Frères et sœurs, c’est une découverte qu’il nous faut approfondir dans notre propre prière !

Dieu veut que nous nous réjouissions dans les hommes comme Il se réjouit dans le Christ. Rappelez-vous, au jour du baptême, ses paroles : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en Lui j’ai mis tout mon amour. » Pour cela, il a décidé de faire de nous des frères en son Fils, de son Fils. 

Avec Dieu, même les plus petits ont leur chance, contrairement à notre monde, dans lequel ce sont les nantis, les puissants, les intellectuels qui dominent. Non ! Avec Dieu, les plus petits ont leur chance :

Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits".

Il me faut avoir une âme de pauvre pour entendre ce que Dieu veut me dire. Car les petits, c’est nous ! Je dis cela sans aucune honte, sans fausse modestie ou misérabilisme ! C’est cette certitude qui me fait désirer de tout recevoir de Dieu qui est Père, et me faire capacité pour cela !

 Quelle est l’invitation recevons-nous, ce matin ?

 À la prière de Jésus, dans sa relation à son Père, nous pouvons entrer nous aussi, dans cette louange :

"Oui, Père, Seigneur du ciel, Seigneur de notre terre,

sois loué de nous avoir révélé,

à nous, les petits, les indignes, à nous les pauvres,

que les pensées de ton cœur sont des pensées de louange, de confiance et de paix.

Ce matin, demandons la grâce de rester dans la louange du Christ tout au long de ce jour pour cet amour bienveillant.

Que nous soyons en soucis ou dans la joie, demandons la faveur d’une simple louange, tournés vers le Père comme Jésus nous y invite ! 

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 13 juillet 2020, 15e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 10, 34 à 11,1. Livre du prophète Isaïe 1, 10-17. Psaume 49.

Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 4, 6-8.17-18.

 

Nous avons déjà entendu cet évangile il y a peu de jours. Justement, à l’issue de cette messe, une personne était un peu outrée, comme agacée par les paroles de Jésus. En effet, l’Évangile de ce jour nous interpelle et il mérite une explication pour une meilleure compréhension !

       Que nous dit-il : N’ayez pas peur de perdre votre vie à cause de moi !

       … Ou encore … « Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ». 

À dire vrai, ces paroles de Jésus, mal comprises, peuvent effectivement, nous déranger et même nous agacer !

Alors attention au contresens ! Jésus ne nous dit pas de ne pas aimer notre prochain ou nos parents ! N’oublions pas qu’à l’époque où l’Apôtre Matthieu rédige son évangile, nous sommes toujours dans un contexte de persécution qui, dans certaines familles, a provoqué des déchirements, des dénonciations.

Prendre le chemin de Jésus, c'était courir le risque d'être incompris de la société, mais parfois aussi de ses parents, de ses amis et de son entourage, et d'être même rejeté par eux… Cette situation existe encore aujourd’hui ! J’ai en mémoire le souvenir d’un jeune homme qui rentrait au séminaire, et ses parents lui ont fermé leur porte … Ils n’ont pas compris son choix !

Ce que nous redit l’Évangile, c’est que : l'attachement à Jésus est plus fondamental encore que les liens du sang.Pourquoi ? Tout simplement parce que Jésus veut élargir le sens de la famille !

Il établit des liens nouveaux entre disciples.

La prière du Notre Père en est l’illustration ! L'Évangile devient une école de la fraternité. Et la source de cette fraternité nouvelle : c’est le Christ qui est notre frère ! Tous (et également dans notre assemblée), nous sommes frères et sœurs, tous enfants du même Père : frères et sœurs, les uns des autres.

Oui ! L’appel de Jésus est radical : il ose nous appeler à perdre notre vie à cause de lui, à perdre notre vie pour être avec Lui. C’est Lui notre seul bien !

À la réflexion, notre vie spirituelle nous invite à découvrir un mouvement surprenant perdre pour gagner ! Ce mouvement « perdre pour gagner » s’enracine dans notre condition humaine. Le plus beau déploiement humain suppose de renoncer à savoir ce que l’on devient. La foi : n’est-ce pas croire sans voir ? Il faut donc développer ses talents, tirer profit des expériences de sagesse de la vie, mais progresser aussi dans la capacité à tout remettre, à ne rien mesurer soi-même : au bout du compte, nous le savons bien, nous n’emporterons rien après notre mort. La beauté d’une vie ne vient pas de ce qu’elle est ou dans un avoir, mais de sa fécondité.

C’est donc à une vraie fécondité que nous devons nous employer !

Quel que soit notre état de vie, notre âge, notre santé, cette fécondité existe et elle est multiple. Elle ne se mesure pas selon nos critères ! Cette certitude qui nous surprendra toujours : nos critères ne sont pas ceux de Dieu ! « Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? »(Mc 8,36)

Finalement, c’est dans le don de soi, dans un abandon confiant à Dieu que notre vie prend sens ! Interrogez, pour cela, la sagesse des anciens ! C'est dans les petites choses du quotidien (accueil, service, écoute, partage) que se joue la sincérité de notre témoignage. 

Gardons en mémoire cette parole de Saint Augustin : « La mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure ».

Frères et sœurs, prenons le temps, en ce temps de vacances, de méditer, de retravailler, pour nous laisser saisir par la Parole de Dieu !

Je vous rappelle l’évangile du semeur, celui de dimanche : c’est autant de graines qui sont plantées dans notre cœur pour que nous puissions porter du fruit, et du fruit en abondance !

Demandons à l’Esprit Saint de nous aider à mieux comprendre ce que Jésus veut me dire !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 12 juillet 2020, 15e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 13, 1-23. Livre du prophète Isaïe 55, 10-11. Psaume 64.

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 18-23.

 

Nous connaissons bien cette parabole du semeur. Ce que j’apprécie dans cette parabole du Semeur, c’est le réalismede Jésus. Vous avez entendu comme moi qu’il ne nie pas l'échec, il ne nie pas le gâchis que l'on fait de la Parole de Dieu. Il dit clairement que les graines de la Paroles sont semées largement, mais qu’elles sont nombreuses toutes ces graines qui sont… mangées, séchées, étouffées, emportées par le vent... Nous pourrions penser que Dieu semble effectivement semer en pure perte ! Et en même temps, Il accepte le risque que sa Parole ne soit pas reçue !

Ces graines, ces semences ne sont pas en cause ! Dans l'explication de cet évangile, Jésus met d'ailleurs surtout l'accent sur le terrain qui accueille le bon grain. Si la semence, c’est-à-dire la Parole de Dieu, ne lève pas, ne grandit pas, ne porte pas de fruits, ne transfigure pas notre vie… la faute n'en est pas à l'impuissance de Dieu ou à une mauvaise qualité de la semence, mais bien aux obstacles opposés par le terrain. 

Or, le terrain, c'est nous, c'est nos vies, nos âmes, nos compréhensions, nos passions, nos refus... nos capacités d’entendre et de nous mettre en route. 

Jésus énumère les obstacles que la Parole de Dieu peut y trouver : il en cite trois !

Remarquons, qu’il n’y a pas d’accusation ou une culpabilisation de la part de Jésus ! 

Je tiens donc à préciser, un peu comme dans les films quand ils sont trop près de la réalité que :

  • Toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite !

Mais, remarquons que toutes ces situations sont parfois très proches de celles que nous vivons ! Si Jésus les cite, c’est qu’elles sont voulues pour nous faire réagir. C’est bien son intention en nous racontant cette parabole. Alors, quels sont ces obstacles ?

 

Premier obstacle : l'indifférence ! La Parole de Dieu parce qu'elle n'est pas désirée n'est pas entendue, n'est pas accueillie ! Vous connaissez l’expression ‘comme de l'eau sur les plumes d'un canard’ : ça glisse ! On n'en ressent pas forcément le besoin et une infinité d'autres choses nous accaparent et retiennent toute notre attention : plaisir, honneurs, sensualité, paraître, richesse, loisirs … qui viennent comme des oiseaux picorer ces graines et les faire disparaître.

Deuxième obstacle : la dureté, la raideur, le sol pierreux. Notre cœur se referme sur lui-même (littéralement, une « slérocardie »), nous croyons en savoir assez sur Dieu et nous nous fermons à tout progrès dans la connaissance de Dieu. Dans notre enfance, notre foi a levé, et puis à la longue, faute d'être nourrie, faute de bonne terre et de racines profondes, elle s'est desséchée. De fait, en même temps, c’est moi-même qui me suis desséché.

Troisième obstacle : les épines, les ronces, les mauvaises herbes qui poussent avec le bon grain et qui, peu à peu, finissent par étouffer la Parole alors qu’elle serait sur le point de donner du fruit. Ce sont nos défauts, nos vices, nos compromissions, l'égoïsme et l'orgueil, nos manques d’amour, notre difficulté d’engagement, nos découragements, notre manque de persévérance… Alors, le Malin, (le Toto, le Diable) est très fort pour nous faire désespérer. Bref : tous nos soucis, toutes ces choses qui encombrent l'âme, toutes ces choses que nous n'avons pas eu le courage de déraciner à temps et qui, petit à petit, envahissent et étouffent notre vie. Bien souvent, nous avons dans ces cas-là, l’impression d’un immense gâchis, et d’une tristesse ! Je n’arrive plus à comprendre ce qui est nécessaire à ma vie ; ai-je cette impression à certains moments de ma vie ? Si oui, interrogeons-nous ! 

     Jésus n'oppose pas, non plus, ceux qui portent ou non du fruit. Il ne fait pas de différence, Il ne cherche pas un « retour de production » ou un retour sur investissement, comme certains économistes insistants ! Non ! Il souligne simplement que chacun est responsable de son ouverture comme de son aveuglement, et qu'il ne tient qu'à nous d'être de ses disciples. Au fond, cela se passe surtout à l'intérieur de chaque cœur humain. C’est notre liberté ! Si nous ne décidons pas d’ouvrir notre cœur, rien ne poussera !

     Alors ! chers amis, si vous êtes là ce matin, et je le crois profondément, c’est que votre cœur est ouvert et que la Parole de Dieu a du sens pour vous. Vous savez accueillir la Parole de Dieu, vous savez qu’elle nourrit votre vie, vous savez qu’elle vous hydrate ! 

Peut-être, nous arrive-t-il d’être parfois incrédules et fermés, durs d'oreille et durs de cœur ? 

Cependant, nous avons le désir d’être disciples de Jésus, heureux de voir, heureux d'entendre, heureux de scruter l'Évangile, heureux de laisser résonner chaque parole de Jésus dans ma vie dans ma prière - Comme nous le proposent les Béatitudes -. Cette attitude nous invite à être dans l’Action de grâce. La question de l’accueil est posée encore aujourd’hui et elle restera posée jusqu’à la rencontre ultime avec notre Créateur, nous rappelant chaque jour, l’enjeu de ma liberté et les fruits à offrir.

Une question demeure et peut-être est-elle sur vos lèvres :

Alors, Dieu sèmerait-il en pure perte ?

Non ! Je ne le crois pas ; je sais seulement que Dieu est patient ! Il sait qu’un jour ou l’autre, il y aura des fruits pour toutes ces graines qu’Il a semées dans le cœur de chacun de nous ! 

     Ma courte expérience de prêtre me montre que je n’ai pas le droit de désespérer : je peux témoigner que j’ai vu des personnes qui semblaient fermées, hermétiques et qui un beau jour, s’ouvrent à la Parole Dieu. Ce qui a été semé pendant des années, d’un seul coup, germe et donne de beaux fruits. Même jusqu’aux derniers souffles de notre vie sur cette terre, de beaux fruits sont et seront possibles, des fruits extraordinaires, à quelques minutes mêmes de la mort d’une personne : fruits de pardon, de réconciliation, de paix…! C’est comme s’il se passait, à ce moment-là, un réflexe de vie et enfin, un cœur qui s’ouvre.

Chers frères et sœurs, rendons grâce au Seigneur pour sa Parole qu’Il vient sans cesse déposer en nos cœurs !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du 15ème dimanche du temps ordinaire - dimanche 12 juillet 2020

Homélie du lundi 6 juillet 2020, 14e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 9, 18-26. Livre du prophète Osée 2.16-17b-18.21-22. Psaume 144.

 

Nous faisons mémoire, aujourd’hui, de sainte Maria Goretti. Connaissez-vous son histoire ?

Un titre m’avait marqué : sainte Maria Goretti, l’impossible pardon !

 

Le drame se passe le 5 juillet 1902. Dans une petite ferme, à Nettuno, au sud de Rome, vivent deux familles que la misère a réunies sous le même toit. Dans la famille Goretti, le papa Luigi est mort et Assunta, la maman, travaille courageusement aux champs avec ses deux grands fils tandis que Maria, surnommée Marietta, l’aînée, s’occupe de la maison et de ses petits frères et sœurs. L’autre famille, les Serenelli, est composée d’un garçon, Alessandro (17 ans), et de son vieux père infirme. 

Maria a 11 ans. C’est une jeune fille pieuse, douce et courageuse, faisant de son mieux pour soulager sa maman qui croule sous le poids des soucis. Maria n’ose pas lui dire combien elle a peur d’Alessandro et de ses mauvais regards et de sa présence excessive. Ce jour-là, tout en surveillant sa petite sœur qui dort Alessandro entre et il pousse Maria dans la cuisine et veut abuser d’elle. Elle résiste avec force et repousse ses tentatives.

Fou de colère, le garçon saisit un couteau et, à quatorze reprises, animé par une rage meurtrière, il la frappe sauvagement. 

Maria se traîne jusqu’au palier, appelant au secours sa maman ! 

Tandis que l’on descend Maria sur une civière, les forces de l’ordre doivent protéger le jeune homme de la colère des voisins. Sans eux, l’assassin aurait été tué par les mains des villageois sans autre forme de procès. 

Un triste convoi se met en route : la voiture des gendarmes conduit Alessandro en prison ; et l’ambulance conduit Maria à l’hôpital.

Les dernières heures de Maria sont marquées par de terribles souffrances. Les religieuses qui la soignent sont édifiées par le courage de cette enfant qui demande qu’on la rapproche de la statue de la Sainte Vierge. Elle brûle de fièvre. 

Le Père Signori entre dans sa chambre. La fillette a un imperceptible mouvement, une courte hésitation en se remémorant la violence de la scène, les gestes, les menaces et les coups. Puis la paix revient sur son visage et dit :  

« Pour l’amour de Jésus, je lui pardonne et je veux qu’il soit un jour avec moi dans le Paradis. Que Dieu lui pardonne, car moi, je lui ai déjà pardonné. » 

Elle reçoit alors, avec ferveur, la communion et le sacrement de l’extrême-onction. Maria est morte en ce 6 juillet 1902, elle n’avait pas encore douze ans. Dans les couloirs de l’hôpital, on n’entend qu’un murmure :   - « La sainte est morte ! »  Ses obsèques, au matin du 8 juillet, soulevèrent une émotion immense à Nettuno, son petit village.   
Au cours du procès d’Alessandro, dans la salle d’audience, à la surprise de participants, Assunta Goretti, la maman de Maria, déclare d’une voix ferme :  - « Monsieur le Président, je lui pardonne du fond du cœur. », désignant Alessandro, l’assassin de sa fille.  

Alessandro Serenelli est condamné à trente ans de prison (il a échappé à la prison à vie parce qu’il était mineur au moment des faits). C’est un prisonnier difficile, violent, craint par ses codétenus et méprisé par les gardiens.  

Une nuit de 1910, il fait un rêve : il voit Maria dans un jardin, toute vêtue de blanc. Elle cueille quatorze grands lys et les lui tend. Au moment où il va les prendre, ils se transforment en autant de lumignons allumés comme des cierges. Puis Maria disparaît et il s’éveille, troublé. Dans son cœur endurci, une petite source trouve son chemin et le repentir commence à naître.

Alessandro est libéré en 1929, après avoir passé vingt-sept ans en prison, dont les dix-neuf années d’un comportement exemplaire.

Maria Goretti est proclamée bienheureuse par le pape Pie XII le 27 avril 1947. Trois ans plus tard, elle est canonisée par le même pape Pie XII, le 24 juin 1950. Aux deux cérémonies, qui attirèrent une foule impressionnante sur la place Saint-Pierre, assistaient Alessandro et Assunta Goretti : c’est la première fois qu’une mère voit la canonisation de sa fille. 

Alessandro est devenu membre du tiers-ordre franciscain et jardinier du couvent des capucins à Ascoli Piceno, dans les Marches. Il mourut le 6 mai 1970, à 87 ans, au couvent de Macerata (Marches), après avoir laissé un testament très édifiant. Peut-être aurez-vous la curiosité de le chercher et de le lire ?

Maria Goretti est fêtée le 6 juillet, jour de son entrée au Ciel.

Ce que je retiens de cette famille Goretti, c’est la force du Pardon !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 5 juillet 2020, 14e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 11, 25-30. Livre du prophète Zacharie 9, 9-10. Psaume 144.

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 9.11-13.

 

       À force de le dire, vous le savez et je le répète très souvent : notre Dieu est un Dieu surprenant ! Certains diront même que sa logique nous échappe complètement ! Cela n’est pas complètement faux ! 

Pourquoi est-il donc surprenant ? Parce que nous avons, sans doute, une représentation trop humaine de Dieu ! Nous l’imaginons selon notre façon de réagir, de penser ! Déjà, par la bouche du prophète Isaïe, le Seigneur essayait de nous avertir clairement : « mes pensées ne sont pas vos pensées, mes chemins ne sont pas vos chemins. » (Is 55,8)

     C’est pourquoi notre Dieu se plaît à désarçonner un monde imbu de lui-même en révélant ses secrets aux petits et aux humbles. 

     Il nous redit que l’on ne creuse pas le mystère du Royaume de Dieu avec nos calculs, nos diplômes ou à coup de Wikipédia sur la nébuleuse d’Internet, mais surtout avec son cœur et à force d'aimer. Plus encore, il nous invite à être humbles, il nous faut laisser de la place à Dieu :

     Celui qui se vide de soi-même, se remplit de Dieu, mais celui qui est plein de soi va se priver de Dieu. 

     Il me semble alors nécessaire de demeurer un peu plus longuement sur les confidences de Jésus, pour nous en étonner et nous en émerveiller !

     Je retiens deux points d’étonnement :

- Premier point : Celui à qui « le Père a tout confié », celui qui ne fait qu’un avec lui et dont il a seul une totale connaissance, n’est lui-même qu’un pauvre parmi les pauvresun « doux et un humble ». C’est comme cela que Jésus se définit lui-même ! Sa naissance n’est même pas fastueuse ! Une étable et quelques bergers ! Dieu se fait petit et humble ! En se manifestant ainsi, Il bouscule de fond en comble nos représentations faussées de Dieu. Jésus est un Sauveur qui déploie sa puissance dans la faiblesse et sa force dans la douceur. L’esprit du monde ne l’influence pas !

     Il ne se laisse pas plus démoraliser devant le refus de l’élite et la timide acceptation des gens simples. Il reste fidèle à sa mission, malgré l’adversité ou le poids du quotidien : annoncer la Bonne Nouvelle, faire connaître son Père, le salut de tous…

     C’est une très grande leçon à tirer pour nos vies de tous les jours. Nous sommes invités à prier à travers notre quotidien, à partir de nos soucis et à oser trouver le chemin de l’Action de grâces au sein même de situations difficiles que nous traversons. 

       Marie a compris cette disponibilité du cœur lors du message de l’Ange au moment de l’Annonciation et elle le chante par son Magnificat « Il s’est penché sur son humble servante. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! » (Luc 1,48)

L’évangile de ce jour nous montre la jubilation de Jésus parce que nous sommes ces pauvres que Dieu préfère. Connaissant notre dénuement, Il ne nous abandonne pas, il nous redit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, et moi, je vous donnerai le repos ». Oui !  Dieu prend le parti des pauvres, des petits et des faibles. C’est une prière, une supplication que Dieu adresse à nos cœurs endurcis !

Deuxième point d’étonnement : 

La compréhension fausse de Dieu !

  • Dieu est absent », « Dieu est fou » ou « Que fait Dieu ? » ! Ces expressions sont récurrentes dans les différentes discussions paroissiales ou amicales auxquelles je participe. Pourquoi ces réactions aussi tranchées ? Parce que Dieu n’agit pas comme j’aimerais qu’il le fasse…  Parce que Dieu n’est pas assez ferme et fort comme je le voudrais ! Souvent, la difficulté est que Dieu est compris comme un Dieu magicien. 

 J’ai déjà entendu maintes fois cette demande : « Moi, je veux un Dieu qui m’écoute et qui peut réaliser tous mes souhaits ! » J’entends cela souvent ! Dieu nous écoute incontestablement, quant à réaliser tous nos caprices … Rien n’est moins sûr !

       - N’oublions pas que Dieu ne passera pas outre notre liberté !

Or, Dieu a choisi une voie différente ! Il ne s’agit pas de tout accepter sans réagir ! Mais, il s’agit de regarder comment Dieu agit : Il s’offre lui-même pour que nous inviter à faire de même ! Oui, frères et sœurs, nous sommes invités, toujours et sans cesse à  oser « une imitation de Jésus », dans son mode d’action, de la façon dont Il agit, dans sa relation à son Père dans la force de l’Esprit Saint.

     En réalité, sa vie n’est guère différente de la nôtre ! Au joug pesant d’une vie parfois éprouvante face à la maladie et de la mort, au joug écrasant d’une société répressive, au joug exigeant de lois arbitraires, Jésus substitue son fardeau léger. Il offre un sens à nos vies fatiguées, humiliées. 

Il n’en supprime ni la fatigue, ni les larmes, ni le sang, mais ce qu’il exige de nous, il nous donne de pouvoir de lui offrir ces peines, ces fardeaux que nous avons du mal à porter. Il accepte de rejoindre notre vie dans notre condition mortelle, pour la refaire, la revivifier par le dedans et tracer un sentier qui sera celui de la liberté des fils et filles de Dieu. 

Littéralement, Il nous dit qu’Il sait que le chemin que nous vivons sur cette terre n’est pas simple ou facile, mais « … que ce chemin où lui-même est présent est chemin de vie… pour la Vie éternelle. »

Dans cette liberté qui est nôtre, notre intelligence réfléchit et s’interroge ! Nos questions sont bonnes et justifiées.

Face aux mystères de la souffrance et de la mort, face aux questions de la violence et de la bêtise humaine, nos doutes peuvent s’entremêler à nos espoirs déçus 

Nos questions et même nos doutes sont légitimes ! Ils expriment notre intelligence et notre capacité d’analyse. Ce n’est pas grave, ils sont même essentiels pour nous aider, dans une précieuse liberté, à mieux comprendre l’urgence d’un changement et d’une conversion !

Une des questions les plus partagées peut être celle-ci : 

       - Où est donc notre joie ?

       - D’où vient-elle ?

       - Jaillit-elle de notre vie, de ses épreuves et de la prière ? 

Dans la vie chrétienne, la vraie joie, nous le savons bien, ce n’est pas dans la possession ou dans l’avoir (car nous laisserons tout quand nous quitterons cette vie) mais c’est sans cesse d’entrer dans la joie d’un autre, de Dieu, et des autres, de nos frères et de sœurs en humanité, de se réjouir de ce qui est beau et simple

Là aussi, c’est accepter de tout recevoir et de devenir pauvre de soi-même. Porter son fardeau avec Jésus, laisser l’Esprit Saint imprimer en nos cœurs la ressemblance avec le Fils de Dieu, devenir comme lui « doux et humble de cœur ». Ce choix de vie est un chemin de joie. 

Si nous sommes certains d’être aimés jusque dans notre pauvreté, alors la louange viendra habiter nos cœurs. En préparant cette célébration, ce chant me revenait sans cesse aux lèvres (voici les paroles) :

 

Ô Jésus, Tu es doux et humble de cœur,

rends mon cœur semblable au tien. (bis)

Jésus, Fils de David, aie pitié de moi, Jésus j'ai confiance en toi !

Ouvre mes yeux, Seigneur fais que je voie, Jésus j'ai confiance en toi !

 

Ainsi soit-il

Homélie du mercredi 1er juillet 2020, 13e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 8, 28-34. Livre du prophète Amos 5, 14-15.21-24. Psaume 49.

 

Voilà une drôle d’histoire : un troupeau de démons dans un troupeau de porcs et tout fini dans le lac.

La conclusion semble simple ! Les forces du Mal ne peuvent conduire qu’à la mort !

 

Que se passe-t-il ? Le territoire qui borde la rive est du lac de Tibériade, et que l'on appelait "la Décapole" (les dix villes), était, à l'époque de Jésus, une région à la population fortement mélangée. On y trouvait en majorité des païens, des non-juifs, donc des mangeurs de porc. Ces habitants passaient, à l’époque, pour des hommes méfiants et peu fréquentables. L'une de ces dix villes s'appelle Gadara.

En montant vers Gadara depuis le lac, on traverse une région montagneuse assez escarpée. La pierre est trouée de grottes. Ces cavités sont le refuge traditionnel des voyageurs et des nomades, voire des brigands et des possédés. Ces grottes étaient souvent aussi des sépulcres, c’est-à-dire des tombeaux, désaffectés ou non. C'est là, justement que deux êtres sauvages habitent, inapprochables au point que personne ne peut passer par ce chemin. Là, ils s'en prennent directement à Jésus. 

La question que posent les deux possédés est centrale dans le récit de saint Matthieu que nous venons d’entendre : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici, avant le temps, pour nous tourmenter ? » 

Surprenante question ! Rappelons-nous que nous sommes ici, en plein territoire païen : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? »

Comme souvent dans les Évangiles, les possédés sont doués d'une mystérieuse clairvoyance, qui leur fait à la fois craindre et reconnaître l'identité de Jésus, Fils de Dieu. La plupart des personnes ne perçoivent rien, mais ces démoniaques (habités par des démons) eux savent ! Même si leur compréhension est comme un miroir déformant, ils ont saisi l'essentiel de la mission de Jésus : la victoire de l'Envoyé de Dieu a déjà commencé ; le salut est déjà présent sur la terre des hommes. Jésus est venu combattre le Mal et jeter dehors tous les démons, pour nous conduire à la Vie éternelle, et nous faire découvrir son Père.

Les démons s’affolent et tentent alors de se réserver un domaine, une zone de pouvoir ; et ils marchandent avec Jésus. Que disent-ils ? "D'accord, nous quittons ces hommes, mais laisse-nous aller vers les animaux, vers ces animaux impurs !"

Mais on ne marchande pas avec Dieu qui sauve, et le message pour nous est limpide : au service de Dieu, le partage du cœur est impossible. La suite du récit le montre clairement : le transfert vers les porcs ne sert à rien, et tout le troupeau se précipite dans le lac. 

Toute la puissance du mal est d'avance vaincue par le Christ.

À la fin du récit, il y a une surprise. On aurait pu penser qu’après cette libération, ceux qui sont présents et qui ont vu, reconnaissent Jésus et se convertissent. Mais non ! L’homme est à ce point aveugle qu’il va rejeter Jésus. La finale est sans équivoque : « les gens le supplièrent de partir de leur territoire. »

Et nous, ce matin, que pouvons-nous garder de ce texte pour aujourd’hui ? Tout simplement qu’il n'y a pas de position de repli ou de demi-mesure ! Il n’y a pas de marchandage avec Jésus !

Le Sauveur est là, déjà vainqueur ! C’est une certitude ! C'est Lui qu'il nous faut suivre ; c'est Lui qui a la vie et la Vie éternelle.

              Quelle attitude spirituelle pouvons-nous avoir ?

             Entendons cette invitation : laissons tout le troupeau de nos misères sauter dans le lac et suivons, pas à pas, le Christ !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 29 juin 2020, solennité des saints Pierre et Paul, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 16, 13-19. Livre des Actes des Apôtres 12, 1-11. Psaume 33.

Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 4, 6-8.17-18.

 

Le 29 juin, l’Église honore à la fois saint Pierre et saint Paul, les deux piliers de l'Église. 

Jamais la Tradition ne les a fêtés l'un sans l'autre : ils sont inséparables et pourtant différents.

Simon-Pierre est Fils de pêcheur et pêcheur lui-même, simple, sans grande éducation  ni grande culture qui l’auraient préparé à jouer un rôle de premier plan, mais il a cette intelligence du cœur et cette recherche de la Vérité. Simon-Pierreest de Capharnaüm en Galilée, ville située au bord du lac de Tibériade. 

Paul est un juif de la diaspora. Il est originaire de Tarses en Asie Mineure, pharisien disciple de Gamaliel (un Rabbi important et reconnu pour ses enseignements et son orthodoxie), et qui plus est : Paul est citoyen romain. Notons-le !

Tous deux verront leur vie bouleversée par la rencontre avec Jésus de Nazareth, dans des circonstances, certes, bien différentes.

Après une pêche miraculeuse, le Seigneur interpelle Simon : « Viens derrière moi. Je ferai de toi un pêcheur d’hommes » (Mc 1, 17). 

Saul, « animé d’une rage meurtrière contre les disciples du Seigneur » (Ac 9, 1), est enveloppé de lumière sur le chemin de Damas, tandis qu’une voix retentit : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes ». Conversion soudaine et durable !

Simon devenu Pierre laisse ses filets et son foyer pour suivre le rabbi, Jésus.

Saul devenu Paul se met à la disposition des apôtres. Pierre reçoit de l'Esprit Saint la révélation de l’identité de son Maître : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». 

Paul se voit confier par Dieu « l’annonce de l’Évangile aux païens (aux non-juifs), comme il l’avait confié à Pierre, son apostolat pour les Juifs » (Ga 2, 7).

Pierre reçoit la charge de paître le troupeau de l'Église : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». 

Tous deux donneront le suprême témoignage du martyr : 

Pierre sera crucifié et Paul, lui sera décapité. 

C’est ensemble qu’ils représentent, dans la complémentarité de leur mission et charisme respectifs, le ministère apostolique de l’Église tout entière. De même pour nous, nos charismes sont différents et c’est ensemble, que nous pourrons porter la mission, car nous sommes complémentaires et tous aimés de Dieu. Tous les deux nous redisent qui est Jésus pour eux et font une profession de foi extraordinaire. Voilà ce qu’ils nous disent : Jésus est le Christ, le fils du Dieu Vivant ! Magnifique profession de Foi en Jésus ! … et ils vont donner leur vie, pour Lui !

Avec saint Pierre et saint Paul, confions notre Église, notre église locale (notre Diocèse) ! Confions aussi les jeunes qui songent à une vocation (sacerdotale ou religieuse). Nous avons besoin d’hommes et de femmes qui se donnent pour le Seigneur. 

Laissons-nous renouveler dans cet appel missionnaire reçu au jour de notre baptême, afin que nous puissions être fidèles au Christ à travers l’institution pétrinienne et au charisme paulinien ! 

Demandons cette grâce de la fidélité pour chacun de nous !                              

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 28 juin 2020, 13e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 10, 37-42. Deuxième livre des Rois 4, 8-11.14-16a. Psaume 88.

Lettre de saint Paul aux Romains 6, 3-4.8-11.

 

Les vacances vont bientôt commencer. Peut-être sommes-nous encore dans le souci des élections, mais peut-être aussi, déjà dans la tête et le cœur de chacun, il y a un désir de repos, le rêve des voyages, même si nos déplacements, cet été, risquent d’être limités. 

C’est dans cette ambiance quelque peu bouleversée par le déconfinement que nous avons à recevoir les paroles de Jésus qui nous invitent à une audace !

Déjà, comme nous l’avons entendu dans la 1re lecture du livre des Rois, nous découvrons comment Dieu se révèledans l’accueil de l’autre, dans l’inattendu. Dans la 2e lecture de saint Paul aux Chrétiens de Rome, l’invitation est claire : chassez les ténèbres et vivez une vie nouvelle en Dieu, dans la lumière ! Il s’agit d’une invitation à un changement profond.

Cependant, ce que nous entendons, dans l’évangile, nous laisse un peu perplexes. Reconnaissons-le, les propos de Jésus, même s’il parle d’amour sont surprenants et même violents. Le style littéraire est précis et court, comme une série de sentences… qui peut nous dérouter. Mais, nous le savons bien, la Parole de Dieu est volontairement stimulante , elle est une invitation à la réflexion : 

« Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. » « Qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. » « Qui veut garder sa vie la perdra. »  La pointe que Jésus veut nous faire comprendre ce matin est celle-ci, elle se présente en deux postulats :

 

- Premier postulat ou évidence : L’amour vrai est exigeant.

  Jésus ne cherche évidemment pas à négliger l’amour que nous devons à nos parents. Ne faisons pas de contresens ! Au contraire, dans un autre passage de l’évangile, il dénonce l’hypocrisie de certains pharisiens qui, sous prétexte de servir Dieu, priveraient leurs familles de leur héritage légitime. (Marc 7, 11-13). Dans le passage de ce jour, il nous invite à aimer nos proches, non point selon les critères de la terre, mais à la manière de Dieu. Oui ! L’amour vrai est exigeant !

  Dans le domaine des affections familiales, pour Jésus, adopter un comportement nouveau, c’est aimer dans l’ordre. Il y a des hiérarchies dans l’amour. Il n’y a pas d’amour vrai sans des choix exigeants. Prenons un exemple : nous admettons tous qu’il est anormal d’aimer plus sa voiture que sa femme, de préférer son chien à son enfant ou son Smartphone à un dialogue familial. Dire cela semble une évidence, et pourtant, notre société nous invite elle toujours à cette cohérence ?

  Que devons-nous comprendre ? Nous pouvons retenir qu’il y a une hiérarchie dans l’ordre de l’amour et qu’en aimant Dieu par-dessus tout, on donne à tous ses autres amours leur fondement solide.

  L’autre difficulté, ce n’est pas tant d’aimer, mais de durer dans l’amour ! Posons-nous cette question : pourquoi et comment j’aime, dans ma famille, autour de moi et même un juste amour de moi-même ? Est-ce que j’aime ce que je suis et qui je suis ? Aimer Dieu et se laisser par lui, me permet, à mon tour d’aimer comme il m’aime !

 

- Deuxième postulat ou évidence : L’amour vrai est accueillant… L’amour vrai se donne !

Il n’y a pas d’amour sans un véritable don de soi. Nous avons toujours tendance à nous évader dans de belles idées (par exemple : La recherche d’un amour idéalisé, vouloir à tout prix plaire et séduire… ou, sur la question de la Paix qui reste accolée à l’amour : prier et demander la paix dans le monde, alors que ma vie et mon cœur sont dans la rancune ou l’amertume !

Jésus, lui, ramène toujours au concret et à la simplicité de nos actions et de nos sentiments. Il parle d’ « accueillir » avec simplicité, de « donner un simple verre d’eau fraîche ». Oui ! L’amour vrai est accueillant !

La femme de Sunam invitait le prophète Élisée « pour qu’il vienne manger chez elle » (2 Rois 4, 8). Dans notre monde d’anonymat, ces simples gestes d’hospitalité ne sont pas si faciles. Parfois, c’est une violence qu’il faudrait faire en nous-mêmes pour accueillir, et peut-être plus particulièrement en ce temps où la fraternité est bien mise à mal par la peur du virus, où parfois je considère l’autre comme un danger pour moi. Ne pouvons-nous pas, avec intelligence, accueillir l’autre et nous laisser accueillir par lui, ouvrir sa porte et ne pas fermer son cœur : ce ne sont pas là des actions d’éclat, mais des gestes modestes qui sauvent le monde. Comment inventer d’autres gestes pour montrer mon affection, mon amitié à celui que Dieu me donne ?

Il n’y a pas de petit geste ! Je relisais un passage de la petite Thérèse de Lisieux qui prend l’exemple d’une petite épingle qu’elle ramasse par amour !

On pourrait transposer pour nous-mêmes en disant : « il n’y a pas de petits gestes. » Le moindre comportement, lorsqu’il est rempli d’amour, a une valeur d’éternité.

N’oublions pas, voilà les deux postulats que je vous invite à retenir aujourd’hui : 

L’amour vrai est exigeant,

L’amour vrai est accueillant… L’amour vrai se donne !

En commençant nos vacances d’été, voilà de belles pistes de réflexion, pistes que nous pouvons vivre pour nous-mêmes, en famille, entre amis, et dans le monde.

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 24 juin 2020, Nativité de saint Jean-Baptiste, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 57-66.80. Livre du prophète Isaïe 49, 1-6. Psaume 138.

Actes des Apôtres 13, 22-26

 

       Il y a une question que beaucoup de parents se posent à la naissance d’un enfant ou au moment où l’on prépare son baptême (En rattrapage du confinement, nous célébrons de nombreux baptêmes) : « Que va-t-il (elle) donc devenir ? » Dans le regard des parents, nous pressentons comme une attente, une espérance ! Quel devenir ?

       Cette question dans le contexte biblique d’aujourd’hui, n’est pas sans importance ! 

       « Que va donc devenir cet enfant ? » Les parents de Jean méditent cette phrase dans leur cœur. Le cœur plein d’espérance, ils confient leurs questions au Seigneur afin qu’Il vienne les éclairer. Rappelons-nous les circonstances extraordinaires qui ont accompagné la naissance de Jean : Élisabeth était stérile, Zacharie a une apparition alors qu’il était en train de faire l’offrande dans le Temple de Jérusalem. Il restera sans voix ! Bref, il semble évident que Dieu a un plan spécial pour cet enfant.

       De fait, pour souligner cette importance, l'Église ne célèbre que trois naissances : celle du Fils de Dieu, celle de sa mère, et celle de Jean-Baptiste. De tous les autres saints, nous retenons et fêtons uniquement le jour de leur naissance à la vie définitive – c'est-à-dire le jour de leur passage de ce monde à l’autre : leur naissance au Ciel !

       La naissance de Jean Baptiste est capitale, car elle marque la “séparation“ entre le Premier (Ancien) et le Nouveau Testament. Le point central de l’histoire s’est déplacé : l’attente du peuple pour le Messie s’est réalisée là, à ce moment précis. Le Royaume de Dieu est à portée de mains. 

La mission de Jean sera la proclamation de la venue du Messie. Il annoncera à temps et à contretemps, en criant dans le désert, la venue de Jésus. Oui ! « Dieu fait grâce » !  C’est bien la signification du prénom de Jean, Yohanann. 

Oui ! « Dieu fait grâce » à Élisabeth de cet enfant qu’elle espérait, Dieu fait grâce à son peuple, Dieu fait grâce à tous les hommes d’hier et d’aujourd’hui !

 

Qu’apprenons-nous de Jean aujourd’hui ?

Jean est celui qui annonce, il est un prophète, et plus qu’un prophète, puisqu’il est envoyé par Dieu pour préparer la route de son Fils parmi les hommes. Non seulement il a pu annoncer la venue du Messie, mais il l'a montré à ses contemporains, en prononçant cette phrase au moment du baptême de Jésus : "Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ".

C’est ce que nous entendons à chaque Eucharistie ! Nous aussi à notre niveau, par nos voix, notre comportement, notre espérance… nous désignons le Christ et nous annonçons sa présence au milieu de nous. 

Chers frères et sœurs, soyons, à notre façon, des “Jean le Baptiste“, c’est-à-dire des annonceurs du Christ pour notre temps ! 

Demandons cette grâce pour chacun de nous, notre paroisse, notre diocèse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 22 juin 2020, 12e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 7, 1-5. Deuxième livre des Rois 17, 5-8.13-15a.18. Psaume 59.

 

Frères et sœurs, lorsque nous venons à la messe de 8 h, le matin, prenons-nous le temps, au moins, de lire les textes du jour ? 

  • Comment comprenons-nous les paroles de Jésus lorsque nous prions, personnellement et ensemble ?
  • Que veut nous dire Jésus dans cet évangile, pour aujourd’hui ?

Il est intéressant de se poser cette question, car il est bien possible que la réponse va rythmer notre journée et celles à venir. 

Ce matin, pour nous auditeurs, Jésus nous dit que nous ne pouvons pas être lucides sur les autres tant que nous restons aveugles sur nous-mêmes. 

Jésus écarte d'un mot toutes nos illusions de claire vision sur nous-mêmes, en nous parlant de la paille et de la poutre. 

Cette image nous parle : nous sommes souvent très prompts à nous apitoyer :"Oh ! Le pauvre, avec sa poussière dans l'œil ! Viens, je vais t'enlever cela tout de suite !" Et l'autre se laisse faire, car on est toujours confiant lorsqu'on a une poussière dans l'œil.

Instinctivement, nous voulons bien faire et faire du bien ! Nous avançons vers celui dont les yeux pleurent et ne voient plus, et avec le coin d'un mouchoir, nous le délivrons de son moucheron ou de sa poussière dans l'œil. 

En fait, croyant bien faire - et c’est parfois le risque - nous ne faisons qu'ajouter aux souffrances des autres (même si notre intention est sincère) car nos propres misères nous aveuglent et rendent nos gestes maladroits, alors qu’ils se voulaient libérateurs ! (Inutile de vous redire en ces temps où les gestes barrières sont nécessaires, qu’un lavage des mains est au moins le minimum obligatoire)

Jésus passe à ce moment du geste concret, à une disposition intérieure qui doit anticiper l’action. C’est pourquoi il insiste : il y a un ordre à respecter. 

  • d'abord, voir clair, puis éclairer les autres ;
  • d'abord, se mettre en cause, avant de reprendre ses frères ; 
  • d'abord, se convertir, ensuite seulement aider ou peut-être contester ses frères ou sa communauté.

Pour Jésus, avant toute parole, même bienveillante, une sagesse, « une sagesse de la Foi » est nécessaire pour la rencontre de l’autre, pour aider l’autre, pour le reprendre ! De la paille à la poutre, de la poussière au jugement, Jésus change encore de registre ! Quand on rencontre l’autre, évitons, toute précipitation, tout jugement hâtif !

D'ailleurs - et c'est là que la parole de Jésus prend toute son urgence– en jugeant notre frère, nous préparons notre propre jugement. 

Nos jugements sont toujours proportionnés à nos compréhensions, mais la sévérité de Dieu sera proportionnée à la nôtre. « De la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera » nous redit-Jésus.

Quand nous paraîtrons devant Lui, il nous dira : « Montre-moi ton centimètre », et il prendra nos mesures avec notre mesure et Il nous jugera selon nos propres mesures !

Au fond, si nous voulons éviter toute mauvaise surprise, le plus sûr et le plus simple est d'emprunter à Dieu sa Mesure, pour la lui rendre au bon moment.

Mais la mesure de Dieu n'est pas facile à manier ; Dieu ne juge pas selon la manière des hommes ; elle ne porte ni chiffre ni marque, et elle est infiniment élastique, généreuse et sans limites (sauf celle que nous y mettons !)

Cette mesure de Dieu a un nom : miséricorde, une miséricorde délicate, sage et sans jugement, une miséricorde qu’il nous faut nous-mêmes apprendre, une miséricorde qui relève et guérit !

Voilà la grâce que nous pouvons demander ce matin à travers la lecture de l’évangile : mesurer avec la mesure même de Dieu !

       Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 21 juin 2020, 12e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 10, 26-33. Livre du prophète Jérémie 20, 10-13. Psaume 68.

Première lettre de saint Paul aux Romains 5, 12-15.

Entrée en église de trois adultes (Caroline, Abiba, Awasa)

 

Chers amis, de dimanche en dimanche, ces dernières semaines, nous avons vécu de belles fêtes. Ces dernières fêtes, depuis PâquesPentecôte, la très Sainte Trinité, la fête du Saint Sacrement et vendredi dernier la fête du Sacré-Cœur, nous ont presque habitués à des célébrations prestigieuses, à des messages forts.

Or, voici qu’avec ce 12e dimanche du temps Ordinaire, nous reprenons un rythme plus classique, plus habituel ! De fait, nous expérimentons aussi, après les débuts du post-confinement, la joie de pouvoir bouger, une certaine liberté retrouvée, mais cependant notre vie de tous les jours reprend un rythme plus régulier avec une certaine constance ! 

       Pour autant, ce 12e dimanche du temps ordinaire n’est pas anodin !

Frères et sœurs, qu’avons-nous compris des lectures de ce jour La question que j’ai perçue personnellement en méditant ces lectures peut être celle-ci :

Comment vivre vraiment en chrétien notre vie de tous les jours ?

Chers paroissiens et vous qui faites, aujourd’hui votre entrée en église, il est bon de rappeler que nous sommes tous en chemin vers le Ciel !

Dans l’attente de cette vie à venir, « comment vivons-nous chrétiennement cette vie terrestre ? Nous avons des joies, certes ! Mais, peut-être avons-nous des craintes tant dans notre vie relationnelle que dans notre vie spirituelle ? 

Peut-être avons-nous des questions :« Qu’est-ce que le Seigneur va me demander ? Comment témoigner de ma foi chrétienne ? Comment vivre ma vie de famille ? Comment me comporter dans mon travail ? Comment ma famille va-t-elle réagir ? Je pense à vous trois qui venez de familles non chrétiennes ? » Toutes ces questions sont intéressantes !

       L’évangile d’aujourd'hui réunit des conseils que Jésus a donnés en diverses occasions à ses disciples.

Ces recommandations pourraient avoir comme thème : « Ne craignez pas, soyez sans crainte ». Soyez libres dans votre cœur ! 

Les paroles de Jésus nous projettent dans les situations inédites qui nous attendent. Il a envoyé ses amis proclamer la Bonne Nouvelle du Salut, mais il tient aussi à les avertir des difficultés et des obstacles qu'ils rencontreront. 

N’oublions pas, nous qui sommes chrétiens, déjà baptisés ou en chemin, que : « Le disciple n'est pas au-dessus du maître ». (Luc 6, 40) 

Pour être très concret, je vous propose deux points rapides et une conclusion :

 

Premier point : Ne soyons pas étonnés de ce qui ne se voit pas !

En ce qui concerne les disciples, les paroles de Jésus invitent à faire confiance en découvrant en chacun ses charismes et les dons de Dieu.

« Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière », avons-nous entendu il y a un instant. 

En d'autres termes, ce qui est là, en nous, ne semble pas toujours visible au grand jour. 

Nous le savons, les débuts d’une semence sont souvent modestes et cachés. 

  • Il n’est pas toujours facile en voyant une graine de deviner l’arbre qui va pousser ! 
  • Combien de Mozart, de futurs ingénieurs, d’hommes d’affaires talentueux, de théologiens parmi ces jeunes et moins jeunes qui sont ici ? Ce qu'ils portent en eux n'est pas encore révélé, et pourtant, nous croyons qu’en chacun de nous, la semence est là et va se développer. 

Il en est ainsi de la Bonne Nouvelle lorsqu'elle a été accueillie comme une semence. On n'en voit pas toujours les fruits, mais elle est bien présente. Elle est là !

Ce qui est là dans le secret, même si on ne le voit pas, est présent.

À quels moments tout cela va-t-il se révéler : Ce sont dans les moments simples de la vie !

  • Lors d’une rencontre (dans un sourire, une main tendue, une bonne action, un témoignage…),
  • Mais aussi lors du refus d’une situation injuste ou de lois contraires au respect de la Vie 

Dans tous les cas, ma parole doit devenir un témoignage tant dans ma famille que dans la société civile. (Je pense, par exemple, à l’euthanasie, au début et à la fin de la vie.)

C’est souvent là, dans ces moments précis d’une expression de foi que les enjeux existentiels sont présents. Le secret de nos cœurs, de notre générosité, de notre amour sera révélé un jour : « Ne craignez pas d’aimer », dit Jésus, « …de semer de belles choses, ayez confiance. La confiance vécue dans la foi chasse la crainte. » Petit à petit, selon la façon dont vous vivez, cela sera révélé autour de vous, ou du moins, cela se verra un jour ou l’autre !

Par exemple : le témoignage de fidélité des parents, leur témoignage tout simple d’une fidélité d’amour et de constance, va porter du fruit ! En ce jour de la fête des Pères, plusieurs d’entre nous pourraient le confirmer ! Je ne dis pas qu’un amour soit toujours parfait, nous savons bien que la vie d’un couple aura des hauts et des bas inévitables, mais quel beau témoignage peut être donné dans la durée !

 

Deuxième point : Ne soyons pas étonnés si la vie peut être parfois un combat !

Dans notre monde changeant et instable, il y a un roc solide. Le Seigneur notre Dieu est le rocher sur lequel on peut s'appuyer en tout temps. Comme le prophète Jérémie persécuté dont fait état la première lecture, nous pouvons dire : « le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable ». Oui ! La vie peut être parfois un combat ! 

« Ne craignez pas, nous répète Jésus ce matin : votre Dieu, celui en qui vous croyez, est un Dieu de bonté et de miséricorde. Vous pouvez vous fier à lui en tout temps et lui faire confiance ». 

Notre Dieu n'est pas seulement un Dieu de majesté, un Dieu inaccessible, il est aussi un Père, un proche, un familier soucieux de nous ! Il nous soutient. Plus extraordinaire encore, Il croit en nous. Il veut notre bien ! Il ne cherche pas à nous écraser, au contraire, il s’intéresse à nous, à tout…même à nos cheveux…nos plus petits soucis ne lui sont pas étrangers. « Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ». (Matthieu 10, 30-31) 

En même temps, il n’est pas un Dieu magicien qui agirait à notre place ! Ne soyons donc pas étonnés si la vie peut être parfois un combat !

En guise de conclusion, je reprends ma question du début : « Comment vivre vraiment en chrétien dans notre vie de tous les jours ? »

Dans l’évangile d'aujourd'hui, Jésus nous fait une promesse. « Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je prononcerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux ». 

En d'autres mots, Jésus nous dit : « Ne craignons pas de nous prononcer pour Lui dans nos milieux de vie, au travail, dans nos familles, à la maison. Ne craignons pas de témoigner de notre foi, de nos valeurs, de ce qui est beau et grand pour nous. Ne craignons pas de le dire, même si parfois j’ai l’impression de ne pas être pleinement entendu, cela portera du fruit un jour, peut-être !

C’est cela : « confesser Jésus-Christ ! »

C’est cela confesser sa foi en Jésus-Christ ! …

Même si parfois, mon témoignage semble maladroit : ne craignons pas !

Une dernière remarque de Jésus qu’il nous faut encore méditer : Risquer sa vie n’est pas si grave, nous dit-il ! Le drame n’est pas la mort, le drame serait de perdre son âme, de perdre la vie éternelle !

Demandons au Seigneur, la grâce de comprendre son enseignement et, qu’ensemble, nous puissions le mettre en pratique !                                                                           

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 17 juin 2020, 11e  semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 6, 1-6.16-18. Premier livre des Rois 2, 1.6-14. Psaume 30.

 

J’avoue avoir un peu hésité à commenter l’évangile de ce jour et l’actualiser avec ce que nous avons vécu en ces mois de confinement ! C’est dans le secret de notre maison que nous avons prié le Père. 

Mais, j’aimerais, aujourd’hui, vous parler davantage de la première lecture.

Nous terminons aujourd’hui le cycle d’Élie dans la Bible ! 

 Rappelez-vous, nous suivons ses périples depuis plusieurs jours, en particulier parmi les textes que nous avons entendus dernièrement : La veuve de Sarepta, la drôle histoire d’Élie avec les prophètes de Baal au mont Carmel qui invoquent leurs dieux pour allumer l’holocauste sans succès (Élie réussit là où les autres ont échoué), ou encore sa rencontre avec Dieu dans « le murmure d’une brise légère », le meurtre de Naboth, lundi dernier et aujourd’hui : comment il est enlevé au ciel !

Je vous invite à relire les chapitres 17 à 21 du 1er Livre des Rois et les 2 premiers chapitres du 2e livre des Rois. N’hésitez pas à le faire, c’est réellement très instructif !

Le prophète Élie est un grand prophète, le plus grand avant Jean-Baptiste. Il a mené de grands combats pour la gloire de Dieu et cela l’a conduit à s’opposer à la reine Jézabel, femme cruelle et sans scrupules. Élie a encouru sa fureur à cause de tous ces faux prophètes qu’il a dénoncés et éliminés. 

Élie est aussi un personnage important dans le Nouveau Testament.

Rappelez-vous l’épisode de la Transfiguration : Moïse et Élie se trouvaient aux côtés du Christ Jésus sur cette montagne. 

L’évangile de Marc, par exemple, voit en Jean-Baptiste, la personne d’Élie qui serait revenu sur terre avant la venue du Seigneur ! Remarquez que Jean-Baptiste et Élie s’habillent de façon similaire et qu’ils ont la même fougue. (2 Rois 1,8 et Marc 1,6). Plus loin dans cet évangile, Jésus lui-même laisse entendre que Jean-Baptiste est Élie revenu sur terre (Marc 9,13). Lorsque les gens se demandent qui est Jésus, certains affirment qu’il est Élie attendu pour annoncer la fin des temps.

Les récits décrivant la vie du prophète Élie sont remplis d’événements extraordinaires et souvent insolites. Mais aucun n’égale son enlèvement au ciel sur un char de feu au cœur même d’une tempête, car Élie ne peut mourir comme tout le monde. Élie est enlevé de la terre, le lieu de vie des humains, pour aller vers le ciel, le lieu de Dieu. On surnommait Élie « l’homme de Dieu ». Peut-être même savez-vous que son nom « Élie » est une redondance du nom Dieu (El-ya : Dieu est Dieu). Le nom « Élie » est déjà une profession de foi.

L’un des éléments importants du récit entendu ce matin est le manteau d’Élie. C’est l’instrument dont il se sert pour séparer les eaux en deux, comme le bâton de Moïse, au moment du passage de la mer des Joncs (ou la Mer Rouge - Exode 14,16.22) et du passage du fleuve Jourdain (Josuée 3,13-17). Nous pouvons comprendre qu’Élie a reçu une mission et accompli des gestes semblables de ceux donnés par Dieu à Moïse. Ce manteau deviendra le symbole de la transmission de sa mission et de ses pouvoirs à Élisée qui, à son tour, séparera les eaux. (Rq : un peu à l’image du bâton transmis de coureur en coureur lors des courses relais).

Ce récit, très imagé, est donc centré sur la transmission de la mission prophétique d’Élie à Élisée. Les chapitres suivants du Livre des Rois raconteront les diverses actions d’Élisée qui resteront dans la même ligne que celles de son maître.

Ce que je retiens du prophète Élie, c’est qu’il avait demandé, avec insistance, à voir la face de Dieu et que sa Mission prophétique continue toujours pour annoncer le Dieu unique.  

                                          Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 15 juin 2020, 11e  semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé

Évangile selon saint Matthieu 5, 38-42. Premier livre des Rois 21, 1-16. Psaume 5.

 

Frères et sœurs, avec les lectures de ce jour, nous abordons un sujet difficile, compliqué, douloureux parfois : pourquoi tant d’agressivité de la part des hommes ? 

Personnellement, il m’arrive, tout comme vous, sans doute, de m’interroger sur l’attitude juste qu’il faut adopter face à la bêtise et encore plus, face à la méchanceté de l’homme ? Nous sommes tous confrontés à ce genre de situation.

Les lectures de ce jour abordent cette question ! Jésus va même nous montrer un chemin exigeant. Il nous redit que l’on dépasse la haine avec le pardon, que l’on construit un monde réconcilié grâce à l’amour. En ce sens, nous sommes d’accord, mais est-ce si simple ?

La 1re lecture nous parle de la mort infâme de Naboth. Il est tué tout simplement parce que le roi Acab enviait sa vigne ; une envie, un caprice ! (une remarque : le texte ne le dit pas, mais Naboth ne veut pas vendre sa vigne, tout simplement parce que s’y trouve, sans doute, le cimetière de ses ancêtres. C’est donc un bien patrimonial). Ainsi, c’est donc par la ruse et la délation qu’il la lui arrache. Cette situation illustre celle de tant d’autres innocents qui sont bafoués dans l’histoire, par la bêtise, le caprice, l’envie d’un homme, d’un monarque. Elle nous montre le mal qu’un cœur fermé à la Parole de Dieu peut infliger aux autres. C’est dans ce contexte de méchanceté, de fermeture aux commandements de Dieu, qu’il faut situer la loi du Talion (Exode 21, 23-25).

Cette loi a été établie pour limiter tout dérapage excessif ! Elle signifie que l'on souhaite infliger à une personne une vengeance égale à celle qu'elle nous a fait subir : œil pour œil, dent pour dent. Face à l’agressivité qui fermente dans le cœur de l’homme, cette loi était déjà un progrès.

Partant de ce qui était considéré comme un progrès, Jésus nous invite à faire un pas de plus, comme nous l’avons entendu dans l’évangile de ce jour : « Vous avez entendu qu’il a été dit : « œil pour œil, dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ». Ne mettez pas dans votre cœur autant de méchanceté que dans le cœur de celui qui vous a fait du mal : préservez-vous ! Ne rentrez pas dans cette spirale de la violence, de la vengeance ! 

Il ne s’agit pas pour Jésus, d’abolir la loi, ou de laisser un vide, mais plutôt de l’accomplir, de la parfaire ou mieux de l’améliorer (cf. Mt 5, 17).

Alors que dans l’Ancien Testament, c’était un droit de rendre coup pour coup, l’évangile lui nous invite à renoncer à notre droit pour un bien supérieur. Il s’agit là d’un enseignement nouveau, d’une justice nouvelle, qui illustre la proximité du Royaume de Dieu que Jésus est venu bâtir sur la loi de l’amour du prochain.

Ce que Jésus veut nous redire et qui peut nous surprendre : c’est que même l’ennemi reste un frère à qui je dois vouloir le bien. Cette demande semble inaccessible, et pourtant, elle est possible !

Le contexte de notre société d’aujourd’hui n’est pas forcément différent de celui du temps de Naboth, victime des puissants. Cependant, au temps de Naboth, Élie et bien d’autres prophètes exerçaient leur mission, et cela, ils le faisaient sans avoir peur ! Ils avaient cette force de caractère et la capacité de résister !

Jésus nous propose de devenir des artisans de paix, en arrêtant toute violence inutile. Cela ne veut pas dire qu’il nous faut devenir des « beni oui-oui » ou des personnes molles et sans conviction ! Il nous faut garder le cap et être déterminé dans bien des domaines qui nous posent question et font appel à notre conscience, comme les lois de Bioéthique, les droits de l’homme, la liberté religieuse,  la vie naissante, la pauvreté… en observant toujours la loi de l’amour telle que Jésus nous l’enseigne.

Seigneur, envoie ton Esprit Saint, qu’Il nous donne la force de chercher à vaincre le mal par le bien, et à répondre à la haine par l’amour ! Mets la paix en notre cœur, dans nos familles, dans nos communautés afin que cette paix se propage autour de nous !                  

 Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 14 juin 2020, Solennité du Saint-Sacrement, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 6, 51-58. Livre du Deutéronome 8, 2-3.14b-16a. Psaume 147.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 10, 16-17.

 

Frères et Sœurs, j’ai une question importante à vous poser !

Croyez-vous vraiment que vous allez vivre éternellement ?

Je sais bien que nous avons l’habitude d’écouter l’Évangile d’une oreille sans doute attentive, mais souvent en mettant quelques nuances dans ce que nous entendons, en prenant parfois un peu de distance.

Alors, ce matin, je vous redemande :

Croyons-nous vraiment que nous allons vivre éternellement ?

Si nous répondons « OUI », je peux réellement poser une seconde question : 

Croyons-nous que si nous mangeons la chair et buvons le sang de Celui qui va mourir et ressusciter, nous vivrons éternellement de la vie du Christ ?

Il nous faut répondre, et, si vous êtes là ce matin, j’ose croire que votre réponse est « OUI ». 

Quelque soient nos réponses, et même si elles sont encore balbutiantes ou déterminées, nous sommes tous invités à un « croire », à poser un acte de foi !

L’Eucharistie que nous vivons, chaque jour, nous est donnée pour solliciter, non pas seulement notre esprit curieux, non pas seulement notre intelligence, mais surtout notre foi.

Effectivement, un « croire », n’est pas un « voir ». Il s’agit d’entrer dans une disponibilité de cœur et d’intelligence pour comprendre ce que Dieu est en train de me dire dans un acte de Foi sans « voir » !

Tout à l’heure, celles et ceux d’entre vous qui s’avanceront pour recevoir l’Eucharistie, comme des personnes humbles qui reçoivent leur vie de quelqu’un d’autre, quand le prêtre ou le ministre extraordinaire de la communion leur présentera l’hostie en disant : « Le corps du Christ » ils seront devant un prodige bien plus important que la manne qui venait du ciel au temps des Hébreux dans le désert (1re lecture). Ils seront devant un mystère bien plus grand qui dépassera la réaction première, cette réaction un peu outrée des juifs dans l’Évangile.

Lorsque ce pain consacré sera présenté en entendant : « le Corps du Christ », nous allons répondre : « Amen. J’y crois, je le crois vraiment ». Ce n’est parce que la personne ou le prêtre qui leur présente le corps du Christ seraient plus fiables qu’un autre que nous allons donner notre réponse ! 

Ce n’est pas moi que vous allez croire, ce n’est pas moi qui vous ai dit : « Celui qui mange MA chair et boit MON sang a la vie éternelle », non ! C’est le Christ ! Votre réponse « Amen » est adressée au Christ.

Je crois en ce qu’Il m’a dit, je crois ce qu’Il a dit. Je crois en ce qu’Il nous dit pour aujourd’hui :

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang, aura la vie éternelle », dès maintenant !

Il nous faut reconnaître que toutes explications humaines à ce mystère nous dépassent ! Ce sont souvent les moyens que nous mettons en œuvre qui disent une expression de notre compréhension et de notre foi ! Par exemple !

Nous avons encore en mémoire l’incendie de la Cathédrale Notre-Dame de Paris en avril 2019 ! À cette occasion, Mgr Aupetit a eu des paroles saisissantes, juste quelques jours après cette énorme catastrophe : 

« Une question angoissante… », nous dit-il, a surgi dans mon cœur : « Où est le corps du Seigneur » ? A-t-on pu sortir le Saint Sacrement des flammes ? Le Corps de Jésus qui était dans le tabernacle de la Cathédrale ? » Il continuait en disant : « C’est pour ce Corps, humble sous l’apparence d’une miette de pain qu’a été construite cette cathédrale. Qu’est-ce qui est le plus précieux ? La cathédrale, le trésor ou la miette de pain ? »

Dans cette église saint Louis, posons-nous cette question : qu’est-ce qui est le plus précieux ? La chaire, l’orgue, ces tableaux accrochés au mur, ou Celui qui est dans le tabernacle ?

La miette de pain, c’est le Corps de Dieu, le Corps du Christ, son Corps ressuscité, insaisissable sauf s’il se donne.Et il se donne : « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ». Rappelez-vous, le soir du Jeudi Saint, nous entendons : « Prenez, mangez, ceci est mon Corps ».

  • Cette miette de pain, c’est la Vie de Dieu qui se communique. 
  • Cette miette de pain donne à ceux qui la reçoivent la Vie éternelle. Elle nous ouvre les portes du ciel, elle nous fait participer à la résurrection du Christ. Nous fêtons cette résurrection aujourd’hui et chaque dimanche, et elle appelle notre propre résurrection.
  • Cette miette de pain nous redit que notre vie terrestre est marquée par la faim ! Mais, outre la faim physique, l’homme porte en lui une autre faim, une faim qui ne peut être satisfaite par la nourriture ordinaire ! Cette faim est une faim de vie, une faim d’amour, une faim d’éternité qui ne peut être rassasiée que par le Seigneur qui se donne à nous !

Si vous êtes ici ce matin, c’est que cette faim est présente et qu’elle vous tenaille ! 

Cette faim de Dieu est différente des autres faims, même si celles-ci peuvent sembler « appétissantes » et « satisfaire davantage des besoins humains ». De quelles faims humaines, parlons-nous ? Nous les connaissons, ce sont : l’argent, le succès, la vanité, le pouvoir... Mais, non, elles ne nous comblent pas, peut-être un instant, mais un manque est toujours là ! Nous restons toujours affamés d’éternité !

Dans l’Eucharistie que nous vivons ce matin, l’Amour du Seigneur se communique : un amour si grand qu’il nous nourrit de lui-même, un amour gratuit, toujours à la disposition de toute personne affamée, qui a besoin de refaire ses forces pour repartir à nouveau !

Aujourd’hui, en fêtant cette solennité du Saint Sacrement (ou du Corpus Christi, de la Fête-Dieu), c’est sur notre relation à l’Eucharistie que nous sommes interrogés !

Frères et sœurs, n’entrons pas dans la messe sans transition, sans préparation, sans une réelle intériorité, en tombant dans la routine ! À chaque fois, nous vivons une rencontre extraordinaire, soyons-en persuadés ! Ne repartons pas sans avoir pris le temps d’accueillir Celui qui veut faire sa demeure en nous ! Et surtout sans avoir compris que nous sommes envoyés pour vivre la communion, et devenir, à notre tour, porteurs du Christ pour le monde. 

Frères et sœurs, que cette solennité dynamise notre vie chrétienne ; 

Qu’elle nous donne de comprendre toujours plus ce que nous sommes, car au moment même où nous recevons Jésus : le Corps du Christ, nous devenons, nous-mêmes, corps du Christ pour le monde !

Puissions-nous garder cette certitude en mémoire !

Ne repartons pas tout à l’heure comme si rien ne s’était passé, mais toujours émerveillés de l’amour de Dieu qui se fait, pour nous, nourriture de Vie !                                                                                                                                                                                                                                                            

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 10 juin 2020, 10e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 3, 16-18. Premier livre des Rois 18, 20-39. Psaume 15.

 

Depuis quelques jours, nous lisons le chapitre 5de l’Évangile selon saint Matthieu. Plus précisément, nous sommes sur une des collines proches de Capharnaüm, au bord du Lac de Tibériade. Là, Jésus vient d’exposer à ses disciples la Loi nouvelle de l’Évangile. L’important enseignement de ce jour intervient juste après le discours des Béatitudes.

Certes, il apporte une Loi nouvelle, mais ce serait se méprendre que d’entendre celle-ci comme une suppression de la Loi juive. En effet, Jésus l’affirme avec force : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes… Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. » 

Autrement dit, Jésus n’est pas un révolutionnaire qui serait venu réduire à néant la Loi juive. Jésus n’a jamais condamné sa pratique. Il s’y est même conformé à différents moments de sa vie, par exemple, pour l’impôt du Temple (Mt 17, 24-27) ou pour la Loi de la Pâque (Mc 14, 12ss). Jésus le précise lui-même : « je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. »

Qu’est-ce cela peut bien signifier ? Quand Jésus proclame qu’il est venu accomplir la Loi, cela veut dire qu’il veut la mener, par sa personne même, à sa perfection. Toujours dans l’évangile selon Saint Matthieu (22, 37) ou dans celui de saint Marc, il rappelle que le plus grand des commandements est le suivant : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force, et ton prochain comme toi-même » (Mc 12, 28-34). 

Toute cette Loi nouvelle se comprend dans l’observance de ce double précepte de l’Amour qui résume en fait toute la Loi du Royaume.

Jésus montre ici que le principe qui doit sous-tendre la pratique de chaque précepte de la Loi est toujours celui del’AmourLà, est donc « la Révolution » !

Jésus est donc venu réorienter chaque observance de la Loi par rapport à sa finalité : l’Amour de Dieu et l’amour du prochain ne font qu’un ; l’amour que le prophète Élie porte à son Dieu lui permettra d’être le témoin confiant devant tous les prophètes des dieux de Baal. 

À nous de croire, dans la foi, du même amour que Dieu porte à chacun de nous. Cette finalité est le moteur de la pratique de la Loi en chacun de ses préceptes. Voilà en quoi consiste la perfection de l’observance de la Loi.

Cela, Jésus ne s’est pas contenté de l’enseigner. Il l’a lui-même vécu.

En donnant sa vie par amour pour nous, Jésus a conduit la pratique de la Loi jusqu’à sa réalisation maximale : la sanctification des hommes. Par son obéissance, il a montré combien Il aimait le Père et par son sacrifice, combien Il aimait les hommes. 

Frères et sœurs, essayons tout au long de ce jour, autant qu’il nous est possible, de vivre ce double commandement de l’amour !

 

Oui, Seigneur, donne-nous d’aimer comme tu aimes,

à chaque instant, au creux de chacune de nos actions,

et de croire que tu nous aimes, afin qu’à travers nos gestes,

Tu sois glorifié !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 8 juin 2020, 10e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 1-12. Premier livre des Rois 17, 1-6. Psaume 120.

 

Il y a comme une analogie que nous pourrions établir avec l’épisode où Moïse monte sur le mont Sinaï (texte que nous avons entendu hier, en première lecture). Si Jésus gravit la montagne, comme Moïse, c'est aussi pour donner la Loi de Dieu, mais cette Loi est nouvelle. Chacun des préceptes de cette nouvelle loi commence par un mot particulier : "heureux". Ce mot, en grec, renvoie à la béatitude du Ciel, et non pas, comme nous pourrions peut-être le comprendre, à un simple bonheur humain. C'est à la fois une promesse et un don, d'où l'emploi du présent, "le royaume des Cieux est à eux", et en même temps du futur, "ils seront". "Heureux les pauvres de cœur, les pauvres en esprit."

Nous n’avons pas le temps de méditer en détail chaque phrase ; néanmoins, je vais en commenter une, la première. 

"Heureux les pauvres de cœur." Jésus n'a pas dit : « Heureux ceux qui vivent dans la misère, heureuses les mères dont les enfants meurent de faim ». Il précise, et chaque mot a son importance :"Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre."

De quelle pauvreté Jésus veut-il nous parler ? Déjà, à son époque, ce mot de "pauvre" a une longue histoire. Dans les textes les plus anciens (Ancien Testament) le pauvre (ou les Anawims), c'était l'homme courbé, abaissé, opprimé, incapable de résister et de tenir tête, celui qui devait toujours céder aux puissants. L'accent était mis non sur une indigence, mais sur l'humiliation du pauvre, celui qui est mis en esclavage. 

Ainsi la première Béatitude de Jésus ne s'adresse pas précisément aux mendiants, aux indigents, mais à tous ceux qui ont un cœur assez pauvre pour se retrouver humble devant Dieu, les mains ouvertes pour recevoir de Lui seul la force et l'espérance

Jésus ne dit pas non plus : "Vous qui manquez de tout, restez dans la misère"; il ne prêche pas un fatalisme plus ou moins résigné, gardant les bras croisés. Il n'est pas non plus question pour Lui de freiner la promotion humaine et le progrès social, mais Il s'adresse à tous les hommes, ceux qui ont de quoi vivre et ceux qui n'ont même pas le minimum. Il ne fait pas de différence, Il dit à chacun : "Gardez un cœur de pauvre", devant vos frères et sœurs et devant Dieu. Dieu ignore les classes sociales, riches ou moins riches, parce que, en tous, Il voit un fils, une fille, qui a besoin d'être aimé, d'être pardonné, d'être sauvé.

Beaucoup jugent sur des signes extérieurs, sur des signes parfois trompeurs de richesse ou de pauvreté. Dieu, Lui, regarde le cœur, car on peut être riche avec un cœur de pauvre, et pauvre avec un cœur de riche.

La nouveauté de cette première Béatitude est donc cette invitation nécessaire, que nous pouvons accueillir comme une grâce de conversion pour nous aujourd’hui 

Si vous en avez le temps, relisez ce texte et essayez de vous identifier à chaque phrase, en vous posant cette question : « Quel est le bonheur auquel le Seigneur m’appelle ? »

Ainsi soit-il !              

Homélie du dimanche 7 juin 2020, solennité de la Ste Trinité, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 3, 16-18. Livre de l’Exode 34,4b-6.8-9. Cantique (Daniel 3).

Deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens 13, 11-13.

 

En ce dimanche de la Sainte Trinité, je vous invite à réfléchir aux gestes que nous faisons au début de chaque eucharistie quand nous disons : “Au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit “ ! À quoi ou à qui pensons-nous ?

La Trinité fait partie de notre vie chrétienne, mais en comprenons-nous le sens, la pertinence ?

- Souvent, on me pose cette question (et peut-être vous est-elle posée à vous aussi ?) lors de rencontres interreligieuses : « Avons-nous le même Dieu ? »

Que répondre à ce moment-là ?

La réponse n’est pas simple, car nous n’avons pas le même regard sur Dieu !

De fait, on ne peut pas dire que nous avons le même Dieu, non ! 

Pourquoi ? … parce que notre Dieu, le Dieu des chrétiens est “un“, unique et, en même temps, il se dit en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint Esprit

Notre Dieu est UN Dieu TRINITAIRE. Il ne s’agit pas de trois dieux (ce serait une erreur grave !) mais Il est un seul Dieu en trois personnes.

À vrai dire, dire cela, échappe à notre logique humaine ! Nous le percevons !

Je le redis, tout cela peut nous dépasser et nous surprendre, car cette formule ne rentre pas dans nos catégories de mathématiques (les mathématiciens peuvent en perdre leur latin ou leur grec !). Nous savons très bien que 1+1+1= 3, mais dire que 1= 3 devient alors un acte de foi !!! 

Ce n’est pas moi qui le dis, ce n’est pas une invention ni une lubie de la part des chrétiens ! Nous pouvons l’affirmer parce que Jésus lui-même le dit : « Dieu est trinitaire, parce qu’Il se révèle à nous de façon trinitaire : Père, Fils et Esprit Saint. » 

Il le dit explicitement dans l’évangile s’adressant à ses Apôtres : « Allez ! Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du saint Esprit ! » (Mt 28,19) 

Voilà donc les trois personnes de la Sainte Trinité, bien exprimées, bien distinguées ! 

Par ailleurs, Jésus-Christ nous dit pour montrer l’unité entre son Père et Lui : « Mon Père et moi, nous sommes un ! » (Jn 10,30) “Mon Père et moi“ : distinction des personnes ; “nous sommes un“ : voilà l’unité de la nature de Dieu ! Un = trois !

Saint Jean, l’Apôtre, nous dira encore à la suite du Christ, dans sa première Épitre : “Il y en a trois dans le ciel qui rendent témoignage à la vérité : le Père, le Verbe et le Saint Esprit, et ces trois ne font qu’un !“ (1 Jn 5,7-8)

Frères et sœurs, nous voilà devant un mystère, mystère de la Sainte Trinité, mystère d’un Dieu unique qui se dit en trois personnes, et nos explications humaines restent bien pauvres pour expliquer ce mystère.

En faisant un peu d’histoire des civilisations, nous voyons que toutes les religions, y compris celle d’Israël dans le Premier Testament, font de Dieu le Maître absolu de toutes choses : Dieu au-dessus de tous les hommes et Maître de la vie comme de la mort, Maître du bonheur et du malheur, Maître des personnes et des choses. En disant cela, nous voyons encore qu’il y a une grande différence entre notre perception de Dieu, 

  • celle d’un Dieu qui se fait proche, 
  • et celle de l’époque du Premier Testament, où Dieu, tout en se faisant connaître par les prophètes, reste lointain. Les hommes n’avaient pas encore cette intimité telle que nous pouvons la découvrir maintenant en Jésus-Christ. 

La grande révélation que Jésus de Nazareth nous apporte, c’est qu’il appelle Dieu, non plus : “Seigneur“ ou “Maître“, mais “Père“, “Abba“. 

Appeler Dieu ainsi est une nouveauté bouleversante ! 

Pour Dieu, les hommes et les femmes ne sont pas ou plus des esclaves, ni même des serviteurs ou des servantes, mais nous sommes pour Dieu, des amis, des fils et des filles bien-aimés ! Désormais, aucune forme d’esclavage ne pourra être justifiée, pas davantage qu’une attitude craintive ou servile ! 

Rien que cela devrait nous mettre dans cette joie que Paul recommande : “Joie du Dieu d’amour et de paix qui est avec nous“, paroles que nous avons entendues dans la deuxième lecture.

Plus incroyable encore : en Jésus, Dieu va donner sa vie pour que nous vivions. Cette vie est donnée librement et par amour ! Où pouvons-nous trouver dans toute l’histoire des religions, cette réalité d’un Dieu qui nous aime ? 

Dans le mystère de la Trinité, Dieu se révèle à nous, non pas comme un Dieu seul, lointain, égoïste, mais comme un Dieu aimant qui se fait proche, un Dieu qui se laisse découvrir, un Dieu qui accepte d’être vulnérable !

Nous pourrions nous poser une autre question : est-ce que ce mystère de la Trinité était connu avant Jésus, c’est-à-dire dans le Premier Testament ?

Peut-être avez-vous fait cette recherche ? La réponse est “oui“ ! Même s’il n’est pas fait mention de la Trinité de façon explicite. Nous pouvons découvrir, dans une lecture attentive, la référence à un Dieu qui se dit en plusieurs personnes. 

Voici déjà trois passages ou trois pistes dans le Premier Testament :

La première piste : au début du livre de la Genèse, quand Dieu a créé Adam, il exprime sa décision par une phrase surprenante. Il ne dit pas : “Je vais faire l’homme à mon image“, mais il dit : “Faisons l’homme à notre image !“ Ce “nous“ n’est pas un “nous“ de majesté comme l’emploierait un monarque : il emploie un pluriel comme pour signifier qu’il n’était pas seul dans cette action de création !

« Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ! » (Gn 1,26) S’il n’y avait qu’une seule personne en Dieu, la phrase aurait été au singulier : « Je vais faire l’homme à mon image et à ma ressemblance. » Notons déjà ce premier indice !

Deuxième piste : si vous regardez la grande reproduction de l’icône de Roublev (XVe siècle) qui se trouve à votre gauche dans cette église, elle nous évoque l’histoire du chêne de Mambré (Gn 18). Rappelons-nous, quand Dieu veut détruire Sodome, il envoie trois anges qui ont visage humain. Ils vont chez Abraham. Il y a un dialogue savoureux entre eux. Ce qui est très surprenant, c’est qu’Abraham parle à ces trois anges et s’adresse à eux comme s’ils étaient une seule personne ! 

Saint Augustin en fait un très beau commentaire ; il dit qu’Abraham en vit trois, mais “il n’en adora qu’un“. Déjà, nous voyons comme un dévoilement : la mention de la Trinité. Les trois anges représentaient les trois personnes de la Sainte Trinité qui ne forment qu’un seul Dieu ! Relisez ce chapitre (Gn18,3) et vous pourrez le constater par vous-mêmes !

Troisième piste : dans le Livre d’Isaïe (Is 6,3), le prophète nous dit qu’il vit des séraphins dans une vision, un songe, tout près du trône de Dieu, et qui chantaient en chœur. C’est ce même chant que nous reprenons à la messe au moment du “Sanctus“. Nous chantons : “Saint, saint, saint !“ Pourquoi disons-nous trois fois “saint“ si ce n’est justement pour rappeler cette Trinité que nous aimons et que nous adorons ? Ce n’est pas nous qui l’inventons ! Ce mot, ainsi répété trois fois, marque clairement l’existence des trois personnes de la Sainte Trinité !

Nous pourrions continuer ainsi la liste de ces signes “avant-coureurs“ dans différents passages bibliques. Ainsi, c’est petit à petit, et particulièrement par la Révélation en Jésus, que nous comprenons que Dieu est unique (cela est vrai !) mais qu’il se dit en trois personnes.

C’est pour cette raison que la solennité de la Sainte Trinité est sans doute l’une des plus belles fêtes du calendrier chrétien. 

Dans le mystère de la Trinité, Dieu se révèle à nous, non pas comme un Dieu solitaire, mais comme un Dieu aimant qui se fait proche.

Pourquoi ? Nous ne pouvons pas aimer tout seuls, sans personne autour de nous. La Trinité est donc l’inverse de la solitude. 

  • L’amour vient de Dieu le Père, c’est en Lui qu’est la source ! 
  • Cet amour vient à nous par la grâce qui nous est faite par Jésus-Christ, son Fils.
  • Pour recevoir ces grâces et y communier, il nous faut recevoir l’Esprit Saint et prendre part à cette communion qui nous unit, ensemble.

Pour conclure, je vais prendre une image. (Comme toujours, les images ont toujours des limites.) La Trinité est le modèle idéal de notre vie chrétienne, notamment, le modèle de l’unité de l’Église, unité qui est sur le modèle de la Trinité : l’Église est cependant diverse ! Dans l’assemblée que nous formons, nous sommes tous différents, mais lorsque nous participons à une même action : « aimer », nous sommes dans une unité plus grande : nous avons un seul cœur et un seul esprit en Dieu. 

Cette image nous fait penser à la Trinité : l’Église est une, elle est le peuple de Dieu que rassemble Jésus-Christ.

La Trinité est donc cette communion d’amour !

Chacun et ensemble, nous sommes invités à entrer au cœur même de cette Trinité !

Pour cela, frères et sœurs, rendons grâce au Seigneur qui nous associe profondément, chacun à notre façon, à la richesse de l’amour qui unit le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 3 juin 2020, 9e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 12, 18-27. Psaume 122. 2e lettre de saint Paul à Timothée 1, 1-3.6-12.

 

Voilà un évangile très intéressant qui nous pose, finalement, au moins deux questions essentielles !

· Est-ce sérieux de soutenir la foi en la résurrection?

· Est-ce que la mort met fin à l'amour conjugal ? 

Développons rapidement ces deux points !

Un lien de charité particulier est établi dans le mariage, quand deux époux se donnent l’un à l’autre pour la vie, cela pour vivre ce même lien sacramentel jusque dans l’éternité. Dans la controverse avec les Sadducéens, le Christ apporte une réponse à cette question. 

Tout d’abord, il y a ceux qui nient la résurrection. Vous avez compris que les Sadducéens lisent la Thora d’une façon stricte et Jésus leur répond en dénonçant une vision fausse de la vie éternelle : « Vous vous égarez ! ». Celle-ci n’est pas une suite logique de notre vie terrestre ni une vie terrestre « augmentée ». 

Dit autrement : elle est d’une nature radicalement différente de notre vie ici-bas. Saint Jean nous le dit de la même façon :« Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. » (1 Jn 3,2)

Une chose est certaine : nous ressusciterons ! Jésus nous le dit : nous serons semblables aux anges, c’est-à-direimmortels.

Pour cette raison, la procréation n’aura plus lieu d’être. La génitalité ne semble plus nécessaire ! Désolé pour certains !

Cependant, cette nouvelle réalité n’exclut pas une continuité avec l’amour vécu sur terre. Le couple qui a reçu le sacrement du mariage pour consacrer un véritable amour, verra cet amour perdurer au-delà de la mort. Il sera, sans doute, vécu différemment, mais le lien créé ne s’effacera pas ; il sera tout autre. 

Dieu n’est-il pas le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ? C’est en raison de la fidélité de cette alliance initiée dès les patriarches, et accomplie en Jésus-Christ, que Dieu nous ressuscitera. 

Il nous faut comprendre que l’amour des époux, vécu réellement dans le sacrement du mariage, s’enracine dans cette alliance de Dieu avec l’humanité. Cette Alliance, elle aussi, en est un des plus beaux signes. La parole de Jésus indique donc que, loin d’être la fin d’un amour conjugal, la vie éternelle est le lieu où tout don personnel et toute communion interpersonnelle initiés sur terre trouvent leur plénitude grâce à la glorification de tout notre être dans l’union éternelle avec Dieu.

Jésus va le dire Lui-même : l’union des époux est comparable à l’amour de son Père, au don de Dieu pour chacun de nous. Ce que nous créons sur cette terre sera vécu en plénitude dans l’union éternelle avec Dieu.

Notre Dieu est le Dieu qui fait vivre de sa vie, en lui et par lui. Le rencontrer authentiquement est cette invitation à entrer dans sa vie. Il n’est plus possible de considérer la résurrection comme un concept, une idée qui décrit et explique l’au-delà, comme une continuité après notre mort, mais comme un don fait à tous ceux qui veulent vivre de la vie de Dieu. 

Quand ? Maintenant ! Car la vie au-delà de la mort se joue dans la rencontre avec le Dieu de la vie ! Quand ? Maintenant, dans tous les cas, durant notre vie terrestre. C’est bien maintenant que nous préparons notre ciel ; c’est toujours maintenant que nous préparons ce que nous allons vivre de toute éternité.

Nous sommes invités à faire l’expérience inouïe qu’au cœur de toutes les morts où nous nous sommes laissés enfermer, l’appel à la vie de Dieu nous rejoint et nous sauve.

La mission de Jésus est de nous faire connaître le Père et que nous choisissions de vivre cette Vie éternelle avec Lui. Libre à nous d’accueillir et d’accepter cette invitation.

Seigneur Jésus, déploie la puissance de ta résurrection dans nos vies, viens à notre rencontre et transforme-nous par ton Esprit de vie. Mets en nous un cœur nouveau, qui batte au rythme de ton amour. Mets en nous un esprit nouveau qui s’ouvre aux réalités spirituelles et nous donne d’en vivre dès à présent. Donne-nous Seigneur, le désir de la Vie éternelle !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 31 mai 2020, Solennité de la Pentecôte, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 20, 19-23. Livre des Actes des Apôtres 2, 1-11. Psaume 103.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 3b-7.12-13. 

 

Longtemps, je me suis posé cette question : comment a-t-il été possible qu’une petite poignée d’hommes, pas très aguerris, et qui n’avaient pas fait beaucoup d’études, soient devenus vraiment les témoins du Christ, et cela à travers le monde entier ? 

Où est la clef ? Quelle est la force qui va transformer ces êtres fragiles, peureux, enfermés dans leur chambre haute par peur des responsables Juifs, pour que, brusquement ils osent ouvrir les fenêtres, quitter le confort intérieur, sortir dehors et s’adresser à tout le monde, dans des langues étranges, sans crainte ?

Quelle est cette force qui est capable de surmonter les limites et les faiblesses humaines pour accomplir ce que Dieu a voulu ?

Le récit de la Pentecôte nous donne la clef de cette force. C’est le don de l’Esprit Saint, celui que nous avons reçu au jour de notre baptême, renouvelé lors de notre confirmation. Depuis presque 2000 ans, ce don est pour tous et c’est lui qui accompagne l’Église dans les vicissitudes de ce temps ! Que nous dit saint Luc dans la lecture des Actes des Apôtres ? « Soudain un bruit survient du ciel comme un violent coup de vent… » et fait entendre des bruits extraordinaires, comme un fracas de tonnerre ! Et puis l’Esprit Saint, tel une flamme de feu, se pose sur chacun d’entre eux. « Tous furent remplis d’Esprit Saint ! »

J’aurais aimé, ce soir, voir quelques flammes se poser sur nos têtes afin d’être nous aussi et de façon visible, renouvelés dans l’Esprit Saint !!!

La Pentecôte : c’est le début de l’Église, humble, vacillante, fragile où des hommes et des femmes vont se mettre en route, où nous découvrons une assemblée (ecclésia) : une assemblée de disciples-missionnaires !

Dépassant une attitude de crainte et de peur, l’Esprit Saint ouvre la mission des Apôtres et des disciples : mission là, où on habite, mais aussi mission aux quatre coins du monde ! Nous le lisons dans le Livre des actes des Apôtres ; certains sont allés vers l’Égypte, d’autres vers l’Asie, d’autres vers l’Afrique, d’autres vers l’Europe ; chacun avec ses charismes, mais, chacun porteur d’une audace missionnaire !

2000 ans nous séparent, pourtant, c’est la même Église, le même souffle, la même audace ! Certes, la technologie a évolué, mais la mission reste assez semblable : rejoindre tout homme pour témoigner du Christ !  La mission est l’enjeu d’une joie communicative, mais aussi de situations parfois difficiles ; nous le voyons bien autour de nous et s’il en est besoin, relisez le Livre des Actes des Apôtres qui nous relate l’histoire de la 1re communauté chrétienne. C’est assez peu différent de ce que nous essayons de vivre nous aussi. Ce qui est certain, c’est que l’Audace que donne l’Esprit Saint, leur a fait découvrir la joie de mettre en tout en commun, mais elle leur a permis aussi d’affronter l’incompréhension, d’affronter l’indifférence, d’affronter la moquerie, d’affronter la violence, et pour certains d’affronter la mort. C’est toujours la même force de l’Esprit Saint qui nous est donnée. 

Frères et sœurs, je vous propose de faire ensemble deux constats :

Il y a un premier constat : l’Esprit Saint n’est pas donné pour que l’on aille mieux, ou pour avoir plus de confort ou un meilleur confort ! Je précise : l’Esprit n’a pas été donné aux Apôtres simplement pour leur permettre de faire des rencontres sympathiques, il leur a été donné pour qu’ils transmettent le message du Christ, mort et ressuscité : c’est-à-dire le Salut de Dieu, cette espérance, cette certitude que Dieu nous aime. Dès la première génération des Apôtres, nous avons des récits dans l’Évangile et dans les lettres apostoliques (souvent les deuxièmes lectures que nous entendons, celles de saint Paul, saint Jean, ou saint Jacques…) où nous est raconté comment ils ont annoncé, imposé les mains pour donner et permettre de recevoir l’Esprit de Vérité !

Il y a évidemment un autre constat : nous ne sommes pas fondamentalement différents des autres : nous ne sommes ni meilleurs ni pires que les Apôtres ou les premiers disciples ! Nous espérons tous la santé, l’amour, la richesse, la réussite, parfois même la puissance et un certain prestige…Tout cela habite nos cœurs, pour beaucoup d’entre nous et autour de nous ! Mais nous pouvons, parce que nous sommes des chrétiens baptisés, être témoins de l’Évangile.

Comment pouvons-nous témoigner de cette Bonne Nouvelle ? Justement parce qu’à travers notre manière de vivre, ce que nous choisissons de faire, la façon dont nous le faisons, nous montrons qu’il y a en nous, une force nous permettant de dépasser les joies et les peurs qui habitent le cœur de tout homme et de toute femme. L’Esprit Saint nous donne cette capacité de nous aimer, de nous donner, de comprendre que Dieu a un projet de vie pour nous, que le Ciel devient possible, parce que nous sommes faits pour cela. Une communauté chrétienne dans laquelle règnent des tensions et un oubli des plus pauvres, ne peut guère témoigner de la présence de l’Esprit Saint !

Il est donc vrai qu’être chrétien implique un choix, une détermination !

Dieu nous laisse libres, profondément libres ! Par exemple : je peux choisir de rester dans la douceur de mon canapé, c’est mon choix ! Mais je peux aussi choisir de me lever, je peux choisir de vivre la mission avec les charismes et la force que me donne l’Esprit Saint ! Chacun est unique ! C’est en nous mettant au service les uns les autres que nous pourrons permettre à notre communauté de vivre pleinement de tous les charismes nécessaires à la mission. C’est ainsi que saint Paul nous redit que nous formons ainsi un seul corps !  

Il est vrai que cette décision de vivre en Chrétien, à certains moments, peut être de l’ordre d’un combat !

  • Il n’est pas toujours simple d’annoncer le Salut en Jésus-Christ dans un monde aveuglé par la violence qui finalement semble peu différente de celle rencontrée par les premiers disciples ! 
  • Il y a toujours une audace qu’il nous faut choisir pour nous mettre en route pour la mission avec d’autres !

Dans ce combat audacieux pour la vie, comme pour l’amour ou la fidélité, nous savons qu’il nous faut choisir et recommencer tous les jours et chaque matin :

  • Ce que je sais, c’est que l’Esprit Saint me donne de vaincre déjà en moi toutes les peurs et les tristesses de mes erreurs passées, présentes ou même d’une peur de l’avenir ! C’est ce que nous venons d’entendre dans l’évangile. Que dit Jésus au moment où Il voit les disciples réunis et apeurés, confinés dans la chambre haute, au dimanche de Pâques ? « La paix soit avec vous ! » Peut-être est-ce de cela dont nous avons besoin : la paix que Dieu nous donne, cette paix intérieure. 
  • Le corollaire de la Paix, c’est le Pardon donné et reçu ! « Le Christ Jésus, n’est-il pas venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs » dira Saint Paul à Timothée (1tm 1,15)
  • Ce que je sais aussi c’est que l’Esprit Saint ne fera pas à notre place ! Il nous laisse libres ; à nous de nous déterminer à avancer ! Par contre, si je cherche à ressembler au Christ, à vivre une vraie vie de prière, si je veux que ma vie soit transformée radicalement par Lui ; alors oui ! L’Esprit Saint sera là pour m’aider, à chaque instant ! Savez-vous qu’à chaque sacrement, je peux vivre une effusion de l’Esprit Saint, une effusion d’amour ? Chaque eucharistie, chaque confession, au moment du baptême, du mariage, de la confirmation, quand je lis la Parole de Dieu, je peux me laisser transformer par l’Esprit Saint ! L’Esprit Saint essayera de faire naître en moi ce désir, mais il ne peut pas le faire sans moi ! Il me revient toujours de décider ! Je vous le redis (et vous connaissez bien cet adage) : Choisir, c’est aussi renoncer.

Frères et sœurs, qu’en ce jour de Pentecôte, avec la prière puissante de la Vierge Marie, l’Esprit Saint réveille en nous tous les dons déjà déposés en nous et les fruits qui trop souvent sommeillent !

- Dons de Sagesse, Intelligence, Conseil, Force, Science, Piété, Crainte de Dieu 

- N’oublions pas les Fruits de Charité, Joie, Paix, Longanimité (patience à supporter les souffrances, les contrariétés), Serviabilité, Confiance dans les autres, Douceur, et peut-être le plus difficile, la Maîtrise de soi.

Demandons vraiment, frères et sœurs, d’être renouvelés dans la force de l’Esprit Saint !

 

Jésus, Toi qui as promis d´envoyer l´Esprit, à ceux qui te prient,

Ô Dieu, pour porter au monde ton feu, voici l´offrande de nos vies !

 

Homélie du mercredi 27 mai 2020, 7 semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 17, 11b-19. Livre des Actes des Apôtres 20, 28-38. Psaume 67.

 

Plus nous approchons de la fête de Pentecôte, plus les textes que nous entendons sont un peu plus compliqués à comprendre. Sans doute nous faut-il un souffle supplémentaire d’Esprit Saint pour entrer dans ce mystère d’unité, mystère de vérité, mystère aussi de la mission que Jésus nous propose.

Nous ne sommes pas de ce monde, bien que nous y habitions ; de fait, nous sommes faits pour le monde à venir. Qui nous révèle cette promesse ? C’est l’Esprit Saint !

Nous l’entendons bien, mais il peut y avoir une difficulté : qu’est-ce que le monde à venir ? Qui est, pour nous, l’Esprit Saint ? Comment se mettre à son écoute ? Comment le laisser agir, travailler en nous ?

D’une façon assez générale, nous ne savons pas trop quoi penser ! Je m’aperçois que, bien souvent, au sein de la Trinité, l’Esprit Saint reste un mystère… même pour des chrétiens assidus à la Parole.

 

Qui est l’Esprit Saint pour vous ?

Nous le savons, l’Esprit Saint est la troisième personne de la Trinité. Ce week-end, nous allons fêter la Pentecôte et cette solennité est une joie pour l’Église tout entière. C’est une fête qui nous réaffirme le don de l’Esprit Saint. Elle nous invite à la prière et à nous ouvrir à ce que Dieu veut pour nous.

N’oublions pas, non plus, que l’Esprit Saint habite déjà en nous : le jour de notre baptême, renouvelé à notre confirmation. Il est redonné, réactivé à chaque sacrement, par exemple dans l’eucharistie que nous allons vivre dans quelques instants. Il est redonné dans notre prière quand nous l’écoutons et le laissons nous guider ! 

 

Comment l’attendons-nous ?

Cette question doit nous interroger sur notre disponibilité ! Acceptons-nous vraiment d’être renouvelés ? Comment vivons-nous des grâces et des dons de l’Esprit Saint ?

Les constats sont multiples : 

- Certains ne connaissent pas vraiment l’Esprit Saint et peuvent être indifférents à cette fête. 

- D’autres sont peut-être encore préoccupés ou inquiets par cette étrange période que nous venons de vivre ; un certain climat anxiogène est encore perceptible.

- D’autres encore gardent un reste d’appréhension au fond de leur cœur, car ils pressentent bien que l’Esprit Saint sera l’occasion d’un bouleversement dans leurs vies.

- Certains ont une espérance un peu molle, passive… « Si la venue de l’Esprit Saint me fait du bien, pourquoi pas ? » Une espérance mêlée de lassitude de celles et ceux qui se laissent paralyser par leur misère et qui, en se reconnaissant trop pécheurs, pensent que l’Esprit Saint ne peut plus venir en eux.

Au contraire, croyons-nous à Celui qui ne cesse de veiller sur l’Église et sur chacun de nous ? Sommes-nous comme les disciples, unanimes dans la prière, groupés filialement autour de Marie, la maman de Jésus, habités par une vraie confiance, comme elle, même si nous ne comprenons pas tout ! Où en sommes-nous de Celui que Jésus appelle la promesse du Père et que Lui-même nous a promis ?

Pour moi, je vous le confie très simplement, l’Esprit Saint est une force que j’attends, une aide, une lumière, Dieu Lui-même qui vient renouveler au fond de moi ce qui a besoin d’être renouvelé ; Dieu Esprit Saint est vivant, passionné, aussi éternel que le Père et le Fils, fondateur de l’Église, instigateur de toute mission !

Sommes-nous prêts à accueillir la Personne divine qui a pour noms : Don et Amour, Avocat et Vérité, Celui qui scelle l’union du Père et du Fils et qui scelle, ici-bas tout ce qui s’unifie dans un cœur et dans le monde. C’est Lui qui vient réveiller notre vie dans une tornade d’amour, mais aussi dans la brise légère du matin de Pâques. C’est Lui qui continue à faire toutes choses nouvelles.

Frères et sœurs, n’hésitons pas !

De ce mercredi matin jusqu’à dimanche, il reste juste quelques jours. Prenons du temps ! Chantons ou récitons un beau chant à l’Esprit Saint ! Demandons à être renouvelés ! Regardons peut-être avec curiosité quels sont les dons et les fruits de l’Esprit que le Seigneur veut me donner et qui ont besoin d’être renouvelés, ravivés ! De grâce, frères et sœurs, n’ayons pas peur de ce qui peut nous arriver ! Soyons des témoins courageux, audacieux, lumineux pour notre monde !

Faisons-nous “capacité“ afin que Dieu, par son Esprit Saint emplisse totalement notre vie, en faisant de chacun de nous, une création nouvelle !

Demandons cela pour nous-mêmes, pour nos familles, pour notre paroisse et pour le monde ! 

                                                                                                               Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 25 mai 2020, 7semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 29-33. Livre des Actes des Apôtres 19, 1-8. Psaume 67.

 

J’aimerais m’arrêter, aujourd’hui, sur cette expression de Jésus : « Vous me laisserez seul, mais je ne suis pas seul ! »

Quel est le contexte ? Nous sommes juste avant sa Passion et Jésus évoque l’abandon qu’il va vivre dans les heures à venir !

Personnellement, lors de ces dernières semaines, je reste frappé par la solitude que beaucoup de personnes, dans notre société, nous disent subir (même, si autour d’eux, des liens et des affections existent) ! Solitude particulière que nous avons tous ressentie durant ces semaines du confinement, isolement parfois désespérant. 

- Solitude des personnes malades ou âgées, solitude de ceux qui sont morts seuls, sans leurs familles dans les services de réanimation, même s’ils étaient bien entourés par les membres du personnel médical.

- Solitude lors des funérailles célébrées en nombre très restreint,

- Solitude des parents, qui sont loin de leurs enfants "chacun de leurs côtés";

- Solitude des époux, qui traversent parfois des difficultés ;

- Solitude des adolescents et des jeunes derrière leurs écrans (certes, pas tous !), affichant un nombre conséquent d’amis virtuels et exposant, malgré tout, leur vie à un certain voyeurisme.

- Solitude aussi parfois dans notre Paroisse, à différents niveaux, par un manque de disponibilité dans les services d’accueil, de soutien et de charité. 

Personnellement, j’ai été très marqué lors de la célébration de la Vigile Pascale, que j’ai dû vivre seul dans cette église, sans les chants joyeux et les Alléluia de Pâques. J’ai allumé un feu, béni le cierge Pascal, chanté l’Exultet, lu les sept lectures… C’est dans cette apparente solitude que j’ai porté dans la prière chacun des membres de notre Paroisse.

 

Jésus a connu la solitude, beaucoup plus qu'on ne le pense. Il nous en parle à plusieurs reprises.

Rappelez-vous :

 - Une première fois après son discours sur le pain de vie, dans la synagogue de Capharnaüm : Lorsque Jésus est en train de dire : “ceci est mon Corps“ et vous allez le manger ; trop difficile à comprendre pour les disciples !… et il demande aux Douze: "Est-ce que vous aussi, vous allez partir?" (Jn 6,66).

 - Un autre moment, terrible, de la solitude de Jésus a été la nuit de son agonie, lorsque, revenant vers ses disciples, il les trouve endormis : "Ainsi, leur dit-il, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi?" (Mt 26,40).

- Mais encore au moment de son arrestation : "Alors, raconte saint Marc, ses disciples l'abandonnèrent et prirent la fuite" (Mc 14,50).

Jésus a donc souffert de la solitude, mais il ne s'y arrête jamais, car sa solitude humaine est habitée par une présence infiniment douce et forte, celle de son Père, source de sa mission et modèle de son action.

"Je ne suis pas seul, disait Jésus, parce que le Père est avec moi".

J’ai été marqué aussi par plusieurs personnes qui m’ont témoigné, alors qu’elles entraient dans l’église saint Louis, au cœur même de ce confinement, qu’elles ressentaient la présence apaisante de Dieu. De belles confidences, touchantes, sur le réconfort de cette solitude habitée par Dieu ! « Le Père est avec moi et je continue à Le prier ! » Témoignages magnifiques de la présence du Père, du Fils, et de l’Esprit Saint soutenant nos existences troublées ! Solitude qui est toujours habitée par Dieu dans l’aujourd’hui, parfois malmenée de nos vies !

Dans cette neuvaine que nous vivons entre l’Ascension et Pentecôte, demandons cette disponibilité à l’Esprit Saint ! Demandons sa force ! Demandons la guérison de ce que nous avons pu vivre ou subir ! Témoignons de la présence de Dieu en notre vie et redisons au monde notre espérance ! C’est lui qui est ce lien d’amour entre le Père, le Fils et moi et le Père, entre le Fils et nous ! Nous ne serons jamais seuls si l’Esprit Saint habite en nous !                                                                                                                                                                                           Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 24 mai 2020, 7 dimanche de Pâques, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 17, 1b - 11a. Livre des Actes des Apôtres 1, 12-14. Psaume 26.

Première lettre de saint Pierre 4, 13-16.

Après de longues semaines d’absence (période de confinement), nous voici enfin rassemblés pour célébrer l’Eucharistie. Même si nous avons eu l’occasion de vivre des célébrations par Internet, la Télévision ou la LettreInfo – je ne sais pas pour vous – mais, pour moi, la fraternité paroissiale m’a beaucoup manqué.  Cependant, vous étiez présents dans ma prière de chaque jour, sûr en retour que nous étions en communion les uns avec les autres. Je crois que nous n’avons pas fini de découvrir et de comprendre ce que nous avons vécu de cette rupture brutale, lors de ce long temps de confinement.

Peut-être avons-nous pris conscience de notre liberté qui, durant un temps, nous a été un peu confisquée et bien d’autres choses auxquelles nous étions bien habitués, sans peut-être en prendre conscience parce que vécues dans une certaine routine.

Ce dont nous pouvons déjà apprendre de ce confinement, c’est que dans notre vie quotidienne, il peut exister un grand danger : celui de s’habituer ! Celui de ne plus faire attention à tel effort, à telle personne que nous avions pris l’habitude de rencontrer chaque jour sans mesurer le plaisir de la relation, à telle situation ! Il y a eu beaucoup d’échanges par la radio, ou par internet en visioconférence, heureusement, mais nous avons tous constaté et souffert du manque de contact et de proximité ! Plus de gestes de tendresse entre petits-enfants et grands-parents par exemple… ! 

De même, beaucoup ont vécu en téléspectateurs les diffusions de célébration eucharistique ! Heureusement, un lien a pu rester tangible, bien que confinés.

Certains m’ont expliqué que ce temps de confinement a été, pour eux, l’occasion de redécouvrir la Messe, en la regardant autrement, en découvrant des gestes et paroles qu’ils ne remarquaient plus ! Ils faisaient ce constat : ne sommes-nous pas trop habitués à la Messe ?

Dans le post-confinement que nous vivons, nous ne devons pas oublier ces constats, ce temps pris à lire la Parole de Dieu, ou la prière en famille… Nous ne devons pas tirer un trait sur tout cela et repartir comme avant ! 

J’ai eu pendant ce confinement des rencontres sympathiques : sans doute, là aussi, tout simplement parce que nous avions plus de temps ! Lors des courts moments d’escapade, durant “l’heure de sortie permise“, beaucoup sont entrés dans l’église ouverte pour prier, se confier.

Lors de ces rencontres, mais aussi par des appels téléphoniques, par Skype, Whatsapp ou les réseaux sociaux, beaucoup de questions m’ont été posées : la maladie, la mort, la solitude, la difficulté de la promiscuité…, mais aussi sur la liturgie eucharistique, la prière, le chapelet, la Bible…

Comment interpréter et comprendre le sens de certaines phrases dites de façon habituelle lors des célébrations ; par exemple alors que je me trouvais près du baptistère, une personne est venue me poser des questions sur le Credo. Que signifie : Est mort Est descendu aux enfers ? Ou qu’est-ce que la Communion des saints ? Ou : est assis à la droite du Père 

Une autre personne m’a confié avoir entendu le prêtre dont la célébration était retransmise à la télévision, prononcer une phrase qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant. Il a dit, juste après la préparation des dons et la prière sur les offrandes : « Prions ensemble, au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église ! » Que signifie, ici, le mot de sacrifice ? Cette question a ouvert une discussion passionnante sur la façon dont le Christ s’offre Lui-même en sacrifice unique. Ou encore pourquoi dit-on : « Pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde ! » ?

Bref, j’ai trouvé ces échanges très riches, en me disant qu’effectivement,  il serait bon  de redécouvrir le sens véritable des expressions ou des prières dites au cours de la messe et que nous récitons parfois machinalement. 

J’espère que, pour chacun de nous, ce confinement a été l’occasion d’un approfondissement de notre manière de vivre, du sens de notre vie… peut-être aussi d’une prise de conscience sur la précarité, la fragilité de notre corps, de découvrir que la maladie pouvait survenir et tout chambouler, que la mort pouvait frapper de façon inattendue autour de nous… Nous avons sans doute fait cette expérience d’être totalement démunis et de nous appuyer sur la prière ; c’est aussi pour nous l’occasion de remercier tout le personnel médical et les soignants qui se sont donnés sans compter pour assurer les soins des personnes malades.

Dans ce temps de confinement, nous avons eu aussi de beaux moments. Beaucoup m’ont témoigné de cette joie d’avoir passé de longs moments en famille, de redécouvrir son conjoint, d’avoir passé du temps avec ses enfants. 

Ne balayons pas trop vite ces trois derniers mois, comme un mauvais souvenir en souhaitant revenir trop rapidement « au monde d’avant ». Normalement, et sans angoisse, le chrétien connaît la finitude de ce monde ! Nous naissons, nous vivons, nous œuvrons, nous développons une vraie fécondité aux différentes saisons de notre existence, puis, un jour, nous retournons vers le Père ! 

Le chrétien sait qu’au-delà de cette mort physique, nous sommes faits pour la Vie éternelle. Le Christ n’est-il pas venu dans notre humanité pour nous redire l’amour du Père et la promesse de Vie. Nous savons, bien évidemment, que cette Vie éternelle sera bien différente de celle que nous vivons aujourd’hui.

L’évangile de ce jour, nous donne de belles pistes de réflexion. Jésus y exprime ce qu’a été sa mission : « glorifier le Père », c’est-à-dire faire que Dieu soit connu et reconnu pour ce qu’Il est. C’est la mission de Jésus, et c’est ce qu’il a fait : « J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés. »

Remarquez que cette révélation n’a pas été simple ou évidente à comprendre. Voyez ce qui s’est passé pour les Apôtres ! Il a fallu qu’ils accompagnent longuement Jésus, qu’ils se trompent d’abord sur son identité (ils pensaient que Jésus serait un roi terrestre !), qu’ils deviennent les témoins bouleversés de sa mort, qu’ils doutent encore devant l’évidence grandissante de sa résurrection, avant de deviner à travers Jésus, Celui qu’Il leur a présenté comme étant « mon Père et votre Père ». 

Il faudra le don de l’Esprit Saint pour comprendre ce mystère d’amour, ce mystère filial, ce mystère de vie que Dieu nous propose ! C’est cette expérience fondatrice que les Apôtres vont vivre à la Pentecôte.

Je souhaite terminer en reprenant la première lecture de ce dimanche (1er chapitre des Actes des Apôtres)

Vous le savez, Jésus est monté au Ciel, les Apôtres Le regardent, et les anges leur demandent : « Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel, vous avez une mission : annoncer, et pour cela : allez priez ! » C’est ce qu’ils vont faire. Ils vont monter dans la “chambre haute“ et se mettre en prière ; c’est cette longue et belle neuvaine de l’Ascension à Pentecôte. 

Frères et sœurs, il nous est bon de regarder l’Église au premier instant de sa constitution ! Jésus est parti, mais l’Esprit n’est pas encore venu. Saint Luc nous transporte au premier étage d’une maison de Jérusalem. L’Église est là, en germe, en attente.

Les onze Apôtres sont là avec Pierre à leur tête. Mais ils ne sont pas seuls : il y a aussi des « frères » et quelques femmes. Dominant ces trois groupes (Apôtres, frères et femmes), se tient « Marie, la mère de Jésus », penchée sur le berceau de l’Église, comme elle le fut sur celui de Jésus, le jour de sa naissance. Communauté en silence et en prière, qui attend non sans appréhension, le don de l’Esprit Saint. 

Cette prière persévérante et joyeuse est la seule à pouvoir donner la force de supporter avec calme certaines souffrances que nous pourrions endurer  « comme chrétien » à la suite du Christ

Je vais peut-être vous surprendre, mais ne nous laissons pas distraire par une reprise trop rapide. Restons encore un peu confinés, c’est-à-dire, en silence, en prière dans la « chambre haute » de Jérusalem. Que la liberté que nous retrouvons après ce confinement ne soit pas une dispersion, mais le besoin d’une vraie prière intime avec Dieu dans la chambre haute de notre Cœur.

C’est là que Jésus a vécu la semaine Sainte, juste avant sa passion, une prière ample et brûlante. Cette prière de la jeune communauté du Cénacle, nous l’avons entendue, nous la reprenons à notre compte et nous la prolongeons dans l’attente de la Pentecôte, pour accueillir une nouvelle Pentecôte de l’Esprit Saint dans notre Vie.

Croyons que le temps qui se termine est un temps qui va porter du fruit. Nous avons prié pour nos familles, nous avons prié pour les défunts, nous allons panser les blessures et nous allons repartir différents. L’Esprit Saint va nous redonner le sens de la Vie présente et à venir !

Dans joie de nous retrouver en cette eucharistie, gardons cette allégresse comme nous y invite saint Paul dans la deuxième lecture !

À quelques jours de Pentecôte, gardons le CAP ! Demandons, comme les Apôtres en Prière au Cénacle avec Marie, la force de l’Esprit Saint ! C’est Lui, l’Esprit de Vérité qui nous fait comprendre toutes choses, c’est Lui qui nous fait connaître et découvrir notre Dieu : Père, Fils et Esprit Saint !

Ainsi soit-il !              

 

Homélie du vendredi 22 mai 2020, 6e semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée à Grenoble, maison paroissiale, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 16, 20-23a. Actes des Apôtres 18, 9-18. Psaume 46.

 

Aujourd’hui, Jésus nous parle de « peine » et aussi de « joie » ! … comme si ces deux sentiments, ces deux expressions pouvaient être comparables.

Nous restons dans la tonalité de la fête que nous avons vécue hier : l’Ascension de notre Seigneur : cette joie de Le voir au ciel et en même temps la peine de la séparation !

Dans cet évangile d’aujourd’hui, nous sommes encore, dans le long discours après la Cène ! Jésus vient de laver les pieds des disciples et de vivre la première eucharistie. Alors que Judas est parti commettre son méfait, Jésus tente d’expliquer aux Apôtres ses dernières recommandations. 

Comment ont-ils reçu ses paroles mystérieuses ? Il leur faudra le temps ! L’expérience la mort et la résurrection du Messie est essentielles, mais le don de l’Esprit-Saint est indispensable sera l’instant de vérité et le début de la Mission.

Pour mieux leur faire comprendre ce qui est en « devenir » ou en « gestation », Jésus prend un exemple tout simple : celui de la femme sur le point d’enfanter !

" La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée."

Cette parole du Seigneur est inépuisable : c’est une parole venue du tréfonds de l'expérience humaine. Aussi loin que remonte l’humanité, nous savons que l’enfantement est toujours un moment éprouvant, difficile et, en même temps, vécu dans la joie de l’enfant qui vient de naître.

L'image de la femme qui enfante dans la souffrance était déjà connue du Premier Testament. 

- Dans le livre d'Isaïe : elle décrit la cité sainte, saisie par les douleurs et donnant le jour à un peuple nouveau, au temps du Messie.

- Ou encore ! La femme qui enfante, c'est la communauté des disciples directs de Jésus : leur souffrance, lors de la mort du Christ, ne sera qu'une épreuve provisoire, transitoire. Bientôt ils se réjouiront que Jésus, nouvel Adam, soit passé au monde définitif, au monde de son Père.

- La femme dans les douleurs, c'est également l'Église, en bute tout au long du temps à la persécution du "monde", au sens johannique, c'est-à-dire au monde du refus !

- C’est aussi la femme dans l’Apocalypse sur le point d’enfanter et l’on voit la Bête qui s’apprête à dévorer l’enfant.

Nos souffrances, celles que nous venons de vivre avec l’arrivée du virus, comme les souffrances de l'Église demeurent mystérieuses ! La souffrance n’est pas une fin en soi, mais elle peut être transformée, mystérieusement, par une grâce particulière, en une expérience de grande fécondité ! Attention ! La souffrance n’est pas à rechercher pour elle-même !

« Vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie ! ». Saint Paul nous dit la même chose : " J'estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. " (Romains 8,18) Quand Jésus parle de cette joie que personne ne pourra nous enlever, en réalité, il parle de la Vie éternelle au Ciel. 

La fête de l’Ascension que nous avons vécue hier est bien ce chemin vers le Ciel que le Christ veut nous montrer et qu’il souhaite que nous prenions !! C’est ce pour quoi nous sommes faits : le Ciel !

Nous pouvons, là encore, établir une analogie de l’enfantement : si la “Tête“ c’est-à-dire le Christ est monté au Ciel, tout le corps, c’est-à-dire l’Église, notre communauté, montera également à sa suite vers le Ciel. 

Demandons au Seigneur la grâce d’être renouvelés dans la force de l’Esprit-Saint, dans l’espérance que le Seigneur veut mettre en chacun de nous. Demandons cela durant cette neuvaine qui nous mène à Pentecôte, pour nous-mêmes et pour nos familles, nos communautés et pour le monde :

Viens, Seigneur ! Viens me fortifier, en traversant mes peurs et mes tristesses.

Redonne-moi ta joie que personne ne pourra me ravir. Permets-moi, par ton Esprit Paraclet, de mieux te connaître et de comprendre la route que tu me proposes et l’audace de te suivre !

Ainsi soit-il

Homélie du jeudi 21 mai 2020, Ascension du Seigneur, année A.

Messe célébrée à Grenoble, maison paroissiale, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 28, 16-20. Actes des Apôtres 1, 1-11. Psaume 46.

Lettre aux Éphésiens 1, 17-23. 

 

Cette fête de l’Ascension exprime une réalité importante de notre foi ! Nous le savons, mais sommes-nous complètement certains de mesurer véritablement ce qui se passe aujourd’hui ! 

 

Alors, comment comprendre cette fête ?

Je vous invite, très simplement, à réfléchir ensemble quelques instants, et à parcourir un itinéraire en quatre points, pour essayer de reconstituer l’histoire de Jésus et saisir, plus précisément, ce qui est en train de se passer et le sens de cette fête. Les voici :

    1- C’est à la fois, la fin d’un rêve et le début d’une espérance nouvelle. 

   2- C’est aussi un mystère d’absence et de présence.

   3- L’Ascension du Seigneur est l’achèvement de son incarnation.

   4- L’Ascension du Seigneur est une promesse, la promesse du don de l’Esprit Saint, qui est le début de l’Église. Nous aurons l’occasion, dans les jours à venir, d’approfondir ce quatrième point.

 

- Premier point : C’est la fin d’un rêve

Pour les Apôtres, c’est la fin du rêve d’un rétablissement du royaume d’Israël tel qu’il avait existé au temps de la puissance du roi David. Comme le souligne le récit des Actes des Apôtres que nous venons d’entendre en première lecture, les disciples avaient encore ce rêve, même après l’arrestation de Jésus, sa mort et sa résurrection. Bien que Jésus ait passé quarante jours à les préparer, ils ne comprennent pas encore et, au moment où ils sont réunis autour de Jésus, ils lui demandent : “Seigneur est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir la royauté pour Israël ?“ (Ac 1,6). 

La trahison de Judas, l’arrestation, la Passion, la Mort et la Résurrection de Jésus n’ont pas complètement ruiné cet espoir. De fait, nous le savons bien, Jésus ne rétablira pas le royaume d’Israël selon un désir humain ! Mystérieusement, ce rêve existe toujours à notre époque ! Nous aimerions tellement que d’un claquement de doigts, notre monde, nos sociétés changent et que Jésus règne sur notre terre, tel un monarque omnipotent ! Ce n’est pas le plan de notre Seigneur ; c’est nous qui devons changer le monde, en commençant par nous !

L’Ascension est bien la fin d’un rêve et le début d’une espérance nouvelle !

Pourquoi ? 

Celui qui monte au ciel devant les yeux ébahis de ses disciples, n’est pas celui qui nous abandonne, il est celui qui nous entraîne à sa suite, Il nous guide vers notre devenir ! Quand nous le voyons « s’en aller » comme les disciples l’ont vu « disparaître », nous pouvons certes, être troublés, saisis de crainte, peut-être même de doutes. Qu’allons-nous devenir s’il n’est plus là ?

Jésus leur avait dit pourtant, pour les préparer : “Il est bon pour vous que je m’en aille“ (Jn 16,7), sinon vous n’aurez pas l’Esprit Saint. Il est bon pour vous que je m’en aille… pour que vous preniez pleinement vos responsabilités. Littéralement, vous devenez “le corps du Christ“ et vous serez à la fois, mes mains, mes yeux, mon cœur, mes lèvres, pour annoncer le règne de Dieu, la puissance de Dieu dans la vie de chacun de nous.

Jésus nous quitte, non pour nous abandonner, mais pour assurer à l’humanité une présence infiniment plus large ! Il ne s’agit plus simplement d’être au milieu de quelques centaines de personnes, il y a presque deux mille ans, mais d’être présent à l’humanité tout entière (un peu plus de 7,6 milliards aujourd’hui), à travers l’espace et à travers le temps. 

Cela devient possible par la puissance de l’Esprit manifesté à travers la vie de son Corps qui est l’Église, dont nous sommes les membres. Nous sommes le corps du Christ, et le Christ est la tête ! Notre espérance est là ! C’est notre certitude !

Comment pouvons-nous traduire cela ? C’est un peu comme une naissance : “Là où la tête est passée, là aussi le corps tout entier passera !“(Les mamans qui ont vécu un accouchement, comprennent tout à fait ce que je suis en train de dire !)

Au moment de sa montée vers son Père et notre Père, il nous confie avec audace cette mission : "Allez de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit".

Les Apôtres de Jésus vont donc partir, de siècle en siècle, jusqu'au bout de la terre, jusqu’aux périphéries de nos sociétés. Non pas pour rassembler des disciples autour de théories humaines, mais poussés par l’Esprit Saint, pour annoncer le Christ, mort et ressuscité !

C'est bien cette mission de Jésus qui continue aujourd’hui. Il ne nous laisse pas seul :’ Il est lui-même présent,à l'œuvre avec ses envoyés : "Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde". 

La promesse est solennelle : tous les mots portent, et nous sommes tous concernés. "Je suis avec vous", dit Jésus, quoiqu’il arrive, quoi que nous puissions faire ! Le Christ est avec nous tous, baptisés au nom du Pèredu Fils, et du Saint-Esprit !

 

- Deuxième point : Mystère d’absence et de présence.  Dans les Actes des Apôtres, nous pouvons lire : “Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.“

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Jésus est avec nous "jusqu'à la fin du monde" ! Notre société, notre époque et ses aléas parfois si contradictoires, ne doivent pas nous impressionner ou nous tétaniser. Pour nous, les chrétiens, ce n’est pas le moment d’être dans une attente stérile ou peureuse ! Être chrétien, c’est aussi agirc’est oser avancer avec audace, en gardant le cap sans craindre l’avenir

Pourquoi ne faut-il pas craindre l’avenir ? Parce que ce monde n'est encore qu'à l'aurore de la foi, - seulement 2000 ans ! Jésus est le Seigneur du temps et de l'histoire, il donne rendez-vous aux hommes et aux femmes de tous les temps. 

Le monde a tant besoin de témoins du Christ qui osent témoigner du sens véritable de la vie, telle que nous la découvrons en Dieu !

Notre espérance peut être de temps en temps éprouvée ! Nous venons de vivre une période un peu compliquée avec cette pandémie ; pourtant, ce n’est pas la fin du monde ! Notre vie continue… sans doute un peu différente. Dans notre histoire, Jésus est toujours présent. 

Jésus est avec nous "tous les jours" ! Cela n’est donc pas une promesse, mais une réalité ! C'est sa présence au quotidien qui donne un sens à nos projets, à nos efforts, à tous nos gestes de charité, de compassion et d’amour que nous donnons autour de nous. Jésus est présent aux moments des grandes joies de son Église ; mais il l’est tout autant quand l'Église peine à trouver sa route, qu'elle doit “ramer contre vents et tempêtes“, ou ramer à contre-courant.

 

- Troisième point : L’Ascension du Seigneur est l’achèvement de son Incarnation pour un retour au Père !Prenons une image ! Noël et l’Ascension décrivent une même verticalité !  L’Ascension est comme le pendant la Nativité : à Noël, Jésus vient dans notre humanité, un petit bébé, tout comme nous, excepté le péché. À l’Ascension, c’est le sens inverse : Jésus quitte notre temps humain et remonte vers son Père. Dès ses premières pages, l'Évangile de saint Matthieu s’ouvre sur cette incroyable espérance : celle de la naissance de l'enfant de Bethléem qui venait au monde pour être l’Emmanuel : Dieu avec nous. Ce même Évangile se referme, en cet aujourd'hui de l'Ascension, sur cette même assurance, cette même certitude étendue à toutes les nations et à tous les siècles que le Christ est toujours avec nous : aujourd’hui, hier et demain !

Le Christ est toujours avec nous, Il est l’Emmanuel ! Il reviendra dans la gloire.

 

- Quatrième point : que devons-nous retenir pour nous, ce matin ? 

Tout cela à la fois ! 

L’Ascension est l’annonce d’une espérance nouvelle, mais surtout et en plus, la promesse du Don de l’Esprit Saint : Dieu ne nous laisse pas seuls ! L’Ascension est l’annonce d’une espérance nouvelle, car elle nous invite à vivre notre propre Pentecôte, toujours renouvelée, toujours saisissante, toujours enthousiasmante ! 

N’ayons aucun doute ! N’ayons aucune peur !

Certes, par le baptême, nous avons reçu le don de l’Esprit Saint, don réactivé lors de notre confirmation. Chaque acte liturgique est une nouvelle Pentecôte. Tous les sacrements vécus dans la foi, sont une nouvelle Pentecôte Cette certitude nous procure une joie profonde ! C’est l’Esprit Saint qui nous permet de prier, de proclamer le Notre Père, qui nous permet de reconnaître Jésus dans l’Eucharistie. C’est Lui qui vient habiter en notre cœur et porter notre espérance.

À partir d’aujourd’hui, et cela jusqu’au jour de Pentecôte, neuf jours vont s’écouler, c’est le temps d’une neuvaine !   

Je vous invite à vivre profondément, en communion les uns avec les autres, à entrer dans cette Neuvaine originelle ! Chaque jour, une, deux, dix fois par jour peut-être, le matin, le soir, dès que vous le pouvez, je vous invite activement à demander d’être renouvelés dans la force de l’Esprit Saint. Nous pouvons être fatigués, angoissés, ou être habités par le doute… Avec confiance, redemandons la force de l’Esprit Saint pour être renouvelés dans les grâces, les cadeaux que Dieu veut nous donner !

Portons autour de nous cette certitude que Dieu ne nous abandonne pas ! 

C’est la prière que nous pouvons avoir, déjà pour aujourd’hui et les neuf jours qui nous séparent de la Pentecôte. Prions pour nous tous ici rassemblés, présents, et aussi pour celles et ceux qui n’ont pas pu être là, pour les membres de nos familles, nos amis et pour le monde entier, afin d’être tous renouvelés joyeusement dans les grâces et les dons de l’Esprit Saint ! 

Que Notre-Dame de l’Espérance nous accompagne toujours par sa prière !

Viens Esprit Saint, viens en nos cœurs, viens Esprit Saint, viens Consolateur !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 20 mai 2020, 6e semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée à Grenoble, maison paroissiale, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 12-15. Actes des Apôtres 17, 15.22 à 18,1. Psaume 148.

 

Les lectures d’aujourd’hui sont d’une très grande richesse et demanderaient des commentaires assez développés, mais n’ayez crainte, je ne serai pas très long. J’ai donc prévu de m’attacher à la première lecture. Ce discours de saint Paul devant les Athéniens résonne toujours à nos oreilles d’une façon “particulière“ et il me semble qu’il est d’une très grande actualité.
    - Le contexte : Saint Paul a entrepris son deuxième voyage missionnaire. De l'an 49 à l'an 52, selon les spécialistes de saint Paul, celui-ci est engagé dans son deuxième voyage missionnaire, un voyage difficile qu’il commence à Antioche avec Barnabé, puis avec Silas en traversant la Turquie actuelle. Il va parcourir en marchant (voyage assez remarquable !) plus de mille kilomètres. Avec Timothée qui les rejoint, le groupe s’embarque pour la Macédoine, en évangélisant Thessalonique et Bérée pour se retrouver ensuite à Athènes, la capitale culturelle de la Grèce. 

Athènes est une des plus belles villes de l’époqueElle est pleine d’animation et la culture a une place importante comme nous pouvons le dire aujourd’hui pour les villes de Paris ou New York. Un réel foisonnement ! Les bâtiments sont magnifiques, les riches maisons sont sculptées en pierre blanche, il y a des théâtres et aussi des fontaines. Quel raffinement ! On y trouve aussi de nombreux temples où l'on adorait une multitude de divinités. Petits temples bien souvent avec colonnades et frontons sculptés et décorés. Chaque temple a son dieu ou sa déesse. Tous ces temples indiquent la religiosité des habitants.

  - Nous assistons à un discours exemplaire : Lorsque Paul commence à s’adresser aux personnes réunies autour de lui à l’Aréopage (petite montagne à côté de la ville d’Athènes), il se sert de la visite de cette belle ville pour en faire un point d’accrochage : « En effet, en parcourant la ville, et en observant vos monuments sacrés, j’y ai trouvé, en particulier, un autel portant cette inscription : ‘ Au dieu inconnu’ ».

Voilà le départ. Saint-Paul a le souci remarquable de rejoindre les auditeurs. Il va se servir de cet autel aperçu, pour révéler le Dieu qu’il connaît.

Autant, jusqu’ici on voyait Paul se faisant « juif avec les juifs », autant on le voit maintenant se faire « grec avec les Grecs » ; autant on l’entendait citer plein de passages de l’Ancien Testament et se référer à l’histoire d’Israël, autant maintenant à Athènes, nous sentons son adaptation au milieu païen pour pouvoir être compris. Son discours s’achève avec la proclamation de la résurrection du Christ de façon non équivoque. « [Dieu] a fixé le jour où il va juger l’univers avec justice, par un homme qu’il a désigné; il en a donné la garantie à tous en ressuscitant cet homme d’entre les morts. »

Ce discours est vraiment remarquable du point de vue de la communication, mais il n’est pas seulement un effort d’un bon communicateur, il est aussi la parole d’un véritable évangélisateur. Cependant, il y a un point de clivage entre la façon dont les grecs pensaient la mort et la résurrection corps et âme qu’il annonce. D’où le ricanement de certains auditeurs qui répliquent à Paul : « Là-dessus, nous t’écouterons une autre fois. » 


    - Comment comprendre ce passage, pour nous aujourd’hui qui souhaitons évangéliser ?

   Premièrement, Paul commence par faire le tour de la ville pour prendre connaissance du milieu dans lequel il se trouve. Il essaie de comprendre à qui il s’adresse. C’est un point important pour nous qui sommes invités à témoigner : Il faut s’ajuster à son auditoire.

   Deuxièmement, il cherche des ponts par lesquels il peut, avec l’Évangile, rejoindre les Athéniens dans ce qu’ils croient. C’est pourquoi, Paul ne part pas, contrairement à l’accoutumée, des affirmations bibliques pour s’adresser aux Grecs. Il part des éléments connus de leur culture par lesquels s’ouvre une porte d’entrée pour l’Évangile. 

   Et, troisièmement, Paul proclame le kérygme, il dit réellement qui est Dieu, pour lui : « Il est ressuscité, oui, cet homme est vraiment ressuscité » comme le chante notre liturgie pascale.
 

Peut-être avons-nous eu, nous aussi, l’occasion de témoigner et de constater qu’à la fin, nous n’avons pas été entendus ou compris… Ce n’est pas grave ! Le discours de Saint-Paul semble faire un flop, mais cependant, il fait mouche !Plusieurs, dans l’assemblée, ont entendu les paroles de Paul et elles les ont mis sur la route du Christ.

Frères et sœurs, demandons, à la veille de l’Ascension, la force, le discernement de l’Esprit Saint et une véritable audace pour annoncer Jésus, vrai homme et vrai Dieu, mort et ressuscité ! Là est la soif de nos contemporains !

Demandons cela pour chacun de nous, nos familles, nos paroisses et le monde !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 18 mai 2020, 6semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée à Grenoble, maison paroissiale par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 26 à 16, 4a. Livre des Actes des Apôtres 16, 11-15. Psaume 149.

 

Nous sommes à quelques jours de la belle fête de l’Ascension, c’est-à-dire proche du départ de Jésus de cette terre. Il monte vers son Père et notre Père, vers son Dieu et notre Dieu. 

Les textes de ces jours nous invitent à un « flash-back », à ce temps très particulier du Triddum. Nous voilà au soir du Jeudi Saint. (Grâce à la liturgie de ce jour, nous pouvons revivre, un peu, ce que nous n’avons pas pu vivre ensemble à cause du confinement : la Semaine Sainte.)

Après la Cène, Jésus prononce ce très long discours devant les disciples encore attablés. Judas vient de quitter la table pour aller accomplir son triste méfait… 

En écoutant Jésus leur expliquer ce qui va lui arriver, je vous laisse imaginer l’étonnement des disciples. Il vient de leur dire qu’Il va les quitter, qu’ils seront exclus des assemblées et peut-être même tués. 

Pour supporter tout cela, Il leur annonce aussi qu’Il leur enverra le Paraclet, l’Esprit Saint qui va leur donnera la force du témoignage.

Il a évoqué, dans les versets précédents, l’image de la vigne et des sarments greffés sur cette vigne qui l’a amené à faire un long développement ; Il leur parle enfin de l’amour fraternel : "Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres". 

Pour Jésus, l’Amour est ce point de rencontre avec son Père ! Mais souvent face à l’amour, nous constatons parfois, l’indifférence, ou pire : la haine ! Le ton change, et c’est ce thème de la haine qui devient un élément central : "Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous". N’oublions pas que nous sommes à la veille de la Passion de Jésus.

Pour saint Jean, le monde dans lequel nous sommes est celui du refus ! Rappelez-vous son Prologue ! « La Parole de Dieu est venue dans le monde, et le monde ne l’a pas reçue. » La lumière est donnée, mais nous restons dans l’obscurité ; ce monde qui a poursuivi Jésus de sa haine avant de la reporter sur ses disciples. Et c’est à propos de cette haine du monde que Jésus, pour la troisième fois, nous parle du Paraclet. 

“Quand viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père,

l’Esprit de vérité qui procède du Père, il me rendra témoignage”.

Face à cette haine que Jésus annonce, Il nous fait une promesse. Cette promesse est à la fois importante et rassurante : nous ne restons pas sans aide !  

Le Paraclet (c’est-à-dire à la fois le défenseur, l’avocat, le porte-parole et l’intercesseur) nous sera envoyé par Jésus, et même conjointement par Jésus et par le Père. L’Esprit Saint, qu’il nous faut ardemment demander afin d’être renouvelés dans ses dons, est justement, le lien d’Amour qui unit le Père au Fils et le Fils au Père. C’est ce qui nous permet d’entrer dans la force et l’amour de la Trinité.

"Je vous l’enverrai", dit Jésus. Voilà sa promesse !

Depuis le jour notre baptême, nous avons, nous aussi, reçu le don de l’Esprit Saint. Nous ne l’avons ni mérité ni acheté… Non ! C’est un don, pour que nous puissions témoigner de l’Amour de Dieu ! Et jusqu’aux dernières secondes de notre vie terrestre, Dieu ne souhaite pas nous laisser sans une aide efficace ! C’est pourquoi, depuis l’eau vive baptismale et l’onction d’huile sainte, l’Esprit Saint est à nos côtés. 

À chacune et chacun d’ouvrir ses yeux, son cœur, de Le suivre !

Ne le cherchons pas au loin : l’Esprit est déjà en nous !

À quelques jours de la Pentecôte, demandons ardemment de nous laisser vraiment renouveler par la force de l’Esprit Saint afin de rendre un joyeux témoignage à notre monde qui en a tant besoin !                                                                                  

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 17 mai 2020, 6 dimanche de Pâques, année A.

Messe célébrée à Grenoble, maison paroissiale par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 15-21. Livre des Actes des Apôtres 8, 5-8.14-17. Psaume 65.

Première lettre de saint Pierre Apôtre 3, 15-18.

 

Les lectures d’aujourd’hui, nous préparent déjà aux fêtes de l’Ascension et de Pentecôte ! Sans doute l’avez-vous remarqué ! Ce matin, nous sommes invités à nous interroger sur la troisième personne de la Trinité : « l’Esprit Saint » !

À quel moment sommes-nous dans l’évangile ? Nous sommes le Jeudi Saint, c’est-à-dire à la veille du Vendredi Saint ! Oui, nous faisons un large bond en arrière. 

Jésus interpelle ses disciples (et nous interpelle) dans son discours d’adieu : pendant ce long discours, après la Cène, au moment où Judas a quitté la table pour aller le dénoncer, il annonce à ses disciples qu’il va les quitter. La façon dont Jésus s’est exprimé a dû sembler étrange et mystérieuse pour les disciples. 

Les Apôtres ont-ils saisi les paroles de Jésus ? Pas certain ! Dans tous les cas, il faudra le Dimanche de Pâques (la Résurrection) pour commencer à entrer dans le Mystère du Salut que Jésus propose ! Mais être témoin de la résurrection ne sera pas suffisant. Jésus ressuscité pendant 40 jours va encore enseigner les disciples, et ceci jusqu’au jour de l’Ascension. 

Après sa montée vers « son Père et notre Père », les Apôtres seront seuls. Ils vont revivre, à nouveau, une nouvelle absence du Christ. Leur premier réflexe sera de s’enfermer et de se protéger par peur de ce qui les entoure (dans laChambre haute). Il faudra attendre le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte (le temps d’une neuvaine) pour que les disciples comprennent, enfin, comment Jésus peut être présent dans leur vie, bien qu’ils ne le voient pas. 

C’est exactement cette même expérience de foi à laquelle nous sommes invités, nous qui ne verrons jamais le Christ de nos propres yeux en ce monde, et qui devons expérimenter sa présence sous une forme non visible. Cependant, cette promesse du Christ de ne pas laisser ses disciples orphelins s’applique à son Église, pour chacun de nous, tout au long de son histoire, depuis le jour de la Pentecôte jusqu’à la fin des temps. Comment cela se fera-t-il ? Par le Don de l’Esprit Saint !

Alors quel est ce don ? Qui donc est cette troisième personne de la Trinité ? 

C’est ce qu’il nous faut approfondir. Que pouvons-nous dire de l’Esprit Saint ?

Il est la troisième personne de la Trinité, il est Dieu, DON DE DIEU ! Il est reçu à notre baptême, renouvelé au jour de notre confirmation ! C’est un DON, et non un  ! Jamais, ni par l’intelligence ni par l’ascèse, on ne pourra le gagner, ni le saisir, ni le capter, ni le mériter. C’est un don offert, sans aucun mérite de notre part.

Nous prions régulièrement le Père (en récitant le Notre Père) ! Nous connaissons le Fils (à travers les Évangiles) ! Mais comment prions-nous l’Esprit Saint ? 

Comment faisons-nous pour le découvrir ?

Par la prière, certes ! ! Mais particulièrement comment faire ? Avez-vous retenu la réponse de Jésus. Il nous indique une voie : pas par ‘un faire’, mais par l’amour ! « Si vous m’aimez ! » dit Jésus. Jésus nous précise aussi que c’est l’Esprit Saint qui va nous permettre de comprendre et d’entrer dans cette relation trinitaire. C'est précisément l'Amour qui les unit l'un à l'autre, le Père au Fils et le Fils au Père. Nous découvrons (même si nous avons du mal à le comprendre), que la façon de prier l’Esprit Saint est d’aimer et de se laisser aimer.

La suite du discours d’A-Dieu de Jésus précise les fonctions que ce Défenseur remplira auprès des disciples : il leur rappellera les enseignements de Jésus, les actualisera à travers l’espace et le temps, leur en montrera la valeur définitive ; il les leur fera comprendre de plus en plus profondément et ainsi les conduira vers la Vérité tout entière ; Il les rendra capables de témoigner de Jésus avec courage (et parfois même jusqu’au martyr), de répandre son évangile parmi tous les peuples tout en leur permettant de confondre les mensonges de ce monde

C’est bien ce que Satan (le Diviseur) essaie de pervertir en faisant croire que l’amour peut se vivre de façon à la foi égoïstement et superficiellement ! Cela n’est pas l’Amour, mais un amour possessif et mensonger !

L’Amour que Dieu est tout autre ! Il est Don de soi et accueil de l’autre ! À nous d’aimer véritablement comme Dieu aime !

Accueillir l’Esprit Saint, nous permet de croire, de prier, de vivre pleinement les Sacrements de l’Église.

C’est toujours Lui qui anime l’Église ! Il est compris comme un souffle d’amour qui conduit l’Église ! 

Il nous permet de comprendre que ce Pain consacré est réellement le Corps du Christ, Jésus ! 

L'Esprit Saint m'invite à ne jamais désespérer, ni des autres, ni surtout de Dieu, ni même de moi-même !

Nous disons que l’Esprit-Saint est un souffle ! Prenons une image ! 

Imaginons un immense voilier conçu par un ingénieur génial ! Pour voguer, il peut disposer de belles voiles, il peut même disposer d’un équipage de grands marins ... encore faut-il qu’on ait hissé les voiles, pour laisser le vent souffler et le faire avancer ! Sinon, il va rester à quai !

Notre vie n’est-elle pas à cette image ? Nous sommes des merveilles. Notre Dieu créateur a fait de nous des personnes uniques, mais ne nous arrive-t-il pas de rester immobiles en oubliant de hisser nos voiles ? 

Peut-être avons-nous peur de quitter le port et d’entrer en haute mer ? N’y a-t-il pas encore en nous une crainte de risquer notre vie au Souffle de l’Esprit Saint, et de refuser de nous laisser emporter dans la grande aventure de la Foi et de l’amour de Dieu ?

Frères et sœurs, demandons la grâce d’oser hisser les voiles de notre vie, de laisser l’Esprit Saint s’y engouffrer, de nous laisser emporter dans la grande aventure de la foi et de l’amour de Dieu !

Demandons, au cours de cette eucharistie, cette pleine capacité d’aimer, de nous laisser aimer, et d’annoncer le Christ par amour ! 

Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, Amen !

Homélie du vendredi 15 mai 2020, vendredi de la 5e semaine de Pâques, année A.

Messe célébrée à Grenoble, avec les sœurs de la compagnie Notre-Dame.

Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 12-17. Livre des Actes des Apôtres 15, 22-31. Psaume 56.

 

Ste Jeanne de Lestonnac (XVIIe siècle).

1re messe post-confinement. Jour de mémoire pour sa canonisation:

Canonisation : 15 mai 1949 par le Pape  Pie XII. Fondatrice de la Compagnie de Marie-Notre-Dame

 

 

Chères sœurs, en ce jour mémorable pour vous et l’Église, nous continuons notre méditation du chapitre 15e selon saint Jean. Je suppose que vous avez pris le temps de méditer ce texte magnifique ? Quelle richesse !

  Dans les lignes qui précèdent, que nous dit saint Jean de la part de Jésus ?

       1 – De rester greffé sur Jésus, comme le sarment sur la vigne !  

       2 – De "demeurez dans mon amour", dit Jésus aux disciples.

Aujourd’hui, nous sommes invités par Jésus, à faire un pas supplémentaire, à entrer dans une compréhension extraordinaire pour l’époque.

Nous entendons encore aujourd’hui le grand désir de Jésus : il veut (ni plus ni moins) que nous soyons ses amis ! Non pas des serviteurs, mais ses amis !

Mesurons-nous ce que nous entendons ! Ne sommes-nous pas trop habitués à cette invitation ?

Connaissons-nous, en vrai, l’étymologie du mot « Ami » ? « Ami » veut dire : « qui est aimé ». C’est beaucoup plus profond qu’une relation ou un copain avec lequel je partage un verre ou une ballade !

Je le redis : l’« Ami » est celui « qui est aimé » ! Dans la pensée de Jésus, l’ami est aimé, non pas par ses actions ou par sa beauté, mais aimé gratuitement, tel qu’il est, pour sa profondeur de l’âme, son devenir, intégrant la totalité de tout ce qu’il est.

Nous prenons ici conscience de tout le poids du terme « AMI » particulièrement quand cet amour est celui-là même de Dieu. Dire : « Ami », signifie aussi l’audace du « DON ». Lorsque Dieu nous dit que nous sommes ses amis, Il nous invite à la réciprocité.  

Littéralement : "Ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à moi." comme nous le dit Jésus. 

C’est cette intuition que nous retrouvons dans la manière de vivre de la première communauté chrétienne, les amis partagent tout leurs biens. (Actes des Apôtres 2). C’est aussi ce que vous êtes invités à vivre, chères sœurs, dans la radicalité de votre vocation.

Le Christ fait de nous ses amis en nous faisant connaître tout ce que son Père lui a dit. Cette amitié était inimaginable pour l'homme : comment oser dire à Dieu qu’il est un ami ?

C'est pourquoi il fallait que ce soit le Christ Lui-même qui nous le dise et nous choisisse, comme Il vous a appelées, chères sœurs, au service de l’Évangile, pour la prière, pour être témoins dans le monde. 

Ce sont ces critères d'authenticité de notre foi chrétienne. 

Par ailleurs, connaissez-vous d'autres religions où l'homme est choisi comme un véritable ami par Dieu ? A-t-on vu un maître donner sa vie pour son esclave ?

C’est cela qu’il nous faut sans cesse redécouvrir !

J’ai pris le temps, entre différentes rencontres, de lire les différents ouvrages que vous m’avez prêtés sur la vie de votre fondatrice. Son histoire est passionnante ! J’ai retenu que c’est aussi ce que sainte Jeanne de Lestonnac, dans son projet de vie, veut retransmettre aux religieuses qu’elle envoie pour la fondation de la seconde Maison de l’Ordre. Elle puise dans le geste fort du lavement des pieds, lors de la Cène, cet amour d’amitié, cet amour de service, cet amour de don, cet amour qui aime comme Dieu aime ! (Jn 13, 33-34)

Je retiens d’elle cette citation :

« Il n’y a rien que je vous recommande avec tant d’affection que l’amitié entre vous et la conformité de vos volontés dans l’observance exacte de l’Institut, pour conserver vos âmes en paix et en union avec Dieu qui vous rendra aisé, par son amour tout ce qui semble difficile ». (Histoire de l’Ordre des religieuses Filles de Notre-Dame, p 429)

       Chères sœurs, rendons grâce pour l’amour dont sainte Jeanne de Lestonnac a été aimée par Dieu et qu’elle a su vous transmettre, de génération en génération depuis le XVIIe siècle. Rendons grâce pour votre congrégation et sa fondatrice ainsi que pour ce que vous transmettez vous-mêmes autour de vous par votre rayonnement dans la disponibilité, la prière et votre compassion.

                                                                                                                    Ainsi soit-il !

"Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur"
 
Année A - 5 avril 2020

 

        imageÀ la question : « Comment mieux comprendre le récit de la Passion ? »

 

(approfondir en cliquant sur les liens)

            Je vous invite, en premier lieu, à une lecture approfondie de la Lettre aux Philippiens, que nous lisons en deuxième lecture !

            Pouruoi ? La clef et le meilleur commentaire possible de la Passion, nous le trouvons dans l'admirable chapitre 2 de cette lettre de Paul aux Chrétiens de la ville de Philippe, (ville antique de Macédoine orientale – Grèce - , fondée par Philippe II en 356 av. J.-C).

         Il s'agit d'un hymne christologique* qui nous trace en quelques lignes un tableau grandiose de tout le mystère pascal que nous allons célébrer cette semaine.

         Il est très important pour nous de ne jamais perdre de vue tous les éléments de ce mystère pascal, qui comprend, inséparablement, la passion du Christ et sa Résurrection.

         Si Isaïe nous montre comment dans la passion, il (le Serviteur souffrant) « se laisse instruire », il subit et souffre. Saint Paul nous rappelle qu’Il (Jésus) s’est « abaissé ». Alors qu’il est de condition divine ! Il s'est dépouillé, il s'est anéanti, se faisant obéissant jusqu'à la mort sur la croix.

         Descendu de la croix – émouvante Pietà –, enseveli. « Tout est consommé ! », a-t-il dit.

         Et c'est, dit-il, précisément parce qu'il a renoncé à faire valoir tout droit, qu'il a pu tout recevoir comme don, et que le Père l'a ressuscité. ⇒ La Vie a vaincu la Mort !

          Dans notre liturgie chrétienne, nous ne célébrons jamais un Christ mort. Nous célébrons toujours le Christ ressuscité ! Lui, le Christ qui est passé par la mort, mais que le Père a ressuscité !

         Dans la foi, monté aux cieux, il est à la droite du Père et il intercède pour nous. Et c'est pourquoi ce mystère demeure toujours pour nous le fondement de notre espérance.

         Avec le Christ, c’est tout le peuple des souffrants, des découragés et des persécutés (et nous pourrions dire, des confinés) que nous cherchons à accompagner.

         Malgré nos propres croix que nous portons souvent avec difficultés, notre vie est précieuse et cette vie a un sens véritable, car Dieu lui-même nous redit sa valeur !

NE L’OUBLIONS PAS ⇒ IL A DONNÉ SA VIE POUR NOUS !

         Tout au long de cette Semaine Sainte (seul, en famille, en collocation…, mais toujours en communion les uns les autres !) suivons Jésus, le Messie, sachant que si ce chemin passe par le jardin de Gethsémani et le Golgotha, il conduit aussi au sépulcre ouvert du matin de Pâques.

            Ainsi soit-il

                     par + Patrick Gaso

* « hymne christologique » : un chant dans lequel toute l’attention est centrée sur les « sentiments » du Christ, c’est-à-dire sur sa façon de penser et sur son attitude concrète et vécue. (Audience Benoît XVI)

Une Semaine Sainte inédite !

Une méditation du père Patrick Gaso :

       

image       Ces derniers jours, le téléphone de la Maison Paroissiale a sonné de nombreuses fois ! Certains appels étaient des messages d’amitié et de soutien, d’autres posaient de bonnes questions !

       ⇒  Allons-nous vivre à l’église les offices de la Semaine Sainte ? Comment récupérer des branches de rameaux ? Comment me confesser ? Comment allons-nous faire pour vivre un vrai triduum Pascal ? Et bien d’autres encore…

       Bref, des questions légitimes et pertinentes !

       Dans la situation d’isolement que nous vivons, je vous laisse imaginer une certaine déception ! Ne pas pouvoir se rassembler en Paroisse pour célébrer cette Semaine Sainte, recevoir une branche de buis, vivre le lavement des pieds, la Sainte Cène, le feu Nouveau, le Reposoir… recevoir les sacrements… partager la joie du Christ ressuscité… quelle déconvenue et agacement pour certains ! Oui, sans aucun doute ! Tous ces manques sont une véritable épreuve qui nous attriste. Cependant, toute privation nous invite à des opportunités à saisir !

       La situation dramatique que certaines familles vivent actuellement, notre confinement éprouvant nous oblige à creuser davantage le sens de cette Semaine si particulière. Nous sommes invités à nous mobiliser dans notre foi personnelle et à être inventifs pour vivre cette foi : seul, à distance, en famille… La situation actuelle nous invite à faire de notre maison, notre appartement… une petite église !

            Il est intéressant de noter que la Pâque juive (telle que Jésus l’a vécue) est essentiellement une liturgie familiale.

       Nous allons vivre, selon nos moyens, des célébrations et un approfondissement de notre foi dans cette église domestique, que nous formons dans nos foyers !

       image             À la question : Comment vivre cette Semaine Sainte ?                    

       Dans cette situation de crise, nous pouvons découvrir que Pâques, tel que le Christ et ses disciples l’ont vécue, contient une dimension de confinement !

       D’abord pour le Christ lui-même, car à Gethsémani, il vit une agonie qui contient angoisse et tristesse. À partir de son arrestation, le Jeudi Saint, il est seul. Il est de plus en plus privé de liberté : d’abord prisonnier, puis attaché à une colonne et finalement crucifié sans même pouvoir bouger les mains et les pieds. Au Vendredi Saint, seul et abandonné, il nous apprend cette intimité avec son Père et la force du Pardon.

       Le mystère du Samedi Saint est le confinement dans son absolu, la mise au tombeau, avec l’âme du Christ qui descend aux enfers où sont retenues prisonnières les âmes des justes. C’est de ces ténèbres que vont jaillir la lumière pascale et la vie nouvelle et immortelle.

       C’est tout cela que nous sommes invités à vivre, d’une manière renouvelée, peut-être parce que nous sommes moins sollicités, moins dispersés ! Peut-être aussi, et c’est ma prière, que nous prenions un vrai temps de « pause » avec Jésus ! La méditation de la Passion du Christ est cette invitation à contempler et vivre avec compassion, la souffrance et la mort tout en gardant un vrai regard d’espérance.

       Dieu nous rejoint dans toutes nos souffrances, petites et grandes ! Il est proche ! Il compatit ! Il nous encourage dans un don de nous-mêmes. Il nous redit qu’il est vainqueur sur toutes nos morts. Qu’il est le Chemin, la Vérité et la Vie !

Pas à pas, jour après jour, autrement, osons vivre ensemble cette semaine Sainte.

       Gardons ces liens de la charité et de l’espérance : prière personnelle et familiale, charité partagée avec les voisins et les amis, attention aux uns et aux autres, savoir consoler et accepter d’être aidé, remercier pour le dévouement des soignants, exprimer une vraie confiance en Dieu, dans la force de l’Epsrit !

        Belle et surprenante Semaine Sainte à tous !

              Bien fraternellement

                     + Patrick Gaso

image

 

      Nous sommes en « Urgence sanitaire », vient de nous redire le Premier ministre en ajoutant, à minima, 2 semaines d’isolement supplémentaires qu'il annonce déjà difficiles. Les 5 continents sont presque en totalité confinés. Du jamais vu ! Un « être » invisible menace notre humanité. Il menace nos voies respiratoires. Tous les jours, les statistiques mondiales tombent. Une « guerre biologique », au sens figuré, devenue réalité. 

      Comment décrire ce virus sournois et virulent ? Il se faufile dans les accolades, dans les poignées de main et, à ce qu’il paraît, jusque dans l’air que nous respirons. C’est un petit microbe insignifiant, et pourtant, après avoir semé la désolation et la mort en Asie, il parvient à mettre à genoux le système sanitaire de chaque pays ! Il suspend le temps, les vies, le travail, les projets, les amours. Il met sous cloche des nations entières, privant ses citoyens des libertés fondamentales, fermant des écoles dans toute l’Europe, mettant en panique l’économie des petits comme des grands.

      Chaque jour, il fait fondre en larmes des infirmières, des médecins, du personnel soignant qui eux-mêmes tombent malades. Il met sur la paille des entrepreneurs, des commerçants, des restaurateurs... Il fragilise des familles par une promiscuité étouffante. Il fait balbutier autant les politiques que les experts ! Il touche sans distinction, nantis ou pauvres, autochtones ou migrants. Il accule des familles à vivre des deuils où les amis et les proches seront absents.

     L’horreur absolue ! Pourquoi Seigneur ? Combien de temps encore ? Vais-je tenir le confinement ? Suis-je touché ? Je m’inquiète pour ma famille…

                Ce qui est mis à l’épreuve, ici, c’est aussi notre espérance !

      Comme beaucoup, vendredi soir, je viens de vivre par Internet, la bénédiction "Urbi et Orbi" prononcée par le pape François. Célébration exceptionnelle d’un homme seul sous une pluie battante, face à une place Saint-Pierre entièrement vide.

      Commentant l’épisode de la Tempête apaisé (Mc 4, 35- 41), il a commencé ainsi : « Nous nous retrouvons apeurés et perdus. Comme les disciples de l’Évangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. Dans cette barque… nous nous trouvons tous. Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans l’angoisse disent : « Nous sommes perdus » (v. 38), nous aussi, nous nous nous apercevons que nous ne pouvons pas aller de l’avant chacun tout seul, mais seulement ensemble. » (Suite de l'homélie du Pape François sur ce lien)

      En dépit du confinement, nous avons à faire le choix d’avancer « ensemble ». C’est un véritable défi quand la crise où nous sommes nous met tout à l’envers.

      Il y a ceux qui sont dedans ! Pas question de sortir. Au contraire, il est question de demeurer, de rester chez soi. Chose parfois bien difficile pour mille raisons justes, y compris le chagrin ô combien lourd d’avoir des proches et des amis gravement malades, mourants. Mais ce douloureux sentiment d’impuissance devient aujourd’hui un combat collectif, une vraie solidarité, en faveur de la vie de tous.

            Il y a ceux qui sont dehors au service de tous : soignants, éboueurs, caissières, boulangers, cuisiniers, agriculteurs, informaticiens, magasiniers, livreurs, chauffeurs, militaires, policiers… et bien d’autres que j’oublie. Toutes ces personnes que nous applaudissons avec raison tous les soirs. Habituellement, ils nous sont pour la plupart peu visibles, mais ce sont eux qui portent notre quotidien.

      Il a suffi de quelques jours pour que la certitude devienne incertitude, que la force devienne faiblesse, que le pouvoir devienne solidarité et concertation. En silence, nous pouvons nous retourner en nous-mêmes et comprendre la valeur des mots solidarité et vulnérabilité.

      Dans cette prise de conscience, nous sommes tous invités à une plus grande solidarité et à une plus grande communion.

      Après cette première semaine où nos habitudes ont été violemment bousculées, ce temps de confinement est pour tous l’occasion de vivre une vie plus sobre, plus simple, plus respectueuse de mon attention à l’autre. »

      Nous avons aussi à transformer ces semaines en moment d’intériorité. Ne nous laissons pas étourdir pour un flot d’informations le plus souvent anxiogènes.

      Profitons-en pour lire la Parole de Dieu et pour prier les uns pour les autres. »

 

      Laissons Dieu parler à notre cœur. Questionnons-nous sur notre monde, sur le fonctionnement de notre société, sur notre manière de vivre et sur notre rapport aux technologies. »

      Ce virus veut nous couper le souffle, mais il ne parviendra pas à nous priver d’initiative et d’audace. Il ne parviendra pas à nous priver du souffle de Dieu, du souffle de l’Esprit !

               Restons bien en communion de prière et attentif à tous

                                        + Patrick Gaso


 

Oui Seigneur, en toi j'ai mis ma confiance! (à écouter ! Désolé pour la pub avant)

https://youtu.be/7MY6HRFe32Q

https://youtu.be/YkOxVGwHOuw

Dimanche 29 Mars 2020
5e Dimanche de Carême
1ère lecture : Ezékiel 37,12-14
2ème lecture : Romains 8,8-11
Évangile : Jean 11,1-45

   

    En ce cinquième dimanche de carême, l’Église nous propose trois lectures complémentaires afin de préparer les fêtes pascales. Ces lectures nous invitent à nous réjouir en fixant notre regard sur le Christ. Il révèle aujourd’hui dans l’Évangile qu’Il est source de vie, en rendant la vie à Lazare.

    Ces lectures nous font méditer sur le sens du baptême, naissance à la vie chrétienne et, aussi, sorte de renaissance, car nous passons, comme Lazare, de la mort à la vie.

    Comme nous le savons le baptême est un passage d’une vie mortelle à la vie éternelle avec et par Jésus Christ.  

    Dans la première lecture nous voyons que le Seigneur parle à travers le Prophète Ezékiel en disant « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple ». Dès le début, le Seigneur voulait nous faire sortir de notre situation mortelle à la vie et depuis notre baptême, nous sommes devenus « peuple » de Dieu, membres du Corps du Christ.

    Quant à la deuxième lecture, Saint Paul voulait faire comprendre aux romains en disant que « Nous sommes toujours sous l’emprise de la chair » mais grâce à notre Baptême, nous sommes devenus un homme nouveau.  L’Esprit de Dieu qui a ressuscité Jésus habite en nous et nous avons reçu ce même Esprit Saint par l’onction du Saint Chrême qui fait de nous fils et filles de Dieu.

    Dans l’Evangile, Jésus se dévoile en disant « Moi, Je suis la résurrection et la vie… ». À travers cette parole de Jésus, nous nous apercevons que la vie ne nous appartient pas. Nous ne sommes que des intendants, que de passage sur cette terre.

    Jésus rappelle à la vie Lazare qui était mort. Nous aussi, nous sommes morts par le péché mais à chaque fois que nous nous tournons vers Dieu, nous nous confessons. Dieu par Jésus nous rend la vie, nous fait renaître à une vie nouvelle.

    Nous sommes parfois occupés par notre vie quotidienne sans penser à notre vie spirituelle. Il est temps d’y penser. Jésus nous invite toujours à nous tourner vers Lui. Il veut nous rappeler qu’Il est source de vie.

    Nous aussi, comme Lazare, nous avons été morts mais grâce au baptême, nous sommes vivants, nous avons reçu la vie et à notre tour nous sommes invités à la partager, à témoigner de cette vie dans notre vie quotidienne. Quel que soit notre état de vie, Jésus aime chacun de nous tel il est. Il vrai que témoigner de Jésus, dans notre monde, n’est pas facile, cela nous coûte cher mais Il est toujours présent à nos côtés.  Il faut juste lui faire confiance. Il se dévoile qu’Il est « la vie ».

   Durant ce temps de carême, que chacun d’entre nous puisse découvrir et dire comme Marthe « Oui, Seigneur, je le crois, Tu es le Christ, le Fils de Dieu »

    Nous sommes invités à vivre ce carême comme un passage vers une vie plus juste, plus solidaire, plus ouverte à Dieu et aux autres. Avec le Christ, nous pouvons toujours triompher de nos peurs et retrouver le courage et l’espérance de repartir en avant. C’est chaque jour qu’il nous faut ressusciter avec lui.

    Que le Seigneur par son Esprit Saint ouvre nos oreilles et nos yeux pour accueillir cette vie   dans nos cœurs.

    Avec la situation actuelle que nous traversons, il est temps de nous réveiller, de sortir de nos tombeaux d’orgueil, d’indifférence, d’égoïsme. Unissons nos forces par la prière pour vaincre le mal. Rappelons qu’avec Jésus, c’est le bien qui aura le dernier mot, c’est l’amour qui triomphera toujours.

    Profitons de notre passage sur cette terre pour faire le bien en acceptant les œuvres de l’Esprit du Seigneur qui veut habiter en nous pour respecter la vie afin de préparer la vie éternelle auprès de Dieu

    Ayons le courage de sortir de notre tombeau pour vivre une vie nouvelle. Ne perdons pas l’espérance. Le Seigneur exauce toujours notre prière filiale. Soyons bienveillants les uns envers les autres et restons solidaires au sein de notre famille, de notre Paroisse, par la pensée et par la prière.

+ Dany Ramanatsitohaina  

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Bénédiction « Urbi et orbi » - 27 mars 2020

Vendredi 27 mars – Place Saint Pierre

Sur le parvis de la basilique Saint-Pierre nocturne et désert, symbole d'un monde confiné, les paroles de François et la bénédiction du Saint-Sacrement

"Le soir venu..." (Mc 4, 35).

Ainsi commence l’Évangile que nous avons écouté. Depuis des semaines, la nuit semble tomber.

D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage. Cela se sent dans l’air, cela se ressent dans les gestes, les regards le disent. Nous nous retrouvons apeurés et perdus. Comme les disciples de l’Évangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. 

Dans cette barque, nous nous trouvons tous. Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans l’angoisse disent : "Nous sommes perdus" (v. 38), nous aussi, nous nous nous apercevons que nous ne pouvons pas aller de l’avant chacun tout seul, mais seulement ensemble.

Il est facile de nous retrouver dans ce récit. Ce qui est difficile, c’est de comprendre le comportement de Jésus. Alors que les disciples sont naturellement inquiets et désespérés, il est à l’arrière, à l’endroit de la barque qui coulera en premier. Et que fait-il ? Malgré tout le bruit, il dort serein, confiant dans le Père – c’est la seule fois où, dans l’Evangile, nous voyons Jésus dormir. Puis, quand il est réveillé, après avoir calmé le vent et les eaux, il s’adresse aux disciples sur un ton de reproche : "Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?" (v. 40).

Cherchons à comprendre. En quoi consiste le manque de foi de la part des disciples, qui s’oppose à la confiance de Jésus ? Ils n’avaient pas cessé de croire en lui. En effet, ils l’invoquent. Mais voyons comment ils l’invoquent : "Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ?" (v. 38). Cela ne te fait rien : ils pensent que Jésus se désintéresse d’eux, qu’il ne se soucie pas d’eux. Entre nous, dans nos familles, l’une des choses qui fait le plus mal, c’est quand nous nous entendons dire : "Tu ne te soucies pas de moi ?". C’est une phrase qui blesse et déclenche des tempêtes dans le cœur. Cela aura aussi touché Jésus, car lui, plus que personne, tient à nous. En effet, une fois invoqué, il sauve ses disciples découragés.

La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. 

Elle nous démontre comment nous avons laissé endormi et abandonné ce qui alimente, soutient et donne force à notre vie ainsi qu’à notre communauté. La tempête révèle toutes les intentions d’oublier ce qui a nourri l’âme de nos peuples, toutes ces tentatives d’anesthésie avec des habitudes apparemment "salvatrices", incapables de faire appel à nos racines et d’évoquer la mémoire de nos anciens, nous privant ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité.

À la faveur de la tempête, est tombé le maquillage des stéréotypes avec lequel nous cachions nos ego toujours préoccupés de leur image. Et reste manifeste, encore une fois, cette appartenance commune (bénie), à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères.

"Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?". Seigneur, ce soir, ta Parole nous touche et nous concerne tous. Dans notre monde, que tu aimes plus que nous, nous sommes allés de l’avant à toute vitesse, en nous sentant forts et capables dans tous les domaines. Avides de gains, nous nous sommes laissé absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas réveillés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un monde malade. Maintenant, alors que nous sommes dans une mer agitée, nous t’implorons : "réveille-toi, Seigneur !".

"Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?". Seigneur, tu nous adresses un appel, un appel à la foi qui ne consiste pas tant à croire que tu existes, mais à aller vers toi et à se fier à toi. Durant ce Carême, ton appel urgent résonne : "convertissez-vous", "revenez à moi de tout votre cœur" (Jl 2, 12). Tu nous invites à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix. Ce n’est pas le temps de ton jugement, mais celui de notre jugement : le temps de choisir entre ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. C’est le temps de réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. 

Et nous pouvons voir de nombreux compagnons de voyage exemplaires qui, dans cette peur, ont réagi en donnant leur vie. C’est la force agissante de l’Esprit déversée et transformée en courageux et généreux dévouements. C’est la vie de l’Esprit capable de racheter, de valoriser et de montrer comment nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et des revues, ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier show, mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les événements décisifs de notre histoire : médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soin à domicile, transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul. 

Face à la souffrance, où se mesure le vrai développement de nos peuples, nous découvrons et nous expérimentons la prière sacerdotale de Jésus : "Que tous soient un" (Jn 17, 21). Que de personnes font preuve chaque jour de patience et insufflent l’espérance, en veillant à ne pas créer la panique mais la coresponsabilité ! Que de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, que d’enseignants montrent à nos enfants, par des gestes simples et quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant les regards et en stimulant la prière ! Que de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous. La prière et le service discret : ce sont nos armes gagnantes ! 

"Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ?". Le début de la foi, c’est de savoir qu’on a besoin de salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls, nous faisons naufrage : nous avons besoin du Seigneur, comme les anciens navigateurs, des étoiles. Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec lui à bord, on ne fait pas naufrage. Car voici la force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais.

Le Seigneur nous interpelle et, au milieu de notre tempête, il nous invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage. 

Le Seigneur se réveille pour réveiller et raviver notre foi pascale. Nous avons une ancre : par sa croix, nous avons été sauvés. Nous avons un gouvernail : par sa croix, nous avons été rachetés. Nous avons une espérance : par sa croix, nous avons été rénovés et embrassés afin que rien ni personne ne nous sépare de son amour rédempteur. Dans l’isolement où nous souffrons du manque d’affections et de rencontres, en faisant l’expérience du manque de beaucoup de choses, écoutons une fois encore l’annonce qui nous sauve : il est ressuscité et vit à nos côtés. 

Le Seigneur nous exhorte de sa croix à retrouver la vie qui nous attend, à regarder vers ceux qui nous sollicitent, à renforcer, reconnaître et stimuler la grâce qui nous habite. N’éteignons pas la flamme qui faiblit (cf. Is 42, 3) qui ne s’altère jamais, et laissons-la rallumer l’espérance.

Embrasser la croix, c’est trouver le courage d’embrasser toutes les contrariétés du temps présent, en abandonnant notre soif de toute-puissance et de possession, pour faire place à la créativité que seul l’Esprit est capable de susciter. C’est trouver le courage d’ouvrir des espaces où tous peuvent se sentir appelés, et permettre de nouvelles formes d’hospitalité et de fraternité ainsi que de solidarité. Par sa croix, nous avons été sauvés pour accueillir l’espérance et permettre que ce soit elle qui renforce et soutienne toutes les mesures et toutes les pistes possibles qui puissent aider à nous préserver et à sauvegarder. Étreindre le Seigneur pour embrasser l’espérance, voilà la force de la foi, qui libère de la peur et donne de l’espérance. 

"Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?" Chers frères et sœurs, de ce lieu, qui raconte la foi – solide comme le roc – de Pierre, je voudrais ce soir vous confier tous au Seigneur, par l’intercession de la Vierge, salut de son peuple, étoile de la mer dans la tempête. Que, de cette colonnade qui embrasse Rome et le monde, descende sur vous, comme une étreinte consolante, la bénédiction de Dieu. Seigneur, bénis le monde, donne la santé aux corps et le réconfort aux cœurs. Tu nous demandes de ne pas avoir peur. Mais notre foi est faible et nous sommes craintifs. Mais toi, Seigneur, ne nous laisse pas à la merci de la tempête. Redis encore : "N’ayez pas peur" (Mt 28, 5). Et nous, avec Pierre, "nous nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous" (1ère lettre de Pierre 5, 7).

Homélie du lundi 25 mars 2020, Solennité de l’Annonciation du Seigneur, année A

Livre d’Isaïe 7, 10-14. 8, 10. Psaume 39.

Lettre de la lettre aux Hébreux 10, 4-10. Évangile selon saint Luc 1, 26-38.

 

Nous voici bien éloignés physiquement les uns des autres, mais pas en pensée ni en prière.

Chers frères et sœurs, alors que nous vivons ces temps difficiles, j’aimerais, avec vous aujourd’hui, m’arrêter quelques instants, sur les deux attitudes de Marie, au moment où l’ange est entré chez elle.

Alors que nous ne savons pas combien de semaines durera ce confinement, peut-être pouvons-nous demander, pour chacun de nous , la grâce de vivre ces deux attitudes !

  • La première attitude de Marie est la confiance : Marie fait confiance.
  • La deuxième attitude : Marie est audacieuse.

“Le sixième mois, l’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une bourgade de Galilée appelée Nazareth …“Un peu à l’improviste, l’ange Gabriel fait irruption dans la vie de Marie. Marie accueille avec confiance la parole de l’ange. Elle entend cette salutation. Bien que Marie soit préparée de toute éternité, Dieu attend d’elle un “oui“ ; un “oui“ libre, profondément libre ! À Nazareth, Marie fait confiance, elle n’a pas d’autre projet que de laisser faire Dieu dans sa vie et de trouver grâce auprès de Lui.

Si Marie est confiante, elle est aussi véritablement audacieuse.

Et nous, comment réagissons-nous habituellement, sommes-nous facilement confiants et audacieux ?

Si je demande à quelqu’un dans notre assemblée de me rendre un petit service : « Peux-tu faire ceci ou cela qui est important pour moi, peux-tu m’aider ? » Peut-être allez-vous me répondre : « Oui ! Peut-être, mais de quoi s’agit-il ? Est-ce que ce sera difficile, peineux ? Me faudra-t-il beaucoup de temps pour rendre ce service ? Et… pourquoi moi, suis-je le seul compétent ? » Il me faudra, assurément, expliquer le pourquoi, le comment et la durée

De fait, peut-être aurait-il été normal qu’à l’instant où l’Ange dit à Marie : « Tu vas enfanter le Sauveur, notre Seigneur », il ajoute, au « OUI » de Marie, pour la rassurer : « Ne t’inquiète pas Marie, je vais tout t’expliquer. Tu verras, tout va bien se passer ! 

  • Alors déjà, Joseph va être très surpris. Il sera contrarié. Pourtant, ne t’inquiète pas, il aura un songe et une bonne solution sera trouvée, même si, au départ, il pense te répudier. 
  • Et puis encore, vers le huitième mois de ta grossesse, ce fou de l’Empereur Auguste va instaurer un grand recensement ; il te faudra faire cette longue route jusqu’à Bethléem. Vous aurez peut-être du mal à vous loger, mais tu verras, tout ira bien ! 
  • Après la naissance de Jésus, des mages vont arriver, les bras chargés de présents… C’est normal ! 
  • Plus tard encore, l’autre fou d’Hérode va faire assassiner tous les jeunes enfants, et il vous faudra vous enfuir en Égypte. 
  • Jésus sera un enfant très obéissant, mais quand il aura douze ans, il va faire une fugue : il restera trois jours complets dans la Temple de Jérusalem, tu auras peur de le perdre, mais là encore, ne t’inquiète pas. 
  • Quand il aura trente ans, beaucoup de disciples vont se regrouper autour de lui, et le suivre ; ils vont sillonner les routes, puis, trois ans plus tard, il sera condamné à mort, il va mourir sur la Croix. Mais… ne t’inquiète pas : Il va ressusciter ! Il sera vivant pour toujours ! »

 

Nous aurions pu imaginer que l’ange prenne le temps d’expliquer à Marie tout ce qui allait lui arriver. Nous aimerions tous cette explication, mais… après son « OUI », simplement : “l’ange la quitta“

Marie n’a aucune garantie, aucun détail sur son avenir. Pourtant, elle donne tout, tout ce qu’elle est, complètement, totalement. Non seulement, Marie fait confiance, mais elle entre, pleinement, dans le plan d’audace de Dieu, pour elle, comme pour nous.

Frères et sœurs, demandons, ce matin, d’être renouvelés dans la force de l’Esprit Saint. En ces jours, c’est Lui qui nous dévoile le mystère de Pâques, petit à petit. 

Demandons simplement de faire confiance à Dieu, même si, autour de nous, le monde est plein de contradictions, de controverses et de tristesses et que parfois, nous avons du mal à tout comprendre ! Faisons confiance à Dieu ! Comme Marie, méditons sa Parole !

Entrons dans l’audace de Dieu, pour nous, pour nos familles, pour notre Paroisse et pour le monde !

Que Dieu soit béni pour Marie, confiante et audacieuse !

Que Notre-Dame de l’Espérance nous guide.

AINSI SOIT-IL !

Une Homélie du père Patrick Gaso pour ce 4° dimanche de Carême

(St Jean 9, 1-41 - Guérison de l'aveugle-né)

Ce quatrième dimanche de Carême nous invite de passer des ténèbres à la lumière ! Et cela dans la Joie !

Dès la première lecture, nous pouvons être frappé par la façon dont Dieu regarde l’homme : « Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur ».

Toute la liturgie chrétienne est cette invitation de passer des ténèbres à la lumière!

Pouquoi ? Pour que notre vie en son cœur soit illuminée ! Il y a donc une écoute, une décision, une action et peut-être même, un combat ! Comme nous le précise St Jean dans son Prologue : « La lumière est venue dans le monde ! Les ténèbres ne l’ont pas accueilli ! »

   Mais est-ce si facile de sortir des ténèbres, de sortir de nos obscurités ? Cela peut paraître surprenant : certains ne le veulent pas ! Incompréhensible ! Il sera même difficile d'essayer de convaincre ! Il nous reste le témoignage et la prière !

   Mais nous-mêmes, acceptons-nous si facilement la lumière ?

L’évangile d’aujourd’hui nous montre trois attitudes différentes devant Jésus, lumière du Monde ! Les Pharisiens, les parents et l’aveugle : nous assistons à 3 réactions différentes !

-->  Les Pharisiens s'enferment de plus en plus dans leur refus.

Au début, ils semblent admettre le fait de la guérison : "Comment as-tu recouvré la vue ? Mais ensuite les plus hostiles accaparent le débat et jettent le doute dans l'esprit des gens : "Après tout, qu'est-ce qui nous prouve qu'il était vraiment aveugle ?"

Lors du dernier interrogatoire, ils ne cherchent plus du tout la vérité. C'est le drame des Pharisiens : ils croient voir et savoir et pourtant, il se ferment à la lumière :

  • "Cet homme ne vient pas de Dieu ! La preuve, il guérit le jour du sabbat !
  • "Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur !"

-->  Les parents de l'aveugle-né sont interrogés. Ils SONT en demi-teinte avec la vérité:

"Oui ! Nous sommes certains que c'est bien notre fils et qu'il est né aveugle. Comment maintenant il voit, nous l'ignorons ! Qui lui a ouvert les yeux, nous l'ignorons ! Interrogez-le !

Les Pharisiens disaient : "Nous savons !"

Les parents disent : "Nous ignorons", et nous ne voulons pas savoir.


-->  Mais c'est l'attitude de l'aveugle qui doit nous interpeller davantage au cours de cette montée vers la lumière de Pâques.

D'abord il n'a rien dit. Il a perçu la présence de Jésus devant lui, sans le voir.

Il a entendu ensuite des paroles étranges : "Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde". Mais à quoi bon parler de lumière à un aveugle-né ?

C'est alors qu'il a senti la boue appliquée sur ses yeux, comme si Jésus voulait signifier par là: "le Créateur a fait l'homme avec la glaise du sol, et moi je le recrée avec un peu de boue".

Et l'aveugle a obéi. Toujours sans rien voir. Il s'est rendu à la piscine de Siloé, la piscine de l'Envoyé, il s'est lavé à la piscine indiquée par Jésus, l'Envoyé de Dieu. Là encore, rien ! Mais au retour, il voyait.

La très belle conclusion du récit est pour chacun de nous en ce Carême : nous sommes aveugles de naissance, guéris par le baptême !

Il nous faudra apprendre sans cesse à voir le monde, les choses de la vie, les autres, nous-mêmes, avec le regard du Christ. Il nous faudra la même ouverture de cœur que cet homme. « Crois-tu au Fils de l´homme?» Il répondit : «Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui?» Jésus lui dit: «Tu le vois, et c´est lui qui te parle.» Il dit : «Je crois, Seigneur», et il se prosterna devant lui.

N’oublions pas cette phrase de la première lecture de ce dimanche de Carême, qui dit à propos de David : « Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l´apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » Ainsi soit-il

Homélie du mercredi 11 mars 2020, 2e semaine de Carême, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 20, 17-28. Psaume 30. Lettre du prophète Jérémie.

 

    Voilà un texte biblique à la fois riche et surprenant ! Surprenant car les mamans sont vraiment incroyables ! Elles sont tout à fait capables de faire cette demande ! « Hey Jésus ! Mes enfants, peux-tu les prendre avec toi et les mettre à une bonne place ? »

    Remarquez, dans la scène, que c'est la maman qui a fait la démarche pour ses deux fils ! Les deux frères n’ont pas eu cette audace ! Peut-être ont-ils dit à leur maman : « S’il te plait maman, va demander à Jésus ! » 

    Pensez donc ! Être à la droite et la gauche du Seigneur dans le Royaume à venir, c’est une place privilégiée. Quel honneur pour la famille et quelle assurance pour la vie à venir !

    Avez-vous bien entendu la réponse de Jésus ? Elle est toute en douceur ; Il ne s’offusque pas et répond simplement que cela dépend du Père, et que, de toute façon, le partage de la gloire de Jésus suppose aussi le partage de tout son destin, y compris le baptême de souffrance, qui a commencé pour Jésus.

    Le projet de préséance des deux frères a, bien sûr, fait gronder les dix autres ! Mais là encore, tout en douceur, Jésus les appelle et prend ce prétexte pour donner une catéchèse sur la vraie grandeur. 

Le premier réflexe du disciple de Jésus doit être,

non pas d'être servi, mais de servir et de livrer sa vie.

D'un seul coup, sont balayées toutes les prétentions des deux frères ; mais surtout nous sommes ramenés, nous-mêmes, au quotidien de notre vie et à notre échelle de valeurs. Notre existence vaudra, non par les charges que nous aurons occupées ou par les travaux que nous aurons menés à bien, mais par la bonté que nous aurons semée et l'amour que nous aurons "mis en œuvres", parfois même, dans  des conditions parfois difficiles. Nous le savons, frères et sœurs, mais l’avons-nous bien compris pour nous-mêmes ?

     Et cela va très loin dans notre vie et très profond dans notre cœur. Jésus nous demande de mettre fin à tout réflexe de supériorité, à tout désir d'autoréalisation.

    Notons quand même la réponse extraordinaire et vraie des deux frères ; quand Jésus leur a demandé : "Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ?", la réponse est immédiate : sans hésiter un instant, ils ont répondu : « Nous le pouvons ! », sachant bien qu'il s'agirait de souffrir avec le Christ. 

    Jésus n'a pas contesté ni récusé leur audace, qui était une belle preuve de leur amour. Et de fait, Jacques sera le premier à donner sa vie, puisque le roi Agrippa I le fera martyriser, très rapidement, dès l'année 44.

    La demande mal orientée de ces deux frères pourrait être aussi la nôtre, aujourd’hui ! Ayons plutôt cette audace dans le don de soi, du service total qui ira jusqu’au don de nous-mêmes pour le Christ !  Ce sera toujours un beau témoignage de foi et c’est cela que le Seigneur attend de chacun de nous !      

          Demandons d’être de bons serviteurs au service de notre famille, de la Paroisse et du monde !     

                                                                                                                            Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 9 mars 2020, 2e semaine de Carême, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 6, 36-38. Psaume 78. Lettre du prophète Daniel 9, 4-10.

 

Voilà un court évangile, mais d’une densité incroyable !

Les paroles que nous venons d’entendre dans cet évangile de St Luc, peuvent donner le vertige à ceux qui les écoutent. Jésus exprime ici plus qu’une règle de bienséance, plus qu’un simple savoir-vivre dans le respect de tout le monde, plus que de vivre de non-violence, plus que de porter un regard de bonté sur les autres.

Jésus veut nous enseigner à propos d’un élément essentiel ; en réponse à la spirale de la haine, Il nous invite à répandre sur un monde en manque d’espérance et d’amour, une surabondance de miséricorde.

- Au lieu de déverser la haine, Il nous invite à faire le bien, 

- Au lieu de la malédiction, Il nous invite à bénir.

…/… « Car la mesure dont vous vous servez pour les autres, servira aussi pour vous. »

Pour nous en montrer la faisabilité, Jésus l’a vécue, vraiment, totalement. Il a supporté tous les coups sans en condamner les auteurs. Rappelez-vous ses mots au sommet de la Croix : « Père, pardonne-leur ! »

Pour chacun de nous, cela peut paraître trop exigeant ! Certains vont me dire :   je ne suis pas Jésus ! Il avait Lui, des grâces que je n’ai pas reçues !

Nous savons que nous ne sommes pas parfaits, et en l’affirmant, j’espère ne choquer personne. Il est vrai que nous ne sommes pas parfaits ! 

Le chemin proposé par Jésus peut même nous sembler surement trop étroit et la montée assez rude… mais il nous faut comprendre que :

- Oui ! Cette attitude est possible ; 

- Oui ! Nous pouvons imiter Jésus dans notre façon d’être, dans notre façon d’agir.

Des grâces nous sont données ! Je suis certain que plusieurs d’entre nous pourraient dire qu’à un moment ou à un autre : j’ai réussi à pardonner, j’ai réussi à réprimer un mouvement de colère, j’ai réussi à modifier mon regard pour qu’il ne soit pas un regard de haine… alors que cela me paraissait vraiment impossible !

 Pour avancer sur le chemin du Carême, il nous faut être pétris dans la contemplation de Celui qui a lancé au monde de tels propos, parce qu’Il était, lui-même, en vérité et en actes, la miséricorde incarnée.

Durant ces semaines qui nous conduisent à Pâques, il nous faudra vivre, pour nous-mêmes, cette miséricorde. Je suis persuadé que, tant que nous n’avons pas été personnellement et intérieurement bouleversés par la miséricorde de Dieu, nous aurons du mal à être miséricordieux comme Dieu est miséricordieux.

La foi nous l’apprend : il ne suffit pas d’être pleins de tendresse, de gentillesse, de bonté, d’amabilité, « les païens n’en font-ils pas autant ! » (Mt 5,46)

Ce temps de Carême nous pousse au-delà d’une simple gentillesse humaine. 

C'est Dieu qui voit, dans le secret, le don que nous faisons de nous-mêmes sans que personne sur terre ne le remarque. 

Lui seul sait la mesure avec laquelle nous donnons ou laissons prendre. Il prendra la même mesure pour nous combler, et il mettra sa joie à la faire déborder.

Ainsi soit-il

Homélie du mercredi 4 mars 2020, 1ere semaine de Carême, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 29-32. Psaume 50. Lettre du prophète Jonas 3, 1-10.

 

Comme je vous le disais en introduction, il y a tout juste une semaine, nous fêtions le mercredi des Cendres ! C’est-à-dire, une journée de jeûne, une journée de pénitence. 

Tout au long de cette première semaine de Carême, la liturgie, l’Église, nous aident à mieux découvrir qui est Dieu pour chacun de nous, qui est Jésus pour moi. 

L’invitation est là :  comment mieux Le connaître pour lui ressembler, comment prendre du temps avec Lui. Pourquoi ? Afin qu’Il me permette de découvrir ce que je dois changer et convertir !

L’évangile que nous venons d’entendre fait suite à une guérison, plus précisément à un acte de libération : Jésus vient de chasser un Démon !

La foule a vu, elle a entendu et pourtant… elle Lui réclame un signe venant du ciel, un prodige supplémentaire qui les obligerait, en quelque sorte, à croire en Lui. C’est-à-dire : un signe du ciel pour prouver qu’il vient bien de la part de Dieu.

La réponse de Jésus est directe, presque cinglante : à ceux-là, comme à nous, « il ne sera donné que le signe de Jonas ». 

Nous avons entendu l’histoire de Jonas dans la première lecture, et nous savons qu’elle est bien connue dans notre monde chrétien, et aussi au-delà. 

Jonas est un prophète atypique, somme toute bien sympathique, peut-être en raison de son franc-parler et de son caractère un peu boudeur (et peut-être que pour les Français, cela parle davantage).

Pourquoi, aujourd’hui, Jésus me parle-t-il de Jonas ?

À vrai dire, le signe de Jonas se situe à deux niveaux :

  • Tout d’abord par son message de conversion qui a été entendu dans une ville étrangère, une ville païenne, par les habitants de Ninive.
  • Puis, un peu plus tard, lorsque Jonas a été avalé par le monstre marin ; il est resté invisible durant trois jours et trois nuits et cela fait référence à la mort de Jésus et au premier message de sa résurrection.

Ce jour-là, dans l’évangile, la parole de Jésus se situe au premier niveau, c’est-à-dire : une invitation à une écoute et à un vrai changement

Nous pouvons constater ici un paradoxe : Jésus, Fils de l’homme durant sa vie terrestre apporte, Lui aussi, un message de conversion et, alors que Jonas a été entendu et écouté par un peuple étranger, voilà qu’Il se voit contesté dans son propre peuple… et pourtant, Jésus est bien plus que Jonas

Comme si ce rappel ne suffisait pas, Jésus en appelle à la reine de Saba. Cette reine illustre, avait fait la démarche de venir depuis son lointain royaume, pour entendre la sagesse du roi Salomon. Si elle, l’étrangère, a fait ce long voyage pour entendre les proverbes d’un roi, pourquoi les auditeurs de Jésus se détourneraient-ils de Lui, alors que du milieu d’eux, Jésus leur dévoile la réalité, le mystère du Royaume ?

Surprenant !

Peut-être vivons-nous le même paradoxe ?

À notre génération comme à celle d’hier, il ne sera pas donné d’autres signes que celui de Jonas. Or, avec Jésus, en Jésus, il y a bien plus que Jonas, bien plus que la reine de Saba, bien plus que Salomon : Il est la Parole vivante !

Frères et sœurs, si nous entendons ce texte tout particulièrement à la fin de cette première semaine de Carême, peut-être est-ce parce que nous avons besoin de nous mettre davantage à l’écoute de la Parole de Jésus.

Un signe nous sera donné, un signe nous est déjà donné : un grand signe que les chrétiens reconnaissent ! C’est le signe du Fils de l’homme crucifié, c’est-à-dire le signe de Jésus en croix, le signe de Jésus donnant sa vie pour la multitude.

En ce jour, demandons, pour cette nouvelle semaine qui commence, la grâce d’une conversion, la grâce d’une écoute plus profonde de la Parole de Jésus !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 2 mars 2020, 1re semaine de Carême, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 25, 31-46. Livre des Lévites 19, 1-2.11-18. Psaume 18b.

 

Ce qui est certain, c’est que l’évangile que nous venons d’entendre ne laisse pas indifférent ! Il nous fait réagir, dans un sens ou dans un autre.

Beaucoup aiment cet évangile, certains autres sont surpris. Pourquoi sont-ils surpris ? Parce qu’il y a un jugement ; Dieu juge ! Dieu sépare ! Dieu met à droite ou à gauche !

 C’est cela qui peut surprendre certains d’entre nous : 

Comment ? Un Dieu qui juge ?

Un Dieu qui émet une sentence de salut ou une sentence de condamnation ?

Est-ce possible ? Pourtant, Dieu est bon !

Dieu aurait-il des exigences, ou aurions-nous mal compris ?

De fait, en énumérant la gravité et les conséquences de nos actions humaines, Dieu veut souligner l’importance de la charité concrète dans l’existence quotidienne du chrétien.

Oui ! Dieu émet une sentence de salut ou de condamnation !

Sans aucun doute, cette affirmation vient mettre à terre l’idole “en sucre d’orge“ fréquemment édifiée par la mentalité contemporaine d’après-guerres. Autant le 19e siècle, avec le jansénisme, avait proposé une vision faussée de Dieu, doloriste, autant notre époque nous propose une vision faussée également, un peu mièvre et doucereuse.

Cet évangile nous provoque selon trois pistes de réflexion ; j’y ajouterai un défi.

  • Première piste : le service des déshérités, le service des pauvres, peut prendre de multiples formes. La charité doit nous rendre inventifs et, dès maintenant, c’est à l’aune de la charité que nous serons jugés aux yeux du Christ. Les belles paroles ne suffisent pas !
  • Deuxième piste : la portée de nos actes ne nous sera pleinement dévoilée que lors de l’avènement du Christ glorieux. N’attendons pas, dès maintenant, de gloriole, de fleurs, de sonnerie de trompette. Il nous faut simplement être certains de servir le Christ en servant nos frères.
  • Troisième piste : toute vie peut paraître enviable et bien remplie, mais elle reste parfois et même souvent difficile… Peut-être même sommes-nous malades, isolés, déçus… ! Au terme de notre existence terrestre, que pèsera cette vie devant notre Seigneur ? Il est bien difficile de le savoir. Pourtant, nous le savons, ce ne seront ni la richesse ni l’importance de notre compte bancaire qui feront la différence. De même, nous ne pourrons jamais ajouter un jour à notre vie par un moyen quelconque ! C’est dans l’aujourd’hui que nous pouvons aider, accompagner, aimer…

Frères et sœurs, une existence ne pèse que son poids d’amour !

 

Un défi ?

C’est un défi que nous recevons en ce début de Carême, un défi à la fois énorme, impossible avec nos simples forces et pourtant accessible, par la grâce de Dieu : imiter le Christ !

La première lecture est le rappel de ce défi ; elle nous lance une invitation : « Soyez saints, car moi, le Seigneur, je suis saint. » Voilà le défi de ce jour : celui de la sainteté

Ce matin, demandons pour chacun de nous cette force et la certitude que le Seigneur nous veut, pour toujours, auprès de Lui !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 1er mars 2020, 1er dimanche de Carême, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 4, 1-11. Livre de la Genèse 2, 7-9 ; 3,1-7a. Psaume 50.

Lettre de saint Paul aux Romains 5, 12-19.

 

Mercredi dernier, avec le rite des Cendres et le jeûne, nous sommes entrés en Carême. Mais que signifie : « entrer en Carême » ? Plusieurs personnes m’ont posé cette question !

Dans un langage un peu vigoureux, cela signifie :

- commencer un temps d’engagement particulier dans le combat spirituel qui nous oppose au mal présent dans le monde, en chacun de nous et autour de nous. 

- regarder le mal en face et se disposer à lutter contre ses effets, en particulier contre ses causes, jusqu’à la cause ultime, qui est combattre Satan.

En disant cela, certains vont me dire, « C’est vraiment exigeant » D’autres, « je n’ai pas tout compris », et d’autres encore : « ça va être laborieux ! »  

En réalité pas du tout ! Le Carême n’est ni un cauchemar ni une mission impossible ! Oh non !

J’ai donc plusieurs remarques à vous soumettre, ce matin. Je vais essayer d’être synthétique !

 

Première remarque : l’Évangile que nous venons d’entendre est appelé, habituellement, le récit des Tentations de Jésus. Il vaudrait mieux l’appeler autrement, j’aimerais l’appeler : l’Évangile de la Victoire de Jésus. 

Pourquoi ? Dieu est plus fort que notre péché. Si, à la fin de cette célébration, vous avez un peu de temps, je vous propose de venir contempler ce tableau (à votre droite) qui représente justement la fin de l’évangile que nous venons d’entendre. 

Il me semble intéressant de commencer notre Carême par la contemplation d’une victoire : Jésus victorieux ! Oui ! Jésus est victorieux !

Oui ! Jésus est victorieux, sur le Mal : c’est-à-dire sur Satan ! Comprendre cette réussite est important parce que nous avons besoin de cette victoire, besoin de comprendre que Jésus a su vaincre le Mal, que le Mal s’est comme brisé sur sa Personne. (Certains pourraient dire, dans un langage plus familier, que le « mal s’est cassé les dents » sur Jésus !)

§ Toute la vie du Christ est une victoire sur le Mal ! Toute sa vie est un NON à la mort, un NON au mensonge, un NON à l’idolâtrie, un NON à la haine et au péché.

§ Toute sa vie est une victoire et la Croix, dans cette perspective, est la victoire absolue, puisqu’elle est la victoire de l’amour et du pardon qui se donnent jusqu’au bout.

Frères et sœurs, cette victoire nous révèle quelque chose d’inouï : Dieu nous a donné son Fils pour que nos vies, notre humanité, notre histoire trouvent en lui, la source du salut.

Retenons que nous sommes sauvées parce que Dieu est plus fort que le Mal, plus fort que nos compromissions avec le péché !

 

Deuxième remarque : avant la Tentation de Jésus au désert, il y a eu un autre lieu où l’homme a été tenté !

C’est celui dont nous parle la première lecture : le jardin d’Éden, le « paradis terrestre », comme on le dit couramment. 

Ce jardin créé par Dieu, (selon le récit de la Création) devient, dans notre récit aussi, le jardin de la tentation

Nous y voyons Ève et Adam, nos ancêtres en humanité, nos “protoparents“, subir puis céder à la tentation. C’est là qu’ils sont tiraillés entre choisir leur volonté propre, ou choisir le respect de la volonté de leur Créateur qui leur a interdit de se substituer à Lui en mangeant le fruit de l’arbre du bien et du mal.

Vous connaissez l’histoire : alors qu’ils avaient reçu cet avertissement de ne pas manger du fruit de l’arbre, Ève et Adam vont franchir librement et en conscience, les limites inscrites par Dieu ! 

Pourtant, ils avaient été prévenus. Ils vont donc céder au Tentateur, céder au Diviseur, au « Diabolos » qui nous est décrit sous la forme d’un serpent.

De quelle tentation s’agit-il ? Il s’agit de la tentation, à la fois de se prendre pour Dieu et aussi de se passer de Lui ! Ce désir sera plus fort que leur attachement à leur Créateur. Ils vont donc faire le choix d’une rupture vis-à-vis de Dieu… et c’est le drame !

Ils en paieront les conséquences, entraînant avec eux toute leur descendance (c’est-à-dire nous tous). Par Adam, comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : « par un seul homme, le péché est entré dans le monde. »

Nous remarquons donc que la première lecture et l’Évangile de ce jour se répondent. 

La Tentation de Jésus au désert sera donc la réponse à l’échec de la première tentation dans le livre de la Genèse ! 

Pour Jésus, ce désert va être aussi le lieu des tentations. À nouveau, le Tentateur va jouer de séduction et de mensonges ! En se retirant au désert, Jésus accepte d’entrer dans ce combat, mais dans ce combat entre Dieu et Satan, entre Dieu et l’Adversaire des origines, par trois fois, Jésus remportera cette victoire !

Comme le dit encore saint Paul : par la désobéissance d’un seul, la multitude a été rendue pécheresse, de même, par l’obéissance d’un seul la multitude sera rendue juste ! Par son « oui » total à son Père, Jésus victorieux nous montre ce chemin de résistance et de victoire !

 

Troisième remarque : Nous entrons effectivement dans la première semaine de Carême, avec cette audace de croire que Dieu est présent au cœur de nos déserts… présent dans tous mes déserts où règnent mes conflits, mes contradictions, mes misères…

Il me faut le laisser éclairer ma vie, le laisser m’aimer au cœur même de ce qui cloche, de ce qui est tordu, jusqu’au plus petit détail honteux de ma vie que je voudrais oublier !

Voilà notre lieu de conversion : permettre à Dieu d’agir et de faire du neuf, du droit, du beau dans notre vie. 

Là est le lieu de notre combat durant ce temps de Carême ! Voilà, ce que signifie cette « Entrée en Carême » ! 

 

Retenons ces trois réponses de Jésus ! Inscrivons-les dans notre cœur et notre intelligence !

« L’homme vivra de la Parole de Dieu » c’est un appel à écouter Dieu, en lisant sa Parole, en la goûtant, 

«Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu » :c’est un appel à la confiance en Dieu.

« C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à Lui seul, tu rendras un culte » c’est un appel à choisir Dieu en toute occasion.

Ces trois réponses sont le secret de la victoire du Christ pendant ces quarante jours au désert et cela durant toute sa vie.

Voilà, frères et sœurs, ce que nous pouvons retenir pour cette entrée en Carême ! Ce sont les paroles de notre victoire et de notre certitude de bonheur dans le Christ. 

Nous fêterons cette victoire tous ensemble au dimanche de Pâques. C’est l’engagement et peut-être un défi pour chacun de nous !

Pour y arriver, gardons confiance et prions les uns pour les autres !

Demandons cette grâce pour chacun de nous, pour nos familles, pour notre communauté, pour notre paroisse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 23 février 2020, 7e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 38-48. Livre des Lévites 19, 1-2.17-18. Psaume 102.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 3, 16-23.

 

Un épisode en paroisse m’a marqué et me marque encore. 

Cela s’est passé au début de mon ministère, il y a quelques années déjà, en Nord Isère, un peu au-dessus de Bourgoin, en direction de Lyon. J’ai vécu là une situation assez particulière, à la fois dramatique et édifiante. À la sortie d’une discothèque, il y a eu lieu un grave accident, un accident stupide. Peu importe sur qui ont pesé les responsabilités ! Dans les deux voitures qui se sont percutées violemment, se trouvaient des jeunes. Les deux conducteurs étaient morts sur le coup. C’étaient des jeunes que je connaissais, des jeunes de la paroisse. Pour les funérailles du jeune qui conduisait la première voiture, l’église était bondée de ses amis, familles et connaissances. Vous pouvez imaginer la vive émotion.

Alors qu’allait commencer la célébration, j’aperçois la maman du conducteur de l’autre voiture, ouvrir la porte de côté de  l’église et entrer. (Les funérailles de l’autre jeune homme étaient prévues quelques jours plus tard).

Lorsque les deux mamans se sont aperçues, leurs regards se sont croisés et dans l’assemblée, il y a eu un silence intense. Elles se sont avancées l’une vers l’autre et se sont embrassées.

Pour ces deux mamans éprouvées, un signe de compassion s’est manifesté. C’était aussi le signe d’une réconciliation entre deux personnes qui auraient pu devenir ennemies. Nous avons vécu, à ce moment-là, une visitation de soutien et de pardon et le baiser de paix échangé était d’une rare intensité.

Si je vous raconte cet événement ce matin, c’est que ce jour-là, nous avons vécu quelque chose de très fort. En relisant les textes de ce dimanche, en particulier la phrase de Jésus : « Eh bien ! Moi je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent… », cet épisode a resurgi dans ma mémoire. 

Priez pour ceux qui vous ont fait du mal !

Que dire devant l’exigence d’une telle parole ? Comment réagissons-nous ?

Nous pouvons nous sentir incapables de faire une telle prière, d’oser un tel geste de pardon vers l’autre, en difficulté d’un tel amour parce que la souffrance est trop vive, trop intense en nous ! Sans doute faudra-t-il laisser le temps apaiser la douleur pour que la cicatrice puisse se refermer, petit à petit. Peut-être ?

Il peut y avoir aussi une autre solution, une décision courageuse et salutaire ! Celle, par exemple, que toute une assemblée meurtrie par la perte et le deuil, a vue et vécue ce jour-là : ces deux mamans qui se sont retrouvées et qui, très vite, ont perçu la nécessité de cet espace de paix ; Aimez ceux qui vous font du mal (volontairement ou non) ! Aimez même vos ennemis !

Frères et sœurs, dans notre assemblée, peut-être pensez-vous que nous ne vivons pas tous des situations aussi singulières et difficiles… C’est vrai ! Et en entendant cette parole : aimez vos ennemis, vous pouvez penser aussi que cette exigence n’est pas pour vous, que vous n’avez peut-être pas d’ennemis (du moins le pensez-vous !)… Mais est-ce si sûr ?

L’ennemi n’est pas seulement l’ennemi durant un temps de guerre, ou celui qui est responsable d’un drame qui vous est arrivé. L’ennemi, ou celui que je considère comme tel, est peut-être tout près de moi, dans mon voisinage, mon quartier, ma famille ou sur mon lieu de travail. Ce peuvent être également :

  • Des parents ou des enfants avec lesquels nous sommes brouillés… 
  • Un collègue de travail qui a reçu la promotion que j’espérais et pensais obtenir et, du coup, un fond de moi je ressens quelque chose qui me fait mal…
  • Un voisin indélicat que je ne supporte plus et quand je le croise dans l’escaler, je détourne la tête.

Comment trouver en nous, le courage de pardonner, si ce n’est en nous tournant à notre tour vers le Seigneur pour qu’Il nous donne sa force et nous redise sa présence aimante ! Ne l’oublions pas, le projet de Dieu pour chacun de nous, est un projet de paix, un projet d’espérance !

Bien sûr, nous l’expérimentons, la rancune, la colère, la vengeance sont comme une gangrène qui nous plonge dans une tristesse durable. Nous savons bien quand nous repensons à telle ou telle scène, que cela réactive en nous comme une sourde colère qui a du mal à s’effacer et qui impacte notre façon d’être.

Jésus ne nous propose pas une vie spirituellement rabougrie du style “œil pour œil“, “dent pour dent“… Pourtant déjà, la loi du Talion était un progrès incroyable par rapport à une vengeance privée et non contrôlée !

Le livre des Lévites que nous avons entendu en première lecture exprime cette progression qui culminera dans les paroles mêmes de Jésus : « Tu ne te vengeras pas. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Pour Jésus, il nous faudra faire comme un pas de plus, une étape supplémentaire à laquelle Il nous invite, car le cœur de son message est une conformité à Dieu : soyez parfait comme votre Père céleste est parfait !

Ce n’est pas seulement “soyez parfait“ tel un vernis esthétique, car nous ne recherchons pas un idéal héroïque !  Nous n’y arriverons pas avec nos propres forces (nous le savons bien !) Mais Jésus nous dit : soyez parfait comme votre Père céleste est parfait ! C’est bien à une invitation à une ressemblance, ! cela est bien différent ! 

Jésus nous propose, en quelque sorte :

  • d’aimer comme Dieu nous aime, ou encore : 
  • de nous aimer les uns les autres comme Dieu nous a aimé. 

Il s’agit d’avoir ce désir, un peu fou, d’imiter Dieu. Nous sommes conviés à lui ressembler, ou d’avoir les mêmes dispositions que Lui !

Frères et sœurs, il n’y a pas de recette miracle pour affronter les difficultés de la vie ; Dieu nous invite à nous laisser habiter par son regard, habiter par sa Parole, habiter par son cœur, et cela dans toutes nos relations, que ce soient celles avec tous ceux que nous côtoyons régulièrement ou celles au-dedans de nous.

Aimer comme Dieu aime !

Cela ne veut pas dire que nous pourrions annexer l’autre pour profiter de lui en prétendant que nous l’aimons pour le mettre dans notre poche ou imaginer ce qu’il peut nous rapporter !

  • Aimer comme Dieu aime, ce n’est pas faire partie d’une sorte de club privé en se désintéressant des autres parce qu’ils ne pensent pas comme moi.
  • Aimer comme Dieu aime, ce n’est pas simplement se donner bonne conscience en faisant un petit geste, avant de penser à autre chose et poursuivre son chemin.
  • Aimer comme Dieu aime, c’est aimer comme Jésus, d’un amour vrai dans un don sincère de soi.
  • Aimer comme Dieu aime, c’est aimer, même s’il n’y a pas de retour ou de réponse de l’autre, c’est-à-dire aimer d’un amour gratuit.
  • Aimer comme Dieu aime, c’est renoncer à la vengeance, c’est tenter de faire un pas vers l’autre, et demander la grâce du pardon.

Frères et sœurs, voilà ce qu’il nous faut (ré)apprendre et (re)découvrir.

Le Christ nous montre le chemin ! Pour le suivre, Il nous donne son Esprit de sainteté. En nous y disposant, nous recevons tout de Lui pour être, comme le dit saint Paul : « tout au Christ ».

Le premier moyen que l’Église nous donne est le baptême (et à sa suite, la Confirmation). Le deuxième moyen efficace est le sacrement du pardon, reçu dans la confession. C’est un moyen extraordinaire pour débloquer des situations parfois bloquées. 

- Comment réussir à demander pardon si, en moi-même, je n’ai pas un cœur consolé ?

- Comment recevoir un pardon si, en moi-même, mon cœur n’est pas dans la paix ?

Dans le geste de paix que nous allons échanger tout à l’heure, je vous invite à porter dans votre cœur, le nom d’une personne qui, peut-être, vous a fait du mal, à laquelle il vous est peut-être difficile de pardonner, et cela afin que se réalise ce que nous aurons demander quelques instants auparavant dans la prière du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Non ! Ce ne sont pas des paroles en l’air ! Toutefois, il nous faut les incarner et les vivre.

Frères et sœurs, demandons pour cela, la force de l’Esprit Saint !

En lui, tout est possible, jusqu’au pardon reçu, au pardon donné, pour que la paix règne en chacun de nous et dans le monde !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 17 février 2020, 6e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 8, 11-13. Psaume 118. Lettre de saint Jacques 1, 1-11.

 

J’aimerais, si vous me le permettez, durant quelques instants, relire avec vous la lettre de saint Jacques. Je ne crois pas me tromper si je vous dis que nous n’aimons pas les moments difficiles de notre vie. Pourtant, notre existence est souvent parsemée de ces moments difficiles qui sont des épreuves, et qu’il nous faut dépasser avec la grâce de Dieu. Souvent, une joie véritable existe parce que nous avons dépassé justement ces épreuves.

La phrase que je retiens ce matin dans l’épître de saint Jacques est cette formule un peu provocante que je vous relis : « Considérez comme une joie extrême, mes frères, de buter sur toute sorte d’épreuves. »

Saint-Jacques poursuit : « Une telle vérification de votre foi produit l’endurance. » Que dire de ces affirmations ?

- Une première remarque : par “épreuve“, il ne faut pas comprendre uniquement les choses horribles qui peuvent nous arriver. Ce peut être compris dans d’autres sens : une épreuve sportive par exemple, un examen, un concours, l’épreuve du baccalauréat, ou un moment où il nous faut faire nos preuves, où il nous faut montrer une vraie détermination ; c’est un cap à dépasser.

- Si je reprends la fin de cette citation : « Vous le savez, une telle vérification de votre foi produit l’endurance. », cela me permet de faire une deuxième remarque : qu’est-ce que l’endurance ?

L’endurance, comme la patience, n’est pas une résignation et encore moins une défaite. L’endurance est la vertu de celui qui est en chemin. Il n’est pas immobile ni replié sur lui-même. Au moment où arrive une épreuve, il peut arriver que nous soyons totalement tétanisés, avec l’impression que « le ciel nous tombe sur la tête ». Je peux ressentir une « impossibilité de réaction »… dans un repli sur moi-même ! Dit autrement : la patience chrétienne, l’endurance chrétienne, n’emprunte pas le chemin de la défaite, mais celui de la responsabilité, le chemin de la constance, le chemin de la persévérance.

Il ne fait aucun doute que nous avons tous vécu des épreuves, et nous pourrions le confirmer en interrogeant n’importe lequel d’entre nous dans notre assemblée. L’expérience de ces épreuves parfois douloureuses, parfois tenaces, reste difficilement communicable aux autres ; difficile de les partager, même si nous arrivons à les exprimer, à expliquer ce que nous ressentons ! Même si la prière des frères nous soutient et nous aide, toutes souffrances, toutes épreuves restent propres à ma personne, tout simplement parce que nous sommes tous uniques et que notre ressenti est lié à notre personnalité et à notre histoire.

Juste un exemple : il y a quelques années, j’ai connu deux personnes victimes d’un accident ; l’un, dans un accident de voiture, et l’autre en utilisant une scie circulaire. Ces deux personnes avaient perdu le petit doigt ; pour l’un des deux, ce n’était pas très important (il lui restait encore neuf doigts !), pour l’autre qui était pianiste, l’impact était bien différent ! Même accident, même drame, même perte… mais des conséquences totalement différentes.

En relisant l’épître de saint Jacques, je vois que c’est dans ces moments-là qu’il nous faut demander cette vertu de patience en implorant toute la force que le Seigneur peut m’apporter. D’ailleurs, la patience signifie “porter sur soi“, tant il me sera difficile de faire porter à un autre cette souffrance que moi seul peux éprouver.

Le mal n’est pas à rechercher pour lui-même ; il reste une énigme. Bien souvent, nous restons sans voix devant les difficultés de la vie. Pourtant, il nous faut le courage de demander de l’aide au Seigneur. Demander : Seigneur, donne-moi la patience pour porter toutes les épreuves de la vie. Donne à chacun la patience pour porter ses épreuves, nous sommes souvent si impatients ! Quand quelque chose ne va pas, notre réflexe est souvent de crier : « Seigneur, pourquoi ? » Comme Toi-même es patient envers nous, rejoins chacun de nous ! Nous Te présentons ce matin, nos souffrances, nos épreuves. Donne à chacun cette nécessaire vertu de patience ! Donne-nous un surcroît de foi et la confiance en ton Nom !    

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 12 février 2020, 5e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 7, 14-23. Premier livre des Rois 10, 1-10. Psaume 36.

 

Chers amis, Jésus aborde dans cet évangile une question intéressante !

Nous sommes dans l’évangile de saint Marc au chapitre 7e. Jésus y pose un cas de casuistique : il s’agit de s’interroger pour savoir quel aliment pouvait être bon, mauvais, autorisé, interdit… Bref, une réflexion un peu compliquée. 

En fait, le Christ veut nous interroger sur les origines du Mal en nous, et leurs conséquences que sont nos actions. D’où vient ce Mal ? 

Pour approfondir cette réflexion, Jésus affirme, tout d’abord, que tous les aliments sont purs. Une précision : dire que « tous les aliments sont purs », ne signifie pas qu’ils sont tous comestibles. 

J’ai encore en mémoire, lorsque j’étais curé sur le Plateau du Vercors, d’avoir célébré malheureusement les funérailles d’une famille (les parents et un de leurs enfants) décédées, car ils avaient mangé une omelette avec les champignons qu’ils avaient cueillis, et ces champignons étaient mortels…

Oser dire que « tous les aliments sont purs » ne nous choque pas !

Mais à l’époque de Jésus, cette affirmation était une véritable révolution spirituelle : n’oubliez pas, et encore aujourd’hui, qu’il y a encore beaucoup d’interdits alimentaires chez nos frères juifs.

Pour Jésus, la racine du Mal ne se trouve pas dans les aliments, mais elle se situe dans notre cœur. Ainsi, nous dit Jésus, la source du Mal ne se trouve pas dans les éléments qui nous entourent (même s’il si certains peuvent avoir une conséquence mauvaise !), mais vraiment dans le cœur de l’homme

Aujourd’hui, nous disons volontiers que le cœur est le lieu des émotions, de l’amour, des sentiments…

Pour les croyants de la Bible, le cœur était le lieu de l’intelligence et du discernement. Il servait autant à aimer qu’à comprendre, à agir, à décider, autant à vouloir qu’à ressentir. 

  • C’est donc le cœur humain et lui seul, qui prend l’initiative du Mal et l’homme se laisse corrompre par le Mal. 
  • C’est le cœur qui rend impurs ou purs, nos actions et notre agir. 
  • C’est bien le cœur de l’homme, dans sa liberté, qui pose notre relation aux choses, aux corps, aux personnes.
  • Le Seigneur énumère, comme nous venons de l’entendre, une longue série de misères : « Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidité, méchanceté, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. »

Bref, tout ce Mal, qui profondément fait mal et rend notre société malheureuse, vient du dedans de l’homme. C’est cela qui rend l’homme impur !

Jésus attire donc notre attention sur notre attitude, sur notre façon d’être vis-à-vis des autres ; si le cœur humain est fait pour aimer, pour accueillir, il peut aussi ignorer et refuser l’autre dans sa détresse. Il peut même tuer. L’homme, qui est fait pour la joie, pour l’accueil et la vie, pour construire le bonheur autour de lui, peut cependant s’enfermer dans une attitude négative ; il peut aller jusqu’à détruire l’autre et, in fine, créer son propre malheur.

C’est pourquoi il est si important, tout au long de notre vie, à la suite du Christ, que nous acceptions de connaître notre cœur, de prendre du temps 

  • pour découvrir “qui je suis“, c’est-à-dire de sonder notre liberté, 
  • pour comprendre si oui ou non, je désire profondément le Bien, si oui ou non, il reste encore dans notre cœur, des parcelles qui ont besoin d’être ‘nettoyées’, purifiées,
  • pour savoir si oui ou non, nous avons donné notre vie à Dieu.

Comment connaître l’état de notre cœur ? Le moyen est tout simple ! Cela demande des temps de prière, des temps de relecture, de regarder ce qui sort de notre cœur, par nos paroles, par nos gestes, par nos indifférences. 

Si d’aventure, en faisant ces relectures, nous ne sommes pas complètement satisfaits de nos découvertes, de ce que nous faisons, de ce que nous sommes… demandons la grâce d’une nouvelle conversion !

Demandons à Jésus : 

« Aide-moi à purifier mon âme, mon cœur de tout mal, 

fais grandir en moi le désir de rayonner des dons de ton Esprit autour de moi »

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 10 février 2020, 5e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 6, 53-56. Premier livre des Rois 8, 1-7.9-13. Psaume 131.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 2, 1-5.

Nous découvrons dans ce chapitre 6e de l’évangile selon saint Marc, la description du déroulement d’une journée type de la vie publique de Jésus (particulièrement en cette première période galiléenne). 

Cette période, nous le savons, a été un succès foudroyant pour le Fils de Marie et de Joseph, le prophète de Nazareth.

Ce qui me frappe spécialement dans tout ce chapitre 6e, est l’extrême simplicité des rapports entre le Messie et son peuple. « Après la traversée, abordant à Génésareth Jésus et ses disciples accostèrent. Ils sortirent de la barque, et aussitôt les gens reconnurent Jésus : ils parcoururent toute la région, et se mirent à apporter les malades ».

À chaque rencontre, nous retrouvons ce contact plein de simplicité de la part de Jésus. Il ne se dérobe pas, Il ne fuit pas l’enthousiasme de la foule. Il ne met pas, non plus, de limite à son pouvoir de guérison, et il laisse s’émaner de sa personne, cette force de salut des corps et des âmes, qui est en Lui.

Jésus laisse faire tous ces malades, tous ceux qui ont besoin de Lui, tous ceux qui espèrent en Lui, ceux qui désirent simplement Le toucher. Que souhaitent-ils ? Saisir « ne serait-ce que la frange de son manteau ? » 

Jésus se prête à ces contacts avec bonne grâce, car sous une forme très simple, la foi de ces Galiléens rejoint une aspiration profonde. Depuis la multiplication des pains, ils savent déjà ce qu’Il a fait, même si le merveilleux tient encore une place non négligeable dans cette foi.

Dans cet épisode, nous sommes témoins de la simplicité de Jésus, 

et également de la simplicité de ceux qui accueillent le Christ !

Ces hommes et ces femmes ne posent pas de préalable à la rencontre ; ils y vont « tout de go » ! Ils saisissent humblement l’espérance que Jésus leur offre ! Ils viennent au Fils, tels qu’ils sont, sans apparat, en espérant seulement toucher, « ne serait-ce que la frange de son manteau. »

En lisant cet évangile, peut-être vous êtes-vous posé cette question : pourquoi toucher la frange du manteau de Jésus ? On pourrait presque croire à un geste magique ! 

En fait, ce geste est bien connu : la frange du manteau rappelle aux juifs qu’ils doivent observer la Loi du Dieu. Si vous en avez la curiosité et la possibilité, cherchez dans le livre des Nombres au chapitre 15!

En voici trois versets : « Le Seigneur parla à Moïse et dit : “Parle aux Israélites ; tu leur diras, pour leurs générations, de se faire des franges aux pans de leurs vêtements et de mettre un fil de pourpre violette à la frange du pan du manteau… Vous aurez donc une frange, et sa vue vous rappellera tous les commandements du Seigneur. Vous les mettrez alors en pratique, sans plus suivre les désirs de vos cœurs et de vos yeux… Ainsi, vous vous rappellerez tous mes commandements… et vous serez des consacrés pour votre Dieu. » Vous serez saints pour votre Dieu !

La frange signifie les commandements de Dieu, la Loi de Dieu. Toucher la frange signifie donc toucher ce qui symbolise le cœur de l’être de Dieu, donc le Christ. À chaque fois, la guérison que Jésus opère en nous, montre en même temps, le rappel de son obéissance au Père : au-delà de la guérison physique, là est le Salut ! Adhérer totalement par le Christ, à la volonté du Père. (C’est ce que nous pouvons comprendre quand Jésus dit ; « Va, ta foi t’a sauvé ! »)

D’une certaine façon, et par analogie, nous approcher du Christ, c’est ce que nous faisons chaque matin, ici même dans cette église saint Louis : 

  • écouter sa Parole, 
  • vivre de son Eucharistie 
  • pour que mystérieusement, un salut s’opère en chacun de nous.

Puissions-nous, frères et sœurs, encore ce matin, nous approcher du Christ, en demandant humblement pour nous, et aussi pour celles et ceux que nous connaissons, le Salut, une foi audacieuse et la guérison de ce qui a besoin d’être guéri !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 5 février 2020, 4e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 6, 1-6. Deuxième livre de Samuel 24, 2.9-17. Psaume 31.

 

Ainsi commence cet évangile : « En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine… »

Désormais, devenu populaire, célèbre même pour ses miracles et son enseignement, Jésus revient dans son village d’origine, c’est-à-dire Nazareth. Comme il a coutume de le faire, il enseigne dans cette synagogue qu’il connaît bien.

Mais cette fois, aucune manifestation d’enthousiasme, aucun “hosanna !“. Mais au lieu d’écouter ce qu’il leur dit et de le juger en fonction de ses paroles, les nombreux auditeurs de la synagogue s’étonnent et se mettent à faire des remarques surprenantes : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ? »

Ils ajoutent : « N’est-il pas le fils du charpentier ? » Nous le connaissons bien ; c’est le fils de Marie. Nous connaissons aussi toute sa parenté, ses frères et ses sœurs… (En fait, ses cousins) et : « Ils étaient profondément choqués à son sujet. »

Si nous traduisons leurs pensées, le fait de bien le connaître devenait (semble-t-il, pour eux), un obstacle pour l’entendre et le croire.

Le commentaire de Jésus est amer : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Cette phrase est devenue un proverbe presque célèbre sous une forme abrégée : « personne n’est prophète en son pays ». 

Sans doute, avons-nous pu faire cette expérience, même au sein de nos familles !

Frères et sœurs, n’écoutons pas passivement cet épisode comme une histoire passée, à la fois amusante et pathétique, car ce passage de l’évangile nous lance un avertissement implicite, que nous pourrions résumer ainsi.

« Toi qui écoutes cet évangile, veille à ne pas commettre la même erreur que les Nazaréens ! Ne dis surtout pas que : oh ! Oui, je connais bien Jésus ! »

Trop facile ! En réalité, cet évangile nous enseigne un élément important : face à sa Parole, face à sa présence, Jésus nous laisse libres. Il propose, il n’impose rien, ni ses dons ni sa façon d’être. Il fait de même aujourd’hui, pour chacun de nous. Quand nous entendons la Parole de Dieu, elle est toujours sous la forme d’une proposition :

Veux-tu m’écouter ? Veux-tu me suivre ? 

Veux-tu te convertir ?

Veux-tu venir jusqu’à moi ? Veux-tu prier avec moi ?

Toutes ces paroles, toutes ces questions sont des invitations : Jésus espère notre réponse !

Le constat que nous pourrions faire, peut-être avec étonnement, c’est que Dieu est “timide“. C’est un peu étrange de dire ces mots : Dieu est “timide“. En fait, il nous faut comprendre que Dieu ne s’impose pas. Il a bien plus de respect pour notre liberté que nous n’en avons nous-mêmes pour la liberté les uns des autres et même pour la nôtre. 

Il est possible que cela bouleverse notre représentation de Dieu… Nous qui disons que Dieu est Tout-Puissant, or voilà, qu’il se fait mendiant de notre réponse.

Comment réagissons-nous à ces questions ? Quelle réponse allons-nous Lui apporter ? 

Dire que « Nul n’est prophète en son pays » nous appelle donc :

  • à un réveil, 
  • à une reconnaissance de la présence de Dieu et de son fils Jésus, 
  • à une reconnaissance des signes qu’ils nous envoient, soit directement, soit par l’intermédiaire de leurs porte-paroles, de leurs témoins, des apôtres, des disciples.

Nous avons donc un acte de foi à poser, une audace à vivre et cela nous appartient : croire et Le suivre ! 

C’est cette grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous ce matin : la grâce de suivre le Christ, d’entendre ses Paroles et de mettre nos pas dans les siens.

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 3 février 2020, 4e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 5, 1-20. Psaume 3. Deuxième livre de Samuel 15,13-14.30 ;16, 5-13a.

 

Voilà un récit d’évangile haut en couleur ! Jésus est audacieux ; voilà qu’il traverse le lac de Galilée (ou mer de Tibériade) et il se dirige en direction de l’Est, vers la Décapole. Il est donc en plein pays païen, c’est-à-dire non-juif. Notons donc que contrairement à la loi juive, les habitants de cette région élèvent des porcs, en grande quantité !

Quel est le désir de Jésus en venant dans cette région inamicale ? Jésus aurait-il le temps de tenter une prédication devant les foules ? De fait, non ! À peine a-t-il posé le pied sur ce territoire, qu’un malheureux se présente devant Lui. C’est un homme qui souffre doublement : sa psychologie est malade et en même temps, il est possédé. Comme souvent, et nous le savons bien, il n’est pas toujours facile de tracer une frontière entre la maladie d’une part, et l’emprise du Démon d’autre part.

Prenons le temps de six petites remarques :

  • 1 : le pays des Géraséniens est un pays qui ne reconnait pas le Dieu unique. C’est justement pour cette raison que Jésus veut les rejoindre pour leur porter la Bonne Nouvelle.
  •  2 : dans ce texte, nous ne trouvons ni parabole, ni prédication, mais une libération. Ce texte pourrait nous étonner. Jésus ne traverse-t-il pas ce pays pour évangéliser ?

Oui, sans doute, mais avant toute évangélisation, il y a un accueil de l’autre dans le présent de sa vie ! Pour Jésus, évangéliser n’est pas d’abord prononcer des paroles ou même de témoigner, mais libérer de ce qui empêche de vivre.

« Je suis venu pour qu’ils aient la vie, et la vie en abondance », nous redit Jésus.

Y a-t-il donc des moments où nous nous trouvons dans un état ou dans une situation qui nous empêcherait de vivre ? Alors, de quelles libérations Jésus vient-il nous délivrer ? 

  • 3 : Jésus nous invite à regarder les emprisonnements qui peuvent aliéner l’Humain, et il veut nous en délivrer. 

Ce peut être de vivre en des lieux de mort, d’être enchainé par toutes sortes de choses… Nous voyons bien encore aujourd’hui, les chaines qui nous entravent, nous empêchent d’avancer, nous font mal…bref, ce qui nous divise à l’intérieur de soi ! 

D’ailleurs, sans doute avez-vous remarqué que le possédé de l’évangile ne dit pas “je“. À la question de Jésus : “ Quel est ton nom? “ la réponse fuse : « Mon nom est Légion, car nous sommes beaucoup. »  Ce « beaucoup » représente donc un grand nombre de contradictions dans lesquelles la Vie se laisse vaincre par la Mort. Or, le Christ est venu pour que la Vie triomphe !

  • 4 : L’ancien possédé revient à la vie.

Ce texte nous donne trois signes de vie : « Les gens voient le possédé assishabillé et revenu à la raison. » Et surtout, ayant retrouvé sa volonté propre, l’homme suppliait Jésus de pouvoir être avec lui. Ce désir « d’être avec Jésus » est déjà un signe de bonne santé !

  • 5 : Il y a plusieurs façons d’être avec le Christ ! Effectivement, Jésus lui propose une autre manière d’être avec Lui, non pas physiquement, mais par l’acte du témoignage : « Annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. »

Dans ce pays, de fait, Jésus n’a pas pu témoigner, alors, il passe le relais à quelqu’un d’autre pour que celui-ci puisse témoigner de la Bonne Nouvelle.

  • 6 : Avez-vous remarqué que, par trois fois, le Démon reconnaît la puissance de Jésus ? 

Le Démon sait qui est Jésus, et il comprend très bien l’action que Jésus est en train de vivre. Dès le moment où le possédé voit Jésus, le Démon crie : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-haut ? »

Une des façons d’agir du Démon est le marchandage. Or, on ne marchande pas avec Dieu ! Au moment où les esprits impurs proposent un marchandage à Jésus : « Envoie-nous vers ces porcs » (animaux impurs), et nous te laissons cet homme, Jésus accepte, mais aussitôt, pour montrer que ce marchandage n’a aucun sens, le troupeau va s’engloutir dans la mer.

Peut-être pourrions-nous, tout au long de ce jour, réfléchir à ce texte si riche d’enseignements, car, d’une certaine façon, l’histoire de ce malheureux peut être aussi notre histoire. 

Quelles sont les chaines qui nous emprisonnent ?

De ‘quoi’ Jésus veut-il nous libérer ?                                                          

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 2 février 2020, Présentation du Seigneur au Temple, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 2, 22-40. Livre du prophète Malachie 3, 1-4. Psaume 23.

Lettre aux Hébreux 2, 14-18.

 

Chers amis, je vous invite maintenant à souffler vos bougies, mais gardez-les bien précieusement !

Nous voici, ce matin, dans cette belle fête de la présentation du Seigneur au Temple. C’est une fête importante, au point qu’elle supplante même la liturgie du 4e dimanche du temps ordinaire.

« Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. »

C’est une démarche cultuelle importante pour une famille qui accueille un fils !

Dans cette démarche, les parents de Jésus observent fidèlement les trois rites prescrits par la Loi. Quels sont-ils ?

  • Le premier rite est celui de la circoncision que le nouveau-né, de sexe masculin, reçoit huit jours après sa naissance.
  • Le deuxième rite prescrit que le 40e jour, la mère doit se présenter au Temple (ou à la synagogue) pour la purification rituelle. Ce rite n’a pas été conservé par les premières communautés chrétiennes. Ce n’est pas que la maman ait particulièrement commis un péché, mais il faut le comprendre comme une protection. Il y a eu tout d’abord écoulement de sang au moment de la naissance (pour les juifs, le rapport au sang est important), mais c’est aussi pour préserver la maman de tout rapport sexuel après un accouchement. C’est donc, pour la maman, une question de prudence et de respect !
  • Le troisième rite est celui auquel nous assistons ce soir par la lecture de l’évangile : c’est celui de la présentation de l’enfant nouveau-né (le fils premier-né) au Temple. La famille est pauvre. Elle ne peut pas offrir l’agneau prescrit, mais seulement deux colombes, l’offrande des pauvres.

Nous voilà arrivés au Temple de Jérusalem, et ce matin, nous sommes invités à faire un zoom. Il y a un monde incroyable, entre ceux qui se trouvent sur le parvis des gentils et ceux qui sont déjà entrés dans le Temple. 

Pour avancer, nous devons nous frayer un passage dans cette foule nombreuse pour arriver à ce jeune couple en train de discuter avec un vieillard. Marie serre dans ses bras l’Offrande du monde, le propre Fils de Dieu. Joseph, lui, porte dans ses mains ces petites deux colombes. 

Près d’eux, le vieillard Syméon est là, il n’est ni prêtre, ni rabbin, ni même lévite. Il n’était pas encore au Temple lorsque Marie et Joseph y sont entrés. Poussé par l’Esprit Saint, il vient d’arriver, sans doute, un peu essoufflé. 

C’est un homme juste et saint, un fils d’Israël qui attend la promesse d’Israël. Homme de foi et d’espérance, Syméon, sans un mot, reçoit l’Enfant des mains de Marie.

À cet instant mémorable, il y a comme un « arrêt sur image » : la Nouvelle Alliance est dans les bras de l’Ancienne !

C’est l’instant de fidélité que Dieu préparait depuis Abraham, c’est le moment, à la fois d’une nouveauté en la personne de Jésus, et en même temps, le signe que Dieu continue son œuvre de salut.

Syméon, illuminé par l’Esprit Saint, son cœur débordant d’une joie indicible, l’Enfant toujours au creux de ses bras… prononce des paroles prophétiques que l’évangéliste saint Luc nous transmet. 

Sans doute connaissez-vous ce beau cantique de Syméon (le Nunc Dimitis) chanté par tant de de moines et de moniales, de consacrés au moment du dernier office de la journée.

« Maintenant Seigneur, tu peux me laisser m’en aller dans la paix, car mes yeux ont vu le Salut que tu prépares… Lumière pour éclairer les nations ».

C’est par cette appellation de la « Lumière » que Syméon désigne ce tout petit bébé ! Nous l’avons manifestée cette lumière, nous aussi, au début de cette célébration, en portant ces cierges. Cette fête est aussi nommée : “la Chandeleur“ à cause des chandelles ou “candle“ en anglais. Ces cierges signifient que nous sommes, nous aussi, des porteurs de la lumière, mais Celui qui est la Lumière, c’est Jésus. Il est cette « Lumière qui se révèle aux nations ».

C’est Lui, le phare qui doit éclairer notre monde, trop souvent obscurci et enténébré. Que deviendrions-nous si nous mettions cette église dans le noir le plus complet ? Nous serions dans l’obscurité intégrale, dans l’incompréhension totale et dans l’incapacité de nous déplacer ne sachant pas où aller. 

Oui ! Jésus est Lumière ! Ne l’oublions pas.

Lui-même le déclare : « Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres. »

En annonçant un destin universel, le salut pour tous les peuples, Syméon révèle que cet éclat tracera aussi une frontière entre ombres et lumière. Il nous faudra donc nous déterminer, faire un choix, décider où nous voulons aller, savoir où nous situer, être audacieux dans des situations parfois complexes et en demi-teinte, dans une société qui ne facilite pas notre discernement.

Toujours inspiré par l’Esprit, Syméon aura aussi une parole mystérieuse : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction. » Puis, en s’adressant à Marie, il ajoute : « … toi-même, ton âme sera transpercée d’un glaive… Ainsi, seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »

Je vous laisse imaginer l’étonnement de Joseph et de Marie. Comment ont-ils accueilli cette parole ? Cet enfant que Dieu donne à Marie, ce descendant de David, qui sera “la gloire d’Israël“ sera signe de contradiction et ne sera pas admis par tous. 

Nous le savons, le refus et la haine vont provoquer sa mort infamante sur la Croix. 

Mais au Golgotha, ce n’est pas seulement le côté de son fils qui sera percé d’une lance ; le cœur de Marie sera aussi transpercé !

Cette prophétie de Syméon, prononcée certes en termes redoutables, ne doit pourtant pas nous faire oublier que cette fête de la lumière est d’abord une fête de la joie.

Frères et sœurs, le Christ est notre lumière ! Il est notre soleil ! Non seulement, Il éclaire notre devenir, mais il nous illumine ! Peut-être savez-vous que les crêpes que nous avons goûtées ou que nous dégusterons aujourd’hui nous rappellent, de façon symbolique, la forme du soleil.

Cependant, cet aspect festif et convivial d’aujourd’hui devrait nous provoquer au moins avec deux questions :

  • Comment laissons-nous le Christ illuminer notre vie ?
  • Comment, en vivant notre mission de disciples, sommes-nous lumière autour de nous ? (Lumière dans la société, sur notre lieu de travail, dans notre paroisse, dans nos familles !)

C’est là qu’intervient la figure de la prophétesse Anne, et sans doute, est-ce une réponse et le modèle d’une fidèle consécration. Elle nous rappelle que toute vie est une invitation à la louange et au service.

La vieillesse (entendez bien !) n’est pas une désespérance. La vieillesse ne nous met pas “sur la touche“. En affirmant cela, je m’adresse plus particulièrement aux anciens de notre assemblée. Anne nous fait comprendre davantage notre vocation de priants devenant ainsi des témoins et des messagers pour les jeunes générations. 

Savez-vous que de nombreux jeunes qui aspirent à une vie consacrée sont en attente de votre espérance et de votre fidélité. 

Ce témoignage est nécessaire, afin qu’ils se consacrent, eux aussi, dans une vie de louange et de service. 

À 84 ans, Anne continue à mener cette vie simple et féconde dans la louange et le service. Quelle belle leçon !

Anne et Syméon sont les figures marquantes de ceux qui louent le Seigneur et qui ont l’audace de parler de Jésus à celles et ceux qui sont en attente du Sauveur. 

Alors, frères et sœurs, laissons-nous rencontrer encore et encore aujourd’hui, par Celui qui vient combler notre attente et faire de nous des lumières pour notre monde !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 29 janvier 2020, 3e semaine du temps ordinaire 2020, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 4, 1-20. Psaume 88. Deuxième livre de Samuel 7, 4-17
 
Si vous me le permettez, ce matin, je ne vais pas commenter l’évangile de ce jour. Pour cela, je vous invite à aller visiter le site de notre paroisse, dans la section des homélies, où vous pourrez y lire le commentaire de l’an passé.
Dans la dynamique du Dimanche de la Parole, je vais, avec vous, m’intéresser à la première lecture, au passage du deuxième livre de Samuel que nous venons d’entendre. J’espère que vous avez pu prendre le temps, ces deniers jours, de lire en entier le premier livre de Samuel, et peut-être aussi de commencer la lecture du deuxième livre.
Où en sommes-nous ? Les chapitres précédents du livre relatent la triste fin du roi Saül. Rappelez-vous ! Il avait commencé par être un prophète et un roi, puis il s’était détourné du chemin de Dieu en allant même jusqu’à s’adresser à une sorcière pour avoir des consignes. Puis le roi Saül meurt dans un grand combat, d’une façon très mystérieuse, aux côtés de ses fils. David apprend la nouvelle avec douleurs, puis il parcourt le pays. Là, le peuple le reconnaît comme roi et l’acclame. 
En réalité, David sera deux fois roi. À la mort du roi Saül, il est nommé roi d’une partie du pays nommée Hébron, dans la partie sud de la Judée. Plus tard, le reste du pays veut aussi David pour roi. Très vite, David fera de Jérusalem la capitale du pays ; c’est là qu’il va y construire son palais. Si vous vous rendez à Jérusalem, peut-être l’entendrez-vous nommée “la ville de David“.
Il emmène avec lui l’Arche de l’Alliance. Rappelez-vous aussi ! Lorsque Moïse est descendu du mont Sinaï avec les deux grandes Tables de la Loi, une Arche a été construite devenant ainsi la présence de Dieu. C’est à Jérusalem que cette Arche est présente.
David a donc la prétention de construire un temple grandiose pour le Dieu vivant. L’intention semble louable : construire un Temple à Jérusalem pour honorer Dieu, afin que les croyants aient un lieu pour L’adorer. Mystérieusement, Dieu le lui interdit en lui assurant que cette tâche sera assurée par son successeur. Voici le passage : «  … je te susciterai dans ta descendance un successeur qui naîtra de toi et je rendrai stable sa royauté. C’est lui qui bâtira une maison pour mon nom, et je rendrai stable, pour toujours, son trône royal. Moi, je serai pour lui, un père ; et lui sera pour moi, un fils.»
Ce qui est significatif dans ce contexte, c’est que le Seigneur à travers la prophétie de Nathan, promet à David un trône éternel. Ce successeur, ce fils de David, ne sera pas Salomon, bien que ce sera lui qui construira le Temple. Il s’agit du Messie, c’est-à-dire de Jésus. C’est Lui, le vrai successeur dont il est question ici. « C’est lui qui bâtira une maison pour mon nom, et je rendrai stable, pour toujours, son trône royal. » Jésus, fils de la lignée de David, construira donc un Temple bien plus grand, bien plus stable que celui de Salomon ; Il bâtira son Église. Comme Il le dit Lui-même en Matthieu 16,18 : « Je bâtirai mon Église et les portes du séjour des morts ne prévaudront rien contre elle. » ou encore, en Jean 2,19 : « Détruisez ce temple, et, en trois jours, moi je le relèverai ». C’est Jésus lui-même qui dans la nuit de Pâque rebâtira le temple de son corps.
« Moi, je serai pour lui, un père ; et lui sera pour moi, un fils.»
Cette Église est celle que nous formons ; une Église sainte, même si elle est peuplée d’hommes et de femmes pécheurs. Ce corps du Christ, cette Église sera la famille des enfants de Dieu, de l’ensemble des croyants qui pourront proclamer ensemble, comme nous le ferons tout à l’heure, la prière du Notre Père.
Frères et sœurs, puissions-nous prendre du temps pour relire les différents chapitres des deux livres de Samuel. Ils sont riches d’enseignements. Ils nous invitent à une méditation profonde et sans doute, à mieux comprendre le plan de salut de Dieu pour chacun de nous.
Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 27 janvier 2020, 3e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon Saint Marc 3, 22-30. Psaume 88. Deuxième livre de Samuel 5, 1-7.10

Voilà un évangile très intéressant qu’il nous faut comprendre plus profondément. Il fait suite au dimanche de la Parole que nous avons vécu hier. Ce matin, je vous propose d’entrer plus intimement dans ce texte et d’essayer de saisir ce que Jésus veut nous dire, avec une question qui nous interroge : qu’est-ce que le blasphème contre l’Esprit Saint ? 
Que se passe-t-il ? Une accusation est portée contre Jésus ! Elle est conséquente. Que lisons-nous : « Ce Jésus est possédé par Béelzéboul. » Littéralement, il est en accord avec le chef des démons ! Peut-être même est-il manipulé par un esprit impur ! 
Ce sont les scribes, arrivés exprès de Jérusalem, qui sont venus porter cette accusation. Remarquons que Jésus n’a pas encore été prêché dans la Ville sainte. Nous pouvons penser que ces scribes viennent justement en “avant-coureurs“ pour diffuser leurs critiques dans la foule afin de le discréditer. 
Jésus n’a pas peur ! Il les fait venir pour rétablir la vérité. Selon son habitude, il répond par une parabole, plus exactement par deux paraboles :
-         La première a trait au phénomène de division, un royaume, une dynastie, une famille ; tout cela ne tiendra pas s’ils sont divisés ! Satan ne va donc pas se faire des alliés pour se faire chasser lui-même : « Si Satan s’est dressé contre lui-même et s’il est divisé : il ne peut pas tenir. » À mots couverts, Jésus répond donc aux scribes que ce qu’ils lui disent est une bêtise, une ânerie, que cela n’a pas de sens !
-         La deuxième parabole est plutôt une contre-attaque ; si l’on veut entrer dans la maison d’un homme fort, pas de choix : il faut le ligoter, «… alors seulement, il pillera sa maison. »
Ce que Jésus est venu faire, c’est se montrer plus fort que la puissance du Mal. Il va ligoter l’adversaire, et enfin, délivrer les hommes que celui-ci a pris sous sa coupe. Pas de division en Jésus ! C’est Jésus qui vient ligoter Satan.
Nous ne connaissons pas les réactions des scribes aux paroles de Jésus, mais après ces paraboles, Jésus semble devoir parler plus clairement pour exprimer son enseignement. 
Jésus annonce une petite révolution, qui semble inconcevable pour les Pharisiens (ex : paralysé porté par les quatre porteurs qui passent par le toit) : « Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. »… les fautes contre le prochain et les offenses à Dieu, et même s’ils sont répétés. 
Voilà le principe et il est d’une générosité inouïe. Il est digne de l’amour que Dieu manifeste. 
Nous pouvons prendre conscience de la portée de son affirmation. C’est une révolution incroyable : Dieu pardonne tout ! Tout est pardonnable, mais poursuit Jésus : « Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable pour toujours. »
Qu’est-ce que cela signifie ? Ce que Jésus vise est très clair :
- S’il a expulsé Satan, c’est parce qu’il a, lui-même, ligoté l’homme fort, c’est-à-dire Satan. Satan est donc lié par Dieu.
- Blasphémer contre l’Esprit signifie dénier, refuser à Dieu son pouvoir sur le maître du mensonge. C’est le péché pour toujours, car en son essence même, il exclue la possibilité de l’intervention de Dieu. Comprenons vraiment ce que signifie le blasphème contre l’Esprit Saint : c’est exclure volontairement la possibilité que Dieu soit un Dieu d’amour, c’est exclure que Dieu intervienne favorablement et durablement dans ma vie. C’est pour cela que, traditionnellement, l’Église identifie ce péché à la désespérance volontaire et au refus volontaire de sa miséricorde.
Frères et sœurs, puissions-nous demander la grâce de croire toujours que Jésus a vaincu Satan et que Dieu m’aime d’un amour tel que si je me repens, si, avec confiance, je lui demande pardon, oui ! Il me pardonnera. Demandons aussi la force de l’Esprit-Saint pour ne jamais douter de cet amour !
                                                                                                                                           Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 22 janvier 2020, 2e  semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 3, 1-6. Psaume 143. Premier livre de Samuel 17, 32,33,37,40-51.s
Nous connaissons bien l’histoire épique de David et de Goliath. Pourtant ce matin, en quelques minutes, nous allons ensemble revisiter cet épisode, en ayant aussi en mémoire que, comme nous le savons, les chrétiens sont souvent appelés à un réel combat pour affirmer leur appartenance à Dieu.
Nous pourrons donc nous interroger sur la façon dont il nous faut combattre : de quelle manière ? Avec quelles armes ? 
Resituons, si vous le voulez bien, le contexte historique dans lequel nous sommes ! 
Saül est le premier roi en Israël. Il a suivi les directives et les conseils de Dieu, alors qu’il était jeune, au début de son mandat. Mais de fait, nous allons constater que, progressivement, il va oublier son Créateur. Avec le temps, une certaine confusion s’installe dans son esprit et, peu à peu, il s’est convaincu que ses victoires étaient vraiment les siennes et non celles de Dieu. Sa jalousie contre David sera grandissante.
Dans ce premier livre de Samuel, nous sommes donc dans les débuts, au moment d’un combat mémorable. Ce récit historique fait donc référence. Il oppose David, un tout jeune berger, au Philistin Goliath qui est un guerrier aguerri. Il y a donc une forte disproportion de puissance entre Goliath, une force brute, le héros des Philistins et la faiblesse de ce jeune David. Mais, en présence de Dieu, les rapports s’inversent.
Quels enseignements pouvons-nous retenir de ce texte, pour nous, aujourd’hui ?
Notons déjà, nous le savons, que Jésus est reconnu comme « fils de David ». En dépit de sa propre fragilité humaine, Il sera vainqueur de la mort, il fait triompher la vie !
Ce qu’il nous faut entendre, c’est que la fatalité est vaincue : le faible a vaincu le fort !
Depuis longtemps, dans les derniers siècles et les dernières décennies, ils sont nombreux à l’avoir expérimenté. Je pense, par exemple, à Mandela, qui va faire tomber l’apartheid et triompher le droit. Ce peut être aussi Jeanne d’Arc, humble jeune fille de Lorraine qui va réussir à faire couronner un roi ; ou encore, plus récemment, Gandhi qui renversera l’Empire colonial britannique avec la force de la « non-violence », du jeûne et de la prière ; c’est également l’exemple du pasteur Martin Luther King qui impose des droits civiques alors qu’il est noir, dans une société fondée et clivée par le racisme. Beaucoup n’auraient pas misé sur eux… et pourtant !
Pensons aussi à toutes ces personnes anonymes qui, dans la dureté du quotidien, font avancer l’humanité, jour après jour, au milieu de nous. Je pense aux jeunes mamans, aux jeunes papas qui élèvent patiemment leurs enfants, aux anciens confrontés au grand âge et qui pourtant demeurent là, disponibles, témoins fragiles, mais victorieux de la vie qui s’écoule. Je pense aussi aux soignants qui, bien au-delà de leurs intérêts, donnent vie, énergie et temps à leurs malades, aux couples parfois blessés dans leur fidélité et qui acceptent de se faire confiance à nouveau, aux visionnaires qui transfigurent le réel pour en manifester toute la saveur, et aux bénévoles (comme j’en connais beaucoup dans notre paroisse) qui proposent gratuitement leurs compétences au service de tous.
Dans nos combats les plus quotidiens, nous sommes, nous aussi, invités à voir grand et large ; oser croire ! Mettons toutes nos forces dans la mission en nous rappelant que “rien n’est impossible à Dieu !“ Face aux “Goliaths“ politiques, face à l’inertie d’une civilisation individualiste et impersonnelle, à la « culture de déchet », aux atteintes à l’anthropologie humaine par les lois de bioéthique insupportables, aux conjonctures défavorables, aux marchés qui dépriment face au monde monétaire odieux… affrontons, à notre tour, la force brute pour offrir un autre visage : celui de la justice, de l’amour, de l’espérance et de la confiance.
Nous savons que nos moyens sont bien souvent trop minces et faibles, mais si nous les mettons en commun, nous pourrons accomplir de grandes choses, avec l’aide de Dieu. Il est sûr que nous avons souvent l’occasion, et le devoir de batailler. Pourtant, gardons au fond de nous-mêmes cette assurance : c’est Dieu qui combat et remporte la victoire !
Frères et sœurs, très simplement, demandons cette audace de croire en toute justice que le faible peut vaincre le fort !
                                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 20 janvier 2020, 2e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 2, 18-22. Psaume 49. Premier livre de Samuel 15, 16-23

Voilà une page d’évangile qui pourrait nous laisser perplexes ! Certains me disent que cet évangile n’est pas simple à comprendre. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous ?

Il faut nous remettre dans le contexte. 

Une question est posée : Comment ce rabbi peut-il prétendre être l’Envoyé de Dieu, alors qu’il transgresse la Loi et n’observe pas les coutumes traditionnelles ? Cette question est posée à Jésus car, en effet, il ne jeûne pas, ainsi que ses disciples, comme ceux des pharisiens et de Jean le Baptiste.

La réponse de Jésus à ses contradicteurs parait manifester un certain étonnement ; Jésus leur demande pourquoi ils semblent choqués, étonnés ! Littéralement : « Le jeune rituel que vous pratiquez depuis tant de temps, n’avait-il pas pour finalité de hâter la venue du Messie ? Maintenant qu’il est présent devant vous, au milieu de vous, pourquoi donc continueriez-vous à jeûner ? »

Par cette question, Jésus effectue une sorte de retournement, car il sous-entend : “ vous devriez reconnaître qu’il est au milieu de vous, si du moins, vous vous reconnaissez parmi les invités de la noce“. 

Pour mieux comprendre à notre tour, il nous faut réfléchir à ce que signifie : « les noces de Dieu » et « l’attente du Messie par le peuple hébreux ».

L’image des noces de Dieu était bien connue dans l’Ancien Testament. Régulièrement, à travers les prophètes, nous entendions que ces noces étaient attendues et qu’elles étaient au cœur de l’espérance du peuple élu. Par exemple :

Dans le livre d’Isaïe : « Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. »

Il y a donc une relation nuptiale entre Dieu et le peuple. L’Époux n’est autre que Dieu lui-même auquel Jésus s’identifie. Alors, découle cette question : « Comment le jeûne du temps de l’attente ne serait-il pas interrompu alors que l’Époux est là ? »

Mais les interlocuteurs de Jésus ne semblent pas comprendre… Jésus continue en prenant des images et des paraboles. C’est tout d’abord l’image des deux vêtements et des deux sortes de vin. Il nous faut comprendre qu’en Lui, le passage du monde ancien au temps nouveau est déjà, en Lui, réalisé. Littéralement, il est inutile et même dommageable d’essayer de raccommoder l’ancien vêtement des usages rituels, au moyen du tissu nouveau de la grâce.

De même, il serait malvenu de verser le vin nouveau du Royaume, dans les vieilles outres de la religiosité ancienne.

Avec Jésus, nous constatons, à la fois une continuité et, en même temps, une rupture : reconnaître Jésus comme le Messie attendu, et accueillir gratuitement maintenant ce don que le Christ nous donne, dans l’Esprit.

Frères et sœurs, il nous faut reconnaître cette nouveauté du Christ dans notre vie !

Certes, Jésus ajoute : « Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, ce jour-là, ils jeûneront. »Littéralement, lorsque l’Époux leur sera arraché, les disciples de Jésus, alors, jeûneront. Cette allusion à la Passion ne devrait pas ternir, mais, tout au contraire, stimuler notre Action de grâce pour le don gratuit de la miséricorde, offert une fois pour toutes, dans la mort et la résurrection du Christ Sauveur. C’est ce que nous célébrons à chaque eucharistie !

Une question m’a été posée récemment : et nous, pourquoi jeûnons-nous ? Pourquoi cela nous est-il demandé ? Pourquoi le jeûne du Mercredi des Cendres ou du Vendredi Saint, ou encore le jeûne eucharistique (le temps de jeûne, ce temps d’attente avant de recevoir le Corps du Christ) ?

Plusieurs réponses :

  • C’est pour stimuler notre « appétit » et avoir « faim », non pas de nourritures terrestres, mais avoir faim de Dieu.
  • C’est aussi parce que nous vivons l’absence du Christ et nous attendons son retour glorieux à la fin des temps.

Cela explique donc l’invitation, encore pour aujourd’hui, à une pratique du jeûne, qui est un jeûne plein d’espérance, car nous savons que le Christ est venu et que nous attendons sa re-venue dans la gloire !

Voilà ce qui nous est donné ce matin. Prenons soin de méditer ce texte durant notre temps de prière, de discerner et de découvrir, dans notre quotidien, la nouveauté que le Christ veut nous communiquer, mieux comprendre notre « faim de Lui » et en rendre grâce !   

                                                                                              Ainsi soit-il !  

 

 

Homélie du dimanche 19 janvier 2020, 2e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Notre-Dame réconciliatrice, Grenoble, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Jean 1, 29-34. Livre d’Isaïe 49, 3.5-6. Psaume 39.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 1, 1-3.

 

Nous voilà déjà mi-janvier ! Il y a encore quelques jours seulement, nous nous réjouissions de la Nativité : joie des fêtes de Noël ! Nous entrons maintenant dans le temps ordinaire, ce temps que j’aime personnellement appeler : temps extraordinaire de l’ordinaire. 

Dans mes rencontres récentes de paroissiens, je m’aperçois et perçois une certaine fatigue ou lassitude. Il est vrai, après avoir vécu ces moments si forts en émotion des fêtes de Noël, vécues comme un pic, certains sont pris dans un « decrescendo », une certaine tiédeur ou une frilosité, un manque de dynamisme… Oh, rien de grave ! bref…une petite forme ! 

Quoiqu’il en soit, les textes de ce dimanche sont là pour nous redonner un peu de « peps » ! Il nous faut écouter et méditer attentivement chacune des lectures, et, entre autres, l’exhortation que nous offre le prophète Isaïe. Qu’avons-nous entendu ? 

« Je fais de toi la lumière des nations,

pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »

Ne laissons pas notre lumière s’éteindre peu à peu ! Si elle l’est, nous allons la réanimer, car ces paroles s’adressent à vous, elles s’adressent à moi, elles s’adressent à nous. Elles nous rappellent le sens même de notre vocation, le sens de notre mission première. 

Quelle est la vocation de tout chrétien ? Elle est de manifester en nous et par nous la splendeur de Dieu, le plan de salut de Dieu, la victoire de Dieu sur la mort.

Nous sommes donc invités, en ce dimanche, à regarder et à redynamiser notre vocation de chrétien qui demeure un appel : à annoncer, à évangéliser, à aimer et à se laisser aimer.

Toutes les paroles de ce dimanche sont tournées, convergent vers cet appel. 

Que nous disent les textes de ce dimanche ?

  • Isaïe nous demande d’être lumière des nations pour le monde entier, pas seulement pour nos petites communautés paroissiales.
  • Le psaume nous demande de ne pas retenir nos lèvres, et de dire : “ton amour et ta vérité à la grande assemblée“.
  • La deuxième lecture de saint Paul nous dit que nous sommes tous appelés à être saints.
  • L’évangile nous donne d’entendre la présentation de Jésus par Jean le Baptiste, qui nous montre qu’il faut annoncer au monde qui est le Messie. Il nous dit cette phrase importante : « Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui, le Fils de Dieu. »

Toutes ces invitations sont importantes, elles s’adressent à chacun de nous et nous rappellent exactement le mouvement que l’Esprit Saint initie en nous, au moment où nous recevons le baptême. Il nous faut, sans cesse, réapprendre et redécouvrir (chaque jour un peu plus) aidés par l’Esprit Saint et par des témoins divers, à tout recevoir et à tout donner !  C’est-à-dire, recevoir le don gratuit de Dieu et devenir nous-mêmes, don de Dieu.

Nous le savons bien ! Pourtant, nos soucis, nos multiples sollicitations, nos manquements, une certaine fatigue ou une tiédeur… ont pu nous éprouver ou nous détourner de cette réalité du chrétien !

Frères et sœurs, prenons la ferme décision de tourner résolument notre vie vers Dieu afin qu’il devienne notre modèle d’humanité ; il est encore temps, et cela jusqu’à notre dernier souffle ! Par notre baptême, par notre confirmation, nous avons posé un acte d’engagement fort, un don total de toute notre vie, de tout ce que nous sommes pour entrer dans la connaissance intime de Jésus.

Oser dire que Dieu nous aime, implique de chercher et connaître la Source de cet amour, en vérité, pour que cet amour ne soit ni falsifié ni dénaturé. Il nous faut quotidiennement côtoyer Jésus-Christ, prier avec Lui et en Lui.

Les moyens sont nombreux : c’est l’eucharistie qui nous rassemble ce matin, la prière personnelle de chaque jour, cet apprentissage par la lecture de la Parole de Dieu, notre disponibilité et notre engagement dans les services, tout particulièrement dans le service de la charité vis à vis de nos frères et sœurs en humanité.

N’ayons pas peur ! Ne croyons pas que, en ce début d’année, que la barre soit placée trop haute ! Non ! Il ne s’agit pas de faire des choses difficiles… Quelle est l’invitation du psalmiste : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; Tu ne demandes ni holocauste, ni victime, alors j’ai dit : “voici, je viens.“ »

Frères et sœurs, demandons déjà l’audace d’ouvrir nos oreilles aux mots d’amour que le Seigneur nous susurre doucement en se penchant vers nous, comme Isaïe nous le révèle. Le Seigneur dit à chacun de nous : « Tu as du prix, tu as de la valeur à mes yeux. »

Chers amis, comprenez-vous que le monde « crève » de ne pas entendre cette certitude que : oui, chacun de nous, nous avons du prix aux yeux du Seigneur ! Il s’agit d’Amour, alors que notre société de surconsommation nous regarde comme une simple valeur marchande, ou comme un porte-monnaie à vider… « Tu as du prix à mes yeux ! » 

Notre monde est en attente de nouveaux Jean-Baptiste qui témoignent et indiquent la voie : celle d’une espérance, d’une vie qui prend sens, celle d’un véritable salut.

Même si cela n’est pas toujours simple, mesurons-nous « notre chance » en Occident ? Combien de frères et sœurs chrétiens à travers le monde, sont persécutés à cause de leur foi en Jésus, à cause de leur amour du Christ ? Combien de personnes aussi, dans notre société, restent en errance, en recherche d’un sens pour leurs vies, et ne connaissent pas le Christ, n’en ont même pas entendu parler, si ce n’est par la voix déformante de certains médias ?

Là, est notre vocation de chrétiens ! Catholiques, protestants, orthodoxes, ensemble, ne gardons pas pour nous seuls, ce trésor qui nous a été révélé ! Si nous ne témoignons pas, qui le fera ?

Frères et sœurs, le mois de janvier est le mois des bonnes résolutions. Nous avons souhaité toutes sortes de bonnes choses, nos meilleurs vœux aux membres de nos familles, à nos amis… Magnifique ! Ce matin, je vous propose à prendre une véritable résolution :

Soyons de nouveaux Jean-Baptiste !

Annonçons que Jésus est l’Agneau de Dieu, le Messie, Fils du Dieu vivant fait homme,

Mort et revenu à la vie !

Témoignons que la mort, quelle que soit sa forme, n’a plus de prise sur nous !

Relisons la Bible !

Nourrissons-nous des sacrements !

Soyons des membres actifs dans une communion fraternelle !

Soyons des serviteurs attentifs et offerts pour tous !

Soyons de nouveau Jean-Baptiste !

Demandons à l’Esprit Saint de nous aider à proclamer, dans une foi profonde, simplement, sans prosélytisme, et avec nos propres mots : « Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui, le Fils de Dieu. »

Demandons cette grâce pour chacun de nous, pour notre communauté, notre paroisse, de comprendre notre mission, de nous aider les uns les autres à répondre à cet appel et à être les missionnaires que le Seigneur attend !

Soyons de nouveaux Jean-Baptiste pour aujourd’hui !

 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 15 janvier 2020,1re semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 1, 29-39. Psaume 39. Premier livre de Samuel 3, 1-10.19-20.

Hier, une personne m’a posé une question, à la sortie de la messe. Elle me disait avoir du mal à comprendre le livre de Samuel. Je lui ai aussitôt demandé si elle avait pris le temps d’ouvrir la Bible et de lire ce livre. Elle ne l’avait pas fait … Pas encore !

Ce matin, frères et sœurs, je vais donc m’attarder un peu avec vous, sur cette première lecture du livre de Samuel ; bien que la belle-mère de Simon, dans l’évangile, aurait pu aussi, nous inspirer. 

À nouveau, je vous invite, à prendre le temps de lire, à votre rythme, les deux livres de Samuel. J’attire votre attention : la liturgie n'en propose que de courts extraits !

Le texte d’aujourd’hui est situé au 3e chapitre du Premier livre de Samuel. Nous sommes plus d’un millier d’années av. J.-C., environ en -1050 (av. J.-C.). Nous voilà à Silo, c’est-à-dire à une trentaine de kilomètres de la ville de Jérusalem.

 Depuis 150 ans, les douze tribus d’Israël ont conquis, peu à peu, une partie du pays de Canaan. À ce moment-là, il n’y a pas encore de rois pour ces douze tribus, Saül sera nommé un peu plus tard. Ces douze tribus sont alors dirigées par des juges, qui sont à la fois des chefs politiques et des religieux. Lorsque la situation est très mauvaise, ces juges sont appelés au secours, mais dès que tout va mieux, ils sont souvent contestés ! 

Autour des sanctuaires, se trouvent aussi des prêtres ; ils sont chargés des rites religieux. Le plus important de ces sanctuaires est celui de Silo, parce qu’il abrite l’Arche d’Alliance. Rappelez-vous ! Lorsque Moïse est redescendu du mont Sinaï, portant les deux tables de la Loi sur lesquelles étaient inscrits les dix commandements, il a été décidé de les placer dans une Arche richement décorée avec des anges, des chérubins. Cette Arche est abritée dans le sanctuaire de Silo. Dans les chapitres suivants, cette Arche d’Alliance sera perdue.

Le prêtre de ce sanctuaire s’appelle Éli. Ce nom “Éli“ signifie “mon Dieu“. Juste une petite remarque : c’est le mot qu’emploie Jésus en croix : «Eli, Eli, lama sabactani ? », c’est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » À côté des prêtres, et parfois en opposition à leur pouvoir, se trouvent des prophètes. Leur mission : entendre la Parole de Dieu et la transmettre au peuple. Cette mission est importante, car c’est une des rares possibilités pour que Dieu puisse guider son peuple. Autre remarque : le dernier des prophètes sera Jean-le-Baptiste.

À l’époque d’Éli, les prophètes exercent en groupe ; ils prient… ils entrent en transe. Ils dansent aussi. Le livre de Samuel précise que : « La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, et la vision, peu répandue. » Bref, la communication entre Dieu et les hommes ne fonctionnent pas très bien. 

L’un d’entre eux va devenir un des plus grands prophètes d’Israël même si, pour l’heure, il n’est encore qu’un enfant ; il s’appelle Samuel ! Son nom signifie en hébreu : “Dieu exauce“.

Samuel a été confié au prêtre Éli par sa mère, Anne, comme nous l’avons lu hier, dans la première lecture. Anne était stérile. Elle espérait si fort avoir un enfant, qu’elle s’était engagée, si le Seigneur le lui permettait, à offrir cet enfant pour le service de Dieu. C’est ce qui s’est passé. Samuel est donc dans le sanctuaire, dans le Temple, donné en Action de grâce, par Anne, sa maman.

Nous arrivons maintenant à l’épisode de ce matin. Par trois fois (+ une), Dieu interpelle Samuel. Ce jeune garçon ne connaît pas le Seigneur, et il faudra l’intervention d’Éli pour que Samuel comprenne ce qui lui arrive et ouvre son cœur à la Parole de Dieu : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »     

Cet enseignement nous interpelle tous, car, il nous invite à une disponibilité de cœur lors de notre prière. Nous devrions lors de ces moments d’oraison redire avec foi : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »

L’enjeu de notre vie filiale n’est plus le don de Dieu (celui-ci est déjà donné !), c’est la façon dont nous allons répondre à l’appel de Dieu. 

« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »

Certains vont me dire que cette phrase est banalement pieuse. Pourtant, elle révèle nos combats intérieurs les plus profonds et s’opposent même à nos idées sur Dieu les plus ancrées, parce que spontanément, nous ne sommes pas totalement à son service ; c’est un constat. C’est souvent nous, qui demandons à Dieu d’être à notre service. Combien de fois demandons-nous au Seigneur de guérir, de réussir tel ou tel examen, qu’une réunion se termine bien, qu’un conflit familial s’arrête ou même simplement, qu’il fasse beau ! En quelque sorte, nous mettons Dieu à notre service, en lui demandant de répondre à nos attentes, à nos désirs.

Ne faudrait-il pas agir de façon inverse ? C’est ce que je retiens de cette lecture du livre de Samuel.

Frères et sœurs, avec confiance, puissions-nous avoir cette belle disponibilité de cœur dans notre prière, en nous mettant à l’écoute de la Parole de Dieu afin de pouvoir dire : 

« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du lundi 13 janvier 2020, 1re semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 1, 14-20. Premier livre de Samuel 1, 1-8. Psaume 115.

 

Frères et sœurs, comme je viens de vous le dire en introduction, nous entrons aujourd’hui, dans le temps extraordinaire de l’ordinaire ! Chaque jour, à qui sait le voir, est un jour extraordinaire !

Tout au long des jours à venir, nous allons lire plusieurs passages du premier livre de Samuel. Prenez le temps de relire ce livre.

Ce matin, je vais davantage m’attacher à l’évangile et, en ce premier jour du temps ordinaire, il nous faut remarquer combien l’invitation est claire : c’est une invitation à la conversion.

Nous sommes après l’arrestation de Jean-le-Baptiste, arrestation brutale par les sbires d’Hérode. Son emprisonnement met une fin à sa mission du Précurseur.

Depuis la Première Alliance, les prophètes puis Jean-le-Baptiste, tous proclament et réclament cette conversion, ce retour à Dieu, et de fait, Jésus commence son ministère public dans cette continuité. Sans doute avez-vous remarqué que saint Marc emploie les mêmes mots pour Jean-le-Baptiste comme pour Jésus.

Proclamation ! Conversion !

Ce n’est pas un hasard ! Saint Marc, dans son évangile disait, quelques lignes, un peu plus haut : « Jean-le-Baptiste, dans le désert, proclamant un baptême de conversion… ». Et aujourd’hui, nous entendons : « Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait “Convertissez-vous !“ »

Cette insistance est là pour nous redire l’importance de la conversion. 

Si le contenu de la prédication est le même, le décor a changé. Jésus part pour la Galilée après son baptême sur les bords du Jourdain (que nous avons vécu hier). Après son passage au désert avec l’épisode des trois tentations, Jésus retourne en Galilée, près du lac de Tibériade. 

C’est là, qu’il va commencer sa prédication. « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

En quoi consiste la conversion à laquelle Jésus nous invite ?

Elle consiste tout simplement, à croire que ce don de Dieu est actuel, et que ce don est gratuit. C’est cette même gratuité que le prophète Isaïe annonçait déjà. Rappelez-vous en Isaïe 55 : « Vous tous qui avez soif, voici de l’eau, buvez gratuitement. » Cela nous permet de mieux comprendre l’expression :      « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.“ C’est-à-dire à la « Bonne Nouvelle » que Dieu nous offre gracieusement.

Je voudrais souligner une petite subtilité qui n’est pas complètement exprimée par le français ; il s’agit de la conjonction de coordination “et“ : « Convertissez-vous et croyez », signifie souvent : “en plus“. En grec, cette conjonction de coordination veut dire “en plus“, comme en français, mais aussi : “c’est-à-dire“. Alors, nous devons comprendre : 

  • Convertissez-vous, c’est-à-dire : croyez en la Bonne Nouvelle ! 
  • Croyez à ce don gratuit que Dieu vous offre ! 
  • Croyez que Dieu vous veut du bien et qu’il veut, pour vous, la Vie !

Se convertir, c’est croire que la Bonne Nouvelle est nécessaire, qu’elle est bonne pour chacun de nous !

Dieu est amour ! Dieu est pardon ! Son amour et son pardon sont pour tous !

C’est ce que les premiers disciples comprennent au point que, à l’appel de Jésus, ils vont tout quitter : « aussitôt,quittant leurs filets, ils le suivirent », pour se mettre à sa suite.

Pour nous qui écoutons cet évangile, quelle question pouvons-nous nous poser ? Qu’avons-nous compris de l’amour de Dieu ? Comment désirons-nous, là où nous sommes, témoigner de cet amour, et l’annoncer ? A quelles conversions sommes-nous encore appelés ?

Aujourd’hui, comme hier, des prophètes sont indispensables pour annoncer la Bonne Nouvelle de Dieu. Soyons assurés, frères et sœurs, croyons vraiment que Jésus nous appelle, quelle que soit notre histoire. 

Nous le savons, toute mission en Église nous dépasse bien souvent, mais peu importe ! C’est le Seigneur qui est à la barre ; laissons-là nos filets, ceux de ce matin, et n’hésitons pas à le suivre !

                                                                                                                           Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 8 janvier 2020, mercredi après l’Épiphanie, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 6, 45-52. Psaume 71. Première lettre de saint Jean 4, 11-18.

 

J’ai un peu hésité à commenter la première lecture ou l’évangile. Finalement, je me suis décidé pour la première lecture : un petit passage de la première lettre de saint Jean. Je vous invite, autant que possible, à relire cette lettre, à la méditer, à la goûter. Pourquoi ? Car ce petit passage nous redonne le sens de la Fête de la Nativité que nous venons de vivre ! 

Comprenons-nous précisément, ce que Noël nous révèle ? 

La venue du Christ en notre chair veut nous redire au moins trois choses :

  • que Dieu est Père et qu’il est Amour, 
  • nous permettre de découvrir cet amour 
  • et nous faire entrer dans cet amour du Père, afin d’avoir part à la Vie éternelle !

Nous pourrions résumer ainsi ce que nous venons de vivre à Noël. Énoncer ces réalités, nous demande :

  •   D’entrer davantage dans cette connaissance de Dieu,
  • Comment pourrions-nous vivre Noël et ne rien changer dans nos vies ?

Dans le passage de saint Jean que nous venons d’entendre, le mot « Dieu » est répété plusieurs fois et le mot « nous » encore plus souvent. C'est comme un enchevêtrement entre Dieu et nous avec plusieurs conséquences : 

  • Conséquence en nous : Puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Il nous faut entrer dans cet amour pour pouvoir nous aimer les uns les autres !
  • Conséquence pour ceux qui nous observent : cette vie d'amour entre nous et les uns envers les autres rend Dieu présent au monde.

Là aussi, nous mesurons notre responsabilité de chrétien ! 

Si nous nous aimons entre nous, cela se voit ! Cela donne envie et pousse ceux qui sont autour de nous à s’interroger : « Vous n’êtes pas parfaits et pourtant vous manifestez une grande attention entre vous !  D’où vient cet élan d’amour gratuit ? »

Sans ce témoignage, Dieu est invisible, Dieu, personne ne l'a jamais vu. La visibilité de Dieu, la "demeure" de Dieu, c'est nous ! C'est nous qui rendons visible Dieu, particulièrement dans la façon dont nous nous aimons et dans la façon dont nous nous mettons au service des autres.

Littéralement : quand j'aime et que je me laisse aimer, je rends Dieu visible !

Mystérieusement, je découvre que Dieu ne peut pas se passer de moi (de nous) pour manifester sa présence et laisser découvrir son être profond… 

Peut-être le plus surprenant, c’est qu’il m’arrive (même en tant que Chrétien) de me passer de Dieu, de l’ignorer, et même de le refuser ! Je deviens alors un contre témoignage de l’amour de Dieu pour tous.

 Comment concrètement rendre Dieu présent ?

La lecture de la lettre de saint Jean fait mention de deux manifestations de Dieu Père : il a envoyé son Fils comme sauveur et il nous a donné part à son Esprit.

À Noël, nous reconnaissons Jésus comme Sauveur ! 

À Pentecôte, particulièrement nous sommes renouvelés dans l’Esprit Saint. 

Régulièrement, l'Église m'invite à redécouvrir ce mystère d’amour et être spirituellement au Cénacle avec les Apôtres et Marie. Dans ces moments de prière, Dieu se donne et fait sa demeure en moi !

Comme pour les Apôtres qui sortiront du cénacle, le jour de la Pentecôte, dans le souffle et le feu de l'Esprit Saint, il me faut sans cesse demander la force de l’Esprit Saint pour comprendre ce Mystère d’Amour qui s’offre à moi et en devenir un témoin !

Dieu très bon, Dieu créateur, envoie sur nous Ton Esprit. Qu’il nous transforme par ses dons. Qu’il remplisse nos cœurs et ravive en eux le feu de Ton Amour. Qu’il inspire à Ton Église une vraie vie fraternelle pour qu’elle devienne témoin de Ton Amour et qu’elle annonce ta Bonne Nouvelle aux femmes et aux hommes de ce temps. Nous Te le demandons par le Nom de Jésus-Christ, le Sauveur !   

Cette prière peut être la nôtre, ce matin !          

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 6 janvier 2020, lundi après l’Épiphanie, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 4, 12-17.23-25. Première lettre de saint Jean 3, 22 à 4, 6. Psaume 2. 

 

Jean le Baptiste a bien préparé le terrain. Il est celui qui a annoncé la venue du Messie ; c’est un homme passionné, passionné de justice, et sa parole juste contre la malhonnêteté du roi Hérode, le conduira en prison.

Quand Jésus apprend l’arrestation de Jean, « il se retire en Galilée. Il quitte Nazareth et vient habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée… » c’est-à-dire : au bord du lac de Tibériade, « …dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. »

Avec cette arrestation, Jésus se trouve à un tournant de sa vie ; en quittant la ville de Nazareth, il entre dans la période de sa vie publique.

À partir de ce moment précis, Jésus se met, lui aussi, à proclamer : 

« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

Ce passage d’évangile que nous venons d’entendre est à relire dans le temps de la Nativité (temps que nous vivons) afin de percer et d’approfondir le mystère propre de l’Épiphanie et tout particulièrement celui de Noël. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe : « Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » 

Hier encore, lors de l’eucharistie, en cette fête de l’Épiphanie, nous avons entendu la lettre de saint Paul aux chrétiens d’Éphèse. Elle est intéressante et je vous en relis quelques phrases : « Ce mystère…a été révélé maintenant… que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. »

Durant la nuit de Noël, rappelez-vous ! Nous entendions déjà cette annonce faite aux bergers : au petit matin, accompagnés par le chant des anges qui chantaient le Gloria, les bergers s’avancent jusqu’à Bethléem, découvrent l’Enfant Jésus et se prosternent devant lui. 

Le jour même de la Nativité, c’était, en quelque sorte, les bergers (premier cercle) qui entendaient la Bonne Nouvelle et voilà que ce cercle est en train de s’agrandir.

Hier, avec les mages, ce sont des païens qui la découvrent (La tradition nous informe qu’ils venaient d’Asie, d’Afrique, d’Europe). Nous voyons que c’est des limites du monde entier que tous ceux qui le souhaitent viennent, reconnaissent et se prosternent devant Jésus. 

Les prophéties de l’Ancien Testament trouvent leur accomplissement en la personne de Jésus : le Verbe fait chair ; et cela pour toutes les nations.

En guérissant toute infirmité et toute maladie dans le peuple, le Seigneur atteste que le Royaume se manifeste dans sa personne pour tous les peuples.

À la fin de la description de ce passage de l’évangile, nous lisons que : « De grandes foules le suivirent, venues de la Galilée, de la Décapode, de Jérusalem, de la Judée et de l’autre côté du Jourdain. »

 Nous savons que cette large invitation s’adresse à tous. Nous nous en réjouissons ! Cependant, nous sommes invités à nous interroger à nouveau ! Cette question n’est pas anodine : et nous, comment accueillons-nous cette nouvelle dans notre quotidien ?

C’est vrai, nous savons que Jésus est venu largement apporter la guérison, le Salut… mais, frères et sœurs, comment l’accueillons-nous, nous-mêmes ? Nous avons une réponse à donner !

Il ne suffit pas de nous engager dans une démarche certes sympathique et ouverte comme celle des mages en visitant l’Enfant divin, ou même en faisant le don de nous-mêmes, non ! Nous sommes invités à faire un pas de plus. Bien sûr, nous avons à nous prosterner devant Jésus, mais nous avons aussi à repartir par un autre chemin. 

Peut-être notre façon de vivre doit-elle changer ? 

Sans doute avons-nous des conversions encore à vivre ?

Comment est-ce que nous témoignons du Seigneur, aujourd’hui ?

Pour tout chrétien, cette affirmation est fondamentale : Dieu s’est fait chair ! Nous le savons. Nous en vivons et nous mettons notre foi en son Nom, Jésus-Christ ! Pourtant, une question demeure, essentielle, nécessaire : 

Qui transmettra la Bonne Nouvelle ?

Qui veut annoncer le Christ, aujourd’hui ?

Ce qui est certain, c’est que cela ne se fera pas sans nous !

Demandons cette audace pour chacun de nous, audace d’être aussi des “Jean-Baptiste“, des prophètes pour notre temps, et de désigner l’Agneau de Dieu : Jésus !

Ainsi soit-il !

Homélie de la solennité de Marie, Mère de Dieu, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 2, 16-21. Livre des Nombres 6, 22-27. Psaume 66.

Lettre de saint Paul aux Galates 4, 4-7.

 

Chers amis, avez-vous bien entendu et savouré la première lecture ?

Depuis hier soir, après une messe d’Action de grâce célébrée ici même, j’ai souhaité envoyer des messages, des mails en reprenant cette belle et profonde bénédiction :

 

« Que le Seigneur te bénisse et te garde,

Qu’il fasse, pour toi, rayonner son visage,

Que le Seigneur te découvre sa Face,

Te prenne en grâce et t’apporte la paix ! »

Cette bénédiction solennelle que nous avons entendue dans le livre des Nombres, est vieille, d’au moins, deux mille six cents ans ! Nous la recevons aujourd’hui, tout particulièrement, en ce premier jour de l’année 2020. 

Oui ! Nous changeons d’année ! 

En un sens, ce n’est guère qu’une petite unité de temps ajoutée, même si, cette année, ce sont deux petits chiffres qui changent : le 19 devient 20 ! 

Pourtant, c’est pour chacun de nous, l’occasion de faire mémoire de l’année qui vient de s’écouler avec les bons et beaux moments que nous avons vécus et ses moments plus difficiles ou douloureux. C’est aussi l’occasion de rendre grâce, comme nous l’avons fait hier soir dans cette église, l’occasion aussi de tourner une page… de choisir d’ouvrir une page neuve, libre, accueillante, où chacun pourra écrire sa vie, exprimer son amour, sa liberté, ses désirs et sa capacité de se mettre au service des autres.

Nous portons tous, au fond de nous, une espérance quand commence une année nouvelle. Ce renouveau est souhaitable et bon ! Nous partageons avec cette année nouvelle, ce même désir avec tous les humains de nombreux pays, selon les continents… 

Mais, plus qu’un simple changement de date, notre foi chrétienne colore cette nouvelle année d’une manière toute spéciale : 

  • Que sera cette année, dans ma vie de foi ?
  • Qu’est-ce que je veux expérimenter dans une espérance chrétienne ? 
  • Comment envisager cette année qui s’ouvre pour mes relations, dans l’ordre du pardon, de la connaissance, pour la serviabilité, du don de soi ? 
  • Quels sont mes nouvelles attitudes et mes changements personnels que je souhaite vivre réellement ?

Durant ces dernières heures, nous avons souhaité à de nombreuses personnes une bonne année et une bonne santé, nos meilleurs vœux… Au milieu de cette effervescence, de tous ces échanges, de ces invitations, de ces questionnements, une femme se tait. 

Elle reste immobile et silencieuse. 

D’ailleurs, c’est à peine si on la remarque ; mais cette femme voit… elle voit tout, elle entend tout ! Elle se rappelle tout, et, dans son cœur, elle, Marie, redit “oui“ à tout ! En un mot, elle prie !

Cette mère silencieuse, ce témoin attentif et discret sur tout ce qui concerne Jésus : c’est Marie ! Attentive à tout, elle devient cette mémoire vivante capable de s’étonner de toutes choses et de tout garder dans sa prière.

Elle ne pense pas à l’avenir, d’ailleurs l’avenir ne l’effraie pas, tout simplement parce qu’elle fait confiance à Dieu, en tout ! Elle est surtout attentive au présent, et c’est important de le retenir : elle est pleinement disponible au présent

Elle ne laisse remonter du passé que ce présent appelle, seulement pour en recevoir tout son sens. Dans l’évangile, il en sera toujours ainsi. Marie est toujours et tout entière dans le présent, aussi déconcertant soit-il ! Elle se rappelle le passé, retient le présent, tout en méditant tous les événements dans son cœur.

Dans cet Enfant qui lui est donné, Marie voit surgir du fond du passé, tous ces fils inattendus, inespérés, enfants conçus dans la stérilité ou rescapés de la mort et du péché ; tous ces fils qui ont constitué l’histoire d’Israël. C’est : Samson, David, Moïse, Jacob, Isaac… que Marie porte en elle, avec tous leurs destins extraordinaires suspendus au fil fragile d’une Parole et d’une annonce en forme de promesse. 

Alors, nous voyons tout le peuple d’Israël qui se met à espérer ce que tous les prophètes ont annoncé : « Il sauvera son peuple ; Il sera Père de tout un peuple. » 

En ce sens, Marie se souvient, elle accepte ce qui se passe dans sa vie, ce qu’elle comprend et ce qu’elle ne comprend pas. Marie dit “oui“ au présent.

« Comment tout cela se fera-t-il ? » a-t-elle demandé à l’ange lors de l’Annonciation. 

Elle laisse simplement l’avenir à Dieu, en Dieu, en toute confiance.

Depuis que l’ange l’a quittée, depuis qu’elle n’est plus visitée par les anges, Marie a cessé de se poser cette question. Son “oui“ est prononcé définitivement. Il l’éclaire de la lumière de la foi, et c’est au tour des autres, proches ou lointains, de faire maintenant cette même expérience. 

Aujourd’hui, ce sont les bergers qui viennent se prosterner devant l’Enfant Jésus et ils repartent tout joyeux de cette rencontre.

Dimanche prochain, nous serons avec les mages venus d’Orient, venus apporter l’or, l’encens et la myrrhe. Eux aussi vont se prosterner devant l’Enfant Dieu et repartir par un autre chemin.

Pour nous tous ici rassemblés, ce soir, au moment où nous entrons dans cette nouvelle année 2020, il est bon de regarder Marie, particulièrement en ce premier jour. 

Au moment où nous formulons tant de souhaits, alors que nous regardons l’avenir parfois avec un peu d’inquiétude, il est bon de faire confiance, de mettre tout ce que nous portons au fond du cœur, toute notre intelligence au service du présent, de ce présent qui préparera et prépare déjà l’avenir.

Frères et sœurs :

 Mettons-nous à l’école de Marie ! 

Prenons-là comme modèle, si vous le voulez bien : soyons présents au présent !

Accueillons dans la foi et l’espérance ce présent qui nous est donné ! 

Avec tout ce que nous sommes, ensemble et dans notre fraternité paroissiale, avec nos familles, construisons chaque jour, un avenir meilleur, un monde meilleur, un monde où nous recevons tout de Dieu, mais que nous transformons avec nos mains et notre cœur.

Le présent d’aujourd’hui a le visage d’un enfant : Jésus !

C’est la promesse de vie que Dieu nous donne. Dans le monde que nous habitons et que nous construisons tant bien que mal, nous savons que c’est cette Vie éternelle, cette proximité avec Dieu pour toujours que nous poursuivons, que nous recherchons et auxquelles Jésus nous invite à croire.

Chers amis, permettez-moi, dans le Seigneur, aujourd’hui, maintenant, de vous souhaiter une belle, fructueuse et sainte nouvelle année ! Puissions-nous tous ensemble, en nous retroussant les manches, en nous mettant au service les uns des autres, construire cette année 2020 comme Dieu le veut, dans la charité, la disponibilité, afin que le monde soit plus beau !

Reprenons tous ensemble, si vous le voulez bien, cette belle bénédiction que nous recevons comme une onction de grâce, ce soir, dans la paix et la joie :

« Que le Seigneur te bénisse et te garde,

Qu’il fasse, pour toi, rayonner son visage,

Que le Seigneur te découvre sa Face,

Te prenne en grâce et t’apporte la paix ! »

 

Ainsi soit-il !

Homélie du mardi 31 décembre 2019, 7e jour dans l’octave de la Nativité, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Première lettre de saint Jean 2, 18, 21. Psaume 95. 

 

Il est bien tôt, ce matin (8h) et pourtant, nous avons encore dans nos cœurs les chants et le merveilleux de la naissance de Jésus. 

À l’heure où nous goûtons encore un peu, cette joie et cette paix de Noël, l’Église nous propose de fêter, avec réalisme, la Sainte Famille : Marie, Joseph et l’Enfant Jésus. 

Il y a quelques jours, je discutais avec quelques familles éprouvées, et nous faisions le constat ensemble (et peut-être le faîtes-vous aussi ?) que la vie n’est pas un long fleuve tranquille…

Certes, nous vivons de vrais et de beaux moments de joie, mais d’autres sont parfois plus difficiles ; on ne comprend pas ! Tant personnellement qu’au sein de nos foyers, certaines situations nous laissent perplexes et même dans un certain désarroi !

Contempler la Sainte Famille, c’est nous ramener à une réalité, car cette famille qui nous est présentée en modèle, s’inscrit dans le concret d’une existence éprouvée. C’est une vraie famille comme il en existe tant de par le monde, jetée sur les chemins de la vie et vivant les chamboulements qui les accompagnent. 

Bien que dans la joie de cette naissance, la Sainte Famille a été, elle aussi, bien éprouvée. 

- Rappelez-vous l’évangile de Noël ! Le pays est occupé par les Romains et Marie, enceinte, est obligée d’aller jusqu’à Bethléem parce qu’il y a un recensement. Mais pas de place pour eux à Bethléem lorsqu’ils arrivent et je vous laisse imaginer l’angoisse de ce moment-là alors que Marie est sur le point d’accoucher ! 

- Et puis, Hérode, fou de jalousie va faire massacrer tous les enfants de moins de deux ans (les saints Innocents), provoquant ainsi la fuite en Égypte de Marie, Joseph et de l’Enfant Jésus dans la nuit, vers un pays étranger ; 

- ou encore, lorsque Joseph va présenter l’Enfant au Temple, pas d’argent, et il va faire l’offrande des miséreux, juste deux tourterelles … 

C’est sûr, c’est une vraie famille dans le réel de la vie !

Il est certain que les familles de tous les temps ont bien souvent un lot d’épreuves. Et vous, toutes, les familles ici présentes, vous vous battez souvent avec héroïsme, dans des conditions de vie souvent difficiles : dans l’ordre de la santé, dans des difficultés financières (fins de mois parfois délicates), parfois aussi dans des dialogues difficiles voire même des conflits au sein du couple, ou dans des liens familiaux ou des affections compliquées, peut-être même brisées.

Vous toutes, familles souvent héroïques et courageuses, regardez vers la famille de Joseph et de Marie ! Comme les vôtres, elle a connu déchirements et angoisses, se débattant dans les turbulences de l’histoire, et pourtant, elle nous apprend comment tenir debout, malgré les épreuves. 

 Frères et sœurs, nous avons quelque chose à apprendre ce matin, à retenir, à redécouvrir de la famille :

La famille demeure toujours un lieu essentiel ; elle est un don. 

Celui qui en parle beaucoup, parce qu’il l’a beaucoup étudiée, c’est saint Jean-Paul II. Peut-être avez-vous écouté ou lu ses catéchèses du mercredi sur la famille, sur l’amour conjugal ?

Pourquoi la famille est-elle si importante aujourd’hui, bien qu’elle ne soit pas considérée comme telle dans notre société actuelle ? Pourquoi l’Église insiste-t-elle tant sur les thèmes du mariage et de la famille ? 

Saint Jean-Paul II nous donne une réponse pertinente et juste : « La raison est simple, même si tous ne parviennent pas à le comprendre. De la famille dépend le destin de l’homme, de la famille dépend son bonheur, la capacité de donner un sens à son existence. Le destin de l’homme dépend de celui de la famille, et c’est pour cette raison que je ne me lasse jamais d’affirmer que l’avenir de l’humanité est étroitement lié à celui de la famille. »

Effectivement, c’est au sein de la famille que l’amour va se vivre réellement. C’est dans la famille que le sens du service et du don de soi vont s’apprendre et se vivre effectivement ; elle est le lieu où l’amour manifeste sa mystérieuse fécondité, où l’amour se transmet et s’apprend. 

Le Fils de Dieu lui-même a voulu naître et commencer son humanité au sein d’une famille. C’est ce que fêtons à Noël. 

Alors, ce matin, je souhaite partager avec vous quatre enseignements que vous connaissez sans doute, mais qu’il peut être bon de réentendre :

En préambule, je le dis avec beaucoup de délicatesse, je sais bien, en vous disant tout cela, que certaines familles sont éprouvées, parfois en difficultés d’amour ou même en rupture d’amour et nous pensons à tous ceux qui souffrent et qui espèrent un apaisement ou un changement.

Le premier enseignement nous est donné par l’attitude de Joseph. Il nous rappelle cette nécessaire détermination : Joseph est certes éprouvé, mais il demeure Joseph le courageux, le responsable et le résolu. Il partage avec Marie, la fidèle, une confiance totale dans la Parole de Dieu, bien que parfois, comme parents, ils puissent être dans l’obscurité de la foi au creux même des périls et de l’insécurité. Vous l’avez entendu par deux fois, c’est « dans la nuit » qu’ils quittent leur domicile, c’est-à-dire, dans l’obscurité.

Joseph et Marie témoignent que dans nos vies, dans nos joies comme dans nos peines,

 Dieu est là, Dieu reste proche !

Malgré tout ce qui peut nous arriver, Dieu est présent !

Le deuxième enseignement est la mission fondamentale et responsable que contient cet évangile de la Sainte Famille. Vous savez ce que signifie le nom de Jésus : Yeshoua, “Dieu sauve“ ? Ce Jésus : “Dieu sauve“  ne se sauve pas Lui-même, ne se défend pas Lui-même. Pourtant, il est Dieu ! Il a besoin d’une maman, il a besoin d’un papa. Il s’en remet totalement entre les mains de ses parents que sont Joseph et Marie. Dieu fait confiance à la famille dans sa mission éducatrice. Relisez la première lecture de ce jour : celle de Ben Sira le Sage.

Le troisième enseignement, c’est la force du sacrement de mariage. L’Église insiste beaucoup sur l’importance de recevoir le sacrement du mariage, sur sa force, sa pertinence. Tout au long de l’Ancien Testament, plus particulièrement dans les livres des prophètes (et notamment dans le livre du prophète Osée), l’amour conjugal est toujours présenté comme l’image par excellence des relations entre Dieu et son peuple, entre le Christ et l’Église, et comme le modèle de toute communion entre les époux. Le Sacrement de mariage est un véritable cadeau, même s’il n’est pas magique. Il est une force, un don et un secours pour les couples qui l’ayant reçu, le développe et le réactive sans cesse dans la prière, l’écoute et le pardon. Saint Paul, que nous avons entendu dans la deuxième lecture est très concret, il dit : « … revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. » Comme vous le savez, dans toute famille, il faut beaucoup de patience ! Il ajoute : « Supportez-vous les uns, les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. » Le pardon est un lieu essentiel d’amour dans la famille. Souvenez-vous quand saint Pierre demande à Jésus combien de fois il faut pardonner ! Jésus lui répond : il faut pardonner soixante-dix fois sept fois. En disant cela, Jésus est en train de viser ce qui se passe dans la famille. C’est là qu’il est possible de donner autant de pardons !

- Le quatrième enseignement : l’importance de la prière : prière personnelle, prière en couple, prière en famille. Il m’arrive souvent d’être invité dans des familles et, après le repas, de voir toute la famille qui se rassemble dans un petit coin prière et chacun exprime ses intentions et les confie à Jésus. Quand je vois et entends un tout-petit qui dit : « Merci petit Jésus pour… », je suis toujours très touché par leur confiance spontanée et vraie.

Marie et Joseph sont des témoins fidèles de la prière en couple et en famille.

Voilà les quatre enseignements que je souhaitais évoquer avec vous.

Je termine par un point important : la famille doit se comprendre aussi dans une dimension de fraternité et de communauté. De fait, dans cette église, nous formons, ce matin, une grande famille ! Par le don du baptême que nous avons reçu, nous sommes devenus frères et sœurs en Jésus. Regardez tout autour de vous : vos voisins de bancs sont des frères et des sœurs, et nous formons une famille, une vraie famille dans laquelle nous devrions pouvoir compter, les uns sur les autres.

Frères et sœurs, rendons grâce pour nos familles :

-     les familles dont nous sommes issus (même si nous avons oublié les prénoms et l’histoire de celles et ceux qui nous ont transmis cette vie de génération en génération), 

-     et pour nos familles présentes, nos proches, nos enfants et petits-enfants.

 

Demandons cette grâce d’une construction, d’un soutien sans cesse renouvelé dans l’amour, le don de soi, la transmission et le pardon !

Demandons aussi pour toutes les familles, la grâce de la fidélité et de l’audace de la confiance !

En ce dimanche de la Sainte Famille, que le Seigneur bénisse particulièrement toutes les familles et nous donne les grâces nécessaires pour répondre à nos missions !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

 

Homélie du lundi 30 décembre 2019, 6e jour dans l’octave de la Nativité, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 2, 36-40. Première lettre de saint Jean 2, 12-17. Psaume 95. 

 

Vous connaissez cet épisode de la présentation de Jésus au Temple. Aujourd’hui, nous en entendons la deuxième partie. Juste auparavant, c’est Siméon qui avait accueilli Jésus, dans ses bras. Quelques instants plus tard, Anne, la prophétesse, fait la rencontre de Jésus, comme nous le dit saint Luc dans l’évangile de ce jour.

Chaque mot de ce texte a une signification très précise :

- Le prénom Anne signifie en hébreu : “Dieu est miséricorde“.

- Fille de Phanuel signifie en hébreu : “Dieu est lumière“.

- … de la tribu d’Aser signifie en hébreu : “bonheur“.

En déployant ainsi la signification des noms, nous comprenons un peu mieux ce que l’évangéliste veut dire et comment il place l’appartenance de la veuve Anne, dans cet évangile.

Poursuivons !

L’âge de 84 ans, un âge vénérable pour l’époque (la durée de vie était alors beaucoup moins longue) représente probablement et de manière symbolique, le long temps d’attente d’Israël ; 8+4=12, n’est-ce pas ? Douze tribus d’Israël qui pleurent l’absence de l’Époux, après que le péché (rupture avec Dieu) les ait privés du jardin d’Éden, dont le chiffre symbolique est le 7. Si nous continuons, nous remarquons que 7x12= 84.

Tout cela veut dire que le temps de l’accomplissement est arrivé ! À travers la numérologie (Gematria en hébreu) dont les Hébreux sont friands, nous comprenons que le temps de l’accomplissement est enfin arrivé.

Par son assiduité au jeûne et à la prière, Anne fait donc figure non seulement de la veuve parfaite, mais aussi de l’humanité repentante, qui s’est tournée vers Dieu dans un désir ardent de Salut.

Le ministère prophétique de ces deux vieillards, Siméon et Anne, dont les yeux déjà s’éteignent, nous désignent Jésus comme la lumière, comme la miséricorde, et comme promesse de bonheur.

Frères et sœurs, voilà ce qu’il nous faut entendre à travers la signification des noms et des chiffres.

Telles sont les paroles d’espérance que le Père adresse à son Fils, et à tous ceux qui souffrent des « ténèbres du péché » et qui désirent ardemment le Salut que seul Dieu, peut donner.

Au terme de sa vie, relisant tout son cheminement avec le Seigneur pour en partager l’essentiel avec les croyants, saint Jean (que nous allons entendre tout particulièrement demain dans le Prologue), synthétise aussi son enseignement en quelques traits, en explicitant l’accomplissement de ces trois paroles prophétiques :

  • « Vous connaissez le Verbe lumière qui existe depuis le commencement. »
  • « Vous avez vaincu le Mauvais par la puissance de sa miséricorde. »
  • « Vous connaissez le bonheur d’être enfants du Père et de vivre de son Esprit. »

Pour nous-mêmes, à quelques heures du changement symbolique d’année, le Seigneur ne nous demande pas de choses extraordinaires. Vous le savez, le Seigneur n’agit pas dans l’extraordinaire, mais plutôt dans l’ordinaire, dans le quotidien de notre vie. 

  • Il nous demande de rester fidèles à sa Parole.
  • Il nous exhorte au combat spirituel, car les désirs égoïstes de la nature humaine (désir du regard, de la richesse, de l’orgueil) sont incompatibles avec l’amour du Père.
  • Il nous encourage à résister au Mauvais (Satan) en nous appuyant sur sa grâce, et sans cesse à nous relever de nos chutes en comptant sur sa miséricorde.

Une année se termine ! À chacun de relire ce qu’elle a été, ce qui a été vécu durant ces douze derniers mois. Frères et sœurs, plaçons toute notre confiance dans la Parole de Dieu, dans les combats qui sont les nôtres, et pour résister en toute occasion au Mauvais.

Demandons cela pour chacun de nous, pour nos familles et soutenons-nous par la prière, les uns pour les autres, les uns avec les autres.                                                          

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 29 décembre 2019, fête de la Sainte Famille, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 2, 13-15.19-23. Livre de Ben Sira le Sage 3, 2-6.12-14. Psaume 127. 

Lettre de saint Paul aux Colossiens 3, 12-21.

 

Il est bien tôt, ce matin (8h) et pourtant nous avons encore dans nos cœurs les chants et le merveilleux de la naissance de Jésus. 

À l’heure où nous goûtons encore un peu, cette joie et cette paix de Noël, l’Église nous propose de fêter, avec réalisme, la Sainte Famille : Marie, Joseph et l’Enfant Jésus. 

Il y a quelques jours, je discutais avec quelques familles éprouvées, et nous faisions le constat ensemble (et peut-être le faîtes-vous aussi ?) que la vie n’est pas un long fleuve tranquille…

Certes, nous vivons de vrais et de beaux moments de joie, mais d’autres sont parfois plus difficiles ; on ne comprend pas ! Tant personnellement qu’au sein de nos foyers, certaines situations nous laissent perplexes et même dans un certain désarroi !

Contempler la Sainte Famille, c’est nous ramener à une réalité, car cette famille qui nous est présentée en modèle s’inscrit dans le concret d’une existence éprouvée. C’est une vraie famille comme il en existe tant de par le monde, jetée sur les chemins de la vie et vivant les chamboulements qui les accompagnent. 

Bien que la joie de cette naissance, la Sainte Famille a été, elle aussi, bien éprouvée. 

- Rappelez-vous l’évangile de Noël ! Le pays est occupé par les Romains et Marie, enceinte, est obligée d’aller jusqu’à Bethléem parce qu’il y a un recensement. Mais pas de place pour eux à Bethléem lorsqu’ils arrivent et je vous laisse imaginer l’angoisse de ce moment-là alors que Marie est sur le point d’accoucher ! 

- Et puis, Hérode, fou de jalousie va faire massacrer tous les enfants de moins de deux ans (les saints Innocents), provoquant ainsi la fuite en Égypte de Marie, Joseph et de l’Enfant Jésus dans la nuit, vers un pays étranger ; 

- ou encore, lorsque Joseph va présenter l’Enfant au Temple, pas d’argent, et il va faire l’offrande des miséreux, juste deux tourterelles … 

C’est sûr, c’est une vraie famille dans le réel de la vie !

Il est certain que les familles de tous les temps ont bien souvent un lot d’épreuves. Et vous, toutes, les familles ici présentes, vous vous battez souvent avec héroïsme, dans des conditions de vie souvent difficiles : dans l’ordre de la santé, dans des difficultés financières (fins de mois parfois délicates), parfois aussi dans des dialogues difficiles voire même des conflits au sein du couple, ou dans des liens familiaux ou des affections compliquées, voire même brisées. 

Vous toutes, familles souvent héroïques et courageuses, regardez vers la famille de Joseph et de Marie ! Comme les vôtres, elle a connu déchirements et angoisses, se débattant dans les turbulences de l’histoire, et pourtant, elle nous apprend comment tenir debout, malgré les épreuves. 

 Frères et sœurs, nous avons quelque chose à apprendre ce matin, à retenir, à redécouvrir de la famille :

La famille demeure toujours un lieu essentiel ; elle est un don. 

Celui qui en parle beaucoup, parce qu’il l’a beaucoup étudiée, c’est saint Jean-Paul II. Peut-être avez-vous écouté ou lu ses catéchèses du mercredi sur la famille, sur l’amour conjugal.

Pourquoi la famille est-elle si importante aujourd’hui, bien qu’elle ne soit pas considérée comme telle dans notre société actuelle ? Pourquoi l’Église insiste-t-elle tant sur les thèmes du mariage et de la famille ? 

Saint Jean-Paul II nous donne une réponse pertinente et juste : « La raison est simple, même si tous ne parviennent pas à le comprendre. De la famille dépend le destin de l’homme, de la famille dépend son bonheur, la capacité de donner un sens à son existence. Le destin de l’homme dépend de celui de la famille, et c’est pour cette raison que je ne me lasse jamais d’affirmer que l’avenir de l’humanité est étroitement lié à celui de la famille. »

Effectivement, c’est au sein de la famille que l’amour va se vivre réellement. C’est dans la famille que le sens du service et du don de soi vont s’apprendre et se vivre effectivement ; elle est le lieu où l’amour manifeste sa mystérieuse fécondité, où l’amour se transmet et s’apprend. 

Le Fils de Dieu lui-même a voulu naître et commencer son humanité au sein d’une famille. C’est ce que fêtons à Noël. 

Alors, ce matin, je souhaite partager avec vous quatre enseignements que vous connaissez sans doute, mais qu’il peut être bon de réentendre :

En préambule, je le dis avec beaucoup de délicatesse, je sais bien, en vous disant tout cela, que certaines familles sont éprouvées, parfois en difficultés d’amour ou même en rupture d’amour et nous pensons à tous ceux qui souffrent et qui espèrent un apaisement ou un changement. J'ai une pensée et une prière pour les personnes qui vivent un célibat non choisi, une séparation, un veuvage où l'être absent manque beaucoup.

 

Le premier enseignement nous est donné par l’attitude de Joseph. Il nous rappelle cette nécessaire détermination : Joseph, est certes éprouvé, mais il demeure Joseph le courageux, le responsable et le résolu. Il partage avec Marie, la fidèle, une confiance totale dans la Parole de Dieu, bien que parfois, comme parents, ils puissent être dans l’obscurité de la foi au creux même des périls et de l’insécurité. Vous l’avez entendu par deux fois, c’est « dans la nuit » qu’ils quittent leur domicile, c’est-à-dire, dans l’obscurité.

Joseph et Marie témoignent que dans nos vies, dans nos joies comme dans nos peines,

 Dieu est là, Dieu reste proche !

Malgré tout ce qui peut nous arriver, Dieu est présent !

Le deuxième enseignement est la mission fondamentale et responsable que contient cet évangile de la Sainte Famille. Vous savez ce que signifie le nom de Jésus : Yeshoua, “Dieu sauve“ ? Ce Jésus : “Dieu sauve“  ne se sauve pas Lui-même, ne se défend pas Lui-même. Pourtant, il est Dieu ! Il a besoin d’une maman, il a besoin d’un papa. Il s’en remet totalement entre les mains de ses parents que sont Joseph et Marie. Dieu fait confiance à la famille dans sa mission éducatrice. Relisez la première lecture, de ce jour de Ben Sira le Sage.

Le troisième enseignement, c’est la force du sacrement de mariage. L’Église insiste beaucoup sur l’importance de recevoir le sacrement du mariage, sur sa force, sa pertinence. Tout au long de l’Ancien Testament, plus particulièrement dans les livres des prophètes (et notamment dans le livre du prophète Osée), l’amour conjugal est toujours présenté comme l’image par excellence des relations entre Dieu et son peuple, entre le Christ et l’Église, et comme le modèle de toute communion entre les époux. Le Sacrement de mariage est un véritable cadeau, même s’il n’est pas magique. Il est une force, un don et un secours pour les couples qui l’ayant reçu, le développe et le réactive sans cesse dans la prière, l’écoute et le pardon. Saint Paul, que nous avons entendu dans la deuxième lecture est très concret, il dit : « … revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. » Comme vous le savez, dans toute famille, il faut beaucoup de patience ! Il ajoute : « Supportez-vous les uns, les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. » Le pardon est un lieu essentiel d’amour dans la famille. Souvenez-vous quand saint Pierre demande à Jésus combien de fois il faut pardonner ! Jésus lui répond : il faut pardonner soixante-dix fois sept fois. En disant cela, Jésus est en train de viser ce qui se passe dans la famille. C’est là qu’il est possible de donner autant de pardons !

- Le quatrième enseignement : l’importance de la prière : prière personnelle, prière en couple, prière en famille. Il m’arrive souvent d’être invité dans des familles et, après le repas, de voir toute la famille qui se rassemble dans un petit coin prière et chacun exprime ses intentions et les confie à Jésus. Quand je vois et entends un tout-petit qui dit : « Merci petit Jésus pour… », je suis toujours très touché par leur confiance spontanée et vraie.

Marie et Joseph sont des témoins fidèles de la prière en couple et en famille.

 

Voilà les quatre enseignements que je souhaitais évoquer avec vous.

Je termine par un point important : la famille doit se comprendre aussi dans une dimension de fraternité et de communauté. De fait, dans cette église, nous formons, ce matin, une grande famille ! Par le don du baptême que nous avons reçu, nous sommes devenus frères et sœurs en Jésus. Regardez tout autour de vous : vos voisins de bancs sont des frères et des sœurs, et nous formons une famille, une vraie famille dans laquelle nous devrions pouvoir compter, les uns sur les autres.

Frères et sœurs, rendons grâce pour nos familles :

-       les familles dont nous sommes issus (même si nous avons oublié les prénoms et l’histoire de celles et ceux qui nous ont transmis cette vie de génération en génération, 

-       et pour nos familles présentes, nos proches, nos enfants et petits-enfants.

Demandons cette grâce d’une construction, d’un soutien sans cesse renouvelé dans l’amour, le don de soi, la transmission et le pardon !

Demandons aussi pour toutes les familles, la grâce de la fidélité et de l’audace de la confiance !

En ce dimanche de la Sainte Famille, que le Seigneur bénisse particulièrement toutes les familles et nous donne les grâces nécessaires pour répondre à nos missions !

AINSI SOIT-IL !

 

Homélie du jour de Noël 2019, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Livre du prophète Isaïe 52, 7-10. Psaume 97. 

Lettre aux Hébreux 1, 1-6.

 

Comme je vous le disais tout à l’heure en introduction, cette nuit, nous avons vécu la joie de la naissance du Fils de Dieu, de Jésus, dans une étable, à Bethléem. Ce matin, alors qu’il faisait encore nuit et que le jour se levait à peine, avec les bergers, en suivant l’invitation des anges, nous sommes venus nous prosterner devant la crèche. 

Frères et sœurs, je ne sais pas si nous mesurons combien la naissance de Jésus au cœur de la nuit, à Bethléem, est un événement historique qui concerne l’humanité tout entière, et plus encore, qui a modifié l’histoire de toute l’humanité. Si nous sommes encore en 2019 et, dans quelques jours en l’année 2020, c’est qu’il y a un “avant“ et il y a un “après“, et Celui qui est au centre : c’est le Christ !

Ce que nous avons entendu cette nuit, cette Bonne Nouvelle, n’est pas réservée à quelques privilégiés, elle est adressée à tous ! Chaque homme, chaque femme selon la disponibilité de son cœur peut être associé au salut que Jésus veut pour chacun d’eux.

Nous croyons que cet Enfant est vraiment le fils de Marie, conçu de l’Esprit Saint, qu’il est le Verbe de Dieu : Dieu incarné dans l’histoire humaine. C’est parce qu’il est vraiment homme et vraiment Dieu que sa venue en ce monde est une immense espérance pour l’humanité

Si la fête de Noël continue à fasciner tant d’hommes et de femmes, parfois même très éloignés de la foi chrétienne, n’est-ce pas parce que nous percevons que l’espérance dans un salut de toute l’humanité reste incertaine et difficilement atteignable par nos simples forces et moyens ?

Pour beaucoup de nos contemporains (et peut-être pour vous-mêmes d’ailleurs), une interrogation, une attente demeure, même si parfois elle est confuse. 

Combien de fois suis-je interpellé par ces questions : 

  • Qui peut m’expliquer le sens de ma vie ? 
  • Qui peut me dire mon avenir ? 
  • Pourquoi allons-nous mourir et que se passe-t-il après la mort ? 
  • Pourquoi ai-je au fond de moi, ce désir d’être profondément aimé et d’aimer en retour ? (Cette dernière question est peut-être la plus fréquente.)

N’avons-nous pas cette impression de tourner souvent en rond, sans trouver d’issue ou de solutions à nos interrogations ou nos questions existentielles ?

Quelles que soient les mutations de notre culture, quelle que soit notre sensibilité, un mystère demeure : l’amour, la vie, l’espérance, tout ce que nous désirons au plus profond de nous-mêmes… d’où cela vient-il ? Je le crois : tout vient de Dieu !

En ce jour, Dieu veut rejoindre tout homme pour apporter une espérance et une réponse !

Comment décrire le mystère de Noël ? 

C’est le moment où Dieu se laisse découvrir faible et petit, en se laissant deviner dans le sourire d’un enfant. Pourquoi ? Pourquoi un tel abaissement ? Pour que nous n’ayons pas peur de Dieu, bien au contraire.

Quand nous prenons conscience de cette initiative inouïe de Dieu dans notre histoire, du mystère du Fils de Dieu devenu homme, nous percevons alors les limites de notre intelligence, la faiblesse de nos mots, de notre vocabulaire, de nos idées… et nous ne pouvons qu’admirer, tout à tour, les deux faces du paradoxe, c’est-à-dire que :

  • Cet enfant est vraiment homme, qu’il est “de chez nous“, qu’il est le fils de Marie, qu’il est de notre chair, et cela nous le comprenons,
  • Et qu’il est à la fois et en même temps, Dieu, Fils de Dieu et Dieu Lui-même.

Jésus est en même temps vrai Dieu et vrai homme. Comme il est difficile de le comprendre et de l’expliquer même dans nos familles et à nos amis !

Cette nuit, nous avons accueilli l’Enfant et nous l’avons déposé dans la crèche. Nous avons chanté dans la joie : “Il est né le divin Enfant“. Ce matin, il nous est donné d’entendre cette longue méditation de l’évangile de saint Jean que l’on appelle le Prologue. 

Saint Jean retrace, dans ces lignes, tout le projet de Dieu, sa longue patience vis-à-vis des hommes, et l’amour persévérant avec lequel il a préparé depuis des siècles et des siècles, ce mystère de Noël.

Depuis la chute, depuis le péché originel, depuis cette rupture de l’homme avec Dieu… Dieu n’a pas désespéré de redonner à l’homme cette intimité qu’il avait dans le Jardin d’Eden.

Saint Jean nous dit surtout ce que le Christ a été depuis toujours et ce qu'il vient faire parmi les hommes et pour les hommes.

Il nous a fallu du temps pour comprendre que Dieu est Père, que Dieu est Fils, que Dieu est Esprit Saint ! Avant même qu’il y eût un monde, avant même qu’il y eût un temps à mesurer, Il était, comme Fils de Dieu, l’image parfaite de son Père, l’expression totale de son Père. 

Depuis longtemps, comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture, Il a parlé par les prophètes, dans ce que nous appelons le Premier Testament. Le Fils de Dieu était annoncé comme Sauveur, (comme nous l’avons entendu dans le livre d’Isaïe) c’est-à-dire le Messie. À travers ces paroles, nous mesurons toute l’attente du peuple Hébreu qui attendait le Messie, qui attendait Celui qui allait révéler qui était Dieu.

Enfin ! Le Fils de Dieu s’est fait chair ! Il a établi sa demeure parmi nous ; alors Il pouvait dire : « Moi, Parole éternelle de Dieu, je vous parle du Père avec vos mots humains. » Après des siècles de révélations, nous entendons le Révélateur. Le Fils de Dieu a fait entendre avec une voix humaine qui était la sienne, le mystère du Père, l’amour du Père pour chacun de nous. Ce n’était plus par la voix des prophètes que nous entendions la Parole de Dieu, mais par la Parole même de Jésus ! Jésus nous apprend même à prier le Père, comme nous le ferons tout à l’heure avec la prière du Notre Père.

- C’est ce que nous entendons à chaque eucharistie !

- C’est ce que nous entendons à travers la Bible !

Frères et sœurs, il ne suffit pas de nous rappeler que nous sommes chrétiens, surpris et, je l’espère, émerveillés par l’audace de Dieu et de poursuivre notre vie de tous les jours comme si de rien n’était. Non ! L’invitation est là : vivre de la Vie même de Dieu ! Accepter la présence de Dieu en notre vie ! Devant un tel cadeau, comment pourrions-nous faire l’impasse sur cette bonne nouvelle ? 

Chaque Noël, cette nouvelle n’est-elle pas une invitation à entrer plus intimement dans ce mystère, plus encore, à changer ma manière de vivre ? J’espère que vous ne sortirez pas de cette église comme vous y êtes entrés ! J’espère que quelque chose de différent va se passer en vous ! Ce n’est pas juste un Noël de plus ! Il y a quelque chose de nouveau à découvrir, quelque chose que Dieu veut nous redire ce matin !

Frères et sœurs, en ce jour très saint, si nous sommes touchés par la naissance de Jésus durant cette nuit, à Bethléem, si cette naissance nous apporte quelque consolation et un peu d’espérance, demandons-nous sérieusement : 

  • Que dois-je faire pour que ma vie soit meilleure ? 
  • Que dois-je changer dans ma manière de vivre pour que le monde change ? 
  • Que dois-je changer dans ma manière d’être pour que le monde soit différent ?
  • Que dois-je changer pour mettre le Christ au centre de ma vie, pour me laisser bousculer par le don audacieux de l’Esprit Saint ?

Ne nous laissons pas submerger par les difficultés de l’existence ; il y en aura toujours ! 

Ne nous laissons pas dominer, non plus, par un “prêt à penser“ et les idées toutes faites que nous entendons au travers des médias ! 

Ne croyons pas non plus que nous pouvons nous attribuer le pouvoir de manipuler l’être humain et de l’utiliser comme un instrument ! 

Ne renonçons pas à la puissance de l’amour et à la force de la fidélité jusqu’au bout, car nous sommes faits pour aimer jusqu’au don total de notre vie !

Frères et sœurs, ne nous laissons pas voler la joie de Noël par une société qui nous pousse à consommer et qui nous entraine à oublier ce merveilleux mystère de la venue de Dieu en notre chair ! 

Ne nous laissons pas assombrir par la morosité ambiante ni par les difficultés de notre temps, car cela nous conduirait à une désespérance qui n’est pas chrétienne !

Choisissons ensemble et personnellement d’être les témoins joyeux de Jésus.

Comment comprendre Noël ?

  • Comprendre Noël, c’est comprendre que Dieu ne nous abandonne pas ! Jamais !
  • Comprendre Noël, c’est comprendre que le salut que Dieu nous propose est déjà là ! 
  • Comprendre Noël, c’est comprendre que le Fils de Dieu se fait proche et que, pour ne pas nous effrayer, pour que nous puissions le prendre dans nos bras, Il se fait petit Enfant, et son regard est un regard d’enfant.
  • Comprendre Noël, c’est comprendre que nous sommes faits pour la Vie éternelle.

Si nous prions pour la paix dans le monde, comme nous le ferons dans quelques instants, nous avons aussi à demander cette paix pour chacun de nous, en chacun de nous.

Frères et sœurs, oui ! Ce Noël est un don et un cadeau.

Puissions-nous l’accueillir en ouvrant notre cœur et en reconnaissant l’amour de Dieu pour tout homme !

Je termine en souhaitant à toutes et à tous un joyeux et saint Noël !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 25 décembre 2019, messe des bergers, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 2, 15-20. Livre du prophète Isaïe 62, 11-12. Psaume 96. 

Lettre de Tite 3, 4-7.

 

Chers amis, nous voici réunis pour célébrer « la messe des bergers », ou « la messe de l’aurore ». Il fait encore nuit au-dehors, et dans l’obscurité de cette église, simplement éclairée par quelques bougies, nous sommes invités à entrer davantage dans ce mystère de la nuit de Noël.

Peut-être vous rappelez-vous les trois messes basses de l’écrivain Alphonse Daudet ? Peut-être aussi vous souvenez-vous du curé dom Balaguère, ventripotent, salivant en pensant déjà à son repas de fête, ou aussi, de ce “pousse au crime“ de Garrigou. Grâce à ce conte, bien des Français, même totalement déchristianisés, ont continué à se rappeler que la liturgie eucharistique comporte trois messes différentes (Les trois Messes basses). 

En effet, ces trois messes sont une invitation à entrer davantage dans le mystère de Noël. Elles constituent, en quelque sorte, une progression de la lumière, et je vous propose très simplement ce matin, à la façon d’une méditation, de suivre ensemble, les étapes de cette illumination.

  • La messe de la nuit rappelle l’événement historique survenu il y a deux millénaires environ : une naissance ! La Vierge Marie accouche du reflet resplendissant de la gloire du Père, et ce reflet lumineux est cependant si modeste que seuls, Marie et Joseph le discernent vraiment.

           La nuit de Noël, le corps visible de Jésus sert à désigner le mystère invisible de notre Salut, mais dans la nuit, obscurcie par le péché, seuls les cœurs purs peuvent percevoir cette vérité.

  • Après la messe de la nuit, c’est la messe de l’aurore que nous vivons maintenant. Sans doute, est-ce la plus intime. Elle conduit à percevoir une nouvelle dimension de la venue du Messie. La lumière incertaine des premières lueurs du jour s’ajoute à la lumière qui vient de la crèche et touche les éloignés de Dieu comme les chercheurs de Dieu : celles et ceux qui sont en quête de sens. 

           Cette messe est aussi appelée “messe des bergers“. Effectivement, de nombreux bergers gardant leurs troupeaux étaient dans les champs autour du village       de Bethléem ; ce sont des gens humbles. Ils se sont laissés toucher par l’invitation des anges et par la petite lumière surgie dans la nuit.

  • La troisième étape : l’illumination connaît enfin son sommet dans la messe du jour que nous allons vivre ensemble tout à l’heure. On y proclame, en effet, le Prologue de l’évangile selon saint Jean. Ce texte est comme la clé de voûte du Nouveau Testament. Il nous renvoie à un nouveau « Commencement » et nous illumine en disant : « Le verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme. »

La lumière du Christ est pour chaque membre de l’humanité ; elle n’est pas le privilège d’une époque ou d’un lieu. La venue des mages à la crèche, dans quelques jours, nous le confirmera.

Je résume; aux trois messes de Noël correspondent trois extensions de la Révélation :

- La nuit, Jésus lumière est connu par les cœurs purs.

- À l’aube, Jésus lumière attire les plus humbles.

- Au jour, Jésus lumière s’offre pour tous les hommes, même les plus éloignés de Lui, même les païens.

 

Au terme de cette nuit, à la lueur du jour qui se lève peu à peu, l’Enfant de la crèche vient nous rappeler quatre aspects fondamentaux :

L’enfant est la vie, et cette vie doit être gardée précieusement, non pas cette apparence de vie à laquelle nous nous raccrochons souvent, ni cette impression de vivre par ce que l’on fait ou ce que l’on possède. 

L’enfant, c’est aussi la Parole. Il est la Parole de Dieu ; il est le Verbe de Dieu. Il est Dieu lui-même qui nous parle ! 

L’enfant est aussi la croix. La croix à venir, celle du Vendredi Saint.

l’enfant dans la mangeoire est aussi celui qui nous donne son corps, celui qui nous offre sa chair à manger. C’est ce que nous allons vivre dans quelques instants dans l’eucharistie.

Chers frères et sœurs, le jour va bientôt se lever, comme vous le voyez à travers les vitraux. Ce jour est celui de la nativité de Notre Seigneur. Avec les anges qui annoncent cette bonne nouvelle aux bergers, nous sommes invités, nous aussi, à entrer dans la louange de Dieu.

Glo… O, O O, O,… O…O…O… ria, in excelsis deo !

Glo… O, O O, O,… O…O…O… ria, in excelsis deo !

 

Homélie du dimanche 22 décembre 2019, 4e  dimanche de l’Avent, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 1, 18-24. Livre du prophète Isaïe 7, 10-16. Psaume 23. 

Lettre de saint Paul aux Romains.

 

À quelques jours de la naissance de l’Enfant-Dieu, les lectures que nous entendons en ce quatrième dimanche de l’Avent, nous redisent sa mission si particulière, et cela à travers déjà son double prénom : 

“Emmanuel“, c’est-à-dire “Dieu avec nous“, comme vous l’avez entendu, qui nous rappelle cette proximité de Dieu au cœur de notre vie, et 

- “Jésus“, pour nous rappeler que “Dieu sauve“. Dieu nous sauve et veut notre salut !

Si nous faisons un bond dans le passé, en ce dernier dimanche de l’Avent, Marie et Joseph sont encore en marche vers le village de Bethléem ; fatigue, chaleur, insécurité ! Notre regard se porte vers ce couple qui chemine, vers ces futurs parents, bien proches de nos situations humaines, de nos précarités, de nos difficultés.

Sur ce chemin, Marie et Joseph font mémoire de ces derniers mois vécus dans l’étonnement d’annonces surprenantes.

Cette semaine, nous entendions le récit de l’Annonciation, ce jour incroyable où l’ange Gabriel est venu rencontrer Marie dans le petit village de Nazareth. Aujourd’hui, nous réécoutons le récit de l’annonce à Joseph. 

Au départ, voici donc deux personnes, Marie et Joseph, qui font ensemble le beau projet d’épousailles, le projet de se marier, de devenir époux, de devenir une seule chair, de se donner radicalement, complètement l’un à l’autre. Ce sont des fiancés heureux ! Pourquoi ? .… parce que ce projet les motive et les fait vivre,  parce qu’ils s’aiment, tout simplement, profondément ! Ils connaissent ces temps de bonheur que sont la découverte de l’un et de l’autre, cet apprivoisement progressif, cet attachement à l’autre, ce désir qui grandit. Nous imaginons les projets qui se mettent en place, et puis… c’est le moment des fiançailles !

Mais voilà qu’arrive le temps de la souffrance ; Joseph connaît l’affreuse douleur morale d’apprendre, lors du retour de Marie de sa visite chez sa cousine Élisabeth, que sa fiancée est enceinte… et qu’il n’y est pour rien : ce n’est pas lui, le père ! Imaginez sa réaction ; tout son rêve de bonheur vole littéralement en éclats ! Il décide, alors, de rompre ses fiançailles. 

En même temps :

- Il respecte trop Marie pour la vouer à la réprobation de tout le village, et 

- Il respecte trop la loi de Dieu, pour fonder un foyer sur des bases aussi incertaines.

Alors, quoi faire ?

Il va donc simplement, mais la mort dans l’âme, rendre à Marie sa liberté. C’est la décision d’un “homme juste“,nous dit l’évangile. C’est la décision de quelqu’un qui veut s’effacer sans créer de scandale dans la vie de Marie et de son enfant. 

Mais voici que Joseph découvre dans le message de l’ange, que Dieu a un projet tout autre, et plus grand que l’amour, au sein de leur couple.

L’histoire que nous venons d’entendre nous invite à découvrir peut-être plus intérieurement, une confiance absolue en Dieu, tout simplement parce qu’elle nous renvoie d’une certaine façon aux propres histoires parfois difficiles et bouleversantes de notre existence. Il nous arrive, sans l’avoir provoqué, de nous trouver dans des situations compliquées et douloureuses que nous n’avons pas choisies : difficultés familiales, difficultés professionnelles, maladie d’un des conjoints, un couple vivant la douleur d’une stérilité, la venue d’enfants inattendus, des enfants malades, des enfants handicapés, de grands adolescents qui nous donnent parfois du souci, des enfants trop tôt adultes, trop tôt responsabilisés, qui deviennent les confidents des soucis de leurs parents, oubliant ainsi le temps indispensable de la croissance de l’enfant et de l’insouciance, ou encore un couple vivant l’infidélité de l’un des deux … Dans ces situations non choisies, nous sommes cependant invités à  grandir, à les dépasser, à faire confiance, et devant l’incompréhensible, à trouver une solution en Dieu.

Est-ce si facile ? Sans doute que non !

Face aux difficultés et aux doutes, dans toutes ces situations douloureuses, nous sommes tentés (tel un réflexe) de nous enfermer sur nous-mêmes, de croire que “tout est perdu“, qu’il n’existe pas ou plus de solutions, d’être coupés de toute espérance et parfois … d’en vouloir à Dieu et même de l’accuser de tous nos maux… 

Or, mystérieusement, comme pour Joseph, la réponse à nos problèmes humains qui paraissent insolubles à ce moment précis, peut trouver une solution en Dieu !

C’est au cœur même d’une disponibilité à Dieu que Joseph découvre sa réponse : une réponse à ses questions, une réponse à sa déconvenue ! Son cœur d’homme est profondément blessé, mais il va vivre l’audace de la confiance, l’audace de l’abandon. Voici que Dieu demande à ce futur époux de revenir sur sa décision et d’accepter une triple mission ! 

Il appartient à Joseph de dire “oui“ ou “non“ :

Première mission : prendre Marie chez lui, comme épouse ! Plus encore, entrer dans cette réciprocité de l’amour et du don total de soi à l’autre ! C’est comme un double “oui“ qui s’impose.

Deuxième mission : accueillir cet enfant et lui donner un nom, c’est-à-dire : assumer la paternité légale de cet enfant ! Donner un nom, c’est entrer dans une dynamique de l’amour et de la responsabilité : un amour responsable et juste. 

Troisième mission : être gardien de l’éducation de Jésus, découvrir cette mission de paternité : faire entrer Jésus dans le monde, lui faire aimer le monde, lui apprendre à œuvrer dans le monde, lui donner un métier, et nous connaissons le métier de Joseph.

Le “OUI“ de Joseph doit venir s’ajouter et compléter le “ OUI “ de Marie pour que Dieu puisse s’incarner dans une famille humaine, et ainsi rejoindre toutes les familles de la Terre.

Je termine en soulignant deux choses que nous pouvons apprendre ce matin, deux attitudes de Joseph pour nous aider et nous permettre de nous situer.

Ces deux attitudes sont l’audace et la prière :

L’audace, c’est accepter que Dieu nous invite à changer nos projets pour les ajuster à une mission qui, souvent, nous dépasse infiniment, une audace parfois dans nos moments de galère, de difficultés, une audace qui nous pousse à ne pas nous refermer sur nous-mêmes et à oser tout remettre à Dieu. Notre Dieu n’est pas un magicien, mais Il nous donne de trouver le vrai sens de nos existences, parfois même au sein de situations complexes.

La prière. Dans le vocable biblique, quand on parle de songe, il ne s’agit pas d’un rêve, c’est vraiment une attitude de prière. Dieu ne nous demande pas d’être des rêveurs, mais plutôt de vivre bien ancrés dans notre monde, d’ouvrir notre cœur tel un espace d’accueil, à la présence de Dieu. C’est dans la prière que Dieu se révèle plus particulièrement et que des pistes de vie nous sont données.

Chers amis, puissions-nous accompagner Marie et Joseph sur leur chemin, ou plutôt les laisser accompagner tous les couples, toutes les familles que nous connaissons. Marie et Joseph n’ont pas été préservés de toute difficulté, mais ils témoignent, à leur façon, d’une infinie tendresse, d’une infinie espérance !

Nous sommes à quelques heures de ce temps de Noël et je ne sais pas quel est votre état d’esprit… Êtes-vous encore affairé à chercher les derniers cadeaux et à terminer les préparatifs, ou êtes-vous prêts à entrer véritablement dans la prière pour une rencontre renouvelée avec Dieu ?

Noël n’est pas simplement une fête commerciale ni une sympathique réunion de famille : Noël est le projet de Dieu pour tout homme, le projet de Salut que Dieu souhaite pour chacun de nous !

Puissions-nous accueillir Jésus, l’Enfant-Dieu, dans notre vie, dans nos familles et ouvrir notre cœur, non pas à la joie des cadeaux qui sont si éphémères, mais à la grâce confiante de paix de Celui qui vient !

Demandons cela pour chacun de nous, pour nos familles et, plus largement, pour le monde !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 16 décembre 2019, troisième semaine du temps de l’Avent, année A. 

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie non relue.

Évangile selon saint Matthieu 21, 23-27.  Livre des Nombres 24, 2-7.15-17. Psaume 24. 

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 1, 3-6.11-12.

 

Chers amis, nous continuons à préparer la venue de Jésus dans notre cœur !

Nous sommes au lendemain du dimanche de la joie, dimanche que nous avons vécu ensemble hier : dimanche de Gaudete

La joie est là, et pourtant, la polémique contre Jésus continue.

Nous sommes dans le Temple, à Jérusalem et Jésus enseigne. Enseigner dans le Temple était réservé à quelques rabbis bien autorisés. Tout le monde n’avait pas ce privilège ! 

C’est pourquoi les grands prêtres et les anciens du peuple s’approchent de Jésus et l’interpellent avec une question précise : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? » Littéralement : « Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Quelle est ton origine ? » 

Selon son habitude, Jésus répond par une “contre-question“. En fait, Jésus demande à ce que l’on se détermine. Face à ses interlocuteurs, face aux personnes qui se trouvent devant lui, sa question est simple : « Le baptême de Jean, d’où venait-il ? Du ciel ou des hommes ? » Dites-moi, vous-mêmes, ce que vous croyez !

Comme les grands prêtres et les anciens du peuple, beaucoup de personnes essaient, encore aujourd’hui, d’esquiver toutes questions embarrassantes concernant personnellement la foi. Peut-être même, avez-vous vécu, tout comme moi, des situations parfois amusantes ou cocasses. En effet, dans les différentes rencontres dont j’ai l’opportunité, ou à l’occasion d’un repas, les questions fusent, les échanges sont nombreux, et il m’arrive de demander à une personne baptisée par exemple, et sans aucune provocation de ma part :

« Croyez-vous ? Êtes-vous une personne croyante ? » Les réponses sont compliquées et parfois un peu alambiquées : « Oui, je crois… mais… » Qu’il y a-t-il derrière ce “mais“ ?

Ou bien : « Ton baptême, d’où vient-il ? » Les réponses sont, là aussi, assez surprenantes : « Oui, j’ai été baptisé, oui bien sûr… je suis croyant, mais… pas pratiquant. »

De fait, je ressens une sorte d’appréhension ou de peur, comme une couche de vernis qu’il faudrait enlever pour aller en profondeur. Leurs vies pourtant, racontent une autre histoire, une belle histoire et souvent je découvre, pour peu que l’échange se poursuive, des situations riches, de belles dispositions spirituelles.

Chaque vie a une belle, une vraie valeur !

Je me pose la question, à chaque fois, de savoir comment les inviter à aller un petit peu plus loin, comment les inviter à se déterminer et à suivre Jésus ? Prendre le temps de cette réflexion est une richesse à la fois spirituelle, intellectuelle, humaine ?

Cette question demeure pour chacun de nous, encore, ce matin !

·       Alors, « Jésus est-il du ciel ou est-il des hommes ? » 

·       La fête de Noël que nous allons vivre dans quelques jours, est-elle une fête commerciale ou est-ce réellement la venue du Fils de Dieu dans notre humanité ?

Là aussi, dans la façon dont nous préparons ces fêtes, il nous faut nous déterminer. Si Jésus est vraiment l’Envoyé de Dieu, alors, aucun de nous n’a le pouvoir de modifier ou d’édulcorer son enseignement ! Nos vies devraient être le reflet clair de ce que Jésus nous a appris, dans la mesure où nous connaissons ses enseignements et que nous sommes capables de les mettre en pratique !

Est-ce le cas ? Est-ce bien ma façon de vivre ? Du moins, ai-je vraiment le désir de refléter, dans ma vie, l’enseignement du Christ ? Ma vie témoigne-t-elle véritablement de ma conviction que Jésus est descendu du ciel et qu’Il est le Fils de Dieu ?

Ces questions s’adressent à chacun de nous ; pour certains, la réponse est évidente et claire ; pour d’autres, peut-être y a-t-il un nouveau chemin à prendre et à préparer avec amour, des réponses pour les personnes de nos familles ou celles que nous allons côtoyer.

Frères et sœurs, que cet Avent soit pour nous l’occasion d’un sursaut de foi, d’un surcroît de confiance ! Approchons-nous de Lui toujours plus, encore plus, pour que nous nous laissions enseigner par Lui.

Demandons-Lui ensemble :

Seigneur, parle-nous encore à l’oreille de notre cœur, à l’oreille de notre intelligence,

Toi, Seigneur, qui as les Paroles de la vie éternelle !

Puissions-nous nous préparer et hâter par notre foi, le jour de la présence du Seigneur, le jour de sa gloire !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

  Homélie du lundi 9 décembre 2019. Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Luc 1, 26-38.  Livre de la Genèse 3, 9-15.20. Psaume 97. 

Lettre de saint Paul aux Ephésiens 1, 3-6.11-12.

 

Au début de ce mois de décembre, Marie est déjà à son huitième mois de grossesse. Elle se dirige sans doute difficilement vers la ville de Bethléem à cause, comme vous le savez bien, du recensement décrété par César Auguste (une folie : recenser le monde entier !). Sur cette route, Joseph est auprès d’elle, à côté d’elle. Ils avancent ensemble, tous les trois.

En ce temps de l’Avent, la liturgie de ce jour nous invite à vivre un “flash-back“, à un retour en arrière, à un zoom sur un épisode qui s’est passé il y a déjà quelques mois. Peut-être Marie est-elle en train de repenser à ce moment incroyable où, dans sa ville de Nazareth, l’ange de Dieu est venu la rencontrer. Avec Marie, nous sommes invités à faire mémoire de ce moment unique où l’Ange Gabriel est entré chez elle. Pour Marie, impossible d’oublier cette rencontre, impossible d’oublier son “oui“, son “fiat“ à Dieu qui la conduit à entrer dans l’inconnu de Dieu et aussi dans cette profonde confiance en Dieu.

L’Ange, en entrant, lui avait dit : “Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi“.

Oui ! Marie est comblée de grâce !

Fêter l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, c’est fêter la victoire de l’amour de Dieu en une personne de notre humanité nommée Marie. Marie est une créature, tout comme nous, et pourtant ! Le livre de la Genèse que nous venons d’entendre en première lecture,  nous redit avec Ève, la tragédie de l’origine, où l’homme et la femme se sont séparés de ce contact intime qu’ils vivaient avec Dieu. Cette séparation n’était pas dans son projet, mais Dieu ne nous abandonne pas ! Le ciel vient à notre secours ! Même si ce combat dure encore et que l’homme se défie de Dieu, Dieu aime profondément chacun de nous.

C’est là qu’est le péché des origines, dans cette rupture vis-à-vis de Dieu, que l’homme a commis ! Il n’en était pas ainsi dans le plan premier de Dieu ! Depuis, nous portons, de génération en génération, le poids de cette séparation avec Dieu, mais aussi une absence !

Marie, la première sauvée, nous ouvre un chemin qui nous mène à nouveau, à la porte du Royaume. Comme nous venons de le chanter, Marie, la première, nous montre le chemin !

Lors de la salutation de l’Ange, Marie avait été troublée ; là aussi, nous entendons pour chacun de nous, la réponse rassurante de l’Ange : “Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.“ De fait, l’Esprit Saint est toujours à l’œuvre, pour peu que nous soyons, nous aussi, accueillants à sa personne. C’est Lui qui, en ces jours, nous dévoile ce mystère de Noël, ce mystère de la Nativité, ce mystère de la naissance de Jésus, qui par anticipation, vient déjà préparer le cœur de sa maman. C’est Lui qui nous révèle la logique de l’amour !

Marie a bénéficié par anticipation du mystère du salut de Jésus, mort sur la Croix et ressuscité.

Frères et sœurs, la fête de l’Immaculée Conception est le rappel du projet de Dieu, projet de vie, rappel du salut pour chacun de nous.

Dieu veut nous sauver,

Dieu veut nous donner la vie,

Mais il ne peut le faire sans nous, il a besoin de notre “oui“ !

Marie nous apprend à dire “oui“, nous aussi.

 

En cette belle fête de l’Immaculée Conception, demandons pour chacun de nous de comprendre le projet d’amour de Dieu, même si parfois, il nous parait compliqué de tout comprendre ! 

Dieu veut notre salut ! Puissions-nous avoir la force de dire “oui“ au Christ.

Tout au long de ce jour, prenons le temps de faire mémoire, comme Marie, de cette bonne nouvelle et d’en rendre grâce !

Dieu nous aime, Il a envoyé son Fils, et Marie a dit “oui“, pour que l’humanité redécouvre cette proximité originelle et miséricordieuse de Dieu  !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 8 décembre 2019, 2eme  dimanche de l’Avent, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 3, 1-12. Livre du prophète Isaïe 11, 1-10. Psaume 71. 

Première lettre de saint Paul aux Romains 15, 4-9.

 

Voilà un texte qui peut réveiller, même de bon matin ! De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de quelque chose qui dure depuis des siècles.

  • Notre temps a besoin de visionnaires !
  • Notre temps a besoin de prophètes !
  • Notre temps a besoin de “Jean-Baptiste“ !
  • Notre temps, (c’est-à-dire aujourd’hui) a besoin de chrétiens audacieux et décomplexés !
  • Notre temps a besoin de témoins, des hommes et des femmes vivant l’idéal de Dieu pour l’humanité !

Déjà, comme vous l’avez entendu dans la première lecture, 6 siècles avant la naissance du Christ, le prophète Isaïe a le cœur rempli d’espérance, de joie pourrait-on dire, dans l’attente d’un Enfant-Dieu, du Messie et il annonce Jean-le-Baptiste, qui préparera les chemins du Seigneur. Le Seigneur aura pour nom : l’Emmanuel, c’est-à-dire : “Dieu avec nous“.

Tout au long de ces derniers jours, en prenant le temps de méditer les lectures de ce deuxième dimanche de l’Avent, j’ai été frappé surtout par la première lecture.

Le tableau que nous brosse le prophète Isaïe m’a laissé songeur toute la semaine… Le petit garçon conduit ensemble le loup et l’agneau, le léopard et le chevreau, le veau et le lionceau. “Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra.“ et Isaïe insiste : “ Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute la montagne sainte.“

Quelle image surprenante !

En entendant ces mots, nous pourrions nous écrier : enfin ! : « Enfin ! Ça y est ! Ce que j’ai au fond de mon cœur, ce que nous avons au fond de notre cœur, ce désir profond se réalise ! L’homme et l’univers se réconcilient et retrouvent l’innocence et l’équilibre qu’ils avaient quand ils sont sortis des mains du Créateur ! ». La bonté, la douceur seraient présentes. 

Le drame est que notre réalité est tout autre ! La violence comme la bêtise humaine de ce monde nous blessent toujours profondément. Nous le constatons, notre société reste encore traversée par la soif du pouvoir et de l’argent, les dérives idéologiques, totalitaires, par une culture de mort tant sur la vie naissante que sur la fin de vie. 

Là, le Démon, le Diviseur, est diablement habile.

Nous le savons, tout dépend de Dieu, mais le monde dévoilé par le prophète Isaïe dépend aussi de nous ; il nous revient déjà de commencer à le rendre présent, déjà en nous et entre nous, et toujours plus présent.

Comment désirer ce monde, si nous ne réalisons pas ce que nous portons déjà au fond de nous-mêmes : ce désir profond, de paix, de bienveillance… ?

Comment faire venir ce monde ? D’abord, comme nous le rappelle saint Paul dans la deuxième lecture, par le souci de rester dans l’unité : déjà au cœur de nos familles, de rester dans la vraie fraternité, dans notre paroisse, mais aussi sans relâche, sans désenchantement, rester justement dans cette espérance et cette persévérance ! Les parents présents ce matin, comprennent bien ce que je suis en train de dire tant il faut être persévérant pour l’éducation des enfants et l’unité du couple.

Plus encore, il nous faut entendre le rude appel que lance Jean-le-Baptiste, ce cri qui résonne depuis plus de deux mille ans, et toujours actuel : 

« Convertissez-vous ! Convertissons-nous ! »

Mais que signifie nous « convertir » ? Cette question peut laisser certains un peu perplexes !

Pourtant, cette remise en question est importante et nécessaire. Je suis toujours surpris (et en disant cela je ne juge personne), beaucoup pensent qu’ils n’ont pas besoin de se convertir parce qu’ils sont persuadés d’être justes, de ne faire de mal à personne, et comme ils n’ont tué personne physiquement, ils pensent ne rien avoir à se reprocher.

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, nombreux sont ceux qui pensaient vivre parfaitement la Loi du Seigneur et n’avoir aucune leçon à recevoir de personne. Pourtant, la parole de Jean-Baptiste résonne jusqu’à aujourd’hui, un appel rude à la conversion : “Engeance de vipère, qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?“

Nous sommes chrétiens, nous avons été baptisés au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Nous avons été baptisés dans le Christ, nous sommes habités par l’Esprit Saint et nous participons à la vie de l’Église (votre présence ici, ce matin, le confirme…) et c’est merveilleux ! Certains rendent même des services dans différents domaines de la pastorale ! Merci à vous, c’est pour moi l’occasion de rendre grâce !

Alors, ai-je encore besoin de me convertir ? 

En toute lucidité, ne sommes-nous pas tentés de vivre pour nous-mêmes plutôt que de vivre de l’amour du Christ ? Le Christ est-il premier dans ma vie ?

Reconnaissons-le : souvent nous succombons, nous nous accommodons de situations dont nous percevons les limites et la justesse !

Je le crois profondément :

  • Tous, sans exception, nous avons à accueillir cette invitation de Jean-Baptiste à la conversion !
  • Tous, nous avons besoin de revenir à la Parole de Dieu, à l’appel qu’il nous adresse à suivre le chemin de la Foi, afin que l’Esprit Saint nous conduise vraiment !

C’est là, où nous avons peut-être à développer notre réflexion, notre compréhension, notre imagination, notre entraide, car la question demeure : 

Que veux-tu me dire Seigneur À quelle conversion suis-je appelé ?

Sachons-le, toute conversion est un don de l’Esprit Saint !

Je le redis avec force, c’est par notre conversion que nous porterons des fruits ! Aujourd’hui comme pour hier, notre temps a besoin de chrétiens audacieux et décomplexés, de prophètes, de missionnaires ! 

Dieu a besoin de nous !

Concrètement, si nous ne nous laissons pas attirer par les tentations d’une société consommatrice, ce temps de l’Avent est réellement un temps favorable pour comprendre comment réconcilier l’homme et l’univers !

L’Avent n’est pas une berceuse pour enfants sages !

L’Avent n’est pas (même si cela fait plaisir !) le moment où l’on va réfléchir, ou rêver 

aux cadeaux que l’on va recevoir ou offrir !

L’Avent est le temps de la vérité et de la décision, 

Le temps de l’engagement radical envers Dieu et envers l’homme !

Puissions-nous, frères et sœurs, laisser résonner en nous, cet appel pressant à la conversion que nous lance, aujourd’hui, Jean-le-Baptiste !

Chers frères et sœurs, convertissons-nous !

AINSI SOIT-IL !

 

Homélie du mercredi 4 décembre 2019, 1ere  semaine de l’Avent, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 15, 29-37. Livre du prophète Isaïe 25, 6-10a. Psaume 22.

 

Une chose est certaine : Jésus est réaliste ! Ce n’est pas un idéaliste !

L’évangile nous dit : « Il gravit la montagne et là, il s’assit. »

De son regard, Jésus observe cette foule nombreuse et si diverse. Ce qu’il voit tout particulièrement, ce sont “des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets…“, en fait, la misère que beaucoup d’entre eux portent, misère physiquemisère existentielle aussi. Nous pourrions compléter ce tableau en parlant également de misère spirituelle.

Avez-vous remarqué que cette foule est tout attentive à sa Parole ; tous attendent de Lui, un geste, une action, une parole guérissante. Jésus observe ; il connaît les besoins de la foule, il connaît ses besoins concrets et immédiats et tout particulièrement, la nécessité pour tous, de manger à sa faim pour pouvoir reprendre le chemin « sans défaillir en route ». Depuis trois jours, ils étaient restés auprès de Lui, comme nous le précise l’évangile. 

Certes, les malades sont guéris : c’est merveilleux ! C’est extraordinaire ! « Tous rendaient gloire au Dieu d’Israël ! »

Mais, Jésus est bien un réaliste ! La foule a faim et il lui faut rassasier sa faim de pain.

C’est notre quotidien ! Le quotidien de l’Homme est symbolisé par cette faim. À quoi serviraient les guérisons miraculeuses si l’homme ne recevait pas chaque jour, le pain qui rassasie, le pain qui va lui permettre de ne pas défaillir en chemin ?

Nous qui venons pratiquement chaque matin, en cette église saint Louis, nous savons que Jésus nous donne ce Pain, chaque jour, dans l’Eucharistie, qu’elle soit vécue dans l’Adoration, ou reçue en communion. 

Peut-être pouvons-nous nous sentir faibles dans notre foi ou dans notre corps ? Cependant, c’est dans l’eucharistie que nous célébrons chaque jour de la semaine, que s’opère maintenant le Salut du monde. 

Lorsque nous célébrons la Passion, à chaque eucharistie, dans le sacrifice eucharistique, c’est-à-dire la Mort et la Résurrection du Christ, le salut de Jésus arrive jusqu’à nous. Cette œuvre commence dans nos propres vies. C’est alors que la communauté que nous formons devient une communauté de ressuscités à l’image du Seigneur de gloire.

Quand chaque matin, nous quittons cette église, nous repartons rassasiés de l’amour du Christ, rassasiés de ce Pain de Vie que Jésus nous donne.

Je souhaite conclure avec une petite précision : nous ne pouvons pas rester passifs ou simples consommateurs !

Comme nous l’avons entendu dans l’évangile, les Apôtres se font “transmetteurs“ de ce Pain reçu et donné. Pour nous aussi, c’est par nos mains, par notre disponibilité que l’action de Jésus se prolonge autour de nous, pour ceux qui sont loin, pour celles et ceux que nous rencontrons sans même parfois les connaître, pour ceux qui n’ont pas encore fait la rencontre du Ressuscité.

Dans notre monde, au cœur même de notre société, ici au centre-ville, immense “désert“ d’une humanité à la fois repue et en manque de sens, nous pouvons nous tourner vers le Seigneur pour lui dire : « Seigneur, nous avons si peu de moyens… » Jésus nous demande : « Combien de pains avez-vous ? » En réponse, nous pouvons Lui confier notre pauvreté, un peu de pain… peu de choses.

Frères et sœurs, ce qui est extraordinaire, c’est que « ce peu de choses » suffit au Seigneur pour accomplir des miracles.

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 2 décembre 2019, 1re semaine de l’Avent, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 8, 5-11. Psaume 121. Livre du prophète Isaïe 4, 2-6.

 

L’évangile que nous venons d’entendre est bien situé, en ce début du temps de l’Avent, pour nous indiquer et pour nous expliquer l’attitude juste que nous devrions avoir, au moment où nous commençons cette nouvelle année liturgique. 

En effet, nous savons bien que le temps de l’Avent n’est pas seulement une préparation aux fêtes de Noël, aussi belles soient-elles, mais une préparation de notre cœur.

L’attitude de ce centurion de l’armée romaine, armée d’occupation, nous est donnée en exemple.

De fait, nous pouvons noter plusieurs attitudes :

- La première est que ce capitaine vient le supplier, non pas pour lui-même, mais pour un autre, un de ces petits, un de ces hommes simples que Jésus aime. Il vient simplement dire : « Seigneur, j’ai un serviteur, il souffre, il va mourir. ». 

Cet homme est humble et cela aussi a du prix aux yeux de Jésus. À la réponse de Jésus, le centurion redit son humilité en disant. : « Je ne suis pas digne de cet honneur que tu me ferais en descendant chez moi. » Il ne se sent pas digne ! Malgré le poids de son autorité humaine, militaire, malgré sa compétence d’officier, il ne se sent pas digne.

- Plus encore que cette humilité, ce qui va forcer l’admiration du Christ et le toucher profondément, c’est la convictiondu centurion, sa foi tranquille et audacieuse « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Une parole, même de loin, de là où tu es… et mon serviteur, là où il est, sera guéri, car les choses doivent t’obéir. »

Cet étranger, ce romain a pressenti quelque chose du secret de Jésus et avec ces mots à lui, il exprime le mystère de la Parole créatrice et recréatrice de Dieu. Littéralement, il pose un acte de foi incroyable en exprimant sa conviction : « Je sais que tu peux commander à la souffrance et à la mort. ».

Cette foi, Jésus ne l’a pas trouvée chez les siens, chez les familiers du Temple et de la prière. Il la trouve chez cet étranger venu de l’Occident, c’est-à-dire chez un “non-juif “ - un “gentil“ - un païen qui avait pour toute richesse spirituelle cette droiture humaine, cette beauté du cœur.

Pourquoi entendons-nous cet évangile au tout début de l’Avent ?

Sans doute, est-ce pour éveiller notre foi, pour que nous désirions cette droiture du cœur, pour que nous prenions soin de celles et ceux qui en ont besoin d’une main secourable, pour comprendre que c’est aussi toujours possible pour nous !

Pour cela, nous devons reconnaître notre pauvreté, sans que cela entame notre espérance en Celui qui peut tout !

Ce que Jésus attend de chacun de nous, ce que Dieu espère de nous, ce n’est pas tant la quantité et la somme des cadeaux que nous allons offrir, ce n’est pas le repas somptueux que nous préparerons, c’est davantage un cœur humble, dépendant de Dieu, attendant tout de Lui !

Humilité ! Simplicité du cœur ! C’est cette prise de conscience que ce Centurion exprime parfaitement : “Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit.“ 

Moi aussi Seigneur, je sais que je ne suis pas digne que tu viennes en moi ;

Je ne suis peut-être même pas digne de venir vers Toi,

Mais je sais que ta Parole abolit toute distance,

Je sais que je peux toujours, toujours, aller vers Toi.

Près de Toi se trouve le pardon, l’amour, l’espérance et la vie.

Ce que je devine, ce que je sais, Seigneur, 

c’est que ton cœur se donne toujours lorsqu’une juste et humble demande lui est faite.

Frères et sœurs, puissions-nous commencer ce temps de l’Avent simplement dans notre prière, en reconnaissant que Dieu peut tout, qu’Il est venu, qu’Il viendra, qu’Il est déjà présent dans cette Eucharistie et qu’Il m’appelle vers lui !

                                                                                                                                  Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 1er décembre 2019,1er dimanche de l’Avent, année A.

Messe célébrée à Grenoble, église N D Réconciliatrice, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 24, 37-44. Livre du prophète Isaïe 2, 1-5. Psaume 121. 

Première lettre de saint Paul aux Romains 13, 11-14a.

 

Depuis ce week-end, nous commençons une nouvelle année liturgique : c’est le temps de l’Avent, un temps nouveau ! Un temps remarquable ! Un temps qui sera ponctué par ces petites lumières qui vont former une couronne. Aujourd’hui, nous avons allumé la première lumière !

Permettez-moi, ce matin, de vous proposer trois petites clefs afin de nous permettre de mieux comprendre ce que nous allons vivre durant les prochaines semaines.

- Premier point : Le temps de l’Avent est un temps important : ce n’est pas juste un temps pour préparer les cadeaux, décorer le sapin (même si c’est aussi très agréable), c’est un véritable temps spirituel.

Commencer une nouvelle année liturgique n’est pas rien ! C’est pourquoi je me suis permis, mais avec sérieux, de commencer cette célébration en vous souhaitant une bonne année.

Qu’est-ce que le cycle liturgique ?

Ce n’est pas la reconduction, la répétition ou la superposition de ce que nous avons vécu l’année dernière, et j’espère que cet Avent sera complètement différent de l’Avent dernier…

Le cycle liturgique n’est pas un peu comme une roue de vélo. Attention ! Si vous rentrez dans ce nouveau cycle “la tête dans le guidon“, vous vous trompez ! Nous pourrions comparer le cycle liturgique, si vous me permettez cette image, à un château dans lequel il y a une petite tourelle. À l’intérieur de cette tourelle, un escalier en colimaçon nous permet de monter, étage après étage, jusqu’en haut de la tour crénelée. À chaque niveau, un petit « fenestron » nous donne de la lumière et nous permet de regarder le paysage. Étage après étage, tour de vis après tour de vis, nous observons à peu près le même paysage à travers cette petite fenêtre, mais nous prenons de la hauteur. Le paysage sera bien toujours le même, mais nous le verrons beaucoup plus loin et beaucoup plus large.

C’est la même chose pour le cycle liturgique. Pour chacun de nous, chaque année liturgique nous permet d’avancer un peu plus dans cette vision, dans la compréhension de ce que nous célébrons. 

Désolé de le dire ainsi ! Nous nous trompons si nous entrons dans ce temps de l’Avent, avec comme seule idée (ou préoccupation), de ne préparer qu’une fête de Noël…

- Deuxième point : même si cela peut vous paraître un peu naïf, fou ou idéaliste, j’attends, personnellement, le retour du Seigneur, la venue du Seigneur comme nous venons de l’entendre dans les textes de ce jour. Certes, Il est venu il y a deux mille ans (c’est ce que nous fêterons à Noël), oui, nous le savons ! Mais surtout, nous attendons la venue de Jésus en gloire.

Et vous-mêmes ? Est-ce bien cela que vous attendez ?

À chaque eucharistie, nous exprimons cette attente par deux fois, et même, nous le proclamons ! 

Par exemple :

  • Au moment du Credo (Symbole des Apôtres) quand nous disons : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts… ». Cette attente est un des énoncés de notre foi !
  • Puis, lors de l’anamnèse pendant la grande prière eucharistique, nous chantons : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Chers frères et sœurs, à ce moment, croyons-nous ce que nous affirmons ?

- Troisième point : nous allons donc vivre quatre semaines importantes, quatre semaines de préparation, quatre semaines où nous allons, déjà, fêter ce bel anniversaire de la venue de Dieu en notre chair !

Si nous sommes réunis aujourd’hui dans cette église, c’est parce que Dieu est venu dans notre humanité ! Mais ces quatre semaines sont aussi à vivre d’une façon particulière pour que, non seulement le Christ entre dans notre vie, mais pour qu’Il entre aussi dans notre paroisse, dans notre monde.

Pour nous préparer à la venue du Christ, nous pouvons, nous devons accorder plus d’attention à sa présence, à sa Parole et (soyons fous !), en prenant de grands temps de prière, plus régulièrement, sans oublier aussi, celles et ceux qui vont peut-être vivre plus difficilement ces fêtes de Noël, particulièrement ceux qui sont dans la précarité. C’est aussi cela, Noël ! 

Ce n’est pas un petit Jésus en chocolat que nous allons fêter à Noël, c’est le Salut, l’Amour et l’attention que Dieu a pour chacun de nous. 

Chers amis, prenons du temps au service des uns et des autres ! N’est-ce pas là notre mission, frères et sœurs ?

Après ces trois points qui devraient nous permettre de comprendre un peu mieux ce que nous allons vivre, je conclus. 

Deux personnages vont nous être donnés durant ces quatre semaines :

  • Le premier est grand, très mince, portant une barbe hirsute et un manteau surprenant ; qui est-il ? C’est Jean-le-Baptiste qui va crier, à temps et à contretemps : « Préparez les chemins du Seigneur ! » Il nous faudra l’écouter et nous convertir !
  • Le deuxième personnage, incroyable, attachant (tellement présent dans cette église Notre-Dame Réconciliatrice) est Marie. En réponse à l’invitation de l’ange, elle a dit : « Je suis la servante du Seigneur. » Elle aussi va nous conduire, depuis l’Annonciation jusqu’à sa maternité et la naissance de Jésus, et nous inviter à nous mettre à genoux devant son Fils pour que nous puissions l’aimer et l’écouter. 

Frères et sœurs, soyons attentifs ! Ne nous endormons pas ! Sortons de notre sommeil ! Veillons ! Durant ces quelques semaines, nous sommes invités à demander au Seigneur de nous aider à être plus attentifs aux signes de Dieu. Veiller, ce n’est pas sommeiller ou nous blottir au creux de notre couette ; il s’agit d’une veille attentive, une veille dans l’espérance, une veille avec beaucoup d’audace.

Je souhaite donc à chacun de vous un bel Avent et surtout, une belle et sainte nouvelle année liturgique. J’espère qu’elle sera belle pour vous tous !

Permettez-moi une dernière demande, peut-être un peu étonnante. 

Je vous invite à formuler ce même souhait en vous tournant vers votre voisin de droite, vers votre voisin de gauche, vers ceux qui sont devant et derrière vous pour leur dire tout simplement : « Je te souhaite une belle et sainte année liturgique ! »

Prenons le temps de ce geste fraternel…

Belle année à chacun de vous ! Que le Seigneur soit béni ! Amen !

 

 

Homélie du lundi 25 novembre 2019, 34e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 21, 1- 4. Livre du prophète Daniel 1, 1-6.8-20. Cantique (Daniel3).

 

Chers frères et sœurs, nous connaissons bien le passage qui nous parle de cette veuve qui donne tout ce qu’elle a. Gardons-nous bien de ne voir, dans ce passage, seulement une petite anecdote, ou une sympathique leçon de morale ! 

Il ne s’agit pas de voir non plus, ici, quelques conseils de modestie ou de générosité ; notre réflexion doit être bien plus profonde. Il s’agit plutôt, pour chacun de nous, de se mettre en présence du Christ ressuscité, et plus exactement, en présence du Christ Roi de l’univers, que nous avons fêté hier. Le Christ Jésus est bien Roi de l’univers, mais il n’est pas du tout un roi à la manière de ce monde ; Il est un Roi dont la mission royale est d’être, sans aucune duplicité, au service de son peuple !

Ce que nous entendons dans l’évangile d’aujourd’hui, c’est qu’il y a deux sortes d’hommes (en y mettant toutes les nuances que nous souhaitons) : ceux qui font semblant et ceux qui sont vrais, ceux qui sont dans l’apparence et ceux qui font le choix de la vérité. 

Ici, sans tambour ni trompette, la veuve de l’évangile, elle, ne fait pas semblant : en donnant ses deux petites piécettes, c’est sa vie qu’elle partage puisqu’elle donne, dans un geste d’une folle générosité, « tout ce qu'elle avait pour vivre. » À ce moment précis, cette veuve, sans aucune duplicité, est la figure du Christ qui s’offre lui-même pour notre salut !  C’est cela qui est pointé par l’évangile ! Ce que nous devons retenir, c’est que cet évangile n’est pas une leçon de morale, mais bien une parabole Pascale : l’annonce du salut et de la vie par le don vrai et gratuit de soi. Cela change tout !

Jésus est assis dans la salle des troncs du Temple de Jérusalem, Il est en train d’enseigner, mais en même temps, Il regarde les personnes qui passent devant Lui et Il voit le fond des cœurs. Il discerne ce qu’il y a derrière les attitudes et les comportements. De fait, Il fait tomber les masques et sépare en nous, le vrai et le faux. Pour Lui, il ne s’agit pas de nous juger, mais de nous inviter à prendre conscience, pour nous faire grandir, pour nous amener petit à petit vers la Vérité, pour nous faire vivre sous le regard de Dieu et non sous le regard des hommes. Ce changement de regard est important, car toute notoriété, tout prestige disparaitra au moment de notre mort ; nous le savons bien. Nous sommes faits pour être pour toujours avec le Christ, en vérité et sans masque ! Il nous demande de nous abandonner dans la confiance et la gratuité

Il y a quelques jours, je lisais un article très intéressant du Père Ceyrac, jésuite à Madras auprès des enfants des rues, cette phrase  est très belle. Il disait : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu » ! Dans notre société de surconsommation, cela peut nous faire réagir, du moins je l’espère. 

Frères et sœurs, en cette fin d’année liturgique, en cette 34e semaine du temps ordinaire qui en est le terme, prenons le tempsde méditer cet évangile où cette veuve met toute sa richesse en Dieu, faisant de sa vie une offrande et, sans doute, un sacrifice. Contemplons ce geste et demandons-nous, en cette semaine qui annonce le temps de l’Avent, quel nécessaire est-ce que nous pourrions donner, de notre temps, de notre argent… ou peut-être autre chose (un appel téléphonique à une personne seule, une visite auprès d’un malade…) chacun selon son discernement.

Demandons cette grâce pour nous tous, ici rassemblés, et plus largement pour nos familles, notre paroisse et pour le monde !                               

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 24 novembre 2019, solennité du Christ-Roi, 34e dimanche du TO, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 23, 35-43. Deuxième livre de Samuel 5, 1-3. Psaume 121.

Deuxième lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 12-20.

 

Nous sommes au 34e dimanche du temps ordinaire et nous aimerions, pour cette belle fête du Christ-Roi de l’univers, terminer cette année liturgique sur une note joyeuse, un bilan positif ! 

Mais, aujourd’hui, l’évangile nous ramène à un moment précis : nous sommes dans la Semaine Sainte ; plus précisément, au Vendredi Saint, au Golgotha ! Hier, Jésus avait fêté sa Pâque, l’Eucharistie que nous allons vivre dans quelques instants. Puis, Il a été arrêté et condamné après un simulacre de procès. Aujourd’hui, nous contemplons Jésus, agonisant. Il nous faut imaginer cette scène et comprendre comment elle est en rupture avec cette fête du Christ-Roi ! On vient de crucifier Jésus ! Une inscription est placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le Roi des Juifs ! ».

 Jésus est donc Roi ! Mais un Roi surprenant, un roi cloué sur le bois de la croix.                                   

       

       Au pied de la croix de Jésus, de nombreuses personnes sont rassemblées. En pleurs et fortement éprouvées, elles ne semblent plus rien attendre de celui qui agonise. Une exception cependant : le bon larron ! Nous savons que de part et d’autre de Jésus, sont crucifiés deux condamnés à mort. C’est du bon larron, entré dans une relation avec Jésus, que nous apprendrons ce que peut signifier : « reconnaître Jésus comme Roi ». Mais commençons par contempler attentivement cette scène. 

       Elle pourrait s’intituler : la promesse du Roi !

       Luc mentionne d’abord la foule : comme souvent, elle est faite de badauds, de ces spectateurs qui s’arrêtent lors d’un accident, qui nourrissent leurs conversations de la souffrance et de la misère d’autrui, ici en l’occurrence de celle de Jésus crucifié. Puis viennent successivement les chefs religieux, - qui ricanent et se gaussent -, puis les soldats et le mauvais larron : chacun de ces groupes, à sa façon, témoigne, à l’égard de Jésus, d’agressivité et de mépris.

     Leurs propos constituent d’ailleurs l’ultime tentation de Jésus, tentation à mettre en parallèle avec celles vécues par Jésus au désert, juste après son baptême.

Au début de son ministère, le Diable avait tenté Jésus, en jouant sur la révélation qu’il venait de recevoir : « Si tu es le Fils de Dieu ... ». Jésus sera tenté par trois fois, et par trois fois, armé de la force de la Parole de Dieu, il rejette Satan.

À l’heure de la Croix, le Diviseur, le Diabolos, a trouvé en chacun de ces groupes un relais : « Si tu es le Messie, le fils de Dieu ..., si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ... ».

                                                                                                                                                                      

     Entre moqueries et dédain, il y a pourtant, comme une attente ! Malgré les invectives et les injures, il y a au fond de chaque personne humaine, une attente de Dieu. Certes, nous entendons une violence verbale méprisante, mais qui semble cependant chercher comme une preuve ultime de la Présence d’un Roi ou d’un Dieu de toute puissance !

Plusieurs fois on m’a posé cette question (et sans doute à vous aussi) : « Comment se fait-il que ce Jésusqui, tout au long de sa vie publique, a fait preuve d’une grande puissance de salut en faveur d’autrui, de miracles, de grands prodiges, a remis en vie des morts, n’en fasse pas maintenant usage à son propre bénéfice ? Comment Dieu peut-il ainsi terminer aussi lamentablement sa vie ? N’y a-t-il pas là, un mystère ? Un roi, qui souffre et meurt sur une croix !

Nous pourrions, nous aussi, être surpris, déstabilisés, et peut-être même honteux d’un tel roi ! Je connais des Chrétiens qui rêvent encore d’un Monarque qui règnerait dans une toute-puissance terrestre ! 

N’avons-nous pas encore, au moins un peu, à nous convertir sur l’idée même que nous avons de Dieu ! Oui, Jésus a refusé tout acte extraordinaire à son propre profit ! Du début à la fin de sa Vie, dans le don de lui-même, Jésus a vécu cette confiance, la plus totale et la plus folle en son Père ! Les miracles et les signes prodigieux révèlent l’attitude intérieure de cette relation à son Père, dans l’Esprit Saint !

  En cette fête du Christ-Roi, c’est Jésus en Croix que nous contemplons : un roi dénudé, ridiculisé, bafoué, maltraité ... Mais un roi quand même, dira saint Jean, dans son évangile, lors du dialogue avec Pilate : « Ma royauté n’est pas de ce monde » (Jn 18,36) ! La royauté de Jésus n’est pas selon ce monde. C’est un Roi aux mains nues, un roi non-violent en paroles comme en actes, un roi sans armée, (alors qu’il aurait pu avoir des milliers d’anges à son service), un roi sans défense, si ce n’est dans la puissance de l’Esprit Saint et l’Amour du Père

Jusqu’au bout, sa noblesse et sa royauté seront celles du service. C’est même la définition d’un Roi-serviteur. (Nous qui nous nous trouvons dans cette église saint Louis, nous avons l’exemple d’un roi, saint Louis, qui, à l’imitation du Christ, a été un Roi-serviteur, aimant son peuple.)

Un roi dont la Royauté ne s’impose pas, ni par la force, ni d’aucune manière, 

mais par le Pardon, la Compassion, la Miséricorde !

Un Roi dont la Royauté ne peut se comprendre que dans une rencontre intime :

 c’est-à-dire, un roi qui Règne en moi !

Une Royauté où, par mon baptême, je dois découvrir que je suis aussi roi ou reine, 

 Par cette tension sainte, à l’image et à l’imitation au Christ !

Ce que nous entendons aujourd’hui est un enseignement important ! 

Alors que dans la souffrance et les moqueries, Jésus vit ses derniers instants, il entend la question du bon larron et il répond à son humble prière. 

Sa réponse est absolument étonnante : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis. » Chaque mot de cette brève réponse est précieux. 

Notre année liturgique se termine ! Elle se termine aussi sur ce dernier mot : « Paradis ! ».

Comme j’aimerais, frères et sœurs, qu’au moment ultime où il nous faudra remettre notre vie terrestre, en réponse à notre acte de foi et de confiance, tous, nous entendions cette même assurance ! « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis. »

Là, est notre destination, là, est notre vie !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 17 novembre 2019, 33dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église St Vincent de Paul, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 20, 27-38. 2e livre des Martyrs d’Israël 7, 1-2.9-14. Psaume 16.

Deuxième lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 2, 16 à 3,5. Messe avec les enfants du catéchisme

 

En ce 33e  dimanche du temps ordinaire, l'année liturgique touche à sa fin. Tout à l’heure, nous avons visité l’église avec les enfants du catéchisme et je leur ai montré quelque chose : le lectionnaire que j’ai en main, le livre de la Parole de Dieu. Regardez ! En l’observant avec attention, vous constatez que nous arrivons pratiquement à la fin du livre. Toute l’année liturgique est contenue dans ce livre, dans cet évangéliaire. Début décembre, nous commencerons le Temps de l’Avent qui marque la nouvelle Année ! Comme vous le comprenez, l’année liturgique est différente de l’année civile. En ces deux dernières semaines, c'est le moment que choisit l'Église pour relire les textes de l'Évangile qui évoquent, à la foi la fin d’un monde et la fin du monde

Nous pouvons (peut-être) être surpris par le style de cet évangile, mais ne soyons pas effrayés ! Si le genre littéraire de ce passage de l’évangile est bien apocalyptique, il faut l’entendre de la bonne manière. Apocalypse ne veut pas dire : prophétie. Le mot « Apocalypse », ne l’oublions pas, signifie « révélation », révélation de ce qui va advenir (en anglais).

 

Révélation de quoi ? Pas de l’avenir, dans le sens des événements que les hommes vivent ou vont vivre, ni avenir lu dans une boule de cristal ! Ce temps qui s’écoule entre le commencement et la fin ne peut pas être décrit d’une façon précise. Je prends souvent une image pour parler de notre vie ; ce serait comme une tapisserie dont on regarderait l’envers. On ne peut pas vraiment en voir l’endroit, mais on peut deviner, à l’envers, des formes, des couleurs, qui nous évoquent des images, mais qu’on ne voit pas concrètement. Ce n’est que lorsqu’on passe devant la tapisserie qu’on peut en comprendre les motifs et la scène qui est représentée. Notre vie ressemble un peu à cette image : nous ne comprenons pas tout à ce que nous vivons, comme si nous observions l’envers de la tapisserie, mais nous sommes dans l’attente de tout comprendre en voyant, enfin, l’endroit ! Cette fin qu’on ne peut comprendre, comme le commencement, échappe à nos prises, à nos représentations.

 

Chaque année, à la même époque, nous entendons ces textes, mais avec, pour ma part, une compréhension toujours nouvelle. C’est pourquoi, j’aimerais m’arrêter quelques instants sur ce que nous vivons dans les différents temps liturgiques de notre église.

 

Essayons de revoir ensemble pour le comprendre, le cycle liturgique que nous offre l’Église ! Semaine après semaine, nous entendons des textes. C’est un peu comme un chemin sur lequel nous avançons avec le Christ, à la manière des deux disciples d’Emmaüs. 

Arrêtons-nous quelques instants sur ce que nous vivons dans les différents temps liturgiques de l’année.

Pour cela, je vais utiliser un PowerPoint :

 

La vie liturgique est un chemin que lequel nous avançons. D’année en année, nous fêtons nos anniversaires et nous avançons en sagesse et en intelligence (c’est bien ce que désirent les parents pour leurs enfants), mais l’année liturgique n’est pas comme une roue de vélo, qui revient toujours à son point de départ, elle ressemble davantage à un escalier en colimaçon ; à chaque tour de vis, vous montez quelques marches et vous voyez, par la petite lucarne, le même paysage, mais, petit à petit, vous allez vous apercevoir que le paysage que vous voyez est beaucoup plus beau et beaucoup plus loin. Le temps liturgique ressemble un peu à cette image. On ne recommence pas toujours au même point, mais petit à petit, année après année, nous grandissons. 

Du coup, en ce dimanche, le temps liturgique est presque terminé puisque nous sommes déjà au 33e dimanche du temps ordinaire et vous pouvez le vérifier avec la couleur de ma chasuble. Elle est verte, couleur du temps ordinaire. La semaine prochaine, nous fêterons le Christ, Roi de l’univers et nous allons entrer dans le temps de l’attente, dans le temps de l’Avent qui s’achèvera à Noël. Durant ce temps, nous attendons la venue du Christ en gloire.

À la fin de ce temps, nous fêterons Noël qui est l’anniversaire de la naissance de Jésus, dans un petit village qui s’appelle Bethléem. Durant le temps de l’Avent, la chasuble sera violette, puis elle sera blanche pour la Nativité de Jésus. Durant ce temps de Noël, nous fêterons l’Épiphanie, l’arrivée des Mages d’Orient auprès de Jésus, dans la crèche. 

Nous repasserons ensuite dans le temps ordinaire et, à un moment donné, nous entrerons dans un nouveau temps : le temps du carême. Il commencera par un jour très particulier : le mercredi des Cendres. En avançant encore dans le temps, nous arriverons au dimanche des Rameaux que nous avons fêté ensemble dans cette église. Puis débutera la Semaine Sainte avec le Jeudi Saint, puis le vendredi Saint : sommet de l’année  liturgique, c’est-à-dire que nous allons revivre avec le Christ un peu ce que nous venons d’entendre dans l’évangile, le don de Jésus pour nous, le dernier repas qui est l’eucharistie. Puis ce sera la Passion de Jésus et sa mort le Vendredi Saint, pour entrer dans la joie de la Résurrection : le dimanche de Pâques !

Débutera alors, un temps pascal très long où, durant plusieurs semaines, nous allons nous réjouir de la Résurrection du Christ et nous préparer à l’accueil de l’Esprit-Saint.

Si nous sommes là ce matin, dans cette église, c’est parce que le Christ est mort et ressuscité !

Si nous avons été baptisés, c’est pour vivre de la Vie même de Jésus !

Cette vie est plus grande que notre vie sur Terre, nous sommes faits pour la Vie éternelle ; c’est important de le comprendre et de le croire !

Le fondement de notre foi, c’est la Mort et la Résurrection de Jésus !

Puis, le temps pascal va s’achever par la fête de l’Ascension où nous fêterons la montée de Jésus vers son Père et notre Père. Jésus va demander aux Apôtres de se mettre en prière pour attendre et recevoir la force de l’Esprit Saint, le jour de la Pentecôte. Pour signifier la Pentecôte, la chasuble sera de couleur rouge.

Nous continuons le cycle du temps liturgique avec l’Assomption de la Vierge Marie, qui est montée corps et âme au ciel. Nous fêterons ensuite la fête de tous les saints, la Toussaint que nous avons vécue il y a quelques jours, et nous atteignons la fin du cycle. Chaque année, nous découvrons un peu plus, un peu mieux le cycle liturgique et nous grandissons dans son intelligence. Nous grandissons en connaissance, en amour du Christ et nous découvrons davantage, ce pour quoi nous sommes faits.

Un dernier mot ! 

Comment recevons-nous cet évangile ?

            De fait, je vois trois situations à la description et à l’accueil d’événements difficiles :

            - Nous pouvons trembler de peur ! Avec même un risque de panique ! Le risque de faire n’importe quoi !

            - Nous pouvons rester indifférents ! En disant : « D’ailleurs ma vie me laisse indifférent ! Je n’ai pas de but, ni d’attente ! »

            - Ou alors, certains peuvent dire : « c’est la fin ! On est foutu ! Il faut en profiter tant que cela est possible ! »

En réalité, il y a une quatrième réaction que je vous propose 

  Être vainqueur avec le Christ vainqueur !

Savoir que le Christ ne nous abandonnera pas !

Des guerres, des soulèvements, des tremblements de terre, des épidémies et des famines, Dieu sait s'il y en a eu au cours de l'histoire et Dieu sait combien, hélas, il y en aura encore, et pourtant, la terre est toujours là ! Non ! Dieu ne nous abandonne pas !

            Dans le concret de notre vie, le Seigneur est au milieu de notre lutte, au milieu de notre vie, il est avec nous, nous ne sommes pas seuls et laissés à nous-mêmes.

Nous ne sommes pas sans espérance ! « N’ayons pas peur ! » !  Alors, pas de démission ou de paresse, il nous faut vivre, avancer, travailler avec audace pour notre monde soit plus fraternel ! En ce jour, avec le Secours Catholique, faisons cet effort de décider d’être avec les pauvres.

Relisez la deuxième lecture de saint Paul. Nous avons ici-bas, des tâches à remplir et à collaborer humainement avec Dieu à la beauté du Monde ! Cela est notre responsabilité !

Gardons le Cap ! Puisons dans notre foi au Christ et dans la certitude de sa victoire, le courage, la ténacité et la patience nécessaires ! N'oublions jamais que c'est par notre persévérance que déjà nous transformons notre monde présent et que nous obtiendrons la vie qui vient !

Voilà le message que nous recevons en ce 33e dimanche du temps ordinaire, pour que nous grandissions dans l’amour du Christ !

Ainsi soit-il !              

 

Homélie du mercredi 13 novembre 2019, 32semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 17, 11-19. Livre de la Sagesse 6, 1-11. Psaume 81.

 

Jésus traverse la Judée et la Samarie !

Il est en route vers Jérusalem. Là, à l’entrée d’un village, Il guérit dix lépreux. Cette scène fait écho à l'une des toutes premières guérisons en Galilée. Le lépreux est un paria de la société, exclu du culte et de la vie sociale ! Nous connaissons bien ce texte et son interprétation !

Les dix lépreux s'approchent de Jésus en disant « maitre » comme le font les disciples. Ils implorent sa pitié sans lui demander formellement ni guérison, ni l’aumône.

Jésus les renvoie aux prêtres conformément à la législation pour que ces derniers constatent la guérison.

Jésus ne fait aucun geste de guérison, la guérison n'est donc pas instantanée.

Les dix hommes, dans la confiance, s'éloignent. La guérison se produit à distance.

Le récit met donc en valeur la puissance de la parole de Jésus.

La suite du récit raconte l'histoire d'un des lépreux qui, constatant qu’il est purifié, revient vers Jésus : il glorifie Dieu en venant se prosterner devant Jésus et le remercier. 

C'est alors seulement que nous apprenons qu'il s'agit d'un samaritain.

Pour un Judéen, les Samaritains sont des ennemis féroces. 

Religieusement, ils ont fait des choix particuliers :

  • Parmi les textes de la Bible, ils ne lisent seulement que le Pentateuque, 
  • Ils ne reconnaissent pas le Temple de Jérusalem, mais celui du mont Garizim,
  • Ils suivent un autre calendrier, ils ont d'autres rites…

Au-delà de toutes ces différences, il vient rendre grâce !

Souvent, une lecture de cet évangile veut nous montrer le contraste entre cet homme reconnaissant et une certaine ingratitude des neuf autres.

Nous pourrions faire une autre interprétation ! 

Ce samaritain prend conscience en chemin de sa guérison, comme les autres lépreux ! Je vous laisse imaginer la joie ! Ils sont guéris ! Alléluia ! Mais ce Samaritain va un peu plus loin que les autres ! Il comprend que sa guérison a pour origine Jésus ! Que c’est lui le seul prêtre, le seul grand prêtre qui peut vraiment guérir et le sauver !

C’est alors dans l’Action de grâce qu’il retourne vers Jésus ! C’est lui le vrai et unique prêtre !

Le retour de ce samaritain préfigure toute vraie conversion ! C’est au cœur même de la joie, de la bonne santé retrouvée, qu’il me faut retourner, dans l’Action de grâce vers l’unique et vrai prêtre : Jésus ! 

Ce samaritain annonce le salut et le retour à Dieu que feront toutes les nations qui reconnaîtront Jésus, comme Messie !

Ce que nous pouvons comprendre, c’est qu’une guérison ne débouche sur le salut complet de l'être humain seulement si ce dernier reconnaît l'initiative gratuite de Jésus à son égard. GUÉRI, MAIS PAS ENCORE SAUVÉ !  Ne faut-il pas que l’homme guéri réponde en s'engageant dans une vraie relation et une vraie reconnaissance de qui est Jésus ?   

Nous devons découvrir cela pour entendre :  « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ».

            Ainsi soit-il

Homélie du dimanche 10 novembre 2019, 32dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église St Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 20, 27-38. 2e livre des Martyrs d’Israël 7, 1-2.9-14. Psaume 16.

Deuxième lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 2, 16 à 3,5.

 

L’évangile que nous venons d’entendre, comme la première lecture de ce jour, nous invite à réfléchir : qu’est-ce que pour moi, la Résurrection ? Oui, cet évangile nous interpelle vraiment !

Nous venons de célébrer la Toussaint. Nous avons prié avec l’Église du ciel et l’Église de la terre. Nous avons prié aussi pour les défunts de cette année ; c’était la commémoration des fidèles défunts ! Là aussi, nous pouvons nous poser les questions : qu’est-ce que la mort ? Qu’est-ce que pour moi, la Résurrection ?

Ce sont des questions importantes !

En effet, si le Christ n’est pas ressuscité, s’il n’y a pas de résurrection, que faisons-nous ? On plie les bagages, on éteint les bougies, on ferme l’église, car il n’y a rien à voir ni à entendre. La résurrection est, de fait, pour nous chrétiens, le pivot de notre foi, par lequel tout tient, et il peut être bon de se demander : « Où en suis-je dans ma foi en la Résurrection ? Qu’est-ce que pour moi, la Résurrection ? »

 C’est une question que j’ai envie de vous poser ! Pour cela, je vous propose un petit exercice ; juste quelques minutes (trois minutes) pour réfléchir et partager avec vos voisins !

…/… Merci de ce partage !

 

En préliminaire – cela peut paraître une évidence – notons que la résurrection est confessée par toute l’Église ! Elle n’est plus objet de débat comme au temps de Jésus entre Sadducéens et Pharisiens. Nous qui sommes ici dans cette église, nous croyons que le Christ est ressuscité ! Nous croyons en la résurrection des morts : que nous ressusciterons corps et âme ! Je parle de la résurrection de la chair ! Si tel n’était pas le cas, nous risquons d’avoir des difficultés à proclamer ensemble, tout à l’heure, le Credo. 

Sommes-nous à l’aise sur ce sujet qui est le fondement de notre foi ? Certains ont peut-être des difficultés à croire en la Résurrection ! Pour nous y aider, il nous faut demander la grâce et la force de l’Esprit Saint. Ne confondons pas non plus, réincarnation et résurrection ! La différence est importante !

Même si elle procède d’une même intuition d’une vie après la mort, pour l'hindouisme et le bouddhisme, la réincarnation est le signe d'un échec !

L’homme reste perplexe face à la mort ! Depuis le début de l’humanité, l’homme comprend et espère que la mort ne peut pas arrêter la vie !

Quasiment toutes les religions expriment cela, d’une façon ou d’une autre !!! Normalement, nous portons tous, en nous, cette intuition d’une vie à venir !

Reprenons l’Évangile : il y avait sept frères. Le premier prend femme et meurt sans enfant. L’évangile fait référence à la loi du Lévira, toujours un peu en pratique chez nos frères juifs pratiquants. Cette loi doit assurer une succession patrimoniale, afin de protéger l’héritage et un soutien pour la veuve. Le deuxième frère épouse donc la veuve et lui aussi meurt sans enfant. Ainsi des sept frères. D’où cette question surprenante : "Eh bien, cette femme, à la résurrection, duquel d’entre eux sera-t-elle la femme, puisque les sept l’ont eue pour femme ?"

La réponse de Jésus comporte deux parties :

  • Première partie : pas de mariage dans le monde à venir :

Jésus leur dit : " Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui auront été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu".

C’est une erreur grossière d’imaginer l’autre monde sur le modèle du nôtre. D’imaginer le « monde à venir » (expression juive) comme étant la suite de ce monde-ci ! 

(Comme aime le dire le pape François, on n'a jamais vu un coffre-fort ou un camion de la Brinks suivre un corbillard ! )

Certes, comme à notre naissance, nous repartirons nus : sans emporter les biens matériels de ce monde. Certes, les liens d’affections seront toujours présents ! L’amour que l’on a su donner et recevoir ne sera pas effacé ! Mais, il y aura quelques changements ! 

Dans le « monde à venir », la sexualité dans le sens terrestre, ne sera plus. Je vois certains qui disent : « dommage ! »  Mais, la notion de fraternité au sens vrai, comme la notion du temps, aussi, sera tout autre ! Si nous avons quelques difficultés à comprendre, rappelons-nous cette citation du prophète Isaïe. 55 : « Mes chemins ne sont pas mes chemins, mes pensées ne sont pas vos pensées ! »

  • Deuxième partie : la certitude de la résurrection :

Jésus poursuit : "Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du Buisson ardent …".

Contre les sadducéens, Jésus prend le parti des pharisiens et il affirme nettement la foi en la résurrection.L’argument, dit-il, peut même être découvert dans la Torah, base unique de la foi sadducéenne : dans la scène du Buisson ardent, lorsque le Seigneur Dieu s’est révélé à Moïse, dans le désert du Sinaï, il s’est présenté comme le Dieu personnel des trois Patriarches (Abraham, Isaac, Jacob). Si Dieu conclut une Alliance avec eux, c’est que cette Alliance est toujours présente, il ne peut les abandonner à la mort !

Car si nous disons le contraire, cela signifierait que la mort serait plus puissante que Dieu ! Et Dieu ne serait pas Dieu. Or, Dieu est un Vivant, il donne la Vie, la Vie éternelle aux croyants.

Ce jour-là, il y avait là dans l’auditoire quelques scribes du parti des pharisiens : ils ont applaudi Jésus et prenant la parole, ils lui ont dit :" Maître, tu as bien parlé". Et plus personne n’osait l’interroger.

Frères et sœurs, croire en la résurrection, n’est pas une folie ! Pour le Chrétien, c’est une réalité !

     Tout ce que nous savons, c’est que notre corps sera glorieux, comme celui du Christ au jour de la Résurrection ! La Résurrection du   Christ n’est pas seulement le miracle d’un cadavre réanimé. Elle inaugure une dimension qui intéresse tous les hommes, de tous les temps !

Oui, frères et sœurs, nous le croyons : en Jésus, la Vie s’est manifestée !

C’est Lui, le Ressuscité, en venant à notre rencontre chaque jour, qui donne le sens à notre vie et annonce la Vie à venir !

Voilà ce que nous recevons ce matin ; demandons à l’Esprit Saint de nous aider à grandir dans la foi et de faire confiance en notre Dieu trois fois saint !

                         Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 6 novembre 2019, 31e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 14, 25-33. Lettre de saint Paul aux Romains 13, 8-10. Psaume 111.

 

La question qui pourrait être la nôtre ce matin, après avoir entendu l’évangile, est celle-ci : « Seigneur, j’entends bien que tu mets la barre un peu haute pour moi, pour être ton disciple, mais peux-tu m’expliquer comment être disciple ? »

C’est peut-être une question que vous vous posez ? Vous aimez Jésus… mais comment le vivre véritablement ?

La péricope que Jésus nous offre ce matin est tout à fait inédite. Il nous propose deux courtes paraboles qui sont comme enchâssées dans le texte, un peu pour piquer notre attention. Jésus nous présente la parabole de l’homme qui veut bâtir une tour, et celle du roi qui veut partir en guerre.

 

À la question : comment être disciple ? Voilà la réponse surprenante de Jésus. 

Au premier abord, ces deux paraboles semblent nous ramener à un bon sens terre à terre. Un promoteur qui commencerait à bâtir et ne dépasserait pas le sous-sol du bâtiment, une famille qui voudrait construire une maison immense sans en avoir les moyens… Ont-ils fait leurs comptes avant de commencer ? Quel est ce roi d’opérette qui s’imagine venir à bout d’un ennemi deux fois mieux armé et puissant que lui… s’il a mal calculé, tant pis pour lui ! Il ne lui reste qu’à faire la paix pour sauver la vie de ses hommes.

Littéralement, quand on n’a pas assez, il nous faut faire avec ce que l’on a ; c’est presque un dicton populaire ! Ou bien : avant d’agir, il faut réfléchir à deux fois ! Jusque-là, il n’y a rien de nouveau. Ce sont des choses que nous connaissons, qui semblent évidentes, transparentes, presque banales…

Mais il y a une phrase que Jésus ajoute, et qui transforme cette évidence en une interpellation pour notre intelligence. « De même, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » C’est une sorte de retournement ; cela veut dire qu’il ne s’agit pas d’avoir ou de ne pas avoir, il s’agit d’un renoncement.

Avec cette remarque de Jésus, nous changeons de niveau de lecture. Le bon sens fait place à une certaine folie : celle de la folie des Béatitudes, celle de l’aventure de la foi. Cette phrase met le sens de lecture à l’endroit : c’est-à-dire que lorsqu’il s’agit de bâtir, lorsqu’il s’agit de guerroyer, on n’en a jamais assez, il en faut toujours plus ! 

Mais quand il s’agit de suivre Jésus, on possède trop !

On risque de s’appuyer toujours trop sur son avoir, de s’enfermer toujours trop dans le désir : encore plus, et plus encore… La prudence elle-même change de sens quand on ambitionne de servir Jésus ; un homme est toujours libre de bâtir une tour ou de déclarer une guerre ; mais s’il se sent démuni, la prudence lui commandera de ne pas entreprendre, ou même d’arrêter.

Tandis que : aimer Dieu de toutes nos forces, devenir disciple de Jésus n’est pas facultatif ; c’est même la seule urgence de notre vie. Il ne s’agit plus d’avoir ou de matériel, il ne s’agit plus d’un pouvoir !

  • En puisant à la source même de Celui qui est notre vie, 
  • il y a une autre condition pour suivre Jésus ; ce sera de lâcher prise.

La véritable richesse sera de rester libre de toute possession, et même de nous laisser appauvrir par Dieu, d’accepter de nous laisser dépouiller de nos misères : cela va jusque-là !

Entreprendre dans les biens immobiliers ou financiers, ou chercher à avoir du pouvoir ; pourquoi pas ? Là, n’est pas la question, à condition de bien connaître les limites du système. Mais, entreprendre avec Dieu et en Dieu, l’unique et vrai projet de notre vie, cela reste, sans aucun doute l’urgence à laquelle nous devons répondre par notre savoir, notre énergie et notre intelligence.

Voilà tout un programme de réflexion pour ce jour : comment être disciple dans les choix que nous poserons ?

Demandons de pouvoir le comprendre déjà pour aujourd’hui et de faire toujours le choix de suivre Jésus !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 4 novembre 2019, 31e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue 

Évangile selon saint Luc 14, 12-14. Saint Paul aux Romains 11, 29-36. Psaume 68.

 

Sans doute avez-vous l’habitude d’inviter pour un repas votre famille, des amis ! Il est aussi fort agréable aussi d’être invité !

Il existe bien des manières et occasions d’inviter à sa table ! Cela peut être lors d’un repas de famille, un repas dominical, un repas avec des amis que l’on n’a peut-être pas vus depuis longtemps, une rencontre d’affaires, un dîner de cérémonie, un peu plus pompeux, un repas de mariage ou un repas où l’on se retrouve lors d’un événement plus triste, un repas d’enterrement.

Que les personnes soient pauvres ou riches, toutes ces sortes de repas ont leurs rituels, plus ou moins raffinés, plus ou moins dépouillés, issus même parfois de la tradition familiale, mais toujours très révélatrice des sentiments de celui qui invite. Il m’est arrivé quelquefois d’être convié et que la qualité des mets servit diffère de la qualité de l’accueil ou l’inverse. Par exemple, un mets un peu brulé, mais un accueil très chaleureux.

« Dis-moi qui tu invites, et je te dirai qui tu es ! » nous demande Jésus.

La plupart du temps, celui qui invite s’attend à une certaine réciprocité et, même s’il pense avoir ouvert tout grand son cœur comme il l’a fait pour sa table, même s’il ne songe pas forcément à une prochaine invitation qui répondrait à la sienne, il espère bien que l’ambiance du repas va compenser sa peine et les frais qu’il a engagés.

C’est pourquoi sans doute, on s’invite souvent entre “gens de même condition“ pour qu’il n’y ait pas de gêne ni de fausse note. On invite des personnes qui ont déjà en commun : des liens d’affection ou d’amitié, des souvenirs, des goûts, des projets, des idées communes… On pense alors presque instinctivement que, plus le groupe sera homogène, plus nous créerons un moment convivial et joyeux.

Peut-être est-ce cela qui a pu gêner Jésus ce jour-là, lors du repas chez le chef des pharisiens ? En invitant Jésus, ce pharisien est certes généreux, mais peut-être aussi avec une arrière-pensée ! S’attendait-il à la réflexion de Jésus ? Pas certain !

Que lui dit-il en substance :

-  Lorsque Dieu invite, c’est par pure gratuité

- Il aime le premier sans même attendre de nous un “merci“.

- Il appelle et continue d’appeler quand bien même il n’y aurait aucune réponse de notre part. 

À son banquet, nous aimerions peut-être trouver, et sans surprise, des têtes bien connues, des privilégiés, des habitués, des personnes de la paroisse, des gâtés comme nous tous… 

         … mais de fait, chaque matin, la tablée s’agrandit !

         … chaque matin, une foule se presse, invitée elle aussi, une foule qui peut-être nous paraît étrangère.

Chaque matin une foule se presse, invitée elle aussi, et pour nous étrangère. Près du Seigneur, plus près que nous peut-être, nous apercevons des convives inattendus, dont le nom n'était écrit nulle part, si ce n'est sur le cœur de Dieu. 

Il n’est pas question de faire-part d’invitation, mais d’une audace à rejoindre celui qui nous invite à sa table ! Nos Eucharisties préfigurent le banquet où nous sommes déjà accueillis. Là aussi, l’invitation est large !

« Dis-moi qui tu invites, et je te dirai qui tu es ! »

En retravaillant cet évangile, cette phrase de Jésus me revenait en mémoire, une béatitude (dans le livre des Actes des Apôtres - Act 20,35) : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ! »

En voyant l’œuvre de générosité du Père, peut-être trouverons-nous de nouvelles idées pour nos invitations d’aujourd’hui, pour celles de demain ou des jours qui suivent, et peut-être même pour des personnes que nous ne connaissons pas ?

Ce matin, demandons au Seigneur l’audace d’ouvrir largement nos maisons, nos cœurs et nos initiatives pour accueillir celles et ceux que le Seigneur nous donne de rencontrer !      

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 3 novembre 2019, 31dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église ND réconciliatrice, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 19, 1-10. Livre de la Sagesse 11, 22 à 12, 2. Psaume 144.

Deuxième lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 1, 11 à 2, 2.

 

Nous connaissons bien l’histoire de Zachée ; certains l’ont même apprise au catéchisme. On ne sait toujours pas pourquoi Zachée voulait voir Jésus, mais l’essentiel nous est dit : il cherchait à voir Jésus ! L’évangile ne dit pas, non plus, que Jésus cherchait à voir Zachée, mais Zachée, perché sur son arbre, cherchait à voir Jésus. Malin, Zachée monte sur un sycomore et attend. Il voit Jésus s’avancer petit à petit. Jésus arrive, il va passer… Mais, là, il s’arrête !

Jésus lève les yeux pour rencontrer le regard de Zachée. Cette histoire, un peu incroyable, est celle de deux regards qui se rencontrent.

Dans cette rencontre, une surprenante expérience arrive à Zachée. Pourquoi ? Il n’est pas habitué à ce qu’on pose les yeux sur lui comme le fait Jésus. Ce qu’il connaît bien, lui, - le chef des collecteurs d’impôts, le traitre ou le collabo de l’occupant romain - ce sont des yeux qui se détournent sur son passage, des regards méprisants qui le blessent, même s’il sait bien où sont ses torts. 

Il était venu pour voir, et voilà que c’est lui qui est vu, et par quel regard ! Un regard ! Pas n’importe quel regard !

 Tout l’évangile atteste de ce regard de Jésus ! Un regard qui ne rejette jamais, qui ne fait pas de distinction entre les bons et les méchants, les purs et les impurs, un regard qui ne juge pas, qui ne condamne pas. Un regard qui accueille, qui ranime et qui redonne courage ! 

Un regard aimant, aimant sans mesure et qui, par conséquent, fait vivre.

Ils sont nombreux dans les évangiles, ceux qui pourraient en témoigner ! La Samaritaine, rencontrée au bord d’un puits, la pécheresse en larmes aux pieds de Jésus chez le pharisien Simon, la femme adultère, quand le regard baptismal de Jésus avait lavé son mal, et encore, au soir du Jeudi Saint, Pierre quand le regard de Jésus avait croisé le sien, dans la cour du grand prêtre, et bien d’autres encore...

Aujourd’hui le regard de Jésus s’adresse, en Zachée, au fils d’Abraham, au croyant qu’il n’a jamais cessé d’être, tout pécheur qu’il soit. Il était venu simplement pour voir Jésus, et il n’en croit pas ses oreilles quand il entend Jésus l’appeler par son nom. C’est comme si Jésus n’était venu à Jéricho que pour le rencontrer, lui, si indigne aux yeux de tous, et sans doute aussi à ses propres yeux. Étonnement qui se transforme en joie quand il entend Jésus lui demander de descendre vite de son arbre parce qu’il veut loger chez lui. 

Je note que Jésus :

  • Ne s’arrête pas aux apparences, même si la « Vox Populi » dit le contraire !
  • Pour la première fois de sa vie, Zachée se sent aimé sans condition !

Nous connaissons la suite ; en entrant dans sa vie, Jésus réveille chez Zachée ce qu’il y a de meilleur en lui. Le regard de Jésus transforme en Zachée, son propre regard sur ce qui comptait tant pour lui : l’argent. Il a suffi qu’une seule fois, il soit accueilli dans l’amour, à travers le regard de Jésus, pour qu’il devienne capable d’accueillir les autres avec la même générosité, surprenante : « Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » L’argent qui était, dans ses relations, une barrière, ouvre, à ce moment-là, à la Réconciliation !

Nous connaissons bien cette histoire de Zachée, elle peut nous amuser, mais elle nous interpelle ! Comment accueillons-nous cette Parole de Jésus ? Cette parole est importante : « Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi »La Parole de Dieu est une Parole vivante, actuelle.  On peut se tourner vers son voisin et lui dire : « Jésus veut venir demeurer chez toi ! » Chez toi ? Oui ! Oui ! Chez toi !!!!

Non ! En réalité, il veut venir chez moi ! Jésus veut venir chez chacun d’entre nous ! C’est là que le Christ veut s’installer pour y apporter la liberté !  Quels que soient mes propres contradictions, mes difficultés, mes désirs, mes échecs, mes pesanteurs… « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » Mais moi, suis-je perdu ? Peut-être dans des aspects concrets de mon existence…Oui, si nous y réfléchissons bien… Le Fils de l’homme vient mettre en harmonie ce qui me tourmente. Il vient, par son pardon, restaurer au plus profond de ma personne… même ce que je croyais perdu.  Même la personne, apparemment la plus abîmée, la plus désespérée, garde en elle, un morceau de paradis. 

Frères et sœurs, c’est l’invitation que nous recevons ce matin : laissons Jésus venir chez nousPas seulement dans les parties les plus présentables, les plus belles de notre existence, ou dans la pièce la plus en ordre, en cadenassant à double tour nos pièces mal rangées dont on est moins fier. Non ! Jésus nous dit : il me faut demeurer chez toi… partout chez toi ; « Laisse-moi m’installer aussi  dans tes échecs, tes péchés, dans tes désirs d’enfance, dans ton quotidien ! »

Offre-toi à moi avec tout ce que tu es. En m’acceptant partout chez toi, tu t’accepteras partout chez toi, tu deviendras homme. Tu seras fils de Dieu, à chaque instant.

Dans le mystère de l’Eucharistie, c’est cela que nous célébrons. Jésus vient nous rejoindre. Il veut nous rejoindre ! Il veut établir sa demeure en nous ! Pour celui qui l’accueille vraiment, son Eucharistie vient alimenter chaque cellule de notre corps ! Il vient nous rejoindre plus largement au cœur de tout ce qui a besoin d’être sauvé dans notre histoire, nos petitesses, nos pardons à vivre, mais aussi nos fragilités ou tout ce qui nous empêche d’être pleinement des vivants !

Oui, c’est pour cela que Jésus est venu. Oui, Dieu vient demeurer en nous pour sauver en nous ce qui est désolation et mort !  Voilà la joie de Zachée, voilà notre Joie ! 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du samedi 2 novembre 2019, commémoration des défunts, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé

Évangile selon saint Jean (Jn 6, 37-40). Livre de la Sagesse 3, 1-9. Psaume 62.

 

Chers frères et sœurs en Christ, 

Chères familles, vous qui êtes toujours dans ce temps de deuil, ce qui nous réunit ce matin :

  • C’est bien sûr le souvenir des défunts qui nous ont quittés ces dernières semaines, ces derniers mois ou ces dernières années. Il nous faut faire mémoire de chacun d’eux et prier pour leurs âmes, car certains sont peut-être encore en chemin vers Dieu.
  • Ce qui nous réunit ce matin, c’est peut-être aussi le besoin de comprendre le sens de notre existence, le sens de notre vie, belle mais parfois aussi difficile, une vie qui avance ou qui passe à toute vitesse, de jour en jour, sans que nous arrivions à bien saisir ce que nous voulons vivre.
  • Ce qui nous réunit ce matin, plus profondément, c’est aussi de toucher du doigt que, malgré l’absence, l’amour ne meurt pas.

Combien de personnes que nous côtoyons et qui ne partagent pas forcément notre foi chrétienne, ont la conviction, profondément ancrée en eux-mêmes, qu’il n’est pas possible que ce qui a été le plus extraordinaire dans la vie : AIMER, puisse s’achever en poussière. Il n’est pas possible que tout ce que nous avons vécu avec les personnes que nous avons rencontrées, construit des vies entières, puisse disparaître totalement au moment de la mort. L’idée même d’un néant est impossible !

Nous découvrons au fond de nous-mêmes, ce pressentiment irrépressible : nous nous retrouverons un jour.

Ce constat est intéressant, car je l’entends même chez des personnes qui se disent athées. Quelles que soient nos origines ethniques ou religieuses, quel que soit le continent d’où nous venons, nous relevons une constante dans notre humanité, depuis le premier homme : l’humanité porte en elle ce pressentiment que la mort n’est pas la fin !

Si ce pressentiment est bien présent, il n’efface pas une certaine appréhension !

Saint Augustin l’exprime ainsi : « Tant qu’ils n’ont pas trouvé en Dieu, le repos, nos cœurs demeurent dans l’inquiétude. »

Il est possible que certains d’entre nous partagent, ce matin ces deux sentiments contrastés ? Ma prière pour nous tous, c’est que nous repartions tout à l’heure de cette église, le cœur apaisé, dans cette certitude que Dieu nous propose : la Vie éternelle.

Je sais qu’exprimer cette réalité suscite bien d’autres questions :

  • Quelles traces d’amour retrouvons-nous dans tout ce que nous avons semé sur terre ?
  • Comment serons-nous et arriverons-nous à nous reconnaître ?
  • Les liens que nous avons créés seront-ils toujours présents ?
  • Comment va se passer l’éternité au ciel ?

Dans un acte de foi, je vous le dis : oui ! Nous nous retrouverons ! … Mais transfigurés, radicalement tout autres. Toutes nos limites éclateront :

- notre épaisseur humaine pécheresse sera pacifiée… 

- Chacun sera reconnu dans son originalité !

- Chacun sera vu comme Dieu le voit dans sa beauté particulière…

Ne me demandez pas l’âge que j’aurai, si des cheveux garniront encore ma tête, seront-ils bruns, gris ou blancs… Nous n’en savons rien ! Ce que je sais, c’est que nous nous reconnaîtrons et que nous serons différents ! Que notre corps sera « glorieux » !

Déjà, saint Paul l’annonçait aux chrétiens de la ville de Corinthe, quand il dit ceci : « C’est un mystère que je vous annonce ; nous ne mourrons pas tous, mais tous, nous serons transformés. »

Poser cet acte de foi, c’est croire en la résurrection, c’est croire aussi à ce que l’Église nomme la Communion des saints. 

Comme vous le savez, il y a la terre, le purgatoire et le ciel. Ces trois lieux composent la même Église de Jésus-Christ, dans des états différents :

La terre, c’est ce que nous vivons, maintenant, c’est notre lieu de vie.

Le purgatoire, c’est le lieu où se trouvent les défunts dont l’âme a besoin d’être purifiée, ils ont besoin de nos prières. Le purgatoire est une chance qui nous permet de continuer, grâce à nos prières, cette route vers le ciel.

Dans le ciel, sont déjà parvenus les élus, que nous nommons les « Saints », connus ou non ! Nous croyons qu’ils prient pour nous. L’Église du ciel prie pour l’Église de la terre. C’est ce rappel que nous avons célébré hier dans la solennité de Toussaint.

Depuis la résurrection de Jésus, les chrétiens, à la suite des Apôtres et des premiers témoins, croient qu’il existe une façon de vivre qui conduit à la vie véritable. 

Soyons certains que sur cette terre, nous créons, nous construisons déjà notre ciel. Les liens que nous tissons dans l’amour vrai, dans l’amitié, demeurent éternellement. Tout ce que nous aurons inscrit sur cette terre nous sera compté au ciel. Le geste le plus humble porte son fruit, un regard de tendresse, l’attention donnée un instant, une parole qui aide et soutient, une rancune oubliée : toutes nos actions portent un fruit d’éternité ! Toutes nos démarches devraient conduire vers cette joie qui demeure éternellement !

Chers frères et sœurs, j’ai bien conscience que ce n’est pas facile de tout comprendre. Nous aimerions tant avoir cette connaissance d’un simple claquement de doigt… Mais il nous faut avoir la foi. La foi, n’est-ce pas de croire ce que nous ne voyons pas encore ! 

Mes amis, dans le monde d’aujourd’hui, il me semble indispensable que nous clamions avec force que notre vie humaine, que toute vie humaine est importante depuis son début (la gestation : l’enfant dans le ventre de sa maman) jusqu’aux derniers instants de la vie, en accompagnant les personnes âgées ou mourantes. Osons dire que notre vie humaine ne va pas en s’effritant, mais qu’elle chemine vers son accomplissement.  « La volonté du Père qui m’a envoyé… » nous dit Jésus, « … c’est que je ne perde aucun de ceux qu’Il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. »

Frères et sœurs, voilà le cadeau d’espérance que nous recevons ce matin, au moment même où nous prions pour les défunts morts cette année, une espérance qui ne repose pas sur des raisonnements humains, mais sur un événement qui est le socle de notre foi, à savoir la mort et la résurrection de Jésus.

Si nous sommes là dans cette église, si moi-même je suis prêtre, s’il y a tant de chrétiens dans le monde, c’est parce que Jésus est mort et ressuscité : telle est notre foi ; oui ! Je le crois !

Si nous le voulons, nous serons, pour toujours, avec le Seigneur.

Voilà ce qui pourra nous réconforter mutuellement et nous permettre de quitter cette église tout à l’heure, ragaillardis et apaisés dans cette espérance et cette foi.

J’aimerais terminer cette homélie par un chant, un chant que nous pouvons reprendre tous ensemble, car vous le connaissez : en Toi, j’ai mis ma confiance !

En toi j'ai mis ma confiance, ô Dieu très saint.
Toi seul es mon espérance et mon soutien.
C'est pourquoi je ne crains rien,
j'ai foi en toi, ô Dieu très saint (bis).

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,

ainsi soit-il !

Homélie du lundi 28 octobre 2019, saints Simon et Jude, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 12-19. Lettre de saint Paul aux Éphésiens 2, 19-22. Psaume 18A.

 

Si vous êtes familiers de la Parole de Dieu, et si vous avez pris le temps de lire les évangiles, vous avez pu vous apercevoir que tous les grands moments de la vie de Jésus sont ponctués par des veillées de prière. Jésus prie son Père, précisément aux moments particuliers de sa vie ! 

À la veille de choisir ses adjoints directs – les Apôtres - nous le voyons passer toute la nuit sur la montagne, non seulement à réfléchir, à discerner, mais à prier son Père. Il savait que, dès le lendemain, il allait jeter les bases de sa communauté messianique, donner une ossature à sa future Église et commencer le nouveau rassemblement du peuple de Dieu.

Au petit jour, il rejoint le groupe de ses disciples et là, il en choisit douze, douze seulement, pour être ses apôtres ! Douze, avec lesquels, il allait marcher, former, envoyer.

Douze apôtres, autant que de tribus en Israël : 

Sur quels critères Jésus s'est-il basé ? Nous ne le saurons jamais. Un point semble clair cependant : Jésus a voulu une équipe très diverse, et sans doute très polyvalente.

Parmi les Douze, on trouve aussi bien Simon, le patron d'une petite pêcherie galiléenne, que Matthieu le comptable, comme également Jacques le légaliste juif, ainsi que Philippe qui parlait grec, Simon le Zélote, le "résistant", et Jude, l’homme au grand cœur (appelé aussi Thaddée qui signifie « magnanime » en araméen), ainsi que "le disciple que Jésus aimait", "qui était connu du grand prêtre".

Mais parmi les disciples, on trouve aussi Judas, un homme efficace qui savait organiser l'intendance du groupe itinérant. Sans aucun doute, Jésus avait choisi Judas parce qu'il l'appréciait. Ne l'oublions pas : d'un bout à l'autre de sa vie avec Jésus, Judas a été libre, aussi libre que nous tous. "Il devint un traître", nous dit saint Luc ; c'est donc bien qu'il ne l'était pas lors de son appel ! Mystérieuse liberté de l’homme !

"Jésus descendit avec eux et s'arrêta sur la plaine".

Il y avait là un grand nombre de ses disciples et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon… des Judéens, des gens arrivés de la grande ville de Jérusalem, mais aussi des païens venus de la côte ; bref : une foule hétéroclite préfigurant l'Église de tous les temps. 

Beaucoup étaient là pour écouter Jésus, beaucoup avait besoin d’être guéris par Lui.

Jésus s'avança vers la foule, entouré des Douze qu'il avait choisis. À partir de ce jour-là, les Douze comprirent qu'ils étaient choisis et liés une fois pour toutes avec Jésus, qu’ils allaient partager tout de sa vie !

Ces apôtres pouvaient-ils imaginer la suite ? 

Non, pas encore ! Mais, déjà, leur joie était grande de pouvoir vivre de la Mission de Jésus et tout partager du destin de leur Maître.

En ce jour où nous fêtons saint Simon et saint Jude, voilà ce que nous recevons. 

Puissions-nous être dans l’Action de grâce pour le don que le Seigneur nous fait en nous appelant, nous aussi, à sa suite.                                                                                                                                                                                       

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 21 octobre 2019, lundi de la 29e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon Saint-Luc 12, 13-21. Lettre de Saint Paul aux Romains 4, 20-25. Cantique (Luc 1).

 

            Il n’y a pas si longtemps, le notable du pays était, de façon habituelle, sollicité par régler un arbitrage, ou gérer un souci. On s’adressait au maire, au notaire, à l’instituteur ou au prêtre, pour demander de l’aide et résoudre une difficulté.

C’est peut-être le prestige ou la qualité de son enseignement qui vaut à Jésus cette demande un peu insolite : « Dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »

Comme vous l’avez sans doute remarqué, Jésus refuse tout net de se substituer aux notaires ou aux juges ; mais à son habitude, il saisit l’opportunité d’élever le débat et répond au niveau du sens de la vie, en précisant deux points, que nous pouvons entendre, ce matin, pour nous-mêmes.

  • Le premier : gardez-vous de l’envie de posséder toujours plus, toujours plus… plus… plus !
  • Le deuxième : la richesse d’un homme ne lui garantit pas la vie !

Pour illustrer cette réflexion, Jésus nous donne la parabole du riche insensé. Notons bien qu’il s’agit d’une richesse honnêtement acquise. Cet homme a peiné et sa richesse est liée à la terre qu’il a su travailler. Voilà que son domaine lui rapporte une belle récolte. Jésus ne critique absolument pas cette richesse, ni son travail !

Mais quels vont être les réflexes de cet homme devant cette surabondance inespérée ?

Tout d’abord, il constitue des réserves ; sécurité en premier ! Puis, la réaction suivante et assez logique, c’est, puisqu’il y a surabondance et que les soucis s’éloignent, l’homme va, enfin, profiter de ses biens pour de nombreuses années : « Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence. »…  et l’homme s’installe (pourrait-on dire) dans des vacances perpétuelles.

« Tu es fou ! » lui dit Dieu, littéralement, tu es « in-sensé », cela n’a pas de sens. Pourtant, pourrions-nous penser, l’attitude de cet homme ne nous paraît pas si absurde, nous pourrions bien, dans une situation similaire, nous aussi, agir de même.

            En réalité, l’essentiel de l’homme échappe à tout calcul, et il n’y a de sécurité pour personne, face à la mort. 

C’est cela qu’est en train de pointer Jésus dans cette parabole ; c’est ce réflexe d’accumuler des biens et la tentation de se réfugier, de s’appuyer sur des réserves matérielles pour vivre sans horizon, sans projet fraternel, en restant au niveau de la jouissance immédiate.

Il me semble que Jésus parle aussi pour notre époque et pour nous. Avons-nous conscience que notre prochaine nuit pourrait être la dernière ? Dans une telle hypothèse, que provoque cette pensée en nous ? Ressentons-nous de la paix, de la joie, ou, au contraire, inquiétude et angoisse ?

Si ce sont ces derniers sentiments qui dominent en nous, peut-être pourrions-nous nous demander quelles richesses pourraient nous retenir, ou quelles sont les affaires courantes que je n’ai pas encore réglées, traitées ou remises à plus tard, ou encore, quelles situations nous empêcheraient d’accueillir la paix du Christ ?

Frères et sœurs, avec ces quelques phrases de l’évangile, le Seigneur nous plonge aujourd’hui, dans une réflexion profonde et une belle méditation.

Sans peur, essayons d’y réfléchir et de prendre simplement le temps de demander à Dieu, son aide pour comprendre et discerner nos actions et nos priorités.

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 20 octobre 2019, 29dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église St Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 18, 1-8. Livre de l’Exode 17, 8-13. Psaume 120.

Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 3, 14 à 4, 2.

 

Connaissez-vous cette expression : “Ne pas baisser les bras“ ?

Il est vrai qu’un coup dur, une fatigue passagère, un mauvais moment à cause de la maladie ou d’un échec, arrivent vite. À ce moment-là, il se peut qu’une personne autour de nous, nous stimule en disant : « Allez, courage ! Ne baisse pas les bras, tu vas repartir ! »

Peut-être vous êtes-vous déjà demandé d’où pouvait venir cette expression ? Elle provient de la première lecture que nous venons d’entendre, plus précisément du passage du livre de l’Exode.

            Moïse, Aaron et Hour étaient montés sur le sommet de la colline alors que dans la plaine, se déroule un combat terrible entre le peuple d’Israël et les Amalécites. C’est un récit que les anciens ont beaucoup commenté sur l’efficacité de la prière d’intercession. 

Moïse est en prière, les bras levés. Tant que ses mains sont levées, les Hébreux gagnent le combat, mais dès que ses bras retombent, c’est le peuple des Amalécites qui est victorieux.

            Frères et sœurs, avez-vous déjà eu l’occasion de prier en levant les bras ? Quand vous priez le Notre Père, peut-être le faites-vous ? Quand le prêtre célèbre la messe, il élève souvent les bras également. Mais, essayez de tenir plusieurs heures de suite, les bras tendus vers le ciel, c’est difficile… Si je tiens les mains levées et si je dois tenir longtemps comme ça, si l’un de vous me soutient les bras, je vais pouvoir durer dans la prière. Les bras étendus nous font penser aussi à Jésus sur la croix. 

Moïse intercède pour le peuple entier, celui qui est dans la vallée et celui que nous formons. Il y a un combat dans la plaine. Il y a aussi un autre combat : celui de rester fidèle dans la prière sans baisser les bras ! 

Tout particulièrement dans les moments de crises ou de conflits, la fatigue de Moïse, comme celle que nous pouvons ressentir, à certains moments, ne doivent pas nous empêcher de persévérer dans une réelle attitude de prière !

Dans l’Église, il est important que le service de l’intercession, le service de la prière, soit toujours actif. D’expériences, nous savons bien que dans notre vie, nous vivons des hauts et des bas. Nos moments de vigueur doivent devenir un soutien pour les autres. Nos moments de lassitude seront compensés par le dynamisme des autres. 

Nous avons tous besoin, à un moment ou un autre de notre vie, d’un soutien fraternel, pour devenir comme pour Moïse, d’autres Aaron et Hour, afin de garder nos bras levés vers Dieu, sans jamais baisser les bras !

Ainsi ce passage de l’Exode nous rappelle la nécessité de la prière d’intercession. Il me sera, souvent, difficile d’en mesurer les fruits ! Et pourtant, même si ma prière semble invisible, cette mission est nécessaire. 

Savez-vous qu’il existe à travers le monde, des lieux qui rayonnent et sont des remparts efficaces contre les forces du Mal ? Je pense aux monastères (près de nous n’oublions pas les chartreux qui prient jour et nuit !), aux convents, aux abbayes, à toutes les communautés religieuses, également à toutes les personnes qui sont dans une prière fidèle et permanente partout dans le monde pour la mission, comme pour tous les hommes et les femmes. Cette prière persévérante, la leur comme la nôtre, est essentielle, indispensable, car elle est un rempart contre tous les combats qui nous fatiguent.

Frères et sœurs, si vous avez été attentifs à toutes les lectures de ce jour, vous avez sans doute perçu le fil rouge qui les réunit toutes, le fil conducteur qui les traverse : c’est celui de la prière persévérante !

Cette prière qui nous permet, non seulement de vivre en communion, en intimité avec Dieu, mais également de nous soutenir les uns, les autres dans tous les combats de nos vies. 

C’est ce que nous dit Jésus dans l’évangile, car cette veuve insistante nous conduit aussi sur le chemin de la prière. Cette veuve est habitée par son besoin, par son désir profond de justice, et voilà qu’elle se heurte à un juge sans justice… Sa prière, sa persévérance « insistante » lui donnent l’élan nécessaire pour être entendu ! Dans ce combat, elle obtient justice contre ce juge sans justice.

Jésus se sert de cet épisode (qui lui remémore peut-être un fait vécu), pour inviter les disciples à prier Dieu dans une foi inébranlable et cela sans faiblir ! Effectivement, sans la foi, comment tenir ?

Les conseils de saint Paul à son disciple, le jeune Timothée, dans la deuxième lecture, nous rappellent cette nécessité de la foi : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. » Les Saintes Écritures permettent d’entrer dans le salut de Dieu, là aussi, par la foi.

La foi est donc essentielle et c’est bien sur cette question de la foi que Jésus termine ce passage de la veuve et du juge sans justice. 

Retenons bien la dernière phrase de l’évangile : “Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Il y a donc un lien entre la prière persévérante et la foi. Pour le comprendre, il faut retenir que la foi est nécessaire pour prier et que le fait de prier, prouve qu’il existe en moi, une espérance. Avoir la foi, ce n’est pas seulement croire que Dieu existe (nous pouvons rencontrer des personnes qui disent que Dieu existe, mais qui n’ont pas la foi). 

La foi, c’est croire que Dieu agit et qu’il veut agir avec moi, en moi. Dieu n’agit pas seulement d’une façon générale, mais Il agit très précisément dans le concret de nos vies, dans le concret de ma vie. Son action est vraie, elle est réelle, même s’il m’arrive de faire le constat que sa réponse n’est pas toujours en lien avec ma demande.

Vous le savez, il y a “prière“ et “prière“ ! Si vous priez pour demander de gagner au loto dès ce soir, vraisemblablement, vous ne serez pas exaucé. Si un jeune prie pour la réussite de son examen, et pour lequel il n’a rien révisé, les chances qu’il réussisse sont minces ! Mais si notre prière sincère demande le changement de notre cœur, si son but est une réconciliation et un pardon, s’il y a une bonté, une générosité, si elle intercède pour que notre monde soit plus fraternel, mais surtout pour que mon cœur et ma vie se transforment, alors oui, le Seigneur va pouvoir agir !

Je peux aussi prier en formulant des exigences, et même en voulant le faire fléchir ! Prier, ce n’est pas tant mettre Dieu à mon service, mais plutôt comprendre comment la prière me rend disponible, ouvre mon cœur et mon intelligence pour recevoir ce dont j’ai vraiment besoin pour vivre… Ce que Dieu nous donne, c’est cette certitude que nous sommes aimés par Lui, et que nous sommes faits pour la Vie éternelle.

Dieu m’aime et il sait ce dont j’ai besoin !

Je termine avec trois points, qui résument dans une belle disponibilité, la force de la prière !

  • Premier point : la prière persévérante nous sort de nous-mêmes, de notre petit monde, parfois un peu clos. Elle nous ouvre aux désirs de Dieu pour le monde. Elle nous fait entrer, petit à petit, dans le projet de Dieu pour l’humanité, pour moi et nos proches. La prière parfaite est celle du Notre Père dans laquelle nous demandons d’abord à Dieu, et pour Dieu, qu’il réalise son dessein, et après seulement, ce dont nous avons besoin pour le quotidien de notre vie, de ma vie.
  • Deuxième point : la prière persévérante crée à la fois une chaîne d’amour, une véritable communion de frères et de sœurs, tournés ensemble vers le même Père, et aussi un soutien fraternel pour que personne « ne baisse les bras ». Comme j’aimerais que nous puissions vivre ainsi dans notre communauté paroissiale ! 
  • Troisième point : la prière persévérante développe une attitude fondamentale d’humilité et de pauvreté dans l’abandon confiant. Prier n’est pas fanfaronner ! Prier, c’est humblement demander à Dieu ce dont j’ai besoin.

Frères et sœurs, puissions-nous prier les uns pour les autres, et peut-être plus particulièrement en ces jours, pour notre communauté paroissiale et nos familles.

Que Dieu soit béni en toutes ses œuvres !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 16 octobre 2019, 28e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 42-46. Lettre de saint Paul aux Romains 2, 1-11. Psaume 61.

 

Ne trouvez-vous pas que les textes semblent durs ce matin ?

Que veut donc dire Jésus aux pharisiens et aux docteurs de la Loi ?

Vous le savez sans doute, les pharisiens et les docteurs de la Loi sont des juifs pieux qui aiment Dieu, en suivant un corpus de règles. Leur foi est belle, mais certaines attitudes ont besoin d’être réajustées. Par exemple :

  • Les pharisiens sont fiers, non pas du Seigneur, mais de leur façon d’observer la Loi
  • Les docteurs de la Loi énoncent pour tous, des règles très exigeantes, sans pour autant les observer eux-mêmes.

Dans cet épisode, Jésus dénonce avec sévérité leur façon de faire. Il leur reproche leur façon de se comporter ou de se « montrer ». Pourquoi Jésus fait-il tous ces reproches ? Sans doute parce qu’il a, en face de Lui, des hommes qui se posent en champion de la fidélité.

Jésus énonce plusieurs reproches, en fait, quatre :

-Le premier reproche adressé par Jésus, c’est qu’ils font erreur sur ce que Dieu attend des hommes : ils mettent leur fidélité dans des détails extérieurs, secondaires, superficiels comme l’exemple cité par Jésus de la dîme payée sur la menthe et sur la rue. En faisant ces choix, ils passent à côté de l’essentiel qui est de savoir s’ajuster au projet de Dieu pour l’humanité. C’est la notion de justice, telle que le Premier Testament l’entend : aborder le prochain avec miséricorde, avec le regard et le cœur de Dieu.

-Le deuxième reproche adressé aux pharisiens, est qu’ils utilisent la religion à leur profit. Ils tirent bénéfice de leur observance religieuse pour valoriser leur propre image. Là aussi, ils oublient que seuls sont grands devant Dieu ceux qui se font petits et qui reconnaissent avoir besoin de Dieu.

-Le troisième reproche est particulièrement dur et terrible ; Jésus leur dit : vous, les pharisiens, vous vous donnez en exemple, mais : « Vous êtes comme ces tombeaux qu’on ne voit pas… », c’est-à-dire des « lieux de mort » que rien ne signale.

-Le quatrième reproche s’adresse aux légistes, aux docteurs de la Loi, aux intellectuels, aux maîtres de l’opinion religieuse : « Vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter. » Littéralement, vous ne savez plus quoi inventer pour surcharger les autres, pour les enfermer dans une foule d’interdictions dont vous vous dispensez vous-mêmes. 

La première lecture que nous avons entendue fait écho à l’évangile : « Et toi, l’homme qui juges ceux qui font de telles choses et les fais toi-même, penses-tu échapper au jugement de Dieu ? » « Tu te condamnes toi-même, car tu fais comme eux, toi qui juges. »

Oui, Jésus adresse ces reproches, et il le fait avec une réelle fermeté. 

Ces attitudes peuvent aussi nous guetter si nous n’y prenons pas garde. Réfléchissons !

Où est l’essentiel que je veux vivre ?

Que veut Dieu pour moi ?

Comment dois-je me comporter, dans le quotidien de ma vie ?

Quels actes de miséricorde puis-je faire ?

Comment devons-nous réagir ? Quelle pourrait être la bonne attitude ?

Là encore, la lettre aux Romains de saint Paul nous redonne le cap à suivre : « Ceux qui font le bien avec persévérance et recherchent ainsi la gloire, l’honneur et une existence impérissable, recevront la Vie éternelle ! »

Frères et sœurs, peut-être pouvons-nous, tout au long de ce jour, réfléchir à ce que Jésus attend de nous ? Comment vivre notre vie chrétienne dans une véritable cohérence ? Comment ajuster notre cœur, au cœur miséricordieux de Dieu ? 

Je vous propose deux points, deux questions à méditer : 

  • Entre ma prière et mon quotidien, entre mes paroles et mon engagement, suis-je concret et cohérent ? 
  • Entre ma générosité personnelle et celle que nous réclamons des autres, comment suis-je en vérité ?

C’est cette cohérence que nous pouvons demander, pour chacun de nous, ce matin : osons poser des choix justes et vivre de l’Esprit Saint !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 14 octobre 2019, 28e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 29-32. Lettre de saint Paul aux Romains 1, 1-7. Psaume 97.

 

Les générations se suivent, et j’ai parfois l’impression qu’elles se ressemblent.

 Aujourd’hui comme hier, nous voulons des signes, nous aimons les signes ! Notre société fonctionne sous la modalité des signes, sur le mode impulsif et émotionnel.

Nous cherchons partout des signes de bonne volonté, des signes de compassion, et surtout, bien sûr ! … des signes d’amour. « Cette génération cherche un signe… » dit Jésus, tout comme la nôtre, et pourtant, l’unique « signe » nécessaire nous est donné.

Que se passe-t-il dans l’évangile ?

Quelque temps auparavant, alors que Jésus vient de chasser un démon, les foules amassées réclament encore et encore, un signe venant du ciel, un prodige, en quelque sorte, qui les pousserait à croire en Jésus. Ils ont le « signe » devant eux, mais ils ne le reconnaissent pas : Jésus est le Signe !

« Mais en fait de signe… », dit Jésus « … il ne lui sera donné que le signe de Jonas. »

Souvenez-vous, nous avons parlé de Jonas la semaine dernière ; que nous révèle-t-il ?

Comprenons que le destin de Jonas est signe à deux niveaux :

  • Tout d’abord parce que son message de conversion a été entendu et reçu par des étrangers, les habitants de Ninive, la grande ville païenne, ce qui préfigure par avance, l’annonce de la Bonne Nouvelle au-delà du monde juif. La Bonne Nouvelle du Salut est aussi pour les païens, c’est-à-dire pour nous tous !
  • Et puis, parce que Jonas a été avalé par le monstre marin (comme le note saint Matthieu dans son évangile parallèle) et qu’il y est resté invisible au monde durant trois jours et trois nuits. Trois jours : comme les jours qui séparent la mort de Jésus en Croix, du premier message de sa résurrection.

Ce qui est visé par Jésus, dans ce texte, ce sont particulièrement les hommes égarés par un paganisme ambiant. Son invitation est un appel à la conversion ! À ceux qui sont en attente, Il révèle qui est Dieu pour chacun de nous. 

            Le parallèle entre la génération de Jésus et la nôtre est saisissant !

Alors que Jonas a été écouté par tout un peuple d’étrangers, Jésus se voit contesté par son propre peuple, et pourtant Jésus est bien plus que Jonas. De même, Jésus est bien plus que la reine de Saba venue de son lointain royaume pour écouter la sagesse du roi Salomon.

             Frères et sœurs, à notre génération aussi, il ne sera pas donné un autre signe que celui de Jonas, c’est-à-dire celui du Christ : mort, ressuscité et entré dans la gloire ! Il ne sera pas donné d’autres signes que celui du Christ miséricordieux.

Mais chacun de nous pouvons refléter ce « Signe » !  Nous sommes signes pour notre monde ! Pourquoi ? Parce que Jésus Lui-même vient habiter notre vie, comme nous allons le vivre dans quelques instants, en recevant en notre corps, le Christ Lui-même. C’est comme cela que nous devenons « d’autres christs » ! Voilà le signe dont notre monde a besoin !

L’autre façon visible de manifester ce signe est celui de la Croix ! Nous le recevons le jour de notre baptême, nous le retraçons sur nous-mêmes à chaque célébration. Ce signe est celui de Jésus en Croix. Cette Croix est le lieu de la victoire ! Au-delà de la mort, c’est la Vie nous qui nous est donnée.

Frères et sœurs, réfléchissons, en ce jour, à la façon dont nous pouvons être « signe » du « Signe » qu’est Jésus Lui-même !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 9 octobre 2019, 27semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 11, 1-4. Psaume 85. Livre du prophète Jonas 4, 1-11.

 

Il était une fois Jonas…

L’histoire de Jonas, c’est ce que les Juifs appellent un « midrash », c’est-à-dire un récit mi-réel, mi-fictif, une de ces histoires qui nous invitent à réfléchir, que nous soyons petits ou grands. Depuis plusieurs jours, nous entendons le récit du périple de Jonas !

Il faut le relire en entier (Dix minutes, montre en main, pour lire le livre de Jonas !). Il se trouve dans le Premier Testament : quand les juifs racontent l’aventure de Jonas à leurs enfants, c’est pour leur faire découvrir que Dieu est plus grand que le peuple juif ; que le salut de Dieu est pour Ninive aussi, Ninive la Grande, Ninive la ville païenne par excellence, et pour toutes les nations. Quand des chrétiens racontent le livre de Jonas à leurs enfants, c’est pour leur annoncer Jésus-Christ, le vrai Jonas ; et pour parler, bien souvent, du baptême, de vrai poisson, de salut, de résurrection…

Rappelez-vous : Jonas est un prophète juif à qui Dieu demande d’aller avertir Ninive, la grande ville étrangère et païenne, pour qu’elle change de vie, qu’elle se convertisse et soit sauvée. C’est la mission que reçoit Jonas.

Or Jonas n’a aucune envie que Ninive soit sauvée… Alors il fuit ; il prend un bateau pour aller le plus loin possible, à l’opposé de Ninive. Mais la tempête secoue le navire. Les marins réveillent Jonas qui dormait. Jonas voit bien que c’est à cause de lui que la tempête se déchaîne, et il demande librement à l’équipage qu’il soit jeté par-dessus bord pour apaiser l’océan déchaîné. Aussitôt fait. Jonas est jeté par-dessus bord et la tempête s’apaise. Un gros poisson qui passait par là avale Jonas, le préservant ainsi dans son ventre, pendant trois jours et trois nuits. 

Puis la baleine le recrache… comme par hasard, sur la plage juste en face de Ninive ! Jonas comprend alors la persévérance de Dieu pour sauver les païens. Il parcourt à toute vitesse la ville en criant : « Convertissez-vous ! ». Les gens l’écoutent vraiment. À la grande fureur de Jonas, Dieu accorde le salut à Ninive. C’est le texte d’aujourd’hui. C’est le fameux épisode de ricin : Jonas est dégoûté que Dieu soit si bon avec les méchants. Assis sous un plant de ricin, il contemple la ville en joie. Le ricin lui fait un peu d’ombre, mais il se dessèche. Jonas attrape une insolation et maudit Dieu d’avoir laissé mourir le ricin. Alors Dieu lui dit : « Comment, Jonas, mon fils, tu pleures parce que le ricin s’est desséché, et tu n’aurais pas pleuré parce que Ninive aurait été détruite ? Sache que moi Dieu, j’ai plus de peine pour un humain qui se perd, que pour une plante qui se fane. »

Voilà l’histoire. Et vous devinez dans quel esprit les Juifs la racontent aujourd’hui : Jonas préfigure pour eux le peuple juif, chargé d’annoncer à toutes les nations de se convertir au Dieu unique. 

Vous devinez également l’autre lecture que les Pères de l’Église proposent. Pour eux, Jonas, c’est Jésus qui est envoyé pour le salut du monde entier. Jonas endormi au fond sur le bois du bateau, préfigure Jésus endormi dans la mort, sur le bois de la Croix. 

  • L’interrogatoire de Jonas par les marins préfigure la comparution du Christ devant ses juges. 
  • Jonas se sacrifie librement : « Prenez-moi et jetez-moi à la mer ». Jésus donnera librement sa vie dans sa Passion choisie volontairement. 
  • La répugnance des marins de jeter Jonas à la mer, annonce celle de Pilate qui hésite à livrer Jésus à la mort.
  • Plus encore, le séjour de Jonas dans le ventre du poisson, au milieu de la mer, préfigure la Passion et Résurrection du Christ et notre propre baptême ! 
  • Jésus lui-même nous met sur la voie de cette lecture symbolique (Mt 12, 38-41) :
    « Tout comme Jonas fut dans le monstre du ventre marin 3 jours et 3 nuits, ainsi le Fils de l’Homme sera dans le sein de la terre 3 jours et 3 nuits. Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront avec cette génération et ils la condamneront, car ils se sont convertis à la prédication de Jonas. Eh bien ! Ici, il y a plus que Jonas. »

Frères et sœurs, j’espère que vous aurez l’occasion de méditer le livre de Jonas, très court, et d’en faire une belle lecture spirituelle.

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 7 octobre 2019, lundi de la 27e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon Saint-Luc 10, 25-37. Livre du prophète Jonas 1, 1 – 2, 1.11. Cantique (Luc 1, 46-55).

 

              Voilà qu’en deux jours, nous entendons, coup sur coup, deux questions. 

Hier, pour ceux qui participaient à l’eucharistie dominicale, vous avez entendu cette demande des Apôtres : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » Vous le savez bien, avoir la foi, n’est pas une question de taille, de quantité ou de poids. La foi n’est pas tant de faire des miracles ou de vouloir changer la nature des choses ; la foi est de laisser le Christ agir en nous. La foi est un don, un don que nous devons cultiver pour être au service des autres : une foi qui se met donc au service !

            Aujourd’hui, nous entendons une question très intéressante posée par un docteur de la Loi « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Cette question est toujours actuelle, une question que notre société aborde différemment. Nous pouvons faire référence à ce qui s’est vécu hier à Paris quand certains veulent changer la nature même de l’homme et créer, par le biais de la science, une vie où la nature n’a plus sa place. L’homme veut se prendre pour Dieu et nous savons que, avec les techniques transhumanistes, l’homme souhaite se débarrasser même de Dieu (et de la transcendance), veut devenir comme Dieu et technologiquement immortel ! Les choix bioéthiques qui sont posés aujourd’hui entrainent notre société dans une dérive dont nous ne mesurons pas la gravité.

   Dans notre évangile, cette question du légiste reflète également les débats théologiques de l’époque et, par la bouche de Jésus, il reçoit deux réponses. Jésus lui-même invite le légiste, qui est un docteur de la Loi, à reformuler sa question : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »

  • Dans sa première réponse, Jésus cite l’Écriture, le Deutéronome : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même ! » et puis un passage du Lévitique, sur l’amour du prochain.

   À ce niveau théorique, tout est dit ; le légiste a raison, il n’y a rien à ajouter. Jésus continue et lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. » Littéralement, il lui confirme qu’il sait déjà ce qu’il doit faire.

  • La deuxième réponse est la parabole du bon Samaritain. C’est une réponse illustrée, dynamique, sous la forme d’un programme de réflexion : « Va, et toi aussi, fais de même. ».

Qu’a donc fait cet étranger Samaritain ? Il a simplement mis en œuvre la miséricorde dans un élan de foi. Il a mis en œuvre sa bonté envers le blessé rencontré sur la route. 

Cette charité se présente en trois moments distincts, et c’est sans doute aussi un enseignement pour nous. 

  1. Il y a tout d’abord le moment de l’émotion ; en arrivant près de la victime, le Samaritain est profondément remué à l’intérieur de lui-même : « Il le vit et fut saisi de compassion. »
  2. Puis vient le moment des premiers soins pour soulager le blessé, sans se laisser arrêter par la vue du sang et des plaies. Le Samaritain fait les gestes nécessaires, puis le monte sur sa propre monture. 
  3. Puis, lors du troisième moment, le Samaritain prévoit lui-même un relais de sa propre charité, non pas pour pouvoir se désintéresser ensuite du blessé, non pas pour laisser à l’aubergiste tout le poids des soins à venir, car comme nous l’entendons, le Samaritain repassera, mais pour aller jusqu’au bout. 

             L’invitation de Jésus est celle-ci : « Va, et toi aussi, fais de même. » C’est cela se rendre proche ! C’est cela aimer ! C’est cela sauver : savoir s’arrêter devant un homme souffrant, savoir trouver les gestes qui soignent et qui sauvent, savoir prendre en charge dans la durée ceux que la vie a blessés.

            Nous touchons là deux aspects des questions qui ont été posées, celle d’hier et celle d’aujourd’hui. Toutes deux ont la même finalité : la Vie éternelle vers laquelle nous essayons de tendre et qui passe aussi par une charité concrète qui se met au service et la foi qui nous permet d’unir les deux réponses.

            Alors, frères et sœurs, la route qui descend de Jérusalem à Jéricho passe devant chez

nous ! Nous l’empruntons chaque jour. C’est la route qui nous mène au travail, vers nos responsabilités, vers nos solidarités et nos fraternités, vers nos églises !

Puissions-nous ouvrir les yeux et demander à Jésus la force, la foi et la charité dont nous avons besoin chaque jour, pour être plus proches de celles et ceux que la vie a blessés.

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 6 octobre 2019, 27dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. Évangile selon saint Luc 17, 5-10. Livre du prophète Habacuc 1, 2-3.2, 2-4. Psaume 94.

Deuxième lettre de Saint Paul à Timothée 1, 6-8.13-14.

 

            Savez-vous qu’il faut du temps pour préparer une homélie ? Tout au long de la semaine, le prêtre prend le temps de lire les textes, le temps de les méditer, le temps de les savourer, le temps de la prière, le temps de se laisser imprégner de chaque parole que le Seigneur nous donne. Ce soir, je vous livre humblement, tout simplement ce qui m’a frappé durant toute cette semaine. C’est cette phrase que nous avons déjà entendue plusieurs fois : 

« Seigneur, augmente en nous la foi ! ».

Tout au long de cette semaine, j’ai demandé à de nombreuses reprises : « Seigneur, augmente en moi la foi ! »C’est cette question, cette invitation, cette demande que font les Apôtres à Jésus.

            Qu’aurions-nous fait à leur place ? 

Imaginez Jésus devant vous ; Il est là, Il vous écoute. Vous avez envie de lui confier quelque chose, mais les mots se bousculent dans votre bouche… alors, que lui demandez-vous ? Les réponses sont multiples ! Pour certains, ce peut être la paix, pour d’autres de l’argent pour pouvoir finir le mois, ou du travail pour ceux qui en cherchent et sont au chômage, pour d’autres encore du travail avec un peu moins de stress et que leur chef soit plus sympathique. Ce peut être la santé, la nôtre ou celle d’un proche, un confort matériel ou une réconciliation qui nous tient à cœur, que nous espérons.

Je ne crois pas me tromper en disant que, dans notre prière, chaque jour, nous demandons à notre Seigneur toutes sortes de choses pour nous-mêmes ou pour notre famille.

            Mais est-ce que ces demandes sont les plus essentielles pour nous ? Selon notre regard, sans doute, mais le sont-elles dans le plan de Dieu ?

  • Qui, par exemple ce matin, en se levant, a osé demander à Dieu, comme Salomon, la Sagesse ?
  • Qui, dans sa prière, a osé demander au Seigneur, “un esprit de force, d’amour et de pondération“, comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture ?
  • Qui, parmi celles et ceux qui ont lu avant de venir, les textes de ce jour, ont demandé : « Seigneur, augmente en moi la foi ! »

La foi, est-elle si simple, si évidente ? Si nous nous replaçons dans le contexte de l’époque : les Apôtres sont avec Jésus, Parole vivante, ils ont entendu son appel, ils ont accepté de tout laisser pour Le suivre. Ils ont écouté son enseignement, ils ont été témoins de signes et de miracles extraordinaires, et pourtant… dans l’évangile d’aujourd’hui, ils demandent à Jésus : 

« Seigneur, augmente en nous la foi ! »

Pourquoi cette demande ? N’ont-ils pas déjà tout reçu ? Je suis sûr que, en écoutant Jésus, pour entrer dans le Royaume de Dieu, pour suivre le Christ réellement, la foi est nécessaire. 

Quelle est la réponse de Jésus ? Elle semble assez énigmatique. À sa manière, il choisit un exemple assez surprenant : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde … » Avez-vous déjà vu une graine de moutarde ? Si vous la tenez au creux de votre main, vous verrez comme elle est minuscule. Elle est si petite qu’on la voit à peine ! Pourtant, en grandissant, elle devient un plant extraordinaire. « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : déracine-toi et va te planter dans la mer, et il vous aurait obéi. » C’est fou ! Vraiment Seigneur, j’ai besoin que tu augmentes ma foi… pour comprendre ce que tu veux dire !

Jésus insiste, et c’est important, sur la puissance de la foi. D’ailleurs, Saint-Luc dans son évangile, nous rapporte de nombreux signes et de miracles accomplis par Jésus, en s’appuyant sur la foi des personnes qu’Il rencontre. 

  • Souvenez-vous, en Luc 7, 50, de la jeune femme pécheresse à laquelle Jésus dit : « Ta foi t’a sauvée ! » 
  • Il en est de même pour le lépreux que Jésus a guéri grâce à sa foi. 
  • La femme hémorroïsse, cette femme souffrant de pertes de sang et qui se disait qu’en touchant ne serait-ce que le bas du manteau de Jésus, elle serait sauvée… à laquelle Jésus a dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix. »(Luc 8) À cause de leur foi, ils ont été guéris ! 
  • Et souvenez-vous encore de la fille de Jaïre qui était morte et qui retrouve la vie à cause de la foi de son papa. À sa demande, Jésus lui dit : « Ne crains pas, crois seulement. » … et elle sera sauvée.

   Qu’est-ce que cela veut dire ? La foi en Jésus peut tout !

Autour de nous, nous rencontrons des personnes qui ont une grande foi, une foi qui est belle, une foi qui permet au Seigneur d’agir réellement ! Pourtant, cette foi est toujours à redemander, à renouveler pour chacun de nous.

            La foi n’est pas « quelque chose » que l’on peut acheter dans un supermarché. Il n’est pas question d’argent, ni de quantité, ni d’échanges ou de troc ; la foi est un don ! Quand on a reçu un don, il nous faut l’utiliser, le cultiver, le faire rayonner... Il nous faut demander au Seigneur de nous aider à le partager, à le faire fructifier. Je précise que nous avons tous reçu des dons, mais il s’agit d’avoir confiance en Dieu. Il nous faut avoir un total abandon en Dieu ; la foi et les charismes sont des dons qui sont à mettre au service de la Mission ! Peut-être avons-nous du mal à les mettre en œuvre. 

            Notre foi doit être vraie, réelle. J’ai peut-être été baptisé tout petit, mais est-ce suffisant pour me dire chrétien et croire que je n’ai plus rien à faire ? Non ! 

  • Notre foi doit grandir, se fortifier ! 
  • Croire que Dieu peut tout si j’accepte de placer ma confiance en Lui ! 
  • Si petite qu’elle soit, la foi peut déplacer des montagnes. 
  • C’est cette foi en Dieu qui est le centre de toute vie chrétienne, elle est nécessaire !

            Je pourrais vous donner des témoignages incroyables de personnes que j’ai pu rencontrer dans ma vie de prêtre et qui ont posé, devant moi, des actes de foi d’une belle profondeur. Dans des moments difficiles, voire même dramatiques, grâce à la foi, il y a eu des tournants ! La situation n’a peut-être pas forcément changé, mais ils ont su se positionner différemment ! Ils ont su rebondir, ils ont su repartir, ils ont fait confiance en Dieu, encore et encore.

            Parfois, je me pose une question : pourquoi nos assemblées dominicales sont-elles si clairsemées ? Comment se fait-il que tant de personnes qui se disent chrétiennes montrent si peu d’allant vis-à-vis de Dieu ? 

Beaucoup de personnes baptisées ne pratiquent plus ; Mais, sont-elles seulement “chrétiennes“ ? Parfois, c’est juste une tradition familiale. 

Être chrétien, c’est vivre du Christ ! Combien de personnes n’ont pas fait vraiment la rencontre du Christ ? Qu’est-ce qui pourrait alors leur manquer ? Comment puis-je dire que j’aime mon conjoint si je ne prends pas du temps avec lui pour mieux le connaître, pour vivre une vraie intimité avec lui ? Comment peut-on se dire chrétien si je ne fréquente pas Dieu au quotidien ?

Comment puis-je dire que Dieu veut mon salut si je ne cherche pas à comprendre quel est le salut que Dieu veut pour moi ? Je ne peux pas dire que je crois en Dieu si je n’ai pas reçu pleinement les dons de l’Esprit Saint !

   Alors, que manque-t-il à de nombreux chrétiens ? 

Il leur manque de croire que Dieu veut du bien pour moi ; et ce bien n’est pas forcément ce que je crois bien pour moi, mais c’est celui que Dieu veut pour moi, c’est-à-dire le salut, la Vie éternelle. C’est petit à petit que nous le comprenons par la grâce du baptême, par le sacrement de confirmation qui me donnent d’entrer dans la foi. 

Je pose souvent la question de savoir qui, dans notre assemblée, n’a pas reçu le Sacrement de Confirmation ? Peut-être manque-t-il quelque chose pour connaître pleinement Dieu et vivre dans la plénitude des dons de l’Esprit Saint ! (Je vous invite à méditer la deuxième lecture de ce jour !)  

Jésus est venu pour nous sauver, mais si nous ne le croyons pas, si nous ne cherchons pas à Le suivre, si nous ne mettons pas nos pas dans les siens, comment pouvons-nous comprendre quel est le salut que Dieu veut pour nous… pour moi ?

            Frères et sœurs, ne pensons pas, pour autant, que notre vie chrétienne soit toute simple, facile, aisée et sans embûche ! Le chrétien porte les mêmes soucis, il supporte les mêmes problèmes que tous les hommes, mais, simplement, il y a quelque chose au fond de lui qui le pousse à espérer contre toute désespérance. 

C’est justement parce qu’il nous arrive parfois de chuter que notre foi est nécessaire et doit sans cesse être soutenue, affirmée, et réaffirmée.

Plus que jamais nous avons besoin de la foi pour accomplir notre mission dans ce monde où règnent l’injustice, l’incroyance et une certaine forme de folie.

Frères et sœurs, je souhaite, sans attendre, vous inviter à poser un acte de foi. 

Tournons notre regard vers Dieu, écoutons sa Parole, apprenons à mieux aimer nos prochains et à vivre les sacrements qui nous permettent d’être réconfortés en Dieu !           

Frères et sœurs, voulez-vous qu’ensemble, ce soir, nous redemandions d’être renouvelés dans notre foi ?

 Demandons au Seigneur : 

« Seigneur, augmente en nous la foi ! »

Seigneur, Tu le sais, je suis un pauvre pécheur, je ne fais pas toujours ce qu’il faut,

mais je sais que Toi, Seigneur, Tu peux m’aider.

Je sais que Tu veux pour moi mon bien et le salut.

Seigneur, ce soir, je veux, et nous voulons ensemble,

Te redemander de grandir dans la foi et d’être renouvelés !

Oui, Seigneur, augmente notre foi !

 

Je vous propose de le faire en chantant :

En toi j'ai mis ma confiance,
ô Dieu très saint.
Toi seul es mon espérance
et mon soutien.
C'est pourquoi je ne crains rien,
j'ai foi en toi, ô Dieu très saint (bis).

Frères et sœurs, je ne suis pas médecin, mais trois par jour, matin, midi et soir, prenez ce chant. En faisant ainsi, je suis sûr que notre foi à tous grandira !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 2 octobre 2019, 26semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 18, 1-5.10. Psaume 136. Livre de l’Exode 23, 20-23a.

 

            En relisant ces textes hier soir, je me suis endormi avec en tête une musique, une musique en lien avec les anges que nous fêtons aujourd’hui, une musique dont vous connaissez, sans doute, le refrain : « Glo…o…o…oria, in excelsis deo… » C’est la musique du chant : « Les anges dans nos campagnes ! ». 

Je sais : nous sommes au mois d’octobre et non à Noël ! C’est cependant l’annonce que les anges vont faire aux bergers qui sont dans les champs, pour les avertir de la naissance de Jésus.

Avez-vous remarqué l’insistance, ces jours-ci, des textes qui nous sont donnés sur l’esprit d’enfance ?

            Hier, nous fêtions Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, et aujourd’hui nous faisons mémoire des saints Anges gardiens. Cela nous rappelle, à nouveau, la nécessité de nous conduire comme de petits enfants. Il ne s’agit pas de faire de l’infantilisme, mais plutôt de devenir comme de petits enfants, pour faire confiance, être disponible à Dieu et entrer dans le Royaume des cieux.

            Le passage d’évangile que nous méditons ce matin illustre ce thème de l’enfance en nous invitant à aller encore un peu plus loin. Comme nous le dit Jésus : “ Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux Cieux. “

            Ce que je comprends, c’est que Dieu ne nous laisse pas seuls ; certes, il nous faut poser un acte de foi, car avec nos yeux, aussi puissants soient-ils, nous ne voyons pas tout… Par exemple : nos yeux nous permettent de voir la lumière visible, la lumière du jour, mais ils ne voient ni les rayons X, ni les rayons ultra-violets, ni l’infrarouge… ces rayons font partie d’un monde invisible qui n’est pas perceptible pour les yeux humains. 

Oui, par ses créatures invisibles, Dieu veille sur nous avec un amour véritable, soucieux de nous voir arriver à bon port, c’est-à-dire près de Lui, au ciel. Pour s’en assurer, il nous donne une bonne escorte : les saints anges gardiens.

Déjà, dans le livre de l’Exode que nous venons d’entendre, il est écrit : “Je vais envoyer un ange devant toi pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t’ai préparé. “ De même, si vous en avez la curiosité et un peu de temps, ouvrez le livre de Tobie dans l’Ancien Testament, et vous pourrez constater, là aussi, que les anges nous guident.

Je sais bien que ces mots peuvent surprendre dans une société qui mélange à loisir les anges avec les fées ou d’autres créatures magiques.

Je sais bien aussi que solliciter les anges peut faire sourire certains ! Et pourtant ! Je vous le redis : avez-vous pensé à prier votre ange gardien ce matin ? Nous sommes, là encore, invités à poser un acte de foi. Le Seigneur nous invite à croire vraiment que des êtres célestes veillent sur nous sans altérer notre liberté.

Mais attention : ne prenons pas notre ange gardien simplement pour un bon génie auquel nous pourrions demander de faire telle ou telle chose à notre place. Notre ange gardien ne sort pas de la lampe d’Aladin ! Non pas de confusion ! 

Notre ange gardien est près de nous, il prie pour nous pour que nous fassions les bons choix. D’une façon mystérieuse, il nous guide et nous accompagne, tout en nous laissant libres de nos choix.

            C’est pourquoi nous pouvons rendre grâce à Dieu pour ces êtres de lumière à qui il a confié de veiller sur chacun de nous, et de nous garder sur tous nos chemins (psaume 90).

 

Dans l’office des lectures de ce jour, nous pouvons lire un passage très intéressant de Saint-Bernard : « Si petit que nous soyons et si longue et dangereuse que soit la route qui nous reste à parcourir, qu’aurions-nous à craindre sous une si bonne garde ? On ne peut ni les vaincre, ni les égarer, et encore moins redouter qu’ils nous égarent, eux qui nous gardent sur tous nos chemins. Ils sont fidèles, ils sont sages, ils sont puissants : qu'aurions-nous à craindre ? Suivons-les seulement, attachons-nous à eux, et demeurons sous la sauvegarde du Dieu du ciel. »

            Frères et sœurs, même si certains aspects nous échappent, même si nous ne comprenons pas tout, croyons que, mystérieusement, nous avons, auprès de nous, un ange gardien. Confions-nous à lui comme à un ami. Puissions-nous lui redire notre désir de rester fidèles au Seigneur et croire qu’il prie pour nous !

             Les anges gardiens nous rappellent que nous avons été créés, nous aussi, pour louer et adorer Dieu ! 

Une proposition : ce soir ou dans la journée, rendons grâce pour cet être de lumière que le Seigneur a mis sur notre route pour nous guider sur tous nos chemins.

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 29 septembre 2019, 26dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 16, 19-31. Livre du prophète Amos 6, 1a.4-7. Psaume 145. 

Première lettre de Saint Paul à Timothée 6, 11-16.

 

             Frères et sœurs, avez-vous pris le temps de lire les textes de ce jour avant de venir à la messe ?

             Il est souvent plus facile de les méditer et de suivre l’homélie si on s’y est préparé. Tout simplement, parce que le texte que nous venons d’entendre n’est pas facile à comprendre. 

Sans le temps de la réflexion, nous pourrions nous poser cette question : est-ce bien le but de Jésus de nous effrayer ? 

Je ne le crois pas ; Jésus veut nous faire réagir, il souhaite nous réveiller ! Jésus insiste sur ce que nous vivons, c’est-à-dire sur notre vie quotidienne, ni hier, ni demain, mais sur cet aujourd’hui, ici et maintenant, sur nos actions au service de ceux qui sont tout proche de nous, au service de celle ou de celui que nous côtoyons chaque jour, parfois sans le voir vraiment ! 

Un constat ! Regardons autour de nous ! Avons-nous pris le temps de saluer nos voisins de banc, à droite et à gauche, de connaître au moins leurs noms, et de leur demander, déjà, s’ils vont bien ?

            La parabole que nous venons d’entendre est ce message que Jésus veut nous faire passer au travers d’une histoire qui, hélas, n’a rien d’extraordinaire. Elle n’a rien à voir avec une transcription de l’au-delà, elle n’est pas non plus une critique de la richesse. Il est normal, en effet, qu’une personne qui possède une belle intelligence, une bonne santé, ou une force physique suffisante et qui a su créer de la richesse, en bénéficie. 

L’insistance de Jésus pointe surtout une fraternité que nous vivons ou que nous devrions vivre ici-bas. Ce ne sont pas les abîmes des Enfers ou de l’Hadès de la littérature grecque qui l’intéresse, mais plutôt nos abîmes sur notre terre, c’est-à-dire nos ruptures profondes qui sont des gouffres et des enfers individualistes, ce que les médias appellent nos fractures sociales.

            Jésus veut nous ouvrir les yeux ; Il nous interroge sur notre façon de vivre nos rapports à l’autre, sur la fraternité qu’aujourd’hui nous choisissons de vivre … ou non. Cette façon de vivre relève de notre liberté !

Il est vrai que, dans le texte que nous venons d’entendre, nous constatons une dramatisation de la scène que Jésus accentue volontairement, justement pour nous faire réagir.

L’histoire commence par la description de deux personnages. Les deux sont fils d’Abraham. 

  • L’un ne vit que pour paraître et manger ; il est vêtu d’étoffes fines, de pourpre et de lin fin, et fait des repas somptueux. Voilà, dans ce qui nous est décrit, l’essentiel de son univers. Rassasié chaque jour, le seul souci qui semble l’habiter est de chercher comment trouver encore du plaisir dans cette surabondance.
  • L’autre, Lazare, manque de tout. Le superflu du riche aurait suffi à le nourrir, mais il est tenu à l’écart, il ne peut franchir le portail de la maison du riche. Rejeté par les hommes, il lui faut même se défendre des chiens qui viennent se nourrir de lui en léchant ses ulcères.

  Les deux hommes meurent, nous explique Jésus, et contre toute attente, les situations s’inversent. 

Ce texte peut nous laisser perplexes. Il faudrait un plus de temps pour découvrir ensemble ce qu’il signifie : que représente le séjour des morts dans le judaïsme ?  Dans le christianisme ? Quel est le sens du bonheur et du malheur ? La richesse serait-elle un obstacle ? Pourquoi ce nom de Lazare ? À quelle conversion sommes-nous appelés ? Que veulent dire ces mots de la Bible : « Ils ont les Prophètes et Moïse. » ? Qu’est-ce que l’enfer, pour nous, chrétien ? Que signifie la résurrection des morts ? Bref, tous ces thèmes seraient à déployer encore et encore, mais une homélie ne peut tout dire et tout éclairer en même temps.

Ce que Jésus veut mettre en scène, c’est le sérieux de notre existence !

Nous ne vivons qu’une seule fois, c’est une certitude ! Nous avons devant nous, pour notre vie terrestre seulement quelques dizaines d’années, voire quelques années pour dire à Dieu et aux hommes, ce que nous avons vraiment dans le cœur et pour agir. 

Après notre mort, au-delà de cette mort commune à tous, nous n’aurons plus la possibilité d’agir comme nous pouvons le faire aujourd’hui, sur terre. Après notre mort, nous ne pourrons plus faire comme si nous étions des vivants, et, du coup, notre logique de vie va se poursuivre : une logique de l’égoïsme comme il y a une logique de l’amour. 

Les choix que nous posons aujourd’hui, dans notre vie terrestre, semblent marquer notre vie, après notre mort. Pour être encore plus direct : tant que nous sommes vivants, nous pouvons agir ! Après notre mort, tout sera différent, même si cela peut nous paraître assez flou.

Prenons une image ! Bien souvent, nous voyons la vie comme une tapisserie, une immense tapisserie que nous pourrions suspendre contre un mur. Dans notre vie, nous ne voyons pas l’endroit de cette tapisserie, c’est-à-dire que nous ne percevons pas complètement ce que représente le dessin, l’objet, le style, les couleurs... Bien souvent, nous ne voyons que l’envers de la tapisserie. Nous percevons des formes, des couleurs, quelque chose qui est exprimé, mais que nous devinons seulement. Nous ne voyons pas avec précision ce qui est représenté à l’endroit de la tapisserie. Au moment de notre mort, en découvrant enfin l’endroit, sans doute pourrons-nous nous rendre compte et mieux comprendre.

Frères et sœurs, même si aujourd’hui, tout cela nous semble difficile, notre intelligence, notre cœur, notre capacité d’aimer nous permettent d’agir et de faire beaucoup plus que nous le pensons. 

            Je note, cependant, un fait étonnant en constatant avec quelle légèreté laissons les jours s’écouler… sans vivre vraiment… avec quelle facilité nous oublions le temps qui passe… Trop souvent, notre société de consommation nous donne l’impression d’exister dans une spirale de l’achat, du confort, du dépaysement… sans mesurer que nos jours s’enfuient, emportant avec eux tant d’occasions de servir, de partage, tant d’occasions d’aimer et d’amour en retour…

  Je crois profondément que c’est ce message-là que Jésus veut nous donner ce soir.

            Avez-vous repéré que toute la parabole repose sur un seul mot, un petit mot qui exprime un sommet de tendresse, pour Jésus ? Ce mot est le mot “Père“ : papa. Lazare et l’homme riche dont on ne connaît pas le nom, ont le même père, ce père qui dit : « Mon enfant ». Comme souvent les « pères » dans les paraboles, Abraham nous parle, ici, de celui qui est notre Père, tel que nous l’appellerons tout à l’heure dans cette belle prière que nous pouvons lire dans l’évangile de saint Matthieu, 6.

Frères et sœurs, pour conclure, Jésus nous pose une question toute simple : 

  • Comment vivons-nous notre réalité fraternelle ?
  • Comment comprenons-nous que, par notre baptême, nous formons une même famille et que nous avons un seul Dieu et Père ?

  Cette question est plus que jamais d’actualité quand nous suivons les débats sociétaux et les discussions autour des lois de bioéthique.

            Comment faire de nos communautés chrétiennes d’authentiques lieux de fraternité ? C’est le défi de notre paroisse, défi auquel nous travaillons maintenant à la suite des Assises paroissiales : comment être une communauté fraternelle et priante au service de tous ?

Voilà la question que nous entendons ensemble, en ce 26e dimanche du temps ordinaire.

Ainsi soit-il !

 

Homélie du Mercredi 25 septembre 2019, Mercredi de la 25e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis de Grenoble, par P.Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 9, 1-6. Livre d’Esdras 9, 5-9. Cantique Tb 13, 2, 3-4ab, 4cde, 7, 8ab, 8 cde
 

Une nouvelle étape s’ouvre pour les Douze. Jésus les invite à entrer en mission, sans lui. Après la théorie, voici la pratique ! Après les avoir formés et fortifiés auprès de lui, Jésus les envoie maintenant annoncer non pas des choses ou des événements temporels, mais des guérisons et le Royaume de Dieu. En tant qu’« envoyés », les « douze » sont appelés à devenir « apôtres » : c’est-à-dire, appelés à prolonger la mission du Christ. Cette mission est la raison de la venue de Jésus en notre humanité. Elle est l’expression parfaite de tout son être de Fils, envoyé par le Père pour sauver les hommes.


Nous découvrons que comme l’apôtre d’hier, le disciple-missionnaire d’aujourd’hui est appelé, avant tout, à proclamer une parole « de salut » qui coïncide avec la personne même du Christ, le « Verbe fait chair » (Jn 1, 14). C’est toujours la personne du Christ que le Disciple-Missionnaire est invité à manifester aux hommes. C’est cette délicatesse du Christ que le chrétien doit annoncer !

Mais, annoncer le Christ, n’est sans doute pas facile ! En rupture avec l’esprit du monde, la personne que nous devons annoncer est celle d’un Christ pauvre, doux et humblemort et ressuscité ! Sa crucifixion nous annonce la vérité de notre condition sur Terre (le martyr est aussi un témoin) mais aussi la vie à laquelle le Christ nous appelle.  Cet appel est l’assurance que nous sommes aussi fils de Dieu, aimés du Père. Le véritable apôtre est libre de toute attache. Sans mépriser, pour autant, les réalités de ce monde, il demeure cependant tout tendu vers le Christ et ne veut rien savoir d’autre parmi les hommes, sinon Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié et ressuscité (cf. 1 Co 2, 2). 

Être disciple, c’est reconnaître que notre mission est d’orienter, sans cesse, le cœur de ceux que nous rencontrons vers l’Unique Nécessaire. 

Une condition ! Voyagez légers ! Telle est la consigne de Jésus à ses disciples. Cette économie de moyens n'est pas un manque de prudence. L’évangile de ce jour nous redit cet appel à nous mettre en marche, à « oser partir » simplement, sans artifice, à annoncer à temps et à contretemps la Bonne Nouvelle du Royaume. Être Chrétien, c’est être missionnaire !

C’est peut-être ce que nous avons à réentendre ce matin :

Se rappeler qu’être Chrétien, c’est être missionnaire !

C’est la personne du Christ que nous sommes invités à manifester à celles et ceux que nous croiserons aujourd’hui !

Ainsi soit-il

Homélie du lundi 23 septembre 2019, lundi de la 25e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis de Grenoble, par P. Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 8, 16-18. Livre d’Esdras 1, 1-6. Psaume 125.

Saint Pio de Pietrelcina (1887-1968)

 

Ce matin, il m’a semblé intéressant de vous redonner en quelques lignes la vie de Padre Pio.

C’est une figure très populaire dans l’Église catholique. Savez-vous que Padre Pio a vécu pendant cinquante ans avec les plaies du Christ ? Le sanctuaire de San Giovanni Rotondo, où vivait le célèbre capucin, au sud de l’Italie, est devenu le troisième lieu de pèlerinage de l’Église, en nombre de visites, après Guadalupe au Mexique et le Vatican. Sa canonisation par Jean Paul II a eu lieu en juin 2002. Sa vie fut un long combat contre les forces du mal. Ses armes : la prière continuelle et la croix du Christ.

Padre Pio naît le 25 mai 1887 à Pietrelcina, un petit village dans l’archidiocèse de Bénévent. Il est le quatrième enfant. Il est baptisé dès le lendemain et reçoit le nom de François. Il fait sa confirmation et sa première communion à l’âge de douze ans. Son goût pour la prière le pousse très tôt, à seize ans, au noviciat des Capucins à Morcone. Là, il prend le nom de frère Pio. Il fait profession solennelle le 27 janvier 1907. Il a 20 ans !

Le jeune frère reçoit l’ordination sacerdotale le 10 août 1910. Pour des raisons de santé, il restera dans sa famille jusqu’en 1916. En septembre de la même année, il est envoyé au couvent du mont Gargano de San Giovanni Rotondo. C’est un petit village très pauvre des Pouilles, mais son climat est plus clément. Ses frères et les habitants du bourg sont rapidement conquis par son humilité et sa piété. 

Un jour de septembre 1918, un événement important change sa vie.

Alors qu’il prie dans la petite église du monastère, mystérieusement, il reçoit les stigmates du Christ : deux plaies aux mains, deux autres aux pieds, et la dernière, en forme de croix, au thorax. Le jeune Padre Pio est le premier prêtre à recevoir les blessures de la crucifixion, 700 ans après le fondateur de sa famille spirituelle, François d’Assise (qui était diacre !).

Surpris par un tel cadeau de son Seigneur, il n’en dit rien, s’estimant trop indigne.

Dans les années 1930, le capucin est extrêmement populaire. Plusieurs membres de la Curie romaine doutent du caractère surnaturel de ses stigmates, de son don d’ubiquité, de son charisme de lire dans les cœurs, de ses miracles. Pourquoi ? On craint l’idolâtrie et la superstition. Il va vivre, dans l’obéissance, deux années sans contact avec la population.

Reconnu dans ses charismes, il va exercer à San Giovani Rotondo une mission intense.

Il vit en réalité une expérience mystique particulière. Enflammé de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain,Padre Pio participe aux souffrances du Christ pour la rédemption des hommes. Sa mission d’amour se réalise surtout par la direction spirituelle des fidèles, la réconciliation sacramentelle et la célébration de l’eucharistie. 

Son amour du Christ le rend ferme et intransigeant face aux péchés de ses pénitents qui affluent par milliers. Forgeur d’âmes, comme pour lui-même, il ne tolère pas de compromis.

Le moment le plus fort de son activité apostolique est la célébration de la sainte Eucharistie. Il y plonge comme dans un océan d’amour qui le régénère (il vivait des extases, parfois de plusieurs heures). Les fidèles qui y participent sentent bien que l’amour de Dieu le remplit et lui donne la force de souffrir jusqu’au bout. Sa messe quotidienne l’aide à être un témoin authentique du Christ. 

Son exemple en a encouragé plus d’un à prendre le chemin de la sainteté ! 

Padre Pio affirmait que la vie était un calvaire qu’il nous convenait de gravir joyeusement. Sa santé ne fut jamais très florissante, surtout au cours des dernières années de sa vie. Il mourut, serein, le 23 septembre 1968, à l’âge de 81 ans, en prononçant ces deux derniers mots : « Jésus, Marie ».

Ainsi soit-il

Homélie du dimanche 22 septembre 2019, 25e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis de Grenoble, par Mgr Guy de Kérimel.

Évangile selon saint Luc 16, 1-13. Livre du prophète Amos 8, 4-7. Psaume 112.

Lettre de saint Paul à Timothée 2, 1-8.

 

Savoir qui nous voulons servir, être dignes de confiance : voilà ce que nous pouvons retenir de cet évangile un peu complexe. Non ! Jésus ne fait pas l’éloge de la malhonnêteté ! Il ne nous encourage pas à imiter le gérant malhonnête ! Il fait l’éloge de son habileté à servir son maître, qui n’est pas l’homme riche dont il était le gérant, mais qui est l’argent malhonnête.

Puissions-nous avoir la même habileté à servir Dieu !

Puissions-nous être inventifs, créatifs pour faire fructifier les biens que Dieu nous a confiés, à commencer par nos propres personnes, par nos proches, notre monde et la création tout entière, mais aussi nos charismes et les dons de l’Esprit Saint reçus pour l’édification de l’Église et pour sa mission dans le monde !

Dieu a établi l’être humain gérant de la création visible ; Il lui a fait confiance et lui a demandé, en retour, une confiance totale. Dieu, en quelque sorte, a testé la confiance de l’homme en lui posant un interdit. Mais l’être humain a douté ; il n’a pas fait confiance à Dieu et il s’est mis sous la domination du Mauvais. Pourtant, Dieu ne l’a pas abandonné, invitant l’être humain à choisir, à accueillir la Parole de Dieu et l’Alliance qu’Il lui propose, ou à suivre ses penchants mauvais et à se mettre au service d’idoles, de faux dieux, dont le plus redoutable est l’argent, que Jésus appelle “l’argent malhonnête“.

Un regard sur notre monde actuel nous montre clairement que ses hiérarchies des valeurs mettent l’argent au sommet. Tout est soumis à l’argent, à la loi du marché. La souveraineté des pays est elle-même relative face à la domination mondiale du marché. C’est ce que le Pape dénonce avec vigueur, se faisant ainsi de farouches ennemis, dont certains dans des milieux soi-disant chrétiens.

La toute-puissance du marché gagne jusqu’à la famille, jusqu’aux enfants vendus et achetés, jusqu’à la marchandisation du corps humain. Cette loi du marché entraîne des rapports humains intéressés, des relations utilitaristes qui conduisent à la défiance et à la violence.

Cette logique a des incidences très graves, nous le savons, sur l’environnement, sur la terre qui n’est plus seulement cultivée, mais qui est exploitée, pillée. L’être humain dilapide les biens que Dieu lui a confiés en gérance ; il gaspille, il détruit, mais le goût du profit immédiat est plus fort. L’argent est souverain et soumet tout à sa tyrannie.

Il est donc temps que les chrétiens se réveillent !

Depuis des siècles, bien sûr, les chrétiens visent autre chose, mais il est temps, pour nous, de renouveler notre choix : 

Qui voulons-nous servir ?

En qui mettons-nous notre confiance ? En nos biens matériels, ou en Dieu ?

Comment gérons-nous nos biens, nos richesses, en vue de Dieu ?

… en donnant de notre argent malhonnête aux plus pauvres pour trouver le bien véritable : la charité, l’amour mutuel.

La seule alternative à la logique infernale, à la logique de mort d’un monde dominé par l’argent est la logique du don gratuit, du don de soi pour mettre au service de Dieu et des autres, les dons reçus.

Hier, votre paroisse a vécu un temps d’Assises paroissiales ; un certain nombre d’entre vous se sont rassemblés et assis ensemble pour discerner les choix qui vous semblent bons pour la paroisse dans le cadre des orientations diocésaines. Avant de décider des objectifs, vous avez prié, vous avez renouvelé votre confiance en Dieu, vous avez rendu grâce pour la confiance qu’il vous fait, vous avez pris la mesure des dons reçus et à faire fructifier.

Dieu vous fait confiance pour collaborer à son œuvre, ici et maintenant. Pour vous, son œuvre est d’édifier la paroisse, érigée il y a vingt ans, mais encore en voie d’être rassemblée en un seul corps, dans la diversité de ses membres.

Votre mission est de témoigner du Christ dans le territoire de la paroisse, en communion avec tout le diocèse et les autres paroisses.

Accomplir la mission que le Christ vous confie demande l’investissement de tous, la participation active en mettant en œuvre les dons reçus par chacun, charismes et autres. Les biens matériels de la paroisse, ses biens immobiliers, sont, eux aussi, au service de la mission. Ils ne sont pas une finalité en soi, mais des moyens mis à la disposition de la paroisse pour mettre en œuvre ses objectifs et accomplir sa mission. La paroisse n’est pas au service de ses biens matériels, ni au service de ses biens immobiliers ; ce sont ses biens immobiliers qui sont au service de la mission de la paroisse. Donc, votre mission n’est pas de faire vivre des bâtiments, mais d’accomplir la mission du Christ ici et maintenant.

Jésus, Lui-même, avec ses premiers disciples, n’a disposé d’aucun bâtiment, mais simplement de quelques ressources dues à la générosité, surtout de femmes. Rappelons-nous toujours qui nous voulons servir : Dieu ou l’argent ? Dieu, ou nos biens matériels ?

Tout choix comporte sa part de renoncement. En posant une option sur la future Maison paroissiale, choix encouragé par le diocèse, la paroisse accepte de renoncer à d’autres biens, de même qu’en choisissant de renforcer l’unité de la paroisse, elle renonce à d’autres manières de s’organiser, là encore avec les encouragements du diocèse.

Il est temps de rendre visible, ici en centre-ville, au cœur de l’agglomération, l’Église du Christ dans sa réalité actuelle : une Église toujours jeune, toujours en conversion, toujours en mission, une Église qui non seulement est loin d’être ringarde, mais qui est sans doute plus innovante que ne le pensent certains de notre monde. Ce n’est pas l’Église d’il y a 50 ans ou plus, mais l’Église du début du 3eme millénaire, l’Église fruit du Concile Vatican II, une communauté de frères et de sœurs, une communauté missionnaire où les plus pauvres se sentent chez eux, une communauté humble, fraternelle, digne de confiance, décomplexée, une communauté en sortie, soucieuse de permettre à nos contemporains de trouver des réponses à leur quête de sens, qui est énorme aujourd’hui… énorme ! 

Si nous savons écouter, si nous savons regarder, si nous savons être présents à ceux qui nous entourent, dans la rue et partout ailleurs, nous entendrons les cris du cœur humain. Le Pape nous invite à entendre les cris de la terre et aussi les cris des plus pauvres.

Alors, en vous investissant - surtout comme je le redirais à la Salette le week-end prochain - que personne ne dise : « Moi, je n’ai pas de charisme ! Je n’ai aucun don ! » C’est faux. Tous, nous avons reçu des dons et des charismes qui sont donc à mettre au service de la communauté, pour l’édification de la communauté. Nous avons donc tous notre part, ne serait-ce que par la prière et par le sourire. 

Le sourire n’est pas une spécialité de Grenoble, et pas toujours non plus des chrétiens de Grenoble. Dieu sait si, pourtant, le sourire est fondamental ! Dans la rue, le regard bienveillant, sourire aux personnes que nous rencontrons. Quelque fois, je suis frappé de certains regards fermés, et même parfois choqué. Les personnes qui arrivent à Grenoble me le disent tous. Moi-même, je l’avais déjà remarqué à mon arrivée et je continue toujours à en être frappé.

Le service, le charisme du sourire, le charisme d’un regard bienveillant, le charisme de l’écoute ! Alors, vous serez de bons gérants des biens que Dieu vous confie !

Amen.

Homélie audio Mgr Guy de Kerimel - Dimanche 22 septembre

Homélie du mercredi 18 septembre 2019, 24semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 7, 31-35. Psaume 110. Lettre de saint Paul à Timothée 3, 14-16.

 

Cette péricope évangélique devrait être relue, trois ou quatre fois au moins, pour découvrir combien elle est actuelle ! 

C’est à nous que Jésus s’adresse quand il dit : « À qui donc vais-je comparer les gens de cette génération ? À qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent à des gamins… »

Est-ce une critique, un constat de la part de Jésus ?

Aujourd’hui, il me semble que ce constat est toujours actuel. Sans doute avez-vous remarqué que beaucoup de personnes réagissent sans prendre beaucoup de recul. Par exemple, si vous êtes familiers des sites internet et que vous lisez les commentaires de certains lecteurs écrits sur des sites pourtant sérieux, reconnus, vous pouvez être effarés ! La plupart des commentaires sur les réseaux sociaux ressemblent à des gamineries… faits par des “gamins assis sur la place…“ Ils peuvent être spontanés, primaires, violents, haineux, diffamatoires, la plupart du temps superficiels, non réfléchis, ni engagés.

Combien de fois, nous aussi, lors de conversations, ou même à la sortie d’une messe, nous pouvons entendre des commentaires pas toujours très justes.

Le texte que nous venons d’écouter nous décrit des hommes et des femmes comme insensibles à ce qui est vécu, insensibles à la joie, à la douceur de la musique : « Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. », insensibles aussi à la peine : « Nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas pleuré. » … Un peu comme l’eau qui glisse sur les plumes d’un canard.

Certes, Jésus et Jean le Baptiste avaient des approches bien différentes, mais chacune de ces approches étaient une annonce du Plan de Dieu. Les prêches enflammés de Jean appelaient au repentir pour éveiller les âmes de ses contemporains à une prise de conscience profonde de leurs péchés. L’approche plus douce de Jésus a contribué à faire comprendre combien Dieu est miséricordieux. Dans nos vies, Dieu peut s’approcher de nous de diverses façons, toutes différentes pour nous faire changer, grandir et de fait… parfois, le changement n’est pas là (… de l’eau sur les plumes d’un canard !) 

Ce qui étonne Jésus, c’est le manque de discernement de ses contemporains. Ils ont pourtant entendu Jean le Baptiste ou lui-même, mais leurs conclusions sont trop rapides, erronées, à côté de la vérité. Ils s’arcqueboutent sur leurs certitudes.

Et pour nous ce matin, qu’en est-il ? Et pour notre génération ?

Nous entendons toutes sortes de choses et de discours, nous grandissons en intelligence, nous savons beaucoup de choses… mais que nous manque-t-il ?

Le texte répond à cette question, rapidement, mais il y répond quand il nous parle de la “sagesse de Dieu qui a été reconnue“.

Devant cette somme de superficialités, la sagesse de Dieu apporte non seulement une profondeur, mais aussi une épaisseur qui devrait nous permettre d’écouter Dieu qui nous parle au plus profond de notre cœur. Au plus profond de mon cœur, Dieu me confie des choses non seulement justes mais essentielles pour ma vie.

Certes, le texte s’achève un peu abruptement ; la conclusion de ce passage peut rester un peu énigmatique… De fait, c’est à chacun de nous de tirer la conclusion de ce passage. Dieu fait un cadeau à l’homme, un cadeau inestimable : c’est sa liberté, une liberté inaliénable ; nous sommes toujours libres d’agir ! Charge à l’homme de choisir en conscience, par cette liberté ; elle peut être l’instrument de son salut, (c’est ce que Dieu veut pour nous !) ou un moyen de rébellion et de perversion.

Frères et sœurs, efforçons-nous, déjà pour aujourd’hui, d’être les enfants de la Sagesse dont le Seigneur fait l’éloge dans l’évangile d’aujourd’hui !

Demandons ce matin, pour chacun de nous, de grandir en Sagesse et dans l’amour !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 15 septembre 2019, 23e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à la Collégiale Saint-André, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 15, 1-32. Livre de l’Exode 32, 7-11.13-14. Psaume 50.

Lettre de saint Paul à Timothée 1,12-17.

 

    Parmi les quatre évangélistes que vous connaissez (Matthieu, Luc, Marc, et Jean), saint Luc est souvent appelé l’évangéliste de la miséricorde. 

Pourquoi ? En particulier, à cause du chapitre 15éme que nous venons d’entendre.

  Que signifie le mot : miséricorde ? Être miséricordieux, c’est ouvrir son cœur à la misère de l’autre, des autres, pour enrayer cette misère, la soulager, la transformer. Tout le chapitre 15éme de saint Luc est un enseignement sur la miséricorde de Dieu.

L’évangile de ce jour nous rapporte trois paraboles pour essayer de nous faire réellement comprendre ce qu’est la miséricorde de Dieu, la profondeur de l’amour de Dieu.

Et vous ? Comment l’avez-vous compris ?

Ces trois paraboles semblent semblables sur bien des points, tout en présentant aussi des accents différents. Bien sûr, au temps de Jésus, elles s’adressent à ceux qui récriminent, ici, les scribes et les pharisiens, mais aujourd’hui, elles s’adressent à nous tous.

Remarquez que ces paraboles ne sont pas moralisantes ; elles veulent simplement nous montrer la gratuité du pardon, les bienfaits de la miséricorde, la tendresse de Dieu et son amour inconditionnel. Notons aussi surtout sa joie lorsque son espérance est comblée, lorsqu’un pécheur se convertit et se tourne vers Dieu.

Je vous propose de reprendre, en deux étapes successives, ces trois paraboles.

  • La parabole de la brebis perdue et retrouvée. Ici, le berger a un troupeau de cent brebis : un beau cheptel ! 

Comment peut-il abandonner quatre-vingt-dix-neuf d’entre elles pour aller à la recherche d’une « pauvrette » qui s’est égarée ? Est-ce bien raisonnable ?

Transposée dans le contexte de l’époque, les justes et les bien-pensants, ce sont les quatre-vingt-dix-neuf brebis, que le Christ abandonne pour aller chercher l’exclue, la brebis que l’on dit “perdue“. Comment le comprendre ? Cette brebis égarée a toute son importance et elle vaut autant, aux yeux de Dieu, que les quatre-vingt-dix-neuf autres. Au fond, le message de cette parabole est celui-ci : nous ne sommes pas sauvés parce que nous serions parfaits. Non ! Nous sommes sauvés par la gratuité de l’amour, parce que nous sommes prêts à nous laisser convertir par le Christ. Cela est source de joie, d’une joie pascale ! « Je vous le dis : c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. » 

  • La deuxième parabole est celle de la pièce d’argent perdue, qui va être retrouvée. Cette parabole a un sens identique à la première, mais là, il s’agit non plus d’une brebis, mais d’une pièce de monnaie.

Dans le contexte de l’époque, cette pièce d’argent est l’équivalent d’une journée de salaire. C’est une somme importante ! Cette pièce vaut autant que les neuf autres pièces. Si on transpose à l’époque de Jésus, nous pouvons comprendre que la prostituée, l’exclu(e), le lépreux, l’étranger valent autant que le juste et celui qui se dit parfait.

  • La troisième parabole est celle du père et de ses deux fils. Nous la connaissons bien. On l’appelle la parabole du fils prodigue ; pourtant, c’est le père qui fait preuve d’une prodigalité extraordinaire.

Elle est composée de deux séquences : la première décrit l’attitude du père à l’égard du fils cadet, et la deuxième décrit son comportement vis-à-vis du fils ainé. Il est important de noter que chacun des deux fils a une image faussée, « pas juste », du père : 

  • le plus jeune pense qu’après les erreurs qu’il a commises, son père n’acceptera plus de le reconnaître comme son fils et qu’il s’estimera heureux si celui-ci l’accueille comme l’un de ses ouvriers : « Traite-moi comme l’un de tes ouvriers », dit-il à son père. 
  • Le fils ainé s’est comporté lui, en serviteur, mais pas comme un fils. Comme il le déclare lui-même à son père : « Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. » Ce fils se situe dans la servitude.

Manifestement, en y réfléchissant bien, les deux fils ne sont pas mieux ajustés l’un que l’autre sur le plan de leur relation avec leur père. À chaque fois, nous constatons que c’est le père qui sort, qui se précipite à la rencontre de ses fils pour leur dire tout l’amour qu’il porte à chacun d’eux, mais ceux-ci ne le comprennent pas !

Cela nous invite à une autre réflexion : quelle idée avons-nous, nous-mêmes, du Père ? Tout à l’heure, nous allons proclamer ensemble la prière du Notre Père, peut-être allons-nous la dire un peu mécaniquement, machinalement, sans vraiment penser à ce que nous disons… Mais, de fait, qu’avons-nous perdu que nous nous aimerions retrouver ? Où en sommes-nous de notre relation au Père, que nous ne comprenons pas toujours ? Nous qui sommes parfois des calculateurs, comment pouvons-nous relire autrement ces paraboles ?

Je vous invite à faire un peu de mathématiques. 

1% est le premier chiffre que je vous donne. Effectivement, dans la première parabole, il s’agit d’une brebis sur les cents. Elle représente donc 1% du capital. C’est une perte à laquelle nous pourrions ne pas faire vraiment attention, tellement elle est minime, 1% ! Pourtant, 1% après 1%, ce sont des patrimoines entiers qui s’érodent, qui se délitent. C’est aussi la vie familiale qui s’en va… 1% d’intérêt qui diminue, 1% de mon temps de prière qui disparaît peu à peu…, et, peu à peu, nous nous autorisons à pratiquer de moins en moins. « Mon père, 1%, ce n’est pas grave ! », mais si on cumule, les 1%, les uns après les autres, cela fait beaucoup, au bout du compte. La brebis perdue passe inaperçue et la plupart du temps, nous ne nous rendons même plus compte qu’elle s’est égarée… Moi-même, avec mon cœur de pasteur, il m’arrive d’être triste, ennuyé en constatant que je n’ai pas vu depuis longtemps tel ou tel paroissien. « Où est-il donc ? Aurait-il des besoins, des soucis ? Que faut-il faire ? Comment aller le rejoindre ? » Il y faut donc toute la vigilance d’un vrai berger, c’est-à-dire du Christ !

Jésus redouble la métaphore en passant de la brebis à la pièce d’argent, et là, il ne s’agit plus de 1%, mais de 10% ! Une pièce sur les dix pièces. Tout d’abord, il faut bien comprendre que la femme, dans l’Écriture, symbolise le peuple. Une femme perd une pièce d’argent qui représente 10% de son capital, une perte significative qui justifie un remue-ménage domestique pour tenter de la retrouver. Nous avons bien à l’esprit qu’à l’époque de Jésus, une pièce d’argent est frappée d’une effigie, celle de l’empereur César. Par analogie, les Pères de l’Église n’ont eu aucune difficulté à voir dans cette parabole, l’humanité en train de perdre sa ressemblance avec son Créateur au profit d’une idole humaine. L’argent, de temps en temps, ou parfois souvent, peut détourner par avidité ou désir du gain de Celui dont nous sommes ressemblance et image.

Dans la troisième parabole, c’est 100% ! 100% des fils qui ont perdu cette relation de gratuité au père. Peu importe que ce soit le fils cadet ou le fils ainé, nous aussi, nous qui sommes fils et filles de Dieu, peut-être avons-nous oublié notre ressemblance au Père, oublié son Amour, l’amour qu’Il a pour chacun de nous.

N’est-ce pas un peu “tristounet“ de rencontrer, dans notre société, tous ces chrétiens qui ont oublié, mis de côté la miséricorde de Dieu, alors que Dieu ne cesse de nous dire : 

« Je te cherche, je t’attends, je te pardonne et je t’aime tel que tu es ! »

Nous comprenons qu’il ne s’agit plus de calcul, mais d’un amour gratuit et miséricordieux que le Seigneur porte à tous. C’est cela l’Amour du Père, un amour qui est à 100%, quoi que nous fassions. Alors, souhaitons que chacun de nous redécouvre, à 100% et bien au-delà, cet Amour du Père, cet Amour que le monde réclame et dont il a tant besoin, cet amour que nos familles réclament et dont j’ai besoin au quotidien.

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 8 septembre 2019, 23e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis de Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 14, 25-23. Livre de la Sagesse 9, 13-18. Psaume 89.

Lettre de saint Paul à Philémon 9b-10.12-17.

 

Chers frères et sœurs, vous avez sans doute remarqué que certains textes, comme ceux-ci, nous bousculent… des textes denses. De fait, plusieurs fils rouges peuvent nous guider. L’un des fils rouges de ce matin qui nous aide à mieux saisir les lectures, est celui de l’amour :

  • Amour de la sagesse (dans le premier texte)
  • Amour d’un fils spirituel : Onésime qui est un esclave (dans la deuxième lecture)
  • Amour du Christ. (dans l’évangile)

Nous le savons très bien, toute notre vie, nous désirons aimer et être aimé ; l’amour est important, il est nécessaire ; plus encore, il est la condition même de notre vie. Mais l’amour véritable n’est pas n’importe quoi : l’amour est un don, il est une décision. L’amour a ses exigences et il nécessite des choix. Il oblige à prendre des risques, il pousse à faire des folies pour celui ou pour celle qu’on aime. Cette folie, ce peut être donner sa vie !

Tout au long de l’année, nous préparons des jeunes au sacrement du mariage. Ils viennent nous demander de l’aide pour tenir bon dans le temps. Dans notre paroisse, 18 mariages ont été célébrés, et à chaque célébration, j’ai répété la même chose aux fiancés : « Vous êtes des audacieux, vous êtes des fous de l’amour, et c’est merveilleux !  Nous allons vous aider à rester fidèles et unis dans cet amour. »

Saint Paul parlera justement de cette “folie de la Croix“, folie de l’amour du Christ pour chacun de nous, et folie d’amour qui est la nôtre si nous choisissons de marcher avec Lui. Nous pouvons noter une double folie :

  • Celle de Dieu qui va jusqu’au don suprême : le don de sa vie sur la Croix,
  • Celle du don que nous voulons faire de notre vie, pour Dieu.

Nous entrons dans une nouvelle année, nouvelle année scolaire, ou universitaire, …et une rentrée est toujours un moment fort, y compris au niveau spirituel. 

Pour certains, ce peut être l’arrivée dans une ville nouvelle, (et nous accueillons de nouveaux paroissiens ce matin), ou la rentrée dans une nouvelle paroisse, dans un nouvel établissement scolaire ou encore le début d’une nouvelle vie professionnelle.

Pour d’autres, ce peut être simplement la reprise d’une année que l’on espère un peu plus stimulante ou dynamique.

Quoiqu’il en soit, cette rentrée est une bonne occasion pour prendre de nouvelles résolutions : des résolutions simples, concrètes. Ne cherchons pas de choses extraordinaires, n’en faisons pas, non plus, une liste trop imposante ! Choisissons des résolutions pas trop nombreuses, accessibles, en nous promettant surtout de persévérer.

Une de ces résolutions, si vous le voulez bien, que nous pourrions choisir dans notre relation au Christ, c’est le désir d’une croissance humaine fraternelle, spirituelle, paroissiale ; le désir d’une croissance dans l’ordre de l’amour. Ce pourrait être un engagement dans l’un des services de la paroisse, pour aider, accompagner, former. J’espère que, cette année encore, vous serez nombreux à nous aider à être au service de tous, à commencer par les plus pauvres. Merci à chacun pour votre générosité : il est beau de se mettre gratuitement au service des autres. Cela me réjouit aussi, car la paroisse se doit de répondre à sa vocation missionnaire. 

Les textes d’aujourd’hui nous invitent à mieux comprendre le fondement même de notre vie chrétienne, son sens à la suite du Christ. Lors de notre baptême, nous avons reçu la vie qui s’enracine dans le Christ lui-même, plus exactement, qui s’enracine dans l’amour du Christ pour nous.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Je vous propose de nous laisser instruire, de nous laisser interroger par les lectures de ce jour. Êtes-vous prêts à écouter ce que le Christ veut nous dire ?

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. »

Tout de suite, je vous rassure : oui ! Il est possible d’être disciple de Jésus ! Mais attention, ne faisons pas de contresens. 

  • Nous le savons, Jésus ne nous demande pas de mépriser qui que ce soit, et encore moins sa famille. Nous devons aimer notre famille ! Nous qui fêtons aujourd’hui la naissance de la Vierge Marie (8 septembre), nous le savons bien.
  • Il ne s’agit pas non plus de rechercher une croix, ou de vivre une certaine complaisance vis-à-vis de la souffrance, car la souffrance reste un mal.

Selon son habitude, Jésus nous demande de réfléchir, de nous déterminer, et de choisir. C’est ce que nous pouvons appeler la liberté humaine : c’est un don. 

Tout choix implique forcément un renoncement : choisir, c’est renoncer ! Par exemple, impossible d’aller dîner dans deux restaurants à la fois… impossible d’aller voir deux films en même temps, car nous ne pouvons pas nous couper en deux morceaux : il nous fait choisir. Si vous êtes ici ce matin, c’est que vous avez renoncé à aller vous promener à la campagne (ou vous le ferez plus tard !).

Choisir, c’est donc renoncer !

Trois questions importantes, incontournables se posent alors à nous, ce matin, des questions auxquelles nous ne pourrons répondre sans prendre le temps de nous asseoir, de réfléchir puis de discerner.

  • Première question : suis-je décidé à donner, à Jésus, la première place dans mon cœur ? Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de place pour les autres… mais la première place, pour Jésus.

Pour répondre à cette question, il me faut comprendre où je puise la force profonde et nécessaire pour ma vie quotidienne, où est-ce que je trouve mon espérance, où est-ce que je trouve ma joie ? Suis-je installé dans une routine que je subis (métro-boulot-dodo), où est-ce que je puise véritablement ma force et mon soutien pour ma vie familiale, amicale, paroissiale, en Jésus ? C’est bien Lui qui donne le sens de ma vie, à mon travail, à mes engagements, sens à tout ce que je suis appelé à vivre !

  • Deuxième question : en me mettant à la suite du Christ, je vais chercher à l’imiter, et

comme nous le savons, le disciple n’est pas au-dessus de son maître. Je vais donc forcément, à un moment donné de ma vie, être appelé à porter une (et peut-être plusieurs) croix sur mes épaules.

Il y aura la croix que nous allons recevoir des hommes autour de nous, qui vont nous la faire porter par bêtise, par colère, par rejet ou peut-être même par haine. De fait, nous constatons tous que le monde nous condamne à porter des croix. Il y a aussi les croix de la vie quotidienne.

Suis-ce prêt… désireux…capable… de les porter ?

Mais si certaines croix viennent des autres, il en existe que je me crée moi-même et qu’il me faudra porter aussi. Lors de ces moments difficiles, se pose une question : arriverais-je à être alors assez humble pour demander à Jésus, à mes frères et sœurs de m’aider à porter ces croix ? Est-ce que je suis prêt à confier à Jésus que je ne comprends pas tout et que j’ai la certitude qu’il est présent et qu’il m’aime. Suis-je prêt à poser cet acte de foi ?

Suis-je prêt à dire à Jésus, dans les moments difficiles, dans la souffrance de la maladie, ou dans d’autres souffrances : « Jésus, je sais que Tu es présent, et j’ai besoin de Toi et de la force fraternelle de la communauté paroissiale. »

  • Troisième question : elle est très radicale. Suis-je prêt à me défaire de tous mes biens, à me dessaisir de certaines de mes sécurités selon ce que l’Esprit Saint m’indiquera ? Ceux qui étaient présents cette semaine ont pu rencontrer Paul, séminariste, un jeune homme de 28 ans, ingénieur avec devant lui une belle carrière professionnelle. Pourtant, il a fait le choix de tout lâcher, de tout abandonner pour se mettre au service de l’Église et du Seigneur. De plus, nous savons bien que lors de notre mort, nous ne partirons pas avec notre fortune ou nos biens. Nous emporterons simplement ce que peut contenir notre cœur, ce que peut contenir mon cœur, c’est-à-dire l’amour.

Voilà les questions qui nous sont proposées, posées ce matin !

Je pourrais parfaitement comprendre que certains d’entre nous n’aient pas envie de les entendre ; elles sont dures, exigeantes et difficiles à comprendre, ou que d’autres soient même tétanisés par peur de choisir. En fait, suivre Jésus ne se décide pas sur un coup de tête ! Il s’agit de se lancer dans une aventure de longue haleine et, pour pouvoir durer jusqu’au bout, il faut se déterminer, dans la prière. Je ne pense pas qu’il soit possible d’y arriver tout seul. Vous connaissez le proverbe que je vous rappelle si souvent : « Un chrétien isolé est un chrétien en danger. » Je pense vraiment que c’est par, et dans une communauté priante et fraternelle, que nous pouvons vivre ensemble, cet attachement au Christ. Le jour où vous êtes las ou découragé, la communauté pourra prier pour vous. De même pour moi, le jour où vous me verrez trop fatigué, priez aussi pour moi ; j’ai besoin de vous et tout seul, je ne peux y arriver.

Comment faire ?

Je vous propose deux invitations, deux invitations qui nous permettront de prendre le temps de nous asseoir et de discerner ensemble ; deux invitations importantes pour lesquelles j’ai besoin de vous.

  • Première invitation : les assises paroissiales qui vont se tenir bientôt, les 21 et 22 septembre. Elles seront, pour chacun de nous, l’occasion de nous asseoir, de prier ensemble, de réfléchir pour discerner le cap à prendre, la bonne direction à choisir pour notre paroisse. Nous sommes aujourd’hui dans un renouveau et cette année qui commence sera, je vous l’assure, l’opportunité de beaux changements. D’ores et déjà, réservez toute la journée de votre samedi ! Le dimanche 22 septembre, notre évêque sera parmi nous pour bénir la nouvelle maison paroissiale. Nous vous attendons tous !
  • Deuxième invitation : il s’agit de vivre la session “Venez et voyez“. Combien de personnes se posent des questions sur le sens de leurs vies, des personnes aussi, dont les connaissances reçues au catéchisme sont si anciennes qu’elles réalisent qu’elles n’ont pas tout compris, pas tout retenu… Elles se demandent qui peut leur expliquer ce qu’est la Sainte Trinité, ce que sont les sacrements, comment être saint… Pourquoi l’Église ?… Cette session comprend trois soirées et un dimanche durant lesquels nous allons être nourris pour revisiter les fondements du christianisme, comprendre le projet de salut de Dieu pour chacun de nous. Vous savez que nous sommes tous appelés à la sainteté et à la Vie éternelle ? Comment pouvez-vous expliquer cela à vos familles, à vos enfants, à vos amis ?

Nous avons tous besoin de nous former pour transmettre ce que nous avons reçu ! Alors, prenons le temps de le faire, ensemble !

Depuis deux mille ans, une question est toujours posée :

Veux-tu devenir mon disciple ?

Je vous le redis, choisir de suivre le Christ ne peut se faire sur un coup de tête. C’est un choix amoureux, un choix déterminé !

Frères et sœurs, demandons, pour chacun de nous, que l’Esprit de sagesse nous inspire, et nous donne d’oser une réponse audacieuse pour notre salut, pour notre communauté et pour le monde !

Ainsi soit-il 

Homélie du mercredi 4 septembre 2019, mercredi de la 22esemaine du temps ordinaire année C.

Messe célébrée à Grenoble en église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 4, 38-44. Lettre aux Colossiens 1, 1-8. Psaume 51.

 

Après l’office à la synagogue de Capharnaüm, Jésus se rend chez Simon, peut-être pour y passer la journée. Dès son arrivée, il trouve une maison toute désorganisée, comme toute maison où se trouve un malade. La belle-mère de Simon est couchée, elle ne peut donc pas le recevoir ; elle n’a même plus la force de demander quoique ce soit ! Ce sont les autres habitants de la maison qui implorent Jésus en sa faveur. Alors, d’un mot, Jésus commande à la fièvre, de la même façon qu’il chasse les démons. Commander à la fièvre ! Chasser les démons ! Comme pour les démons qui sont expulsés, la guérison est instantanée.

Jésus guérit donc d’un mot cette femme, certes par sa parole, mais aussi, comme vous l’avez remarqué, par l’acte de foi de ses proches. Aussitôt, et sans un mot, la femme se lève et se met au service.

Peut-être vous êtes-vous demandé quelle était cette fièvre qui la clouait au lit ? Un coup de froid… un mal de tête… un virus ? Ou alors, est-ce que le texte que nous venons d’entendre pourrait être une invitation pour chacun de nous, à chercher plus loin ? Un enjeu important est présent ici pour nous, et tout particulièrement ce matin.

Quelles sont les guérisons que Jésus veut opérer en nous ?

Quelles sont les fièvres qui pourraient nous habiter ?

Certains pensent sans doute, qu’ils vont très bien, mais je vous propose de réfléchir un peu plus. La fièvre que relate l’évangile illustre les différentes fièvres dont nous pouvons être atteints et qui peuvent enflammer notre corps. La liste peut varier d’une personne à l’autre bien évidemment ; elle pourrait être en lien avec la sensualité, la colère, la mélancolie, la jalousie, la soif de pouvoir, le désespoir… 

Combien de fois nos convoitises sont comme un feu qui brûle et nous consume !

Bien des faiblesses que nous supportons ou que nous entretenons sont des portes d’entrée pour des fièvres encore plus graves : l’orgueil, l’envie, la haine, l’angoisse ou encore une image ternie de soi.

Ce que je sais, c’est que le Christ vient chasser ces foyers de destruction en mettant en notre cœur comme un baume de charité, de douceur, de confiance en soi et dans les autres. 

Ce que je sais, c’est que le Christ ne veut pas que nous soyons comme anéantis par toutes ces sortes de fièvre. Il veut nous voir sans cesse debout, nous remettre debout, dans une disponibilité de service !

« À l’instant même… », nous dit l’évangile, « …la femme se leva et elle les servait. » La belle-mère de Simon-Pierre se remet debout et se met au service, retrouvant immédiatement une charité active, car c’est bien le sens de la guérison que le Seigneur veut opérer en nous. C’est ce que le Christ vient réaliser en notre vie : nous libérer ce qui nous entrave, et tout d’abord nous libérer du péché pour que nous puissions aimer en vérité.

Peut-être est-ce le bon jour, aujourd’hui, pour demander pardon au Seigneur pour, par exemple, une complaisance ou une négligence que nous pouvons avoir vis-à-vis de ces fièvres intérieures ?

Deux petites idéespeuvent nous y aider : 

- Venez participer, ce soir si cela vous est possible, au groupe de prière. De fait, la louange, chanter ensemble, partager et prier est déjà une grâce et un baume de douceur que le Seigneur nous offre.

- Comme vous le savez, tous les matins, il est possible de recevoir le sacrement du pardon et de la réconciliation. C’est aussi le lieu de la guérison auquel le Seigneur nous invite. Il nous y attend !

Frères et sœurs, demandons, pour chacun de nous, le désir d’être guéri, encore et sans cesse, par Notre Seigneur !

Ainsi soit-il 

Homélie du lundi 2 septembre 2019, 22esemaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 4, 16-30. Psaume 95. Première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 4, 13-18

 

Ce texte est un évangile important, fondateur de la mission de Jésus. Il faudrait un peu plus de temps pour le développer vraiment. C’est pourquoi, brièvement, j’aimerais en retenir un seul mot. Voici le mot qui m’a nourri dans mon temps de prière ce matin: “aujourd’hui“.

Aujourd’hui, pour chacun de nous, commence une nouvelle année… d’une certaine façon, sans doute dans la continuité de ce que nous vivons, mais cependant, la fin des vacances et la rentrée scolaire marquent une nouveauté. 

Aujourd’hui :

- Les élèves rentrent en classe,

- Les professeurs sont prêts à les accueillir.

- Nous sommes invités, dans notre paroisse, à entrer dans un nouveau projet que nous sommes en train de préparer.

« Aujourd’hui », c’est le premier mot que prononce Jésus et le mot clé de la première homélie qu’il donne dans la synagogue de Nazareth, lieu de son enfance.

Imaginons la scène ! La communauté est là, rassemblée pour un sabbat ordinaire, mais tous attendent quelque chose de Jésus. On lui présente le Livre. Jésus lit le passage d’Isaïe et tous ont les yeux fixés sur Lui. Ils savent très bien tout ce qui s’est déjà passé, que ce soit à Capharnaüm ou dans d’autres lieux où Jésus a accompli des signes surprenants, extraordinaires. 

Nous savons aussi que les habitants de Nazareth connaissent la famille de Jésus. Ils le connaissent comme étant le fils de Marie et de Joseph et ils s’interrogent : « N’est-ce pas le fils de Joseph ? ».

 “Aujourd’hui“ :dit Jésus

“Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’écriture que vous venez d’entendre !“

Comment cela va-t-il s’accomplir ? Jésus s’applique à lui-même la parole du prophète : “l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. “… pour une mission bien particulière, pour une œuvre de liberté, pour une œuvre de lumière, pour une œuvre de miséricorde.

Au moment où Jésus prononce ces paroles, c’est toute l’attention, l’espérance, l’attente du peuple juif, du peuple d’Israël qui est là, tendu vers la Parole de Jésus. Depuis de longs siècles, ils espèrent la venue du Messie, et voilà que Jésus leur dit : “aujourd’hui“

Alors : 

·      “Tous, dans la synagogue avaient les yeux fixés sur Lui.“ 

·      Tous s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, car c’est Dieu lui-même qui annonçait une réalisation nouvelle.

Si dans un premier temps, l’assemblée est dans l’étonnement, très vite, à la suite de l’homélie de Jésus, va naître une incompréhension qui va se transformer en colère, et gronder en eux jusqu’au refus de croire.

Et pour nous ? En ce 2 septembre 2019, pour cet « aujourd’hui », nous sommes invités à poser encore et sans cesse, un acte de foi. Lorsque le Christ-Messie nous redit au cœur de notre liturgie :“l’Esprit du Seigneur est sur moi“et lorsqu’il affirme avec conviction que “c’est aujourd’hui, que cette écriture s’accomplit pour vous qui venez de l’entendre“ 

- Qu’en est-il de notre “aujourd’hui“ ? 

- Où en sommes-nous de notre relation au Christ-Messie ?

Peut-être que certains de nous se trouvent pauvres en espérance, pauvres en joie ? Peut-être même fatigués de demander et d’attendre une guérison ?

Pourtant, et je le crois fermement, aujourd’hui, le Christ veut nous redire son amour, sa présence.

Aujourd’hui, par sa Parole et son eucharistie, Jésus vient jusqu’à nous, rayonnant de gloire, porteur de cette Bonne Nouvelle. Il nous envoie d’auprès du Père son Esprit saint, l’Esprit Paraclet pour qu’il soit à jamais avec nous. Ce que Jésus est en train d’affirmer pour chacun de nous, est ce surcroît d’espérance et de force, ce renouvellement dans la force de l’Esprit saint. En retour, il nous demande une seule chose, toute simple, mais porteuse de certitude, d’espérance et de paix : garder les yeux fixés sur Lui !

Frères et sœurs, en cet aujourd’hui, que ce soit l’occasion pour chacun de nous, de poser cet acte de foi ! Gardons aujourd’hui, ensemble, les yeux fixés sur Lui seul et davantage encore, au cœur de l’adoration qui va suivre notre célébration eucharistique ! 

Prendre du temps avec Jésus,

Garder les yeux fixés sur Lui, déjà, pour aujourd’hui !

Puissions-nous demander cette grâce pour toutes les familles, pour nous-mêmes, pour toute notre communauté paroissiale et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 1erSeptembre 2019, 22edimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Luc de Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 14, 1.7-14. Livre du livre de Ben Sirac le Sage 3, 17-18.20.28-29. Psaume 67. Lettre aux Hébreux 12, 18-19.22.24a.

 

L’évangile de ce jour est riche d’enseignements. Sans doute, avez-vous remarqué qu’il est constitué de deux parties, chacune portant un message particulier.

- La première partie est celle de la parabole des invités au repas.

- La seconde partie est un ensemble de remarques que Jésus fait à celui qui l’avait invité.

 

Commençons parla première partie, la parabole du repas !

Jésus, ici, ne se situe pas dans le domaine des convenances sociales ; c’est une parabole, c’est-à-dire une histoire qui porte un message, une leçon qui révèle les réalités du Royaume ! Jésus ne nous explique pas comment recevoir les parents, la famille, les amis, car, nous le savons bien, la façon de faire dépend des diverses cultures et des convenances locales. Une réception de mariage, par exemple, sera bien différente en Afrique ou en Europe, au Sénégal ou en France. Dans certains pays, la fête peut même durer plusieurs jours !

Ici, Jésus nous parle des convenances du Royaume de Dieu. Il exprime une vérité qui nous concerne tous dans la relation que nous entretenons avec Dieu.

Que nous dit-Il ? Ne faites pas les prétentieux, mais restez humbles devant Dieu. En d’autres mots, pour entrer dans le Royaume de Dieu, il faut se faire « humblement petits » ! Pourquoi ? Nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes ; c’est Dieu qui nous sauve !

Prenons un exemple : en priant hier, je pensais à Jean Vanier, cet homme qui a créé l’Arche. C’était un grand monsieur par la taille et si humble par le cœur ; il est décédé il y a quelques mois, le 7 mai. J’ai eu l’occasion de le rencontrer à plusieurs reprises et j’ai même pu vivre une retraite incroyable avec lui. Il avait, à sa façon, l’attitude essentielle d’humilité du chrétien. Il a été conduit à la pratiquer en se mettant au service des personnes qui portent un handicap, (handicap de toutes sortes). Il s’est mis à l’écoute de chacune d’elles. Je ne sais pas si vous le savez, mais comme Jean Vanier, bien d’autres personnes encore se sont mises au service et à l’écoute des autres. Dans notre paroisse, je connais des personnes toutes dévouées qui vivent ce don d’eux-mêmes, au service de ces petits du Royaume. Se conduire ainsi, c’est refuser de se faire valoir et de se considérer supérieur à eux. Sachez aussi que ce chemin d’humilité peut devenir réellement communicatif et un bel exemple ! 

Il est important de comprendre ce chemin, car il en va ainsi dans le Royaume de Dieu. Il s’agit de choisir la dernière place, de laisser Dieu agir en nous, à sa façon, pour nous rendre plus proches de Lui et des autres, à la place qu’Il a choisie pour nous. 

Voilà le premier message que nous pouvons entendre ce matin : 

  • Ne pas faire les prétentieux avec Dieu, se reconnaître petits, avec une juste humilité. 
  • Accepter d’avoir besoin de Dieu pour conduire notre vie
  • Prendre le temps de méditer cette phrase qui peut parfois choquer ou être difficile à comprendre : « Quiconque s’élève sera abaissé, et qui s’abaisse, sera élevé. »

Puis, dans la deuxième partie de l’évangile, nous lisons les remarques que fait Jésus à son hôte, un pharisien. Ce texte est percutant ; imaginez que vous soyez invité et que, dès votre arrivée, vous vous permettiez d’exprimer de telles remarques… Quelle serait la réaction de votre hôte ? 

Et pourtant, les paroles de Jésus s’appliquent aussi à nous ; c’est un peu comme s’il nous disait : « Dis-moi qui tu invites, et je te dirai qui tu es. » 

Là encore, Jésus ne vient pas briser nos convenances, nos usages, nos habitudes de politesse, car il est essentiel et génial d’inviter ses parents, de se retrouver entre amis, de réunir la famille et de faire la fête ensemble ! Je fais ce constat : la paroisse manque de ces rencontres festives. Ces moments de convivialité sont nécessaires au dialogue et à de vraies rencontres !

Ce que Jésus veut nous faire remarquer dans ce texte, c’est qu’un chrétien ne peut pas se limiter à ces seules invitations dans un cercle restreint. Pour vivre déjà ce Royaume de Dieu, il nous faut maintenant penser aussi aux autres, à ceux qui sont plus faibles et dans le besoin. 

Vous savez combien une visite auprès d’un malade est appréciée ! Un appel téléphonique, une petite carte envoyée des vacances pour une personne âgée est un vrai cadeau et procure un grand plaisir. 

Le chrétien est celui qui ne ferme pas sa porte aux autres et qui ne vit pas dans son petit monde confortable, bien clos. Il a à cœur de penser aussi à celles et ceux qui vivent autour de lui. Il me revenait, en mémoire hier soir, cette phrase de l’Évangile de saint Matthieu : « En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » (Mat 5,46) C’est ainsi que Jésus nous met en garde !

Par exemple, le Pape François nous montre quelqu’un qui souhaite aller le plus loin possible vers les autres. Il nous invite à aller sans cesse vers ce qu’il nomme les « périphéries ». Il ne s’agit pas d’aller à l’autre bout du monde, mais parfois de regarder simplement le visage d’une personne croisée dans la rue, notre voisin de palier, notre collègue de travail et oser déjà un sourire. Le Pape François nous demande aussi de ne pas avoir peur de nous laisser déranger par les besoins des personnes autour de nous. 

Cette leçon, cette invitation, nous la retenons pour notre paroisse. C’est pourquoi, certes modestement, nous avons un projet que nous allons mettre en œuvre dans les semaines qui viennent : l’ouverture de notre nouvelle maison paroissiale 

Je ne sais pas si vous le savez ; nous allons aménager, juste à côté de l’église saint Louis, tout près, un magasin qui va devenir notre nouvelle maison paroissiale. (Si certains s’interrogent sur cette dépense, nous revendons les actuels bureaux de la Paroisse - au 1, rue de Sault – en espérant équilibrer l’achat). Nous aurons donc un accueil de plain-pied, avec une porte qui s’ouvrira automatiquement pour accueillir tous ceux qui se présenteront. Ils pourront être reçus, informés, écoutés. Cet accueil sera large et ouvert bien au-delà de notre paroisse. 

Le chrétien devrait mettre au premier plan cette gratuité, réelle, généreuse dans sa vie, vivre le don de soi au sein de sa famille, pour les autres. C’est ainsi que notre paroisse pourra vivre et répondre à sa mission actuelle. Une Paroisse, c’est une communauté d’hommes et de femmes !

Vous connaissez bien cette phrase que je cite volontiers : « Un chrétien isolé est un chrétien en danger. » Tout seul, on ne peut rien faire, mais ensemble, on peut tout espérer, on peut tout faire !

Aujourd’hui, je rends grâce et je remercie chaleureusement tous les bénévoles de la paroisse, et ils sont nombreux. Vous ne les connaissez peut-être pas tous, car certains d’entre eux sont très discrets : il y a ceux qui sont au service de la paroisse pour les célébrations, les musiciens, les chantres, ceux qui sont à l’accueil ou qui assurent l’entretien, les fleuristes, ceux qui ouvrent l’église le matin, puis la ferment le soir, ainsi que tous ceux qui assurent les services de la paroisse : préparation au mariage, baptême, funérailles, service auprès des jeunes, la communication, les documents administratifs, les charges financières… Impossible de tous les citer, ils sont nombreux à être généreusement au service des uns et des autres ! Merci à tous !

Ce matin, je m’adresse tout simplement à celles et ceux qui n’ont pas encore de service ; quel dommage ! C’est pourquoi je vous invite, en ce début d’année à venir nous rencontrer pour nous dire ce que vous souhaitez, ce que vous pouvez offrir de vos charismes, compétences, de votre temps... Nous avons besoin de vous, et je le répète, car c’est ensembleque nous pouvons déjà changer ce que nous sommes et ainsi transmettre autour de nous, cette joie du service.

Voilà l’invitation que j’ai envie de vous lancer ce matin ! 

Soyez attentifs aux différentes invitations et sollicitations que vous allez recevoir ; en ce début d’année, la paroisse prend un nouvel élan, elle va beaucoup changer. Les 21 et 22 septembre, vont se dérouler les Assises qui vont donner une impulsion, un « peps nouveau » pour notre paroisse. À cette occasion, vous êtes tous invités à donner vos idées, à dire ce que vous avez envie de vivre, ce qui manque, à exprimer vos désirs et même vos rêves… J’ai besoin de chacun de vous, nous avons besoin les uns des autres, pour ensemble construire notre paroisse. 

Dimanche 22 septembre, notre évêque, Mgr Guy de Kerimel, viendra bénir la nouvelle maison paroissiale et célébrer l’eucharistie.

Je sais bien qu’il n’est pas facile de vivre ce que Jésus nous demande. Pour y tendre, une attitude que j’essaie de développer déjà pour moi-même, nous est indiquée avec conviction par Ben Sirac le Sage dans la première lecture : c’est l’humilité. Il l’exprime si bien que je vais vous relire le passage : 

« Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. 

Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur. 

Grande est la puissance du Seigneur, et les humbles lui rendent gloire.

La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui. »

Alors, frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous garder toujours conscients que c’est de Lui seul que nous recevons notre grandeur. Ce n’est pas nous qui nous faisons grands, c’est Lui qui nous élève !

Comme sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, remettons-lui notre petitesse et nos limites, tel un enfant qui se jette entre les bras de ses parents ! C’est ainsi que le Seigneur nous aime !

En ce début d’année, je souhaite que notre communauté paroissiale, enfin existe pleinement, qu’elle soit conviviale et fraternelle ! Qu’elle réalise joyeusement sa mission auprès de tous !

Frères et sœurs, demandons cette grâce pour chacun de nous, pour nos familles, notre paroisse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 28 août 2019, mercredi de la 21esemaine du temps ordinaire année C.

Messe célébrée à Grenoble en église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 23, 27-32. Lettre aux Thessaloniciens 2, 9-13. Psaume 138.

 

En relisant l’histoire de sainte Monique et de saint Augustin, je me disais que vous seriez peut-être intéressés si je vous les relatais, ce matin. Saint Augustin est, chronologiquement parlant, un des premiers grands philosophes chrétiens de l’histoire. Il a eu une action à la fois pastorale, mais aussi politique et doctrinale. Son œuvre est immense et souvent, nous le connaissons simplement par quelques citations. En voici quelques-unes :

“Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède.”

“Aime, et fais ce que tu veux.”

“Les riches : vous voyez bien ce qu'ils ont, vous ne voyez pas ce qui leur manque. ”

“Crois pour comprendre.”

“La prière est le plus grand rempart de l'âme.”

“La mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure.”

Aurelius Augustinus naît le 13 novembre 354 à Thagaste en Numidie (aujourd'hui Souk Ahras en Algérie).C'est donc un romain d'Afrique, issu d'une famille assez modeste : son père, Patricius, est un petit propriétaire foncier.L'éducation à donner au jeune Augustin cause de la tension entre ses parents car le père reste attaché à la religion du paganisme romain alors que sa maman, Monique, est une fervente chrétienne (l'Eglise la fête la veille de la fête de son fils : sainte Monique). 

Augustin sera élevé dans la religion maternelle.Il reçoit une formation intellectuelle solide et envisage un temps de devenir avocat mais, en réalité, il devient professeur dans sa ville natale, puis à Carthage, où il fonde une école de rhétorique, et enfin à Rome et à Milan. Pendant cette période, au désespoir de sa mère, il s'éloigne de la religion de son enfance, et mène une vie intense, une vie de débauche, dira-t-il dans les Confessions, une vie tourmentée, divisée entre son amourpour la femme avec laquelle il est lié, sa passionpour la littérature et le théâtre, et ses inquiétudes métaphysiques. Il est à la recherche de la vérité ; il en a soif !

Il découvre très tôt la philosophie, en lisant Cicéron,mais c'est d'abord au manichéisme qu'il seconvertit. C’est une religion qui connaît à cette époque, une grande expansion. 

Qu’est-ce que le Manichéisme ? C’est l’enseignement d’une vision dualiste et tragique du monde (le conflit entre le Bien et le Mal). Cette religion préconise une morale très ascétique par laquelle l'âme ferait son salut en s'arrachant au monde mauvais. Augustin, déchiré par ses conflits internes, est séduit par cette doctrine et y adhère pendant neuf ans. A son arrivée à Milan, il s'éloigne déjà du manichéisme. Il découvre alors le grand théologien chrétien Ambroise (plus tard saint Ambroise) qui lui fait découvrir le christianisme, et Augustin découvre, peu à peu, le Dieu vivant ; mais cette adhésion intellectuelle n'est pas encore décisive.

C'est dans un jardin de Milan que lui vient la révélation.Il entend une voix qu'il interprète comme celle de Dieu. Abandonnant l'enseignement, il se retire avec quelques amis et rédige ses premiers dialogues philosophiques. Puis ce sera trois ans de vie monastique et il se voit confier des charges ecclésiastiques. A partir de ce moment, la vie d'Augustin se confond avec l'activité qu'il exerce comme prêtre, puis comme évêque d'Hippone (395). Participant activement à tous les grands conflits qui secouent l'Eglise d'Afrique, il produit en même temps une œuvre immense, à la fois philosophique et théologique. 

Nous pouvons retenir que Saint Augustin est donc un jeune homme en quête d’un sens à sa vie. Dans sa recherche de vérité, il s’égare sur des chemins d’erreur… jusqu’à sa rencontre décisive avec le Christ. Par ce désir insatiable de vérité, son itinéraire de conversion est très actuel, bien qu’il ait vécu au 4ème siècle.On peut constater une certaine analogie avec la recherche de sens de certains jeunes, aujourd’hui.

 Ses trois œuvres les plus célèbres sont les Confessions (396-397), La Trinité (400-416), La Cité de Dieu(411-426). Si vous le pouvez, lisez une de ces trois œuvres !

La fin de la vie d'Augustin est assombrie par l'effondrement de l'Empire romain d'Occident. C'est dans une ville assiégée par les Vandales qu'Augustin meurt le 28 août 430 à Hippone (aujourd'hui Annaba au Nord-est de l’Algérie).

Voilà ce que je vous propose de retenir pour aujourd’hui. Ne craignons pas de relire sa vie afin d’aiguiser en nous, le désir de la Rencontre du Christ !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 26 août 2019, lundi de la 21esemaine du temps ordinaire année C.

Messe célébrée à Grenoble en église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 23, 13-22. Lettre aux Thessaloniciens 1, 1-5.8b-10. Psaume 149.

 

En lisant ces textes hier soir, il m’a semblé que nous pourrions commencer par lire ensemble et nous arrêter sur le début de cette première épître aux Thessaloniciens. 

Très souvent, l’homélie s’articule autour de l’évangile, mais aujourd’hui, j’aimerais vous donner le goût de lire cette lettre qui nous est proposée en première lecture. 

Nous allons en poursuivre la lecture tout au long des semaines à venir.

La première épître aux Thessaloniciens est belle ; selon les exégèses, elle est le document le plus ancien du Nouveau Testament. Il est possible qu’elle ait été écrite à Corinthe, vers l’an 51.

Savez-vous où se trouve Thessalonique ? Si vous êtes allés en Grèce, peut-être l’avez-vous visitée. Cette ville existe toujours, elle est même la deuxième localité la plus peuplée après la capitale.

Les lettres écrites aux chrétiens de Thessalonique sont au nombre de deux et d’après les deux premiers versets, nous pouvons penser qu’elles sont bien de la main, de la plume de Saint-Paul. Elles sont connues et citées depuis la plus haute antiquité chrétienne. Saint Ignace d’Antioche, saint Irénée, saint Polycarpe ou saint Justin, ou encore Tertullien s’y réfèrent.

L’Apôtre Saint-Paul associe à son nom, les noms de ses deux collaborateurs : Silvain et Timothée. Ne soyez pas étonnés si, de temps en temps, ce Silvain est appelé Silas, c’est le même personnage.

Les destinataires de cette lettre sont donc les membres de l’église de Thessalonique.

Thessalonique est une ville située à 150 kilomètres d’une autre ville qui se nomme Philippe. C’est une ville portuaire importante dont le port est animé de nombreux échanges commerciaux. Elle a été fondée par Cassandre de Macédoine en 315 avant Jésus-Christ. Le nom qu’il lui avait donné est dérivé de celui de son épouse, une sœur d’Alexandre le Grand.

En l’an 42 avant Jésus-Christ, Octave (le futur Auguste César) avait déclaré cette ville “libre“ qui est un statut important pour dynamiser et favoriser le commerce. En effet, les habitants de Thessalonique l’avaient soutenu dans sa lutte pour la conquête du pouvoir. Ce statut permettait aussi à la ville de se doter de sa propre administration juridique. Sa population était constituée essentiellement de romains et de juifs.

Précisons que le mont Olympe se trouve à quelques kilomètres au sud-Est de la ville. Dans l’antiquité, il était considéré comme le foyer des douze divinités païennes (les divinités du panthéon gréco-romain antique)

Paul arrive donc dans la ville de Thessalonique, accompagné de Silvain et de Timothée, après avoir vécu un moment difficile à cause de l’élite romaine dans la ville de Philippe (Ac 16,20-21)

. C’est à la suite de la prédication de Paul que l’église chrétienne est fondée. La majorité de ses membres est constituée de païens convertis, donc de Romains.

Selon sa façon de faire habituelle, Paul s’était tout d’abord approché des juifs de la ville, pour les persuader que les prophéties de l’Ancien Testament annonçaient la Passion et la mort de Jésus et que Jésus était justement ce Messie annoncé, promis et attendu. Ces compatriotes ne sont pas totalement convaincus par Paul, cependant, parmi les païens qui entendent les messages de Paul, certains se convertissent. Ce succès provoqua la jalousie des juifs qui déclenchent alors la persécution, à nouveau, de Paul et de ses amis, qui sont obligés de quitter assez rapidement la ville.

C’est à la suite de cette persécution que Paul écrit ces deux lettres aux chrétiens de Thessalonique. Cette ville fut ainsi la deuxième grande ville européenne, après la ville de Philippe, à entendre la prédication de Paul et à recevoir l’évangile. 

Dès le début et par la suite encore, la communauté chrétienne de Thessalonique a subi de lourdes tribulations, mais c’est avec énormément de joie et de ferveur que les Thessaloniciens ont accueilli l’évangile et la Parole de Jésus.

En vous proposant ce matin ces explications historiques, mon désir est de vous inviter à lire ces deux lettres, à les goûter, à vous imaginer la scène, Paul en train de proclamer, d’enseigner des païens qui vont devenir chrétiens.

En écoutant et en lisant ces lettres, puissions-nous, nous aussi, nous convertir et reconnaître le message de Grâce de notre Seigneur par ses témoins et ses apôtres !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 21 août 2019, mercredi de la 20esemaine du temps ordinaire année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 20, 1-16. Livre du livre des Juges 9, 6-15. Psaume 20.

 

J’avoue avoir un peu hésité à commenter soit la première lecture du livre des Juges, qui est une lecture truculente, soit l’évangile de ce matin. J’ai finalement choisi le texte de l‘évangile, mais je vous invite à relire cette première lecture, très intéressante.

Si j’ai finalement opté pour la parabole des ouvriers, des journaliers, c’est qu’elle est vraiment surprenante par sa « justice ». Comment aurions-nous réagi si nous nous étions trouvés dans la file des journaliers qui, ce soir-là, attendent leur salaire ? Peut-être aurions-nous protesté ou grogné en disant : « Regardez ces resquilleurs ; ils sont arrivés les derniers à la vigne et ils sont payés les premiers, au même salaire que nous ! » 

Peut-être avons-nous déjà eu ce genre d’attitude, par exemple : dans la file des clients qui attendent leur tour à la caisse d’un supermarché alors qu’une personne nous double sous prétexte qu’elle est pressée et n’a que trois petits articles à régler. Au fond de nous-mêmes, nous sentons comme un mouvement d’indignation et même d’une sourde colère.

Ou bien, imaginons une entreprise dont certains employés arrivés à 17H et repartis à 18H, recevraient le même salaire que les autres qui ont travaillé toute la journée ! Peut-être même serions-nous blessés dans nos convictions égalitaires et notre idée de justice.

« Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur ! »

 

Qu’est-ce que Jésus veut nous dire ?

Finalement, quel est le sens de cette parabole ?

Une des phrases qui pourraient nous permettre de mieux saisir le sens peut être celle-ci : « Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : “Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?“ »

Le ton est sévère ! Mais le maître de la vigne se radoucit aussitôt lorsqu’il entend la réponse de ces hommes : « Parce que personne ne nous a embauchés. »Il me semble que la pointe de la parabole se trouve en ces mots ; nous pouvons mieux saisir le réflexe du Maître de la vigne. Peut-être a-t-il pensé intérieurement que ces hommes-là risquaient de rentrer chez eux, une heure plus tard, sans salaire ; comment feront-ils pour nourrir leurs familles ? Les voilà chômeurs et, vraisemblablement, ce n’est pas de leur faute… Puisque je peux compenser leur malheur, je vais le faire !

Voilà pourquoi les ouvriers de la dernière heure reçoivent aussi un denier, une pièce d’argent, comme les autres. Là où nous serions tentés de trouver une injustice, il y a donc une charité courageuse qui brave les critiques et les incompréhensions.

Attention, ne voyons pas dans cette parabole un encouragement à la paresse, de la part de Jésus ! Si Jésus, dans ce texte, semble y mettre une pointe d’exagération, c’est parce qu’il veut ébranler nos habitudes de tout peser, de tout compter, de tout mesurer, de tout ramenerà une question de quantité… comme si Jésus, une fois de plus, voulait nous redire que Dieu ne réagit pas comme nous ; Dieu ne juge pas, il n’agit pas comme nous pourrions l’imaginer ! Ne comparons pas nos mérites, sinon nous serons paralysés dans nos efforts et, sans doute aussi, un peu agacés !

Comment pourrions-nous résumer cette parabole ?

Retenons deux choses :

- Dieu est bon ! Dieu est celui qui donne sans calcul.

- Ne regardons pas d’un œil mauvais celui qui est bon ! 

Et nous, comment regardons-nous le frère ou la sœur ? Peut-être, déjà pour aujourd’hui, pouvons-nous ouvrir nos yeux, les yeux de notre cœur et découvrir avec joie la bonté de Dieu. Ne serions-nous pas nous-mêmes, ces ouvriers de la dernière heure ? Jésus nous appelle “mon ami“ ! N’attendons pas 17H, ce soir pour aller à la vigne du Seigneur ; tout au long de cette journée, osons parler de Lui autour de nous, de Lui et de sa bonté !

Ainsi soit-il !

Homélie de la veille de l’Assomption de la Vierge Marie 2019, année C.

Messe célébrée en la Collégiale saint André, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 27-28.

 

Il est possible que certains d’entre vous soient surpris par cet évangile ; en fait, c’est celui de la veille du 15 août que nous propose la liturgie pour cette solennité. 

Rappelez-vous, le 30 mai dernier, nous célébrions l’Ascension de Jésus. Nous regardions Jésus monter au ciel, et nous nous posions la question : cela peut-il nous arriver aussi ? 

Aujourd’hui, c’est la fête de l’Assomption de la Vierge Marie qui nous rassemble. Il nous faut comprendre que Marie est montée “corps et âme“ au ciel.

Avez-vous déjà noté que fréquemment les enfants et certains adultes confondent un peu les deux mots : Ascension et Assomption ? Il est vrai qu’ils se ressemblent. 

De plus, dans un cas comme dans l’autre, c’est une montée et une entrée vers le ciel qui sont au centre de la célébration. Il y a donc un lien entre l’Ascension de Jésus et l’Assomption de Marie !

Mais, si je veux aller un peu plus loin, il y a, cependant, une différence importante.

Étymologiquement, « Assomption » vient du latin « assumere » : littéralement : « prendre avec soi, enlever, tirer ». L’entrée de Marie, corps et âme au Ciel, n’est pas une nécessité découlant de sa perfection, mais un don que Dieu fait à la Mère de Dieu. 

On n’emploiera donc pas, pour la Vierge Marie le terme d’ « Ascension »,mais « d’Assomption »- 

L’ « Ascension » qui est réservée à la montée de Jésus –  vient du latin « ascendo » :  qui veut dire que l’on monte soi-même. 

Dit autrement : 

-    Jésus, par son Ascension, monte vers son Père parce qu’il est Dieu,

-    Marie dans son Assomption,est enlevée au Ciel, par le don gratuit de Dieu.

Cette fête nous dit un départ et une montée, mais aussi une arrivée : c’est donc un chemin de la terre vers le Ciel ! Cette arrivée au Ciel nous donne de comprendre que Marie nous précède dans la gloire ! Il y a là, une révélation essentielle qui nous renseigne sur notre propre devenir ! Je m’explique !

Qu’un semblable départ couronne la vie de la Vierge Marie surprend et continue à interroger nos contemporains, les plus sceptiques ou les plus détracteurs.Marie, n’est-elle pas, comme nous, une créature ? Comment peut-elle avoir ce privilège ?

C’est pour cela, précisément, que cette fête nous concerne. En effet si Marie - qui est, assurément, l’une de nous - se voit ainsi introduite dans la gloire même de Dieu, comment ne serions-nous pas appelés, à notre tour, à entrer dans cette gloire ? 

Ainsi donc, au moment même où nous fêtons Marie, nous célébrons aussi, par anticipation (si telle est notre constant désir), ce salut dont Dieu couronnera nos vies. Par cette solennité, nous fêtons aussi notre propre salut. Marie, en entrant dans la gloire tout comme son Fils, voit se réaliser en elle ce qui est notre avenir.

Je discutais hier, avec un couple de la Paroisse déjà un peu avancé en âge, qui me disait, au sujet de cette fête, qu’elle était récente, et qu’ils se souvenaient parfaitement de son institution.C’est vrai que le dogme de l’Assomption est relativement nouveau, puisqu’un certain nombre de nos contemporains ont connu la date à laquelle a eu lieu la proclamation du Pape Pie XII, (le 1ernovembre 1950), affirmant que la Vierge Marie a été glorifiée en son corps et en son âme.

Cette définition du dogmedit simplement une reconnaissance : depuis des siècles, cette montée de Marie au Ciel était admise et acceptée. C’est pourquoi certains ordres religieux sont placés sous ce vocable : les Assomptionnistes, par exemple ! Ou encore la consécration de la France à Notre-Dame de l’Assomption par Louis XIII en 1638. (Oui, la France est toujours consacrée à Notre-Dame de l’Assomption).

Ce que nous pouvons retenir, c’est qu’en Marie, nous contemplons le projet de Salut de Dieu qui a déjà pleinement réussi, et qui est donc réalisable. Nous savons que, nous aussi, un jour, nous pourrons entrer dans la gloire du Ciel, si nous gardons ce désir en nous : en Marie la glorification d’une créature humaine est déjà accomplie. C’est bien ce que nous affirmons dans le chant : Marie, la première en chemin ! Marie nous montre le chemin de Ciel.

 

Je trouve aussi, en cette fête, le sens et l’origine du nom de notre Paroisse : Notre-Dame de l’Espérance. 

Comme le dit le Concile Vatican II,Marie est un « signe d’espérance assuré », pour « le peuple de Dieu en Pèlerinage ». (Constitution sur l’Église n°68). Par ces mots, il nous est redit cette espérance qu’il nous faut retrouver. En ce jour du 15 août, Marie nous dit de rester dans l’espérance.

L'Assomption de Marie fait donc comprendre que « notre mort n'est pas la fin, mais l'entrée dans la vie », et dès maintenant, les baptisés doivent apprendre de Marie « à devenir, eux-mêmes, des signes d'espérance et de consolation » dans un monde en souffrance et en manque de repères!

Alors que devons-nous faire ?

Nous pouvons, dans cette même espérance, déjà mettre en pratique cetteBéatitudeque nous venons d’entendre dans l’évangile de ce soir : « Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! ». Comme Marie, ayons ce désir de nous mettre à l’écoute de la Parole de son Fils, car il a les Paroles de la Vie éternelle.

Ainsi soit-il

 

 

Homélie du mercredi 31 juillet 2019, saint Ignace de Loyola, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 13, 44-46. Livre de l’Exode 34, 29-35. Psaume 98.

Saint Ignace de Loyola (16° siècle) Fondateur de la Compagnie de Jésus (+ 1556)

 

  Aujourd’hui, nous fêtons saint Ignace de Loyola et je vous propose, ce matin, d’entendre quelques éléments de sa vie. Né en 1491 en Pays basque espagnol, issu d'une noble famille, il est le benjamin de cette famille de treize enfants. Ignace est d'abord page à la cour, puis chevalier rêvant de faire des exploits. 

En 1521, les Français assiègent Pampelune en Catalogne. St Ignace s'illustre parmi les défenseurs de la ville quand un boulet de canon lui broie la jambe et, en même temps, brise sa carrière. Il rentre au château familial en piteux état sur un brancard. Ayant épuisé la lecture des récits de chevalerie, il entame celle de la vie des saints. En lisant la vie des saints, il se dit : "pourquoi pas moi ?" et dès lors, il cherche à découvrir comment servir Dieu et ses contemporains...

 

À ce moment précis, il vit une conversion, totale, radicale, presque brutale. Il faut ajouter que saint Ignace est un homme avec un cœur ardent ! Dès qu'il peut marcher à nouveau, il se rend dans une grotte à Manrèse en Catalogne, non loin de l'abbaye bénédictine de Montserrat. Il y découvrira dans cet endroit paisible, au cœur de sa méditation, sa vocation propre, particulière : non pas la contemplation (comme les moines), mais le service de Dieu parmi les hommes.

Dès cette époque de ManrèseIgnace exprime sa propre expérience de Dieu dans un livret qui va devenir plus tard le livret des Exercices spirituels. Peut-être quelques-uns d’entre nous ont eu la possibilité de vivre ces exercices. Personnellement, j’ai eu cette chance, cette grâce à plusieurs reprises, dont la retraite de Trente Jours. Saint Ignace met en œuvre cette pédagogie de retraite spirituelle à Paris, auprès d’autres étudiants chercheurs de Dieu. C'est là qu'il commence plus précisément la rédaction de ses "Exercices spirituels" où il consigne ses propres expériences spirituelles. 

Après un pèlerinage en Terre Sainte, alors qu’il a environ trente ans, il commence des études de théologie à Paris. Il partage sa chambre avec un jeune étudiant : François-Xavier, qui deviendra saint François Xavier.

Le rayonnement de St Ignace et sa capacité à conduire les hommes vont faire de lui un grand maître du discernement, de l’action dans le monde, de l’évangélisation et de la prière. 

Le 15 août 1534, l'étudiant de quarante-trois ans et ses six jeunes amis étudiants également, font à Montmartre, le vœu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance et fondent, à ce moment-là ainsi la "Compagnie de Jésus" pour servir Dieu et l’Église alors en pleine réforme. Douze ans plus tard, ils feront profession solennelle à Rome. 

À la mort de St Ignace, en 1556, plus de mille compagnons sont en mission sur quatre continents, du Japon à l’Amérique du sud. Dans une intense activité, saint Ignace a inventé une nouvelle forme de vie religieuse adaptée à l’époque moderne. 

Aujourd’hui, on appelle couramment « Jésuites » les membres de la Compagnie de Jésus. Ils sont aujourd’hui près de vingt mille dans le monde. Leur devise est celle-ci : TOUT POUR LA PLUS GRANDE GLOIRE DE DIEU ET LE SALUT DES ÂMES. 

St Ignace de Loyola sera canonisé le 12 mars 1622, en même temps que saint François-Xavier et sainte Thérèse d’Avila. Le pape François, élu le 13 mars 2013, appartient à la compagnie de Jésus.

Je termine simplement avec cette prière que j’aime beaucoup et qui est celle de saint Ignace : Seigneur Jésus, apprenez-nous à être généreux, à vous servir comme vous le méritez, à donner sans compter, à combattre sans soucis des blessures, à travailler sans chercher le repos, à nous dépenser sans attendre d’autres récompenses, que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté !

Peut-être qu’aujourd’hui, ou demain ou les jours prochains, vous aurez envie de lire la vie d’un saint. C’est une bonne chose ; prenez le temps de le faire, et laissez-vous simplement édifier, imprégner, car rien n’est impossible à Dieu… et comme le disait saint Ignace : "Pourquoi pas moi ?"

                                                                                                                 Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 28 juillet 2019, 17edimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Luc de Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 1-13. Livre de la Genèse 18, 20-32. Psaume 137.

Lettre de saint Paul aux Colossiens 2, 12-14.

 

Sans aucun doute, me semble-t-il, une des premières prières que nous apprenons lorsque nous sommes enfants, est celle du « Notre Père » (à peu près en même temps, avec celle du « Je vous salue Marie »). 

Comment avons-nous appris cette prière ? En écoutant nos parents, nos grands-parents, en allant à la messe, au catéchisme. Petit à petit, cette prière est entrée dans notre cœur, elle pénètre notre intelligence.

Il est vrai que, pour certains, réciter cette prière peut devenir à la longue, une sorte d’automatisme. Elle devient un enchainement de mots qui manquent de profondeur. On a perdu, le sens et la beauté de cette prière.

Je remarque également, en restant parfois longuement dans l’église que des personnes (pas forcément des paroissiens) qui y entrent sont comme hésitant. Savent-ils prier ? Peut-être n’ont-ils, tout simplement, pas été initiés ? 

Notre monde contemporain et matérialiste a une influence forte et beaucoup ont perdu la foi, beaucoup ont oublié le sens de la prière. Pourtant, on remarque un vrai désir de recherche de sens. C’est pourquoi vous pouvez trouver ici, sur ces petites tables, des prières qui sont offertes, prêtes à être découvertes et lues avec beaucoup de joie par qui le veut. 

La prière du Notre Père, telle que nous la connaissons, n’est pas une prière inaccessible ! Bien au contraire ! Elle est une invitation incroyable à une relation filiale, à oser s’adresser à Dieu comme un enfant à son Père ; c’est une véritable révolution ! Découvrir que Dieu n’est pas un Dieu lointain, mais un Père, tout proche ; c’est ce que souhaite nous expliquer Jésus, dans la page d’évangile que nous venons d’entendre. Avec une bonne dose d’Esprit Saint, la prière non seulement sera possible, mais elle sera nourrissante et enthousiasmante ! 

Écoutons-le nous apprendre sa prière, tel que nous le rapporte saint Luc : « Père… »

Jésus a osé renouveler complètement ce mot en osant dire à Dieu : « Abba »… « papa ».Incroyable d’oser appeler Dieu du nom de Père ! Bien souvent, nous pensons que Dieu est aux « abonnés absents », trop occupé ailleurs ! Pourtant, Dieu s’intéresse à nous comme un papa à ses enfants. Quand nous reprenons la prière de Jésus, nous osons, à notre tour, croire que « nous sommes aimés de l’amour même dont le Père aime son Fils Unique »(Jean 20, 17). Dieu n’est plus un inconnu, mais un Père qui me connaît et se fait proche !

« Que ton nom soit sanctifié… » 

« Que ton Règne vienne… »

Avant de dire à Dieu nos propres besoins, nous avons d’abord comprendre et prier aux intentions du Père. Et ses intentions sont celles-ci : que son Nom soit manifesté, que son Règne vienne !Oser dire que Dieu manifeste un amour paternel, montre à quel point il veut que s’étende l’amour du Père sur toute la terre des hommes. Comme nos mots humains sont pauvres pour exprimer cette réalité du Don ! C’est bien Jésus qui nous montre son Père. Mais reconnaissons-le, nous peinons, car nous ne le connaissons pas ou si peu. En priant ainsi, nous lui demandons de nous faire entrer dans ses projets, de pénétrer dans son intimité pour être transformés en fils et filles bien-aimés du Père !Reprendre les paroles de Jésus, révèle notre intention de devenir conformes à ce que le Père attend de nous. 

Ayant ainsi formulé le désir de connaître le Père et qu’il nous fasse entrer dans ses projets, nous lui demandons ensuite les moyens de les réaliser et de continuer notre chemin.

Comment ?

C’est la deuxième partie du Notre Père : 

« Donne-nous le pain… »

« Pardonne-nous… car nous-mêmes nous pardonnons… »

« Ne nous laisse pas entrer en tentation… »

C’est seulement du Père que nous pouvons recevoir le pain, le pardon et la libertéface au Mal (c’est-à-dire : Satan).  Seigneur, donne-nous au jour le jour, le pain dont nous avons besoin pour aujourd’hui, car nous te faisons confiance pour tenir maintenant. Et dans le « nous », sont présents tous ceux qui manquent de pain, car ma prière est vraie, si elle m’invite à partager.

Donne-nous le pardon indispensable,du fond du cœur, à ceux-là mêmes qui nous ont fait tort. Nous savons combien le manque de pardon défigure notre monde, défigure notre vie. 

Est-ce si simple ou si facile de demander pardon à quelqu’un ou de recevoir un pardon ? Seigneur, donne-nous le pardon indispensable dont nous avons besoin pour vivre, pour chacun de nous déjà, car nous sommes pécheurs… car je suis pécheur.

Il y a là, une exigence presque surhumaine… J’ai sans cesse besoin de l’aide de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, pour découvrir ce pardon, pour y entrer et pour le vivre !

Délivre-nous enfin de toute tentation ! Il y a les petites, celles qui reviennent sans cesse, mais il y a aussi la grande tentationqui est celle d’abandonner Jésus, d’oublier sa Parole, ses commandements, son invitation, ou même de Le rejeter… Finalement, c’est toujours le risque de perdre notre relation de fils, vis-à-vis du Père… d’oublier l’amour-dondu Père ! C’est bien chaque jour aussi qu’il nous faut nous battre contre le mal, avoir une meilleure maîtrise de soi, de conquérir notre liberté et exprimer concrètement notre être chrétien !

Tout seul, j’ai du mal à vivre en chrétien ; j’ai besoin de frères et de sœurs à côté de moi, j’ai besoin d’une communauté, d’une famille paroissiale pour ne pas chuter et nous entraider fraternellement.

Est-ce si facile de prier ? J’ai en mémoire l’histoire d’une petite fille du caté : c’était il y a quelques années. Elle vient me voir et me dit : « Mon Père, mon Père, la prière… Ça ne marche pas ! » « Ah bon, et pourquoi ? Explique-moi ! Comment fais-tu ? Pourquoi dis-tu cela ? » Elle reprend : « Je prie, je prie bien Jésus, mais Jésus ne fait pas toujours ce que je lui demande ! » Elle rêvait d’avoir la dernière poupée ! Un mot m’avait marqué : “toujours“. Cela veut dire que, dans sa prière, Dieu répondait ! Parfois, sa prière n’était pas complètement ajustée et elle ne voyait pas une réponse immédiate, mais quelle force que la prière des enfants ! Ils font preuve d’une audace incroyable… et Dieu répond. Cependant, la prière n’est pas magique ! Dieu sait ce dont nous avons besoin et Il nous le donne à sa façon.  Osons garder, dans notre prière, la fraicheur d’une âme d’enfant !

 

Permettez-moi, deux petites précisions :

Prier n’est ni un moyen de pression ni un acte de puissance,elle est plutôt l’expression d’une pauvreté par laquelle nous osons dire, à temps et à contretemps notre attente, notre désir, notre soif. Mais, elle est plus encore, l’expression de notre espérance, d’une confiance que je fais à Dieu car, que ma prière soit exaucée ou non dans son objet immédiat, nous croyons que nous sommes de cette multitude humaine pour laquelle Jésus-Christ a intercédé une fois pour toutes.

Prier à la suite de Jésus, c’est m’adresser à Dieu avec mes joies, mes peines, mes soucis quotidiens, en n’ayant pas peur d’être parfois un peu casse-pieds, à l’instar d’Abraham, (première lecture) ou de cet ami sans gêne de l’évangile ! Il n’y a pas à craindre d’être “sans-gêne“ car Jésus nous dit : « Le cœur de Dieu est un cœur de Père. Frappez ! Cherchez ! Demandez ! » Dans cette relation filiale, confiante, il n’y a pas à craindre d’être importun quand on parle à un vrai ami. C’est une force à demander pour que grandisse le désir et que s’affirme notre confiance en Dieu. 

Alors, frères et sœurs, acceptons de nous laisser façonner par ces motsque tant de chrétiens, depuis presque vingt siècles, ont prononcés et priés dans toutes les langues ! En faisant ainsi, notre prière sera de plus en plus vivante et vraie. 

Quelle joie de se découvrir enfants bien-aimés du Père !

Quand nous dirons ensemble la prière du Notre Père, nous ne prierons pas chacun de notre côté, nous allons nous redécouvrir encore et sans cesse, frères et sœurs dans le Christ.

Alors, n’ayons pas peur, prions et demandons d’être renouvelés dans la beauté et la profondeur de cette belle prière du Notre Père !

AINSI SOIT-IL !

Homélie du lundi 22 juillet 2019, sainte Marie-Madeleine, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 20, 1-11.18. Livre de la Genèse 18, 1-10a. Psaume 62.

Lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 24-28.

 

Dans quel état d’esprit se trouve Marie-Madeleine ?

Dans la douleur du deuil ! Elle est bouleversée, mais aussi surprise et désemparée !

Voilà dans quel état se trouve Marie de Magdala, à l’aube du matin de Pâques. 

Elle est toute en larmes, tout près du tombeau. Elle tient dans ses mains les aromates qu’elle avait préparés, mais désormais inutiles ; le corps de Jésus n’est plus là… elle pleure, elle est frustrée, elle est surtout impuissante : elle ne peut plus aimer Jésus vivant, elle ne peut même pas l’honorer comme on le fait pour un mort.

Les pensées se bousculent vite dans sa tête, tout défile : la présence, le souvenir, la prière. C’était comme si tout cela lui était repris. Elle est là, toute remplie de son amour pour Jésus, mais elle a l’impression d’être venue pour rien…

En elle, il y a comme une colère désespérée qui gronde. “ Ils ont enlevé mon Seigneur. Je ne sais pas où on l’a déposé. “Où est-il ?

Pas un instant, Marie de Magdala ne pense que tous ces événements peuvent venir de Dieu. Non ! Elle perd toutes ses forces à chercher des coupables : qui l’a pris ?

À force de se crisper sur son impuissance à trouver son Maître, elle en vient même à perdre toute intuition et toute lucidité. Elle demeure en quelque sorte comme aveugle, alors même que Jésus se donne à voir, Lui “le Vivant“.

Marie-Madeleine est-elle un cas isolé ? Non ! L’épreuve qu’elle vit est aussi la nôtre à certains moments de notre vie. La fixation de notre regard sur nos chagrins, notre tristesse, notre douleur, notre incompréhension sur les événements de notre existence… notre colère, tous ces sentiments nous font oublier la présence extraordinaire du Ressuscité. Au cœur de notre vie, Il est là, présent, mais nous ne Le voyons pas ! Comme Marie-Madeleine, nous avons du mal à Le voir, nous avons du mal à espérer.

Pourtant, Marie-Madeleine, au fond d’elle-même, garde une vraie espérance ; il suffit que Jésus lui dise : “Marie ! “,pour qu’immédiatement, elle retrouve les réflexes d’autrefois et lui dise : “Rabbouni ! “c’est-à-dire : Maître. Jésus reprend la parole pour ajouter aussitôt : “Ne me retiens pas…“, littéralement : « Ne cherche pas à me retenir ; le passé n’est pas revenu et il sera tout autre maintenant : il me faut monter vers mon Père.

Jésus s’est fait reconnaître, manifestant ainsi son pouvoir, sa victoire sur la mort ; Il est le Ressuscité ! Sans attendre, Il donne à Marie-Madeleine, une mission d’Apôtre : “Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. “

Voilà la réponse de Jésus à la solitude de Marie-Madeleine : 

un envoi et une mission personnelle.

Rendre témoignage au Ressuscité, c’est aussi la mission qui nous est confiée depuis notre baptême, par notre confirmation. C’est la mission que Jésus nous redonne chaque jour dans le cœur à cœur de l’eucharistie. Normalement, en sortant de la messe, nous devrions, nous aussi, être des apôtres ; oser dire à tous ceux que nous rencontrerons : « Le Christ est ressuscité ! Je l’ai rencontré, Il est vivant ! »

C’est cette rencontre personnelle du Christ, vivant et miséricordieux que nous vivons à chaque eucharistie.

Ce matin, osons fairedeux demandes :

  • La première est une Action de grâcepour toutes les Marie-Madeleine, celles du passé, celles que nous connaissons, toutes celles qui ont su, à travers les siècles, être les témoins aimantes de l’amour du Christ ; elles sont nombreuses ! 
  • Nous aussi, nous sommes, pour aujourd’hui, les témoins de Jésus et nous avons à accomplir la mission que Jésus nous confie : annoncer sa résurrection au monde.

Demandons simplement cela, et c’est déjà beaucoup,  pour maintenant et rendons gloire à Dieu !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 24 juillet 2019, mercredi de la 16e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 13, 1-9. Livre de l’Exode 16, 1-5.9-15. Psaume 77.

 

Je ne doute pas que cette période estivale soit pour nous l’occasion de faire de belles rencontres (familles, amis, imprévues…). Avez-vous vécu ces bons moments ? Ils nous donnent souvent l’occasion de discuter avec les personnes que nous rencontrons, sans parfois les connaître.

Hier, j’ai rencontré une famille et nous avons discuté ensemble ; les parents m’ont parlé du mariage d’un de leurs enfants, des études de l’autre, car l’un des enfants vient de réussir son baccalauréat, l’autre étudie à l’université. Nous avons parlé aussi du travail de l’un et de l’autre… du sens et de la force de la famille, comme de sa fragilité ; bref, nous avons eu une discussion très intéressante, amicale et passionnante. Nous sommes tombés d’accord pour garder une triple attitude :

  • Regarder le passé dans l’Action de grâce ; tout ce que nous avons vécu, l’histoire de notre famille, l’histoire de chacun de ses membres avec ses hauts et ses bas.
  • Vivre le présent, c’est-à-dire notre aujourd’hui, avec force et passion,
  • Préparer l’avenir dans l’espérance que Dieu est toujours à l’œuvre.

En lisant les textes d’aujourd’hui, il me semble y retrouver ces trois attitudes :

1- Regarder notre passé dans l’action de grâce, en évitant le danger de rêver à un passé qui serait meilleur, plus beau qu’aujourd’hui, au risque d’une idéalisation. Dans la première lecture du livre de l’Exode que nous venons d’entendre, Dieu sauve son peuple de l’esclavage et le fait sortir d’Égypte. Mais, dans le désert, dès le deuxième mois, les Hébreux récriminent contre Moïse.

Ils ont pourtant constaté la puissance de Dieu contre l’esclavage des Égyptiens et cependant :“Dans le désert, toute la communauté des fils d’Israël récriminait contre Moïse et son frère Aaron, et ils disaient : Ah ! Il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur… quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété. “

Il nous faut essayer de regarder le passé avec justesse, d’y trouver l’action de Dieu, car la réponse de Dieu à ses récriminations n’est pas la mort, mais dans le don de la manne. Dieu ne nous abandonne pas !

Dans notre histoire personnelle, il est toujours intéressant de chercher et de reconnaître tous les moments de la présence de Dieu. Gardons en mémoire cette certitude : Dieu ne nous abandonne pas !

2- Il nous faut vivre notre présent avec force et passion,sans récrimination autant qu’il soit possible, sans se laisser aussi, enfermer dans les souvenirs d’autrefois. Dieu nous invite à un engagement audacieux, dans notre vie d’aujourd’hui, au cœur de notre société, au sein de notre famille. C’est la mission que nous recevons. Posons-nous cette question : « Comment sommes-nous chrétiens, aujourd’hui ? Donc témoins du Christ !» 

Le point d’appui de l’espérance chrétienne est toujours l’initiative d’amour que Dieu a prise pour le monde. “Voici que le semeur sortit pour semer. “Cette sortie est vitale ! Le Fils est sorti du Père pour nous, les hommes, et pour notre Salut, pour semer la Parole qui rejoint l’homme et l’appelle au Salut. Nous voilà donc poussés à ne pas nous replier sur nous-mêmes, mais comme nous le demande le Pape François, à être « l’Église en sortie ».

3- Il nous faut regarder l’avenir avec espérance.L’initiative de Dieu se poursuit de génération en génération. Il suscite les hommes et les femmes nécessaires pour que sa Parole soit entendue, vécue, et porte du fruit, “ à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. “Croyons vraiment que la puissance et l’efficacité de Dieu sont toujours à l’œuvre. Dans la confiance, construisons chrétiennement notre société !

Frères et sœurs, je vous invite juste pour aujourd’hui, et déjà pour aujourd’hui, à vivre cette triple attitude :

  • en regardant notre passé, tout ce que nous avons vécu avec Action de grâce, 
  • à vivre notre présent passionnément,
  • à préparer l’avenir, le nôtre, celui du monde, avec espérance. 

Que nous en soyons conscients ou non : Dieu est toujours à l’œuvre dans notre vie, dans notre communauté chrétienne, et à travers le monde.

Ainsi soit-il ! 

Homélie du dimanche 21juillet 2019, 16e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 10, 38-42. Livre de la Genèse 18, 1-10a. Psaume 14.

Lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 24-28.

 

Nous connaissons bien cette phrase : “Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. “

À Marie, Jésus va dire : “ Tu as choisi la meilleure part. Elle ne te sera pas enlevée.  “

Nous sommes toujours un peu surpris par cet évangile ; certains sont même un peu heurtés. Il me revient en mémoire ce que disait une maman qui se plaignait d’avoir du mal à entendre ce récit parce qu’elle met toute son énergie au service de sa famille, de ses enfants, de ses petits-enfants. Oui, bien souvent, elle doit s’agiter et même courir pour servir et répondre aux sollicitations de chacun !

Jésus serait-il en train de nous dire qu’il ne vaut pas la peine de se dévouer, de se démener pour sa famille, pour recevoir ses parents, ses amis ?

C’est ce que nous pourrions comprendre par une lecture trop rapide de ce texte. Mais, si nous y réfléchissons bien en cherchant la pointe de ce récit, nous pouvons comprendre que Jésus ne veut pas décerner un trophée ou un prix d’excellence à l’une ou l’autre des deux sœurs.

C’est à partir de ce fait de la vie courante que Jésus veut nous montrer - nous apprendre - nous redire quelle devrait être notre bonne disponibilité pour recevoir des visites de Dieu dans notre vie.

La question est posée : comment réapprendre à accueillir Dieu dans notre vie quotidienne ?

Que ce soit au travail, dans notre prière, lors d’une eucharistie, à la maison, comment faire ? Et surtout, ne me dites pas que Jésus ne vient jamais vous rendre visite !

Plus d’une fois, et toujours, Il est là, mais simplement, nous avons parfois du mal, à Le reconnaître et l’accueillir.

Dans cette scène racontée par saint Luc, ce sont Marthe et Marie qui sont les hôtesses, qui offrent l’hospitalité à Jésus, qui reçoivent le Fils de Dieu.

La première lecture - le livre de la Genèse - nous présente aussi un personnage qui reçoit. C’est Abraham qui est aux chênes de Mambré. Il se démène pour recevoir dignement trois personnages qui débarquent à l’heure la plus chaude du jour -  trois anges, qui sont compris comme dans la Tradition chrétienne, comme étant les trois personnes de la Trinité : le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

On reste ébloui devant l’accueil et la générosité d’Abraham ! Peut-être avez-vous déjà vu cette belle icône de Roublev qui nous représente aussi, ces trois personnages ? 

Les Pères de l’Église disaient : « Abraham en voit trois : il adore l’Unique ! »Abraham, comme Marthe, est dans le même esprit de service : il a fait tuer un veau, il se hâte en tous sens, son épouse Sarah pétrit la pâte et fait cuire des galettes. L’hospitalité chaleureuse des gens du désert s’exprime ainsi, simplement.

Quel est le message délivré dans ces deux scènes ?

Dans les deux cas, nous pouvons remarquer que des hôtes, Marie, Marthe et Abraham, comprennent que, finalement, ce ne sont pas eux qui reçoivent, ce ne sont pas eux qui accueillent les visiteurs, mais c’est le visiteur lui-même qui les accueille :les anges, Dieu, Jésus. Ce sont les visiteurs eux-mêmes qui leur apportent une présence, qui leur ouvrent une intimité.

On trouve dans cette lecture, comme un renversement : le visiteur accueille la personne visitée.

Je vous propose une petite clé de lecture qui est permise par la richesse du vocabulaire français. Le mot « hôte » est employé pour désigner à la fois la personne qui reçoit… et celle qui est reçue. Parfois, cela peut créer, parfois, un peu de confusion… On peut être l’hôte de l’hôte que l’on reçoit.

C’est une belle clé de lecture qui peut être appliquée aux textes de ce jour.

Dans la scène de l’évangile, les reproches de Jésus à Marthe (tu en fais trop !) seraient plutôt une mise en garde. Jésus veut nous dire d’être vigilant à ne pas vouloir faire beaucoup de choses et, en conséquence, de ne pas être assez présent aux personnes accueillies. 

C’est important ! Dans bien des appartements modernes, la salle de séjour et la cuisine forment une seule pièce. C’est le cas dans l’appartement dans lequel je suis accueilli.

Je trouve cela agréable. Pourquoi ? Eh bien, c’est parce que lorsque je suis occupé à cuisiner, j’aime bien aussi être avec celles et ceux que je reçois. Bien sûr, ils me voient m’agiter un peu, mais nous pouvons continuer notre conversation.

C’est aussi cette attention à l’autre que Jésus nous précise. Ne vous est-il jamais arrivé après le départ de votre famille ou d’amis, de réaliser que vous aviez peut-être trop regardé ensemble la télévision ou fait des choses insignifiantes, et que vous n’avez pas vraiment pris le temps de parler intimement, de vous confier et surtout d’écouter ceux qui étaient avec vous. « J’ai oublié de lui parler de son travail, de ses soucis, de ses examens, de ses projets … » Étions-nous, à ce moment-là, si distraits ou si préoccupés nous-mêmes, si peu disponibles ou si agités pour avoir oublié d’être réellement avec eux ?

Il m’arrive d’entendre des enfants se plaindre que leurs parents ne soient jamais avec eux, jamais là, toujours partis ailleurs… Parfois, c’est l’inverse et ce sont les parents qui protestent parce que leur enfant est toujours sur son portable ou sur sa console de jeux…

Dans ces textes bibliques d’aujourd’hui, l’accent est mis surtout sur le « faire » au lieu d’être mis sur « l’être avec ». L’essentiel, nous le savons bien, c’est : « être avec » !

Voilà donc un des messages de l’évangile pour nous ce matin : Jésus nous rappelle que les relations avec les autres ne sont pas d’un « faire déconnecté» - même si cela est sympathique de participer à un déménagement, par exemple -, mais c’est de prendre du temps pour les aimer.

Hier, j’ai célébré un mariage et c’est ce que j’ai essayé d’expliquer aux jeunes époux ainsi qu’aux autres couples présents dans l’assemblée : prenez du temps en couple ! Discutez avec votre conjoint ! Allez, vous promener, marcher ensemble et confiez-vous ce qui est au fond de vous-mêmes pour le partager à l’autre !

Comment faire, nous aussi ? C’est en nous écoutant, en prenant du temps, en nous intéressant aux personnes, à ce qu’elles sont et pas seulement à ce qu’elles font !

Quel message pouvons-nous retenir dès ce matin ?

Soyons des personnes actives et généreuses, comme Marthe, mais aussi animées par le désir de vivre à l’écoute de Jésus dans la prière comme Marie.

Finalement, il nous faut être à la fois, Marthe et Marie. Nous n’avons pas à choisir d’être l’une ou l’autre. Saint Ignace de Loyola, dans ses exercices spirituels nous dit : « Cherchez et trouvez Dieu en toutes choses ! » Chercher et trouver Dieu à chaque instant de notre vie !

Pour conclure, je souhaite que durant cet été – période privilégiée où l’on a, peut-être, un peu plus de temps - que nous puissions prendre quelques moments de pause :

- nous mettre à l’écoute de notre cœur, 

- de la Parole de Dieu avec notre conjoint, nos enfants, nos petits-enfants ou des amis, 

- nous promener dans la campagne

- de nous émerveiller devant un coucher de soleil, un paysage haut en couleur, un sommet de montagne encore enneigé, une mer agitée ou une rencontre inattendue… 

- Venir prendre un petit moment dans cette église ouverte toute la journée pour rester avec Jésus et prendre conscience que Jésus fait Lui-même vient vivre une pause chez moi, une visite comme Il a fait chez Marthe et Marie.

Oui ! Prenons surtout le temps d’accueillir Dieu et de nous mettre à son écoute !

Demandons cette grâce pour chacun de nous ici rassemblés ce matin et, plus largement, pour nos familles, nos amis et pour le monde !         

  Ainsi soit-il !

 

Homélie du mardi 16 juillet 2019, mardi de la 15esemaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 11, 20-24. Livre de l’Exode 2, 1-15a. Psaume 68.

 

La tonalité de l’évangile que nous venons d’entendre est celle du reproche.

Pourquoi ? Comme d’habitude, les controverses de Jésus nous invitent à nous positionner, à nous déterminer.

Quand Jésus appelle les villes de Corazine et de Bethsaïde à se convertir, nous entendons comme un cri de souffrance et d’indignation de notre Seigneur.

 A ses yeux, elles sont des villes privilégiées puisque la plupart de ses miracles y ont été accomplis. Plus que les autres villes, elles ont donc eu la possibilité d’authentifier, de reconnaître les œuvres et les signes extraordinaires de Jésus, de découvrir Jésus comme étant l’Envoyé de Dieu !

Le problème, c’est qu’elles ne se sont pas converties ! Elles n’ont pas changé leurs manières de vivre et d’agir ! Sans doute connaissez-vous l’expression : « C’est comme de l’eau qui glisse sur les plumes d’un canard. » Non seulement, elles n’ont pas fait pénitence, mais elles ont continué à vivre comme si de rien n’était. Pour Jésus - c’est bien là la pointe de son reproche - ce sont des villes incrédules et irresponsables.

Le reproche de Jésus est d’autant plus fort, qu’Il affirme que deux autres villes, Tyr et Sidon, qui sont des villes païennes, où de nombreux dieux sont honorés dans les diverses temples qui parcourent la cité, se seraient converties et auraient même fait pénitence, si les miracles de Jésus avaient eu lieu chez elles.

Jésus insiste aussi sur la ville de Capharnaüm, c’est une ville qu’Il connaît bien – c’est la maison de Simon-Pierre. Il annonce même un jugement assez terrible. Là encore, Jésus semble lui-même donner une réponse dans cette folle prétention de Capharnaüm à vouloir s’élever, par ses propres forces “jusqu’au ciel“ ! Ce qui signifie qu’elle n’a pas besoin de Dieu pour vivre, ou dit autrement en se faisant l’égale de Dieu elle croit se sauver elle-même !

Face à ce constat, le jugement tombe : “Au jour du jugement, le pays de Sodome sera traité moins sévèrement que toi.“

 

Frères et sœurs, qu’est-ce que Jésus veut nous dire, aujourd’hui ?

Quelle est la pointe de ce que nous devrions entendre et comprendre ?

Peut-être sommes-nous dans une situation comparable à celle de Capharnaüm ? Vous connaissez l’expression que peuvent employer les parents quand ils rentrent dans la chambre de leurs enfants quand celle-ci est en grand désordre : « mais quel capharnaüm, cette chambre ! »

Ne pensez-vous pas que notre société est dans un désordre incroyable, multiple, complexe ? Comment sont notre cœur et notre tête, sont-ils aussi dans un vrai chaos, un vrai « bazar » et peut-être profondément embrouillés ?

En même temps, le Seigneur nous affirme que c’est de notre responsabilité ; je dois choisir, je dois me déterminer ! Je dois accomplir, tout simplement, ce que le Seigneur me demande de faire !

Rencontrer le Christ ; rencontrer le Messie : c’est un don que Dieu nous fait !

C’est aussi le point de départ d’une vie cohérente, d’une vie de plus en plus cohérente, plus généreuse et plus droite.

Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Même si la rencontre du Christ ne change pas vraiment notre cadre de vie, elle doit cependant modifier profondément notre manière de vivre, de connaître, d’aimer, selon cet art de vivre chrétien.

Nous sommes sans doute nombreux, à avoir fait l’expérience de la rencontre du Christ vivant, à tel ou tel moment de notre vie : lors d’un pèlerinage, d’un temps de prière, d’une messe, d’une retraite …

Nous avons vu l’œuvre de Jésus ! Nous L’avons rencontré, peut-être même nous a-t-il parlé d’une façon ou d’une autre ? Dès lors, il y a un “avant“ et un “après“, rien n’est plus comme avant.

Lorsque j’ai fait cette rencontre, quelque chose a profondément changé en moi. C’est bien ce que nous vivons aujourd’hui, dans cette eucharistie : la rencontre du Christ ! Si nous nous retrouvons ce matin, c’est que l’eucharistie est importante pour chacun de nous.

De fait, nous connaissons l’invitation exigeante de Jésus ; c’est, bien sûr, une invitation à l’amour, mais aussi invitation à une vie droite, au choix préférentiel du Christ. Chaque réponse est toujours personnelle, toujours libre et sans contrainte. Le Seigneur nous appelle à un “oui“ libre, une réponse à redonner chaque jour.

 

Frères et sœurs, ce matin, demandons au Seigneur deux grâces :

- La première est celle de demeurer humbles dans notre foi, constants et fermes dans notre espérance, de ne jamais oublier cette rencontre fondatrice du Christ !

- La deuxième est que nous puissions prier pour celles et ceux qui n’ont peut-être pas fait encore cette rencontre du Christ, membres de nos familles ou amis, pour ceux qui n’ont pas vu l’œuvre de puissance de Dieu dans leurs vies.

Par la force de l’Esprit Saint, par l’intercession de la Vierge Marie, demandons que cette rencontre soit le début d’un beau renouvellement !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 8 juillet 2019, lundi de la 14semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 9, 18-26. Livre de la Genèse 28, 10-22a. Psaume 90.

 

La maladie, la mort, sont des événements malheureusement quotidiens de notre vie, et nous le savons bien !

La mission de Jésus embrasse tous les moments de notre vie, y compris les plus douloureux : Il vient nous guérir - autant que possible -, mais aussi nous sauver : nous sauver par miséricorde, de la mort pour nous donner la Vie éternelle. Soyons déjà assurés, qu’en cette humanité qui est la nôtre, Jésus agit avec puissance.

Nous venons d’entendre un seul récit, mais deux exemples de la miséricorde du Sauveur :

- Un notable s’approche de Jésus et se prosterne devant Lui. Il intercède pour son enfant : “Ma fille est morte à l’instant, Mais viens lui imposer les mains et elle vivra.“

- La femme au flux de sang s’approche du Maître, par-derrière, sans rien dire ; elle touche seulement la frange de son manteau, et c’est Jésus qui s’adresse à elle. En se retournant, Il lui dit : “Confiance ma fille ! Ta foi t’as sauvée.“

Vous pouvez remarquer que les modalités sont différentes, mais c’est toujours la même miséricorde que Jésus met en œuvre.

Pour peu que nous y soyons attentifs, cette miséricorde se vérifie également dans notre vie.

  • Tantôt notre foi se montre hardie, et nous osons parler à Jésus. Nous avons cette audace parce que nous pensons que notre demande est juste.
  • Tantôt notre foi reste plus timide, peut-être un peu épuisée. Nous ne trouvons pas les mots pour dire à Jésus notre confiance, mais, comme la femme de l’évangile, nous les disons en nous-mêmes, et finalement, ce sont nos gestes qui parlent pour nous.
  • Tantôt enfin, le Seigneur agit seul, comme s’il faisait lui-même les demandes et les réponses. Nous sentons qu’une force nous relève, sans aucun mérite de notre part. Nous expérimentons l’amour du Sauveur, la puissance de sa main. À ces moments-là, nous pouvons ressentir qu’il y a eu un avant et un après. Quelque chose a bougé, quelque chose a changé.

Dans ces moments de pure grâce, il nous faut oser dire : « Quelqu’un a imploré pour moi, a prié pour moi. Je ne sais pas qui, mais quelqu’un a supplié pour ma guérison, ma conversion. »

C’est un peu comme pour cette adolescente pour laquelle son père espère, qu’en venant voir Jésus, elle aura la vie, à nouveau.

Sans doute qu’au ciel, nous serons surpris de comprendre la force, la puissance de la prière et des intercessions, de celles et ceux qui ont intercédé pour moi et aussi, de moi-même pour les autres. J’espère qu’au Paradis, nous prendrons conscience des prières de ceux qui ont prié pour moi, sans même le savoir.

Je complète cette réflexion par un dernier point, au sujet de cette femme qui souffre d’hémorragie ; elle est à la fois désespérée et audacieuse ; elle n’ose pas se présenter à Jésus de face, mais elle s’approche de Lui, timidement, par-derrière. 

Est-ce de la timidité ou de la peur ? Finalement, elle se retrouve sur le devant de la scène. Elle était venue en souhaitant sa guérison, mais la Parole du Christ dépasse son espérance en chassant aussi la peur et la honte qui étaient les siennes. En touchant le vêtement du Christ, cette femme est invitée à témoigner d’une guérison encore plus grande : son Salut !

Peut-être pouvons-nous entendre, pour nous, une invitation à témoigner de ce que Dieu fait dans notre vie ? Témoigner autour de nous, lors d’une rencontre du groupe de prière, témoigner au cours d’une eucharistie… 

Je ne peux pas taire ce que le Seigneur fait pour moi !

Chers frères et sœurs, approchons-nous du Seigneur de la Vie, avec l’audace que l’Esprit Saint met en nos cœurs, en notre intelligence ! Osons implorer pour ceux que nous aimons et aussi pour tous ceux avec lesquels notre relation est plus difficile !

Osons, pour nous-mêmes, toucher la frange du manteau de gloire de Jésus !

Osons garder dans notre main, la main du Christ, qui, j’en suis certain, plusieurs fois dans notre vie, nous a relevé !

Demandons cette grâce et cette audace pour chacun de nous, ce matin !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 8 juillet 2019, lundi de la 14esemaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 9, 18-26. Livre de la Genèse 28, 10-22a. Psaume 90.

 

La maladie, la mort, sont des événements malheureusement quotidiens de notre vie, et nous le savons bien !

La mission de Jésus embrasse tous les moments de notre vie, y compris les plus douloureux : Il vient nous guérir - autant que possible -, mais aussi nous sauver : nous sauver par miséricorde, de la mort pour nous donner la Vie éternelle. Soyons déjà assurés, qu’en cette humanité qui est la nôtre, Jésus agit avec puissance.

Nous venons d’entendre un seul récit, mais deux exemples de la miséricorde du Sauveur :

- Un notable s’approche de Jésus et se prosterne devant Lui. Il intercède pour son enfant : “Ma fille est morte à l’instant, Mais viens lui imposer les mains et elle vivra.“

- La femme au flux de sang s’approche du Maître, par-derrière, sans rien dire ; elle touche seulement la frange de son manteau, et c’est Jésus qui s’adresse à elle. En se retournant, Il lui dit : “Confiance ma fille ! Ta foi t’as sauvée.“

Vous pouvez remarquer que les modalités sont différentes, mais c’est toujours la même miséricorde que Jésus met en œuvre.

Pour peu que nous y soyons attentifs, cette miséricorde se vérifie également dans notre vie.

  • Tantôt notre foi se montre hardie, et nous osons parler à Jésus. Nous avons cette audace parce que nous pensons que notre demande est juste.
  • Tantôt notre foi reste plus timide, peut-être un peu épuisée. Nous ne trouvons pas les mots pour dire à Jésus notre confiance, mais, comme la femme de l’évangile, nous les disons en nous-mêmes, et finalement, ce sont nos gestes qui parlent pour nous.
  • Tantôt enfin, le Seigneur agit seul, comme s’il faisait lui-même les demandes et les réponses. Nous sentons qu’une force nous relève, sans aucun mérite de notre part. Nous expérimentons l’amour du Sauveur, la puissance de sa main. À ces moments-là, nous pouvons ressentir qu’il y a eu un avant et un après. Quelque chose a bougé, quelque chose a changé.

Dans ces moments de pure grâce, il nous faut oser dire : « Quelqu’un a imploré pour moi, a prié pour moi. Je ne sais pas qui, mais quelqu’un a supplié pour ma guérison, ma conversion. »

C’est un peu comme pour cette adolescente pour laquelle son père espère, qu’en venant voir Jésus, elle aura la vie, à nouveau.

Sans doute qu’au ciel, nous serons surpris de comprendre la force, la puissance de la prière et des intercessions, de celles et ceux qui ont intercédé pour moi et aussi, de moi-même pour les autres. J’espère qu’au Paradis, nous prendrons conscience des prières de ceux qui ont prié pour moi, sans même le savoir.

Je complète cette réflexion par un dernier point, au sujet de cette femme qui souffre d’hémorragie ; elle est à la fois désespérée et audacieuse ; elle n’ose pas se présenter à Jésus de face, mais elle s’approche de Lui, timidement, par-derrière. 

Est-ce de la timidité ou de la peur ? Finalement, elle se retrouve sur le devant de la scène. Elle était venue en souhaitant sa guérison, mais la Parole du Christ dépasse son espérance en chassant aussi la peur et la honte qui étaient les siennes. En touchant le vêtement du Christ, cette femme est invitée à témoigner d’une guérison encore plus grande : son Salut !

Peut-être pouvons-nous entendre, pour nous, une invitation à témoigner de ce que Dieu fait dans notre vie ? Témoigner autour de nous, lors d’une rencontre du groupe de prière, témoigner au cours d’une eucharistie… 

Je ne peux pas taire ce que le Seigneur fait pour moi !

Chers frères et sœurs, approchons-nous du Seigneur de la Vie, avec l’audace que l’Esprit Saint met en nos cœurs, en notre intelligence ! Osons implorer pour ceux que nous aimons et aussi pour tous ceux avec lesquels notre relation est plus difficile !

Osons, pour nous-mêmes, toucher la frange du manteau de gloire de Jésus !

Osons garder dans notre main, la main du Christ, qui, j’en suis certain, plusieurs fois dans notre vie, nous a relevés !

Demandons cette grâce et cette audace pour chacun de nous, ce matin !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 7 juillet 2019, 14e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Luc, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 51-62. Premier livre des Rois 19, 16b.19-21. Psaume 15.

Lettre de saint Paul aux Galates 5, 1.13-18. 

 

Il y a une expression que j’aime entendre et qui résonne dans l’évangile d’aujourd’hui. C’est celle-ci : « Réjouissez-vous ! » L’avez remarqué ?

Dans notre monde, il n’est pas fréquent d’entendre cette invitation : « Réjouissez-vous ! ». Littéralement : relevez la tête et souriez !

Nous l’avons entendue avec le prophète Isaïe : « Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse ! Dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse» 

La réaction de Jésus lui-mêmeaux soixante-douze disciples missionnaires revenant tout joyeux de leur mission, est dans la même tonalité ; nous retrouvons la même expression : « Réjouissez-vous ! » Pourquoi ? « … parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ! »  

Cette joie qui nous est proposée n’est pas la joie du monde, la joie d’une possession ou celle d’un achat que nous venons d’effectuer. Il ne s’agit pas, non plus, d’une joie de victoire sur le Mal, comme la satisfaction d‘une revanche, mais cette joie est plus précise, elle est encore plus belle : c’est la joie de faire la volonté de Dieu « sur la terre comme au ciel. », dirons-nous tout à l’heure dans le Notre Père. C’est une joie que nous pouvons vivre dès maintenant d’une façon concrète, et une joie qui nous inscrit donc dans le ciel, dans l’espace de Dieu. « Car vos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu » ! C’est cette joie qui nous fait naître de Dieu lorsque nous faisons sa volonté.

Quelle est la volonté de Dieu ?

Cette joie, nous avons envie de la goûter, nous avons envie d’en vivre ! Alors quelle est la volonté de Dieu ? Celle-ci est très simple, elle s’exprime en quatre mots : le salut de tous !Voilà ce que tout chrétien doit annoncer ! Dieu veut que tous soient sauvés ! Cette Bonne Nouvelle est annoncée à tous, et cela dans toutes les villes, dans chaque village et dans le monde entier! Comment ?

Pour répondre à cette question, permettez-moi d’emprunter quelques mots au Pape François dans son appel musclé, direct, prononcé pour l’évangélisation : 

Soyez proches des gens, à la fois frères et sœurs, doux, patients et miséricordieux. 

Aimez la pauvreté intérieure, comme liberté pour le Seigneur, et aussi extérieure, comme simplicité et austérité de vie.

N’ayez pas une psychologie de nantis, ou une psychologie de chrétiens atones et complexés.

Allez à l'essentiel qui est le Christ

Sinon,conclut-il : on risque de tourner en ridicule une mission sainte. Céder à l'esprit mondain, nous expose au ridicule : nous pourrions recevoir quelques applaudissements, mais ceux qui semblent nous approuver, nous critiquerons aussitôt le dos tourné. 

Nous sommes, frères et sœurs, les porteurs de Jésus-Christ, ses porte-parole pour le monde et les uns pour les autres.

Voilà ce que dit le Pape François. Il ne s’embarrasse pas de formule, mais il va à l’essentiel. 

L’envoi de ces soixante-douze disciples, (si je reviens à l’évangile), frères et sœurs, nous qui sommes dans cette assemblée dominicale, ce matin en cette église saint Luc, vient interroger notre zèle, notre désir d’annoncer le Christ, de travailler aujourd’hui à l’avènement de son royaume. 

La question est toujours la même : 

Sommes-nous brûlants du désir qui consumait Jésus ?« Je suis venu allumer un feu sur la Terre » nous dit-il« …et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé »(Lc 12, 49). 

La difficulté n’est pas tant le bois, mais le feu, de ce feu intérieur, dont semble parfois manquer notre Église et nous-mêmes. Mais c’est surtout notre manière de faire, de procéder, d’être chrétien que ce récit interroge. 

De fait, nous voyons ces soixante-douze disciples envoyés par le Christ, non seulement porter la bonne nouvelle du Royaume, mais réaliser très concrètement par ce qu’ils sont, la présence de ce Royaume !

Le résultat de cette façon d’être, c’est l’émerveillement.« Ils reviennent en s’émerveillant… »de ce que les esprits mauvais leur étaient soumis, ce que le Christ confirme, ajoutant qu’Il voyait Satan tomber du ciel, c’est-à-dire perdre tout pouvoir sur les hommes. Nous comprenons donc aussi l’importance de la présence de ces témoins, de ces disciples-missionnaires, c’est-à-dire de notre présence au cœur de la paroisse, au cœur de nos familles, au cœur de ce monde. 

La joie de la mission n’est pas réservée à quelques-uns seulement, elle est pour tous, et elle est toujours possible ! Nous la vivrons encore davantage au quotidien, ici même ! C’est le sens, pour ceux qui sont en lien avec notre paroisse, des Assises paroissiales que nous allons vivre en septembre prochain. Il nous faudra réfléchir, comprendre et définir pour les années à venir, le style de notre Mission, notre façon de témoigner en chrétien au cœur de notre ville. 

Serons-nous des chrétiens complexés et atones ? Ou serons-nous des chrétiens qui désirent profondément porter aux autres et partager avec eux le trésor qu’est le Christ ? Notre mission au sein de la paroisse commence par un témoignage et elle commence par du très concret, du simple : accueillir, écouter,faire du bien, pacifier, faire reculer le mal, soulager,accompagner, aider, guérir… pas forcément des discours compliqués, mais une manière de vivre, « un nouvel art de vivre de chrétiens » en actions ! Cela est toujours possible, dans une vie fraternelle simple et stimulante, tous les âges confondus, unis par une vie de prière.

Sans nul doute, les ouvriers sont encore trop peu nombreux ! C’est toujours le même constat. Il manque encore bien des bénévoles dans notre Paroisse ! Il manque toujours et surtout des personnes passionnées par le Seigneur, soucieuses de charité pour nos frères et sœurs fragilisés par la vie : il manque toujours des missionnaires pour annoncer le règne de Dieu ! C’était déjà le cas à l’époque de Jésus…

Mais n’ayons pas de crainte pour le devenir de notre Église ; c’est vrai qu’elle vit, aujourd’hui, une vraie pauvreté évangélique ; mais nous, ne restons pas, non plus, comme tétanisés face à l’ampleur de la mission : je sais que notre Seigneur a le souci du succès de la Mission. C’est pour cela qu’Il nous a envoyé l’Esprit Saint et, c’est une certitude : l’Esprit Saint est toujours à l’œuvre !

Le succès de la mission ne se mesure pas à l’aune des critères superficiels de notre société !Ce pourrait être un danger d’essayer de compter, de mesurer un tel succès. La réussite de toute mission est tangible, cela ne fait aucun doute, quel que soit le petit nombre des ouvriers, des nombreuxobstacles et des échecs, puisque cette réussite est déjà la victoire du Christ sur la mort. Ne l’oublions pas : le Christ est déjà vainqueur !

Par sa résurrection, Il a déjà vaincu la mort !

Alors, frères et sœurs, oui ! En ce dimanche, réjouissons-nous dans le Seigneur, car c’est Lui qui nous porte dans nos vies et nous conduit à la victoire, la Vie !                 

Ainsi soit-il

Homélie du dimanche 30 juin 2019, 13e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 9, 51-62. Premier livre des Rois 19, 16b.19-21. Psaume 15.

Lettre de saint Paul aux Galates 5, 1.13-18. 

 

Nous entrons dans la période estivale, une période où nous avons un peu plus de temps. Ces derniers jours, plusieurs personnes m’ont posé une question : « Mon père, quels livres me conseilleriez-vous d’emporter et à lire durant les vacances ? »

La réponse est assez simple : ce pourrait être un « bon Agatha Christie », (pourquoi pas ?) mais moi, je vous conseillerais plutôt d’emporter une Bible et de lire (ou relire), en particulier, l’évangile selon saint Luc.

Si vous saviez combien cette lecture est enthousiasmante ! Elle est très concrète et, pour l’esprit cartésien qui nous habite, il nous aide à suivre Jésus, car son déroulement est logique.

Il est composé de quatre parties bien distinctes :

- La première partie est constituée par les récits de l’enfance de Jésus.

- La deuxième partie, assez longue, est consacrée à son ministère en Galilée.

- Avant d’aborder la quatrième partie, consacrée à la Pâque du Seigneur - c’est-à-dire à sa mort et à sa résurrection -, nous découvrons la troisième partie qui pourrait presque s’intituler : “la longue marche vers Jérusalem“.

De fait, l’évangile que nous venons d’entendre ce matin, appartient au début de cette troisième partie. Si vous avez un peu en mémoire la carte de la Terre Sainte, à l’invitation du Christ : “Suis-moi !“, je vous invite à vous diriger vers Jérusalem et à marcher avec Lui. Quittons la Galilée, le lac de Tibériade, Capharnaüm, tous ces lieux où Jésus va annoncer ! Puis, avec Jésus, descendons vers Jérusalem, vers la Judée. Pour passer de la Galilée à la province de Judée, il nous faut traverser un autre territoire qui se nomme la Samarie.

En réalité, saint Luc ne veut pas nous donner un cours de géographie, mais il nous offre une véritable catéchèse, littéralement un petit condensé de toutes les réactions humaines que nous pourrions avoir, au moment même où nous côtoyons le Christ ! Il nous invite à marcher avec Lui vers le lieu de son Don ultime. Il nous invite, nous aussi, à partir pour cette longue marche, en commençant en Galilée, en traversant la Samarie vers Jérusalem ! Cette ville dans laquelle Jésus sera tout à la fois, acclamé et condamné sur le bois de la Croix. 

N’oublions pas que notre devenir ultime est d’être, comme Lui, enlevé de ce monde. Nous le savons : nous ne sommes pas faits pour rester indéfiniment sur cette terre, mais pour être avec Lui, dans la Vie éternelle.

Avec ce passage de l’évangile de saint Luc, nous sommes donc à un tournant décisif de la vie de Jésus ; Il sait donc très bien que cette route qui le conduit vers Jérusalem, le mène à la mort. Il n’est donc pas étonnant que, confronté à cette perspective, Jésus soit déterminé. Nous venons de lire : “Jésus prit avec courage la route de Jérusalem avec un visage déterminé. “Littéralement, le terme en grec est plus fort, signifiant : “Il durcit son visage“. 

Jésus veut aller jusqu’au bout de son chemin d’amour, d’un amour non violent. Pour nous aussi, c’est le seul chemin qui nous fait passer de la mort à la Vie.

En prenant cette décision, Jésus invite chacun de nous à Le suivre. En effet, sur cette route, il y a un appel, un appel à suivre Jésus dans un appel de plus en plus exigeant ! “Le fils de l’homme ne sait pas où reposer la tête“.Jésus sait très bien aussi que, répondre à son invitation - c’est-à-dire vivre en chrétien baptisé et annoncer l’évangile -, n’est pas de tout repos ! 

Son appel sera donc un appel à adopter sa manière de vivre. Observons alors, comment vit Jésus et faisons tout notre possible pour l’imiter ! Nous le savons, nous aurons à tenir dans la fidélité pour garder le cap. Cependant, ne nous décourageons pas et ne perdons pas le chemin, c’est-à-dire le Christ Lui-même !

Avançons ensemble quelques instants avec Jésus !

Nous traversons la Samarie ! Comme vous le savez, un différend important existe entre les Juifs et les Samaritains. Ils refusent alors d’accueillir Jésus et sa petite équipe parce qu’ils se dirigent vers Jérusalem. Que proposent Jacques et Jean en colère (ne sont-ils pas appelés les fils du tonnerre !) : “Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ?“ 

Depuis quelques mois, ils suivent Jésus, écoutent sa parole, mais ont-ils compris son enseignement  et le chemin vers la Croix que Jésus a entrepris… 

N’avons-nous pas parfois, nous aussi, un “jet de violence“ qui jaillit devant telle ou telle situation ? Pourtant, Jésus nous dit avec force : « Ne rendez pas le mal pour le mal, mais soyez vainqueurs du mal par le bien. » Suivre Jésus sans triomphalisme, c’est aller pas à pas, vers une véritable conversion.

 

Nous avons entendu aussi, que l’évangile est scandé par trois rencontres qui nous invitent à comprendre les trois attitudes des disciples qui veulent suivre Jésus.

- Première rencontre : voilà qu’un homme, sur la route, interpelle Jésus en prononçant cette phrase généreuse : “Je te suivrai partout où tu iras.“ Jésus a pu être honoré de cette affirmation, mais il a su découvrir une faille et mettre peut-être le doigt sur l’essentiel ; en effet, cet homme ne doute pas de sa capacité à le suivre jusqu’au bout. Il nous rappelle un peu l’Apôtre Pierre, déterminé lui aussi, puis capable un peu plus tard, de renier son Maître. Cet homme est sûrement sincère ; et nous que disons-nous ? Ne devons-nous pas être attentifs à ne pas trop compter sur nos propres forces ? Certes, il nous faut de l’enthousiasme, mais aussi demander la grâce de pouvoir tenir dans le temps.

- La deuxième rencontre est celle de cet homme qui entend Jésus lui dire : “Suis-moi.“Nous entendons, dans ces mots, un appel vocationnel. À beaucoup d’entre nous, Jésus dit : “Suis-moi.“Aie confiance N’aie pas peur ! Pas besoin d’être séminariste pour répondre à cet appel. Sans doute, Jésus a-t-il remarqué en cet homme, son désir de s’attacher et de s’engager à sa suite !

Le problème, c’est que cet homme semble avoir un agenda très chargé à respecter ; les choses sont toutes importantes : enterrer son père, n’est-ce pas le devoir d’un fils ? La réponse de Jésus peut paraître dure et cassante ; elle nous dérange peut-être… pourquoi cette réponse de Jésus ?

- La troisième rencontre est celle de cet homme qui donne une réponse bien légitime ; elle fait sans doute écho à la réponse d’Élisée à Élie dans la première lecture que nous avons entendue. Jésus appelle et l’homme répond : “Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord, faire mes adieux aux gens de ma maison.“ LittéralementSeigneur, je veux être avec toi, mais attends un peu … C’est un “oui“, certes, mais un “oui mais“ … un “oui plus tard “… Là aussi, la réponse de Jésus peut nous surprendre ; Jésus lui demande de ne pas regarder en arrière, vers le passé, mais de se tourner vers l’avenir, de creuser un sillon, c’est-à-dire une vie à accomplir, à réaliser.

Chers frères et sœurs, que devons-nous comprendre, pour nous, en ce dimanche ?

Que veut nous dire Jésus ?

Je vous propose deux interprétations rapides :

- La première interprétationest très concrète ; Jésus nous demande de ne pas rester immobile, de ne pas rester statique ! Il nous dit : marchez ! Allez de l’avant ! Soyez profondément libres dans votre façon d’être ! Ne vous laissez pas modeler par l’esprit du monde ou par la pression consumériste actuelle !

C’est ce que disait, déjà, saint Paul aux chrétiens de Galates dans la seconde lecture : “Ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage. “Nous constatons bien qu’aujourd’hui, nous avons beaucoup de sollicitations pour nous mettre sous « le joug » de différents esclavages. Saint Paul le réaffirme : “Vous avez été appelés à la liberté.“De fait, le chrétien est profondément libre et c’est Jésus qui nous rend libres.

Finalement, par les paraboles de l’enterrement du père, et celui de l’adieu aux gens de la maison, le Christ veut simplement nous inviter, si nous voulons marcher avec Lui, à nous libérer d’un certain nombre d’attaches ou d’esclavages qui nous tétanisent et nous empêchent, bien souvent d’avancer.

Jésus ne réprouve pas l’amour de la famille ; bien sûr que non ! Mais, Il veut nous prévenir du danger de l’immobilisme, du refus de nous laisse déranger, bousculer et de rester comme le dit le Pape François “bien confortablement installé dans son canapé“.

- La deuxième interprétationest également évidente ; entrer dans le Royaume de la Vie et de l’Amour (c’est le Royaume que Jésus nous propose), c’est, bien sûr, aimer les siens, se reconnaître frères et sœurs, mais aussi comprendre l’importance des actes que nous posons. 

- Tous nos gestes de patience, 

- tous nos actes d’amour à l’égard des autres, 

- tous les risques que nous prenons dans l’existence, 

- toutes les ruptures dans notre vie, volontaires ou non, 

tout cela… doit nous inviter à ne pas nous replier sur nous-mêmes, mais à avancer, en utilisant sans doute l’expérience du passé, mais sans rester figés dans un regard sans espérance ou découragé sur moi ou la société !

Frères et sœurs, la question que Jésus pose à ces trois hommes désireux de Le suivre est donc bien celle-ci : 

Dans un monde qui passe, l’Évangile c’est-à-dire la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu,

est-il pour toi le premier et le principal critère qui gouverne tes décisions ?

… et du coup, tout ce qui suit : l’amour du pauvre, cette facilité à s’engager dans la société, l’amour pour les uns et les autres.

À cette question, à cette invitation de Jésus, quelle est notre réponse, chers frères et sœurs ?

Cette réponse nous appartient !

Ce que nous pouvons faire, tout simplement, c’est de prier pour les uns et les autres, afin que nous arrivions à nous déterminer, à prendre le temps d’être avec Jésus.

Prions pour que l’Esprit de Dieu fasse de nous des êtres de décision, des êtres responsables toujours en capacité de discerner le vrai dans les événements de la vie, dans les événements du monde, toujours désireux d’accueillir le plus pauvre, celui qui a besoin de moi, et de garder en moi-même, la certitude de l’amour de Dieu et de la Vie éternelle.

Retenons ces deux critères :

  • Ne pas rester dans l’immobilisme, mais avancer,
  • Garder devant nous le but, c’est-à-dire le Christ et annoncer par toute notre vie, que le règne de Dieu est déjà là !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 24 juin 2019, Nativité de St Jean-Baptiste, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 1, 57-66.80. Livre du prophète Isaïe 49, 1-6. Psaume 138.

Actes des Apôtres 13, 22-26

 

Lors de la naissance d’un enfant, il n’est pas rare que les parents, la famille, les amis, en regardant ce petit bébé, puissent se dire : que deviendra-t-il ? Que deviendra-t-elle ?

C’est aussi cette question que tout le monde se pose lors de la naissance de cet unique enfant de Zacharie et d’Élisabeth. Ne l’oublions pas, cette maman était stérile ! 

Face à ce prodige, beaucoup d’entre eux pressentent pour cet enfant, un devenir particulier et ils expriment aussi une attente.

Dans ce contexte biblique, cette question : “Que sera donc cet enfant ?“ a une résonnance particulière. Ce « Que deviendra-t-il ? » est une vraie question, étant données les circonstances extraordinaires de sa naissance. Il semble évident que Dieu a un plan, un projet spécial pour lui.

Pour nous, la question est différente, puisque nous avons appris ce qui va advenir.

De fait, pour souligner l’importance de la naissance de Jean, l’Église célèbre le jour de sa nativité. Généralement, quand nous faisons mémoire d’un saint, nous retenons leur naissance à la Vie définitive, à la Vie éternelle, le “dies natalis“, c’est-à-dire le jour de leur passage de ce monde à l’autre, plus précisément, en réalité, le jour de leur naissance au Ciel. 

Notons que l’Église ne célèbre que trois naissances : celle du Fils de Dieu, celle de Marie et celle de Jean le Baptiste.

Aujourd’hui, nous célébrons la naissance de Jean en notre humanité. 

Cette naissance est capitale parce qu’elle marque la séparation entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. 

  • Le point central de l’histoire s’est déplacé. 
  • L’attente du peuple pour le Messie se réalise à ce moment.
  • Le Royaume de Dieu est à portée de mains.
  • La mission de Jean sera la proclamation de la venue du Messie.

Pourquoi ? Car : Dieu fait grâce !C’est bien la signification de son prénom, en hébreux, Yohänan : “Dieu fait grâce à tous les hommes“.

Chers frères et sœurs, que pouvons-nous apprendre de Jean, pour nous, ce matin ?

Jean est un prophète et plus qu’un prophète puisqu’il est envoyé par Dieu le Père, pour préparer la route de son Fils parmi les hommes.

Non seulement, Jean annonce la venue du Messie, mais il a eu cette mission importante de désigner Jésus, exprimée par ces mots : “Voici l’Agneau de Dieu, Celui qui enlève le péché du monde“.

La mission de Jean est la désignation du Messie ; elle est aussi la nôtre, à travers ce que nous sommes, à travers notre vie. Puisque nous sommes chrétiens, nous sommes invités à témoignerde deux bonnes nouvelles (au minimum) :

- Dieu fait grâce en notre vie !Ne l’oublions pas. Nous avons trop souvent tendance à ne retenir que les aspects les plus difficiles de la vie, et parfois, nous nous en plaignons… Dieu fait grâce !  La première grâce qu’Il nous offre, c’est cette assurance que nous sommes faits pour le Ciel et vivre pour toujours avec Lui.

- Nous sommes tous, des “Jean le Baptiste“,(d’une certaine façon). C’est notre deuxième mission. Nous avons tous à désigner l’Agneau de Dieu, à montrer et dire qui est Jésus pour nous !

Nous le savons : notre monde en a tant besoin !

“Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde“,c’est ce que nous entendons à chaque eucharistie. C’est bien Celui que nous sommes invités à désigner, par toute notre vie.

Ce matin frères et sœurs, demandons la grâce de garder cette fidélité à la mission de notre baptême. À travers notre prénom et un projet particulier pour chacun, Jésus nous redit que nous recevons, nous aussi, cette mission.

Ainsi soit-il !

Homélie du Mercredi 19 juin 2019, mercredi de la 11esemaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 6, 1-6.16-18. 2elettre de st Paul aux Corinthiens 9, 6-11. Psaume 111.

 

Nous sommes au mois de juin, mais ne trouvez-vous pas, chers frères et sœurs, que l’évangile de ce jour a un petit goût de Carême ?

En même temps, il est intéressant et il est bon de revenir aux fondamentaux, de se redire ce qui est essentiel à notre vie chrétienne. Pour mener le combat spirituel dans lequel chaque chrétien s’engage, le Seigneur nous redonne aujourd’hui, ses trois armes efficaces : l’aumône, la prière et le jeûne.

Peut-être avons-nous l’habitude d’utiliser ces moyens que le Seigneur nous offre, mais retenons que leur force va se révéler surtout suivant la manière dont on s’en sert.

Vouloir, à tout prix, obtenir une soi-disant reconnaissance des hommes est vain ; nous le savons bien ! L’objectif n’est pas d’exister ou de se valoriser aux yeux des hommes, mais de vivre dans le cœur de Dieu, dans cette intimité qui demeure dans le secret de notre cœur et dans le cœur de Dieu.

La prière consiste à entrer dans cette relation intime avec Dieu, dans un vrai dialogue, c’est-à-dire dans un échange de paroles, où l’on dit, où l’on s’écoute mutuellement, où je me donne.

Se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu !

Jeûner consiste aussi à faire de la place en nous pour permettre à Dieu de nous rejoindre.

Jeûner, ce n’est pas essayer de perdre quelques kilos superflus, c’est plutôt reconnaître que Dieu est notre unique nécessaire et que tout vient de Lui. En ce sens, si nous le comprenons bien, le jeûne est un chemin de libération, c’est-à-dire de maîtrise de soi sur les choses peut-être les plus simples de la vie.

Il peut se comprendre ou se conjuguer de différentes façons ; il n’est pas forcément un jeûne de nourriture.

L’aumône ! Nous touchons alors le sens premier de l’aumône qui est de donner, plus exactement de se donner à l’autre, avec la conviction, avec la certitude, que rien, non rien ne nous appartient. À chaque instant, nous recevons tout gratuitement de Dieu. Nos avoirs, nos biens, même s’ils sont importants, seront sans conséquence pour la Vie éternelle. Nous n’avons jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard ! (C’est une boutade, bien sûr.)

En écoutant la Parole de Dieu, nous avançons pas à pas, portés par la force de l’Esprit-Saint, dès lors que nous avons accepté la première conversion qui a décidé du sens de notre vie. C’est bien ce désir d’un intime cœur à cœur avec Dieu qui nous anime au plus profond de nous-mêmes.

Les moyens qui nous sont donnés vont tout simplement nous permettre d’entrer davantage dans le don de nous-mêmes à Dieu, et le don de nous-mêmes aux autres.

Frères et sœurs, n’attendons pas le prochain Carême pour accueillir et utiliser ces trois armes. Mettons-les en pratique, elles sont réellement efficaces !

Poursuivons simplement, notre chemin d’amitié avec Dieu, tout au long de ce jour !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 17 juin 2019, lundi de la 11esemaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 38-42. 2elettre de Saint Paul aux Corinthiens 6, 1-10. Psaume 97.

 

Voilà des paroles bien surprenantes de la part de Jésus, des paroles qui ont déclenché souvent de nombreux commentaires et des incompréhensions.

- Comment tendre la joue droite, lorsqu’on a été frappé, déjà, sur la joue gauche ? Est-ce possible ?

- Comment comprendre cette attitude provocante, car dans notre société, elle est souvent interprétée comme un signe de faiblesse ? Habituellement, seuls les faibles se laissent battre, frapper, insulter !

Par ces mots, que veut nous dire Jésus, particulièrement ce matin ?

Pour mieux le comprendre, il nous faut Le contempler et saisir ce qu’Il vient radicalement renouveler. Quelle est la nouveauté en Jésus ?

En sa personne, Il a tué la haine. C’est Saint Paul qui l’affirme dans l’Épître aux Éphésiens : « En sa personne, il a tué la haine. » (Ep 2, 14)

L’amour dans le Christ, ne laisse pas la moindre place à la vengeance ni au désir d’infliger à l’autre la violence qu’il a (peut-être) commise envers nous. Cela se manifeste d’une manière dense et très belle, sur la Croix, lorsque Jésus demande au Père de pardonner à ses persécuteurs, au moment même où ceux-ci le crucifient.

Ce ne sont pas seulement de belles paroles ! Jésus les vit intégralement pour Lui-même.

Le témoignage des nombreux martyrs qui ont vécu de telles souffrances, nous apprend que cela n’est pas une fable, ou une belle histoire pour les enfants.

Voilà le point capital ! 

Reconnaissons que, bien souvent, notre cœur est meurtri, lacéré, blessé, par les violences que d’autres ont commises envers nous, volontairement ou non. L’amour peut nous transformer au point d’enlever de notre cœur, toute trace de violence.

Si nous regardons l’histoire de notre vie, nous pouvons nous apercevoir que nous avons encore plein de traces de mauvaises expériences, paroles ou actes, qui nous ont été faites, qui nous font encore souffrir, et qui nous font encore mal.

Il nous arrive, de temps en temps, de sentir en nous-mêmes, monter une « bouffée de violence », de révolte contre le monde, contre l’autre ou les autres, parfois même contre celui qui ne m’a rien fait… mais, le plus souvent contre moi-même !

Le Christ nous a laissé un modèle, afin que nous puissions suivre son chemin.

- Lui, qui n’a pas commis de péchés, 

- Lui dont on n’a entendu aucun mensonge ou insulte sortir de sa bouche, 

- Lui qui a souffert et l’a accepté sans menacer ni insulter, 

- Lui qui s’est abandonné à Celui qui juge avec justice 

… Lui-même a porté nos péchés, dans son Corps, sur le bois, afin que morts à nos péchés, nous vivions par la justice et l’amour. 

Plus encore…“Par ses blessures, nous sommes guéris.“ complète saint Pierre.

Ce que Jésus est en train de manifester d’une façon extraordinaire, c’est cette victoire sur la haine, même au prix de notre mort ! Cette victoire déracine le mal de notre cœur, un mal encore présent dans ce monde. 

Cette victoire du Christ, nous ouvre à la Vie éternelle ! Plus encore, elle peut être un exemple, une invitation à nos agresseurs même, d’emprunter à leur tour, ce chemin.

Voyez ! La folie de Dieu va jusque-là !

Alors, si vous le voulez bien ce matin, humblement, peut-être même douloureusement, présentons au Seigneur toutes nos pensées de haine, toutes nos vieilles rancœurs qui sont autant d’acidité ou de vinaigre au fond de notre cœur !

Demandons-Lui de nous aider à apprendre à aimer comme Il aime,

à pardonner comme Il pardonne

et d’aimer, même nos ennemis,

peut-être simplement en priant pour eux, aujourd’hui !

À certains moments de notre vie, cela n’est pas simple ; c’est une grâce à demander, car avec Lui et l’Esprit Saint, rien n’est impossible à Dieu !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 16 juin 2019 - Ste Trinité + Jubilé de Sr Marie Danielle

Homélie du dimanche 9 juin 2019, Solennité de la Pentecôte, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 15-16.23b-26. Actes des Apôtres 2, 1-11. Psaume 103. 

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 8-17. Séquence.

 

 

Chers amis, 

Comme les Apôtres, avec Marie et les autres disciples, dans la “chambre haute“ à Jérusalem, nous voici rassemblés ce soir, unanimes (en tout cas je le souhaite) dans la prière, unanimes aussi dans l’attente d’un renouveau pour chacun de nous. Une fois de plus, l’Esprit Saint nous réunit en cet anniversaire de la première Pentecôte, anniversaire toujours actuel, toujours présent du don de l’Esprit Saint. Sans aucun doute, nous ne repartirons pas comme nous sommes arrivés ce soir.

- Pourquoi ? Parce que nous recevons de l’Esprit, à nouveau, une mission universelle, 

- Pourquoi ? Pour entendre que nos différences ne sont pas un obstacle pour former une communauté fraternelle, missionnaire, audacieuse.

- Pourquoi ?Pour accueillir à l’intime de nous-mêmes une Pentecôte intérieure, qui nous invite sans peur à oser annoncer, à mettre en action nos charismes et nos talents au service de la mission et de la fraternité. 

Soyons certains que c’est toujours l’Esprit Saint qui anime l’Église !

Mais est-ce si évident pour nous tous ? D’ailleurs, est-ce que je prie l’Esprit Saint ?

Qui est pour nous l’Esprit Saint ?

Il y a quelques jours, j’avais une rencontre avec des fiancés qui se préparent à recevoir le sacrement du mariage. Comme vous le savez, lorsque ces fiancés se donnent l‘un à l’autre lors de ce sacrement, l’Esprit Saint est présent, il est même communion d’amour ! Au cours de cette discussion, je ressentais qu’ils étaient un peu confus à propos du Saint Esprit ; non seulement, ils semblaient ne pas comprendre ce qu’était sa nature, mais de plus, ils semblaient n’avoir aucune idée de ce que l’Esprit Saint est supposé accomplir en eux.

Et nous, qu’en est-il pour nous, ce soir ? 

Qu’est-ce que l’Esprit Saint veut accomplir en nous ? 

Que veut-il nous donner, pour notre propre édification et aussi pour la mission ?

Pour être plus concret, je retiens, ce soir pour nous,trois enseignements.

Premier enseignement : pour nous chrétiens, le mystère de Pâques (la fête de Pentecôte est dans cette continuité) est une création toujours nouvelle, toujours actuelle. C’est un monde nouveau ; c’est une terre nouvelle ! L’expérience que vivent les Apôtres et les disciples, le jour de Pentecôte, est d’une nouveauté incroyable ! 

Posons donc cet acte de foi ! L’Esprit Saint promis par Jésus vient à nous, ce soir.

Cependant, certains vont me dire, si nous avons été sensibles à la première lecture, que cette journée a pu être calme et qu’elle ressemble aux autres jours, tous semblables, que nous n’avons pas entendu, en entrant, (ou pas encore) souffler un vent de tempête, ni vu de petites flammes briller au-dessus de nos têtes, que nous ne sommes pas encore trois mille se demandant ce qui nous arrive, et entendre chantées les merveilles de Dieu dans toutes les langues !

Pourtant ! L’Esprit Saint nous envoie oser une parole, nous aussi, jusqu’aux confins du monde, c’est-à-dire plus concrètement, jusqu’aux confins de notre monde : au pied de notre immeuble, chez notre voisin tout proche, au cœur de notre famille, sur notre lieu de travail…  car c’est là que nous sommes déjà envoyés !

Ce qui est sûr, c’est que nul ne peut entrer dans l’amour de Dieu sans entrer aussitôt dans son œuvre.À chaque fois que l’Esprit rassemble une communauté (comme nous ce soir), c’est pour la mettre en état de mission, en route vers la mission. 

À tous ces missionnaires, c’est-à-dire à nous tous, dans cette union à Dieu, l’Esprit Saint demande au moins trois choses :

-      Que nous participions avec audace et passionnément à l’unité !Que nous soyons une communauté fraternelle, audacieuse, qui se met en action.

-      Que nous soyons audacieux dans l’accueil de notre diversité !De fait, nous sommes tous différents par nos origines, nos langues, nos pays…

-      Que nous osions être des témoins joyeux du Christ

L’Esprit Saint est donné à tous et à nous, disciples-missionnaires, donné et redonné à de nombreux moments de notre vie, tout particulièrement dans les sacrements. Cela est vraiment nécessaire, car il nous arrive trop souvent d’être des chrétiens essoufflés, des chrétiens manquant de souffle !

Alors, chaque Pentecôte est aussi ce moment privilégié pour reprendre conscience que cette Église, aussi bien organisée soit-elles’il lui manque le souffle de l’Esprit, elle n’est plus du tout l’Église de Jésus-Christ !Elle devient une association caritative, certes sympathique, ou une ONG parmi tant d’autres. Ce qui anime l’Église, c’est le souffle de l’Esprit Saint qui conduit l’Églisedepuis plus de vingt siècles, même si nous constatons que l’homme est parfois inconstant ou décevant, et même un « anti-témoin » !

Deuxième enseignement donné par saint Paul, dans la deuxième lecture : « L’Esprit fait de vous des fils. Poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant : Abba ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. »

·      Nul ne peut appeler Dieu : “Abba“, Père ou dire la prière du Notre Père, sans l’aide de l’Esprit Saint !

·      Nul ne peut dire : « Jésus est Seigneur ! », sans l’aide de l’Esprit Saint,

·      Nul ne peut proclamer le Credo de l’Église, sans l’aide de l’Esprit Saint,

·      Nul ne peut communier au Précieux Corps et au Précieux Sang, sans l’aide de l’Esprit Saint,

·      Nul ne peut dire que nous sommes aimés de Dieu et que nous sommes faits pour le Ciel sans l’aide de l’Esprit Saint

On peut connaître toutes sortes de choses sur Jésus, on peut être aussi savant qu’un dictionnaire, on peut même connaître la Bible par cœur et toutes nos prières, et peut-être plus encore…

Mais sans l’Esprit Saint : 

·      Nous ne pouvons pas dire que nous sommes enfants de Dieu, fils et filles bien-aimés du Père,

·      Nous ne pouvons même pas dire que nous sommes héritiers avec le Christ ; héritiers de l’amour du Père, pour être avec Lui dans la gloire et la Vie éternelle ! 

- Le Troisième enseignementce soir, demande à être éclairé sur un point important : si l’Esprit Saint vient pour que notre volonté s’accorde avec celle du Christ, ce n’est pas pour le faire contre nous, ou sans nous. C’est un problème récurrent dont on me parle assez régulièrement ! Nous attendons que l’Esprit Saint fasse toutes choses à notre place : « Esprit Saint, ce serait bien si Tu pouvais faire ceci… Esprit Saint, ce serait bien si Tu pouvais accomplir  cela … » Par exemple, j’entends trop souvent des questions à propos des guerres qui arrivent partout dans le monde… Est-ce que c’est Dieu qui fait les guerres, ou est-ce l’homme ?

Permettez-moi une caricature certes « improbable et un peu provocante » : croire que je suis chrétien, tout en restant en pantoufles dans mon canapé devant la télévision, tout en espérant que le monde change et que mon voisin sur le palier d’à côté fasse la rencontre du Christ, sans que je bouge le petit doigt … Non ! Ça ne marchera pas !!! … en tout cas pas sans nous. De même pour un jeune qui passe ses journées sur son Smartphone ou devant une console de jeux et qui, au moment de l’examen devant sa page blanche, prie l’Esprit Saint pour qu’Il guide son stylo, non ! Ça ne marchera pas, pas plus sans nous !!!

L’Esprit Saint ne fera rien à notre place !

Par contre, si je cherche à ressembler au Christ, à vivre une vie de prière, si je veux que ma vie soit transformée par Lui, radicalement, alors oui, l’Esprit Saint sera là pour m’aider à avancer, pour me conseiller. À chaque effusion, à chaque sacrement reçu comme l’eucharistie que nous allons vivre dans quelques instants, l’Esprit Saint essaiera de faire naître ce désir en moi, mais il ne le fera pas à ma place ! 

Il me reviendra toujours de décider de choisir le Christ !

Choisir, c’est renoncer ! Choisir le Christ comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture, c’est “renoncer à l’emprise de la chair“.

Alors oui, frères et sœurs, osons demander d’être renouvelés dans l’Esprit Saint ! C’est vrai qu’en faisant cette demande, l’Esprit Saint va me transformer, Il va me conseiller. C’est sûr également, que si je commence à suivre l’Esprit Saint, je ne sais pas jusqu’où cela va me conduire !

L’Esprit Saint va bousculer au fond de moi ce qui doit l’être, Il va renouveler ce qui doit l’être !

C’est la grâce que je peux demander ce soir :

Que ce Souffle nouveau vienne sur notre monde meurtri, parfois déchiré,

sur moi et sur nous-mêmes alors que mon cœur peut être divisé,

qu’Il réveille en moi tous les dons,

tous les fruits qui trop souvent sommeillent en nous, ces dons reçus le jour de notre baptême, renouvelés le jour de notre confirmation.

Frères et sœurs, redemandons ses sept dons sacrés : le don de sagesse, ce don d’intelligence, ce don de conseil, ce don de force, ce don de science, ce don de piété,ce don de crainte respectueuse de Dieu : lequel est endormi chez nous ?

Qu’Il nous renouvelle aussi dans les fruits ! Si vous les avez oubliés, relisez la Lettre aux Galates, chapitre 5. Peut-être que là aussi, certains pourraient faire défaut  à ma vie !

S’il vous en manque un, deux ou tous, demandez-le (s) au Seigneur : « Seigneur, ce fruit-là, j’en ai absolument besoin ! » 

Avez-vous ce fruit de l’amour, lacharité, ce fruit de lajoie, celui de la paix ? Avez-vous celui de la longanimité,on l’appelle aussi la patience à supporter les souffrances et contrariétés et, comme le dit le Pape François, “supporter ceux qui nous cassent les pieds“ ? Depatience ! Êtes-vous patients ? Avez-vous le fruit de la serviabilité ? Avez-vous ce fruit de laconfiance ? De confianceen vous-mêmes, confiance dans les autres, confiance en Dieu ! Avez-vous ce fruit de labontécelui de la douceur, le fruit de la maîtrise de soi, c’est-à-dire ne pas s’énerver ou être « soupe au lait » ?

Frères et sœurs, en ce jour de fête de la Pentecôte, osons demander pour chacun de nous, les dons et le fruit de l’Esprit Saint dont j’ai besoin pour la Mission !

Viens Esprit de sainteté, viens Esprit de lumière,

Viens Esprit de Feu, Viens nous embraser !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 9 juin 2019 - Pentecôte

Homélie du mercredi 5 juin 2019, mercredi de la 7esemaine de Pâques, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 17, 11b-19. Actes des Apôtres 20, 28-38. Psaume 67.

 

Nous sommes à quelques jours de cette belle et grande fête de Pentecôte, début de l’Église missionnaire.

Il y a peu de temps, j’étais en réunion avec des jeunes couples. Tout naturellement, nous parlions de la Pentecôte et je leur ai posé cette question : 

« Qu’attendez-vous à l’approche de cette fête ?  Qu’attendez-vous de Dieu ? »

L’un d’entre eux m’a répondu qu’il attendait une explication, car il ne comprenait pas le sens de sa vie ; cette réponse a libéré la parole des autres. Un autre a répondu : « Une réponse à ma quête, car je cherche… » Un autre a surenchéri en disant : « Un approfondissement. » ou : « Un renouvellement ! »

Beaucoup d’entre eux sont restés sans réponse, ils ne savaient que dire…

Qu’attendez-vous de l’Esprit Saint ???

Non seulement ils ne savaient pas, mais ils avaient même du mal à formuler une demande ou à exprimer un but. 

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous ? Je m’aperçois que, au sein de la Trinité, l’Esprit Saint reste bien souvent un mystère.

Qu’attendons-nous de cette fête de Pentecôte ?

Pour ces jeunes, soit ils n’ont rien entendu, ou pas compris ce qui leur a été dit, soit personne n’a pris véritablement le temps de leur parler de l’Esprit Saint !

Or chaque jour, à qui sait entendre, l’Esprit Saint vient sur nous; à chaque eucharistie, c’est l’Esprit Saint qui nous permet de comprendre ce que sont le pain et le vin après la consécration : le Corps et le Sang du Christ. Chaque fois que nous vivons intimement un sacrement, c’est l’Esprit Saint qui me permet d’entendre « Jésus est Seigneur » et de comprendre comment mettre en œuvre les dons qu’il m’offre.

Alors, de quelle façon nous préparons-nous à cette fête ?

Comment attendons-nous ce renouvellement des dons et de la force de l’Esprit Saint pour chacun de nous ?

Une chose est sûre : nous vivons déjà des dons et des grâces de l’Esprit Saint, même s’ils sommeillent en nous !

Je constate que certains chrétiens pratiquants pourraient être tentés de vivre ce temps :

- dans l’indifférence,

- dans une certaine appréhension du bouleversement que l’Esprit Saint pourrait déclencher dans leurs vies : « N’allons pas trop vite, ou trop fort… tout doux ! »

- dans une espérance molle mêlée à une certaine lassitude…

Au contraire, soyons comme les vrais disciples unanimes dans la prière, regroupés filialement autour de Marie au Cénacle, unis dans une même confiance au Christ ressuscité.

Ne craignons pas d’écouter l’appel de l’Esprit Saint, même si cette écoute risque de nous engager toujours un peu plus dans la mission ! 

C’est vrai ! Si je dis au Seigneur : « Me voici ! », Il va me prendre au sérieux et me demander des choses que je ne soupçonne même pas. Nous savons qu’Il me donnera la force de les réaliser.

Alors, je vous invite à une méditation, pour aujourd’hui : où en suis-je de ma connaissance sur Celui qui ne cesse de venir aujourd’hui sur l’Église et sur chacun de nous, Celui que Jésus appelle “la promesse du Père“ et que Lui-même nous a promis et envoyé conjointement avec son Père ?

Frères et sœurs, de grâce, n’ayons pas peur !

Posons-nous les bonnes, les vraies questions ! Osons faire confiance à Dieu ! Faisons-nous “capacité“ ; ouvrons-nous, ouvrons notre cœur, afin que Dieu, par son Esprit Saint, emplisse notre vie en faisant une création nouvelle ! Ce sera Sa joie et aussi notre joie, pour nous-mêmes, et pour la communauté dans laquelle nous sommes “plantés“ ! 

Notre mission n’est-elle pas de témoigner de Dieu au cœur de ce monde ?

Viens, Esprit Saint, renouveler ma vie !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 3 juin 2019, lundi de la 7esemaine de Pâques, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 29-33. Actes des Apôtres 19, 1-8. Psaume 67.

 

Peut-être est-ce en lien avec le sacrement de l’onction des malades que nous avons vécu samedi dernier, en l’église saint Vincent de Paul, que ma méditation sur l’évangile d’aujourd’hui, s’est arrêtée sur une toute petite phrase que Jésus vient de nous dire : “Vous me laisserez seul…“ 

 

Je suis frappé par la solitudeque beaucoup de personnes, dans notre société, disent subir, même si des liens existent, même si l’on peut trouver des lieux où l’on peut partager et être accueilli.

Peut-être percevez-vous cette solitude dans laquelle beaucoup vivent, et peut-être nous-mêmes…

- C’est la solitude des personnes malades ou âgées. Je m’en aperçois quand je rends des visites dans des Ehpad,

- C’est la solitude des parents qui voient leurs enfants partir chacun de leur côté,

- C’est la solitude des époux au moment où ils traversent des difficultés,

- C’est la solitude aussi des adolescents, des jeunes derrière leurs écrans, peut-être pas tous… mais tout de même, affichant un nombre conséquent et incroyable d’amis virtuels, et exposant leurs vies à un certain voyeurisme, tout simplement parfois pour exister !

- C’est la solitude encore dans notre paroisse, où des chrétiens espèrent un soutien fraternel fort et qui s’aperçoivent, les années passant, que les liens s’étiolent, en oubliant d’être eux-mêmes force de vie et de propositions.

… /… et bien d’autres solitudes encore.

Jésus a, lui aussi, connu la solitude, beaucoup plus que nous pourrions l’imaginer ! On le pense toujours chaleureusement entouré de nombreux disciples, et de beaucoup de personnes qui accourent vers Lui pour poser des questions ou demander une guérison, ou d’autres choses, mais Jésus a vécu la solitude à plusieurs moments !

Rappelez-vous ! 

- En Jean 6 par exemple, une première fois après son discours sur le Pain de vie dans la synagogue de Capharnaüm, lorsque Jésus demande aux Douze : « Vous voulez partir, vous aussi et me laisser seul ? »

- La nuit de son agonie a été un autre moment terrible de solitude pour Jésus, lorsque revenant vers ses disciples, Il les trouve endormis. « Ainsi… », leur dit-il : «  … Vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ? » (Mt 26)

- Ou encore au moment de son arrestation lorsque tous les disciples sont partis ; Pierre l’a renié et Il est seul, devant ses accusateurs.

Jésus a donc souffert de solitude, mais Il ne s’y est jamais arrêté, car sa solitude humaine était  habitée par une présence infiniment douce, infiniment forte, celle de son Père, Source de sa mission et modèle de son action. À plusieurs reprises, nous l’avons entendu dire : « Je ne suis pas seul, puisque le Père est avec moi. » Nous l’avons aussi entendu dans l’évangile d’hier : « Mon Père et moi, nous sommes UN. »

Alors, que devons-nous faire ? Comment réagir ?

- Déjà par la prière, à l’intime de nous-mêmes, nous pouvons rechercher et vivre cette unité avec notre Dieu trois fois saint, pour demander, plus particulièrement en ces jours, la force de l‘Esprit Saint.

- Peut-être aussi, en vivant notre solitude, à l’image de celle de Jésus, c’est-à-dire en laissant dans nos journées, une place grandissante à la tendresse de Dieu,

- Sans doute aussi, en cherchant la paix, en vivant l’unité de, et dans la Trinité ; demeurer dans cette proximité “Père, Fils et Esprit Saint“, et dans l’amitié avec celles et ceux qui nous entourent.

Ce que je perçois, c’est que ce qui construit une amitié solide, c’est cette capacité que nous avons de nous mettre en mission, en action, c’est oser annoncer ensemble le Christ, se découvrir, au sein de notre communauté paroissiale, frères et sœurs porteurs d’une même mission : aller au-devant des autres, au-dehors, dans la rue, dans les Ehpad, dans nos familles.

Ayons cette audace d’annoncer le Christ ensemble et de nous découvrir frères et sœurs !

C’est à cette mission que nous sommes tous appelés, à former une communauté fraternelle forte !

Demandons cette grâce pour chacun de nous, et prions plus particulièrement pour les personnes isolées et souffrant de solitude !

Ainsi soit-il !

Homélie du jeudi 30 mai 2019, Ascension du Seigneur, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 24, 46-53. Actes des Apôtres 1, 1-11. Psaume 46.

Lettre aux Hébreux 9, 24-28 ; 10, 19-23. 

 

Cette fête de l’Ascensionexprime une réalité importante de notre foi chrétienne ; c’est réellement une fête majeure de notre vie unie au Christ ! Nous le savons, mais je ne suis pas complètement certain que nous mesurions véritablement ce qui se passe aujourd’hui ! 

Il y a quelques jours, alors que je me trouvais avec les enfants du catéchisme, nous parlions de la fête de l’Ascension. Alors, un jeune enfant (huit ou neuf ans) s‘exclama : « Moi, j’ai tout compris ! Jésus a pris l’ascenseur. » Ce n’est pas faux ! Jésus a pris l’ascenseur et, de fait, cet ascenseur est toujours disponible pour chacun de nous…

Comment comprendre cette fête de l’Ascension ?

Je vous invite, très simplement, à réfléchir ensemble quelques instants, sur le sens de cette fête. Pour cela, je vous propose quatre points, les voici :

1- C’est à la fois, la fin d’un rêve et le début d’une espérance nouvelle. 

2- C’est aussi un mystère d’absence et de présence.

3- L’Ascension du Seigneur est l’achèvement de son incarnation.

4- L’Ascension du Seigneur est une promesse, la promesse du don de l’Esprit Saint, qui est le début de l’Église.

 

- Premier point : C’estla fin d’un rêve

Pour les Apôtres, c’est la fin du rêve d’un rétablissement du royaume d’Israël tel qu’il avait existé au temps de la puissance du roi David. Comme le souligne le récit des Actes des Apôtres que nous venons d’entendre en première lecture, les disciples avaient encore ce rêve, même après la mort et la résurrection de Jésus. Au moment où ils sont réunis autour de Jésus, ils lui demandent en effet : “Seigneur est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir la royauté pour Israël ?“ (Ac 1,6). 

La trahison, l’arrestation, la Passion, la Mort et la Résurrection de Jésus n’ont pas complètement ruiné cet espoir. De fait, nous le savons bien, Jésus ne rétablira pas le royaume d’Israël ! Mystérieusement, ce rêve existe toujours à notre époque ! Nous aimerions tellement que d’un claquement de doigts, notre monde, notre société changent et que Jésus règne sur notre terre, tel un monarque omnipotent ! Ce n’est pas le plan de notre Seigneur ; c’est nous qui devons changer le monde !

L’Ascension est bien la fin d’un rêve et le début d’une espérance nouvelle !

Pourquoi ?

Celui qui monte au ciel devant les yeux ébahis de ses disciples, n’est pas quelqu’un qui nous abandonne,il estcelui qui nous entraîne à sa suite, Il nous guide vers notre devenir !Quand nous le voyons « s’en aller » comme les disciples l’ont vu « disparaître », nous pouvons certes, être troublés, saisis de crainte, peut-être même de doutes. Qu’allons-nous devenir s’il n’est plus là ?Mais Jésus leur avait dit pourtant, pour les préparer : “Il est bon pour vous que je m’en aille“, sinon vous n’aurez pas l’Esprit Saint.Il est bon pour vous que je m’en aille…

Jésus nous quitte, non pour nous abandonner, mais pour assurer à l’humanité une présence infiniment plus large !Il ne s’agit plus simplement d’être au milieu de quelques centaines de personnes, il y a presque deux mille ans, mais d’être présent à l’humanité entière (un peu plus de sept milliards aujourd’hui), à travers l’espace et à travers le temps. Cela est possible par la puissance de l’Esprit manifesté à travers la vie de son Corps qui est l’Église, et que nous sommes aussi. Nous sommes le corps du Christ, et le Christ est la tête ! Notre espérance est là !C’est notre certitude !

Comment pouvons-nous traduire cela ? “Là où la tête est passée, là aussi le corps tout entier passera !“(Les mamans qui ont déjà accouché, comprennent tout à fait ce que je suis en train de dire !)

 

- Deuxième point : Mystère d’absence et de présence. Dans les Actes des Apôtres, nous pouvons lire : “Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.“

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Jésus est avec nous "jusqu'à la fin du monde" ! Notre société, notre époque parfois si contradictoires, ne doivent pas nous impressionner ou nous tétaniser. Pour nous, les chrétiens, ce n’est pas le moment d’être dans une attente stérile, peureuse ! Être chrétien, c’est agir,c’est oser avanceravec audace ; c'est aussi l'occasion de rendre grâces, d’être émerveillés de la Création, d’être désolés de l’orgueil de l’homme, mais d'entrer dans le pardon de Dieu. Ce n’est pas une raison pour craindre l'avenir, mais plutôt pour témoigner du Salut de Dieu en fonction de nos charismes et de nos capacités. Le monde a tant besoin de témoins du Christ qui osent témoigner de son amour !

Nous ne pourrons le faire qu’avec nos mains, notre cœur, notre intelligence pour changer, nous-mêmes tout d’abord, puis ceux qui sont autour de nous, puis, par contagion, par capillarité, changer peu à peu les esprits, afin que le monde entre dans une vraie solidarité, une réelle charité.

Pourquoi ne faut-il pas craindre l’avenir ? Parce que ce monde n'est encore qu'à l'aurore de la foi,et Jésus, le Seigneur du temps et de l'histoire, donne rendez-vous aux hommes et aux femmes de tous les temps. Nous avons une mission : préparer aussi nos enfants et les générations à venir à ne pas avoir peur ; mais avec confiance, annoncer cette espérance que Dieu a enracinée dans le cœur des croyants ! C’est la mission de notre Église.

Jésus est avec nous"tous les jours" ! Cela n’est pas une promesse, mais une réalité ! C'est sa présence au quotidien qui donne un sens à nos projets, à nos efforts, à tous nos gestes de charité, de compassion et d’amour que nous donnons autour de nous. Jésus est présent aux moments des grandes joies de son Église ; mais il l’est tout autant quand l'Église peine à trouver sa route, ou qu'elle doit “ramer contre vents et tempêtes“.

 

- Troisième point : L’Ascension du Seigneur est l’achèvement de son Incarnation pour un retour au Père !Prenons une image !L’Ascension est le pendant de Noël : à Noël, Jésus vient dans notre humanité, un petit bébé, tout comme nous, excepté le péché. À l’Ascension, c’est le sens inverse : Jésus remonte vers son Père. Déjà, l’Ancien Testament annonçait la venue du Messie, du Libérateur. Dès ses premières pages, l'Évangile s’ouvrait sur une incroyable espérance: celle de la naissance de l'enfant de Bethléem qui venait au monde pour êtrel’EmmanuelDieu avec nous. Ce même Évangile se referme, en cet aujourd'hui de l'Ascension, sur cette même assurance, étendue à toutes les nations et à tous les siècles : 

Le Christ est toujours avec nous, Il est l’Emmanuel ! Le Christ reviendra dans la gloire.

À chaque eucharistie, nous réaffirmons cette certitude ; savez-vous à quel moment ?

C’est au milieu de la prière eucharistique, juste après la consécration, lors de l’anamnèse. C’est alors que toute l’assemblée répond dans un acte de foi : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus. Nous célébrons ta Résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ! » 

 

- Quatrième point : que devons-nous retenir pour nous, ce matin ? 

Tout cela à la fois ! 

L’Ascension est l’annonce d’une espérance nouvelle, mais surtout et en plus, la promesse du Don de l’Esprit Saint : Dieu ne nous laisse pas seuls ! L’Ascension est l’annonce d’une espérance nouvelle, car elle nous invite à vivre notre propre Pentecôte, toujours renouvelée, toujours saisissante, toujours enthousiasmante ! 

N’ayons aucun doute ! N’ayons aucune peur !

L’évangile de ce jour nous dit que les disciples retournèrent à Jérusalem, juste après l’Ascension de Jésus et ils étaient “en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. “C’est l’assurance que Dieu ne nous abandonne pas. 

Cette certitude nous procure une joie profonde ! Cependant, nous savons bien que nous ne sommes pas parvenus au terme de notre chemin sur cette terre ; nous sommes des pèlerins ! Au cours de ce long voyage, Dieu nous accompagne avec son Esprit Saint, pour que nous avancions, dans une “succession de Pentecôte“.

Comment ?

À partir d’aujourd’hui, et cela jusqu’au jour de Pentecôte, neuf jours vont s’écouler, c’est une neuvaine !   

Je vous invite à vivre profondément, en communion les uns avec les autres, à entrer dans cette première Neuvaine, cette neuvaine originale ! Chaque jour, une, deux, dix fois par jour peut-être, le matin, le soir, dès que vous le pouvez,je vous invite activement à demander d’être renouvelés dans la force de l’Esprit Saint.Prions, priez le Veni Creator ! Chantons l’appel à l’Esprit Saint ! Ouvrons notre cœur, afin que nous soyons comblés et renouvelés des grâces et des dons que le Seigneur veut nous donner pour être emplis de sa joie ! 

Portons autour de nous cette certitude que Dieu ne nous abandonne pas ! 

Demandons pour nous tous ici rassemblés, présents, et aussi pour celles et ceux qui n’ont pas pu être là, pour les membres de nos familles, nos amis et pour le monde entier, d’être renouvelés eux aussi joyeusement dans les grâces et les dons de l’Esprit Saint !

Viens Esprit Saint, viens en nos cœurs, viens Esprit Saint, viens Consolateur !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Jeudi 30 Mai 2019 - Fête de l'Ascension

Homélie du lundi 27 mai 2019, lundi de la 6esemaine de Pâques, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 26 à 16, 4a. Actes des Apôtres 16, 11-15. Psaume 149.

 

Comme pour celles et ceux qui participaient à l’eucharistie, hier soir, je me permets simplement de repréciser que nous sommes, aussi bien avec le chapitre 14equ’avec les chapitres suivants de l’évangile selon saint Jean (jusqu’au chapitre 17e), au moment du repas du Jeudi soir, c’est-à-dire lors de la Sainte Cène.

Judas vient de quitter la table pour accomplir sa triste besogne. Sur le ton de la confidence, Jésus explique aux disciples, à ses Apôtres, ce qui va advenir.

Ce matin, c’est bien un testament spirituel que nous entendons, avec les différents détails, les différents moments qui vont arriver dès l’arrestation de Jésus : sa Passion, sa mort, sa Résurrection, ainsi que ce que nous allons vivre dans quelques jours, son Ascension, c’est-à-dire le retour de Jésus vers son Père et la promesse du don de l’Esprit Saint. C’est ce que nous fêterons plus particulièrement le dimanche de Pentecôte, le 9 juin.

Nous sommes donc au chapitre 15e, toujours dans le discours de Jésus après la Cène. Après avoir entendu l’image de la vigne et des sarments, Jésus insiste longuement sur cette nécessité de l’amour fraternel avec ce commandement : « Aimez-vous les uns, les autres. » (Jn 15,17)

Et puis, d’un seul coup, le ton change ! C’est le thème de la persécution et même de la haine, qui devient central. C’est ce que nous venons d’entendre : « Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. »(Jn 15,18)

Quand saint Jean parle du « monde », il donne à ce mot une connotation très particulière ; pour lui, le “monde“ est celui du refus. Rappelez-vous le Prologue de saint Jean ! « La lumière est venue dans le monde, et le monde ne l’a pas reconnu »(Jn 1,10)

 Le monde ne l’a pas acceptée, il l’a même refusée ! C’est ce monde qui a poursuivi Jésus de sa haine, avant de la reporter sur ses disciples. 

C’est justement à propos de cette haine du monde vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis de Jésus, que, pour la troisième fois, Il nous parle du Paraclet. Je ne suis pas certain que, durant ce repas, les disciples aient tout compris de ce que Jésus était en train de leur dire. Pour mieux saisir ses paroles, il va falloir qu’ils vivent réellement la mort de Jésus, sa Passion et sa Résurrection, et même encore un peu plus tard, le temps de la Pentecôte, afin que l’Esprit Saint leur explique tout ce qui s’est passé, et leur permette de se souvenir de ce que Jésus leur avait annoncé.

« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. » (Jn 15,26)

Cette promesse que Jésus est en train de faire est à la fois importante et rassurante ; pourquoi ? Parce que, nous, comme les disciples, nous ne restons pas sans soutien, sans aide. C’est une promesse ! En même temps, nous percevons bien que ces paroles sont si denses qu’il faut les déployer l’une après l’autre, paisiblement, en les goûtant, en les découvrant, en les comprenant, et en rendant grâce.

C’est pourquoi il est bon, tout au long de cette courte semaine, de nous replonger dans ces chapitres, du 14eau 17e, peut-être pour goûter encore une fois ce que Jésus veut me dire.

Le Paraclet, c’est-à-dire à la fois : le Défenseur, l’Avocat, le Porte-parole, l’Intercesseur, nous est envoyé par Jésus, en fait conjointement, comme nous le disons dans le Credo, par Jésus et par le Père.

« Je vous l’enverrai…» dit Jésus. Jésus parle au futur parce que son heure n’est pas encore venue : c’est-à-dire l’heure de sa Passion et de sa mort, puisque nous sommes encore le Jeudi Saint.

Frères et sœurs, depuis le jour de notre baptême, jusqu’aux dernières secondes de notre vie terrestre, Dieu ne souhaite pas nous laisser sans une aide efficace ; ne l’oublions pas ! C’est pourquoi, depuis l’eau vive baptismale, depuis l’onction sainte que nous avons reçue, l’Esprit Saint nous est donné. Nous sommes invités, plus particulièrement, à lui demander son aide, à Le prier. 

Nous pensons bien à prier le Fils, à prier le Père, mais le faisons-nous pour l’Esprit Saint ?

Frères et sœurs, ouvrons nos yeux, ouvrons notre cœur, et décidons de suivre Jésus !

Mais ne cherchons pas trop loin ; cet Esprit Saint est déjà en nous, Il nous a déjà été donné ; encore faut-il nous ouvrir à Lui !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 26 Mai 2019 - 6° Dimanche de Pâques

Homélie du mercredi 22 mai 2019, mercredi de la 5esemaine de Pâques, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 1-8. Actes des Apôtres 15, 1-6. Psaume 121.

 

 

Voilà quelques mois déjà, que je célèbre régulièrement cette eucharistie, à 8h du matin, plusieurs jours dans la semaine, et je suis heureux d’y retrouver vos visages.

Je ne suis pas certain que nous nous connaissions tous ; je ne suis pas sûr que nous ayons même le temps de nous saluer et de faire connaissance. Certains sont vite pris par leur travail ou par leurs différentes occupations. Souvent même, en venant ici dès le début de la journée, nous avons déjà des projets, mille petites choses à faire. Certains viennent peut-être avec les épaules un peu chargées, en pensant à tout ce qu’ils auront à accomplir dans la journée, d’autres ont des préoccupations plus lourdes liées au travail, à la famille, à la maladie…

Sans aucun doute, tous, nous avons des projets, des désirs (en tout cas, je l’espère !) et des rêves ! Cela est essentiel !

Cependant la vie, notre quotidien, comme nous le rappelle cet évangile, nous invite souvent à nous positionner face à des réalités objectives, fondamentales, et parfois même, quelque peu abruptes.

- De fait, que voulons-nous dans cette vie qui nous est donnée ?

- Pourquoi ai-je en moi, ce désir d’aimer et d’être aimé ?

- Comment souhaitons-nous que notre vie soit féconde et porte du fruit ?

- Voulons-nous une vie qui vaille la peine d’être vécue, ou avançons-nous, tête baissée, sans trop savoir où aller ?

- Quels fruits voudrions-nous porter ?

Dans la méditation du chapitre 15ede son évangile, que nous dit saint Jean ? 

Le contexte est précis : nous sommes toujours dans le cadre du repas du Jeudi Saint. Judas vient juste de partir pour sa triste besogne.

Saint-Jean nous invite avec force : « Demeurez attachés à Jésus-Christ ! Restez greffés sur Lui, comme le sarment sur la vigne.» Autrement dit : « Ne vous coupez pas de la sève ! Ne vous éloignez sous aucun prétexte, de la source de l’amour ! Demeurez dans cet amour qui vous a été révélé, car là, dans cet amour précisément, tous vos désirs, tout ce que nous souhaitons peut se réaliser. »                                           

Demeurez ! Demeurez !

Ce verbe revient sans cesse sous la plume de saint Jean. Cette insistance pourrait presque nous surprendre et peut-être agacer certains d’entre nous : Demeurez !

L’enfance, et peut-être encore plus l’adolescence, sont des périodes où l’on privilégie davantage le moment présent, l’immédiateté, le spectaculaire. Quand nous écoutons certains jeunes, ils disent ne pas trop savoir de quoi sera fait leur avenir ; ils n’y pensent pas forcément et préfèrent vivre mille aventures à la fois, sans trop se soucier de demain…

En restant dans ce point de vue, nous risquons tous de rester de grands adolescents, dans un certain zapping, dans une sorte de “bougeotte“ si souvent vécue dans notre société, où il nous faudrait faire mille choses à la fois sans trop réfléchir ; et voilà que cette page d’évangile nous prend à contrepied.

Saint-Jean, lui, nous invite à la stabilité en Jésus : Demeurez !

C’est comme si saint Jean nous disait qu’il ne nous faut pas seulement entrevoir l’amour de Dieu, pas seulement courir après cet amour ; il nous dit que l’important, c’est d’y demeurer !

Ou encore ! Ne lisons pas trop vite ou en diagonale les évangiles ! Prenons le temps d’y demeurer !

Nous savons bien que nous ne devenons pas chrétiens du jour au lendemain. Notre conversion ne se fait pas forcément en un jour ; c’est l’affaire de toute une vie ! Nous savons bien que notre vie est un chemin, un mouvement, un long pèlerinage et pourtant, en même temps, un attachement, une stabilité en Jésus.

Dans le diocèse de Grenoble-Vienne, nous sommes privilégiés, car nous avons les Chartreux, témoins de cette stabilité, avec cette belle devise : « La Croix demeure tandis que le monde tourne ! »Le Christ est stable : le même hier, aujourd’hui et demain !

Alors, comment vivre, en y mêlant nos rêves, nos désirs, tout ce que nous voulons, toutes ces choses à la fois ? Nous le pourrons si nous restons attachés au Christ.

Nourrissons-nous de cette Parole ! Relisons-là et méditons-là sans cesse, en prenant le temps de la ruminer ! Il faut du temps pour que cette parole imprègne notre vie. Il faut du temps pour comprendre que le Christ est notre stabilité. Quels que soient notre âge, notre état de santé, c’est avec Lui que nous voulons vivre pour toujours !

L’important dès ici-bas, c’est de demeurer dans son amour : Lui avec moi et moi avec Lui !

Demandons cette grâce, déjà pour aujourd’hui !                     Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 20 mai 2019, lundi  de la 5edimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 14, 21-26. Actes des Apôtres 14, 5-18. Psaume 113b.

 

 

 

Dans les lectures de ce matin, il est question d’amouret d’Esprit Saint.

Comme vous le savez, il existe un lien très intime entre les deux : en effet, c’est l’Esprit Saint qui nous permet d’entrer dans une communion d’amour.

Ce matin, nous entendons cette certitude : le Père nous aime ! Peut-être que certains d’entre nous n’ont pas fait encore, cette expérience de l’amour du Père ? Cependant, croyez que le Père nous aime. Nous avons peut-être des difficultés à le comprendre, car il nous aime d’une façon concrète et non d’une façon sentimentale ou romantique. Cette magnifique nouvelle a été déposée dans le cœur de l’homme qui croit et qui reçoit cet amour.

Cet amour est un amour entier, exigeant, que l’homme est capable de recevoir, même si parfois, l’homme se reconnait inconstant. Pour cela, nous avons une aide extraordinaire : le Défenseur ! “… le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, Lui vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.“

La mission de l’Église est aussi, et avant tout, l’œuvre de Dieu ; il s’agit non seulement de l’œuvre qu’il nous faut réaliser pour Dieu, mais aussi de l’œuvre de Dieu à travers le témoignage des hommes. Ce témoignage s’adresse à tous, mais il passe et passera toujours dans une rencontre personnelle. En vous disant ces mots, je précise qu’il n’y a aucune supériorité, aucune suffisance : le monde a besoin de notre témoignage. Il peut arriver, parfois, que nous nous sentions en difficulté, ou pas tout à fait à la hauteur de ce qu’il faudrait être, mais qu’importe ! Le monde a besoin d’entendre qui est Dieu pour moi.

De quoi / qui témoigner ?

Dans la première lecture, les Apôtres, Barnabé et Paul le précisent : “Nous aussi, nous sommes des hommes pareils à vous, et nous annonçons la Bonne Nouvelle… “C’est-à-dire : nous sommes des hommes semblables à tous les hommes et notre mission est de vous annoncer la Bonne Nouvelle !

C’est bien ce que saint Luc veut rappeler aux chrétiens dans le passage tonifiant des Actes des Apôtres que nous venons de lire.

Quelle est notre mission ? Quelle est la mission des disciples ? Être témoins !

La mission des disciples est de raconter tout ce que Dieu a fait pour eux, tout ce que Dieu a fait pour nous, et surtout comment Dieu n’exclut personne, bien au contraire ! Nous entendons dans les actes des Apôtres, comment Il ouvre à chacun (aux païens, c’est-à-dire aux non-juifs), la porte de la foi.Aujourd’hui, comme hier, c’est Dieu qui ouvre la porte, c’est Lui aussi qui ouvre nos cœurs.

Il nous faut croire que ce témoignage chrétien est irremplaçable ; frères et sœurs, nous avons sans cesse à témoigner, tout en sachant que c’est Dieu qui fait le travail, c’est Dieu qui ouvre les cœurs, c’est Dieu qui convertit !

Comment oser témoigner ?

Le préalable pour tout témoignage est l’amour : “Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera…« le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, Lui vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

Nous sommes dans ce temps de Pâques, et nous nous dirigeons vers la fête de la Pentecôte. Il est nécessaire de réactiver en nous l’accueil de l’Esprit Saint. Redemandons les dons qu’il nous a donnés, les vertus nécessaires qu’Il nous procure afin que, à notre manière, à notre rythme, nous puissions entrer dans cet amour du Père pour nous : dans cet amour du Père pour moi !

Puissions-nous, tout au long de ce jour, faire entendre une parole que l’Esprit Saint fera surgir de notre mémoire ! En faisant ainsi, qu’il nous soit permis de faire éclore un amour pour Celui qui est à l’origine de tout amour ! Le monde attend notre témoignage, même si, parfois, il nous faut passer par le martyr.

Frères et sœurs, poursuivons notre route vers le temps de Pentecôte, en demandant la force de l’Esprit Saint !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 19 mai 2019, 5edimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 13, 31-33a.34-35. Actes des Apôtres 14, 21b-27. Psaume 144.

Apocalypse de saint Jean 21, 1-5a. 

 

Frères et sœurs, le passage de l’évangile selon saint Jean que nous venons d’entendre, constitue le début du testament spirituel de Jésus, au soir du Jeudi Saint.

Judas vient de sortir pour accomplir sa triste besogne et il s’enfonce dans la nuit du refus, la nuit de la trahison, dans la nuit de la tristesse. C’est ce moment que Jésus choisit pour parler à ses amis à cœur ouvert. Il leur explique successivement que le Père va le glorifier, que cette glorification suppose son retour auprès du Père, (et donc son départ), et qu’Il nous laisse comme gage de son amitié, un commandement nouveau.

Quel est ce nouveau commandement que Jésus donne à ses disciples ?

Il est unique, universel et il est si important que Jésus le répète jusqu’à trois fois en quelques lignes.

« Aimez-vous les uns, les autres »,dit-Il en le reliant à sa source : « … comme je vous ai aimés. »

Jésus redira ce commandement une nouvelle fois encore, dans ce même et long discours, au chapitre 15ede l’évangile de saint Jean “Mon commandement le voici : aimez-vous les uns, les autres, comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. »(Jn 15, 13). 

Nous le savons bien, effectivement, Jésus, par amour, va donner sa vie sur le bois de la Croix ! Nous savons aussi qu’Il est victorieux de la mort ; Il est ressuscité !

Nous sommes toujours dans ce temps de Pâques, dans l’attente du jour de l’Ascension, jour où Jésus sera soustrait à notre regard : “Petits enfants, c’est pour peu de temps encore, que je suis avec vous.“C’est ce qu’Il vient de dire à ses disciples. Ceux-ci ont-ils tout compris ? Ce n’est pas certain. Nous sommes encore au Jeudi Saint. Il faudra attendre la Résurrection, l’Ascension et le temps de la Pentecôte pour entrer dans ce mystère.

Désormais, pour chacun de nous aussi, même si nous avons reçu le témoignage des Apôtres, il faudra croire sans voir, croire sans avoir vu ! 

Cependant, un lien tangible va demeurer entre Lui et nous, c’est ce commandement nouveau : “Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns, les autres.“

Hier, en méditant cette lecture et en préparant cette homélie, je me posais une question. Peut-être est-ce aussi la vôtre ? En quoi ce commandement est-il nouveau ? Déjà, dans l’Ancien Testament, nous entendions qu’il nous faut aimer notre prochain. Rappelez-vous ! Dans le Lévitique 19, 18, il est écrit : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.“

Où se trouve donc la nouveauté dans ce que Jésus est en train de nous dire ?

Nous savons bien, au fond de nous-mêmes, que cet amour est nécessaire ; nous avons besoin d’être aimés et d’aimer à notre tour ou en retour. Où est donc la nouveauté de ce commandement ?

Je me permets très simplement de vous livrer trois points, trois points pour alimenter notre réflexion et aussi notre prière :

- Premier point : ce commandement ou alliance est nouveau parce qu’il est lié à la personne même de Jésus, et qu’il sera vécu dans le contexte bien particulier de la Passion. “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis“.C’est une Alliance nouvelle qu’Il nous invite à vivre ! Cependant, cette nouveauté est déjà inscrite dans l’histoire humaine et donc, dans la Première Alliance. 

Autrement dit : dans la Bible, lorsqu’on parle de commandements, en réalité, il s’agit d’une Alliance, c’est-à-dire d’une réciprocité entre Dieu et son peuple. Dans beaucoup de religions, on parle surtout de commandements au sens strict, mais le Dieu des Hébreux, notre Dieu, Lui, parle d’Alliance dans le sens du « Don ». Rappelez-vous les dix commandements que Moïse va chercher au Sinaï ! C’est une Première Alliance que Dieu conclut entre les hommes et Lui. 

Pourquoi ce commandement est-il nouveau ? En Jésus, l’actualisation de cette Alliance nouvelle et définitive est scellée par sa mort et sa glorification. C’est ce que dit saint Jean dans l’Apocalypse :« Moi, Jean, j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle. »

 Cette nouveauté porte un nom : Jésus !

- Deuxième point :Jésus a aimé jusqu’à l’extrême, chacun des siens qui étaient dans le monde. Cela nous demande vraiment une profonde réflexion ! Si j’interroge telle ou telle personne en lui annonçant : « Tu sais, Jésus t’aime ! », beaucoup sont dans le doute : « Moi ? Comment peut-il m’aimer avec ce que je suis et tout ce que je fais ? » Beaucoup pensent que Dieu ne les aime pas (peut-être parce qu’ils ont du mal à s’aimer eux-mêmes). Mais au contraire : Dieu nous aime d’un amour incroyable, tels que nous sommes ! Il faut peut-être le vivre, le découvrir et l’expérimenter pour le comprendre !

Jésus a donné sa vie pour que nous ayons la vie en abondance. Son amour n’est pas une simple philanthropie. Chacun de nous peut faire sienne la conviction qui bouleversait profondément saint Paul ; en Galates 2, 20 : “Il m’a aimé et s’est livré pour moi.“  Paul, lui le persécuteur, en est complètement saisi !

Jésus m’a aimé et Il est mort sur la Croix, pour moi !

- Troisième point :certains peuvent trouver paradoxal de lier commandement et amour. Si l’amour n’est pas libre, mais s’il est “commandé“, de quel amour s’agit-il ? C’est là qu’intervient aussi le don de la Pentecôte : l’Esprit Saint ! L’Esprit Saint est ce don original du chrétien : un don et des vertus qui ont été gravés dans le cœur des disciples du Christ, plus particulièrement, le jour de la Pentecôte, mais aussi le jour de notre baptême, le jour de notre confirmation, le jour où je reçois le sacrement de réconciliation, le jour où je viens communier au Précieux Corps de Jésus, le jour où je reçois le sacrement du mariage ou le sacrement de l’ordre, le jour où je reçois l’onction des malades. À chaque fois, sont gravés dans le cœur des disciples ce don et ces vertus.

Sans l’Esprit Saint, les disciples auraient été incapables de mettre en pratique les préceptes évangéliques ! Sans l’Esprit Saint, il nous est impossible de prier le Notre Père ! Sans l’Esprit Saint, il nous sera difficile de nous aimer les uns, les autres et de témoigner de cet amour !

Ce don est une loi nouvelle, un cadeau, c’est-à-dire une capacité renouvelée d’aimer. C’est l’Esprit Saint qui nous libère de toute peur, car, accolée à l’amour, il existe une peur paradoxale, une peur presque physique de ne pas être capable d’aimer comme je le souhaiterais, ou de ne pas être aimé en retour. En ce sens, l’Esprit Saint nous libère de toute peur ! 

L’Esprit de Dieu nous ouvre à cette disposition à aimer comme Dieu aime, sans qu’Il décide à notre place sans contrarier notre liberté ; Dieu ne s’impose jamais, mais son Esprit Saint nous influence, nous tourne vers le Bien, vers cette capacité d’aimer. Ainsi, bien inspirés, nous serons poussés à faire des choix qui vont augmenter, non seulement l’amour, mais aussi la paix, la tolérance, les bienfaits et tout ce qui peut rendre notre monde plus humain et plus fraternel.

Nous pourrions nous poser encore une question : pourquoi notre monde est-il si fragile ou maladroit quand l’amour est don gratuit ?

Est-ce parce que l’homme, dans sa méfiance, est moins apte à aimer ? Aurait-il des difficultés à se laisser inspirer par l’Esprit Saint ? 

Pourtant, l’Esprit Saint nous change intérieurement ; Il nous donne (et je le dis avec un peu d’humour), un “air de famille“ avec Dieu, tels les enfants du même Père !

Cette gratuité d’amour est toujours possible au sein de notre communauté paroissiale, entre nous. 

Pour terminer, je vous rappelle simplement les trois points que je viens d’énoncer ; ce commandement d’amour est possible :

- par cette Alliance nouvelle que Jésus scelle en sa mort et en sa résurrection,

- par ce désir de Jésus d’une vie pour chacun, désir d’une Vie éternelle,

- par le don de l’Esprit Saint qui nous est redonné, encore ce soir.

Frères et sœurs, entendons cet appel à aimer durant ce temps qui est le nôtre, ce temps de Pâques, ce temps de la Résurrection, dans ce temps de la nouveauté chrétienne.

Aimer ! Ce n’est pas aimer d’un amour mièvre, sentimental ou romantique, c’est aimer de l’amour même de Jésus.

En ce jour, demandons pour chacun de nous, cette grâce d’aimer de tout notre cœur, comme Dieu nous aime ! Plus encore, laissons-nous aimer par Dieu parce que Dieu nous aime !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 19 Mai 2019 - 5° Dimanche de Pâques

Homélie du mercredi 15 mai 2019, mercredi de la 4esemaine de Pâques, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 12, 44-50. Actes des Apôtres 12, 24 à 13, 5. Psaume 66

 

Cet évangile est d’une richesse extraordinaire. 

Pour ce matin, je vous propose que nous nous arrêtions juste sur les premières phrases, particulièrement, sur cette réalité que : nous ne sommes pas créés pour vivre sous terre, dans l’obscurité ou la grisaille !Je le crois très profondément.

Dans l’évangile de ce jour,nous venons d’entendre une invitation pressante, « criante », à quitter la nuit pour le jour, à quitter les ténèbres pour la lumière ! 

Pourquoi ?

-   Parce que nous sommes faits pour la lumière !

-   Parce que notre société (comme nous-mêmes bien souvent par la façon dont nous vivons) fait parfois office d’éteignoir ! 

Non ! J’en suis intimement persuadé : nous ne sommes pas créés pour vivre dans l’obscurité et la grisaille ! Pourtant, cela nous arrive à plusieurs reprises tout au long des jours qui passent, des mois et des années …

C’est pourquoi, il nous faut entendre la Parole de Jésus. Elle nous redit avec force : « Moi, qui suis la lumière, je suis venu dans le monde ». Moi, la lumière... Voilà l’extraordinaire révélation sur le mystère intime de Jésus et sur la mission qu'il a reçue du Père : Nous éclairer ! Nous mettre dans la lumière !

"Je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres" (v.46). Cela fait comme écho au livre de la Genèse, au début de la Création : Il y eut un soir, il y eut un matin ! (Passage de la nuit au jour !)

Ainsi,selon Jésus, les ténèbres précèdent la foi :elles sont pour nous la nuit d'avant la foi.  Quand nous venons au monde, nous sommes dans une sorte de ténèbres jusqu’à ce que la lumière du baptême nous amène à la lumière du Christ !

-   C'est là que nous demeurons avant de rencontrer Jésus-lumière; 

-   C'est là que nous retournons quand nous quittons sa main.

Savez-vous que :

Toutes nos liturgies chrétiennes nous rappellent ce passage de l’obscurité à la Lumière !

La Vigile Pascale dit ce passage : La Vigile est Mère de toutes les veillées. Rappelez-vous ! Ici même en notre église Saint Louis, l’église était sombre, et c’est alors que nous avons allumé le feu pascal ! Nous sommes passés ensemble des ténèbres de la nuit à la Résurrection du Christ !

Le rite du Baptême est aussi ce passage de la mort à la vie ! Passage de la nuit au jour Le cierge que le baptisé reçoit brille de la lumière du Christ.

Même dans l’imagerie populaire cette distinction existe : Ne dit-on pas « Broyer du Noir ! » ou « être dans le brouillard ! ». À l’inverse ne dit-on pas : « Avoir une idée lumineuse ! » Cette phrase est parfois illustrée avec humour par une tête avec une petite ampoule qui s’éclaire ! Nous voyons bien que nous percevons ce passage des ténèbres, de la nuit, à la lumière ! 

Sommes-nous pour autant toujours dans la lumière ? Non ! 

Si à certains moments de notre existence, il nous arrive de revenir aux ténèbres – volontairement ou non - de revenir à la « noire tristesse », ou à une perte du sens de notre vie, nous devons avoir un seul réflexe :dans un acte de foi, venir, revenir à Jésus-lumière, entendre ses paroles et les garder. Osons demander de revenir à cette lumière par le sacrement de réconciliation, par la méditation de la Parole de Dieu ! Nous pouvons aussi prendre un temps d’adoration devant le Saint Sacrement où l’ostensoir représente souvent un soleil avec Jésus au centre ! 

Soyons fous :n’avons-nous pas alors à devenir comme des tournesols ! Ces tournesols sont des plantes extraordinaires qui sont attirées par le soleil, qui le suivent : c’est l’héliotropisme du tournesol.

Et nous-mêmes, est-ce que nous suivons ce Soleil, c’est-à-dire le Christ ?

Puissions-nous, ce matin, demander d’être à l’écoute de la Parole tout au long de ce jour ! Puissions-nous l’accueillir, la garder, en être nourris, illuminés et être, à notre tour, « lumière » pour le monde !

Ainsi soit-il

Homélie du lundi 13 mai 2019, Notre Dame de Fatima,année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Jean 19, 25-27. Psaume 41-42. Actes des Apôtres 11, 1-18.

 

Dans cet évangile, nous venons d’entendre les dernières paroles de Jésus, prononcées avant de remettre son souffle :« Femme, voici ton fils »« Voici, ta mère ! » (Jn 19, 26-27)

Sur la Croix, Jésus n’appelle plus sa mère : “maman“, mais Il l’appelle : “femme“, pour bien montrer qu’il ne la considère plus seulement comme sa mère, mais qu’Il est en train de la faire advenir : mère de l’Église. Sans doute percevons-nous cette différence de sens entre “maman“ et “mère“. 

Sur la Croix, Marie acquiert une nouvelle maternité ; elle n’est plus seulement la maman de Jésus, la mère de Jésus : elle devient Mère de l’Église.

Nous fêtons, ce matin, les apparitions de la Vierge Marie à trois petits enfants du village de Fatima. Cette fête illustre et déploie ce que Jésus nous dit dans cet évangile. Depuis que Marie est devenue notre mère à tous, elle ne cesse, en tant que « maman de tous », d’intercéder pour ses enfants auprès de son Fils, elle ne cesse de veiller sur ses enfants, de protéger et d’avertir ses enfants.

C’est en sa qualité de mère qu’elle apparaît en divers endroits de notre Terre. Son message est constant : rappeler à ses enfants d’être une fidélité à la vie chrétienne, au Christ, à Sa Parole, aux engagements liés à notre baptême.

Souvent, et je peux prendre l’exemple dans notre diocèse, lors des apparitions à Notre-Dame de l’Osier ou à la Salette, Marie met en garde ses enfants contre les dangers qui se profilent et la nécessité de la prière. C’est par fidélité à la mission que Jésus lui confie sur la Croix, qu’elle apparaît aux hommes pour protéger notre humanité, pour lui rappeler la nécessité de la conversion. 

Le 13 mai 1917, l’Europe est en guerre ! Partout dans le monde, la paix est menacée ! Les peuples s’entretuent et les enfants meurent. La Russie va basculer dans l’idéologie communiste qui va ravager, non seulement son pays, mais pendant un temps, toute l’Europe et même une partie du monde.

Ce jour-là, le ciel s’ouvre au-dessus de trois petits bergers dont vous connaissez sans doute, les prénoms : Francisco, Jacinta et Lucia. Marie apparaît pour leur révéler l’importance de la prière et de la conversion de pécheurs. À travers la vision de ces trois petits voyants, la Vierge Marie invite à attaquer l’empire du Mal à sa racine ; elle invite à accueillir Dieu à la place du péché. 

Retenons bien que, partout où Marie apparaît, elle invite chacun de nous :

-       à attaquer l’empire du Mal à sa racine, 

-       à accueillir Dieu à la place du péché.

D’une certaine façon, le Mal se déploie dans le monde véhiculant ses idéologies, hier et encore aujourd’hui. La négation de Dieu existe bien : notre France, et même toute l’Europe, sont entrées dans une période de déchristianisation. Nous assistons à la promotion de l’orgueil de l’homme, à un droit de mort sur les plus fragiles et les plus démunis. Beaucoup de nos contemporains ne semblent exister que dans une surconsommation désordonnée.

Il est urgent de remettre Dieu à la place du péché !

Aujourd’hui encore, le message de Fatima est toujours actuel :

- pour rappeler à l’homme qu’il peut choisir Dieu, 

- qu’il peut choisir la voie du Bien ! 

En perdant ses racines chrétiennes, notre société européenne propose, aujourd’hui, des chemins qui nous détournent de Dieu. Nous avons besoin des uns et des autres, de vraies communautés priantes pour rester ferme dans la Foi. Reconnaissons que, bien souvent, il est plus facile pour nous, de choisir une certaine forme de compromission, de moyen terme avec le péché, plutôt que de prendre le chemin de la conversion.

Frères et sœurs, ce matin, osons demander à Notre Dame, qu’elle nous aide à remettre Dieu au centre de notre vie, au centre de notre cœur, c’est-à-dire à remettre Dieu à la première place dans nos journées, au sein de nos familles, dans notre paroisse !

Oui ! Que Notre Dame de Fatima intercède pour nous !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 12 mai 2019, 4edimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 10, 27-30. Actes des Apôtres 13, 14.43-52. Psaume 99. 

Apocalypse selon saint Jean 7, 9.14b-17. Journée mondiale de prières pour les vocations.

 

Nous sommes toujours dans cette joie pascale du Christ ressuscité ! 

Chaque année, le quatrième dimanche de Pâques, l’Église universelle nous invite à prier pour les vocations dans l’Église. Ce dimanche est appelé : dimanche du Bon Pasteur. 

Le Christ, pasteur, connaît ses brebis, Il les appelle par leur nom et veille sur chacune d’elles. 

Je souhaite commencer cette homélie en apportant tout de suite quelques précisions essentielles, pour que nous ne restions pas dans le rêve ou dans un imaginaire idyllique des « verts pâturages » 

Trois petits points !

       -  Premièrement, et nous l’avons entendu plusieurs fois dans les lectures d’aujourd’hui : Jésus est le vrai pasteur ! Cela est vrai et c’est même le point fort, fondamental de notre foi !

       - Deuxième point : les bergers de la Bible n'ont rien de fade ou de romantique ou même de bucolique. Cela contredit peut-être les représentations que nous pourrions avoir spontanément. Les bergers exercent un métier dangereux qui exige autant d'habileté pour trouver, à la fois les bons pâturages et les points d'eau ! Ils sont aussi des combattants courageuxet vigilants, capables de défendre leurs troupeaux contre les fauves, les voleurs et les « faux-bergers ».

       - Troisième point : 

  • Non ! Les brebis (c’est-à-dire les Chrétiens, c’est à dire “nous“) ne sont pas des moutons de Panurge, soi-disant « des moutons bien obéissants » ! Cela se saurait !
  • Oui ! Jésus connaît ses brebis ! Dans notre monde en quête de sens, il est bon de recevoir cette confidence ce matin : «… Ces brebis…elles ne périront pas et personne ne les arrachera de sa main ».

       OUI, Jésus nous connaît ! Comment fait-il ? Souvent les enfants du catéchisme me posent cette question ! Ce qui est sûr, c’est que Jésus connaît chacun de nous à l’intime. Il nous le redit : « Tu as du prix à mes yeux » (Is 43,4) ! Dans cette réciprocité, Lui avec moi, moi avec Lui, il ne faut pas oublier que les brebis que nous sommes ont aussi une responsabilité. Il ne s’agit pas pour nous, simplement d’attendre « bêlement » !

       De quelles responsabilités s’agit-il ?

Il nous faut d'abord « ÉCOUTER ».« Shema Israël ! » « Écoute Israël ! » (Dt 6)  nous disent nos frères juifs. C'est là une attitude essentielle dans la relation entre deux êtres, un signe d'attachement authentique. Que penserions-nous de deux fiancés, ou de deux époux qui ne se parleraient pas, ne s'écouteraient pas ? 

       L’écoute est importante et c’est le vœu profond de l'amour : l'attention à l'autre. C'est vrai pour nos amitiés fraternelles et notre relation avec Dieu. C’est vrai aussi de ce qui doit exister au sein même de notre communauté paroissiale. Quand on aime quelqu'un, on écoute ce qu’il a à dire, et on lui fait humblement confiance.

ÉCOUTER, puis CONNAÎTRE,et SUIVRE.

       Ces verbes que l’évangile nous livre, nous invitent à un choix préférentiel, à une thématique du don radical de soi :un don radical de soi par AMOUR Écouter, connaître et suivre ! Nous sommes toujours dans le registre de l'intimité amoureuse, de la communion de deux êtres qui ne font plus qu'un. 

       Quand on écoute Jésus, quand on connaît le Christ, quand on souhaite Le suivre, on s'engage sur le chemin qu'il a déjà parcouru, dans une totale confiance, avec parfois de temps en temps l’ombre de la Croix, (et cela arrive, que nous le voulions ou non !).  Cette croix sera peut-être le lieu des incompréhensions, des indifférences, des soupçons et même, dans certains cas, du martyr. Combien de fois entendons- nous les Pères de l’Église nous redirent que dans l’amour, la croix est toujours présente, quelle que soit la vocation religieuse, sacerdotale ou dans le mariage. 

Le Christ a connu, lui aussi, tous ces désamours ! : « Dans l’amour, la croix est présente. »

       Cet appel que le Christ adresse à tous est une invitation au rassemblement d'un nouveau peuple « de toutes nations, races, peuples et langues. »(Ap 7) Plus largement, c’est le monde entier qui est invité à la rencontre du Christ ! C’est ensemble, par cette communauté que nous formons, que nous répondons, déjà, à cet appel. Les Actes des Apôtres que nous avons entendus dans la première lecture, ne sont pas une histoire ancienne ou passée. Comme les premiers Chrétiens, nous continuons à les vivre dans le quotidien de notre monde, toujours à évangéliser.

       Ne nous étonnons pas trop vite que notre voyage vers Dieu (c’est-à-dire vers la Vie éternelle) s'effectue souvent à travers tentations, contradictions et épreuves au sein même de l’Église. Les faits récents nous le rappellent. Nous le savons bien : « La vie n’est pas un long fleuve tranquille ! »

Non ! Il nous faut sans cesse prier pour ne pas trop dévier, ne pas nous embourber dans des chemins boueux et rester fidèles à notre vocation. 

       Même si certains qui sont consacrés à Dieu, sont devenus des “Judas“, n’oublions pas que c’est le Christ que nous suivons ! Nous devons prier pour les victimes, prier aussi pour les prêtres qui ont gravement fauté, sans oublier de rendre grâce pour ceux dont la fidélité humble est restée indéfectible !

       Notre vie de foi est un voyage aux nombreux imprévus, mais nous savons que Celui qui nous guide et accompagne notre marche, c’est le Christ, notre Berger. J’aime bien cette expression de la théologie des “petits pas“ : marchons avec Lui, pas après pas, jour après jour … 

Pour que notre Église, communauté de Jésus, puisse vivre aujourd’hui et demain, nous avons besoin de priants, de personnes qui avec audace donnent du temps dans une vie souvent bousculée, et parfois même toute leur vie. Supplions le Seigneur pour les vocations spécifiques de prêtres, de religieux, de religieuses, de laïcs consacrés et plus largement, de célibataires pour le Royaume et de familles engagées. C’est cette communauté paroissiale que nous formons dans toute cette diversité : c’est-à-dire : noustous,quelque soit notre âge, notre condition, quelque soit notre vocation. Comment peut-on dire que nous sommes chrétiens si, comme nous le dit le Pape François, nous restions installés au fond de notre canapé, ou indifférents aux besoins de nos contemporains ?

Toutdisciple-Missionnaireformant une Communauté où l’Esprit Saint souffle, est une communauté de frères et sœurs de Jésus ! Impossible de nous taire, nous devons en témoigner.

En ce jour d’intercession pour les vocations spécifiques, plus particulièrement pour les vocations sacerdotales, il nous est demandé de prier le Maître de la Moisson. Je connais des jeunes qui se posent la question d’un don total de leur vie et demandent au Seigneur ce qu’Il veut pour eux. Quand ils perçoivent une réponse, la question suivante est : comment répondre à son appel ?

Une difficulté peut alors venir quand leur désir d’une vie sacerdotale n’est pas bien accueilli dans leurs familles ou par leurs amis. Nous pouvons les aider et prier pour eux !

En ce jour particulier, notre prière pourrait être celle-ci : « Seigneur, donne-nous de saints prêtres, de saints religieux, saintes religieuses, de saint consacrés » ! Donne-nous des pasteurs selon ton cœur !

 Quand j’étais séminariste à Paray-le-Monial (ce lieu où Jésus nous donne son cœur à découvrir d’une façon plus particulière) il y a presque 26 ans déjà, nous récitions régulièrement, chaque jeudi soir, cette belle prière que Monseigneur Séguy, évêque d’Autun avait composée. En méditant ces textes, cette prière m’est revenue. La voici :

Seigneur Jésus, comme tu l'as demandé, nous nous tournons vers le Père, le Maître de la Moisson, pour le prier d'envoyer des ouvriers à sa moisson. C'est pourquoi, tous ensemble, nous disons :

     Père, envoie ton Esprit Saint sur ton Peuple, dans nos cœurs, nos communautés et nos familles. 

Accorde à ton Église un nouveau printemps, en appelant beaucoup de jeunes à tout laisser pour suivre Jésus et devenir ses prêtres, pour annoncer sa Parole, distribuer le Pain de Vie et rassembler son peuple. 

Dispose aussi les fidèles et notre communauté paroissiale à accueillir, reconnaître et soutenir tous les ouvriers de l'Évangile. 

Enfin, donne à chacun d'entendre l'appel que tu lui adresses et le courage d'y répondre. 

Oui Seigneur, donnes-nous de T’écouter, de Te connaître et de Te suivre !

AINSI SOIT-IL !

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 12 mai 2019 - 4° Dimanche de Pâques - Vocations

Homélie du lundi 6 mai 2019, lundi de la 3esemaine de Pâques,année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 6, 22-29. Psaume 118. Actes des Apôtres 6, 8-15.

 

Peut-être avez-vous remarqué qu’avec mes confrères prêtres, nous passons chaque semaine plusieurs heures au confessionnal, ici, dans cette église ?

Nous y recevons bien sûr, des personnes qui demandent à recevoir ce cadeau qu’est le sacrement de réconciliation, mais régulièrement, il nous arrive d’y faire des rencontres surprenantes. Souvent, des jeunes viennent nous interroger sur la foi : « Qui est Jésus ? Pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi le mal ? », avec de nombreuses autres questions existentielles importantes. Ces dialogues sont d’une très grande richesse, et nous sommes heureux de pouvoir discuter ainsi. C’est toujours édifiant d’entendre ces questionnements d’aujourd’hui qui nous permettent de nous apercevoir que nous ne vivons plus du tout en chrétienté et que notre société a rendu difficile la lecture des belles valeurs essentielles et le sens de notre existence. Ces personnes ne sont pas forcément chrétiennes, parfois elles sont d’autres religions (Islam, par exemple), mais la plupart du temps, sans religion. Ce qui est certain, c’est qu’elles se posent des questions. Ces hommes, ces femmes portent en eux-mêmes des interrogations et cherchent des réponses.

De fait, ces quêtes sont bonnes et importantes ! Il est normal que notre intelligence nous pousse à nous interroger. Vous-mêmes, à un moment ou à un autre, vous avez sans doute, été interrogés sur votre foi, vos valeurs, votre compréhension du sens de la vie … ! Dans ces rencontres, prenez le temps d’entendre et de bien comprendre les questions posées pour essayer une réponse ou un témoignage.

Regardons quelques instants l’évangile de ce jour !

Des personnes cherchent Jésus. L’ayant trouvé, elles le questionnent : « Quand es-tu arrivé ici ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. ».

Il nous faut comprendre que la curiosité, le manque peuvent suffire pour oser bouger … Une attente, le désir de savoir, peut-être une première rencontre avec le Christ et, parfois sans même vraiment le savoir, me mettent en recherche ; il est toujours bon de chercher Jésus !

Mais que signifie : chercher Jésus ? 

C’est aller plus loin, avec cette demande, cette question sous-jacente : « Mais qui peut me guider ? »

Quelle qu’en soit la raison, c’est une bonne chose de vouloir suivre Jésus avec cette curiosité, cette soif existentielle et aussi intellectuelle, cette soif spirituelle, si nécessaires à chacun !

Mais l’essentiel est aussi de Le découvrir dans cette attente, c’est-à-dire de Le suivre ! Les raisons seront multiples, mais la raison première sera de le suivre par amour 

Pourquoi ? Parce que j’ai fait sa connaissance ! Parce que j’ai compris qu’Il m’aime ! Parce qu’Il donne sens à l’amour que je cherche, sens à ma vie. 

Cette relation doit mûrir et devenir une conviction profonde, une conviction d’amour ! Pour ceux qui étaient présents lors de la messe hier, c’est ce que nous avons entendu dans ce dialogue entre Jésus et Simon-Pierre. « Pierre, m’aimes-tu ? » Il en est ainsi de toute relation vraie ! 

La foi chrétienne est la conviction sincère que Jésus est nécessaire à mon bonheur !

- Non pas un bonheur de quelques instants, mais pour un « bonheur » de Vie éternelle !

- Non pas un bonheur qui serait limité dans le temps, mais une joie pleine, une joie qui remplit toute ma vie, quels qu’en soient les difficultés ou les imprévus !

Suivre le Christ ne sera jamais la garantie d’une vie facile et sans problème. Nous connaissons tous des difficultés, mais nous savons que Jésus est présent, même au cœur de nos problèmes.

Alors, que devons-nous faire ?

Cette question est essentielle ! Nous sommes invités à aimer, à nous laisser aimer ! Un seul peut nous combler : le Christ !

Aimer et me laisser aimer par Lui ! Cette réciprocité est invitation à une connaissance en profondeur ! C’est-à-dire : prendre du temps pour le connaître et le reconnaître dans le quotidien de ma vie ! Oser la prière, laisser l’Esprit-Saint m’enseigner, écouter sa Parole, vivre des Sacrements, participer à la Mission, comprendre le sens et les obligations d’une vie fraternelle en Paroisse, oser des temps de retraite spirituelle et de silence…

 C’est à ces conditions seulement, selon mes convenances, que ma foi devient chrétienne : croire en Lui, mettre mon espérance en sa Personne. C’est alors que nous croyons et pouvons travailler aux œuvres de Dieu ! C’est alors seulement que je crois en Celui qui m’a envoyé !

Frères et sœurs, nous sommes en cette troisième semaine de Pâques et nous nous dirigeons, peu à peu, vers ce temps de l’Ascension et de la Pentecôte. 

Puissions-nous continuer notre marche et demander, pour chacun de nous, la force de l’Esprit Saint ! 

Surtout, gardons cette fraicheur du cœur, et restons toujours curieux de Jésus !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 5 mai 2019 - 3° Dimanche de Pâques

 

Homélie du mercredi 1ermai 2019, saint Joseph, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église Saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon Saint Matthieu 13, 54-58. Psaume 89. Livre de la Genèse 1, 26 à 2, 3.

 

L’Évangile de ce jour nous rappelle, à sa manière, la compréhension parfois difficile des deux origines de Jésus : fils de David par Joseph, et fils de Dieu par l’Esprit Saint. 

Sans doute, avons-nous pu, nous-mêmes, nous interroger sur cette double origine de Jésus ! Si la première filiation est évidente aux yeux des hommes (fils de David par Joseph), la seconde ne se dévoile qu’à la lumière de l’Esprit, c'est-à-dire dans un acte de foi.

Les habitants de Nazareth reconnaissent bien la sagesse et les miracles accomplis par Jésus, mais ils sont scandalisés, car ils ne parviennent pas à en discerner l’origine. « D’où cela lui vient-il ? Comment le fils de Joseph, le fils du charpentier, qu’ils ont vu grandir parmi eux, peut-il accomplir de tels signes ? » 

« D’où lui vient tout cela ?»

La question est bien posée, elle est juste, mais la réponse semble difficile pour eux, ils sont comme “bloqués“ ! L’origine terrestre du « fils de Joseph» était trop bien connue par eux, pour qu’ils puissent dire qu’il est le « fils de Dieu ! ».

Les réactions des gens de Nazareth prouvent qu’ils ont connu un Jésus bien intégré dans la vie du village, travaillant dans l’atelier de saint Joseph, son papa, participant aux célébrations religieuses, aux fêtes locales. Tous le connaissaient bien. Mais ensuite, comme chacun de nous d’ailleurs, ils doivent faire un pas de plus dans la foi ! 

En positif, il faut remarquer que les objections des habitants de Nazareth attestent qu’il est bien vrai homme. Pour eux, l’humanité de Jésus est flagrante. Pour nous qui connaissons la mort et la Résurrection de Jésus, nous pouvons aller plus loin en reconnaissant que : le Fils de Dieu s’est rendu « semblable à nous en toutes choses, excepté le péché ». 

L’Incarnation bien réelle du Verbe de Dieu est restée pour beaucoup, un mystère que seul l’Esprit-Saint peut révéler !

Un dernier point !

Jésus s’est mis à l’école de Marie et de Joseph dans le village de Nazareth, c’est un fait ; rappelez-vous, lors d’un songe, Joseph s’est vu confier la responsabilité de l’éducation de Jésus. La réciproque n’en est pas moins vraie. En retour, Marie et Joseph ont accepté la présence du Fils de Dieu. D’une certaine façon, ils ont été “éduqués“ par le fils de Dieu. La proximité quotidienne du Verbe de Dieu fait chair fut, pour eux, un chemin de conversion. Jésus leur a enseigné à accueillir, dans l’ordinaire du quotidien, l’extraordinaire de la présence de Dieu ! Rappelez-vous l’épisode contrariant qu’ils ont vécu lorsqu’ils se sont rendus à Jérusalem alors que Jésus avait douze ans ! Jésus est resté durant trois jours dans le Temple à poser des questions et à donner des réponses qui ont émerveillé, stupéfié les docteurs de la Loi présents. Marie et Joseph ont été tout dépités lorsque, en retrouvant Jésus, il leur a répondu :« Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?»(Lc 2,49). C’est précisément ce que les habitants de Nazareth n’arrivent pas (pour le moment) à faire au sujet de la personne du Christ. 

En cette fête du 1ermai, saint Joseph travailleur nous enseigne que, pour reconnaître la présence de Dieu dans notre quotidien, il nous faut faire un pas de plus et ouvrir notre cœur dans la foi.

Il nous faut, dans un acte de confiance :

accueillir l’inattendu de Dieu pour que notre cœur se transforme et 

accueillir son œuvre de résurrectionen nous, et autour de nous.

- d’une certaine façon, renoncer à la maîtrisede certains événements de notre vie. 

-nous dessaisir parfois de projets que nous voulons porter, et même de nos propres inquiétudes.

Il nous faudra nous aussi, accepter chaque jour, de faire un pas de plus dans la Foi !

Demandons à Saint Joseph d’intercéder pour nous ! 

Qu’en ce jour, nos yeux s'ouvrent, pour que nous puissions nous émerveiller de ce que nous vivons, de ce que nos mains peuvent produire, de ce que nos vies et nos familles peuvent apporter à notre société ! 

Gardons en mémoire que la Création est un don de Dieu.

Reconnaissons aussi l’extraordinaire de la présence de Dieu dans les événements les plus simples de notre quotidien. 

Demandons cette grâce pour nous tous, travailleurs, retraités, ou en recherche de travail !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 28 avril 2019, Dimanche de la Divine miséricorde, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Jean 20, 19-31.Actes des Apôtres 5, 12-16. Psaume 117.

Apocalypse de saint Jean 1, 9-11a.12-13.17-19.

 

Comme nous le disions tout à l’heure en introduction, ce dimanche est appelé : dimanche de la Divine Miséricorde. Auparavant, nous l’appelions : dimanche de Quasimodo, dimanche ‘in Albi’(en blanc, en référence aux néophytes de Pâques). Ce dimanche a été demandé à une religieuse polonaise, sœur Faustine. Vous connaissez peut-être ce tableau de Jésus Miséricordieux, décrit par Sœur Faustine, où rayonne de son Cœur, l’eau et le sang. Au bas du tableau est inscrite cette invitation : « Jésus, j’ai confiance en Toi ».

Cette fête a été demandée par le Christ Lui-même, et instituée par saint Jean-Paul II en l’an deux mille. Sans doute connaissez-vous la dévotion que saint Jean-Paul II portait à sainte Faustine, mais surtout au Cœur miséricordieux de Jésus. La miséricorde : un mot qui est déjà dans la Bible. Il exprime combien nos entrailles (et celles de Dieu) sont émues, touchées, bouleversées quand nous sommes dans la peine, dans la tristesse, ou quand nous subissons une offense. « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. » (Mt 5,7)

 

On peut s’étonner que, dans les textes d’aujourd’hui, ce mot de miséricorden’apparaisse pas. Peut-être est-ce l’occasion, pour chacun de nous ce matin, de faire quelques pas de plus et d’élargir notre interprétation de ce magnifique évangile.

 

À quel moment sommes-nous ? « C’était après la mort de Jésus… » c’est-à-dire le dimanche précédent de celui-ci : le dimanche de Pâques. Les disciples se sont enfermés, les portes sont verrouillées, par crainte des juifs. Ils sont prisonniers de la peur d’être reconnus comme des disciples de Jésus. Ils sont dans la crainte d’être arrêtés, eux aussi.

Ils savent bien que Jésus est mort ; pourtant, voici qu’Il vient, Il est là, au milieu d’eux ! Surprise ! Que va-t-il leur dire, à eux qui ont renié, déserté, lâché leur maître quand Il a été arrêté ?

 

“La paix soit avec vous ! Voilà ce que dit Jésus ! Sa première phrase est une promesse et une invitation : “La paix soit avec vous !“Pour un juif de cette époque, la paix est un grand don attendu du Messie, et promis par les prophètes. Cette paix est pardon de Dieu et plénitude de vie !

Sans un mot de reproche, Jésus leur offre cette paix, cette miséricorde, maintenant, gratuitement. D’un geste, Il leur montre les plaies de ses mains et de son côté, leur donnant à comprendre, un peu, ce qu’Il a souffert, par amour pour eux. Je vous laisse imaginer la joie des disciples, elle est communicative : Jésus est là, au milieu d’eux, Il est ressuscité ! Il est présent, non pas comme un juge qui condamne, mais comme celui qui fait miséricorde. Il insiste, en disant à nouveau : “La paix soit avec vous !“

À ce moment-là, cette parole s’élargit au-delà de ce petit groupe de disciples réunis dans la chambre haute : « “De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Ayant ainsi parlé, il souffle sur eux et il leur dit : “Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis “ » (Jn 20, 21-22)

« Recevez l’Esprit Saint » !Nous assistons, ici, à une Pentecôte. Littéralement : recevez l’Esprit-Saint pour que vous poursuiviez cette œuvre de Salut dont vous êtes les premiers bénéficiaires.

Quant à nous, rassemblés, ce matin, dans cette église saint Louis, disciples à travers les temps, cette paix et cette Pentecôte nous sont offertes.  A nous d’accueillir dans la foi, cette Parole de Dieu, comme les disciples l’ont accueillie au soir de Pâques.

 

Huit jours plus tard, (c’est-à-dire aujourd’hui), le personnage pivot de cet évangile est, sans conteste, saint Thomas. Son rôle est bien particulier. Il était absent lors de la première apparition de Jésus, le jour de Pâques (c’est-à-dire dimanche dernier). Il entend ce que ses amis lui racontent, mais il a du mal à croire : il semble incrédule. 

 

Thomas est souvent considéré comme le porte-parole de ceux qui ont du mal à croire sans preuve.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais, en ce sens il est éminemment sympathique parce que nous lui ressemblons un petit peu… D’ailleurs, Thomas n’est-il pas notre “jumeau“ ? Vous avez vu que, dans l’évangile, Thomas est appelé aussi : “Didyme“, ce qui signifie “jumeau“ en araméen. Vous êtes-vous posé cette question : de qui est-il le jumeau ? Nulle mention d’un jumeau de Thomas parmi les disciples de Jésus !

L’évangile ne le dit pas… Peut-être que Thomas résume à lui seul tout un aspect de notre humanité, peut-être aussi pourrions-nous dire aussi qu’il est le “jumeau“ de chacun de nous ici rassemblé ?

Puis s’instaure un dialogue entre Jésus et Thomas. Nous pouvons repérer deux verbes : Voir(avec ses yeux), et croire (avec son cœur, dans un élan de foi). Voiret croiresont deux verbes qui sont régulièrement associés dans l’évangile selon saint Jean.

Pourquoi ? La raison est assez simple : l’Écriture se méfie d’une foi qui exige de voirpour se confirmer etcroire ! Cela reviendrait à tenter Dieu, à lui forcer la main pour qu’il prouve, par des signes, qui Il est. 

Comme nous le découvrons à travers l’Ancien Testament et les évangiles, que la vraie foi biblique vient, non pas par la vue, mais par l’audition !Elle consiste à se fier à la parole d’un autre au lieu d’exiger des preuves.

Il me semble que notre société moderne ne fonctionne plus tellement selon le mode de la parole donnée. Nous sommes davantage dans le choc des images, pour pouvoir croire à ce qui nous est dit. 

Il n’y a pas si longtemps, la parole donnée était une parole forte ! Quand un maquignon négociait une affaire, le “top là“ et la poignée de main suffisaient à sceller le contrat. Notre parole a-t-elle encore du poids ? Souvent, notre première réaction est le doute, la suspicion et le manque de confiance ! 

Je vous le redis : la vraie foi biblique vient, non pas par la vue, mais par l’audition !

Il m’est arrivé de me trouver avec des amis africains, ou malgaches… Ils me disaient l’importance d’entendre les anciens raconter l’histoire du village. Nul besoin de photos ou d’images, la parole seule suffisait et ces histoires se transmettaient de génération en génération.

 

Notre foi nait et se nourrit de l’accueil d’un témoignage qui, avec la force toujours neuve de l’Esprit Saint, nous rejoint aussi, de génération en génération, de siècle en siècle. C’est le sens de la parole de Jésus : “Heureux ceux qui croient sans avoir vu !“Ou encore, comme l’écrit saint Pierre, c’est une foi en Jésus : “Jésus-Christ, Lui, vous l’aimez sans l’avoir vu ; en Lui, sans le voir encore, vous mettez votre foi.“

 

Prenons un exemple, pour être plus concret : si nous avons deux fiancés, souvent l’un des deux a véritablement besoin d’entendre l’autre, lui répondre à la question « Est-ce que tu m’aimes ? » : « Oui, je t’aime ! » Les cadeaux, les fleurs, les chocolats, un service rendu, ne remplaceront jamais cette parole  « Oui, je t’aime ! » Nous avons besoin de cette parole qui vient confirmer ce que peut-être, des signes peuvent signifier, mais qui ne remplacent pas la voix qui répète, en vérité : « Oui, je t’aime ! »

En attendant ce moment bienheureux où nous verrons Dieu face à face : notre Église chemine sous le régime du “croire sans voir“

Si nous sommes ici, ce matin, c’est que nous croyons sans avoir vu (sauf cas particulier !). Notre démarche de foi est possible parce que nous faisons confiance à la Parole des évangiles, nous faisons confiance aux personnes qui nous l’ont expliquée, nous faisons confiance à nos parents, qui nous ont témoigné, transmis à leur façon, la foi, leur foi.

Dans l’évangile de saint Jean, nous lisons au sujet des signes et autres miracles : “Ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.“ (Jn 20, 31). Nous sommes donc, frères et sœurs, les bienheureux, nous qui croyons, sans avoir vu !

Je termine par une petite précision sur saint Thomas : présenter saint Thomas comme “le sceptique“ au milieu d’un groupe d’Apôtres croyants est une simplification. La plupart des disciples ont vécu un sentiment de doute ou d’indécision. Nous le voyons bien : au moment de l’arrestation de Jésus, qui est resté auprès de lui ? Qui était là, au pied de la croix ? Même le témoignage des femmes qui se rendent au tombeau, comme nous l’avons entendu dans l’évangile, dimanche dernier, qui découvrent le tombeau vide et qui viennent annoncer cette bonne nouvelle aux Apôtres, leur semble délirant ; les Apôtres ne les croyaient pas !

La difficulté de saint Thomas n’est pas de douter ou d’être sceptique : c’est la difficulté à croire l’humainement impossible ! Saint Thomas ne demande pas la preuve de la divinité de Jésus, mais la preuve de son humanité. Saint Thomas sait que Jésus est Dieu, mais il a besoin de confirmer son humanité à travers le toucher de ses blessures.

Comme nous l’avons fait au cours de la Vigile pascale, je vais vous convier, dans quelques instants, à renouveler ensemble, à ré-exprimer la foi de votre baptême, à travers le Credo, mais sous une forme interrogative. Par trois fois, je vous demanderai de poser un acte de foi : « Croyez-vous ? » Chacun, selon son cœur, pourra répondre : « Je crois ! » non pas parce que nous sommes sûrs de nous, mais parce que nous sommes sûrs de Dieu. 

En résumé, retenons trois points :  

1- Notre foi est parfois chancelante, marquée par la peur ou le doute ! Ne soyons pas découragés !

2- Gardons en tête la parole de Dieu : « La paix soit avec vous ! »Jésus est présent non pas comme un juge qui condamne, mais comme celui qui fait miséricorde.

3- Nous recevons, nous aussi, l’Esprit Saint pour que, de génération en génération, nous soyons porteurs du message du Christ ressuscité.

 

Frères et sœurs, demandons la grâce de pouvoir dire comme saint Thomas, dans un véritable acte de foi : 

                                      “Mon Seigneur et mon Dieu !“

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 24 avril 2019, octave de Pâques, année C.

Messe célébrée en la paroisse saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 24, 13-35. Actes des Apôtres 3, 1-10. Psaume 104.

 

Ceux qui étaient présents ici même dimanche soir, peuvent reconnaître cet évangile que nous avons entendu, puis médité ensemble. Le dimanche matin, nous étions avec Marie-Madeleine au tombeau à la recherche du corps de Jésus. Au soir du dimanche de Pâques, il nous est rappelé ce chemin que ces deux disciples prennent vers Emmaüs. Ce chemin est important, car il pourrait être le nôtre spirituellement. L’un des deux disciples est nommé, Cléophas. Nous ne savons pas le prénom de l’autre homme. Qui est l’autre disciple ? Ce pourrait être l’un de nous… à des moments peut-être plus difficiles, à des heures sombres du doute et de la tristesse, aux moments de lassitude, de découragement… 

C’est bien un enseignement spirituel qui nous est donné ce matin. La tentation qui pourrait nous guetter, quand tout va mal, est peut-être de prendre la fuite, en quittant tout et partir en laissant derrière nous tous nos problèmes. Fuir ailleurs ou vers le village d’Emmaüs, alors que le Seigneur est là, tout proche !

Que s’est-il passé ? Les deux disciples avaient fait le choix de suivre ce Jésus de Nazareth durant sa vie publique. Ils avaient découvert en lui, un homme puissant par ses paroles et dans ses actes, et ils espéraient qu’il serait le libérateur d’Israël. Mais voilà… Avec la condamnation, la crucifixion et la mort de Jésus en Croix, tous leurs espoirs ont sombré… Bien sûr, ils ont entendu les rumeurs propagées par des femmes qui se sont rendues au tombeau de bon matin, mais elles n’ont pas eu raison de leur tristesse… et les voilà en route !

C’est pourtant à ce point de leur cheminement, que le Seigneur les rejoint, à ce point de leurs souffrances. Il va en premier lieu, les inviter à exprimer leurs souffrances, à exprimer leur découragement, à exprimer leur déception. Jésus est un fin pédagogue. Ce qui se passe durant cette rencontre sur le chemin d’Emmaüs, peut être, pour chacun de nous, un enseignement spirituel en quatre temps,car ce chemin est aussi le nôtre. 

Le premier temps exprimerce qui est au fond de moi. J’ai souvent besoin ne pas rester enfermé dans ma solitude, dans mon « discours intérieur » pourrait-on dire. Exprimer ce que je ressens permet un changement de perspective, un regard différent sur les événements de ma vie ! C’est comme une mise à distance par la parole qui permet de verbaliser mes souffrances ; combien cela est nécessaire ! Le simple fait de dire mes souffrances, les exprimer, c’est déjà les partager et, en même temps me décentrer de moi-même, un peu évacuer ce qui, aujourd’hui, me fait mal et que j’ai peut-être même des difficultés à comprendre moi-même.

Le second temps accepter dereconnaître notre perplexitédevant telle ou telle situation et entendre quelqu’un qui vient nous dire : « Comment ? Tu n’as pas compris ? Je vais t’expliquer ! Je vais t’aider ! » C’est ce que dit Jésus aux deux disciples : “Vous n’avez pas compris !“Je me pose souvent cette question : « Qui peut éclairer ma vie ? » ou « Qui peut m’aider à comprendre le sens des événements que je subis ? » C’est là où il me faut me retourner sans cesse dans la prière et, pauvrement, vers Dieu. Je ressens le besoin d’une réponse, besoin de ce soutien. C’est Jésus qui le fait admirablement  à travers sa Parole et sa Présence !

Le troisième tempsde ces deux pèlerins nous redit que nous ne marchons jamais seuls sur nos chemins de souffrance. Posons un acte de foi ! Le Christ y est présent ; Il nous a précédé sur ce chemin et Il est le seul à pouvoir réellement nous y accompagner ! Il me faut faire appel à ma mémoire et me souvenir des moments précieux où je savais qu’il était Là !

Posons cet acte de foi : je ne suis pas seul ! Jésus est présent !

Le quatrième temps : pour entendre ce mystérieux compagnon nous expliquer le sens de nos souffrances, il nous faut être attentifs ! Écouter ;se mettre à l’écoute de Jésus ! Tendre l’oreille ! Tendre son cœur ! L’écouter par les Écritures dans lesquelles Il interprète sa vie et, en même temps, la nôtre.

Ce peut être difficile de nous mettre à l’écoute d’un Autre :

  • Arrivons-nous à arrêter de ressasser nos problèmes ? Nous sommes bien souvent comme enfermés dans nos soucis et plaqués au sol, sans pouvoir bouger !
  • Puis-je m’ouvrir à une espérance que je croyais impossible ?

Frères et sœurs, nous sommes en pleine semaine de Pâques et, sans doute que cet évangile vient à propos dans notre vie. Ces quatre temps sont souvent nécessaires pour que nous puissions faire le point, exprimer notre souffrance, entendre qu’il est parfois difficile de saisir tout de ce qui se passe dans notre vie, comprendre que le Christ nous a précédé et nous accompagne. 

« Notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait sur la route et qu’Il nous faisait comprendre les Écritures ? »

Ces quatre temps devraient aboutir à un cinquième temps : le temps d’une intimité plus grande avec le Christ.

Oser dire à Jésus à des moments précis : 

“Seigneur, reste avec moi ! Viens dans ma vie !

Oui, Seigneur, je veux rester avec toi et toi avec moi !

Accompagne-moi par ta prière et ton eucharistie !

Je veux laisser résonner la Parole, ta Parole et m’approcher de l’Eucharistie où toi-même rompt le Pain après m’avoir dévoilé l’Écriture.

Voilà ce que nous pouvons entendre ce matin.

Oui, Seigneur, Tu es la résurrection et la Vie

Avec Toi, de quoi aurions-nous peur ? 

Je veux Te suivre et que Tu sois, sans cesse, auprès de moi, ou plus exactement, que moi, je sois sans cesse avec Toi.

Ainsi soit-il ! 

Homélie du lundi 22 avril 2019, lundi dans l’octave de Pâques, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Matthieu 28, 8-15. Actes des Apôtres 2, 14.22b-33. Psaume 15. 
 
En ce lundi de l’octave de Pâques, l’évangile nous ramène dans les premières lueurs du dimanche, tout près du tombeau. 
Les saintes femmes qui n’ont pas pu terminer leur difficile besogne, lors de la mort de Jésus (le vendredi était la veille du grand sabbat), reviennent dès le dimanche, au tombeau avec tristesse, afin d’achever les soins funéraires du corps sans vie de Jésus.
Elles avaient aussi une préoccupation : comment allaient-elles rouler la pierre qui ferme le tombeau ? Leur cœur est triste ! Mais voilà que le tombeau est vide ! Où est Jésus ? On ne le sait pas !… En tout cas : pas encore. Et puis, un ange, un homme selon les évangiles, indique que ces femmes doivent devenir “apôtres des Apôtres“ et aller annoncer aux disciples ce qui s’est passé. C’est l’épisode que nous entendons ce matin, dans l’évangile selon saint Matthieu.
De ce récit, je vous propose que nous retenions ensemble trois mots, trois mots qui ont retenu mon attention ce matin, après la liesse du jour de Pâques, comme nous l’avons vécu tous ensemble hier :
Joie, crainte, frères.
Nous retrouvons ces trois mots dans l’évangile d’aujourd’hui, trois mots qui me font « atterrir » dans ma vie quotidienne après avoir vécu cette émouvante Semaine Sainte. 
Nous avons posé un acte de foi : Seigneur, je crois ! Je crois que Tu es ressuscité !Je crois que Tu es vivant dans mon existence, mais face à ce que je vis au quotidien, je constate que mon cœur et mon intelligence oscillent entre crainte et joie.
Dans l’évangile de ce jour, les saintes femmes s’approchent, elles ont reconnu Jésus ; elles touchent, saisissent ses pieds, se prosternent devant Lui avec, elles aussi, un mélange de crainte et de joie
Jésus ressuscité reprend les deux éléments de la parole de l’ange : 
“Je vous salue.“et puis, Il insiste : 
“Soyez sans crainte “.N’ayez pas peur ! Cet encouragement n’est pas superflu, car en rencontrant Dieu, nous sommes toujours menacés de retomber dans une certaine peur, même si cela peut paraître paradoxal. Imaginez que, d’un seul coup, Jésus apparaisse au milieu de nous ; que ferions-nous ? Certains pousseraient des cris de joie, d’autres pourraient être saisis et tout tremblants. De fait, nous pourrions être partagés entre la joie et la crainte. 
Nous pouvons décliner cette peur en différentes sortes d’inquiétudes :
- Peur de la nouveauté de Dieu qui peut m’obliger à changer mes choix, des attitudes dans ma vie, de rompre avec certaines habitudes, peur de me lancer dans l’aventure qu’Il me propose. Il est sans doute plus facile de rester dans son canapé et de choisir une vie plus “pépère“ !
- Peur de nos propres résistances, d’une certaine pesanteur qui persiste en nous,
- Peur de ne pas être à la hauteur de ce que devrait être mon témoignage de chrétien, de manquer d’arguments ou de conviction, de ne pas savoir expliquer à ma famille, à mes amis…
- Peur peut-être aussi d’affronter le refus des autres, peut-être de violences…
Hier matin, une dame est venue à ma rencontre et m’a demandé : « Que ferons-nous si une bombe éclate ici ? » Effectivement, nous pensons à ce qui s’est passé au Sri Lanka. 
“Soyez sans crainte “nous dit Jésus et Il confirme la mission donnée aux deux femmes, en modifiant juste un petit terme dans le message de l’ange. Il ne dit pas : “Allez dire à mes disciples…“, mais : “Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront.“
Après la joie et la crainte,nous entendons le mot “frères“.
Qui sont les frères de Jésus ?
Ce sont ceux qui, le jeudi soir, ont fui, sans courage et sans gloire, ceux qui, plus ou moins ouvertement, L’ont renié. Pourtant Jésus les appelle “frères“ puisqu’Il vient avec son pardon. Il leur donne rendez-vous en Galilée, Il les invite à se mettre en marche. Tous vont parcourir environ une centaine de kilomètres pour se regrouper au nom de Jésus, pour voir Jésus, pour L’entendre. Nous pouvons traduire ce geste par celui d’une église qui se met en marche. 
En effet, dès le premier jour de Pâques, nous voyons cette église qui chemine, qui se met en marche, en pérégrination. Dès la première aurore de la Résurrection, notre église avance, parfois même avec quelques difficultés, vers son Seigneur !
Les saintes femmes sont les premières en entendre le message de la Résurrection ; elles sont sans doute les plus courageuses. Ensemble, elles sont les premières messagères, elles sont apôtres des Apôtres.
À nous aussi, ce matin, Jésus rappelle sa Résurrection, Il redit cette joie qui doit être en nous, Il nous redit : “Soyez sans crainte “et Il nous invite à nous mettre en marche ! Car notre course sur cette terre n’est pas achevée : c’est vers le ciel que nous cheminons et c’est là où nous sommes invités à nous retrouver, ensemble !
Frères et sœurs, mettons-nous en marche à la rencontre du Ressuscité, à la rencontre de son pardon, de son amour, de sa victoire sur la mort !
“Soyez sans crainte “. N’ayons pas peur ! Restons dans la joie du dimanche de Pâques et soyons audacieux !
Allons annoncer à nos frères et sœurs, à nos familles, aux personnes que nous connaissons, à celles que nous ne connaissons pas : 
« Un monde nouveau est là ! Une espérance nouvelle est là !
Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité, alléluia ! »
C’est notre certitude, notre foi et notre espérance : le Christ a vaincu la mort !
Ainsi soit-il !
 

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Lundi 22 avril 2019 - Octave de Pâques

Homélie du dimanche 21 avril 2019, Dimanche de Pâques, messe du soir, année C.

Messe célébrée par le Père Patrick Gaso, en l’église saint Louis de Grenoble. 

Évangile selon saint Luc 24, 13-35.

 

Frères et sœurs, nous voici arrivés au terme de la Semaine Sainte !

Nous sommes le Dimanche de Pâques, Dimanche de la Résurrection, Dimanche où nous retrouvons Jésus Vivant ! Cette nuit, nous avons célébré joyeusement, la Résurrection du Christ. De nombreux catéchumènes ont reçu le baptême un peu partout dans le monde, en France, dans notre diocèse (il y en avait soixante-quatorze) et ici, dans notre Paroisse. Nous-mêmes, en vivant le rite de l’aspersion, nous avons fait mémoire et demandé d’être renouvelés dans les grâces de notre baptême ! Nous le revivrons juste après cette homélie, par notre profession de foi, pour nous rappeler que nous sommes baptisés dans la mort et la résurrection du Christ.

D’une certaine façon, la liturgie de ce soir de Pâques, nous permet d’achever le cheminement spirituel que nous avons parcouru pendant tout le Carême, commencé le mercredi des Cendres et qui s’est déroulé durant quarante jours. Dimanche dernier, nous agitions nos Rameaux en chantant : rappel de l’entrée solennelle de Jésus dans la ville de Jérusalem. Puis, pas à pas, nous l’avons suivi chaque jour de cette semaine.

En effet, en ce dimanche soir, l’évangile nous présente le Christ ressuscité Lui-même. Il vient rejoindre les deux disciples qui marchent sur le chemin d’Emmaüs. Les récits que nous avons médités cette nuit, lors de la Vigile et lors de la célébration de ce matin, faisaient état d’une découverte : le tombeau vide ! De bon matin, les saintes femmes vont achever leur terrible besogne, c’est-à-dire embaumer et terminer les soins funéraires du corps sans vie de Jésus. Vendredi était la veille du sabbat ; il fallait faire vite ; elles n’ont pas eu le temps d’une sépulture convenable… Courageusement, elles y allaient ce matin-là, avec une préoccupation : comment allaient-elles rouler la lourde pierre qui ferme le tombeau ? Et voilà que, avec stupéfaction, elles découvrent que le tombeau est vide ! 

 Les disciples n’ont pas encore vécu de rencontre directe avec Jésus ressuscité.

En quittant Jérusalem, ce dimanche matin de Pâques, les deux disciples d’Emmaüs, Cléophas et un autre disciple dont nous ne connaissons pas le prénom, ont bien entendu les descriptions du tombeau vide. Mais cela n’a pas suffi à les convaincre que l’incroyable était arrivé ! De fait, ils ressentent en eux, en leur cœur, une profonde déception et une grande tristesse !

Pourtant, à trois reprises au cours de son ministère sur les chemins de Galilée, Jésus avait annoncé aux disciples : son arrestation, sa condamnation, sa mise à mort et aussi sa résurrection. Les disciples ont bien été témoins de l’arrestation de Jésus, d’un simulacre de procès, de sa condamnation et de l’exécution, c’est-à-dire de sa mise à mort sur le bois de la Croix. Mais ils n’ont pas compris que tous ces événements devaient déboucher sur sa résurrection. 

Ils ont bien vu Jésus crucifié, la lance du soldat le transpercer, ainsi que le sang et l’eau jaillir du côté du Christ ! Pour eux, que le tombeau soit vide ou ne le soit pas, l’histoire est terminée. Pour eux, apparemment : pas de “happy end“ ! Jésus est mort ! Le libérateur d’Israël est mort ! C’est bien dans une grande tristesse, profondément déçus, qu’ils rentrent chez eux, en cheminant sur la route d’Emmaüs ! 

Ne trouvez-vous pas, frères et sœurs, qu’il leur a manqué quelque chose pour qu’ils passent de la constatation du tombeau vide, à la foi ? Quelle est cette petite étincelle particulière, que le disciple que Jésus aimait a reçue devant le tombeau vide ? Selon les mots de l’évangile de saint Jean, Pierre et Jean courent jusqu’au tombeau, Pierre entre, regarde et ne voit rien, mais le disciple que Jésus aimait entre à son tour, voit la même chose que Pierre, mais il croit : « il vit et il crut », c’est-à-dire : il entre dans un regard de foi ! (Jn 20, 8) Il y a comme une petite étincelle qui a jailli dans son cœur et son intelligence. Les deux disciples d’Emmaüs, eux aussi ont regardé, mais ils n’ont pas cru. Pas d’étincelle… et ils sont repartis, sans espérance ! 

Et vous, frères et sœurs, avez-vous cette étincelle en vous ?

Combien de baptisés, qui pourtant ont été formés, catéchisés, sont devant le tombeau vide, sans croire ? On passe devant l’église, on passe devant la Parole de Dieu, on passe devant le Saint Sacrement, on vient communier … les yeux vides et éteints, comme si la foi était seulement un texte à apprendre, l’évangile, une jolie histoire ou une loi morale ! 

Certains chrétiens affirment pourtant bien connaître le catéchisme, mais il y a un problème : être chrétien, c’est rencontrer le Christ vivant ! C’est être un familier du Christ,c’est faire l’expérience du Christ Vivant !

Alors :

  • Comment entrer par le cœur dans l’intelligence de ces événements si extraordinaires ? 
  • Comment quitter le statut de témoins passifs, même si je reste dans une bienveillance sympathique, mais oser percevoir le sens concret et la signification existentielle de la Mort et de la Résurrection de Jésus ? 

Sommes-nous persuadés, intimement en nous-mêmes, que nous sommes faits pour la résurrection et que tout ce que nous vivons sur cette terre, nous oriente vers ce but : être avec Lui, pour la Vie éternelle ? 

Pour certain, sans une aide particulière du Seigneur et de l’Esprit-Saint, je peux rester comme bloqué. L’évangile de saint Luc nous montre que c’est le Christ ressuscité Lui-même qui donne aux disciples d’interpréter les évènements. Jésus est un fin pédagogue, Il est le pédagogue de la foi 

Sommes-nous restés, dans notre route, sans recevoir aucune aide ? Non ! Plus d’une fois, parfois sans le reconnaître, par divers moyens, Il nous a rejoints sur nos chemins ! Frères et sœurs, faisons un effort de mémoire et retrouvons les moments où le Christ a été présent dans notre vie, à tel moment précis, peut-être passé inaperçu et pourtant… le Christ était là, tout près de moi, en train de me soutenir, de me porter, de me donner à comprendre qui Il est, de redonner sens à ma vie !

L’Évangile révèle trois aspects déterminants de l’expérience qui va conduire les Apôtres, de la connaissance des événements à la reconnaissance de sa Résurrection.

Le premier de ces éléments tient à cette présence,toute en délicatesse, du Christ à leur côté sur le chemin. Jésus ressuscité, sans s’imposer, leur donne l’intelligence des Écritures. Il leur permet de relire les événements importants qui se sont déroulés à Jérusalem. Il le fait à la lumière de la Parole de Dieu, c’est-à-dire de l’Ancien Testament, à la lumière de Moïse et des prophètes, et Il leur donne les clés de lecture pour les interpréter.

Posons-nous cette question : si Jésus nous indique l’Écriture, quelle connaissance ai-je de la Bible ? 

La Bible est comme un mode d’emploi, une anticipation inspirée du plan de Dieu ! Ceux qui étaient présents, hier soir, lors de la Vigile Pascale, ont pu entendre les sept lectures importantes, étonnantes, qui permettent de repérer la présence de Dieu, sa présence salutaire auprès du peuple hébreu. Tout cela anticipe, prépare le Nouveau Testament. Le Christ fait l'unité entre l'Ancien et le Nouveau Testament.  Premier point : lire la Parole de Dieu!

Le deuxième élément est le moment de cette entrée dans la foi et le repas partagé avec le Christ dans l’auberge d’Emmaüs. À quel moment leurs yeux s’ouvrent-ils ? Est-ce quand Jésus est en train de leur parler ? Non, pas complètement même si l’on voit bien que leur cœur commence à bouillonner, au point qu’ils vont demander à Jésus : “ Reste avec nous !“littéralement, continue à nous faire comprendre le plan de Salut de Dieu pour nous ! « Reste avec nous », partage le repas avec nous ! 

Il ne s’agit pas de n’importe quel repas : l’Eucharistie ! Les mots employés par l’évangile de saint Luc sont exactement les mêmes que ceux que nous entendons dans le récit de la Cène et de l’institution de l’Eucharistie, « il prend le pain, il le rompt, il le bénit et il le leur partage »(Lc 24, 30). Cet inconnu qui les a accompagnés fait exactement la même chose que ce que Jésus a fait, le soir du Jeudi Saint au moment de la Cène. Alors, leurs yeux s’ouvrent, (c’est-à-dire) les yeux de leur cœur, et là, ils Le reconnaissent. 

Et moi, ai-je conscience que, dans l’Eucharistie, c’est la personne du Christ qui m’est donnée ?

Au moment où la Cathédrale Notre Dame a été incendiée, Monseigneur Aupetit a dit quelque chose de très beau en parlant de la Cathédrale Notre-Dame de Paris (nous pourrions dire la même chose de cette église) : « Comment se fait-il que des artisans de grands talents aient réussi à créer des monuments aussi incroyables ? » Notre église Saint Louis, date du XVIIe siècle ; Imaginez le nombre de corps de métiers, d’artisans, d’heures de travail qui ont été nécessaire pour la construire, avec les outils de cette époque ! Est-ce que c’est pour conserver un trésor extraordinaire d’or et d’agent ? Quel trésor ? Dans quel lieu est ce trésor ? Dans ce tabernacle ! À quoi sert-il ? L’unique trésor de cette église et de toutes les églises est un “morceau de pain“ ! On construit de magnifiques bâtiments pour y mettre un “morceau de pain“ ! Pour le croyant, ce “morceau de pain“ est le Seigneur Lui-même : c’est Lui, notre trésor ! Deuxième point : dans l’Eucharistie, je rencontre Jésus.

Le troisième élément : cette reconnaissance et l’intelligence de la Résurrection m’invitent au témoignage ! Après avoir pris le temps de lire la Parole de Dieu, après avoir vécu cette communion au Christ, je deviens témoin. Les deux disciples sont émerveillés de comprendre qu’ils ont partagé le repas avec Celui que tout le monde croyait mort, et qui s’est montré vivant. Ils ne prennent pas même le temps de terminer le repas, ils font demi-tour. Vous savez comment on appelle ce demi-tour ? C’est un retournement ou une conversion ! Ils se convertissent et se précipitent à Jérusalem pour annoncer l’aventure exceptionnelle qui leur est arrivée. 

Sommes-nous des missionnaires ? Osons-nous annoncer autour de nous que Jésus est ressuscité ? Sommes-nous émerveillés de cette rencontre avec Jésus ? Sommes-nous des disciples-missionnaires ?

Voilà les trois éléments que je souhaitais vous livrer ce soir.

Alors, comment arrivons-nous au terme de cette Semaine Sainte, en ce dimanche de Pâques ? 

Que recevons-nous aujourd’hui en ce jour de Pâques ? 

La joie !

La présence discrète, mais réelle de Jésus,

Sa Parole, que nous retrouvons dans la Bible !

Vivre l’Eucharistie d’une façon renouvelée et missionnaire !

Oui, frères et sœurs, Jésus est vainqueur de la mort !

Demandons la grâce qu’Il augmente en nous la Foi, qu’Il nous affermisse, qu’Il nous donne de vivre réellement en baptisé ! 

Seigneur, mets en chacun de nous, cette étincelle pour croire vraiment en ta Résurrection ! 

Fais que nous portions au monde cette Bonne Nouvelle !Comme les disciples d’Emmaüs, ayons cette audace et annonçons ensemble que le Christ est Ressuscité !

En sommes-nous persuadés ?

Le Christ est ressuscité !

Il est vraiment ressuscité, alléluia !

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 21 avril 2019 - Dimanche Pâques (Soir)

Homélie du samedi 20 avril 2019, Vigile Pascale, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Homélie après l’évangile selon saint Luc, 24, 1-12.

 

Frères et sœurs, cette veillée récapitule tout ce que nous vivons depuis le début du Carême.

Rappelez-vous ! Le Mercredi des Cendres en a marqué ce commencement par une journée de jeûne, et durant quarante jours, nous avons essayé de suivre le Christ, avec des hauts et des bas (reconnaissons-le !).  Nous y avons sans doute mis tout notre cœur ! Dimanche dernier, dimanche des Rameaux, nous sommes entrés dans une semaine vraiment particulière, unique pour le chrétien : la Semaine Sainte !C’est pas à pas, que nous avons suivi Jésus, de la vie à la mort et de la mort à la Vie !

Jeudi dernier, nous avons fait mémoire de l’institution de l’Eucharistie, du don du Sacerdoce, l’un et l’autre indissociables du lavement des pieds. Puis, nous avons entendu comment Judas, par un baiser, a trahi Jésus.

Le jour suivant, le Vendredi Saint, nous l’avons suivi, là encore, pas à pas, chez Caïphe, Hanne, Pilate, Hérode, puis entendu sa condamnation et vécu avec Lui, le portement de Croix.

Au soir du Vendredi, nous L'avons laissé au tombeau sans vie. 

Tout au long du Samedi Saint - jour du grand silence et de l’attente- Jésus est descendu aux Enfers, pour aller sortir de la mort, comme nous le retrouvons dans l’iconographie orthodoxe, nos « protoparents » : Adam et Ève. Le monde, préoccupé par ses affaires, n’en a pas encore conscience, mais le tombeau est vide ! La mort est vaincue, l'amour est plus fort, plus puissant que tout. La Vie nouvelle en Jésus irradie l’univers entier ! Le monde n’a pas encore saisi l’extraordinaire Cadeau de Jésus, de la Vie éternelle.

Toute l'histoire humaine que nous avons évoquée ce soir, depuis la Création et le jardin d’Éden, en passant par la libération de l’esclavage du peuple hébreu, les prophètes… toutes ces longues lectures de l’Ancien Testament que nous venons d’entendre, culminent dans le Christ.

Ce soir, au Feu pascal, nous avons vu s'allumer la flamme qui dit que désormais : le Christ est vivant, parce qu’il a triomphé de la mort ! Il a vaincu la mort ! Il est à jamais vivant ! Cette lumière éclaire, à qui veut le croire, le cœur de tout homme !

Chers amis, nous ne sommes pas venus en cette veillée, simplement faire mémoire de l'histoire du Christ, même si cette histoire pourrait se suffire à elle-même. Saint Paul nous disait, il y a quelques instants : nous avons été nous aussi, saisis par le Christ, « unis au Christ », « mis au tombeau avec lui », et que si nous vivons, c'est de sa vie que nous vivons, « …vivants pour Dieu en Jésus Christ ».

L'histoire du Christ n'est pas seulement la sienne ; le plus étonnant, c’est qu’à sa suite, elle est devenue la nôtre. Ce soir, c'est notre propre histoire, c’est la nouveauté de notre histoire personnelle que nous célébrons !

  • L’histoire humaine, marquée par le péché des origines, s’inscrit à la suite de celle du peuple de Dieu, -c’est la première Alliance-, 
  • puis l'histoire de l'incarnation du Fils de Dieu (en ces temps qui sont les derniers - c’est-à-dire la venue de Jésus en notre humanité), c'est l’histoire de cette Alliance renouveléepar le don de Jésus. 
  • Par le don de l’Esprit Saint, c’est notre histoire et c'est notre vie qui, ce soir, s’offrent à notre liberté, comme le don gratuit de Dieu 
  • Cette histoire du Salut ne se réduit pas à nos qualités ou à d’hypothétiques mérites ! Nos manquements et nos imperfections ne limitent en aucune façon ce cadeau dont la gratuité nous dépasse !  Même si nous mesurons notre finitude et nos manques : soyons sans crainte ! Dieu sait que nous ne sommes pas parfaits ! Patiemment, Il le sait !

Il attend de nous une audace et ce désir par notre vie, de le suivre ! Que se soit en France ou dans le monde, ils sont nombreux, ce soir, celles et ceux qui se sont préparés à proclamer leur foi, à se laisser saisir par le Christ, à entrer dans sa mort et dans sa résurrection, en recevant le baptême. (Ils sont soixante-quatorze catéchumènes dans notre Diocèse qui sont baptisés en ce moment et plusieurs milliers en France - 4 258 adultes ont baptisés dans la foi catholique au cours de la nuit de Pâques 2018).

Laurence sera baptisée dans quelques instants, et sera accueillie dans notre communauté et famille paroissiale.

Être baptisé ne veut pas dire que nous serions les meilleurs ou les plus purs ! Si nous faisons régulièrement l’expérience de nos difficultés à suivre ce chemin de sainteté, il nous est donné de vivre aussi le Pardon et la Miséricorde de Dieu. Beaucoup pourraient témoigner d’une proximité, d’une grâce, d’une rencontre à un moment particulier de sa vie avec Jésus sauveur. Ce moment est toujours le lieu d’un bouleversement intérieur, souvent d’un changement de cap !

Lors d'une réunion catéchuménale, une jeune femme qui était en recherche depuis longtemps déclarait tout de go : « C'est formidable, j'ai découvert un Dieu qui a des jambes. »J’ai trouvé cette façon bien originale de dire l'incroyable Incarnation de Jésus ! Pour elle, l'Incarnation lui paraissait impensable, car le Créateur ne peut pas se rabaisser jusqu'à accepter notre humanité, fragile, limitée, pécheresse et mortelle. Cette femme a découvert que c'est l'Incarnation qui distingue le christianisme de toutes les autres religions. Un Dieu qui prend un visage et des jambes d'homme, nous révèle qu'il n'est pas quelqu'un de distant, mais un Dieu proche qui s'est « mouillé» dans tout l'homme ! 

Ceux qui étaient là Jeudi Saint, ont pu vivre l’expérience, ou du moins redécouvrir, que notre Dieu, ose aller plus loin en se mettant à genoux devant nous (Lavement des pieds). Voilà que Dieu s’abaisse pour nous élever vers Lui. Même si certains sont encore surpris ou choqués par une telle familiarité, Dieu veut notre amitié et notre Salut !

Comme nous l’avons entendu tout à l’heure dans la lecture de l’Ancien Testament : « Mes pensées ne sont pas vos pensées. Mes chemins ne sont pas vos chemins. » (Is 55,8) Notre logique tout humaine a parfois du mal à comprendre que Dieu n’est pas limité par notre pensée parfois tordue et que sa logique nous dépasse !

Voilà ce que nous découvrons : un Dieu qui se fait proche, un Dieu qui prend notre humanité,

un Dieu qui subit la mort pour que nous soyons sauvés de la mort !

Être baptisé, c'est être libéré de toutes les formes d'esclavage comme le rappelait le récit de la mer des Roseaux. C'est être recréé à l'image même de Dieu malgré toutes les faiblesses, toutes les pauvretés, toutes les peurs, toutes les craintes qui peuvent nous habiter, avec cette certitude : 

L'amour est plus fort que tout.Il est vainqueur de la mort.

Baptisés, nous accueillons ce don que Dieu nous fait de sa propre vie pour que nous puissions en vivre et la partager avec tous nos frères et sœurs en humanité.

Chère Laurence, nous sommes, nous aussi, un peu comme les femmes de l’évangile qui arrivent au tombeau de Jésus. Nous sommes déjà au Dimanche matin de Pâques. Elles sont dans la peine et préoccupées. Oh, pour ces saintes femmes, leur préoccupation est noble. Elles veulent rendre hommage à Celui qui est mort et que l'on a dû enterrer à la hâte parce que le Sabbat pascal approchait. Elles se demandaient qui allait rouler l’énorme pierre qui fermait le tombeau : préoccupation tout humaine et tout à fait légitime ! 

Mais voilà que la pierre est déplacée et le tombeau est vide ! Leur vie est profondément bouleversée par le message qu’elles entendent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : ‘Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.’ »

Voilà que ces femmes deviennent « apôtres des Apôtres ».

Frères et sœurs, ce soir, comme les saintes femmes, nous sommes à notre tour envoyés annoncer à tous nos frères que le Seigneur est ressuscité, qu’Il vient leur donner la vie, qu’Il vient renouveler leur espérance.

En poursuivant cette célébration par ton baptême, Laurence, par la rénovation des engagements de notre propre baptême - si nous avons déjà été baptisés- nous accueillons cette joyeuse nouvelle : le Christ est ressuscité ! Le Christ est vivant et nous sommes envoyés pour le dire au monde entier. 

C’est une véritable libération du cœur et de la parole, de notre langue, que nous devons demander !

Que cette joie rayonne aujourd'hui en nous, par nous et pour nous, pour que, dans toutes les difficultés et dans leurs épreuves, nos frères et sœurs puissent accueillir l'espérance que Dieu nous donne dans son immense amour. 

Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité, alléluia !

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Samedi 20 avril 2019 - Vigile Pascale

Homélie du vendredi 19 avril 2019, Vendredi saint, année C. 

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Passion selon saint Jean 18, 1 à 19, 42. Livre du prophète Isaïe 52, 13 à 53, 12. Psaume 30. 
Lettre de saint Paul aux Hébreux 4, 14-16 ; 5, 7-9.
 

 

 La Passion dont nous venons d’entendre le récit, est celle du Fils de Dieu dans notre chair, Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Nous l’avons entendue dimanche dernier, dans l’évangile de saint Luc. Aujourd’hui, nous l’entendons à nouveau dans l’évangile de saint Jean. C’est un récit troublant et terrible : la mort de l’innocent ! Personnellement, plus j’entends ce récit, plus je suis touché, ému. C’est un récit que nous connaissons (peut-être avez-vous pris le temps de le méditer, aujourd’hui, lors du chemin de Croix), mais qu’il nous faut écouter sans cesse avec un cœur renouvelé, tant le combat est d’une violence inouïe ! Et pourtant ce combat à mort est un combat contre la mort, l’irréductible combat de l’espérance et de la vie !

Mais attention ! Il ne faut pas nous y tromper. Ce qui fait le prix de la mort du Christ, ce n’est pas la somme de souffrances qu’il a endurées, car la souffrance n’est jamais désirable pour elle-même... La souffrance n’est jamais un but ! 

Non, ce qui fait la fécondité universelle de cette mort, c’est que le Fils de Dieu lui-même, est entré librement et par amour, pour nous, dans notre mort humaine. Le but de Jésus, Son but, n’a pas d’autre désir que de nous « donner la VIE » ! Le Chemin de Croix d’aujourd’hui est à comprendre, non pas comme un chemin de mort, mais comme un Chemin de Vie, même s’il passe par la mort !

Au moment même, où on va lui arracher sa vie, « broyé, à cause de nos fautes » (comme l’annonçait déjà le Prophète Isaïe six siècles auparavant),Jésus dit, avec la liberté souveraine du Fils: 

« Si le Père m’aime, c’est que je donne ma vie. On ne me l’ôte pas. C’est moi qui la donne.»

Pesons bien ces mots que nous connaissons : « Donner sa vie» !

« Donner sa vie, pour donner la VIE !»

Il importe peu que le don de sa vie soit sanglant ou non, qu’il soit spectaculaire ou dans le quotidien de notre existence, qu’il soit héroïque (parce que c’est son métier) ou par un réflexe courageux. Ce qui est certain c’est que, si nous voulons vivre en disciple de Jésus, il nous faut entrer, personnellement, dans ce mouvement du don de soi. Ce mouvement, certes, ne nous est pas forcément spontané, mais la force même du Christ nous y entraîne. Il nous l’a promis « Je suis venu pour que vous ayez la vie en vous ! »C’est Lui, Jésus, qui est « la cause du salut éternel » C’est ce que nous avons entendu dans la deuxième lecture de l’Épître aux Hébreux !

Un des dangers qui pourrait être le nôtre serait de vouloir retenir sa vie, de vouloir la garder jalousement pour soi tout seul ; en réalité, c’est comme vouloir retenir de l’eau dans ses mains : elle s’écoule entre nos doigtsLe monde dans lequel nous sommes, un monde individualiste, un monde de consumérisme, dans la recherche d’un confort excessif, nous entraine bien souvent, à ne penser qu’à nous, en oubliant les autres…

Le signe de la croix est mis, tout particulièrement, en avant durant cette célébration du Vendredi saint. Sur cette croix, Jésus est là. Ce n’est pas la Croix que nous sommes invités à regarder pour elle-même, c’est le Christ en Croix que nous contemplons. C’est le Christ qui remet l’Esprit, en une ultime exsufflation (un dernier souffle), signe du don de l’Esprit Saint au monde !Cette croix, comme instrument de mort, devient « bois de vie » et, en même temps, Ostensoirde l’amour de Dieu !Ce Bois ordinaire de la Croix devient le trône de Jésus !

Tel est, frères et sœurs, le Royaume auquel nous appartenons : 

  • un royaume incroyable dont le roi est serviteur, 
  • un royaume dont le roi triomphe par la croix, 
  • un royaume où tout ce qui n’est pas donné, est perdu !

Nous le savons bien : toutes les religions nous présentent un Dieu comme quelqu’un qui est à une hauteur difficilement atteignable, un Dieu à satisfaire, un Dieu lointain, avec cette pensée que nous avons : « Je n’arriverai jamais à l’atteindre ! Il est inaccessible ! » Avec une question : « va-t-Il seulement s’intéresser à moi ? » 

Ce qui est le propre de notre religion chrétienne, c’est que, non seulement Dieu se fait proche de nous, mais aussi, comme nous l’avons vécu hier soir, Il se met à genoux, à nos pieds.

Un Dieu qui se met à genoux à nos pieds, pour nous élever, pour nous faire grandir et nous entrainer là où Il va, c’est-à-dire : au ciel ! Au ciel, où tous, comme ce larron qui ose une dernière demande salutaire, trouveront un véritable accueil !

Frères et sœurs, ce soir, tout est accompli ! Tout est accompli par celui qui s’est dépouillé de tout, pour tout donner ! 

Rendons grâce, ensemble, à Dieu pour son Fils, Verbe de Vie, et pour sa détermination à nous offrir la vie !

Osons demander la force de l’Esprit Saint pour comprendre ce mystère, pour que nous devenions, nous-mêmes, « d’autres christs », pour que nous donnions peut-être même notre vie, si cela nous est demandé, afin que le monde reçoive tout du Christ !                                                                                  

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Patrick Gaso - Vendredi 19 avril 2019 - Triduum Vendredi Saint

Homélie du jeudi 18 avril 2019, Jeudi saint, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 13, 1-15. Livre de l’Exode 12, 1-8.11-14. Psaume 115. 
Lettre de saint Paul aux Corinthiens 11, 23-26.

 

Chers amis, nous faisons, ce soir, mémoire de l’institution de l’Eucharistie, mémoire du repas où Jésus a pris du pain et du vin, a béni ce pain et ce vin, en disant pour la première fois : 

« Ceci est mon corps », « Ceci est mon sang » 

… comme nous venons de l’entendre dans la deuxième lecture de saint Paul Apôtre aux Corinthiens.

En priant ce matin, j’ai eu une petite distraction et je me suis demandé qu’elle aurait été ma réaction, si j’avais été présent à ce repas ? Et vous-mêmes, est-ce que vous vous êtes posé cette question ? Comment les Apôtres ont-ils réagi ? Ont-ils compris que Jésus signifiait ainsi qu'il offrait son corps et son sang, réellement, pour le salut du monde ? 

Sur le moment, nous ne le savons pas très bien ! C’est la rencontre du Ressuscité, la rencontre du Christ vivant, dans les semaines et les mois suivants et encore aujourd’hui pour nous, qui permettra la compréhension en profondeur et l’actualisation de ce Mystère de Vie ! Ce n’est donc pas réservé à quelques privilégiés d’il y a deux mille ans ! Cette rencontre du Christ vivant est aussi pour nous. Si nous ne l’avons pas encore rencontré, posons-nous la question de comprendre pourquoi !

Le risque est de concevoir le christianisme comme une somme de lois ou de préceptes à suivre, ou un code de bonne conduite ; ce serait une erreur ! 

Être chrétien, c’est vivre du Christ et avoir rencontré le Christ ! 

Lorsque je rencontre un jeune (ou moins jeunes) qui doute et ne sait pas trop s’il est chrétien, la première question que je lui pose est celle-ci : « As-tu fait cette rencontre de Jésus vivant ? »

Oui, il faut rencontrer le Christ ! Comment ? Dans la prière, en écoutant sa Parole, dans le visage de l’autre, dans les sacrements, le baptême, dans l’Eucharistie. Tout au long de ces derniers jours, nous avons accueilli beaucoup de personnes au confessionnal (sacrement du Pardon) et beaucoup ont vécu la Miséricorde de Jésus comme une rencontre personnelle avec Lui. C’est d’abord cela être chrétien : faire l’expérience de son Amour !

C’est pourtant bien ce soir-là que cette phrase prend tout son sens : "Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout." Nous pourrions méditer cette phrase durant des heures… Ce soir-là, c’était la célébration de la fête de Pessah ! C’est-à-dire, pour le peuple Hébreu : le rappel du passage de l’esclavage à la liberté ! De l’Égypte à la Terre Promise !

Mystérieusement, ce que Jésus nous offre, ce soir-là, est bien davantage : Il nous promet effectivement un passage, bien plus précieux :le passage de la Mort à la Vie ! … et à la Vie éternelle !

Lors de nos Eucharisties (dominicales ou de semaine),nous revivons ce même dernier repas, ce même mystère ! Nous devons comprendre la densité et la gravité de ce repas, comprendre aussi qu’il n'avait rien d’un banquet festif comme nous aimerions vivre nos eucharisties. Nous voudrions que nos célébrations soient toujours très festives – des fois, elles le sont, des fois, non – il ne faut pas oublier que c’est toujours le Christ que nous célébrons dans le saint Sacrifice de la Messe ! Cela ne dépend ni du prêtre qui célèbre, ni des chants, ni même du lieu, mais souvent du désir que nous mettons ensemble pour nous préparer à la rencontre de notre Seigneur ! 

 Ce qui est certain, c’est que la succession des événements de cette dramatique soirée a marqué à vie, les disciples : les paroles et l’attitude de Jésus qui les ont saisies, la trahison de Judas par un baiser, le temps de prière difficile dans le Jardin des Oliviers puis l’arrestation de Jésus par les gardes, les disciples qui ont peur et se dispersent…Tous ces événements bouleversants vont remettre à plus tard la clé de compréhension de ce que Jésus a voulu démontrer ce soir-là. L’évangile nous le précise : plus tard, ils comprendrontle geste incroyable posé par Jésus ! Un geste d’esclave inconcevable pour un tel Maître et des paroles tellement surprenantes ! 

C’est bien sur ce geste que l’évangéliste saint Jean veut attirer notre attention ! Pas tant sur le pain, sur le vin et son institution (Saint Jean ne dit rien), mais sur un geste à la fois banal et singulier : le Lavement des pieds ;ce geste de Jésus prenant la tenue d’esclave pour laver les pieds de ses disciples. Nous avons entendu que ce geste a suscité de nombreuses réactions de la part des disciples. 

Et nous-mêmes, qu’aurions-nous dit ou fait ?

Imaginons que Jésus, en personne, vienne, maintenant, nous laver les pieds ? 

Nous pouvons noter, au moins, trois réactions et sans doute pouvez-vous en éprouver d’autres ? Deux sont une mise à distance et une autre est plus positive, plus enthousiaste :

 

  • La première réaction est celle de Pierre : non, je n’entre pas dans ce geste ! Je ne l’accepte pas !“C’est toi, Seigneur, qui me lave les pieds ? “Dieu peut-il entrer dans la partie la moins honorable, la plus basse de notre humanité et de mon intimité ?

 

  • La deuxième réaction est celle de Judas : je vais laisser Jésus me laver les pieds, et même les embrasser, mais intérieurement je ne bouge pas. Littéralement, je reste indifférent, froid, spectateur… Je reste dans un certain endurcissement du cœur. Les Pères de l’Église ont un mot pour signifier cette étroitesse d’un cœur qui ne s’ouvre pas : c’est la sclérocardie.

 

  • La troisième réaction est plus enthousiaste ! Oui, Jésus, je te donne tout ce que je suis ! Je reçois ce geste comme un exemple d’humilité à suivre même si je ne le comprends pas. Oui ! Je veux aimer comme tu m’aimes et comme tu t’es donné. Oui ! Je veux accueillir et imiter le don de ta vie pour mes frères ! Cette attitude est belle. J’espère qu’elle est la nôtre, ce soir.

 

La leçon que Jésus nous demande de vivre ce soir est une leçon de service. Il y a bien sûr une dimension d'humilité dans tout acte de service ; ici, c’est à la fois, un acte d’humilité, mais plus que cela ! Souvent, nous préférons rendre service plutôt que de demander de l’aide.

C’est aussi un acte d’amour pour faire grandir celui qui le reçoit !

En lavant les pieds de ses disciples, Jésus ne fait pas que le simple geste de s’abaisser: plus exactement, il les élève !

Par sa mort, Jésus redonnera à tous les êtres humains leur pleine dignité d'enfants de Dieu, et l'égalité de tous devant leur Père. À ce moment, nos pieds se ressemblent tous : peu importe la couleur, la taille, ou l’âge… il n’y a plus de juifs, ni de païens, ni de maîtres, ni d’esclaves… seulement la certitude d’un même amour préférentiel pour chacun ! N’a-t-il pas lavé aussi les pieds de Judas ?

Le lavement des piedset l’Eucharistiesont l’expression du même don total que Jésus fait de Lui-même et de sa vie pour le salut du monde. Ces deux signes sont la mémoire de l’amour du Christ jusqu’à l’extrême. Ils sont même indissociables !

Nous ne pouvons pas comprendre l’Eucharistie sans le concret d’une dimension de service ! 

Quand nous venons à l’eucharistie, en même temps que nous recevons le Corps du Christ, nous recevons cette invitation à nous mettre au service de tous. 

Dit autrement ! Jésus n'a pas simplement « donné sa vie » dans le sens où il a accepté de mourir !  Mais Il a « donné la vie » en donnant sa vie ! Il nous a « donné la vie » à tous en partageant sa propre vie ! 

 La force de ce qui nous est donné de vivre ce soir, est d’accepter de participer à la suite du Christ, à une vie féconde ! Notre fécondité est de Donner la Vie ! Quels que soient notre âge, notre vécu, notre état de vie, que nous ayons eu des enfants ou non … notre vie trouve son sens dans notre désir d’une vie féconde selon les possibilités, les charismes de chacun. Toutes les expressions d’une fécondité sont toujours possibles ! Nous sommes tous appelés à cette fécondité : à la fécondité du don !

"C’est un exemple que je vous ai donné, dit Jésus, afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. " Ce que nous vivons ce soir devrait être signe d’unité et construction de la communauté paroissiale : une communauté d’amour et de vie où chacun se met au service de tous les autres, à commencer par les plus pauvres.

 À chaque Eucharistie, il nous faut (ré) apprendre la radicalité et la réalité du don, du cadeau de la vie reçue et de la vie donnée ! Apprendre à donner notre vie pour donner la vie ! 

L’Eucharistie nous pousse donc au service, comme le Christ s’est fait serviteur.

L’Eucharistie nous pousse aussi à l’évangélisation ; comment ne pas avoir le désir de proclamer partout dans le monde, le nom de Celui qui demeure au milieu de nous de manière à la fois si discrète et si puissante ?

Frères et sœurs, à chaque eucharistie, devenons ensemble témoins-missionnaires du Christ serviteur !

Voilà le mystère que nous pouvons découvrir en cette soirée du Jeudi Saint !         Ainsi soit-il ! 

Homélie du Père Patrick Gaso - Jeudi 18 avril 2019 - Triduum - Jeudi Saint

Homélie du mercredi 17 avril 2019, Mercredi saint, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Matthieu 26, 14-25. Livre du prophète Isaïe 50, 4-9a. Psaume 68. Lettre de saint Paul aux Philippiens 2, 5b-11.
 

Nous entrons demain en Église, dans le Triduum Pascal : trois jours saints ! Trois jours essentiels qui sont au centre de notre expérience de foi pour la fortifier !

 C’est toute l’humanité qui est sanctifiée par l’offrande que Jésus fait de Lui-même : « Il nous a aimés jusque-là ». « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. » nous dit-Il. (Lc 22,15) Il nous faut revenir, sans cesse, à ce grand désir. C’est l’amour infini de Dieu qui vient sauver l’humanité pour nous redonner sens et espérance.

  • Alors que Judas mène ses tractations secrètes avec les chefs des prêtres, Jésus révèle au grand jour leur complot : « L’un de vous va me livrer». 
  • Judas marchande avec les ennemis du Seigneur sur le prix de sa trahison, et Jésus annonce qu’il livre sa vie gratuitement : « Ma vie nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne », dit-Il (Jn 10, 17). 

Sa décision de Jésus est souveraine : « Mon temps est proche. L’heure est venue : voici que le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs» (Mc 14, 41). 

Les hommes tendent leurs filets, croyant saisir Jésus à l’improviste, mais ils n’auraient aucun pouvoir sur lui, si cela ne leur avait pas été donné d’en haut (Jn 19, 11). 

Le combat est déjà en action ! « Il vient le Prince de ce mondemais il n’a aucun pouvoir » annonce Jésus (Jn 14, 30).

L’évangile de ce jour nous projette déjà au soir du Jeudi Saint, lors du dernier repas. C’est au cours de ce repas que Jésus prononce cette phrase terrible qui dénonce l’abjecte trahison : « Je vous le dis, l’un de vous va me livrer » (Mt 26,21). 

Un souffle glacial semble traverser la pièce. Si l’angoissante réalité est là, c’est aussi l’angoisse gênée des apôtres qui se manifeste.

« Profondément attristés, ils se mirent à lui demander l’un après l’autre : Seigneur, serait-ce moi ? » Nous retrouvons même la duplicité de Judas qui demande à Jésus : « Rabbi, serait-ce moi ? » Les autres disciples l’ont interrogé du fond du cœur en reconnaissant Jésus comme Seigneur. Judas, lui, fait comme tout le monde, mais il se contente seulement du titre de « Rabbi » ! Ces deux appellations sont bien différentes. Elles nous renseignent sur notre foi et nous invitent, nous aussi, à nous déterminer : « Qui est Jésus pour moi ? ».

Aujourd’hui encore, le combat qui se joue dans la trahison de Judas, existe toujours dans notre monde. Des « Judas »au cœur froid sont toujours là, même au cœur de l’Église : je pense aux « Judas » qui ont commis ces crimes contre des enfants, et bien d’autres exactions… Ces « Judas »peuvent bien trahir et salir l’Église, mais ne doivent, en aucun cas, nous détourner de la personne du Christ-Seigneur.

Jésus, Lui, continue son œuvre de salut. « Le Fils de l’homme s’en va comme il est écrit à son sujet. Mais malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! » (Mt 26,24)

Durant ces trois jours saints, nous allons vivre l’affrontement prodigieux de la vie contre la mort. Le Maître de la vie meurt, mais Ressuscité, il est Vivant !Chaque détail de la liturgie va nous mettre, petit à petit, sur la voie de la compréhension de ce mystère inouï. 

Nous entendons Jésus, l’appel qu’Il lance à chacun de nous et la réponse que je souhaite lui dire !

Que ces trois jours Saints du Triduum Pascal soient vécus, pour chacun et en Communauté paroissiale, dans une profonde intimité avec notre Seigneur et Sauveur !
Demandons cette grâce pour nous tous, de goûter ces trois jours saints, dans une union profonde avec Lui !
Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 15 avril 2019, lundi saint, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 12, 1-11. Livre du prophète Isaïe 42, 1-17. Psaume 26.

 

Notre Semaine Sainte débute par un acte d’amour incroyable : une surabondance d’amour !

Nous sommes dans le petit village de Béthanie, là où Jésus vient de réanimer Lazare. Nous connaissons aussi ses sœurs : Marthe et Marie. La joie est présente est devient une fête en l’honneur de Jésus !

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, une des sœurs se distingue par un geste étonnant. Marie de Béthanie nous a déjà été décrite comme une femme intuitive et libre. Sans doute, certains de ses amis pouvaient la juger : surprenante, imprévisible, spontanée. Nous connaissons l’épisode en Luc 10 : alors que tout le monde s’activait à la cuisine et au service, elle resta assise aux pieds de Jésus, en train de L’écouter, littéralement, en train de boire ses paroles ! 

Nous sommes aujourd’hui six jours avant la Pâque. Marie et sa sœur Marthe ont toutes les deux témoigné de leur foi : « Oui, Seigneur, je le crois, tu es le Christ, le Fils de Dieu qui doit venir dans le monde. »Alors que tous fêtent Lazare revenu de la mort, réunis autour de la table, leur frère reprend goût à la vie, mais Jésus, Lui, allait goûter la mort !

Par son attitude, Marie ne souhaite pas particulièrement se singulariser. Elle ne cherche pas plus à se distinguer… Simplement, Marie est cette femme capable, dans son discernement, de rejoindre l’essentiel. En chaque occasion, elle a l’art de poser les gestes que son cœur lui dicte… non pour braver les autres ou leur faire des reproches, mais parce que, en elle-même, sous la force de son amour, elle ressent cette nécessité intérieure d’agir.

Jésus a toujours pris la défense de Marie de Béthanie, car Il voit en elle, non pas une femme paresseuse ou excentrique, mais une femme capable de toutes les audaces pour suivre, jusqu’au bout, les intuitions, les certitudes de son cœur. Dit autrement, Marie de Béthanie est la femme croyante, prompte à s’oublier pour écouter les Paroles de Vie de son Seigneur.

Peut-être a-t-elle perçu, dans les éclats de chants et de fête, que Jésus, Lui, allait vers la mort. 

- Marie a voulu manifester à Jésus ce qu’elle entrevoyait, ce qu’elle pressentait du mystère de Dieu. Mais comme ces pressentiments sont au-delà de toute parole, Marie va les exprimer à travers ce parfum répandu, ses gestes, ses cheveux qui essuient les pieds de Jésus. Son geste, perçu comme un “gaspillage“ est en réalité un don démesuré, un peu fou, qui exprimait sa joie et sa reconnaissance profonde.

- En contrepoint, nous mesurons la fureur de Judas, qui manifeste déjà âprement, la rupture d’amour à venir. 

La réaction de Jésus est immédiate et bienveillante : 

« Laisse-là observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! » dit-il à Judas. 

Laisse-là ; elle a gardé ce parfum pour ma sépulture,

Laisse-là ; elle a su entrer, par amour, dans le mystère de ma mort,

Laisse-là ; c’est un geste qui la dépasse elle-même.

Et nous ? Sentons-nous déjà ce parfum ? Toute la maison est remplie de son odeur !

Au début de cette grande semaine, Marie de Béthanie, dans son geste prophétique, nous invite personnellement à renouveler notre prévenance, notre délicatesse, notre gratitude envers Jésus. 

À nous de trouver, dans le quotidien de notre vie, en cette semaine si particulière, le  geste que nous souhaitons faire et offrir, pour exprimer notre amour à notre Seigneur !

Frères et sœurs, demandons la grâce de rester intimement unis à Celui qui donne sa vie, pour que nous ayons la vie !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 14 avril 2019 - Dimanche des Rameaux

Homélie du mercredi 10 avril 2019, 5e  semaine de Carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon Saint-Jean 8, 31-42. Livre du prophète Daniel 3, 14-20.91-92.95. Daniel 3.

 

Le Carême que nous sommes en train de vivre est cette route qui nous conduit vers Pâques. Elle passe par une mort, pour nous guider ensuite, vers la résurrection, c’est-à-dire vers la vie ! Il ne s’agit pas de mort physique, mais de ce qui nous conduit à des morts spirituelles.

Comme les lectures bibliques que nous entendons, jour après jour, ce temps nous aide à nous déterminer, à faire le choix de Dieuet aussi, à repérer nos esclavages intérieurs, à en prendre conscience et à les regarder sous la lumière de Jésus.

Mais de quels esclavages s’agit-il ?

Je ne souhaite pas en faire une longue liste, je vous en donne seulement, quelques exemples. Ce peut être :

 - l’esclavage du temps mal dominé (combien de temps est-ce que je passe à faire certaines choses inutiles, comme le jeu sur internet par exemple, et qui peuvent déséquilibrer ma vie, ma capacité de m’ouvrir aux autres).

- l’esclavage des choses mal possédées, mal gérées (tel événement qui envahit et encombre mon esprit, mon intelligence, et peut m’empêcher de vivre sereinement)

- l’esclavage des désirs, des craintes, des tristesses,

- l’esclavage de mes regards sur les autres et sur moi-même, 

- l’esclavage de mes idoles, de mes pulsions, de mes tentations, de mes passions désordonnées…

Je vous laisse compléter cette liste, non pas pour nous en effrayer, mais pour prendre conscience de tous ces esclavages. Malgré nous, des esclavages demeurent et nous voilà, devant Dieu, avec notre soif de liberté renouvelée par tant d’années de luttes et d’échecs. 

Alors, nous pouvons légitimement nous poser des questions : Est-ce volontaire de notre part ? Sommes-nous libres ?

La liberté se définit par rapport à la vérité ; c’est la réponse de Dieu par la voix de son Fils. Nous venons d’entendre : « C’est la vérité qui fera de vous, des êtres libres ». Être libre de la liberté des fils de Dieu ! Cette liberté suppose donc une rencontre de la vérité, une expérience vécue de la vérité. Comme nous l’entendrons dans quelques jours, le dimanche des Rameaux, c’est ce que répond Jésus devant Pilate : “Je suis né, et je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité“.

Une question se pose à nouveau : « Mais qu’est-ce que la vérité ? »

Qu’est-ce que la Vérité ? 

Bien évidemment, c’est le Christ ! Mais dans le quotidien de notre vie, instinctivement, nous nous référons à “notre“ vérité et nous sommes, bien souvent, autocentrés sur nous-mêmes. Je pourrais même concevoir la liberté comme une autonomie absolue, une possibilité de choisir ce que je veux, indifféremment, sans aucune référence autre que mon vouloir du moment : « Je fais ce que je veux ! », comme le disent les enfants…

Cette conception de la liberté est un mensonge, comme nous le dit Jésus. À certains moments de notre existence, nous pouvons faire le constat que notre rapport à la vérité est comme tordu, biaisé, aliéné. Prenons un exemple : aujourd’hui, combien de personnes, même parmi les chrétiens, s’expriment pour prôner une sorte de christianisme “thérapeutique“, en ne voyant aucun obstacle à l’avortement, à l’euthanasie, ou même à la GPA (gestation pour autrui) ou adhérent aveuglément au transhumanisme !

Combien de chrétiens se créent une religion à la carte, en choisissant ce qui leur convient, comme dans un supermarché, en laissant de côté ce qui leur paraît être trop compliqué ou exigeant !

Si nous ne sommes pas profondément déterminés à suivre le Christ, nous risquons d’aboutir à des scandales, au sein même de notre Église. Ce n’est plus le Christ qui est choisi !

La tentation de dissocier la foi de la pratique n’est jamais loin de nous. Jusqu’à quel point ces idées fausses risquent-elles d’influencer la façon de comprendre ce qu’implique véritablement : suivre le Christ ?

La vérité : c’est Jésus ! Le Christ est profondément libre et notre liberté passe par la sienne. L’homme trouve sa vérité dans sa relation avec Dieu ! C’est pour cela qu’il est important de demeurer dans sa Parole, de nous laisser nourrir par sa Parole, car sa Parole est vraie !

Frères et sœurs, le Carême n’est pas encore terminé. Nous avons quelques jours encore à vivre jusqu’au dimanche des Rameaux. Soyons attentifs à ce que le Seigneur veut nous dire encore et encore ! 

Pour nous y aider, n’hésitons pas à prier les uns pour les autres !

N’hésitons pas à vivre encore le sacrement de réconciliation pour nous libérer de nos esclavages et faire le choix de Dieu !

Demandons cette grâce ce matin, ensemble !                 Ainsi soit-il 

Homélie du dimanche 7 avril 2019, 5edimanche de Carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 11, 1-45. Livre du prophète Ézéchiel 37, 12-14. Psaume 129.

Lettre aux Romains 8, 8-11. Textes de l’année A– 3° Scrutin

 

Ces derniers dimanches, nous avons entendu des textes majeurs, extraordinaires, poignants, fondateurs aussi. Après les évangiles de la Samaritaine et de l’aveugle-né, voici, avant que ne s’ouvre la Semaine Sainte, nous entendons un troisième et long récit de saint Jean sur Marthe, Marie et leur frère Lazare. 

Comme les deux précédents, il s’agit d’une catéchèse sur le baptême, plus particulièrement aujourd’hui, sur la « plongée » dans la mort et la Résurrection de Jésus. 

Si nous sommes là ce matin, c’est que nous croyons selon la foi chrétienne (même si nous le vivons à des niveaux différents de compréhension), à cette « mort » et « résurrection » que nous célébrons, chaque dimanche, plus explicitement lors du Sacrement de l’Eucharistie. 

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, le message est précis. Il peut encore surprendre certains dans notre assemblée. Il annonce déjà le récit de la Passion que nous lirons dimanche prochain. Nous connaissons bien ce message, nous pouvons le dire ainsi :Si l’on veut espérer avoir part à la Résurrection du Christ, il nous faut plonger avec lui dans la mort

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Nous allons relire ce texte, assez rapidement, et je vais vous partager deux détails étonnants.

Quel est le contexte de ce récit ? 

Nous venons d’assister à la résurrection, ou plus exactement, à la réanimation de Lazare (Lazare a, en quelque sorte, un surcroît de vie, quelques années de plus). Dans le quatrième évangile, c’est le dernier « signe » de Jésus et, sans doute, le plus important. Il se situe exactement six jours avant la Pâque juive, préfigurant en Lazare, ce qui va arriver à Jésus. Car c’est bien plus de Jésus que de Lazare dont il est question ici !

 Deux détails étonnants du récitnous le montrent :

Le premier détailest, d’abord, la surprenante finale du récit. Si vraiment Lazare est revenu de la mort, on s’attendrait à ce qu’il raconte son expérience de la mort, ce qu’il a vu ou perçu... comme dans les témoignages de certains dans la « vie après la vie. » Mais rien de tout cela ! Lazare ne dit rien ! Il disparaît à l’arrière-plan tandis que les projecteurs se fixent sur Jésus.

- Et puis, deuxième détail : avant même cette finale un peu frustrante, il y a ce retard de Jésus qui ne semble pas pressé de partir vers Béthanie, alors même qu’on lui dit que son ami est au plus mal. Voilà qu’il reste encore trois jours sur place avant de se mettre en route. Il ose même, ensuite, répondre aux reproches des deux sœurs : «Je me réjouis de n’avoir été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. ».

Il faut donner toute sa portée à cette réponse. À travers la mort de Lazare, la réponse de Jésus vise toutes nos morts, nos petites morts quotidiennes, mais aussi la mort, c’est-à-dire le terme de notre vie terrestre, avec cette certitude : Dieu n’a pas fait la mort ! Jésus montre que Dieu n’est pas du côté de la mort, mais de la vie, et que, s’il laisse à la mort, pour un temps son pouvoir, c’est parce que, à travers elle, il donne à l’homme, par la foi, l’espérance d’en sortir vivant et donc vainqueur !

Ne l’oublions pas : Jésus a vaincu la mort pour que, nous aussi, nous soyons vainqueurs de la mort !

Il est important de retenir que cette victoire, Lui-même, (Jésus) ne l’obtient qu’en subissant la mort. 

Comment pouvons-nous alors interpréter cet épisode ?

Finalement, au cœur du récit évangélique, ce n'est pas tant le miracle qui importe. Certes, la réanimation de Lazare est un évènement important ! Mais, il y a dans les Évangiles, d’autres épisodes d’un mort qui revient à la vie : la fille de Jaïre (Marc 5); ou le fils de la veuve de Naïm (Luc 7) !  

Ce qui est important et ce qu’il nous faut retenir, dans l’évangile d’aujourd’hui, c’est surtout le dialogue de Jésus avec Marthe. Ce focus est au moment où Il dit : « Je suis la résurrection et la vie ! » Avez-vous entendu la magnifique réponse de Marthe : « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui doit venir dans le monde. »?

Cette confession de foi de Marthe dans l'Évangile de Jean est bien plus plénière que celle des Apôtres. Elle est plus directe, plus concrète : Marthe est le modèle de la croyante. Et même Marie, sa sœur, accablée par le chagrin, sans professer verbalement sa foi, se tourne vers Jésus, et non vers le sépulcre. Dans son immense peine : elle choisit de regarder, non pas la mort, mais la vie, c’est-à-dire : Jésus.

Frères et sœurs, il nous faut donc, choisir nous aussi, la vie ! Choisissons le Christ !

Nous retrouvons là, les thèmes du baptême.

Nous faisons l'expérience de la mort de bien des façons au cours de notre existence.

  • Le texte du prophète Ezéchiel, que nous avons entendu, nous redit cette certitude de vie pour le croyant, au jour de son baptême : « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez de nouveau. ».
  • Lazare, comme chacun de nous, du plus profond du royaume de la mort, entend le cri de Jésus :« Lazare, viens dehors ! »Il revient des enfers, comme le baptisé remonte de la piscine baptismale.
  • Avec Marthe, nous passons de la mort à la vie, en confessant la foi pascale de notre baptême, comme nous le disons en proclamant le Credo : « Tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. »
  • Avec Marie, nous sommes invités à tourner notre regard vers le Seigneur.

Pour Jésus, la résurrection de Lazare est bien plus qu’un signe prodigieux. Il manifeste, clairement, qu’Il est le Messie. Cela n’est pas sans conséquence pour Lui, car, à partir de ce signe majeur et déterminant, beaucoup de juifs, parmi ceux qui étaient venus de Jérusalem vont croire en Lui, mais, dans le même moment, les responsables du Temple et les chefs du peuple vont décider de Le supprimer, de Le tuer.

Frères et sœurs, il ne nous reste que quinze jours d’ici à Pâques. Nous vivons donc les derniers jours du Carême !  Le temps du Carême n’est pas terminé ! Il n’est jamais trop tard pour se reprendre, peut-être même, pour certains, de commencer aujourd’hui, le Carême ! 

Dimanche prochain, (dimanche des Rameaux) nous entrerons dans la Semaine Sainte ! Nous agiterons nos Rameaux en chantant : « Hosanna, Ô Fils de David ! » Le vendredi suivant, nous dirons : « À mort, Jésus ! » 

Il est nécessaire de se préparer pour vivre cette semaine intensément parce qu’elle est au cœur même de notre vie chrétienne ! Prenez du temps pour vivre ensemble cette Semaine Sainte, jour après jour ! Il est surtout important, nécessaire, de se déterminer pour le Christ et de décider d’être vraiment chrétien !

Pour cela, prenons le temps de lire et relire, de méditer, de prier l’Évangile, de suivre Jésus pas à pas, pour être tout proche de Lui, à côté de Lui ! Simplement : être avec Lui !

En visant toutes nos petites morts, celles que nous allons confier lors du sacrement de réconciliation, et la mort elle-même qui nous touchera un jour ou l’autre, c’est à chacun de nous que Jésus redit : 

« Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ! »

Nous touchons là l’essentiel de notre foi chrétienne !

Cette question nous est posée à nouveau aujourd’hui : « Le crois-tu ? »C’est à chacun de nous d’y répondre : « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ ! Tu es la Résurrection et la Vie ! »           

Ainsi soit-il !

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 7avril 2019 - 5° dimanche de Carême - 3° Scrutin (Textes année A)

Homélie du mercredi 3 avril 2019, 4esemaine de Carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 5, 17-30. Livre du prophète Isaïe 49, 8-15. Psaume 144.

 

La fin du Carême approche et nous ne sommes plus très loin de la Semaine Sainte. Chaque jour, à travers la liturgie, nous pourrons constater que les textes que nous recevons, vont prendre une densité encore plus grande ; ils nous demanderont davantage d’assiduité, de méditation, de profondeur.

Certains vont peut-être me dire : « Ils sont ardus ! » Il est possible que ces textes soient plus difficiles à comprendre.

Il y a donc un enjeu ! Comment découvrir la richesse qu’ils veulent nous transmettre et comment les comprendre spirituellement ?

Une des pistes pour « goûter » ces textes est de s’ouvrir à la prière des psaumes !

Que nous disent-ils ? Par exemple, celui de ce jour : 

Le Seigneur est tendresse et pitié, 

Lent à la colère et plein d’amour ;

La bonté du Seigneur est pour tous, 

Sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Rien que ces quelques mots pourraient nous inviter à des heures et à des heures de méditation…

Ou bien encore, un peu plus loin, nous lisons dans ce psaume : « Il est fidèle en tout ce qu’il fait ! ».

Ces extraits résument l’enseignement de la liturgie de ce jour, avec des textes qui se répondent.

          - Comment décrire Dieu ? Et finalement qui est-il ?

          - Comment Jésus priait-il ces psaumes en priant son Père ?

          - Que nous disent-ils du Père ?

A bien y réfléchir, un premier constat nous révèle une surprise ! Cette bonté, cette tendresse si discrète, nous présentent le Père comme, accomplissant à la fois le rôle d’une mère, dans ses entrailles, et celui d’un père. 

La première lecture du prophète Isaïe nous aide peut-être mieux à saisir ce mystère divin : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. » C’est bien Dieu qui parle !

Ce que Jésus veut nous révéler, c’est l’amour du Père, c’est la tendresse d’un Père qui se penche sans cesse sur chacun de nous avec une sollicitude maternelle, tout en restant profondément Père.

C’est l’expérience que nous décrit le prophète Isaïe, l’expérience de ceux qui reviennent de loin. « Cieux, criez de joie ! Terre exulte ! Montagnes, éclatez en cris de joie ! Car le Seigneur console son peuple ; de ses pauvres, Il a compassion. »

C’est parce que Dieu a été bouleversé jusqu’en ses entrailles devant la tristesse de nos choix, devant notre solitude, devant l’éloignement mis par l’homme devant son Dieu, qu’Il est venu nous sauver et qu’Il a envoyé son Fils. Il est un Père attentif qui vient en aide à ses enfants. 

Toujours dans la première lecture, nous entendons : « Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut, je t’ai secouru. »

Il nous faut donc comprendre la mission de Jésus venant en notre humanité. Sa mission est de nous faire découvrir qui est le Père, plus exactement l’amour du Père pour chacun de nous.

Cet amour n’est pas fugitif ou temporaire… il veut nous faire découvrir que nous sommes faits pour la Vie éternelle, pour cette résurrection qu’Il annonce… Ce ne sont pas de vains mots ! C’est bien cette réalité qu’il nous faut découvrir : un amour éternel !

Depuis deux mille ans environ, nous croyons que c’est en Jésus que Dieu réalise cette promesse, comme notre Seigneur Lui-même l’a annoncé. 

Le texte d’Isaïe « Deuxième chant du Serviteur » (Is 49, 8-15) n’est pas sans rappeler la première homélie-mission de Jésus dans la synagogue de Nazareth (Lc 4,16) ! « Aux prisonniers : « Sortez ! » Aux captifs des ténèbres : « Montrez-vous ! » Au long des routes, ils pourront paître ; sur les hauteurs dénudées seront leurs pâturages. Ils n’auront ni faim ni soif ; le vent brûlant et le soleil ne les frapperont plus. Lui, plein de compassion, les guidera, les conduira vers les eaux vives. »

 

À six siècles d’intervalle, l’annonce du prophète Isaïe se réalise en Jésus. La mission de Jésus est là aussi ! quel mystère surprenant avons-nous à découvrir et à méditer !

Alors, que devons-nous faire aujourd’hui ?

Comment prier plus particulièrement en ces jours qui viennent ?

Simplement… en prenant du temps avec Jésus. « Le Fils fait seulement ce qu’il voit faire par le Père. »Toute l’œuvre de Jésus, y compris sa Passion, est la manifestation de ce que le Fils a vu faire par le Père.

Prenons le temps de méditer cet enseignement et de s’inspirer de l’action du Christ !

Prenons le temps de la méditation, de rechercher cette intimité avec Jésus dans l’adoration, de se mettre à l’écoute de sa Parole…

Ainsi, petit à petit, nous aussi, nous entrerons dans ce mystère de vie.

À quelques jours de la Semaine Sainte, il est toujours temps de prendre ce temps avec Jésus !

N’ayons pas peur de demander cette grâce pour chacun de nous !

Osons lui demander d’apprendre à l’imiter, pour nous aussi, ressembler au Père !     

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 1eravril 2019, 4semaine de carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Jean 4, 43-54. Livre du prophète Isaïe 65, 17-21. Psaume 29.

 

La puissance de Dieu est dans sa parole !

De bon matin, j’ai une question à vous poser : 

« Chers amis, croyez-vous à la puissance de Dieu dans sa parole ? »

« Croyez-vous à la toute-puissance de Dieu quand Il parle… quand Il nous parle ? » 

En êtes-vous persuadés à l’intime de vous-mêmes, au plus profond de votre cœur ?

Lorsque je discute avec telle ou telle personne, il m’arrive d’entendre qu’au-delà d’une action de Dieu que je perçois, l’acte de foi n’est pas toujours évident ! En effet, il est vrai de dire que même lorsque Dieu agit avec puissance, Il laisse toujours un espace pour notre foi. Dieu ne nous oblige pas de croire !En ce sens, la logique de Dieu nous surprendra toujours ! 

Nous savons bien que Dieu, déjà, crée du nouveau dans le cœur des hommes et des femmes ! 

Et pourtant, alors que nous avons pu constater beaucoup de signes, la foi, pour autant, ne semble pas une évidence ! L'Église de Jésus ne cesse de connaître l'épreuve, une purification de ses manquements et de ses fautes, hier comme aujourd’hui ! Est-ce là, un point de blocage ?

L’épisode que nous venons d’entendre nous redit avec force, la puissance de Dieu dans sa parole.

Voilà un homme, un fonctionnaire royal, qui vient de faire, à pied, les trente kilomètres qui séparent le petit village de Capharnaüm de Cana. C’est un chemin difficile, très éprouvant pour les marcheurs.Mais surtout, ce papa a eu le courage de laisser là-bas, près du lac, son fils mourant. Pourquoi ? Parce que Jésus, dit-on, opère des guérisons étonnantes. C'est, du moins ce que racontent les pèlerins qui sont remontés de Jérusalem après la fête de Pâques, au pays de Galilée,

lorsque Jésus a dit au fonctionnaire royal : "Ton fils vit", non seulement cet homme n'avait rien pour constater l'évidence du miracle, il n’avait aucun moyen de le vérifier (pas de smartphone, pas d’Internet !)

Pourtant, le père n'insiste pas ! Il ne réclame plus la présence physique de Jésus auprès de son enfant. Il n'a que la parole de Jésus, mais, sur cette parole, il reprend la route. Cela lui suffit ! Il a commencé à croire sans n’avoir encore rien vu. Si vous avez une bonne mémoire, ce n’est pas sans nous rappeler l’épisode de Pierre et du disciple que Jésus aimait, lorsqu’ils entrent dans le tombeau, au matin de Pâques. (Jn 20,1-8)

Plusieurs heures après, en retournant à Capharnaüm,il trouve ses serviteurs qui lui apprennent ce qu'il sait déjà : « Ton fils vit !… La fièvre l’a quitté. »  Ils arrivent avec la certitude de l'expérience, et ils trouvent chez cet homme, chez ce père, la certitude de la foi. Eux ont vu, lui a cru.

Dieu le Père, comme Jésus son Fils, aiment être crus sur parole :

car c'est alors que notre foi leur rend gloire.

Cela nous interpelle ! Alors, je vous repose la question du début de cette homélie : 

Croyons-nous à la puissance de Dieu ?

Croyons-nous à la force de la louange et de la prière ?

Est-ce vraiment en Dieu que nous espérons ?

Car c’est Lui qui a les paroles de la Vie éternelle. Comme le psaume le dit, on ne peut ajouter une coudée, une année de plus à notre vie.(Mt 6,27)

Il y a donc un enseignement spirituel pour nous, dans cet Évangile :

Dieu aime que notre confiance en Lui soit « humainement folle » !

Il aime remplir des mains vraiment vides, des mains qui ont tout lâché pour tout recevoir de Lui, pour recevoir ses dons. Mais la difficulté, c’est que souvent, nous hésitons à laisser ce que nos mains renferment, plus encore, nous voulons avoir encore et encore, un signe pour croire ! 

Frères et sœurs, en ce temps de Carême, nous voici invités à entrer dans la foi, sans signes particuliers, simplement par confiance, par pure confiance en la Parole du Christ. C’est alors seulement, forts de cette confiance, que nous pourrons voir les signes que Dieu ne manquera pas de mettre sur notre route.            

Demandons, pour chacun de nous, ce matin, un surcroît de foi et de confiance, en nous soutenant, ensemble, dans la prière !                                                                                                                

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 31 mars 2019, 4edimanche de Carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Luc 15, 1-3.11-32. Livre de Josué 5, 9a.10-12. Psaume 33.

Deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 17-21. Dimanche de Laetare

 

Dans cette parabole, c’est toute la pédagogie de Dieu qui se déploie pour que nous puissions comprendre l’amour incroyable de Dieu pour nous. 

Le fil rouge, ou plutôt le « fil rose » de ce 4edimanche de Carême, estune certitude de JOIE ! Dieu nous attend ! Dieu nous espère ! Dieu est patient ! Il veut pour nous, non la mort, mais la vie !

Retenez ce petit fil, car il est, non seulement important pour nous, mais il nous permettra de mieux suivre et interpréter les textes de ce jour.

Comment pouvons-nous comprendre ? 

Cela passe par une prise de consciencede ce que nous vivons au quotidien, dans nos engagements, sur la façon dont nous formons une vraie communauté, comment nous vivons nos liens familiaux et relationnels. Après cette prise de conscience et de discernement, si nous ne sommes pas pleinement satisfaits, nous ne pouvons pas rester les bras croisés ; nous avons forcément à prendre une décision :choisir à nouveau le bien et renoncer au mal ! C’est une décision personnelle qui exprime d’une certaine façon, un désir d’avancer et qui, en même temps, révèleune faim, une soif et une insatisfactionJe vois bien que je suis peut-être appelé à un choix de vie cohérent, à vivre sans doute autrement, à me donner et non pas à rester replié dans mon canapé ! 

Le résultat doit être un sursaut, une action, une réaction c’est-à-dire une conversion, un changement de cap, changement d’attitude, une conversion que personne ne peut vivre à notre place. 

St Paul le dit d’une façon magistrale :« Nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. »Il y a donc une réconciliation, peut-être avec nous-mêmes, sans doute avec les membres de notre famille, avec nos amis, avec ceux que nous côtoyons chaque jour ; une réconciliation, aussi, avec Dieu.

 Quel que soit notre vie, notre âge ! Jeunes ou moins jeunes, célibataire, fiancé, marié, seul, ou vivant un veuvage, cette parabole nous éclaire et nous aide. L’histoire de ce fils cadet est celle de tousles naufrages spirituels : on réclame une autonomie et une indépendance ! On commence par gaspiller l'héritage du Père : puis on a faim, on « crève de faim » ! On éprouve la solitude, alors : on devient esclave et malheureux !

Cette parabole est surtout un magnifique exemple de ce que doit être le retour vers Dieu. Quand vient le moment de vérité, du fond de notre misère, on se tourne vers Dieu, on mesure le gâchis que nous avons pu faire, parfois malgré nous, on est invité à lâcher toute arrogance, et on décide de reprendre un chemin de vie, de reprendre la route vers Dieu, vers le Père qui est source de l'amour et de la paix !Certains d’entre nous, j’en suis persuadé, ont vécu cela à un moment de leurs vies ! D’autres le vivront un jour ou l’autre ! Pour de nombreux saints, ce chemin de conversion a été le leur : un retour au Père !

Il me faut, pour reprendre le chemin,un sursaut de lucidité, dans un d’un acte de FOI, il n’est pas bon de rester au dépit et à l’amertume, mais il me faut entrer dans une voie de libération : celle de la contrition du cœur !

Il nous faut comprendre que, nos misères, nos erreurs, même nos faux pas ne peuvent pas faire durablement obstacle, pour peu que nous acceptions d’abaisser tout orgueil et d'être aimés même si je ne m’en crois pas digne. La grâce à demander est que nous nous laissions rejoindre par le regard de Dieu, quand son amour se fait miséricorde pour moi !

Dit autrement : tant que le croyant, aux prises avec son péché, dans des situations de blocages choisies ou non, en reste au stade du dépit : son amertume ne fait que grandir !Tant qu’il reste courbé sur lui-même, prostré dans son impuissance, désespéré d'avoir gâché l'image qu'il se faisait de lui, il risque d’en vouloir à la terre entière et particulièrement à lui-même !

Mais, quand vient, au contraire,la vraie contrition, cet éclairage que Dieu me donne de ma vie, non seulement je peux rentrer en moi-même, mais j’ose me lever, je me mets debout, je me mets en marche vers le Père, sûr d'avance que je serai écouté, compris, pardonné, parce que je suis certain d'être aimé tel que je suis ! Non pas tel que j’aimerais être, ou paraître devant les autres, mais d’être aimé dans ma pauvreté, dans ma fragilité même !

Dans la pensée de Jésus, c'est bien le père qui est au centre de la parabole ; Il est le lieu de la Miséricorde !

À la question : pourquoi le monde va-t-il mal ?Pourquoi si peu de compassion, si peu de solidarité, ou si peu de charité ?La réponse peut paraître surprenante ! Le Père ne contraint pas la liberté de ses fils, la liberté des hommes !Illaisse faire,il nous renvoie à notre intelligence, à nos mains, à notre cœur, il fait même droit à nos revendications. Si le Père nous laisse prendre un tel risque, il ne cesse pourtant pas d'attendre et d’espérer notre retour, parce qu'il ne cesse pas de nous aimer.

Frères et sœurs, en ce temps de Carême, Il est important de ré-entendre l’amour disproportionné du Père ! Il est bon de reconnaître que nous sommes ses enfants, imparfaits et aimés tels que nous sommes ! Je crois malheureusement que beaucoup ont oublié à quel point, à quelle intensité, notre Dieu nous aime et attend que nous revenions à lui !

Oui !Notre Dieu est un Dieu patient ! Il me laisse faire toutes mes folies et même tous mes caprices ! Il ne désespère jamais que nous revenions à Lui !

Dans mes moments de lucidité, je peux même être désespéré de mon ingratitude,maisà chaque instant de mon existence, Dieu attend mon retour vers Lui, déjà pour me redire qu’il m’aime tel que je suis ! Si aujourd’hui, je célèbre avec une chasuble rose, « Aurore joyeuse de la Résurrection », c’est pour nous redire que :

Toute conversion est comme une petite Pâque que nous pouvons vivre !

Ne dit-on pas : « qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion ! »

Alors, oui ! Réjouissons-nous ! N’est-ce pas l’aurore de cette joie PASCALE qui nous est déjà donnée de vivre, en ce Dimanche de Laetare !

Il est bon dans les prises de consciencede mon quotidien, de penser à demander régulièrement miséricorde et de retourner vers le Père par le sacrement de réconciliation !

   Ainsi soit-il !

 

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 31 mars 2019 - 4° Dimanche de Carême C

Homélie du mercredi 27 mars 2019, 3e  semaine de Carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Matthieu 5, 17-19. Livre du Deutéronome 4, 1.5-9. Psaume 147.

 

Je souhaite simplement m’arrêter quelques instants, avec vous, sur cette phrase que nous venons d’entendre : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. »

Qu’est-ce que Jésus veut nous dire ?

Avez-vous remarqué que Jésus commence par ces mots : « Ne pensez pas… » ? 

Si Jésus s’exprime de cette façon, c’est bien parce que certains, autour de lui, le pensent ; et peut-être le pensons-nous, nous aussi ? Peut-être aussi autour de nous, nos familles, nos amis, nos relations professionnelles le pensent-ils ?

Mais qu’est-ce qu’il ne faut pas penser ?

- Ne pensez pas que l’Ancien Testament soit périmé.

- Ne pensez pas que les commandements, la Loi, les préceptes de l’Ancien Testament, (ou comme on l’appelle de temps en temps, du Premier Testament), soient des histoires qui appartiennent au passé et soient obsolètes ! »

- Ne pensez pas que Jésus soit venu mettre en place une « religion molle », tiède, peu exigeante ; une religion sans commandements.

Il m’arrive d’entendre, comme vous aussi sans doute, des phrases telles que celles-ci : « Oh, il n’y pas plus de loi ni de commandements ; il suffit d’aimer ! » ou bien : « Il n’y a plus d’obligations, il suffit de se laisser guider par l’Esprit ! », ou encore : « Fais ce qui te semble bien, laisse-toi guider par ce que ton cœur te dit ; la vie est trop courte : profites-en ! »

Attention ! L’Évangile de Jésus n’est pas une invitation à un laisser-faire infantilisant, ou à une religion allégée ou même, à une religion “bisousnours“ : tout le monde est gentil, tout le monde est beau !

Vous pourriez me répliquer que saint Augustin a dit : « Aime, et fais ce que tu veux ! »

Comprenez bien ! Dans cette phrase, le premier mot est : « Aime ! » et ce verbe signifie réellement : « Tout donner », jusqu’à mourir à soi-même, pour donner vie à l’autre ; (peut-être que les mamans qui sont dans notre assemblée peuvent encore mieux comprendre ce que cela veut dire.)

De même, la petite Thérèse de Lisieux nous redit : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même.» Donc, ne doutons pas de la cohérence du message de Jésus !

Le Nouveau Testament n’est donc pas l’abrogation du Premier Testament ; 

Le Premier Testament annonce le Nouveau, et le Nouveau accomplit le Premier Testament.

C’est ce que Jésus explique, ou expliquera aux deux disciples, les pèlerins d’Emmaüs, lorsqu’Il va les inviter à relire sa vie (la vie du Christ), “en partant de la Loi de Moïse, les psaumes, et les Prophètes“.

C’est pour cette raison qu’à presque chaque eucharistie, nous entendons un texte de l’Ancien Testament. La nouveauté de l’Évangile, c’est la pleine révélation du Salut en Jésus que le Premier Testament annonçait déjà !

Dit autrement : tout est déjà dans le Premier Testament, mais il fallait l’Incarnation, il fallait la mort et la résurrection de Jésus, pour que tout s’éclaire enfin ! Il fallait l’Eucharistie, c’est-à-dire la dernière Cène, le Jeudi saint comme nous allons le vivre bientôt, pour que nous puissions aller jusqu’au bout, jusqu’au plein accomplissement du Premier Testament.

L’Eucharistie nous montre, ce qu’est l’amour accompli, l’amour de Jésus qui aime jusqu’au bout. Cette vie offerte est pleinement donnée, une fois pour toutes.

Comme je vous le disais au début de cette célébration, en ce temps de Carême, peut-être pouvons-nous nous ressaisir et prendre le temps de relire les textes fondamentaux de l’Évangile.

Nous sommes presque à la mi-Carême… Décidons-nous !

Pour cela, demandons la force de l’Esprit Saint pour chacun de nous, afin que nous puissions vivre de l’évangile et témoigner de la Bonne Nouvelle du Christ !

Oui, Jésus, envoie ton Esprit saint sur chacun de nous !

Jésus, Toi qui as promis d’envoyer l’Esprit à ceux qui te prient,

Ô Dieu, pour porter au monde ton Feu, voici l’offrande de nos vies !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 27 mars 2019, 3e  semaine de Carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Matthieu 5, 17-19. Livre du Deutéronome 4, 1.5-9. Psaume 147.

 

Je souhaite simplement m’arrêter quelques instants, avec vous, sur cette phrase que nous venons d’entendre : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. »

Qu’est-ce que Jésus veut nous dire ?

Avez-vous remarqué que Jésus commence par ces mots : « Ne pensez pas… » ? 

Si Jésus s’exprime de cette façon, c’est bien parce que certains, autour de lui, le pensent ; et peut-être le pensons-nous, nous aussi ? Peut-être aussi autour de nous, nos familles, nos amis, nos relations professionnelles le pensent-ils ?

Mais qu’est-ce qu’il ne faut pas penser ?

- Ne pensez pas que l’Ancien Testament soit périmé.

- Ne pensez pas que les commandements, la Loi, les préceptes de l’Ancien Testament, (ou comme on l’appelle de temps en temps, du Premier Testament), soient des histoires qui appartiennent au passé et soient obsolètes ! »

- Ne pensez pas que Jésus soit venu mettre en place une « religion molle », tiède, peu exigeante ; une religion sans commandements.

Il m’arrive d’entendre, comme vous aussi sans doute, des phrases telles que celles-ci : « Oh, il n’y pas plus de loi ni de commandements ; il suffit d’aimer ! » ou bien : « Il n’y a plus d’obligations, il suffit de se laisser guider par l’Esprit ! », ou encore : « Fais ce qui te semble bien, laisse-toi guider par ce que ton cœur te dit ; la vie est trop courte : profites-en ! »

Attention ! L’Évangile de Jésus n’est pas une invitation à un laisser-faire infantilisant, ou à une religion allégée ou même, à une religion “bisousnours“ : tout le monde est gentil, tout le monde est beau !

Vous pourriez me répliquer que saint Augustin a dit : « Aime, et fais ce que tu veux ! »

Comprenez bien ! Dans cette phrase, le premier mot est : « Aime ! » et ce verbe signifie réellement : « Tout donner », jusqu’à mourir à soi-même, pour donner vie à l’autre ; (peut-être que les mamans qui sont dans notre assemblée peuvent encore mieux comprendre ce que cela veut dire.)

De même, la petite Thérèse de Lisieux nous redit : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même.» Donc, ne doutons pas de la cohérence du message de Jésus !

Le Nouveau Testament n’est donc pas l’abrogation du Premier Testament ; 

Le Premier Testament annonce le Nouveau, et le Nouveau accomplit le Premier Testament.

C’est ce que Jésus explique, ou expliquera aux deux disciples, les pèlerins d’Emmaüs, lorsqu’Il va les inviter à relire sa vie (la vie du Christ), “en partant de la Loi de Moïse, les psaumes, et les Prophètes“.

C’est pour cette raison qu’à presque chaque eucharistie, nous entendons un texte de l’Ancien Testament. La nouveauté de l’Évangile, c’est la pleine révélation du Salut en Jésus que le Premier Testament annonçait déjà !

Dit autrement : tout est déjà dans le Premier Testament, mais il fallait l’Incarnation, il fallait la mort et la résurrection de Jésus, pour que tout s’éclaire enfin ! Il fallait l’Eucharistie, c’est-à-dire la dernière Cène, le Jeudi saint comme nous allons le vivre bientôt, pour que nous puissions aller jusqu’au bout, jusqu’au plein accomplissement du Premier Testament.

L’Eucharistie nous montre, ce qu’est l’amour accompli, l’amour de Jésus qui aime jusqu’au bout. Cette vie offerte est pleinement donnée, une fois pour toutes.

Comme je vous le disais au début de cette célébration, en ce temps de Carême, peut-être pouvons-nous nous ressaisir et prendre le temps de relire les textes fondamentaux de l’Évangile.

Nous sommes presque à la mi-Carême… Décidons-nous !

Pour cela, demandons la force de l’Esprit Saint pour chacun de nous, afin que nous puissions vivre de l’évangile et témoigner de la Bonne Nouvelle du Christ !

Oui, Jésus, envoie ton Esprit saint sur chacun de nous !

Jésus, Toi qui as promis d’envoyer l’Esprit à ceux qui te prient,

Ô Dieu, pour porter au monde ton Feu, voici l’offrande de nos vies !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 24 mars 2019 - 3° dimanche de Carême - Scrutin Année A

Homélie du dimanche 24 mars 2019, 3edimanche de Carême, année A - Scrutin.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Jean 4, 5-42. 

Livre de l’Exode 17, 3-7. Psaume 94. Lettre de saint Paul aux Romains 5, 1-2.5-8. 

 

 

« Si tu savais le don de Dieu ! »

Nous avons tous dit à un moment donné de notre vie : « J’ai soif ! » ou : « Maman, Papa, j’ai soif ! », ou encore : « Papa, Maman, donne-moi à boire ! »

Peut-être avons-nous aussi entendu cette demande ? Combien de fois l’avons-nous exprimée nous-mêmes, quand nous étions enfants et que la soif se faisait sentir ! Combien de parents ont entendu leurs enfants manifester ce besoin avec insistance, tant ils voulaient être contentés. Parfois même, cela a pu être au milieu de la nuit, et il faut se lever pour donner un verre d’eau : « Maman, j’ai soif ! ».

L’expérience de la soifnous est familière ! Par temps de chaleur, ou après avoir fait une longue marche, quand notre gorge est sèche, et que nous aspirons à boire une eau bien fraiche ! 

Dans la première lecture, comme vous l’avez entendu, les Hébreux ont soif ; ce n’est pas très étonnant : ils sont dans le désert ! Depuis longtemps, ils sont dans « cette terre aride, altérée, sans eau », comme nous le dit le psaume 62. Face à leurs récriminations, à cette soif, Dieu dit à Moïse de frapper le rocher et “il en sortira de l’eau.“Si nous pouvons ressentir une soif physique, il y a aussi une soif spirituelle,que la Bible appelle la “soif de Dieu“ !

Quand Moïse a frappé le rocher, au milieu de ce désert porteur de la mort, l’eau a jailli : cette eau qui fait vivre ! Moïse a posé un acte de foi ! Il est important de noter cela maintenant dans une réelle espérance ; au milieu de ce désert aride, l’eau qui fait vivre a jailli : dans nos déserts, croyons que l’eau peut jaillir !

Comme Jésus vrai homme, comme la Samaritaine de l’évangile, nous aussi, nous avons soif ; plus exactement : nous avons des soifs ! Nous ne disons plus : « Maman j’ai soif ! », mais au fond de nous : « Seigneur, j’ai soif !». 

Il y a une soif ardente en nous :

  • cette soif physique, parce que notre corps a besoin d’être hydraté, 
  • soif d’aimer et d’être aimé, 
  • et cette soif spirituelle,

toutes ces soifs, nous pouvons les exprimer à Jésus, vrai Dieu qui peut largement nous abreuver.

 Dieu seul peut satisfaire nos soifs les plus profondes, car nul mieux que Lui, connaît notre cœur.Certaines fois, dans notre vie quotidienne, lors de nos échanges ou nos rencontres, nous avons cru trouver une réponse à nos soifs, mais nous avons pu être déçus. En Jésus, seul, est la source qui ne déçoit pas !

C’est cette expérience que vit la Samaritaine de l’Évangile. Il serait trop long de reprendre en détail tout ce qui se passe dans cet épisode (je vous invite vraiment à le relire, à le méditer, à le goûter tout au long de cette semaine). Nous découvrons que cette femme de Samarie, dans sa soif, a vainement cherché le bonheur ; elle pensait le trouver en puisant dans des relations multiples, mais sans lendemain.

Avec toute la douceur qui est la sienne, avec pédagogie, Jésus, alors qu’il sait exactement ce qui a été vécu par cette femme, sans la juger, il lui propose une eau qui, enfin, la comblera vraiment.

Vous avez remarqué en écoutant l’évangile, que la Samaritaine est étonnée : elle ironise, elle se moque même un peu de Jésus …“Seigneur, tu n’as rien pour puiser…“ Mais Jésus propose une eau bien différente et il faudra à la Samaritaine, un bon moment pour comprendre que Jésus lui offre beaucoup plus que l’eau pure d’un puits ! C’est petit à petit qu’elle progresse sur le chemin que Jésus lui ouvre. 

C’est au moment où le soleil est au zénith, en plein midi, alors qu’il fait très chaud que cette rencontre a lieu. Est-ce par défiance des villageois qu’elle décide de sortir à cette heure-là ? Peut-être !

 Passé le moment de surprise de rencontrer un homme auprès du puits, elle découvre qu’il connaît beaucoup de détails sur sa vie. Elle est saisie ! Alors, elle devine ! Faisant un pas de plus, elle se demande : « Ne serait-il pas le Sauveur, le Messie ? ». 

Lavée et désaltérée par la rencontre avec cet homme, elle découvre, émerveillée, Jésus, le Messie attendu. Laissant sa cruche, elle va trouver ces gens dont elle a, sans doute, un peu peur à cause de leurs médisances, de leurs regards. Elle court au village, pour partager la fontaine qui vient de jaillir de son cœur avec ses frères et sœurs samaritains.

Et nous ?? Quelles sont nos soifs ? Quelles sont vos soifs ?

Pour trouver cette eau, faut-il aller jusqu’en Samarie, à Sykar pour puiser un peu de cette eau ? Ou pouvons-nous la trouver déjà, ici même, en cette église saint Louis, au cœur de cette eucharistie ?

Comment faire pour nous laisser rafraichir par Dieu, et recevoir la vie qu’Il veut nous donner, me donner :

« Si tu savais le don de Dieu ! »

 … nous redit Jésus. « C’est toi qui demanderais à boire tout de suite ! » … et le Christ déverserait des “piscines olympiques“ de cette eau spirituellement rafraichissante.

Le don de Dieu, le don de l’Esprit Saint, c’est bien cette source : don d’amour du Père !

En même temps, l’image de la piscine n’est pas tout à fait juste, car elle signifierait que cette source serait un apport extérieur à nous ! Non ! Cette source n’est pas extérieure à nous-mêmes : “Celui qui boira de l’eau que, moi, je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en luiune source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. “Cela veut dire que nous avons, déjà en nous-mêmes, cette “source“ pour notre vie spirituelle. 

À quel moment l’avons-nous reçue ? C’est au jour de notre baptême. À chaque fois que nous entendons ou que nous lisons la Parole de Dieu, l’Esprit Saint vient nous abreuver, Il vient nous donner tout ce dont nous avons besoin. 

Il peut exister un petit problème : peut-être que nos “canalisations“ sont un peu bouchées, entartrées, peut-être même obstruées … Serait-il nécessaire d’appeler un plombier ? Non ! Il faut simplement s’ouvrir à la grâce. Cette eau vive est déjà en nous-mêmes, elle nous est déjà donnée et si cette source est profondément en nous, elle devient jaillissante, elle sera même difficile à contenir ; elle devient débordante aussi pour les autres et sera alors visible à travers nos actions, notre regard, nos gestes, notre aide, 

Esprit saintque nous avons reçu au jour de notre baptême, renouvelé à notre confirmation,

Esprit saintqui est la source intarissable de la vie de Dieu en nous,

Esprit saintqui nous est donné pour la Vie éternelle : 

C’est ce même Esprit saint qui est la source vive en chacun de nous !

Dans le Credo que nous allons proclamer tout à l’heure, nous dirons avec foi tous ensemble : « Je crois en l’Esprit saint qui est Seigneur et qui donne la vie. »C’est cette vie qui est jaillissante en nous !

Voilà pourquoi l’Eau vive donnée par l’Esprit saint, désaltère notre vie, hydrate notre vie alors que, parfois, nous sommes comme desséchés. L’eau vive donnée par l’Esprit Saint nous redit que nous sommes aimés de Dieu comme des fils, des filles et que nous pouvons aimer Dieu comme ses fils et qu’avec la force de sa grâce, nous pouvons vivre en fils de Dieu, comme Jésus !

En ce temps de Carême, écoutons-nous l’Esprit saint ?Au plus profond de notre prière, si nous prêtons l’oreille à cette Source vivequ’est l’Esprit saint en nous, nous entendrons cet appel à la conversion. Avec infiniment de douceur, il nous dit et nous redit : « Dieu t’aime ! »

Par cette certitude d’amour, nous devenons des fontaines jaillissantes pour nos frères et sœurs en humanité.                                 « Si tu savais le don de Dieu ! »

C’est cette expérience fondamentale que notre sœur de Samarie a vécue profondément il y a presque deux mille ans, près du puits de Jacob. Il était nécessaire qu’elle entende cette invitation de Jésus, pour qu’elle devienne fontaine jaillissante. 

Il est nécessaire, pour nous, que nous l’entendions encore aujourd’hui ! 

Que l’Esprit saint susurre à nos oreilles : « Dieu t’aime ! Dieu t’aime d’un amour que tu n’imagines même pas, un amour qui va venir combler toutes tes soifs ! » Cette expérience est toujours actuelle et, en écoutant Jésus, nous pouvons la vivre à notre tour !

Alors, ce dessèchement que nous pouvons porter en nous va être réhydraté, pour laisser jaillir cette source, pour qu’elle devienne un geyser d’amour pour notre monde !

Encore faut-il écouter Jésus nous redire : « le Messie, “je le suis, moi qui te parle.“ C’est moi !» 

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 17 mars 2019, 2edimanche de Carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie relue

Évangile selon saint Luc 9, 28b-36.Genèse 15, 5-12.17-18. Psaume 26.

Lettre de saint Paul aux Philippiens 3, 17 à 4, 1.

 

Si vous avez été attentifs, et si vous avez une bonne mémoire, vous savez que, chaque année, lors du deuxième dimanche de Carême, nous entendons le récit de la Transfiguration. 

Avez-vous une explication ?

Comme vous le savez, la liturgie ne laisse rien au hasard ! 

Après avoir rappelé le combat de Jésus au désert, tenté par le Diable, la liturgie d’aujourd’hui nous le présente glorieux et lumineux, rempli de la présence de son Père. Ce choix est important, car, avant la « défiguration » du Vendredi saint, le texte de ce jour met, devant nos yeux, Jésus transfiguré, éblouissant, qui se révèle comme le Fils bien-aimé de Dieu, l’Envoyé du Père. Jésus accomplit les promesses de Dieu, Il réalise la Nouvelle Alliance avec Lui. Dans les mouvements de l’histoire des hommes, nous le savons, le Christ est au cœur de l’Histoire du Salut ; ne l’oublions pas !

C’est pour cette raison que la liturgie va nous rappeler, dans les dimanches qui viennent, les quatre grands moments de l’Histoire du Salut tirés de l’Ancien Testament. Ces moments éclairent aussi la mission de Jésus. Ce sont : l’alliance de Dieu avec Abraham, la révélation du nom de Dieu, la Pâque (Pessa’h pour les Hébreux)) de l’entrée dans la Terre Promise et le retour des exilés de Babylone. 

Soyons attentifs à repérer et à revivre ces différentes évocations au cours de ce Carême !

L’événement de la Transfiguration que nous rapporte saint Luc, les intègre déjà, par la présence de Moïse et du prophète Élie à côté de Jésus. 

Que pouvons-nous dire de cet épisode de la Transfiguration ?

Saint Luc situe la scène sur une montagne qui n’est pas nommée. De quelle montagne s’agit-il exactement ? Aujourd’hui, nous l’identifions comme étant le Mont Thabor, en Terre sainte. Là encore, ce n’est pas sans raison, car dans les Écritures, la montagne est un symbole très présent pour exprimer, la proximité avec Dieu.  Souvent en ces lieux, Dieu se révèle, par exemple : le don des dix commandements à Moïse sur le mont Sinaï, ou la montagne de l’Horeb avec Élie. 

En répondant à l’invitation de Jésus de gravir la montagne, les disciples, Pierre, Jacques et Jean, semblent être prêts, intérieurement, à une rencontre ; le sont-ils complètement ? Non, pas tout à fait, car cette rencontre dépassera toutes leurs attentes. Leurs réactions nous l’indiquent. Les disciples sont à la fois stupéfaits, éblouis, et, en même temps, accablés de sommeil et totalement dépassés. Ils semblent même souhaiter que ce moment dure, qu’il s’éternise : “Faisons trois tentes…“À ce moment-là, même s’ils gardent le silence, ils réalisent que Jésus est bien plus que ce qu’ils peuvent comprendre. L’éclat qu’ils perçoivent chez Lui n’est pas seulement extérieur ; ce n’est pas un homme qui parle bien ou fait simplement des signes extraordinaires… La lumière qui les éblouit provient d’une source intérieure ! Pour le moment, ils ne peuvent en dire plus, mais ils resteront marqués à jamais par cette expérience fondatrice.

Cet épisode, présent dans les évangiles est décrit aussi dans les épîtres. En effet, dans la seconde lettre de saint Pierre, ce disciple retraduit l’événement qu’il a vécu ce jour-là ; voici ce qu’il dit : « En effet, ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires, sophistiqués, que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur (ils ont vu !),car Il a reçu de Dieu le Père, l’honneur et la gloire, quand depuis la gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : celui-ci est mon Fils, mon Bien-aimé. En Lui, j’ai mis toute ma joie ! Cette voix venant du ciel, nous l’avons, nous-mêmes, entendue, quand nous étions avec Lui, sur la Montagne sainte. » (2Pi, 1, 16-18)

Voilà ce que relate saint Pierre et nous entendons, combien cette expérience l’a profondément bouleversé !

De cet événement de la Transfiguration, les témoins en ont retenu l’essentiel : Jésus, est le Fils bien-aimé du Père, Il est le Salut du monde. C’est ce que proclame la voix qui se fait entendre de la nuée : “Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le !“

Ce récit de la Transfiguration annonce aussi le prochain départ qui va « s’accomplir à Jérusalem ». Ce départ sera la remise de la vie du Christ à son Père ; lieu de sa Passion !

La vie tout entière de Jésus est une marche vers ce moment unique, où Il offre tout ce qu’Il est pour le salut de toute l’humanité.

Ce faisant, Jésus accomplit en plénitude l’Alliance que Dieu a commencée depuis les jours d’Abraham.

Toute la venue de Jésus, son incarnation, sa présence parmi les hommes dans notre humanité, sa marche vers Jérusalem, n’ont pas d’autre but que d’offrir Sa vie pour le salut du monde, pour notre salut.

Il nous faut comprendre que le projet de Dieu est bien antérieur à l’appel des Apôtres. Dès le livre de la Genèse, l’Alliance de Dieu avec Abraham est présente. Cette Alliance nous est relatée dans la première lecture. Elle nous raconte l’instant où Abraham prend conscience que son Dieu s’est lié avec lui, par pure gratuité, et qu’Il ne l’abandonnera jamais, lui et sa descendance.

La Nouvelle Alliance en Jésus, viendra compléter et accomplir pleinement, l’Alliance qui est déjà en œuvre. Son accomplissement est vécu dans l’offrande qu’Il fait de sa vie.

Alors, en cette journée sans soleil, que pouvons-nous en retenir ?

Peut-être allez-vous me dire que ce texte est ancien, que nous n’avons pas vu Jésus nous-mêmes, que ce serait plus facile si nous étions montés avec Lui sur la montagne pour le voir éblouissant !

Que devons-nous comprendre ?

Cette Alliance est toujours actuelle, quelles que soient les tribulations de l’Église, quel que soit le péché des hommes, c’est une certitude, même dans l’actualité d’aujourd’hui ! L’Alliance est toujours donnée ! Le Seigneur n’abandonne pas son Église ; il la purifie !

Ce chemin du Carême n’est pas seulement l’occasion de nous souvenir des événements de la vie de Jésus. Il nous fait entrer dans un monde au-delà de nos espoirs humains ! Il nous fait même toucher du doigt, le mystère d’un Dieu qui se fait petit enfant, proche de nous, comme Il le fait pour Abraham et bien d’autres encore.

Ce n’est pas un Dieu inaccessible que révèle la lumière éblouissante de la Transfiguration, bien au contraire : la rencontre unique de Dieu qui se fait proche ! 

Quelle invitation recevons-nous ? Il s’agit de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, à l’écoute de l’Esprit Saint.

Le visage de Jésus si familier, puis transfiguré, sera dans quelques jours tragiquement défiguré lors de sa Passion. La Transfiguration dans cet éclat divin est une invitation à ne jamais baisser les bras, à rester ancré dans cette espérance que Dieu conduit l’Église !

Au cours de cette eucharistie, rendons grâce à Dieu pour son action et son projet de vie pour chacun de nous, même si cela nous dépasse, même si nous ne comprenons pas tout : Oui ! Dieu est là !

N’oublions pas que, jour après jour, nous marchons vers la transformation de l’humanité tout entière dans le Fils unique ; c’est ce que nous promet la seconde lecture qui est remarquable. Comme l’annonce saint Paul, nous sommes citoyens des cieux !

Oui ! Frères et sœurs, nous sommes faits pour la lumière du ciel !

Demandons maintenant la grâce et l’ouverture du cœur pour comprendre ce grand mystère ! 

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 18 mars 2019, 2e semaine de carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon Saint-Luc 6, 36-38. Livre du prophète Daniel 9, 4-10. Psaume 78.

 

Un paroissien m’a posé une question intéressante, cette semaine ; la voici : 

« Comment réaliser que je progresse dans la vie spirituelle ? » Comment comprendre cette question ? Comment savoir si j’avance, si je progresse ?

Est-ce une question que vous vous posez ? 

Ce temps du Carême est favorable pour y réfléchir.

Une partie de la réponse se trouve dans les lectures de ce jour et dans les versets qui précèdent. Je vous invite donc à reprendre ces lectures pour les méditer.

- D’un côté, Jésus montre comment la haine impitoyable (avec tout ce qui l’accompagne : la malédiction, la calomnie, la médisance, et même une condamnation aux enfers …) Tout cela relève d’une certaine logique individualiste et sectaire d’une partie de notre société.

- D’un autre côté, il peut exister une autre logique : la logique de Dieu. 

Bien sûr, nos choix ne sont pas toujours aussi tranchés et bien souvent, nous fonctionnons dans ces deux logiques !

Les paroles que nous venons d’entendre dans cet extrait de l’évangile de Saint-Luc peuvent nous donner le vertige. Il nous faut bien comprendre qu’ici, Jésus exprime plus qu’une règle de bienséance, plus qu’un simple savoir-vivre dans le respect de tous, plus qu’une attitude de non-violence, plus aussi que de porter un regard de bonté sur ceux qui nous entourent ! En réponse à une spirale de la haine et de la colère, Jésus nous invite à répandre dans notre monde en manque d’espérance, en manque d’amour, une surabondance de miséricorde

Cette surabondance de miséricorde est à donner sans distinctionaussi bien sur « les bons, que sur les méchants. » (Mt 5,45)

- Au lieu de répandre la haine, faisons du bien !

- Au lieu de répandre la malédiction, ne maudissons jamais ; au contraire : il nous faut bénir ! 

Sans oublier que « la mesure dont vous vous servez pour les autres, servira de mesure aussi pour vous. »

Pour nous montrer que tout cela est possible, regardons la vie de Jésus : il nous montre le chemin. Il a pleinement supporté tous les coups, sans condamnation, allant jusqu’au pardon ! 

« Père, pardonne-leur ! » dira-t-il, au sommet de l’infamie, lorsqu’il sera cloué sur le bois de la Croix.

J’entends bien les réflexions des uns et des autres : "Mon père, ce que vous me dites est bien gentil… mais je ne suis pas Jésus ! Lui, Il est Dieu… Il a tout de même quelques facilités que je n’ai pas ! D’ailleurs, mon père, si vous connaissiez le nombre de fois où je n’y arrive pas ! Que puis-je faire?"

- C’est vrai que nous ne sommes pas parfaits !

- C’est vrai que nous sommes pécheurs !

- Mais c’est vrai, aussi, que le Seigneur le sait ; c’est pourquoi, même si nous trouvons ce chemin trop étroit, la montée trop rude et difficile, nous savons qu’avec Dieu, tout est possible ! Il nous faudra oser lui redemander sans cesse, cette grâce !

Alors comment pouvons-nous progresser dans la vie spirituelle ?

 Pour avancer sur notre chemin de vie comme dans celui du Carême, il nous faut être pétris par la contemplation de Celui qui a lancé au monde, de tels propos. Il est Lui-même, en vérité et en actes, la miséricorde incarnée. C’est de lui que nous pouvons tout apprendre !

Il y a, cependant, une expérience que nous devons vivre ! 

Car ce qui est sûr, c’est que, tant que nous n’aurons pas été bouleversés par Sa miséricorde, nous aurons peut-être du mal à être nous-mêmes miséricordieux.

Si je n’ai pas vécu pour moi-même, une miséricorde, la miséricorde que Dieu veut pour moi, si je ne l’ai pas expérimentée véritablement, peut-être aurais-je du mal, en retour, à être miséricordieux envers les autres.

La foi nous l’apprend : « Il ne suffit pas d’être plein de tendresse, de gentillesse, de bonté et d’amabilité, même si ce sont de bons sentiments », car … « les païens n’en font-ils pas autant ? »

Notre « être de chrétiens » nous entraine au-delà, c’est-à-dire à imiter le Christ. 

Il est possible que cela prenne du temps ! Ce désir de suivre le Christ à demander et à redemander sans cesse, discrètement, sans trompette ni fanfare ; Dieu voit dans le secret de nos cœurs, le don que nous faisons de nous-mêmes, sans que personne sur terre, peut-être ne le remarque.

Lui seul sait la mesure avec laquelle nous nous donnons, ou nous nous laissons prendre !

Ce qui est sûr, c’est que le Seigneur se servira de la même mesure pour nous combler, et Il mettra sa joie à la faire déborder !

Frères et sœurs, ce temps est favorable pour vivre cette expérience de la miséricorde !

Comment ? En vivant peut-être le sacrement du pardon.

Comment ? Peut-être par la lecture de la Parole de Dieu.

Comment ? Tout simplement en nous mettant au service des uns et des autres, comme le Christ.

Demandons cette grâce pour chacun de nous, humblement, et aidons-nous par la prière, les uns pour les autres !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

 

 

 

Homélie du Père Patrick Gaso - 17 mars 2019 - 2°dimanche de Carême

Homélie du mercredi 13 mars 2019, 1eresemaine de Carême, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 29-32. Livre du prophète Jonas 3, 1-10. Psaume 50.

 

Mercredi dernier, nous avons commencé le temps du Carême par la célébration des Cendres ; déjà une semaine ! Tout au long de cette première semaine de Carême, l’Église nous invite, nous aide, à mieux découvrir qui est Dieu pour chacun de nous.Plus encore, elle nous aide à entrer dans une intimité plus profonde avec Jésus. C’est de cela, dont il est question dans l’évangile d’aujourd’hui.

Jésus vient de chasser un Démon, il vient d’accomplir des signes hors du commun, mais voilà que la foule réclame un autre signe, un signe venant du ciel, un prodige qui les contraindrait à croire en Jésus. La foule demande un signe du ciel qui prouverait que Jésus vient bien de la part de Dieu. Reconnaissons que nous avons cette attitude parfois, nous aussi.

À cette foule, comme à nous : « En fait de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. »Est-ce que l’histoire de Jonas vous rappelle quelque chose ? Peut-être avez-vous lu le livre de Jonas ? Si vous ne l’avez pas encore ouvert, faites-le aujourd’hui, c’est passionnant et pas très long à lire !

Pour les contemporains de Jésus, l’histoire de Jonas est bien connue : c’est un prophète atypique, et qui est, somme toute, bien sympathique ! Est-ce en raison de son franc-parler ? Est-ce à cause de son caractère un peu boudeur ? Bref, Jésus nous parle de Jonas. Pourquoi prend-il cet exemple ?

Le destin de Jonas peut se comprendre à deux niveaux :

- Le premier niveau est un message de conversionqui a été annoncé et entendu par les habitants de Ninive, la grande ville païenne.

- Un deuxième niveau : rappelez-vous ! Jonas a été avalé par le monstre marin, une baleine, et il est resté invisible au monde durant trois jours et trois nuits ; trois jours, comme les jours qui séparent la mort de Jésus, du premier message de sa résurrection.

On peut penser que, ce matin dans l’évangile, nous nous situons plutôt au premier niveau : c’est-à-dire à un appel à la conversion. Jonas a bien été envoyé au peuple de Ninive pour qu’il se convertisse.

Or, Jésus est bien plus que Jonas : Il est la sagesse même de Dieu, venue converser avec les hommes pour qu’ils reconnaissent que Dieu ne les abandonne pas.

Jésus fait référence aussi, à la reine de Saba. Son histoire est relatée au chapitre dixième du premier livre des Rois (si vous ne la connaissez pas, lisez-là : il n’est pas très long, non plus !) La reine de Saba est venue de son lointain royaume d’Éthiopiepour entendre la sagesse de Salomon. Elle était venue de très loin pour écouter ce prodige de Sagesse, comme Jonas vient de loin annoncer l’urgence d’une conversion à Dieu.

À notre génération, il ne sera pas donné d’autres signes que celui de Jonas. Jésus nous le redit : « Il y a bien plus que Jonas, il y a bien plus que la reine de Saba… et plus que Salomon. » C’est Jésus, le Fils de Dieu qui est le signe ultime de Dieu en sa personne.

Nous avons à redécouvrir tout au long de ce Carême, que, pour nous chrétiens, le signe qui nous est donné, c’est le signe du Fils de l’homme, c’est le signe de Jésus en croix, c’est le signe de la résurrection, c’est Jésus !

Puissions-nous continuer à vivre le temps du Carême et, pourquoi pas lire, aujourd’hui, le livre de Jonas, et découvrir l’histoire de la reine de Saba, dans le livre des Rois !

Gardons notre regard fixé sur le Christ ! Ne le perdons pas de vue : c’est Lui, le signe !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du Père Patrick Gaso - 10 mars 2019 - 1er dimanche de Carême

Homélie du Père Patrick Gaso - Mercredi 6 mars 2019 - Mercredi des Cendres

Homélie du lundi 4 mars 2019, 8esemaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie relue

Évangile selon saint Marc 10, 17-27. Livre de Ben Sira le Sage 17, 24-29. Psaume 31.

 

La journée vient tout juste de commencer, et peut-être avez-vous en tête mille préoccupations, des soucis très concrets, des engagements précis : « Que dois-je faire aujourd’hui ? Quels sont mes rendez-vous ? Ai-je pensé à établir une liste de courses ? Ah oui, il ne faut pas que j’oublie mon rendez-vous chez le médecin ou rencontrer mes fournisseurs… je dois aller chercher les enfants à la sortie de leurs cours… » Vous savez ce que je veux dire, car ces préoccupations nous concernent tous !

Voilà qu’un homme se présente devant Jésus pour lui poser une question. Est-ce pour demander une guérison ? Est-ce pour lui ou ses proches ? Non. A-t-il en tête une liste de demandes ? Pas du tout. Est-il préoccupé par un souci précis ? Oui !

Cet homme accourt vers Jésus pour lui poser une question particulière : " Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ?“

Cette question peut paraître surprenante. Sans être forcément dans notre liste des préoccupations de ce jour, elle nous est cependant posée concrètement maintenant.

Cette question est essentielle. Peut-être y pensons-nous de temps en temps ? Peut-être nous gêne-t-elle aussi ? 

- Soit parce que nous n’avons plus le courage de nous la poser, 

- Soit parce que nous pressentons bien qu’à frais nouveaux, une conversion sera nécessaire.

 

En discutant avec les uns et les autres, au sujet d’une vie biologique exceptionnellement longue, je m’aperçois que beaucoup de personnes vont préférer s’en remettre aux progrès de la science, au transhumanisme (par exemple), pour réaliser dans une technologie déshumanisante, ce que Dieu déjà, nous propose sans artifice.

La question de cet homme est essentielle et réaliste : que demande-t-il ? Il veut, dès aujourd’hui, une vie qui puisse traverser la mort ! Il veut, avec les choses qui passent, c’est-à-dire notre vie actuelle, construire, dès aujourd’hui, une vie “définitive“ : la Vie éternelle.

Cet homme a raison ; n’imaginons pas que notre quotidien va durer toujours et toujours…ne rêvons pas !

 

“Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ?“,c’est-à-dire pour avoir en partage, la vie définitive ? La réponse de Jésus est simple : “Tu connais les commandements“ ; les observes-tu ?

L’homme répond : « oui, je les observe. »

Sans doute avez-vous remarqué ce verbe : “Jésus l’aima.“

Alors, Jésus ajoute : “Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres … puis viens et suis-moi ». Littéralement : « dégage-toi de ce qui pourrait être un frein » ! 

 

J’ose croire que pour cet homme sa tristesse n’a été qu’une étape vers le don de soi !

 

Dans notre vie, peut-être se trouve-t-il un “oui“ que nous n’avons pas encore dit à Dieu, un “oui“ en attente qui, aujourd’hui, nous rend tristes ? Peut-être… 

 

Frères et sœurs, ne soyons pas comme cet homme qui possédait de grands biens ! Ne restons pas crispés sur nos trésors, que ce soit une certaine aisance, le confort, la culture, le pouvoir, ou tout simplement, les années qu’il nous reste à vivre sur cette terre !

Ne me répondez pas que vous ne possédez pas de trésors ! Il y a toujours quelque chose qui nous freine et que nous pouvons abandonner à Dieu. 

Pour être vraiment libres, il nous faut apprendre/réapprendre et accepter un vrai détachement pour être totalement avec le Christ dans le projet de vie qu’il nous propose.

Ce qui est sûr, c’est que pour aujourd’hui encore, Il nous offre sa Parole, Il nous offre sa Sagesse, Il nous offre sa Vie !

Quand nous quitterons cette église, ce matin, après avoir communié tous ensemble à la vie que Dieu nous apporte, ne repartons pas avec un arrière-goût de tristesse ou d’incomplétude dans notre quotidien !

Bien au contraire, soyons assurés de son regard qui aime et qui m’invite !

Laissons résonner dans notre intelligence et dans notre cœur, cette invitation : “Viens, suis-moi !“

 

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 3 mars 2019, 8edimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Luc, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Luc 6, 39-45. Livre de Ben Sira le Sage 27, 4-7. Psaume 91. 

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 15, 54-58.

 

« Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur »nous redit le psaume 91 de ce jour !

Une des raisons de rendre grâce est de nous retrouver ici, dans cette église, de dimanche en dimanche !Cette joie de rencontrer des frères avec qui nous partageons la foi. Nous sommes, en effet, plongés dans un monde où « la foi » et même « la vie fraternelle » ne sont plus guère partagées et vécues. 

 

Aussi, goûtons cette forcequi nous est donnée de nous retrouver ici, dans la foi et de renouveler nos raisons de vivre. Pourquoi ?Pour continuer les beaux moments de partages comme celui que nous avons vécu la semaine dernière avec le Père Gaston, mais aussi pour avancer dans une vie où les épreuves et les combats ne nous sont pas épargnés : c’est pourquoi, nous avons besoin de la présence de frères et sœurs en Christ, mais aussi plus largement de la présence de vrais amis.

 

S'il y a incontestablement de la joie à être ensemble, ce serait pourtant naïveté d'ignorer qu'il y a parfois entre nous, des différences et que la vie de notre communauté paroissiale peut connaître des tensions et même des conflits. 

Déjà, dans la première communauté chrétienne, il y a eu quelques obstacles, comme le montre l'exigence rapportée par l'extrait de ce dimanche de l'évangile de saint Luc (Luc 6,39-45). Il nous donne différents principes de régulation dans les relations entre « frères » : « Qu'as-tu à regarder la paille dans l'œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! Comment peux-tu dire à ton frère : 'Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d'abord la poutre de ton œil, alors tu verras clair ! » (Luc 6,41-42).

Cette exigence devrait éclairer notre vie personnelle et le fonctionnement de notre communauté chrétienne. Nous allons l’approfondir en deux points :

 

- Premier point : cette parole définit donc une exigence personnelle.

La parole de Jésusnous demande de commencer par ce que l'on appelle aujourd'hui « un travail sur soi », c’est-à-dire :enlever ce qui empêche de voir clair.Nous n’avons pas forcément des poutres (quoique nous pourrions en discuter…), mais souvent de petites pailles qui peuvent bloquer notre vision. Ce travail commence par une disponibilité intérieure ; écarter ce qui résonne dans notre tête, comme un tourbillon perpétuel qui fait écran et nous empêche de voir la réalité. Ainsi, pour vivre en amitié ou en fraternité, un travail de conversion est régulièrement nécessaire. Il nous faut bonifiernotre cœur : « l’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ». De même, dans notre prière personnelle, il nous faut éliminer ce qui occupe notre esprit en vain et nous empêche d'entendre la Parole de Dieu.

La parole de Jésus ne concerne pas seulement notre vie personnelle.

 

- Deuxième point : cette parole définit aussi une exigence collective !

Elle concerne la communauté chrétienne comme telle. 

Les lectures de ce jour nous invitent dans un accueil de tous, à ne pas accabler de reproches ou de leçons de morale nos frères.« On juge l’homme en le faisant parler », comme le dit Ben Sira le Sage (1relecture), cela suppose une capacité d’écoute et un discernement ! Vouloir corriger l'autre alors qu'on est aveugle sur soi-même, c’est bien le problème ! 

L'appel posé par Jésus est clair !Il concerne la vie de la communauté chrétienne ! Cette exigence posée par Jésus sera d’autant plus difficile à vivre si certains sont rendus aveugles par une poutre énormedans l’œil ! Ne voyant plus rien, ils risquent d’être à l’origine de dangers, d’incompréhensions et de drames terribles, tels que nous les découvrons douloureusement, ces derniers temps, dans les médias.  

 

Ces révélations en cascade sur l’hypocrisie et les scandales dans l’Église nous laissent tous un peu “groggy“.Entre effet de sidération, désir de défendre tant bien que mal l’institution, volonté de démêler le vrai du faux, et accueil d’une douloureuse vérité, nos premières réactions resteront souvent gauches et maladroites. Sans doute faudra-t-il du temps pour relire ce qui est en train de nous arriver, entamer un authentique processus de réforme, et guérir bien des blessures. Je pense aux victimes et à leurs familles !Le travail de vérité que l’Église doit vivre concerne tous ses membres, mais sans oublier que, si les actes de certains sont objectivement abominables, qu’il y a, assurément, de la droiture et de la bonté parmi notre communauté, et beaucoup de sainteté dans le peuple de Dieu.

 

Dieu n’abandonne pas son Église, au contraire, il travaille à la purifier, y compris du mal qui est en elle et qu’elle pourrait s’obstiner à ne pas voir.Il nous donne la possibilité de nous dégager de la gangue d’ambiguïtés et d’aveuglements qui a rendu possibles les faits qui conduisent aux crises que nous connaissons. La Parole de Dieu est toujours bonne, c’est du cœur mauvais de l’homme, que peuvent sortir le mal et la perversion !

 

Oui, frères et sœurs, malgré toute notre tristesse, il est bon d’être ensemble dans la même célébration et dans le partage de la même foi. L’Esprit Saint travaille pour insuffler sans cesse, en nous, un cœur renouvelé dans l’espérance et, je le crois, dans la bienveillance. Ne l’oublions pas, Dieu nous a fait à son image ! 

Venant dans notre humanité, il n'est pas venu dans la splendeur, dans un éclat de force ou dans le prestige des grands, il est venu par le chemin d'une humanité vraie et humble ! Il vient aujourd'hui encore dans notre communauté par ce même chemin d'amitié et d'écoute, d'accueil et de partage.

 

C’est pourquoi rendre grâce au Seigneur est toujours possible et nécessaire !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 27 février 2019, 7esemaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie non relue

Évangile selon saint Marc 9, 38-40. Livre de Ben Sirac le Sage 4, 11-19. Psaume 118.

 

Ce matin, nous entendons un texte qui est intéressant pour nous, intéressant pour notre mission de chrétiens.

C’est ce thème que je vais essayer de développer modestement maintenant.

Hier à l’époque de Jésus, comme pour nous aujourd’hui, être pleinement disciple n’est pas chose facile. Au début de son ministère, Jésus avait choisi pour disciples des hommes comme les autres, avec leurs qualités et leurs limites.

Comment ces hommes vivaient-ils leur statut de disciples ? Peut-être comme une promotion… Peut-être comme un honneur ; d’autant plus que, dans leur cas, c’était le Rabbi Jésus qui les avait choisis : « Toi, suis-moi ! »

Il est clair que ces humbles pécheurs du lac de Galilée n’étaient pas disposés à perdre les prérogatives liées à leur état. Nous savons bien qu’il y aura forcément, par la suite, comme une transformation, des conversions et une maturation qu’il leur faudra vivre.

Dans les passages précédents de cet évangile lus les jours derniers, nous avons vu comment Jésus tentait déjà avec une infinie patience d’élever leur motivation. Que leur a-t-il demandé ? Jésus invitait ses disciples à renoncer à rechercher le pouvoir et la gloire personnelle pour se mettre au service des plus petits.

Pour l’instant, nous avons l’impression que c’est peine perdue : les disciples ne semblent pas écouter vraiment ce que Jésus leur dit !

Dans la petite péricope de ce matin, nous ne quittons pas le terrain des jeux de pouvoir. 

Que se passe-t-il ? 

L’ironie du sort veut qu’un étranger a osé se servir du nom du Maître pour expulser des esprits mauvais. Il a réussi son entreprise là, où les disciples sont demeurés en échec. Rappelez-vous l’épisode que nous entendions avant-hier : celui de l’enfant possédé et épileptique que les disciples n’ont pu délivrer. Voilà une raison de plus, pour les disciples, d’empêcher, en quelque sorte ce “concurrent“ d’agir. 

Littéralement pensent les disciples : « s’il continue à agir ainsi, il risque de nous faire de l’ombre ». 

A demi-mot, ils viennent dire à Jésus : “… il n’est pas de ceux qui nous suivent.“

Cette phrase est très intéressante ! Le “nous suivent“ trahit un décentrement qui n’est pas anodin : depuis quand s’agit-il de suivre les disciples et non le Maître ? Ce lapsus tout à fait révélateur, ne trahirait-il pas une appropriation de la mission ou du ministère ?

La réponse de Jésus est remarquable ; elle tranche singulièrement avec le discours revendicateur et accusateur des disciples. Essayons de traduire ce que Jésus veut nous dire : « si cet homme a pu faire autorité sur ces esprits mauvais en utilisant mon nom, c’est sans aucun doute, qu’il m’était étroitement uni par la foi. Sinon, comment pourrait-il mal parler de moi alors qu’il vient explicitement, de puiser dans mon autorité pour faire le Bien ? Réjouissez-vous donc avec moi de ce que l’action de l’Esprit Saint déborde notre petit groupe ! »

Il est probable que le comportement quelque peu mesquin des disciples nous choque ; pourtant, sommes-nous tellement différents d’eux dans nos pratiques quotidiennes ?

Le Seigneur nous invite à nous réjouir du succès honnête des autres, et même des succès de nos rivaux directs qui excellent parfois avec facilité dans le domaine où nous nous efforçons péniblement de porter du fruit. Pourtant, tout ce qui se fait de bien, de beau, de vrai autour de nous, ne peut se faire qu’avec l’aide de la grâce et devrait donc susciter notre reconnaissance.

En ce jour, demandons à l’Esprit Saint de nous aider à prendre autorité sur tous nos sentiments, sur nos sentiments négatifs, sur nos jalousies, afin que notre louange chante plus fort que nos envies !

Demandons cette grâce de nous émerveiller de ce qui se vit de beau autour de nous et de chanter les louanges de Dieu !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 25 février 2019, 7esemaine du temps ordinaire, année C. 

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon saint Marc 9, 14-29. Livre de Ben Sira le Sage 1, 1-10. Psaume 92.

 

Nous entendons ce matin, un texte très instructif de la vie de Jésus ! Nous pouvons y découvrir plusieurs thèmes dans l’épisode de ce jour : le démon et la maladie, l’échec des disciples devant cette maladie, la guérison opérée par Jésus, les reproches que Jésus va faire aux disciples, l’analyse de la déclaration du père de l’enfant malade, et aussi la force de la prière dans la guérison…

Cependant, dans ce récit, je note un fil rouge qui pointe une idée, une seule idée : la foi !

 

Cette « foi » que nous avons reçue au jour de notre baptême, foi renouvelée lors de notre confirmation, la foi qui nous pousse à être présents ce matin, ici, dans cette église saint Louis.

Dans cet évangile, Jésus et quelques disciples (Pierre, Jacques et Jean) descendent de la montagne où s’est déroulé un épisode majeur, celui de la Transfiguration. C’est donc en l’absence de Jésus qu’un homme a demandé aux disciples de délivrer son fils possédé. Nous avons entendu que les disciples n’y parviennent pas !

En arrivant près du groupe des disciples, la discussion est vive. Face à une foule stupéfaite, Il demande des précisions : “De quoi discutez-vous avec eux ?“

Le père raconte à Jésus comment le Démon domine son fils et il termine son intervention par une prière : “Si tu peux quelque chose, viens à notre secours…“Oui Jésus, si tu peux…

Cet homme semble, à ce moment, mettre en doute les compétences de Jésus ; peut-être aussi a-t-il été refroidi par l’incapacité et l’échec des disciples ?

Sans faire de reproches, Jésus souhaite faire réfléchir cet homme… et donc, nous aussi, à ce sujet.

L’amour du père pour son fils est perceptible : sa prière est vraie et poignante ! Elle nous fait découvrir l’amour d’un papa attaché à son enfant et sa réponse est directe : Je crois…“dit-il en s’adressant à Jésus, “…viens au secours de mon manque de foi !“ 

Si le dialogue de Jésus avec ce pauvre père désemparé nous touche si fort, c’est qu’à travers sa réponse, Jésus dénonce et conteste la timidité de notre propre foi. Nous savons bien que Jésus nous sauve et pourtant… Pourtant, il reste tant de “si“ qui trainent encore dans notre cœur !

Remarquons que dans la prière de cet homme, il n’y a aucun marchandage : « Si tu guéris mon fils…» Non ! Ce papa exprime seulement une prière, un souhait qui dépend de Dieu seul : « Viens Jésus, nous sauver ! ».

Si l’homme ne peut aller à Dieu, Dieu seul peut venir à lui ! Dieu seul peut venir vers nous !

Cette déclaration du père est aussi la nôtre : « …viens au secours de mon manque de foi ! »

La réponse de Jésus est invitation à un acte de foi :

« Tout est possible pour celui qui croit ! »

Frères et sœurs, si nous pensons que la foi est certitude, peut-être allons-nous en manquer ?

D’où cette prière que je peux faire régulièrement, peut-être chaque matin : 

« Seigneur, viens au secours de mon manque de foi ! »

C’est alors qu’il nous faut comprendre que justement, la foi, la vraie foi, consiste en un acte de confiance dans une prière !

Si ma prière est juste et vraie, Jésus va pouvoir l’exaucer !

Au-delà de la maladie, la prière est capitale. L’évangile d’aujourd’hui nous le redit : la prière sert à nous libérer de toutes sortes d’emprise du Démon.

Dans une prière confiante, frères et sœurs, osons redire encore et encore tout au long de ce jour : 

“Tout est possible pour celui qui croit !“

Ainsi soit-il !         

Homélie du dimanche 24 février 2019, 7edimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Luc, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Luc 6, 27-38. Lecture du premier livre de Samuel 26, 2-7-9.12-13.22-23. 

Psaume 102. Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 15, 45-49.

Départ du Père Delmas

 

Chers frères et sœurs, je ne sais pas comment vous réagissez en écoutant cet évangile ?

En entendant toutes les recommandations de Jésus, nous aurions presque envie de lui répliquer : « Mais, Jésus, es-tu vraiment sérieux ? Voudrais-tu vraiment que nous agissions de façon aussi naïve ? Faudrait-il nous laisser écraser sans nous défendre, et aller jusqu’à aimer ceux qui nous détestent et qui nous font du mal ? Est-ce possible ? »

 

Oui ! Difficile à comprendre et à accepter ! Oui sans doute ! Mais, c’est cette attitude-là que Jésus nous demande d’avoir. Remarquons que, cette fois-ci, Jésus ne parle pas en image, Il ne nous raconte pas une parabole qu’il nous faudrait décoder : mais son message est clair, il manifeste très explicitement des exigences malaisées à suivre.

 

Dans la deuxième lecture, la lettre aux Corinthiens dont nous avons entendu un extrait, saint Paul nous donne le fondement théologique qui peut nous permettre de mieux comprendre le message de Jésus. (Il serait sans doute bon que vous preniez du temps pour relire et méditer les lectures de ce jour !)

 

Même si nous été créés à l’image de Dieu avec, en notre être, une semence de vie divine et la capacité de vivre en communion avec Dieu, le message de Jésus réclame de notre part une acceptation et une décision de ressembler à Celui qui nous a créés.

Nous savons que le péché est venu rompre cette harmonie. Une fois que l’unité de notre propre être a été rompue, notre communication avec Dieu a été en même temps, interrompue ! C’est ce qui s’est passé dans le jardin d’Éden, il y a fort longtemps, nous en vivons encore les conséquences et nous les reproduisons à notre tour !

 

Une précision s’impose : Dieu n’est pas et ne sera pas notre ennemi ; Dieu ne sera jamais notre ennemi ! C’est à cause de notre défiance que nous mettons une distance entre Lui et nous, une distance qui parfois, nous oppose à Lui et fait de nous, ses ennemis. Loin de se décourager, c’est Dieu lui-même qui revient sans cesse vers nous. C’est toujours Lui qui veut nous permettre de reconstruire l’unité perdue de notre être. 

C’est Dieu lui-même qui nous a envoyé son Fils unique, né comme nous de la terre, vrai homme et vrai Dieu, pour nous rendre capables de raviver en nous la flamme de la vie divine. Il veut progressivement, nous reconfigurer à l’image de son Fils, chacun à son rythme.

 

Dans cet évangile, les recommandations de Jésus sont exigeantes : « Aimer nos ennemis, faire du bien à ceux qui nous haïssent, présenter l’autre joue à celui qui nous frappe, ne pas réclamer à celui qui nous vole… » Tout cela n’a, en réalité, rien d’extraordinaire… Vous allez me demander pourquoi ? Tout simplement parce que c’est ce que Dieu fait tous les jours à notre égard. 

Combien de fois, frères et sœurs, sommes-nous redevables à Dieu ?

Combien de fois est-ce que nous récriminons contre Lui ?

Combien de fois lui faisons-nous porter nos propres péchés ?

 

Entre ceux qui refusent l’existence de Dieu, ceux qui l’accusent de tous les maux, beaucoup s’interrogent : où est-il ton Dieu ? Que fait-il ? Pourtant, Il ne cesse de revenir vers nous, de nous redire qu’Il nous aime et qu’Il veut que nous soyons à Lui. 

Ce que fait Dieu chaque jour pour nous, il veut que nous le fassions pour les autres. À tous ceux qui le lui demandent, il apprend la force humble du pardon et de la miséricorde.

 L’invitation est là, disponible pour chacun de nous :  

Soyez donc miséricordieux comme notre Père céleste est miséricordieux.

 

 

La première lecture que nous avons entendue nous présente un exemple de pardon magnanime : celui de David à l’égard du roi Saül.

 

Après sa victoire stupéfiante contre le géant Goliath, champion du clan adverse qu’il a terrassé avec sa fronde, David est intégré dans l’armée d’Israël. Mais de combat en combat, sous l’autorité du roi Saül, il brille par ses exploits et son commandement au point qu’il va susciter la jalousie féroce du roi Saül qui décide, alors, de le tuer. Il devient trop gênant pour lui. David est pourchassé, ne gardant que très peu de personnes autour de lui pour le défendre et le protéger. Voilà que se présente une occasion unique, inespérée de tuer Saül qui dort, la lance à son côté. Il lui suffirait de saisir cette lance et de la lui planter dans le cœur. 

David ne le fait pas ! Pourquoi ?

À cet instant, David a compris que Saül est plus grand que ses actions. Ses actions, même les plus basses, ses actions, même les plus viles, ne disent tout de lui. Cela signifie qu’il ne faut jamais réduire une personne à ses actes

- Ce n’est pas parce que j’ai volé une fois, que je suis un voleur pour toute la vie, 

- Ce n’est pas parce que j’ai tué que je suis un meurtrier pour la vie ! 

David comprend que Saül est plus grand que ses actions et que, par-dessus tout, il a reçu l’onction divine.

 

Comment mettre en pratique les recommandations de Jésus ? C’est de prendre conscience :

  • que chaque personne que nous rencontrons,
  • chaque individu
  • quelle que puisse être son attitudeenvers nous ou dans la société,

demeure toujours une personne créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, une personne à qui Dieu offre sans cesse sa miséricorde

Dieu agit ainsi pour chaque personne, comme il le fait pour chacun de nous.

 

Frères et sœurs, ne soyons pas naïfs, non plus ! Il ne s’agit pas de ne pas regarder et nommer la réalité des actes telle qu’elle est, par exemple : 

  • de ne pas identifier comme crime ce qui est un crime, 
  • une lâcheté ce qui en est une, une faiblesse ce qui est faiblesse, 
  • une offense, ce qui est offense. 

Ce n’est pas ce que Jésus veut dire quand Il nous demande de ne pas juger. Par exemple, David n’excuse pas l’attitude de Saül, mais il laisse le jugement ultime à Dieu.

 

S’il nous est permis de reconnaître comme mal ce qui est mal, si c’est même pour nous, un devoir de dénoncer l’injustice et de prendre tous les moyens pour faire prévaloir la vérité là où règne le mensonge, il n’en reste pas moins que nous ne savons pas ce qui est dans le cœur des autres personnes, que Dieu seul le sait, que Dieu seul en est le juge.

 

Le respect pour chaque personne créée à l’image de Dieu et objet de son amour miséricordieux, exige que nous ayons, à son égard, la même attitude que Dieu. 

« Qui suis-je pour juger ? » 

Nous pouvons l’exprimer autrement : 

Plus nous aimons nos frères pour eux-mêmes,

Plus grandit en nous, la ressemblance à Dieu Père !

 

Cette ressemblance n’est pas une récompense à laquelle nous pourrions renoncer, mais c’est le sens et le but même de notre vie sur terre. C’est aussi l’amorce, en nous, de la Vie éternelle. C’est ce germe que Dieu a mis en chacun de nous.

 

Père Gaston Delmas ! Durant cinquante ans, vous avez vécu, enseigné, partagé, célébré dans cette église. En arrivant dans cette paroisse comme curé, j’ai pu observer et constater le fruit de toutes ces années de votre ministère.

Je découvre au sein de cette communauté autour de l’église Saint Luc, ce désir de l’amour de l’autre, ce souci de l’autre, l’accueil de l’autre.

Vous avez su, à votre façon, former à cette attitude évangélique, les paroissiens du Relais saint Luc qui vous ont été confiés. 

C’est une Action de grâce que nous pouvons, tous ensemble, vous redire !

Merci à chacun de vous !

Merci, Père Gaston, merci pour votre fidèle prière.

 

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Patrick Gaso - Dimanche 24 février 2019 - Saint Luc

Homélie du mercredi 20 février 2019, 4esemaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. 

Évangile selon saint Marc 8, 22-26. Livre de la Genèse 8, 6-13.20-22. Psaume 115.

 

Nous venons d’entendre un passage de l’évangile de saint Marc qui est truculent ! Je vous invite vraiment à prendre le temps de le relire.

Comme dans l'épisode du sourd bègue, Jésus s'écarte de la grande foule pour opérer le miracle, et il recommande à l'homme guéri de quitter son ancien monde et de retrouver sa véritable famille, de rentrer dans sa maison dans une certaine discrétion : “Ne rentre même pas dans le village.“ C’est la finale de l’évangile.

Si vous avez écouté le texte avec attention, un détail peut vous frapper dans cette guérison d'un aveugle : Jésus lui rend la vue en deux fois ! Pourquoi ces deux étapes ?  Est-ce à cause de l'aveugle ou peut-être est-ce parce que son cas était si difficile qu’il faudra à Jésus une guérison en deux étapes ?

L'étrange manière de faire de Jésus cache, en réalité, une visée pédagogique :c'est une sorte de catéchèse en acte, à la manière des prophètes, une catéchèse qui nous est adressée. Dans un premier temps, l'aveugle commence seulement à voir, mais il distingue mal les hommes, des arbres. Dans un deuxième temps, sa vision devient tout à fait nette. 

Si nous transposons pour notre vie de chaque jour, dans notre vie de chrétiens au XXIèmesiècle, c'est bien ce qui se passe pour tout aveuglement spirituel,et instinctivement nous rapprochons cette guérison opérée dans le port de Bethsaïda, de la question posée par Jésus dans la barque, juste quelques heures auparavant avec ses disciples. Que leur disait-Il ? 

« Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ? Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! »

Même quand on vit journellement aux côtés de Jésus, (et c’est ce que nous essayons de faire, honnêtement, avec joie) il nous faut du tempspour entrer dans sa Parole ; même quand Jésus est là, présent dans notre vie, il nous faut du temps pour nous ouvrir à sa lumière.

Pourtant, nous le savons bien :

combien de fois, sommes-nous comme des aveugles, tâtonnants à certains moments de notre vie !

-  le Christ est bien là, agissant,mais cette certitude ne nous épargne pas le cheminement de la foi, ni le labeur de l'espérance, et c'est, souvent petits pas après petits pas, que nous émergeons à la lumière des Béatitudes.

Il nous faut du temps pour cheminer dans notre vie chrétienne, pour entrer dans cette connaissance, dans cette lumière que Jésus nous propose !

Mais, si nous acceptons de rester avec Lui, si nous acceptons aussi une certaine pauvreté de notre part, la grâce d’une vision claire revient, de vraies perspectives réapparaissent, le visage de Jésus devant nous se précise, et du coup, nous pouvons voir plus loin, plus loin dans l'avenir de l'Église, plus loin dans notre route de service, plus loin dans le cœur de Dieu, plus loin aussi dans notre désir de sainteté.

C’est vrai, nous sommes parfois comme cet aveugle ! Tout cela est parfois mystérieux et échappe même à notre logique !L’important est de décider de rester avec le Christ, de respecter les patiences du Seigneur, de croire en sa capacité de guérison et surtout, ne pas le croire absent parce notre aveuglement nous cache encore sa présence. De fait, chaque jour, chaque heure, à chaque instant, Il est présent dans notre vie !

Frères et sœurs, avançons résolument avec le Christ et, tout au long de cette journée, soyons dans l’action de grâce tout en posant, en même temps, cet acte de foi : 

Le Christ est là ; Il nous accompagne !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi18 février 2019, 6esemaine du temps ordinaire, année C. 
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie relue
Évangile selon saint Marc 8, 11-13. Livre de la Genèse 4, 1-15.25. Psaume 149.
Mémoire de François-Régis Clet
 

Dans l’évangile de ce matin, un mot a tout spécialement, retenu mon attention, ou plutôt une expression : “Jésus soupira au plus profond de lui-même“.

Il nous arrive souvent, sans doute aussi, de soupirer quand nous nous trouvons dans telle ou telle situation… peut-être parce que nous sommes fatigués ou parce que la situation nous surprend, nous dérange, nous inquiète ou alors nous fatigue. Certains soupirs ne passent pas inaperçus !

Toujours dans le même évangile, à propos de la guérison d’un sourd-muet, il y a deux jours, nous entendions déjà un soupir de Jésus.

Aujourd’hui, à peine débarqué sur la rive à nord-ouest du lac, dans la région de la ville de Dalmanoutha, Jésus voit arriver un groupe de pharisiens qui cherchent à obtenir de Lui un signe venant du ciel, un signe qui vienne clairement de Dieu. On pourrait penser que les pharisiens souhaitent simplement un supplément de lumière et demandent à Jésus d’annoncer plus explicitement sa mission. En réalité, il y a du défi et de l’agressivité dans leurs questions et c’est un piège, ni plus ni moins, qu’ils tendent à Jésus.

  • Si Jésus accepte de faire un prodige éclatant, ils pourront l’accuser de se mettre en valeur ; -
  • s’Il refuse, ils pourront dire qu’il n’est pas même au niveau des grands prophètes comme Élie ou Moïse.

C’est à ce moment-là que Jésus soupire au plus profond de lui-même, avec cette phrase interrogative : « Pourquoi cette génération cherche-t-elle un signe ? »

Comment pouvons-nous comprendre ce soupir, ce matin ?

Peut-être est-ce l’immense déception de Jésus devant l’attitude si négative des pharisiens !

Pourtant, quelques heures auparavant, Jésus a nourri une foule de quatre mille hommes, avec seulement quelques pains et de petits poissons. S’ils n’ont pas alors reconnu, dans ce miracle, la puissance, la générosité, la bonté, l’extraordinaire de Dieu, l’œuvre de grâce de Jésus, comment pourraient-ils se rendre compte de qui est Jésus à travers un autre signe ?

« Amen, je vous le déclare, aucun signe ne sera donné à cette génération ! »

Je me suis posé une question en pensant à moi-même : « Est-ce que le Seigneur soupire de moi ? »

Frères et sœurs, nous sommes de cette génération, nous qui vivons sans cesse en retrait de l’audace de Dieu, nous qui parfois boudons ses choix, sa loi, ses demandes, nous qui parfois passons sans les voir à côté des merveilles que Dieu réalise… Nous, qui parfois, ne faisons pas ou si peu confiance à Dieu !

Les Juifs demandent des signes, disait Saint-Paul, les Grecs recherchent la sagesse ; et nous-mêmes ? Nous qui avons à la fois l’attitude de « juifs et de grecs », nous voudrions, à certaines heures tout cela ! Nous voudrions que le Salut nous vienne dans un fauteuil et que la Parole de Dieu nous soit présentée comme “sur un plateau“.

Peut-être le Seigneur soupire-t-il de temps en temps, en nous écoutant, en nous voyant agir ?

Peut-être est-Il déçu de nous-mêmes, de notre attitude ? 

Pourtant, Dieu ne perd jamais l’espérance que chacun de nous puisse non seulement se convertir, mais aussi Le choisir, chaque jour. 

Le Salut est toujours un événement et, à chaque instant, c’est Jésus, inattendu, inouï qui “débarque sur notre rive“ et qui veut être cru sur sa Parole.

Je termine avec un dernier point : certains vont sûrement me dire que : s’ils ne voient pas, s’ils ne touchent pas, non, ils ne croient pas… C’est pour cela qu’ils réclament un signe.

Mais de fait, si nous y réfléchissons bien : si je vois, si je touche, je ne suis plus dans le « croire », dans l’acte de foi. À ce moment-là, je ne fais que savoir ! Or, c’est bien dans le fait de « croire sans voir », que le Seigneur nous invite, c’est-à-dire dans la confiance en sa personne !

Frères et sœurs, aujourd’hui, ne décevons pas Jésus, ne le faisons pas « soupirer » encore une fois !  Choisissons et osons la confiance !

En ce jour où nous faisons mémoire de saint François-Régis Clet, sachons que lui, a osé avec audace témoigner du Christ et qu’il a donné jusqu’à sa vie pour l’honorer !

Ainsi soit-il !    

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Homélie du dimanche 17 février 2019, 6edimanche du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, Collégiale saint André, par le Père Patrick Gaso. 
Évangile selon saint Matthieu 20, 1-16. 
Lors de la célébration de la Sainte Eucharistie dans la forme extraordinaire du rite.

 

Chers amis, c’est une joie d’être parmi vous ce matin !

Nous venons d’entendre cet évangile selon saint Matthieu ; n’avons-nous pas envie de dire, nous aussi : « Ces derniers venus n’ont travaillé qu’une heure, une seule, et tu les traites comme nous, comme nous qui avons porté le poids du jour et de la chaleur ! Qu’est-ce que cela veut dire ? »

Imaginons que vous ouvrez le journal du matin et, en le lisant, vous apprenez qu’un industriel important, directeur d’une entreprise multinationale, a tout à coup décidé de payer ses ouvriers et ses cadres, sans tenir compte du temps réel de leur travail, et qu’il a donné à chacun le même salaire !

Imaginons le tollé de protestations et le “bazar“ avec, sans aucun doute, des grèves et de la colère. Les patrons qualifieraient ce chef d’entreprise d’inconscient, les syndicats crieraient à l’injustice et chaque ouvrier s’exclameraient : « C’est inadmissible, provocateur, immoral ! »

De même, cette phrase : “Les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers“que nous entendons souvent, qui est passée dans le langage courant, peut être vécue comme une injustice. Elle est cependant une façon d’exprimer dans un style un peu abrupt, le renversement que représente l’appel du Christ dans la vie de ces hommes.

Selon les règles de la vie sociale, selon les règles de la simple équité, il convient que ceux qui sont les plus responsables, ceux qui travaillent le plus, ceux qui se dépensent le plus, reçoivent un salaire et une reconnaissance plus grande. E voilà que Jésus, à travers cette parabole, leur fait entrevoir ce que le prophète Isaïe disait : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, mes chemins ne sont pas vos chemins, oracle du Seigneur. » (Is 55, 8)

Cela signifie, si j’essaie de le traduire, que : “ma manière de comprendre et de conduire le monde ne correspond pas à ce que vous attendez spontanément“ comme pourrait nous répondre Jésus. En effet, si vous voulez entrer dans les pensées et les chemins de Dieu, il faut accepter d’être décalés par rapport aux critères habituels qui fonctionnent en ce monde. Ce décalage est manifeste dans cette parabole.

Nous pouvons comprendre aussi, que ce message est en contradiction avec la pensée commune de notre époque et que le Christ l’exprime en parabole parce que de toute évidence, la parabole ne s’applique jamais littéralement. Elle suppose un espace d’interprétation ; la parabole nous adresse un message qui est à déchiffrer, que nous devons essayer de nous approprier ; elle ne peut être simplement être une transposition littérale !

Et nous, ce matin, que devons-nous comprendre ?

Pour mieux comprendre le sens de la parabole de Jésus, certes surprenante, rappelons que nous ne devons pas perdre de vue qu’il s’agit du Royaume de Dieu.

Pourtant, nous percevons la force de la Parole du Christ et l’invitation qui nous est faite de réfléchir. Cette parabole nous dit que la manière dont Dieu gère ses relations avec l’humanité, n’est pas strictement conditionnée par l’image que nous nous faisons de la justice, mais qu’elle est déterminée par la miséricorde, par la générosité, par la surabondance de l’amour ! Tout cela ne fait de tort à personne. Ces attitudes ne sont pas contraires à la justice, car si nous lisons convenablement ce texte d’évangile, Jésus reproche à un des ouvriers qui murmuraient : “ Mon ami, je ne te lèse en rien : n’est-ce pas d’un denier que nous sommes convenus ?“.En effet, tout ce qui a été convenu est réalisé : ceux qui ont été embauchés pour un denier ou une pièce d’argent, ont reçu ce salaire ; mais ce que le Christ veut nous faire découvrir, c’est que Dieu ne s’enferme pas dans les strictes limites de la rétribution et de la justice ; mais Il entre, avec les hommes, dans une relation de gratuité et de miséricorde.

Nous devons comprendre qu’Il veut donner plus que ce qui a été convenu,il veut donner au-delà de ce qui est mérité, il veut montrer à travers sa façon de rétribuer les ouvriers de sa vigne qu’il n’y a pas de limite à l’amour de Dieu.

J’ai bien conscience que ce que le Christ essaie de nous dire, bouleverse nos schémas, mais de cet enseignement, nous pouvons tirer plusieurs conséquences. J’en ai noté au moins trois, que je comprends comme trois conversions à vivre :

- La première conversionconsiste à nous convaincre que la miséricorde de Dieu est plus grande que l’idée que nous nous en faisons. Selon la miséricorde de Dieu, il n’est jamais trop tard ! En effet, ce qu’il nous comprendre par cette parabole, c’est que jusqu’à la dernière heure de nos journées, jusqu’à la dernière heure de notre vie, jusqu’à l’ultime moment de notre existence, nous pouvons encore, travailler à la Vigne du Seigneur ; nous pouvons encore répondre à son appel. 

- La deuxième conversion est de croire que le Maître a une place pour moi. J’entends souvent quelqu’un me dire, et peut-être vous aussi dans les membres de votre famille ou parmi vos amis : « Je ne trouve pas ma place ; ma vie n’a pas de sens ; je ne suis utile à personne, ni dans l’Église, ni dans la société. Je vis dans une certaine routine, triste et monotone. Le Seigneur ne doit pas avoir besoin de moi dans sa Vigne. Ce sont les autres qu’Il appelle ! Que les autres s’y rendent, eux qui sont utiles ! » 

Ma conversion consiste à passer de : “Personne ne m’a embauché“ à : “J’ai une place unique dans la Vigne du Seigneur“. 

Pour vivre cette conversion, il me faut entendre le Seigneur me dire au plus profond de mon cœur : « Toi aussi, va à ma Vigne ! J’ai besoin de toi ! Tu as quelque chose à apporter que toi seul peux apporter !  Fais-moi confiance ; va à ma Vigne !»

Frères et sœurs, croyez que cette parole est vraie même si beaucoup d’entre nous, aujourd’hui, ferment leurs oreilles et n’entendent plus cet appel. Je pense entre autres, aux vocations sacerdotales et religieuses, mais aussi aux familles dans le désir d’une vie de sainteté.

La troisième conversion est peut-être plus subtile ; la voici : lutter contre le “murmure“ contre Dieu.Il s’agit de ne pas être trop centré sur soi, sur un éventuel salaire, sur des conditions de vie plus faciles ou aisées, et sans doute, pas assez sur la Vigne du Seigneur. Vivre tête baissée, le nez “dans le guidon“ pour essayer d’amasser toujours davantage, de s’enrichir dans une vie superficielle, c’est-à-dire ne penser qu’à soi jusqu’à oublier la Vigne du Seigneur. Dit encore autrement : passer de : “se chercher à travers le Royaume de Dieu“ à : “chercher d’abord le Royaume de Dieu et attendre tout de Dieu“. Comme le dit saint Matthieu au chapitre 7e :« Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus. »

Voilà ce que ce texte me permet de comprendre dans l’affirmation du Seigneur :

  • Mes pensées ne sont pas vos pensées.
  • Ma miséricorde, je la donne librement sans mettre de limites à mon Amour.

Je rappelle les trois conversions qui nous sont demandées :

  • La miséricorde de Dieu est plus grande que l’idée que nous nous en faisons
  • J’ai besoin de toi à ma Vigne : entends ! Écoute ! Réponds à mon appel !
  • Cesse de murmurer contre Dieu ; cherche son Royaume et tout le reste te sera donné de surcroit.

Oui chers frères, Il ne cesse pas de nous appeler, Celui qui nous invite à travailler à sa Vigne.

Que cette certitude éclaire pour nous, le chemin que nous devons encore parcourir, les conversions qui nous sont demandées, et nous motive, à chaque instant, dans l’action de grâce, dans l’ordre de a charité !

Demandons cette audace pour nous tous, ici rassemblés ce matin, pour notre paroisse, pour notre diocèse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

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Homélie du dimanche 17 février 2019, 6edimanche du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église Notre Dame Réconciliatrice, par le Père Patrick Gaso. Homélie relue
Évangile selon saint Luc 6, 17.20-26. Livre du prophète Jérémie 17, 5-8. Psaume 1.
Lettre de saint Paul aux Corinthiens 15, 12-16-20.

 

Chers frères et sœurs, quelle belle page d’évangile ! 

Que ce soit dans l évangile de saint Matthieu ou dans celui de saint Luc, les Béatitudes interpellent ; en même temps, elles intriguent. Pourquoi ? Tout simplement parce que tout homme, à un moment donné de son existence, s’est mis en recherche de ces Béatitudes, parfois même sans connaître le Christ. En effet, nous portons tous en nous, ce même désir de bonheur, le désir d’aimer et d’être aimé : le désir du bonheur durable ! Je ne pense pas que quelqu’un puisse dire le contraire !

Ces Béatitudes sont célèbres, oui bien sûr ! Mais en même temps, si nous y regardons bien, elles pourraient être comprises aussi comme complètement scandaleuses.

Y avez-vous déjà réfléchi ?

“Heureux, vous qui pleurez maintenant… “Lequel d’entre nous oserait dire ces mots à une maman qui vient de perdre son enfant ?

- Lequel d’entre nous pourrait traverser les bidonvilles ou les rassemblements de migrants ou de déportés qui constellent notre planète, en répétant ces paroles de Jésus ?

- Lequel d’entre nous pourrait dire à un haïtien ou à un habitant du Quart monde : “Heureux, vous qui avez faim…“ pourtant, c’est bien ce qui est écrit, et c’est même présenté comme une bonne nouvelle ! Alors, que faut-il en penser ?

Ce texte semble un peu grincer de tous les côtés : « Heureux, vous les pauvres, vous qui avez faim, vous qui pleurez… » Beaucoup de personnes n’ont pas compris ce texte !

Nietzche lui reprochait de glorifier le faible et l’imbécile, Marx lui reprochait de dévier les énergies prolétaires vers la fausse consolation d’un au-delà, Freund démasquait certains mécanismes de compensation cachés dans notre subconscient, L’économiste, lui, sourit à l’éloge de la misère. À l’inverse, les mots : « Malheureux, vous les riches, les repus… », sont entendus comme le cri révolutionnaire d’un Jésus subversif.

Et nous-mêmes ? Comment comprenons-nous ces Béatitudes ?

Si vous avez pris le temps de les relire et de les méditer une par une, qu’en avez-vous pensé ?

Personnellement, j’ai été longtemps perplexe devant ce texte, en “ruminant“ ces mots, sans bien parvenir à les justifier dans mon esprit. Tout au long de cette semaine, en préparant cette eucharistie, j’ai pris le temps de me laisser pétrir par cette Parole de Dieu, à la lumière de ce que nous vivons. Comme je vous le disais tout à l’heure, nous avons vécu en Paroisse, il y a quelques jours, de beaux moments :

-  entre autres, il y a tout juste une semaine, samedi dernier, le sacrement de l’onction des malades donné à quarante personnes de la Paroisse et des environs, présentes pour recevoir ce sacrement de paix et de force. 

- Lundi dernier, nous fêtions Notre Dame de Lourdes, et pendant quelques instants, j’ai eu l’impression de me retrouver à Lourdes ; nous avons prié pour les malades. Vous êtes-vous déjà rendus à Lourdes ?

En méditant les textes de ce jour, une belle rencontre m’est revenue en mémoire, une rencontre qui a jeté pour moi, une étincelle définitive sur ces paroles brûlantes et m’a permis enfin, de les comprendre de l’intérieur. 

Cela date un peu, c’était en 1989… Cette année-là, je découvrais la ville de Lourdes pour la première fois, et c’était au cours d’un pèlerinage. À ce moment-là, je n’avais encore pensé à entrer au séminaire…

Comme vous le savez, dans la ville de Lourdes, une foule nombreuse déambule dans un mélange surprenant de dévotions, de pèlerinages, de prières et, en même temps, une sorte de cour des miracles. Durant ce pèlerinage, nous étions en binôme et je me trouvais avec un jeune homme : Christophe. Nous avions à peu près le même âge : 28 ans. Christophe est un malade tétraplégique, c’est-à-dire dans l’impossibilité de bouger ses quatre membres. Installé dans un fauteuil roulant, il devait faire fonctionner ce fauteuil grâce à une petite boule, coincée sous son menton et qui lui permettait de se diriger à droite, à gauche, d’avancer ou de reculer. Comme il le disait lui-même, il était tout léger : « Trente-cinq kilos, tout mouillé ! » Il appréhendait en permanence de tomber et de se casser un os quand nous le portions dans nos bras pour le mener à la toilette. Puisque beaucoup d’entre vous connaissent bien Lourdes, je passe sur le détail d’une expérience humaine mémorable, profonde et durable de toute personne qui se met au service des malades. 

Pourtant, je retiens une phrase que je souhaite partager avec vous, tout simplement. Il s’agit d’une parole de Christophe, pratiquement le jour du départ, à quelques heures de notre retour à Grenoble. Avec sa toute petite voix que l’on pouvait entendre seulement en s’approchant tout près de lui, il me dit : « Tu sais Patrick, tu as un problème. » Vous imaginez que j’ai été très surpris ; je l’ai regardé et j’ai attendu la suite : « Patrick, tu as un problème car, avec tes jambes, tu peux aller partout où tu le veux… » et il a pris l’analogie de la montre : « Tu peux aller à dix, à un quart, à la demie, à moins vingt… tu peux aller partout, mais tu ne vas pas très loin… Moi, sur mon fauteuil, je ne peux aller que de moins cinq à plus cinq, mais j’ai un “midi“ que tu n’as pas : le Christ ! »

J’ai mis du temps à comprendre ce qu’il voulait me dire. Devant mon regard interloqué, devant mon silence qui en disait long (de fait, le Christ n’était pas mon “midi“ à l’époque), il continua d’une voix toute joyeuse : « Jésus est vivant ! Il est là ! Il est ma joie ! » De fait, à ce moment-là, son visage rayonnait d’une joie profonde que je n’ai jamais oubliée !

“Heureux, vous les pauvres…“

Ce jour-là, de nous deux, c’était lui le plus heureux, certainement !

Ce jour-là, j’ai compris trois choses que je vous confie simplement :

  • J’avais tout d’abord à redéfinir le mot “pauvre“ dans mon vocabulaire ; qu’est-ce qu’il signifie ?
  • Une deuxième chose : seuls les pauvres ont le droit de dire « Heureux les pauvres ! »
  • La troisième chose : j’ai compris en même temps, que cette parole-là : « Heureux les pauvres ! », seul un pauvre avait pu l’inventer, un pauvre, un homme qui souffre, un affamé, un homme méprisé et détesté. Seul Jésus, l’Innocent absolu, pouvait exprimer ces paroles-là ! Après Lui, seuls peuvent les reprendre celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, participent à sa Passion.

Les Béatitudes ne sont pas des paroles de consolationà dire à ceux qui se trouvent dans le malheur. Ce sont des paroles à entendre lorsque l’on vit dans la souffrance, à les entendre et à les comprendre comme venant du Christ souffrant. Christophe, lui, les avait bien entendues ainsi.

Celui de nous deux qui souffrait le plus ce jour-là, celui qui avait le plus besoin d’accueillir cette parole, c’était moi. Ce jour-là, j’ai appris que les pauvres nous évangélisent.

Aujourd’hui, cette parole est pour nous tous aussi ; nous avons besoin de l’entendre et de la laisser retentir dans cette part intime de nous-mêmes, dans ce lieu secret peut-être où nous sommes souffrants, affamés, désespérés peut-être, lieu où nous nous ressentons pas reconnus ou trop mal aimés.

Frères et sœurs, prenez le temps aujourd’hui, demain ou dans les jours qui viennent, de relire cette page des Béatitudes, dans la foi. 

Laissons monter du fond de nos peines ou dans la joie, les paroles que nous avons entendues en première lecture, celles du prophète Jérémie : “Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance“, ou celles du psalmiste : 

“Heureux l’homme qui se plait dans la loi du Seigneur… parce qu’il est comme un arbre planté près d’un ruisseau qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt.“

Nous connaissons la Source vive : c’est le Christ Lui-même ! Laissons retentir les Paroles de Jésus au fond de notre cœur !

Ainsi soit-il !

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Homélie du mercredi 13 février 2019, 4esemaine du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie relue
Évangile selon saint Marc 7, 14-23. Livre de la Genèse 2, 4b-9.15-17. Psaume 103.

 

Chers amis, ce matin, le Christ veut nous interroger sur l’état de notre cœur ! Sans aucun doute, pour la très grande majorité d’entre nous, il fonctionne bien, il bat ; mais spirituellement, qu’en est-il ?

Pour approfondir cette réflexion, Jésus affirme, tout d’abord, que tous les aliments sont purs. Je précise cependant que dire que « tous les aliments sont purs », ne signifie pas qu’ils sont tous comestibles. Ne mangez pas d’amanite phalloïde, par exemple… sauf si vous avez envie de voir le Seigneur très rapidement !

Aujourd’hui, cet enseignement du Christ ne nous choque pas ; cela nous semble tellement évident ! Mais à l’époque de Jésus, son affirmation était une véritable révolution spirituelle : n’oubliez pas, et encore aujourd’hui, qu’il y a encore beaucoup d’interdits alimentaires chez nos frères juifs.

Jésus vient de réaffirmer en quelque sorte, l’optimisme de la Genèse ; rappelez-vous : à la fin de chaque journée, lors de la Création, Dieu disait que tout « cela était bon ». De même, Jésus proclame que rien dans le monde matériel, concret, n’est mauvais en soi : la Création est bonne !

Certes, tout n’est pas parfait ni idéal puisqu’il y a encore toutes sortes de catastrophes, tremblements de terre, tempêtes, le froid et la chaleur excessive, mais fondamentalement, la Création est bonne, dans le sens de la bonté que Dieu veut pour l’homme !

Oui, aujourd’hui chers amis, le Christ nous interroge sur notre cœur.

Ainsi, comme nous le dit l’évangile, la source du Mal ne se trouve pas tant dans les choses, mais dans le cœur de l’homme. Pour les croyants de la Bible, le cœur servait autant à aimer qu’à comprendre, autant à vouloir qu’à ressentir. 

  • C’est donc le cœur humain et lui seul, qui prend l’initiative du Mal et se laisse corrompre par le Mal. 
  • C’est le cœur qui rend impurs ou purs, nos actions, notre agir. 
  • C’est bien le cœur de l’homme, dans sa liberté, qui pose notre relation aux choses, aux corps, aux personnes.

Le Seigneur énumère une longue série de misères : « Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidité, méchanceté, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. »

Bref, tout ce Mal, qui profondément fait mal et rend notre société malheureuse, vient du dedans de l’homme.

Jésus attire donc notre attention sur notre attitude, sur notre façon d’être vis-à-vis des autres ; le cœur humain est fait pour aimer ! Le cœur humain est fait pour accueillir ! Il ne peut ignorer et refuser l’autre dans sa détresse. L’homme, qui est fait pour la joie, pour construire le bonheur autour de lui, peut cependant s’enfermer dans une attitude négative ; il peut aller jusqu’à détruire l’autre et, in fine, créer son propre malheur.

C’est pourquoi il est si important, tout au long de notre vie, à la suite du Christ, que nous acceptions de connaître notre cœur, de prendre du temps pour découvrir “qui je suis“, c’est-à-dire pour sonder notre liberté, pour comprendre si oui ou non, je désire profondément le Bien, si oui ou non, il reste encore dans notre cœur, des parcelles qui ont besoin d’être ‘nettoyées’, purifiées, savoir si oui ou non, nous avons donné notre vie à Dieu.

Pour connaître l’état de notre cœur, le moyen est simple : il suffit de regarder ce qui en sort. 

Cela nous invite alors, à faire un examen de conscience, à réfléchir et comprendre de quelle façon parlent ma bouche et mes gestes ; est-ce pour dire du bien ? Est-ce pour dire du mal ? De quelle façon mes mains servent-elles ? Est-ce pour servir pour le bien ou pour le mal ?

Si d’aventure, nous ne sommes pas complètement satisfaits de nos constats, demandons la grâce d’une nouvelle conversion !

Chers amis, osons demander pour chacun de nous d’accepter de regarder ‘l’état de notre cœur’ ; ne soyons pas dans la peur, mais soyons sûrs que Dieu nous aime et qu’Il nous a fait profondément pour aimer et être aimés !

Ainsi soit-il !

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Homélie du lundi11 février 2019, 5esemaine du temps ordinaire, année C. ND de Lourdes
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie relue
Évangile selon saint Marc 6, 53-56. Livre de la Genèse 1, 1-19. Psaume 103.
 

Avec l’évangile de ce matin, nous terminons le chapitre 6e de l’évangile selon saint Marc. Cette finale est éloquente ! Rappelons-nous : Jésus vient de nourrir cinq mille hommes de l’autre côté du lac et, au cours de la nuit, Il a rattrapé les disciples tandis qu’ils s’épuisaient à ramer sur une mer agitée, et cela, en marchant sur les eaux.

Si certains disciples sont encore au stade de la stupeur, la foule, elle, est entreprenante et rapide. Elle ne reste pas dans une attente statique ou un enthousiasme passif. Dès que Jésus débarque à Gennésaret, le premier réflexe de cette foule ne sera pas d’acclamer Jésus, ou de lui réserver une sorte de triomphe populaire ; pas du tout ! `

Au contraire, dès qu’Il est reconnu, la foule le quitte momentanément et : “… parcourant toute cette région et ils se mirent à transporter les malades sur leurs grabats…“Vous le savez sans doute, combien, il est lourd et exténuant de transporter un malade sur un brancard. Cela nous montre bien la confiance communicative et l’enthousiasme pratique de la foule.

Pour tous ces malades qui sont apportés à Jésus, pour tous ces désespérés, c’est le rendez-vous de la foi, une foi que Jésus sait admirablement deviner jusque dans les réflexes, les gestes très simples, presque ordinaires qu’ils font en venant vers Lui. Jésus les a laissés faire, comme Il a laissé faire tous les malades qui voulaient toucher “ne fût-ce que la frange de son manteau“.

Malades d’hier, malade d’aujourd’hui : nous faisons en ce 11 février, mémoire de Notre Dame de Lourdes, de l’apparition de la Vierge immaculée dans la grotte de Massabielle à sainte Bernadette. Sans doute que beaucoup de notre assemblée ont pu vivre un pèlerinage dans cette ville de Lourdes en accompagnant des personnes souffrantes.

Peut-être avez-vous été aussi interpellés par cette question qui traverse toute l’humanité : comment comprendre la souffrance : quelle soit physique ou morale ?

Pour essayer de répondre à cette question, je vous invite à lire ou à relire les pages admirables que saint Jean-Paul II a écrites au moment où il était frappé, lui-même, par la maladie. Très attaché à la dévotion mariale, il s’était rendu plusieurs fois à Lourdes (en tant que prêtre ou Souverain pontife). 

En relisant, en priant sur les textes qu’il a écrits, j’ai lu dans une compréhension nouvelle ces quelques phrases que je vous livre : 

« La douleur et la maladie font partie du mystère de l’homme sur la terre. Certes, il est juste de lutter contre la maladie, car la santé est un don de Dieu, mais il est également important de savoir lire le dessein de Dieu lorsque la souffrance frappe à notre porte. La clef de cette lecture est constituée par la Croix du Christ. Le Verbe incarné est venu à la rencontre de notre faiblesse en l'assumant en lui dans le mystère de la Croix.Depuis, chaque souffrance peut acquérir un sens, qui la rend singulièrement précieuse. Celui qui sait l'accueillir dans sa vie, fait l'expérience de la façon dont la douleur, illuminée par la foi, devient une source d'espérance et de salut.»

La maladie nous aide à comprendre le mystère de l’homme, comme pour le lépreux, le paralysé, le boiteux, le tourmenté, le désespéré. Lorsque nous sommes malades, nous faisons l’expérience de la fragilité humaine. Nous ressentons fortement en nous, le désir de guérir, le désir de ne plus souffrir. C’est en Jésus que nous trouvons le soutien et la réponse à nos attentes les plus profondes. Dans sa Croix, toute souffrance peut acquérir un sens, même si la maladie ne cesse pas, pour autant, d’être une épreuve.

Saint Jean-Paul II ajoutait : « Comme le bon Samaritain, chaque croyant doit offrir de l'amour à celui qui vit dans la souffrance.Il n'est pas permis de "passer son chemin" face à celui qui est éprouvé par la maladie. Il faut plutôt s'arrêter, se pencher sur la maladie et la partager généreusement, en soulageant les peines et les difficultés. »

 Tout au long de ce jour, peut-être pourrons-nous prier pour les personnes malades que nous connaissons, peut-être aussi pour nous-mêmes, et d’être renouvelés dans une espérance.

Peut-être pourrions-nous prier aussi pour les pèlerins de Lourdes (valide ou non), et plus largement pour tous les malades !

Ainsi soit-il !    

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Homélie du mercredi 6 février 2019, 4e semaine du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.  Homélie relue
Évangile selon saint Marc 6, 1-6. Lettre aux Hébreux, 12, 4-7. 11-15. Psaume 102.
 

Si vous avez été attentifs à cet évangile, vous avez pu constater que ce qui nous est relaté ce matin,  est ce que nous avons déjà entendu dimanche dernier, mais dans la version de Saint-Luc. Mais c’est le même épisode, c’est la même expérience de Jésus entrant à Nazareth ; Il se rend à la synagogue de son enfance le jour du sabbat. Après avoir lu un passage du livre d’Isaïe, son enseignement, choque profondément. Nous entendons effectivement, la difficulté qu’ont ses auditeurs pour croire en Lui.

Pourquoi Jésus choque-t-il sa famille et les habitants de Nazareth ?

L’évangile de ce jour ne nous le dit pas totalement. Pourquoi ne voient-ils pas en Lui, Jésus, le Messie annoncé ou au moins un Prophète ? Quelles sont les évidences, pour eux, et qui les stoppent dans leurs questionnements ?

Vous l’avez entendu :

  • “D’où lui vient cette sagesse ?… N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie…“ …
  • Puisqu’il est charpentier, sa mission de prophète est étrange ! Oui, sa mission de prophète les dérange.
  • N’est-il pas le fils de Marie, nous connaissons ses cousins et cousines !
  • De plus, puisqu’il est du pays, puisqu’il est “de chez nous“, qu’il y a toutes ses racines, rien ne le distingue de nous ; rien ne doit le singulariser.

Ces remarques nous rappellent le Prologue de saint Jean : « il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli. »

 En raison de leur attitude, les “Nazôréens“ (c’est comme cela qu’ils sont nommés aussi dans la Bible) deviendront, paradoxalement, dans l’évangile de Marc, le modèle des incroyants, le modèle de ceux qui regardent et ne voient pas, entendent et ne comprennent pas.

Du fond de leur aveuglement, ils manifestent leur hostilité ; ils étaient profondément choqués à son sujet.

Comment traduire cette attitude ?

Les auditeurs de Jésus refusent d’admettre ce qui, en Jésus, les dépasse. Oui, bien sûr, ils ne peuvent que reconnaitre sa sagesse, la réalité de ses miracles, mais ils se montrent totalement incapables d’entrer dans un acte de foi. C’est sans doute pour cela qu’ils restent “fermés“.

Frères et sœurs, c’est toujours par une « fermeture du cœur » que la foi finit par s’étioler dans nos vies.

Alors, comment pouvons-nous comprendre, pour nous-mêmes, l’évangile de ce matin et le danger qui peut nous guetter ?

Peut-être qu’à force de côtoyer Jésus, l’Envoyé de Dieu, à force d’entendre résonner sa Parole, et cela même au sein de notre prière, Jésus devient presque “trop connu“ ; Il n’est plus dérangeant ! Il n’est plus aussi stimulant !

À force d’habitude, peut-être même que sa Parole n’a plus rien de prophétique pour moi ?

Nous sommes si habitués à sa sagesse que dire que Jésus est Amour, ne nous surprend plus… on le sait… Nous n’en sommes même plus émerveillés !

Pour beaucoup de chrétiens, sa présence s’est même banalisée ; observez comment, bien souvent, nous récitons le Notre Père… N’est-ce pas trop souvent d’une façon presque mécanique, sans réellement peser chaque mot ?

Jésus est tellement “de chez nous“ que nous sommes souvent tentés de cesser de marcher “vers chez Lui“ !

C’est pourquoi Jésus pourrait aussi s’étonner, de notre manque de foi.

Inutile de nous mentir ; nous pressentons bien que nous avons à nous situer face à Jésus de Nazareth et que ce choix décide du sens que nous voulons donner à notre vie.

Pour nous ici rassemblés, comme le Christ avant nous, il nous faut redire ce « oui ! », sans peur, sans craindre d’être méprisés lorsque nous témoignons de Lui, dans notre travail, auprès de nos amis, peut-être même dans nos familles, pour nos enfants et petits-enfants. Pour l’expérimenter régulièrement, nous savons bien qu’il n’est pas facile non plus, d’être prophète dans nos milieux, dans les lieux que nous fréquentons chaque jour. Mais est-ce une raison pour perdre toute audace prophétique ?

Ce matin, j’ai envie de vous confier une dernière réflexion, une pensée que je partage avec vous : en priant sur les textes d’aujourd’hui, j’ai relu avec beaucoup d’attention la Lettre aux Hébreux que nous avons entendue en première lecture. Une phrase m’a particulièrement touché et marqué.

La voici :

“ Frères, vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché, et vous avez oublié cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils…“

Puissions-nous méditer cette Parole et, tout au long de ce jour, nous redéterminer pour Jésus, afin d’être tout simplement, intimement avec Lui !                                      

Ainsi soit-il !

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Homélie du lundi 4 février 2019, 4e semaine du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.  Homélie relue
Évangile selon saint Marc 5, 1-20. Lettre aux Hébreux 11, 32-40. Psaume 30.

 

Si vous connaissez la cartographie de la Terre Sainte, vous savez, sans doute, que du côté du lac de Tibériade en direction de l’Est, il y a ce qu’on appelle “la Décapole“, c’est-à-dire : les dix villes. (Du grec ‘deka’ et ‘polis’ désignent, dans l'Antiquité, dix villes principalement situées à l'est du Jourdain)

Jésus traverse donc le lac, justement en direction de l’Est, et il arrive dans ce territoire païen ; là, comme vous l’avez entendu, les habitants, contrairement à la loi juive, élèvent des porcs en quantité (animal impur !).

Dans cette région hostile, Jésus n’a pas même le temps de tenter une prédication devant les foules ; car, à peine descendu de la barque, voici qu’un malheureux se présente à Lui. Il souffre terriblement, doublement pourrait-on dire : il souffre d’une maladie mentale et il est possédé.

Comme bien souvent, il n’est pas toujours facile de tracer une frontière entre la maladie et l’emprise du Démon. Jésus va le guérir contre les puissances du Mal qui travaillent le monde et le cœur des hommes.

À la question : « Quel est ton nom ? », l’Esprit du Mal répond par la voix du malade : « Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. » Chez les Romains, peut-être le savez-vous, une légion est composée de six mille hommes !

À lui seul, Jésus va donc vaincre une légion, c’est-à-dire une armée de démons. C’est le signe que le règne de Dieu a fait irruption avec Jésus, dans le monde et que le règne du Mal est appelé à disparaître.

Comme vous pouvez le remarquer, si le monde des humains peine à comprendre qui est Jésus, les démons, eux, le savent très bien et le reconnaissent comme Jésus, le Fils du Dieu Très-Haut.

C’est par trois fois, que le Démon va reconnaître la puissance du Fils de Dieu :

  • Au moment où le possédé entre en contact avec Jésus, il se prosterne en criant d’une voix forte : « Que me veux-tu Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ?“
  • Quand les démons supplient Jésus de ne pas les expulser, de ne pas les chasser en-dehors du pays. Par ces mots, ils reconnaissent que Jésus peut le faire.
  • Enfin, quand les démons proposent un marchandage à Jésus : « Envoie-nous vers ces porcs, et nous entrerons en eux. » c’est-à-dire : « Tu nous laisses les porcs, animaux impurs, et nous t’abandonnons cet homme. »

Jésus accepte, mais pour montrer que ce marchandage n’a pas de sens : aussitôt, le troupeau se précipite du haut de la falaise et s’engloutit, noyé dans la mer.

Comment traduire cette scène pour nous, ce matin ?

Nous reconnaissons Jésus, comme fils de Dieu. Mais, parfois, nous sommes tentés, nous aussi, de marchander avec le Seigneur : « Seigneur, laisse-moi ce petit coin d’égoïsme ! Laisse-moi cette petite paresse, ce manquement à telle ou telle chose ! » Littéralement, nous demandons : « Seigneur, laisse-moi vivre à ma façon, laisse-moi « mes porcs » ! ».

À travers ce récit du possédé, Jésus nous répond sans se lasser : « Laisse-moi te libérer ! Laisse-moi te sauver ! » Jésus donne toujours à la fois son pardon et sa confiance !

Une fois revenu à la raison, à son bon sens, l’ancien possédé supplie immédiatement Jésus de se mettre à son service, de rester avec Lui, et de repartir avec Lui, en Galilée. Mais Jésus lui répond, et c’est une marque de confiance : « Rentre à la maison auprès des tiens…“ et sois un témoin ; “Annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. »

La rencontre de Jésus, cette guérison, la mission… à qui veut le comprendre, c’est l’histoire bien sûr, de ce malheureux ; c’est aussi notre histoire :

Quand nous rencontrons Jésus,

Quand nous Le laissons nous guérir et

Quand Il nous envoie en mission.

Puissions-nous Le reconnaître et répondre à son amour par notre amour !                  

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Gaso - Audio - Dimanche 3 Fevrier 2019

Homélie du dimanche 3 février 2019, 4e dimanche du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Jacques, par le Père Patrick Gaso, Doyen.
Évangile selon saint Luc 4, 21-30. Livre du prophète Jérémie 1, 4-5.17-19. Psaume 70.
Lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 31 à 13, 13.

 

Chers frères et sœurs, nous entendons, ce matin, la suite de l’évangile de dimanche dernier ; ce n’est peut-être pas pour rien ! La liturgie de ce matin a même pris le soin de nous remettre en mémoire la déclaration du Seigneur devant la foule, dans la synagogue de Nazareth : “Aujourd’hui, s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre.“

En actualisant la prophétie d’Isaïe, Jésus tente de dire et de faire entendre, l’intimité de son rapport au Père, à ses proches, ceux de son pays, là où Il a grandit à Nazareth. Mais ça ne marche pas … Il n’est pas compris ! Il provoque l’étonnement : “N’est-il pas le fils de Joseph ?“ disent ses proches.

Face à cet étonnement, nous aurions presque pu nous attendre à une réaction de Jésus un peu différente ; mais la parole qu’il prononce nous surprend, nous aussi ; elle semble même être provocante : “Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.“

En exprimant cette pensée, Jésus fait référence aux célèbres prophètes, et Il en cite deux : Élie et Élisée. Il est donc question dans cet évangile, de prophètes, d’accueil et de rejet.

Un prophète ? Mais que doit donc faire un prophète ?

Si vous demandez à quelqu’un de prévoir le temps qu’il fera au mois de février (c’est apparemment une réelle préoccupation !) si la neige sera présente, si elle sera abondante, il n’est pas sûr qu’il puisse vous donner facilement une réponse.

Si vous lui demandez à quelle date l’église saint Jacques sera reconstruite ; la réponse risque d’être, avec raison : « Je l’ignore ! Je ne suis pas prophète »

Dans l’esprit de chacun de nous, le prophète est celui qui prédit l’avenir : une sorte de devin, une espèce de “madame Irma“. Effectivement, si vous posez la question autour de vous, c’est le sens qui lui est habituellement donné. Mais est-ce le vrai sens ? Si vous ouvrez un dictionnaire comme le Petit Larousse par exemple, voilà la définition qui nous est donnée : « Le prophète est une personne qui proclame la Parole divine. » Voilà la définition juste ! C’est ce que signifie ce mot d’origine grecque : “celui qui parle au nom de Dieu“. Si nous relisons toute la partie de la Bible que nous appelons les livres prophétiques, nous pouvons déterminer des traits communs à tous ces hommes :

- Tous ont été choisis par Dieu, même si parfois, ils ont accepté ce choix avec quelque réticence ; rappelez-vous Jérémie et ses “jérémiades“, Jonas qui ne voulait absolument pas se rendre à Ninive, et ainsi de suite… Mais tous sont là pour porter un message au nom de Dieu, à leur époque.

- La plupart des prophètes de l’Ancien Testament, ainsi que Jean le Baptiste qui est le dernier des prophètes, prennent position par rapport aux idées et aux coutumes de leurs temps. Ils ne se gênent pas pour attaquer, parfois violemment, les autorités civiles et religieuses. Ils sont libres, libres à l’égard du pouvoir, libres par rapport au poids des habitudes, libres de la pression de l’opinion publique.

- Ils ne font qu’obéir à Dieu et avancent régulièrement à contre-courant, bien souvent martyrisés. Ils sont sans cesse en butte à la malveillance et à la persécution : non accueil et rejet !

C’est pourquoi nous pouvons entendre ce matin : “Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.“ Nul n’est prophète en son pays, justement parce qu’il aime son pays et qu’il aime Dieu. Dans certains cas, nous pouvons transposer ces mots en disant : « Nul n’est prophète en sa famille. » Peut-être est-ce aussi votre expérience ?

Il y a quelques jours, je me trouvais avec une grand-mère ; elle était totalement désolée et me demandait : « Mon père, faites quelque chose ! J’aimerais tant que mon petit-fils soit baptisé ; mais ses parents ne le veulent pas. » Sans doute est-ce quelque chose que vous entendez autour de vous, ou que vous vivez vous-mêmes ? Que ce soit au travail, que ce soit en famille ou avec des amis, il n’est pas toujours facile d’annoncer la Parole de Dieu et d’en être témoin.

Dans la synagogue de Nazareth, Jésus est donc compris comme un prophète, seulement; tout d’abord séduits et curieux, les habitants de Nazareth sont étonnés, puis très vite, méfiants. “N’est-il pas le fils de Joseph ?“, celui que nous connaissons bien !

Après avoir attiré les foules par sa prédication en Galilée et réalisé bien des prodiges et des miracles, Jésus sera de plus en plus abandonné, contredit, persécuté par beaucoup en Israël, jusqu’à ce qu’Il soit conduit hors de la ville, celle de Nazareth aujourd’hui, comme Il sera conduit hors de la ville de Jérusalem un peu plus tard, pour être crucifié. Dans le passage de l’évangile que nous avons lu ce matin, saint Luc termine ainsi : “Mais Lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin“, allusion sans doute au “passage“, à la mort et la résurrection de Jésus et au chemin qu’Il poursuit avec tous ses disciples encore aujourd’hui, chemin qu’il nous faut prendre, nous aussi.

Ne croyons pas que la société d’hier était meilleure que celle d’aujourd’hui ou que notre monde contemporain serait plus préservé, plus juste qu’auparavant. Aujourd’hui plus que jamais, notre monde a besoin de prophètes, aussi bien pour réveiller ceux qui dorment sur leurs lauriers, ou comme le dit le Pape François, pour faire sortir : « Ceux qui s’endorment au fond de leurs canapés ».

Aujourd’hui plus que jamais, notre monde a besoin de prophètes ! Pourquoi ? Pour redonner le sens des enjeux, pour donner une espérance à ceux pour qui la vie n’a plus de sens.

Frères et sœurs, ne nous laissons pas endormir par les discours ambiants à propos de bioéthique, de transhumanisme ou contre la famille et l’enfant à naître. Jésus est le contraire du politicien en campagne qui fait tout pour séduire son électorat, qui promet toutes choses. Jésus ne cherche nullement à plaire : c’est important ! Il est profondément conscient des réalités et des urgences. Il annonce avec fidélité, non pas Lui-même, mais seulement la Parole de son Père, la Parole de Dieu.

Peut-être allez-vous me demander : « Où sont les prophètes d’aujourd’hui ? Où sont-ils ceux qui osent annoncer à temps et à contretemps, à crier qu’il faut changer le monde, qu’il ne va pas aussi bien qu’on le dit, qu’il faut se convertir, qu’il faut s’aimer davantage ? L’amour jamais ne disparaitra heureusement : nous le savons, nous l’avons entendu !

Alors, où sont les prophètes d’aujourd’hui ?

En réalité, ils sont déjà là. Ils se trouvent déjà parmi vous, dans cette assemblée. Rappelez-vous, depuis le jour de leurs baptêmes, tous les baptisés y sont appelés ; il y a quelques années ou quelques dizaines d’années… qu’a dit le prêtre au moment de votre baptême ? Il a dit : « Je te baptise au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit. » À ce moment-là, nous sommes devenus prêtres, prophètes et rois ! Oui ! Nous sommes prophètes depuis le jour de notre baptême ! Nous sommes marqués de l’huile sainte pour que nous demeurions, éternellement, membres de Jésus-Christ : prêtres, prophètes et rois.

Frères et sœurs, nous sommes les prophètes d’aujourd’hui !

Forcément, il nous faut de l’audace, du courage ensemble et en communauté, épaulés par de solides pasteurs, par votre curé le Père Sliwa, pour oser annoncer le Christ et reconstruire notre monde, d’une certaine façon, au sens propre et au figuré !

Comment être prophète aujourd’hui ?

Il s’agit tout d’abord de regarder le temps présent avec lucidité, sans adopter systématiquement les idées reçues, sans se laisser berner par la propagande, par les publicités, les “fake news“, vous savez, ces fausses nouvelles trafiquées !

Oui, regarder le temps présent avec lucidité !

Oser refuser la manière d’être, souvent consensuelle et triste de nos contemporains, tout en restant dans une attention bienveillante, vraie et juste dans nos relations. Il ne s’agit pas de partir affronter le monde en disant : « Je suis superman ! Je suis une wonder woman ! »

Les lectures de ce matin sont éloquentes : nous devons montrer et vivre un amour adulte (c’est la deuxième lecture) et tenir en même temps, sans tremblements, dans les combats à venir (c’est la première lecture).

Pour cela : pas de secret ! Il est important de redire la force de la prière, la nécessité de se former pour comprendre les enjeux, de ne pas rester seul, (la force et le soutien de la communauté sont essentiels) et enfin de discerner pour nous ajuster à la volonté de Dieu, à sa vision, à son projet de vie pour notre humanité et pour chacun de nous.

Pour cela, il nous faut de la force et de l’audace !

Frères et sœurs, ne nous laissons pas abattre par les difficultés et les épreuves, bien au contraire ! Ne nous laissons pas perturber par ce triste incendie qui nous affecte ! Nous voyons bien que la force et le lien de notre communauté ne se limitent pas à un bâtiment ; nous sommes nous-mêmes les pierres vivantes ! Bien sûr, nous avons besoin d’un lieu pour nous rassembler et prier, mais nous savons que c’est bien chacun de nous qui formons l’Église.

Le Seigneur attend de nous que nous soyons les prophètes d’aujourd’hui ! Croyez que cela est sûr et certain ! Il nous revient d’être les témoins de l’amour de Dieu pour tous et pour chacun.

Frères et sœurs, n’ayons pas peur !

Au contraire, soyons ces témoins et ces prophètes les uns pour les autres !

Un dernier mot ! Vous l’avez entendu sans doute maintes et maintes fois : quand je suis venu la première fois, le matin même de l’incendie, j’ai été profondément saisi par cette Croix dressée au-dessus des ruines. Cette Croix demeure ! Ne l’oublions pas : là est le vrai sens ! C’est le Ciel qui nous est désigné et annoncé ; c’est le Ciel qui nous est promis !

En toute occasion, rendons grâce à Dieu pour tous les moments bons et ceux, parfois difficiles qu’Il nous permet de vivre, personnellement et en famille, en communauté, en paroisse, dans notre diocèse !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 30 janvier 2019, 3e semaine du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie relue
Évangile selon saint Marc 4, 1-20. Lettre aux Hébreux, 10, 11-18. Psaume 109.

 

Dans cette péricope de l’évangile que nous venons d’entendre, j’aimerais m’arrêter avec vous sur une toute petite phrase. La question de Jésus, question qui nous est posée à nous aussi ce matin, est directe. Je crois vraiment qu’elle nous concerne tous. Voici la question : « Sommes-nous les hommes d’un moment ? ».

De qui Jésus parle-t-il ? Comme nous venons de l’entendre, Jésus s’adresse à ceux qui reçoivent la Parole semée dans des endroits pierreux : “Ce sont les gens d’un moment“, dit Jésus. Le grain lève vite, car la terre peu épaisse et elle profite de la moindre pluie, mais dès que le soleil chauffe un peu, faute de racines profondes, le grain se dessèche et meurt.

Ce que Jésus décrit là avec des mots très simples et à travers ces paraboles, c’est bien notre vie de croyants, avec ses grandeurs et aussi ses misères. Oh, nous sommes capables d’enthousiasme, et en nous, la Parole de Dieu trouve un écho ! Nous la recevons aussitôt avec joie, comme le dit Jésus ; et cette joie est sincère. Vraiment, chaque Parole de Dieu atteint notre cœur au plus profond de nous-mêmes. La Parole de Dieu éveille en nous l’espérance d’un commencement nouveau, d’une nouvelle générosité, l’assurance de fruits à venir… mais reconnaissons-le, la graine de la Parole de Dieu a parfois tant de mal à prendre racine !

Les débuts sont prometteurs puis, tout à coup, les racines encore fragiles rencontrent et butent sur le roc, la pierre, la dureté, et la graine s’épuise.

Si des épreuves et des persécutions surviennent à cause de la Parole, aussitôt, nous risquons de nous décourager. Qui aurait pensé qu’il y avait si peu de terre et que le moindre coup de chaleur allait tout faire griller en une matinée ?

Nous sommes les hommes d’un moment !

Ce n’est pas la graine qui est en cause ; nous le savons bien ! Elle est même excellente, car c’est la Parole de Dieu ; rien ne peut mieux ensemencer notre cœur que la Parole de Jésus ! Mais combien de fois faisons-nous le constat que nous pouvons manquer de profondeur, de racines ? Cette Parole qui voudrait tant germer en nous rencontre rapidement la couche la plus dure de nos refus, de nos peurs et de nos tristesses.

Alors, que pouvons-nous faire ?

Surtout : ne pas nous décourager ! Ne pas rester bien caché ou installé au fond de notre couette !

Que faire pour que la graine semée résiste au temps et grandisse ?

La réponse est simple : un accueil en terre profonde !  La mise en œuvre pour certains peut-être un peu laborieuse, mais elle est toujours possible, car une chose est sûre : nous avons de la bonne terre en nous. Mais si nous voulons la profondeur, il nous faut aussi de la fidélité et de la constance : c’est cette audace qu’il nous faut acquérir.

Sans se décourager pour être une terre profonde et tenir bon dans la durée, il faut aussi du temps pour la croissance. Il nous sera nécessaire également de nous accoutumer à la longue patience de Dieu et accepter d’attendre, pas à pas les fruits à venir.

Dès aujourd’hui, dès ce matin, dès maintenant, le Seigneur nous dit : « Choisissez ! La graine est bonne, toujours bonne. On ne peut l’accuser ! »

Frères et sœurs, il est encore et toujours temps : choisissons la terre que nous voulons être ; quelle profondeur désirons-nous ? Là est la question :

Voulons-nous être des hommes d’un moment ?

Ou voulons-nous être des hommes qui accueillent la Parole et portent du fruit, dans la durée ?

Cette réponse nous appartient ; à nous de choisir avec la grâce de Dieu !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 28 janvier 2019, 3e semaine du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie non relue
Évangile selon saint Marc 3, 22-30. Lettre aux Hébreux, 9, 15.24-28. Psaume 97.

 

Voilà un passage de l’évangile qui peut laisser certains perplexes et qui demande quelques explications.

Comme nous venons de l’entendre, l’accusation est lourde : “ Ce Jésus est possédé par Béelzéboul ; “ En langage courant et littéralement, cela signifie que les scribes pensent que Jésus est “de mèche“ avec le chef des démons et qu’Il est manipulé par un esprit impur. Ces critiques se propagent dans la foule.

Jésus fait venir les scribes auprès de Lui pour rétablir la vérité et, selon son habitude, Il leur répond par des paraboles.

La première parabole a trait au phénomène de division, qu’elle soit dans un royaume, une dynastie ou une famille ; tout cela ne tiendra jamais s’ils sont divisés. À  mots à peine couverts, Jésus répond donc aux scribes que c’est « une ânerie » que d’affirmer ce qu’ils prétendent de Jésus au milieu de la foule.     

La deuxième parabole est une contrattaque musclée : si l’on veut entrer “dans la maison d’un homme fort et piller ses biens“, il faut d’abord le ligoter ; alors seulement après, on pourra le piller. De fait, c’est bien cela que Jésus est venu faire : se montrer plus fort que la puissance du Mal, ligoter l’adversaire et délivrer les hommes qu’il a pris sous sa coupe.           

Après ces deux paraboles, Jésus expose clairement son enseignement, et c’est peut-être là que nous pouvons avoir quelques difficultés de compréhension. Que nous dit-il ? “Tout sera pardonné aux enfants des hommes“, tout ! … du moment qu’ils se tournent vers Dieu et qu’ils se repentent. Les fautes contre le prochain, les offenses à Dieu, même répétées, tout peut être pardonné ! Tout sera pardonné ! Voilà le principe qui est d’une générosité incroyable, inouïe et inconnue jusqu’alors… une prodigalité digne de l’amour que Dieu veut donner.

Quand aujourd’hui nous entendons ces mots, nous pensons que c’est tout à fait normal… Dieu  ne condamne pas ! Mais ce n’était pas du tout le cas à l’époque de Jésus. Pour pouvoir obtenir le pardon de ses fautes, il fallait faire acte de pénitence, de sacrifices et bien d’autres d’actions, et encore, on n’était pas certain d’être complément délié de toutes entraves…

Jésus affirme que tout est pardonnable, mais : « Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. » Il restera sans pardon à jamais. Dans le cadre de l’incident que rapporte l’évangile ce matin, Jésus vise de façon très précise le blasphème contre l’Esprit Saint, c’est-à-dire ceux qui refusent de voir à l’œuvre, en Lui, la puissance de Dieu… ceux qui refusent de voir en Jésus, Dieu lui-même.            

Blasphémer contre l’Esprit, c’est dénier, c’est refuser à Dieu tout pouvoir sur le maître du mensonge ; c’est le péché pour toujours, le péché à jamais, car, en son essence même, il exclut la possibilité de l’intervention de Dieu. C’est à cause de cette gravité que l’Église identifie ce péché avec une désespérance et le refus de la miséricorde.

Pour mieux me faire comprendre : dans ce cas de refus total, Dieu ne peut rien faire contre la liberté de l’homme. Si jusqu’au bout, l’homme refuse Dieu, Dieu ne peut pas agir, il ne peut rien faire, même s’il en est désolé, même s’il le voulait vraiment. Paradoxalement, le refus de l’homme peut rendre Dieu impuissant ! Le rejet que l’homme oppose dans ce cas-là empêche toute action de Dieu, et empêche tout pardon.

Comment chercher et trouver le sens de la parole rude de Jésus dans notre vie de tous les jours ?

Nous pourrions comprendre qu’il ne nous appartient pas de porter un jugement sur autrui. Personne ne peut dire, aucun de nous ni même le prêtre, qu’un pardon peut ne pas être donné. Dieu seul sait ce qu’il se passe à l’intime de l’homme, à l’intime de sa liberté, Dieu seul mesure les conditionnements qui pèsent sur la foi et l’espérance des hommes ! Dans bien des cas, nous pouvons prier pour l’Esprit-Saint nous libère de toutes nos fermetures !

Frères et sœurs, ne restons pas nous-mêmes sans espérance !
Ne nous fermons pas à Dieu, ni à sa Parole, ni à son amour !
Croyons, croyons vraiment qu’Il est plus fort que Satan !
Croyons que Dieu a vaincu la mort, qu’il a vaincu le Mal et qu’il est le Vivant pour toujours !
Lui seul possède les paroles de la Vie éternelle.

Finalement, si notre liberté reste ouverte au mystère du Salut, c’est un message plein d’espérance que nous recevons aujourd’hui. Pour cela, rendons gloire à Dieu !

Ainsi soit-il !    

Catéchèse du dimanche 27 janvier 2019, 3edimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon Saint-Luc 1, 1-4 ; 4, 14-21. Livre de Néhémie 8, 2-4a.5-6.8-10. Psaume 18B.

Lettre de Saint-Paul aux Corinthiens 12, 12-30.

 

La Parole de Dieuest un cadeau ! En entendant à nouveau, les textes de ce dimanche, essayons de réfléchir ensemble sur ce cadeau. Je vous invite donc, ce matin, à une petite catéchèse.

Je vais tout de suite faire appel pour commencer, à votre imagination !

Imaginez une maison ou un appartement, vous êtes en ville ou à la campagne, je vous laisse choisir ; vous venez tout juste de vous y installer. Vous découvrez l’agencement des pièces… et puis, vous avez la curiosité de monter au grenier et là, sous la poussière, parmi tous les objets et meubles rassemblés, un peu entassés, vous apercevez un vieux coffre, un vieux coffre à souvenirs ; vous l’ouvrez et vous en faites l’inventaire.

Vous y trouvez : les photos un peu jaunies du mariage d’un jeune couple, des photos d’enfants, une généalogie et puis, retenues par un joli ruban bleu … des lettres d’amour, les lettres que le couple s’écrivait secrètement durant leur temps des fiançailles, le sermon du mariage, quelques prières composées pour les grands moments de leur vie, des souvenirs de voyage, toutes sortes de cartes postales avec une petite écriture toute fine, des photos de famille, un voile de mariée, un poème composé et offert par les enfants lors de leur cinquantième anniversaire de mariage…

En fait, dans ce coffre, vous découvrez l’histoire d’un couple, d’une famille : c’est le coffre à trésor d’une belle histoire d’amour qui, en dépit du temps, semble garder toute sa fraicheur.

Frères et sœurs, en ce dimanche, la liturgie nous invite, à sa façon, à ouvrir le coffre de notre propre famille. Nous aussi, comme Église, nous avons à vivre et nous vivons une histoire d’amour, une belle histoire d’amour ! Notre coffre à souvenirs, c’est la Parole, le livre de la Parole : la Bible ( histoire de notre passé et pourtant histoire toujours actuelle !)

C’est ce livre que nous ouvrons à chaque eucharistie, à chaque moment de prière, à chaque moment important de notre histoire !  Peut-être est-il posé (en tout cas je l’espère) sur votre table de nuit ou dans votre coin de prière. 

La Bible est une bibliothèque de soixante-treize livres qui racontent l’extraordinaire histoire de nos ancêtres dans la foi. On y trouve des livres d’histoire, des textes de loi, des poèmes, le plan de la construction du Temple, des paroles de sagesse, les messages des prophètes et enfin, le témoignage de tous ceux qui ont connu Jésus-Christ. Ces livres sacrés, qui n’en forment plus qu’un seul pour nous, doivent sans cesse être redécouverts par les chrétiens.

Ce Livre est un trésor de l’humanité (UNESCO),

le livre le plus traduit dans toutes les langues et le plus largement distribué et vendu !

 

C’est pourquoi tous les jours, et au moins chaque dimanche, la Parole de Dieu est proclamée dans notre assemblée. La Parole de Dieu est donc centrale dans notre vie de foi. Nous le savons ! Mais pourquoi cette Parole laisse-t-elle si indifférents ou si distants tant de chrétiens de notre Communauté ?

Souvent, nous quittons l’assemblée dominicale, sans même nous souvenir des textes qui ont été lus, ce qui a été dit et commenté. Est-ce dû à l’habitude, à une indifférence, à une fatigue ? Est-ce alors de la paresse ?

 

J’ose à peine faire un sondage pour demander qui a pris le temps d’une vraie préparation, de lire les textes du jour, avant de venir, ce matin à l’Eucharistie ! Quand les lectures sont longues, comme celles de ce dimanche, il n’est pas si simple d’entrer dans la connaissance et dans la compréhension de ce qui est lu (forcément) rapidement lors de nos célébrations ! Cela demande, en tout cas je le sais, un peu de préparation ! Pourtant, nous sommes d’accord pour nous redire et rappeler le sens profond de la Parole de Dieu, afin de mieux nous l’approprier, de mieux l’entendre, de mieux nous en nourrir. 

 

Vous savez que nous sommes dans la semaine de l’unité des chrétiens ; nos frères protestants nous témoignent sans cesse de l’importance de l’Écriture ! 

Il existe des conditions objectives essentielles pour l’accueillir. Lesquelles ? 

  • Prier l’Esprit-Saint, car c’est lui qui me conseille et me guide.
  • Avoir des oreilles pour bien écouter, mais surtout garder un cœur ouvert et curieux ! 
  • Savoir accueillir cette Parole dans une attitude paisible de respect et d’écoute ! 
  • Demander à Dieu que cette Parole m’atteigne, me touche au plus profond de moi-même, car c’est Lui qui me parle, comme il a parlé à tant d’hommes et de femmes avant nous. 

Oui ! Notre Dieu nous parle : Il me parle !

La Parole de Dieu est le « lieu » d’une rencontre extraordinaire ! Dieu me parle parce qu’Il veut se faire connaître ; Il a des choses à me dire ! Même si mon cœur et mes oreilles peuvent se fermer, le dialogue reste toujours possible, toujours ouvert…

 

N’est-ce pas là l’expérience fondamentale que tout chrétien doit faire ?

En Jésus-Christ, la voix du Père se fait audible ; Dieu se fait proche. L’Esprit nous ouvre à sa Parole !

 

Alors, que savons-nous de Dieu Trinité ? Que savons-nous même du Christ ?

Dans le meilleur des cas, notre connaissance du Christ commence par des histoires saintes que nous avons entendues, des souvenirs du catéchisme, des images, des flashs, « Noël et la crèche », « Jésus qui multiplie les pains », « Jésus qui transforme l’eau en vin »… Un certain nombre d’images sur la personne de Jésus traversent notre mémoire collective et se transmettent d’une génération à l’autre… et c’est une bonne chose. Combien de fois des personnes me confient : “Je ne l’ai pas appris par mes parents, mais par ma grand-mère ! » ou bien : « J’ai vu mon grand-père prier, et cela m’a donné envie… ».

Cette connaissance élémentaire de la personne de Jésus est le commencement par lequel nous entrons petit à petit dans un questionnement à son sujet, dans une connaissance de sa personne. Avec le temps, nous grandissons et nous essayons de comprendre : cela est sain ! À quoi correspondent ces images ? À quoi renvoient-elles ? Sont-elles une histoire idéalisée de Jésus ou correspondent-elles à l’histoire réelle du Christ en notre humanité ? Il serait intéressant de savoir qu’elle est l’image du Christ que vous avez en vous-mêmes ?

Autrement dit : 

- Le Christ auquel, je crois, est-il bien ce Jésus de Nazareth, le Fils de Marie, juif parmi les juifs, né à un moment précis de l’histoire humaine, qui a souffert de la part des hommes, qui est mort et ressuscité, tel que des témoins l’ont vu et entendu, tel qu’ils nous l’ont rapporté à travers leurs expériences ? (C’est le Credo que nous proclamons chaque dimanche).

Pour vraiment connaître le Christ, il est nécessaire de se plonger dans sa Parole.

Je ne veux blesser aucune personne, mais je sais que pour beaucoup de nous, une “mise à jour“ est peut-être nécessaire, voire sans doute indispensable.

Comme nous venons de l’entendre ce matin, le ministère public de Jésus commence dans l’évangile selon Saint-Luc, par cette visite à la synagogue de son enfance, où Il va commenter un texte du prophète Isaïe ; nous découvrons déjà là, un aspect de son ministère : annoncer la Parole de Dieu et la commenter, c’est-à-dire nous permettre de la comprendre. Pour cela, Jésus va prendre des images, choisir des paraboles.

Notre liturgie dominicale est une actualisation de cette Parole du Christ qu’il nous faut commenter pour mieux la comprendre avec l’apport de différents textes bibliques (première et deuxième lectures, le psaume…) qui s’éclairent les uns les autres. C’est le l’objet de nos liturgies.

 Le premier texte, le livre de Néhémie exprime avec force, cette actualisation de la Parole divine : lors de la lecture du Livre (perdu et retrouvé dans le Temple) par le prêtre Esdras devant le peuple réuni, ils font la redécouverte de la Parole de Dieu qu’ils avaient oubliée en terre d’exil. Tout attentif, le peuple était réuni comme un seul homme, écoutant les commentaires et comprenant le sens de cette Parole. 

Comme eux, nous sommes aujourd’hui rassemblés pour écouter la proclamation de la Parole de Dieu, telle qu’elle est toujours annoncée lors des offices à la synagogue, chaque sabbat… comme elle est annoncée chaque dimanche à l’église de notre paroisse.

Ce rassemblement que nous vivons chaque dimanche, est bien une invitation de notre Seigneur. En s’adressant à chacun, il a quelque chose à nous dire et à nous faire comprendre. À chacun, Il veut annoncer une Bonne Nouvelle !

Cette Bonne Nouvelle est celle de Jésus commentant le livre d’Isaïe : Dieu a décidé, encore une fois, de faire grâce ! ; cette Parole s’accomplit aujourd’hui pour nous et je vous invite à le croire !

Pour notre assemblée chrétienne, l’acte de foi fondamental est d’accueillir cette Parole de Dieu comme une Parole qui nous est adressée, à la fois en communauté, mais aussi personnellement.

 Au rythme de l’année liturgique, nous accueillons et méditons la Parole de Dieu comme une Parole adressée à l’Église de notre temps pour nourrir notre foi et fortifier notre espérance. 

N’est-ce pas, là aussi, le sens de notre présence à cette Eucharistie : accueillir un renouveau dans notre espérance, un renouvellement de notre foi dans la joie de la communion au Corps du Christ ?

C’est pourquoi, il est difficile de venir à la messe :

  • sans s’y être (un peu) préparé, 
  • sans avoir pris le temps de goûter la Parole de Dieu, 
  • sans avoir préparé notre cœur…
  • même si nous savons bien que nous sommes préoccupés par les mille petits détails de la vie quotidienne… 

 

Pour terminer ce temps de réflexion, j’ajoute un dernier mot ; notre évêque vient de rédiger une nouvelle lettre pastorale que nous pourrons lire dans quelques semaines. J’ai eu la possibilité de la parcourir ! 

Le titre donné à cette lettre pastorale est celui-ci : Que devons-nous faire ? Il me semble que ce titre est très à propos pour notre assemblée. Dans cette lettre, il est écrit que ce qui fait l’Église, c’est : 

  • l’écoute de la Parole mise en œuvre dans l’Eucharistie, 
  • le témoignage 
  • et le service des pauvres.

Alors que devons-nous faire ? 

Cette question s’adresse à chacun de nous personnellement. Que dois-je faire ? 

Notre évêque nous écrit : « J’invite donc les familles, les mouvements, les services, les communautés à prendre les moyens de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Sans cette écoute renouvelée, il n’y aura pas de transformation joyeuse de notre communauté. » 

Il est intéressant de se rappeler que la joie de notre communauté dépend de notre façon de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu !

Concrètement que devons-nous faire ? 

La réponse donnée est une invitation simple et exigeante.

Il faut créer des « petites fraternités locales ». Plusieurs personnes vont se retrouver un soir de la semaine, à un moment de la journée pour prendre le temps de lire ensemble la Parole de Dieu. Il ne s’agit pas de faire des explications théologiques ou exégétiques ; il s’agit d’accueillir la Parole et peut-être d’en faire simplement un partage.

Ces fraternités locales doivent être des cellules vivantes de la Paroisse. Si ces petites fraternités se mettent progressivement en place, nous grandirons, petit à petit, dans une communauté de plus en plus priante, de plus en plus unie, de plus en plus disponible, non seulement à l’accueil de la Parole, mais au service de chacun.

Ces fraternités locales nous permettront de vivre de véritables partages fraternels dans lesquels approfondirons : le sens de l’adoration, de l’engagement, de la mission(du service), le désir de formationet de l’évangélisation.

Frères et sœurs, pour notre plus grande joie, mettons-nous à l’écoute de la Parole de Dieu !

Que cette Parole accomplisse et transforme non seulement notre communauté, mais aussi chacun de nous, personnellement !

Demandons cette grâce pour notre communauté, pour nos familles et pour notre paroisse !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Gaso - Audio - Dimanche 27 Janvier 2019

Homélie du mercredi 23 janvier 2019, 2e semaine du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie relue
Évangile selon saint Marc 3, 1-6. Lettre aux Hébreux, 7, 1-3.15-17. Psaume 109.

 

Les adversaires de Jésus, comme nous venons de l’entendre dans l’évangile, observent, scrutent Jésus pour pouvoir l’accuser. Cela signifie, et c’est sous-entendu, qu’ils l’ont déjà condamné.

Spectacle dérisoire d’ennemis jurés entre pharisiens et hérodiens qui s’allient pour faire périr l’Envoyé de Dieu.

Jésus leur tend la main une nouvelle fois (au sens propre comme au sens figuré).

“Lève-toi, viens au milieu.“ Par cette invitation, Jésus annonce sa mission ; il dit ce qu’il est venu faire : faire le bien et non le mal. “Mais eux se taisaient“.

Comme l’homme à la main desséchée, ils sont malades, comme secs et durs au plus profond d’eux-mêmes, malades d’un système que l’on a vidé de son sens, malades de la Loi de Dieu que l’homme s’est approprié pour en faire une loi de mort.

Il y a un constat que nous pouvons faire nous-mêmes autour de nous, et parfois aussi en dedans de nous-mêmes :

  • Pour son malheur, l’Homme est tellement prompt à reconnaître Dieu comme responsable de tous les maux de la terre : dès que quelque chose ne va pas, le reproche est souvent le même : « Dieu, que fais-tu ? Où es-tu ? »
  • Pour son malheur, l’Homme est tellement lent à reconnaître ses propres refus au lieu de laisser Dieu opérer le salut !

Jésus ne cache pas sa colère. Pourtant, sa colère n’est pourtant pas une condamnation de ces hommes.

 Jésus est navré, peut-être que le mot est faible. Jésus est navré, désolé, affecté, atterré même de constater “l’endurcissement de leurs cœurs“. Cette expression sera aussi employée pour les disciples. Elle ne fait donc pas de ces gens les ennemis de Jésus, mais le Seigneur est comme excédé de leur hypocrisie.

Dès le début de la Genèse, l’invitation est récurrente ; elle est toujours d’actualité :
Renoncer au mal ! Faire le choix du bien !

… et cela chaque jour que Dieu fait.

Le Christ nous pose encore aujourd’hui cette même question : est-il permis de sauver une vie plutôt que de la détruire ? Cette question récurrente nous est posée aujourd’hui, dans tous les débats de bioéthique. Est-il permis de tuer, même la vie qui est déjà là et qui est en train d’éclore ?

L’incompréhension demeure :

- Jésus veut prendre des mesures pour sauver la vie de cet homme malade,

- les pharisiens, eux, sont occupés à trouver le moyen de mettre à mort Jésus.

Frères et sœurs l’invitation est limpide :

  • elle est de chasser de notre vie toute hypocrisie qui pourrait nous conduire à accuser faussement Dieu de tous nos maux,
  • de chasser de notre vie toute hypocrisie qui vide nos pratiques religieuses de leur sens.

Il est là, le médecin qui nous dit : « Étends la main ! ». Le geste est concret.

Il est là, le médecin qui nous restaure dans notre capacité à agir selon la volonté de Dieu :

Renoncer au mal ! Faire le choix du bien !

Ne restons pas dans une attitude de repli, de couardise ou de vengeance : nous avons besoin, nous aussi, de cette fraicheur du Christ, pour chasser toute sécheresse en nos cœurs, pour nous relever et guérir afin de Le servir.

Cependant, une question est posée à chacun de nous : quel bien fais-je pouvoir faire aujourd’hui ?

 Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 21 janvier 2019, 2e semaine du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie non relue
Évangile selon saint Marc 2, 18-22. Lettre aux Hébreux, 5, 1-10. Psaume 109.
Lettre de Saint-Paul à Tite 2, 11-14 ; 3, 4-7.

 

Voilà une page d’évangile qui pourrait nous laisser perplexes !

Pourtant, bien souvent quand les évangiles rapportent côte à côte plusieurs paraboles de Jésus, celles-ci se mettent en valeur les unes, les autres. C’est bien le cas aujourd’hui, tout du moins si nous recevons ces paraboles pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire non pas pour des énoncés clos, définitifs, mais comme une invitation à réfléchir, discerner et agir !

Ce matin, nous entendons trois petites paraboles que nous allons rapidement interpréter :

- La première parabole est sans doute la plus évidente à un premier degré. Que dit-elle ? « On ne se met pas à jeûner quand la noce commence. » Très simplement, car ce serait faire un affront aux jeunes mariés. Imaginez que vous soyez invités à un mariage et qu’au moment de passer à table, vous refusiez en disant : « Oh non ! Je jeûne. » De plus, cette attitude pourrait détoner dans l’ambiance de joie des deux familles. J’en conclus rapidement qu’il faut savoir s’adapter aux divers moments de l’œuvre de Dieu. Il y a un temps pour l’ascèse, il y a aussi le temps de la joie pour les amis de l’Époux. Jeûner est une bonne chose, mais il est nécessaire de discerner les moments et de comprendre le pourquoi du jeûne chrétien !

- La deuxième parabole nous fait réfléchir davantage. Nul doute que les couturières en herbe savent de quoi il s’agit ! Il existe deux façons, deux manières de raccommoder :

- ou bien l’on raccommode un vieux vêtement avec un tissu usagé ; dans ce cas, nous n’aurons aucune surprise au lavage, mais le raccommodage aura seulement un peu « maquillé », caché la déchirure, sans pour autant rajeunir le vêtement qui ne durera plus très longtemps,

 - ou bien on répare le vieux vêtement avec une pièce neuve et, dans ce cas, au lieu de le réparer, on prépare de plus grandes déchirures, pires que le premier accroc.

On débouche donc sur une simple conclusion de bon sens : faut-il oui ou non, raccommoder un vêtement quand l’étoffe est trop ancienne ? Cela sert-il à quelque chose, car on ne ferait que prolonger la durée de vie d’un vêtement qui a peut-être déjà fait son temps ? Là encore, il y a un discernement à opérer ; il y a des moments où il faut faire “peau neuve“ et changer de vêtement. C’est ce que le Christ est précisément en train de nous dire : puisque l’évangile est là (c’est bien lui, ce vêtement neuf) c’est lui qu’il faut revêtir sans essayer de le « rafistoler » avec les usages pharisiens qui ont fait leur temps. Il nous faut donc choisir la nouveauté de l’évangile !

- La troisième parabole : celle du vin et des outres ! Des quatre combinaisons que nous pourrions imaginer, une seule sera la bonne. Que l’on verse du vin vieux dans de vieilles outres, que l’on verse du vin vieux dans des outres neuves, que l’on mette du vin nouveau dans de vieilles outres, le résultat risque d’être le même : une catastrophe ! On perdra le vin qui sera gâché et les outres qui peuvent éclater. On se retrouvera sans vin et sans outre.

L’allusion est claire : “À vin nouveau, outres neuves !“ Il faut des outres qui résisteront à la pression du vin qui travaille ! De toute évidence, Jésus voit dans le vin un symbole de l’évangile, de la nouveauté absolue qu’il apporte. “À vin nouveau, outres neuves !“ car tout vient de Dieu !

Saint Paul le dira d’une autre façon quand il nous demande, au sujet du baptême : « Séparons-nous du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau ! »

Alors, comment résumer en une phrase ce que nous venons d’entendre ? Je vous propose :

Jésus est l’Époux qui apporte la joie, la fraicheur et la nouveauté.

Voilà ce que nous entendons ce matin ; l’invitation est claire ; relisons cet évangile ! Prenons soin de le méditer durant notre temps de prière, de discerner et découvrir, dans notre quotidien, la nouveauté que le Christ veut nous communiquer !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Gaso - Audio - Dimanche 20 janvier 2019 - Église St Louis

Homélie du dimanche 20 janvier 2019, 2e dimanche du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.
Évangile selon saint Jean, 2, 1-11. Livre du prophète Isaïe 62, 1-5. Psaume 95.
Lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 4-11.

 

Nous connaissons bien ce miracle qui s’est déroulé à Cana ; il est dans toutes les mémoires.

Ce soir, j’ai envie de vous faire une confidence : si vous saviez le nombre de fois où l’on m’a demandé de “faire Jésus“, en me présentant une carafe d’eau ! Voulant dire : « Débrouille-toi ! Change cette eau en vin ». Je vous le confirme : je n’ai jamais réussi ! Je n’ai jamais réussi à changer l’eau en vin ; j’ai un peu essayé, mais … ça ne marche pas !

Par contre, ce qui est vrai, c’est que depuis mon ordination, je peux transformer du vin en Sang du Christ. Mais à ces moments-là, ce n’est pas moi tout seul qui le fait, mais, par la succession apostolique, c’est l’Esprit Saint qui agit en moi.

De fait, ce miracle de Cana est dans toutes nos mémoires ; qui ne connait pas cet épisode ? Qui n’a pas entendu comment le Fils de Dieu, à la prière de Marie, sa mère, sauve la réception lors d’un mariage, mais aussi comment il commence à révéler sa gloire. L’évangile nous le dit à la fin : “Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en Lui.“

Vous qui êtes ici ce soir, sans aucun doute, vous avez dû entendre plusieurs homélies, beaucoup de commentaires sur cet épisode de Cana.

Par exemple, il est vrai que les noces à Cana nous montrent :

-  l’importance de la nuptialité entre un homme et une femme ou encore,

- l’Alliance de Dieu avec l’humanité ; ou bien 

- Jésus, qui par ce mariage souhaite faire comme son Père ; Il place au sommet de la Création l’homme et la femme, lorsqu’il crée une alliance toute particulière entre Adam et Ève.

- la place de Marie comme femme et mère en établissant le parallèle avec Marie au pied de la Croix : « Femme, voici ton fils ; voici ta mère. »

Frères et sœurs, aujourd’hui, je vous invite à aborder ce miracle sous un autre angle.

Durant quelques instants, nous allons nous tenir du côté des serviteurs, vous savez celles et ceux qui étaient au service de cette réception, celles et ceux qui n’ont rien dit… mais qui ont tout vu. Ils n’ont fait que des actions tout ordinaires, en collaborant bien sûr, mais sans le savoir, à un grand miracle, du moins à un signe surprenant ; ils ont tout vu, mais ils n’ont rien dit !

Au début, il y a la remarque de Marie : “Ils n’ont plus de vin.“ Ils ont eu simplement à faire à Marie, la maman de Jésus qui, se tournant vers les serviteurs leur dit : “Tout ce qu’il vous dira, faites-le“. Puis Jésus demande à ceux qui servaient : “Remplissez d’eau les jarres“.

Voilà des serviteurs en plein désarroi ; après les ablutions rituelles des convives, ils avaient vidé les jarres. Comme vous le savez, avant tout repas, il fallait pour des raisons d’hygiène mais aussi par obligation de prière, faire des ablutions : se laver les mains, le visage, la tête. Sitôt les convives installés au repas, on vidait les jarres, on les rinçait. Et voilà que Jésus leur demande de les remplir à nouveau d’eau propre ! Cela implique d’aller jusqu’au puits, de remplir une vingtaine de seaux par jarre, et il y en avait six… « Tout ce travail pour rien ! », peuvent penser les serviteurs ! « À quoi bon toute cette eau puisque les convives, maintenant, sont attablés ? »

Il faut vraiment que Marie se soit montrée convaincante ; sa certitude était si impressionnante ! “Tout ce qu’il vous dira, faites-le“ Pour elle, ils vont obéir sans rechigner puisqu’ils vont remplir les jarres “jusqu’au bord“. Puis Jésus leur demande de faire quelque chose de surprenant : “Puisez et portez-en au maître du repas.“ Là aussi, nous pouvons imaginer le désarroi des serviteurs (porter de l’eau au maître du repas ?) et nous assistons à un curieux manège : ceux qui parlent ne savent rien et ceux qui savent tout, se taisent.

Entre les jarres et le verre du maître du repas, l’eau s’est changée en vin ! Or, les serviteurs savent bien qu’ils ont puisé de l’eau. Alors, on entend le maître du repas féliciter le marié qui, lui, ne comprend rien !

Pourtant, pas un mot sur Marie ; silence total des serviteurs !

Jésus vient d’opérer un miracle mais, jusqu’au bout, il a voulu se servir de l’action des serviteurs. C’est avec “l’eau de l’obéissance“ que Jésus a régalé la noce.

L’évangéliste ne nous dit pas, et c’est peut-être frustrant, comment ce miracle a été salué, ni comment les rôles et actions de Marie et de Jésus ont été reconnus. Il mentionne très sobrement : “Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit“. C’était lors d’un mariage et ses disciples ont commencé à percevoir sa gloire, c’est-à-dire l’union indicible du Père et du Fils.

Si simple et si dépouillé, notre récit se montre plein d’enseignements pour nous, humbles ouvriers de l’évangile. Je vous invite vraiment à relire ce texte, à prendre le temps de la méditation et d’essayer de vous situer en différents lieux de cette scène, dans les différents rôles parmi les invités, parmi les serviteurs. Je suis sûr que vous vivrez des heures et des heures de belle méditation !

Ce que je souhaite retenir ce soir pour chacun de nous comme pour moi-même, c’est que nous sommes certains de rester dans la volonté de Dieu quand nous suivons “à la lettre“, les directives de notre maman du ciel.

“Tout ce qu’il vous dira, faites-le“.

Toute la spiritualité de Marie est là, dans ce simple conseil qu’elle donne à tous ceux qui veulent bien lui faire confiance : “Tout ce qu’il vous dira, faites-le“.

D’une façon similaire, c’est ce qu’elle a dit lors de l’Annonciation : “Qu’il me soit fait selon ta parole“. C’est bien cette même attitude du cœur, toute à l’écoute de la volonté de Dieu, et c’est là, à cette liberté de cœur qu’elle veut, patiemment nous conduire.

Ensuite, par notre obéissance, nous devenons ouvriers de tous les miracles que Dieu veut à travers notre temps et dans le monde. Dans notre langage actuel, celui du 21é siècle, nous emploierons peut-être le mot de serviteurs, mais davantage ceux de disciples missionnaires, d’évangélisateurs, d’annonciateurs de l’évangile et de la Bonne Nouvelle.

Finalement, qui permet ce signe étonnant ?

Que dit Jésus à toutes les personnes qu’il guérit ? Que dit-il à toutes ces personnes qui viennent le trouver, comme nous le lisons dans les évangiles ? La parole est toujours la même : “Ta foi t’a sauvé“. Ici, ce sont les serviteurs qui permettent ce signe étonnant. Par leur obéissance, par leur foi, ce signe a été rendu possible. Jésus aurait pu, sans aucun doute, assurer seul la joie de toute la noce, mais il a voulu donner à ces serviteurs très humbles, la joie d’avoir puisé de l’eau au puits.

C’est Jésus qui fait tout ! C’est Jésus qui nous donne de tout faire dès lors que nous nous laissons toucher par la Parole de Dieu, dès lors que nous ne sommes pas rebutés par la mission qu’il nous demande !

À ce propos, il est intéressant le lire les écrits des Pères de l’Église. Dans un de leurs commentaires, on peut lire que les invités n’ont pas pu boire tout le vin nouveau, ce vin excellent que le Christ a permis. Les invités n’ont pas tout bu et, encore aujourd’hui, nous en buvons. Bien que serviteurs, si nous le comprenons, nous sommes toujours aussi les invités de la noce du Fils de Dieu.

Frères et sœurs, osons cet acte de foi, cet acte d’obéissance, cet acte d’amour !

Que ce soit à la Salette, que ce soit à Notre Dame de l’Osier ou à Lourdes ou dans de nombreux sanctuaires mariaux, vous le savez bien : quand Marie vient jusqu’à nous, elle nous redit avec confiance : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » Elle nous montre comment et à travers elle, nous pouvons écouter son Fils.

Je termine avec un dernier point : par notre baptême et par notre confirmation, nous sommes à l’écoute de l’Esprit Saint (du moins, c’est ce que j’espère !) et nous lisons la Parole de Dieu. Je crois profondément que nous sommes désireux de servir notre Seigneur dans les différentes missions qu’il nous propose ; nous sommes, nous aussi, ses serviteurs !

Mais nous qui connaissons les signes que Jésus accomplit, même si parfois nous avons du mal à percevoir la finalité, les fruits ou même les transformations qui nous dépassent, nous savons que Dieu agit réellement !

Ne soyons donc pas inquiets de transporter peut-être des centaines de litres d’eau sans comprendre à quoi cette eau pourrait servir : faisons confiance ! Jésus ne nous appelle plus “serviteurs“ ; du moment où nous nous mettons à sa suite, Il nous appelle “ses amis“. Amis de Dieu, c’est là un titre extraordinaire que nous recevons de la part de Jésus.

Voilà ce que nous entendons, ce jour à Cana de Galilée, en cette fête des noces !

En toute occasion, que Dieu soit béni !   

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 16 janvier 2019, 1re semaine du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie non relue
Évangile selon saint Marc 1, 29-39. Lettre aux Hébreux 2, 14-18. Psaume 104.
Messe votive pour la famille

 

Nous sommes dans le premier chapitre de l’évangile selon saint Marc. Dès le premier jour où Jésus, après son baptême est revenu chez lui, en Galilée, il est happé par sa mission. Il est tout entier déjà, dans sa mission. Bientôt, nous le savons, il ne saura même plus où reposer sa tête.

De toute la région, on vient vers Lui :

- soit pour l’entendre, car Il prêche dans les synagogues avec une autorité surprenante : « Jamais homme n’a parlé comme celui-ci ! »,

- soit pour guérir : “On lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.“

Pour quelques petites heures seulement, nous sommes invités à entrer dans la maison de Simon et d’André, et c’est dans l’intimité quasi familiale de ses quatre premiers disciples que Jésus va agir. Plus exactement, nous sommes dans l’ordinaire de la vie, dans la simplicité d’une famille, avec ses hauts et ses bas, ses moments joyeux et ceux qui sont plus douloureux. Ce moment-là est assez difficile parce que la maîtresse de maison, la belle-mère de Simon, est alitée avec de la fièvre (et vous savez combien la présence d’une femme, d’une maman, est importante dans la famille). La maîtresse de maison étant malade et alitée, le rythme de la maison est sans doute perturbé, voire bloqué. Un proche qui souffre est cependant un épisode fréquent de la vie familiale, de la vie quotidienne ! Mais son état semble préoccupant puisque, sans attendre, on parle de la malade à Jésus.

Le miracle que Jésus va accomplir va étonner par sa sobriété, son manque de merveilleux ; rien d’extraordinaire, aucune parole d’autorité ! Jésus guérit et relève par un geste tout simple : tout se déroule dans la discrétion et la douceur : Jésus s’approche, la saisit par la main et la fait lever. Jésus est debout, en mouvement, la malade est couchée, immobile, dormant peut-être d’un sommeil agité à cause de sa fièvre. Le constat est saisissant et notre attention se focalise sur le geste de Jésus : “Il la fit lever.“

En Jésus, le mouvement de la vie vient à la rencontre de notre humanité inerte et passive. Le mouvement que Jésus vient insuffler en chacun de nous, arrive souvent aux moments où nous nous trouvons sans réaction. Jésus nous relève, nous réveille de notre sommeil, nous ressuscite de toutes nos morts. Il s’agit bien d’une résurrection dont il est fait le récit aujourd’hui !

C’est donc dans la relecture à la lumière de Pâques. Dans la sobriété de cet épisode de la guérison de la belle-mère de Pierre, dont nous pouvons discerner l’action du salut du Fils de Dieu.

Comme l’évangile nous le redit en quelques mots, la réaction de la femme est immédiate : “…et elle les servait.“

Toute résurrection, toute remise debout de notre corps, de notre âme, de notre intelligence, de notre psychisme, est pour le service, pour servir les autres. C’est bien au sein même de la famille que nous nous mettons au service de tous.

À la fin de l’épisode, nous constatons que, très vite, ce n’est plus une femme, mais des centaines et des milliers de personnes qui seront à la recherche du Messie.

C’est parce qu’Il se livre tout entier, totalement au Père dans sa prière silencieuse, que Jésus se laisse prendre par tous ceux et celles qui le réclament. C’est parce qu’Il vit dans le Père, dans la prière, dans cette intimité du Père qu’Il peut, sans lassitude, chaque jour, et encore aujourd’hui, être partout présent.

Seigneur, ce matin, nous sommes peut-être dans ce “haut“ ou dans ce “bas“, peut-être en pleine forme, peut-être fatigués, voire épuisés !

Seigneur, ce matin, nous voulons te présenter tous ceux qui te recherchent sans même peut-être le savoir ! Nous voulons te présenter chacune de nos familles ; nous voulons aussi, nous qui sommes réunis dans cette église, te présenter tout ce qui fait l’ordinaire et l’extraordinaire de notre vie.

Viens Seigneur à chaque moment, et surtout aux moments les plus difficiles, nous relever, nous remettre debout afin de mieux te servir, tout simplement !                                                                                                        

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 14 janvier 2019, 1ere semaine du temps ordinaire, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso. Homélie non relue
Évangile selon saint Marc 1, 14-20. Lettre aux Hébreux 1, 1-6. Psaume 96.

 

Dans la Parole de Dieu, ce qui est toujours étonnant, c’est cette insistance et cette persévérance ! En effet, dès le début de son ministère public, la première proclamation de Jésus est une parole d’espérance : j’ai une bonne nouvelle, la Bonne Nouvelle de Dieu, la Parole de Dieu !

C’est cette espérance que nous avons à accueillir ce matin. Le contenu de cette bonne nouvelle d’espérance tient en quelques mots : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. ».

Les temps sont accomplis, c’est-à-dire les temps que Dieu gardait en attente, ces temps que l’homme avait du mal à comprendre, voilà que nous pouvons le voir en Jésus : c’est-à-dire, ce plan d’amour de Dieu. Voici que clairement, il est manifesté. Après avoir parlé par les prophètes, Dieu nous parle par son Fils. La voix d’homme que nous entendons est celle du Fils de Dieu, la voix du Christ, la voix du Fils.

Il a fallu du temps à l’homme pour le comprendre.

En réponse à cette annonce inouïe que Dieu nous fait, s’exprime une demande.

Que demande-t-il ? Deux choses indissociables :

Convertissez-vous ! Croyez à la Bonne Nouvelle !

La conversion et la foi sont impossibles à vivre l’une sans l’autre. Si nous nous convertissons, si nous tournons le dos à nos idoles (et elles sont nombreuses !), c’est pour répondre à l’Envoyé, c’est pour servir le Dieu vivant, venu en notre humanité en la personne même de Jésus-Christ.

Inversement, venir à Jésus, accueillir le Messie de Dieu, c’est entendre un appel qui nous fait prendre, en quelque sorte, une autre route ! C’est accepter de devenir autre : c’est cela la conversion !

Une conversion du regard, une conversion du cœur qui nous préparent à l’accueil et à la mission de Jésus.

D’une façon incroyable, Jésus a besoin de nous pour annoncer cette Bonne Nouvelle ! Il a besoin de nous pour redire sans cesse : « les temps sont accomplis : le royaume est là. » Et cela ne se fera pas sans nous !

La conversion et la foi, c’est ce qui nous donne de vivre au quotidien, que ce soit l’eucharistie célébrée chaque matin dans cette église, que ce soit dans notre temps de prière, l’annonce ou le témoignage, ou bien encore cette disponibilité du cœur et de l’intelligence que nous devons avoir au service de tous, au service des plus défavorisés, au service de ceux qui vivent dans la précarité, au service de ceux qui sont peut-être sourds à l’appel de Dieu.

« Venez ! Suivez-moi ! Venez derrière moi ! », dit Jésus à Simon ou à André, à Jacques et à son frère Jean, ou à chacun d’entre nous. « Je vous ferai devenir pécheurs d’hommes. »

  • À peine ont-ils rencontré Jésus que les disciples sont déjà appelés.
  • À peine appelés, ils sont envoyés.

Cette mission, les premiers disciples devront la vivre dans la foi, car on a beau savoir comment pêcher le poisson, on n’est jamais prêt pour la pêche des hommes !

Nous aussi, il nous faudra vivre cette mission dans la foi. Soyons assurés, croyons vraiment que Jésus appelle chacun de nous. Le problème, c’est que parfois, nous sommes sourds à son appel. Il peut arriver, bien souvent, dans notre mission, que nous ne voyions pas forcément de fruits. Nous voyons peu de choses ; de temps en temps peut-être, il nous est donné de constater de beaux germes, mais la plupart du temps, nous marchons en aveugle. Pourtant, nous sommes invités à continuer à avancer ! La pêche est toujours une pêche invisible, elle se pratique souvent de nuit, avec pour seuls filets : la prière, l’offrande, le désir et la volonté de l’accueil.

Nous le savons, toute mission en Église nous dépasse bien souvent, mais peu importe ! C’est le Seigneur qui est à la barre ; c’est le Seigneur qui est au commandement ! Nous avons simplement à Le suivre, avec détermination et espérance.

Laissons-là nos filets, ceux de ce matin, et n’hésitons pas à suivre Jésus !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Gaso - Audio - Dimanche 13 janvier 2019 - Baptême du Seigneur

Catéchèse du dimanche 13 janvier 2019, fête du Baptême du Seigneur, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso.
Évangile selon Saint-Luc 3, 15-16.21-22. Livre du prophète Isaïe 40, 1-5.9-11. Psaume 103.
Lettre de Saint-Paul à Tite 2, 11-14 ; 3, 4-7.

 

Comme je vous l’annonçais tout à l’heure, j’aimerais avec vous réfléchir sur le baptême que nous avons reçu ! Certains l’ont reçu il y a peu de temps, d’autres, il y a déjà quelques années, voire même quelques dizaines d’années…

Ce baptême reçu est une grâce, mais je ne suis pas complètement certain que nous arrivions à mesurer la force rayonnante de cette grâce. C’est pourquoi j’aimerais, durant ces quelques instants, réfléchir avec vous sur ce don extraordinaire.

Sans doute savez-vous que les quatre évangiles, celui de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean rapportent un récit du baptême de Jésus. Mais chacun des évangélistes y apporte une petite touche personnelle. Saint Luc que nous lisons cette année, insiste davantage, dans son évangile,  sur la force de l’Esprit Saint : “Après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus.“

Comme pour Jésus, lorsque nous avons été baptisés, l’Esprit Saint est aussi descendu sur nous. Bien sûr, nous l’avons entendu et appris au catéchisme ! Bien sûr, nous le savons ! Mais quelle incidence cela a-t-il sur notre foi ? L’Esprit Saint est descendu sur nous : est-ce que cela change quelque chose pour nous ?

Au début de cette eucharistie, nous avons fait sur nous le signe de Croix en disant : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. » Ce geste est-il machinal ? Où pensons-nous vraiment à ce que nous faisons et disons ?

De même lorsque nous proclamons le Credo avec toute l’Église : « Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie. », est-ce que, là aussi, nous mesurons ce que nous sommes en train de dire ?

« Avec le Père et le Fils, Il reçoit même adoration et même gloire.» Là, nous parlons de la Trinité. Cela ne devrait-il pas nous interroger ? Pourtant, une question subsiste : connaissons-nous vraiment l’Esprit Saint ?

Nous sommes un peu plus familiers du Père, lorsque nous disons la prière du Notre Père. Nous sommes aussi proches du Fils pour peu que nous lisions les évangiles ; mais, qui est l’Esprit Saint pour moi ? Suis-je en relation avec Lui ?

Dans le livre des Actes des Apôtres, qui est aussi de Saint-Luc, au chapitre premier, Jésus nous dit : “Vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours. » et encore un peu plus loin : “Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous ; vous serez alors mes témoins.“ Nous connaissons effectivement l’épisode de la Pentecôte où les disciples sont en prière dans la chambre haute. Alors se posent sur eux comme des langues de feu… et l’Esprit Saint leur est donné en abondance.

Ce que Dieu veut nous donner : c’est l’Esprit Saint !

Le véritable don de Dieu : c’est l’Esprit Saint !

La vie chrétienne sans l’Esprit Saint n’est pas possible ! C’est Lui qui nous permet d’être présent dans cette église ce matin ! C’est Lui qui nous invite à prier ensemble ! C’est Lui qui nous permet de croire que nous sommes appelés à la résurrection ! C’est l’Esprit Saint qui nous fait comprendre que le saint sacrifice de la messe, est bien le Corps et le Sang du Christ présents sur l’autel. Le baptême nous donne de vivre de l’Esprit Saint !

Le véritable fruit de la prière, frères et sœurs, c’est l’accueil renouvelé dans notre cœur, de l’Esprit Saint !

Les Pères de l’Église qui ont bien réfléchi, nous redisent sans cesse que le vrai but de la vie chrétienne consiste en l’acquisition de l’Esprit.

C’est ce que nous dit saint Jean dans son évangile (chapitre 14, verset 26) : “L’Esprit Saint que le Père vous enverra en mon nom, Lui, vous enseignera tout.“ Dit autrement : nous sommes pauvres, nous ne savons pas comment expliquer ces mystères, mais par le don de l’Esprit Saint, nous le comprenons pour nous-mêmes et nous pouvons l’annoncer, à notre tour.

Prenons une image pour être plus concret : le saint Curé d’Ars, saint Jean-Marie Vianney employait l’image de l’eau qui imprègne une éponge pour parler de lui : « Sans le Saint-Esprit, nous sommes comme une pierre du chemin. Prenez dans une main une éponge imbibée d'eau et dans l'autre un petit caillou ; pressez-les également ; il ne sortira rien du caillou et de l'éponge vous ferez sortir l'eau en abondance. L'éponge, c'est l'âme remplie du Saint-Esprit, et le caillou, c'est le cœur froid et dur où le Saint-Esprit n'habite pas. C'est le Saint-Esprit qui forme les pensées dans le cœur des justes et qui engendre les paroles dans leur bouche. »

Lorsque nous recevons le sacrement du baptême, comme pour le sacrement de confirmation, nous sommes marqués du don de l’Esprit Saint. Si le baptême nous fait comprendre, nous enracine plus profondément dans la filiation divine (nous sommes vraiment tous enfants de Dieu !) la confirmation nous unit plus fermement au Christ ; elle augmente en nous les dons de l’Esprit Saint ; elle nous accorde une force spéciale, la force de l’Esprit Saint pour répandre et défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ.

Nous voyons bien que les trois sacrements que nous appelons les “sacrements de l’initiation chrétienne“ : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, sont les sacrements de croissance de la vie chrétienne. Ce n’est pas pour rien que ces sacrements nous sont donnés ! Par ces trois sacrements, nous sommes enracinés dans le Christ ! Nous recevons la vie de Dieu qui nous rend capables de vivre en véritables chrétiens. Ils sont, selon les Pères de l’Église qui emploient cette image, comme les racines d’un arbre qui s’enfouissent dans la terre pour une assise forte. L’Esprit Saint nous apporte cette assise pour nous permettre de grandir et de porter du fruit.

Il est important de comprendre que l’identité chrétienne n’est pleinement constituée que si celui qui a été baptisé, a été aussi confirmé dans le don de l’Esprit Saint, et participe aussi à l’assemblée eucharistique.

Baptême, confirmation, eucharistie.

Je suis habité par une question ; je vous la pose très simplement : ne faudrait-il pas faire un lien entre une baisse du nombre des pratiquants et une diminution aussi du nombre des personnes confirmées ? Je ne peux qu’inviter toutes les personnes baptisées, qui n’ont pas encore reçu le sacrement de confirmation à se préparer et à demander à recevoir ce sacrement.

 D’ailleurs, combien d’entre vous sont déjà confirmés ?

…/…

Je propose donc à tous ceux qui n’ont pas levé la main, de venir me trouver à la fin de la messe pour vous inscrire à la prochaine session de préparation à la confirmation. Soyons logiques !

Pour ceux qui sont baptisés et confirmés, je vous engage à continuer à participer à l’eucharistie pour vous nourrir du Pain de Vie, c’est-à-dire du Corps du Christ, comme vous le faites déjà aujourd’hui ; Dieu merci !

Vivre de notre baptême et de l’Esprit Saint suppose au moins deux attitudes :

- Première attitude : prier ! Par la prière, demandez l’Esprit Saint. Dieu donne l’Esprit Saint à tous ceux qui le lui demandent. Parfois, nous le demandons dans notre prière en souhaitant que Dieu ne vienne pas trop nous déranger et ne bouleverse pas trop ma façon de vivre. Du coup, cela suppose :

- Une seconde attitude : être disposé à ce que l’Esprit Saint nous change, nous dérange et nous bouscule. Si vous pensez qu’on peut être des “chrétiens plan, plan“ c’est raté ! On ne peut pas inviter l’Esprit Saint à venir remplir notre vie sous réserve qu’il nous laisse comme avant ! Souvent nous avons peur ; nous préférons rester tels que nous sommes. Or, l’œuvre de l’Esprit Saint, c’est de nous brûler de charité et de nous configurer au Christ. Alors, l’Esprit Saint fera de nous des missionnaires du Christ ! Des disciples missionnaires dont notre temps a tellement besoin !

Alors frères et sœurs, en ce jour du baptême de notre Seigneur et en faisant mémoire de notre propre baptême, nous sommes invités à accueillir de façon nouvelle, la Vie du Christ ressuscité en nous, le don de l’Esprit Saint en nous. En même temps, nous restons comme toujours, profondément libres. Je suis alors face à un choix.

Par ce baptême reçu, je suis entré dans une vie nouvelle, même si à ce moment-là, j’étais tout petit, petit… et que même si je ne l’ai pas choisi, aujourd’hui, je suis, nous sommes en âge de le choisir ! Chaque jour, je peux, à nouveau, choisir cette vie !

Hier, je relisais dans le livre du Deutéronome, les mots que Dieu adresse à son peuple. “Dieu dit : je mets devant toi, la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction ; choisis donc la vie !“ Dieu nous dit : « Choisis bien pour vivre ! Ne fais pas “l’idiot“ !  Choisis la vie !»

Et nous, que choisissons-nous ?

C’est, pour une part, le sens du dialogue que je vais avoir avec vous dans quelques instants, frères et sœurs, en vous invitant à renouveler les promesses de votre baptême.

Dans un premier temps, je vais vous demander de renoncer au Mal, et par trois fois, vous direz : « Je le rejette ! »

  • Pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu, rejetez-vous le péché ?
  • Pour échapper au pouvoir du péché, rejetez-vous ce qui conduit au Mal ?
  • Pour suivre Jésus-Christ, rejetez-vous Satan qui est l’auteur du péché ?

Au fond de vous-mêmes, vous direz, à nouveau : « Je le rejette ! » Jésus alors nous donne la Vie et nous libère des ténèbres et de la mort !

Il nous illumine de sa lumière et nous invite à entrer dans un véritable choix en répétant par trois fois : « Je crois ! » Je crois en Dieu le Père, en son fils Jésus-Christ, et en l’Esprit Saint !

Frères et sœurs, en ce début d’année, je vous en supplie : choisissons ensemble la Vie, la Vie en Dieu ! Croyons que l’œuvre de l’Esprit Saint est capable de transformer notre cœur de pierre en un cœur de chair ! Croyons qu’il nous rend capables d’aimer comme le Christ, capables de comprendre que nous sommes faits pour la Vie éternelle ! Je crois profondément que c’est ce témoignage que nous pourrons et devons donner ensemble, en communauté paroissiale.

C’est cette grâce que nous pouvons tous demander ce matin !

AINSI SOIT-IL !

 

Homélie du mercredi 9 janvier 2019, mercredi après l’Épiphanie, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, Curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Marc 6, 45-52. Première lettre de Saint-Jean 4, 11-18. Psaume 71.

 

Nous connaissons bien cet épisode que l’évangile nous propose, aujourd’hui ! Il nous révèle à nouveau une belle expérience spirituelle, avec ces disciples qui peinent tout au long de la nuit. Et voilà que la Parole de Dieu nous renseigne sur un combat quotidien dans notre vie de foi et qui, je le crois, nous touche tous.

Une question est en arrière-fond : « Quoi qu’il arrive, ai-je confiance en Jésus ? »

Je vais essayer de développer maintenant cette question !

Que se passe-t-il ? Après avoir accompli une multiplication des pains enthousiasmante (cinq mille hommes nourris avec cinq pains et deux poisons !), Jésus envoie ses disciples en barque, pour le précéder sur l’autre rive, en direction du petit port de Bethsaïde, “pendant que lui-même renvoyait la foule.“ Après avoir prié, vers la fin de la nuit, Jésus se dirige vers ses disciples qui peinent en pleine tempête, mais eux ne le reconnaissent pas.

Ce qui est sûr, c’est que les disciples avaient déjà la certitude qu’ils n’avaient rien à redouter quand Jésus était auprès d’eux. Vous avez lu, dans l’évangile de Marc quelques versets plus tôt, que les disciples avaient déjà connu une tempête alors que Jésus dormait dans la barque ; mais c’est comme si cette première frayeur puis cette première délivrance n’avaient servi à rien ; les disciples ne voyaient qu’une seule chose : leur solitude ! Au beau milieu de la tempête, ils étaient seuls.

On ne sait pas comment, puisqu’il était en prière sur la montagne, mais Jésus s’aperçoit de leur désarroi et : “Il vient à eux en marchant sur la mer.“

Les disciples auraient dû se souvenir que Jésus avait déjà calmé les flots en furie ; mais non ! C’est comme s’ils n’avaient aucun souvenir ; ils n’ont pas même reconnu Jésus qui refaisait les gestes de Dieu et “pensèrent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris… ils étaient bouleversés.“ Aucun réflexe de foi, même quand Jésus les a rejoints dans la barque, même lorsqu’Il leur a parlé et que le vent est brusquement tombé ! Ils étaient, nous dit saint Marc : “au comble de la stupeur.“

Pourquoi ? Parce que leurs cœurs étaient endurcis, “leur cœur était endurci“, et cela depuis des heures. De fait, “ils n’avaient rien compris au sujet des pains“. La marche de Jésus sur les flots ne leur avait pas ouvert davantage les yeux et le cœur.

Pour nous, ce matin, l’expérience spirituelle des disciples devrait nous faire réfléchir. Nous revivons le désarroi des disciples lorsque nous sentons grandir en nous l’angoisse de notre solitude… Quand tout va bien, nous pensons que Dieu est bon avec nous ! Mais quand vient le moment de l’épreuve, quelque chose se passe en notre cœur, et nous sommes plongés dans l’expérience et la détresse de la solitude ; les Pères de l’Église nomment ce sentiment : « la sclérocardie » (c’est-à-dire une étroitesse du cœur, il se resserre et se sclérose).

Il est vrai qu’une tempête en pleine mer est une épreuve. Pour les hommes du temps et du pays de Jésus, la mer, les flots symbolisaient toutes les révoltes, tous les dangers et surtout la mort. Pour nous, le danger serait d’en rester aux révoltes, aux tempêtes que nous traversons et de croire que nous sommes seuls dans ces moments de tristesse, de ne pas voir la présence de Jésus, Lui qui vient sans cesse au-devant de nous, Lui qui est toujours avec nous et qui nous redit, avec une patience persévérante : « Confiance ! C’est moi ; n’aie pas peur ! »

Dans la première lecture que nous avons entendue, saint Jean nous affirme : “Il n’y a pas de crainte dans l’amour ! L’amour parfait bannit la crainte.“

Sommes-nous dans l’amour ? Oui ou non ? C’est bien là que se trouve la question.

Si la peur s’insinue en nous, (c’est bien ce qui se passe dans ce sentiment de solitude), peut-être est-ce parce que nous ne croyons pas suffisamment que Jésus a prié pour nous sur la montagne, ou que pour nous, il a dompté les eaux, qu’il est pour nous, le Dieu de la Vie. Nous constatons que notre foi peut vaciller.

Est-ce grave ? Est-ce grave de ne pas être sûr d’avoir la foi ?

Ne soyons pas troublés pour autant : confiance ! N’ayez pas peur, les disciples sont aussi passés par là ! Quand nous relisons la vie des saints, nous voyons bien que leur foi va et vient, elle fait le “yoyo“. Mais à un moment donné, ils se déterminent et disent : « Oui, Seigneur ! J’ai confiance en Toi ! »

Ce matin, demandons pour chacun de nous, et tout particulièrement si nous vivons des moments difficiles, un surcroît de confiance et de paix ! Cela nous sera donné par le Christ Lui-même et aussi par la communauté que nous formons, par les personnes que nous rencontrons, les membres de notre famille qui nous invitent à la confiance en nous disant qu’ils sont là aussi, pour nous aider.

Soyons nous-mêmes pour nos frères et sœurs, des témoins de confiance et de paix de la part du Seigneur !

Demandons cela pour chacun de nous, ce matin !                                         

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi après l’Épiphanie, 7 janvier 2019, année C.
Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Matthieu 4, 12-17. 23-25. Première lettre de saint Jean 3, 22 à 4, 6. Psaume 2.

 

La liturgie ne cesse pas de nous surprendre et cet évangile peut nous sembler étonnant et déconcertant en ce temps de Noël. Hier encore, nous étions là, devant la crèche avec les mages, à nous prosterner devant l’Enfant Jésus et voilà, que nous passons pratiquement et sans transition de la naissance du Seigneur pour nous projeter au début de son ministère public.

Jean le Baptiste a bien préparé le terrain : des foules sont là, en attente. Quand Jésus apprend l’arrestation de Jean, il se retire en Galilée ; il quitte Nazareth, la ville qui l’a vu grandir et va habiter à Capharnaüm, petite ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtalie.

Aujourd’hui, Jésus se retrouve de nouveau à un tournant de sa vie. Il quitte donc cette période cachée à Nazareth pour entrer dans sa vie publique.

En disparaissant, Jean invite en quelque sorte Jésus, à prendre sa suite. À partir de ce moment-là, Jésus se met lui aussi, à proclamer : “Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche.“

Ce passage est à relire avec ce temps que nous vivons en la nativité de Jésus.

Ces versets sont propres à approfondir le mystère de l’Épiphanie et particulièrement aussi celui de Noël. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par les mots du prophète Isaïe : “Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière.“

Hier encore, fête de l’Épiphanie, nous avons entendu saint Paul dans sa lettre aux chrétiens d’Éphèse : “Il a été révélé maintenant … Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’évangile.“

Arrivons-nous à percevoir le lien, la continuité entre Jésus de la crèche qui attire à Lui jusqu’au monde païen (la visite des Mages païens), et Jésus au début de son ministère où l’on voit toutes les nations venir vers Lui ? La liturgie de Noël l’annonçait déjà ; cet évangile le confirme. Les prophéties trouvent leur accomplissement en la personne de Jésus, le Verbe fait chair, lumière pour toutes les nations.

En guérissant toute maladie et toute infirmité dans le peuple, le Seigneur atteste que le royaume qui se manifeste dans sa personne s’adresse à tous les peuples.

Pour nous ce matin, la question est de savoir comment, moi, j’accueille cela ?

Bien sûr, nous le savons ! Nous savons que Jésus est venu pour chacun de nous, qu’Il est venu plus largement pour tous, c’est-à-dire à ceux qui auront entendu sa Parole et compris par notre témoignage de sa présence et son action en notre vie.

Alors, cet évangile me fait-il bouger personnellement ? Suis-je interpellé ? Saint Jean nous indique le bon discernement : chacun peut demander ce qu’il veut à Dieu, à deux conditions

  • Croire « dans le nom de son Fils Jésus-Christ »
  • Et de nous aimer « les uns les autres »

Bien souvent, dans notre vie, dans notre cheminement, nous sommes aussi à la croisée des chemins. Que faisons-nous ? Restons-nous dans notre routine ou nous mettons-nous en route avec une audace supplémentaire ? Il ne suffit pas de nous engager sur le chemin de l’humilité ouvert par les mages, par exemple en visitant l’Enfant Jésus, il ne suffit pas de rester dans le don de nous-mêmes, même si c’est déjà bien d’être humble et dans le don de soi, Il nous faut, nous aussi, nous prosterner devant Jésus !

Il nous faut, nous aussi, oser nous convertir, changer notre façon de vivre et oser témoigner de Lui !

Aujourd’hui encore, pour tout chrétien, cette affirmation est fondamentale. Si vous êtes là ce matin, c’est que Dieu s’est fait chair, Il a pris notre humanité, Il s‘est fait homme pour nous montrer le chemin et nous mettons notre foi dans son nom, “Jésus-Christ : le Seigneur sauve“, comme le dit l’Apôtre saint Jean dans la première lecture.

Cependant, une question demeure pour chacun de nous : qui transmettra cette Bonne Nouvelle ?

Qui aura l’audace de témoigner de Lui, aujourd’hui et dans les jours qui viennent ?

Là aussi, le Seigneur attend de nous que nous puissions l’annoncer !

Frères et sœurs, demandons cette grâce pour chacun d’entre nous, pour la paroisse, pour le diocèse, pour le monde, de témoigner du Christ en nous aimant les uns, les autres, en l’adorant et en disant tout le bien que le Seigneur fait en notre vie !

Ainsi soit-il !                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    

Homélie du Père Gaso - Audio - Dimanche 6 janvier 2019 - Fête de l'Épiphanie

 
Homélie du dimanche de la Solennité de l’Épiphanie du Seigneur 2019, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, Curé.
Évangile selon Saint-Luc 2, 41-52. Livre du prophète Isaïe 60, 1-6. Psaume 71.
Lettre de Saint-Paul aux Éphésiens 3, 2-3a.5-6.

 

Cette page d’évangile que nous venons d’entendre ainsi que toutes les lectures de ce jour nécessiteraient plusieurs dizaines d’heures d’homélie pour arriver à découvrir et à comprendre toutes les richesses que contient la Parole de Dieu.

En cette fête de l’Épiphanie du Seigneur, je vous invite à un voyage ; je vous propose une petite escapade dans le désert. Imaginez que nous quittons la froidure de ce mois de janvier et que nous nous trouvons sous le chaud soleil du désert. Et maintenant, continuons ce périple et montons sur le dos d’un chameau ; partons en voyage comme ces mages l’ont réalisé il y a quelque deux mille ans ! Si vous voulez bien l’imaginer, vous allez même sentir le sable vous fouetter un peu le visage. Et… nous voilà prêts pour faire un voyage intérieur en quatre étapes : un itinéraire spirituel qui, je l’espère, pourra nous faire vivre, à notre tour, in fine, cette rencontre de l’enfant roi.

Voici les quatre étapes que je vais développer un peu plus longuement :

  • Première étape : les mages ont quitté leur pays pour suivre une étoile ; ils sont audacieux !
  • Deuxième étape, on les a aidés à ouvrir le livre des Écritures et ils ont été attentifs.
  • Troisième étape : ils ont trouvé l’Enfant qu’ils ont adoré ; ce sont des adorateurs.
  • Quatrième étape : ils sont repartis chez eux par un autre chemin ; ils sont capables de changer.

Cet itinéraire spirituel est pour chacun de nous en cette nouvelle année.

- Première étape : ces mages sont audacieux ! Pourquoi ? Parce qu’ils ont au fond d’eux-mêmes un désir puissant qui les met en route. Ils ont ressenti que quelque chose d’important se passait, quelque part… et ils ont voulu voir. Alors, ils se sont mis en route, ils ont quitté leur confort, leur tranquillité pour s’embarquer dans ce qu’il faut bien appeler : une sacrée aventure !

Avez-vous ressenti qu’au cours de notre vie, à plusieurs reprises (peut-être), une étoile s'est mise aussi à clignoter pour vous ? Mais : à quel moment me direz-vous ? Un coup de foudre, une rencontre essentielle, une lecture inspirante, un témoignage qui nous a “pris aux tripes“, peut-être aussi lors d’un moment de joie profonde, ou un moment de grande peine, ou soyons fous… peut-être en écoutant une homélie.

Sans forcément quitter notre pays, nous avons pu nous sentir tout à coup, invités, appelés à abandonner certaines de nos habitudes, à nous déterminer… alors, nous nous sommes mis en route et nous avons avancé sur un chemin nouveau. De fait, et si nous y réfléchissons bien, nous sommes bien plus audacieux que nous le croyons, car au fond de notre cœur, de notre intelligence, nous sommes des chercheurs : des chercheurs de Dieu et des chercheurs de vérité. Je suis intimement persuadé qu’il y a une véritable audace en chacun de nous, une audace qui ne demande qu’à s’exprimer. C’est vrai, cela suppose un élan, un courage ! J’aime beaucoup cette citation de saint Augustin qui dit : « Mon cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi. ».

Oui, Seigneur ! Mon cœur te cherche !

- Deuxième étape : ces mages se sont mis en route et en recherche. Mais, ils ne savent pas tout ! Aussi savants et intelligents qu’ils soient, ils ont besoin de chercher de l’aide. C’est aux grands prêtres et aux scribes qu’ils vont s’adresser et leur demander qu’ils ouvrent l’Écriture pour eux. Ils vont être attentifs à la Parole de Dieu.

Dans nos vies, nous avons bien sûr des intuitions, des questions qui nous poussent à mettre du sens sur ce qui nous arrive. Seul, bien souvent, je risque de tourner en rond sans trop savoir où aller, de perdre du temps et même de me décourager. Il n’est pas bon de rester seul ! « Un chrétien isolé est un chrétien en danger ! » J’ai besoin que l’on m’aide et que l’on m’éclaire. Je crois profondément que la communauté paroissiale que nous formons est une aide extraordinaire. Certes, nous ne connaissons pas tout sur tout ! Mais si chacun y met un petit peu du sien, si chacun a vraiment le désir d’aider l’autre, nous irons tous bien plus loin. Pourquoi ? Parce que je crois profondément que Dieu a un projet pour chacun de nous, et que notre fraternité est une grâce !

Oh, bien sûr, certains vont se dire solitaires, et penser : peut-être que seul, avec du temps, j’arriverai à avancer ; mais que de temps gagné avec l’aide des personnes qui sont autour de moi ! La Parole de Dieu que nous avons peut-être entendue maintes et maintes fois, éclairée par un partage fraternel, pourra prendre un sens et un élan nouveau.

Par exemple : Rappelez-vous, au soir de la Résurrection, les deux disciples qui repartent vers Emmaüs, tout tristes parce qu’ils n’ont pas tout compris des événements du Vendredi Saint… C’est le même fonctionnement ; simplement, nous sommes parfois lents à croire et à comprendre les événements de notre vie, nous dit Jésus. Partant de Moïse, c’est à dire de la Torah, des prophètes, des psaumes, Jésus leur interprète, dans toute l’écriture, ce qui Le concernait.

Nous aussi, nous avons besoin d’ouvrir la Bible et d’être aidés ! C’est pourquoi saint Jérôme nous dit dans cette belle citation : « Ignorer les écritures, c’est ignorer le Christ. »

- Troisième étape : les mages (qui ne sont pas des rois, car ils n’ont pas de royaume) ont trouvé l’Enfant qu’ils ont adoré. Les mages, ces savants, ces hommes à la frontière du monde païen et du monde juif, sont audacieux dans leur recherche ; ils sont attentifs à la Parole de Dieu et, arrivant à Bethléem, ils ont trouvé, non pas un roi dans la force de l’âge comme ils le pensaient, mais un enfant couché dans une mangeoire : l’Enfant Dieu ! Et immédiatement, ils ont reconnu celui qu’ils cherchaient, la joie au cœur, ils se sont prosternés pour l’adorer en lui offrant leurs présents.

Que veut dire ce verbe “adorer“ ? Là encore, je crois profondément que nous portons, au fond de notre cœur, un vrai désir d’adoration. Nous sommes faits pour adorer. Dans l’adoration, nous nous donnons vraiment ; dans cet échange, je me donne et je reçois tout ! Adorer, c’est reconnaître Dieu comme le Créateur : Il est celui pour qui j’existe et par qui j’existe ! Adorer est un acte libre, joyeux, paisible.

Avons-nous déjà fait l’expérience d’un temps d’adoration, pris un temps d’adoration de Jésus présent dans l’hostie consacrée ?

- Quatrième étape : après avoir adoré l’Enfant Dieu, joyeux de cette rencontre du Christ, les mages sont repartis. L’évangile nous précise qu’ils sont repartis empruntant un autre chemin. Cela est un enseignement pour chacun de nous, car, lorsque nous avons rencontré le Seigneur, nous ne pouvons plus rien faire comme avant : notre cœur est différent, nous changeons ! Un nouveau chemin s’ouvre devant nous. La rencontre de Jésus n’est pas une fuite des difficultés ou des souffrances de la vie réelle. Elle n’est pas plus le refuge d’un cocon douillet à l’abri des duretés de la vie. Au contraire, quand on a fait la rencontre du Christ, quand on l’a trouvé, lorsque l’on vit un cœur à cœur avec Lui, le Seigneur nous renvoie toujours à nos tâches quotidiennes, mais dans une espérance, dans une confiance renouvelée, au sein de la communauté de frères et de sœurs que nous formons.

D’une certaine façon, nous vivons ces différentes étapes ce matin au cours de cette Eucharistie : nous avons eu l’audace de sortir de la tiédeur de notre lit un peu plus tôt, nous avons pris le chemin de l’église, nous sommes attentifs à la Parole de Dieu, nous avons pris le temps d’adorer le Seigneur, de faire la rencontre bouleversante de la grandeur incroyable de Dieu dans la simplicité des espèces du pain et du vin, nous avons chanté les louanges de Dieu et, au moment de l’envoi, à la fin de la messe (« allez dans la paix du Christ ! ») nous repartons dans nos tâches quotidiennes, l’espérance et la joie au cœur.

Nous ne repartons pas tout seuls, c’est toute une assemblée qui repart ensemble, dans cette communauté qui est un lieu de soutien, tous ensemble, témoins du Christ

Chers frères et sœurs, en cette fête de l’Épiphanie, à l’image des mages :

  • Osons nous mettre en route, à notre tour, d’une façon nouvelle !
  • Laissons-nous guider en ayant à cœur de rechercher ensemble le Christ !
  • Plus encore, ayons soif de Lui !
  • Il est pour chacun de nous, le Chemin, la Vérité, la Vie !
  • N’oublions pas d’être attentifs à toutes les étoiles que Dieu met sur notre route !
  • Surtout, n’oublions pas que, nous-mêmes, nous sommes des étoiles et des lumières pour celles et ceux que nous allons rencontrer !

Ce n’est pas folie d’affirmer cela ; non, pas du tout ! Nous sommes des étoiles, et ce n’est pas moi seul qui le dis. Vous écouterez attentivement tout à l’heure la bénédiction finale ; voilà ce qu’elle nous dit :

… et que Dieu fasse de vous des lumières pour guider vos frères sur leurs chemins.

Traditionnellement, au début de chaque année nouvelle, nous échangeons des vœux avec les uns et les autres, avec nos amis, avec les membres de nos familles ; des vœux de bonne santé bien sûr, des vœux d’unité au sein des familles, des vœux de paix, de paix intérieure.

Voici les vœux que j’ai à cœur de souhaiter à chacun de vous ce matin. Ces vœux résument un peu cet itinéraire spirituel que nous révèle l’évangile de ce jour :

Comme j’aimerais que nous puissions tous être des hommes et femmes audacieux,
capables de nous désinstaller de nos logiques parfois étriquées !
Comme j’aimerais que nous puissions être tous ensemble, attentifs à la Parole de Dieu !
Comme j’aimerais que nous puissions être des adorateurs,
aimant Dieu, Lui, qui est source de toute vie !
Comme j’aimerais que nous puissions être capables de discernement, et choisir de nous convertir afin de pouvoir, ensemble, annoncer le Christ !
Puissions-nous être une communauté paroissiale solide, fervente et fraternelle !

Voilà, frères et sœurs, ce que nous pouvons recevoir ensemble, ce matin !

AINSI SOIT-IL !

Homélie du vendredi 4 janvier 2019, vendredi avant l’épiphanie, année C.
Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Jean 1, 35-42. Première lettre de saint Jean 3, 7-10. Psaume 97.

 

Aujourd’hui, nous sommes au début de l’évangile selon saint Jean. Nous venons d’entendre une page importante. Si vous avez été attentifs, ou si vous avez pu prendre le temps de lire cette péricope avant de venir à l’eucharistie, ce matin, vous avez pu voir que tout, dans ce passage, est d’une rare intensité. Cela se joue dans les regards que quelques paroles très sobres viennent illustrer.

Nous sommes au bord du Jourdain, Jean le Baptiste est là, en train de baptiser des foules. Jésus se trouve là, lui aussi. L’évangile précise : “Il allait et venait“, Jésus va et vient non loin du groupe des disciples de Jean-Baptiste. Le Précurseur pose son regard sur Jésus, et comme hier, retentit à nouveau le témoignage : “Voici l’Agneau de Dieu“. La voix ne crie plus, elle annonce, elle envoie !

Littéralement, la voix indique qui il faut suivre : l’Agneau. Jean est venu pour préparer sa route ; et maintenant qu’Il s’est manifesté, son ministère s’achève : “Il faut que Lui grandisse, et que moi, je diminue“, dira Jean, au chapitre 3 verset 30. Sans dire un mot, les deux disciples quittent Jean et, sur sa parole, se mettent à la suite du Christ.

Sur ce point, le quatrième évangile veut souligner l’importance des médiations ; c’est, en effet, sur la parole du Précurseur, que ces deux hommes vont suivre le Seigneur.

Les entendant s’approcher, Jésus s’arrête et se retourne. Qui sont-ils ? L’un d’eux est André, nous dit l’évangile : “le frère de Simon-Pierre“ ; l’autre demeure inconnu. Probablement s’agit-il de celui qui sera désigné tout au long de l’évangile comme « le disciple que Jésus aimait ».

Jésus leur pose une question : « Que cherchez-vous ? ». Par cette question importante, Jésus invite ces hommes à une prise de conscience et à nommer leur désir. Telle est encore et toujours, la pédagogie de Jésus à notre égard. Sa seule présence nous interroge sur l’orientation profonde de notre vie et nous remet devant la responsabilité de lui donner un sens. Cette question pourrait être posée à vous tous, ce matin : en venant à huit heures dans cette église saint Louis : que cherchez-vous ?

“Que cherchez-vous ?“ Pourquoi êtes-vous là ?

Cette question traversera tout le quatrième évangile. Quelles seront les réponses ? Elles seront similaires et exprimeront le désir d’une proximité avec Jésus, car si vous êtes là ce matin, c’est pour Lui, dans votre désir d’être avec Lui !

Jésus leur propose donc de se mettre en route à sa suite, les invitant à un “voir“ nouveau, c’est-à-dire déjà, à une conversion du regard et à demeurer avec Lui.

Remarquez qu’à ce stade de l’évangile, saint Jean reste particulièrement discret sur le lieu où le Maître demeure : “Où demeures-tu ?“ Il leur répondit : “Venez, et vous verrez.“ Il faudra attendre le dialogue entre Jésus ressuscité et Marie de Magdala pour découvrir le terme de cette invitation quand Jésus va lui dire : « Va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jn 20, 17) Voilà le dénouement de l’intrigue : la demeure de Jésus n’est autre que le sein du Père ; ce n’est que petit à petit que Jésus pourra introduire ses disciples dans cette perspective. Pour le moment, Il leur donne de se rassasier de sa présence.

Alors, que s’est-il passé en cette fin d’après-midi autour de la dixième heure ? Nous ne le savons pas, mais la relation qui s’est instaurée avec le Maître durant ces instants privilégiés comble à ce point l’attente d’André, qu’il ne peut s’empêcher d’aller chercher son frère, de s’en ouvrir à lui, et de l’inviter à aller rencontrer Jésus. Nous constatons que la médiation continue ; son témoignage est une profession de foi qui révèle et nous invite à un autre regard que celui de la simple perception sensible : « Nous avons trouvé le Messie. »

Et nous, si nous prenions la décision en ce début d’année, de demeurer chaque jour avec le Christ, de prendre conscience de son appel et de mon désir personnel d’être avec Lui pour toujours ?

À notre tour, d’oser le désigner comme étant le Seigneur de ma vie !

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 2 janvier 2019, mercredi avant l’épiphanie, année C.
Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Jean 1, 19-28. Psaume 97. Première lettre de saint Jean 2, 22-28.

 

En cette année qui commence tout juste, l’évangile veut stimuler notre curiosité. Loin de nous alanguir dans notre canapé, (du moins je l’espère !) ou de ronronner devant d’éventuels cadeaux parfois éphémères, nous sommes invités à quitter la proximité de la crèche pour faire un bond de trente années.

Au bord du Jourdain comme à Jérusalem, la foule s’interroge : « As-tu vu Jean ? Oui, celui qui baptise ! L’as-tu rencontré ? » Mais quel Jean ? « Mais oui, le fils de Zacharie et d’Élisabeth ! »

De plus en plus, dans la ville Sainte, les croyants les plus lucides, les plus sincères n’avaient que cette question à la bouche ; Jean, le prophète intriguait ; pourquoi ? Par son style de vie, par son ascèse, par la vigueur de sa parole qui interpellait et appelait à changer, oser une conversion. Ce sont des centaines de fidèles qui, en Israël, venaient vers lui sur les bords du Jourdain, tous ceux qui ne voulaient pas manquer ce formidable sursaut spirituel.

Les autorités religieuses sont inquiètes. Des prêtres et des lévites viennent officiellement poser à Jean une question essentielle : “Qui es-tu ?“ Et surtout : “Que dis-tu sur toi-même ?“

Littéralement : « Si tu es le Messie attendu, tu dois en avoir conscience, tu dois le savoir ! Si tu es Élie, ou un prophète tel que Moïse, celui que nous attendons  pour la dernière ligne droite de l’histoire du monde, dis-le-nous franchement ! »

La réponse du Baptiste est claire : “Je suis la voix de celui qui crie dans le désert“! C’est-à-dire : Je ne suis pas la parole définitive, je suis juste une voix, une alarme, un cri qui surprend, qui touche, qui fait se retourner et qui appelle à la conversion !

 Son message est un programme de vie : “Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe“, préparer dans le désert le chemin du Seigneur !

Jean le Baptiste vit ce qu’il annonce ; il exprime son espérance ! C’est cette espérance qu’il veut crier :

  • Le moment tant attendu est venu !
  • C’est maintenant que Dieu vient visiter et guider son peuple à travers le désert de la vie et les épreuves, pour y découvrir le sens de son avenir, découvrir qui est Dieu, car Dieu a pris notre humanité. »

Cette bonne nouvelle, nous la connaissons, nous venons de la vivre et de fêter cette naissance dans notre humanité du Sauveur.

Que nous manque-t-il ? Le monde a toujours besoin de “nouveaux Jean-Baptiste“ !

Notre temps a encore et toujours besoin d’entendre des voix vigoureuses. Les chercheurs de Dieu, aujourd’hui comme hier, ne manquent pas, mais que vont-ils trouver si personne ne les interpelle ?

Le baptême que Jean donnait dans l’eau du Jourdain était, pourrait-on dire, un rite d’éveil, de conversion au sérieux de la foi !

Il se déclinait selon trois aspects :

  • il lave. L’eau lave ce qui est souillé,
  • Il comble. L’eau comble une soif qui empêche de se dessécher,
  • Il bouleverse nos habitudes. L’eau, par une immersion, dit aussi cette petite mort par laquelle nous devons passer.

Mais Jésus, Lui, vient plonger les hommes dans l’Esprit Saint qui est la force incroyable de Dieu, cette force dont nous avons tant besoin pour le suivre et témoigner de Lui.

Et nous, en ces premiers jours de la nouvelle année, nous sommes invités à raviver la foi reçue à notre baptême.

Soyons les “Jean-Baptiste“ pour notre temps ! Osons croire que notre seul exemple (même modeste)  peut changer la vie des personnes que nous croisons et les oriente vers Dieu !

Demandons cette grâce pour chacun de nous ce matin afin que notre monde change, et que moi-même, je me convertisse !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 31 décembre 2018, 7e jour dans l’octave de la Nativité, année C.
Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Première lettre de saint Jean 2, 18-21. Psaume 95.

 

Chers frères et sœurs, nous sommes au terme de l’octave de Noël. Nous sommes aussi au terme de l’année 2018, et en ce 31décembre, à la veille d’une nouvelle année.

L’Église nous invite à revenir au cœur du mystère de l’incarnation en méditant, à nouveau, le prologue de saint Jean que nous avons entendu au matin de Noël. L’évangile d’aujourd’hui que nous venons de réentendre, nous éclaire, à nouveau, sur le projet de Dieu, sur la puissance de vie que Dieu veut pour chacun de nous et pour le monde.

L’année 2018 s’achève donc dans quelques heures. Comment s’est-elle déroulée ? A-t-elle été belle et lumineuse, ou difficile et triste ? C’est à chacun de vous de le dire. A-t-elle été enthousiasmante ou épuisante ? Peut-être tout cela à la fois.

Ce matin, je vous propose une relecture en quatre points de l’évangile que nous venons d’entendre, et peut-être, aussi, de notre vie. Je pourrais décliner cette relecture comme décrivant : un drame, une transformation, un avenir et la joie d’une nouveauté.

- Un drame ? Le voici : “Le Verbe était la vraie lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde… mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.“ Tel est bien le drame de notre humanité ! Devenue aveugle à la vraie lumière, elle affirme effrontément que Dieu est mort et se hâte, aussitôt, d’usurper sa place. Cet aveuglement peut être aussi, à certains moments de notre existence, le nôtre ! On découvre dans la première lecture une force contraire : qui est « l’anti-Christ » : il est celui qui nie le Père et le Fils. Nous sommes obligés hélas, de nous rendre à l’évidence : les « Anti-Christs » sont particulièrement nombreux de nos jours ; le drame est là, toujours là !

- Cela suppose donc une transformation. Ne croyons pas que ces propos de rejets visent uniquement les ennemis extérieurs de la foi chrétienne ! Le mal peut venir aussi de l’intérieur : n’est-ce pas aussi « l’Anti-Christ » qui alimente en chacun de nous un travail de « sape », un travail de désespérance ! Il se tapit dans la part obscure de nous-mêmes, ce que saint Paul désigne comme étant le « vieil homme ». Ce « vieil homme » qui est en nous, appartient au monde ancien et refuse de se conformer à la Parole du Christ. Jusqu’à notre toute dernière respiration, il nous faudra combattre ce « vieil homme » pour que naisse, en nous, « l’homme nouveau ». Dans ces combats, l’Esprit Saint nous aide dans notre prière et par les sacrements - tout particulièrement par le sacrement du pardon. Il nous aide, si nous lui demandons, à chasser le « vieil homme » en nous et de redécouvrir « l’homme nouveau ».

- Ce drame et cette transformation nous indiquent un indubitable avenir. Nous le savons bien, nous en faisons le constat : dans notre monde, rien ne dure, tout passe ! N’oublions pas cette réalité : ce monde passe ! Alors, ne mettons pas beaucoup de notre énergie dans les succès artificiels ! Quand notre Dieu s’est fait chair, il nous ouvre à un avenir ! le Verbe nous apprend cette nécessité que nous avons de naître à la vie nouvelle ; il nous faut croire ! Naître à la vie de Dieu, c’est connaître son projet, sa vision ; c’est-à-dire le comprendre avec notre intelligence (elle est faite pour cela !) ; c’est aussi Le contempler (notre âme y est toute disposée). Il nous faut connaître Dieu, accepter Celui qui vient, comprendre qu’il est notre devenir, notre avenir. Il est notre origine et notre terme, il est Alpha et l’Oméga, sans Lui, notre vie n’a pas de sens. Nous savons bien, dans la foi, qu’il y a pour chacun de nous, un avenir que le Seigneur souhaite !

- Après ce drame, cette transformation et cet avenir que Dieu indique à chacun de nous et en communauté, nous rejoignons la joie d’une nouveauté !

Une année se termine certes ; une nouvelle année commence ! Que sera-t-elle ? Passionnante quoi qu’il arrive… si nous l’avons décidé. Que ferons-nous ? Que serons-nous ? Notre avenir est toujours ouvert et ré-ouvert ; rien n’est écrit d’avance. Notre discernement, éclairé par la prière, nous aidera dans nos choix ; l’appui de nos frères et sœurs en humanité nous aidera aussi à faire les bons choix en cette vie et pour cette année.

Chers amis, il nous revient dans le temps de cette nouvelle année, à travers les plus ordinaires de nos choix et de nos décisions, de faire basculer la nuit et de révéler la lumière du Christ au monde. Dans ce travail de recréation, nous ne serons jamais seuls ; la famille, la force de la communauté paroissiale, la prière… nous y aideront. Jésus l’a promis : Il nous bénit, Celui qui, de Noël à Pâques, nous a donné sa vie, pour toujours !

Cette nouvelle année passera, sans doute, par des drames, mais aussi par des transformations, par la certitude d’un avenir, toujours dans la joie d’une nouveauté dans le Christ !

Soyons donc dans l’Action de grâce pour l’année écoulée et vraiment dans la confiance pour celle qui vient ! N’oublions pas qu’en ce début d’année, le Seigneur veut nous combler de bénédictions :

« Que le Seigneur te bénisse et te garde,
Qu’Il fasse pour toi, rayonner Son visage,
Que le Seigneur te découvre Sa face,
Te prenne en grâce et t’apporte la paix ! »

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Gaso - Audio - Dimanche 30 décembre 2018 - Fête de la Sainte Famille

Homélie du dimanche de la Sainte Famille, dimanche 30 décembre 2018, année C.
Messe célébrée à Grenoble, Collégiale Saint-André, par le Père Patrick Gaso, Curé.
Évangile selon Saint-Luc 2, 41-52. Premier livre de Samuel 1, 20-22.24-28. Psaume 83.
Première lettre de Saint-Jean 3, 1-2.21-24.

 

Chers amis, chers frères et sœurs, l’Église nous propose de fêter la Sainte Famille à l’heure où les guirlandes de nos sapins clignotent encore, à l’heure (en tous cas je l’espère), où nous goûtons la joie et la paix de Noël ; oui, un Sauveur nous est né !

Si l’Église nous invite à regarder davantage la Sainte Famille, c’est pour nous redire, même si nous le savons, l’importance de la famille. Nous sommes tous issus d’une famille que nous n’avons pas choisie. Nous savons aussi que la vie n’est pas, comme je vous le disais tout à l’heure, un long fleuve tranquille.

La Sainte Famille, Marie, Joseph, Jésus, qui nous est présentée en modèle, s’inscrit dans le concret d’une existence éprouvée. Il est possible que certains s’imaginent que la Sainte Famille était vraiment une famille extraordinaire, sans problème… Mais de fait, c’est une vraie famille comme il en existe tant de par le monde, jetées sur les chemins de la vie et vivant les chamboulements qui les accompagnent.

Rappelez-vous l’évangile de Noël ! Marie enceinte, obligée d’aller jusqu’à Bethléem parce qu’il y a un recensement. Pas de place pour eux à Bethléem lorsqu’ils arrivent et je vous laisse imaginer l’angoisse de ce moment-là ! Et puis, la folie meurtrière d’Hérode qui va condamner, faire massacrer, tous les enfants de moins de deux ans (les saints Innocents), par pure jalousie, provoquant ainsi la fuite en Égypte de Marie, Joseph et de l’Enfant Jésus ; ou encore, dans l’évangile que nous venons d’entendre, la fugue de Jésus à l’âge de douze ans lors de son pèlerinage à Jérusalem, qui fait vivre à Marie et Joseph, des moments difficiles et angoissants ! Une vraie famille dans le réel de la vie !

Et vous toutes, familles que je perçois souvent héroïques, vous qui vous battez dans des conditions de vie souvent éprouvantes, de l’ordre de la santé, dans des difficultés financières, parfois aussi dans des dialogues difficiles voire même des conflits au sein du couple, ou dans des liens familiaux ou des affections compliqués, voire même brisés, ou peut-être aussi des séparations par la mort d’un conjoint et un veuvage douloureux ou la mort d’un enfant…  Vous toutes, familles souvent héroïques, regardez vers la famille de Joseph et de Marie ! Comme les vôtres, elle a connu déchirements et angoisses, se débattant dans les turbulences de l’histoire.

Pourtant, la famille demeure toujours un lieu essentiel ; elle est le premier lieu où se vit l’amour, l’accueil. C’est le lieu où l’amour manifeste sa mystérieuse fécondité, ou l’amour se transmet et s’apprend. L’éducation à l’amour se fait au sein même de la famille. Le Fils de Dieu lui-même a voulu naître au sein d’une famille et c’est ce que fêtons à Noël. Il aurait pu arriver entouré de cohortes d’anges et d’archanges, en disant : « Me voilà ! C’est moi ! » Non ! Jésus a fait le choix de venir bébé, petit enfant, au sein d’une famille humaine.

Dans mon ministère de prêtre, de curé, j’entends souvent que certaines familles sont véritablement éprouvées,  parfois en manque d’amour, ou en rupture d’amour. Comme prêtre, je me trouve souvent désemparé, ne sachant pas comment aider… Quand on me le demande, j’essaie d’accompagner, mais ce n’est pas toujours simple. Vous savez bien qu’au sein même des familles, il n’est pas toujours facile d’accompagner, de soutenir que ce soit des frères ou sœurs, des cousins, cousines qui vivent des moments douloureux.

C’est pourquoi je retiens quatre enseignements que vous connaissez sans doute, mais qu’il peut être bon de réentendre :

- Le premier enseignement nous est donné par l’exemple de Saint-Joseph. Là, je m’adresse plus particulièrement aux papas. Sa position d’époux est difficile, délicate et parfois même, il ne comprend pas tout au mystère que Dieu lui confie. Mais son attitude est constante. Il nous rappelle cette nécessaire détermination : Joseph, certes éprouvé, mais Joseph le courageux, le responsable et le fidèle. En un mot, il est juste, comme l’évangile nous le dit, c’est à dire : il est ajusté à Dieu. Il partage avec Marie, et là je m’adresse aux mamans, une confiance totale dans la Parole de Dieu, bien que parfois, comme parents, ils puissent être dans l’obscurité de la foi au creux même des périls et de l’insécurité.

Joseph et Marie témoignent que dans nos vies, dans nos joies comme dans nos peines,

 Dieu est là, malgré tout, Il est toujours proche, Il est présent !

Même si nous sommes dans ce questionnement : « Seigneur, où es-tu ? » osons croire en sa présence fidèle, dès maintenant !

- Le deuxième enseignement est un paradoxe : un paradoxe surprenant. Vous savez ce que signifie le nom de Jésus : “Dieu sauve“ ? Ce Jésus : “Dieu sauve“  ne se sauve pas Lui-même, ne se défend pas Lui-même, Il ne se sauve pas tout seul. Pourtant, il est Dieu ! Il a besoin d’une maman, il a besoin d’un papa. Il s’en remet totalement entre les mains de ses parents que sont Joseph et Marie. Si nous y réfléchissons bien, notre expérience est similaire. Nous avons fait confiance à nos parents, comme Jésus a confiance en ses parents.

 Je ne sais pas si vous mesurez comme moi, à la fois :

- l’importante, l’immense considération que Dieu a pour l’Homme, la confiance que Dieu a pour chacun de nous,

- et aussi l’immense responsabilité qui incombe aux familles dans l’éducation, dans l’accompagnement, pour guider chaque enfant vers le mieux pour lui, et comment être des témoins pour eux.

Dieu veut la vie et confie cette tâche à des femmes et à des hommes croyants. Les parents sont en première ligne dans cette transmission, et en disant cela, je n’oublie pas les grands-parents, les parrains et marraines, toutes les personnes qui ont une importance et une présence auprès de la famille. Quel que soit notre état de vie, quel que soit notre âge, que nous ayons les cheveux blancs ou non, demandons cette grâce d’accompagner la vie, d’accompagner toute vie, qu’elle soit intra-utérine ou naissante. Cela est aussi de la responsabilité des parents ! Je dis cela avec le plus possible de délicatesse en pensant à tous les couples en attente et en espérance d’enfants.

- Le troisième enseignement, c’est la force du sacrement de mariage. Tout au long de l’Ancien Testament, plus particulièrement dans les livres des prophètes (et notamment dans le livre du prophète Osée), l’amour conjugal est toujours présenté comme l’image par excellence des relations entre Dieu et son peuple, entre le Christ et l’Église, et comme le modèle de toute communion entre les époux. Le sacrement de mariage n’est pas magique, mais il est une force pour les couples qui décident vraiment de le recevoir librement et dans la prière.

- Le quatrième enseignement : la famille doit aussi se comprendre dans une dimension de fraternité et de communauté. J’aspire et j’espère que nous prenions conscience qu’une communauté paroissiale est aussi une grande famille.

 C’est comme cela que devrait se vivre cette dimension fraternelle et charitable d’une vraie communauté paroissiale. La famille paroissiale est aussi constitutive de notre désir de témoigner du Christ, de notre attachement à Lui.

La famille est donc une école de l’amour, de l’Amour, avec un grand “A“ ;

La famille est aussi une école du pardon, du Pardon avec un grand “P“ !

Ce sont les deux piliers essentiels qui constituent le socle de toute famille et qui représentent un véritable défi pour notre société actuelle. Dans un monde en constante révolution dans lequel sont remises malheureusement en question les valeurs fondamentales de la famille, il est bon de rappeler ces piliers et de redire combien la famille est essentielle.

En ce dimanche de la Sainte Famille, que le Seigneur bénisse particulièrement toutes les familles et nous donne les grâces nécessaires pour répondre à notre mission !

AINSI SOIT-IL !

Homélie du jeudi 27 décembre 2018, fête de saint Jean, année C.
Messe célébrée à la Cathédrale de Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon Saint-Jean 20, 2-8. Psaume 96. Première lettre de Saint-Jean 1, 1-4.

 

Chers frères et sœurs, permettez-moi de vous dire « merci » !

Pourquoi vous remercier ? Parce que vous êtes présents ici, ce soir, dans cette cathédrale. Vous avez pris la décision d’y venir régulièrement et de vivre dans son intégralité, en tout cas je l’espère, ce temps de l’octave de Noël. Bravo !

Je vous dis ces mots parce que beaucoup de chrétiens n’ont finalement vécu qu’une partie seulement des célébrations de Noël.

Beaucoup sont venus pour la veillée, le soir du 24 décembre où nous avons vécu cette naissance de Jésus dans le concret d’une famille, près du champ des bergers.

Le matin du jour de Noël, le 25 décembre, nous avons entendu le Prologue de saint Jean, et nous avons davantage pris le temps de comprendre le Plan de Dieu. Mais beaucoup de chrétiens se sont arrêtés là.

Sans doute allez-vous me dire que c’est déjà bien. Mais s’arrêter au merveilleux de la crèche me paraît être un peu court, car dès le lendemain de la Nativité, la liturgie nous a permis de faire un petit bond dans le temps des Actes des Apôtres et nous avons entendu la mort du premier martyr : saint Étienne, témoin du Christ.

Aujourd’hui, nous faisons un saut de presque trente-trois ans pour nous rendre au matin de Pâques, à l’annonce de la résurrection de Jésus.

Si l’Église nous invite à avancer en « zigzag » (car demain, nous fêterons les Saints Innocents et ainsi de suite), c’est pour découvrir que la naissance de Jésus permet de manifester la venue de la lumière et du pardon dans un monde de guerre. Cette naissance montre ce côté fragile dans un monde de mensonges. Par sa venue, Jésus établit la lumière, par son amour vainqueur, dans le monde qui vient. À la résurrection, la vérité de son amour vainqueur est là et la lumière brille dans les ténèbres ; sa lumière brille dans nos vies.

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, saint Jean a encore dans les yeux les scènes tragiques du Vendredi saint ; et quand au matin de Pâques, Marie-Madeleine arrive en courant à la recherche de Jésus, le disciple que Jésus aimait, Jean, court, court avec Pierre pour se rendre compte de la vérité des paroles de Marie de Magdala : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Qui a pris le corps de Jésus ?

Jean aime profondément Jésus, et c’est sans doute pour cette raison qu’il se précipite. En même temps, par sa course, il nous aide, dans notre propre course, à retrouver l’ardeur de l’amour de Jésus pour le faire grandir encore en nous. Nous voyons Pierre et le disciple que Jésus aimait qui arrivent près du tombeau ; ils traversent un petit jardin en contrebas du Golgotha. Jean se penche, regarde rapidement puis s’efface pour laisser entrer Pierre le premier, Pierre qui est l’ainé et le responsable. Pierre regarde attentivement ; les linges sont là, posés à plat, on voit la place du corps, de la tête, le suaire bien roulé, à part, à sa place. Intérieurement, il pense que les femmes ont raison : on a enlevé le Seigneur ! De fait, il cherche un corps mort, un cadavre !

Pierre regarde, mais il ne voit pas, en tout cas, pas encore…

C’est alors, nous dit l’évangile, que le disciple que Jésus aimait entre à son tour ; lui, il voit et il croit !

En fait, ne nous trompons pas : Jean ne voit rien ; il ne voit pas encore le Christ ressuscité, mais il voit “en creux“, dans son intelligence, dans sa foi, l’accomplissement de la promesse du Christ dans les linges posés à leur place. Tous les deux ont vu la même chose, mais la foi a ouvert les yeux de Jean. La foi, c’est croire sans voir !

Frères et sœurs, nous sommes encore dans la contemplation du mystère de la Nativité. Dans cette nuit de Noël, nous avons prié, nous nous sommes prosternés devant l’Enfant Jésus.

En fait, qu’avons-nous fait ? Avons-nous juste regardé ?

  • En sommes-nous restés seulement au merveilleux sympathique, et bien vite repris par notre quotidien ?
  • Ou alors : avons-nous vu et avons-nous cru réellement que cet Enfant est notre salut ?

Frères et sœurs, en prière devant nos crèches, demandons d’être renouvelés dans la grâce de la foi, c’est-à-dire de croire sans voir… de croire sur la parole des Apôtres, des disciples, des martyrs… témoins bien avant nous de cette foi au Christ ressuscité.

Demandons cette grâce, cette béatitude de « Heureux ceux croient sans avoir vu ! » (Jn 20,29)

Ainsi soit-il

Homélie du mercredi 26 décembre 2018, fête de Saint-Étienne, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Matthieu 10, 17-22. Psaume 30. Actes des Apôtres 6, 8-10 ; 7, 54-60.

 

La liturgie est toujours surprenante !

Alors que nous sommes encore dans la joie de Noël, presque sans transition, nous expérimentons le martyre et la folie des hommes. Est-ce terminé ? He bien non ; encore aujourd’hui, il suffit de regarder ce qui se passe dans le monde pour constater que cette folie continue. Devant les épreuves et l’horreur que connaissent de nombreux pays de notre monde, nous pouvons peut-être nous surprendre à demander à Dieu dans notre prière : « Mais Seigneur, où es-tu ? »

L’évangile d’aujourd’hui nous place devant deux certitudes, deux certitudes apparemment opposées :

- À la fois, le Seigneur continue à nous envoyer : “Voici que moi, je vous envoie dans le monde“,

- Et le Seigneur sait que la mission dépasse nos forces ; il sait combien nous sommes démunis : “Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups.“ nous dit-il.

Passées la beauté, la paix et la simplicité de la crèche et de l’enfance, nous voyons bien que le monde est parfois âpre et rude et que la mission du chrétien peut être risquée et dangereuse ; mission qui, de notre point de vue, paraît impossible aux hommes seuls, mission qui ne devient envisageable, imaginable qu’avec la force de Dieu.

Si nous regardons le rapport des forces, uniquement de notre point de vue humain, sans doute y aurait-il de quoi désespérer : “brebis au milieu des loups“ : nous risquons bien d’être battus, ou dévorés d’avance ! De nos jours, des chrétiens encore sont enfermés, torturés, tués par des “loups“ ; regardons ce qui se passe en Moyen-Orient et dans différents autres pays du monde. Combien de chrétiens n’ont pas pu célébrer ouvertement la fête de Noël !

Pourtant chaque jour, et jusqu’au dernier jour, le Christ nous redit : “Je vous envoie“. Lui-même est venu dans notre humanité pour vivre ce que nous vivons.

La première lecture nous présente le martyre de Saint-Étienne dans le livre des Actes : un homme plein de “la grâce et de la puissance de Dieu“ ; sa sagesse laissait ses contemporains sans voix. L’Esprit Sant inspirait ses paroles ; il est le premier à aller jusqu’au bout du témoignage en faveur de Jésus, non seulement par ses paroles, mais aussi en actes. Saint-Étienne nous montre jusqu’où va le don de soi et, en même temps, il nous rappelle son corollaire : le pardon. En effet, par la parole, celle qu’il donne au moment de remettre son esprit, par la vision lorsqu’il s’endort dans la mort, il indique la porte d’entrée empruntant celle que Jésus lui-même a prise lors du Vendredi Saint.

Le martyre d’Étienne ne vient donc pas troubler la paix de Noël ; il nous enseigne que le Verbe s’est fait chair pour pardonner et nous apprendre à pardonner jusqu’au don de sa vie : telle est la volonté du Père qu’Il vient accomplir. Comme nous le redit saint Matthieu : “Ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous.“

Finalement, nous n’avons pas à nous demander si nous aurons, ou non, la force du martyre, si nous aurons, ou non, la force des mots du pardon, c’est Dieu lui-même qui l’accomplira en nous.

Alors : Que dire à Jésus ? Quelles consignes nous donne l’Enfant désarmé de la crèche pour cette confrontation avec le monde du refus ? Car, si nous le comprenons bien, la crèche est encore et toujours en contradiction avec le monde, même actuellement en France.

La réponse est toujours la même : courage ! N’ayez pas peur ! Ne craigniez pas ! Ne vous laissez pas voler la joie de Noël ! Ne vous laissez pas assombrir, attrister par le défaitisme ou par une désespérance qui n’est pas chrétienne !

Le Christ a sauvé le monde !

Nous sommes faits pour vivre avec Lui jusqu’à la fin des temps !

Ne l’oublions pas !

Choisissons ensemble et personnellement, à notre façon, chacun selon son charisme, d’être les témoins joyeux du Verbe fait chair.

Osons témoigner de Lui au cœur de nos journées, dans nos familles, sur nos lieux de travail ! Ne laissons pas échapper la moindre occasion pour L’annoncer, pour sa plus grande joie, pour notre plus grande joie !

Demandons cette audace pour chacun de nous ici rassemblée, aujourd’hui !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Gaso - Audio - Messe du jour - Noël 2018

Homélie du jour de Noël 2018, année C.
Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.
Évangile selon Saint-Jean 1, 1-18. Livre du prophète Isaïe 52, 7-10. Psaume 97.
Lettre aux Hébreux 1, 1-6.

 

Frères et sœurs, je ne sais pas si vous étiez nombreux cette nuit, dans cette église ou dans une autre, à vivre la joie de la naissance à Bethléem du Fils de Dieu, de Jésus. Les textes que nous avons entendus cette nuit sont des textes remarquables de présence, d’intimité, de description. Il y a eu aussi la messe de l’aurore, pour celles et ceux qui étaient disponibles et pas trop endormis, où nous avons entendu le récit des bergers venant honorer Jésus à la crèche, dans la mangeoire où Marie et Joseph l’ont déposé. Ce qui était remarquable, c’était la joie des bergers, une joie incroyable, car ils avaient vu de leurs yeux, l’impossible, et cet impossible est devenu possible ! Ce qui était invisible est devenu visible ! Ce qui était inaudible est devenu audible en la personne même de Jésus !

La naissance de Jésus au cœur de la nuit, à Bethléem est un événement historique qui concerne l’humanité tout entière, et plus encore, qui a modifié l’histoire de toute l’humanité ; il y a un “avant“ et il y a un “après“.

Cette bonne nouvelle n’est pas réservée à quelques privilégiés, elle est adressée à tous ! Elle est pour chacun de nous ici présente et bien au-delà ; et chaque homme, chaque femme selon la disponibilité de son cœur, peut être associé au salut que Jésus veut pour chacun d’eux.

Nous croyons que cet Enfant est vraiment fils de Marie, conçu par l’Esprit Saint, qu’il est le Verbe de Dieu : Dieu incarné dans l’histoire humaine. C’est parce qu’il est vraiment homme et vraiment Dieu que sa venue en ce monde est une immense espérance pour l’humanité. Si la fête de Noël continue à fasciner tant d’hommes et de femmes parfois mêmes très éloignés de la foi chrétienne, n’est-ce pas parce que nous percevons, justement déjà, que l’espérance du salut de toute l’humanité reste incertaine et difficilement atteignable par nos simples forces et moyens ?

Pour beaucoup de nos contemporains (et peut-être pour vous-mêmes d’ailleurs), une interrogation, une attente demeure, même si parfois elle est confuse : « Qui peut m’expliquer le sens de ma vie ? Qui peut me dire mon avenir ? Pourquoi allons-nous mourir et que se passe-t-il après la mort ? Pourquoi ai-je au fond de moi, ce désir d’être profondément aimé et d’aimer ? »

Nous savons bien par nous-mêmes, que nous tournons souvent en rond, sans réponse. Quelles que soient les mutations de notre culture ou de notre sensibilité, un mystère demeure, ce mystère vient de Dieu et veut atteindre l’homme ; c’est ce même mystère de Noël où Dieu se laisse découvrir, non pas entouré de cohortes d’anges et d’archanges, mais en se faisant tout petit, en se laissant deviner dans le sourire d’un enfant. Pourquoi ? Pour que nous n’ayons pas peur de Dieu, bien au contraire.

Quand nous prenons conscience de cette initiative inouïe de Dieu dans notre histoire, du mystère du Fils de Dieu devenu homme, nous percevons alors les limites de notre intelligence, la faiblesse de nos mots, de notre vocabulaire, de nos idées… et nous ne pouvons qu’admirer, tout à tour, les deux faces du paradoxe, c’est-à-dire que :

  • Cet enfant est vraiment homme et qu’il est “de chez nous“, qu’il est le fils de Marie et cela nous le comprenons,
  • Et qu’il est à la fois et en même temps, Dieu, Fils de Dieu et Dieu Lui-même.

Comme il est difficile de le comprendre et de l’expliquer même dans nos familles et à nos amis !

Les textes de ce matin nous invitent à entrer plus profondément, peut-être plus théologiquement dans cette réflexion. Saint Jean, que nous avons entendu dans cette longue méditation de l’évangile que l’on appelle le Prologue, nous offre un chemin pour entrer plus avant dans ce mystère de l’Incarnation. Plus encore, pour entrer dans la contemplation de l’Incarnation (pour ceux qui font un peu de latin, d’italien ou d’espagnol : nous entendons “in carne“, c’est-à-dire : dans la chair). Nous sommes dans l’instant de Noël. C’est ce que nous avons vécu cette nuit, mystère tout au long de l’histoire humaine de la  présence fidèle de Dieu dans notre vie. Saint Jean retrace tout le projet de Dieu, sa longue patience vis-à-vis des hommes, et l’amour persévérant avec lequel il a préparé depuis des siècles et des siècles, ce mystère de Noël.

Saint Jean nous dit surtout que le Christ est pour les hommes, (ce qu’il est depuis toujours, ce qu’il vient faire parmi les hommes). De toute éternité, Il était avec Dieu et Dieu lui-même : Dieu avec Dieu et en Dieu !

Il nous a fallu du temps pour comprendre que Dieu est Père, que Dieu est Fils, que Dieu est Esprit Saint ! Avant même qu’il y eut un monde, avant même qu’il y eut un temps à mesurer, Il était, comme Fils de Dieu, l’image parfaite de son Père, l’expression totale de son Père.

J’ai bien conscience, en vous disant tout cela, que l’affirmation de Dieu en trois personnes n’est pas simple à comprendre. Je vous invite à relire ce Prologue, pour vous-même…à méditer tout cela tranquillement et avec persévérance pour entrer davantage dans le mystère de l’amour de Dieu.

Depuis longtemps, comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture, Il a parlé par les prophètes, dans ce que nous appelons le Premier Testament. Le Fils de Dieu était annoncé comme Sauveur, c’est-à-dire le Messie. À travers ces paroles, nous mesurons toute l’attente du peuple Hébreu qui attendait le Messie, qui attendait Celui qui allait révéler qui était Dieu. Enfin ! Le Fils de Dieu s’est fait chair ! Il a établi sa demeure parmi nous ; alors Il pouvait dire : « Moi, Parole éternelle de Dieu, je vous parle du Père avec vos mots humains. » Après des siècles de révélations, nous entendons le Révélateur. Le Fils de Dieu a fait entendre une voix humaine qui était la sienne. Ce n’était plus par la voix des prophètes que nous entendions la Parole de Dieu, mais par la Parole même de Jésus !

- C’est ce que nous entendons à chaque eucharistie !

- C’est ce que nous entendons à travers la Bible !

Il ne suffit pas de nous rappeler que nous sommes chrétiens, sans doute surpris et, je l’espère, émerveillés par l’audace de Dieu et de poursuivre notre vie de tous les jours comme si de rien n’était. Non ! Ce qui s’est passé, c’est la Vie même de Dieu ! C’est la présence de Dieu en notre vie ! Comment pourrions-nous faire l’impasse sur cette bonne nouvelle ? Cette nouvelle n’est-elle pas une invitation à entrer plus intimement dans ce mystère, plus encore, à changer ma manière de vivre ? J’espère que vous ne sortirez pas de cette église comme vous y êtes entrés ! J’espère que quelque chose de différent va se passer en vous !

Frères et sœurs, en ce jour très saint, si nous sommes touchés par la naissance de Jésus durant cette nuit, à Bethléem, si cette naissance nous apporte quelque consolation et un peu d’espérance, demandons-nous sérieusement :

  • Que dois-je faire pour que ma vie soit meilleure ?
  • Que dois-je changer dans ma manière de vivre pour que le monde change ?
  • Que dois-je changer dans ma manière d’être pour que le monde soit différent ?
  • Que dois-je changer pour mettre le Christ au centre de ma vie, pour me laisser bousculer par le don audacieux de l’Esprit Saint ?

Ne nous laissons pas submerger par les difficultés de l’existence ; il y en aura toujours ! Ne nous laissons pas dominer, non plus, par le “prêt à penser“ et les idées toutes faites que nous entendons au travers des médias ! Ne croyons pas non plus que nous pouvons nous attribuer le pouvoir de manipuler l’être humain et de l’utiliser comme un instrument ! Ne renonçons pas à la puissance de l’amour et à la force de la fidélité jusqu’au bout, car nous sommes faits pour aimer jusqu’au don total de notre vie !

Frères et sœurs, ne nous laissons pas voler la joie de Noël par ce raz de marée commercial !

Ne nous laissons pas assombrir par la morosité ambiante et vivre dans une désespérance qui n’est pas chrétienne !

Choisissons ensemble et personnellement d’être les témoins joyeux de Jésus.

Peut-être allez-vous me demander : finalement, comment comprendre Noël ?

Trois points rapides :

- Comprendre Noël, c’est comprendre que Dieu ne nous abandonne pas ! Jamais !

- Comprendre Noël, c’est comprendre que le salut que Dieu nous propose est déjà là !

- Comprendre Noël, c’est comprendre que le Fils de Dieu se fait proche et que, pour ne pas nous effrayer, pour que nous puissions le prendre dans nos bras, Il se fait petit Enfant, et son regard est un regard d’enfant.

Frères et sœurs, voilà ce que nous pouvons retenir de Noël afin que nous puissions repartir pour cette nouvelle année, le cœur plein de joie, plein d’espérance et formant une véritable communauté de chrétiens.

Entrons véritablement, pleinement dans cette joie !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Gaso - Audio - Messe de la Nuit - Noël 2018

Homélie de la messe de la nuit de Noël 2018, Année C.
Messe célébrée en l’église Saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.
Évangile selon saint Luc 2, 1-14. Livre du prophète Isaïe 9, 1-6. Psaume 95.
Lettre de saint Paul à Tite 2, 11-14.

 

Frères et sœurs, en cette nuit incroyable, nous célébrons la naissance de Jésus. Nous sommes invités à nous approcher de Jésus-Enfant, auprès de cette crèche ou près de celle que vous avez installée chez vous. Faites-le ! Approchez-vous ! Nous sommes invités aussi à méditer sur la signification de cette naissance qui a tellement marqué l’histoire de l’humanité et, nous le croyons, qui a réellement modifié l’histoire de l’humanité.

En priant ce matin entre deux confessions, deux phrases que nous venons d’entendre dans la lecture de ce soir, m’ont invité à entrer plus profondément dans ce mystère de Noël.

Les voici :

- Dans la première lecture : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. » (Is 9,1)

J’ai été marqué par cette transition : Ténèbres à lumière. Idem : Nuit à jour.

- Dans l’évangile : « Ne craignez pas, car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple. » (Lc 2,10) C’est ce mot “joie“ qui m’a impressionné !

Nous avons là, le schéma pascal, le schéma baptismal de la nuit de Pâques, cette lumière que nous recevons, le passage de la nuit, des ténèbres à la clarté du jour qui procure en chacun de nous, une joie extraordinaire. C’est bien cette joie lumineuse à laquelle nous sommes tous invités !

Frères et sœurs, en cette nuit de Noël :

  • Je vous invite à accueillir la lumière qui émane de la crèche, à vous laisser éclairer par cet Enfant-Jésus, qui vient de naître. Lui-même se présentera un peu plus tard, dans l’évangile de Jean, comme la lumière. Il dit : « Je suis la lumière du monde ; celui qui marche à ma suite ne demeure pas dans les ténèbres. » (Jn 8,12)
  • Je vous invite aussi à entrer dans cette joie. Osons cette joie ! Laissons notre cœur être comblé de joie, parce que cet Enfant, nous le croyons, est la réponse au désir de bonheur de toute l’humanité ; Jésus est la joie du monde ! Lui-même nous le dit dans l’évangile de Jean : « Je suis venu pour que vous soyez comblés de joie ! » (Jn 15,11)

En cette nuit, nous fêtons la naissance d’un Enfant, la naissance de Jésus !

Je ne sais pas comment est votre cœur ce soir… Dans quelles dispositions êtes-vous ? C’est vrai que ces derniers jours nous ont peut-être été un peu bousculés. Pour certains, nous avons été presque « obligés » (par le consumérisme tapageur ambiant) à entrer dans un « esprit de fête » ! Autour de nous, nous entendons que Noël est la fête de la famille, la fête des enfants, la fête de la lumière. Cela est à la fois faux et vrai, je m’explique :

  • Faux, au sens où avant tout, elle est la fête de la naissance de Jésus, de cet Enfant qui, nous le croyons, est Dieu ; Dieu né d’une femme, Dieu fait homme, Dieu qui est la lumière qui éclaire tout homme.
  • Vrai, car en même temps, oui, Noël est la fête de la famille car Dieu est né dans une famille avec Joseph et Marie. C’est aussi la fête des enfants car Dieu s’est fait enfant. C’est la fête de la lumière car cet Enfant est la lumière du monde.

En discutant ces derniers jours avec les uns et les autres, je me suis aussi demandé pourquoi tant de personnes fêtent Noël, bien qu’ils ne soient pas chrétiens, même s’ils fêtent Noël d’une façon païenne. Ce que je dis n’est pas une critique, mais je fais simplement une remarque et un constat : pourquoi tant de gens viennent-ils dans les églises à Noël, alors qu’ils n’y viennent pas les autres dimanches ? C’est assez surprenant !

Je pense que la naissance de Jésus rejoint en nous et dans le cœur de beaucoup de personnes quelque chose de très profond : le besoin de redevenir des enfants, de retrouver l’émotion des souvenirs familiaux de l’enfance. Il ne s’agit pas d’infantilisme mais de retrouver cette grâce de l’enfance ! L’évangile nous invite à redevenir en quelque sorte, “comme“ des enfants ! Quel est le propre des enfants ? C’est d’avoir un père, une mère, c’est-à-dire des parents et cela répond au besoin de sécurité, de savoir que l’on peut s’en remettre à quelqu’un de solide, qui ne nous juge pas, et dont la parole ne change pas selon la mode, quelqu’un qui nous aime.

- En cette nuit de Noël, le premier message que je me permets de vous adresser, à la lumière de la crèche, c’est que Dieu est Père, un Père plein d’amour, un Père plein de miséricorde. Vous êtes aimés de Dieu, à l’âge qui est le vôtre aujourd’hui ! L’avenir de vos vies, l’avenir du monde, l’avenir de la vie de vos familles… est dans les mains de notre Dieu-Père et dans le discernement qu’il nous donne pour agir avec sagesse. Cela est important, car Dieu veut du bon et du bien pour chacun de nous.

Dieu s’est fait Enfant pour que nous devenions vraiment enfants de Dieu. Dieu est Père au sens le plus fort du mot, Père de tous les hommes, notre Père et mon Père. Quand nous dirons ensemble tout à l’heure le « Notre Père », ce Père commun fait de chacun de nous des frères et des sœurs en Jésus. Nous le croyons, ce Père est quelqu’un sur lequel nous pouvons nous appuyer véritablement.

- Mon deuxième message !  La liturgie de ce soir nous invite aussi à entrer dans un mystère surprenant, peut-être difficile à comprendre, particulièrement si notre représentation de Dieu n’est pas très ajustée ou faussée…

L’Enfant Jésus que Marie a porté dans son corps, l’Enfant qu’elle porte dans ses bras, l’Enfant qu’elle nourrit de son sein, cet Enfant est véritablement le sien, mais il est aussi son Dieu ; Jésus est homme, mais aussi vrai Dieu ! La Bible nous dit précisément qu’une créature a engendré son Créateur.

Il nous faut entrer dans ce mystère pour comprendre jusqu’où Dieu s’est abaissé pour venir nous sauver ! Je constate que beaucoup de personnes “bloquent“ littéralement sur ce mystère. Pourtant, la Bible nous dit qu’une créature a engendré son Créateur. Marie a porté Jésus dans son ventre… et pourtant il est vrai Dieu.

Il est Dieu ! Cependant, c’est bien Marie qui l’emmaillote, qui le cajole, qui le dépose dans une mangeoire, là où mangent les animaux. Ce mystère se double, car il annonce aussi l’Eucharistie : cet Enfant se fera notre nourriture pour que nous ayons la Vie éternelle. Si vous prenez le temps de méditer ce mystère, je vous assure que vous vivrez des heures et des heures de méditation merveilleuse ! Sans être théologien en herbes, il nous faut vraiment passer par là pour comprendre le mystère de l’incarnation.

- Le troisième message est celui de la joie. Je vous invite à recevoir cette joie qui est promise à tous les hommes, sans exception. Cela veut dire, qu’une joie particulière, intérieure est promise à chacun de nous, ici présents. Surtout, ne me dites pas que vous ne le méritez pas ; au contraire ! Jésus est venu pour chacun de nous, quel que soit notre histoire, pour que la tristesse et ce qui en est la source soient détruites en nos cœurs.

Ce soir, frères et sœurs :

  • que l’humilité de Jésus Enfant fasse disparaître tout orgueil de notre cœur.
  • que toute amertume, que toute violence soient arrachées de notre cœur ainsi que la jalousie et la peur de ne pas être aimés qui en sont la source.
  • que Jésus, révélation de l’amour du Père, guérisse notre cœur ; c’est une grâce que nous pouvons demander ce soir.

En même temps, vous allez me dire, comment se réjouir, comment parler de paix ou de joie dans un monde où l’avenir peut paraître obscur, dans un monde qui va mal, sinon très mal, un monde où le mal paraît être plus fort que le bien ?

L’Écriture nous le promet : « Je vous donnerai un avenir et une espérance. » Je crois vraiment que l’Enfant de la crèche, fils de Marie, fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme est l’avenir et l’espérance de ce monde.

- Mon quatrième message est une supplique : accueillons la grâce de Noël. La liturgie que nous vivons ce soir n’est pas la simple évocation d’un événement qui s’est déroulé il y a deux mille ans ; elle nous rend présents à l’événement.

En cette nuit de Noël, Jésus Enfant nous visite ! Que devons-nous faire ? Ouvrir notre cœur à la grâce de Noël, comme l’ont fait tant d’autres avant nous. Ce n’est pas pour rien que nous sommes là, ce soir ; nous avons quelque chose à recevoir de Dieu ; encore faut-il l’accueillir, le désirer et le garder !

Frères et sœurs, en cette nuit, n’ayons pas peur ! Approchons-nous du Christ ! Laissons-nous approcher par le Christ pour que nous ayons la grâce de découvrir que Dieu est quelqu’un, non pas une simple idée, non pas juste une morale ni même une belle générosité ; nous avons à découvrir un enfant emmailloté dans une mangeoire qui est le Christ ! Laissons-nous approcher par le Christ pour quitter nos ténèbres, ces ténèbres qui nous privent de la lumière du Christ !

Laissons-nous approcher, toucher par le Christ pour que nous soit accordée en cette nuit, la joie d’un cœur simple, débarrassé de tout ce qui nous encombre ! Si vous saviez tout ce que nous gardons, qui nous encombre et qui s’entasse et s’entasse jusqu’à déborder… Osons dire : « Seigneur, je te donne tout cela ! Viens me guérir de ce qui me blesse au plus intime de moi-même, viens me donner ta joie ! »

Frères et sœurs, en cette nuit, je peux me laisser rejoindre par Dieu ! Je peux décider de le laisser éclairer mes nuits, mes fragilités, mes doutes, mes peurs ! Là est sa puissance. Dieu est venu, non pas entouré d’une armée de légion d’anges ou d’archanges ; Dieu est venu dans l’intimité, dans l’humilité de la crèche avec le visage d’un enfant frêle et désarmé. Face à cet enfant, ma vie se dévoile et prend sens. Dieu se fait l’un de nous ; il nous montre le chemin. Dieu nous regarde et son regard est celui d’un enfant. Pourrions-nous avoir peur d’un enfant ?

Finalement, en nous donnant son Fils né de Marie, Dieu nous invite à être audacieux, à être capable de sortir de notre quotidien, de notre routine, de notre canapé, de notre télévision, à quitter notre fatalisme :

        Risquons-nous à Lui faire confiance ! Osons changer ! Commençons à nous convertir en changeant notre regard !

Alors, frères et sœurs, mon vœu le plus cher est que ce Noël soit dans la foi, une nouvelle renaissance pour chacun de nous ! Ne repartons pas comme nous sommes venus, mais différents !

Alors, oui ! Cette fête, cette veillée, ce Noël sera tout autre !

Permettez-moi de vous souhaiter à tous, un joyeux et audacieux Noël, à chacun de vous et à vos familles !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 24 décembre 2018, 4e semaine de l’Avent, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Luc 1, 67-79. Psaume 88. Deuxième livre de Samuel 7, 1-5.8b-12.14a.16.

Comme je vous le disais tout à l’heure, nous sommes au dernier jour du temps de l’Avent, à la veille de Noël. Aujourd’hui, la liturgie nous invite à entendre ou à ré-entendre le Cantique de Zacharie. Peut-être la savez-vous ? Ce cantique est chanté par des milliers de religieux, de religieuses, de prêtres et de diacres, de laïcs, tous les matins, chaque matin. En même temps, il reste neuf, neuf comme la tendresse de Dieu, chaque matin pour le monde, comme le dit le livre des Lamentations. (Lm3,23)

Ce cantique commence par une exclamation : “Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël !“. Celui que nous chantons aux laudes du matin, c’est bien le Dieu qui choisit et maintient un choix d’amour pour chacun, le Dieu de l’appel et des promesses.

Avec Zacharie, nous sommes invités à faire mémoire de l’Histoire sainte et, en même temps, de deux grandes promesses faites et accomplies par Dieu :

- La première promesse est la promesse faite à David et à toute sa lignée, promesse que nous avons entendue dans la première lecture : “Il a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son serviteur.“

- La deuxième promesse est le serment fait à Abraham et à ses descendants : « Il s’est rappelé son Alliance sainte, le “serment juré à Abraham“, notre père dans la foi. »

Notre Dieu tient non seulement ses promesses mais il a aussi le souci de nous !

Puis, le cantique de Zacharie mentionne celui qu’on appellera le Baptiste, ou mieux encore : le “prophète du Très haut“, car il “marchera devant, à la face du Seigneur et il préparera ses chemins.“

Jean est celui qui fait le pont entre :

-              Le premier Testament et la Nouvelle Alliance

-              Entre les promesses et leurs accomplissements.

Alors, et très logiquement, le Cantique s’achève sur la louange du Messie, l’astre d’en haut qui vient nous visiter et illuminer ceux qui habitent les ténèbres, nous illuminer à notre tour, nous qui sommes assis dans les ténèbres et l’ombre mortelle, afin de “conduire nos pas au chemin de la paix“.

Si nous sommes attentifs, avec ce cantique, nous entendons un résumé de l’Histoire du Salut. C’est toujours l’amour de notre Dieu que nous retrouvons au point de départ, comme le rappelle le nom mystérieux que Zacharie donne au Messie : “l’astre levant venu d’en haut“.

C’est sur le visage d’en enfant, d’un bébé, d’un petit d’homme, que se lève la lumière de Noël, l’aurore du Salut. Nous savons que cette lumière qui vient d’en haut, c’est Dieu, notre Père, qui la fait briller dans la nuit de Noël en répandant sa gloire sur la face du Christ, sur le visage du Messie-Enfant.

Nous sommes à quelques heures de la fête de Noël, de cette nuit si extraordinaire. Nous sommes peu nombreux ce matin, et pourtant, je crois fermement que notre prière va accompagner celles et ceux que nous allons retrouver cette nuit.

Oui, Seigneur, tes pauvres sont bien encore enfouis dans les ténèbres ; en cette nuit de Noël si proche maintenant, Seigneur, fais paraître ton jour sur le visage de Jésus !

Frères et sœurs, gardons cette certitude au fond de notre cœur, en cette nuit, pour nous-mêmes, pour toutes les familles pour lesquelles nous prions, pour les personnes auxquelles nous pensons, que chacun de nous peut se laisser rejoindre et laisser éclairer ses nuits dans lesquelles il est, par Jésus :

Viens Seigneur Jésus !

Viens illuminer notre cœur !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 23 décembre 2018, 4e dimanche de l’Avent, année C.
Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Luc 1, 39-45. Livre du prophète Michée 5, 1-5a. Psaume 79.
Lettre aux Hébreux 10, 5-10.

 

Frères et sœurs, nous sommes à quelques heures de la nuit de Noël ; pourtant, nous sommes toujours dans le temps de l’Avent. Si nous sommes attentifs aux différentes lectures qui nous sont données, aujourd’hui, nous sommes invités, avec Marie, à relire les mois qui ont précédé la venue de Jésus en notre humanité.

À l’Annonciation, Marie a reçu cette incroyable nouvelle par l’ange Gabriel qu’elle mettrait au monde l’Enfant Dieu. Et Marie a dit “oui“ ! “Oui“ au projet de Dieu ! Le “oui“ de Marie est total, sans aucune retenue ; elle donne à Dieu tout ce qu’elle est. Par son « Fiat », Marie se voue tout entière à la volonté de Dieu, sans savoir à l’avance les chemins et les situations qu’elle devra découvrir et affronter.

Sitôt l’annonce de la maternité d’Élisabeth et le départ de l’ange, Marie bondit littéralement à la rencontre de sa vieille cousine, vers le haut pays de Juda ; celle-ci en est à son sixième mois de grossesse. Vous vous rappelez la parole de l’ange : “Et voici qu’Élisabeth ta cousine, a conçu elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait : la femme stérile.“ Et l’ange a ajouté : “Car rien n’est impossible à Dieu !“ Il est important, pour nous, d’entendre cette affirmation ! Est-ce que nous mesurons ce que ces mots signifient : rien n’est impossible à Dieu !“ Cela veut dire que, bien souvent, c’est nous qui mettons des limites à l’action de Dieu.

Voilà donc Marie en train de courir, en toute hâte vers sa cousine. S     ans doute se dit-elle qu’une jeune femme sera bien utile dans la maison jusqu’à la naissance. Mais plus particulièrement, Marie se devait d’aller fêter sur place l’œuvre de Dieu, même si, en elle-même, elle portait un secret encore inconnu de tous, un signe bien plus immédiat de son amour pour le monde.

L’évangile d’aujourd’hui nous fait assister à cette rencontre mémorable dans la maison de Zacharie, en terre de Judée ; les deux femmes se saluent ; elles se saluent d’une façon particulière ; à la fois amicale et solennelle !

Pour nous qui relisons cette rencontre, nous le percevons : elles sont sur le seuil de la Nouvelle Alliance.

Nous savons qu’Élisabeth est avancée en âge, elle est vieillissante. Marie est encore toute jeune. À elles deux, elles résument toute l’Histoire Sainte :

- Derrière Élisabeth toute ridée, se profilent de longs siècles de préparation, d’attente et d’espérance du Messie.

- Avec Marie, rayonnante, sans tache ni ride, c’est l’Église annoncée par Jésus, l’Église de Jésus.

Elles ont des points communs : non seulement cette espérance, le don d’elle-même à Dieu et aussi cette maternité commune. Elles ont surtout en commun le fait que leurs maternités les engagent tout entières dans le plan d’amour de Dieu. Toutes deux portent des enfants de l’impossible : Élisabeth était âgée et stérile ; Marie avait décidé de rester vierge. Toutes deux témoignent dans leur chair que : “Rien n’est impossible à Dieu.“

Cependant, on peut noter une différence entre les deux bébés qu’elles portent :

  • l’un, par miracle, est le fils de Zacharie,
  • l’autre, par miracle, est le propre Fils de Dieu.

Marie et Élisabeth se saluent ; c’est cependant Marie qui salue la première, elle, la servante qui porte le propre Fils de Dieu, le Serviteur. Mais dès que le son de sa voix parvient à Élisabeth, celle-ci sent son enfant tressaillir dans son sein. Bien sûr, les mamans pourraient le dire : il n’y a rien d’extraordinaire, pour une maman enceinte de six mois, de sentir son bébé bouger en elle. Mais voilà que mystérieusement, l’Esprit Saint fait danser d’allégresse le petit Jean-Baptiste. À cet instant, l’Esprit Saint dévoile à Élisabeth la portée de la jubilation de l’enfant.

Au moment même de l’arrivée et de la salutation de Marie, dans un grand cri, Élisabeth annonce ce que l’Esprit vient de lui révéler ; son exclamation est une double bénédiction : “Tu es bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de tes entrailles est béni.“

En un éclair, Élisabeth comprend la maternité de Marie, qui pourtant ne se voit pas.

En un éclair, le temps d’un cri de jubilation, Élisabeth comprend ce qui se passe ; tout de suite, elle se situe à sa vraie place. Elle, l’ancienne, s’efface devant la jeune mère du Messie et elle s’exclame, en s’adressant à Marie : “D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?“

Ensuite, elle ajoute, en quelque sorte, mon enfant a compris avant moi, puisqu’il a tressailli d’allégresse lorsque toi, Marie, la porteuse du Messie, tu t’es approchée de moi.

Ainsi, le face-à-face des deux mamans ne fait que transcrire la rencontre invisible des deux enfants. Souvent, dans l’iconographie, c’est-à-dire dans la représentation par la peinture dans l’art de l’icône, vous verrez Marie et Élisabeth lors de cette rencontre, portant dans leurs ventres, leurs deux enfants dessinés qui jubilent; rencontre invisible et pourtant bien réelle, rencontre de deux enfants cachées dans le sein de leur maman qui tressaillent d’allégresse.

  • Jésus revêt sa mère de la dignité de Mère de Dieu et nous fêterons ce beau nom de la Vierge le 1er janvier.
  • Jean le Baptiste éveille sa mère à l’accueil du mystère de l’œuvre de Salut de Dieu.

Plus surprenamment, en arrivant, Marie portait son secret ; Élisabeth le cri au monde !

Élisabeth commençait tout juste à s’habituer à son propre bonheur et voilà qu’elle découvre à livre ouvert, une annonce dans le cœur de la Vierge, une nouvelle attendue depuis des siècles, une joie encore plus indicible que la sienne. Par cet évangile, nous devenons témoins de la Béatitude de ces deux femmes qui ont bâti leurs vies sur la promesse de Dieu !

Pour la première fois dans le monde, la venue du Messie est reconnue ; Celui qui était attendu depuis des siècles est réalité ! Pour la première fois, Marie, jeune mère, est accueillie comme porteuse de l’espoir du peuple de Dieu !

À ce moment-là, bien sûr, tout est en devenir, mais déjà tout est là, tout s’accomplit selon la Promesse : le Christ est venu, Il vient et Il viendra !

Si j’ai pris le temps de reprendre avec vous cette scène, cet épisode extraordinaire, c’est que nous aussi, nous avons une visitation à vivre, une rencontre avec le Christ, là où nous en sommes, même si notre tête peut être encombrée de mille petits soucis ou autres préparatifs.

À quelques heures de Noël, nous voici exhortés à renouveler notre regard, notre intelligence, notre capacité d’émerveillement ! Nous savons bien que, de temps en temps, au fond de nous, cette capacité de s’émerveiller de Dieu s’est éteinte ou s’est bien ramollie…

Bien évidemment, beaucoup d’entre nous connaissent d’avance tous les événements qui composent la naissance du Messie. J’ai entendu un enfant qui disait : « Oh, à Noël, il n’y a pas de suspense ! On connaît la fin ! »

Osons regarder Noël avec un regard nouveau, avec un cœur différent ; ne faisons pas de ce Noël une simple répétition de l’année dernière ! Accueillons le don renouvelé de Noël ! Laissons notre cœur être comblé de joie, parce que cet enfant, nous le croyons, est la réponse au désir de bonheur et d’avenir de toute l’humanité.

Frères et sœurs, je vous en supplie, ne manquons pas le rendez-vous avec Jésus enfant, Jésus de la crèche, par un quelconque manque de disponibilité intérieure, par lassitude, par un manque d’espérance ou simplement par routine.

En cette fête, que nous soit accordée la simplification de notre cœur si souvent embrouillé et encombré !

Ne restons pas seuls, même au cœur d’une foule souvent désorientée, soyons donc vigilants à rejoindre toute l’assemblée de l’église en prières, de rejoindre notre communauté qui attend avec ferveur l’accomplissement des temps.

Noël n’est pas simplement un anniversaire que nous fêtons chaque année ; Noël est un rendez-vous, une visitation que nous fixe notre Dieu pour réaliser sa Promesse ! Plus encore, Dieu nous invite à une rencontre personnelle toujours nouvelle.

Prenez donc du temps, temps de prière devant la crèche que vous avez chez vous ou dans les églises où vous pourrez en admirer de magnifiques. Et puis, par notre prière, aidons-nous les uns, les autres, à vivre ce temps de Noël comme un cadeau merveilleux que nous fait notre Seigneur.

Que l’Esprit Saint, au fond de nous-mêmes nous enfante à l’espérance, nous fasse jubiler de joie !

Demandons cette grâce pour chacun de nous, ici rassemblés, pour l’église dans le monde et pour toute l’humanité !

Ainsi soit-il !

Homélie du Père Gaso - Audio - Dimanche 23 décembre 2018 - 4eme Semaine Avent 2018

Homélie du mercredi 19 décembre 2018, 3e semaine de l’Avent, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Luc 1, 5-25. Psaume 70. Livre des juges 13, 2-7.24-25a.

Bien souvent, quand nous parlons de l’Annonciation, nous pensons immédiatement à l’Annonciation à Marie. De fait, et nous oublions qu’il y a eu aussi une annonciation à Zacharie.     

Au centre du récit de l’annonce faite à Zacharie, nous venons d’entendre les paroles de l’ange Gabriel décrivant la personnalité spirituelle et la mission du Baptiste.

Quel est le nom que Zacharie donnera à l’enfant ? Ce sera le nom indiqué par l’ange, donc choisi par Dieu, Jean, « Yohannan » en hébreux, est à lui seul le résumé du message que le Baptiste proclamera (Nous savons bien que ce nom posera un petit problème lors de la naissance. L’acceptation de ce nom par Zacharie lui permettra de retrouver l’usage de la parole).

La traduction de ce prénom est : « Dieu fait grâce ».

Parce que Jean sera porteur de cette bonne nouvelle : “Dieu fait grâce au monde“, il sera la cause de joies, non seulement pour ses parents (nous l’imaginons bien !) mais aussi pour beaucoup d’autres.

“Il sera grand devant le Seigneur“ ajoute l’ange, c’est-à-dire que Dieu aura toujours pour lui, non seulement un grand amour et un grand dessein, mais il indique d’avance le chemin de sa double consécration :

 - Jean le Précurseur sera d’une part comme autrefois Samson (c’est-à-dire il sera saint et serviteur de Dieu)

- et d’autre part, l’Esprit fera de lui un prophète, et cela dès le sein de sa mère, comme Élisabeth le vérifiera le jour de la Visitation. Pour nous qui connaissons la suite, nous comprenons l’allusion.

Dieu annonce d’avance son projet ; quel est le rêve de Dieu ? Le Salut du monde, le salut des hommes. Si nous fêtons Noël dans quelques jours, oublions les cadeaux, oublions le paganisme de la fête et voyons réellement pourquoi Jésus Dieu est venu dans notre humanité : c’est pour nous sauver !

Dans cette mission prophétique de Jean, l’ange annonce qu’elle se déploiera sous le signe d’Élie, l’homme de Dieu, l’homme de Feu, avec la force spirituelle, la puissance d’Élie.

Frères et sœurs, n’oublions pas que cette mission est commune à chacun de nous, et cela dès le jour de notre baptême. Elle se résume en cinq points :

  • Ramener les hommes au Seigneur leur Dieu
  • Marcher devant sous le regard de Dieu
  • Ramener le cœur des pères vers leurs enfants
  • Ramener les rebelles à la sagesse des justes
  • Préparer au Seigneur un peuple bien disposé, c’est-à-dire résolument ouvert au Salut de Dieu.

Nous le comprenons bien : c’est une mission tout entière tournée vers l’espérance. L’avenir que Dieu veut pour l’humanité ne pourra pas se faire sans que l’homme y participe.

En découvrant la mission du Baptiste, c’est aussi notre mission que nous avons à découvrir.

Une dernière chose : il m’arrive d’entendre dire qu’il est difficile de témoigner de Dieu, d’oser l’annoncer dans sa famille ou à ses amis. Ne soyons pas trop étonnés si notre bouche demeure muette, sans voix.

 Si nous sommes parfois incapables de proclamer la Bonne Nouvelle et les louanges de Dieu, je vais formuler une hypothèse : peut-être résistons-nous secrètement à l’Esprit Saint, à la mission que Dieu veut pour chacun de nous ?

Frères et sœurs, osons nous ouvrir totalement, résolument au mystère d’amour de Dieu pour chacun de nous !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 17 décembre 2018, 3e semaine de l’Avent, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Matthieu 1, 1-17. Psaume 71. Livre de la Genèse 49, 1-2.8-10.

Comme je vous le disais en préambule, à partir du 17 décembre, chaque jour la liturgie va nous permettre de revisiter notre histoire sainte, l’histoire du Salut que le Seigneur veut pour notre humanité.

Mettons notre cœur et notre intelligence pour comprendre ce que Dieu veut pour nous !

Au temps de Jésus, et aussi maintenant, la façon de se présenter était de dire : “fils de …“, “fils de Jacob“, “Ben Isaac“, “Ben Abraham“. Pour nous, lecteurs modernes de ce XXIe siècle, la généalogie de Jésus au début de l’évangile de saint Matthieu, peut paraître un peu longue, et pour certains, même un peu fastidieuse. Pourtant, c’est la manière, dans le monde sémitique, de se reconnaître et de dire qui je suis à travers cette filiation.

La longue généalogie que nous venons d’entendre, se termine avec la naissance de Jésus. À travers cette longue liste d’engendrements successifs, c’est l’Histoire sainte que saint Matthieu nous offre de découvrir. Cette longue histoire reprend sans ménagement, la vie de ces hommes et de ces femmes, de ces rois, certains bons, d’autres rusés, mais tous pécheurs. Leurs existences sont parfois conduites avec droiture mais parfois aussi avec des erreurs, des idolâtries, des vengeances et des infidélités. (À ce propos, reconnaissons que la Bible ne cache rien !)

Cette longue liste généalogique, ou livre des ancêtres du Christ est répartie selon trois périodes bien distinctes, comprenant chacune quatorze générations, d’Abraham jusqu’au roi David, de David à la déportation à Babylone, de la déportation à Babylone, au Christ. Ce chiffre de “quatorze“ doit être bien compris comme un chiffre symbolique. Remarquez, si vous avez fait vous-mêmes le décompte, que cette dernière ne mentionne que treize générations par les pères. Marie a une place toute particulière !

Cette généalogie ascendante de Jésus nous montre des chainons essentiels ; par exemple, l’histoire de la promesse faite à Abraham, qui passe par la royauté de David et par l’alliance de Dieu avec Israël. Jésus est ainsi situé par son enracinement, dans la lignée des pères :

  • “fils d’Abraham“ rattache Jésus au peuple élu,
  • “fils de David“ le rattache à la lignée de David d’où sortira le Messie.

Et c’était la promesse, la conviction que David portait que, de sa lignée, sortirait le Messie.

Mais son nom propre est Jésus-Christ, c’est-à-dire “Jésus le Messie“, et Lui seul peut porter ce nom en vérité. Si les deux premières périodes de la généalogie s’articulent autour de personnages qui sont connus, (on a entendu leurs noms, on sait ce qu’ils ont fait) il n’en n’est pas de même pour la période qui suit la déportation à Babylone. On connaît peu de choses de ces personnages-là ! Il est important de noter que Jésus hérite d’un peuple obscur qui a perdu, pourrait-on dire, sa prestance royale. Le Sauveur s’inscrit donc dans une lignée d’inconnus.

Ainsi, à travers la généalogie juive, c’est la généalogie de l’humanité blessée, déchue qui s’annonce en filigrane. Cependant, nous comprenons combien ce Salut est important !

Frères et sœurs, nous sommes seulement à une semaine de Noël ; n’ayons pas peur de regarder nos existences avec leurs joies mais aussi avec leurs poids de péchés pour les présenter humblement à Dieu, telles qu’elles sont, sans tromperies. Notre histoire n’est sans doute pas plus édifiante que celle du peuple d’Israël ; elle a connu des hauts, elle a connu des bas… nous avons, nous aussi, besoin d’être sauvés et notre Sauveur, c’est Jésus !

L’évangile d’aujourd’hui nous redit que :

Dieu ne craint pas de s’insérer au cœur d’une telle histoire, au cœur de “mon“ histoire.

N’oublions pas (cela est important !), n’oublions pas que depuis notre baptême,

nous sommes, nous aussi, des “Ben Adonaï “, c’est-à-dire des fils et des filles de Dieu !

Ne l’oublions pas !

                                                               Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 16 décembre 2018, 3e dimanche de l’Avent, dimanche de Gaudete, année C.
Messe célébrée en l’église saint Luc par Père Patrick Gaso, curé.
Évangile selon saint Luc 3, 10-18. Livre du prophète Sophonie 3, 14-18a. Cantique Isaïe 12.
Lettre de saint Paul aux Philippiens 4, 4-7.
 

Frères et sœurs, nous l’avons compris : nous vivons aujourd’hui le dimanche de la joie ! Je ne sais pas si votre cœur est joyeux ou non ? Le mien est plutôt dans la joie. Comme je vous le disais en préambule tout à l’heure, la couleur rose de ma chasuble essaie de traduire cette joie.

Pourquoi un tel dimanche ?

Les chrétiens font écho et sont porteurs, au plus profond d’eux-mêmes, du plus formidable message de joie et de bonheur, même si cela ne se voit pas forcément sur notre visage, mais le Seigneur est là ! Il vient ! Il est avec nous ! Il est l’Emmanuel, Dieu avec nous pour toujours  ! C’est une certitude et c’est la cause de notre joie.

- Déjà, cette bonne nouvelle était annoncée dans le Premier Testament. Le prophète Sophonie, lui aussi, nous invite dans la première lecture, à bondir de joie, à faire avec Dieu, un “tour de danse“ : “Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations !“ Tressaille d’allégresse : “Le Roi d’Israël, le Seigneur, est en toi.“

- Dans la lettre aux Philippiens, saint Paul surenchérit : “Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie.“

En observant nos visages, nous pourrions nous poser une question : sommes-nous réellement dans la joie ? Avec toutes ces invitations, comment faire le contraire ? Ha ! Je vois déjà quelques sourires dans notre assemblée…

Hier, je me trouvais avec les enfants de l’aumônerie du lycée Pierre Termier ; nous avons lu cet évangile et je leur ai posé une question : « Voulez-vous être heureux ? » Comme vous le savez, les jeunes d’aujourd’hui réfléchissent un peu autrement que nous, alors que nous étions jeunes. « Voulez-vous vivre dans la joie, dans cette joie que le Seigneur veut vous donner ? » leur ai-je demandé. Les réponses étaient intéressantes et très précises. Bien sûr, la réponse était “oui“…  mais pas n’importe comment ! Nous ne voulons pas être déçus : aidez-nous !

Vendredi soir, je rencontrais des fiancés pour préparer leur mariage. Préparer un mariage, c’est bigrement stimulant !  « Voulez-vous être un couple uni et rayonnant ? » leur ai-je demandé. Là encore, après avoir échangé un regard brillant, tous les deux ont répondu “oui“, mais ils avaient aussi des questions pertinentes quand ils voient leurs familles ou leurs amis autour d’eux s’unir puis se désunir : comment faire pour éviter cela et rester un couple stable, solide dans le temps ? Aidez-nous !

Et vous-mêmes, réunis ici dans cette assemblée, regardez votre cœur : « Voulez-vous être heureux ? Oui ou non ? » … Incroyable ! « Voulez-vous être heureux ? » J’ai eu un petit doute durant quelques instants en entendant vos réponses un peu trop faibles. Certains vont me dire, à juste titre, que l’âge et l’expérience leur ont appris que ce n’est pas toujours évident ; ce n’est pas si simple… la vie n’est pas un long fleuve tranquille… Mais, oui ! Au fond de nous, il y a cette certitude que nous sommes faits pour la joie même si cela semble parfois difficile. Nous aspirons tous au bonheur.

Frères et sœurs, vous avez raison de désirer cette joie ; il n’y a pas de honte ni d’inconscience à ce désir ; je le redis : nous sommes faits pour la joie !

Pourtant, une question se pose : cette joie de Dieu est-elle réellement possible en notre vie ?

Oui, sans aucun doute, mais attention ! Il nous faut découvrir de quelle joie il s’agit.

Que dit le monde lorsqu’il parle de joie ?

Nous connaissons la réponse : si nous arrivons à associer la jeunesse, la beauté, la richesse, la gloire, l’harmonie amoureuse et l’enthousiasme tout au long de notre vie, alors, avec le regard du monde : oui, notre vie sera réussie et les médias nous diront que c’est cela être dans la joie ; tel est l’idéal qui nous est proposé, mais nous le savons bien, cette joie sonne vide ;

  • la jeunesse disparaît au bout d’un certain temps,
  • la beauté aussi… bien qu’il y ait de jolies rides,
  • la richesse souvent fluctue au cours du temps,
  • la gloire ne va pas très loin quand elle est accordée par les hommes et
  • pour l’harmonie amoureuse, passée les coups de foudre du début, même si l’amour demeure, ce sera plus calme et
  • nous connaissons les différentes phases de l’enthousiasme avec ses hauts et ses bas.

De cette joie-là, nous ne pouvons pas être comblés. Notre société nous sature d’images idéalisées et face à un tel constat :

- soit nous entrons dans une frénésie galopante, dans une surenchère à tout vouloir, quel que soit le prix à payer

- soit nous tombons dans la mélancolie, voire même dans un certain désespoir de penser ne jamais pouvoir être heureux, car ces critères de succès semblent inatteignables ! En nous-mêmes, nous ressentons alors une désolation pleine d’amertume et de tristesse et nous regardons envieux, les grands de ce monde, les acteurs, les sportifs ou les politiciens, croyant qu’ils sont les seuls à pouvoir être heureux.

En réalité, la joie n’est pas le plaisir ni le bienêtre de consommation ; encore faut-il le comprendre et l’accepter et ne pas se laisser piéger par la publicité ambiante ! Hier, les jeunes de l’aumônerie m’ont agréablement surpris parce qu’ils avaient déjà fait cette analyse.

Alors, cette joie en Dieu est-elle possible ? Oui, bien sûr ! Mais que devons-nous faire ?

Remarquez que dans l’évangile, Jean le Baptiste ne parle pas de pénitence ou d’ascèse. De manière très concrète, il répond : oui, mais seulement à trois conditions que nous allons découvrir maintenant :

- La première condition est la conversion. Pour le Baptiste, le chemin de la joie passe par la conversion, conversion du cœur, conversion de l’intelligence. Nous portons en nous un désir de bonheur bien plus grand que nous, et seul Dieu peut dilater notre désir à sa mesure qui est d’aimer sans mesure. Nous ne serons vraiment libres que dans la mesure où nous aimons ; aimer d’un amour de compassion, d’un amour gratuit c’est-à-dire d’un amour qui est décentrement de soi ; cela nous oblige à convertir notre regard, notre cœur, notre intelligence. Il nous faut discerner et avoir l’audace de choisir le bonheur vrai.

- La deuxième condition : accomplir des choses simples et essentielles poursuit le Baptiste : “Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas… Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort“ Les chemins du bonheur empruntent ceux du partage et de la justice ; il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ; et pour cela, il nous faut être justes dans notre vie, bienveillants dans notre façon d’agir.

- La troisième condition : être plongés dans le don du pardon. Le Baptiste, après avoir invité à partager sa garde-robe et à ouvrir son garde-manger, appelle à ouvrir son cœur. Il nous invite à nous plonger dans la miséricorde de Dieu. Pour cela, il nous faut comprendre que le péché provoque une rupture de la joie.

Alors, frères et sœurs, à la question : “Que devons-nous faire ?“, l’évangile répond qu’il faut nous convertir, plus particulièrement osez comprendre ce qui, au fond de mon cœur, m’empêche réellement d’être dans la joie ; la vie sans le pardon devient rapidement un enfer. Le pardon est le don gratuit de Dieu, c’est le cadeau de Dieu qui est au centre du sacrement du pardon et de la réconciliation. Me reconnaître pécheur, je peux le faire tout seul. Mais demander pardon à Dieu, si je crie : « Dieu, je te demande pardon ! », je ne suis pas sûr d’entendre la réponse d’une façon claire et directe. Mais m’entendre dire par un autre qui a été ordonné pour cela, par un prêtre : « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, je te pardonne tous tes péchés », je ne peux le faire seul. J’ai besoin de l’Église et de ses ministres pour m’entendre signifier le pardon de Dieu, pour que mon cœur revienne dans la paix.

Effectivement, il nous faut nous convertir, nous poser les bonnes questions : « Que devons-nous faire ? » : reconnaître que nous avons besoin d’entrer dans un pardon vis-à-vis de moi-même, vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis des autres.

C’est alors que la joie est possible et elle devient joie de Dieu et joie en Dieu.

Cette joie-là se partage, elle devient communication et communicative : joie de se savoir aimé de Dieu et d’aimer ! Vous le savez bien, rien n’est reçu qui ne soit donné. Rien n’existe pour soi sinon dans l’autre et pour l’autre. Rien ne dure sinon dans l’amour.

Frères et sœurs, à la question : “Que devons-nous faire ?“, la réponse est de nous convertir, de nous plonger dans la joie et le don du pardon, comprendre que seul l’amour renouvelle la joie.

Dans la paroisse, il y a des moments extraordinaires où cette joie est  partagée dans l’accueil de tel ou telle. C’est pourquoi je laisse maintenant la parole à l’équipe « Charité et Solidarité » pour expliquer ce qui se vit dans l’ordre du partage et de la joie dans notre paroisse.

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 12 décembre 2018, 2e semaine de l’Avent, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Matthieu 11, 28-30. Livre d’Isaïe 40, 25-31. Psaume 102.

Avec l’évangile de ce jour, nous recevons une invitation surprenante ; il est un peu plus de 8 heures du matin, nous sommes encore un peu assoupis, sous la couette, et voilà que le Seigneur nous propose de prendre son joug : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, … prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples. »

Comment réagissez-vous à cette invitation ? Que dites-vous ?

Peut-être : « Non seulement j’ai des soucis, mais le Seigneur me demande, en plus, de prendre son joug ? C’est trop ! Comment y arriver ? » Notre première réaction pourrait être de dire : « Non, Seigneur ! Pas aujourd’hui ! »

Pourquoi pourrions-nous avoir cette attitude ? Parce que nous pouvons comprendre cette invitation en terme de poids, de lourdeur, de charge. Peut-être avons déjà nous-mêmes, comme beaucoup de personnes autour de nous, des difficultés à vivre simplement cette vie, certes avec de belles joies mais aussi avec des peines, des souffrances, des maux… Certains vont me répondre qu’ils n’ont pas envie d’en rajouter !

- Pourquoi Jésus nous parle-t-il de joug ? Veut-il nous surcharger davantage ? Que veut-il nous dire ?

De fait, il nous faut lire, relire ce passage, dans une méditation et une écoute attentive de ce que Dieu veut susurrer à l’oreille de mon cœur et sortir d’une première impression peut-être un peu négative. Que dit-il ? « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples. » Le Seigneur reconnaît bien que j’ai déjà un poids à porter.

- Quel est donc ce joug que Jésus veut me donner à porter en plus ?

Si nous y regardons de plus près et pour peu que nous ayons un peu en image ce qui se passait il n’y a pas si longtemps dans les fermes ou dans les labours, un joug n’est pas un fardeau à proprement parler ; le joug est une aide. Effectivement, c’est une barre de bois que l’on pose sur la nuque des bœufs, mais en réalité, le joug aide les bêtes attelées à tirer plus facilement leurs charges. C’est bien là son but !

- En nous proposant son joug, en étant “côte à côte“, auprès de Lui, Jésus nous offre de l’aide pour porter notre fardeau, car un joug est toujours prévu pour être porté à deux. (nous ne sommes plus seuls !)

- Jésus nous parle bien de “mon“ joug, c’est-à-dire son joug qu’il nous invite à porter un peu avec lui ; et il est celui qui est attelé en premier ! Il nous propose cette place à côté de Lui. Si vous interrogez un fermier, il vous dira que lorsque deux bêtes reliées par un joug tirent une charge, il y en a toujours une, la première, la plus robuste, qui marche légèrement en avant de l’autre ; c’est elle qui tire le plus la charge. C’est précisément ce que propose Jésus à chacun d’entre nous !

- Là, pour le coup, le texte prend une autre saveur ! Jésus vient m’aider véritablement à porter ma vie ! Il y a comme un retournement de situation pour peu que nous nous mettions à l’écoute de la Parole de Dieu !

- Plus encore ! Nous sommes invités à aller un peu plus loin pour comprendre cette réalité que Jésus nous propose ! Le mot “joug“ a la même origine que celle que nous trouvons dans la réalité des époux. Ne parlons-nous pas de “conjugalité“ ? Je sais que ce n’est peut-être pas très “glamour“ mais, quand un homme et une femme disent ce “oui“ et décident de s’unir, ils choisissent de porter ensemble cette même charge du couple : famille, enfants, travail. Il y a un “côte à côte“ qui fait que le couple regarde et avance ensemble, parfois, c’est l’un qui tire en premier, à d’autres moments, c’est son conjoint. Ce couple fait le choix de porter le même joug et, en conséquence, nous entrons dans une nuptialité, dans une alliance.

C’est bien d’une alliance dont parle Jésus !

Il nous faut retenir que, dans l’invitation de l’évangile de ce jour, Jésus veut faire alliance avec moi !

- C’est en accueillant au cœur de ma vie la présence de Jésus que je vais enfin pouvoir trouver le repos auquel j’aspire, le repos qu’il me promet ! À ce moment, je deviens disponible pour porter aussi cette charge de la mission, de l’évangélisation, de l’annonce, avec Lui : le joug de l’évangile ! C’est à ce moment précis que je deviens son disciple !

Voyez le cheminement que Jésus nous propose de faire à travers cette invitation !

Frères et sœurs, disons “oui“, acceptons la proposition de Jésus ! Choisissons, aujourd’hui, de nous mettre à l’école de la douceur et de l’humilité du cœur de Jésus ! Oui ! Dieu veut faire alliance avec nous ; Il veut faire le don d’une alliance pour notre salut, pour le salut de celles et ceux qui sont ici, et plus largement encore pour le salut du monde !

Confiance ! Joyeusement, portons avec Lui notre monde !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 10 décembre 2018, 2e semaine de l’Avent, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon Saint-Luc 5, 17-26. Psaume 84. Livre du prophète Isaïe 35, 1-10.

Frères et sœurs, nous venons d’entendre et presque d’assister à un “process“ de libération, c’est-à-dire à une succession d’étapes pour arriver jusqu’au pardon, au don du pardon de Jésus. La conséquence est que : “Tous rendaient gloire à Dieu !“ Peut-être, portez-vous ce désir au fond de vous-mêmes, mais voilà…

De fait, il peut arriver que des obstacles nous empêchent d’aller jusque-là. Dans ce récit de la guérison d’un homme que ses compagnons font passer par le toit, sur son brancard, nous assistons à un obstacle, une difficulté importante : que ce soit la foule, que ce soit un mur, des tuiles… ! Bref, un obstacle nous bloque. Sans doute avons-nous fait cette expérience et ce constat dans notre propre existence. Parfois ces obstacles sont dus à des causes extérieures, parfois imprévisibles, mais il arrive que ces causes soient propres à nous-mêmes !

Combien de fois, le Seigneur veut nous consoler, nous redire son amour, nous cajoler, mais nous nous heurtons à des difficultés : difficultés matérielles ou financières, difficultés de fermeture, la solitude, le découragement… Nous voyons que ces obstacles s’accumulent autour de nous et nous n’avons même plus la force de réagir.

Comment lever ces obstacles à la consolation que le Seigneur veut nous donner?

Voilà la question que j’entends aujourd’hui, dans l’évangile. Il est vrai que ce n’est pas toujours facile de se laisser consoler par le Seigneur ! Pourquoi ? Parce qu’il faut bien souvent nous dépouiller de nos peurs, de nos égoïsmes, de ces choses qui sont notre fort interne : que ce soit l’amertume, que ce soit les plaintes, que ce soit beaucoup d’autres choses. Pour que cette consolation advienne, nous sommes invités déjà à réfléchir, à faire un examen de conscience :

Comment est mon cœur ? Ai-je une quelconque amertume ? Pourquoi suis-je triste ?

Comment est mon langage ? Comment est-ce que je vois le monde autour de moi ?

Ai-je besoin de cela pour exister ? Suis-je capable d’accepter l’aide des autres ?

Est-ce que j’ose demander de l’aide ?

C’est à ces moments-là qu’il faut un ressort supplémentaire, un vrai « courage », que l’on peut accueillir ou acquérir dans la prière ! Oser demander au Seigneur la grâce du courage parce que, dans le courage, il vient lui-même déjà nous consoler. Ce courage peut venir au-dedans de nous. Vous connaissez l’expression qui nous dit que c’est lorsque nous touchons le fond, qu’il n’y a pas d’autre solution que de rebondir. Ce peut être aussi insufflé par des amis, par des paroissiens, des frères et sœurs en Christ qui vont pouvoir nous apporter cette pichenette de force pour que nous puissions reprendre souffle et redémarrer.

                Mais ce n’est pas toujours facile de se laisser consoler, de montrer une faiblesse ! Pour beaucoup, il est plus facile de consoler les autres que de se laisser consoler. Bien souvent, nous sommes attachés au négatif, nous sommes attachés à la rancœur, à la blessure du péché en nous ! Souvent, nous restons abattus, parfois même nous préférons rester là, seuls, sur son lit, comme celui de l’Évangile, isolé… là-bas, et ne pas se lever.

C’est à ce moment-là que nous entendons-nous : “Lève-toi” ; c’est la parole de Jésus, qui toujours nous redit : Lève-toi !”.

Lève-toi !” pour aller au confessionnal,

Lève-toi !” pour entendre la Parole de Dieu,

Lève-toi !” pour sortir de ta torpeur !

Frères et Sœurs, nous pouvons demander ce matin pour nous-mêmes et aussi pour celles et ceux que nous connaissons autour de nous, le désir de la consolation, le désir déjà du courage ! Oser “Se laisser consoler par le Seigneur“!

  • Le courage, parce que Dieu sauve !
  • La simplicité, non seulement de faire confiance à Dieu, mais aussi de se laisser porter par les autres ! Ayons aussi cette compassion en portant les autres !

Bref, soyons des mendiants de la consolation du Seigneur ! Demandons cette grâce pour chacun de nous pour aujourd’hui et pour les jours qui viennent et trouvons le courage pour y répondre !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 9 décembre 2018, deuxième dimanche de l’Avent, année C.
Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.
Évangile selon saint Luc 3, 1-6. Livre du prophète Baruc 5, 1-9. Psaume 125.
Lettre de saint Paul aux Philippiens 1, 4-6. 8-11.

Frères et sœurs, êtes-vous bien installés ? Êtes-vous confortablement bien disposés ? Très bien ! Car c’est un petit enseignement, un peu plus consistant qu’à l’habitude, que je vous propose ce matin.

Si nous avons bien écouté, si nous avons été attentifs aux lectures d’aujourd’hui, l’appel est clair ! Vous l’avez découvert comme moi : frères et sœurs, nous sommes invités à la conversion, oui ! à la conversion.

- Pour les chrétiens de l’église de Philippe en Macédoine, Paul retrace ce chemin de conversion et de croissance : “ Celui qui a commencé en vous un si beau travail, le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus.“

Qui a commencé ce travail en vous, … L’Esprit saint, bien sûr !

Dans quel but ? Pour annoncer l’évangile, pour annoncer la Bonne Nouvelle, pour être prêt à accueillir la venue du Christ, et le dire. Saint Paul nous dit que Dieu veut que tous.

- Dans l’évangile, à propos de Jean le Baptiste, il est dit qu’il proclamait “un baptême de conversion pour le pardon des péchés“.

Alors, peut-être allez-vous me demander : qu’est-ce que se convertir ?

La réponse est simple : c’est changer ! Dans ma façon de vivre, dans ma façon de penser,  dans ma façon d’observer les événements de ma vie, il y a en moi quelque chose qui doit changer !

Se convertir n’est pas d’abord, le fruit d’un effort, même si parfois cela demande un long travail. En réalité, se convertir, changer : c’est laisser le Seigneur entrer dans mon existence.

La conversion, c’est laisser le Seigneur entrer dans ma vie !

On va changer lorsqu’on aura vraiment fait la rencontre du Seigneur. S’il en est besoin, l’effort est simplement la réponse à Dieu ; je prends la mesure de ce que Dieu a déjà fait pour moi et ce qu’il est en train de faire, encore et toujours, en moi. Vous le savez bien : être chrétien n’est pas seulement une adhésion à une idée, ce n’est pas une adhésion à une morale, ni même simplement à des convictions !

Être chrétien, c’est la rencontre et la relation avec un événement et une personne.

- Qu’est-ce que cet événement ? C’est l’événement Pascal avec le Feu de l’Esprit dans lequel nous sommes plongés ; c’est le baptême dans l’Esprit saint que nous avons reçu, et qui nous est redonné lors du sacrement de la confirmation. (Permettez-moi une petite parenthèse : un nouveau cycle de préparation à la confirmation va commencer maintenant, dans notre paroisse, pour celles et ceux qui ne sont pas encore confirmés. Peut-être y en a-t-il dans notre assemblée ?)

- Qui est la personne ? C’est Jésus. C’est la rencontre avec la personne même de Jésus qui modifie profondément notre existence. Frères et sœurs, si vous avez déjà fait cette rencontre : ne l’oubliez pas ! Si vous l’avez pas encore faite, (c’est possible pour certains), mettez-vous à genoux et demandez-Lui.

Nous sommes dans le temps de l’Avent, qui n’est pas seulement le temps où nous nous préparons à fêter la naissance de Jésus, à fêter noël. Ce temps est le moment où nous nous rendons disponibles à la venue du Seigneur. Il est important de remettre les mots sur ce que nous vivons ; le temps de l’Avent est le temps où nous nous rendons disponibles à la rencontre toujours renouvelée du Seigneur.

Les Pères de l’Église parlent des “trois venues du Seigneur“.

- La première venue est l’Incarnation : chaque année, de Noël en Noël, nous sommes invités à saisir de mieux en mieux cet événement ; la grandeur, la délicatesse, la beauté de la venue en notre humanité, de Dieu qui s’est fait homme. Ne vivez pas le même Noël que l’année dernière ou la précédente ! Ce Noël sera forcément différent cette année, parce que nous grandissons en intelligence. J’ai cependant et vraiment la certitude que nous n’avons pas encore pris toute la mesure, toute la portée de cet événement. Ne prenons pas le risque de passer Noël comme les Noël précédents ! Comprenons-nous ce que nous dirons à Noël ? Je vous cite quelques petites phrases afin qu’elles entrent tout doucement dans notre cœur :

  • “Dieu invisible s’est rendu visible à nos yeux.“ C’est bien ce qui se passe à Noël ! La Parole de Dieu, n’est plus seulement “audible“, elle devient “visible“.
  • Ou encore : “Engendré avant le temps, Il est entré dans le cours du temps“ ; l’éternité est entrée dans notre temps.

C’est dans ce mystère que nous sommes invités à entrer à Noël. Par là, nous sommes libérés de la peur et nous entrons dans la joie : voici les fruits de ce mystère : paix et joie!

- La deuxième venue du Seigneur est celle que nous attendons. À toutes les eucharisties, comme nous le redirons tout à l’heure en chantant l’anamnèse : « Nous proclamons ta mort, nous célébrons ta résurrection. Nous attendons ta venue dans la gloire. » Ou encore, lorsque nous confessons notre foi en proclamant le Credo : « Il viendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. » Nous sommes dans ce temps où nous devons raviver en nous le désir de la venue glorieuse du Seigneur. C’est ce désir que nous devons raviver en nous, tout simplement, parce que, de temps en temps, ce désir s’éteint ! Il est bon de se rappeler que la figure de ce monde va passer. Ne mettons pas beaucoup de notre énergie dans les succès artificiels de notre monde qui va mourir ; nous le savons bien : le Christ peut surgir à n’importe quel moment, et nous ne savons ni le jour, ni l’heure. Une question me touche profondément à chaque fois qu’elle est posée : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » ou serons-nous occupés ou préoccupés par autre chose…

- La troisième venue, c’est aujourd’hui ; c’est aujourd’hui dans notre vie. Jésus vient nous parler, Il vient nous guérir, nous rassurer, nous aimer à travers sa Parole, dans ses sacrements, dans la communauté que nous formons qui doit être fraternelle et charitable. Au travers de tous les événements de notre vie, le Christ est présent, même si parfois nous l’oublions. Le temps de l’Avent est le temps de cette disponibilité au Seigneur qui, aujourd’hui veut nous parler, qui aujourd’hui, veut nous rencontrer ; mais croyons-nous vraiment qu’Il peut visiter notre vie aujourd’hui, et la transformer ? Je vous invite à retenir cette question afin de vous la poser quand vous en aurez le temps :

Croyez-vous que le Seigneur peut visiter votre vie aujourd’hui et la transformer ?

Ces mots ne sont pas une critique car, nous le savons bien, même si nous venons à la messe chaque dimanche, trop souvent nous vivons comme si Dieu n’existait pas, comme s’il ne pouvait pas venir dans notre vie pour la transformer. Sans doute vous souvenez-vous du livre de l’Apocalypse où il est dit : “ Voici que je me tiens a ta porte et je frappe.“ Ap, 3,20.

Durant le temps de l’Avent, quelqu’un frappe tout doucement à la porte de mon âme pour que je prenne le risque de m’ouvrir à la présence de Dieu.

Voulons-nous Le laisser entrer ?

Alors frères et sœurs, pour entrer dans ce chemin de conversion, permettez-moi trois conseils :

- Le premier : c’est écouter ; plus précisément, il s’agit de faire silence à l’intérieur comme à l’extérieur. On peut vivre sans télévision ; on peut vivre sans téléphone portable ; on peut vivre sans ordinateur… au moins quelques heures dans la journée ! Ce silence retrouvé peut nous permettre de descendre au plus profond de notre cœur ; mais souvent, nous nous laissons tenter par l’agitation perpétuelle, un certain activisme un peu frénétique, la superficialité, la sur-occupation de nos journées quand bien même ce serait d’être occupé à ne rien faire… Nous avons une difficulté avec le silence et l’intériorité ! Tant de personnes ont du mal à entendre la voie du Seigneur car elles ne savent plus trouver le silence où Dieu se rend présent et nous parle.

Comment trouver ce silence qui permet un véritable dialogue avec Dieu ?

Nous pouvons déjà nous taire. C’est un début mais ce peut être insuffisant car nous pouvons être agités intérieurement. Il s’agit aussi de ne plus se préoccuper des apparences et de ce que les autres peuvent penser de moi. (Vous savez, nous avons souvent un “petit moulin“ qui tourne dans notre tête, et c’est terrible !) Le silence, c’est se mettre en vérité devant Dieu, à découvert, être en paix dans notre cœur. Le sacrement du pardon est un des moyens extraordinaires pour éviter de nous fuir nous-mêmes et, finalement, de fuir tout simplement Dieu. C’est le premier conseil : le silence pour découvrir notre intériorité.

- Le deuxième conseil : nous désencombrer. Dans l’évangile de Luc, 21 : “ Tenez-vous sur vos gardes de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les débauches, l’ivrognerie et les soucis de la vie.“ Je suppose que vous n’êtes pas trop concernés par les débauches et l’ivrognerie (quoi que ?) mais je suis certain que votre vie vous cause, vous pose des soucis. Parfois notre cœur est alourdi par toutes sortes de choses, de pensées, de tracas, de préoccupations matérielles ou par la maladie ; tout cela est sans aucun doute légitime mais ne prennent-ils pas une place excessive ? Alors, il n’y a plus de place pour une joie simple, une simple joie. Frères et sœurs, je vous invite à supprimer de vos cœurs, de vos placards tout ce qui est inutile. Il nous faut redécouvrir le beau, le bien, le vrai et c’est toujours une grâce à redemander. Deuxième conseil : se désencombrer de tout ce qui est inutile !

- Le troisième conseil : se laisser surprendre par Dieu ; accepter d’être dérangé, bousculé ! En réalité, souvent nous préférons demeurer tels que nous sommes, bien confortablement installés dans notre canapé. Nous aimerions bien que Jésus soit présent dans notre vie à la condition que : « Seigneur, ne change rien ! Ne me bouscule pas trop, Seigneur ! » Bien sûr, je suis persuadé que nous croyons en Dieu, que nous sommes fascinés par Jésus, que nous sommes serviables, sensibles aux souffrances de nos frères et sœurs, mais quand Dieu nous demande d’aller plus loin, de faire quelque chose de plus et d’inattendu, nous avons peur que cette demande modifie trop de choses en nous : de fait, nous avons peur des exigences de la Foi !

Être chrétien, ce n’est pas être parfait ! D’ailleurs, nous ne sommes pas parfaits et je le dis d’une façon un peu crue : ni vous, ni moi, nous ne sommes parfaits ! Être chrétien, c’est suivre Jésus malgré nos fragilités, malgré notre imperfection ! C’est aussi nous laisser constamment déranger, bousculer par Lui, pour notre bien et notre devenir.

Frères et sœurs, le Seigneur vient !

Il a des choses à nous dire et peut-être même des paroles que nous n’avons pas prévu d’entendre !

Laissons-nous surprendre par Dieu !

Homélie du Père Gaso - Audio - Dimanche 9 décembre 2018 - 2eme Semaine Avent 2018

Homélie du samedi 8 décembre 2018.
Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, année C.
Messe célébrée à Grenoble, Basilique St Joseph, par le Père Patrick Gaso.
Évangile selon st Luc 1, 26-38. Livre de la Genèse 3, 9-15.20. Psaume 97. St Paul aux Ephésiens 1, 3-12.

Frères et sœurs, peut-être avons-nous déjà préparé la crèche dans notre maison, comme dans cette église mais peut-être en un peu moins grand ?

Peut-être êtes-vous en train de faire les achats pour les cadeaux de Noël, ou de réfléchir à ce que vous allez cuisiner pour le réveillon avec vos familles ?

Ce soir, je vous invite à une réflexion un peu différente, autre. Il est bien possible que les mamans puissent mieux saisir ce que je vais vous dire.

Nous voici dans le temps de l’Avent, à quelques semaines du 25 décembre. Pour le dire autrement : Marie est à son huitième mois de grossesse. Au début de ce dernier mois avant la naissance, Marie, alors que nous pourrions l’imaginer alitée, comme cela est nécessaire parfois, Marie est en train de se diriger, sans doute un peu péniblement, difficilement vers la ville de Bethléem. Pourquoi ? À cause, comme vous le savez bien, du recensement décrété par César Auguste qui voulait compter le “monde entier“ de l’époque !

Nous retrouvons Marie, ce soir, sur cette route. Joseph est auprès d’elle, juste à côté d’elle. Peut-être est-elle assise sur le dos d’un âne avançant pas à pas ? Imaginons le regard de Joseph, peut-être inquiet, lui demandant sans cesse : « Marie, est-ce que ça va ? »

En ce temps de l’Avent et durant ce voyage vers Bethléem, la liturgie nous invite à un “flashback“, (pardonnez-moi cet anglicisme). Dans ce retour en arrière, nous voyons Marie sur son âne en train de prier et peut-être que durant ce voyage, elle se remémore ce moment unique où l’Ange Gabriel est entré dans sa vie, est entré chez elle, huit ou neuf mois plus tôt. Pour Marie, impossible d’oublier cette rencontre, impossible d’oublier son “oui“, son “fiat“ à Dieu qui l’a conduit à entrer dans l’inconnu de Dieu et aussi dans cette profonde confiance en Dieu. Ce soir, avec Marie, nous sommes invités à faire mémoire de ce moment unique !

L’Ange, en entrant, lui avait dit : “Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi“.

Oui, c’est vrai ! Marie est celle qui est comblée de la grâce du Seigneur !

Fêter l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, c’est fêter la victoire de l’amour de Dieu en une personne de notre humanité nommée Marie. Marie est une créature, tout comme nous, et pourtant ! De cette femme à la fois toute simple et remarquable, va dépendre le plan de salut que Dieu a pour chacun de nous. Ce n’est pas anodin que nous ayons entendu, en première lecture, le livre de la Genèse, qui nous redit avec Ève, le combat tragique de l’origine, tel que nous pouvons aussi le relire dans notre existence, à chaque fois que nous sommes tentés, à chaque fois que nous désobéissons à l’amour de Dieu. Nous savons bien que ce combat dure encore… ce n’est pas une fatalité car le ciel vient à notre secours !

Marie, la première sauvée, nous ouvre un chemin qui nous mène à nouveau, à la porte du Royaume. Marie nous montre ce chemin, et bien souvent nous le chantons : Marie, la première en chemin ! Ce soir, nous pourrions avoir une prière toute simple :

Marie, nous voulons te suivre à la suite de ton Fils.

Lors de la salutation de l’Ange, Marie avait été troublée, un trouble légitime ; là aussi, nous entendons pour chacun de nous, la réponse rassurante de l’Ange : “Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.“ Cette réponse est valable pour nous tous, quelque soit notre âge, quelque soit notre vie, nos joies ou nos difficultés :

Sois sans crainte, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.

 De fait, pour peu que nous soyons nous aussi accueillants à sa personne, l’Esprit Saint est toujours à l’œuvre ; il continue son œuvre en nous. C’est Lui qui, en ces jours, nous dévoile le mystère de Noël, ce mystère de la Nativité, ce mystère de la naissance de Jésus, qui par anticipation, vient déjà préparer le cœur de sa maman. Vous l’avez sans doute compris : Marie est préservée de tout péché par une grâce particulière de la mort de son Fils. Mais, comment est-ce possible puisque Marie est née bien avant Jésus, en tout cas dans notre logique humaine, et que Jésus va mourir plus tard.… ? Dans l’histoire et dans le temps de Dieu, la mort de Jésus vient préparer le corps et le cœur de Marie. C’est Lui qui nous révèle la logique de l’amour !

Marie a donc bénéficié par anticipation du mystère du salut de Jésus, mort sur la Croix et ressuscité.

La fête de l’Immaculée Conception, que nous fêtons aujourd’hui, est le rappel du projet de Dieu, projet de vie pour chacun de nous.

Ne l’oublions pas frères et sœurs :

Dieu veut nous sauver !
Dieu veut nous donner la vie !
Mais il ne peut pas le faire sans nous !
Marie nous apprend à dire “oui“, à dire “fiat“, nous aussi.

Durant ce temps de l’Avent, dans cette rencontre renouvelée avec Jésus, peut-être va-t-il nous demander, d’une façon ou d’une autre, de redire “oui“ à une mission, à un service, à tel effort ; ou “oui“ simplement pour retrouver la force, sa force, dans le sacrement de réconciliation.

 En cette belle fête de l’Immaculée Conception, puissions-nous rendre grâce à Dieu, lui demander pour chacun de nous, la force et l’audace de dire ce “oui“ à Jésus !

Demandons cela pour nous ce soir, et aussi pour nos familles, pour tous ces jeunes, pour notre communauté paroissiale et pour le monde !

Oui ! Le Seigneur veut faire de belles et de grandes choses en chacun de nous !

Puissions-nous lui ouvrir notre cœur !

AINSI SOIT-IL !

Homélie du mercredi 5 décembre 2018, 1ere semaine de l’Avent, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Matthieu 15, 29-37. Psaume 22. Livre du prophète Isaïe 25, 6-10a.
 

Frères et sœurs, que de situations parfois tourmentées, de misères, que de désespoirs autour et au milieu de nous… et peut-être même en nous-mêmes !

“… Jésus gravit la montagne et là, il s’assit.“ De son regard, il observe la foule, cette foule ! Ce qu’il voit tout particulièrement, c’est la misère que beaucoup portent. Avez-vous remarqué que tous sont attentifs à sa Parole ?

“… Jésus fut saisi de compassion pour cette foule“, non seulement pour leurs misères, mais aussi parce que depuis trois jours, ils étaient restés auprès de Lui, nous précise l’évangile.

Ces trois jours évoqués par Jésus sont importants, car ils traduisent qu’il ne s’agit pas tout simplement pour cette foule, de venir pour être guérie, mais qu’elle veut demeurer, rester auprès du Christ, vivre en sa présence.

Oh, bien sûr, la faim est là ! Le ventre gargouille sans doute, mais, au-delà d’une faim matérielle, le souci de Jésus est pour chacun, oui ! pour chacun de nous. Il opère des guérisons qui touchent nos infirmités et aussi nos pauvretés.

Frères et sœurs, c’est de nous dont il s’agit. Le Christ prend notre bonne volonté, il reçoit même le peu que nous avons, il prend ce que nous sommes… Et Lui, le Seigneur de gloire agit et fait son œuvre.

Aujourd’hui encore, et c’est une évidence pour moi, Il veut opérer le Salut du monde au travers de nos cœurs et par nos mains. Le Sauveur du monde est déjà venu, nous le savons bien, et nous allons le fêter dans quelques jours et il va venir, encore. Nous l’attendons dans le Christ de gloire et, par son Esprit Saint, Il est déjà là !

Il dit toujours : “Je ne veux pas les renvoyer à jeun, ils pourraient défaillir en chemin“, et dans cet immense désert, disproportionné, avec le peu que nous pouvons faire, Jésus nous dit, nous demande : “Combien de pains avez-vous ?“ Alors, humblement, nous lui répondons et nous lui confions nos manques de moyens : « Seigneur, je n’ai que peu de choses : sept petits pains et quelques petits poissons. »

Ce qui est extraordinaire, c’est que ce “peu de choses“ suffit au Seigneur pour faire des miracles !

Nous avons besoin d’être guéris pour devenir “guérissant“ !

Nous avons besoin d’être nourris pour nourrir !

Nous avons besoin d’être avec Lui pour témoigner de Lui !

C’est vraiment ce que chacun de nous doit comprendre !

D’une certaine façon, Jésus nous demande à nous, d’accomplir ces miracles, à travers ce que nous sommes, à travers la communauté que nous formons. Surtout, ne me dites pas que c’est impossible ! Je peux en témoigner. Quand nous nous réunissons tous ensemble, quand nous écoutons la Parole de Dieu à plusieurs, quand nous lui faisons confiance, des signes prodigieux se passent autour de nous ; il suffit d’ouvrir nos yeux !

C’est dans l’Eucharistie que nous célébrons que s’opère maintenant le Salut du monde. Lorsque nous célébrons la Passion, la mort, la Résurrection, le Salut de Jésus arrive jusqu’à nous, et cette œuvre de Salut commence dans nos propres vies.

C’est alors que notre communauté devient une communauté de ressuscités à l’image du Seigneur de gloire. Christ, Pain de vie au milieu de nous, continue son œuvre.

“Alors la foule était dans l’admiration en voyant des muets qui parlaient, des estropiés rétablis, des boiteux qui marchaient, des aveugles qui voyaient.“

Nous ramassons les morceaux, car ils sont nombreux encore, ceux qui ont faim !

Mais déjà, frères et sœurs, relevons la tête ! Regardons ce que Dieu fait en nous et autour de nous ; alors, si nous croyons et si nous montrons une œuvre de foi, tous rendront gloire à Dieu !

Demandons cette audace pour notre communauté, pour nos familles et pour nous-mêmes !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 3 décembre 2018, 1ere semaine de l’Avent, année C.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Matthieu 8, 5-11. Psaume 121. Livre du prophète Isaïe 2, 1-5.

 

Pour manifester l’universalité de l’appel de Dieu à travers le monde, qu’il soit de l’Orient ou de l’Occident, nous entendons cette péricope, ce passage dans l’évangile de saint Matthieu.

Un centurion vient trouver Jésus et Jésus avait bien des raisons d’entendre et d’exhausser cet officier romain :

- La première est que ce capitaine vient le supplier, non pas pour lui-même, mais pour un autre, un de ces petits, un de ces “sans grade“, un de ces hommes simples que Jésus aime. Un officier de l’armée d’occupation qui faisait preuve d’humanité et de sens social, ce n’était pas si courant sans doute. Il vient simplement dire : « J’ai un serviteur, il souffre, il va mourir. » C’est un peu comme Marie à Cana. Rappelez-vous cette phrase de Marie : « Ils n’ont plus de vin, fais quelque chose, Jésus ! »

- Cet homme est humble et cela aussi a du prix aux yeux de Jésus. Que dit-il ? Je ne suis pas digne, de cet honneur que tu me ferais en descendant chez moi. Il ne se sent pas digne ! Malgré le poids de son autorité humaine, militaire, malgré sa compétence d’officier, il ne se sent pas digne.

- Plus encore que cette humilité, ce qui va forcer l’admiration du Christ, c’est la conviction du centurion, sa foi tranquille et audacieuse : « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. » Une parole, même de loin, de là où tu es… et mon serviteur sera guéri, car les choses doivent t’obéir.

Cet étranger, ce romain a pressenti quelque chose du secret de Jésus et avec ces mots à lui, il exprime le mystère de la Parole créatrice et recréatrice de Dieu. Littéralement dit-il : « Je sais que tu peux commander à la souffrance et à la mort. »

Cette foi, Jésus ne l’a pas trouvée chez les siens, chez les familiers du Temple et de la prière. Il l’a trouvée chez cet étranger venu de l’Occident, c’est-à-dire chez un “non-juif “, un “gentil“, un païen qui avait pour toute richesse spirituelle cette droiture humaine, cette beauté du cœur.

Alors, pourquoi entendons-nous cet évangile au tout début de l’Avent ?

Nous commençons cette longue période de l’Avent qui passera, bien sûr, par Noël mais qui ira bien au-delà de Noël, puisque nous attendons le re-venue du Christ. Sans doute, est-ce pour éveiller notre foi en chacun de nous, pour avoir le désir de cette droiture du cœur, de prendre soin de celles et ceux qui en ont besoin, pour comprendre que c’est aussi possible pour nous ; nous connaissons notre pauvreté, nos fragilités mais cela ne doit pas entamer notre espérance en Celui qui peut tout.

Ce que Jésus attend de chacun de nous, ce n’est pas tant la quantité et la somme des cadeaux que nous allons préparer et offrir, c’est bien l’humilité, cette simplicité du cœur. C’est cette attitude qui attire l’action de Dieu. La foi du centurion trouve son expression dans la conscience de son indignité qu’il confesse : “Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit.“ Pas plus digne d’ailleurs si nous y réfléchissons bien quand, il y a deux mille ans, dans le petit village de Bethléem, Jésus est entré dans notre humanité.

Moi aussi Seigneur, je sais que je ne suis pas digne que tu viennes en moi ; je ne suis peut-être même pas digne de venir vers Toi, mais je sais que ta Parole abolit toute distance, et je sais que je peux toujours, toujours, aller vers Toi. Un mot, un seul mot, un mot de Toi, de là où Tu es, un mot de Toi pour moi, un mot pour ma famille, un mot dans cette église et ma vie, en Toi, à nouveau fera son œuvre.

Au moment où nous allons accueillir au milieu de nous, le Corps du Christ, au moment où nous dirons ensemble tout à l’heure : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir », demandons que notre cœur s’ouvre afin d’accueillir toute grâce de la part de Dieu !

                Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 2 décembre 2018, premier dimanche de l’Avent, année C.
Messe célébrée en l’église saint Vincent de Paul Père Patrick Gaso, curé.
Évangile selon saint Luc 21, 25-28.34-36. Livre du prophète Jérémie 33, 14-16. Psaume 24.
Première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 3, 12 à 4, 2.

 

Ces derniers jours, plusieurs questions intéressantes m’ont été posées !

L'Avent, pourquoi ?
Comment se préparer au mystère de Noël (différent de la fête de Noël) ?
Est-ce que Noël est encore une fête de famille ?

 

Avec la première bougie de cette couronne que nous venons d’allumer, commence, aujourd’hui, le temps de l’Avent – AVENT - et non AVANT ! L’Avent est, hélas !, devenu pour notre société et beaucoup de chrétiens, un “avant-Noël“. AVANT !

    Que voyons-nous autour de nous ?

Nous voyons un déferlement d’illuminations, d’incitations à acheter tout ce qui nous sera nécessaire pour un bon réveillon, une fête, des cadeaux plus ou moins onéreux : tout cela ne fait que renforcer cette impression. L’Avent serait donc un « marché vers Noël », plus ou moins religieux, mais assurément commercial !

N’est-il pas urgent de passer d’un « Marché de Noël » au « Mystère de Noël » ?

 En ouvrant la nouvelle année liturgique par ces quatre semaines de l’Avent (AVENT), c’est un tout autre message que nous recevons et que nous transmet l’Église. Oui ! Nous attendons la venue à nouveau du Christ ressuscité, la venue du Christ en Gloire ! C’est-à-dire : une attente au-delà de Noël. Oui, cela est vrai, il y a deux mille ans, dans le village de Bethléem, Dieu a pris notre condition humaine pour nous parler du Père, pour nous révéler que Dieu est plus fort que la mort. Il s’est fait « Petit enfant », tout comme nous ! Noël est le rappel de cet évènement extraordinaire !

Et pour nous ? Et après ? Qu’attendons-nous du Christ ?

Sommes-nous persuadés de son retour parmi nous ?

Les disciples, après l’Ascension de Jésus vers son Père, pensaient que le retour de Jésus parmi eux était une question de jours, de semaines, de mois. Ils étaient persuadés d’être entrés dans un Avent, c’est-à-dire dans une attente qui ne durerait que peu de temps.

Mais les années, puis les siècles passèrent. Et nous sommes toujours dans cette attente : nous sommes toujours dans l’Avent de la re-venue en Gloire de Jésus ! Il nous faut comprendre que le temps de l’Église est un temps de l’attente !

- Alors, quand cela se passera-t-il ? Dans combien de temps ? « Dans combien d’années ou de siècles vas-tu revenir Seigneur ? » Cette question restera sans réponse. C’est Jésus lui-même qui nous le rappelle : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l'heure ! »

- Alors, que devons-nous faire ?

Approfondir notre foi pour comprendre cela ! Déjà pour nous-mêmes ! Faire comprendre dans la confiance, ce mystère d’attente, autour de nous, à nos proches, à nos enfants ! Mais aussi, vivre ce temps ensemble : en Église, en communauté paroissiale ! Vivre ce temps de l’Avent en famille ! Vivre réellement ce temps qui nous est donné pour demander au Seigneur d’« affermir nos cœurs » (2e  lecture), et découvrir que ce temps est déjà un cadeau d’espérance !

 Chers amis, permettez-moi cette audace : je vous invite à vivre ce temps en Chrétien, et non de façon païenne ! À avoir l’audace de vivre ce temps autrement ! Un « Pas à pas… en Avent ! » Vivre ce temps à la maison, au Caté, en aumônerie, rejoindre la communauté chrétienne rassemblée chaque dimanche.

Et vous, chers Parents, je vous invite à faire le choix d’une réflexion pour permettre à vos enfants d’avoir un regard différent sur ce temps de l’Avent et de la Nativité :

  1. Attendre Noël à travers la liturgie et les textes en découvrant et méditant les textes bibliques lus pendant l’Avent
  2. Nourrir leur cheminement personnel et leur vie spirituelle avec des prières de l’Église et leur propre prière
  3. Comprendre que le chemin de l’Avent a des conséquences pour leur vie quotidienne
  4. Vivre un vrai temps de l’Avent en famille par diverses activités ! Voici quelques exemples qui vous sont proposés.

Je m’adresse à vous, maintenant, chers enfants !

Voici quelques petites idées que vous pourriez proposer à vos parents :

  1. Papa, Maman : expliquez-moi ce monde qui passe et ce Royaume qui vient. Si vous ne le savez pas, demandez-le !
  2. Papa, Maman : Ne faites pas passer vos cartes bleues au rouge ! Mais apprenez-moi à découvrir la joie simple et humble de la Nativité. Pas un « Noël paillette », mais un Noël ensemble et en famille, si cela est possible !
  3. Papa, Maman : donnez-moi cette chance d’entendre la Parole de Dieu, en nous lisant l’histoire de Jésus, son amour pour tous et son amour du Père, sa mission de nous sauver, tous, même si parfois je ne comprends pas tout !
  4. Papa, Maman : aidez-moi à vivre en chrétien. Construisons ensemble, une couronne, une crèche. Trouvez un petit coin tranquille dans la maison où nous le mettrons, où nous pourrons nous retrouver chaque soir pour prier avec un calendrier de l’Avent. ( Je vous propose d’aller voir sur le site de la Paroisse en page accueil. Vous y trouverez un tutoriel pour réaliser facilement en Famille, un beau calendrier de l’Avent.
POUR MA PART, JE VOUS SOUHAITE
UN SAINT ET UN MERVEILLEUX TEMPS DE L’AVENT !

 

 

Homélie du mercredi 28 novembre 2018, 34e semaine du temps ordinaire, année B.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Luc 21, 12-19. Psaume 97. Apocalypse de saint Jean 15, 1-4.

 

En écho à la fête du Christ Roi, la liturgie nous fait méditer, tout au long de cette semaine, un chapitre de l’évangile selon saint Luc ; chapitre où Jésus nous parle à la fois de l’avenir et aussi du temps présent.

Mais attention, ne nous trompons pas !

Si Jésus nous parle de sa venue, il nous fait comprendre qu’il est inutile de faire des plans sur la comète ou de faire une quelconque prévision. De fait, aucun calcul n’est possible ! Cependant, nous pouvons repérer trois certitudes qui ressortent clairement :

- La première est que l’histoire du monde, avec la venue de Jésus, est entrée dans sa phase définitive, même si celle-ci doit encore durer de longues années, voire même des siècles.

- La seconde certitude est que les consignes de Jésus, urgentes pour aujourd’hui, resteront valables jusqu’à la fin des temps. Il s’agit toujours d’espérer, de veiller et d’être fidèles.

- La troisième certitude : dire notre appartenance au Christ, dire que nous sommes chrétiens, être des témoins de Jésus, est un défi pour tous les temps.

Dans l’évangile que nous lisions hier et dont nous entendons la suite ce matin, Jésus annonçait de grands signes pour la fin des temps. Aujourd’hui, il envisage le temps de l’Église qui sera pour les disciples, le temps du témoignage et, peut-être celui d’un martyr : “On portera la main sur vous et l’on vous persécutera“ dit Jésus. “On vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaitre devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. “

Certes, les disciples seront confrontés à l’adversité à cause de mon nom, dit Jésus, c’est-à-dire, dans son langage : à cause de ce que je suis pour vous et pour votre salut. Et nous le savons bien : « Le disciple n’est pas au-dessus du Maître. »

Choisir d’être témoin de Jésus, annoncer sa Parole, c’est et sera un défi !

À l’époque des premiers chrétiens, il suffit d’évoquer le nom de l’empereur Trajan ou celui de Néron pour frémir aux souvenirs des horreurs perpétrées contre les disciples du Christ. Si vous en avez l’occasion, regardez cet excellent film qui s’appelle : “Paul, Apôtre du Christ“. Vous y verrez comment étaient traités les chrétiens dans les premiers siècles.

Aujourd’hui, ces persécutions continuent ! Il y a eu plus de martyres au XXe siècle que durant les dix-neuf siècles précédents de l’histoire de l’Église. Je ne sais pas si vous le savez ; et cela continue…

Les Paroles de Jésus ne visent donc pas un temps bien particulier de l’histoire mais toute l’histoire !

Alors frères et sœurs, n’ayons pas peur ! Ne craignons rien ! Ne rougissons pas de notre appartenance au Christ ! Croyons qu’Il nous donne déjà et continuera à nous donner sa Parole de sagesse !

Reprenons fièrement le flambeau de la foi missionnaire que nous transmettent les générations de témoins audacieux et courageux de l’Évangile !

Vivons simplement le temps présent en témoignant de notre foi, au cœur même de la société, de nos familles et auprès de nos amis ! Nous découvrirons alors le fruit que ces témoignages porteront, même si nous ne les verrons peut-être pas nous-mêmes.

Demandons cette grâce pour chacun de nous !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 26 novembre 2018, 34e semaine du temps ordinaire, année B.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Luc 21, 1-4. Psaume 23. Apocalypse de saint Jean 14, 1-3. 4b-5.

Ne me faites pas dire ce que Jésus ne nous dit pas : Jésus n’est pas contre la richesse, cependant l’évangile que nous recevons ce matin nous pose une question : que faisons-nous de nos biens ?

Gardons-nous de ne voir dans le passage d’aujourd’hui, presqu’anecdotique, seulement une anodine leçon de morale. Il ne s’agit pas d’entendre ici d’abord quelques conseils de modestie ou de générosité.

Comme toujours, il s’agit plutôt pour nous, de nous mettre en présence du Christ ressuscité, plus exactement du Christ Roi de l’univers que nous avons fêté hier, et que nous devons comprendre comme un Christ serviteur.

Le Christ Jésus est bien Roi de l’univers mais il n’est pas du tout roi à la manière de ce monde ; Il est un Roi serviteur !

Ce que nous entendons dans l’évangile d’aujourd’hui, c’est qu’il y a deux sortes d’hommes : ceux qui font semblant et ceux qui sont vrais, ceux qui sont dans l’apparence et ceux qui font le choix de la vérité. Ici, sans tambour ni trompette, la veuve de l’évangile, elle, ne fait pas semblant : en donnant ses deux petites piécettes, c’est sa vie qu’elle partage puisqu’elle donne, dans un geste d’une folle générosité, « tout ce qu'elle avait pour vivre. » À ce moment précis, cette veuve est la figure du Christ qui s’offre lui-même pour notre salut : « pour enlever les péchés de la multitude. » C’est cela qui est pointé par l’évangile ! Ce que nous devons retenir, c’est que cet évangile n’est pas une leçon de morale, mais bien une parabole de Pâques : l’annonce du salut et de la vie par le don gratuit de soi. Cela change tout !

Jésus est assis dans la salle des troncs du Temple de Jérusalem, Il est en train d’enseigner mais, en même temps, Il voit le fond des cœurs et discerne ce qu’il y a derrière les attitudes et les comportements. De fait, Il fait tomber les masques et sépare en nous, le vrai et le faux. Pour Lui, il ne s’agit pas de juger mais de nous faire grandir, pour nous amener petit à petit vers la Vérité, pour nous faire vivre sous le regard de Dieu et non sous le regard des hommes. Ce changement de regard est important car toute notoriété, tout prestige disparaitra au moment de notre mort ; nous le savons bien. Nous sommes faits pour être pour toujours avec le Christ, en vérité et sans masque ! Il nous demande de nous abandonner dans la confiance et la gratuité.

Il y a quelques jours, je lisais un article très intéressant du Père Ceyrac, Jésuite à Madras auprès des enfants des rues, cette phrase  très belle. Il disait : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu » ! Dans notre société de surconsommation, cela peut nous faire réagir, du moins je l’espère.

Frères et sœurs, en cette fin d’année liturgique, prenons le temps de méditer cet évangile où cette veuve met toute sa richesse en Dieu, faisant de sa vie une offrande et, sans doute, un sacrifice. Contemplons ce geste et demandons-nous, en cette semaine qui annonce le temps de l’avent, quel nécessaire est-ce que nous pourrions donner, de notre temps, de notre argent… ou peut-être autre chose, chacun selon son discernement.

Demandons cette grâce pour nous tous ici rassemblés, et plus largement pour nos familles, notre paroisse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 25 novembre 2018, Solennité du Christ, Roi de l’univers, année B.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Vincent de Paul par le Père Patrick Gaso.
Évangile selon saint Jean 18, 33b-37. Livre du prophète Daniel 7, 13-14. Psaume 92.
Apocalypse de saint Jean 1, 5-8.

Avec la directrice, le corps professoral, les familles et les élèves du Collège La Salle-l'Aigle, Mémoire de St Jean-Baptiste de la Salle (tricentenaire de sa mort).

Chers amis paroissiens, chers amis du collège La Salle-l'Aigle,

En cette année jubilaire du tricentenaire, nous rendons grâce à Dieu pour saint Jean-Baptiste de la Salle ; quand nous parlons de “tricentenaire“, nous fêtons les trois cents ans de son entrée au ciel, c’est-à-dire le moment où saint Jean-Baptiste de la Salle est mort et est monté vers le Père.

Depuis 1950, il est le patron mondial des éducateurs et des enseignants. Vous en voyez une très belle image projetée derrière moi où l’on voit saint Jean-Baptiste de la Salle en train d’enseigner dans une classe. D’une nature discrète, il laissera aux Frères des écoles chrétiennes et au corps enseignant, le soin de mettre en œuvre ses intuitions. De fait, son œuvre est remarquable ! Il a transmis le bon sens de ses vertus, l’audace de son ouverture aux plus pauvres (cela est important à son époque) afin que tous puissent recevoir une éducation complète, avec le génie de sa pédagogie. Nous savons bien que l’éducation reste un défi de chaque instant, tant pour les parents que pour les professeurs, les éducateurs, les enseignants (oh combien vous qui êtes ici, vous connaissez bien ces difficultés.)

À son exemple, saint Jean-Baptiste de la Salle nous invite à prier pour ceux qui ont la tâche enthousiasmante et parfois difficile, d’apprendre aux enfants à devenir libres en connaissant la vérité. Je dis cela en reprenant les mots du Christ.

La fête de ce jour, le Christ Roi de l’univers, nous invite pédagogiquement, à répondre à une interrogation. Sans aucun doute, vous avez chez vous un crucifix, quelque part dans votre maison. Peut-être aussi avez-vous remarqué s’il est un peu comme celui qui est projeté, qu’il y a au sommet de la Croix quatre petites lettres, un sigle : INRI. Je vous signale tout de suite qu’il ne s’agit pas du tout du nom de l’artiste … ni d’une marque de fabrique…

En majuscule, les lettres I et J s’écrivent pareillement. Savez-vous ce que ces quatre lettres signifient ? En faisant un petit sondage, je me suis aperçu que beaucoup n’en connaissaient pas le sens, ce qui me permet de vous l’indiquer. En réalité, ces quatre lettres sont un acronyme de l’expression latine : Jésus Nazarenus Rex Judaeorum, que l’on peut traduire en français par : Jésus le nazaréen, roi des juifs, ou encore Jésus le Nazaréen, roi des judéens.

Roi des Juifs, c’est déjà bien, et la fête d’aujourd’hui semble encore plus universelle puisque nous disons que Jésus-Christ est le Roi de l’univers. Voilà un titre qui ne manque pas de panache : Roi de tout l’univers ! Littéralement, Il est un “super, méga Roi“, au-delà de tous les pays, pourrait-on dire.

Mais voici que l’évangile de ce jour pourrait nous surprendre ; pourquoi ? Parce que pour illustrer la fête d’aujourd’hui, les liturgistes ne se seraient-ils pas trompés ? Les biblistes n’auraient-ils pas pu trouver un texte un peu plus glorieux à nous présenter que celui de la rencontre avec Pilate ? N’oublions pas le contexte de cette rencontre : nous sommes à quelques heures de la mort de Jésus en croix.

Alors : pourquoi un tel récit ?

Sans doute parce qu’il nous faut comprendre cette royauté au prisme de l’événement de la Passion. Nous ne pouvons pas faire l’économie du lien entre la Royauté et la Passion de Jésus, et comprendre sous le regard de la vérité, que cette confrontation avec Pilate, montre la Parole souverainement libre de Jésus. “Ma royauté n’est pas de ce monde“, dit Jésus.

Selon son habitude et sa pédagogie, Jésus reprend les mêmes termes que ceux de son interlocuteur, mais dans une pédagogie qui peut nous surprendre. Il nous invite, sans cesse, à aller plus loin.

Rappelez-vous !

- Déjà l’eau que Jésus proposait à la Samaritaine n’avait pas le même goût que l’eau du puits de Jacob.

- Déjà, les guérisons physiques de ceux qui rencontraient Jésus exprimaient aussi une guérison intérieure.

- Déjà, au moment de la Cène, en montrant les espèces du pain et du vin, Jésus désignait son Corps et son Sang.

 À chaque fois, nous sommes invités à faire un pas de plus pour reconnaître la vraie mission du Christ. Pourtant, les évangiles nous montrent que la foule des contemporains de Jésus était pressée de le nommer Roi temporel !

Oui Jésus est Roi, mais pas du tout comme les foules et le monde l’entendent !

Oui Jésus est Roi face à Pilate, mais les rôles sont comme inversés !

Pilate est Procurateur d’un des plus grands empires qui ait dominé le monde ! Pourtant là, Pilate est complètement dépassé et ne sait même plus comment réagir ; en réalité, Pilate n’a aucune liberté, et de fait, il n’a aucune autorité. Son pouvoir est soumis à des pressions, celles de Rome et de l’Empereur mais aussi à celles des puissants de Jérusalem.

En face de Lui, c’est bien Jésus qui parle avec autorité. Pourquoi ? Parce que Lui, Jésus est souverainement libre ! Il rend témoignage à la Vérité, son Royaume n’est pas à la mesure humaine.

Cependant, Jésus a manifesté chaque jour la force de sa Royauté ; comment ?

- Par des paroles de miséricorde,

- Par des exigences de vérité,

- Par des gestes qui soulagent et qui font vivre,

- Par le respect et la tendresse pour les plus petits.

- Par son émerveillement, sa confiance dans l’infinie bonté de son Père qui est maintenant “notre Père“.

Frères et sœurs, je vous invite vraiment à réfléchir et à percevoir comme ils sont dérisoires les symboles des pouvoirs terrestres ; qu’ils sont vains les hommes dans leurs comportements quand ils s’aveuglent sur eux-mêmes !

L’homme est-il libéré de cette vanité ? Hélas non ! Encore aujourd’hui, il nous faut comprendre que la confrontation, les affrontements avec les “pilates“ de toutes les époques ne sont pas terminés ; ils se poursuivront jusqu’à la fin des temps parce que le combat de la Vérité habite encore notre espace et notre temps : démocratie, monarchie, oligarchie… quelque soient les gouvernements, nous constatons que les royaumes de la terre sont encore faussés, soumis à des pressions, fragiles et les civilisations toujours mortelles.

Le vrai pouvoir n’est pas dans une couronne, mais d’abord dans le service pour l’autre.

Saint Jean-Baptiste de la Salle l’avait bien évidemment compris dans son attention aux plus jeunes, aux plus fragiles et aux plus pauvres. À nous aussi de le comprendre !

Oui ! Nous le savons bien : « Rien n’est reçu qui ne soit donné ! », rien n’existe pour soi sinon dans l’autre et pour l’autre et surtout : « Rien ne dure sinon dans l’amour ! »

Oui, le Christ est Roi parce qu’il est d’abord un Roi serviteur.

Il donne à chacun de ceux qui le lui demandent la force de lutter contre le Mal qui défigure notre humanité ; plus encore, Il donne à l’homme, c’est-à-dire à chacun de nous, sa véritable place et sa véritable mission.

Je voudrais ajouter une dernière chose. Ne l’oublions pas : depuis notre baptême, depuis que nous avons été baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, nous sommes prêtres, prophètes, et rois car nous aussi, et cela va peut-être vous surprendre, nous participons à cette royauté. Je pourrais appeler chacun de vous, très simplement : roi et reine, à l’image du Christ. C’est bien ce titre royal que nous pourrions porter nous aussi.

Frères et sœurs, rendons grâce pour le Christ, Roi de l’univers !

Frères et sœurs, rendons grâce pour ceux qui se mettent au service, en devenant serviteurs de ceux qui nous sont confiés !

AINSI SOIT-IL !

Homélie du lundi 19 novembre 2018, 33e semaine du temps ordinaire, année B.
Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue
Évangile selon saint Luc 18, 35-43. Psaume 1. Apocalypse de saint Jean 1, 1-4 et 2, 1-5a.

Pour ceux qui participaient à l’eucharistie hier et pour ceux qui ont entendu la première lecture de ce matin, vous pouvez constater que c’est le livre de l’Apocalypse qui va nous accompagner dans les jours qui viennent et tout au long de cette semaine. Ces textes nous introduisent à la grande fête du Christ, Roi de l’univers, qui dimanche prochain, marquera la fin de l’année liturgique. Ils nous invitent, d’une façon renouvelée, au nouveau temps de l’Avent.

Le mot “apocalypse“ a pris dans notre langage courant, le sens de “catastrophe“. Quand nous entendons parler de situations apocalyptiques, il s’agit souvent d’inondations, de tsunami, de crack boursier, d’une importante pandémie ou de guerre nucléaire… En fait, ce n’est pas tout à fait le sens juste de ce mot. Le mot “apocalypse“ signifie ici : “révélation“, découverte. C’est une révélation de l’avenir qui a déjà commencé au matin de Pâques.

Le livre de l’Apocalypse est un texte magnifique de l’Apôtre Jean. Peut-être certains d’entre vous l’ont-ils déjà lu ? Il peut ne pas être toujours simple d’accès. Jean l’a rédigé à la fin de sa vie, aux environs des années 100. Il est écrit sous la forme d’une lettre aux sept églises d’Asie mineure qui vivaient des moments difficiles en raison des persécutions romaines. Ce livre concerne d’abord des événements devant se produire non pas dans le futur mais dans l’immédiat. Cependant Jean les présente comme ceux qui arriveront à la suite de l’histoire et préfigurent la fin des temps.

L’auteur s’adresse aux églises d’Asie mineure mais aussi à chacun de nous ; il appelle à la constance dans la foi. Tant à l‘époque que pour nous maintenant, il y aura des épreuves qui seront à traverser. Il affirme tenir son message de la part de Dieu : “Celui qui est, qui était et qui vient“ ; littéralement de la part de Celui qui remplit intégralement notre temps humain ainsi que le temps de Dieu. Il écrit aussi de la part “des sept esprits qui sont devant son trône“ et de la part de Jésus qui a reçu l’onction, le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, le Prince des rois de la terre.

Cette brève introduction va nous permettre d’entrer dans le livre de l’Apocalypse, plus exactement dans le livre de la Révélation. Dans cette première vision est décrite la sublime majesté du Christ, pour nous donner plus de force et donner plus de force au message destiné aux sept églises d’Asie, mais plus largement, à toutes les églises, à toute l’Église.

Comme les Hébreux avec Moïse au Sinaï, Jean perçoit tout d’abord derrière lui une voix, comme un formidable coup de trompe, prélude à une grande manifestation divine. Elle lui commande de décrire sa vision pour la faire connaître aux églises. Se retournant, Jean voit sept chandeliers d’or. Ces chandeliers représentent les sept églises dont la lumière qu’elles tiennent du Christ, doit éclairer les hommes.

Le fait que ces sept chandeliers portent sept branches indique la perfection du message évangélique. Au milieu des chandeliers, apparaît comme un Fils d’homme ; c’est évidemment le Christ ressuscité qui, par la place qu’il occupe, manifeste sa relation intime avec son Église. Comme le dit saint Paul, le Christ et l’Église ne font qu’un : un seul corps.

Peut-être allez-vous me dire : voila des notions bien compliquées, surtout tôt le matin ! Mais pourtant, je vous invite, si vous en avez le temps et le désir à lire et relire ce livre de l’Apocalypse.

Peut-être avons-nous des difficultés à entrer davantage dans la Parole de Dieu, des difficultés à nous ouvrir au Christ ressuscité ? Peut-être avons-nous besoin d’une lumière… peut-être sommes-nous un peu aveugles ou aveuglés ?

La prière que nous pouvons avoir ce matin, en lien avec l’évangile de ce jour, comme cet aveugle mendiant de Jéricho est une demande : demandons la grâce de voir le plan de Dieu pour notre humanité.

L’ayant vu, l’ayant compris, mettons-nous à la suite du Christ !

Suivons le Christ car c’est bien Lui qui a les Paroles de la Vie éternelle !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 11 novembre 2018, 32e dimanche du temps ordinaire, année B.
Messe célébrée en la Basilique saint André par le Père Patrick Gaso, curé.
100e anniversaire de l’armistice en présence des représentants officiels.
Évangile selon saint Marc 12, 38-44. Premier livre des Rois 17, 10-16. Psaume 145.
Lettre aux Hébreux 9, 24-28.

Chers frères et sœurs, chers amis,

Les lectures que nous entendons aujourd’hui sont celles de ce dimanche ; peut-être pouvons-nous en tirer notre miel !

Gardons-nous de ne voir dans l’anecdote que nous rapporte l’évangile d’aujourd’hui qu'une anodine leçon de morale. Il ne s’agit pas d’abord ici d’entendre quelques conseils de modestie ou de générosité. Il s’agit plutôt de se mettre en présence du Christ ressuscité. La vie, l’expérience humaine, notre quotidien nous invitent à nous découvrir, nous invitent à nous déterminer :

Sommes-nous dans l’apparence ou sommes-nous dans la vérité ?       

C’est la question qui nous est posée ce soir.

L’évangile nous redit, certes avec des degrés, qu’il y a au moins deux sortes d’hommes : ceux qui font semblant et ceux qui sont vrais. Certains, par exemple, peuvent donner des sommes importantes pour lesquels on fait sonner les trompettes dans le Temple au temps de Jésus, mais qui, en réalité, même si cela reste honorable, bienfaisant, n’ont fait que céder une très petite partie de leur superflu. 

La veuve de l’évangile, elle, ne fait pas semblant : c’est sa vie qu’elle partage puisqu’elle donne, dans un geste d’une folle générosité, « tout ce qu'elle a pour vivre. » Jésus l’a vue, Il a remarqué son geste, certes anodin ; mais par là, elle est la figure même du Christ qui s’offre lui-même « pour enlever les péchés de la multitude. » Dans la première lecture que nous avons entendue, sur la parole du prophète Élie, la veuve de Sarepta, (encore une veuve) dans la confiance, ose accomplir une démarche semblable.

Ce que nous devons retenir, c’est que ces textes ne sont pas des leçons de morale, mais bien des paraboles de Pâques : l’annonce du salut et de la vie par le don gratuit de soi. Cela change tout !

Ce don peut-être imperceptible, peut passer inaperçu aux yeux des hommes, mais il est un don incroyable qui fait vivre quand on découvre l’offrande de soi ! N’oublions jamais que la résurrection du Christ est inséparable de sa passion. Elle en est la face lumineuse, car mystérieusement, seul ce qui est donné est sauvé ! Je lisais récemment, à propos du Père Ceyrac, Jésuite à Madras auprès des enfants des rues  cette phrase  très belle. Il disait : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu » ! Dans notre société de surconsommation, cela peut nous faire réagir, du moins, je l’espère.

Ce don de soi n’est jamais anodin ! Visible ou non, il concourt à la vie et nous invite au respect : c’est le papa ou la maman qui se donne totalement à ses enfants, c’est ce militaire qui risque sa vie, c’est ce gradé qui montre l’exemple, c’est un Arnauld Beltrame qui incarne cet idéal du dévouement, au prix de sa propre vie, c’est un Père Hamel, victime de la folie sanguinaire ! Connus ou non, ils sont nombreux à nous montrer un chemin !

Le souvenir de la Grande Guerre nous invite à la gratitude, à une reconnaissance de l’offrande vraie, envers tous ceux qui sont morts pour que notre pays reste libre et en paix. Nous ne devons jamais l’oublier ! La France continue de vouloir cette liberté et cette paix que nous savons toujours fragile et jamais définitivement assurée. Les événements récents nous montrent combien cette précarité est grande !

C’est toujours de ce don de soi que la paix devient possible ! La paix ne vient jamais d’une attitude de repli sur soi, d’indifférence envers les autres ou de peur, ou encore de découragement. Certes, il y aura toujours un combat, mais ce combat est toujours celui du don de soi.

La paix ne peut être ni égoïste, ni intéressée. Elle est au contraire la conséquence de relations gratuites, d’engagement de service, de décentrement de soi pour permettre à l’autre d’exister vraiment. La paix exige un don de soi durable, elle demande aussi de prendre sur soi. Peut-être y a-t-il à découvrir et à approfondir, pour les jeunes générations d’aujourd’hui, ce qui est le don de soi, pour le monde, pour notre société. Peut-être y a-t-il pour certains, une marche, une étape à franchir ?

« Telle qu’elle a été souhaitée, pour cette année, le sens de cette commémoration est aussi de rendre hommage aux combattants qui étaient pour l’essentiel des civils que l’on avait armés ». Quand on compte le nombre de morts, on est impressionné ; beaucoup, avant d’entrer dans le combat, n’avaient sans doute jamais touché une arme de leurs vies !

Monseigneur de Kerimel a exprimé son désir que nous fassions mémoire de celles et ceux qui sont morts durant cette guerre et dans les camps. En Isère, 20 prêtres, 14 grands séminaristes, et 9 petits séminaristes, ont été tués au combat, ou sont morts d’une maladie contractée au front.

Dans l’horreur des tranchées, « au plus près des hommes », ces aumôniers militaires, prêtres, séminaristes « sont venus apporter une lueur d’espérance et un maintien de dignité », une vraie fraternité. Fidèles jusqu’au bout à leur engagement, ils nous entraînent au don ultime, à un siècle de distance, au-delà des apparences et de la sauvagerie. Pour eux, la présence de Dieu en chaque homme est une évidence qui implique le respect de la dignité humaine et une fraternisation avec tous.

Encore aujourd’hui ce don de soi est visible, et j’ai la joie de le constater régulièrement à travers mille petits services qui sont rendus dans notre société ; ce don de soi est visible, au service d’hommes et de femmes, surtout vers les plus fragiles, les plus blessés, les plus démunis, quelle que soit leur nationalité !

Oui ! Nous entendons encore le cri de douleur de notre humanité souffrante. En ces temps troublés, il est essentiel de se souvenir que la Paix est un don que les hommes ne doivent jamais cesser de demander à Dieu ! Dieu y répond concrètement en suscitant en vérité, des hommes et femmes, artisans de Paix, de fraternité, de solidarité !

C’est la prière que nous pouvons avoir ce soir, ce week-end, afin que le monde puisse vivre véritablement dans la Paix que Dieu veut donner à chacun.

Puissions-nous, à notre niveau, être ces hommes et ces femmes, artisans de paix !

Ainsi soit-il !

Je ne sais pas comment vous “fonctionner“ mais, moi-même, lorsque je me lève le matin, j’ai parfois de drôles d’idées ! C’est ce qui est arrivé ce matin en me levant ; j’avais en tête cette question : le Seigneur va-t-il venir aujourd’hui ? Il faut dire qu’en me couchant, j’avais relu une dernière fois l’évangile (durant la nuit, le cerveau travaille…). Au lever, je me posais donc ces questions : est-ce que c’est le jour du Seigneur ? Est-ce que je verrai mon Seigneur face à face ?

Qui d’entre nous, ce matin, s’est levé en se disant que c’est peut-être aujourd’hui que le Seigneur va venir ? Pourtant, nous l’attendons bien ce Seigneur !

Au moins chaque dimanche, si ce n’est plusieurs fois par semaine, nous le chantons quand nous répondons au prêtre qui nous dit : « Il est grand le mystère de la foi ! » Nous répondons : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus. Nous célébrons ta résurrection ! Nous attendons ta venue dans la gloire. »

Avons-nous conscience de ce que nous chantons ou de ce que nous disons ? Nous attendons ta venue dans la gloire ; c’est-à-dire que tout notre être de chrétien est tendu dans cette attente, dans cette espérance ! Au fond de nous, nous la désirons ardemment et nous croyons que le Christ viendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Mais spontanément, peut-être répondons-nous aujourd’hui : « Oh, pas tout de suite Seigneur ! Attends encore un peu ! Pas maintenant !»

    Pourtant, chaque jour nous rapproche de cette heure qu’il ne nous appartient pas de connaître.

    Pourtant, nous devrions être prêt à accueillir notre Seigneur à tout instant.

    Nous savons que le Seigneur connaît bien le cœur de l’homme et il sait combien nous sommes éparpillés dans les multiples préoccupations qui nous sollicitent sans cesse. Même si nous sommes conscients intellectuellement que la venue définitive du Seigneur constitue l’événement vers lequel toute notre histoire et celle de l’humanité convergent, il est certain que nous nous ferons néanmoins surprendre car : “C’est à l’heure où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas. “ C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. D’où la nécessité de se tenir prêt !

    La question de Pierre est intéressante : “Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien est-ce pour tous ?“ Peut-être Pierre pense-t-il qu’ils ont tout donné pour suivre Jésus ; « Nous t’avons déjà donné notre vie, notre avenir : est-ce vraiment pour nous que tu dis cela ou est-ce pour les autres ? »

    Jésus répond : « Non ! C’est bien pour toi. C’est pour celles et ceux qui se sont donnés, qui se donnent chaque jour ! »

    Alors, frères et sœurs, comment faire pour vivre cette attente ?

    Tout d’abord, ne nous angoissons pas dans une fièvre stérile car je connais quelques personnes qui s’angoissent ou même qui sont saisis par la peur. D’autres peuvent craindre de ne pas être suffisamment bien, suffisamment parfaits ; c’est vrai, mais ça, le Seigneur le sait ! Cependant : « N’ayez pas peur ! » Le pire serait d’attendre sans rien faire, prenant l’attitude du schtroumpf grognon pensant que tout est foutu…

    Non ! Confiance nous dit le Seigneur. Confiance !

    Je suis certain comme nous le dit le psalmiste avec assurance : “ J’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut.“ Et encore, notre secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.

    Forts de cette certitude, n’oublions pas pour autant que c’est dans l’aujourd’hui de notre vie que le Seigneur veut nous trouver lorsqu’Il viendra. Nous sommes invités à vivre intensément chaque jour comme s’il était peut-être le dernier mais à accomplir en même temps nos tâches quotidiennes paisiblement, en nous donnant vraiment à celles et ceux que nous rencontrons, en étant vraiment impliqués dans notre société, dans l’Église, en assumant pleinement nos responsabilités familiales, professionnelles, sociales, fraternelles, en ayant le souci de nous former sans cesse pour pouvoir discerner, en gardant cette conscience vive que nous ne sommes finalement que les intendants d’un Maître qui peut survenir à chaque instant et à qui il nous faudra rendre compte.

    Frères et sœurs nous avons beaucoup reçu ; en avons-nous réellement conscience ?

    Nous connaissons la volonté de Dieu ; cette volonté est enthousiasmante : être avec Lui pour toujours !

    N’ayons pas peur ! Bien au contraire, soyons dans la joie, car un jour nous Le verrons face à face !

    Ainsi soit-il !

Peut-être pour les plus anciens d’entre nous, nous nous souvenons que parfois, et il n’y a pas si longtemps encore, dans les villages, un des notables du pays était sollicité pour faire un arbitrage. On allait trouver monsieur le maire du village, l’instituteur, le notaire ou le curé pour gérer un différent.

Sans doute est-ce donc le prestige de son enseignement qui vaut à Jésus cette demande un peu insolite : “Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage.“ 

Vous avez pu remarquer que Jésus refuse tout net de se substituer à un notaire, à un juge, ou à un quelconque notable ; selon son habitude, Il saisit l’opportunité d’élever le débat ; Il répond au niveau du sens même de la vie en précisant deux choses :

  • La première : « Gardez-vous de l’envie de posséder toujours plus, plus, plus ! »
  • La deuxième : vous le savez bien, notre avoir, nos richesses ne nous garantissent pas la vie.

Ces remarques semblent être du simple bon sens. Mais Jésus va un peu plus loin et, pour cela, Il raconte cette parabole du riche insensé. Il est important de souligner qu’il s’agit pour cet homme, d’une richesse honnêtement acquise ; elle est le fruit d’un travail, d’un savoir, la richesse d’un homme dont la terre a bien fructifié. C’est bien ! Jésus ne critique pas ce bien. Mais quelle va être l’attitude, le réflexe de cet homme devant la chance, devant cette surabondance inespérée ?

  • En premier lieu, il souhaite mettre à l’abri des aléas sa récolte: sécurité d’abord ! Il va constituer des réserves.
  • Un autre réflexe accompagne logiquement le premier : puisque le souci s’éloigne, la sécurité semble assurée, l’homme va enfin jouir de l’existence. Propriétaire de quantité de biens à sa disposition pour de longues années, il se dit : “Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.“Profite de la vie ! 

L’homme s’installe alors pour des vacances perpétuelles, avec une limite de temps, bien sûr….

C’est à ce moment-là que Dieu intervient : “ Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie.“Littéralement : « Tu es insensé, tu as perdu le sens, tu ne sais pas où tu vas, tu ne comprends pas. Ce que tu penses et dis n’a pas de sens ! » Pourtant, pourriez-vous me répliquer, le calcul de cet homme riche ne paraît pas si faux ! 

En réalité, l’essentiel de l’homme échappe à tout ce raisonnement : face à la mort, il n’y a de sécurité pour personne ; elle se présente, obstinée, inattendue, importune comme la limite absolue qui oblige à donner un sens à la vie, au travail, à toutes nos relations familiales, amicales, professionnelles.

Par cette parabole, Jésus vise ce réflexe d’accumuler des biens et la tentation de s’appuyer sur des réserves matérielles sans horizon, sans projet fraternel, juste dans l’idée d’une jouissance immédiate. Si l’on s’enrichit pour soi-même, comme le dit Jésus, on ne sera pas “riche en vue de Dieu“, rien de ce trésor ne restera et passera dans la vie définitive. Nous savons bien que tout ce que nous pouvons amasser en cette terre ne nous suivra pas au ciel.

Mais si un croyant s’enrichit en vue de Dieu, s’il met toutes les ressources et l’intelligence de son cœur au service du dessein de Dieu pour les hommes et les femmes de notre temps, pour le monde, sa gérance généreuse libérera son cœur et un vrai trésor d’amour l’attendra auprès de Dieu.

Je sais bien que les paroles de Jésus sur l’au-delà peuvent nous déranger parce que nous recherchons des choses concrètes et que nous avons du mal à imaginer et à comprendre une vie au-delà de notre vie terrestre. Il peut nous arriver parfois de nous attacher, de nous crisper sur tel ou tel bien…

Cependant, quelle chance ! Au milieu du tourbillon de vie de notre existence, au moment où nous sommes tentés de refermer nos mains sur l’immédiat, cette parabole nous permet de percevoir en nous la voix d’un Père qui nous murmure avec bonté, un profond amour et sans doute avec humour : “ Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie.“ Tu es fou ! Tu es folle ! Mon projet pour toi est bien plus grand que ce à quoi tu penses ! 

Je te propose un bien beaucoup plus précieux : être avec moi pour toujours !

Et cela, frères et sœurs, n’a pas de prix !

Ainsi soit-il !