Les Homélies de nos Prêtres

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Homélie du dimanche 19 mars 2023, 4e dimanche du Carême, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 9, 1-41. Premier livre de Samuel 16.1b.6-7.10-13a. Psaume 22.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 5, 8-14. Dimanche de Laetare.

 

En ce « Dimanche de joie », la liturgie nous présente un magnifique évangile ! Nous poursuivons cette catéchèse sur le baptême. Après l’épisode de la Samaritaine et de l’eau Vive, (dimanche dernier) nous venons d’écouter, pas à pas, scène après scène, le récit très coloré de la guérison de l’aveugle-né. Comme tous les miracles de Jésus, celui-ci est un signe, une invitation à approfondir quelle est sa mission : continuer l’œuvre de Dieu pour tous les hommes ! Nous pouvons comprendre qu’il est difficile de commenter un texte aussi dense que celui-ci en quelques minutes. C’est pourquoi je vous invite à relire et à méditer ce texte en vous laissant pénétrer par la Parole du Christ.

Cependant, en une petite phrase, la lettre de saint Paul aux chrétiens de la ville d’Éphèse, nous donne un axe dynamique de cette catéchèse ! N’oublions pas qu’elle s’adresse à tous les chrétiens donc aussi à nous qui avons reçu le Baptême. Saint Paul nous dit : « Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des enfants de lumière. » (Ep 5, 08)

C’est toujours ce passage des ténèbres à la lumière que nous sommes invités à redécouvrir, comme nous le vivrons ensemble, lors de la Vigile pascale, un passage de la nuit au jour, de la mort à la vie !

Rapidement, je vous propose de développer deux points de compréhension pour illustrer et mieux comprendre ce récit ! Il comporte plusieurs mots clés.

Premièrement : L’aveugle-né, enfermé dans sa cécité depuis sa naissance, représente d’une façon symbolique, l’humanité refermée sur elle-même par le mal et par le péché d’Adam et Ève. Il y a une analogie entre le début du livre de la Genèse et les gestes de re-création que fait Jésus.

Cette humanité sortie de Dieu dans toute sa beauté a été corrompue par l’Adversaire de Dieu, Satan ! Alors que dans ce jardin d’Eden, la rencontre avec Dieu était une douce relation d’amitié, la rupture - la séparation envers Dieu - a produit un fruit d'opacité.

Cependant, la personne humaine, créature intelligente, créée à l’image et la ressemblance de Dieu a été dotée de la liberté : une liberté qui lui permet, dans tous les cas, de rechercher son Créateur, de sortir des ténèbres et de désirer voir la lumière, car Dieu n’abandonne jamais sa créature ! Depuis cette rupture, l’homme n’a de cesse de retrouver cette union perdue avec Dieu.

Ainsi, si nous crions vers Lui, si nous Le cherchons vraiment, nous passons de la cécité intérieure à la lumière de l’amour véritable ! C’est l’expérience que Jésus va donner de vivre à cet aveugle-né en lui ouvrant surtout les yeux du cœur. 

 

Deuxièmement : Comment les yeux de l’aveugle-né s’ouvrent-ils ? 

C’est par des gestes que Jésus fait et les paroles qu’Il dit ! Ses gestes reprennent ceux que nous lisons lors de la Création dans le livre de la Genèse, lorsque Dieu crée l’homme à partir de la terre. Jésus, Lui aussi, fait de la boue, Il l’applique sur les yeux de l’aveugle et Il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé. »

Jésus n’est pas dans le discours, mais dans le geste qui relève et révèle Dieu présent dans le quotidien que nous traversons.

L’aveugle a donc senti la boue sur ses yeux, il a entendu les paroles de Jésus et en tâtonnant, sans rien voir, il s’est mis en route, avec foi, vers cette piscine, préfigurant l’eau du baptême. 

En l’envoyant à la piscine de Siloé, la Parole créatrice de Jésus le recrée, le refait, illumine sa foi ! À ce moment précis, Dieu fait irruption dans sa vie et, en vrai, le bouscule ! Cet homme devient l’envoyé (Siloé), témoin de la miséricorde de Dieu !

Une fois sa vision retrouvée, l’aveugle-né est confronté à l’aveuglement des autorités : les pharisiens le questionnent et ne veulent pas croire à son témoignage. 

Enfermés dans leurs lois et dans leurs règlements, ils refusent de voir l’action de Dieu dans cet homme. Même ses parents ne veulent rien voir et rien savoir !

 

« Voir » n’est pas seulement une fonction physique.

« Voir » est aussi une vision spirituelle, une vision qui envahit le cœur et l’intelligence. 

Cet homme que Jésus guérit n'est pas seulement entré dans la connaissance naturelle que donne la vue éclairée par la lumière. Il est entré dans la connaissance surnaturelle que donne le Christ, Lui qui est la vraie lumière venue en ce monde ! Sans doute savez-vous qu’on appelait le Baptême chrétien dans les premiers siècles de l’Église : une « illumination » !

Comme à l’aveugle-né, Jésus nous demande personnellement, à nous qui sommes baptisés : « Crois-tu au Fils de l’homme ? ». Si je lui dis : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus me répondra : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle ». À l’exemple de l’ancien aveugle-né, comme baptisés, nous sommes invités, avec les yeux de la foi, à proclamer notre Credo en disant, nous aussi : « Je crois, Seigneur ! ». 

Chers frères et sœurs, que nous soyons catéchumènes, au début du chemin, ou baptisés depuis de longues années, la foi en Dieu restera toujours un chemin bousculé par les fragilités, les aléas de la vie et par les contradictions du monde. Parce que nous sommes limités et pécheurs, les aveuglements nous guettent toujours ! 

Voilà pourquoi nous avons besoin de vivre notre foi en Église, ensemble, en communauté, pour nous soutenir et nous aider, pour nous porter dans la prière et pour discerner ensemble ce que nous pressentons de Dieu dans notre vie, d’entendre ses appels et avoir l’audace d’y répondre !

 

Finalement, que pouvons-nous retenir de ce 4e dimanche de Carême, dimanche de la joie ? 

  • Avouons-le, nous sommes parfois bien aveugles nous aussi... aveugles sur ce que nous sommes… aveugles aux autres... et bien aveugles sur la présence de Dieu dans notre vie !
  • N’oublions pas que notre re-Création n’est pas achevée, que le Seigneur a encore des « retouches » à faire sur nous !
  • Notre Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l´apparence, les diplômes, la beauté, l’éloquence ! Le Seigneur regarde le cœur !

Frères et sœurs, confions à Dieu Créateur notre désir de passer chaque jour dans notre vie, des ténèbres à sa lumière, d’aller au-delà de nos aveuglements… à la foi lumineuse et confiante en Jésus Sauveur !

Demandons cette grâce pour les baptisés que nous sommes pour notre assemblée, pour notre Église et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 5 mars 2023, 2e dimanche du Carême, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 17, 1-9. Livre de la Genèse 12, 1-4a. Psaume 32.

Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 1, 8b-10

 

Le 2e dimanche du Carême, c’est-à-dire aujourd’hui, nous entendons le récit de la Transfiguration. Son importance et sa mémoire sont signifiées dans les trois évangiles : saint Matthieu, saint Marc (9,2-10) et saint Luc (9,28-36).

L’épisode de la Transfiguration de Jésus se situe immédiatement après la profession de foi de Pierre et à sa réaction à l’annonce de la Passion de Jésus. 

C’est un épisode assez surprenant ! 

Jésus vient d’interroger ses Apôtres en leur demandant qui Il était pour eux. Pierre, courageusement, confesse qu’Il est « le Messie, le Fils du Dieu Vivant » (Mt 16, 16). Les Apôtres ont dit ce qu’ils croyaient, mais bien plus que ce qu’ils voyaient. La foi est bien de croire à ce que nous ne voyons pas !

Par ailleurs, quand Jésus leur a parlé de passion, de souffrance et de mort, les Apôtres se sont scandalisés. Au point que Jésus va traiter Pierre de « Satan » !

Alors, sur la route qui le mène à Jérusalem, Jésus fait une pause mémorable. Il choisit ces trois disciples qui un jour seront avec lui au soir de la Passion au Jardin des Oliviers. Et là, Il leur montre qui Il est en vérité. Il leur montre ce qu’ils ne pouvaient pas imaginer lorsqu’Il les interrogeait. 

Il leur montre sa vraie nature divine : Lui, la lumière née de la lumière, Lui, source de toute lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, Lui le Verbe de Dieu qui s’est fait homme, sans cesser d’être Dieu, comme nous l’entendons dans le prologue de saint Jean. 

Jésus transfiguré montre, du même coup, à ses disciples, ce à quoi ils sont eux-mêmes appelés : ils sont appelés à partager la gloire de Dieu ; eux et toute l’humanité. Car l’homme a été créé pour la lumière et non pour les ténèbres. 

En manifestant sa gloire cachée, Jésus révèle aux disciples qu’ils sont destinés, non seulement, à partager la gloire de Dieu, mais aussi à resplendir de sa lumière. 

Tel est le message que nous recevons au cœur du temps de ce carême. 

Alors que nous montons cahin-caha vers Pâque, alors que nous sommes dans des efforts de pénitence et la prière, alors que le doute parfois nous assaille et que des épreuves peuvent surgir sur nous de toutes parts, cette lumière divine vient conforter notre foi. 

Oui ! Le Transfiguré illumine notre route terrestre pour nous conduire à notre propre pâque. 

Il rend éblouissante notre humanité. Cette lumière, frères et sœurs, donne tout son sens à notre existence. Nous ne sommes pas faits pour la nuit ; nous sommes faits pour la lumière du jour, la lumière de l’éternité ! Aujourd’hui Jésus laisse éclater ce qui nous est promis et annoncé, comme un don inimaginable. 

Cette scène est donc comme un pivot : 

-         Il y un avant : toute l'histoire du Peuple de Dieu, la très lente démarche d’hommes et de femmes pour accueillir le message du Dieu Unique. C’est le rappel entendu dans la première lecture où Abram est invité à tout quitter pour suivre avec confiance, la promesse d’une vie nouvelle dans un pays que Dieu lui montrera ! 

-         Il y a un après : à partir de la montagne de la Transfiguration, Jésus marchera dans une confiance inébranlable vers Jérusalem, vers sa Passion, sa mort et sa Résurrection, invitant ainsi tout chrétien à recevoir la bénédiction promise vers un pays qui n’est autre que le Ciel ! Cette transfiguration donne le sens et le but de notre vie chrétienne. 

     

Cette pause sur le mont Thabor, n’est pas la fin, elle est un point d’étape nécessaire, une annonce à recevoir, un chemin à poursuivre !

Les trois disciples, Pierre, Jacques et Jean qui sont là, aujourd’hui, comme témoins de la transfiguration, seront ceux qui verront Jésus défiguré dans son agonie et sa passion, avant d'être les témoins du Seigneur ressuscité. 

Il nous faut comprendre cela pour nous-mêmes ! La vie chrétienne épouse en tout point celle du Christ ! Nous ne sommes pas au-dessus du Maître.

Un dernier point ! 

       Si les disciples sont témoins de cette transfiguration, c’est pour que nous nous souvenions que tous les baptisés - c’est-à-dire nous - ont :

  • tantôt le visage transfiguré, illuminé par l’amour partagé, le don de soi et la joie de l’évangile,
  • tantôt défiguré par la souffrance, les péchés ou encore les : « souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. » (2e lecture de la lettre à Timothée)

    Ce qui nous est demandé, ensemble, en communauté fraternelle, c’est déjà, humblement, de transfigurer le petit monde dans lequel nous vivons, là où nous sommes : notre paroisse dans sa réalité territoriale, mais plus intimement, nos familles, nos lieux de travail, de service, de loisirs… 

Ce dimanche de la Transfiguration me fait revenir en mémoire la bénédiction que nous avons reçue au premier jour de cette nouvelle année. Nous étions encore avec Jésus, enfant de la crèche, lumière du monde. 

Cette révélation de Dieu, cette lumière de Dieu, cette beauté de Dieu qui l’habite, Jésus ne veut pas la garder pour Lui. Il veut nous la communiquer, la partager, afin que rayonnant du visage du Christ, nous en soyons le reflet dans le monde. Cette même lumière et cette même bénédiction, nous les recevons encore et sans cesse !

Sans doute vous rappelez-vous ce passage du livre des Nombres (Nb 6, 22-27) ?

Que le Seigneur te bénisse et te garde,

Qu’il fasse pour toi rayonner son visage,

Que le Seigneur, te découvre sa face,

Te prenne en grâce et t’apporte la paix.

Chers amis, chers frères et sœurs, dans notre monde parfois en guerre et dans les ténèbres, que le Seigneur nous apporte la lumière et la paix !

Continuons ensemble ce temps du Carême !

                                                                                                                 

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du dimanche 26 février 2023, 1er dimanche du Carême, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 4, 1-11. Livre de la Genèse 2,7-9 ; 3,1-7a. Psaume 50.

Lettre de saint Paul aux Romains 5, 12-19

 

Les lectures de ce premier dimanche du Carême nous mettent en parallèle, deux tentations : celle des origines dans le jardin d’Éden et celle de la tentation de Jésus au désert. Dans ces deux cas, nous constatons que “l’aire de jeu“ de Satan est la même : tenter l’homme !

Le désert est, ce dimanche, le lieu de la tentation. Dans l’histoire d’Israël, on voit le peuple hébreu succomber plusieurs fois dans l’idolâtrie au cours de son séjour au désert. Rappelez-vous l’épisode du veau d’or ! Le désert est ainsi un lieu où se joue un combat réel, un combat entre Dieu et Satan, entre Dieu et l’Adversaire.

En se retirant au désert quelques jours après son baptême, Jésus accepte d’entrer dans ce combat contre l’adversaire, réussissant là, où Eve et Adam avaient cédé au vil tentateur. Après quarante jours, le combat survient et le récit nous raconte les trois approches choisies par Satan et le refus radical de Jésus de se laisser entraîner à mettre Dieu de côté. Rien ne pourra remettre en cause la fidélité de Jésus à son Père !

En fait, le combat ente Jésus et Satan nous ramène au moins trois tendances de notre nature humaine, sources d’innombrables déroutes, de conflits et de misères. Ces tentations sont toujours à l’œuvre en nous, aujourd’hui et Jésus les affronte parce qu’en Lui, c’est nous aussi qui sommes soumis aux avances tordues de l’Adversaire.

  • La première tentation est représentée par la faim. Le tentateur prend appui sur ce besoin inné dans l’humain pour le replier sur lui-même et fermer la porte au projet de Vie de Dieu, pour lui !
  • La seconde tentation fait appel à un orgueil démesuré, la vaine gloire, pour que Jésus se confronte à Dieu !
  • La troisième tentation est celle du pouvoir sous toutes ses formes, représenté par les « rois de la terre ».

Que retenir de ce récit ? Sans doute avez-vous déjà entendu plusieurs commentaires sur cet évangile. C’est pourquoi j’aimerais réfléchir avec vous, ce matin, de façon un peu différente. Avec les jeunes de l’aumônerie, nous avons pris le temps de discuter et de partager sur les actions de Satan, sur les tentations, celles de Jésus, les nôtres, sur la réalité du Diable ("existe-t-il vraiment ?" m’ont demandé les ados) ! Pour cela, nous avons lu et réfléchi en partant d’un livre : La Tactique du Diable (Lettres d'un vétéran de la tentation à un novice)

 

L’auteur, C S Lewis, est un professeur de littérature du Moyen Âge et de la Renaissance à Oxford, il est aussi un ami de J. R. Tolkien. Tous les deux sont catholiques pratiquants. Lewis est également l’auteur d’un ivre bien connu « Les chroniques de Narnia » qui jouit d'un immense succès auprès des enfants.

Ce livre : « La Tactique du Diable » est un recueil de lettres (qui sont des lettres de réponses) d'un vétéran de la tentation (un oncle qui est diable en chef) aux demandes de conseils d’un novice (son neveu qui est un apprenti diable). Ses demandes sont précises : détourner de Dieu, ceux que cet apprenti diable doit pervertir !

Ces lettres sont très intéressantes. Au début, on a peut-être un peu de mal à entrer dans la compréhension de ces échanges de lettres, puis à la lecture des conseils de l’oncle, on rit, enfin… enfin, on rit beaucoup moins, car nous nous rendons compte que ces lettres nous parlent de “moi“.

Ce livre détaille l’action du Démon dans notre vie. Nous sommes dans un vrai combat : un combat spirituel et un combat vital ! Dans cette bataille, les termes restent empruntés au vocabulaire militaire ! Par ailleurs, ce livre a été écrit en 1941.

Plusieurs pièges sont repérés.

I) Les pièges du tentateur :

  1. L’intox : il essaye de nous faire croire qu’il n’existe pas.
  2. Le camouflage : il se déguise en ange de lumière. Il travestit ce qui est mauvais, pour lui donner l’apparence de quelque chose de bon.
  3. L’anesthésie : il endort notre conscience.
  4. La propagande : il collabore à la diffusion des fausses nouvelles qui vont nous embrouiller.
  5. Les complices : il utilise le concours de nos passions, de nos mauvais jugements, de nos bêtises et il va s’en frotter les mains.
  6. Une stratégie multiforme : il s’adapte à chacun de nous.
  7. L’arme secrète du démon : le découragement ; on baisse les bras…

Alors, comment réagir, comment riposter ?

II) La riposte du chrétien :

1.     La conscience du danger : je sais que Satan existe et je sais qu’il veut agir dans ma vie.

2.     Le compagnon d’armes : Jésus est toujours à mes côtés et je sais que je ne suis pas seul !

3.     Les missiles : je torpille les slogans de Satan avec des versets de la Bible. C’est ce que fait Jésus, car à chaque tentation, Il va répondre par un verset de la Bible.

4.     Le contre-espionnage : je repère la stratégie de l’adversaire.

5.     L’entraînement : je tâche de me battre chaque jour contre mes défauts, et le temps du Carême est propice pour cela.

6.     Les offensives : je prends régulièrement la résolution d’attaquer l’ennemi sur l’une de ses positions.

7.     L’équipement : pour avancer, je m’allège par des jeûnes réguliers.

8.     Le moral : je demande à l’Esprit Saint d’entretenir en moi une âme de vainqueur, un moral d’acier ! Je le sais : Jésus a vaincu Satan !

9.     Le char blindé : je me blottis dans les bras de Jésus.

10.  La couverture aérienne : je vis à l’abri du manteau protecteur de Marie.

11.  Les alliés : je sollicite l’appui de tous les saints du ciel, de tous mes amis du ciel et de la terre pour que nous puissions ensemble, par la prière, mettre à terre le démon.

12.  La musique militaire : c’est en chantant les louanges de Dieu que je gagne toutes ces batailles.

Notons pourtant que ce Diable en chef (l’oncle du livre) doit bien avouer, mais à contrecœur, que tous les démons de l'enfer sont démunis face à l'amour inconditionnel de Dieu et à son inépuisable capacité à pardonner.

 

Chers frères et sœurs, le début d’un nouveau Carême est toujours une belle montée vers Pâques dans une profonde joie ; il est l’occasion pour nous, de comprendre comment être, nous aussi, vainqueur face à toutes les tentations de Satan ! C’est un combat quotidien, mais sans se décourager ! Si d’aventure, vous constatez qu’à un moment donné, c’est un peu plus difficile et que certaines choses vous posent problème ou se révèlent à vous avec force, pensez bien au Sacrement de Réconciliation qui est, pour chacun de nous, l’occasion de nous savoir pardonner et de repartir du bon pied et affermi.

Comme nous l’avons entendu mercredi dernier, le jour du Mercredi des Cendres,

« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » soyons persuadés que, parce qu’Il est vainqueur, Jésus est cette Bonne Nouvelle pour aujourd’hui !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 22 février 2023, mercredi des Cendres, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 6,1-6.16-18. Livre du prophète Joël 2, 12-18.

Psaume 50. Deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 20-6,2.

 

Chers Frères et Sœurs, nous allons vivre ensemble, en paroisse, ces quarante jours de Carême.

Ces quarante jours ne doivent pas être des jours de désolation ou de tristesse, mais plutôt des jours qui annoncent la joie et l’espérance ; ils nous redisent que nous sommes faits pour la vie et la résurrection ! 

Ils évoquent évidemment dans notre mémoire, le temps passé par Jésus au désert. Ce temps de 40 jours et de 40 nuits évoque aussi les quarante années passées par le peuple hébreu à travers le désert en chemin en chemin vers la Terre promise. 

La similitude des chiffres ne doit pas nous faire oublier la différence profonde entre ces deux temps dont l’Écriture garde la mémoire !

Les quarante ans de la traversée au désert sont un temps de purification destiné à faire surgir à nouveau, la foi du peuple d’Israël, après les différents moments où les Hébreux ont douté de celui qui l’avait sorti d’Égypte et où ils se sont retournés contre Dieu (rappelez-vous l’épisode du Veau d’or !). Cette génération pourtant, libérée de l’esclavage de Pharaon ne devait pas voir la Terre promise parce qu’elle avait douté de Dieu. 

Tel n’était évidemment pas le sens de l’épreuve vécue par le Christ, quand, après son baptême, Il est conduit au désert pour y être tenté. Nous aurons l’occasion, dimanche prochain, de méditer sur ces tentations de Jésus au désert, mais déjà, nous savons qu’il ne s’agit pas pour lui d’un temps de purification, mais plutôt au sens propre, d’un temps d’épreuve. Jésus sortira vainqueur de ces tentations en se référant à la Parole de Dieu, par sa fidélité de Fils à son Père.

De fait, les quarante jours que nous allons vivre évoquent aussi clairement ces deux réalités. Le temps du Carême sera un temps de purification et un temps d’épreuve, sans oublier que le Christ est vainqueur et qu’Il nous a sauvés. 

 

Prenons le temps de détailler un peu ces deux réalités !

1re réalité : c’est d’abord un temps de purification, pendant lequel nous sommes invités à nous reconnaître pécheurs. Le geste que nous allons faire tout à l’heure de recevoir sur notre tête - un peu de cendre - nous rappelle, avec évidence, les gestes pénitentiels de la Bible pour signifier le repentir. Mais n’oublions pas qu’à l’initiative de Dieu, il y a une libération de l’esclavage ! C’est donc un temps de conversion et de contrition ! Pour nous y aider, le sacrement de réconciliation est aussi un extraordinaire lieu de libération !

2e réalité : c’est aussi un temps d’épreuve pour la foi. Si nous sommes invités au jeûne et à la prière, ce n’est pas pour nous punir ni une recherche doloriste ni non plus pour donner un signe extraordinaire devant lequel tout le monde aurait à s’émerveiller. Nous ne sommes pas dans un ramadan chrétien ! Si nous jeûnons et si nous prions, c’est parce que le jeûne, comme la prière, est un acte de foi. Nous faisons l’expérience, en renonçant joyeusement à ce qui est superflu et qui nous encombre, que celui qui nous fait vivre, c’est Dieu Lui-même. 

 

Chers amis, entrons dans ce temps de carême, non pas dans la tristesse ou dans l’accablement provoqué par le marasme de notre société, mais dans la joie confiante de la résurrection vers laquelle nous nous avançons.  

Posons cet acte de foi que Dieu de miséricorde vient au secours de notre faiblesse. Aujourd’hui, dans tous les continents, dans tous les pays et avec toutes les communautés chrétiennes, c’est l’Église tout entière qui se mobilise pour avancer dans le chemin de la purification par des actes de foi sur le chemin Pascal.

 Pendant quelques instants de silence, prions dans le secret de notre cœur pour que notre démarche de ce jour porte encore cette année, un fruit nouveau. Ne mettons pas la barre trop haute ! Ne choisissons pas des objectifs intenables, mais des choix simples et réalisables : peut-être, prier le chapelet, lire quelques chapitres de la Parole de Dieu, rendre visite à des personnes isolées ou malades, vivre le sacrement du Pardon…

Dimanche prochain, lors de la célébration de l’Appel Décisif, notre évêque accueillera les futurs baptisés de la nuit de Pâques : accueillons dans la joie, les nouveaux frères et sœurs que le Seigneur nous donnera par le baptême !

 

Prions les uns pour les autres, les uns par les autres ! 

Beau et saint Carême à tous.

Recueillons-nous quelques instants dans le silence afin de nous préparer à recevoir les Cendres.

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 20 février 2023, 7e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 9, 14-29. Livre de Ben Sira le Sage 1, 1-10. Psaume 92.

 

Avec cet évangile, nous entendons un épisode plutôt compliqué de la vie de Jésus. On y trouve plusieurs thèmes : l’échec des disciples devant la maladie ; la guérison par Jésus de cet enfant possédé ; les reproches de Jésus aux disciples ; l'analyse de la déclaration du père de l’enfant malade et son acte de foi ; le rôle essentiel de la prière dans la guérison … 

Cela fait déjà beaucoup de thèmes différents, et il me semble ne pas avoir tout dit !

Mais ce récit nous invite à réfléchir tout particulièrement sur la foi. On rencontre cette notion à différents moments du passage. Jésus appelle les disciples : génération incrédule, le père de l’enfant malade implore l’aide de Jésus par ces mots : si tu peux quelque chose, viens à notre secours … À quoi répond Jésus : « Si tu peux !… » Tout est possible à celui qui croit. C’est alors que le père a cette prière insolite : Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi !

 

Frères et sœurs, à trois jours de notre entrée en Carême, c’est cet aspect particulier de la foi qui devrait nous éclairer. 

Très rapidement, je vous propose de reprendre quelques aspects de cet évangile ! Que s’est-il passé ? 

L'événement se passe après la transfiguration où les disciples ont vu la gloire de Dieu. Jésus était sur la montagne avec Pierre, Jacques et Jean. C’est en l'absence de Jésus, qu’un homme a prié les disciples de délivrer son fils possédé. Mais les disciples n'y sont pas parvenus. Ils n’ont pas eu assez de force pour chasser le démon, ou peut-être pas assez de foi ou de prière ? 

C’est à son retour que Jésus leur va reprocher leur manque de foi. En quoi les disciples ont-ils manqué de foi ? La suite du récit le dira.

Des précisions sont demandées au père du malade. Alors, il raconte à Jésus comment, depuis son enfance, un esprit mauvais domine son fils. Puis, il finit son intervention par une prière, une demande : si tu peux quelque chose, viens à notre secours … Cet homme mettrait-il en doute les compétences de Jésus ? Il faut dire qu’il a été refroidi par les disciples du Christ comme peut-être beaucoup de nos contemporains pourraient être refroidis par notre façon de faire, d’être, par nos manques d’action ou de foi… Jésus relève alors cette demande en interrogeant, en fait, la foi du père de cet enfant : Si tu peux !... 

Sans lui faire de reproches, Jésus veut faire réfléchir cet homme à ce sujet. 

 

Qu'est-ce que la foi ? Nous pensons habituellement qu'elle correspond à cette seule déclaration : je crois. Mais cette expression est l'affirmation de la croyance, non de la foi. Le croyant croit que Dieu existe, et souvent, ça s'arrête là. Vous savez comme moi que beaucoup de personnes en sont là ; posez des questions autour de vous et vous entendrez qu’elles croient que Dieu existe, mais elles n'ont pas de relations avec Lui.

Or, la foi est relation, la foi est contact, elle est lien, alliance avec Dieu ! La foi est un don qu’Il nous fait pour que cette relation se réalise ! C'est ce qu'exprime la prière du père de l'enfant une fois qu’il a compris : « Viens ! » dit-il. « Toi, Seigneur, viens ! » 

N’oublions pas que la foi vient de Dieu ! La foi, c'est être sûr de Dieu, ce n'est pas être sûr de soi, sinon cette "foi" nous pousserait à nous passer de Dieu. 

C'est pourquoi la foi se manifeste dans cette relation à Dieu, dans une relation de confiance.

 

Frères et sœurs, à quelques jours du début de ce Carême, posons-nous cette question : quelle est notre foi en Dieu ? Où en sommes-nous ? Où en suis-je personnellement ?

Bonne méditation !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 19 février 2023, 7e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 38-48. Livre des Lévites 19,1-2.17-18. Psaume 102.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 3, 16-23.

 

Chers amis, nous sommes à quelques jours de notre entrée dans le temps du Carême, un temps important et nécessaire, car il va nous permettre de nous préparer à cette très belle fête de Pâques ! 

Avec ce 7e dimanche du Temps « Extraordinaire de l’Ordinaire », nous terminons la lecture du chapitre 5 de l’évangile selon saint Matthieu qui a soutenu notre méditation depuis plusieurs dimanches.

Ce chapitre cinquième est à relire régulièrement, car il nous permet de mieux comprendre la pertinence de l’enseignement de Jésus. 

Les premiers versets de ce chapitre commencent par les Béatitudes dont on peut dire qu’elles sont la charte du chrétien qui fait le choix de suivre le Christ.

Après de vives discussions et controverses avec les pharisiens, ce chapitre se termine par une conclusion audacieuse qui est à la fois une invitation, une prise de conscience et un chemin : être parfaits comme notre Père du ciel est parfait.

Si ces versets de l’évangile nous troublent, nous provoquent, nous bouleversent, nous font réfléchir, c’est que c’est bien l’intention de Jésus de nous faire comprendre le sérieux de sa Parole et l’exigence de la Sainteté !

Jésus nous appelle donc à un choix de vie qui s’ouvre, encore une fois, à une conversion ! 

Littéralement, les comportements des disciples de Jésus ne peuvent se limiter à ce que font les païens et même les juifs pieux. 

Je vous laisse imaginer la surprise et les réactions des auditeurs ! Pas tant, à cette invitation à la sainteté, cat tous connaissent bien ce passage du livre du Lévitique entendu en première lecture : « Soyez saint ! » (Lévites 19)

Ce qui a de quoi surprendre, c’est cette injonction : « Aimez vos ennemis ! » ou encore : « priez pour ceux qui vous persécutent ! »

Jamais aucun prophète n’avait ainsi parlé… pour parler comme Jésus, soit il faut être fou…soit il faut être Dieu !

Même si la Loi du Talion (œil pour œil, et dent pour dentétait un grand progrès par rapport au cycle de vengeance sans fin de l’ancien temps, où la violence appelait la violence parfois même sur plusieurs générations, Jésus nous enseigne, avec des paroles d’une puissance extraordinaire, une tout autre Loi, celle d’une non-réplique : « et Moi je vous dis de ne pas riposter au méchant. » 

Déjà, Dieu dans la première lecture du livre des Lévites, nous exhorte à un amour du prochain. Ce soir, Jésus nous invite à faire un pas de plus vers la sainteté, qui nous ordonne de rejeter la haine, l’intolérance et la rancune.

Si les jours présents paraissent encore difficiles, où nous assistons, bien impuissants, à des guerres, des exodes, des attentats, des conflits… bref, à une escalade de la violence, c’est, hélas, toujours un même instinct sauvage qui prédomine ! 

Tout en n’étant pas dupe des intentions géopolitiques aux plus hauts niveaux des états, (intentions qui nous échappent ou nous désolent) l’invitation de Jésus, déjà à notre degré, est précise : si nous voulons vraiment ressembler à notre Père des cieux, nous devons nous interdire toute riposte qui serait conduite par la vengeance, la haine ou la violence. 

 « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Cette perfection à laquelle le Christ nous appelle n‘est autre que la Loi de l’amour.

Nous pourrions avoir tendance à penser que le Christ apparaît trop gentil, trop naïf ou doux rêveur lorsqu’Il prône l’amour des ennemis. Pourtant, les séries des tragédies humaines qui ensanglantent notre mémoire nous apprennent chaque jour, avec tristesse, que la rancune du cœur produit son fruit de malédiction … que la haine appelle la haine, que la violence appelle la violence, et cela  dans une suite sans fin.

Jésus nous exhorte à répondre par une attitude qui signifie que nous avons à renoncer à nous faire justice nous-mêmes, en laissant Dieu faire lui-même ce travail.

Il ne s’agit pas d’une démission ni d’une soumission servile, mais bien au contraire, d’actes de liberté positifs : « laisse ton manteau, fais deux mille pas avec lui, donne, ne tourne pas le dos. » C’est précisément en nous engageant ainsi à l’encontre de la violence, que nous sauvons notre liberté de toutes haines, de toutes colères et autres désirs de vengeance qui nous assaillent et nous poussent à une riposte qui ne ferait qu’amplifier le mal. 

L’attitude surprenante que Jésus nous invite à adopter (qui est d’ailleurs fondamentalement la sienne tout au long de sa vie, jusqu’au cœur de sa Passion) est la seule qui sauvegarde la possibilité d’un dialogue, qui permette à chaque instant de renouer des relations humaines, qui maintienne l’avenir ouvert. Il est intéressant d’entendre ce passage avant d’entrer en Carême !

Mercredi prochain, mercredi des Cendres, prenons le temps de relire ce passage de l’évangile de saint Matthieu. Jésus nous donne sept exemples concrets de comportements pour ses disciples, exemples qui peuvent être pour nous aussi durant ce temps du Carême :

  • ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre, 
  •  si quelqu'un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau, 
  • si quelqu'un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui, 
  • à qui te demande, donne, 
  • à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos,
  • aimez vos ennemis,
  • priez pour ceux qui vous persécutent !  

Ces exemples que Jésus nous donne ne se comprennent que si l’on se rappelle que le disciple est invité à imiter Dieu, son Père ! Frères et sœurs, ne croyons pas que ce soit hors de notre portée, de notre intelligence ou de notre agir ! 

Éclairer par l’Esprit-Saint, c’est ainsi que nous pouvons comprendre lorsque Jésus nous invite à agir comme le Père agit : « Vous donc, vous serez parfaits (vous serez saints) comme votre Père céleste est parfait (saint) ». 

 

C’est la grâce que nous pouvons demander en ce début de carême.

Prions les uns pour les autres ! 

Bonne méditation !

                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 13 février 2023, 6e semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 8, 11-13. Livre de la Genèse 4,1-15.25. Psaume 49.

 

La liturgie de ce jour nous invite à ouvrir le livre de la Genèse (4,1-15.25) sur la naissance de Caïn et Abel : l’un (Abel) devint berger et son frère Caïn cultivait la terre. 

« Caïn présenta des produits de la terre en offrande au Seigneur. Abel présenta les premiers-nés de son troupeau, en offrant les morceaux les meilleurs. Le Seigneur tourna son regard vers Abel et son offrande, mais il ne porta pas un regard sur Caïn. Caïn fut très irrité, et il montra un visage abattu… »

  Nous connaissons les versets suivants : « Caïn se jeta sur Abel, son frère et le tua … »

 

Ce texte est complexe, car chaque mot en hébreu a un sens très précis ! Impossible donc en quelques minutes, de rendre toute la richesse de ce texte ! 

             Un des accents que je choisis ce matin est mis sur le processus qui conduit au meurtre ! Le meurtre est le péché le plus grave que l’homme puisse commettre ! Notons que nous pouvons tuer de plusieurs façons, nous pouvons tuer le corps physique, mais aussi la personne morale, sociale ou toutes personnes dans sa dignité !

Sauf pour un homicide involontaire (c’est le cas d’un accident), il y a, à l’origine du meurtre, généralement un mauvais sentiment : la haine. Il s’agit d’un sentiment violent qui pousse à vouloir du mal à quelqu’un et même de se réjouir du mal qui pourrait lui arriver. La haine est très souvent fille de la jalousie, sentiment d’envie à l’égard de quelqu’un qui possède ce que l’on n’a pas ou ce que l’on voudrait avoir. Il n’est pas rare que ce sentiment ait pour commencement, un différent, une indélicatesse, une simple moquerie, une déception… ou simplement parce que l’autre me gêne !

Mais à l’origine du ressentiment, de la jalousie, ou de la haine, il y a surtout le mépris de Dieu.

Le meurtre de Caïn provient de la fermeture de son cœur à l’amour de Dieu, et cette fermeture le pousse à devenir jaloux ! Sa jalousie le conduit ensuite à la haine et la haine s’est matérialisée par le meurtre qu’il a commis.

Il y a donc une relation entre le refus de Dieu, la jalousie, la haine et le meurtre.  Avec Jésus, le péché doit se combattre dès le germe du péché : la haine est déjà le meurtre en puissance. Pour éviter de tuer, il faut donc d’abord éviter de haïr. « Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. » (Mt 5, 22). Saint Jean dans sa première lettre assimile même la haine au meurtre lorsqu’il affirme que : « Quiconque a de la haine contre son frère est un meurtrier » (1Jn3, 15).  

Vous allez me dire que : Moi, je ne suis pas un meurtrier ! Je n’ai jamais tué personne !

Pourtant, frères et sœurs, reconnaissons que très souvent, la jalousie et la haine sont des sentiments qui peuvent habiter ‘mon cœur’. Je peux avoir tendance à détester celles ou ceux qui réussissent là où j’ai pu échouer, ceux qui possèdent ce à quoi j’aspire. 

Envers tous ceux qui aiment et servent Dieu (littéralement, ceux qui ont une foi solide !) de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur force, de tout leur esprit, je peux ressentir parfois une envie, une défiance, une jalousie et je peux alors peut-être même les combattre, les dénigrer intérieurement.

Libérons notre cœur de cette jalousie ou de cette haine qui le ronge ! Avec la grâce de Dieu, le pardon véritable et l’acceptation de nos limites, nous pouvons entrer dans un processus salutaire de libération.

Voilà ce à quoi ce texte de la Genèse nous invite dans nos réflexions ce matin.

Comme chaque matin, je vous propose de prendre le temps de relire les textes de ce jour et de les méditer.

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 6 février 2023, 5e semaine du temps ordinaire, année A

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 6, 53-56. Livre de la Genèse 1,1-19. Psaume 103.

 

À différents moments de notre existence, nous sommes confrontés à la maladie, à la souffrance, pour nous-mêmes ou pour nos proches. La maladie et la souffrance provoquent en nous un sentiment d’impuissance et même d’injustice ! Elles peuvent parfois bouleverser nos vies, la nôtre, celles de nos proches, particulièrement la cellule familiale et amicale : pour nous encourager à donner de notre temps, soutenir les malades, être attentifs à leurs besoins, nous avons besoin d’aides, d’espérances, de soutien…

       Aujourd’hui, l’évangile de saint Marc que nous venons d’entendre, nous entraine à suivre Jésus à Génésareth où Il va rencontrer et guérir des malades et des personnes avec handicap qui ont besoin de sa présence.

        À l’époque de Jésus comme aujourd’hui d’ailleurs (les temps ne changent pas ce ressenti), les malades se sentent très rapidement mis à part de la vie des bien portants ; c'est pourquoi les liens de solidarité et tout ce qui permet aux personnes atteintes de maladie de se sentir écoutées, reconnues, aimées sont extrêmement importants. Les moyens actuels (un coup de téléphone, une petite visite…) sont plus faciles qu’à l’époque où il fallait aller à pied ou à dos d’âne pour les rencontrer.

Dans l’Évangile, nous voyons bien que toutes ces personnes qui ont besoin de guérison ne viennent pas seules : ce sont leurs familles, leurs voisins, leurs amis qui se mettent à plusieurs pour aller à la rencontre de Jésus ; car comme nous l’avons entendu, ces malades étaient déposés; ce qui signifie que quelqu’un les portait. 

Mais aujourd’hui, la personne de Jésus n’est plus aussi visible qu’à l’époque ! Sa présence est différente. C’est nous, ses disciples, qu’Il envoie dans le monde pour être ses mains, son cœur, sa tendresse pour refaire ces gestes de douceur.    

        La souffrance reste un mystère qui nous surprendra toujours ! Le Fils de Dieu fait homme n’a pas supprimé de l’expérience humaine, la maladie et de la souffrance ; mais en les assumant Lui-même, Il les transforme et leur donne une dimension nouvelle. 

       Le week-end prochain (dimanche 12 février) sera le « Dimanche de la Santé ». Avec l’équipe Diaconie et Soin, nous allons vivre un accompagnement particulier auprès des personnes malades de toutes sortes de maladies : physique, psychique…

       Ce jour-là, nous vivrons avec la communauté rassemblée un beau sacrement : celui de l’Onction de malades : Sacrement de paix, de courage, d’espérance… Bien sûr, il n’est pas magique, mais rien n’est impossible à Dieu !

L’Église reconnaît dans les malades, une présence spéciale, particulière, du Christ souffrant.

        Avec le Pape François qui nous y encourage, là où nous vivons, élargissons notre regard aux malades invisibles, immobilisés dans leurs chambres, dans leur maison de retraite, dans les hôpitaux et allons leur redire que c’est pour eux que Jésus est venu exprimer la tendresse de son Père pour chacun d’eux.

Frères et sœurs, dès maintenant, dans cette eucharistie, prions pour toutes les personnes malades ou fatiguées, que nous connaissons ou non, et pour toutes celles qui les assistent et qui les soignent.

Demandons pour chacun une grâce de paix et d’attention à tous !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 5 février 2023, 5e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 13-16. Livre du prophète Isaïe 58, 7-10. Psaume 111.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 2, 1-5.

 

La vie d’un prêtre est toujours une vie palpitante, pleine de surprises et de rencontres surprenantes et toujours intéressantes ! Il n’est pas rare que lors de ces rencontres, nous soyons interrogés sur des questions de société, sur la maladie, le monde, sur tout ce que nous vivons ! Beaucoup ressentent que le monde va trop vite et qu’ils n’ont pas le temps de réfléchir suffisamment à ce qu’ils font, pas le temps de profiter aussi de la beauté du monde. 

Souvent j’entends aussi cette question : quel est le sens de notre vie, de ma vie ? Pourquoi sommes-nous sur cette terre ?

Il y a une vérité qui nous échappe parfois, et pourtant … 

La vie est un cadeau ! La vie est un don ! Nous ne sommes pas à l’origine de notre vie ni de la vie sur terre. Ce n’est pas nous qui avons choisi de naitre dans tel ou tel pays ni à notre époque… Ce n’est pas nous qui avons créé le monde ! Nous recevons tout cela !

Le croyant dira avec foi : « Par Dieu, nous recevons tout : la Vie, le monde tel que nous le voyons et le vivons, le Salut, ce projet de vie, la Vie éternelle et les grâces nécessaires pour vivre chacune de nos journées. » 

Bien sûr et nous le savons, nos journées sont toutes différentes ; certaines sont très belles et d’autres plus compliquées. Ainsi va la vie !

Mais ce dimanche, ensemble, en écoutant la Parole de Dieu qui nous est donnée, je trouve que les textes nous parlent de nos actions ; littéralement de ce que Dieu attend de nous !

C’est un peu comme si nous était posée cette question : 

Qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Qu’est-ce que Dieu attend de nous ?

Peut-être nous sommes-nous déjà posé cette question ? Alors, pendant quelques instants, je vous propose d’y réfléchir ensemble !

La parole de Jésus est peu banale ; elle est même terriblement audacieuse ! 

Il nous dit « Vous êtes le sel de la terre. […]  Vous êtes la lumière du monde ». 

Vous êtes sel pour la terre, vous êtes lumière pour le monde ! Ce qui importe, c’est l’impact que nous pouvons avoir sur cette terre et notre monde. Tout seul, le sel ne sert à rien. Toute seule la lumière n’éclaire rien.

- Quelle est la fonction du sel ? Il met en valeur la saveur des aliments. Un plat sans sel est fade, sans relief. Le sel relève le goût d’un plat, il permet à tous les ingrédients d’enrichir les saveurs pour réjouir nos papilles. C’est étonnant : un peu de sel, et le repas est un délice. En même temps, trop de sel, et c’est immangeable. Pour être efficace, le sel doit être à la fois présent, mais bien dosé.

- Et quel est le rôle de la lumière ? La lumière révèle la beauté du monde.

Sans lumière le monde est le même, mais dans l’obscurité, on ne peut pas profiter de sa beauté, de ses couleurs, de sa profondeur. Si cette église était dans le noir, nous ne verrions plus rien : plus de visages, plus d’yeux qui brillent… La lumière nous montre combien cette église est belle et que vous êtes uniques ! La lumière révèle la beauté du monde.

Si Jésus nous dit : « Vous êtes le sel de la terre. […]  Vous êtes la lumière du monde ». C’est donc qu’il attend quelque chose de nous, quelque chose de moi ! Mais Il attend quelque chose de mesuré, à la fois fou et subtil, mais bien présent, pour que le monde ait du goût et soit lumineux !

Qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Qu’est-ce que Dieu attend de nous ? Avec une question pratique ; comment y arriver ? Quoi faire ?

 

Être sel de la terre et lumière du monde, c’est en fait, une mission essentielle que Jésus nous a confiée.

 En recevant du Cierge pascal, cette lumière lors de notre baptême, en l’accueillant, c’est une mission qui nous est confiée, une mission essentielle et, quelle que soit la puissance de notre lumière (ou du nombre de watts) ; peu importe, pourvue que la lumière soit !

En réalité, cette mission fondamentale découle des « cinq essentiels de la vie chrétienne » ! Ces cinq essentiels nous renseignent sur la vie chrétienne que nous avons à mettre en œuvre de manière équilibrée et vraie pour entretenir notre foi et être de vrais disciples. 

Ces cinq essentiels sont aussi le moteur de notre vie paroissiale ! Alors quels sont-ils ? 

Voici un rapide rappel, ce sont : la Prière, la Fraternité, le Service, la Formation et l’Évangélisation.

Dans lequel de ces cinq essentiels se situe donc « être sel de la terre et lumière du monde » ? C’est plus particulièrement dans l’évangélisation

  • La prière ? On connaît, on sait à peu près ce que c’est et comment ça marche ! Seul ou en communauté, c’est lire la Parole de Dieu, prier les uns pour les autres, les uns avec les autres, pour le monde ; ce soir, en étant réunis, nous faisons une prière communautaire. La prière, c’est aussi être familier de la Bible, seul ou à plusieurs et cela pour le monde. C’est bien ce que font les moines et les moniales, toutes celles et ceux qui sont consacrés comme les Clarisses, les Dominicaines, les Carmélites ou les Chartreux… et bien d’autres communautés en Isère.
  • La fraternité ? C’est presque naturel, c’est humain ! C’est reconnaître que nous, frères et sœurs en Jésus, et plus largement, nous en avons besoin. C’est cette fraternité universelle que les hommes de bonne volonté veulent partager !
  • Le service ? Oui, nous voyons bien de quoi il s’agit ; il faut parfois se forcer un peu, mais on y arrive ! C’est être attentif aux besoins, être à l’écoute de ceux qui nous entourent ! Ce n’est pas forcément simple dans notre société individualiste, mais dans notre paroisse, ce service est visible : je pense par exemple au service Diaconie et Soin avec ces visites aux malades ou dans les EHPAD ! Ou encore avec l’abri saint Luc dans l’accueil de femmes issues de l’immigration pour leur offrir pour quelques jours un lit, un peu de chaleur, un abri, un peu de nourriture !
  • La formation ? L’écoute de la Parole, nous l’avons tous déjà fait au moins un peu, nous avons quelques souvenirs du catéchisme, et nous écoutons bien à la messe, nous partageons la Parole en petits groupes, en fraternités locales… En même temps, nous sommes parfois bien démunis quand les questions sont plus précises ou incisives sur la Trinité, sur les sacrements ! Savons-nous répondre ?
  • Le dernier essentiel est l’évangélisation ! Cela peut évoquer une frilosité ou une réticence !  Pour certains, cela évoque des « gros mots » comme si cela était du prosélytisme, une conversion forcée, ou même de l’endoctrinement… Stop ! Évangéliser, c’est annoncer la Bonne Nouvelle ! Ce n’est pas donner des leçons de catéchisme à chaque personne que l’on rencontre. 

Évangéliser, c’est écouter, entendre le désir, c’est annoncer l’Évangile, qui veut dire bonne nouvelle à des personnes qui, bien souvent, sont en attente. Et cette bonne nouvelle c’est que Dieu nous aime et nous veut du bien. Il nous sauve ! Il a un projet de vie pour nous ! Il a une réponse à nos désirs les plus vrais. Combien de personnes sont un peu esseulées et en recherche !

Pour annoncer cette Bonne Nouvelle, il n’y a pas que les mots. Il y a notre vie entière : la façon simple et vraie de notre témoignage pour qu’il soit reçu !

Évangéliser, c’est témoigner du Christ en vivant, évidemment, ces cinq essentiels.

Alors oui, frères et sœurs, ne soyons pas quelconques, fades comme ceux qui sont sans espérance ! Ayons du goût ! Donnons du goût ! Reflétons la lumière du Christ ! Jésus ne nous a pas dit « soyez nombreux ! », mais plutôt « soyez le sel qui donne du goût, et la lumière qui rayonne ! »  Ne voyons aucune prétention dans cela, c’est le Christ qui le dit de nous !

C’est la petite quantité qui fait toute la différence. Nous le savons : quelques minuscules grains de sel répartis dans un grand plat, et c’est toute la nourriture dont la saveur est exaltée !

Ayons du goût ! Donnons au monde la lumière et le bon goût qui plaît à Dieu ! 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 30 janvier 2023, lundi de la 4e semaine du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 5, 1-20. Lettre aux Hébreux 11, 32-40. Psaume 30.

 

 

Avec un peu d’humour, le passage que nous venons d’entendre pourrait s’intituler : exorcisme à la baie des Cochons…

Nous découvrons, ici, quelle est l’autre rive que Jésus veut rejoindre (Mc 4,35). Il entre donc dans le pays des Géraséniens. C’est un pays qui ne connaît pas encore la révélation du Dieu unique. C’est donc un pays non-juif et païen, faisant partie de la Décapole ! La mention des porcs (animal impur) illustre déjà cette différence entre juifs et non-juifs. 

La décision de Jésus est très précise ! Il veut sortir d’un territoire bien connu et s’ouvrir à d’autres espaces, à d’autres populations pour annoncer la Bonne Nouvelle ! Or mystérieusement ici, il n’y aura pas ou très peu de paroles, mais une libération.

En le relisant, ce texte devrait donc nous étonner : Jésus, ne va-t-il pas là-bas pour « évangéliser » ?  Oui, mais à sa manière : évangéliser, pour Jésus, c’est d’abord de « libérer », de libérer de ce qui empêche de vivre : ce peut être l’oreille, les yeux, la bouche, le corps pour pouvoir entrer pleinement dans le message de salut. C’est pour cela qu’Il est venu comme Il le dit Lui-même : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie. » (Jean 10, 10)

La pointe de ce texte est donc la libération de nos multiples emprisonnements, de nos multiples enfermements !

Regarder et comprendre les emprisonnements qui peuvent aliéner l’humain : vivre dans des lieux de mort, être enchainé à… se faire mal à soi-même, être possédé par le mal. Être divisé à l’intérieur de soi : cet homme ne dit pas « JE », il est possédé par des contradictions où la vie se laisse vaincre par la mort.

L’action de la parole de Jésus porte des fruits de libération ! Les preuves en sont ces signes de la vie. Le texte nous en donne quatre : assisvêtusain d’espritêtre avec Jésus comme ce possédé, comme nouveau sens à sa vie.

Les habitants de la ville, eux, ne semblent retenir de ce miracle que la perte de leurs porcs ! Ils ne se réjouissent pas ! Pas de compassion particulière pour la guérison de cet homme possédé ni aucune curiosité à l’égard de Jésus !

Nous assistons alors à un double mouvement :

  • -       Les uns supplient Jésus de partir, qu’Il s’éloigne d’eux ! 
  • -       L’ancien possédé nous dit son désir de proximité avec Jésus ! 

À la demande des habitants, Jésus s'en va, mais Il laisse maintenant derrière lui un témoin.

En conclusion : Jésus a bien chassé le démon (ou la légion de démons) Il a bien libéré le possédé qui désire maintenant le suivre. Le mal a été balayé, réduit à l’impuissance par son autorité. Cependant, malgré le message d’espérance de l’Évangile d’aujourd’hui, une chose reste claire : 

  • -       Jésus ne forcera pas ceux qui ne veulent pas l’accueillir,
  • -       le rappel que la vie d’un homme est bien plus précieuse qu’un troupeau de porcs.

Bonne méditation !

Ainsi soit-il 

Homélie du dimanche 29 janvier 2023, 4e dimanche du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 1-12a. Livre du prophète Sophonie 2,3 ; 3,12-13. 

Psaume 145. Lettre de saint Paul aux Corinthiens 1,26-31.

 

Chers amis, nous connaissons bien ces huit « Béatitudes » ! Nous les entendons même plusieurs fois tout au long de l’année liturgique. Alors, ce matin, je vous propose un petit exercice : laissons-nous interpeller par les Paroles de Jésus au début de son « Discours ou sermon sur la montagne », des paroles fondatrices qui nous donnent ce qui, pour Lui, est l’essentiel de son message ! 

Ce qui nous frappe tout d’abord, c’est le caractère non seulement percutant, mais un peu à contre-courant de ces Paroles, comme le dit saint Paul quand il parle de la “folie de Dieu“. Peut-être sommes-nous conduits à nous poser cette question : comment peuvent-elles s’appliquer dans le concret, dans le quotidien de notre vie ? Oui, comment et pourquoi ?

En préparant cette homélie, j’ai relu la traduction de ce passage d’évangile par André Chouraqui ! C’est un spécialiste de la Bible, d’origine juive, qui nous en offre une lecture originale.

En effet, il n’est pas toujours simple de traduire de l’araméen, en grec puis dans la langue des différents pays, en français pour nous. André Chouraqui propose, dans une traduction littérale, le mot : « heureux » par : « en marche » au sens de se lever vers, de marcher avec confiance, dans une dynamique qui n’est statique. Quelle belle traduction qui nous donne le goût de relire ces huit béatitudes avec un regard nouveau.

 Relisons donc ensemble ces Béatitudes !

 

- En marche, les humiliés du souffle ! Oui, le royaume des Cieux est à eux !

L’humilité nous permet d’apprendre et donc de progresser. Être humble également, désarme l’hostilité. Nous pouvons entendre dans cette parole que l’humilité est ce qui nous permet d’avancer vers le royaume des cieux. Cela tient au fait que l’humilité, l’esprit de pauvreté, suscite la générosité, la solidarité, et l’entraide. 

 

- En marche, les endeuillés ! Oui, ils seront réconfortés !

Avec les endeuillés, il ne s’agit pas de mort physique, mais de donner une place à l’échec, à l’impuissance que nous vivons tous dans telle ou telle situation. Bien au-delà du précepte : « il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais », la vie est un don, un chemin, et une progression. Il ne s’agit pas de tout arrêter, mais de toujours repartir dans une espérance nouvelle, réconforté et soutenu par celles et ceux qui nous sont proches ! 

 

- En marche, les doux ! Oui, ils hériteront la terre !

Cela se prolonge avec l’évocation les : « doux », autrement traduit par les « bienfaisants ». Les doux hériteront la terre, autrement dit, ils ne mettront pas un terme prématuré à l’aventure; il y a comme une douceur du cœur qu’il nous faut avoir, contrairement à ce qui s’était passé (par exemple en Ex 16) après la sortie d’Égypte avec les Hébreux. Rappelez-vous, après avoir quittés Pharaon, la colère monte en eux contre Dieu. Ces colériques sont finalement morts dans le désert, sans pouvoir entrer en Terre promise. Les doux inscrivent leur action dans la durée contrairement aux colériques qui handicapent toute marche commune !

 

- En marche, les affamés et les assoiffés de justice ! Oui, ils seront rassasiés !

Peut-on passer sous silence la question de toutes sortes de discrimination ? Peut-on passer sous silence les distances abyssales entre les écarts sociaux, la qualité de vie, et même l’urgence sociale, quand on a faim et soif de justice ? La justice n’est pas l’égalitarisme. Ce qui est juste doit être pensé déjà, au regard des responsabilités individuelles et de ce qui est juste pour vivre : être rassasié, ce n’est pas non plus être gavé, mais avoir ce qui est nécessaire pour vivre. Comment agir dans un monde qui connaît le prix de toute chose, mais qui compte pour rien les valeurs aussi importantes que la vie, la vie naissante, la dignité humaine, l’accompagnement des personnes âgées et même le don de soi ?

 

- En marche, les miséricordieux !  Oui, ils obtiendront miséricorde ! 

Les miséricordieux sont ceux auxquels il sera fait miséricorde : cela pourrait donner l’impression d’un « retour sur investissement » qui s’éloigne de la grâce du pardon qui est une dynamique du don ! « Je te pardonne, tu me pardonnes… c’est bon ! On est quitte ! » Si nous espérons être au bénéfice de la miséricorde, alors c’est la miséricorde qui doit nous animer au fond de nous-mêmes. Certes, il y a ici une logique d’équivalence en termes d’éveil ; (par exemple en Mt 13,18) rappelez-vous l’image de la parabole du Royaume qui raconte qu’un semeur est sorti pour semer, et cela sans calculer. Non cette image de la miséricorde n’est pas un investissement limité, ciblé uniquement sur de bonnes terres, ce qui reviendrait à aimer seulement ceux qui sont aimables : Dieu a semé à tout va, sans distinction de terres ! Dieu veut faire miséricorde à tous !

 

- En marche, les cœurs purs ! Oui, ils verront Dieu !

Refuser les pensées mauvaises, le machiavélisme, la manipulation, les rumeurs, voilà ce qui caractérise les cœurs purs. Les cœurs purs sont ceux qui ne font pas écran à l’amour divin, mais qui lui sont perméables. Les cœurs purs ne cherchent pas à garder pour eux l’amour qu’ils ont reçu. Ils diffusent ou irradient l’amour de Dieu sans calcul et peut-être même sans s’en apercevoir ! Peut-être avez-vous déjà rencontré une personne qui, tout naturellement et sans calcul, dit quelque chose de l’amour de Dieu : il en vit et le communique !

 

- En marche, les faiseurs de paix ! Oui, ils seront criés : fils de Dieu !

Est-il besoin de dire que tous les conflits sont des facteurs de drames dans toutes les sociétés ? Les artisans de paix, les médiateurs, les conciliateurs sont autant de personnes qui vont essayer d’éviter les conflits, les tensions, et même les guerres… Loin de refuser les difficultés ou un statu quo, les faiseurs de paix, à la ressemblance du Christ, les fils de Dieu, sont ceux qui créent les conditions pour rendre notre monde plus vivable et plus juste.

 

- En marche, les persécutés à cause de la justice ! Le royaume des Cieux est à eux !

Cette béatitude peut nous troubler ! Voilà à nouveau cette question de la justice aux risques d’être persécutés, au nom de Jésus ! Il ne fait pas toujours bon de dénoncer le mal et d’oser dire la vérité. Va-t-on cesser de tuer le messager ? Non, hélas ! Bien des prophètes, bien des témoins ont été et seront encore persécutés ! Mais frères et sœurs, peut-on se taire pour autant et se croiser les bras ?

Chers frères et sœurs, les Béatitudes constituent donc un programme, un chemin, une clé de lecture, une route pour notre vie… très opérationnelle pour repenser notre quotidien aussi bien dans notre vie sociale, professionnelle ou paroissiale. 

Confrontés à notre réalité, nous pouvons découvrir que les Béatitudes peuvent être à la fois un horizon et un chemin toujours praticable qui nous permet de réinvestir notre présent avec cet élan de grâce qui rend notre humanité plus humaine et plus proche de la Création, telle que Dieu la créée !  

 

Prenons le temps, durant cette journée, de relire ces huit Béatitudes, de les faire nôtres ! 

Demandons la grâce au Seigneur de suivre le même chemin que Lui !

En marche, frères et sœurs !        

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 23 janvier 2023, 3ème semaine du temps ordinaire, année A.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Marc 3, 22-30. Lettre aux Hébreux 9,15.24-28. Psaume 97.

 

L’évangile de ce jour nous parle d’esprit impur, de Satan, du diable, du démon : la Bible désigne par bien des noms celui qui était le premier parmi les anges de lumière. Ne l’oublions pas : il y a eu révolte et sécession !

Pour désigner le diable, il existe différents noms que nous avons tendance à employer de manière indifférenciée sans trop savoir ce qu’ils signifient, ni à quelle réalité ils appartiennent. L’étymologie de ces noms, issus des Écritures, nous permet de comprendre qui est Satan et quelles sont ses intentions.

Voici les différents noms du diable et leurs différentes significations :

  • ·      Satan : Adversaire ou accusateur, le trompeur.

  • ·      Diable : Diabolos, celui qui divise, le séparateur

  • ·      Démon : c’est un Esprit mauvais et impur qui vient parfois habiter, occuper ou posséder ,

  • ·      Lucifer : Ce nom n’est pas directement dans la Bible ! « Le porteur de la lumière »! Il a été jeté du ciel à cause de son péché, parce que, dans son orgueil, ange rebelle a voulu être comme Dieu.

  • ·      Beelzeboul signifie littéralement « seigneur du fumier ». C’est une allusion à Baal, la divinité phénicienne et philistine dont l’idolâtrie est décriée par les prophètes bibliques. Dans l’Ancien Testament, Baal est une idole, il incarne le faux dieu par excellence.

     Il est intéressant, pour aller un peu plus loin, de relire le premier livre de la Genèse. Il y eut, aux origines, une tentation et un mensonge irrémissible qui sera lourd de conséquences : celui de Satan, dont Jésus dit qu’il « est menteur et père du mensonge » (Jn 8, 44). La conséquence sera cette coupure, cette rupture de la relation vraie, simple et quotidienne de Dieu avec Adam et Eve. 

Alors, à quel jeu pervers se livre Satan ? Il s’efforce d’instiller dans l’esprit de la femme (et plus largement dans l’esprit de chacun) une idée fausse, une idée… satanique. Dieu vous trompe : ne l’écoutez pas ; mangez de ce fruit et vous serez comme des dieux… Satan veut prendre la place de Dieu et nous entrainer avec lui. 

Mettre Satan à la place de Dieu, faire croire que l’action de Jésus est due au diable, nier l’Esprit de vérité par lequel Jésus accomplit sa mission : n’est-ce pas ce que font les scribes et les pharisiens ? « C’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. »

C’est là une démarche satanique qui enferme l’homme dans une prison de ténèbres et l’empêche de reconnaître et de s’ouvrir à la source qui illumine et purifie, c’est-à-dire de s’ouvrir à Dieu Lui-même.

Nous arrive-t-il d’être nous-mêmes tentés par le diable ? Oui, Jésus Lui-même, bien qu'il soit Dieu, a été tenté par le diable. La réaction de Jésus doit être pour nous un exemple : sans se laisser prendre aux pièges de séduisantes et perfides paroles, Jésus a été entièrement fidèle dans un chemin d’obéissance à son Père, dans la confiance en son amour… 

Ne l’oublions pas Jésus est parfaitement vainqueur du diable à la croix, vainqueur de toutes nos « transgressions »(He 9,15), pour notre salut ! Nous sommes, nous aussi, invités à la confiance, à la fidélité dans l’amour de Dieu.

Quelles sont nos armes ? La prière, le chapelet, la lecture de la Parole de Dieu avec fidélité, recevoir et vivre le sacrement de réconciliation de façon régulière : autant de moyens concrets que le Seigneur nous offre afin que nous soyons vainqueurs de celui qui est le père du mensonge.

Demandons cette grâce pour chacun de nous ; sans aucune crainte et sans compromissions, faisons confiance à Dieu en toutes choses !             

                                                    Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 22 janvier 2023, 3ème dimanche du temps ordinaire, année A.

- Dimanche de la Parole -

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 4, 12-23. Livre du prophète Isaïe 8,23b à 9,3. Psaume 26.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 1,10-13.17.

 

Frères et sœurs, je ne doute pas un seul instant que vous soyez des familiers de la Parole de Dieu et que vous preniez plaisir à la goûter, car c’est une Parole qui donne vie ! 

Nous sommes pratiquement au début de l’évangile de saint Matthieu et, sans doute, connaissez-vous les expressions « vie cachée » et « vie publique » deux expressions qui désignent les deux étapes de la vie de Jésus. Effectivement, pendant trente ans, plus ou moins, mystérieusement sa divinité est restée cachée. Il était simplement un habitant comme les autres de la petite bourgade de Nazareth, le fils du charpentier Joseph et de Marie. 

Sa vie publique commence à partir du moment où Jésus quitte Nazareth et s’en vient à Capharnaüm.

Le Baptême qu’Il vient de recevoir (entendu quelques versets avant), onction de la part de Jean-le-Baptiste, vient lui révéler qu’Il peut se dire le Fils de Dieu comme l'Esprit le lui a fait connaître. Plus encore, les cieux se sont déchirés et la voix de Dieu, son Père, a résonné en affirmant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve toute ma joie ! »

L’évangile d’aujourd’hui, en saint Matthieu, nous fait donc connaître l’endroit où Jésus a commencé sa vie publique. Le choix qu’Il fait de s’installer à Capharnaüm est des plus intéressants et même programmatique de sa mission. 

Peut-être avez-vous eu cette grâce de faire un pèlerinage en Terre sainte et sans doute avez-vous visité cette ville ? On peut y voir la maison de saint Pierre telle qu’elle a été préservée dès le 3e siècle. Cette ville de Capharnaüm qui aujourd’hui est en ruine, mais qu’on visite avec émotion, était au temps de Jésus un véritable carrefour de commerce et d’échanges. Cette ville était très cosmopolite. 

On l'a appelée le « rendez-vous des nations ». Outre les juifs, des Romains, des Syriens, des habitants de la Cisjordanie, de Sion et du Liban… beaucoup de personnes y venaient pour commercer et même certains s’y établissaient. Ce qui fait que nous sommes très loin de l’atmosphère qui régnait à Nazareth, petite bourgade juive où tout le monde se connaissait et où la vie se déroulait sur un rythme marqué par les fêtes juives. Capharnaüm vivait sur une dynamique bien différente. Il y avait sans doute aussi, plusieurs temples voués à différentes divinités. De fait, cette ville devait être un “sacré bazar“ d’où l’expression qu’employait parfois ma maman en entrant dans ma chambre : « c’est un vrai capharnaüm » !

Jésus est conscient de cette diversité ; plus encore, Il la recherche, car elle est aussi pour lui une chance. Il veut porter le message qui est en Lui à toutes les nations. Il se présentera comme Celui qui est attendu par Israël, le Messie, mais déjà, dès les débuts de sa prédication, son regard se porte plus loin, aux périphéries, vers les nations païennes. 

Jésus commence donc sa vie publique sous le signe de l’ouverture, des défis de la rencontre, de la diversité et de l’annonce d’un Royaume différent des autres royaumes de la terre. 

Voilà  rapidement, le portrait de Jésus qui nous est donné ce dimanche. 

À ce portrait de Jésus, s’ajoute une action remarquable qui nous est racontée dans la seconde partie de l’évangile. Il s’agit du récit de la vocation de Pierre et André, de Jean et Jacques, tous deux fils de Zébédée, quatre pêcheurs dont Il fera des « pêcheurs d’hommes ».  

Ce qui est à retenir ici, au-delà de l’appel auquel ces quatre premiers Apôtres répondent avec empressement en abandonnant tout sur le champ, c’est le fait que Jésus décide de les associer à dès le début de sa mission. Jésus, au lieu de se lancer dans sa prédication seul sur les chemins de la Palestine, Il se liera avec ces premiers Apôtres qui seront accompagnés par la suite d’autres Apôtres pour former le groupe des Douze, mais aussi de disciples, hommes et femmes, qui vont le suivre tout au long de son ministère. 

Ce qui est remarquable également, c’est que Jésus n’a pas choisi des gens instruits, des savants ou des riches. Il arrête son choix sur des petits, des pêcheurs, comme plus tard sur un collecteur d’impôt, Matthieu (Marc 2, 13-17), puis sur des amis de ceux-ci, et même des pécheresses comme Marie-Madeleine ou Marie de Magdala (Luc 8, 2), sur des laissés pour compte. Il n’avait pas devant Lui des gens exceptionnels selon les critères mondains d’aujourd’hui.

C’était les représentants d’un monde bien ordinaire qui L’entouraient, mais ce qui est constant et frappant chez ces personnes, c’est leur attachement à JésusIls ont foi en Lui. « À qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle ? »dira saint Pierre à Jésus un jour où presque tout le monde le quittait (Jean 6, 68). Ce choix de Jésus illustre déjà l’essentiel de sa mission, choix qu’Il résumera dans cette phrase capitale : « le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19, 10). 

Sommes-nous persuadés que, sans le Christ, nous sommes perdus ?

 

Frères et sœurs, accueillons aujourd’hui le rappel des débuts de la vie publique de Jésus en nous laissant, nous aussi, habiter par un réel désir de Le suivre comme les premiers Apôtres, le désir de nous laisser « interpeller » par Lui. 

Redisons : « oui, j’appartiens au Christ et je ne veux pas de division en moi ! »  (1 Co 1,12) C’est Toi, Seigneur, que je veux suivre ! 

Demandons à l’Esprit Saint de renouveler notre ardeur et notre désir de témoigner de Jésus dans un monde qui a bien besoin de son message d’amour, d’unité, de confiance et de miséricorde. 

Frères et sœurs, voilà ce que nous recevons aujourd’hui, de la Parole de Dieu ; c’est un véritable trésor qui nous est offert ! Alors, prenons le temps de la parcourir, de la méditer, de la goûter et de nous en nourrir ! Laissons-nous habiter par elle et, par notre vie, notre façon d’être, nous transmettrons un peu de cet amour du Christ !

Rendons grâce à Dieu !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du vendredi 20 janvier 2023, vendredi de 2e semaine du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 3, 13-19. Lettre aux Hébreux 8, 6-13. Psaume 84.

 

Lundi dernier, je vous ai fait une introduction à cette lettre aux Hébreux. Je vous propose de revisiter ce matin, pendant quelques instants, cette lettre que je vous ai invité à lire en entier en demandant l’aide de l’Esprit Saint ! 

Dans le passage de ce jour, il est question d’Alliance(s) avec Dieu !

Celui qui a été un médiateur de l’Alliance faite avec les fils d’Israël, c’est Moïse. La relation de Dieu avec Moïse a été particulière et ponctuée d’événements comme celui du buisson Ardent, de la Tente de la Rencontre, des 10 commandements…

Mais cette alliance ne leur a pas donné la liberté de s’approcher de Dieu. Ils ont été tellement effrayés au mont Sinaï, qu’ils ont demandé à Moïse d’être un intermédiaire, pour ne pas entendre Dieu leur parler directement (Exode 20. 18-21). Cela peut paraître paradoxal, mais il y avait une crainte ! Cette crainte n’a pas duré longtemps, puisque dès qu’ils ont eu la Loi, ils l’ont transgressée, alors qu’ils s’étaient engagés à la respecter. 

Une nouvelle Alliance était donc nécessaire, pour l’accomplissement des promesses de Dieu. Peut-être vous posez-vous cette question :

 

Qu’est-ce qu’une alliance biblique?

C’est une relation au sens fort, un contrat, mais aussi un don, un arrangement entre deux parties : en l’occurrence, entre Dieu et un groupe de personnes. Ces deux parties ont alors des obligations à respecter.

L’alliance est toujours proposée par Dieu, qui assume ses obligations de plein gré. L’homme les reçoit comme prescrit par Dieu. L’obéissance à Dieu et aux commandements de Dieu, permet de demeurer en relation avec lui. 

Il y a eu plusieurs alliances dans la Bible (avec Abraham, Noé, David…). En fait, elles peuvent être rassemblées en deux catégories : l’ancienne et la nouvelle, qui (à tort) sont souvent mises en opposition.

L’Alliance avec Moïse fait référence. Elle est celle qui avait été contractée avec Israël, au mont Sinaï (Exode 19. 5). Sous cette alliance, la bénédiction de Dieu dépendait de l’obéissance à la loi. L’engagement était scellé par du sang (Exode 24. 3-8). Le contrat a été rompu par la désobéissance de l’homme.

Cette première alliance, pourtant déjà belle, s’est révélée insuffisante. Elle était temporelle et faillible par l’inconstance de l’homme. 

La seconde Alliance (au verset 7 de ce jour) est nouvelle, meilleure et éternelle. Sous cette Alliance, Dieu ne demande rien aux hommes, car toutes les saintes exigences de Dieu sont accomplies dans la personne et l’œuvre du Christ. Elle est également scellée par du sang ! En cela, elle est entièrement basée sur l’œuvre accomplie par le Christ, sur son sang versé à la croix.

 

Les chapitres suivants de cette lettre vont définir que le Christ est le centre de cette alliance. Il en est le garant et le médiateur par le don de sa vie.

 

Cette nouvelle Alliance est aussi la promesse d’un changement intérieur  !

Dieu pourvoit à ce changement en renouvelant notre cœur. Il dit : « je leur donnerai mes lois, je les inscrirai dans leur pensée et sur leurs cœurs. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ».

Déjà le Prophète Ezéchiel nous l’annonçait (Chp. 36,26) en parlant de Dieu : « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous »

Frères et sœurs, par notre baptême et le don de l’Esprit Saint, c’est le Christ lui-même qui écrit dans le cœur des croyants ! C’est toujours par Lui que la bénédiction et l’amour du Père nous sont donnés ! 

Prenons le temps de relire cette lettre !                      

Bonne méditation

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 16 janvier 2023, lundi de la 2e semaine du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 2, 18-22. Lettre aux Hébreux 5, 1-10. Psaume 109.

 

Si vous me le permettez, je vais m’intéresser avec vous, aujourd’hui, à cette lettre aux Hébreux que nous allons lire durant plusieurs jours. Avez-vous eu l’occasion de la lire en entier ? Savez-vous que nous n’en connaissons pas l’auteur ? 

Sans doute, a-t-elle été composée par les disciples de saint Paul pour ne pas perdre ce qui n’avait pas encore été mis par écrit de l’enseignement de leur Apôtre. Le style diffère un peu, mais le fond s’accorde bien avec la pensée de saint Paul et de ses écrits ; elle est très intéressante et puissante ! Je vous invite à prendre vraiment le temps de la lire.

Cette lettre est adressée particulièrement aux chrétiens d'origine juive, donc connaissant bien, en principe, la foi, les rites du judaïsme et surtout la promesse de Dieu en la venue du Messie Sauveur. 

Dans le passage d’aujourd’hui, nous pouvons noter deux types de grands-prêtres : 

  • d'un côté, le grand prêtre du culte juif, 
  • de l'autre Jésus, celui d'un culte nouveau.

- Le grand prêtre juif a pour mission de veiller aux relations avec Dieu, et ce, en faveur des hommes. Il a une fonction de médiateur pour les péchés, et il est un pontife, c’est-à-dire un faiseur de ponts entre Dieu et les hommes, entre les hommes et Dieu. Parmi ses fonctions, il y a celle d'entrer une fois l'an, à l'automne, dans la partie la plus sacrée du temple de Jérusalem pour un sacrifice pour les péchés, dans le cadre de la grande fête de Kippour, la fête du pardon. Cela nous rappelle un épisode que nous connaissons bien, c’est celui avec Zacharie qui était le grand prêtre cette année-là. Il entre dans le Saint des saints et il a cette apparition de l’ange qui lui annonce la naissance à venir, celle de Jean. À ce moment-là, Zacharie à cause du doute qu’il formule, devient muet. Ces prêtres sont de la famille d'Aaron, le frère de Moïse, la famille choisie par Dieu, de la tribu de Lévi dont une fonction importante est le culte du temple.

- Jésus est lui aussi présenté comme grand prêtre, mais d'une Alliance Nouvelle, élargie à toute l'humanité. Il n'est pas de la tribu des prêtres juifs. Sa mission prend sa source au sein même de Dieu. 

L'auteur de la lettre l'affirme en citant un vieux psaume annonçant le Messie futur comme étant Fils de Dieu, intérieur à Dieu même : « Tu es mon Fils », avons-nous entendu. Et il ajoute une autre citation du psaume 109 où le sacerdoce de Jésus est dit « de l'ordre de Melkisédek »

Melkisédek est ce personnage mystérieux, qu'Abraham rencontre un jour non loin de Jérusalem. Melkisédek est ‘un roi de justice’, il est roi de Salem (la ‘ville de la Paix’). Il fit apporter du pain et du vin : « il était prêtre du Dieu Très-Haut » (Genèse 14,18s.). 

Ce prêtre du "Dieu Très-Haut", comme Jésus, n'est pas de la tribu sacerdotale. Melkisédek n'appartient même pas au peuple élu ! Mystérieusement, il offre du pain et du vin, offrande annonciatrice et figure de ce pain et de ce vin du sacrifice du Christ, lors de la Cène le soir du Jeudi Saint. 

Cette figure de Melkisédek est reprise dans le Canon romain, la prière Eucharistique n°1 qui évoque « le sacrifice de notre père Abraham, et celui que t’offrit Melkisédek, ton grand prêtre, en signe du sacrifice parfait ». Melkisédek est donc compris, par les Père de l’Église, comme étant une figure de Jésus. 

Cependant, Jésus va plus loin, son offrande, c'est tout Lui-même, toute sa vie. Dans le pain et le vin se trouve réellement toute la personne de Jésus ! Il y a donc continuité et en même temps, une nouveauté entre le sacerdoce de l'Ancien Testament et celui du Nouveau Testament. 

Le sacerdoce de Jésus porte à son accomplissement plénier - à sa perfection - à son sommet, le sacerdoce juif ancien. « Je ne suis pas venu abolir la loi et les prophètes, je suis venu accomplir », dit Jésus (Mt 5,17).

Frères et sœurs, prenons le temps de lire et relire cette lettre aux Hébreux dans son intégralité ! Méditons-là, elle est vraiment remarquable, captivante, inspirante !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 15 janvier 2023, 2ème dimanche du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 1, 29-34. Livre du prophète Isaïe 49, 3.5-6. Psaume 39.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 1, 1-3.

 

Comme nous le disions au début de cette messe, lors d’un baptême, il y a un “avant“ et un “après“. L’évangéliste saint Jean nous rapporte d’une manière très particulière le baptême de Jésus au Jourdain. L’évangéliste ne relate pas cette scène, il la fait raconter par la voix du Baptiste. Saint Jean nous invite ainsi à découvrir progressivement, comme à son habitude, le contenu et la qualité de ce témoignage ainsi que la précision de chaque mot.

Jean-Baptiste désigne Jésus par ces mots : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Chacun de ces mots est important !

Nous exprimons cette expression plusieurs fois chaque dimanche, lorsque nous célébrons l'Eucharistie. Avons-nous conscience, frères et sœurs, du sens de ces mots, ou les répétons-nous un peu mécaniquement ?

Ce matin, en revisitant quelques passages de l’Écriture Sainte, je vous propose de réfléchir quelques instants pour nous demander ce que signifie cette expression.

 

- Premièrement : « L'Agneau de Dieu » : l'expression fait d'abord référence à des textes importants de la Bible, plus particulièrement à l’Ancien Testament. Le premier auquel je pense, c'est au livre d'Isaïe, au chapitre 53. Je vous invite à relire ce chapitre, où le prophète parle d'un « serviteur de Dieu » et d’un « agneau »

Qui est ce « serviteur de Dieu » ? Parle-t-il de lui-même, du peuple d'Israël, ou du Messie ? Ce qui est saisissant, c’est que quelques siècles avant Jésus-Christ, Isaïe décrit avec une grande précision la passion de Jésus, comme s'il y assistait. Que dit-il ? « Comme un agneau qu'on mène à l'abattoir, il n'a pas ouvert la bouche...Nous l'avons vu, il n'avait ni beauté ni éclat, le dernier des hommes, un homme voué à la souffrance », ou encore : « c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. » (Is 53)

Les juifs connaissent par cœur le livre d’Isaïe. En entendant Jean-Baptiste dire ces mots, ses auditeurs pensent tout de suite au Serviteur de Dieu, c’est-à-dire au Messie.

« Agneau » : l'expression fait également référence à un épisode fondateur de l'histoire sainte : le passage de la Mer Rouge (livre de l’Exode chp. 12). Juste avant de fuir la terre de l'oppression pour passer dans la terre de la liberté (la terre promise), nous nous rappelons comment les Hébreux ont tué un agneau dans chaque famille, en ont pris le sang pour badigeonner les linteaux de leurs maisons, puis, très rapidement en y préparant des herbes amères, ils ont mangé l'agneau. Depuis cette première « pâque », et jusqu'à aujourd'hui, on célèbre toujours le mémorial du « passage » (Pessah) de l’esclavage à la liberté, de la mort à la vie, en mangeant l'agneau pascal.

Pourquoi le rituel juif a-t-il repris cette tradition de l'agneau ? Sans doute, parce que l'agneau est la nourriture habituelle des nomades, mais également parce que l'agneau est le symbole de la victime innocente, et le symbole de la non-violence. Ne dit-on pas, encore aujourd'hui : « doux comme un agneau » ?

En désignant Jésus comme « l'Agneau de Dieu », Jean-le-Baptiste le présente aussi comme quelqu'un qui se place du côté des victimes, qui n’oppose pas de résistance à ceux qui lui volent sa vie. 

Jésus dénonce, par son attitude, toutes les attitudes de violence, d'oppression, toutes les conduites meurtrières et folles de l'humanité.

 

- Deuxièmement, Jean complète l’expression : «Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Là encore, chaque mot est essentiel ! « Qui enlève le péché du monde ».

Cet agneau enlève (ou ‘porte’ selon les différentes traductions) le péché du monde ! Cette expression peut sembler bien étrange : un agneau, petit, faible… vient enlever le poids, la lourdeur des péchés du monde. Le contraste est extrême entre :

  • l’Unique (un agneau) et la multiplicité (les péchés),
  • entre un petit être naissant (agneau) et le ‘vieux’ monde,
  • entre la sainteté de Dieu et les péchés du monde.

Pourtant malgré ces oppositions, une réconciliation et une restauration sont attendues. Enlever les péchés du monde revient à redonner au monde son identité première d’espace (ou de Création) créé par Dieu pour le bien de tous, c’est-à-dire pour toute l’humanité. 

En désignant Jésus comme « l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde », Jean-le-Baptiste reconnaît l’identité et la mission divine de Jésus, Celui qui vient réconcilier le monde à Dieu. Car cet homme n’est pas un simple messie, il est celui qui était avant le baptiste. 

L’évangéliste fait écho ici au Prologue de son évangile affirmant la préexistence divine du Christ, le Verbe, qui était au commencement auprès de Dieu et qui a planté sa tente parmi nous (Jn 1). 

Regardant Jésus venir à lui, Jean reconnaît qui est Jésus et il nous oriente déjà vers la croix, lieu du sacrifice et du Salut ! Cette croix devient le lieu où le Fils révèle l’amour du Père en réponse à son Baptême où le Père révélait son amour pour le Fils !

Cet « Agneau de Dieu » nous renvoie donc à la préparation de la Pâque (Jn 19,14), où l’on sacrifiait les agneaux, jour de la Passion de Jésus. 

Avec ces quelques mots, Jean vient témoigner de l’identité divine de Jésus et de sa mission qui s’accomplira jusque sur la croix pour apporter le Pardon et le Salut.

C’est toute la révélation qui nous est donnée ! Les auditeurs juifs qui étaient sur le bord du Jourdain ont immédiatement saisi le sens de cette annonce. Pour nous qui prononçons ces mots un peu machinalement, il est bon de prendre le temps de retrouver ces fondamentaux, de comprendre ce que nous exprimons et ce que nous vivons, vraiment, à chaque Eucharistie.

 

Un dernier point pour terminer ! 

Sans doute avez-vous remarqué qu’il y a une redondance dans le texte de l’évangile. Celui qui vient de désigner Jésuscomme l’Agneau de Dieu, déclare aussitôt : « Je ne le connaissais pas ». Le baptiste affirme même par deux fois son ignorance ; une insistance n’est jamais anodine dans la Bible. Il y a un message très concret que nous devons entendre ! Peut-être sommes-nous un peu troublés par cet aveu, en raison de l’évangile de Luc qui fait du Baptiste un cousin de Jésus (Lc 1,36) !

Le Baptiste ne connaît pas Jésus avant qu’Il vienne à sa rencontre. Il a raison ! Il faut la voix du Père pour que Jean-le-Baptiste puisse véritablement comprendre et rendre témoignage. Il faut que le ciel s’ouvre, que l’Esprit Saint descende pour que Jean comprenne que « oui » : Jésus est bien Celui que nous attendons et qu’Il est le Messie annoncé par les prophètes. Il a fallu que Jean-le-Baptiste entende la voix du Père pour qu’il devienne le porte-parole de Dieu ! La Parole de Dieu apparaît comme incontournable pour connaître Jésus, l’Agneau de Dieu, celui qui annonce un baptême dans l’Esprit Saint.  

Je termine donc par cette question : finalement, nous-mêmes, quand nous prononçons ces paroles lors de la messe, comment le faisons-nous ? Comprenons-nous vraiment qui est Jésus pour moi ? Ou encore, et c’est plein d’espérance :avons-nous fini de découvrir qui est Jésus pour moi ? 

Si nous avons un peu de temps, comme je l’espère, relisons le chapitre 53e d’Isaïe  ainsi qu’Exode 12, reprenons les textes de ce jour ! Tout cela va s’éclairer autrement dans notre intelligence et notre cœur.

Bonne méditation 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 13 janvier 2023, vendredi de la 1ere semaine du temps ordinaire. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 2, 1-12. Lettre aux Hébreux 4, 1-5.11. Psaume 77.

 

Après une longue pérégrination en Galilée, nous voilà donc de retour à Capharnaüm, dans la maison de saint Pierre. Cela aurait dû être, dans cette maison, un temps de vie simple, familial, un temps de repos bien mérité aussi, après avoir tant marché et effectué plusieurs guérisons. 

En réalité, il en sera autrement. 

Jésus est donc de retour à Capharnaüm et aussitôt, le bruit court qu’Il est dans la maison de Simon-Pierre. Tant de monde s’y rassemble qu’il n’y a plus de place, pas même devant la porte ! Là, Jésus leur « annonçait la Parole » nous dit saint Marc.

Imaginons la scène ! La maison, le petit patio, la cour devant la maison… Cependant, la maison galiléenne n’est pas si grande. Régulièrement, à chaque passage de Jésus, l’endroit est pris d’assaut. Cette maison devient un lieu de rassemblement où Jésus enseigne, parallèlement à la synagogue. Combien sont-ils, ce jour-là ? Sans doute nombreux à s’y entasser, avides d’écouter le Maitre !

En utilisant le verbe, « se rassembler », saint Marc ne désigne pas une file d’attente de curieux ou de malades espérant un miracle, mais des hommes et des femmes venus d’abord pour L’écouter, écouter sa ParoleMais, le fait est là : il n’y a plus de place !

Nous connaissons bien ce passage : arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes. Comme ils ne peuvent l’approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus du lieu où se trouve Jésus et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé. Nous voyons presque la scène tellement la description est réaliste ! 

Cette opération n’est pas passée inaperçue ! Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. »

Il existe de nombreuses interprétations de cet évangile. Ne risquons pas de réduire cette personne paralysée à son handicap, ni à un désir de guérison qui est, à ce moment du récit, peut-être, plus le nôtre que le sien. 

Nous aimerions, sans trop attendre, un petit miracle supplémentaire ! 

Mais, à bien y regarder, ne serait-ce pas autre chose qui motive ces cinq personnes ? 

Saint Marc nous a précédemment avertis : la foi véritable naît de l’écoute féconde de sa Parole et non d’une croyance en ses seuls miracles. C’est également ce que nous avons entendu dans la première lecture de la lettre aux Hébreux. 

Jésus, voyant la foi de ces hommes, nous montre qu’ils s’inscrivent dans la dynamique du règne et du Salut. Ils ont entendu la Parole de Dieu ; peut-être veulent-ils tout simplement la faire entendre à cet homme paralysé ? Comme de vrais disciples de Jésus, leur témoignage de foi devient visible dans le service de la charité.

Cette personne paralysée n’a-t-elle pas aussi le droit d’écouter la Parole et d’entrer ainsi dans la foi ? La mission des disciples n’est-elle pas justement d’amener vers Jésus ces personnes que les fragilités et les blessures laissent à la porte, quitte à franchir audacieusement bien des barrières et des obstacles ou des toits ?

Chers frères et sœurs, quelle est notre mission ? Amener les personnes à Jésus pour qu’elles entendent sa Parole ? Encore faut-il que nous soyons, nous-mêmes, pétris de cette Parole ! 

Prenons-nous le temps de la lire autrement que lors des eucharisties où nous en écoutons seulement de courts passages ? Prenons-nous le temps de la goûter véritablement, car c’est une Parole qui nous fait entrer dans une foi renouvelée, elle nous fait revivre, elle nous fait renaître et pardonne à celui qu’il appelle déjà, mon enfant !     

Demandons la grâce, ce matin, d’avoir ce désir renouvelé d’écouter, de lire la Parole de Dieu !       

                                                       Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 9 janvier 2023, fête du Baptême du Seigneur. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 3, 13-17. Livre du prophète Isaïe 42, 1- 4.6-7. Psaume 28.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 3, 2-3a. 5-6.

 

Hier, dimanche, nous avons vécu une belle solennité où les Mages sont venus se prosterner devant notre Seigneur. L'Épiphanie (mot qui signifie « manifestation » ou « révélation »), ne se limite pas à la visite des Mages qui adorent l'Enfant Dieu aux lueurs de l'étoile. Aujourd'hui, ce baptême, qui est aussi une Épiphanie, nous parle par la parole de Dieu : « Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, en qui j'ai mis je trouve ma joie. » Par exemple : les noces de Cana sont tout autant une épiphanie que l'adoration des mages et le baptême au Jourdain.

Jésus est plongé par Jean-le-Baptiste dans l'eau et Il en ressort. Ce mouvement, signe du baptême primitif, est l'image de sa mort (plonger) et de sa résurrection (sortir). L’eau est à la fois, un signe de vie (elle est nécessaire), mais, elle est aussi, signe de mort : un lieu où nous pouvons nous noyer. 

À l’époque de Jésus, l’eau avait aussi ce côté obscur et trouble. Au moment où Jésus ressort de l’eau, à la lumière :« Les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre sur lui »

Le monde de Dieu n'est plus fermé et lointain. Il est visible et accessible en Jésus. L'Esprit relie le ciel à la terre et la terre au ciel. Par Jésus, par son acte d’humilité, la communication entre Dieu et les hommes est, à nouveau, rétablie et possible.

Le baptême nous donne l'Esprit Saint pour connaître Dieu, vivre de lui, le communiquer, comprendre le projet de salut qu’Il a pour chacun de nous. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé
en qui je trouve ma joie. » 
: ce sont les mots du Père exprimant sa relation aimante et joyeuse à Jésus et lui assignant sa mission. Cette même parole de bénédiction a été prononcée définitivement sur chacun de nous et pour toute notre vie, au jour de notre baptême.

La célébration du baptême du Seigneur renvoie donc à notre propre baptême. Le baptême, jour de notre naissance en Dieu, nous faisant filles et fils par adoption du Père, sœur et frère de tous dans l'Esprit Saint. 

Non seulement Jésus est enfant de Dieu, mais nous le sommes, nous aussi. Nous sommes aussi témoins d'une nouvelle création, témoins de la tendresse et de la miséricorde du Père pour les enfants : pour ses enfants que nous sommes. 

Cela veut dire qu'à la suite de notre baptême, nous sommes invités à rendre témoignage à Jésus en paroles, mais surtout en actes. Le baptême nous immerge dans la vie de Pâques et fait de nous des créatures nouvelles. En effet, il n’est pas anodin que dès le début de l’Église, les baptêmes avaient lieu à un moment précis, lors de la nuit de Pâques, au moment de la résurrection de Jésus.

Chers frères et sœurs, le baptême nous donne le Christ pour passer avec Lui continuellement :

  • de la mort à la vie, 
  • du péché à la sainteté, 
  • de l'égoïsme à l'amour.

En cette Solennité, rendons grâce à Dieu pour notre baptême !

Recevons ce cadeau de l’amour de Dieu, choisissons cette Vie en Dieu ! 

Frères et Sœurs, c’est bien ce témoignage de l’amour de Dieu, que nous pouvons donner ensemble !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 8 janvier 2023, solennité de l’Épiphanie du Seigneur. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 2, 1-12. Livre du prophète Isaïe 60, 1-6. Psaume 71.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 3, 2-3a. 5-6.

 

Chers amis, nous connaissons bien ce récit qui commence comme un beau conte oriental !

Voilà des Mages bien savants et surtout des sages attentifs qui ont vu apparaître une étoile peu ordinaire !

Précisons que ces Mages sont non-juifs, et ne sont pas des rois ; ils sont surtout des chercheurs de Dieu, des chercheurs des mystères de la Création ! Audacieux et déterminés, ils se mettent en route ! Cherchant leur chemin, ils demanderont même où se trouve le roi des Juifs qui vient de naître. 

La question qui les habite au plus profond d’eux-mêmes pourrait se traduire ainsi : « Où est le Seigneur-Roi ? »

N’oublions pas que l’évangéliste saint Matthieu relate, ici, un message d’universalité. 

Ce message d’universalité est déjà présent dans la première lecture, tirée du Livre d’Isaïe. Ce message nous enseigne que tout homme et toute femme de bonne volonté, qui cherche sincèrement le bien, la justice et la paix, peuvent se reconnaître chez ceux qui espèrent et marchent vers la lumière.

C’est le même message que l’on retrouve dans la seconde lecture, tirée de la lettre de saint Paul aux Éphésiens, où il annonce cette bonne nouvelle que : « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. »

Depuis le début de l’humanité, et aussi loin que nous pouvons remonter dans le temps, l’homme porte en lui, cette recherche et cette interrogation métaphysique : « Où es-tu, Créateur du monde ?Pourquoi suis-je ? Où est notre Dieu ? Et qui est-il ? » Mais si ces mages de l’évangile se sont mis en route, c’est en vérité pour répondre à l’initiative toujours première de Dieu. C’est bien là, le sens évident de l’étoile : c’est toujours d’abord Dieu qui se met à la recherche de l’homme, qui lui lance, un premier, un appel et lui indique un chemin ! 

Avec Dieu, il n’est pas question de races, de classes, ni même de sainteté. Dieu appelle tous les hommes : quels que soient leur continent, les blancs, les jaunes, les noirs, les riches et les pauvres, les pécheurs et les justes. Sans demander une soumission quelconque, l’invitation est pour tous ! Libre à chacun de se mettre en route ! Mais tous peuvent trouver, s’ils le souhaitent, une place dans la caravane des mages.

 

Deux constats s’imposent :

- L’audace est nécessaire ! Ne faut-il pas être un peu fou pour partir ainsi à l’aventure, comme jadis Abraham, Moïse, Marie, Joseph et bien d’autres encore ? 

- Nombreux sont appelés, beaucoup portent en eux-mêmes cette interrogation, mais peu y répondent ! Combien d’hommes, au temps des Mages, ont remarqué et suivi l’étoile ? Dieu n’est-il pas le laissé-pour-compte de nos emplois de temps trop chargés ? L’étoile de Dieu ne disparaît-elle pas dans les paillettes jetées par notre société !

Ce qui est certain, heureusement, c’est qu’il existe toujours des chercheurs de Dieu, des sages assoiffés d’infini, assoiffés de Dieu ! À vous tous, j’adresse un grand merci d’être là, ce soir.

Si Dieu nous indique une route, il faudra donc, aussi notre détermination ! 

Cela est important, car ces mages ne sont pas restés bien assis dans leur fauteuil, enfermés dans leur science, dans leurs connaissances ou dans leurs dogmes. Ils se sont mis en marche. Ils se sont déplacés avec les risques inhérents à tout voyage, et particulièrement à leur époque. Ils sont entrés dans une route qui n’était pas toute tracée d’avance. 

Par exemple, lorsque les Mages arrivent à l’entrée de Jérusalem, l’étoile va disparaître. Pourquoi l’évangéliste nous le précise-t-il ? Peut-être qu’une grande ville bruyante peut éteindre la lumière de Dieu ! Loin de baisser les bras, ces Mages interrogent alors Hérode puis les prêtres par une question capitale :

Où est-il ce roi qui vient de naître, dont nous avons perdu la trace ?

Je termine sur cette question qui est posée : elle est importante et capitale ! Elle résume en fait, la quête de beaucoup de nos contemporains ! Et même, à certains moments : n’est-ce pas aussi notre question ?

  • « Où es-tu, Seigneur ? » Les Mages T’ont trouvé sous les traits d’un enfant. Peut-être devons-nous Te chercher tout simplement sous les traits des plus faibles, des plus pauvres, dans la fragilité d’un enfant, comme des personnes âgées, bref, de ceux qui ont besoin d’amour ou tout simplement d’une présence. 
  • « Où es-tu, Seigneur ? » Élie, le prophète T’avait trouvé non pas dans la tempête ou le vent, mais « dans le murmure d’une brise légère. » (1R 19) Dieu se cherche et se trouve dans le silence, dans la prière qui est d’abord une écoute. 
  • « Où es-tu, Seigneur ? » Les Mages T’ont trouvé à Bethléem qui signifie la « maison du pain ». Et là, ils t’ont trouvé réellement dans cette mangeoire, annonce du pain de l’Eucharistie !
  • « Où es-tu, Seigneur ? » L’homme est fondamentalement un chercheur, mais a-t-il encore le goût, cette audace et cette sagesse, dans notre société si souvent en manque de repère et d’écoute, d’entendre ton appel ?

Comment donner la soif et le goût de Dieu aux hommes qui les ont perdus ? Avec humour, j’emprunte cette image au prêtre dominicain Jacques Loew : « Comment faire boire un âne qui n’a pas soif ? » (Jacques Loew dans « Paraboles et Fariboles »)

Comment donc faire boire cet âne tout en respectant sa liberté ? Est-ce qu’on le force, on le contraint, on le soumet ?

Vous connaissez, sans doute, la réponse ! Il s’agit de : « Trouver un autre âne qui a soif et qui boira longuement, avec joie et volupté, au côté de son congénère ! »

Chers frères et sœurs, réjouissons-nous de cette merveilleuse histoire si inspirante et si actuelle. Humblement, devenons ces mages ou ces sages – et pourquoi pas ces ânes - assoiffés de Dieu, qui seront pour les autres comme une étoile qui leur donnera l’envie d’en faire autant !

Un dernier point : après avoir bu et goûté la présence de Dieu, ne repartons pas comme nous sommes venus ! Repartons par un autre chemin en devenant disciples de Jésus !

Voilà, chers frères et sœurs, notre joie de ce jour !

Les Mages nous montrent le chemin ; puissions-nous humblement prendre leur suite pour aller vers le Christ !                                                                                                                                           

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 6 janvier 2023, vendredi avant l’Épiphanie. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 7-11. Première lettre de saint Jean 5, 5-13. Psaume 147.

 

Frères et sœurs, comprenons-nous vraiment la mission de Jean-le-Baptiste et le formidable élan de conversion qu’il a suscité dans le peuple hébreu à son époque ? Sa prédication musclée, sa figure prophétique ont bouleversé de nombreuses personnes.

Tous ceux et toutes celles qui se décidaient à changer de vie, à vivre une réelle conversion et à faire à Dieu toute sa place, venaient à la rencontre de Jean pour se plonger dans les eaux du Jourdain en signe d’un renouveau intérieur, et se faire baptiser. 

Cet élan est remarquable et il est particulièrement souligné par les évangélistes. C’est au milieu de ces foules que Jésus arrive au bord du Jourdain !

Volontairement et bien que sans péché, Jésus Lui aussi, vient se faire baptiser par Jean.

Nous assistons, à cet instant, à la double action d’une solidarité qui nous dépasse ! 

  • Jésus a donc inauguré sa vie publique par un acte d'humilité et de SOLIDARITÉ avec les hommes qu'Il vient sauver, 
  • et c'est ce moment-là que Dieu le Père a choisi pour manifester au monde sa SOLIDARITÉ et sa proximité avec son Fils.

En remontant de l'eau nous dit saint Marc, Jésus voit le ciel se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre vers Lui.

Au même instant, accompagnant cette venue de l'Esprit qui Le désigne, une voix venant du ciel, la voix de Dieu, se fait entendre en disant : "Tu es mon Fils Bien-aimé, en toi je trouve toute ma joie !".

Rappelons-nous : la communication avec Dieu, le Père, avait été rompue par le refus de nos proto-parents Adam et Ève. Le ciel avait été fermé : voilà qu’il s’ouvre à nouveau ! Nous entendons la voix du Père et l’Esprit Saint nous est donné. 

Jésus qui entend, le Père qui parle, l'Esprit qui descend :

dès la première page de l'Évangile de saint Marc, 

c'est la Trinité sainte qui se manifeste !

Déjà au baptême, c'est le mystère de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, qui commence à se révéler.

Au moment même où Jésus accepte avec humilité ce Baptême de conversion, au moment même où Il fait cet acte de devenir frère parmi les frères, Dieu le Père exulte ; c’est une joie au ciel ! Dieu le Père le fête comme son Fils, son Bien Aimé, Celui qui est source de toute joie.

 Cela nous renvoie à notre propre baptême, car c’est cette même joie du Père qui nous est donnée ! C’est cette même joie indicible lors de chaque baptême célébré ! Joie dans le cœur du baptisé et joie dans le cœur de Dieu !

Quelle est le motif de la joie profonde du Père et du Fils ? Saint Jean nous le rappelle dans la 1re lecture : « pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui mettez votre foi dans le nom du Fils de Dieu. »

Chers amis, comprenons-nous cela ? Comprenons-nous que cette invitation nous dépasse ?

C'est bien de cela que l'Esprit-Saint témoigne aujourd'hui dans l'Église : c'est tout le mystère de Jésus qui nous sauve pour que nous ayons la Vie éternelle, de Noël au Cénacle, du Baptême à la Croix, de la mort à la Vie ! 

Oui, le désir et la joie de Dieu, c’est que nous soyons avec Lui pour toujours !

Prenons le temps de méditer ces paroles toute cette journée.                                                                                                               

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 2 janvier 2023, lundi avant l’Épiphanie. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 1, 19-28. Première lettre de saint Jean 2, 22-28. Psaume 97.

 

Chers amis, nous sommes aux premiers jours de l’année 2023, et déjà, l’évangile veut stimuler notre curiosité, elle veut nous “titiller“, comme pour nous dire de ne pas entrer dans la routine ! Ne soyons pas passifs, mais audacieux ! Soyons attentifs à ce qui se passe !

Loin de nous alanguir dans une digestion difficile ou de ronronner sous la couette, nous quittons la crèche pour faire un bon de 30 années ! Nous nous retrouvons à « Béthanie, de l’autre côté du Jourdain. » Jean est là.

La foule s’interroge et on parle de lui : 

« As-tu vu Jean, celui qui baptise ? As-tu rencontré Jean ? »

De plus en plus, à Jérusalem, les croyants les plus lucides, les plus sincères, n'avaient que cette question à la bouche Qui est-il donc s’il n’est ni le prophète Élie, ni le Prophète annoncé ? Jean, intriguait par son style de vie, par son ascèse, par la vigueur de sa parole qui appelait à une vraie conversion. 

 Des prêtres et des lévites viennent officiellement poser à Jean cette question : « Qui es-tu ? », et surtout : « Que dis-tu de toi ? » Cela dit, ils expriment aussi une véritable attente. Encore aujourd’hui, le peuple Hébreu est dans l’espérance du Messie, tout entier dans cette disponibilité : « Si tu es le Messie attendu, tu dois en avoir conscience ! Si tu es Élie, ou un prophète … attendu pour la dernière ligne droite de l'histoire du monde, dis-le-nous franchement ! »

La réponse du Baptiste est étonnante : « Je ne suis qu'une voix ». Non pas la Parole définitive, mais une voix, une alarme, un cri qui surprend, un cri qui touche et fait se retourner. Et son message est un programme de vie en reprenant simplement, mais essentiellement l’annonce du prophète Isaïe : « Aplanissez dans le désert le chemin du Seigneur. »

Frères et sœurs, nous sommes encore à quelques jours de la Crèche et le monde a besoin de nouveaux Jean-Baptiste ! Notre temps a encore et inlassablement besoin d’entendre la voix de témoins enflammés de Dieu !

Pour cela, nous sommes invités :

  • à raviver la FOI reçue à notre baptême !
  • à demander la Grâce et le renouvellement de la force de l’Esprit Saint en chacun de nous, pour nous-mêmes, notre famille et pour notre communauté.

Le baptême que donnait Jean dans les eaux du Jourdain était simplement un rite d'éveil, de repentir, de conversion au sérieux de la foi. Jésus, Lui, vient plonger les hommes et les femmes dans l'Esprit Saint, qui est la force efficace de Dieu. 

Tous ceux et toutes celles qui remontent, ruisselants de cette plongée dans l'Esprit Saint, sont recréés à l'image de Dieu et fortifiés pour la marche à la suite de Dieu !

En ce premier jour de l’année, nous sommes invités à entendre cette voix tonitruante de Jean qui appelle à la conversion et ensemble, frères et sœurs, soyons ces témoins audacieux, ces disciples missionnaires pour cette nouvelle année 2023 !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 1er janvier 2023, solennité de sainte Marie, Mère de Dieu. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 2, 16-21. Livre des Nombres 6, 22-27. Psaume 66.

Lettre de saint Paul aux Galates 4, 4-7.

Journée mondiale pour la paix

 

Chers amis, voici une nouvelle année qui commence ! Comme moi, vous avez déjà sans doute reçu une multitude de textos, d’appels téléphoniques qui, par vos smartphones, vous ont apporté plein de vœux amicaux !

Une nouvelle année est toujours un moment particulier. 

De quoi l’année sera-t-elle faite ? Quels événements se produiront dans nos vies personnelles : des joies, des rencontres, un mariage, des naissances, de belles réussites professionnelles, des mutations ; sans doute vivrons-nous aussi des maladies, des deuils, des moments difficiles. 

Quels seront les événements dans le monde ? Comme nous l’espérons tous, peut-être une paix en Ukraine, une prospérité, une remontée économique… peut-être, hélas aussi, des affrontements, des guerres… Que sais-je ?

Ce n’est pas le temps, ce matin, de jouer aux devins et de se lancer dans des pronostics, si ce n’est d’espérer le meilleur pour notre monde ! 

L’invitation est plutôt d’établir dans quel état d’esprit, dans quelle disponibilité de cœur… nous allons vivre cette nouvelle année, car tout changement commence par changer soi-même !

Les textes de la Parole de Dieu d’aujourd’hui nous seront des plus utiles parce qu’ils nous donnent une direction, un sens et un objectif. Je le redis : tout changement commence par changer soi-même !

De fait, ces textes nous orientent vers nos racines chrétiennes : la promesse de Dieu, la décision de quitter nos esclavages, de vivre de cette liberté d’enfants de Dieu, découvrir qui est le Père et son projet de vie…

Notre désir de vivre une année nouvelle de façon satisfaisante, apaisée, respectueuse… est une intention bonne et souhaitable qui redit notre réelle espérance !

Mais désirer vivre une année nouvelle de cette façon, devrait aussi nous décider à laisser tomber ce qui nous appesantit, ce qui nous contraint, ce qui peut nous emprisonner… pour nous conduire à laisser entrer un peu d’air nouveau et frais dans notre quotidien. 

Dans certains pays, il existe même une tradition surprenante : le 31 décembre est le jour où l’on jette par les fenêtres, tout ce qui est vieux et usagé : meubles, vêtements… (il n’est rien dit de ce qui est fait des conjoints ou des enfants ; LOL)

Concédons que la méthode est radicale et pas très écologique, mais ces gens n’ont peut-être pas totalement tort, dans le fond, de marquer ainsi un changement bienvenu.

Il est encourageant et utile de regarder en avant avec des yeux neufs quand commence une nouvelle année. Mais comme nous le proposent les textes des lectures de ce matin, ce regard tourné vers de nouveaux horizons ne doit pas nous couper de ce qui fait ce que nous sommes et pourquoi nous sommes dans cette église. Il ne s’agit pas de rejeter ou de se couper de ses racines : de son baptême, de son histoire, de ses responsabilités.

Comment alors garder ces liens avec ses racines ? N’est-ce pas notre important défi pour cette nouvelle année ! Pour cela je vous invite à laisser de côté les enjeux politiques bien réels qui, sans doute, peuvent nous préoccuper, et à éviter de nous laisser entrainer dans des chemins de traverse qu’objectivement nous  nous ne voudrions pas !

Regardons plutôt, ce matin, la question du point de vue d’une personne disciple de Jésus, c’est-à-dire de chacun de nous, de moi, de toi, de nous qui sommes réunis dans cette église.

Pour les chrétiens que nous sommes, la foi est un don de l’Esprit Saint reçu à notre baptême et redynamisé par les sacrements, la prière, la lecture de la Parole de Dieu, par une charité active… 

Les exemples de vies de saints nous montrent que notre cheminement chrétien, même s’il est parsemé parfois d’embuches et de chutes, est toujours possible ! Parmi tous les saints, celle qui a une place particulière est la Vierge Marie !  Nous sommes invités à nous laisser animer et habiter par sa présence toute maternelle. Elle n’est pas la 4e personne de la Trinité ! Elle est comme nous ! Mais par son « Fiat » à Dieu, par son « oui » à l’ange, guidée par l’Esprit Saint, elle n’a de cesse de participer au projet de Salut du Père et de tout son cœur de mère, elle nous conduit à son Fils ! 

La mission de Marie est de nous montrer comment être à l’écoute de la parole de Dieu, de tourner notre regard vers son Fils !  Elle est, comme nous le chantons régulièrement, « la Première en chemin » ! 

C’est aussi ce que cette fête mariale : « Marie, Mère de Dieu » nous permet d’intérioriser. 
 

Jésus est bien le « fils, né d'une femme », comme le dit saint Paul. Comme il le proclame dans le reste de la deuxième lecture, nous sommes, nous aussi, des fils et des filles de Dieu, et comme Jésus, nous avons Marie pour Mère. 

C’est à la Croix que saint Jean reçoit Marie : « Voici ta mère ! » (Jean 19, 26).

Pour le manifester avec plus de force, le concile Vatican II a proclamé « Marie Mère de l’Église ». Elle est aussi notre mère à chacun d’entre nous. Elle est la mère de l’Église parce qu’elle a donné au monde Celui qui vivifie l’Église et qui remplit nos vies. 

Marie est toujours aux côtés de son fils. Nous pouvons la vénérer de façon simple, par exemple : par la récitation du chapelet, par la récitation de prières comme le « Souvenez-vous » ou par diverses invocations comme celle-ci : « Marie, priez pour nous qui avons recours à vous ». Oui ! Marie intercède pour chacun de nous !

Par l’intercession de la Vierge Marie, que cette nouvelle année soit remplie pour chacun, d’une réelle détermination chrétienne dans un cœur apaisé pour percevoir dans notre quotidien, les joies simples, vraies et charitables ! En faisant ainsi, nous devenons, à l’exemple des bergers au matin de Noël, des annonciateurs du projet de Salut de Dieu ! 

N’oublions pas que nous sommes héritiers de la promesse de vie éternelle avec et par le Christ ressuscité. N’oublions pas, non plus, que Dieu en ce début d’année, veut notre bonheur, notre bien et la paix. C’est pourquoi nous entendons cette antique bénédiction :

Que le Seigneur te bénisse et te garde, Qu’il fasse pour toi rayonner son visage,

Que le Seigneur, te découvre sa face, te prenne en grâce et t’apporte la paix.

Demandons ce matin pour chacun de nous, pour cette année, cette grâce et cette paix !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du samedi 31 décembre 2022, 7e jour dans l’octave de Noël. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Première lettre de saint Jean 2, 18-21. Psaume 95.

Messe d’action de grâce pour l’année 2022.

 

 

Chers frères et sœurs, nous sommes au terme de l’octave de Noël (il y a une semaine, jour pour jour, nous étions ici même en train de célébrer la naissance de notre Sauveur), et nous sommes aussi au terme de cette année 2022 et à la veille d’une nouvelle année 2023 !

L’Église, en ce dernier jour de l’année, nous invite à revenir au cœur du mystère de l’Incarnation en méditant, à nouveau, le Prologue de saint Jean, que la liturgie nous avait déjà proposé dans la joie du jour de Noël. 

Ce jour-là, nous avions contemplé la Lumière du Verbe illuminant notre monde plongé dans la nuit. Le Verbe vient pour tous, sans distinction pour toutes les femmes et tous les hommes, mais à tous ceux qui ont faim et soif de vérité, Il donne de renaître de l’Esprit, afin de devenir enfants de Dieu. 

Aujourd’hui, cet Évangile nous éclaire, à nouveau, sur le projet de Dieu. Reconnaissons qu’à certains jours, par l’agitation du monde, par nos nombreuses activités, nous pouvons oublier ce que la naissance de Jésus, l’Incarnation de Dieu, suppose comme Amour, comme puissance de Vie, comme projet de Salut… pour chacun de nous et pour le monde ! Il est vrai qu’à certains jours, nous pouvons oublier l’éclairage de Dieu sur notre vie et être, parfois, dans l’obscurité, un peu perdus !

À Noël, notre temps inaugure une nouvelle Création. C'est le temps du Verbe qui annoncera le temps de l’Église, le temps de l’Esprit-Saint, ce temps qui est le nôtre, aujourd’hui. Le Verbe, nous redit le Prologue de saint Jean « était » dans le monde depuis toujours, mais il devait venir dans notre histoire et notre temps. Dieu qui avait déjà parlé par la création tout entière avait annoncé sa venue par les Prophètes. 

« Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ! » Maintenant, Il est vraiment présent dans notre humanité. Sa Parole retentit, et dans cette Parole, par le don de l’Esprit-Saint, Dieu, en Jésus se dit tout entier. Il nous dit qui est le Père et quel amour Il a pour chacun de nous. 

Frères et sœurs, ce qui a commencé en cette nuit de Noël, c’est cette extraordinaire espérance qui illumine le monde chaque jour, depuis presque 2000 ans. 

Alors oui, une année se termine ! Une nouvelle année commence, nous allons entrer dans l’année 2023 ! Que sera-t-elle ? Elle sera passionnante et parfois déconcertante ! Que serons-nous ? Sans être extérieur aux contingences de notre monde, notre avenir est sans cesse ouvert et réouvert ! Il ne se fera ni par la force ni par la violence, ni par le pouvoir, ni même par la richesse. Si nous le décidons, nous serons habités d’une vie tellement puissante que nous traverserons tout ; y compris tous les bonheurs et toutes les peines ! Y compris la mort et toutes nos petites morts !

C’est là – et pas ailleurs – qu’est la source de notre joie. Une joie qui grandit à chaque fois que nous courons vers la lumière, la joie confiante, profonde et calme de ceux qui choisissent de s’associer à cette œuvre de vie.

Il nous revient, frères et sœurs, dans le temps de cette nouvelle année, à travers les plus ordinaires de nos choix et de nos décisions, par notre façon d’être et de réagir, d’être porteurs de cette paix et de faire basculer la nuit du monde vers la lumière. 

À travers ce que nous sommes, bien humblement, nous pouvons changer le monde ! Cela pourrait paraître désuet et improbable, pourtant, rien n’est impossible à Dieu, si nous entrons dans son projet ! Tout peut changer peu à peu, nos familles, notre paroisse, notre diocèse, notre pays… comment ? Par notre prière, par notre témoignage, notre charité… 

Dans ce travail de recréation, nous ne serons jamais seuls. Le Seigneur l’a promis, Il nous bénit, celui qui, de Noël à Pâques nous a donné sa vie.      

Demain, 1er janvier 2023, nous demanderons l’intercession de la Vierge Marie et nous entendrons cette bénédiction très ancienne (livre des Nombres Chap 6) :

 

Que le Seigneur te bénisse et te garde, qu’il fasse pour toi rayonner son visage,

Que le Seigneur te découvre sa face, te prenne en grâce et t’apporte la paix.

 

Frères et sœurs, demandons pour chacun de nous, cette grâce, cette paix et la bénédiction du Seigneur pour tous les instants de notre vie !                                                                      

Ainsi soit-il !

Homélie vendredi 30 décembre 2022, fête de la Sainte Famille. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 2,13-15.19-23.

Livre de Ben Sira le Sage 3,2-6.12-14 Psaume 127.

 

Avec Jésus, la famille prend un sens tout à fait nouveau. De la Sainte Famille, nous savons peu de choses sinon qu'elle était sans grande richesse. Joseph était un simple ouvrier artisan. Quand je dis « sans grande richesse », c’est que, par exemple lorsque Marie et Joseph présentent leur fils au Temple selon la coutume, elle offre, non pas l'agneau des riches, mais les deux tourterelles des pauvres.

Par sa confiance en Dieu, cette famille modeste s’ouvrira rapidement, comme une fleur s’épanouit en ouvrant ses pétales, à la grande famille des disciples de Jésus, à la grande famille des nations. Ainsi, la Sainte Famille s’élargit à toutes les familles de par le monde dans l'amour universel qu'elle partage avec son fils.

Il me semble capital, important, de réinsister sur le sens véritable de la famille, sur son originalité. De comprendre aussi l’incroyable : Dieu, en Jésus, a besoin d’une famille ! Retenons qu’il y a là un message important adressé à toutes les générations, pour notre temps !

C'est dans cette perspective qu'il nous faut situer nos familles humaines d'aujourd'hui. Elles sont le lieu où nous grandissons. C'est là que, normalement, les enfants reçoivent les valeurs structurantes de l'amour, de la confiance, du service, de la spiritualité et de la foi en voyant leurs parents prier. Dans beaucoup de familles, cette mission est remplie avec une grande et belle générosité. 

Tristement, ce n'est pas le cas partout, nous en faisons le constat autour de nous ! Nombreux sont les couples qui se disloquent, parfois pour peu de choses, par un manque d’accompagnement ou de formation. Je suis frappé aussi, en ces temps de Noël, de voir des familles déchirées, les frères et sœurs, les parents et enfants qui restent fâchés à vie. Même en ces temps de Noël, nombreuses sont les familles qui sont confrontées à d'autres problèmes parfois très lourds, le chômage, la précarité, le surendettement, la maladie…

La Sainte Famille ne sera pas épargnée par les difficultés. Elle sera malmenée comme de nombreuses familles qui sont éprouvées par les épreuves de la vie ! Dans bien des cas, la foi et l’espérance seront un soutien solide !

Jésus de Nazareth nous redit que la famille est un lieu de formation indispensable, mais qu'elle remplit bien son rôle lorsqu'elle enfante à la société et à la grande famille de tous les peuples, ceux qu'elle a reçus en son sein. 

Si nous le voulons bien, l’exemple de la Sainte Famille sera toujours pour nous, un soutien pour apprendre à être des artisans de paix, d'unité et de réconciliation. Quel que soit l’état de nos familles, notre mission de chrétiens, à l’image de la Sainte Famille, est de construire cette unité, cette capacité de service, de confiance, de prière.

Avec la Sainte Famille, lieu de tous les combats, les puissances du Mal n'auront pas le dernier mot. Par cette eucharistie, nous sommes invités à prier pour toutes les familles, celles que nous connaissons et celles qui se construiront tout au long de l’année 2023, pour les familles en difficulté que nous pouvons aider par la prière. Remarquons en cette église Saint-Louis, accrochées à ces deux grands arbres de prières, les intentions qui implorent une réconciliation, une guérison ou expriment une action de grâce!

Je pense tout particulièrement, ce matin, aux couples de fiancés qui vont recevoir le sacrement de mariage, charge à nous de leur proposer une solide formation pour que le « oui » qu’ils vont prononcer le jour de leur mariage soit compris, réitéré, sublimé… pour que leurs familles deviennent de familles saines et saintes.

Frères et sœurs, voilà ce que nous recevons en ce jour particulier. 

Rendons grâce aussi pour nos familles, nos parents, nos frères et sœurs !   

Que Dieu soit béni !                                                                                      

Ainsi soit-il 

Homélie lundi 26 décembre 2022, fête de saint Étienne. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 10, 17-22. Livre des Actes des Apôtres 6,8-10 ; 7, 54-60. 

Psaume 30.

 

La liturgie de l’Octave de Noël reste surprenante ! Nous sommes encore dans la joie - la Joie de Noël - et quasiment, sans transition, nous expérimentons le martyr et la folie des hommes ! 

Cette folie est-elle terminée ? Non, hélas, elle demeure encore !

Devant les épreuves que connaissent actuellement l’Europe et de nombreux pays dans le monde, nous pouvons nous surprendre à dire à Dieu, dans notre prière : « Seigneur où es-tu ? Pourquoi ta venue en notre chair n’a-t-elle pas changé notre humanité et le cœur des hommes ? »

L'Évangile d'aujourd'hui nous répond en nous replaçant devant deux certitudes :

·      Le Seigneur Jésus continue de nous envoyer dans notre monde en attente, pour témoigner : «  il y aura là un témoignage pour eux et pour les païens … ne vous inquiétez pas » ...

·      Le Seigneur sait que la mission dépasse nos forces : il sait que nous sommes démunis, mais Il nous assure que : « ... mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. ».

Mission risquée, mission dangereuse, mission impossible aux hommes seuls… mission qui ne devient pensable qu'avec la force de Dieu, avec la force de l’Esprit Saint !

Si nous regardons le rapport des forces uniquement du point de vue humain, il y aurait de quoi désespérer : brebis au milieu des loups, nous risquerions d’être battus d'avance. Car, nous le savons : « L’homme est un loup pour l’homme !»

Pourtant, chaque jour, comme au premier jour, le Christ nous redit : « Je t’envoie ! »

La première lecture nous présente saint Étienne, premier martyr. Il était, comme nous l’avons entendu dans les Actes des Apôtres : « plein de la grâce et de la puissance de Dieu » ! Sa sagesse laissait sans voix ses auditeurs : « l’Esprit Saint inspirait ses paroles ! ». 

Il sera le premier à aller jusqu’au bout du témoignage en faveur de Jésus, non seulement en paroles, mais en actes !

Saint Étienne nous montre jusqu’où va le don de soi, le don de sa vie et son corollaire : le pardon. Par la parole, celle qu’il donne en remettant son « esprit », et par la vision qu’il a au moment de mourir : il donne tout librement. La porte d’entrée vers Jésus passe par là !

En fait, le martyre d’Étienne ne vient donc pas troubler la paix de Noël. Il nous enseigne que le Verbe s’est fait chair par sa vie donnée, pour pardonner et pour nous apprendre à pardonner. Telle est la volonté du Père qu’il vient accomplir. 

Est-ce possible ? Oui, nous dit saint Matthieu, « ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous ». Nous n’avons pas à nous demander si aurons la force et les mots du pardon : Dieu lui-même l’accomplira en nous. 

Laissons faire Dieu par son Esprit en nous ! 

Par là, Il accomplira lui-même son dessein en nous et pour l’humanité.

Que dire à Jésus ? Quelle consigne nous donne cet enfant désarmé de la crèche pour cette confrontation avec le monde du refus, monde de violence, monde de l’indifférence ?

« Ne craignez pas... courage ! N’ayez pas peur ! »

« Ne nous laissons pas voler la joie de Noël ! »

N’ayons pas peur au point de nous laisser assombrir par le défaitisme ambiant et une désespérance qui, de fait, n’est pas chrétienne !

Choisissons ensemble et personnellement, d’être les témoins joyeux du Verbe fait chair.

Voilà ce que nous entendons au lendemain de Noël, encore tout entier, dans la joie de la naissance du Sauveur ! Demandons cette grâce pour chacun de nous, ce matin, pour nos communautés, pour nos familles et pour le monde !                                                                                                                                                                                                                                              

Ainsi soit-il !

 

Homélie messe de Noël (jour), dimanche 25 décembre 2022. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Livre du prophète Isaïe 52, 7-10. Psaume 97.

Lettre aux Hébreux 1, 1-6. Messe du jour.

 

 

Chers amis, merci pour votre présence, paroissiens habituels ou inconnus ; bienvenue dans cette église Saint-Louis, soyez chez vous !

Savez-vous que cette messe de 10h - messe du jour de Noël - est, en réalité, la troisième messe de la Nativité que nous célébrons pour faire mémoire de la naissance du Sauveur. 

Au moins, trois temps sont donc nécessaires pour entrer progressivement dans ce mystère !

Au cœur de la nuit de Noël, où véritablement, la lumière est apparue ; Celui qui se présentera aux hommes comme « la lumière du monde », est né. 

Mystérieusement, cette naissance n’est pas annoncée aux « connaissants », aux puissants ou aux dignitaires, mais aux pauvres, aux bergers. 

- Hier soir, lors de la messe de la veillée de Noël, avec les familles et les enfants qui étaient très nombreux - avec une assemblée nombreuse, nous avons commencé la célébration dans la pénombre d’une nuit froide de Bethléem et les yeux des enfants étaient tout brillants! Nous avons entendu le récit émouvant de cette Naissance et nous nous sommes réjouis en chantant « Douce nuit » et « Il est né le divin enfant » ! Nous avons surtout découvert, au cœur de cette nuit, le visage de Dieu dans cet enfant de la crèche : visage de lumièrevisage de paixvisage d’un petit enfant, en tout point semblable à nous, tout en étant le Fils de Dieu.

- Avec la deuxième célébration - la messe de l’Aurore - l’évangile nous a conduits, au petit matin à la crèche avec les bergers qui avaient entendu le message des anges. Ils ont trouvé Marie et Joseph avec le nouveau-né déposé dans la mangeoire. Ils ont adoré le Seigneur et, émerveillés par cette rencontre, ils sont repartis au petit matin pour aller annoncer alentour cette bonne nouvelle de la naissance de cet enfant. 

- Avec cette messe du jour (donc, la troisième), nous sommes appelés, tout en contemplant Jésus déposé dans une mangeoire, à prendre un peu de hauteur, à découvrir son identité et le sens de cette Naissance. 

Pour quoi cet Enfant-Dieu est-il venu dans notre humanité ? 

C’est la raison pour laquelle nous entendons le Prologue, c’est-à-dire le début de l’évangile selon saint Jean. Ce Prologue est une préparation et un prélude à la Bonne Nouvelle de la venue de Jésus. Il nous invite à la méditation, à la contemplation pour découvrir réellement le sens de l’évènement que nous avons fêté cette nuit. 

 

Sommes-nous au clair sur cette question ?

Pour moi, ce fils engendré en Marie par la puissance de l’Esprit Saint, finalement, qui est-Il pour vous ? Les réponses pourraient être très diverses, car, aujourd’hui dans notre société égocentrée, instantanée, consumériste… cette fête a été vidée de son sens premier.

Le prologue de St Jean nous redit des choses absolument extraordinaires et capitales pour entrer dans le mystère de cette naissance ! 

Cet Enfant Jésus qui est la Parole du Père, qui vient prendre chair en Marie dans la puissance de l’Esprit Saint, est réellement le fils de Dieu. Or, cet enfant qui est Dieu lui-même, a participé – nous dit l’évangéliste – à la création du monde : « sans lui, rien n’a été fait ». Ce tout petit enfant est véritablement tout-puissant. Avec Lui, la « Lumière du monde », arrive dans notre humanité presque sans bruit et sans éclat ! L’extraordinaire de Dieu nous rejoint dans l’humilité d’une famille qui semble démunie de tout confort. Comme pour marquer ce contraste, l’évangéliste ajoute que cette lumière donnée au peuple préparé depuis des générations à la venue du Messie (toute l’espérance du peuple hébreu !), cet enfant qui est pourtant la Lumière, n’a pas été reçue. Le monde ne l’a pas reconnu. 

Peut-être pourrions-nous constater la même chose aujourd’hui !

Tout le paradoxe, toute la pédagogie de Dieu sont déjà présents à la crèche !

 Et cette pédagogie, reconnaissons-le, nous déconcerte vraiment ! Comment Dieu, qui est Dieu, peut-il prendre notre condition humaine et venir à nous dans la pauvreté d’une étable ? Nous pensions Dieu omnipotent et tout-puissant, mais nous le découvrons dans le regard d’un enfant ! Qui peut craindre un bébé ? Nous pouvons rêver de puissance et de domination, Dieu veut nous faire découvrir qu’il a pour chacun un projet de Vie, jamais déconnecté de notre humanité ! 

À Noël, nous ne sommes pas dans un conte de fées. Nous y contemplons le mystère : celui de l'Incarnation : Dieu fait Homme ! Les apparences ne sont pas trompeuses en ceci que le Verbe éternel prend, à son compte et sans tricher, l'humanité telle qu'elle est : avec ses joies et ses peines, avec la vie naissante et la mort !

Je le redis autrement : lorsqu'Il vient la remplir de sa présence, le Verbe ne fait pas voler en éclats notre humanité. Il vient y faire sa demeure en la respectant, et toujours sous la forme d’une proposition : « Veux-tu ? ». Là, le Prologue nous invite donc à prendre un peu de hauteur !

Il le fait pour que nous aussi sachions habiter ce corps mortel qui est le nôtre, comme des hommes et des femmes qui ont leurs vraies racines dans le cœur de Dieu, dans l'éternité. 

Il ne s’agit pas une éternité abstraite dont on ne saurait trop que faire, mais au contraire une éternité que l'on peut traduire comme une plénitude de vie, une plénitude d'amour.

Le Verbe vient habiter notre humanité aux prises avec le péché, avec la mort, pour la rendre à elle-même. On appelle cela le Salut.

Là est la raison de la venue de Jésus ! Jésus vient nous montrer le ciel, pour nous faire entendre avec sa voix d’homme, l’amour de Dieu le Père !

Ce que ce mystère de Noël vient nous révéler, c’est que Dieu n’a jamais voulu rien d’autre pour chacun d’entre nous, que nous vivions dans son amour et que le projet du Père est de nous faire vivre dans l’éternité.

Si nous acceptons de placer notre confiance dans ce tout petit Enfant qui vient nous sauver à travers sa vie, si nous suivons son enseignement, alors nous découvrirons l’amour du Père pour chacun d’entre nous. C’est ainsi que nous parviendrons à vivre dans la justice, la paix et l’espérance pour que de vraies relations fraternelles puissent exister entre tous nos frères et sœurs humains.

Chers amis, voilà donc la réalité de Noël !

Il y a donc urgence, frères et sœurs, pour que nous soyons des chrétiens crédibles : devenons, tels les humbles bergers de la crèche, audacieux et capables d’aller à la rencontre de ceux qui ne connaissent pas encore la véritable mission de l’enfant de Bethléem, pour témoigner humblement, autant par notre manière de vivre que par nos paroles, de l’amour du Père.

Si trois célébrations nous sont proposées pour mieux comprendre le mystère de Noël, c’est que nous avons besoin un peu de temps pour vivre notre rencontre personnelle avec le Christ. C’est Lui qui donnera cette certitude que notre salut et notre avenir sont en notre Dieu trois fois saint !

 

Ainsi soit-il !

 

Homélie du vendredi 23 décembre 2022, 4e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 57-66. Livre du prophète Malachie 3, 1-4. 23-24. Psaume 24.

Messe de l’aurore.

 

Chers amis, une chose que nous avons perdue, peut-être oubliée, est l’étymologie des prénoms ! Bien souvent, nous sommes incapables de savoir ce que signifient nos prénoms !

À l’époque de Jésus, chaque prénom était choisi avec attention. Par exemple :

- Jean (hébreu Yōḥānān) signifie « Dieu fait Grâce » !

- Zacharie (hébreu zekharya(h)) est un prénom qui signifie « Dieu se souvient ». 

Comme Zacharie, dans de nombreuses situations, nous avons un réel besoin de faire mémoire, de recul et de silence !

Zacharie a eu besoin de silence. 

Neuf mois ! Neuf mois de silence et de prière. Zacharie a eu beaucoup de temps pour penser au plan de Dieu. Il a exprimé le fruit de sa contemplation dans son Cantique (Luc 1, 68-79) que nous entendrons demain (samedi 24 décembre) !

Il avait sans doute besoin de ce temps de silence et de prière pour approfondir le mystère et la mission de son fils, Jean. L’Esprit Saint a parlé à son cœur pendant ces longues heures de silence et l’a aidé à comprendre ce que ni les maîtres ni les livres ne pouvaient lui enseigner. Sans doute aura-t-il compris le plan de Dieu sur sa vie et sur celle de son fils et bien sûr les conséquences sur l’avenir du peuple Hébreu. 

Pour être sensible aux inspirations de l’Esprit Saint, (pour nous, il est important de le comprendre), il faut faire silence dans son cœur. Silence pour distinguer la voix de Dieu au cœur du brouhaha et des multiples autres voix du monde qui tentent d’étouffer la parole du Seigneur.

Du silence de Zacharie, nous pouvons passer au silence de Marie. Il nous reste encore deux jours pour contempler le silence de Marie, alors qu’elle attend la naissance de son Fils - la naissance de Dieu fait homme. Quel mystère ! 

Marie a-t-elle dû, sans doute, s’éloigner de l’agitation des rues, de l’animation de la place du marché, pour réfléchir au Plan de Dieu ! Elle trouve, avec Joseph, refuge dans une simple grotte ; juste la simplicité de la paille et la présence de quelques animaux : humilité du Christ devenu homme. 

Posons-nous ces questions, ce matin : que sera ce Noël pour nous ? Ferons-nous silence ? Arriverons-nous à prendre un peu de temps de recul, un temps de prière, un temps de contemplation ? Tout cela dans l’attente devant nos crèches, de l’Enfant Jésus ?

Je n’oublie pas le silence de celles et ceux pour lesquels Noël sera vécu difficilement dans une solitude contrainte et une certaine tristesse ! Pour eux, c’est le silence de la famille ou de la fraternité, du voisinage, qui creusera le manque !

Je sais que pour de nombreuses personnes, ce prochain week-end sera rapide, intense, bruyant ! Sans doute aussi un peu épuisant, sans trop de repos pour être disponible à tous !

Frères et sœurs, nous avons un défi : au cœur de toute cette agitation, j’aimerais que l’on puisse « se pauser », se « poser » un peu, prendre quelques minutes à l’écart ! Peut-être aujourd’hui, essayer de faire silence, de prendre le temps du silence et de la contemplation, couper tout ce qui est « amplification du bruit » « Générateur de bruits » ! 

C’est la grâce que nous pouvons demander ce matin pour chacun de nous, humblement ; faire silence en nos cœurs !                                                                                                                                         

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 19 décembre 2022, 4e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 5-25. Livre des Juges 13,2-7.24-25a. Psaume 70.

 

Chers amis, je vous invite vraiment à prendre le temps de méditer cette page d’évangile que nous venons d’entendre et à la mettre en parallèle avec la première lecture. De fait, nous connaissons bien l’Annonciation à Marie, nous avons entendu l’Annonciation à Joseph (c’était hier, Dimanche). Voilà que nous entendons maintenant une autre annonciation, celle faite à Zacharie qui annonce la naissance de Jean le Baptiste. 

C’est à Zacharie, son père, que l’ange Gabriel vient l’annoncer. L’évangile nous précise que Zacharie et sa femme Élisabeth étaient des justes. Ils étaient de lignée sacerdotale et ils suivaient fidèlement les commandements de Dieu. Une précision est apportée : ils étaient déjà avancés en âge.

Zacharie et Élisabeth ne sont pas épargnés par les épreuves et les souffrances de la vie : en particulier, ils n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth était stérile et c’était, pour eux, une peine profonde. 

À la différence de Marie et de Joseph, quand l’ange vient annoncer à Zacharie qu’il sera bientôt père, il ne croit pas. Il doute de la parole de l’ange ! Pourquoi ? Il bute très simplement sur une réalité : sa femme et lui sont déjà vieux et Élisabeth est stérile ! Comment est-ce donc possible ?

Zacharie, tout prêtre qu’il est, a un regard excessivement humain. Il ne fait pas battre son cœur au rythme de la foi, en l’amour providentiel de Dieu. 

Zacharie est prêtre du Très-Haut, officiant dans le temple en présence du Seigneur.

Il est désigné, pour cette année (et c’est un honneur), comme thuriféraire et porteur de l’encens dans le Saint des saints ! Et pourtant, il est pris en défaut au niveau de sa foi en la réalisation de la promesse divine. 

On peut être un homme ou une femme irréprochable au niveau religieux, et être pourtant mal croyant. Cela peut nous surprendre ! Nous pouvons avoir des signes de piété, venir régulièrement participer à l’eucharistie, et être pourtant mal croyants.

Cette mise en garde vaut aussi bien sûr pour nous : nous croyons certes que Jésus est né comme nous allons le fêter dans quelques jours, qu’Il est ressuscité des morts et qu’Il est vivant pour les siècles ; mais lorsqu’il s’agit d’intégrer ce mystère dans nos vies, nous hésitons !

Finalement, d‘une certaine façon, Zacharie est notre jumeau. Que ce soit à l’écoute de la Parole de Dieu ou devant ses silences, il nous arrive de douter, de manquer de confiance… de ne pas comprendre les plans de Dieu pour le monde et pour moi. 

Comme Zacharie, nous pouvons souvent être lents à comprendre la volonté de Dieu dans nos vies. 

Frères et sœurs, nous sommes seulement à quelques jours de la Nativité, demandons la grâce de la foi pour savoir accueillir de la part de Dieu tout ce qui nous semble humainement irréalisable. 

Seigneur, Toi qui es le Dieu de l’impossible et qui nous étonnera toujours, rends nos cœurs dociles à tous les mouvements de ta grâce ! Puissions-nous nous émerveiller sans cesse de ta présence en nos vies ! 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 18 décembre 2022, 4e dimanche de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 1, 18-24. Livre du prophète Isaïe 7, 10-16. Psaume 23.

Lettre de saint Paul aux Romains 1, 1-7. 

 

Cet épisode de l’évangile de saint Mathieu pourrait aisément s’appeler « l’Annonciation à Joseph ». Nous connaissons bien d’autres annonciations dans la Bible (par exemple celle du message à la femme de Manoah dans le livre des Juges qui annonce la future naissance de Samson, ou encore celui que nous entendrons dans la liturgie de demain, qui annonce à Zacharie, la naissance de Jean le Baptiste). Celle que nous connaissons bien sûr le mieux est « l’Annonciation à Marie par l’ange Gabriel » racontée par saint Luc, et la réponse de la Vierge Marie : « qu’il me soit fait selon ta parole ! » 

Chers amis, en ce 4e dimanche de l’Avent, nous entendons ce récit où Joseph est dans une situation difficile, de grande perplexité et de doute : il vient de découvrir que sa fiancée, Marie, est enceinte après avoir passé trois mois chez Élisabeth, sa cousine. C’est alors que Dieu intervient !


     Je vous invite, durant quelques instants, à regarder de plus près cette « Annonciation à Joseph » et ce songe mystérieux !
            Déjà, gardons en mémoire que les songes dans la Bible ne sont pas des rêves ! Il existe plusieurs sortes de songes ; ce sont par exemple, celui de Jacob où il voit une échelle sur laquelle les anges montent vers le ciel et en descendent (Genèse 28, 12-16) ou celui de saint Pierre à Jaffa qui s’interroge sur les aliments défendus ou permis aux nouveaux baptisés (Actes 10, 10-16). Les songes sont toujours reliés à des interventions de Dieu.


            C’est ce qui arrive dans le cas de Joseph. Ce songe, par la réponse qu’il apporte, est riche d’enseignements. 


         L’évangile de ce jour nous montre les questionnements, le bouleversement et même la déception du futur époux. En effet, c’est un homme juste et il réfléchit à ce qu’il doit faire : faut-il renvoyer sa future épouse, alors qu’elle est enceinte, et qu’il n’est pas le père de ce bébé ? Sans aucun doute, Joseph aime Marie et ne souhaite pas lui nuire, mais…quelle est la juste décision ? Nous pouvons parfaitement comprendre ce bouleversement !


          C’est alors que l’intervention divine prend la forme d’un ange qui lui apporte ce message : 

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle, vient de l’Esprit Saint. Elle enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire Le Seigneur sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » 

Chaque mot que Joseph entend a une portée incroyable ! Le message ne peut être plus clair ! L’ange dit de Marie : « Ton épouse » ! Il s’adresse aussi à lui en le nommant : « Joseph, fils de David ». Joseph sait et il comprend l’attente de son peuple qui attend depuis plusieurs siècles, le Messie promis, le nouveau David.

En Joseph, nous avons donc un homme rempli de foi en Dieu et soucieux de répondre positivement au projet de Dieu. Quoique de façon obscure et sans vraiment tout comprendre, il perçoit l’Action de l’Esprit Saint en Marie. C’est pourquoi, sa réponse est rapide et nette : « il prit chez lui son épouse. » 

Cette Annonciation nous redit l’enracinement dans la foi du Peuple élu et sa confiance inébranlable en la promesse de Dieu !

La décision de Joseph nous éclaire aussi, car elle nous enseigne deux choses très importantes à propos de ce grand mystère de l’Incarnation de Dieu fait homme. 

La première regarde l’origine divine de cet enfant que porte Marie. Sa conception est l’œuvre de l’Esprit Saint. Joseph n’est pas le père de cet enfant ! Son parcours futur n’est pas connu de Joseph ni de Marie, comme c'est le cas de tous les parents qui accueillent un enfant. Que sera cet enfant ? Mais tous deux font confiance à Dieu dans un abandon extraordinaire, car ils reconnaissent l’action de Dieu dans ce qu’ils vivent. 

- En conséquence, et c’est le deuxième point, ils permettent à Dieu de prendre chair dans un corps humain. C’est le versant humain du mystère de l’Incarnation : Jésus-Christ, parfaitement Dieu et parfaitement hommeCette révélation est inouïe et continue à surprendre encore nos contemporains !

Ces deux réalités, la réalité divine et la réalité humaine, ne font pas seulement que coexister en Jésus, elles sont intimement reliées au point que l’une ne va pas sans l’autre. Lorsque je regarde l’enfant de Marie :

  • Je peux voir son fils formé en elle dans sa chair et inséré, par l’acceptation de Joseph qui épouse Marie, dans une lignée humaine à laquelle il se rattache. 
  • Je vois aussi le Fils de Dieu qui vient parmi nous comme l’un de nous, le Verbe de Dieu fait chair. 

Frères et sœurs, nous sommes à quelques jours de la fête de la Nativité du Sauveur. Ce temps de l’Avent est une invitation à suivre le même chemin de foi de Joseph et de Marie. Ils ont vécu tous ces mois d’attente, où l’Enfant-Dieu s’est développé dans le sein de Marie, dans la joie de voir enfin sa frimousse à Noël ! 

Nous avons, nous aussi, à nous émerveiller devant cet enfant ! Ne trouvez-vous pas surprenant que tous les médias, les magasins, les centres commerciaux soient capables décrire en grand « Noël » et d’oublier complètement le sens réel de cette fête !

Bref, Joseph et Marie, malgré des questionnements légitimes, ont gardé intacte une confiance dans le projet de Dieu. Alors, suivons leur exemple et demandons au Seigneur de nous aider à surmonter nos doutes, nos hésitations, afin de nous réjouir, nous aussi, dans l’accueil de la naissance du fils de Dieu, en notre cœur, en notre vie !

Voilà ce que nous recevons en ce 4e dimanche de l’Avant. Puissions-nous prendre, cette semaine, le temps de méditer pour nous préparer à cette incroyable vérité : la venue de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, cet Enfant qui vient nous sauver !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 16 décembre 2022, 3e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 5, 33-36. Livre du prophète Isaïe 56,1-3a.6-8. Psaume 66.

Messe de l’aurore.

 

« Je parle ainsi pour que vous soyez sauvés ! »

J’étais cette semaine, avec les enfants du catéchisme. Nous avons échangé sur Noël ! Nous avons parlé de toutes sortes de préparatifs, et aussi de confessions pour préparer le cœur de chacun des enfants. Nous avons bien échangé sur Noël, sur cette fête. J’ai écouté !

Nombreux sont les enfants que l’approche de Noël fait rêver. Certains comptent les jours, découvrent un calendrier de l’Avent, construisent la crèche… Dans certaines familles, ils prennent aussi le temps de prier ensemble ! Cela est très beau !

Au plus profond d’eux-mêmes, ils pensent, sans doute, aux cadeaux qu’ils ont demandés ou espèrent recevoir (certains m’ont même remis une liste à remettre au père Noël !). Ils sont nombreux aussi à anticiper la réunion des familles, la joie de revoir les cousins et les cousines… Il est touchant de remarquer la place que peut prendre chez eux le désir qui grandit et qui mobilise leur imaginaire. Leur capacité d’imagination est grande ! 

Certains, sans peut-être le savoir vraiment, ont soif de Jésus et d’absolu de Dieu ! Les plus grands savent très bien que le père Noël reste un argument commercial dans notre société de consommation, mais que Jésus, Lui, nous offre bien plus que des cadeaux éphémères ! Ils ont en eux naturellement cette capacité de Dieu ! Je note aussi que beaucoup, même si les cadeaux font peut-être rêver, ont au fond d’eux-mêmes, un désir de paix et d’amour dans une famille unie, stable, apaisante.

Sans infantilisme, il me semble que le Seigneur attend de nous que nous apprenions à Le désirer avec la ferveur et l’enthousiasme d’un enfant.

Pour chacun de nous, posons-nous cette question ! Demandons-nous quelle place le désir de Dieu peut prendre dans notre vie spirituelle. Que désirons-nous de la part du Seigneur ? Quelle est notre demande humble, vraie, simple que nous adressons au Seigneur pour nous, notre famille, pour le monde ? Au-delà des grâces que nous recevons, le don de Dieu est dans cette assurance du Salut !

« Je parle ainsi pour que vous soyez sauvés ! » nous redit Jésus dans cet évangile !

Que notre désir de Dieu et de ses bienfaits grandisse en nous en cette période de l’Avent ! Qu’il soit loin de tout caprice d’enfant gâté, loin de tout fanatisme ou sottise de celles et ceux qui croient savoir mieux que Dieu lui-même ce qu’il leur faut ! 

C’est l’invitation que nous adresse la liturgie de ces jours : le verset « alléluiatique » (entre les deux alléluia) commence par un verbe qui redit ce « désir ». Nous entendons : « Viens Seigneur ! » et nous allons le réentendre tout au long de cette semaine. 

Viens Seigneur en notre vie, en notre cœur !

C’est à l’exigence de notre désir de conversion et d’espérance joyeuse que se mesurera la vérité de notre attente du Sauveur et de notre soif de vivre en Lui.

Frères et sœurs, en cette « messe de Rorate », avec une âme d’enfant, demandons de grandir dans notre désir de Dieu.

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 12 décembre 2022, 3e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 21, 23-27. Livre des Nombres 24,2-7.15-17ab. Psaume 24.

 

Rapidement, quel est le contexte de la scène qui se déroule dans l’évangile que nous venons d’entendre ?

Jésus est depuis plusieurs jours dans le Temple de Jérusalem ! Il enseigne, mais Il enseigne apparemment sans permission et Il attire les foules qui viennent l’écouter. Surtout, sa présence intrigue et dérange : il vient de chasser les vendeurs en expulsant tous ceux qui vendaient et achetaient dans le Temple ! Plus étonnant, Il guérit des boiteux et des aveugles et la foule d’enfants crie : « Hosanna au fils de David ! » Nous sommes donc dans un contexte messianique très fort !
C’est alors que les chefs des prêtres avec les anciens du peuple, autrement dit les autorités religieuses et civiles, qui composaient le Sanhédrin, viennent demander compte à Jésus de la liberté qu'Il prend : « Par quelle autorité enseignes-tu ici ? Qui t'a donné cette autorité ? » La réponse de Jésus est immédiate !

Quelle habileté ! C’est sans doute notre réaction spontanée ! Il s’en sort bien. L’échappatoire est judicieuse !

Mais il y a beaucoup plus qu’une habileté dans ce récit. La question posée à Jésus, au vu de ses enseignements et de ses actes de puissance est bien la vraie question : « Par quelle autorité fais-tu cela et qui t’a donné cette autorité ?» 

Cette question est assez proche de celle que Jésus lui-même va poser à ses disciples : « Pour vous qui suis-je ? »Même pour aujourd’hui, nous constatons encore que les réponses ne sont pas unanimes.

Cette interrogation posée par Jésus sur le Baptême de Jean en est un révélateur. 

  • S’il est du ciel, alors, il nous faut entendre son appel à la conversion et reconnaitre celui dont il dit qu’il est plus grand que lui. 
  • Dire qu’il est des hommes par crainte de la foule, c’est manifester que l’on obéit aux hommes et à ses propres intérêts plutôt qu’à Dieu. Se prononcer au sujet de Jean c‘est se prononcer au sujet de Jésus. 
  • Dire : « nous ne savons pas » prononcé au sujet de Jean leur interdit de reconnaître finalement l’autorité divine de Jésus.

 

Frères et sœurs, ce matin et pour chacun de nous : quelle est ma réponse ?

Ma vie témoigne-t-elle clairement de ma conviction que Jésus est descendu du Ciel, qu’Il est le Fils de Dieu ? Celui que nous allons fêter dans quelques jours à la crèche, ce petit enfant est-il vraiment, pour moi, le Sauveur ?

Que cet Avent qui avance à grands pas, soit pour nous l'occasion d'un sursaut de foi, d'un surcroît de confiance, quand bien même nous pourrions manquer de patience ! Approchons-nous encore plus de Lui, puisqu'il enseigne dans son Temple. Laissons-nous, nous aussi, enseigner par Lui en prenant le temps de lire sa Parole !

Disons-Lui : « Parle-nous encore, Seigneur, avec l'autorité du Père, toi qui as les Paroles de la vie éternelle ! »

Chers amis, que cette troisième semaine de l’Avent soit, pour chacun de nous, l’occasion de nous laisser saisir par la délicate bienveillance de notre Sauveur !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 11 décembre 2022, 3e dimanche de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-André, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 11, 2-11. Livre du prophète Isaïe 35,1-6a.10. Psaume 145.

Lettre de saint Jacques 5, 7-10. 

Dimanche de Gaudete.

 

 

Nous retrouvons, ce matin, Jean-le-Baptiste ! C’est lui qui nous a interpellé la semaine dernière dans l’évangile du 2e dimanche de l’Avent par sa prédication inspirante, annonciatrice et en même temps dérangeante. Nous le retrouvons aujourd'hui alors qu’il est en prison, enfermé parce que son franc-parler lui a mis à dos les autorités politiques et surtout le roi Hérode. 

La patience de Jean-Baptiste est donc mise à rude épreuve ! Il y a peu de chance que cette prison ait été très confortable et qu’on ait eu pour lui beaucoup d’égards. Il ne s’agit plus pour lui d’attendre tranquillement sur les bords du Jourdain ou dans le désert. Ainsi, quand saint Jacques (2lecture) nous invite, lui aussi, à la patience, il nous faut mesurer ce que cette invitation représente par rapport à nos vies, vie chrétienne et vie humaine. La patience est nécessaire !

Qui est Jean Baptiste ? Voilà un homme à la parole de feu, courageuse, puissante, et prophétique. Son annonce stimulait à reconnaître les erreurs de sa propre vie, de ses manquements, une invitation à changer radicalement, à retourner vers Dieu. Des foules nombreuses de tout le pays avaient entendu son message de conversion et autour de lui une communauté de disciples s’était constituée. Chacun voyait, en lui, le prophète Élie. Jean est celui qui avait désigné Jésus en disant : « Voici l’Agneau de Dieu ! ».

Cependant, l’attitude de Jésus le surprend quelque peu ! Jésus ne vient pas comme un juge rigoureux prêt à remettre, presque par la force, les pêcheurs dans le droit chemin. Il les accueille et mange avec eux, Il leur annonce un message de libération et de paix, d’amour miséricordieux. En envoyant ses disciples depuis sa prison, Jean attend donc une confirmation : « Es-tu celui qui doit venir ? Es-tu le Messie ? ».

Remarquons que Jésus ne se limite pas à leur répondre : « oui, c’est moi ! ». Il sait que les actes parlent bien plus que les mots ! Il demande simplement aux envoyés d’observer autour d’eux : les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent…

Il ne s’agit pas de guérisons anecdotiques ! Ce sont les signes messianiques que les prophètes avaient déjà annoncés depuis des siècles (1re lecture d’Isaïe). La réponse de Jésus est donc concrète : « Oui, je suis bien le Messie, voyez plutôt ce que je fais, mes œuvres certifient que c’est vrai. » 

Et nous, frères et sœurs, en sommes-nous persuadés ? Peut-être y a-t-il un Jean-Baptiste qui sommeille en chacun de nous ! Peut-être avons-nous besoin pour croire, de voir et même pour certains, d’avoir des preuves ! Peut-être sommes-nous comme Jean, quel que peut, impatient ?

De fait, depuis la venue de Jésus en notre chair (ce que nous allons fêter à Noël) jusqu’à sa revenue (à la fin des temps), nous sommes dans le temps de l’Église ! Nous nous trouvons dans cet entre-deux, où nous sommes invités à croire sans voir. Nous vivons dans le temps de la patience, pour reprendre la formule de saint Jacques ! 

Nous sommes dans le temps de la maturation, mais aussi dans le temps de l’espérance, où l’Esprit Saint conduit l’Église et chacun de nous ! N’oublions pas que, dans ce temps de la patience, de la maturation et de l’espérance, mais aussi de l’épreuve, nous ne sommes pas complètement dans l’obscurité. Déjà des signes messianiques nous sont donnés, par une présence active de Dieu, par la puissance de son Esprit Saint au cœur des disciples de Jésus, au cœur de son Église, au cœur de nos vies.

Notre existence de chrétien dans le monde peut sembler guère différente de celle de tous les autres ? 

Comme les autres, nous sommes, nous aussi, confrontés aux difficultés, aux accidents de la vie, aux souffrances inhérentes à l’existence humaine ! Mais, si notre vie présente les mêmes vicissitudes que les autres, le témoignage que nous sommes appelés à rendre, n’est pas de faire disparaître, comme par magie, les difficultés de l’existence. 

Nous témoignons humblement que nous sommes habités par une force qui nous permet d’affronter les difficultés de la vie dans la confiance, fortifiés par la certitude que Dieu garde pour chacun, un projet de vie, un projet de salut !

Chers amis, je sais bien qu’à des moments précis de notre existence, nous pouvons être dans le doute, nous ne comprenons pas plus que les autres : pourquoi la maladie, la mort, la guerre … ? Mais, dans et avec la prière, petit à petit, la souffrance comme l’incompréhension devrait provoquer en nous, non pas une résignation, mais une douce vertu de patience 

A l’image de Dieu qui se montre d’une incroyable patience vis-à-vis de nous, nous devons apprendre et accepter, nous aussi de vivre dans une patience sereine ! Quand je vous parle de patience, il ne s’agit pas de vivre en se croisant résigné nos bras, en attendant que ça aille mieux ; il s’agit de vivre dans une patience active et généreuse !

C’est aussi ce que peut nous apprendre ce dimanche de Gaudete, ce dimanche de la joie chrétienne ! Le rose de ma chasuble, entre le violet et le blanc, dit aussi cette progression lumineuse dans nos vies. Découvrir la patience comme la joie d’une naissance qui ne doit pas nous faire oublier la persévérance patiente vécue des parents durant les neuf mois d’attente ! 

Nous sommes donc à quelques jours de l’anniversaire d’une naissance qui résonne encore jusqu’à nous. Déjà, pour Marie et en Marie, le don extraordinaire de la vie divine est présent en elle ; pourtant, rien n’est encore visible, sinon son ventre qui s’arrondit. 

Avec elle, redécouvrons le mystère du don de la vie cachée, mais déjà présente, fragile et pourtant si forte en promesses de l’Enfant-Dieu !

 

En ce temps de l’Avent, en ce dimanche de la Joie, regardons avec le même émerveillement et la même confiance, ce mystère de la vie naissante au cœur de toute mère qui porte en elle son enfant.

À la question de Jean-le-Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir ? », nous connaissons la réponse joyeuse et vraie : Oui, Tu es le Messie, Seigneur ! Tu es celui qui est, qui était et qui vient, c’est Toi l’enfant-Dieu, l’enfant de la crèche, c’est bien Toi,  le Messie ! Jésus, c’est Toi qui est le Sauveur !

Frères et sœurs, en ce temps de l’Avent, même si nous attendons impatiemment la Nativité du Seigneur et la rencontre avec l’Enfant Jésus, puissions-nous déjà rendre grâce pour le don que Dieu nous fait de sa présence !

                                                                                                                      Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 9 décembre 2022, 2ème semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 11, 16-19. Livre du prophète Isaïe 48, 17-19. Psaume 1.

Messe de l’aurore.

 

L’évangile de ce jour nous demande un peu plus d’attention, car c’est un texte particulier et subtil !

Comment comprendre ce que Jésus est en train de nous dire ? Faut-il entendre de sa part de la tristesse, une crainte, un avertissement ?

Ce qui semble évident, c’est que Jésus met la foule qui l’écoute devant ses contradictions ! Celles-ci ne font que dévoiler l’immaturité de cette foule !

     Comment expliquer davantage ? « Cette génération », dit Jésus, n’a envie de rien et trouve toujours une objection qui justifie sa passivité. Dans notre langage plus actuel, nous pourrions dire que cette foule se conduit comme des enfants ou des adolescents enfermés dans leur monde, derrière leurs tablettes et qui nous répondent : « Je m’en fous, je ne veux pas ! »

Face à Jean, qui est « plus qu’un prophète » (Mt 11, 11) et face à Jésus lui-même, cette foule boude comme des gamins qui refuseraient de prendre part à des jeux auxquels on les inviterait. Cette foule refuse de se laisser interpeller par ceux qui sont « venus » à sa rencontre, ici : Jean-Baptiste et Jésus. Elle ne les accueille pas pour ce qu’ils sont. 

C’est bien cette immaturité religieuse et sociale, et même cet aveuglement que Jésus entend pointer chez ses interlocuteurs. À vingt siècles de distance, ces interlocuteurs, ce sont nous aussi, ce matin !

Mais le drame de ces « générations » est peut-être plus profond et peut-être même plus grave : cette foule, n’a-t-elle pas reconnu ou n’a-t-elle pas voulu reconnaître le Messie ? Pourquoi ! Parce que cela risquerait de la déranger dans les sécurités de ses représentations toutes faites, dans son confort facile ? Là, est en fait une vraie question…

Frères et sœurs, ne limitons pas les avertissements et la tristesse de Jésus seulement à ses contemporains. Prenons le temps de réfléchir pour adapter ce que nous sommes, ce que nous vivons, ce que la société nous propose à ces quelques jours de Noël ! Lorsque nous lisons ce passage de l’évangile de Matthieu, ne le renvoyons pas trop vite dans le passé. Jésus parle bien de « cette génération » au présent. Cette expression peut donc aussi être entendue de façon bien plus large. 

Finalement, quelle sera l’attitude de « cette génération » (la nôtre) au soir de Noël ? 

Sera-t-elle blasée, indifférente, ou émerveillée ? Et nous-mêmes, comment allons-nous accueillir Jésus, l’Enfant-Dieu de la crèche ? 

  • Peut-être, aurons-nous la tristesse d’entendre : « plus de place ! » dans le cœur de certains, comme dans la ville de Bethléem ?
  • Ou alors la « joie des Bergers » venant à la crèche et celle des Anges chantant “Gloria in excelsis Deo“ dans le ciel ?

Frères et sœurs, que le froid de l’hiver et la pluie de ce matin n’accaparent pas notre cœur, mais que nous témoignons par une vraie chaleur de notre espérance en Dieu !

     Puissions-nous, Seigneur, en ce temps de l’Avent, peut-être un peu plus nous attacher humblement à Ta Parole faite chair !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 5 décembre 2022, 2e semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 5, 17-26. Livre du prophète Isaïe 35, 1-10. Psaume 84.

 

Chers amis, nous sommes souvent habitués (peut-être un peu trop d’ailleurs !) aux miracles de guérison, à ces signes que Jésus fait pour les hommes et les femmes qui viennent vers Lui. Ces rencontres de Jésus avec tel ou tel personnage (qu’ils soient : boiteux, aveugles, sourds, estropiés, lépreux…) respectent souvent un déroulement habituel. Il y a régulièrement un échange, une questionun acte de foi, une demande puis une guérison physique et spirituelle !

Ici, dans cette péricope de l’évangile de saint Luc, la rencontre semble un peu inhabituelle ! Elle a tellement marqué les esprits que nous la retrouvons aussi dans les autres évangiles !

  • Jésus regarde cet homme paralysé, couché sur la civière et l’envisage, avant toute guérison physique, comme une personne à restaurer dans sa relation à Dieu.
  • Jésus fait entendre, en premier, une parole de salut des plus inattendues, qui d’ailleurs va choquer : « Homme, tes péchés te sont pardonnés » !

Il le fait sans même avoir entendu le bénéficiaire. Jésus offre le pardon de manière immédiate. Il ne s’agit pas d’une promesse à venir ni d’un appel à la repentance, la parole de Jésus agit, aujourd’hui, efficace, en faveur de l’homme paralysé. 

Son premier relèvement s’inscrit d’abord donc dans la restauration d’une relation à Dieu, par la guérison d’une réconciliation offerte. Effectivement, il existe des paralysies qui peuvent être intérieures et bloquent ainsi la relation à Dieu !

Le signe du relèvement physique et de la marche est ainsi placé au second plan.

Ce qui est mis aussi en relief, c’est la présence de ces porteurs volontaires, ingénieux, remplis d’une foi audacieuse, qui, faute de pouvoir passer par la porte, n’hésitent pas à passer par le toit. 

Cet homme-là sur sa civière est bien entouré, par des amis entreprenants, par une communauté bienveillante.

Dans cette péricope, Jésus va droit à l’essentiel : restaurer la relation à Dieu par le pardon des péchés ! La réaction est immédiate, au grand dam des bien-pensants : « Quel est donc cet homme qui dit des blasphèmes ? » Jésus affirme, ainsi, qui « Il est ».

Pour nous, ce matin, nous recevons, à nouveau, un enseignement magistral : paralysie physique, paralysie spirituelle… le péché cloue l’homme au sol comme un malade à son lit. 

Il nous faut réentendre que le pardon nous recrée dans la relation à Dieu, qu’il nous rend à la communauté des croyants et nous remet debout, en marche : « Il partit pour sa maison en rendant gloire à Dieu. »

Le pardon nous invite à l’Action de grâce et à la louange !

Frères et sœurs, en cette deuxième semaine dans ce chemin de l’Avent, prenons le temps à la fois de la prière personnelle, dans la contemplation de la crèche, mais aussi prenons le temps de porter dans la prière et dans la foi, les membres de notre famille, des amis, des membres de notre communauté paroissiale qui, d’une façon ou d’une autre, sont éprouvés de multiples façons ! 

Ne l’oublions pas, suivant les circonstances, nous pouvons être tout à la fois, le malade sur la civière ou l’un de ces porteurs audacieux !      

Voilà notre mission tout au long de cette semaine !     

Ainsi soit-il 

Homélie du dimanche 4 décembre 2022, 2e dimanche de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 3, 1-12. Livre du prophète Isaïe 11, 1-10. Psaume 71.

Lettre de saint Paul aux Romains 15, 4-9.

 

Les lectures de ce matin sont si riches et si remplies de réminiscences de l’Ancien Testament qu’elles peuvent tout à fait nous laisser un peu perplexes et peut-être même nous laisser sur notre faim ! 

Avons-nous pris le temps de lire ces textes ce matin avant de venir à la messe ? Avons-nous saisi quelques clés de compréhension pour pleinement intégrer ce que Dieu veut nous dire et mieux nous convertir ?

Finalement, sommes-nous si familiers de la Bible ? C’est une bonne question en ce temps de l’Avent ! 

En réalité, tout est important dans l’Évangile, sinon l’auteur ne l’aurait pas écrit. Par exemple, pourquoi saint Matthieu nous donne-t-il le menu des repas de Jean-Baptiste et non pas le menu des repas de Jésus ? Ou encore, pourquoi désigner un désert : comment Jean pouvait-il « baptiser avec de l’eau dans le désert » ?

 

- Ou encore, par exemple ! Les poils de chameau, est-ce que ça vous parle et vous donne envie de rencontrer une personne habillée avec des poils de chameau ? 

Pourtant les habitants de la Judée vont aller à la rencontre de Jean ! C’est même cette caractéristique qui les pousse à sortir jusqu’au désert, pour aller voir et écouter ce drôle de personnage ! 

C’est bien ainsi que l’évangile nous présente le baptiste : « Jean portait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins […]. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui… »

Remarquons aussi que l’accueil de Jean est loin d’être chaleureux, car il va jusqu’à traiter certains d’entre eux d’« engeance de vipère ! »

Plusieurs détails peuvent nous échapper, mais, pour les habitants à cette époque, tout cela a du sens ! 

J’aimerais avec vous, très rapidement, décrypter l’évidence de l’évangile de ce jour, car, contrairement à nous, toutes ces personnes qui vont à la rencontre de Jean, connaissent parfaitement les Écritures. 

 - Il est écrit, dans le livre du prophète Malachie, au chap. 3, verset 23 : « Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. » et encore dans le 2e Livre des Rois chap.1 verset 8, en parlant d’Élie : « C’est un homme portant un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins. »

Quand on leur apprend qu’il y a dans le désert un homme vêtu de poils de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins, ils se disent immédiatement : « ça y est, c’est Élie qui est revenu ! »

Donc, loin d’être anecdotiques, pour ces habitants de Jérusalem, les poils de chameau, c’est Élie, le plus grand des prophètes, qui revient préparer le jour du Seigneur, « jour grand et redoutable » ainsi que l’Écriture l’avait annoncé.

C’est naturellement que les juifs vont s’interroger au sujet de Jean et même de Jésus, s’ils ne sont pas, l’un ou l’autre, le prophète Élie ! (Mt 11,14 & 16, 14) Ou encore, lors de la Transfiguration, cette nécessité de la présence de Moïse et d’Élie attestant la légitimité de Jésus. (Mt 17,3).

Ces gens savent donc lire les signes. Ils ont le sens du symbole. Pour nous, reconnaissons-le, c’est souvent beaucoup plus difficile ! 

 

- Le mot « DESERT » ! 

Ici, ce mot ne veut pas simplement dire un endroit tout sec, sauvage ou un endroit où il n’y a personne. Ce mot nous renvoie à plusieurs sens possibles (comme celui par exemple d’un désert intérieur, peut-être ce désert dans lequel je suis actuellement ?)

Souvent, dans la Bible, des mots, comme le « désert », renvoient à des histoires anciennes et bien connues. Ce n’est pas trop difficile ! Le désert fait référence à deux ou trois histoires les plus connues de la Bible et particulièrement une : l’histoire de Moïse et du peuple hébreu, libéré de l’esclavage quittant l’Égypte, en un exode dans le désert vers la Terre Promise. 

Pour approfondir encore ce que cela peut nous dire, il nous faudrait donc relire le livre de l’Exode et le livre des Nombres. Jean « nous plonge dans le désert », et volontairement, saint Matthieu nous replonge dans cette histoire, dans la promesse, l’errance du peuple hébreu, son attente et, en même temps, sa proximité avec le Dieu Unique.

 

Je termine avec le régime alimentaire, un peu particulier, de Jean-le-Baptiste !

Manger des sauterelles ! Pour saisir l’allusion, il faut nous rappeler que nous sommes invités à nous préparer à vivre comme les Hébreux, un chemin de libération dans le désert. Pour eux, c’était d’Égypte jusqu’à la Terre Promise. Pour nous, c’est donc depuis l’esclavage de notre péché, de nos fermetures, de nos peurs et de la mort jusqu’à la promesse du Salut en Jésus. 

Voilà l’invitation qui nous est adressée : vivre, nous aussi, un exode, un passage, une libération.

Dans ce trajet des Hébreux, il est précisément question de « sauterelles » (particulièrement, au début de l’exode) et de « miel » (à la fin de l’exode vers la Terre promise).

  • Dieu envoie des sauterelles pour libérer les Hébreux de l’esclavage en faisant plier pharaon. (plaies d’Égypte)
  • Et nous nourrir aussi de miel. C’est l’aliment par excellence de la Terre Promise dont l’autre nom est « le pays où coule le lait et le miel ».

Nous n’avons pas toujours la clé, le décodeur qui nous permettrait de reconnaître instantanément les signes que Dieu nous envoie.

La question est là : comment lisons-nous la Bible ? Mais lisons-nous la Bible ? 

Si nous ne sommes pas des familiers de la Bible, nous risquons bien de passer à côté de ce que Dieu veut nous dire ! Certes une jolie histoire, mais dont l’enracinement peut nous faire défaut !

Saint Paul nous y invite justement aujourd’hui, dans le passage de sa lettre aux Romains que nous avons entendus dans la deuxième lecture :

« Tout ce qui a été écrit à l'avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance. » 

Voilà ce que nous entendons en ce dimanche :

Persévérance, Réconfort, Espérance !

Cet appel à la conversion, qui vient du souffle brûlant du désert par la bouche de Jean est adressé à chacun de nous :

« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est là » !

Puissions-nous l’entendre en ce bref temps de l’Avent et comprendre que la logique de Dieu passe aussi par le temps et l’histoire des hommes !

Frères et sœurs, prenons le temps de lire la Parole de Dieu !                                                                        

                                                                                                       Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du vendredi 2 décembre 2022, 1re semaine de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 9, 27-31. Livre du prophète Isaïe 29, 17-24. Psaume 26.

Messe de l’aurore.

 

"Croyez-vous ?"

En lisant les textes de ce jour, nous découvrons qu’il y a un fil conducteur qui parcourt la première lecture, le psaume, l’antienne de l’alléluia et l’évangile : il est question d’aveuglement, d’aveugles et de lumière !

 Quel est le contexte ? Jésus vient de guérir une fillette chez un notable. Sans doute cela s’est-il su et voilà que deux aveugles le suivent en criant. Ils rejoignent Jésus dans une maison bien précise, qu’Il occupe avec ses premiers disciples. Cela n’a pas du être facile pour ces deux aveugles d’y arriver en se repérant dans les ruelles étroites et pleines de monde de la vieille ville de Capharnaüm.

Cette maison, nous la connaissons bien ! C’est celle de Simon-Pierre, Apôtre !

Je vous laisse imaginer leur détermination et leur foi en la personne de Jésus ; c’est ce qui est particulièrement remarquable. Ce que Jésus avait fait pour la petite, Il le ferait bien pour eux aussi ! C'était ce jour-là ou jamais : "Aie pitié de nous, fils de David !"

Voilà le contexte et cela m’a conduit à une petite méditation. Dans ma prière, deux petits points m’ont intrigué :

  • Premier point : la question de Jésus semble superflue, puisque ces deux aveugles sont devant Lui. Il leur demande cependant : « Croyez-vous que je peux faire cela ? »
  • Deuxième point : pourquoi l’évangile fait-il mention de la Maison de Pierre ? Nous lisons dans l’évangile : « Quand il fut entré dans la maison, les aveugles s’approchèrent de lui ».

Comme d’habitude, l’Évangile est là pour nous bousculer et il nous interpelle ! 

La maison de Pierre est un lieu central de la Fraternité ! C’est le lieu où la première communauté de disciples se rassemble autour de Jésus, un lieu important de la prière, de la discussion, un lieu de communion profonde avec le Seigneur ! Un peu comme nous ce matin, en cette église !

C’est dans cette maison, baignée par la présence de Jésus, qu’il interpelle les deux aveugles :

"Croyez-vous, dit-il, que je puis de nouveau rendre lumineux votre regard, que je puis vous remettre ensemble sur un chemin de lumière ; croyez-vous que j'ai la puissance de vaincre tout aveuglement ?" Ce sont des questions que Jésus pourrait nous poser ce matin !

Si nous disons dans la prière et dans la Foi : "Oui, Seigneur, nous croyons !", Jésus va réellement toucher nos yeux, notre cœur, notre intelligence... Quelque chose va changer en chacun de nous, dans notre regard, dans notre cœur, dans notre façon d’observer et de chercher à comprendre ce qui se passe dans notre monde, dans notre vie. En nous, le réel va nous être révélé, tel que Dieu le voit, lui qui crée la lumière. Et Jésus va nous dire : "Qu'il vous advienne selon votre foi".

Si notre foi est vraie, si nous croyons, si nous faisons confiance au Christ, le résultat sera là ! Bien que Jésus les invite à une discrétion, nos deux aveugles, par une révélation ou une illumination intérieure, deviennent de véritables Disciples-Missionnaires ! Ils vont annoncer le Christ et dire ce que Dieu a fait pour eux.

  Seigneur, nous qui sommes, bien souvent, aveugles, donne-nous, ce matin, ce surcroit de Foi pour que nous puissions vivre pleinement de tes sacrements ! Que notre cœur s’ouvre à ta lumière, à ta vision ! Donne-nous Seigneur, la joie de Te voir et de T’annoncer ! Puissions-nous être d’humbles « lumières » pour nos frères et sœurs à travers le monde, comme ces petits lumignons qui nous éclairent ce matin !                       

                                                                                                                                                                                                             Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 28 novembre 2022, 1re semaine du temps de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 8, 5-11. Livre du prophète Isaïe 4, 2-6. Psaume 121.

 

Chers amis, nous entrons dans le temps de l’Avent et le chemin que nous commençons ces jours-ci est :

  • à la fois un nouveau chemin d’Église, un chemin du peuple de Dieu, vers la fête de la Nativité. Ce chemin sera jalonné par toutes ces quatre bougies qui seront allumées chaque dimanche de l’Avent. Ce chemin concerne tous les chrétiens, tous ceux du monde entier, 
  • et en même temps, c’est un chemin personnel où nous marcherons, ensemble, à la rencontre du Seigneur, le Seigneur qui vient, à nouveau, à nous.

Noël est une rencontre, pas seulement, une fête temporelle ou commerciale ou bien le souvenir ému d’une merveilleuse naissance, la venue au monde de l’Enfant Dieu dans les conditions difficiles que nous connaissons ! Oui, Noël est bien davantage qu’un naissance !

L’Avent est cette route que nous empruntons pour rencontrer le Seigneur, en communauté paroissiale et personnellement dans la prière, ! Ensemble, nous marchons pour Le rencontrer, pour être avec Lui.

Ne croyons pas que ce chemin sera une simple balade en montagne ! Ce n’est pas si facile de vivre avec la foi et de tenir dans la durée ! Nous l’avons, sans doute, déjà expérimenté !

Les lectures des célébrations eucharistiques vont nous y aider. En ce premier lundi de l’Avent, nous entendons l’épisode de ce centurion qui, dans le récit de l’Évangile de Matthieu (8, 5-11), se prosterne humblement devant Jésus pour Lui demander de guérir son serviteur : une demande qui semble essentielle pour lui. Cette rencontre a aussi pour but de nous accompagner dans notre rencontre de Jésus !

 

Ce qui va forcer l'admiration du Christ, plus encore que son humilité, c’est sa foi tranquille et audacieuseCe capitaine vient le supplier, non pas pour lui-même, mais pour un autre, un de ces petits, un de ces sans-grades, un de ces hommes simples que Jésus aime accueillir. 

Cet officier de l'armée d'occupation fait preuve d'humanité et de sens social : ce n'était sans doute pas courant à l’époque ! 

Cette foi, cette audace, cette rencontre… sont les illustrations et les étapes de notre chemin de l’Avent qui s’ouvre pour nous !

Dans la prière au début de la messe, nous avons demandé la grâce de parcourir ce chemin avec plusieurs attitudes pouvant nous aider. 

Demandons cette persévérance dans la prière, cette justesse dans le choix de vivre ensemble, en famille et personnellement. 

 

Chers frères et sœurs, avec un cœur ouvert, osons ce chemin à la rencontre du Seigneur, mais aussi, et surtout acceptons de nous laisser rencontrer par Lui. 

Demandons d’être réaffirmés dans notre foi, et la certitude que :

  • Jésus est venu il y a environ deux mille ans, 
  • qu’Il reviendra à la fin des temps, 
  • et qu’Il est aussi présent çà chaque instant de notre vie !

Demandons la grâce de nous laisser rencontrer par Lui !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 27 novembre 2022, 1er dimanche du temps de l’Avent. Année A

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 24, 37-44. Livre du prophète Isaïe 2,1-5. Psaume 121. 

Lettre de saint Paul aux Romains 13, 11-14a.

 

En observant cet évangéliaire, vous pouvez constater que nous sommes au début de l’année liturgique et au fil des quatre prochaines semaines symbolisées par cette couronne de l’Avent, nous serons conduits jusqu’à cette belle fête de la Nativité.

Cela mérite quelques explications. Oui, nous commençons une nouvelle année ! Un enfant du catéchisme me disait, la semaine dernière, au sujet du temps de l’Avent et de Noël : « Si je comprends bien : tous les ans, c’est la même histoire ! ».

Il est vrai, Noël revient tous les ans, mais personne ne sait comment cette année, Jésus va venir « en chacun de nous ». Je faisais remarquer à cet enfant que, l’an passé, il était plus jeune, qu’il avait grandi et que son regard, ses attentes ont sans doute, changé, et cela d’année en année. 

Et pour nous, chers frères et sœurs … ce temps de l’Avent est-il le même que celui de l’année dernière ? Certes, nous nous préparons à fêter Noël, mais comment est notre cœur ? N’est-ce pas pour nous, l’occasion d’une attente renouvelée ? De fait, nous avons changé, nous aussi. 

Alors, comment attendre à nouveau la venue de notre Seigneur ?

Les textes de ce jour veulent nous stimuler en nous invitant à ne pas rester passivement les bras croisés en attendant le Royaume de Dieu !

Fêter Noël, c’est comprendre que Jésus est venu sur la terre des hommes, il y a plus de 2000 ans, mais qu’Il reviendra à la fin des temps, et en même temps, Jésus vient aujourd’hui, si nous savons l’accueillir… Il est venu, Il est là, Il reviendra ! (C’est ce que nous chantons dans l’anamnèse, juste après la consécration du Pain et du Vin : nous proclamons ta mort ; nous célébrons ta résurrection ; nous attendons ta venue.) Nous connaissons bien cette réponse, mais, y croyons-nous ? Est-ce dans notre cœur ? L’Avent, c’est l’attente de la re-venue du Christ ! Voilà le mystère que nous sommes invités à vivre profondément.

En ce premier dimanche de l’avent, les textes nous plongent donc au cœur de l’histoire humaine. Ils nous invitent à élargir notre regard ; à regarder très loin dans le passé, avec l’épisode du déluge avec Noé ; et à nous projeter en avant, vers la fin des temps et la nouvelle venue du Christ en gloire.

L’Ancien Testament nous rappelle ces moments dramatiques, comme au temps de Noé ou de la déportation à Babylone. Les gens de l’époque ne se souciaient de rien : on buvait, on mangeait, on prenait femme ou mari… Voilà qu’arrivent le déluge, la déportation, le désert… avec au final, un « petit reste » d’hommes et de femmes avec qui Dieu renoue alliance. 

Malgré toutes les trahisons de l’homme, toutes ses ruptures d’alliance, Dieu n’a cessé de travailler le cœur de l’homme pour l’associer à son dessein d’amour et de salut. 

Le sommet de cette longue histoire du salut, c’est la venue de Jésus sur notre terre ! Il vient justement accomplir les promesses et l’attente des prophètes de l’Ancien Testament. 

En Jésus sont inaugurés les temps messianiques qui sont les derniers temps.

Voilà l’évènement central que nous fêtons à Noël. Voilà ce qui donne sens à la célébration de Noël pour les chrétiens : en Jésus, notre Dieu s’est fait homme. Ce n’est pas un petit Jésus en sucre ou en chocolat que nous allons dévorer ; c’est vraiment la venue de Dieu dans notre chair (incarne). Il s’est fait homme pour nous révéler, avec une voix humaine, l’amour du Père pour chacun de nous, son projet de Vie et de Salut. 

Plus de 2000 plus tard, nous sommes toujours dans les derniers temps messianiques où il nous faut préparer le retour du Christ. Faut-il préciser pour éviter tout contresens que le temps des hommes n’est pas le temps de Dieu et inversement ?

Les textes de ce jour nous invitent donc à regarder en avant, à nous mobiliser, à choisir la vie, à choisir le Christ. Est-ce nouveau ? Pas tellement !

Isaïe, déjà, dans la première lecture, nous invitait dans une vision humaniste et prophétique (6 siècles environ, avant la naissance du Christ) à marcher tous ensemble vers ce royaume de justice et de paix, là où les épées seront transformées en socs et les lances en faucilles. Plus de guerre, le mal sera vaincu ! Hélas, nous pouvons constater que nous en sommes bien loin ! Le royaume n’est pas encore là, mais il est déjà inauguré par le Christ. Les germes sont là, à nous de les voir, de les faire grandir et de les faire fructifier. 

La deuxième lecture nous redit que cette attente du retour du Christ chez saint Paul n’est en rien une attitude passive. Cette attente doit mobiliser nos énergies : « rejetons les œuvres des ténèbres… revêtons-nous des armes de la lumière », autrement dit : rejetons ce qui conduit à la mort, entrons dans le combat de la vie, choisissons la vie !

Saint Paul nous demande de nous préparer à ce retour du Christ en faisant, dans la vie de tous les jours, les choix qui s’imposent pour que grandisse, déjà en nous, l’amour mutuel. 

L’évangile nous appelle aussi à une vigilance active : restez éveillés, « tenez-vous prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Mais serons-nous prêts à l’accueillir ? À quelle heure viendra-t-Il ? Nous ne le savons pas !

Notre société, comme celle du temps de Noé, n’endort-elle pas beaucoup d’hommes et de femmes avec l’incitation à consommer toujours plus, à croire que notre bonheur se trouve dans les achats que nous ferons comme en ces jours de black Friday ? Le réveil ne peut être que brutal quand surviennent les crises sociales, économiques et financières. L’aveuglement est souvent là. Nous faisons comme si …

Mais, après quoi court notre monde malade ? 

  • Malade de ses laissés pour compte à la recherche d’un logement, d’un emploi, de personnes qui sont dans la rue … 
  • Malade des guerres, de la misère, des dictatures, de l’indiférence … 
  • Malade de ses refus d’accueillir la vie naissante et refus d’accompagner dignement la fin de vie, en se débarrassant de nos anciens qui nous “encombrent“
  • Malade de la surexploitation de la terre, de la course au pouvoir et à l’argent.

 

 Le monde de Noé est-il si différent du nôtre ?

« L’actuel système mondial est insoutenable », nous dit le pape François dans l’encyclique Laudato’ si. Ne sommes-nous pas en train de rendre la terre invivable et de préparer les déluges à venir, si nous ne changeons pas ?

Alors, faut-il changer le monde ? Évidemment, mais, n’est-ce pas plutôt à nous, déjà, de changer ! N’est-ce pas à nous de réfléchir, de nous engager et de décider ; réfléchissons : après quoi, ou après qui courons-nous ? Sommes-nous encore des acteurs dans ce monde ? 

Le temps de l’Avent nous invite à nous interroger sur ces réalités, à nous tenir en éveil, à nous faire sortir de notre désespérance, de notre passivité et à nous retrousser les manches… 

Regardons le Royaume à venir !

Pour répondre à cet enfant du KT ! Alors oui, tous les ans c’est la même histoire de Noël, mais c’est, en réalité et surtout, un temps propice pour redécouvrir le sens de notre existence chrétienne.

Dieu est avec nous, ne Le manquons pas, soyons prêts pour le rendez-vous à l’accueillir.

Cela est certain : Il est venu, il est là, il reviendra ! Et nous, serons-nous là, avec Lui ?

Ainsi soit-il !

 

Homélie du vendredi 25 novembre 2022, 34e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 21,29-33. 

Apocalypse de Saint Jean 20,1-4.11à21, 2. Psaume 83.

 

Toujours en écho à la belle fête du Christ-Roi, la liturgie nous fait méditer toute cette semaine, sur le chapitre de saint Luc où Jésus nous parle longuement de l'avenir.

Depuis le début de la semaine, Jésus, dans un style particulier, nous parle de son retour à la fin des temps avec tout un cortège d'événements mystérieux dont la date reste cachée dans le secret du Père. 

Quand Il évoque ce scénario de la fin, Jésus le fait toujours dans le langage traditionnel des Apocalypses ! Soyons clairs sur le sens du mot Apocalypse : il veut dire « révélation » !

Faut-il avoir peur ? La réponse est simple : non ! 

L’invitation est claire : il faut discerner, espérer, il faut veiller !

Pourtant, certains vont me dire que ce langage apocalyptique rejoint des réalités que nous connaissons. Les dérèglements climatiques et les catastrophes qu’ils engendrent, les grands malheurs de notre temps (guerres, extrémismes armés), la montée des nationalismes, les violences. 

Devons-nous comprendre que le message biblique nous parle des réalités d’aujourd’hui ?

N’oublions pas que, depuis les temps bibliques, chaque génération a connu son lot de signes inquiétants et a entendu les sirènes de la fin des temps ! 

N’ayons pas peur, mais il nous faut nous ressaisir ! Il me faut surtout comprendre que même si le texte décrit une réalité qui semblerait correspondre à notre époque, il m’invite à une promesse, il nous montre un avenir.

La dynamique du discours apocalyptique de Jésus nous invite ici à ne jamais nous résigner devant les forces du Mal où les adversités qui se déchaînent parfois au cœur de nos existences.

Même lorsque je serai soumis à l’écrasement du malheur, même lorsque ma vie sera jalonnée de signes inquiétants, lorsque mon avenir (celui de mes proches, de ma descendance, etc.) me semblera menacé, je relirai dans ce texte, la promesse d’une délivrance et d’une intervention divine : « Quand vous verrez cela arriver, sachez que le règne de Dieu est proche ». Dieu ne nous abandonne pas ! Il a réellement un projet d’avenir pour chacun de nous.

Alors, « Redressez-vous et relevez la tête », « Tenez-vous sur vos gardes… Restez éveillés dans une prière de tous les instants » ! Ce sont autant d’expressions qui m’appellent personnellement à rester debout devant Dieu pour ne pas sombrer dans le fatalisme, le défaitisme, la peur ou la crainte.

Frères et sœurs, au moment où le temps de l’Avent (adventus = avènement… de Dieu !) commence, ce texte nous rappelle que le règne de Dieu est proche et que rien ne saurait l’entraver. 

C’est une promesse éternelle : « le Ciel et la Terre passeront, mes paroles ne passeront pas ! » (Lc 21,33)

C’est avec ces mots, frères et sœurs que nous pouvons commencer ce jour dans l’espérance et confiants dans la promesse de Dieu.         

                                                                                                                                                                                                                         Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 21 novembre 2022, 34e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 21,1-4. Livre du prophète Zacharie 2, 14-17. 

Cantique (Lc1, 46-55).

Présentation de la Vierge Marie.

 

En cette dernière semaine de l’année liturgique, nous faisons mémoire de Marie, et de sa présentation par Anne et Joachim (au Temple) en remerciement de cet enfant : c’est-à-dire de l’offrande d’elle-même. 

Souvent, dans l'Évangile, Marie, mère de Jésus, prend sa place, simplement, discrètement, dans le groupe de ceux et de celles qui cherchent Dieu. Elle est là ; rappelez-vous, Marie :

  • au Temple, avec Joseph et leur bébé de quarante jours (avec la présence de Syméon et de la prophétesse Anne),
  • au Temple encore avec Joseph, Jésus adolescent avait fait une fugue,
  • seule au pied de la Croix où Jésus agonise,
  • puis au Cénacle avec ceux qui attendent l'Esprit au jour de la Pentecôte.

La Vierge Marie ne peut être honorée, chantée et priée que si nous la reconnaissons d’abord comme une femme proche de nous, une femme aimée et qui aime, une mère qui a enfanté et qui a souffert.

Nous savons que, dans les évangiles, la personne de Joseph reste discrète aussi, mais présente surtout dans les premières années de la vie de Jésus ; ensuite, il n’apparaît plus. Faut-il comprendre que cette absence est en lien avec sa mort, laissant Marie vivre un veuvage qui est un état de vie toujours difficile ! 

Parce que nulle femme n'est entrée comme elle dans le mystère de Jésus-Christ mort et ressuscité, en elle, nous pouvons contempler à la fois la Mère de Dieu, notre sœur en humanité et le modèle de notre foi.

Marie a donc connu différents états de vie : célibataire, fiancée, mariée puis veuve sans doute.

Si je reviens à l’évangile de ce jour, en contemplant le don des quelques piécettes que cette veuve dépose dans le tronc du Trésor, Jésus reconnaît l’humilité de cette femme à travers son geste qui pourrait paraître insignifiant ! 

Et pourtant quel enseignement ! Cette femme ne cherche pas à paraître comme les riches qui finalement donnent leur superflu (ce qui est déjà bien). Elle donne tout de son être, tout ce qu’elle est et même son indigence !

En déclarant : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde. », Jésus, peut-être, pense-t-il aussi à sa maman, Marie !

Le geste de cette veuve dit ce qu’elle est : pauvre, mais reconnaissante pour la vie reçue, et dans le don d’elle-même au Seigneur. 

Frères et sœurs, en conclusion de cette année liturgique, le geste de cette femme ouvre nos yeux sur ce temps favorable, ce temps du salut (2 Co 6, 2).  Dans son geste se cache l'annonce de cette vivante espérance (1 Pi 1, 3), qui passe par la dépossession pour posséder un plus grand bien. C’est bien ce que Jésus va vivre : comme elle, Il a “tout donné ce qu’il avait pour vivre” c’est-à-dire sa propre vie !

À quelques jours, d’entrée dans le temps de l’Avent qui va nous conduire vers Noël – la venue de notre Sauveur -, il est temps pour nous, de rendre grâce pour la vie reçue et d’entrer davantage dans une véritable espérance !

Demandons cela par l’intercession de la Vierge Marie, la mère de Jésus et notre mère !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 20 novembre 2022, solennité du Christ Roi de l’univers. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 23, 35-43. 2e livre de Samuel 5,1-3. Psaume 121. 

Lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 12-20. Aumônerie.

 

Chers amis, nous terminons le cycle liturgique de cette année. Aujourd’hui, nous sommes au 34e dimanche du temps « extraordinaire de l’ordinaire », et nous célébrons le Christ : Roi de l’univers ! Cette fête nous montre non seulement la royauté du Christ, mais aussi la destination de notre vie, comme Jésus le promet au bon larron.

Christ Roi ! Qu’est-ce que cela signifie ? Hier soir, c’était la fête de l’aumônerie à la Maison du lycéen et, aux jeunes qui étaient là, j’ai posé cette question : pouvez-vous me citer quelques noms de roi ? Cherchez dans vos souvenirs, dans les cours d’histoire que vous avez étudiés. Vous me dites : Louis XI, le Roi David, Henri IV, Saint-Louis, Louis XIV, Elizabeth II, Charles III et d’autres encore sans doute. 

Ils ont tous des points communs !

  • La plupart d’entre eux, du moins en Europe, sont issus d’une famille royale (ils arrivent sur le trône par la transmission ou une succession) 
  • et tous règnent sur un territoire particulier : ils sont rois de France, reine ou roi d’Angleterre, rois d’Espagne et d’ailleurs… Quand nous parlons d’un roi, d’une reine, on y associe un pays et un territoire.

Aujourd’hui nous fêtons le Christ, roi de l’univers

Et là, nous comprenons bien que nous changeons de dimension, car, l’univers, c’est grand, c’est immense et pour l’instant non-mesurable, car en extension. 

Il nous faut comprendre, chers amis, que Jésus ne règne pas sur un territoire avec des frontières, qu’il faut défendre et protéger des agressions extérieures, car l’univers ce n’est pas seulement notre terre, c’est l’ensemble du monde créé. Ce n’est pas seulement le monde matériel que nous explorons avec nos télescopes (Hubble ou James Webb), nos satellites, mais c’est aussi le monde immatériel qui échappe à nos sens, le monde visible et invisible. Je cite saint Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche : « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, puissances, principautés, souverainetés, dominations, tout est créé par lui pour lui. Il est avant toute chose et tout subsiste en lui » (Col 1, 15-17). 

Donc, la royauté de Jésus n’est pas attachée à un territoire et comme Il répond lui-même pendant son interrogatoire par Pilate, lors de sa Passion : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18,36).

Pour un roi, le plus important n’est pas son territoire, mais ce sont ses sujets, ceux-là mêmes qui vivent sur ce territoire et qu’il représente. Le rôle du roi est de les protéger, d’en prendre soin, de leur donner tout ce dont ils ont besoin, un roi qui donne son temps au service de tous. Quand Il entre à Jérusalem, Jésus ne chevauche pas un superbe destrier, mais Il est sur un petit âne qui avance doucement, lentement : la vraie monture d’un souverain ! Un vrai roi doit être capable de mourir pour ses sujets. Jésus le confirme : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11). 

Si Jésus prend cette image du berger, c’est aussi en référence au roi David (première lecture de ce jour) qui était un petit berger que Dieu a choisi comme roi de son peuple. Jésus reprend cette image du berger, car celui-ci doit conduire son troupeau, il le mène vers de verts pâturages, connaît chacune de ses brebis, en prend soin, guérit celle qui était malade, va chercher celle qui était perdue en la portant sur ses épaules pour la ramener au troupeau.

Voilà donc le vrai roi de l’univers, celui qui donne sa vie pour ses sujets et c’est pourquoi son trône n’est pas un trône en or avec de belles pierres précieuses : son trône est une croix, un instrument de mort qu’Il va transfigurer en un instrument de Vie. C’est bien ce qui se passe dans l’évangile que nous venons d’entendre. C’est en effet, très surprenant !

Rappelez-vous ! Jésus, lorsqu’Il a été condamné puis crucifié au Golgotha, Il avait à ses côtés, les deux larrons, deux brigands. Ce brigand que l’on appelle le bon larron, après avoir reconnu le mal qu’il a pu faire, reconnaît, en Jésus, son roi : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23,42). Ce royaume n’est pas pour plus tard, mais pour aujourd’hui, car Jésus lui répond aussitôt : « Je te le dis, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Lc 23,43). 

Pour entrer dans le royaume de Dieu, devenir le sujet de ce roi capable de donner sa vie pour moi par amour, il nous faut entrer dans une relation personnelle et intime : « Tu seras avec moi. » C’est bien, là encore, toute la différence avec les grands rois des royaumes, qui sont bien souvent, loin du peuple, difficilement joignables et d’une approche distante ! 

C’est cette intimité, cette proximité, cette communion qui manifestent cette royauté : « Le Règne de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17,21). 

Alors, qui est ce roi qui donne la vie, sa vie et qui partage son amour ; où donc règne-t-il ?

Il règne dans (votre) ton cœur si tu lui ouvres la porte de ton cœur. Il n’est pas très loin dans le ciel, mais tout proche ! Ce roi ne prend pas le pouvoir par la force qui serait une dictature, même pas par la démocratie, c’est-à-dire par un choix majoritaire, ni même par la peur... Ce roi règne parce que tu le veux et parce que tu désires l’accueillir. C’est ainsi qu’Il règne dans le cœur de tous ceux qui acceptent son amour et veulent le répandre à leur tour : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

L’enjeu est à : il faut donc ouvrir nos cœurs à l’amour de Dieu pour entrer dans cette intimité avec Lui ! J’aime cette invitation de Jésus que nous lisons dans le livre de l’Apocalypse (cf. Ap 3,20). 

  •  « Voici que je me tiens à la porte et je frappe, si tu m’entends, si tu m’ouvres, j’entrerai et avec toi, je prendrai mon repas. »
  • Jésus nous dit aussi : « Si quelqu’un m’aime, mon Père et moi nous viendrons chez lui et chez lui ; nous ferons notre demeure ».

Il nous faut donc comprendre que dans le Royaume de Dieu, Christ Roi de l’univers, on ne peut régner que par l’amour. Voilà ce à quoi nous sommes invités : l’amour !

Alors, frères et sœurs, que cette fête qui termine l’année liturgique nous ancre davantage dans notre vocation baptismale de prêtres, prophètes et rois, de Disciples-Missionnaire au service de l’humanité comme l’est Jésus, notre Maître et Seigneur : le Christ Roi de l’univers !

Ayons l’audace et l’amour d’étendre le royaume de Dieu par l’amour et le soin que nos prendrons de chacun de nos frères !

Soyons heureux d’avoir un tel Roi qui nous aime et veille sur nous !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 18 novembre 2022, 33e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 19, 45-48. Apocalypse de Saint Jean 10, 8-11. Psaume 118.

 

« Ma maison sera une maison de prière.

Or, vous, vous en avez fait une maison de bandits. »

Cette phrase du Christ est violente, surtout si nous nous représentons le contexte dans lequel Jésus chasse les marchands du Temple à coups de fouet (cet épisode est repris et développé dans les évangiles, la description de Saint Luc reste plus modérée !)

Il est vrai que de nombreux marchands étaient installés autour du Temple. Historiquement, les marchands devaient se tenir à l’extérieur du Temple pour vendre tout ce qui servirait comme sacrifices. Parce que les juifs de la Diaspora venaient de tout le bassin méditerranéen avec leurs monnaies locales, il fallait des changeurs en argent du Temple. Il y avait aussi des montagnes d’animaux préparés et disponibles pour les sacrifices.

Mais au fur et à mesure du temps, pour être certains d’être au plus près de la « clientèle », ces marchands avaient envahi les divers parvis. En réalité, le commerce de l'esplanade, particulièrement fructueux, était aux mains de la famille du Grand Prêtre. À cette époque-là, notons que la fonction du Grand Prêtre est plus politique que spirituelle. 

Selon son habitude, Jésus donne l'explication de son geste en citant l'Écriture et les écrits des prophètes Isaïe et Jérémie (Is 56,7 et Jr 7,11). Il met en cause les autorités religieuses qui ont perverties le lieu de culte et oublié qu'on ne peut pas servir à la fois Dieu et l'argent.

            Nous savons bien les dangers auxquels l’Église doit faire face lorsqu’elle se laisse submerger par la tentation de la mondanité et si au lieu d’être fidèle au Seigneur, elle se laisse séduire par l’argent et le pouvoir.

Jésus, volontairement, est violent et Il s’enflamme contre cette pratique, car c’est le cœur de la relation avec Dieu qui est touché. Cette relation entre le Seigneur et les priants ne doit pas (en tout cas, ne devrait pas) être polluée par des affaires du monde. 

Aujourd’hui, nous avons une clé de lecture essentielle. Nous comprenons que ce Temple, c’est le Corps du Christ, Son Corps offert en sacrifice. Comme Jésus nous l’a enseigné, « je dois » et « nous devons », faire attention à rester dans la relation privilégiée du Fils à son Père, du Père à son Fils. 

L’Église ne peut pas être politique, elle ne peut pas être commerciale. Surtout, l’Église n’est pas mienne. J’en fais partie, mais elle ne m’appartient pas. L’Église ne peut pas être partagée, elle ne peut pas être divisée, car l’Église c’est le Christ et chacun de nous, dans la mesure où nous sommes unis au Christ. 

           À chaque fois que je fais de l’Église ma chose, ma vision, je deviens un marchand du Temple.

           Mais à chaque fois que j’entre humblement dans la volonté de Dieu, que je cherche à répondre à Son appel en offrant ma vie pour Lui et mes frères, alors là, j’édifie l’Église, Temple spirituel, Corps du Christ !

Il n’est pas nécessaire d’être de grands saints reconnus dans le calendrier, ou dans le martyrologue, comme sainte Philippine (que nous fêtons aujourd’hui), mais c’est dans mon quotidien, dans la façon dont je parle de l’Église que je peux faire grandir l’Église (même si parfois, à travers le péché et la folie de ses hommes et ses femmes, je souffre avec Elle et pour Elle)

Demandons, frères et sœurs pour chacun de nous, pour notre Paroisse et pour le monde, un amour plus grand pour le Corps du Christ, pour l’Église !         

                                                Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 14 novembre 2022, 32e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 18, 35-43. Apocalypse selon saint Jean 1,1-4 et 2,1-5a. 

Psaume 1.

 

Nous approchons de la fin du cycle liturgique et au cours de ces deux dernières semaines, nous allons être interrogés, bousculés afin que nous puissions nous déterminer et choisir. 

N’ayons pas de crainte, c’est pour notre bien.

L’évangile de ce jour ressemble beaucoup à celui des dix lépreux, que nous avons entendu récemment. Dans ces deux épisodes historiques, nous rencontrons les deux mêmes formes de la prière : une supplication (une demande de miséricorde !) et une louange

Dans les deux cas, le Seigneur Jésus-Christ souligne que le miracle a lieu quand se rencontrent la foi de l’homme et la miséricorde de Dieu : « Ta foi t’a sauvé ! ».

Chers frères et sœurs, ces deux lectures sont donc un appel à la conversion ! 

  • Le lépreux reconnaissant donne l’exemple de la conversion : il se retourne, il revient sur ses pas et se tourne vers Jésus pour l’adorer. 
  • L’aveugle de Jéricho, en entendant le nom de Jésus de Nazareth, crie vers lui de toute sa foi. 

Ce sont deux exemples qu’il faut entendre. À nous et pour nous s’adresse ce message de conversion. 

Nous aussi, nous pouvons supplier le Seigneur et le louer. 

Toutes nos oraisons liturgiques contiennent l’une et l’autre forme de ces prières, comme les deux jambes qui nous conduisent vers une relation personnelle avec le Seigneur Jésus. 

Comme le lépreux purifié et comme l’aveugle illuminé, nous pouvons faire l’expérience d’une vraie proximité avec notre Seigneur. 

Voilà cette invitation que nous avons à recevoir du fond de notre cœur : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». N’est-ce pas la parole qu’un ami adresse à un ami, à un frère, à un conjoint, à ses enfants … ? Jésus attend notre réponse.

Je lisais récemment un commentaire spirituel sur cet évangile. Permettez-moi de vous livrer l’essentiel de ce que j’en ai retenu, pour aller plus en profondeur, en trois points :

  • Un premier point : L’aveugle de Jéricho nous apprend que la prière efficace est une prière simple, audacieuse, concise, humble. « Jésus, aie pitié de moi ! » Il nous faut osez dire cela, sans plus d’explications, sans crainte d’être mal compris, sans avoir peur de paraître simpliste, sans se soucier de sa dignité ou de son image, simplement dire : « Jésus, aie pitié de moi ! »
  • Un autre point important : avant de s’adresser de façon si audacieuse au Seigneur, sommes-nous résolus à accepter sa guérison et à Le suivre sur le champ, abandonnant tout ? Toute hésitation serait ici tragique : si nous ne sommes pas convaincus de tout notre être que le Seigneur exaucera notre vœu, il n’y aura pas de miracle. Si nous ne sommes pas suffisamment pauvres pour tout laisser immédiatement afin de Le suivre, nous n’aurons jamais cette pleine foi en sa guérison. Nous pouvons comprendre comment ces choses sont liées ! Le miracle peut avoir lieu quand se rencontrent la foi de l’homme et la miséricorde de Dieu. La guérison que le Seigneur jugera essentielle pour moi (car peut-être sera-t-elle différente de mon attente), s’opère par notre foi qui nécessite un détachement total et qui s’accompagne d’une véritable conversion. 
  • Finalement, dans un bouleversant renversement, ne faudrait-il pas que, nous aussi, nous arrivions enfin à Lui demander : « Seigneur, que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Nous sommes là dans un échange humble et vrai ! Je vous souhaite une bonne méditation tout au long de ce jour : « Seigneur, aie pitié de moi ! » « Seigneur, que veux-tu que je fasse pour toi ? »

                                                                                                   Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 13 novembre 2022, 33e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 21, 5-19. Livre du prophète Malachie 3, 19-20a. Psaume 97. Deuxième lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 3, 17-12.

 

Voilà un évangile inquiétant, déroutant, ne trouvez-vous pas ? 

Nous sommes pratiquement au terme de l’année liturgique puisqu’elle se terminera le dimanche prochain, 34edimanche du temps ordinaire, fête du Christ-Roi. Puis le 1er dimanche de l’Avent commencera la nouvelle année et nous avancerons vers la fête de Noël.

Déroutantes, sans doute, mais n’ayons pas peur d’entendre les paroles de Jésus : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Je vous laisse imaginer la réaction des personnes qui entendent ces mots de Jésus !

Les contemporains du Christ admiraient le temple de Jérusalem, lieu par excellence du culte, lieu de la présence de Dieu. Il a fallu plus de quarante ans pour le construire. Ce temple, témoin du génie des hommes et de leur quête de Dieu, sera pourtant détruit par les armées romaines en 70, soit une quarantaine d’années après que Jésus ait prononcé ces paroles. En ce sens, l’annonce de Jésus s’est bien réalisée.

        Je vous propose de prendre un peu de hauteur. En réalité, cet épisode du temple a, en fait, une portée et une signification plus larges. Nous savons que, dans notre monde, il y a de belles choses, des constructions grandioses qui révèlent la capacité de l’être humain à édifier, à construire, à embellir. Le choc de la destruction de ce Temple de Jérusalem, n’est pas sans nous rappeler un choc similaire lors de l’incendie de la Cathédrale Notre-Dame de Paris ! Quel émoi !

Au prix d’efforts sur plusieurs siècles, les hommes ont laborieusement accumulé des connaissances, pour déchiffrer le fonctionnement de l’univers, en comprendre les mécanismes. Cela fait partie de la Création ! 

Dieu a voulu l’homme créateur, chercheur et bâtisseur. Les hommes y consacrent du savoir, du temps, de l’énergie. Ce que Jésus nous dit, dans ce récit, c’est de prendre garde de ne pas vouer un culte à ce que les hommes ont découvert ou façonné, aussi grandiose que soit l’œuvre créée. 

Pourquoi ? Vouer un culte à ce que l’on trouve, à ce que l’on produit, à ce que l’on construit, à ce que l’on achète, revient parfois à nous situer sous l’emprise de l’objet. L’homme y perd son humanité, sa dignité et, d’une certaine manière, sa liberté.

        Jésus nous invite au contraire, en ce dimanche, à garder le cap que Dieu a fixé pour la création qu’Il nous confie. Garder ce cap signifie d’adopter deux attitudes essentielles :

  • La première attitude est de ne pas se laisser égarer par les prophètes de malheur, par une société qui peut nous amener dans de mauvais chemins : « prenez garde de ne pas vous laisser égarer » dit Jésus. 
  • La seconde attitude est de persévérer dans l’action au service du projet de Dieu sur notre monde : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie » dit Jésus.

 

      Première attitude : ne pas se laisser égarer ! Qu’est-ce qui pourrait nous égarer ? La peur ! Le désespoir ! La lassitude et le découragement ! Baisser les bras !

Jésus ne cherche pas à faire du catastrophisme. Il nous propose de prendre de la hauteur. Le message essentiel que Jésus nous livre ici est un message de mobilisation et d’espérance. Il ne cherche pas à nous faire peur. De toute manière, il suffit d’être attentif aux événements de l’histoire, aux événements actuels (et même dans notre Église) pour être convaincu, si cela était encore nécessaire, que le mal et la souffrance sont présents et l’ont toujours été. 

Jésus nous dit que ces événements font partie de l’enfantement (parfois douloureux) du monde, de sa croissance matérielle et spirituelle, mais que, au-delà de ces événements, l’univers a un sens et ce sens est celui de la Vie ! Ne vous laissez pas égarer ; gardez le cap !

      Seconde attitude : persévérer pour obtenir la vie. Nous sommes invités à garder le goût d’agir. Mais comment garder ce goût d’agir ? C’est exactement à cette question que l’Apôtre saint Paul répond dans sa lettre aux Thessaloniciens. Cette lettre fait partie des premiers écrits du Nouveau Testament. 

Son affirmation est radicale : il nous faut agir pour faire progresser le monde jour après jour, pour le rendre plus fraternel, et ne pas céder au fatalisme ni à l’immobilisme.

Pour cela, tant en restant ambitieux, ne cherchons pas forcément, de grands desseins. 

Construisons, jour après jour, le monde par de petits gestes simples, des gestes signifiants et nécessaires : notre agir aura, alors, du sens et de la consistance !

Finalement, si je reprends l’exemple de la destruction du Temple ou de la Cathédrale de Paris, ou sans doute d’autres exemples, nous pouvons découvrir que le monde, comme notre vie, fonctionne dans un « Mouvement Pascal ». Ce mouvement est toujours un écroulement, une Mort et une Résurrection (la vie que Dieu nous annonce) ! Nous expérimentons régulièrement ces trois temps dans notre vie.

Ne soyons donc pas effrayés ! Ne baissons pas les bras ! Gardons le Cap !

Persévérons pour obtenir la vie !

C’est pourquoi l’évangile se termine sur ce beau mot d’encouragement que j’aime tout particulièrement : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

C'est ce que je nous souhaite à toutes et à tous. 

Ne perdons pas notre espérance et avançons quoiqu’il arrive autour de nous ! 

Le Christ est notre chemin !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du vendredi 11 novembre 2022, 32e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 17, 26-37. 2e lettre de saint Jean 1a.4-9. Psaume 118.

 

 

À mesure que l'année liturgique approche de son terme (nous entrerons dans la nouvelle année liturgique au temps de l’Avent), la Parole de Dieu nous invite à réfléchir sur la « fin » de toutes choses.

Dans l'évangile, nous voyons Jésus montant à Jérusalem, approchant donc de sa fin terrestre, nous proposer l'interprétation de deux faits historiques, qu'Il considère comme des symboles de toute « FIN » : le déluge avec l’arche de Noé ..., la destruction d'une cité terrestre, Sodome avec l’histoire de Loth…

Comme au temps de Noé, comme avec celui de la destruction de Sodome, il nous arrive, à nous aussi, de « vivre comme des aveugles » (Luc 17, 26-37), de vivre comme si ce monde-ci devait durer, comme si nos vies ne devaient jamais finir. Jésus nous exprime ce matin que la vie même si elle est l’occasion de vraies joies, n’est pas forcément une partie de plaisir.  Il nous prévient, encore une fois, que la vie, ‘c’est sérieux !’ Elle est un don, un cadeau, mais elle est limitée dans le temps.

Jésus veut nous faire remarquer que quand la vie se limite aux horizons de cette terre, la seule chose qui compte alors pour nous, c’est d’en profiter au maximum : on veut tout et tout de suite ! Ainsi s’explique et se comprend la frénésie d’hier, d’aujourd’hui et (sans doute) de demain : frénésie de plaisirs immédiats et consuméristes, du « manger, boire, acheter, vendre… ». Tout cela peut être important, mais ne remplit pas pleinement d’espérance le cœur de l’homme.

Sans espérance ni vision, malheureusement, cette attitude risque d’être la façon de vivre de beaucoup. Que faisons-nous de notre vie ?

Jésus n'a jamais prétendu que nous serions récompensés en ce monde. Il n'a jamais promis à ceux qui le suivent, une vie facile et sans soucis. Il nous a assurés que le Père, qui voit dans le secret, ne nous oubliera jamais. Il prendra soin de nous jusqu’à nous conduire à cette proximité promise avec Lui.

Finalement, frères et sœurs, cette page est d’une grande actualité en ce jour si particulier où nous fêtons saint Martin, où nous faisons mémoire de l’Armistice. Notre défi actuel, comme croyants, est d’éviter que la « sécularisation extérieure » ou dit autrement : la « paganisation de notre société » ne se transforme lentement en nous en « sécularisation intérieure », en une « perte d’espérance », une perte de vision ! Nous risquons de ne plus percevoir dans nos personnes dans l’horizon de ce nous vivons, qu’un Royaume nous attend, que notre vraie vie est avec Dieu Lui-même.

La finale de l’évangile nous redit, par une image, cette urgence ! Pourquoi Jésus parle-t-Il de vautours ? « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. »

Vous le savez, les vautours sont des oiseaux nécrophages : ils se nourrissent presque exclusivement de cadavres d'animaux. L’enjeu est donc là ! Il nous faut éviter de devenir des « corps morts », des cadavres jetés en pâture aux vautours ! Mais, veillons à bien rester ce pour quoi nous sommes créés : « des vivants » ! Bien sûr, cette image nous est donnée pour nous rappeler que « notre Dieu est celui de la vie ».

Les paroles de Jésus sont plus prophétiques que jamais. Elles nous rappellent que seule la réalité du monde à venir peut nous aider à trouver le sens de nos vies « pèlerinantes ».

Demandons, frères et sœurs, pour aujourd’hui déjà de pouvoir prendre conscience de l’amour de Dieu, de « rester attachés au Père et au Fils » 2 Jn 1,9 (comme le dit saint Jean dans la première lecture) et de comprendre que nous sommes faits pour une vie avec Lui et pour Lui.                                                                                             

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 7 novembre 2022, 32e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 17, 1-6. Lettre de saint Paul à Tite 1,1-9. Psaume 23.

 

En écoutant le Christ nous parler ainsi du scandale, du mépris des plus petits, mais aussi du pardon et de la repentance des pécheurs, du désir de pardonner, nous avons envie de reconnaître : c’est difficile pour moi ! Peut-être avons-nous le désir et même l’envie de supplier le Seigneur de nous y aider en disant : « comme les disciples : « Augmente en nous la foi ! » Change mon cœur, Seigneur !

Tout simplement, nous constatons qu’il est parfois désagréable et douloureux de pardonner, difficile de faire la Paix, trop dur de supporter l’autre qui m’agace profondément ! Et même de me supporter moi-même, tellement je connais mon cœur et ses travers ! Oser demander la paix pour le monde, c’est aussi demander la paix en soi, car la Paix commence déjà en soi !

Chaque jour, nous demandons beaucoup de choses au Seigneur, mais ces demandes sont-elles vraiment les plus nécessaires pour notre vie ? Que ce soient des demandes pour une place de parking, ou encore pour gagner au loto … Mais qui parmi nous ce matin, a fait cette demande au Seigneur d'augmenter en lui, sa foi ?

Cette demande devrait pourtant être récurrente ; c’est une bonne et saine prière : « Seigneur, augmente ma foi ! » ou d’une façon plus collective : « Seigneur, augmente, en nous la foi ! » 

Chez saint Luc, la foi peut déraciner les arbres, chez saint Matthieu et saint Marc la foi peut déplacer les montagnes.

Aussi petite qu’un grain de moutarde, la foi au Christ peut nous aider à déraciner l’arbre du mal qui parfois se développe malheureusement dans nos communautés, mais aussi en nous-mêmes. 

«Oui ! Seigneur, augmente notre foi ! »

Frères et sœurs, que cette prière soit la nôtre ce matin ! Attention, ne nous trompons pas ! La foi n’est pas un objet ni une quantité monnayable, mais elle est un don et un mouvement ! 

Nous l’avons reçue au jour de notre baptême et nous sommes invités à l’expérimenter et à la faire grandir en nous.

  • La foi au Christ peut nous aider à transporter les montagnes qui obscurcissent la lumière dans notre Église et barrent le chemin de la vie. 
  • La foi au Christ, mort et ressuscité pour le pardon de nos péchés et le salut de tous, est une force qui nous donne d’avancer sur un chemin de purification, sur un chemin de justice et de vérité !

Chers amis, faisons nôtre cette prière, au moins pour aujourd’hui : Seigneur, nous te prions pour toutes les nations, fais déjà de notre communauté un lieu de fraternité et de liberté, de justice et de paix, pour que notre Paroisse et le monde, sans cesse, renaissent à l'Espérance.

Prenons le temps, durant les quelques instants qui vont suivre, d’exprimer à notre façon, cette demande au Seigneur !

Oui, Seigneur, augmente en chacun de nous la foi !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 6 novembre 2022, 32e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 20, 27-38. 2é livre des Martyrs d’Israël 7, 1-2.9-14. Psaume 16.

Deuxième lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 2, 16 à 3,5.

 

La semaine que nous venons de vivre a été riche en émotions et peut-être propice aussi en interrogations !

Après la fête de la Toussaint et le jour de prière pour nos fidèles défunts, nous rendons grâce aujourd’hui pour le Dieu de la vie :

Notre Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants, et… cela change tout !

À chaque eucharistie, nous célébrons la Résurrection de Jésus qui annonce déjà notre propre Résurrection. Sa Résurrection est une formidable espéranceune lumière qui éclaire, guide et illumine notre vie et donne un sens aux enjeux de notre vie terrestre !

 

Bien sûr, tout cela n’est pas sans poser question. La vie, la mort, l’après… et pourquoi ? 

Ces questions importantes taraudent l’humanité depuis les origines. Elles sont existentielles ! 

Sans oublier pour les croyants que nous sommes : ai-je vraiment le désir d’entrer (ou non), dans cette vie à venir en suivant le Christ !

À la différence des animaux, les premières tombes des hommes, montrant des rites funéraires, sont perçues, par les anthropologues, comme un signe d’humanité.

D’une façon générale, l’homme prend soin des défunts, par différents rites et rend hommage, par une espérance concrète, à la vie qui continue, de façon intuitive !

Que devenons-nous après notre mort terrestre ?

Au cours des âges, des réponses variées ont été apportées en fonction du développement de la pensée humaine. De nos jours persistent encore diverses réponses à cette question fondamentale. Si certains pensent que tout est fini lors de notre mort terrestre, pour d’autres, cela reste très confus : « on meurt, après on ne sait plus, et pourtant, de nous il ne reste pas qu’un souvenir ! » Cependant nous le percevons : l’intuition d’une vie autre, après la mort, nous habite à des moments particuliers, quelles que soient les époques et les civilisations !

Pour nous chrétiens notre conviction est forte ; nous affirmons la résurrection de la chair et pas seulement de notre âme ! Nous le répétons à chaque credo que nous proclamons. Cela nous a été révélé et des témoins en ont témoigné. 

Qu’est-ce que cela veut dire ? Et quelle conséquence pour nous aujourd’hui ?

Le texte de la première lecture de ce jour, le livre des Martyrs d’Israël, marque une étape capitale dans le développement de la foi juive. C'est l'une des premières affirmations de la résurrection des morts. Nous sommes vers 165 avant Jésus-Christ, en un moment de terrible persécution déclenchée par le roi Antiochus Epiphane II, qui était très certainement un fou mégalomane et voulait être vénéré comme un dieu. 

Pour obliger les juifs à renier leur foi, il exige d'eux des gestes de désobéissance à la Loi de Moïse. Nous pouvons relire ce texte qui montre le courage de ces frères et de leur maman qui résistent jusqu’à offrir leurs vies ! Paradoxalement, c'est au sein même de cette persécution qu'est née la foi en la Résurrection. Car une évidence est apparue qu'on pourrait exprimer ainsi : puisque nous mourons par fidélité à la loi de Dieu, Lui qui est fidèle, nous rendra la vie.

Au temps du Christ, la foi en la Résurrection n'était pas encore partagée par tout le monde. Les pharisiens y croyaient fermement ; pour eux, c'était une évidence que le Dieu de la vie n'abandonnerait pas ses fidèles à la mort. Mais on pouvait très bien être un bon juif sans croire à la résurrection de la chair ; c'était le cas des sadducéens. 

Pour justifier leur refus de la résurrection, ils cherchent à démontrer qu'une telle croyance conduit à des situations un peu ridicules : leur logique semble imparable. Une femme ne peut pas avoir sept maris à la fois, on est tous d'accord ; si vous croyez à la résurrection, disent-ils à Jésus, c'est pourtant ce qui va se passer... elle a eu sept maris successifs, qui sont morts les uns après les autres ; mais si tous ressuscitent, vous voyez à quelle confusion cela nous mène !

L'erreur, va leur dire Jésus, c'est de justifier notre foi par nos raisonnements. Comme Isaïe l'a dit depuis longtemps : « Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, et ses chemins ne sont pas nos chemins » (Is 55, 8). 

Il nous faut donc penser autrement ! L’Alliance avec Dieu traverse la mort : Il noue avec chacun de nous un lien d'amour que rien ne pourra détruire. Au-delà de la mort, comme le dit saint Jean « nous lui serons semblables » (1 Jn). Même s’il est vrai que pour l'instant : « Ce que nous serons ne paraît pas encore clairement »... Serons-nous alors comme des anges ?

Comment les morts ressuscitent-ils ? 

Avec quel corps reviennent-ils ? 

Ce " comment " dépasse notre imagination et notre entendement ; il n’est accessible que dans la foi ; « Acte de foi » qui nous aide dans ce que nous ne comprenons pas encore, ce que nous ne voyons pas encore !  Quant à dire « Avec quel corps reviennent-ils » : n’imaginons pas un retour à cette vie présente, ne tombons pas dans la croyance désespérante de la réincarnation qui ne serait qu’un échec de la vie passée !

Je termine par ces trois points :

  • Notre participation à l’Eucharistie nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration de notre corps par le Christ : en recevant cette hostie consacrée, nous passons, le temps de la communion, du visible à l’invisible !
  • Croire en la résurrection n’est pas une folie ! Pour le Chrétien, c’est une réalité ! La Résurrection du Christ n’est pas seulement le miracle d’un cadavre réanimé. Elle inaugure une dimension nouvelle, inédite, qui intéresse et répond à tous les hommes, de tous les temps ! La vie au ciel n’est pas la simple continuité de ce que nous vivons sur cette terre.
  • Avant même d’envisager notre « résurrection » et de la désirer, nous devons vivre notre « incarnation » !Croire en la résurrection, ce ne peut être simplement une question de l’au-delà de notre vie. C’est une vraie interrogation dans notre désir de vivre uni au Christ, maintenant ! Que faisons-nous du don de la vie que nous avons reçue ? Que faisons-nous de nos journées ? Que faisons-nous de nos mains, de notre cœur, de notre intelligence, pour le service des autres ? 

Ne l’oublions pas, notre vie présente au moment de notre départ vers la maison du Père « ne sera pas détruite, elle sera transformée » ! (Préface des défunts n°1) Tous les liens que nous avons tissés (liens d’amitié, d’amour, de charité que nous avons pu vivre et partager) ne seront pas détruits, mais plutôt sublimés… À chacun de nous de faire les belles et saintes choses que nous demande le Seigneur !

Voilà, frères et sœurs, ce que nous recevons en ce 32e dimanche du temps extraordinaire de l’ordinaire ! Alors, oui, déjà pour aujourd’hui, souhaitons comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture que : « le Seigneur Jésus et Dieu notre Père qui nous a aimés … réconfortent nos cœurs et les affermissent en tout ce que nous pouvons faire et dire de bien ». 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 24 octobre 2022, 30e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 13, 10-17. Lettre de saint Paul aux Éphésiens 4, 32 à 5,8. Psaume 1.

 

Encore une fois, l’évangile de saint Luc raconte une des nombreuses guérisons opérées par Jésus. La guérison d’aujourd’hui est bien décrite ! Dans cette synagogue, en ce jour du sabbat, au milieu de la foule, il y a cette femme courbée. Elle est infirme depuis dix-huit ans. Curieusement, elle ne demande rien ! Elle est là, courbée, essayant de regarder… mais, étant courbée, ce n’est pas très facile !

Le texte précise qu’elle est « absolument incapable de se redresser ». Elle est repliée sur elle-même, physiquement et moralement. Mais que signifie : « être courbé » ? Pensons-y un instant… imaginons-nous courbés… que voyons-nous ? Le sol, nos pieds… mais aussi mentalement, penchés sur nos problèmes, fermés sur nous-mêmes avec cette difficulté de lever les yeux pour voir plus loin ! Jésus la voit ! Il la guérit !

Il annonce sa guérison comme une libération. Jésus ne lui dit pas qu’elle est guérie, mais : « te voici délivrée de ton infirmité ». En redressant la femme, Il restaure sa confiance, la rend capable de s’adresser à Dieu pour Lui rendre gloire. 

Cette guérison est aussi une délivrance du mal, de l’esprit qui possédait cette personne infirme et l’empêchait d’entrer dans une relation, face-à-face avec les autres, et aussi une vraie relation d’amour avec Dieu. Bien souvent, nos replis sur nous-mêmes, nos infirmités physiques ou morales nous empêchent de vivre cette relation de tendresse avec Dieu.

Ceux qui reprochent à Jésus de guérir le jour du sabbat sont aussi un autre exemple de ce manque de confiance qui empêche d’agir avec amour. Eux aussi, d’une autre façon, sont repliés, infirmes, fermés ! Ils se replient sur la loi, sur des règles au lieu d’accueillir le geste de libération de Jésus, tout simplement parce qu’Il ébranle leurs certitudes.

La joie de l’assemblée montre bien que la guérison de la femme courbée est un geste de salut pour les hommes et les femmes de tous les temps. Comme cette femme, toute la foule entre dans la louange, dans une relation vraie à Dieu et aux autres, dans l’Action de grâce.

Ne nous trompons pas frères et sœurs ; nous aussi, nous appartenons à cette humanité courbée, accablée parfois par les soucis, les fautes, les manquements, les péchés ou les mauvaises nouvelles… Tout cela nous écrase littéralement et nous plaque au sol !

Nous pouvons être tentés de nous recroqueviller sur nous-mêmes, de nous crisper sur des certitudes qui nous empêchent d’aimer et qui nous empêchent d’espérer.

Cet évangile nous rappelle que le Christ est venu nous libérer de ces pesanteurs ; à tous ceux qui le Lui demandent, Ildonne la force de se redresser, de vivre debout, malgré les épreuves, tout en restant en communion avec les autres, portés par l’espérance. 

Comme Jésus a redressé la femme courbée, dans la synagogue, le jour du sabbat, croyons que Jésus est avec nous à chaque instant pour nous relever et nous faire vivre d’une vie de ressuscité. C’est là que se situe l’enjeu : à la fin des temps, la résurrection que nous est annoncée sera un redressement pour chacun de nous.

Que cette grâce soit celle de chaque jour, pour nous, nos familles, notre communauté paroissiale et pour le monde !                                                                     

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 23 octobre 2022, 30e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 18, 9-14. Livre de Ben Sira le Sage 35,15b-17.20-223a. 

Psaume 33. Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 4, 6-8.16-18.

 

Chers amis, je fais un pari fou : vous avez pris le temps de découvrir les lectures de ce jour avant de venir à la messe ! 

Assez régulièrement, comme les lectures de ce dimanche, les cinq lectures se répondent les unes les autres ; elles font un tout intéressant ! L’Ancien Testament annonce et le Nouveau Testament révèle l’action du Salut en Jésus ! 

Avez-vous noté que ces textes nous expriment un aspect de la réalité de Dieu :

  • Ils nous disent qui est Dieu, 
  • et en même temps, ils nous disent qui est l’homme.
  • Ils nous rappellent comment l’homme est situé par rapport à Dieu.

Qui est Dieu ? 

- « Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence (il se montre impartial) entre les hommes. Il écoute la prière de l’opprimé » nous dit et nous répète Ben Sirac le Sage, dans la première lecture. 

- « Le Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris. Le Seigneur entend ceux qui l'appellent » continue le psaume 33.

- Saint Paul insiste dans sa seconde lettre à Timothée : « personne ne m'a soutenu... Le Seigneur, lui, m'a assisté… Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume. »

     Toutes ces affirmations, tous ces petits bouts de révélation sur Dieu, Jésus les reprend, les récapitule dans sa parabole du pharisien et du publicain : « pour certains hommes qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient tous les autres » précise le verset 9.

Qui est l’homme ? Dans quel but Jésus met-il en scène cette parabole ?

Le but est important ! Il est de rappeler à chacun que le regard de Dieu sur les hommes est bien différent du regard que les hommes portent sur eux-mêmes, du regard que les hommes portent les uns sur les autres. 

     Si les hommes entre eux ont ce regard de jugement, ce regard impitoyable parfois, qui condamne, qui établit des catégories : les bons et les méchants, les croyants et les païens, ceux qui font comme nous ou ceux qui font autrement ; Dieu, Lui, ne fait pas de différence entre les hommes. Il ne met aucune étiquette sur chacun, comme nous avons tendance à le faire nous-mêmes. 

Comment l’homme se situe-t-il par rapport à Dieu ? Pourquoi Jésus invente-t-il donc cette parabole ?

C’est pour nous redire que Dieu aime toute personne sans distinction. Dieu nous aime et cela, malgré et avec nos défauts, nos travers, malgré nos péchés, et ce qu’Il veut vraiment, c’est nous sauver ! Qui sommes-nous pour juger nos frères ?

Pour cela, Il nous redit avec force qu’il faut ajuster sans cesse notre attitude, dans deux directions, avec deux regards : 

  • notre attitude entre nous, frères et sœurs en humanité, fils et filles d’un même Père, 
  • et notre attitude vis-à-vis de Dieu. 

Bien souvent, malheureusement, nous jugeons Dieu de la même façon que nous jugeons les autres …

De fait, frères et sœurs, cette parabole nous bouscule. Instinctivement, nous cherchons à nous identifier : qui suis-je alors ? En qui nous reconnaissons-nous ? 

Est-ce dans le rôle du pharisien, ou dans celui du publicain ?

Quelle perception de nous-mêmes avons-nous vis-à-vis des autres ? Comment nous situons-nous face aux autres ?

  • Est-ce la suffisance du pharisien qui commande en nous, qui nous place au-dessus des autres ? 
  • Ou bien, ce qui prédomine en nous, est-ce plutôt l’humilité du publicain, capable de reconnaître son péché et qui peut alors voir chez les autres, tout le bien qu’il ne voit pas en lui-même ? 

        Sans doute, sommes-nous bien souvent partagés entre ces deux attitudes extrêmes. Sommes-nous à la fois, l’un ou l’autre, l’un et l’autre ? Quoiqu’il en soit, le regard que nous portons sur nous-mêmes vis-à-vis des autres détermine forcément notre attitude vis-à-vis de Dieu. 

       Nous comprenons que ce n’est pas si simple ! Car l’attitude que je choisis n’est pas sans conséquences. Fondamentalement, mon attitude, non seulement révèle qui je suis vraiment, mais elle m’entraîne sur un chemin qui me rapproche de Dieu ou peut-être m’en éloigne. Il nous faut choisir !

Attention aussi, ne faites pas dire à Jésus ce qu’Il ne dit pas !

Jésus ne nous dit pas qu’il nous faut devenir des publicains, c’est-à-dire avoir une vie de désordre, de choisir le péché, ou le profit malhonnête. Il ne fait pas l’éloge de ce publicain en tant que tel, de ses choix de vie discutables, mais Il souligne la justesse de son attitude vis-à-vis de lui-même et de Dieu. 

   De même, Jésus ne nous dit pas de ne pas lui rendre grâce comme le fait ce pharisien. Il ne nous dit pas de ne pas suivre les règles élémentaires de la vie en société, de ne pas jeûner, ni de faire l’aumône. Jésus ne condamne pas le pharisien, mais sa suffisance, car ses actions sont bonnes et respectables.

Jésus nous rappelle simplement que ce que nous faisons ne suffit pas. Personne ne peut se sauver soi-même par ses seuls actes. Si je me crois parfait, je n’ai pas besoin d’être sauvé ! Là est le danger !

Ce n’est pas ce que nous faisons de visible aux yeux des hommes qui nous rendent justes ou non, mais c’est notre regard sur nous-mêmes, sur les autres et sur Dieu. 

Même le plus grand des pécheurs (ici le publicain) peut être sauvé par Dieu, malgré ses actes qui sont mauvais et qui restent mauvais. Mais rien n’est impossible à Dieu pour celui qui cherche et veut se convertir en se tournant vers Lui ! Voilà qui est rassurant !

La conclusion des cinq textes de ce dimanche culmine dans la petite phrase que nous chantons entre les deux « alléluia » (c’est le petit verset qui passe souvent inaperçu). Cette phrase nous donne bien souvent la clé de lecture de l’évangile du jour. Que dit-il : « Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation ».

  

En fait, tous les textes de ce jour ont pour mission (pour seul but) de nous réconcilier avec Dieu, avec les autres, et avec nous-mêmes !

Prenons le temps, frères et sœurs, de relire ces textes pour les méditer et en faire notre “miel“ afin que notre regard change sur nous-mêmes, sur les autres et sur Dieu !

Bonne méditation !                                                                                            

  Ainsi soit-il !  

 

 

Homélie du vendredi 21 octobre 2022, 29e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 12, 54-59. Lettre de saint Paul aux Éphésiens 4, 1-6.

Psaume 23.

 

Dans l’évangile de ce jour, il est question de signes de temps ! Pour les comprendre, Jésus veut nous dire que : le silence, la prière, la réflexion et le discernement sont absolument nécessaires !

Les temps changent et nous, chrétiens, nous devons les comprendre pour mieux accompagner nos contemporains, sans doute changer aussi pour mieux nous adapter, oser dénoncer s’ils contredisent les valeurs éthiques… , et cela sans nous renier, tout en gardant notre repère essentiel : Jésus, vrai Dieu et vrai homme, Mort et Ressuscité ! (voir la 1re lecture de ce jour de saint Paul aux Éphésiens)

D’une certaine façon, oui, les temps changent ! Ces changements peuvent nous stimuler, nous agacer, souvent ils nous bouleversent et nous déstabilisent en nous mettant dans une situation souvent délicate !

 Pour comprendre les signes des temps, avant tout, le silence est nécessaire : faire silence et observer. Ensuite, réfléchir à l’intérieur de nous-mêmes pour essayer de mieux comprendre. 

J’entends autour de moi, des questions souvent récurrentes comme par exemple :

  • pourquoi y a-t-il tant de guerres maintenant, encore tant de conflits…? 
  • Pourquoi les familles ont-elles des difficultés à tenir dans la durée ? 
  • Pourquoi beaucoup semblent insatisfaits de ce qu’ils ont, de ce qu’ils font, de ce qu’ils sont…? 
  • Quels sens donner aux lois de bioéthiques ? 
  • Pourquoi, ceci ou cela…? 
  • Pourquoi ?… Ne nous décourageons pas !

            Silence, prière, réflexion et discernement… sans oublier de nous former.

C’est seulement ainsi que nous pourrons comprendre les signes des temps !

Face à un refus, le Christ ne mâche pas ses mots ! Il fustige « les hypocrites » qui feignent de ne pas comprendre et refusent toute interprétation. Peut-être ne savent-ils pas ou ne veulent-ils pas voir ? Pourtant, ce qui caractérise l’homme, c’est sa capacité de discernement, sa liberté et sa soif de justice !

Frères et sœurs, quel que soit notre âge : jeunes et moins jeunes, nous voyons bien que notre emploi du temps n’est pas toujours bien ajusté ! Nous sommes capables de passer jusqu’à l’étourdissement, des heures à consulter les médias, Internet, les réseaux sociaux, Facebook… pour avoir, en quelques lignes rapides, une connaissance, souvent superficielle de tout sur tout. 

Mais nous oublions peut-être l’essentiel : la prière, la lecture de la Bible, nous former, une disponibilité aux autres, un service de charité aux plus défavorisés… ou simplement prendre conscience de l’action de Dieu dans ma vie ! 

Appliquons-nous à prendre du temps pour cela ! Ne nous laissons pas influencer par « le prêt à penser consensuel » et « le besoin de faire comme tout le monde » !

Jésus ne nous demande pas d’être, pour autant, des experts en météorologie, Il nous demande de nous appuyer sur les signes du quotidien qui nous redisent sa présence. À qui sait le voir et ose le croire, Il redonne l’essentiel en nous montrant le chemin vers son Père et notre Père ! Avec Lui, ce chemin devient possible, même si le monde change autour de nous ! Avec Lui, rien n’est impossible !

Dans un monde qui n’a pas fini de « bouger », gardons le cap, demandons à l’Esprit Saint qu’il nous éclaire et nous aide à rester libres, à discerner et comprendre afin de poser les bons et vrais choix de vie !

Demandons cette grâce pour rester de fidèles témoins du Christ ! 

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 17 octobre 2022, 29e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 12, 13-21. Lettre de Saint Paul aux Éphésiens 2, 1-10. Psaume 99.

 

Il est question, ici, de partage, d’héritage et d’arbitrage ! Jésus se garde bien de répondre à toutes ces questions par trop humaines et souvent partiales. En bon pédagogue, en bon éducateur, Jésus va essayer de nous faire comprendre où sont les véritables enjeux en racontant un fait assez courant de son temps, j’imagine. 

À son habitude, Jésus donne une nouvelle parabole : celle du riche insensé. Il s'agit, notons-le, d'une richesse honnêtement acquise. Jésus ne dénonce pas la richesse tant qu’elle reste un moyen ou une conséquence et non un but !

Que se passe-t-il ?

Regardez, dit-il, cet homme qui a une bonne terre, de bonnes récoltes. Il vit bien. Mais il en veut toujours plus : de nouvelles granges, plus de profit, plus de sécurité pour être à l’abri des imprévus, pour l’avenir. 
 

Nous pourrions nous demander : qu’y a-t-il de mal à cela ?

En effet, nous pourrions dire : « C’est sage ! Il est bien de se construire un patrimoine, de faire des placements, de préparer l’avenir des enfants, de se donner une sécurité pour sa retraite. » Et sans doute, avons-nous raison. Ce sont des raisonnements respectables. 

Mais attention ! Là encore, Jésus ne vient pas condamner la possession de biens. Il ne vient pas nous dire qu’il faut n’avoir rien, ne pas prévoir sa retraite. 

Alors qu’est-ce qui ne va pas chez notre homme riche de la parabole, et qui engrange ? Où le bât blesse-t-il ? Quel est donc l’enseignement de Jésus ?

Écoutez : « Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on te redemandera ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ? » « Voilà », conclut Jésus, « ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu.» 

Ce qui « cloche » ici pour l’homme riche de cette parabole, c’est qu’il semble se laisser enfermer par ses possessions matérielles. C’est son attachement à celles-ci, en ne pensant qu’à une pérennité terrestre ! Or, nous ne sommes que des pèlerins sur cette terre ! 

Qu’en est-il pour nous-mêmes ?

Peut-être pouvons-nous faire un petit exercice et regarder dans notre vie, pour nous, 

  • Ce qui est superflu,
  • Ce qui est utile 
  • Ce qui est important 
  • Ce qui est nécessaire et essentiel. 

Cet exercice que nous pouvons faire au cours de la semaine, nous renseignera sur nos priorités et nous aidera sûrement à les mettre à la bonne place. 

Que cette messe nous aide à élever notre cœur vers les biens spirituels, vers les réalités spirituelles qui ne s’achètent pas, mais qui font vraiment vivre !  

Demandons à l’Esprit-Saint , cette grâce du discernement pour chacun de nous !     

Bonne réflexion !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 16 octobre 2022, 29e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 18, 1-8. Livre de l’Exode 17, 8-13. Psaume 120. 

Deuxième lettre de saint Paul à Timothée 3, 14 à 4, 2.

 

Chers frères et sœurs, sans doute avez-vous eu la curiosité, ce matin avant de venir à la messe, de lire les textes de la liturgie de ce dimanche ! Ils sont très intéressants et abordent une multitude de thèmes.

Pour cette homélie, j’ai choisi d’en retenir au moins trois : trois thèmes majeurs qui traversent les lectures de ce jour ! 

 

- Le premier thème et peut-être le plus évident est celui de la prière.

En effet, dès la première lecture du livre de l’exode, même si le mot « prière » n’est pas explicitement nommé, il semble bien que ce soit grâce à la prière de Moïse que le peuple l’emporte sur ses adversaires. 

Attention, ne tombons pas dans la magie qui nous ferait penser qu’il suffit d’avoir les bras levés au ciel pour que nos prières soient exaucées ! Il ne s’agit pas de cela ; au contraire, Moïse n’y est pas arrivé tout seul, il a eu besoin de son frère Aaron et de Hour pour tenir bon dans la durée. 

C’est donc ensemble qu’ils invoquent Dieu, qu’ils espèrent en la victoire de leur peuple, un peu comme s’ils portaient leur peuple à bout de bras, grâce à la prière.

 Voilà une belle image pour illustrer ce qui me semble être la prière : c’est porter ensemble, à bout de bras ceux pour lesquels nous prions. Plus encore, nous nous portons les uns, les autres dans la prière. Cela nécessite - forcément - un certain effort !

Je le précise, à nouveau, cela n’est pas magique ! 

 

- Le deuxième thème est celui de la Foi !

Le fait de nous sentir accompagnés, soutenus de l’intérieur, nous aide à garder cette confiance en nous ; en fait, c’est une question de foi. Comme le dit Jésus, il suffit d’un tout petit peu de foi, gros comme une graine de moutarde, pour pouvoir déplacer les montagnes. 

Car la foi, le fait de croire, de croire sans voir, de croire en soi, de croire aux autres, de croire au projet de Dieu dans notre vie et de savoir que l’on croit en nous, tout cela nous aide à oser, à dépasser nos limites et nos peurs qui souvent nous paralysent. Cette foi est essentielle ! Elle est aussi un don que nous recevons et qu’il faut entretenir !

Voilà donc pourquoi Jésus se demande dans la finale de l’Évangile d’aujourd’hui : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? »

Cette parabole de la veuve et du juge sans justice nous est donnée pour illustrer cette invitation à « toujours prier sans se décourager » !

 Mais attention, il y a, là aussi, une précision importante pour éviter une ambiguïté qui pourrait transparaître dans cette parabole ! 

Nous risquons, en effet, d’entendre cette parabole comme une invitation à “casser les oreilles de Dieu“ pour obtenir ce que nous voulons, comme cette veuve opiniâtre qui a obtenu gain de cause à force d’insistance auprès de ce juge sans justice. 

Or Dieu n’est pas comme ce juge ! Jésus le dit clairement à la fin de la parabole !

Par ailleurs Jésus le dit aussi dans d’autres évangiles, notamment chez saint Matthieu (Mt 6, 7-8) : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles et de prières, ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. »

Frères et sœurs, si Jésus nous donne l’exemple de cette veuve qui crie sans se décourager, c’est parce qu’elle a foi en ce qu’elle demande et elle y croit vraiment que sa demande est légitimement juste ! C’est une des pointes de cette parabole ! 

Et nous, frères et sœurs, comment prions-nous ? Quelle est ma prière ? Il est vrai que Dieu ne répond pas toujours aux demandes que je Lui formule :

  • On peut prier pour la paix dans le monde (c’est bien), mais la réponse de Dieu sera sans doute d’abord, la paix en moi, pour que je puisse la propager autour de moi !
  • On peut prier pour retrouver la jeunesse d’avant, mais la réponse de Dieu peut être cette jeunesse du cœur et l’enthousiasme des années à venir et encore à construire !
  • On peut prier pour trouver la richesse, mais la réponse de Dieu peut être différente et nous offrir une autre richesse, celle de la richesse de son amour, la certitude que je suis appelé à vivre avec Lui pour toujours, richesse dans les amitiés, les relations, les rencontres… Quelle richesse de pouvoir être ici, tous ensemble ce matin !
  • On peut demander que l’autre change, mais la réponse de Dieu peut être de découvrir que c’est moi qui peux changer… Mon regard peut changer sur l’autre et le voir autrement !

Si cette veuve prie sans se décourager, c’est parce qu’elle a la foi, que sa demande est vraie et cela change tout !

 

- Il y a aussi un troisième thème : le projet de Dieu pour moi, pour nous !

En effet, il y a un autre fil conducteur qui parcourt tous ces textes. Ce fil conducteur est celui du projet de Dieu pour l’humanité, l’Alliance qu’Il fait avec elle, avec moi, pour nous faire entrer dans son intimité et partager sa vie. 

Toutes les prières que nous pouvons faire sont sans commune mesure avec le projet que Dieu nous propose pour cette vie présente et pour la vie éternelle !

Ce projet bienveillant de Dieu que Jésus a mené à terme est déjà commencé dans l’Ancien Testament. La première lecture, nous montre une figure incontournable, celle de Moïse. L’évangile nous redit l’invitation de Jésus à ses disciples de crier vers Dieu, jour et nuit, à cultiver une foi inébranlable en Lui. 

Saint Paul ne se trompe pas quand il s’adresse à son disciple Timothée : « Tu connais les Saintes Écritures, elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus-Christ. »

Au cœur de ce projet de Dieu sur l’humanité, nous sommes invités à garder la foi comme un don précieux, à prier par une prière persévérante qui s’incarnera dans l’audace d’hommes et de femmes de prière (quand je dis cela, je ne pense pas uniquement aux moines et moniales). Oui, nous sommes tous invités à prier, là où nous en sommes, et si notre prière confiante se joint à des gestes concrets, c’est pour nous redire qu’elle n’est pas un refuge dans le laisser-faire et l’inertie. 

L’expérience nous montre que :

  • La prière persévérante nous sort de nous-mêmes, de notre petit monde et nous ouvre aux désirs de Dieu sur l’humanité.
  • La prière persévérante crée une chaîne d’amour entre les priants qui expérimentent ainsi une véritable communion de frères et sœurs tournés ensemble vers le même Père. 
  • La prière persévérance développe une attitude fondamentale de pauvreté et d’humilié. 

Pauvre et humble devant Toi, Seigneur, je te prie, car tu sais ce dont j’ai besoin !

Alors, frères et sœurs, faisons confiance à Dieu, même quand l’amour de Dieu ne semble plus évident, voilà l’acte de foi vrai ! Jésus ne s’est pas caché à lui-même, et donc ne nous a pas caché la difficulté : ce n’est pas facile de persévérer dans la foi, de ne pas se décourager, de ne pas « baisser les bras » ! Gardons la foi ! Croyons que notre prière portera du fruit !

Ne nous faisons aucune illusion ! Au moment d’entrer dans sa passion, quand les trois disciples, au jardin de Gethsémani, seront près de craquer, Jésus redira avec insistance (comme dans sa prière du Notre Père): « Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation. » (Mt 21,46)

Je vous le redis : frères et sœurs, gardons la foi et croyons que notre prière portera du fruit !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du vendredi 14 octobre 2022, 28e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 12, 1-17. 

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 1, 11-14. Psaume 32.

 

 

Impressionnant, le nombre de personnes qui entourent Jésus ! L’évangile nous parle de la foule qui s'est rassemblée par milliers pour entendre Jésus, au point que les gens s'écrasent. Il est vrai que la parole de Jésus n’est pas une parole mièvre, mais une parole directe, sans concession ! 

Si vous en avez le temps aujourd’hui, reprenez cet évangile, car c’est une véritable catéchèse qui nous est proposée !

Je souhaite m’arrêter quelques instants ce matin, sur cette recommandation.

"Méfiez-vous du levain des Pharisiens, c’est-à-dire de leur hypocrisie", dit Jésus à ses disciples.

Déjà, quelle idée avons-nous du levain ? Savez-vous que beaucoup de jeunes n’ont jamais vu ou touché du levain ? Le levain, encore employé de nos jours par quelques boulangeries à l’ancienne, est un morceau de vieille pâte qu'on laisse fermenter et qu'on mélange ensuite à une pâte neuve pour la faire lever. Qui dit levain, dit : transformation, fermentation, et en un sens : corruption ! Le levain était considéré, dans ce cas-là, comme un élément impur.

  • Encore aujourd’hui, dans les familles juives pratiquantes, quand arrive la fête de la Pâque, on nettoie, on élimine de la maison toute trace de levain, afin d'accueillir avec un cœur nouveau la volonté de Dieu, comme au premier jour de l'Exode.
  • Le pain qui sera consacré ce matin, ici, dans quelques instants est, lui aussi, sans levain !

Saint Paul, dans la première lecture, fait allusion à cette tradition lorsqu'il recommande aux Corinthiens : "Purifiez-vous du vieux levain et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté." (1 Co 5,7).

C'est bien le « sens négatif » du levain que Jésus retient ici, de la corruption et de l’hypocrisie qui pourraient être aussi les nôtres. Il vise des attitudes bien précises : "Méfiez-vous du levain des Pharisiens, c'est-à-dire de leur hypocrisie". Jésus nous alerte de tout ce qui vient corrompre ma vie, mon témoignage chrétien, mon espérance ! 

Ne croyons pas que nos attitudes n’auront pas de conséquences ! Nous pouvons le lire dans la suite de l’évangile de ce matin lorsque Jésus s’adresse à ses amis : “Tout ce qui est caché sera connu… Craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de vous envoyer dans la géhenne. 

Finalement, n’avons-nous pas à faire personnellement un vrai nettoyage dans notre vie pour réfléchir et éradiquer tout risque d’une attitude corrompue par les hypocrisies tant personnelles que celles qui nous entourent ! C’est ce que nous pouvons retenir ce matin !

Comment allons-nous faire pour supprimer le levain qui pourrait engendrer en nous une duplicité, un voile, des ténèbres, une crainte… bref, une contamination nocive ! Comme le dit saint Paul : “Revêtons l’homme nouveau ! “

Ayons cette audace et ce courage de purifier notre vie et de supprimer tout ce qui pourrait la corrompre !

 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 10 octobre 2022, 28e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 11, 29-33. 

Lettre de Saint Paul aux Galates 4, 22-24.26-27.31à5, 1. Psaume 112.

 

Peut-être sommes-nous un peu comme cette foule qui réclame un signe ! Ils veulent une preuve ! Ils veulent qu’on ne les “roule pas sur la marchandise“ ! Et cette foule accule Jésus à manifester de l’extraordinaire, du surnaturel, saupoudré d’actions éclatantes et bien sûr, surprenantes ! 

Mais la réponse de Jésus est cinglante : « Il ne vous sera donné que le signe de Jonas ! »

Mais quel est-il, ce signe ?

Jonas est le héros d’un petit livre du Premier Testament. Ce petit livre n’a rien d’historique, c’est plutôt une parabole qui nous parle de l’universalité de la foi… Si vous en avez la possibilité, prenez le temps de relire ce petit livre, il est assez court ! 

Avec beaucoup d’humour et d’ironie, l’auteur de ce livre fait de Jonas la figure symbolique de ce judaïsme postexilique, c’est-à-dire après l’exil à Babylone, fermé sur lui-même et qui découvre, un peu ébahi, que Dieu ne rejette pas les païens qui se tournent vers Lui. Même les étrangers, non juifs, se convertissent !

À cette foule, Jésus donne en exemple les habitants de Ninive qui se convertissent après avoir entendu la parole de Jonas. C’est le seul signe que donne le prophète : une parole forte annoncée au nom de Dieu. Jésus ne fait pas autre chose. Il a refusé toute forme de stratégie médiatique visant à séduire ceux qui Le voient. Il parle, annonce le Royaume, apaise les cœurs blessés, libère les consciences qui ploient sous le poids du fardeau et de la culpabilité, relève l’humain condamné, accueille le rejeté... Ce qu’il dit, Il le fait ouvertement !

 

La Bible nous raconte assez fréquemment que les païens, comme les habitants de Ninive, sont en réalité, bien plus disponibles au passage du Seigneur dans leur vie que les croyants bien établis. C’est peut-être parce qu’ils sont en désir, en attente, et dans l’espérance de cette rencontre qui changera véritablement leur vie ! Ceci est vrai tout autant pour aujourd’hui !

Alors, pour nous-mêmes, frères et sœurs, soyons attentifs, ne nous habituons pas au Christ ni à sa Parole !

Ne soyons pas des chrétiens blasés, restons intérieurement comme ceux qui désirent se laisser convertir, encore et toujours ! Laissons-nous surprendre par ce Dieu qui veut nous donner sa vie !

Le seul et unique signe qui nous est donné aujourd’hui, c’est le Christ, la vie ordinaire de Dieu parmi les hommes.

Le signe qui nous est redonné lors de cette messe est cette parole : « Ceci est mon Corps ! »

Par cet humble pain consacré, c’est le Corps du Christ qui nous est offert. Il vient nous redire que l’ordinaire de nos vies est le lieu de notre sainteté et notre chemin de vie avec Dieu, notre voie de salut.

Demandons pour nous ce matin, encore une fois, de garder un regard émerveillé sur notre Dieu qui se donne et nous bouscule sans relâche pour que nous changions, pour que nous nous convertissions et nous tournions totalement vers Lui, pleins de confiance !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du vendredi 7 octobre 2022, 27e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 26-38. Actes des Apôtres 1, 12-14. Cantique, Luc 1.

MÉMOIRE DE NOTRE-DAME DU ROSAIRE

 

La fête de Notre-Dame du Rosaire que nous célébrons aujourd'hui a été instituée pour honorer la Bienheureuse Vierge Marie lors de la victoire chrétienne sur les Turcs à Lépante le 7 octobre 1571, deuxième moitié du XVIe siècle. Le pape saint Pie V et tous les chrétiens avaient prié le chapelet pour demander la victoire. Cette date a été conservée.

Le Rosaire, appelé aussi le « Psautier de la Bienheureuse Vierge Marie », est l'une des meilleures prières à Marie, la Mère de Dieu. Je cite saint Jean-Paul II : « Le Rosaire, bien que de caractère clairement marial, est au fond une prière christocentrique. Dans la sobriété de ses éléments, il a toute la profondeur du message évangélique dans son ensemble, dont on peut dire qu'il est un résumé. » (Saint Jean-Paul II. Rosarium Virginis Mariae – Sur le Très Saint Rosaire). 

Nous connaissons Marie et l’appelons sous différents vocables : Notre-Dame du Rosaire, Notre-Dame Réconciliatrice, Notre-Dame de la Victoire, Notre-Dame de la Paix. Mais ne nous y trompons pas, derrière la diversité des vocables ou des contextes historiques, c’est un seul et même but vers lequel tend la prière chrétienne, la Victoire de la Paix : c’est-à-dire, la Victoire du Christ. À chaque fois que nous récitons le chapelet, nous manifestons par l’intercession de la Vierge Marie, la Victoire du Christ.

Lorsque la guerre, la haine, la violence, l’arrogance…  menacent de tout emporter, les chrétiens, à l’école de l’Évangile, pressentent que le salut ne peut pas venir de la force des armes. 

Certes, il est légitime de se défendre, de tout faire pour mettre hors d’état de nuire envahisseurs et terroristes : c’est même un devoir ! Mais le risque est grand, alors, d’ouvrir le cycle infernal de la vengeance, de monter dans l’escalade de la puissance et de la surenchère, de risquer de mettre notre confiance dans nos chars et nos chevaux, dans nos avions et nos missiles, alors que de telles armes humaines sont incapables de produire une victoire qui soit une vraie paix ; elles n’engendrent que plus de frustrations chez les vaincus et, souvent, un désir de revanche.

Si les chrétiens se tournent vers Marie, c’est qu’ils savent, dans la foi, qu’un tel combat et une telle victoire ne peuvent être que spirituels. Ce vrai combat n’est pas entre des bons et des méchants, entre les pays, ou les cultures… Le combat véritable se déroule dans les cœurs, au plus intime de chaque homme. Aujourd’hui, plus encore qu’au XVIe siècle, nous percevons combien les enjeux politiques sont complexes, imbriqués, mêlés de bien et de mal, et que les meilleures causes sont souvent gâtées par les égoïsmes les plus douteux et les plus cyniques.

Le danger actuel, c’est que nous possédons les armes pour tout détruire sur notre terre, si l’homme ne devient pas plus sage et plus raisonnable.

Demandons à la Très Sainte Vierge, par son intercession de nous garder dans la fidélité à son Fils et aussi dans son désir de paix dans le monde et de paix dans nos cœurs !

C’est la grâce que nous pouvons demander ce matin par l’intercession de la Vierge Marie

                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 3 octobre 2022, 27e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 10, 25-37. Lettre de Saint Paul aux Galates 1, 6-12. Psaume 110.

 

« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? »

Nous connaissons bien cette parabole du « bon samaritain ». Je ne vais donc pas la commenter ce matin et je vous invite à prendre le temps de la méditer. 

Je vais plutôt m’intéresser aujourd’hui à une question existentielle, à cette question du légiste qui reflète les débats théologiques de l’époque, et sans doute aussi nos propres questions : il s’agit de la vie éternelle : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » demande le docteur de la Loi. Cette question, parfois absente dans les activités trépidantes de notre existence, est capitale aussi pour nous !

Nous venons d’entendre, dans l’évangile, qu’il reçoit successivement deux réponses. 

La première réponse, c’est Jésus qui l’énonce en citant l’Écriture, en jumelant Lui-même un passage du livre du Deutéronome sur l’amour de Dieu, le « Shema Israël », et un passage du livre du Lévitique sur l’amour du prochain. À ce niveau théorique, tout est dit ; il n’y a rien à ajouter : « Tu as bien répondu, dit Jésus, fais cela et tu auras la vie » … Littéralement : tu sais très bien ce que tu dois faire, et nous savons également, ce que nous devons faire.

La deuxième réponse, c’est cette parabole que nous connaissons bien ! Elle exprime une réponse dynamique, sous la forme d’un programme de réflexion et qui se termine ainsi : « Va, et toi aussi fais de même ! » … Littéralement : agis de la même manière que le Samaritain, car là aussi, tu connais la réponse. Or qu’a fait cet étranger ? Est-ce si extraordinaire ? Il a mis en œuvre sa miséricorde, sa bonté, envers le blessé rencontré sur la route.

Frères et sœurs, nous pouvons nous poser cette question puisque nous le savons, la route qui descend de Jérusalem à Jéricho passe devant chez nous, et nous l’empruntons tous les jours. C’est la route de notre travail ou jusqu’à cette église, de nos responsabilités, de nos solidarités et de nos fraternités : « Va, et toi aussi fais de même ! ». 

Ouvrons nos yeux, demandons à Jésus de les garder grands ouverts, et laissons-nous arrêter, comme Lui, par les blessés de la vie.

Un dernier point est important : ne l’oublions pas ! Le bon Samaritain, c’est aussi et d’abord Jésus : Il nous aime jusqu’à l’extrême. « Il nous a aimés et s’est livré pour nous. » (Eph 5,2)

Demandons cette grâce d’être attentif aux personnes qui nous entourent, mais aussi d’avoir l’humilité de nous interroger sur cette vie éternelle que Dieu nous propose et de réfléchir sur les moyens qui sont les nôtres pour nous y préparer !

                                                                                                                 Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 2 octobre 2022, 27e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 17, 5-10. Livre du prophète Habacuc 1,2-3.2, 2-4. Psaume 94. 

Première lettre de saint Paul à Timothée 1,6-8.13-14.

 

Chers amis, imaginons que Jésus soit là, devant nous ! 

Quelle serait notre réaction, notre attitude ? 

Que voudrions-nous Lui dire ?

Aurions-nous cette demande particulière à la manière des Apôtres : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » ? Augmente en moi la foi ! C’est une belle demande ! 

Nous aurions pu demander d’autres choses : augmente en moi … la sagesse, l’intelligence, la mémoire, la santé, ou même d’une façon plus triviale, mon compte en banque…

 Nous aurions pu demander aussi sur le plan de la Mission : donne-moi Seigneur de faire des miracles, pour encore mieux évangéliser, ou encore le courage de pouvoir répondre à toutes les questions… 

Plus encore, et de façon tout à fait louable, de pouvoir changer la nature des choses ou de stopper la violence qui, malheureusement, se déchaine à travers le monde (1re lecture avec le prophète Habacuc).

Les Apôtres ont fait très simplement cette demande !  « Augmente en moi la foi ! »

La réponse de Jésus a de quoi nous déconcerter !

Il prend l’image de cet arbre qui serait déraciné et planté dans la mer, et qui montre en réalité l'incohérence, ou du moins « un certain décalage » avec la demande des Apôtres, aussi belle soit-elle.

En réalité, le souci n’est ni la demande ni la réponse. C’est la manière de poser la question : « Augmente en nous la foi ! » La demande des Apôtres est-elle bien posée ? Comment mesurer la taille idéale ou la quantité idéale de la foi ? 

Comme les Apôtres, nous demandons parfois une : « quantité de foi » alors que Jésus propose, sur un tout autre plan : « une qualité dans la foi ». Il nous faut donc quitter le côté quantitatif pour entrer dans le côté de la relation. Arrêtons de tout vouloir mesurer ! Tout se joue dans la relation, dans notre relation personnelle avec le Christ. 

Dès lors, que notre foi soit grande ou petite, peu importe le côté quantitatif ; il nous faut entrer dans la relation, et cela depuis le don gratuit de la Foi, au jour de notre baptême ! Tant que notre foi est la foi en Jésus Christ, tant que nous faisons confiance au Christ, tant que nous restons enracinés dans sa Parole, avec une foi vécue aussi en communauté, nous répondons à l’attente de Jésus ! Qui peut juger que notre foi est grande ou petite ?

Car c’est Lui qui agit ! Et si c’est bien le Christ qui agit, rien ne peut nous décourager ! Ce n’est pas la foi des miracles qui nous fera changer, mais la foi toute simple et incarnée en Jésus Ressuscité ! C’est par elle que nous pouvons alors vivre cette relation personnelle qui nous fait entrer dans la fidélité de l’appel et de l’amour du Christ. C’est Lui qui agit ! Mais pour qu’Il puisse agir, Il a besoin d’un cœur disposé, capable d’accueillir et confiant. Là peut se situer la difficulté !

Déjà le prophète Habacuc dans la première lecture, nous invitait à la confiance et à la fidélité ! le Seigneur l’invite à mettre par écrit « une vision pour le temps fixé », vision qui « ne décevra pas et … Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, sans retard. » C’est une vision de confiance ! Frères et sœurs, nous pouvons découvrir une certaine analogie avec le temps que nous vivons.

Alors que les Apôtres (c’est-à-dire en élargissant à tous les disciples-missionnaires de tous les temps) sont peut-être inquiets d’un manque de résultat ou de ne pas y arriver, Jésus nous redit que nous « sommes de simples serviteurs » et que « nous n’avons fait que notre devoir ». Nous avons à faire notre devoir dans la confiance, simplement parce que nous aimons comme nous sommes aimés. Il n’est pas ici question d’une quelconque soumission, mais bien d’un « devoir libre, discerné, choisi… ».

Littéralement, le Christ nous invite à rester sereins face à la mission. Il ne nous demande pas de réaliser des choses extraordinaires, mais d’être simplement des chrétiens audacieux et confiants. Il nous suffit d’un peu de foi reçue lors de notre baptême, de faire réellement ce qui est à notre portée, et Dieu fera le reste. C’est ce que signifie l’expression « simples serviteurs » et cela ne dédouane pas l’apôtre de faire sa mission avec amour en y mettant son propre cœur et du cœur à l’ouvrage. Comprendre cela enlèvera le poids de la recherche du résultat et de l’efficacité ! Dans un monde où l’on cherche la performance dans tous les domaines, il est bon d’entendre que notre mission n’est pas d’aboutir à un résultat précis ou un quota, à tout prix, mais que notre mission, quelles que soient les générations est l’humble et vrai témoignage du Salut en Jésus ! Notre agir chrétien sera humble, aimant, attentif à chacun, serein.

Ils sont vrais et réconfortants tous ces adages, toutes ces affirmations !

  • Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, et Dieu fera le reste ! 
  • Faisons ce qui est possible et Dieu fera l'impossible ! 
  • C'est la puissance de Dieu qui rend possible ce qui semble impossible !

Tout cela est vrai et rassurant, car reconnaissons-le, notre Mission nous dépasse !

En même temps, n’oublions pas, frères et Sœurs, que si nous demandons un surcroit de foi et de confiance, c’est parce que Jésus est venu nous sauver et qu’Il nous aime tels que nous sommes ! Mais, si nous ne croyons pas, si nous ne cherchons pas à Le suivre, à mettre nos pas dans les siens, à faire la volonté de Dieu, comment serions-nous sauvés ?

Ne pensons pas que notre vie chrétienne soit facile et sans embuche ! C’est justement parce que nous chutons que notre foi, aussi, doit être affirmée !

Plus que jamais, nous avons besoin de la foi, de ce « don gratuit de Dieu » (comme le rappelle saint Paul à Timothée : « un esprit de force, d’amour et de pondération ») pour accomplir notre humble mission dans ce monde où règne l’incroyance et une forme de folie. 

Alors oui, humblement, mais avec audace et réalisme, faisons nôtre cette prière : « Seigneur, augmente en moi la foi ».

Que la foi et notre confiance en notre Dieu, trois fois saint, soit le cœur de notre vie chrétienne et le cœur de notre relation à notre Sauveur !

C’est la grâce que nous pouvons demander et y ajouter la demande de raffermir notre confiance en Lui !

En toi, j’ai mis ma confiance, Ô Dieu très saint, Toi seul es mon espérance 
Et mon soutien ; C’est pourquoi je ne crains rien, 
J’ai foi en toi, ô Dieu très saint. C’est pourquoi je ne crains rien, J’ai foi en toi, ô Dieu très saint.

 

Homélie du vendredi 30 septembre 2022, 26e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 10, 13-16. Livre de Job 38,1.12-21 ; 40,3-5. Psaume 138.

 

Comme je vous le disais en introduction, saint Jérôme était un amoureux de la Parole de Dieu. Toute sa vie, il l’a passée à traduire les textes bibliques de l’hébreu au latin.

Ce matin, j’ai envie de vous proposer de prendre du temps pour relire la Bible, à la suite de saint Jérôme. Puisque tous ces derniers jours, nous lisons, et encore aujourd’hui, le livre de Job, je vous invite à relire ce livre en entier. 

Dans la Bible, parmi les livres de Sagesse, qui traitent de la vie quotidienne, du savoir-faire et du savoir-vivre (comme le livre des Proverbes), du sens de l'existence (avec Qohèleth), de l'amour (en lisant le Cantique des cantiques), de la présence de Dieu dans la création et dans l'histoire (avec Ben Sirach et le Livre de la Sagesse), de la prière (en méditant les Psaumes), il y en a un qui parle de la souffrance de l'homme : c'est le livre de Job.

Job est un personnage à la fois réel et fictif. Il est réel en tant qu'il représente la souffrance de combien de femmes et d'hommes par le monde. Il est encore réel parce que son auteur réfléchit sur l'épreuve qu'a vraiment subie le peuple d'Israël pendant son exil à Babylone ; mais il est fictif au sens où l'auteur n'a pas voulu décrire une situation historique singulière, mais une situation que tous rencontrent plus ou moins à un moment donné de leur existence. L'auteur du livre biblique de Job, qui a vécu sans doute au V° siècle avant Jésus Christ, a écrit ce livre après le retour d'exil de Babylone. Il ne présente pas son héros comme un Juif important, mais comme quelqu’un comme nous, comme n’importe qui !

À travers toute la tradition chrétienne, Job a constamment été reconnu comme le modèle du Juste souffrant et donc comme une figure de Jésus : on loue souvent la patience et la fidélité de Job dans son malheur ; on le décrit comme celui qui se lamente sur son fumier. Parfois aussi, on le met en évidence comme celui qui a l’audace de discuter avec Dieu et qui ose le prier, non seulement afin de comprendre et d'accepter sa condition, mais parce qu'il cherche à découvrir si l'épreuve douloureuse telle qu’il la vit, a un sens pour l'homme et pour Dieu. 

Le livre de Job n'est pas seulement un livre biblique : c'est encore un des grands textes du patrimoine spirituel de l'humanité. Dans la Bible, il indique un moment clé de la réflexion d'Israël sur sa propre histoire, après la détresse de l'exil. Effectivement, comment le peuple de Dieu, et nous avec lui, pouvons-nous rester fidèles à Dieu et continuer de Le prier quand souffrent les hommes, et particulièrement les innocents ? 

Que pouvons-nous retenir de ce livre ? 

La souffrance n'a pas de valeur en elle-même, mais elle peut être le lieu où l'être humain est amené à se poser les questions fondamentales sur sa propre vie, son existence et le destin du monde. 

N'oublions pas que pour beaucoup de nos contemporains, la souffrance et la mort semblent mettre en question l'existence même d'un Dieu bon et tout-puissant. Que répondons-nous aux questions qui nous sont posées sur la souffrance ? Est-ce Dieu qui veut la souffrance ? Est-ce l’homme qui en est la cause ? Avons-nous une réponse ?

Alors, prenons le temps de relire et méditer ce livre de Job.

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 25 septembre 2022, 26e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 16, 19-31. Livre du prophète Amos 6,1a.4-7. Psaume 145. 

Première lettre de saint Paul à Timothée 6, 11-16.

 

Chers amis, de nombreuses pages, de nombreux commentaires ont été écrits sur cet évangile, tellement il nous surprend et nous dérange !

Je vais vous proposer juste quelques réflexions et vous laisser méditer ce texte personnellement. Que nous dit cet évangile ?

  • qu’un homme riche vit dans le luxe : il est vêtu de pourpre et de lin fin ;
  • qu’un pauvre vit devant chez lui, couvert d’ulcères ;
  • que le pauvre meurt, ainsi que le riche ; 

Ce que pointe l’évangile, c’est que la mort va rendre définitifs les fossés que nous créons.

Nous ne savons pas grand-chose de l’homme riche, il n’a pas de nom, par contre nous entendons qu’il est vêtu de pourpre et de lin fin. On ne dit pas qu’il est méchant. On dit simplement qu’il est dans son monde, dans son confort, dans ses festins somptueux, dans sa tour d’ivoire. 

Qu’en est-il aujourd’hui ? Avez-vous déjà observé la maison d’une personne fortunée ? Plus elle est riche et moins elle peut voir les autres au-dehors. Cette maison est entourée de haies très hautes, avec des arbres, des murs, des portails, des chiens, des gardes …et tout cela enferme cette personne « riche » dans son confort en oubliant peut-être celui qui a faim juste devant sa porte !

Il y a aussi ce pauvre, dont nous connaissons le nom : Lazare. C’est un cas unique où l’on donne un nom à un personnage d’une parabole. Ce nom a été choisi en raison de sa signification, ce n’est sans doute pas un hasard. Issu de l'hébreu " el'azar " Lazare signifie " Dieu a secouru " : vaste programme !!! Non pas que Lazare soit vertueux (cela n’est pas dit !), mais il est noté simplement qu’il est pauvre et qu’il aurait bien voulu avoir quelques miettes, quelques restes, quelques offrandes à se mettre sous la dent.

On aimerait croire que si ce riche pourtant croyant (il connaît Abraham) s’était donné la peine d’ouvrir son portail, de sortir de sa suffisance, peut-être aurait-il été choqué de voir l’état de cet être humain, peut-être aurait-il posé son regard, avoir un geste de compassion pour ce pauvre dont les plaies sont soulagées par les chiens ?

En même temps, ne faisons pas de caricatures ! Ce pourrait être trop facile ! Peut-on dire que ce riche ne connaissait pas ce pauvre ? Non, car il semble bien connaître son nom et il le nomme dans la deuxième partie de la parabole !

Si seulement Jésus nous avait présenté un mauvais riche, qui maltraitait le pauvre, nous aurions pu respirer. La parabole ne nous aurait pas concernés. Nous aurions pu penser : « nous ne sommes pas riches, ou si peu, et puis, nous ne sommes pas mauvais ». Mais précisément, cette parabole ne donne aucune dimension morale à l’attitude de ce riche anonyme, faisant bonne chère et vivant dans le luxe.

La richesse n’est pas mauvaise en soi, mais elle risque d’aveugler la personne riche. L’argent est neutre et en même vecteur de puissance. Voilà le danger !

Jésus ne lui reproche nullement d’être riche, mais bien d’être aveugle et surtout indifférent à la misère du pauvre qui gît à sa porte. Être riche n’est ni une tare ni un vice honteux. Mais il y a une bonne et une mauvaise manière de l’être.

Une chose est certaine : le luxe endort les individus, les sociétés et les nations. Il émousse la vigilance.

Enfermé dans une prison dorée, le riche risque de ne pas entendre les cris de souffrance de ses frères et sœurs. Il peut aussi, tout autant, rester sourd à la Parole de Dieu qui pourtant, pourrait le délivrer ! 

Comment faire entendre, encore aujourd’hui, que l’amour de Dieu et l’amour du prochain n’est qu’une seule et indivisible nécessité … et cela quel que soit le niveau de notre compte bancaire ?

En effet, la parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare ne cesse pas d’être d’actualité. Les journaux nous la racontent tous les jours. Les prophètes, comme le prophète Amos, en répètent aussi les durs avertissements, les appels pressants à la conversion et aux indispensables changements. 

Il ne faut prendre à la légère ni le réquisitoire d’Amos, ni la parabole de Jésus, car nous sommes tous concernés ! Il nous faut donc l’approfondir. Tous deux livrent un message semblable. Tous deux nous invitent à la conversion.

 

Je termine par un dernier point qui, pour moi, est une évidence : l’enfer et le ciel existent !

Il arrive de plus en plus aujourd’hui qu’on se demande si l’enfer existe ! Il arrive que certains s’empressent de dire que « non », ou d’édulcorer une réponse (oui bien sûr, mais ce défunt est au ciel)... N’est-ce pas un peu léger ?

Jésus, lui, en tout cas, ne pense pas comme cela. Pour Lui, la vie d’ici-bas, notre vie terrestre, prépare celle de l’au-delà.Pour Lui, l’enfer, c’est de rester loin de Dieu, comme nous le sommes ici-bas. C’est rester loin des autres comme nous le sommes déjà sur terre. C’est donc l’homme qui se condamne lui-même et qui « s’enfer-me »

La seule sanction, c’est simplement cette distance que le riche a mise entre lui et Dieu, entre lui et les autres, et qui alors, devient définitive au moment de notre mort.

Frères et sœurs, sommes-nous convaincus que nous sommes en train de fabriquer notre ciel ou peut-être notre enfer ?

Chaque fois que nous nous ouvrons à Dieu et aux autres ou chaque fois que nous nous enfermons en nous-mêmes, nous créons soit notre ciel, soit notre enfer. Celui qui n’aime pas ici-bas se met lui-même hors du coup, pour ce festin de Dieu, où n’entrent que ceux qui savent vraiment aimer ou du moins, ceux qui recherchent comment vraiment aimer. 

 

Chers amis, c’est ce que nous redit l’évangile en clair : n’attendons pas demain pour nous mettre à aimer, car après notre mort, il sera trop tard !

Restons vigilants ! Tant que nous avons du souffle, tant que la vie est en nous, tant que nous pouvons faire des choix pesés, pensés, réfléchis, conscients… restons vigilants et décidons d’aimer et de nous laisser aimer ! 

Demandons cette grâce à Dieu pour chacun de nous, pour notre communauté rassemblée, pour tous ceux qui sont à La Salette en pèlerinage, pour nos familles et pour le monde !

            Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 23 septembre 2022, 25e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 18-22. Livre de Qohéleth 3, 1-11. Psaume 143.

 

Si vous me le permettez, je vais m’attacher de préférence, à la première lecture, celle du livre de Qohèleth. Peut-être avez-vous eu la curiosité de lire ce livre ? 

Nous connaissons tous cette phrase : « Vanité des vanités, tout est vanité ! » Elle est de Qohèleth (appelé aussi l'Ecclésiaste), ce sage biblique nous dit aussi qu'il n'y a : « rien de nouveau sous le soleil » ; des phrases qui font partie de notre langage quotidien, un peu comme des proverbes. 

Dans la Bible, le Livre de l'Ecclésiaste ou de Qohèleth vient après le Pentateuque (avec ses cinq grands Livres), et après les Prophètes. Avec les Livres des Proverbes, de Job, de Ben Sira, et de la Sagesse, il fait partie des cinq écrits de sagesse. 

Ce livre est écrit environ au IIIe siècle av. J.-C.

Quel est le propos de Qohèleth ? À quoi nous invite ce sage ? Que veut-il nous dire ?

Il nous propose de prendre la vie comme elle vient, comme Dieu nous la donne, de vivre à fond les jours et les évènements quand ils sont là, sachant que le malheur est toujours possible, surprenant… tapi à notre porte. Voilà un résumé très succinct du livre de Qohèleth, qui est un livre atypique et si moderne par bien des côtés.

On le croit parfois pessimiste parce qu’il observe ce qui se passe « sous le soleil » et conclut qu’on ne peut pas compter sur une justice humaine : il y a des méchants qui vivent longtemps et des justes qui meurent trop tôt, des sages pauvres et des riches idiots. Mais est-ce vraiment du pessimisme qu’affirmer cela ?

Il y a « un temps pour tout » (3,1) nous dit-il, et que « Dieu fait tout chose belle en son temps » (3,11) ; chaque temps de la vie a son sens en son moment, affirme le Qohèleth. Ce qui semble effrayant et difficile à un moment donné, peut (avec le recul et dans une relecture) nous aider à grandir ou avoir même des conséquences positives. 

Qohèleth propose un regard sur les humains et la société qui, pour être passablement désabusé, il n'en reste pas moins pétillant d'ironie, et tourné vers la joie de l'instant présent qu’il nous faut vivre pleinement. 

 

Bref, malgré la brièveté et la fragilité de la vie, nous sommes capables de tout ! Et toutes nos actions y trouvent leur place.

Nous qui courons sans cesse après le temps, nous qui parlons de temps « perdu », nous qui n'avons pas le temps…, prenons le temps d’écouter Qohèleth et retrouvons un temps pour chaque chose. Il s'agit de saisir et de vivre pleinement le temps présent, qu'il soit heureux ou malheureux. Il n'y a pas de temps perdu, dit Qohèleth, mais des temps à vivre. Veillons à ne pas gommer les moments de peine ni à oublier ceux de joie... Chaque moment peut avoir du beau, même parfois du pire, mais une fois qu'on prend du recul, on s’aperçoit que quelque chose de bon peut nous advenir. 

Hormis celle de Dieu, il n'y a pas de vérité éternelle : le temps passe, tout change. 

Mais ce qui est important pour nous, c’est qu’il ne faut pas vivre dans le regret du temps passé, de ce que nous n’avons pas pu faire, ou dans l'illusion de l'avenir : vivons le temps présent, car c’est le seul dont nous disposons et qui nous permet de créer ou co-créer avec Dieu ! 

Voilà ce que nous recevons de Qohèleth et, si vous en avez le temps, goûtez ce livre et sa sagesse !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 19 septembre 2022, Notre Dame de la Salette. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 19, 25-27. 2e lettre de St Paul aux Corinthiens 5,17-21. 

Psaume 39.

 

Fêter, Notre-Dame de La Salette, aujourd’hui, 19 septembre, c’est toujours fêter par elle et avec elle, Jésus, Jésus son Fils, Jésus qui est le Salut advenu en ce monde, et Marie a dit « Oui » au projet de Dieu. 

Au sanctuaire de la Salette, sans doute est-ce la grande effervescence et la joie, ce matin !

Fêter, Marie (que nous connaissons aussi à la Salette, sous le vocable de « Réconciliatrice des pêcheurs ») en son apparition sur cette haute montagne éloignée de tout, c’est faire nôtres, deux aspects importants et même centraux du message de l’Évangile : 

  • l’appel à la réconciliation, si présent dans les prières et la 1re lecture de ce jour, 
  • et l’appel à faire une place concrète et réelle à Jésus dans notre vie quotidienne.

Ces deux aspects sont au cœur du message de Marie aux deux petits bergers, Maximin et Mélanie. Quand Marie parle de conversion à vivre, elle nous invite à la prière chaque jour, quotidiennement, matin et soir.

L’appel à la réconciliation est en fait, une double action et une décision : 

  • se laisser réconcilier par Dieu et 
  • devenir des ambassadeurs de cette réconciliation.

Se laisser réconcilier par Dieu :

  • parce que nous ne lui faisons pas assez de place dans notre vie
  • parce que nous avons du mal à vivre les appels de l’Évangile 
  • parce qu’il est parfois difficile de répondre à son appel à aimer : aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même. 

Pécher (en hébreu, mot qui signifie « manquer le but ou la cible ») c’est manquer le but de ce double appel à aimer. Nous oublions trop souvent, l’appel de Dieu dans notre vie. C’est pourquoi il est urgent de se laisser réconcilier avec et par Dieu.

C’est à cela que nous sommes appelés, et nous devons demander à Dieu sa force, la force de l’Esprit Saint. C’est ce qui s’appelle prier, demander une intercession et signifie compter d’abord sur Dieu avant de compter sur nous-mêmes.

C’est cette expérience intérieure et réelle du pardon qui me permettra aussi de devenir un ambassadeur du Christ. Saint Paul est un témoin qui peut dire, dans la première lecture, son expérience : « Compte sur Dieu, fais-lui une place, il est là à tes côtés, il t’aime malgré tes difficultés à l’aimer et à aimer ton prochain ! »

Voilà ce que nous recevons de Marie en son message de La Salette. 

Oui, elle est là, à nos côtés, présente avec nous comme avec saint Jean au pied de la croix où Jésus est mort pour nous sauver !

Ne l’oublions pas, la croix est aussi un lieu d’espérance, malgré toutes les épreuves que nous devons porter. Ne désespérons pas, Marie est là et Jésus lui dit : « Porte avec eux ce que chacun te confiera et me confiera ainsi, porte avec eux pour qu’ils ne soient pas seuls sur leur chemin de vie et de sainteté ! »

Voilà chers amis, ce que Jésus nous dit ce matin, voilà ce qu’il nous dit avec Marie, Notre-Dame de La Salette.    

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 18 septembre 2022, 25e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 16, 1-13. Livre du prophète Amos 8, 4-7. Psaume 112. 

Première lettre de saint Paul à Timothée 2, 1-8.

 

Chers amis, nous venons d’entendre des textes bien surprenants et j’espère que vous aviez pris le temps de les préparer avant de venir, afin qu’en les réécoutant ce matin, vous puissiez peut-être mieux les saisir ! Reconnaissons-le, ces lectures nous déconcertent. 

Oui, Jésus nous provoque aujourd’hui pour nous faire réfléchir, et les trois textes de ce jour nous aident à regarder avec attention notre monde, qui, en tout cas nous sommes nombreux à le penser, est en manque de justice et de vérité, en manque de relation fraternelle, en manque d’attention aux pauvres et aux petits.

J’aimerais aussi que vous preniez le temps de relire la deuxième lecture, celle de saint Paul ! Celui-ci nous rappelle l’essentiel et nous met dès le début dans de bonnes conditions pour essayer de comprendre. C’est la prière qui peut nous aider à comprendre tant le monde et nos sociétés qui fonctionnent par des règles de profit, de défiance et de spéculation : « Je voudrais donc qu’en tout lieu les croyants prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute. » (1 Tm2, 8) Quelle belle prière !

Alors, oui ! Certains vont me dire que Jésus nous surprend, car il semble louer un “coquin“, une personne capable de malhonnêteté !  

Les lectures de ce jour nous provoqueraient-elles sur le fait de tricher, de mentir, de tromper ? De fait, ces textes énumèrent une panoplie de tricherie : diminuer les mesures, augmenter le prix, fausser les balances, acheter tout pour une paire de sandales, vendre jusqu'aux déchets du froment (comme nous le dit le prophète Amos)… il est vrai que ces façons de faire sont d’actualité ! Ou encore : créer un réseau d'amis par une série de fausses factures comme nous l’entendons dans l’évangile.

 

Attention ! Ne nous trompons pas ! Si Jésus nous propose cette parabole, c’est qu’elle est, pour Lui, prétexte pour tout autre chose. Il nous faut donc trouver la pointe du texte ! 

Que se passe-t-il ? Un homme riche avait un gérant qui fut dénoncé, parce qu’il gaspillait non pas les biens de son maître, mais ceux de ses débiteurs. Le maître convoque donc le gérant et le renvoie ! Dur ! Voilà ce gérant confronté à la catastrophe. Mais au lieu de baisser les bras, il réfléchit, il cherche une issue : « Que vais-je faire ? » Il trouve une solution !

On connait la suite, et comment il falsifie les factures des débiteurs ! Saint Luc donne deux exemples de tricherie : 20 sacs de blé et 50 barils d’huile, ce qui fait à chaque fois une somme conséquente. En réalité, que fait ce gérant malhonnête ? Il abandonne simplement son avoir, sa commission ! Et voilà les débiteurs gratifiés chacun d’une généreuse remise. Avec de pareilles largesses, l’ancien gérant pouvait être assuré de trouver en eux, des gens pour le recevoir, reconnaissants, une fois qu’il serait renvoyé.

Le fait surprenant c’est que le maître de la parabole loue ce gérant. Non pour sa malhonnêteté ; il l’appelle bel et bien un trompeur, un fils des ténèbres. S’il le loue, c’est qu’il s’est montré habile, ingénieux. Par exemple, on pense au hold-up du siècle ; nous pouvons en admirer l’astuce, sans pour autant approuver l’acte lui-même.

Comprenons-nous la pointe de cette parabole ? Suspens !!!!! 

De quoi s’agit-il ? Et pour nous ? Nous aussi, nous allons un jour ou l’autre, quitter la gérance de notre vie et de nos biens, et nous devrons en rendre compte en quittant cette vie terrestre. Qu’allons-nous faire ? Ou plutôt que devons-nous faire ?

Eh bien, nous dit Jésus dans l’évangile : soyez au moins aussi habiles, vous, les fils de lumière, pour assurer votre vie éternelle, que ce gérant, fils des ténèbres, l’a été pour son avenir matériel.     

J’ai donc trois questions :

            1- Comment notre travail, nos biens nous préparent-il à la vie éternelle ? En employant l’argent à faire le bien, en donnant aux pauvres qui se feront auprès de Dieu, nos avocats quand nous aurons à rendre compte ? Donner généreusement est un geste du cœur, une expression de l’amour. Or nous serons jugés sur l’amour ! Comme quoi, penser aux autres est encore la meilleure façon de penser aussi à soi-même. Cela ne sert à rien d’accumuler dans notre vie terrestre : « Nus, nous sommes venus au monde, nus, nous repartirons ! »

            2- Sommes-nous libres ou esclaves ? Sommes-nous de Dieu ou esclaves des idoles comme l’amour de l’argent ou le démon de l’avarice ? L’Évangile d’aujourd’hui nous met face à ce choix radical. 

            Précisons-le ! L’argent n’est ni bon ni mauvais : c'est un moyen, neutre ! Tant mieux si mon travail et mon intelligence, mes capacités me donnent une aisance ! Mais Jésus qualifie l’argent de trompeur, car il peut donner facilement l’illusion que l’on peut s’appuyer sur lui. Jésus connaît ce piège et nous met en garde !

     3 - Existe-t-il des obstacles à cette communion avec les autres ? « Les biens » dont je dispose (argent, maison, biens de consommation, etc…), servent-ils à la communion, c’est-à-dire «au bien véritable » ? Ai-je de vrais  amis sur lesquels je puis compter ?

     Servir Dieu, c’est Lui ressembler, et Lui ressembler, c’est prendre tous les moyens au service d’une seule fin : entrer en communion avec les autres.

 

     Voilà, chers amis, quelques pistes de réflexion que nous proposent les textes de ce jour ! Sans doute, allez vous en trouver d’autres !

Il y a donc, un choix urgent à faire : nous servir de l'argent et de tous nos biens, pour établir entre tous une relation fraternelle. Sans doute est-ce cela qui manque le plus dans notre société d’aujourd’hui. « Se faire des amis ! », propose Jésus. Donc, il nous faut revenir à l'usage premier de l'argent comme moyen de partage et non comme moyen de domination ; comme moyen de communication entre les hommes et non comme moyen de pouvoir. 

Puissions-nous prendre le temps, frères et sœurs, de relire ces textes et de les méditer. Un jour, le Maître nous dira :« Rends-moi les comptes de ta gestion ! » Y aura-t-il, ce jour-là, beaucoup d'amis pour nous accueillir ? Je nous le souhaite.

Demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer sur notre mission, sur nos devoirs, sur nos exigences, en vue du Royaume éternel !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 16 septembre 2022, 24e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 8, 1-3. 1re lettre de saint Paul aux Corinthiens 15, 12-20. Psaume 16.

 

Ce bref passage de l’évangile évoque quelques traits majeurs du ministère de Jésus. Ces résumés, de temps à autre dans les évangiles, rappellent l’essentiel de la mission du Christ. 

Luc mentionne d’abord le thème central de toute l’activité de Jésus : 

  • proclamer l’Évangile, 
  • annoncer la Bonne Nouvelle, 
  • dire que Dieu va instaurer son Règne.

Jésus n’attend pas les gens, comme Jean-Baptiste au désert qui attendait qu’ils viennent jusqu’à lui. Il va vers le peuple, de village en village, Il fait les premiers pas, pour révéler l’amour de Dieu partout où Il se rend, dans « les villes et les villages ». 

Cette Bonne Nouvelle n’est pas réservée à une élite ; Il est important de le comprendre ! Dieu, par son Messie, offre cette assurance à tous. Dans l’évangile que nous venons d’entendre, nous retenons qu’il y a deux genres de témoins qui Le suivent et qui L’assistent dans cette mission d’annonce : les douze Apôtres et un groupe de femmes.

Ces femmes qui accompagnent Jésus ont dû déconcerter le peuple de l’époque. Les disciples eux-mêmes s’étonnent quand ils découvrent, par exemple,  Jésus parlant à une femme de Samarie. (Jn 4, 27) Cela ne se fait pas ! Un rabbin ne devait même pas parler à une femme en public. Jésus ne s’embarrasse pas de ces considérations.

Ces femmes manifestent une générosité totale, une reconnaissance à Celui qui leur a apporté guérison et libération. Elles suivront fidèlement le Christ jusqu’à la croix, alors que les Apôtres, eux, s'enfuiront. Elles seront présentes au tombeau le matin de Pâques et, au Cénacle, elles prieront, avec les disciples, dans l’attente de l’Esprit Saint (Actes 1, 14).

L’évangéliste met en relief plusieurs personnages féminins, toujours présentés sous un jour favorable. Tout d’abord la maman de Jésus, Marie, qui domine évidemment « L’Évangile de l’enfance » (chap. 1-2), et aussi la mère de Jean Baptiste, Élisabeth, et Anne la prophétesse qui entourent Marie. Dans le reste du troisième Évangile, relevons seulement les passages propres à saint Luc  qui évoquent la participation essentielle des femmes :

  • -    la pécheresse pardonnée (7, 36-50) ;
  • -    la veuve de Naïm, à qui Jésus rend son fils unique (7, 11-17) ;
  • -    Marthe et Marie qui reçoivent Jésus (10, 38-42) ;
  • -    la louange adressée à la mère de Jésus par une femme (11, 27s) ;
  • -    les deux paraboles de la femme qui cherche sa pièce de monnaie perdue (15, 8-10), évangile de dimanche dernier, et la veuve importune qui insiste pour obtenir justice (18, 1-8) ;
  • -    sur le chemin du Calvaire, un groupe de femmes manifestent leur sympathie à Jésus (23, 27-31).

Ajoutons les passages les plus caractéristiques des Actes des apôtres :

  • -    Marie, la mère de Jésus, et un groupe de femmes attendent avec les apôtres la venue de l’Esprit Saint dans le Cénacle (1, 14) ;
  • -    la résurrection de Tabitha (9, 36-42) ;
  • -    Lydie et sa maison se convertissent (16, 13-15) ;
  • -    Aquila et Priscille accueillent Paul et deviennent ses proches collaboratrices (18, 2.26).

Dans un monde où la force violente dominait, saint Luc met en lumière peut-être davantage les femmes attachées au Christ, formant un groupe, comme davantage disposées au Royaume de Dieu. 

Cela est une vraie nouveauté à l’époque de Jésus !

Rendons grâce pour toutes ces femmes et toutes les femmes, celles d’hier et celles d’aujourd’hui, assidues à la prière, à l’écoute, à la charité, et au service de tous, particulièrement dans notre église !                                                                                                                         

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 12 septembre 2022, 24e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 7,1-10. 1re lettre de Saint-Paul aux Corinthiens 11,17-26.33. Psaume 39. 

 

Chers amis, nous faisons, aujourd’hui, mémoire du « saint Nom de Marie ». 

« Le nom seul de Marie met en fuite tous les démons », disait saint Bernard. 

En lisant quelques commentaires, hier, sur l’importance de cette mémoire, je vous livre quelques petites phrases que j’ai retenues : « Béni et invoqué par tous les chrétiens du monde entier, le prénom de Marie est devenu si célèbre que c’est aujourd’hui le prénom féminin le plus donné au monde. Il est fêté, plus particulièrement chaque année par l’Église catholique, le 12 septembre. »

Réciter un “Je vous salue Marie“, prononcer le nom de la Vierge Marie suffit à réconforter de nombreux fidèles.

Alors, pourquoi cette fête le 12 septembre ?

La fête du saint Nom de Marie est apparue en Espagne au XIVe siècle. Elle va s’étendre petit à petit à toute la chrétienté, tout particulièrement  à partir de 1683 avec le pape Innocent XI. La raison en est une action de grâce pour la délivrance de Vienne assiégée par les Turcs au cours de la même année. 

En effet, en juillet 1683, plusieurs milliers de Turcs avançaient vers Vienne, menaçant l’Europe tout entière. Le roi de Pologne, sur les conseils du bienheureux capucin Marco d’Aviano, accepta de porter secours à la ville. Après avoir entendu la messe et communié, le roi Jan Sobieski III et les siens se mirent sous la protection de Marie. Se levant plein d’ardeur après la consécration, le roi déclara : « Marchons sous la toute-puissante protection de la Mère de Dieu ! ». Son espoir ne fut pas trompé : les Turcs prirent la fuite le 12 septembre.

La fête du saint Nom de Marie va être célébrée le dimanche durant l’octave de la Nativité de la Vierge, entre le 8 et 15 septembre. Elle sera définitivement fixée au 12 septembre par le pape Pie X en mémoire de l’anniversaire de la victoire. En 1970, après le Concile Vatican II, la fête est supprimée puis finalement rétablie en 2002 par le pape Saint Jean-Paul II. On sait toute l’affection que le souverain pontife portait à la Vierge comme en témoigne sa devise, « Tout à Toi, Marie : Totus tuus », abréviation de la forme la plus complète de la consécration à la Mère de Dieu : « Je suis tout à toi et tout ce qui est à moi est à toi. »

Au cours des siècles, de nombreux saints ont honoré le nom de Marie. Je livre quelques citations à votre méditation :

  • Saint Ambroise de Milan (+397) écrivait : « Votre nom, ô Marie, est un baume délicieux qui répand l’odeur de la grâce ! » 
  • Saint Bernard de Clairvaux (+1153) y voyait un refuge dans le combat spirituel. « Le seul nom de Marie met en fuite tous les démons », disait-il.
  • Saint Bonaventure (+1274) invoquait la Vierge en disant : « Que Votre nom est glorieux, ô sainte Mère de Dieu ! Qu’il est glorieux, ce nom qui a été la source de tant de merveilles ! » 

Nous pourrions trouver encore et encore, citations, cris d’admiration et prières adressés à Marie. Avec tous les saints et saintes du ciel, confions à Marie, frères et sœurs, par son saint Nom, notre chemin de conversion à Dieu !

Nous nous confierons à Marie, à la fin de cette eucharistie, en chantant un “Je vous salue Marie“ !

                                                                                                       Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 11 septembre 2022, 24e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 15, 1-32. Livre de l’Exode 32,7-11.13-14. Psaume 50. 

Première lettre de saint Paul à Timothée 1, 12-17.

 

Nous sommes dans le chapitre 15e de l’évangile de saint Luc. L’évangile de ce dimanche est souvent présenté comme celui des paraboles de la miséricorde. Miséricorde ! 

C’est un mot qui peut-être, ne parle pas beaucoup à nos contemporains, et pourtant ! Dieu connaît notre misère et notre cœur !

 Jésus a, en face de Lui, des scribes et des pharisiens qui, encore une fois, récriminent contre Lui parce qu’Il fait bon accueil aux pécheurs et pire encore… Il mange avec eux !

Plutôt que d’engager une polémique avec eux pour se justifier, Jésus va, comme Il le fait souvent, leur proposer une réponse sous forme de trois paraboles. Elles sont imagées, parfaitement compréhensibles et intemporelles, comme nous venons de l’entendre !

La première est celle de la brebis perdue. Nous voyons le berger laisser là son troupeau pour aller chercher la brebis qui s’était égarée. Il la cherche vraiment ! Jésus montre la joie du berger qui l’a retrouvée et cette joie, il veut la partager avec ses amis, ses voisins. La dimension spirituelle de ce récit s’exprime alors ainsi : « le ciel est en fête, car un pécheur a retrouvé le troupeau et s’est converti. »

- Ensuite, la deuxième parabole : c’est l’histoire de cette pièce d’argent perdue. Force est de constater que, pour l’époque, cette pièce avait une très grande valeur. C’est grâce à la persévérance de cette femme dans sa recherche qu’elle a retrouvé sa pièce. Jésus nous donne ici l’image d’un Dieu qui persévère dans la recherche de la relation, dans la recherche de celui qui s’est perdu, dans la recherche de chacun de nous.

La conclusion de cette seconde parabole est de la même teneur : Jésus, là encore, nous dit : « la joie du ciel lorsqu’un pêcheur se convertit. »

Il est important de retenir que c’est le désir constant de Jésus de ramener vers la demeure du Père, celles et ceux qui s’en sont éloignés.

Jésus aurait pu s’arrêter là, mais Il va faire un pas de plus et nous entendons la troisième parabole.

La troisième parabole est la plus connue. Elle a inspiré de grands peintres qui ont voulu représenter le retour de ce fils prodigue.

Remarquons qu’il y a trois personnes dans cette parabole, et que le personnage central est le Père. Pour Jésus, cet homme est le visage de son propre Père. C’est ainsi qu’on aurait pu présenter cette parabole en la nommant celle du Père prodigue

Le père de la parabole va devoir faire face d’abord au plus jeune de ses fils puis à l’ainé.

Nous pouvons lire cette parabole au moins à deux niveaux :

  • Peut-être d’abord au niveau de la vie familiale. Ce temps où les enfants, que l’on n’a peut-être pas vus vraiment grandir, vont vouloir se libérer de l’autorité parentale ! Certains l’ont peut-être vécu pour eux-mêmes, quand ils étaient plus jeunes, ou le vivent pour l’un de leurs enfants.
  • Le second niveau de lecture est assurément spirituel.

S’éloigner de Dieu ne L’éloigne pas de nous !

Il est important de le comprendre ; Dieu nous attend ! Comme le père de la troisième histoire, nous avons ici, l’image d’un Dieu qui est miséricordieux, un Dieu qui vient nous rejoindre dans ce qui fait nos fragilités et nos misères, notre péché et nos inconstances. C’est aussi l’image d’un Dieu qui nous laisse libres, profondément libres !

La prérogative la plus importante de cet amour c’est qu’Il nous laisse libres et, plus encore, Il nous rend libres. Cette liberté en Dieu est tellement importante que nous sommes libres de L’aimer, mais aussi libres de ne pas L’aimer, voire même, de Le rejeter ! La folie de Dieu va jusque-là ! Quoiqu’il en soit, être libre c’est toujours prendre des risques. Tout choix demande un vrai discernement et une décision assumée ! Oui, tout comme l’amour, aimer, c’est prendre des risques.

Le père de cette parabole, que nous connaissons bien, est un père aimant, attentif et miséricordieux, et il est aussi profondément juste. On pourrait lui faire le même reproche que celui que les pharisiens font à Jésus. On pourrait reprocher à ce père d’être finalement trop bon (pour ne pas citer le mot de Cambronne) ! D’ailleurs, c’est ce que fait le fils ainé. Mais, oui ! Dieu est démesurément bon ! Il est la bonté même, et Il nous invite à faire ce chemin, sans doute à être de la même bonté de Dieu, mais surtout, à faire le chemin de cet enfant qui veut revenir au Père !

De fait, ce chemin intérieur est à vivre au quotidien pour découvrir un Dieu qui prend soin, un Dieu qui persévère dans la relation, qui nous cherche et qui nous attend ! C’est incroyable : quoique nous ayons pu faire, Dieu nous attend ! Découvrir un Dieu qui ne nous cache pas que les choses peuvent être difficiles, mais surtout un Dieu qui nous invite à entrer dans la confiance de l’amour ! 

Voilà le Dieu de Jésus Christ, voilà le Dieu auquel nous croyons, voilà le Dieu qui croit en nous ! 

C’est pour cela « qu’il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » 

Se convertir, c’est tourner notre cœur là, où il y a la Vie, la vraie Vie ! C’est partir à la rencontre, persévérer dans la relation et attendre dans la confiance !

Frères et sœurs, c’est particulièrement dans le sacrement du Pardon que nous pouvons vivre ce retour au Père : entrer en soi-même (discernement), comprendre ce qui m’a éloigné du Père (relecture), oser dire : « Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. »

Ma prière pour ce soir, dans cette eucharistie, est que nous fassions ou refassions cette expérience de nous sentir aimés et de nous savoir aimés du Père. Soyons assurés que Jésus est là avec nous, comme Il l’a promis, et gardons au fond de notre cœur cette certitude d’être attendus, aimés, pardonnés ! Que cela nous donne une joie profonde et durable … 

Voilà ce que nous pouvons retenir de ces trois paraboles de la miséricorde !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 9 septembre 2022, 23e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 39-42. 1re lettre de St Paul aux Corinthiens 9,16-19.22-27. Psaume 83.

 

Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?

C’est la question que nous pose l’évangile ce matin. De fait, pour avancer dans la vie, nous avons besoin de nous appuyer sur un bras confiant et solide. Nous espérons compter sur un regard lumineux qui pourra éclairer le nôtre. En même temps, nous le savons, à bien des égards, nous sommes tous atteints de troubles de cécité. Il nous arrive de ne pas voir suffisamment clair et de ne pas être aussi solides que prévu !

Ces constats me permettent de méditer un peu sur ce qui se vit dans notre société. Celle-ci, hélas, vit une période marquée par le trouble et une certaine forme d’obscurantisme ! Elle semble, par bien des côtés, ne plus assurer le soutien solide de son histoire et de la tradition !

Des États-Unis à notre vieille Europe, notre monde est marqué et même manipulé, particulièrement aujourd’hui, par des mouvements militants destructeurs qui inondent les réseaux sociaux ! Par exemple, avez-vous entendu parler (et je le dis par son nom en anglais), de la « cancel culture ou culture de l’annulation », ou en encore du wokisme… Ce sont des mouvements dont nous trouvons très facilement la trace et les influences.

La culture woke, qui se déchaine à l’heure actuelle en déboulonnant certaines statues ou en rejetant une partie de notre culture (réécriture de certains livres  ou film) parce qu’elle serait imprégnée de certaines valeurs par exemple, voudrait nous priver de ce bras et de ce regard, c’est-à-dire de notre histoire. L’homme ne serait rien d’autre que ce qu’il tient de lui-même. Cette idéologie nous dit que notre humanité ne pourrait trouver quoi que ce soit dans une tradition vivante, une culture, un héritage qui puisse lui permettre d’avancer. Le passé serait inexistant ou négatif ; ne compteraient que le moment présent et nos seules forces.

Cet individualisme, mêlé de déconstructivisme, fait de la domination l’unique mode de compréhension des relations entre les humains. Pour la culture woke, la différence entre les humains est tellement irréductible qu’elle ne peut se résoudre autrement que par la domination d’un groupe sur un autre, d’un humain sur un autre. D’où les violences dans lesquelles nous entrons un peu plus chaque jour : violence verbale, violence conjugale, violence économique et médiatique. Il n’y a plus de place pour un universalisme. Nous entrons, alors, dans une culture de la « dictature » ! Il n’y a plus de place non plus pour un catholicisme qui fait de l’unité et de la totalité, non un point d’aboutissement, mais une condition de départ.

Le wokisme et la cancel culture sont une sorte de gnose, un salut par la connaissance, mais une connaissance privée : je suis moi-même mon propre salut ! C’est le choix d’un savoir privé, solitaire et donc friable, car non contrôlé. Ce serait une connaissance faisant fi de la Tradition, sans appui, sans aide, sans vision… sans origine et du coup, sans finalité objective. Tristement, aux États-Unis comme en Europe, cette guerre générationnelle des idéologies n’en est qu’à ses balbutiements…

Frères et sœurs, je vous le demande : ne nous privons pas d’aide, ne nous laissons pas priver de ces riches différences qui sont une chance pour chacun de nous. Dans notre histoire, nous connaissons de grands et beaux moments, mais aussi de tristes épisodes, c’est vrai ! C’est ce qui fonde pourtant, déjà pour l’Europe, les bases de notre société judéo-chrétienne. Refusons la destruction narcissique ! Le wokisme finalement, c’est le refus d’une différence ! N’ayons pas peur ! Sortons de la défiance ! Invitons nos voisins, surtout celles et ceux qui nous paraissent les plus éloignés de nos coutumes. Prenons le risque de l’accueil et non du repliement !

Le Christ a rejoint les hommes et les femmes de tous âges, conditions, des étrangers comme des juifs ou des païens. Au ciel, son regard et sa communion se font encore davantage universels. Chacun de nous est appelé au salut ! Tel est le véritable catholicisme qui n’exclut personne. En affirmant cela, nous comprenons bien que ces idéologies sont totalement incompatibles avec le catholicisme ! Mais il nous faut les connaître pour que nous puissions très simplement, à l’occasion de rencontres ou de conversations, savoir quoi répondre.

Chers amis, demandons cette grâce d’être toujours illuminés par le Christ et de demeurer dans la lumière du Seigneur pour avancer et témoigner !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 5 septembre 2022, 23e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 6-11. Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 1-8. Psaume 5.

Chers amis, avez-vous remarqué que, bien souvent, les personnes qui ne pensent pas comme nous, nous dérangent ! Nous ressentons, à ce moment-là, un ressentiment, peut-être même une colère, bref quelque chose qui nous agace. Nous en recevons un exemple dans l’évangile de ce jour !

Les pharisiens n’arrivent pas à aimer Jésus, car Il les bouscule dans leur conception de l’application de la loi. Il a déjà guéri un jour de sabbat et là, ils se demandent s’il ne va pas encore le faire ! Jésus, connaissant leurs cœurs, le perçoit très bien ; Il voit, malgré leur piété, leur générosité, une étroitesse d’esprit et surtout de cœur. Alors, déterminé, Il n’hésite pas, Il guérit ! 

Mais plus encore Il enseigne ; Il essaie d’ouvrir les cœurs à la compassion, à l’amour des autres, ce qui va bien au-delà d’une application stricte de la loi. Malheureusement, nous le savons, les pharisiens resteront sur leur position et s’y enfermeront même encore un peu plus en se réunissant pour voir ce qu’ils feraient à Jésus et comment le faire périr.

De fait, c’est la « loi du monde » où il est plus facile de se débarrasser de ceux qui nous dérangent, qui ne pensent pas comme nous, plutôt que de se laisser déranger par eux ! Jésus Lui, invite à aller plus loin. Il nous invite à ouvrir notre esprit et notre cœur. Si l’application de la loi est importante (car sans loi, ce serait l’anarchie), l’amour doit toujours avoir la première place. C’est là une route bien plus difficile, où en accueillant l’autre, il faut savoir renoncer à ses habitudes, à ses acquis, et même, parfois, à ses rites.

Mais, allons plus loin : quelle est la question que nous pose l’évangile, aujourd’hui ? 

N'y aurait-il pas un pharisien qui sommeillerait en moi ? Jésus nous interroge, nous aussi, aujourd’hui : notre foi, notre pratique religieuse sont-elles faites seulement de devoir ou sont-elles ouvertes à l’amour ? Suis-je ici, ce matin, par devoir ou par amour ?

Ceci étant dit, il ne faut jamais confondre le péché et le pécheur. Si le péché est à condamner, le pécheur est toujours à aimer. (Rappelez-vous l’épisode du bon larron !)

L’action de Jésus a les conséquences que nous connaissons : les pharisiens sont remplis de colère, ils sont « remplis de fureur » ! Avec Jésus, la règle de l’amour prend le pas sur la primauté de la loi et ainsi leur contrôle des gens est mis au défi. Même si parler de « saintes colères » dans des cas sociétaux actuels et concrets qui pourraient être justifiés, ou même appropriés, il nous faut être attentifs aux mouvements personnels de colères intérieures qui devraient nous alerter : « Suis-je, à ce moment précis, dans l’amour ? » À nous d’essayer de les corriger ! 

Frères et sœurs, dans notre prière, nous pouvons demander au Seigneur, ce discernement que l’amour l’emporte toujours sur tout, dans mes choix. 

Demandons aujourd’hui au Seigneur, la grâce d’une journée apaisée et joyeuse !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 4 septembre 2022, 23e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 14, 25-33. Livre de la Sagesse 9, 13-18. Psaume 89. 

Lettre de saint Paul à Philémon 9b-10.12-17.

 

 

        Aujourd’hui, c’est le dimanche de la rentrée, une nouvelle année scolaire et universitaire commence. Sommes-nous heureux de ce début d’année ? Nous allons enfin, nous revoir, discuter, échanger et louer notre Seigneur ! 

Sans doute avez-vous remarqué dans les rues, ces enfants tout joyeux ou pour certains, quelque peu stressés, sur le chemin de l’école. Nous aussi, nous allons redémarrer toutes nos activités : le travail, les associations, les réunions et tout ce qui fait notre vie quotidienne.

        C’est aussi une nouvelle année pastorale qui recommence pour notre paroisse ! 

Du coup, j’ai une question peut-être un peu abrupte, pourtant essentielle !

  • Comment allons-nous être chrétiens en vérité et en action, cette année : un chrétien ardent et véritablement disciple du Christ ?
  • Comment allons-nous être témoins de l’Évangile ? 
  • Comment allons-nous participer aux activités de la paroisse ? Et elles sont nombreuses, nécessaires et nous avons besoin de chacun de vous ! 

C’est le moment de choisir nos références, nos aspirations et surtout notre modèle de vie. Jésus nous demande de ne pas rester les bras croisés en espérant que d’autres fassent à notre place, mais de choisir pour avancer, simplement, sans doute petit pas après petit pas, mais avancer vraiment et participer à la vie missionnaire de notre paroisse. 

        Choisir le Christ, c’est faire confiance, c’est aussi accepter de porter sa croix pour avancer librement… Nous avons tous des croix à porter, plus ou moins lourdes, parfois difficiles à porter seul… 

Pour oser avancer, Jésus nous demande de ne pas choisir à moitié, mais d’être vrais, entiers. Quand nous disons construire notre vie, cela veut dire se préparer à poser des gestes concrets et des fondations solides sur des bases sérieuses : sur la vérité, la liberté et l’engagement. 

Il nous faudra, pour cela, prendre le temps du discernement pour être sûrs d’aller jusqu’au bout de nos choix.

        En ce dimanche de rentrée, peut-être avez-vous remarqué de nouveaux habitants qui viennent s’installer ici à Grenoble ou dans les environs. Ce sont de nouveaux frères et sœurs en Christ qui rejoignent notre communauté ; notre paroisse, c’est aussi la leur, ils sont ici chez eux. Pour mieux faire connaissance, nous vous accueillons à la nouvelle maison Paroissiale (juste à côté de cette église Saint Louis) pour le temps d’un petit café, d’un moment de discussion, de rencontre…

       Les textes de ce jour nous éclairent et nous donnent quelques pistes de réflexion pour mieux discerner !        

- J’ai envie de parler d’abord de cette toute petite lettre de saint Paul à Philémon. C’est la lettre la plus courte de saint Paul et pourtant c’est une lettre qui révolutionne le monde et la société de l’époque… Saint Paul pose les fondations des droits de l’homme 18 siècles avant la Révolution française... Que se passe-t-il ? Onésime, qui était un esclave selon la loi de l’époque, n’est plus un esclave par le baptême qu’il a reçu de la main même de Paul, en prison ; c’est donc un homme libre, c’est un chrétien, plus encore : c’est un frère...  Le baptême fait de nous des frères et des sœurs en Jésus-Christ. Saint Paul invite donc Philémon à accueillir Onésime comme un frère. C’est un vrai bouleversement ! Je vous laisse imaginer le retentissement que ce texte a pu avoir dans la société de l’époque. Ce texte nous oblige à changer de regard sur le monde qui nous entoure. Il faut avoir le courage, comme saint Paul, de dénoncer les erreurs pour changer ensemble, ce qui ne va pas dans notre société moderne.

    - Le livre de la Sagesse veut nous aider à faire confiance à Dieu car c’est Lui qui éclaire notre chemin. La vraie sagesse que nous devons demander, avec la force de l’Esprit Saint, c’est la connaissance de Dieu !

Ces livres de la sagesse Biblique que nous lisons de temps en temps nous montrent que les anciens avaient une sagesse qui nous donne des leçons encore aujourd’hui, pour apprendre à ouvrir les yeux sur l’essentiel. Prenez le temps de le lire en entier, et faites-en du miel pour vous !

   - Que de grandes questions dans l’Évangile d’aujourd’hui ! Cela peut faire peur ou plutôt nous stimuler !

   Jésus nous interpelle ; Il nous demande de choisir avec notre intelligence et notre capacité de discernement, c’est-à-dire de Le préférer à toutes les attaches terrestres ; bien sûr, il faut aimer sa famille, son conjoint, ses enfants, ses frères et sœurs, mais le choix radical que Jésus nous demande c’est de préférer le Seigneur, c’est-à-dire de Le mettre en tête de tous nos choix. 

Deux fois dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous invite à une attitude juste, vraie ; Il nous dit de nous assoir pour réfléchir avant de nous engager à faire quelque chose d’important ; c’est bien cela qui est proposé aujourd’hui : il faut réfléchir avant de commencer notre année pour savoir comment devenir des chrétiens plus ardents, plus forts. Cela est valable d’ailleurs dans toutes les situations de notre vie. Oui, Jésus est exigeant, c’est vrai ! Il faut aimer Dieu, aimer sa famille, aimer les autres et spécialement nos ennemis, apprendre à pardonner pour mieux aimer, porter sa croix c’est-à-dire suivre le Christ Jésus et accepter la vie telle qu’elle est en essayant, malgré tout, de rayonner autour de nous pour être témoin de l’évangile et de l’Église. Rien de facile dans toutes ces demandes !

       Ce qui est certain, et cela vous le savez, c’est que si je reste seul, isolé, ce sera peut-être difficile ou compliqué. C’est la force de la Communauté chrétienne, c’est la force d’une vie fraternelle qui va nous donner de tenir dans la durée et de nous soutenir les uns, les autres, même si cette communauté n’est pas parfaite ; nous sommes des pécheurs !    

Car, oui, suivre Jésus est exigeant ! Ce monde est un peu fou et Jésus nous propose une autre forme de folie ! « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Être ou devenir disciple de Jésus :

  • C’est accepter que le Christ bouleverse notre façon de vivre !
  • C’est reconnaître que le don de la Sagesse est précieux et nécessaire pour découvrir qui est Dieu pour moi. 
  • C’est comprendre que sans la Sagesse qui nous permet le juste discernement, nous courons à notre perte, comme celui que veut construire une tour sans d’abord prendre le temps de s’assurer qu’il peut aller jusqu’au bout.

En ces jours de rentrée, il est de coutume, frères et sœurs, de prendre de bonnes résolutions pour l’année qui commence.

Je reprends la question du début de cette homélie : 

Alors, chers frères et sœurs, comment allons-nous être des chrétiens en vérité et en action, ardents, pour cette année ?

Et moi, comment vais-je être chrétien cette année ?

       Il faudra nous asseoir pour prendre le temps du discernement, de la prière, pour y répondre et prendre les justes décisions !

Bon discernement, sans oublier que l’Église à besoin de chacun de nous et que l’Église, c’est nous !

Donnez-vous ! Donnez-vous au Christ !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du mercredi 31 août 2022, 22e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 4, 38-44. Première lettre de Saint Paul aux Corinthiens 2, 10-16. Psaume 32. 

 

Chers amis, dans ma méditation des lectures de ce jour, je me suis particulièrement attaché à mieux comprendre la première lecture. 

Bien sûr, saint Paul s’adresse en premier lieu aux chrétiens de la ville de Corinthe, mais pas seulement à eux ! Elle s’adresse aussi à chacun de nous et à toute notre paroisse.

Que nous dit-elle ? Elle fait tout d’abord un constat et un rappel à l’ordre ! 

Voici une première remarque face à ce texte : Paul semble un peu dur. Il faut dire que ce qui se passait à Corinthe était, à cette époque-là, assez déroutant ; il y avait de grosses divisions parmi eux et de gros problèmes de mœurs

Malgré leurs nombreux dons reçus (la connaissance de la Parole de Dieu, conscience de qui est le Christ), les Corinthiens ne sont pas encore complètement matures spirituellement. Leurs divisions et leur façon de vivre en sont une preuve manifeste.

Plus encore, saint Paul insiste en regrettant que rien ne distingue la communauté chrétienne de Corinthe du monde environnant. Saint Paul leur reproche de vivre leur vie de manière identique aux personnes qui ne connaissent pas Dieu !

Ils sont des chrétiens un peu insipides qui passent inaperçus.

Ces deux problèmes sont des obstacles qui provoquent un contre-témoignage !

- Le premier problème que Paul mentionne est celui des disputes et divisions qui existent entre eux, concernant l’allégeance à tel ou tel responsable : « Je suis de Paul, je suis d’Apollos ».  Ils sont un peu comme des enfants en maternelle qui se disputent pour savoir lequel de leurs pères est le plus fort ! Saint Paul essaie de leur montrer que cette attitude est non seulement puérile, trop humaine, mais qu’elle est aussi « à côté de la plaque ». Ces personnes par lesquelles ils ont entendu parler de Dieu ne sont que des serviteurs. Paul leur rappelle que Christ nous appelle à être les serviteurs les uns des autres et que là est la vraie grandeur et le chemin que Dieu veut pour les chrétiens. Ce n’est pas une quelconque compétition…

- Le deuxième problème est le désir que tout chrétien devrait avoir : savoir quitter le côté puéril de l’enfant et grandir en Christ !

Pour Paul, certains chrétiens sont ou demeurent encore aujourd’hui, comme les bébés dans la foi qu'il appelle les "charnels". Un bébé, c'est un bébé ! Paul ne leur adresse pas tant de reproches. Il est naturel que ceux qui sont de nouveaux chrétiens soient des enfants en Christ. Ils expérimentent cette nouvelle vie, la grâce de Dieu, l'Esprit et toutes les autres choses pour la première fois. Ils ne sont pas encore des chrétiens accomplis, des disciples parfaits tout de suite. Il leur faudra sans doute du temps pour approfondir leur foi !

 Finalement, les attitudes et le comportement de l'ancienne vie peuvent parfois durer un peu. Mais l’enjeu est qu'ils grandissent !

 

Frères et sœurs, n'est-ce pas un enseignement pour nous ? 

Où en sommes-nous dans notre foi ? Comment grandissons-nous dans la foi ? 

Est-ce que notre communauté chrétienne grandit en sainteté ? Comment témoignons-nous auprès des catéchumènes, des nouveaux baptisés ?

Si nous ne grandissons pas en tant que chrétiens, il y a des conséquences pour nous, et pour l'Église tout entière. Nous perdons de vue ce que Jésus veut faire dans notre vie. Il veut bien que nous parvenions à la maturité, à la stature parfaite du Christ : des hommes et des femmes bien ancrés dans le monde et aussi spirituels. 

Si un bébé ne pense pas trop à la maturité, parce qu'il est tout content là où il se trouve. C'est tristement ainsi pour le chrétien immature et charnel ; il se contente de sa petite vie du monde et il ne vise pas ce que Dieu veut faire en lui ; c'est au-delà de ses horizons ! 

Demandons la grâce pour nous, nos familles et notre communauté, de grandir humainement et spirituellement ! 

Ayons le souci de l’unité et de témoigner simplement de l’amour de Dieu !  

Ainsi soit-il !

Homélie du vendredi 26 août 2022, 21e semaine du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon Saint Matthieu 25, 1-13. Lettre de Saint-Paul aux Corinthiens 1, 17-25. Psaume 32. Rentrée de l’équipe paroissiale

 

Il y a des folies chez les hommes et les femmes ! Non seulement il y a une forme de folie du monde ou de la société, mais c’est bien l’être humain qui y ajoute sa part ! Certains vont peut-être même me dire que Dieu est fou de laisser autant de liberté aux hommes !

En partant de la première lecture de saint Paul aux Corinthiens, je me permets de réfléchir avec vous, à haute voix ! Remarquez que l’évangile parle aussi de cette folie avec cette parabole des vierges sages et prévoyantes et des vierges folles et insouciantes. 

« Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes ! »

Voilà ce que nous dit saint Paul !

Nos folies humaines, nous les connaissons bien, même si nous les identifions peut-être plus aisément chez les autres que chez nous-mêmes. Il y a d’abord cette folie de placer nos cœurs dans les biens qui passent, et d’être alors nécessairement déçus par les réalités créées. Tout passe : notre belle voiture vieillit, notre smartphone est dépassé par une nouvelle génération, nos vêtements s’usent et même notre conjoint ou nous-mêmes, nous nous ridons un peu plus jour après jour, nos cheveux blanchissent… ainsi va la vie ! 

Quelle folie, alors, de placer nos cœurs dans des réalités qui sont nécessairement éphémères ! 

Une autre folie humaine consiste à croire pouvoir tout comprendre de Dieu. (Je ne parle pas de la folie qui serait de se croire être comme dieu !) C’est vrai qu’il est parfois difficile de comprendre ce que Dieu veut ! Le Seigneur nous dit le chemin du bonheur et nous prévient des chemins d’adversité. Le risque serait de nous égarer alors dans une vie d’insatisfaction ! Pourquoi ceci ou cela ? Ne faisons pas du « calimérisme », comme ce petit poussin qui porte une coquille sur la tête et qui dit que le monde est trop injuste.

Le véritable acte de foi, s’il appelle à mettre en œuvre notre raison humaine, doit aussi, justement au nom de cette raison, croire que l’intelligence divine dépasse infiniment tout ce que nous pouvons comprendre de Lui.  Le Seigneur le révélait clairement par la bouche d’Isaïe : « Mes pensées ne sont pas vos pensées ! » (Isaïe 55,8-9a). Mes chemins ne sont pas mes chemins !

Mais pour accueillir le mystère de Dieu, il ne s’agit cependant pas simplement d’adhérer à une sagesse quelconque, un peu décourageante, consensuelle, mollassonne, il nous faut comprendre et choisir un tout autre chemin et entrer dans une autre forme de folie bien plus prometteuse de vie : cette folie de Dieu passe par la folie de la Croix ! Mais que cette folie de la croix est difficile à comprendre !

La folie de Dieu va jusque-là, ou plutôt : c’est là qu’elle commence, car elle Le conduit à l’acte de suprême folie qu’est la croix. Face à un monde cherchant à répondre aux grands questionnements sur le mal et la souffrance, la mort, le Seigneur n’apporte pas d’explications raisonnables : Il ouvre les bras dans l’acte fou de la Croix, et nous voilà convaincus qu’il n’est pas la cause de nos maux, puisqu’Il les subit lui-même. Le Seigneur n’a pas supprimé la mort, ni même la souffrance !

Frères et sœurs, je vous propose de retenir pour chacun de nous, ce matin, de demander l’audace d’une sagesse (celle de l’Esprit Saint) pour entrer dans cette folie de Dieu ! Comme saint Paul nous le rappelle : 

« …que votre foi soit fondée non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2,4). Quel mystère ! Il nous faut quitter nos égarements, nos dédales, nos labyrinthes sans véritable issue ! Ce n’est que dans la prière, la méditation, l’offrande de soi que, peu à peu, nous pouvons comprendre de quel amour Dieu nous aime et cette folie de Dieu qui veut nous conduire jusqu’à la Vie éternelle. 

Bref, chers amis, entrons dans une vraie et réelle folie de Vie !                                                                                                           

Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 24 août 2022, saint Barthélémy. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 45-51. Apocalypse de Saint Jean 21,9b-14. Psaume 144. 

 

L’évangile de ce jour, très succinctement, à travers deux courts dialogues, l'un avec Philippe, l'autre avec Jésus, nous donne d’entrevoir l'essentiel de la personnalité de Nathanaël (Dieudonné, en hébreu !) Dans le collège des Apôtres, Nathanaël se fera appeler Barthélemy.

Nous sommes dans le petit port de Beitsaïda qui vient de donner coup sur coup trois disciples : André et Pierre, les deux frères, et également Philippe. Aussitôt appelé par Jésus, Philippe répercute l'appel qui l'a profondément touché. Il s'en va trouver son ami Nathanaël.

Il lui dit, tout simplement : "Celui dont il est écrit dans la Loi de Moïse et les Prophètes, nous l'avons trouvé ! C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth." C’est celui que nous attendons et qui est le Sauveur !

La remarque quelque peu désabusée de Nathanaël, est pourtant pertinente : « De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? » De fait, les Écritures ne parlent pas de Nazareth, mais désignent Bethléem comme le lieu d’origine du Messie (Mi 5, 1). 

Mais, cela ne l'empêche pas d'entendre le témoignage enthousiaste de Philippe, et l’explication de sa propre rencontre avec Jésus : 

  • le Messie est venu : tout concorde avec les Écritures ;
  • nous l'avons trouvé : pour nous, c'est un nom, c’est un visage, une voix.
  • « Viens et vois ». Fais comme nous: mets-toi en route vers Lui. Rencontre-Le !

Philippe, en vrai témoin, en vrai serviteur de la Parole, s'efface : il ne va pas imposer à Nathanaël sa manière, son expérience, sa découverte de Jésus. Pas forcément de grands discours ! Philippe dit seulement sa joie, sa certitude.  

Nathanaël accepte la démarche et va vers Jésus. Ce dernier regarde l'homme qui s'approche, et Il dit à son sujet, cette phrase un peu surprenante : "Voici un véritable fils d'Israël. Il n’y a pas de ruse en lui. “

Nathanaël a entendu ce que Jésus vient de dire. D'emblée il se sent rejoint dans ce qui a été l'effort intense de sa vie : sa droiture, sa recherche amoureuse du Messie. Ce qu'il a été, ce qu'il a voulu être, ce qu’il est réellement, et cela, Jésus le voit, Jésus l'a vu. 

Cette invitation, libre et enthousiaste de Philippe : « Viens et Vois » devrait être la nôtre, aujourd’hui comme hier, au cœur de la première annonce de la Bonne Nouvelle (kérygme), car ce n’est pas nous qui convertissons, nous sommes simplement des témoins, des passeurs ; seuls, la présence de Jésus, sa Parole vivante, et le rayonnement de son Esprit d’amour peuvent triompher de nos résistances et nous donner l’audace d’oser cette rencontre !

Le mérite de Nathanaël est aussi de ne pas s’obstiner dans un scepticisme, mais de demeurer ouvert à l’imprévu de Dieu, dont l’action au cœur de notre histoire, est toujours déconcertante.

En un éclair, Nathanaël se découvre précédé par le regard de Jésus, et reconnu tel qu’il est : un chercheur de Dieu !

Parce qu'il se sait reconnu, il reconnaît à son tour Jésus pour ce qu'Il est : le Messie envoyé de Dieu et le roi attendu par Israël. 

Jésus l'a vu espérer, et parce que Jésus, dans son amour, a pris l'initiative, Nathanaël peut croire en Le voyant, à cette rencontre du Christ : « Rabbi, c'est toi, le Fils de Dieu ! C'est toi, le roi d'Israël ! » Il faudra sans doute, du temps et un beau compagnonnage avec Jésus, pour que Nathanaël comprenne vraiment la mission du Christ en notre humanité.

Mais déjà, frères et sœurs, puissions-nous demander d’avoir la joyeuse audace appelante et confiante de Philippe ! 

Puissions-nous dire à celles et ceux que nous rencontrons : « Viens et Vois » ! 

Puissions-nous espérer que ces personnes puissent s’exclamer, après cette rencontre du Christ, la réponse de foi de Nathanaël : « C’est toi, Jésus, le Fils de Dieu ! »

Demandons pour chacun de nous, cette grâce d’évangélisation et la prière des Apôtres !           

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 21 août 2022, 21e dimanche du temps ordinaire. Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 13, 22-30. Livre du prophète Isaïe, 66, 18-21. Psaume 116. 

Lettre aux Hébreux 12, 5-7.11-13.

 

« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ?»

Chers frères et sœurs voilà une phrase qui a, au moins, le mérite d’être claire : aujourd’hui, il est question du Salut, de notre Salut ! 

Qu’est-ce donc que le Salut ?

Je ne ferai pas de grandes démonstrations théologiques ! L’Évangile du jour nous rappelle qu’il s’agit de, (et je cite ) : « prendre place au festin dans le Royaume de Dieu »… donc de rencontrer Dieu face à face, de festoyer avec Lui, et littéralement, de partager l’intimité de Dieu… (« Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau » : déjà un avant-goût avant la communion !)

Et puisqu’il s’agit d’un festin, bien entendu, on peut supposer qu’il s’agit d’un partage avec celles et ceux invités au festin du Royaume avec nous (des personnes que nous connaissons ou pas), et cela, dans la joie, l’Amour et la fraternité…Bref, voici un programme qui donne envie, n’est-ce pas ?

Alors maintenant que le programme est annoncé, posons-nous cette question : à qui est destiné ce Salut ? 

Là encore, si nous relisons la première lecture en Isaïe, nous entendons que Dieu s’adresse, non pas à un tout petit groupe, mais à : « toutes les nations, de toute langue… », Il prendra même des prêtres et des Lévites au-delà du peuple Élu… ça semble bien être adressé à chacun de nous et au-delà même ! Quelle joie ! Nous pourrions presque nous arrêter là et nous dire que tout va bien et qu’il nous suffit d’attendre !

Comment ? Que me dites-vous ?…Que je n’ai pas tout lu ? 

Effectivement, c’est exact, car l’évangile nous rappelle quelque chose d’essentiel ! « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. » 

Alors évidemment, je vous le concède, vu comme cela, ça change un peu la donne…donc si je comprends bien, le Salut est destiné à tous, cela est certain…mais encore faut-il en trouver la clef…et visiblement même avec un bon serrurier, y entrer ne semble pas forcément si simple…Alors frères et sœurs, réfléchissons : comment trouver cette bonne clef ? 

Pour cela, je vous propose de relire plus précisément, les textes de la liturgie de ce dimanche… ils nous donnent au moins, trois indications :

 

La première indication : « Éloignez-vous de moi vous qui commettez l’injustice »… il y a donc une importance dans le rapport de mon comportement envers les autres…c’est une piste essentielle ! … en même temps, nous pouvons nous souvenir dans la bible que Jésus a fréquenté des hommes et des femmes, plus ou moins justes…qui sont devenus des amis fidèles. Je pense à : Zachée, Matthieu, le collecteur d’impôt, Marie-Madeleine, Pierre qui a un peu renié, trahi même…et puis rappelez-vous, jusque sur la croix, le bandit à côté de Lui, auquel il a promis une place avec lui dans le Royaume….Ce n’est donc pas une porte fermée, mais une attention particulière qui nous est demandée, celle de ne pas commettre d’injustice, donc de vivre avec une certaine droiture et oser une conversion !

La deuxième indication nous est donnée par le texte de la deuxième lecture de la lettre aux Hébreux. Notre Dieu est un Dieu pédagogue qui respecte notre liberté ! La lettre aux Hébreux nous parle de la pédagogie de Dieu envers nous, qui est celle d’un Père corrigeant son fils, non pas pour le punir, mais pour le faire grandir. Puisque nous sommes tous pécheurs, il est rassurant de savoir que Dieu, non seulement nous corrige positivement, mais qu’Il veut pour chacun de nous, le pardon et un grandissement. C’est l’espérance de Dieu pour nous !

Pour cela, et c’est peut-être une difficulté pour certains d’entre nous, il faut que j’accepte d’être relevé dans mes chutes avec humilité, par le Père qui m’aime comme je suis ! Ce sera pour nous tous une conversion à vivre, une reconnaissance de mes faiblesses, de nos faiblesses… qui peut conduire, dans une prise de conscience, à un nouveau chemin de vie !

 

La troisième indication se découvre dans le psaume 116 ! C’est la louange !

C’est le plus court de tous les psaumes, mais il contient un trésor : 

« Louez le Seigneur, tous les peuples ; fêtez-le, tous les pays ! Son amour envers nous s’est montré le plus fort ; éternelle est la fidélité du Seigneur ! »…

La louange ! C’est l’art de prier, de chanter, de laisser monter de notre cœur, l’expression de notre joie, de notre espérance en Dieu. C’est une prière gratuite de l’âme toute tournée vers notre Père…C’est donc cela le secret pour s’unir au Père ici et maintenant, et pour espérer un jour qu’Il nous ouvre les portes du Royaume… 

Un dernier point pour terminer : la porte reste cependant étroite ! Alors, n’allons pas trop vite ! Ne courons pas dans tous les sens au risque de la rater : prenons donc du temps, sachons écouter et choisissons le bon chemin !

Rapidement, je vous redonne ces trois points ; 

- Comprendre que je suis vraiment invité au festin du Royaume ! Le Seigneur m’y attend.

- Être relevé par notre Seigneur, dans mes chutes avec humilité !

- Découvrir que la louange est une porte d’entrée !

Certes, l’Évangile de Jésus est et sera toujours exigeant, mais les promesses du Père et les enseignements de Jésus chassent la peur et nous tracent le chemin à suivre pour être trouvés dignes d’entrer dans le Royaume. 

Chers frères et sœurs, voilà l’extraordinaire invitation que nous recevons en ce dimanche ! À nous de nous convertir et de désirer vraiment être avec le Christ au festin des Noces de l’Agneau !                                                                                                                                 

 Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du dimanche 24 juillet 2022, 17e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, Grenoble, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 11, 1-13. Livre de la Genèse 18, 20-32. Psaume 137.

Lettre de saint Paul aux Colossiens 2, 12-14.

 

Certaines lectures dominicales, comme celles de la messe de ce dimanche, pourraient demander plusieurs heures d’homélie, tant les textes sont riches, beaux et intéressants !

Ce matin, si vous me le permettez, je vais m’attacher davantage à la prière et à la foi. 

 

Posons-nous ces questions :

Comment la foi est-elle transmise ? 

Où la prière est-elle la plus visible ? 

 

La bonne réponse est dans la famille ! C’est dans la famille, cette cellule de base nécessaire et essentielle, que pourra se faire l’apprentissage de l’amour, l’attention et le soin de l’autre, mais aussi du témoignage de la foi et de la prière !

 

C’est cette demande que nous entendons parfois de l’un de nos enfants : « Papa, maman, apprends-moi à prier ! Ou « Pourquoi la prière ? »

 

De fait, c’est en entendant nos parents ou nos grands-parents, mais aussi lors de la messe ou des séances de catéchisme que nous apprenons cette prière du Notre Père ! Pour longtemps, cette prière est et sera toujours présente en nous ! Elle peut revenir sur nos lèvres tout naturellement, à des moments particuliers.

Pourtant, pour certains, avec le temps, réciter la prière du Notre Père peut devenir une répétition qui s’est peut-être vidée de son sens ou même de sa pertinence ! Au cours des années, elle a pu devenir une sorte d’automatisme sans que soient vécus en profondeur la beauté, l’intensité  et même le sens incroyable de cette belle prière.

Or, cette prière du Notre Père est une invitation surprenante à vivre une relation filiale, mais aussi familiale et fraternelle ! Lorsque nous la dirons ensemble tout à l’heure, nous devrons prendre conscience de cette réalité : nous sommes, frères et sœurs.

Quelle audace alors, d’oser s’adresser à Dieu de cette façon ! Oser dire que Dieu est notre père, pour chacun de nous !

 

            Laissons Jésus nous apprendre sa prière, tel que nous le rapporte l’évangéliste saint Luc : « Père… »

Jésus a osé renouveler complètement ce mot en disant à Dieu : « Abba »… « papa ». Quand nous reprenons la prière de Jésus, nous osons, à notre tour, penser que « nous sommes aimés de l’amour même dont le Père aime son Fils Unique » (Jean 20, 17). Dieu n’est pas un inconnu, mais un Père, un papa qui se fait proche !

 

« Père, que ton nom soit sanctifié… » 

« Que ton Règne vienne… »

 

Avant de dire à Dieu nos propres besoins, nous avons d’abord à prier aux intentions du Père. Et ses intentions sont celles-ci : « que son Nom soit manifesté, que son Règne vienne ! » Dans cette prière, nous lui demandons de nous faire entrer dans ses projets, de pénétrer dans son intimité pour être intérieurement transformés. C’est bien Jésus qui nous montre son Père. Mais reconnaissons-le, nous peinons, car nous avons du mal à entrer dans cet amour filial, nous ne le connaissons pas ou si peu. Comme nos mots humains sont pauvres pour exprimer cette réalité du Don que Dieu veut pour chacun !

Ayant ainsi formulé le désir de connaître le Père, d’entrer dans son intimité, nous lui demandons ensuite les moyens de le réaliser et de continuer notre chemin de vie sur cette terre.

 

C’est la deuxième partie du Notre Père : 

« Donne-nous le pain… »

« Pardonne-nous… car nous –mêmes nous pardonnons… »

« Ne nous laisse pas entrer en tentation… »

 

C’est seulement du Père que nous pouvons recevoir le pain, le pardon et la liberté face au mal.  Donne-nous au jour le jour le pain nécessaire, ce pain eucharistique, dont nous avons besoin pour aujourd’hui, pour tenir maintenant. Et dans le « nous », sont présents tous ceux qui manquent de pain. Ma prière est vraie, si elle m’invite personnellement à partager.

Donne-nous aussi, Seigneur, de pouvoir pardonner, du fond du cœur, à ceux qui nous ont fait tort. Est-ce si simple ou si facile de demander Pardon à quelqu’un ou de recevoir un Pardon ?

Il y a là, une exigence presque surhumaine… J’ai besoin de l’aide de Dieu pour découvrir ce Pardon, pour y entrer et pour le vivre !

 

 « Délivre-nous enfin de toute tentation ! » Il y a les petites tentations, celles qui reviennent sans cesse, mais il y a aussi la grande tentation qui est d’abandonner Jésus, d’oublier sa Parole, ses commandements, son invitation… Finalement, c’est la tentation de perdre notre relation de fils ou de fille, vis-à-vis du Père… d’oublier l’amour, don du Père, don de Dieu ! C’est la tentation de croire que je n’ai besoin de personne pour arriver !

 

C’est bien chaque jour aussi qu’il nous faut nous battre contre le mal, conquérir notre liberté et exprimer concrètement notre être chrétien !

 

Prier à la suite de Jésus, c’est m’adresser à Dieu avec mes joies, mes peines, mes soucis quotidiens, en n’ayant pas peur d’être parfois un peu casse-pieds, à l’instar d’Abraham (première lecture) ou de cet ami sans gêne de l’évangile ! Il n’y a pas à craindre d’être “sans-gêne“ car Jésus nous dit : « Le cœur de Dieu est un cœur de Père. Frappez ! Cherchez ! Demandez ! » Dans cette relation filiale, confiante, n’ayons pas peur d’être importun comme lorsqu’on parle à un vrai ami. C’est une force à demander pour que grandisse en nous le désir et que s’affirme notre confiance en Dieu. 

 

Un enfant au catéchisme me disait récemment : « la prière ne marche pas toujours ! » Il nous est arrivé à tous de beaucoup prier pour une guérison pour un proche, une intention… et, finalement, de ne pas recevoir, selon notre idée, le fruit de notre prière. Quels sont donc le sens et la demande que je formule dans ma prière ? C’est vrai, la prière n’est pas magique ! Pourtant, elle est importante et elle nous dépasse toujours.

 

Il me faut comprendre ! Prier n’est ni un moyen de pression ni un acte de puissance ! La prière est plutôt l’expression d’une pauvreté par laquelle nous osons dire à temps et à contretemps, notre attente, notre désir, notre soif. Mais, elle est, plus encore, l’expression de notre espérance, car, que notre prière soit exaucée ou non dans son objet immédiat, nous croyons que nous sommes de cette multitude humaine pour laquelle Jésus-Christ a intercédé une fois pour toutes.

 

Alors, frères et sœurs, acceptons de nous laisser façonner par ces mots que tant de chrétiens, depuis presque vingt siècles, ont prononcés dans toutes les langues ! En faisant ainsi, notre prière sera de plus en plus vivante et vraie. 

J’insiste : dire cette prière du Notre Père, c’est nous reconnaître fils et filles aimés du Père, frères et sœurs de Jésus.

 

Demandons, en prenant le temps, en pesant chaque mot quand nous réciterons cette prière tout à l’heure, d’être renouvelés dans la beauté, la profondeur et l’intimité de cette Prière du Notre Père !

Demandons cette grâce pour chacun de nous ce matin, pour tous celles et ceux qui, à travers le monde, expriment cette même prière du Notre Père !                                          

       Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 17 juillet 2022, 16e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 10, 38-42. Livre de la Genèse 18, 1-10a. Psaume 14.

Lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 24-28. 

 

 

       Chers amis, permettez-moi de partager avec vous une question, une interrogation, une préoccupation importante pour notre vie paroissiale ! Je porte ces questions en moi depuis de longues années et plus particulièrement, depuis que je suis le curé de cette belle paroisse Notre-Dame de l’Espérance.

  • Comment avons-nous été accueillis en arrivant dans l’église pour cette eucharistie ? 
  • Comment nous sommes-nous accueillis les uns les autres en arrivant ?
  • Quel accueil souhaiterions-nous ? Un sourire, un signe, un regard, un geste ?

Ces questions sous-tendent celle-ci, bien sûr : comment accueillons-nous notre Seigneur ?

Il me semble que l’accueil devrait être l’ADN de notre vie fraternelle paroissiale ; nous rappeler un prénom, découvrir un visage nouveau, prendre des nouvelles des uns et des autres…

 Les textes d’aujourd’hui nous parlent d’hospitalité et plus largement de l’accueil que nous devrions vivre et mettre en application. 

Pratiquer l’hospitalité est quelque chose de sacré, tout particulièrement au Moyen-Orient ! C’est une marque d’ouverture aux autres et aux imprévus de Dieu. Elle nécessite des gestes concrets d’attention et de préparation pour accueillir l’invité, voire même l’invité-surprise. Cette hospitalité suppose aussi que ceux qui reçoivent restent près de leurs invités et leur prêtent une oreille attentive.

Quand j’étais curé sur le plateau du Vercors, il y a déjà quelques années, dans plusieurs familles, au moment du repas, on mettait une assiette supplémentaire, une place réservée pour un invité-surprise de dernier moment. 

- Dans le récit tiré du livre de la Genèse entendu en première lecture, c’est Abraham qui est l’hôte et l’invité surprise, c’est le Seigneur. De prime abord, on peut être dérouté, car Abraham s’adresse tantôt au Seigneur, tantôt aux trois hommes qui se tiennent près de sa tente. Les premiers théologiens Chrétiens ont compris qu’Abraham s’adressait, en fait, aux trois personnes de la Trinité : Un seul Dieu, Trois Personnes ! Rappelez-vous la belle Icône de la Trinité, de Roublev. 

Pour préparer ce repas improvisé, Abraham se met en quatre, mettant à contribution son épouse Sarah et toute sa maisonnée. Abraham apparaît dans ce récit comme un modèle d’accueil, comme un exemple d’hospitalité. Le récit se termine par la promesse du Seigneur de revenir le visiter quand naîtra Isaac.

- L’évangile de ce dimanche, nous relate un autre accueil : celui de Jésus par ses amies Marthe et Marie dans leur maison de Béthanie. Les deux sœurs avec leur frère Lazare ont déjà accueilli Jésus à de multiples reprises. Marthe et Marie, ce jour-là, reçoivent Jésus, chacune à sa manière. L’une, Marthe, si humaine à nos yeux, est absorbée dans les tâches concrètes du service. L’autre, Marie, si mystique, est tout occupée à boire les paroles de Jésus. À première vue, la réaction de Jésus peut nous surprendre. 

On pourrait croire qu’Il accorderait peu de considération à Marthe accaparée par les préparatifs du repas pour un invité de marque ! On serait tenté de vouloir opposer Marthe (l’active préoccupée surtout des contingences matérielles) à Marie (la contemplative, occupée seulement à rester aux côtés de Jésus, attentive à l’écouter et à méditer ses paroles). 

En fait, ce serait une erreur de vouloir opposer les deux sœurs. Marthe et Marie sont toutes deux des amies proches de Jésus. Ce serait faire fausse route que de vouloir opposer deux vocations de disciples, de nature différente certes, mais qui, au demeurant se complètent vraiment. Le service de l’hospitalité et l’écoute de la Parole doivent aller de pair, chacun dans sa vocation. 

Lorsque Jésus affirme un peu brutalement : « Marie a choisi la meilleure part ! » n’est-ce pas pour nous provoquer un peu et déranger nos habitudes ? Pour remettre les pendules à l’heure ? Pour rappeler à ses disciples, à nous aussi chrétiens, que le service du prochain s’enracine d’abord dans l’accueil de la Parole d’amour du Seigneur.

    Nous pouvons très facilement nous identifier tantôt à Marthe, tantôt à Marie. La proximité avec Jésus dans la méditation de sa Parole et la vocation du service et de la charité sont nécessaires à tous ceux qui se disent chrétiens. 

    Nous pouvons tous être plus ou moins tentés par l’activisme jusqu’à oublier simplement de prendre le temps d’écouter ! C’est à vivre aussi dans le quotidien de notre vie, avec mon conjoint, mes enfants, ma famille et même dans notre Paroisse !

    Je vous invite, chers sœurs et frères, à prier en ce jour :

  • pour celles et ceux qui pratiquent cette belle vertu de l’hospitalité. Je pense notamment aux hospitaliers de Lourdes, 
  • aux soignants et aides-soignants qui accueillent et accompagnent les malades dans les hospices, 
  • à tous ces bénévoles qui accueillent les sans-abris et les affamés (particulièrement en cette période où beaucoup de lieux sont clos à cause des vacances - par exemple dans notre paroisse, nous avons l’abri st Luc), 
  • et à vous qui, à votre table, laissez toujours une place pour le pauvre, le mal-aimé, l’étranger ou l’isolé. 

Soyons aussi reconnaissants envers ceux qui, un jour, nous ont invités à la table de l’amitié et ont pris soin de nous accueillir et de nous écouter à un moment peut-être difficile de notre vie !

Aujourd’hui, comme à chaque Eucharistie, n’oublions pas que c’est Jésus, Lui-même qui nous accueille et qui nous invite dans sa maison. C’est Lui qui nous invite à accueillir la Bonne Nouvelle à la table de sa Parole. C’est Lui qui nous rassasie à la table de son amour, de son Corps. 

    Je conclurai en citant deux versets du Nouveau Testament que je livre à votre méditation de ce jour :

  • Le premier est tiré de l’Épitre aux Hébreux : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » (He 13,2)                  
  • Le second, du Livre de l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. »       (Ap 3,20)

Frères et sœurs, que ce temps estival soit, pour chacun de nous, l’occasion de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et, en même temps, de nous mettre au service des uns des autres !                                                  

                                                                                                                           Ainsi soit-il ! 

Homélie du dimanche 10 juillet 2022, 15e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 10, 25-37. Livre du Deutéronome 30, 10-14. Psaume 18.

Lettre de saint Paul aux Colossiens 1, 15-20.

 

En lisant les lectures de ce dimanche, sans doute vous êtes-vous aperçu qu’elles s’éclairent les unes les autres ! La première lecture de ce dimanche est une merveilleuse introduction à l'enseignement de l'Évangile. Ce texte du Livre du Deutéronome, assez juridique, nous dit que la Parole de Dieu est toute proche de nous, inscrite dans notre bouche et dans notre cœur pour que nous puissions la mettre en pratique.

        Le passage de l’Évangile que nous venons d’écouter commence par une question personnelle posée à Jésus par un docteur de la Loi, un érudit. C'est une bonne question même si elle est posée, comme nous le dit saint Luc, pour mettre Jésus à l’épreuve. 

Ce scribe n'a pas dit de façon abstraite : « Comment obtenir un billet gratuit pour le Ciel ? »,  mais bien plutôt : « Que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? » ! Notons déjà sa conviction, sa foi, que la vie sur cette terre n’est pas le terme de notre vie, mais qu’il y a une vie après notre mort. « Que dois-je faire ? » demande-t-il. C’est une question précise !

Jésus lui dit : « Tu es un docteur de la Loi ; tu dois savoir cela. Que lis-tu dans la Loi ? » Et l'homme donne alors la bonne réponse : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même. » « Tu as bien répondu, lui dit Jésus ! Fais ainsi et tu auras la vie. » Mais le scribe insiste et lui pose alors une autre question : « Qui est mon prochain ? » C’est une question intéressante pour nous aussi !

        Jésus va répondre par cette parabole du « bon samaritain » que nous connaissons bien, mais dont nous n’aurons jamais fini de découvrir tout le sens. 

Souvenons-nous qu’une parabole consiste à amener les auditeurs à s'identifier à l'un ou à l’autre des personnages du récit. 

Reprenons rapidement la structure du récit. Le docteur avait dit « Qui est mon prochain ? », mais Jésus, après la parabole, reformule autrement la question : « Qui a été le prochain de l'homme tombé sous les coups ? » Le docteur ne peut que répondre : « Celui qui a fait preuve de bonté envers lui. » Lorsque Jésus dit : « Va et fais de même » !

Le sens immédiat qui semble évident est de dire : « Va et sois, toi aussi, un bon samaritain » ! Nous pourrions nous arrêter là ! Mais, il y a un autre sens : « Comme l'homme tombé sous les coups des brigands, accepte que même un samaritain soit ton prochain ? » L'homme tombé sous les coups pourrait être l’un de nous ! Si c’était toi ? Accepterais-tu d’être aidé, relevé et soigné par un samaritain ? 

Là, une clé de lecture peut me manquer !

 En effet, ce n’est pas par hasard que Jésus nous donne en exemple un samaritain. Les samaritains étaient méprisés par le peuple juif, car ils étaient considérés comme des hérétiques. Rappelez-vous l’épisode de la samaritaine de Sīkar, près du puits de Jacob. Elle va même jusqu’à se moquer de Jésus : « Toi, un juif, tu demandes à une samaritaine de t’aider ! » (Jn 4,9) 

Pourtant, Jésus déclare que ce samaritain est plus proche de Dieu que tous les dignitaires du Temple. C’est lui que Jésus nous donne comme modèle à imiter. 

Avec cette parabole, Il nous montre que mon prochain, celui qui va me secourir, m’aider, me soigner peut être une personne avec laquelle je peux être en distance ! 

Comme nous sommes nous-mêmes tentés de le faire, les docteurs de la Loi faisaient des distinctions entre les différentes catégories de prochain : les fréquentables et les non fréquentables ! Avec Jésus, il y a un renversement radical. L’important, c’est de nous faire proches de l’autre, de nous approcher de lui, de nous laisser approcher par lui ! 

        Nous le savons, dans cette parabole, Jésus nous parle aussi de Lui-même ? Il est celui, par excellence, qui se rend proche de l’homme dans la détresse. Il s’approche des malades, des paralysés, des lépreux et des exclus de toutes sortes. Il pardonne à la pécheresse. Il va même chez les publicains que tous considéraient comme des traitres. Lui-même s’en explique en disant : « Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs… Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. » (Mc 2,17)        

Mes amis, nous sommes toutes et tous, ce blessé de la route de Jéricho. Nous faisons partie de l'humanité blessée par le péché. Comme le blessé de la route de Jéricho, nous avons besoin de quelqu'un qui s'arrête pour nous sauver, nous apporter le soin dont nous avons besoin, la parole que j’espère. Celui qui s’arrête, c’est Jésus. C’est Lui le bon Samaritain. Il se fait proche de nous, il se fait notre prochain. Il se penche sur notre humanité blessée. Il multiplie les guérisons et les pardons. Il vient vers nous avec amour et compassion. Malgré nos fautes et nos erreurs, il nous relève et il nous conduit à Dieu. Mais, n’oublions pas que d’autres personnes peuvent agir de la part de Jésus !

Chers frères et sœurs, dans cette célébration, demandons au Seigneur la grâce de renouveler notre regard pour que cette semaine nous sachions reconnaître :

  • En Jésus le bon Samaritain par excellence !
  • Que je peux être aussi le Samaritain, en particulier pour ceux qui ont le plus besoin que l’on s’approche d’eux par notre aide et notre amitié, par un coup de téléphone, par une visite, par un service, que sais-je ?À chacun de nous d’être inventif !
  • Sans oublier d’accepter que moi aussi, j’ai besoin que l’on prenne soin de moi, dans mes peines, mes blessures… En comprenant que je peux avoir besoin, moi aussi, d’être aidé, par des personnes connues ou non, peut-être même par des personnes avec lesquelles je suis en conflit ! 

En cette période estivale, ne nous enfermons pas sur nous-mêmes ! Nous allons rencontrer, cet été, des membres de nos familles, certains même avec lesquels je peux être en désaccord, ou fâché. N’y a-t-il pas là, une occasion de réconciliation ou d’entraide ? 

Frères et sœurs, voilà ce que je reçois dans les textes de ce jour et que je souhaite partager avec vous. Restons disponibles et confiants ! Gardons notre cœur ouvert aux imprévus, parfois déroutants, de notre Seigneur ! 

Restons disponibles et confiants aux imprévus de Dieu ! Accueillons le Christ ! 

Soyons disponibles aux autres. Je vous souhaite un bel été !    

Ainsi soit-il

Homélie du mercredi 6 juillet 2022, 14e semaine du temps ordinaire, Année C

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 10, 1-7. Livre du prophète Osée 10, 1-3.7-8.12. Psaume 104. 

 

Sainte Maria Goretti

  

6 juillet : Sainte Maria Goretti, martyre de la pureté (1890-1902)

Sainte Maria Goretti

En ce jour, j’aimerai vous dire quels petits mots de sainte Maria Goretti, appelée aussi “martyre de la pureté“ :

Elle est aussi appelée Marietta par certains…

Elle est née en 1890 et elle avait douze ans quand elle préféra mourir pour le Christ, plutôt que de pécher. Maria est née au village de Corinaldo en Italie, dans un univers frappé de plein fouet par la crise économique. Elle est l’aînée de six enfants et, de ce fait, elle reçoit très jeune de lourdes responsabilités. Elle les assume avec sérénité et piété afin de permettre à ses parents d’assurer la subsistance de la famille. Malgré l’exil dans une métairie des Marais Pontins, la mort précoce du père et une promiscuité difficile, Maria, à 12 ans, rayonne par sa vie intérieure. 

Toute à l’ardeur de sa première communion, elle apprend par cœur car elle n’a pas eu d’instruction et ne sait pas lire, elle se prépare. En même temps, elle subit le harcèlement du jeune Alessandro Serenelli qui vit sous le même toit et veut abuser d’elle. Elle résiste. Le garçon insiste. Le 5 juillet 1902, il s’est armé d’un couteau. Maria ne cède pas et ne cesse de lui dire : « C’est un péché, Alessandro ! »

Le garçon perd la tête. Frappée de quatorze coups de couteau, Maria mourra le lendemain dans de grandes souffrances en ayant pardonné à son meurtrier. Alessandro sera condamné et il va se convertir en prison. 

Quarante-cinq ans après la mort de Maria, il assistera à son procès de béatification avant de finir ses jours comme jardinier dans un monastère franciscain. 

 

Une vie surprenante, exemplaire !

« Le sang de Maria Goretti, versé en sacrifice de fidélité totale à Dieu, nous rappelle que nous sommes, nous aussi, appelés à faire don de nous-mêmes au Père. Nous sommes appelés à accomplir la volonté divine pour nous retrouver saints et dignes à ses côtés. Notre vocation à la sainteté, qui est la vocation de tout baptisé, est encouragé par l’exemple de cette jeune martyre… 

 

« Regardez-la, surtout vous les adolescents, vous les jeunes. Soyez, comme elle, capables de défendre la pureté du cœur et du corps ; efforcez-vous de lutter contre le mal et le péché, en alimentant votre communion avec le Seigneur par la prière, l’exercice quotidien de la mortification et la scrupuleuse observance des commandements. N’ayez pas peur d’aller à contre-courant, de rejeter les idoles du monde, lorsqu’il s’agit de témoigner par une conduite courageuse, de l’adhésion au Christ chaste et pauvre. Sachez toujours valoriser et aimer la pureté et la virginité. »

Saint Jean-Paul II, le 29 septembre 1991

Frères et sœurs, voilà ce que nous pouvons retenir pour nous, ce matin. Prenons le temps de la prier, de lui demander son intercession pour nous-mêmes, peut-être aussi pour les jeunes que nous connaissons.

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 3 juillet 2022, 14e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 10, 12-12.17-20. Livre du prophète Isaïe 66, 10-14c.

Psaume 65. Lettre de saint Paul aux Galates 6, 14-18. 

 

Aujourd’hui, s’identifier comme chrétien, dans une société largement sécularisée, ne va pas de soi. La culture ambiante, les modes de vie, les manières d’être sont parfois bien éloignés de nos styles de vie ; et plus précisément, beaucoup se détournent de l’Évangile, bien qu’ils soient baptisés. 

Qui n’a pas eu le sentiment, à un moment de sa vie, d’être déconnecté des choix sociétaux et même, d’une certaine façon d’être au milieu de loups dans un monde où le pouvoir, l’argent, la convoitise sont, le plus souvent, les moteurs de notre société ? 

Ou encore, qui n’a pas eu le sentiment d’être noyé dans une indifférence religieuse où tout est mis au même niveau ! 

C’est un constat ! Il n’est pas forcément nouveau ni particulièrement joyeux…

    Pourtant, c’est précisément dans ce monde-là que Jésus nous envoie comme des agneaux au milieu des loups. L’image est très parlante ! Dans la continuité des premiers disciples, Il nous dit dans quel esprit y aller, comment se comporter et, même si ce terme nous paraît un peu guerrier, avec quelles armes, Il nous envoie en mission.

    Tout d’abord, Jésus envoie 72 disciples, et pas seulement ses 12 Apôtres, car l’urgence de la mission n’est pas réservée aux seuls évêques et à leurs collaborateurs directs, mais elle est pour tous les chrétiens de tous les temps, et partout sur la terre.

Comme la loi de Moïse imposait deux témoins pour qu’un fait soit reconnu, Jésus envoie devant lui ses disciples deux par deux. 

Deux, c’est déjà une petite communauté. Chacun des disciples, dans ce petit groupe, est le témoin et le garant de l’autre devant les peuples. Ses disciples passeront de maison en maison. Ils n’iront pas seulement dans les lieux sacrés comme le Temple ou les synagogues, mais directement dans les lieux où vivent les hommes, les familles. En effet, Dieu nous rejoint chez nous, Il s’adresse à nous, là où nous sommes.

Cette mission qui nous est confiée à cause de notre rencontre du Christ est la même que celle qui est confiée aux 72 ! Quelle est-elle donc ? S’agit-il de guérir les malades ? Faut-il faire des actions extraordinaires ? Des miracles ? Non, ce n’est pas ce que nous dit l’évangile.

La mission confiée aux 72 n’est pas d’abord de guérir les malades et de maîtriser les esprits mauvais, mais elle est surtout d’annoncer la Bonne Nouvelle de la paix de Dieu, la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Jésus le demande à plusieurs reprises : « dites-leur : le règne de Dieu est tout proche. »

Les guérisons et les actes extraordinaires ne sont pas une fin en soi ni le seul but de la mission ! Si cela est possible, tant mieux, mais, peu importe que les signes soient visibles, effectifs ! Ne risquons pas de transformer notre Dieu en un dieu magicien ! Ce qui est important, ce n’est pas le signe en lui-même, mais ce qu’il révèle, c’est-à-dire que « Dieu est avec eux, avec nous ! Dieu est présent, même dans nos infirmités et les contradictions de ce monde. »

C’est bien l’expérience que font les disciples qui, à leur retour, seront tout excités de raconter leurs exploits. À vrai dire, ils sont eux-mêmes surpris de ce qu’ils ont été capables de faire, car cela les dépasse : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom ! »  Certes, le signe est éclatant ! Mais il ne faudrait pas que cet éclat empêche de voir ce qui est ainsi signifié : le règne de Dieu est déjà là. C’est toujours par le nom du Christ que les disciples annoncent ce Règne !

C’est ce que rappelle Jésus en insistant : « Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » De fait, dans les cieux sont inscrits les noms de tous les missionnaires. Que les esprits mauvais soient soumis, c’est bien. Mais il y a mieux encore : c’est cette intimité avec Dieu, source de vraie joie, source de tout apostolat !

    Frères et sœurs, de quelle manière sommes-nous invités à annoncer le Royaume de Dieu ?

    Dans ce monde parfois difficile qui ne fait pas de cadeau, quels sont nos moyens ? Certains vont dire : avec quelles armes se battre ? Nos armes, c’est surtout la Paix, la paix qui est si fragile, jamais parfaite, mais qui est un état et une attitude qui peuvent se révéler une force incontournable, dans une réelle maitrise de soi et une vraie confiance.

Cependant, il faut du temps, même si nous le demandons souvent dans nos intentions de prière universelle, pour que s’établisse la paix, l’amitié, la bienveillance, un climat de confiance qui précède l’annonce du Royaume. 

Il est bon de prier pour la paix, encore faut-il que nous vivions nous-mêmes dans la paix ! Il nous faut la vivre intérieurement pour en être les témoins avant même d’essayer de l’expliquer. Le chrétien sait quand le temps est venu de parler de Dieu et quand il est juste de se taire et ne laisser parler que l’amour. 

Nous avons toujours et partout à établir des liens, surtout en ces temps où le ‘vivre ensemble’ est menacé, où la solitude, dans notre époque, n’a jamais été aussi massive. 

Je suis effectivement très surpris du grand nombre de personnes qui se confient à moi et me disent qu’ils ne regardent plus la messe que sur leur écran de télévision ! Cette façon de faire, même si elle peut paraître assez pratique, nous prive totalement de notre famille paroissiale et de la vie en communauté dans une relation fraternelle, et surtout, de l’Eucharistie.

Frères et sœurs, l’enjeu est là pour aujourd’hui ! Il est important !

Alors, Seigneur, aide-nous à nous rendre disponibles pour annoncer le Christ !

En réalité, la joie, la Paix, l’Amour nous sont donnés par le Seigneur, et renforcés quand j’en deviens témoin ! Alors, transmettons-les !

Cette façon de vivre l’évangile et d’annoncer la Bonne Nouvelle peut inspirer notre vie en ces périodes de vacances, où nous allons côtoyer des personnes nouvelles, des gens très divers… 

N’est-ce pas une bonne occasion d’être d’audacieux témoins du Christ en ces prochaines semaines ?

Demandons cette grâce pour chacun de nous !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 27 juin 2022, 13e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 8, 18-22. Livre du prophète Amos 2,6-10.13-16. Psaume 49.

 

Chers amis, nous entendions hier, presque le même texte dans l’évangile selon saint Luc et, aujourd’hui, il nous est donné selon saint Matthieu. Retenons donc cette insistance qu’il nous faut entendre, pour nous, ce matin ! Que veut donc nous dire notre Seigneur ?

Voici deux candidats qui veulent se mettre à la suite du Christ.

- Le premier, un scribe, sans doute enthousiasmé par le Sermon sur la montagne et émerveillé par les premiers miracles de Jésus (la guérison d’un lépreux, celles du serviteur d’un Centurion et de la belle-mère de Pierre), s’approche de Jésus. Il ne veut pas laisser partir Jésus sans lui avoir déclaré sa flamme : « Maître, je te suivrai partout où tu iras. » Belle déclaration !

Or Jésus n’est pas comme les Rabbins juifs de l’époque, que leurs disciples choisissent pour maître. 

Ici, le scribe n’est pas appelé par Jésus ; il se propose de lui-même. Remarquons que Jésus ne décourage ni n’encourage ce volontaire ; Il le met tout de go, en face de son mystère : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » En effet, devenir disciple de Jésus est exigeant : c’est marcher derrière Celui qui monte à Jérusalem pour y subir la Passion. Jésus ne reposera sa tête que sur la croix.  

Se mettre à la suite de quelqu’un veut dire que cette personne a pour nous une importance capitale. On peut suivre quelqu’un de façon multiple : on peut le suivre pour ses idées comme tel philosophe ou personnalité politique, on peut aussi suivre quelqu’un pour son génie comme certains scientifiques. On peut aussi se laisser abuser par faiblesse, par les belles paroles d’un gourou avec les risques qui peuvent toucher ici à notre vie affective. Là, le discernement et la vérité deviennent primordiaux !

L’invitation de Jésus est donc exigeante : « suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts ». 

« Suis-moi… » Nous ne savons pas précisément si ce disciple et l’autre ont fini par suivre Jésus !

Alors qu’est-ce qui fait que l’on suive Jésus ? Que faut-il ?

Alors qu’est-ce qui fait que certains puissent décider de donner radicalement leur vie pour Lui ?

Pour pouvoir suivre Jésus, il faut d’abord savoir qui Il est, le connaître, l’écouter, le comprendre. Mais, avant de nous mettre à suivre Jésus, il faut se dire que c’est Lui qui me connaît et qui me suit ! Et cela reste un mystère pour nous ! C’est le Christ qui nous appelle et nous choisit ! Il nous suit jusqu’à ce que nous acceptions de nous arrêter et de vivre la rencontre. Avant de pouvoir suivre Jésus, il faut d’abord s’être laissé chercher et trouver par Lui. 

C’est le mystère d’une rencontre : de personne à personne !

Chacun dans notre assemblée pourrait, sans doute, expliquer l’histoire de leur rencontre avec le Christ vivant : rencontre toujours bouleversante, toujours personnelle et unique !

Voilà ce qui fait que l’on veuille suivre Jésus : cette rencontre saisissante, ce moment où Il est devenu quelqu’un pour nous, ce temps où son histoire s’est révélée à nous, cet instant où sa Parole a touché notre cœur…

Nous voyons bien ici qu’il n’y a rien d’extérieur à Lui, comme le seraient les idées, le génie ou la pensée.  Jésus vient à nous sans aucune arme à la main ni par un artifice quelconque ; Il vient seul, avec Lui-même, avec le désir de nous voir grandir, de nous voir nous épanouir et d’entre, avec Lui, dans la vie éternelle.

Il vient seulement nous demander, en nous laissant une incroyable liberté : « Toi, suis-moi ! » et Il attend notre réponse.

Puissions-nous, frères et sœurs, faire mémoire de cette rencontre du Christ à un moment de notre vie et, dès aujourd’hui, re-choisir de faire route avec Lui !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 26 juin 2022, 13e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée à Grenoble église Notre-Dame Réconciliatrice, 

par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 11b-17. Livre de la Genèse 14, 18-20. Psaume 109.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 11, 23-26. 

 

Chers amis, comme je vous le demande régulièrement, vous êtes invités de façon pressante à préparer les célébrations dominicales, en prenant le temps chez soi, pour découvrir les différentes lectures et peut-être (soyons fous !) à les méditer ! 

Les trois textes de ce jour (avec le psaume) expriment une belle unité entre eux et sont impressionnants de richesse :Élie, Paul et Jésus nous parlent tous les trois de liberté et d’amour, mais dans un désir très précis, car cette liberté est faite pour entrer en action, elle est toujours un acte pour mieux servir, mieux aimer, mieux annoncer le Royaume ; et donc évangéliser, c’est-à-dire annoncer la Bonne Nouvelle.

Tous les Chrétiens sont appelés à être témoins de cette Bonne Nouvelle !

Attaché à la liberté, il y a un mot avec lequel nous avons peut-être du mal, un mot sous-jacent dans les trois lectures : c’est celui de l’obéissance ! En effet, en étant attentifs, nous constatons que tous les textes de ce jour nous parlent d’obéissance. Attention, il ne s’agit pas d’une obéissance d’esclavage ou servile comme le précise saint Paul ; il s’agit de suivre le Seigneur quand Il nous appelle : l’obéissance à Dieu nous libère. C’est une belle découverte que nous pouvons faire dans une vraie relecture de notre appel !

Je sais bien que parler d’obéissance résonne très mal pour certains d’entre-nous ! Cependant, je le redis avec force, il n’est pas question d’une quelconque soumission, mais d’oser un « OUI » dans un réel discernement : une vraie obéissance à Dieu est libératrice. 

Chers frères et sœurs, essayons en quelques minutes de comprendre ensemble, le sens de cette obéissance.

Jésus marche avec courage sur la route en allant vers Jérusalem, comme nous le précise l’évangile. Le Christ Jésus est profondément libre, Il sait très bien que cette route va Le conduire à sa Passion, mais Il fait face et Il obéit à son Père en continuant sa mission pour libérer l’humanité de la mort et la conduire à la Vie. 

Cet évangile nous fait découvrir le mystère de l’exigence de Jésus qui ne laisse pas de place au doute ou à une quelconque hésitation : son OUI est vrai, Il sait, Il fait confiance, Il ne se dérobe pas et ne condamne pas !  L’urgence est là : il faut annoncer le Royaume de Dieu et cela sans regarder en arrière. Le chrétien doit regarder devant lui !

Le texte de saint Paul aux Galates insiste encore sur l’amour qui doit être libre, mais aussi sur l’obéissance à cette loi d’amour, ce commandement où Dieu nous redit qu’aimer rend libre.

La priorité pour saint Paul, c’est l’avenir, c’est la vie !

J’aime beaucoup ce psaume 15 qui dit notre attachement au Seigneur, dans notre prière et notre fidélité au cœur de notre vie ; c’est Lui qui nous conseille et éclaire notre discernement pour choisir le Bien et renoncer au Mal.

Dit autrement : notre obéissance est d’abord une obéissance à l’Amour ! C’est notre amour qui est la mesure de notre réponse à l’invitation de Jésus à le suivre. 

Comme vous le savez, cet après-midi auront eu lieu, en la Basilique du Sacré-Cœur, une ordination diaconale : Jean-Marc Franchellin, (aumônier de la prison de Saint-Quentin-Fallavier) ainsi que l’ordination d’un nouveau prêtre : Benoît Duvivier. Pour l’un et l’autre, c’est librement qu’ils s’engagent par l’ordination, à devenir serviteurs et témoins du Christ. L’épouse du futur diacre permanent a été également interrogée, car c’est conjointement que leur couple se met au service des autres.

Toutefois, l’appel de Dieu n’est pas seulement pour devenir diacre ou prêtre. Dieu nous appelle tous, là où nous sommes avec nos charismes, nos limites et nos manques !

À quoi donc le Seigneur nous appelle-t-il ?

Le Seigneur nous appelle tous à faire quelque chose de notre vie. Il faut grandir quand on est jeune ; il faut apprendre quand on est étudiant ; il faut travailler quand on a la chance d’avoir du travail et d’être payé pour le faire ; il faut transmettre quand notre expérience est profitable à d’autres, oser donner de mon temps libre pour me mettre au service des autres ; il faut se marier quand on vit en couple, et être fidèle : il faut toujours avancer dans la vie, ne pas rester les bras croisés, apprendre à partager, écouter le Seigneur qui nous guide. 

Mais surtout ce que nous avons à vivre au cours de notre vie,

c’est aimer, toujours aimer plus.

Et ceci, quel que soit notre vocation, notre appel : l’Église a besoin de nous tous !

Oui l’Église a aussi besoin de nous : hommes, femmes, célibataire, marié, consacré - d’âge mûr ou plus jeune, pour choisir et décider librement de devenir des missionnaires de l’amour de Dieu ! Le monde a besoin de nous !

Oui, j’en suis sûr, le Seigneur parle, et le premier apprentissage des chrétiens est d’apprendre à écouter ! Peut-être est-ce là une difficulté très actuelle : comment l’entendre dans le brouhaha médiatique ? Il m’arrive bien souvent de fermer mes oreilles et mon cœur. C’est rarement sur un portable que le Seigneur nous appelle… N’avons-nous pas besoin de calme et de cette liberté intérieure pour bien écouter ce que Dieu veut me dire ?

C’est le plus souvent dans la prière que le Seigneur nous parle le mieux, généralement dans la modalité du conseil… Parole parfois confirmée, comme dans le texte d’aujourd’hui, par la bouche de quelqu’un de notre voisinage ou de quelqu’un qui a charge de serviteur de l’Église. Par exemple : « Élisée était en train de travailler dans son champ et de labourer, quand le Seigneur lui a parlé et l’a appelé par la voix de l’un de ses amis, le prophète Élie. »

Le Seigneur ne nous demande pas d’être aveugles et sans intelligence ; il nous faut  écouter, réfléchir, discerner, sans que notre liberté soit pervertie ! Alors, comment faut-il comprendre ce verbe obéir ? 

Obéir :

C’est déjà écouter, être attentif, entendre l’appel, suivre, puis se mettre au service.

Obéir, c’est comprendre que nous sommes faits pour l’amour et 

que notre liberté c’est aussi être capable d’aimer.

Un dernier point rassurant pour terminer, car nous avons tous du mal à aimer : c’est l’Esprit Saint qui nous rend capables d’aimer au-delà de notre faiblesse.

Si vous le voulez bien, reprenez, ce soir, le psaume de ce dimanche :

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable. (Ps 15)

Frères et sœurs, mettons-nous à l’écoute de Dieu, alors nous deviendrons inébranlables !

C’est la grâce que nous pouvons demander et recevoir en ce jour !

Bonne méditation !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du vendredi 24 juin 2022, solennité du Sacré Cœur de Jésus, année C.

Messe célébrée à Grenoble église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 11b-17. Livre du prophète Isaïe 34,11-16. Psaume 22.

Lettre de saint Paul aux Romains 5, 5b-11.

 

Frères et sœurs, la solennité du Sacré Cœur de Jésus est une fête importante ! Ce n’est pas parce qu’elle serait ruisselante de sentimentalisme, mais elle est importante car elle nous donne de contempler et de parler de ce Cœur qui a tant aimé les hommes jusqu’à donner sa vie.

Mais comment vraiment parler du Cœur de Jésus ? 

Rappelons-nous ! Quand la lance du centurion a percé le Cœur du Christ en Croix en faisant jaillir du sang et de l’eau, il n’accomplissait pas simplement le rite ultime pour vérifier la mort de la victime, mais il accomplissait un geste prophétique. En effet, le sang et l’eau qui jaillissent du Cœur du Christ expriment en même temps, le don total que Jésus a fait de Lui-même et la source de vie que ce don devient pour l’humanité entière. 

C’est en regardant couler le sang et l’eau du côté transpercé du Christ que nous pouvons comprendre ce que saint Paul dit dans l’épître aux Romains : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. » (Rm 5,8) 

La joie à laquelle le Christ nous invite aujourd’hui est la joie toute simple de la brebis un peu « follette » d’avoir été retrouvée, d’être portée sur l’épaule de son berger, d’être soignée, remise en forme et réintégrée à la plénitude du troupeau. C’est la joie de nous tous, pécheurs réconciliés avec Dieu.

Parler du cœur de Jésus, c’est donc redire la miséricorde de Dieu : un cœur qui aime jusqu’au pardon, un cœur qui bat pour chacun de nous !

Nous pressentons bien qu’une humanité sans le cœur du Christ, une humanité sans pardon, c’est une humanité vouée à la délation, à la barbarie et à la sauvagerie.

  • Une personne qui vit sans pardon est une personne qui s’enferme dans sa culpabilité et risque de plonger dans le désespoir. 
  • Une société qui vit sans pardon est une société qui s’étouffe dans sa culpabilité et la transforme en agressivité envers les autres pour trouver les coupables que nous ne voulons pas reconnaître en nous-mêmes. 

Le cœur de Jésus nous apprend à la fois le don de soi, le don de la vie et le don du pardon.

Pourquoi donc est-il si difficile de répandre le pardon ? Pourquoi donc est-il si difficile de reconnaître que l’on a besoin du pardon et de ce Cœur qui nous aime ? Pourquoi donc est-il si difficile de se reconnaître pêcheur et d’oser dire : « J’ai besoin de Toi, Seigneur ! » ? 

Pour nous reconnaître pécheurs, il faut que nous soyons profondément assurés de l’amour que Dieu nous porte, non pas seulement à chacun d’entre nous en particulier, mais à l’humanité tout entière. Pour avoir la confiance nécessaire pour avouer notre péché et en être pardonné, il faut que la plénitude de l’amour de Dieu se manifeste à nos yeux.

Célébrer le Sacré Cœur de Jésus, c’est donc s’extasier devant ce mystère, devant le don de Jésus par la folie de la Croix et se laisser emporter dans le mystère d’amour dans lequel on se réjouit avec la Trinité, quand un seul pécheur est converti. 

      N’oublions toutefois pas que contempler le Sacré Cœur de Jésus, ce n’est pas seulement de se réjouir avec Dieu : c’est s’engager à Lui ressembler !

Frères et sœurs, c’est la grâce que nous pouvons demander, que nos cœurs battent à l’unisson et surtout, qu’ils battent à l’unisson de celui de Dieu ! 

Demandons cette grâce pour chacun de nous et pour l’humanité tout entière !      

                                                        Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 19 juin 2022, solennité du Saint-Sacrement, année C.

Messe célébrée à Grenoble église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Luc 9, 11b-17. Livre de la Genèse 14, 18-20. Psaume 109.

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 11, 23-26. 

 

Il m’arrive de discuter avec des personnes qui me disent que : « Dieu est déconnecté de ma vie. Dieu ne comprend pas ce que je suis ! Pourquoi j’agis de telle ou telle façon… Il semble même être indifférent à mes besoins ! ». Et nous, qu’en pensons-nous ? Est-ce que ces questions sont les nôtres à certains moments, peut-être particulièrement lorsque notre peine, notre angoisse deviennent profondes ? Dieu attendrait-il de nous une action particulière ?

Dans beaucoup de religions, l’attitude envers le dieu est d’offrir un sacrifice d’oblation ; on fait une offrande pour attirer sur nous, ses bons augures, une aide. De même, toujours à l’époque de Jésus, nos frères juifs apportaient en holocauste des bœufs, des brebis, des agneaux, des colombes… 

Chers amis, non seulement, il est bien rare que nous venions à la messe avec une basse-cour, mais notre religion chrétienne est la seule religion où Dieu se fait Lui-même nourriture … N’est-ce pas paradoxal et surprenant ? Non seulement, Dieu connaît nos besoins, nourriture, boisson, repos et tant d’autres choses, mais pour satisfaire et contenter nos besoins, Dieu se fait Lui-même nourriture ! C’est le propre de la religion chrétienne.

Quand Jésus l’annonce, les personnes auxquelles Il s’adresse, ne vont pas le comprendre immédiatement ! Certains mêmes sont scandalisés et en colère : comment est-ce possible ; « manger son corps ? Boire son sang ? Quelle horreur !» Il faudra un peu de temps pour que les premiers chrétiens découvrent que le sacrement de l’Eucharistie est un don incroyable et inestimable !

Par deux fois, l’Apôtre Paul, écrivant à la communauté de Corinthe, rapporte les paroles de Jésus dites dans le récit de l’institution de l’Eucharistie. C’est le témoignage le plus ancien de la Dernière Cène.

N’oublions pas que les évangiles seront écrits un peu plus tard et ces relations épistolaires sont les premiers écrits que nous avons. Elles étaient adressées aux toutes jeunes communautés chrétiennes installées autour de la méditerranée : Éphèse, Rome, Corinthe et d‘autres encore.

Que nous dit saint Paul dans cette lettre aux chrétiens de Corinthe ? Il rappelle ce que Jésus, à quelques heures de sa mort, à quelques heures de sa Passion, nous laisse en témoignage :

- « Faites ceci »c’est-à-dire prenez du pain, rendez grâce et rompez-le ; prenez le calice, rendez grâce et distribuez. Jésus commande de répéter le geste par lequel Il a institué le mémorial de sa Pâque, ce geste au moyen duquel Il nous a donné son Corps et son Sang. C’est ce geste qui nous permet d’avoir part, toujours aujourd’hui à son Corps et à son Sang.

Ce geste est parvenu jusqu’à nous : c’est le “faire” l’Eucharistie, qui a toujours Jésus comme sujet, mais qui se réalise à travers nos pauvres mains jointes, transformé par la force de l’Esprit Saint.

« Faites ceci ». Nous venons de l’entendre dans l’Évangile, Jésus interpelle les disciples stupéfaits à un « faire » peu probable : « « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » (Lc 9, 13). Comment satisfaire une foule de cinq mille personnes fatiguée et affamée ?

En réalité c’est Jésus qui fait tout : Il bénit et rompt les pains jusqu’à rassasier tous ces gens, avec ces cinq pains et ces deux poissons. 

La pédagogie de Jésus se découvre précisément. Il eut été facile de congédier la foule, mais les disciples sont invités à mettre à disposition le petit peu qu’ils avaient.

Ce que nous vivons, encore aujourd’hui dans cette église, n’est pas si éloigné de cet épisode de la « multiplication des pains » !

 

- Jésus bénit, rend grâce et Il rompt : c’est l’autre parole qui explique le sens du : « faites ceci en mémoire de moi ». Jésus s’est rompu, Il se rompt pour nous, et Il nous demande de nous donner, de nous « rompre » nous aussi pour les autres, autant que cela soit possible. 

Justement ce “rompre le pain”, ce pain rompu est devenu le signe de reconnaissance du Christ et par la suite des chrétiens. 

- Rappelons-nous l’épisode des pèlerins d’Emmaüs, au soir de Pâques. Deux disciples marchent vers le village d’Emmaüs, l’un d’entre eux se nomme Cléophas. Nous ne connaissons pas le nom de l’autre disciple : ce pourrait être chacun de nous ! Marqués par la mort de Jésus, ils rentrent tristement chez eux. Le matin même, ils ont bien entendu des femmes dire que Jésus est ressuscité, mais leur cœur est tellement empli de tristesse qu’ils ne comprennent pas. Jésus arrive auprès d’eux et les enseigne. Chers amis, vous connaissez bien cet épisode ! Arrivés dans une auberge, les disciples demandent à Jésus d’y entrer avec eux, car il se fait tard. Au moment de la fraction du pain, Jésus dit les mêmes paroles que celles qu’Il avait prononcées quatre jours auparavant, le Jeudi saint. C’est alors que leurs yeux s’ouvrent et qu’ils le reconnurent, « à la fraction du pain » (Lc 24, 35). 

  - Rappelons-nous aussi que la première communauté de Jérusalem : « était assidue à la prière […] et à la fraction du pain » (Ac 2, 42). 

C’est l’Eucharistie, qui devient, depuis le commencement, le centre et la forme de la vie de l’Église : source et sommet de notre vie chrétienne !

 Je termine tout simplement en parlant de cette église, mais je pourrais dire la même chose de toutes les autres églises. Ces églises sont belles, elles ont été construites avec le talent de toutes sortes de maîtres-ouvriers : maçons, maître-verrier, sculpteurs, peintres, facteurs d’orgues… Ces églises ont été le lieu de la prière de la communauté chrétienne depuis de longs siècles, mais quel est l’élément le plus important et le plus remarquable de cet édifice ?

Qu’en pensez-vous ?

Le trésor des églises n’est pas le bâtiment, mais ce que contient le maître autel. C’est au centre de maitre-autel, qu'il y a une petite cavité : le tabernacle !

Toute cette église a été construite pour permettre à ce petit tabernacle d’accueillir le Christ !  

Que contient ce tabernacle ? Quelques grammes d’une nourriture qui pourrait sembler banale, ordinaire, juste un petit peu de pain ! Pas n’importe quel pain : le pain consacré, c’est-à-dire : Jésus Lui-même ! Cette église a été construite uniquement pour que nous puissions venir et adorer Celui qui est présent dans le tabernacle.

Frères et sœurs, oui ! Le Christ s’offre à nous comme nourriture pour apaiser notre faim : faim de Dieu, faim de vivre ! Plus encore, au moment où nous Le recevons, au moment où nous L’incorporant en nous, nous devenons “d’autres christ“, dans l’action de grâce, avec cette même mission de la louange et de l’annonce à tous nos frères.

Voilà le Dieu trois fois saint qui s’offre à nous comme nourriture ! Il est celui que nous avons célébré, Trinité sainte, dimanche dernier.

Puissions-nous, en sortant de l’église tout à l’heure, à la fois nourris et envoyés, être les témoins et les disciples que Jésus espère !

Voilà le merveilleux mystère que nous pouvons vivre ce dimanche.

 Quelle grâce que le Seigneur nous offre, frères et sœurs,

  • en venant jusqu’à nous, 
  • en venant en nous !

 

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 12 juin 2022, solennité de la Sainte Trinité, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 12-15. Livre des Proverbes 8, 22-31. Psaume 8. 

Lettre de saint Paul aux Romains 5, 1-5. 

 

Mystère de la Pentecôte ! Mystère de la Sainte Trinité ! Mystère du très Saint Sacrement dimanche prochain !Est-ce que certains vous posent des questions sur ces célébrations chrétiennes importantes et vous demandent des explications ? Pour beaucoup, ces fêtes ne sont que des jours sympathiques où l’on ne travaille pas ! Quelles réponses pouvez-vous donner ?

Il m’arrive assez souvent que l’on me pose cette question : « Puis-je dire que je suis croyant et révéler que je ne comprends pas tout ? Est-ce grave ? »

Non. Bien sûr que non ! La réponse est claire ! Il y a toujours quelque chose qui nous échappe. Je peux dire quelque chose de Dieu, mais jamais en dire la totalité. C’est cela que nous appelons « le mystère » c’est-à-dire qu’il ne peut pas être expliqué par notre raisonnement, par l'esprit humain ; c’est quelque chose qui nous échappe ! 

En même temps, je ne peux pas rester dans ma foi adulte avec pour seule connaissance, le catéchisme de mon enfance ! Réfléchir, prier, me former, lire… est indispensable pour mieux comprendre et témoigner de « qui est Dieu pour moi et quelle espérance habite en moi ! » !

Que ce soit Pentecôte, la Trinité, le Saint Sacrement, mais aussi Noël, Pâques, l’Ascension et bien d’autres révélations sur Dieu, sur la vie de Jésus, en partant de son enseignement, de ses paraboles… il y a là toujours, un paradoxe ! Nous sommes interpellés par un mystère qui se donne à voir, mais qui ne se laisse pas « emprisonner ». Nous ne pouvons pas avoir une emprise sur la réalité de ces mystères, même si, dans certaines circonstances, nous pouvons presque les toucher, les sentir, les vivre, les entrevoir, les reconnaître… et pourtant, nous le voyons bien, ils échappent à notre entendement, à notre logique humaine ! 

Ce dimanche matin, je vous propose de réfléchir ensemble sur ce mystère : celui de La Sainte Trinité !

Ce Dieu trinitaire que nous adorons n’est ni un inconnu ni un Dieu distant. Notre Dieu est tout proche. Il est à la fois, au-dessus de nous, à côté de nous et en nous. Mais, comment interpréter ce mystère ? 

Ce que nous pouvons faire, c’est partir peut-être de nous-mêmes ; partir de l’expérience de notre humanité. Nous pouvons essayer, par une analogie qui ne pourra que tâtonner, tâcher de mieux le comprendre.

Prenons un exemple : un des traits essentiels de notre humanité, c’est notre capacité à aimer. C’est vrai, nous avons tous ce désir intense, essentiel : être aimé et aimer ! Ce désir d’aimer, cette réalité de l’amour vrai traverse toute notre humanité. Mais pour que l’amour soit mis en pratique, il faut que nous soyons en relation. Nous ne pouvons pas aimer en restant seul ! Cela paraît évident ; s’aimer soi-même, ce serait de l’égoïsme, du narcissisme. Ce serait très insatisfaisant. Certes, nous ne pouvons pas expliquer l’amour ni le sentiment qui l’accompagne, ni la détermination ou l’audace du don de soi ! Et pourtant, nous l’expérimentons ! Impossible de le toucher, de le mesurer, de le quantifier, de le capturer, et pourtant l’amour est là, nécessaire, possible, presque palpable.

Donc, le point de départ de tout ce que nous pouvons vivre, c’est notre capacité à entrer en relation avec l’autre. La relation n’est pas simplement être les uns à côté des autres ou partager quelques points en communs ; la relation, c’est la capacité d’être les uns avec les autres. 

Or, nous savons et nous croyons que nous sommes créés à « l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn) ; donc, par notre humanité, nous disons quelque chose de Dieu, puisque nous portons en nous, son image et sa ressemblance. 

Alors, par nos attitudes, notre manière d’être, nos charismes, notre désir, notre volonté d’aimer… nous disons vraiment quelque chose de Dieu. Dieu se fait connaître à travers nous. Si la relation est au cœur même de notre vie, cela nous dit quelque chose du mystère de la Trinité. 

La Trinité ne s’explique pas, elle se vit ! Elle se vit parce que Dieu est avant tout : relation ! Dieu n’est pas une solitude ! Cette certitude est très importante pour nous chrétiens ! Dieu veut entrer en relation avec chacun de nous, et cette relation est appelée à s’ouvrir, à s’ouvrir à celles et ceux qui sont autour de nous. 

Donc, vivre de ce Dieu trinitaire, c’est se rendre compte :

  • Que cette force de vie, cette force d’amour, qui est en moi vient de Dieu qui est Esprit Saint.
  • Que ce désir d’aimer et de me donner aux autres vient de Dieu qui est Père. 
  • Que la capacité de me mettre au service jusqu’à donner ma vie, vient de Dieu qui est Fils. 

Tout vient de Dieu qui se manifeste à chacun de nous et par chacun de nous ! Pour cela, des charismes et des dons nous sont offerts pour déployer avec prodigalité notre vie de baptisé et d’enfant de Dieu au cœur de ce monde-ci.

Quand nous disons : au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, certes nous le disons parfois un peu machinalement, mais nous exprimons, à ce moment-là, une vérité complexe : « trois personnes et une seule nature », mais surtout une réelle et profonde relation dans un amour vrai et juste qui existe au sein de la Trinité :

  • Une relation de filiation entre le Père et le Fils,
  • Une relation d'un amour commun entre les trois, qui se nomme l'Esprit Saint.

 Ainsi, nous pouvons dire que l'essentiel de la vie trinitaire est l'« intercommunion » et l'« interpénétration » réciproques des trois Personnes de la Trinité. C’est ainsi que nous pouvons entrer dans ce un mystère !

L'une des expressions évangéliques les plus claires de ce mystère s’exprime dans l’évangile de saint Jean : « Je suis dans le Père et le Père est en Moi » (Jean 15,16). Les Personnes sont l'une dans l'autre, l'une pour l'autre, sans rien garder pour elles. « Le Père est en Moi et Je suis dans le Père » (Jean 10, 30; 14, 10.) 

Ou encore : « Nul ne peut connaître le Père s'il ne connaît le Fils » dit Jésus et l'Esprit est envoyé par le Père qui le donne pour rappeler tout ce qu'il a révélé par son Fils. C’est l’évangile de ce jour. Il est l'Esprit du Père et du Fils (Jean 14, 26). Quel mystère !

Croire au Dieu Trinité, c’est donc sortir des idées toutes faites que nous nous pourrions avoir sur Dieu. C’est toujours un acte de foi !

Alors, à notre question  du début : « Puis-je dire que je suis croyant et révéler que je ne comprends pas tout ? », je peux seulement témoigner de ma relation à Dieu, de mon amour pour Dieu ! Je ne peux pas et ne pourrais jamais pleinement expliquer Dieu. Cela se révèle dans ma manière de vivre et d’aimer à la manière de notre Dieu trois fois saint !

Frères et sœurs, c’est la grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous ce matin. 

Seigneur, éclaire mon intelligence 
et permets que je vive, déjà, 
de cet amour dès maintenant et autour de moi, 
que j’en témoigne !

                                                                                                  Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du mercredi 8 juin 2022, 10e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église Saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 17-19. Psaume 15. Premier livre des Rois 18, 20-39.

 

« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17-19)

Aujourd’hui, en ce mercredi de la 10e semaine du temps extraordinaire de l’ordinaire, nous entendons ce rappel : le Christ n'est pas venu abolir, mais accomplir ! Cette phrase nous reprécise que son identité la plus profonde de Fils le conduit à ne rien vouloir faire qu'Il n'ait vu réaliser par le Père. Nous Le redécouvrons à la fois confiant en l’amour du Père, en la parole du Père, et également, obéissant au Père. 

Il répond, Il écoute le Père et fait de même ! Notons bien que Jésus demeure profondément librehumble et audacieuxconfiant et obéissant !

Alors, à partir de cette attitude filiale du Christ, nous pouvons nous demander si nos initiatives qui semblent peut-être nous distinguer, ne sont pas là pour nous mettre en avant, ne sont pas, en fait, le signe d'un orgueil qui nous pousserait à vouloir être le premier, à exister dans notre paraître. Quel est mon “être“ de chrétien ?

Littéralement : suis-je dans l’imitation du Christ, confiant et obéissant ?

Aujourd’hui, nous entendons ce récit extraordinaire du prophète Élie dans la première lecture du livre des Rois. Elle nous relate, un peu par analogie, son attitude audacieuse, humble, et confiante. En effet, Élie est en apparence seul en face des quatre cent cinquante prophètes de Baal quelque peu déchainés, mais Dieu est avec lui ! Le Peuple, témoin de ce défi, reconnaitra le Dieu unique d’Israël ! « C’est le Seigneur qui est Dieu ! »

Quelle confiance ! Quelle audace et quelle obéissance de la part du prophète Élie !

De même, pour marcher à la suite du Fils, portés par l’Esprit Saint, (comme nous le souhaitons), nous pouvons trouver aussi ces mêmes dispositions dans la vie des saints : « Les saints suivent l'Esprit, ils ne le précédent pas. Et de cette manière, ils sont conduits avec douceur, sans même savoir le chemin qu’ils devront prendre (...) C’est peu à peu que le chemin s'ouvre devant eux, dans la confiance et l’obéissance, dans un cœur livré avec simplicité au Christ. »

À nouveau, nous découvrons l’attitude fondamentale du chrétien : audace, confiance et obéissance !

Saint Paul nous précise dans sa lettre aux Romains, que tout notre être doit puiser dans le Christ obéissant, nos actes de confiance et d’audace : « l’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour ». À la veille de sa mort, Jésus s’adressant au Père récapitule sa mission : « J’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire » ; et sur la Croix, Il a dit : « Tout est accompli. " 

La Loi ne se limite plus à des prescriptions extérieures et formelles, à une façon de vouloir briller, mais elle engage tout notre être. Elle devient la loi du cœur, écrite et conduite par l’Esprit. Tout se résume en une attitude ouverte d’écoute, d’accueil, de relecture ; une attitude généreuse, docile à l’Esprit qui habite en nous. Notre vie sera alors une incarnation de la loi nouvelle, la loi de l’amour vécue dans la liberté et l’obéissance à un Autre plus grand que nous.

Frères et sœurs, demandons au Seigneur son aide pour relire notre vie, dans le quotidien de nos actions : sont-elles des réponses humbles, audacieuses, confiantes et obéissantes à son appel à l’imitation du Christ ? Ne sont-elles pas une recherche orgueilleuse de l'expression de notre être ? Sommes-nous fidèles à cette loi d’Amour ? En avons-nous, au moins, le désir ?

Méditons toutes ces réflexions tout au long de ce jour afin que le Seigneur comble en nous ce qui pourrait nous manquer !

Ô Jésus, tu es doux et humble de cœur, 
Rends mon cœur semblable au tien. 
Ô Jésus, tu es doux et humble de cœur, 
Rends mon cœur semblable au tien.

Homélie du lundi 6 juin 2022, Bienheureuse Vierge Marie, année C.

Messe célébrée en l’église Saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 19, 25-34. Psaume 86. Livre de la Genèse 3, 9-15.20.

 

         Chers amis, le temps pascal est terminé et pour la dernière fois de cette année, ce beau et grand cierge a été allumé. Bien sûr, il brulera encore aux moments de baptêmes, de funérailles…

À peine ce temps est-il achevé que nous entrons dans « le temps extraordinaire de l’ordinaire ». Mais, dès ce premier jour, alors que le feu et le vent de l’Esprit Saint nous ont emportés dans l’élan et la force du Seigneur, nous reprenons le temps ordinaire avec cette belle fête que notre pape François a voulu instituer désormais les lundis de Pentecôte ; la célébration de la fête de Marie, Mère de l’Église.

          Il est vrai qu’il n’y a plus d’octave du Saint Esprit dans la liturgie d’aujourd’hui ; Octave signifie huit jours qui suivent la date (comme l’octave de Noël ou l’octave de Pâques …) Dans l’ancienne liturgie, il y avait l’octave de Pentecôte. 

Finalement, commencer ce nouveau temps de tous les jours avec cette fête de Marie nous ramène à l’essentiel et nous garde bien ancrés dans l’Esprit Saint, l’Esprit du Ressuscité.

Marie, la nouvelle Ève !

Marie, Temple de l’Esprit Saint !

Marie qui intercède pour chacun de nous !

         Marie est Mère de l’Église ! En quoi Marie peut-elle être appelée sous ce vocable ?

Peut-être est-ce une question que vous vous posez ?

          - En premier lieu, elle est Mère du Christ et Mère de Dieu. Toute sa vie de femme et de mère a été la préparation et la réalisation du choix de Dieu qui lui a demandé de mettre au monde son Fils unique (avec un paradoxe surprenant, mais véridique : Jésus est né du Père avant tous les siècles, vrai Dieu né du vrai Dieu) afin d’en faire un homme, de l’aimer comme une maman pour qu’Il grandisse et se prépare à son tour à sa mission ! Dieu a besoin d’une famille ; c’est la folie de Dieu. Nous pouvons en déduire l’importance de la famille, importance de nos familles terrestres !

          - Ensuite, Marie deviendra Mère de l’Église, au pied de la Croix de son Fils. C’est ce que nous venons d’entendre dans l’évangile de saint Jean qui nous ramène au Vendredi Saint. Dans sa peine, dans sa douleur de maman, elle entend Jésus qui, sur le point de mourir, lui dit ces quelques mots que l’évangile d’aujourd’hui nous rappelle ; Jésus désigne à Marie l’Apôtre Jean qui sera son fils : « Femme, voici ton fils » ; et Il désigne à Jean que Marie sera sa mère « Voici, ta mère. »

          Jean, le disciple que Jésus aimait, représente chacun de nous au pied de la Croix de Jésus et nous tous ensemble, en Église au pied de la Croix de Jésus, nous sommes unis. Aussi, chacun de nous et toute l’Église accompagnée par la Vierge Marie qui devient notre Mère, nous sommes ses enfants ; Marie, Mère de l’Église avec ses enfants au pied de la Croix.

          Alors, comme il est beau de retrouver toujours Marie à Pentecôte avec les Apôtres tout tremblants, morts de peur dans la chambre haute, Jean, et les dix autres. C’était notre première lecture. Ils prient, ils espèrent, ils attendent… alors survient  le souffle de l’Esprit Saint, les langues de feu qui apportent cet élan missionnaire ; c’est la Pentecôte que nous fêtions hier. Les langues sont déliées, les cœurs s’ouvrent !  

            Oui, Marie agit en mère qui rassemble ses enfants, une maman qui aime profondément ses enfants.

La maternité divine de Marie continue de se déployer dans sa prière : « Élevée dans la gloire du ciel, elle accompagne et protège l’Église de son amour maternel » (cf. Liturgie de la Messe de Marie Mère de l’Église).C’est encore aujourd’hui la mission de Marie. Dans notre diocèse, nous avons eu une apparition de Marie par deux fois : à notre Dame de l’Osier et à la Salette, avec ce même message de l’urgence de la conversion.

Frères et sœurs, demandons en ce jour, l’intercession de Marie, Notre Dame de l’Espérance, pour notre paroisse, pour nos familles et pour chacun de nous.            

   Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 5 juin 2022, solennité de la Pentecôte, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 15-16.23b-26. Livre des Actes des Apôtres 2, 1-11. Psaume 103.

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 8-17. 

 

Chers amis, la fête de Pentecôte n’est pas une fête anodine ! C’est  une fête importante, fondatrice ! 

Comment pouvons-nous la décrire ? C’est un feu, un feu qui brûle, éclaire et réchauffe, comme nous l’avons entendu dans la lecture des Actes des Apôtres. Nous sommes à Jérusalem, au sein d’une foule nombreuse de pèlerins de toutes nationalités. Ces personnes viennent d’assez loin pour vivre joyeusement cette fête agraire.

Les Apôtres, eux, sont confinés dans la chambre haute, tremblants de peur. Jésus, lors de son Ascension, en les envoyant vivre une neuvaine de prière, leur a promis une force ! 

Alors, l’inattendu se produit : alors que les apôtres sont en prière avec Marie, un feu se partage en langues pour se poser sur chacun d’eux. L’Esprit Saint est un feu ! L’esprit Saint est aussi un vent violent, ou encore un tremblement de terre qui apporte l’audace de la mission.

Qu’engendre la Pentecôte ? C’est la naissance de l'Église, avec ce gigantesque élan qui s'empare des disciples d'abord terrorisés, puis audacieux pour annoncer au monde la Bonne Nouvelle du salut : Christ, vrai Dieu et vrai homme ! Christ mort et ressuscité ! 

Ils sont ces témoins qui peuvent en témoigner.

La Pentecôte, c'est tout cela, et bien d’autres choses encore. Je voudrais m'arrêter avec vous sur un aspect bien souligné dans le texte des Actes des Apôtres que nous avons lu : les foules assemblées dans la ville de Jérusalem sont d'origines culturelles diverses, et pourtant, chacun entend le message dans sa propre langue. Les interprètes et traducteurs furent donc inutiles : chacun entend la même chose ! La Pentecôte est aussi ce mystère : la bonne nouvelle est adressée à tous !

Ce que nous entendons, c’est :

  • Cette universalité permet de rejoindre chaque homme, chaque femme, chaque enfant, quel que soit l’âge, la Nation, la langue, ou l’époque… 
  • Cette universalité rejoint chacun dans ses attentes les plus vitales comme les plus insoupçonnées, les plus nécessaires comme les plus existentielles !

Pentecôte, c’est donc un don que nous recevons, encore et encore !

Que vient réveiller et révéler en nous l’Esprit Saint ?

La première révélation de la Pentecôte est celle de l’émerveillement. Au matin de la Pentecôte, les Apôtres réagissent au don de l’Esprit par un chant de louange : « Tous, chacun dans leur langue, chantaient les merveilles de Dieu. » Aujourd'hui encore, malgré les souffrances, voire les doutes qui nous assaillent, osons nous émerveiller pour la vie, pour la bonté et la générosité, pour ce monde, nous émerveiller ce que nous sommes ! Osons bénir Dieu, parce que nous sommes partie prenante dans l’ordre de la Création qu'Il nous appelle à transformer.

La Pentecôte est aussi la révélation d’une consolation ! Nous comprenons que nous ne sommes pas seuls ! Le Christ est reparti vers son Père, il est assis à sa droite, mais sa promesse est toujours actuelle : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet. » Le Paraclet dont nous parle l’évangile de saint Jean, c'est quelqu'un : c’est la troisième personne de la Trinité. Il nous vient en aide, c'est un avocat, un défenseur, quelqu’un qui nous conseille et qui nous console.  Ce Paraclet, Jésus le nomme encore « l'Esprit de vérité ». Il est comme une douce présence grâce à laquelle on pressent ce que Jésus est pour son Père, ce qu'Il est pour nous, ce que nous sommes pour Lui. 

Cet Esprit de vérité nous permettra le discernement du projet de Salut de Dieu, car le comprendre ne va jamais de soi. Nous ne saisissons pas tout ! Toutes les révélations sont rarement comprises sur le moment. Elles doivent être gardées en mémoire, ruminées dans l'étude et la prière, un peu comme Marie qui gardait tout dans son cœur. Il nous faut souvent du temps pour comprendre le dessein de Dieu.

  • La Pentecôte, c'est ensuite la révélation d’une URGENCE, urgence de la Mission, urgence d’une Audace ! Oui, l'Esprit nous envoie en témoins « au monde entier ». 

  Ne restons pas confinés ou enfermés dans une “chambre haute“ dans un écrin bien confortable et l’abri du monde ! Nous sommes envoyés, non pas seulement par ce que nous disons ou faisons, mais par ce que nous sommes.  Jésus n’a pas tant besoin d’apôtres avec de belles paroles que de témoins qui vivent de lui. Nous sommes aimés de Dieu, témoins et disciples par notre baptême, des témoins qui vivent tout simplement de Lui.

  Dans notre monde souvent abîmé par des passions désordonnées, par un climat de peur, de violence ou d’individualisme, ce qui rend nos vies contagieuses, comme le dit saint Paul dans l’épître, c'est de nous laisser conduire par l'Esprit au point de devenir des hommes et des femmes vrais, libres à l'égard des préjugés ou des peurs pour devenir capables de faire confiance aux autres, de faire confiance à Dieu. 

La vie chrétienne est de consentir à aimer Jésus, à accueillir l’amour du Père dans notre cœur et dans tout notre être, de laisser l’Esprit Saint agir en nous. Et c’est cela qui touche les cœurs.

Que vient alors réveiller et révéler en nous l’Esprit Saint ? 

Ce sont les dons, les vertus, les charismes, les fruitsreçus au jour de notre baptême, renouvelés au jour de notre confirmation. Ce sont des cadeaux offerts, reçus, mais notre drame, c’est que beaucoup ont oublié de les déballer, et peut-être même les ont égarés ! Pourtant, dans ce cadeau, se trouve tout ce dont nous avons besoin…

- Dons de Sagesse, Intelligence, Conseil, Force, Science, Piété, crainte respectueuse de Dieu,

- Des charismes : se découvrir des témoins avec notre propre langage, aussi balbutiant est-il et qui, pourtant, porte des fruits chez les personnes que nous côtoyons.

Les fruits de l’Esprit Saint sont : l’amour, la joie, la paix, la patience dans les épreuves, la serviabilité, la bonté, la confiance dans les autres, la douceur, et la maîtrise de soi (un fruit précieux, même s’il est le plus nécessaire et le plus exigeant !) 

Si vous constatez que l’un de ses fruits venait à vous manquer, demandez-le au Seigneur ! « Seigneur, j’ai besoin de ce fruit pour vivre avec Toi, pour vivre de Toi ! »

Frères et sœurs, puissions-nous, aujourd’hui, et les jours qui viennent, nous laisser renouveler dans la force et l’audace de l’Esprit Saint !

Viens, Esprit Saint, viens en nos cœurs,

Viens, Esprit Saint, viens, Consolateur.

                                                    Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 1er juin 2022, 7e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 17, 11b-19. Livre des Actes des Apôtres 20, 28-38. Psaume 67.

Nous pouvons faire un constat, sans doute amplifié par la pandémie et confirmé à travers le monde : le constat est celui-ci : « notre monde est injuste, déraisonnable ! Notre monde est fou ! Comment réagir ? »

Il est vrai que les problèmes liés au pouvoir de la science sur la vie, à la domination par la guerre, à la survie de l’homme dans son environnement naturel, aux mutations de la société et aux crises économiques, les enjeux climatiques… nous troublent profondément ! Bref, toutes ces questions ont pris depuis les dernières décennies une dimension planétaire, et même si beaucoup acceptent de travailler ensemble, l’accélération de tous ces phénomènes est de plus en plus difficilement à maîtriser.

Nous observons tout cela un peu impuissants, en priant aussi (et cela est nécessaire), mais que faire ?

C’est pourtant dans ce monde-là que le Christ nous veut, comme témoins de son message, dans ce monde où l’homme peut faire des merveilles. En effet, l’homme est capable de prodigalité, de vraie générosité, particulièrement quand il prend la mesure de sa pauvreté. 

Dieu nous veut dans ce monde : « Je ne te demande pas de les retirer du monde, dit Jésus à son Père, mais de les garder du Mauvais ; [..] Sanctifie-les ».

Au cœur de ce monde que Dieu aime profondément, mais qui est travaillé par les forces du refus, de la révolte et de l’athéis­me, le Père veut donc nous garder et nous sanctifier, en réponse à la prière de Jésus.

Il nous garde vraiment :

-non pas comme des étrangers de notre monde, non pas en nous isolant comme dans une bulle où nous respirerions seulement l’air de la foi et de l’espérance bien à l’abri, 

mais en nous fortifiant intérieurement par son Esprit, 

-contre les mensonges de « l’esprit du mal », contre les contagions de l’intelligence et du cœur, contre nos propres tristesses et nos découragements.

Il nous garde, Dieu notre Père, et Il nous sanctifie ; Il nous « consacre », tout en étant pleinement dans le monde, Il nous met à part pour Lui-même et avec Lui et nous fait entrer dès maintenant dans sa vie, dans son projet, dans sa lumière, dans le Salut dont nul n’est exclu si ce n’est par celui qui le refuse lui-même. Parce que nous comprenons son projet, Il nous rend complètement disponibles à la vie de tous !

C’est ainsi que Jésus peut demander pour nous, à son Père : « Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité ! » 

La vérité dont le monde a soif, c’est que Dieu veut tout réconcilier dans son Fils et que cette promesse de paix et d’unité passe, d’une façon mystérieuse, par la Pâque de Jésus, sa mort et sa résurrection, sa montée vers le Père et l’envoi de l’Esprit Saint.

Le premier signe que nous pouvons donner à Dieu de cette harmonie profonde avec son dessein, c’est, contre toute attente, notre union fraternelle, déjà au cœur de nos familles et de notre communauté paroissiale pour témoigner de son Amour, dans une contagion positive ! Oui ! C’est l’Amour qui sauvera le monde !

Frères et sœurs, dans cette neuvaine qui, de l’Ascension nous conduit vers l’effusion de l’Esprit lors de la Pentecôte, pouvons-nous, chaque jour, demander pour chacun de nous, d’être renouvelé dans l’espérance, dans l’amour et dans la force de l’Esprit Saint !

                                                                                                 Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 30 mai 2022, 7e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 29-33. Livre des Actes des Apôtres 19, 1-8. Psaume 67.

 

Frères et sœurs, peut-être avez-vous pris le temps de lire les textes de ce jour et de les méditer. Ce passage de l’évangile selon saint Jean me suggère trois rapides réflexions :

La première réflexion est à propos de la parole de Jésus concernant la foi de ses disciples. Ceux-ci affirment croire à la parole de leur Maître parce que, disent-ils, Il ne s’exprime plus en paraboles, mais plus ouvertement. Jésus nuance leur enthousiasme en annonçant que leur foi sera (à certains moments) ébranlée et que ses amis (c’est-à-dire eux) le laisseront seul. Nous aussi, nous pouvons faire l’expérience que certaines paroles de l’évangile nous éclairent et que d’autres sont plus obscures, mais aussi qu’une même parole qui nous semblait obscure à un moment, s’illumine tout à coup ! Pourquoi cela ? Sans doute parce que nous avons mûri dans notre foi ou encore parce qu’en demandant la force de l’Esprit Saint, nous sommes à cet instant plus disponibles à la Parole de Dieu. 

Notre compréhension est-elle totale ? Peut-être, même si l’Esprit Saint nous fera vivre l’expérience d’un nouvel éclairage au temps opportun ! 

La seconde réflexion concerne ce que Jésus nous dit de la paix : « Je vous ai dit cela pour que vous trouviez en moi, la paix ». Nous voyons que la paix dont parle Jésus n’est pas la sérénité d’une sagesse humaine, mais cet accord profond avec et dans le Christ … pour que vous trouviez « en moi » la paix, dit Jésus. 

Il est important de comprendre que c’est dans cette union au Christ que nous pourrons découvrir une véritable paix que les épreuves de la vie ne pourront pas altérer.

- Enfin, la troisième réflexion porte sur la dernière phrase de l’évangile que nous venons d’entendre, où Jésus nous dit : « Ayez confiance ; moi, je suis vainqueur du monde ! ». Quand on sait que Jésus a dit ces mots, juste avant son arrestation, avant sa condamnation et sa mort, on peut s’interroger sur ce qu’est cette « victoire » de Jésus. Cette phrase peut paraître bien paradoxale ! Jésus affirme qu’Il est vainqueur du monde alors qu’Il va mourir et donner sa vie !

Mais nous savons que la Victoire dont parle Jésus, c’est la Victoire de l’Amour

Cet amour habitait Jésus jusque dans l’épreuve de la croix : c’est dans ce sens qu’Il est vainqueur du monde. Ainsi, Jésus nous invite aujourd’hui à garder confiance et à croire que cet amour triomphera de toutes les forces obscures. 

Pour résumer :

  • Laissons-nous éclairer dans notre lecture de la Parole de Dieu par l’Esprit Saint afin que nous puissions la comprendre et tenir bon dans la foi,
  • La paix, c’est l’union au Christ
  • Vainqueur du monde, c’est la victoire de l’amour.

Les souhaits de paix et de courage adressés aux disciples ne sont pas seulement des paroles de réconfort à une communauté dans l’épreuve, mais un appel qui provoque les croyants à réagir en témoins.

Le courage que Jésus attend de ses disciples devra prendre appui sur cette certitude : « Moi, je suis vainqueur du monde ! »

En cette neuvaine à l’Esprit Saint, demandons pour chacun de nous, la grâce de ce courage, particulièrement dans l’adversité et la fidélité à la Parole de Dieu !

Demandons cela pour chacun de nous ce matin, pour notre communauté, pour la France et pour le monde !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 29 mai 2022, 7e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 17, 20-26. Apocalypse de saint Jean 22, 12-14.16.17.20. 

Psaume 96. Livre des Actes des Apôtres 7, 55-60. 

 

     Frères et sœurs, nous voici donc à la fin du temps de Pâques, entre l’Ascension et la grande fête de Pentecôte, un entre-deux, une fin et un commencement qui nous préparent à une nouvelle effusion de l’Esprit Saint. 

Nos lectures ont de ce fait, à la fois une tonalité de conclusion et aussi d’une étape nouvelle. Nous l’avons entendu avec : 

  • Le martyre d’Étienne qui donne sa vie comme le Christ a donné sa vie, 
  • et en même temps, une tonalité universelle : Jésus est l’Alpha et l’Oméga !  Il récapitule tout en Lui !

Le lien qui unifie ces textes et notre vie est l’unité et l’amour.

Je remarque, comme vous, cette insistance vitale sur l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Jésus l'a souvent dit : « Je suis dans le Père, et le Père est en moi. Le Père et moi, nous sommes UN ! » L’Esprit Saint est envoyé par le Père et le Fils ! Nous notons et redécouvrons encore cette Unité des trois personnes !

Dans notre monde, régulièrement déchiré par les guerres, les injustices et l’individualisme ambiant, de fait, nous pensons à l’unité, nous rêvons de concorde et d’unité dans nos familles, dans notre pays et plus intimement déjà en nous-mêmes.

Mais quand nous pensons à l'unité, alors que nous la désirons intensément, nous le faisons un peu en baissant les yeux, parce que cette unité n’est ni simple ni facile ! Notre péché demeure une entrave à l’unité, et cela, déjà en nous-mêmes !

Combien d’entre nous, découragés, pensent que l'unité reste un idéal difficile, et même improbable à court terme. J’entends cette désespérance autour de moi !

Quand Jésus, Lui, nous parle de l'unité, elle redevient une espérance, une promesse, une certitude,

car l'unité vers laquelle nous sommes en marche, existe déjà en Dieu. 

Elle n’est pas un rêve ou une utopie !

Le lien vivant de cette union du Père et du Fils est le Saint Esprit, depuis toujours et pour toujours, une communion d’amour.

Cette intimité, cette réciprocité d'amour du Père et du Fils, voilà ce que Jésus nous offre comme modèle pour notre unité fraternelle. Cette unité est toujours à rechercher sans être jamais découragés.

Je pense à l’unité dans notre Diocèse, dans notre Paroisse avec ses cinq clochers. Je pense aussi à l’unité dans nos familles et le plus grand défi est sans doute cette unité en nous-mêmes !

Prenons un exemple : notre paroisse n’échappe pas aux différentes tensions internes ou externes à l’Église. Notre nouvelle Maison Paroissiale est un des lieux où nous souhaitons vivre cette unité ! Pour y arriver, il nous faut mettre en œuvre une vision commune de la Mission d’accueil et d’annonce !  C’est un défi pour chacun de nous, un défi pour la communauté fraternelle des bénévoles de notre paroisse que nous formons !

Est-ce facile ? Non ! Allons-nous y arriver ? Oui, dans le respect de l’histoire et la décision de chacun !

Alors OUI ! Cette unité est et ne sera possible que dans l’amour ! Un amour qui ne s’appuie pas sur nos mérites, nos qualités, nos familles, la beauté, le savoir, ou par un artifice quelconque… mais cette unité ne sera possible que si nous la fondons sur l’amour de Dieu pour chacun et notre réponse à aimer Dieu et notre prochain ! Attention à ne pas croire que nous savons mieux que les autres, c’est ensemble que nous y arriverons !

Dans notre désir d’aimer, il y a une antériorité à l’amour ! Dieu est toujours le premier à nous aimer. Cela veut dire que nous ne sommes jamais sans amour, même aux heures les plus douloureuses et les plus sombres de notre existence, Dieu continue à nous aimer ! Même si parfois cet amour ne nous paraît pas si évident : ne doutons pas !

C'est Lui qui éveille en nous la source de l'amour et qui l'alimente tout au long des mois et des années de notre existence terrestre. 

  • C’est parce que nous sommes aimés que nous pouvons aborder celles et ceux que Dieu met sur notre route avec des mains qui ne font jamais mal, avec des mots qui ne ferment jamais le cœur, avec un regard qui ouvre toujours à l'Espérance et au Pardon !
  • C’est parce que nous sommes aimés que nous devenons capables du Don véritable de soi à l’autre, du don à Dieu ! Nous trouvons alors la force de construire l'amour dans notre couple, dans nos familles, sans nous arrêter aux blessures de l'amour-propre et que nous pouvons sans cesse repartir !
  • C’est parce que nous sommes aimés que nous trouvons la patience d’éduquer et de grandir avec nos enfants même aux âges difficiles, et avec nos parents vieillissants ; 
  • C’est parce que nous sommes aimés que notre célibat, notre solitude ou notre veuvage sont et peuvent toujours devenir des lieux de fécondité.
  • C’est parce que nous sommes aimés, et que Dieu nous aime tels que nous sommes, même quand nous sommes déçus de nous-mêmes, que nous pouvons laisser l’amour de Dieu entrer en nous ; nous en faisons régulièrement l’expérience ! Nous ne pouvons pas nous taire et garder ce trésor d’amour pour nous seuls ! 
  • C’est parce que nous sommes aimés, véritablement aimés, que nous sommes et devenons témoins et disciples-Missionnaires en annonçant l’amour de Dieu pour tous !

Frères et sœurs, aujourd'hui encore, le Christ nous rassemble et vient à nous dans cette Eucharistie, en nous donnant tout, son amour, sa vie et jusqu’à son corps et son sang ! C’est grâce à ce don d’amour que nous pouvons repartir dans le monde avec audace et confiance !

Ouvrons notre cœur, notre intelligence, ouvrons-nous tout entier à l'Esprit Saint que Jésus nous a promis et qu’Il ne cesse de nous envoyer à travers tous les sacrements et dans la prière !

À quelques jours de la Pentecôte, laissons-nous toucher, laissons-nous renouveler par l’amour de Dieu par son Esprit Saint !

Désirons ensemble cette unité fraternelle au service de la Mission et de tous ! Voilà ce que nous pouvons entendre et demander en ce 7e dimanche de Pâques, à une petite semaine de cette grande et belle fête de Pentecôte ! 

Restons acteurs d’unité dans nos familles, dans notre paroisse et dans le monde !

                                                                                                   Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du jeudi 26 mai 2022, Ascension du Seigneur, année C.

Messe célébrée à Grenoble en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 24, 46-53. Actes des Apôtres 1, 1-11. Psaume 46.

Lettre aux Hébreux 9, 24-28 ; 10, 19-23. 

 

Aujourd’hui, nous fêtons la solennité de l’Ascension du Seigneur, une fête majeure de notre vie unie au Christ, mais aussi une fête mystérieuse et surprenante. Lors de la dernière séance de catéchisme, à la question posée : « Qu’est-ce que la fête de l’Ascension, pour vous ? », un des enfants a donné cette réponse très intéressante. Il a dit : « L’ascension, c’est comme Noël, mais dans l’autre sens ! »  Un autre a immédiatement surenchéri : « Jésus a pris l’ascenseur vers son Père ! » Ce n’est pas faux ! Jésus a pris (Cf. « il s’est abaissé » – Ph 2,8) notre humanité pour nous faire monter au « Ciel » !

Ce terme particulier « d’Ascension » a été choisi, car il est question dans les récits d’aujourd’hui de Jésus « emporté au ciel ». Il a donc bien fallu qu’il « monte », qu’il y ait une « ascension » ! Mais le ciel dont il est question ici n’est pas celui que l’on voit au-dessus de nos têtes et que les météorologues et autres astrophysiciens explorent en permanence.

Le « ciel » dont il est fait mention dans les lectures de ce jour est compris comme étant ce lieu mystérieux où Dieu réside et qui nous échappe complètement. Notre intelligence cartésienne a du mal à comprendre ! (Cf. Lettre aux Hébreux– « pas de mains d’hommes ») ! Pourtant, nous disons bien dans nos prières « Notre Père qui es aux cieux » et dans le Credo, en parlant de Jésus : « Il est monté aux cieux » ; Mais le ciel dont nous parlons n’est évidemment pas un lieu précis, distinct de celui que l’on peut admirer par une belle nuit étoilée !

En fait, la désignation de ce « ciel » échappe à l’espace et au temps (comme étant une représentation mathématique de deux notions inséparables et s'influençant l'une l'autre), tels que nous les percevons sur cette terre. 

Alors, ne soyons pas étonnés de ne pas avoir une réponse simple à donner aux enfants qui nous questionnent sur le ciel ; ni aux non-croyants en général qui se moquent parfois de nos conceptions parce qu’ils opposent la connaissance et la foi, le rationnel et l’irrationnel, le matériel et le spirituel, au lieu de les comprendre comme des valeurs complémentaires. Effectivement, quand les astronautes sont montés dans l’espace, ils n’ont pas vu Dieu, donc Il n’existerait pas … C’est par l’intelligence de la foi que nous pouvons comprendre ce mystère.

« Jésus fut enlevé au ciel », nous dit saint Luc. Que veut-il nous dire ? L’évangéliste essaye de nous transmettre le sentiment des disciples après la résurrection ; ils se rendent bien compte que, dans leur quotidien, Jésus n’est plus là, à leurs côtés ; en tout cas, plus là « comme avant ».

Ils commencent, petit à petit, à comprendre que s’ils l’ont revu après sa mort et sa résurrection, c’était bien Lui, mais Il était tout autre. Il leur apparaissait, mais ils ne le reconnaissaient pas tout de suite, eux qui, pourtant le connaissaient si bien. Il fallait qu’Il se dévoile par un geste, par une parole, une action, une prière… pour qu’ils le reconnaissent, avant qu’Il disparaisse à nouveau, comme pour les deux pèlerins sur le chemin d’Emmaüs, le soir de Pâques. Jésus disparaît au moment de la bénédiction, et c’est alors que leurs yeux s’ouvrirent …

L’évangéliste exprime par cette image de l’Ascension de Jésus que rien ne sera plus comme avant. Il y a comme une rupture : une rupture dans le temps et l’espace comme dans leur vie. La présence de Jésus ne peut plus être cette présence palpable, matérielle, concrète comme lorsqu’Il cheminait avec eux sur les routes de Galilée. Cependant, Il est toujours là, mais pas de la même manière. 

Il est à désormais « au ciel » !  C’est-à-dire, encore une fois, dans ce lieu mystérieux qui est tout à la fois infiniment lointain et pourtant si proche ; tout à la fois invisible et pourtant si évident ; tout à la fois à venir et pourtant déjà là. Voilà le mystère que nous sommes invités à vivre aujourd’hui !

Bref, ce récit veut nous dire - et c’est ainsi que nous croyants, nous le comprenons - que Jésus rejoint son Père, « notre Père qui est aux cieux ». Il est désormais « assis à la droite de Dieu » pour exprimer sa proximité avec son Père. Il retourne vers son Père, et, en quelque sorte, Il nous montre le chemin, Il nous ouvre le chemin vers le ciel, le chemin vers le Père

Frères et sœurs, nous aussi, nous sommes invités à Le rejoindre à notre tour, et c’est à ce moment-là que nous verrons Dieu face à face ! Jésus ne nous a-t-il pas dit : « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie » ? (Jn 14,6)

Ce départ de Jésus n’est pas un abandon. Dans le récit de la première lecture des Actes des Apôtres où saint Luc s’adresse à Théophile (l’ami de Dieu), Il dit à ses amis, juste avant de disparaître à leurs yeux : « vous allez recevoir une force, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous. Alors, vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre. » 

Non seulement, Jésus ne les abandonne pas et Il ne nous abandonne pas, mais Il travaille avec eux et encore avec nous, par le don et la force de l’Esprit Saint !

Alors, ne restons pas comme les disciples, le nez en l’air à regarder le ciel comme dans la première lecture ! Ce pourrait être un danger, alors que nous sommes envoyés en mission ! « Ne cherchons pas Jésus où il n’est pas ; ne le cherchons pas chez les morts, il est vivant ! »

C’est, ni plus ni moins, un envoi en mission qui nous est donné et que nous recevons ce matin : « Vous serez mes témoins, ici à Jérusalem et jusqu’aux extrémités de la terre. » Cet envoi en mission est toujours d’actualité aujourd’hui !

Comment répondre à cet envoi, à cet appel ? 

Neuf jours nous séparent de la grande fête de Pentecôte ! Durant neuf jours, en dilatant notre cœur, nous sommes invités à nous préparer à une nouvelle effusion spirituelle ! 

Neuf jours, c’est le temps de la grande neuvaine où nous demandons la grâce d’être renouvelés dans la force de l’Esprit Saint : déjà reçu au jour de notre baptême, renouvelé au jour de notre confirmation ! C’est bien le même Esprit Saint qui va nous accompagner tout au long de notre mission ! 

Pour cela, il nous faut prier et demander pour chacun de nous le cadeau des dons de l’Esprit Saint !

Viens, Esprit Saint, viens en nos cœurs,

Viens, Esprit Saint, viens, Consolateur !

 

 

 

 

 

 

Homélie du mercredi 25 mai 2022, 6e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 16, 12-15. Livre des Actes des Apôtres 17,15-22 à 18,1. Psaume 148.

 

Chers amis, en cette veille de l’Ascension, les textes se font de plus en plus précis et les lectures d’aujourd’huidemanderaient des commentaires assez développés. 

Je vais donc choisir de relire avec vous la première lecture. En effet, le discours de Paul aux Athéniens est des plus actuels pour nous !

Où sommes-nous ? En Grèce ! De l'an 49 à l'an 52, les spécialistes de la vie de saint Paul nous disent que celui-ci est engagé dans son deuxième voyage missionnaire. Il le commence à Antioche dans les difficultés qu’il vit avec Barnabé comme nous l’avons lu ces derniers jours. Il laisse celui-ci pour traverser la Turquie actuelle avec Silas (Actes 15, 36-40). Plus de mille kilomètres à parcourir, soit en bateau, soit à pied ! Le groupe s’embarque pour la Macédoine, poursuit sa route, évangélisant au passage Thessalonique et Bérée. Paul se retrouve, alors, seul à Athènes : la capitale culturelle de la Grèce. Il y reste seul attendant que Timothée et Silas viennent le rejoindre. 

Athènes est l’une des plus belles villes de l’époque, pleine d’animation, riche de sa culture et de grandes diversités, comme le sont aujourd’hui, par exemple, Paris ou New York. Nous pouvons y admirer les magnifiques bâtiments, les maisons richement sculptées en pierre blanche, les théâtres et de belles fontaines. Nous y découvrons aussi les nombreux temples où l'on adorait une multitude de divinités. Petits temples bien souvent avec des colonnades et de jolis frontons sculptés et décorés. Chaque temple a son dieu ou sa déesse. 

Lorsque Paul commence à s’adresser aux gens réunis autour de lui à l’Aréopage, il se sert de ce qu’il voit pour en faire un point d’accroche. Il commence son discours par ces mots : « En effet, en parcourant la ville, et en observant vos monuments sacrés, j’y ai trouvé, en particulier, un autel portant cette inscription : ‘ Au dieu inconnu’. » 

Voilà le début de sa prise de paroles. Puis il poursuit son discours (en vérité son témoignage) avec un souci remarquable de rejoindre ses auditeurs, tout en annonçant le Kérygme : Mort et Résurrection de Jésus !

L’ensemble de son argumentation va dans le sens d’un effort pour rejoindre ceux à qui Paul s’adresse pour la proclamation de la Bonne Nouvelle de l’Évangile. Ce discours est remarquable du point de vue de la communication. Saint Paul n’est pas seulement un très bon communicateur, il a aussi la parole d’un excellent évangélisateur qui ne craint pas de témoigner. Même si, dans l’assemblée, certains se moquent de lui, quelques-uns, pourtant, s’attachent à lui et vont devenir croyants.

Notre société n’est sans doute guère différente de celle qui était vécue à Athènes à cette époque-là ! De nombreuses divinités y sont toujours bien présentes ! Pas de jolies colonnades ou de frontons richement sculptés, mais des temples de la consommation et du gaspillage, des dieux autoproclamés, une désespérance sans but… Même si nos témoignages semblent parfois ne pas être reçus avec le risque de rester sans voix dans le brouhaha médiatique, des hommes et des femmes sont toujours en attente ! 

Avec saint Paul, dans le sillage du texte de l’évangile de saint Jean, nous sommes invités à rester toujours attentifs à ce que nous dit l’Esprit, si nous voulons connaître et suivre Jésus. « Il reprend ce qui vient de moi, dit Jésus, pour vous le faire connaître. » (Jn 16,15) 

Frères et sœurs, à la veille du départ de Jésus vers son Père, en cette belle fête de l’Ascension, demandons avec ferveur et confiance la force de l’Esprit Saint pour rester des missionnaires fidèles à notre baptême !

C’est la grâce que nous pouvons demander, la grâce que nous devons demander pour être des témoins audacieux pour notre temps !

                                                                                                                       Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 23 mai 2022, 6e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 26 à 16, 4a. Livre des Actes des Apôtres 16, 11-15. Psaume 149.

 

 

Tout au long de cette semaine, le lectionnaire férial nous propose de relire une partie du long discours de Jésus à ses disciples durant la dernière Cène ; nous sommes toujours dans l’évangile de saint Jean. 

Parmi toutes les annonces de Jésus, et cela à quelques heures de sa Passion, nous entendons celle de la promesse de l’Esprit Saint ; Esprit Saint qui accompagnera les disciples dans les oppositions et contradictions qu’ils auront à endurer, dans l’annonce du Kérygme : Jésus Mort et Ressuscité ! Et ces altercations et oppositions seront nombreuses !

Toutefois, loin de désespérer, ils ne cesseront pas d’annoncer : le Messie, Fils unique de Dieu et Dieu lui-même, vrai homme et vrai Dieu, mort et ressuscité. C’est le contenu essentiel de notre foi ! C’est cela que les disciples ont la mission d’annoncer dans les villes païennes : annonce audacieuse et difficile sans une action divine !

Aujourd’hui, Jésus promet donc à ses disciples qu’Il leur enverra l’Esprit qui vient du Père et du Fils. Cet Esprit, qu’Il appelle « parakletos », ce qui peut se traduire en latin aussi bien par « consolator » que « auxiliator », est avant tout l’« Esprit de Vérité ». `

Il est très important de faire attention à ce nom de l’Esprit de Dieu, car, avec la Passion du Christ, nous atteignons le point culminant de la lutte entre l’Esprit de Vérité et « l’esprit de mensonge » (avec une petit « e »). Avec la mort de Jésus, l’esprit de mensonge semble être vainqueur (Jésus va réellement mourir) ; mais il sera totalement vaincu par la Résurrection de Jésus. Jésus a vaincu la mort !

Cette lutte continue et elle durera jusqu’à la fin du monde, car il est important de comprendre que l’esprit du mensonge, l’esprit du Mal, qui a été vaincu par le Christ, soit aussi vaincu en chacune de nos vies et en chacun de nos cœurs. Chacun de nous a à vivre, d’une façon particulière, ce choix de Dieu, de renoncer au Mal et de suivre le Christ.

            Si on ne peut comprendre le mystère de Dieu, c’est qu’Il est une Lumière trop forte pour nos yeux mortels. Mais si l’on ne peut comprendre le mystère du mal, c’est simplement parce qu’il est l’absence totale de lumière, une ténèbre absolue.

            Avec notre imagination humaine, nous pouvons imaginer toutes sortes de choses sur le « Prince du Mal » ; mais la seule vérité révélée à son sujet est que le Christ l’a vaincu, et qu’il est donc inutile de le craindre, si nous nous appuyons sur le Christ qui nous rend déterminés et forts.

            En ce temps de préparation à l’Ascension de Jésus vers son Père, et à quelques jours de la fête de Pentecôte,demandons à être renouvelés dans la force de l’Esprit Saint ! Ouvrons nos cœurs à la lumière de l’Esprit Saint ; ou plutôt demandons à Dieu d’ouvrir Lui-même nos cœurs, comme à Lydia de la ville de Philippes, dont nous parlait la première lecture des Actes des Apôtres. 

N'oublions pas qu’en nous, comme dans le cœur de ceux qui sont en recherche, l’Esprit Saint est déjà en action, car, avant même d’avoir entendu la prédication de Paul, Lydia vénérait déjà Dieu ; aussi ouvrit-elle simplement son cœur aux paroles de Paul.

Frères et sœurs, à nous aussi, l’Esprit Saint  a été donné au jour de notre baptême, renouvelé lors de notre confirmation. 

Demandons de tout notre cœur d’écouter ce que l’Esprit de Dieu veut nous dire déjà pour aujourd’hui !                                   

                                                                                                     Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 22 mai 2022, 6e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 23-29.

Livre des Actes des Apôtres 15, 1-2. 22-29. 

Psaume 66. Apocalypse de saint Jean 21, 10-14.22-23

 

Chers amis, permettez-moi de m’attarder un peu sur la première lecture dont saint Luc est aussi l’auteur. En effet, la première lecture d’aujourd’hui, dans le livre des Actes des Apôtres, nous présente un texte qui peut paraître anodin. Il s’agit du récit des premières décisions prises par l’Église naissante à Jérusalem, à la suite d’un conflit parmi tant d’autres. On le présente souvent comme étant le 1er Concile de Jérusalem.

De quoi s’agit-il ? Comme vous le savez, les Apôtres vont parcourir le bassin méditerranéen et annoncer Jésus sous l’action de l’Esprit Saint. De nombreux païens vont être profondément touchés par le Seigneur et ils vont se convertir au Christ. Voici la question, elle est simple : doit-on, oui ou non, imposer la loi juive aux païens devenus chrétiens ?

Nous pourrions dire entre nous, chrétiens du vingt et unième siècle : quelle incidence pour nous ? Le problème évoqué est apparemment juridique (la circoncision), dans un contexte bien précis, dans la ville d’Antioche en Syrie, il y a deux mille ans ; en quoi serions-nous concernés ?

        En réalité, cette question est intéressante. Certes, c’est une décision juridique et aussi pastorale, mais elle est d’abord la décision de l’ouverture. L’Église naissante accueille des personnes d’origines diverses, sans leur imposer les obligations de la loi juive ! Pourtant cette loi juive s’impose toujours aux membres de l’Église eux-mêmes, c’est-à-dire aux juifs devenus chrétiens. En même temps, des non-juifs veulent suivre le Christ Jésus et frappent à la porte de l’Église naissante.

Bien que bouleversée et surprise, la jeune communauté des disciples de Jésus décide donc de s’ouvrir à toute personne, quelles que soient son origine, ses traditions, ses croyances anciennes, du moment qu’elle souhaite entrer dans cette communauté pour suivre le Christ ressuscité. Une seule vérification : avoir fait la rencontre de Jésus, recevoir le baptême et l’effusion de l’Esprit Saint.

Les seuls préceptes imposés à ces nouveaux chrétiens consistent alors à :

  • « s’abstenir de manger des aliments offerts aux idoles et de viande non saignée. » (C’est-à-dire que c’est le refus de l’idolâtrie, des sacrifices et des offrandes faites aux nombreuses divinités païennes : dieux grecs, romains, égyptiens, babyloniens, mésopotamiens et bien d’autres encore… )
  • « s’abstenir… » des unions illégitimes et de débauches ; c’est donc la reconnaissance de la valeur irremplaçable du couple humain, homme-femme dans la fidélité, de l’importance de la famille, lieu de la transmission de l’amour et de la foi. 

Ces préceptes sont ce qu’on pourrait appeler les « fondamentaux », puisqu’ils sont en fait les termes de la première alliance, très ancienne, conclue avec Noé. Le but visé est très précis : il s’agit de rendre possible la communion dans les premières communautés chrétiennes formées de juifs et de païens convertis au christianisme. Ce pourrait être dit autrement : aux Juifs, il est demandé de s’universaliser, et aux païens de recevoir la particularité juive comme étant le Peuple à qui Dieu a parlé en premier.

        Décision donc d’ouverture et de communion ! Cela n’a pas été simple à mettre en œuvre et a suscité de nombreux débats. L’accent est mis sur la nécessité de vivre l’Alliance, et non sur la pratique de rites et de ses nombreux interdits et obligations qui s’étaient accumulés au fil des siècles dans la loi juive.

On pourrait donc penser que le texte que nous venons d’entendre pourrait être l’acte d’émancipation du christianismepar rapport au judaïsme dont il est pourtant issu. En réalité, il serait dommageable de comprendre le Christianisme sans le Judaïsme. Notre société française est bien judéo-chrétienne ! Par exemple, il est impossible de comprendre l’Eucharistie sans ses racines juives ! Ou encore, impossible de comprendre le sens de l’union des époux sans lire certains livres du Premier Testament, par exemple celui du prophète Osée… ! À l’époque de Jésus, la polygamie était chose courante.

Pour souligner cette nouveauté, c’est dans cette ville d’Antioche de Syrie, actuellement en Turquie, que le nom de chrétiens va être donné pour la première fois aux membres de cette communauté des disciples de Jésus. Chrétiens signifie ‘être du Christ’, ‘ceux qui appartiennent au Christ ‘, ‘ceux qui voient en Jésus le Christ, le Messie’. Ce ne sont pas des disciples d’un quelconque meneur d’hommes, d’un gourou ou d’un prophète, mais bien des disciples de ce Messie annoncé par l’Écriture et attendu par tout le peuple juif.

        On le comprend, cette audacieuse décision est loin d’être anodine. On accepte mieux alors cette demande lorsqu’elle est annoncée par cette phrase : « l’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé... ». Ce pourrait paraître bien présomptueux, mais la foi nous fait dire que, en effet, cette décision d’ouverture aux païens est capitale et qu’elle n’a pu se faire qu’avec l’éclairage de l’Esprit Saint.

        Comme dans cet épisode du livre des Actes des Apôtres, l’Église reconnaît chacun dans sa différence, dans sa singularité. Elle propose un chemin d’avenir, un chemin nouveau, sans obliger quiconque à oublier son passé, sans obliger les personnes à de faux semblants, mais au contraire en assumant la vérité de son histoire, de son état de vie, de son cheminement, la vérité dans toutes ses pauvretés et dans toutes ses richesses. Oui, nous sommes tous différents, mais complémentaires et Dieu nous aime tels que nous sommes !

L’essentiel de ce qui nous rassemble ce soir est rappelé par Jésus dans la lecture de cet évangile de saint Jean : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. »

L’expression est toute simple et c’est ce qui nous unit aujourd’hui ! « Si quelqu’un m’aime. » Voilà la condition première ! Voilà ce qu’ont vécu les premiers disciples ! Si nous sommes réunis dans cette église, c’est que nous aimons le Christ et que nous désirons Le suivre !

 

C’est ce même Esprit Saint qui nous met en présence de Dieu. C’est ce même Esprit Saint qui nous enseigne et nous fait comprendre les paroles du Christ. 

Chers frères et sœurs, c’est ce même Esprit Saint de Dieu qui nous rassemble aujourd’hui, dans toutes nos différences, à quelques jours de la fête de l’Ascension.

Jeudi, nous allons vivre cette belle fête de l’Ascension de Jésus vers son Père et Il nous demande de nous réjouir, car Il retourne vers son Père.

Demandons déjà avec audace, d’être renouvelés dans l’Esprit Saint et de mettre en pratique les Paroles du Christ ! 

Continuons notre route, ensemble à la suite du Christ !

                                                                                                          Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 18 mai 2022, 5e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 15, 1-8. Livre des Actes des Apôtres 15, 1-6. Psaume 121.

 

Chers amis, pourquoi portons-nous au fond de nous-mêmes des peurs, des angoisses, des attentes et, en même temps, de grands désirs, des souhaits et des projets ? 

« Que voulons-nous ? Pourquoi, à certains moments, la peur et le manque me taraudent-ils ? Pourquoi ai-je en moi ce désir viscéral d’être aimé et d’aimer véritablement en retour ? Pourquoi espérons-nous une vie féconde qui porte du fruit, dans l’aide et l’amour, déjà dans la simplicité des relations ordinaires ? Une vie qui aurait du sens ? … Dans la fidélité à mon baptême, quels sont les fruits que j’aimerais partager ?... » 

Voici de nombreuses questions que se posent beaucoup de nos contemporains, avec plus ou moins de courage !

La réponse nous est donnée dans l’évangile de saint Jean que nous entendons ce matin, dans cette méditation du chapitre 15 : 

·      « Demeurez attachés à Jésus-Christ. » 

·      Restez greffés sur Lui comme le sarment sur la vigne ! 

C’est une réponse simple et intense. « Restez greffés ! » c’est l’image que Jésus nous donne pour que nous parvenions à comprendre l’urgence de notre vie.

Littéralement, ne nous coupons pas de la sève ! Ne nous éloignons pas (et sous aucun prétexte) de la source même de l'amour ! Demeurons dans cet amour qui nous a été révélé. 

Pour cela : « Demeurez… » Ce verbe impératif revient sans cesse sous la plume de saint Jean. C’est une insistance qui peut nous surprendre... et agacer peut-être même certains d'entre nous ! Pourtant, c’est là l’essentiel !

L'enfance et plus encore l'adolescence sont des périodes où l'on privilégie davantage le moment présent, l’immédiateté. C’est l’instant présent qui importe ! Quelque part, on se moque de l'avenir et, pour certains même, il ne fait plus rêver. À ces âges-là, nous n’y pensons pas !  

De ce point de vue, nous risquons tous, plus ou moins, d’être ou de rester de grands adolescents ! Or voilà que cette page d'évangile nous prend un peu à contre-pied ! À l’opposé d’une attitude d’un certain zapping ou d’une bougeotte, bien souvent en lien avec le mode de vie notre société, nous sommes invités à établir une stabilité en Jésus !

Le texte que nous venons d’entendre nous prend à contre-pied. C'est comme si saint Jean nous disait : « Ne faites pas seulement qu'entrevoir l'amour de Dieu et de courir après... L'important, c'est d'y demeurer ! » Ou encore : « Ne lisez pas à la va-vite ou en diagonale les évangiles... L'important, c’est d’être là et d'y demeurer ! » 

On ne devient pas complètement chrétien du jour au lendemain ! On ne se convertit pas forcément en un jour ! C'est bien souvent l'affaire de toute une vie. C’est à la fois avancer (être en mouvement), un attachement, dans une stabilité qui demeure. 

 En terre iséroise, nous aimons bien cette devise des Chartreux « Stat crux dum volvitur orbis », c’est-à-dire : « La Croix demeure tandis que le monde tourne. »

C’est ce que nous sommes invités à vivre humblement dans notre quotidien souvent trépidant, mais comment vivre ces deux attitudes à la fois ? Comme notre vie est d’abord mouvement, la stabilité en Christ ne peut pas être qu’une option !

Frères et sœurs, il nous faut nous nourrir de cette parole fondatrice ! Alors, ne l'avalons pas trop vite. Lisons-la, relisons-la, ruminons-la, méditons-la, laissons-là prendre racine en nous ! Demeurons dans le Christ tout en restant attentifs à ceux qui sont autour de nous, même si cela va nous mettre dans une tension paradoxale. 

Gardons notre cœur greffé sur le Christ, en étant conscient que notre ‘dépendance’ - tel le sarment sur la vigne - ne trouve pas forcément un écho favorable dans ce monde qui se revendique ‘indépendant’ !

Il faut du temps pour que la Parole du Christ imprègne notre vie. L'important, c'est de demeurer avec Lui, en Lui et Lui avec moi. 

Le reste nous sera donné par surcroît !

                                                                                                               Ainsi soit-il !

                                                                                       

 

 

Homélie du lundi 16 mai 2022, 5e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 14, 21-26. Livre des Actes des Apôtres 14, 5-18. Psaume 113b.

 

Chers amis, nous sommes à la 5e semaine du temps pascal et, petit à petit, la liturgie nous oriente vers les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte. Avec ce passage de l'Évangile, nous sommes à la Cène, au soir du Jeudi Saint, quelques minutes avant le départ au Jardin de Gethsémani. (cf. Jn 14, 21-26). Jésus finit un long discours par ces versets : « Je vous ai dit ces choses, alors que je demeurais avec vous. Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (versets 25-26). 

C'est la promesse de l'Esprit Saint qui nous est donnée ! 

Esprit Saint qui habite avec nous, qui est Dieu lui-même dans la Trinité et que le Père et le Fils envoient. « Le Père enverra en mon nom », dit Jésus, pour nous accompagner sur notre chemin, sur notre route sur cette terre, et ils l'appellent Paraclet

Soutenir et accompagner : c'est la tâche de l'Esprit Saint.

En grec, le Paraclet est celui qui nous soutient, qui nous accompagne pour ne pas tomber, qui nous conserve fermes dans la foi, qui est proche de nous pour nous guider. 

Le Seigneur nous a promis ce soutien.

Que fait donc l'Esprit Saint en nous ? Le Seigneur le dit : « Il vous enseignera tout et vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (v. 26). 

Enseigner et rappeler : c'est aussi la tâche de l'Esprit Saint.

Il nous enseigne : il nous enseigne le mystère de la foi, il nous enseigne à entrer dans ce mystère, à le comprendre plus intiment chaque jour. Il nous enseigne comment développer notre foi sans nous tromper, comment grandir dans la compréhension des paroles de vie de Jésus.

Il nous rappelle les enseignements de Jésus, ses consignes, ses paraboles… L'Esprit Saint nous guide dans cette mémoire ; il nous guide pour discerner, dans le présent de notre vie : quel est le juste chemin et éviter de nous égarer ! Si nous demandons la lumière de l'Esprit Saint, Il nous aidera, tout en laissant libre, à discerner pour prendre les vraies décisions, les petites de chaque jour comme les plus importantes. 

Mais avons-nous l’habitude de lui demander son aide ?

C'est l'Esprit qui dans cet enseignement et dans ce souvenir nous permet de discerner les décisions que nous devons prendre librement et en vérité !

Frères et sœurs, aujourd’hui, peut-être pouvons-nous demander l’aide précieuse de l’Esprit Saint, demander que le Seigneur nous aide à nous ouvrir à ce don de l’Esprit Saint donné au jour de notre Baptême et renouvelé au jour de notre confirmation.    

Il est le Paraclet ! Il est notre défenseur !                                                                                 

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 15 mai 2022, 5e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 13, 31-33a.34-35. Apocalypse de saint Jean 21, 1-5a. Psaume 144.

Livre des Actes des Apôtres 14, 21b-27. 

 

J’ai souvent entendu de la part d’amis, de paroissiens, de frères et sœurs en Christ, ces deux exclamations :

  • J’aime Jésus et je veux le suivre quoi qu’il arrive !
  • Qu’il est difficile d’être véritablement chrétien ! 

Ces deux phrases ont résonné en moi tout au long de cette semaine ; de fait ces deux affirmations ne s’opposent pas ! Aujourd’hui comme hier, être disciple de Jésus est difficile ; certes je le veux, je l’accepte, je le désire, mais ça ne va pas de soi. 

Pourquoi ? Certains vont me dire que c’est parce que Jésus met la barre très haut : 

« Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres. »

Devant une telle affirmation :

  • Qui parmi nous peut dire qu’il aime ses frères comme Jésus nous a aimés ? 
  • Qui peut prétendre être capable d’aimer au point de paraître un disciple de Jésus aux yeux de tous les hommes ? 

Aimer comme Jésus nous a aimés, c’est-à-dire comme Dieu nous aime, c’est aimer jusqu’à donner sa vie. Quelle exigence ! 

Si vous en avez la possibilité, relisez la vie de saint Charles de Foucauld et vous verrez que, à sa façon, modestement, il a été vraiment ce témoin de l’amour, témoin d’amour.

Et pourtant, d’un autre côté, « aimer » n’est-ce un désir tellement naturel qu’il ne devrait pas nécessiter un grand effort ? Nous aimons être aimés et nous désirons aimer en retour ! Cela fait partie de notre ADN ; c’est ce qui nous a été donné par Dieu Lui-même, cette capacité viscérale d’aimer au plus profond de nous-mêmes. 

Nous pouvons noter, combien nous sommes tristes et malheureux quand quelqu’un nous dit ne pas nous aimer.

« Aimer » est donc un désir naturel. Aimer ses proches, aimer son conjoint, ses enfants, sa famille… quoi de plus banal ! Quoique… nous avons tous, dans nos familles, dans nos relations amicales ou professionnelles, des exemples de situations difficiles, douloureuses parfois, parce qu’il y a de l’animosité, une colère, parce qu’il y a, en fait, un manque l’amour !

Non, en réalité, l’amour n’est pas si évident ! Même chez les fiancés qui se préparent au mariage, s’aimer n’est pas gagné d’avance. C’est pourquoi, dans le parcours de préparation au mariage qui leur est proposé dans notre paroisse, il est prévu des temps d’échanges autour de notre façon d’aimer (non pas de mettre la main sur l’autre, mais de se donner réellement à l’autre). Bref, des temps d’éducation au vrai amour s’imposent. 

Nous le savons bien, l’amour peut être blessé. S’il ne se réduit qu’à un sentiment, l’amour devient très fragile en allant même jusqu’à « démolir » l’espérance qui est nous ! L’amour est une décision dans la constance !

Pas plus tard que la semaine dernière, une femme me confiait ses difficultés, à la suite de son divorce. Ses deux enfants, nés pourtant de l’amour de leurs parents, deviennent à présent pour eux des sujets de discorde, de déchirements, voire de violence et de haine. « Quelles souffrances ! » me disait-elle… Comment un amour vrai peut-il se transformer en haine ? Et des cas comme celui-là, nous en connaissons tous plus ou moins, hélas ! 

Comment l’amour que l’on croit toujours indestructible, au début, peut-il devenir à ce point destructeur ? C’est aussi l’occasion pour nous de prier pour toutes les personnes qui vivent des périodes difficiles dans leur couple, ou un divorce.

En même temps, si je continue sur le registre de la famille, l’amour est toujours possible ! Je suis témoin, le témoin heureux, de confidences de couples dont l’amour après 50, 60, 70 ans de mariage reste toujours bien présent, malgré les vicissitudes de la vie. 

Nous constatons qu’il existe des amours durables et toujours présents ! Et pourtant, ils reconnaissent avoir eu, comme nous tous, des difficultés et des soucis, mais qu’ils ont pu dépasser et surmonter ensemble dans le dialogue, main dans la main.

Là aussi, aimer c’est décider d’aimer, quoiqu’il arrive !

Dans la première lecture, nous avons entendu Paul et Barnabé affermir le courage des disciples, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Là aussi, le message de Jésus est exigeant. Le chrétien n’est pas exempté d’épreuves ou de difficultés ! On ne peut pas se contenter de belles paroles ! Pour les premiers chrétiens, les épreuves dont parlent Paul et Barnabé ne sont pas des petites difficultés passagères : c’est la violence de l’animosité, des persécutions déjà présentes et à venir !

Il en faut du courage pour aimer jusqu’à risquer sa vie par amour de Jésus ! C’est pourtant bien ce que signifie la parole de Jésus : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Dans cet évangile que nous venons d’entendre, Jésus donne à ses amis ce commandement à quelques heures de son arrestation, de sa passion, de sa mort sur la croix. 

Judas vient de quitter la table pour aller tristement, Le trahir ! Comme un testament ou une confidence que l’on peut faire à ses intimes quand l’heure de mourir est proche, c’est une phrase importante qu’il nous faut écouter et intérioriser.

Testament spirituel ? En réalité, il s’agit plus d’une mission que d’un commandement. Jésus donne sa vie jusqu’au bout, et nous demande, autant que possible, de faire de même en mémoire de Lui. 

Mission qui devient témoignage, puisque l’amour dont nous ferons preuve montrera à tous les hommes que nous sommes ses disciples. 

Comment témoigner du Christ ? En aimant simplement ! En aimant, sans doute, d’une façon déraisonnable, bien loin des critères de notre société.

Nous qui sommes appelés chrétiens, disciples du Christ, baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, nous sommes donc des témoins et des missionnaires. Rien de moins ! 

Pas seulement « amis de Jésus », ce qui n’est pas trop difficile, mais véritablement envoyés par Lui en mission dans notre quotidien ! 

C’est-à-dire, en mission auprès de tous ceux qui nous entourent, plus ou moins proches, en mission auprès de ceux que nous n’avons pas forcément choisis ! Avec ceux qui nous ressemblent et avec ceux qui sont très différents de nous ; avec ceux qui semblent plus riches et ceux qui semblent plus pauvres que nous ; malades ou en bonne santé ; ceux qui nous sont sympathiques et ceux avec lesquels le contact est plus distant ou difficile.

Pas seulement « amis de Jésus », mais « amis de tous » par conséquent !

J’entends bien la question que nous pouvons nous poser : alors, comment « faire » ou plutôt comment « être » ?Comment « être » à la hauteur d’une telle mission ?

Déjà, une première condition : ne baissons pas les bras devant l’ampleur des choses à changer d’abord en nous-mêmes, avant de vouloir changer le monde ! 

Par exemple : nous prions, avec raison pour la paix dans le monde ! Mais, n’avons-nous pas d’abord à prier pour ce que nous vivons, pour la paix dans les relations professionnelles et amicales qui tissent notre quotidien, dans nos familles, en nous-mêmes ! Il peut paraître bien facile de prier pour ce qui est loin de nous !

Jésus ne se contente pas de nous envoyer « comme des agneaux au milieu des loups » : Il nous accompagne Lui-même et Il nous apprend à aimer comme Il aime ! 

Il nous a donné l’Esprit Saint au jour de notre baptême, Esprit de Force et de Vérité ; Il se donne à nous en nourriture à chaque Eucharistie, dans sa parole, pour que nous puissions, en l’accueillant dans notre corps, « être » d’autres christs ! 

Jésus est toujours avec nous, et ça change tout ! C’est Lui qui nous montre et nous apprend !

Alors, oui, frères et sœurs, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous,

Nous avons à choisir d’aimer et à décider de suivre Jésus, malgré les difficultés, 

même si mon amour peut ne pas être reçu !

Ne désespérons jamais et, en ce jour si particulier de la canonisation de saint Charles de Foucauld. Apprenons de lui la confiance, comme nous pouvons l’entendre dans sa prière : 

Mon Père, mon Père, en toi je me confie,
En tes mains, je mets mon esprit.
Je te le donne, le cœur plein d’amour.
Je n’ai qu’un désir : t’appartenir.

Demandons l’intercession de ce nouveau saint !

                      Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 11 mai 2022, 4e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 12, 44-50. Livre des Actes des Apôtres 12, 24 à 13,5. Psaume 66.

 

     « Moi, la lumière, je suis venu dans le monde ». 

Moi, la lumière...Voilà l’extraordinaire révélation sur le mystère intime de Jésus et sur la mission qu'il a reçue du Père !

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, il est question de ténèbres et de lumière. "Je suis venu dans le monde afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres" (v.46). Le Christ vient révéler, apporter la lumière ! 

Dans notre monde, nous pouvons constater qu’il y a, en quelque sorte, une succession de ténèbres et de lumière, de l’obscurité au jour. Cela commence dès le début du monde puisque nous pouvons lire dans le Livre de la Genèse : il y eut un SOIR, il y eut un MATIN ! 

Déjà, en remontant à la théorie du Bing Bang, alors que tout était « obscurité », une lumière incroyable, une énergie éblouissante a traversé l’univers en création.

Ainsi, selon, Jésus, les ténèbres précèdent la foi : elles sont pour nous le pays d'avant la foi. C’est important de le comprendre.

Savez-vous que :

  • Toutes nos liturgies nous donnent de passer de l’obscurité à la Lumière !
  • La Vigile Pascale en est le type même : elle est la mère de toutes les Veillées. Nous passons des ténèbres de la nuit à la lumière de la Résurrection du Christ, de la mort à la vie !
  • Le Baptême est aussi ce passage de la mort à la vie ! Rappelez-vous les baptêmes des catéchumènes lors de la Vigile Pascale ! Ils ont été plongés littéralement dans l’eau pour être relevés dans la lumière. Le cierge que le nouveau baptisé a reçu pour éclairer sa vie, brille de la lumière du Christ.
  • Même dans l’imagerie populaire, cette distinction existe. Ne dit-on pas : « Broyer du noir ! » ou : « être dans le brouillard » ? À l’inverse ne dit-on pas : « Avoir une idée lumineuse !», avec une ampoule qui s’éclaire au-dessus de la tête !

Frères et sœurs, nous ne sommes pas créés pour vivre dans l’obscurité ou la grisaille !

Si à certains moments de notre existence, il nous arrive de revenir aux ténèbres (volontairement ou non), à la tristesse, ou à une perte du sens de notre vie ! Nous devons avoir un seul réflexe, un réflexe immédiat : dans un acte de foi, venir, revenir à “Jésus-lumière“ entendre ses paroles et les garder. Ou encore, prendre un temps d’adoration du Saint Sacrement où l’ostensoir représente souvent un soleil avec Jésus au centre, rayonnant ! 

Nous sommes donc invités à être des tournesols, celle belle plante qui tourne, tout au long de la journée, pour suivre et accueillir la lumière du soleil ; c’est l’héliotropisme du tournesol. Soyons donc de « beaux tournesols » tournés sans cesse vers la lumière du Christ !

Frères et sœurs, puissions-nous demander, pour chacun de nous, d’être à l’écoute de la Parole de Dieu tout au long de ce jour ! 

Puissions-nous la garder, en être nourris, illuminés et être « lumière » à notre tour pour le monde !

                                                                                                                  Ainsi soit-il !

 

   

 

 

Homélie du lundi 9 mai 2022, 4e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 10, 1-10. Livre des Actes des Apôtres 11, 1-8. Psaume 41-42.

 

Hier, quatrième dimanche de Pâques, nous avons entendu que Jésus, Berger, est le Bon Pasteur, celui :

  •  qui connaît ses brebis,
  •  qui leur donne la vie éternelle
  •  que personne ne pourra les arracher de sa main !
  •  que son Père et Lui sont « un » ! 

Jésus continue à expliquer cette réalité que ces expressions décrivent ! Dans l’évangile d’aujourd’hui, Il nous précise : une « mise en garde » et une « ouverture ».

Jésus nous met en garde contre de faux bergers, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui. Qui sont-ils ? 

Ce ne sont pas les prophètes de Dieu, mais des marchands de bonheur et de rêve, des voleurs et des bandits qui, en Israël comme dans le monde païen, prétendent apporter la recette du salut par des moyens bien éphémères sans passer par le Christ !

Une ouverture ! Pour préciser sa mission véritable, Jésus nous invite à faire un pas de plus ! Non seulement Il est notre Pasteur et guide, mais Il est la seule personne qui peut nous conduire à une abondance de vie, à la Vie éternelle ! Pour cela, Il va prendre l’image d’une porte.

Notre Seigneur est aussi une porte qui s’ouvre ! « Une porte pour les brebis » ! Il est donc une porte !

C’est sur cette notion de porte que je souhaite m’arrêter quelques instants avec vous !

Nous franchissons chaque jour des portes ! Nous en connaissons bien le principe ; il y a des portes qui ouvrent et d’autres qui ferment !

Le Seigneur est donc « porte » pour les brebis que nous sommes. Il est cette porte que chacun de nous peut franchir pour "entrer et sortir" :

Entrer et sortir ! C'est le mouvement, la liberté que l'on trouve dans le Christ : en entendant ces mots, chacun de nous est interpellé. Déjà le psalmiste déclarait, à propos de l'entrée dans le Temple : « C'est ici la porte du salut, les justes y entreront ! » (Ps 119,20). 

Jésus redira, dans le même esprit, au cours de son repas d'adieux du Jeudi Saint : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ; nul ne va au Père sans passer par moi ! » (Jn 14, 6)

Le Christ Pasteur est pour nous Celui qui accueille et celui qui envoie, Celui qui rassemble et Celui qui relance. Il est devant moi chaque jour comme une porte toujours grande ouverte, jamais fermée. Il est Celui :

  • qui m'invite à entrer dans l’église pour vivre l’Eucharistie, comme vous l’avez fait ce matin,
  • qui m'appelle à sortir pour l'aventure de la foi et de l'espérance, à oser la rencontre dans la joie du témoignage.

N’est-ce pas, chers frères et sœurs, cette invitation et ce mouvement que nous sommes déjà invités à vivre pour aujourd’hui ?

Puissions-nous rendre grâce pour Celui qui nous guide, qui nous montre le chemin, éloigne les voleurs, nous met en garde contre les faux prophètes et nous conduit à la Vie éternelle !

                                                                                                       Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 8 mai 2022, 4e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint André, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 10, 27-30. Apocalypse de saint Jean 7,9.14b-17. Psaume 99.

Livre des Actes des Apôtres 13,14.43-52. Journée de prière pour les vocations.

 

« Je suis le Bon Pasteur, le vrai Berger ! » dit Jésus.

C’est ce message de Jésus que nous recevons chaque année, plus précisément le quatrième dimanche de Pâques. Si pour nous, chrétiens, cette image du « Pasteur » ou du « Berger » a un sens profond, pour beaucoup de nos contemporains, elle peut apparaître ambiguë et étrange. 

Ces mots : « pasteur » « berger », « brebis », « agneau » « troupeau » semblent faire référence à une autre culture, à une autre civilisation que la nôtre. Et puis, dans la plupart des cas, pourquoi un berger accepterait-il de prendre en charge un troupeau de brebis ? 

Nous pourrions répondre que c’est tout simplement pour pouvoir en vivre en vendant du lait, de la laine et de la viande, en faisant du fromage. Être comparé à une brebis ou à un mouton n’est pas forcément très flatteur pour chacun de nous.

Attention, lorsque Jésus se dit « pasteur », « berger » et nous désigne comme étant ses « brebis » ce n’est pas du tout dans ce sens-là. Vous le savez bien, Jésus parle souvent en parabole, Il aime prendre des images de la vie quotidienne.

Ces images nous aident parce que nous avons besoin que quelqu’un nous montre comment discerner et progresser dans notre chemin de vie. Quels que soient nos chemins, nous savons aussi que des loups seront présents avec un appétit féroce ! Qui peut nous en protéger sinon le Pasteur Lui-même ?

Il nous faut toujours chercher dans quel contexte Jésus s’exprime et quel est l’essentiel de son message. Lorsqu’on lit la Bible, on constate que ce titre, dans le sens de « Pasteur », est souvent attribué à Dieu lui-même. 

Rappelons-nous ces paroles du psaume 99 dont nous venons de chanter quelques strophes : 

« Reconnaissez que le Seigneur est Dieu : il nous a fait, et nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau » ou encore les paroles du psaume 22 que nous connaissons bien : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. » Attention, ce n’est pas une image simplement pastorale et bucolique ! Le métier de berger est rude ! Le berger est un guide, attentif aux soins et à la santé du troupeau, mais aussi anticiper les différents dangers : voleurs, loups, prédateurs… trouver les bons pâturages…

Le plus souvent, la Bible nous dit aussi que le Seigneur confie ses brebis à des serviteurs. Il choisit des pasteurs pour guider son peuple. En lisant la Bible, nous pouvons en découvrir quelques-uns : le Prophète Jérémie, le Roi David… ou l’apôtre Pierre que Jésus enverra en mission…

Malheureusement, il arrive que certains d’entre eux ne remplissent pas très bien leur mission et tout le peuple en souffre. On comprend que les juifs contemporains de Jésus attendaient avec impatience le Pasteur suprême, le Christ, le Messie annoncé par le prophète Isaïe. 

Mais les chefs du peuple, les scribes et les pharisiens ne reconnaissent pas en Jésus ce Messie annoncé et lorsqu’Il leur dit être : « le Bon Pasteur, le Vrai Berger », cela les irrite et les scandalise. 

Dans les trois versets qui précèdent l’évangile que nous venons d’entendre, on lui demande de parler franchement : « Jusqu’à quand vas-tu nous faire languir ? Si tu es le Christ, dis-le-nous clairement. » Jésus leur répond : « Je vous l’ai déjà dit, mais vous ne croyez pas. Vous ne croyez pas les œuvres que je fais au nom de mon Père qui me rendent témoignage ; mais vous ne croyez pas parce que vous n’êtes pas de mes brebis. » Et, Il poursuit  dans l’évangile de ce jour : « Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. » 

En entendant ces mots, pour ses auditeurs, il apparait clairement que Jésus se dit l’égal de Dieu, se dit Dieu lui-même, et cela, ils ne le supportent pas. Saint Jean ajoute même : « Les Juifs allèrent chercher des pierres pour lapider Jésus. » Ils cherchèrent à l’arrêter, mais Il leur échappa. C’est pour cette raison que, quelques mois plus tard, Jésus sera condamné et mis à mort !

Ce passage d’Évangile date de près de 2000 ans et pourtant, il est toujours d’actualité. « Mes brebis, parce qu’elles croient en moi, écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. ». 

Cela signifie que ceux qui ne veulent pas croire en Jésus ne sont pas obligés de Le suivre. Ils peuvent choisir de ne pas faire partie de ses brebis. Dieu nous laisse totalement libres ! Il nous donne de choisir : suivre le Christ ou non !

Dieu veut tellement que nous soyons libres qu’Il nous donne même la possibilité de Le rejeter ! Ce fut le cas de beaucoup de juifs contemporains de Jésus, comme nous l’avons entendu dans la première lecture des Actes des Apôtres.

Paul et Barnabé vont rencontrer la même opposition lorsqu’ils annonceront la Parole de Dieu aux juifs résidant à Antioche (c’est la Turquie actuelle). Injuriés par des Juifs « remplis de fureur », ils garderont toute leur assurance et déclareront tranquillement : « Vous rejetez la parole de Dieu, vous ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle ? Eh bien, nous allons nous tourner vers les païens. » Chers frères et sœurs, les païens avant notre baptême, c’est nous !

Si nous sommes rassemblés dans cette collégiale Saint-André aujourd’hui, c’est bien parce que, grâce à ceux qui nous ont précédés dans la Foi, nous croyons au Christ mort et ressuscité. 

Nous croyons que Jésus nous guide vers la Vie éternelle. 

Oui, nous croyons que Jésus nous connaît tous et nous invite à écouter sa voix et à Le suivre, c’est une certitude ! 

Cela nous conduit à une certitude et à une question :

  • Oui, Jésus nous connaît tous et Il veut pour chacun de nous la Vie éternelle.
  • Mais nous-mêmes, écoutons-nous sa Parole et Le connaissons-nous vraiment ? 

Nous avons toujours besoin de « pasteurs » dans notre monde où, bien souvent, nous ne savons où aller, comment avancer et « où » ! Nous avons besoin d’être aidés pour trouver la bonne direction. 

Je termine en vous rappelant que ce dimanche est aussi la journée mondiale des vocations. La vocation est un appel que Dieu adresse à chacun des membres de son peuple. Il appelle bien sûr des prêtres (et il y a une réelle audace à répondre à cet appel), mais aussi des diacres, des religieux, des religieuses, des couples dans le sacrement de mariage… quels que soient notre âge et parfois même notre état de santé. Il nous appelle tous, chacun selon nos moyens, à être des chrétiens vivants, annonçant et témoignant de l'Évangile. 

Bref, notre vocation est un appel à la sainteté dans tous nos états de vie !

Le Seigneur continue d'appeler pour la mission. Personne ne peut répondre à la place des autres. 

Il compte sur chacun de nous. Le Christ est notre Bon Pasteur !

Puissions-nous, frères et sœurs, écouter sa voix ! Suivons-le et aidons les jeunes et les moins jeunes à marcher à sa suite « vers les eaux de la source de vie », c’est-à-dire vers la Vie éternelle, comme nous y invite saint Jean dans le livre de l’Apocalypse !

Demandons de tout notre cœur à échapper aux pièges des loups de ce monde et à suivre le bon chemin à la suite du Bon Pasteur ! 

Voilà ce que nous entendons en ce quatrième dimanche du temps Pascal !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 4 mai 2022, 3e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 6, 35-40. Psaume 65. Livre des Actes des Apôtres 8, 1b-8.

 

Un résumé rapide ! 

Nous sommes ici au lendemain d'une des multiplications des pains. Jésus est passé ensuite de l'autre côté de la mer de Tibériade, appelée aussi mer de Galilée. La foule qu'il vient de nourrir est partie à sa recherche. Il est bien certain que, pour ces personnes, manger à leurs faims n'est peut-être pas évident tous les jours et combien il est impératif, pour eux, de garder un tel homme providentiel ! 

C'est bien ce que l’Évangile nous rapporte au verset 26, quand Jésus dit: « Vous me suivez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. »

Ainsi, nous voyons que c'était bien la nourriture terrestre qui comptait principalement pour eux en premier ! Cet impératif est-il si différent aujourd'hui, pour chacun de nous, avec nos mentalités si avides de bien-être et de confort, de manger à notre faim, bref de son « ventre » ? Il n’est pas certain que notre monde soit si différent !

Dans tout ce chapitre 6e de Jean, il est souvent question de "Pain". Le Pain que Jésus a distribué à la foule et dont Il se qualifie lui-même en bien des circonstances est devenu avec Lui une réalité : « Je suis le pain de vie » Si nous sommes là ensemble ce matin, c’est, me semble-t-il, que nous avons compris que le Pain de vie, c’est Jésus qui se donne à nous en son Eucharistie.

Dans de nombreux pays, hélas, la famine existe bien réellement ! Cependant il y a famine et famine, et tout particulièrement dans notre pays, la faim qui nous tenaille n'est pas seulement une famine physique, mais surtout spirituelle : c'est la famine de Dieu, d’une soif de Dieu !

Il est aussi "Pain du Ciel", c’est pour cela qu’il est absolument nécessaire pour notre âme et pour notre esprit. En son absence, nous ne mourrons certes pas physiquement, mais nous risquons plutôt de dépérir, de nous dessécher spirituellement. Notre vaste monde vit sans Dieu sans bien souvent s'en rendre compte. Notre monde se perd et se meurt de ce manque de Dieu !

Jésus va encore plus loin dans la révélation : le Père lui donnera le pouvoir de ressusciter ceux qui croient en Lui. Or, pour Jésus, la foi n'est pas une seule, une simple adhésion de l'esprit ou d’un ensemble de connaissances, d’un catalogue appris par cœur, c'est d’abord une démarche, une rencontre : « Celui qui vient à moi... » 

Nous avons à nous déplacer, à aller vers Jésus ! Croire, c'est venir à Jésus-Christ, autrement dit : adhérer, non pas à une doctrine, mais de toute sa personne à Celui qui est l'Envoyé de Dieu.

Les disciples qui entendirent ces paroles de Jésus, même s’ils ne les ont pas comprises totalement, les ont bien retenues, eux qui sont venus au Christ jusqu'à donner leur vie, comme tous ces martyrs (comme celui d’Étienne) qui ont donné le témoignage suprême de la foi, vécue comme une démarche de vie ! Quel surprenant paradoxe : « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » (Mt 16,24)

N'est-ce pas cela être disciple : mettre ses pas dans les pas du Maître, emprunter son chemin, qui peut être un chemin de croix et en même temps un chemin de Vie, un chemin de résurrection ?

Frères et sœurs, soyons sûrs que, comme nous l’avons entendu dans la première lecture des actes des Apôtres, notre monde a besoin de témoins, des « Philippe » et des « Etienne » qui annoncent le Christ avec des signes qui marquent les gens de son temps !

Oui, être témoin du Christ, c’est offrir cette joie et cette espérance au monde !

                                                                                                                 Ainsi soit-il 

Homélie du lundi 2 mai 2022, 3e semaine de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 6, 22-29. Psaume 118. Livre des Actes des Apôtres 6, 8-15.

 

Que devons-nous faire ? 

Les temps que nous vivons nous questionnent ! Je suis régulièrement interrogé :

Pourquoi cette pandémie ? 

Pourquoi ces guerres ? 

Quel sens donnons-nous à nos besoins matériels et bien sûr, à notre vie ?... 

Beaucoup d’entre nous portent en eux-mêmes des interrogations et cherchent des réponses, parfois même désespérément. Il est bon de se poser ces questions ! Cela est bien ! Il est normal que notre intelligence nous interroge. Mais qui va m’aider ? Qui peut m’éclairer ? Qui peut me guider ?

Regardons l’évangile de ce jour, il nous donne la réponse :     

En effet, Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. »

 La curiosité, le constat d’un manque suffisent parfois pour me mettre en route ! J’ai une attente, je veux savoir… Je veux découvrir le sens de ma vie. 

Nous sommes invités à chercher Jésus, à aller plus loin, à nous laisser guider par Lui ! 

Être là, dans cette église, ce matin, c’est entendre ce que le Christ veut me dire et essayer de saisir comment Il répond à mes questions et m’éclaire ! 

C’est déjà bien de vouloir suivre Jésus, quelle qu’en soit la raison : la curiosité, le plaisir, ou la soif intellectuelle ou spirituelle. Mais l’important est de découvrir dans cette attente la raison la plus essentielle de notre vie : le Christ nous donne de comprendre que notre vie a du sens parce qu’Il donne sens à l’amour que je cherche et que je reçois ! Notre relation doit mûrir et devenir une conviction d’amour. Il en est ainsi dans toute relation vraie, mais plus encore dans notre lien avec le Christ !

La foi chrétienne est la conviction sincère que Jésus est nécessaire à mon bonheur nécessairement durable. Non pas quelques pains qui vont me nourrir et me rassasier un instant, non pas un bonheur qui serait limité dans le temps, mais une Joie pleine, une joie qui remplit une vie, quels que soient les difficultés ou les imprévus de la vie !

Nous faisons une erreur énorme si nous pensons que la foi chrétienne peut se réduire à une doctrine ou à un dogme. Non ! La foi chrétienne est d’abord une rencontre, une rencontre à la fois humaine et divine. Elle est la conviction vraie, sincère, non seulement que Jésus est vivant, mais qu’Il est absolument nécessaire à mon bonheur, à mon espérance, pour ma vie présente et celle à venir. Ma foi, celle que j’ai reçue comme un cadeau au jour de mon baptême, touche ma vie entière dans toute son épaisseur, dans chaque aspect de ma vie. 

Tout cela peut nous interroger ; alors : que devons-nous faire pour mieux comprendre et ne pas nous tromper de chemin ? Cette question est essentielle !

Pour travailler aux œuvres du Seigneur, l’invitation est là : 

Aimer et laisser aimer !

Un seul est capable de me combler : le Christ ! Il nous faut L’aimer et nous laisser aimer par Lui ! Pour cela, je suis invité à Croire en lui. C’est la conviction et l’acte de foi que nous pouvons faire !

C’est alors seulement que ma foi devient chrétienne. Croire en Lui, mettre mon espérance en sa Personne ! Alors seulement, à ce moment-là, nous « travaillons aux œuvres de Dieu. » Alors seulement, nous « croyons en celui que Dieu a envoyé. ».

 Voilà l’enseignement que nous recevons ce matin.

Demandons au Seigneur de nous apprendre à vivre de la foi, pour qu’elle grandisse en nous ! Restons toujours curieux de Jésus ! Restons des amoureux du Christ Ressuscité !                                                                                                                                                                

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 1er  mai 2022, 3e dimanche de Pâques, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 21, 1-19. Apocalypse de saint Jean 5, 11-14. Psaume 29.

Livre des Actes des Apôtres 5, 27b-32.40b-41.

 

En ce troisième dimanche du temps pascal, il est bon de réentendre cet évangile où Jésus ressuscité apparaît à nouveau aux disciples. 

La tristesse de la mort de Jésus, bien que ressuscité, semble encore présente chez les apôtres. En l’absence du Maître, voici que les apôtres ont repris leur vie ordinaire et retrouvé leur profession. Pêcheurs ils étaient auparavant, pêcheurs ils redeviennent maintenant. Pêcheurs peu chanceux apparemment, du moins cette nuit-là, puisqu’au petit matin, ils rentrent bredouilles de cette nuit de pèche. 

Sur la plage pourtant, un homme inconnu d'eux leur demande de poser un acte de foi : de jeter encore leurs filets. C’est ce qu'ils font, eux les professionnels, et cette fois avec une telle quantité de poissons (153) que les yeux de Jean (le disciple bien-aimé) s’ouvrent immédiatement, tandis que les autres disciples restent encore dans l'aveuglement. Et voici que cet inconnu les invite, sitôt sortis du lac, à une sorte de pique-nique. Ici encore, c'est le partage du pain et de la nourriture qui, comme dans le cas des disciples en route vers Emmaüs, leur révèle la présence du Ressuscité. 

Prenez le temps de reprendre cet évangile de le relire et de le méditer ! Il y aurait beaucoup de commentaires spirituels à faire…

 

Attachons-nous au petit passage, après le repas. Là, Pierre est appelé à part ! Jésus prend l'initiative d’un nouveau dialogue avec lui. 

Il est vrai que la dernière prise de position du chef des Apôtres concernant son Maître n'était guère brillante : Pierre avait répondu par trois fois, avec force: « Je ne connais pas cet homme » (Mt 26, 69-75). C’était dans la nuit du Jeudi au Vendredi saints !

« Je ne connais pas … » Ce qui n'était sans doute pas faux car, au cœur de la Passion, Pierre ne sait plus très bien qui est Jésus ; son Maître était devenu une énigme pour lui. 

« Et aussitôt, comme il parlait encore, un coq chanta ! Pierre sortit et pleura amèrement » (Lc 22, 61-62). C’est alors que Pierre prend conscience que Jésus, Lui, le connaissait vraiment ! Il avait annoncé, par avance, sa trahison. 

Déjà le prophète Isaïe énonçait que les chemins de Dieu ne correspondaient pas à ceux des hommes. « Vos pensées ne sont pas mes pensées ! » (Is 55,8)  

Cependant, Jésus connait le cœur de l’homme et le cœur de chacun !

Pierre est donc invité à revoir ses schémas trop humains ! Pierre va faire, d’une façon sensible, réelle, l’expérience de l’amour de Dieu dans la triple demande de Jésus.

Curieusement, les trois questions sont posées dans un ordre inverse de ce que nous attendrions spontanément, c’est-à-dire :      

  • « M'aimes-tu ? » 
  • « M'aimes-tu vraiment ? » ; 
  • « M'aimes-tu plus que les autres ? » 

On constate bien une sorte de gradation. Mais là, l'intensité est tout au contraire décroissante : ces nuances entre les trois termes sont encore plus précises dans l'original grec. 

Par exemple : 

  • En français, nous pouvons dire : j’aime bien mon conjoint, mais le chat aime aussi la souris, pour la manger… 
  • En anglais, c’est un peu plus précis, subtil : I love my wife, I like a cheese burger ! 

En grec, il y a au moins trois façons de dire “aimer“. 

  • On commence par l’amour-passion : « Pierre, m'aimes-tu passionnément, plus que les autres ? » ; (Éros - Amour passion) 
  • puis Jésus pose une deuxième question, plus simplement : « M'aimes-tu d'un amour de charité ? »; (Agapé –Amour de charité) 
  • et enfin, encore plus simplement : « M'aimes-tu d'un amour au moins d'amitié ? » (C’est la Filia, l’affection).

On devine le désarroi de Pierre, qui par sa trahison, a fait l'expérience de son impuissance, de son incapacité à aimer véritablement Jésus, déjà au moins, d'un amour de charité. Ne voulant pas mentir à nouveau, il répond par un aveu humble et vrai : « Oui, Seigneur, je t'aime, mais d'un simple amour humain : je ne suis pas capable de faire mieux, tu le sais ! » 

A chacun de ses aveux d'impuissance, mais qui sont autant de déclarations de son désir d'aimer en vérité, Jésus répond en confiant à Pierre le soin de ses brebis. Ainsi est clairement signifié que la mission de l'apôtre s'enracine exclusivement dans l'amour, aussi pauvre soit-il, que Pierre porte à son Maître. 

Jésus demeure toujours l'unique Pasteur, mais Il a choisi Pierre, non pas malgré, mais à cause de ses pauvretés, pour qu'il apparaisse clairement que le trésor qu'il porte dans un vase d'argile ne vient pas de lui, mais de Dieu (2 Co 4,7). En réalité, c’est Dieu Lui-même qui nous aime et nous essayons de L’aimer en retour. Mais Il sait, Il connaît nos difficultés à aimer.

Frères et sœurs, il en va de même pour chacun de nous ! Jésus nous demande : « M’aimes-tu au moins un peu ? » quelle sera notre réponse ? 

  • Un amour passionné ?
  • Un amour de charité ?
  • Une affection tout humaine ?
    • La réponse appartient à chacun de nous !

Cependant, quels que soient notre histoire et nos manques d’amour récurrents, il nous faut aimer notre Seigneur ; Jésus nous le demande : « M’aimes-tu au moins un peu ? »

En ce troisième dimanche de Pâques, entendons cette invitation confiante de Jésus qui invite à une réponse « Suis-moi » ! Suis-moi, tel que tu es, tel que tu vis, tel que tu aimes ! Ne crains pas !

Que dans notre cœur nous puissions répondre vraiment : « Oui, Seigneur, c’est Toi que j’aime ! C’est Toi que je veux suivre ! » avec la force et la grâce de Dieu !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 25 avril 2022, fête de saint Marc, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Marc 16, 15-20. Psaume 88. Première lettre de st Pierre 5, 5b-14.

 

 

Chers amis, voilà un évangile clair et précis, énergique !

Je vous invite à en retenir cinq verbes qui sont essentiels.

Deux de ces verbes sont à l’impératif : Allez ! Proclamez ! Ils nous dirigent vers l’extérieur.

Deux de ces verbes vont nous dire la conséquence et comment ils agissent et leur action en nous : Baptiser ! Sauver !

Le dernier verbe va nous déterminer dans notre décision. Ce verbe qui établit, en quelque sorte, une charnière entre l’accueil et la réalisation est le verbe « croire » !

- Deux verbes à l’impératif : Allez ! Proclamez !

Ce sont les dernières consignes de Jésus ressuscité à ses disciples dans l'Évangile selon saint Marc que nous venons d’entendre. Jésus leur ouvre tout grand le champ du monde, sans leur fixer aucune frontière. Pas de frontière pour la parole de Dieu !  « Allez dans le monde entier ! » Pas de discrimination entre les auditeurs : « Proclamez l’Évangile à toute la création ! ». De fait, l’Église est en sortie pour aller aux périphéries ! L’église, ne l’oublions pas : c’est nous-mêmes ! Sortons donc de nous-mêmes ; sortons de notre confort, de nos peurs et de notre timidité parce que l'amour peut tout ! 

- Baptiser ! Peut-être n'aurons-nous pas beaucoup d'occasions de baptiser quelqu'un ou d'être responsables du baptême d'un autre. Ceux qui accompagnent les catéchumènes connaissent bien la joie du baptême reçu ! Mais, déjà chaque jour, nous avons l'occasion d'aider des baptisés à vivre leurs engagements baptismaux, à renoncer au péché et à croire à l'amour. Trop souvent ceux qui sont baptisés ont oublié ce que signifie le baptême. Être Chrétien, c’est faire la rencontre du Christ et vivre de cette amitié ! 

- Être sauvé ! C’est ce que nous désirons, ce vers quoi nous tendons ! Nous savons bien que nous ne sommes que de passage sur cette terre. Prenons un simple exemple : ceux qui ont fait l'expérience de perdre un document sur l'ordinateur ou de voir leur disque dur se détruire, savent combien il est douloureux et contrariant d’avoir cliqué trop vite ou d’avoir reporté une fois de trop le besoin d’une sauvegarde ! Imaginons la lamentation, quand c'est la vie éternelle d'une âme qui est en jeu. Si seulement nous comprenions la valeur d'une âme et de son salut ! 

C’est cette feuille de route que l’évangéliste saint Marc nous invite à suivre ! Il nous invite à une action, une action que personne d’autre ne peut faire pour nous : celle de croire et d’inviter à cet acte de foi ! Croire que Dieu peut tout ! Croire que Dieu veut mon salut ! Un « Croire » dans la foi et donc croire sans voir !

Saint Marc a ceci de particulier qu’il n’a pas connu personnellement Jésus ! Comme nous aussi ! Par son évangile, il montre encore mieux combien il a compris l’importance de la mission du Disciple-Missionnaire. Pour lui, le disciple s’inscrit dans une tradition de témoins de la foi qui remonte jusqu’aux premiers disciples. Nous agissons selon le mode de l’Église : croire sans voir !

En cette fête de saint Marc, demandons au Christ de nous fortifier dans notre marche à sa suite. Que nous puissions être au cœur de notre monde ces disciples simples, et pleins de zèle et d’audace. Même si parfois la mer se déchaîne, même si parfois le vent nous est contraire (Cf. Mc 4, 35-41), nous savons que le Christ demeure avec nous jusqu’à la fin du monde (Cf. Mc 16, 20). »

Voilà notre espérance ! 

Voilà pourquoi nous sommes invités à aller et proclamer, à baptiser et annoncer le Salut, à croire !

                                                                                                                      Ainsi soit-il !

Homélie du jeudi 14 avril 2022, Jeudi saint, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 13, 1-15. Psaume 115. Livre de l’Exode 12, 1-8.11-14.

 

Chers amis, nous voici au premier jour du Triduum Pascal : trois jours Saints qui sont à la fois particuliers et cruciaux pour notre foi chrétienne !

Chaque année, nous revivons cette suite d’événements décisifs pour l’humanité : une suite unique et irréversible, avec peut-être, pour certains, le risque de prétendre tout connaître à l’avance ! 

L’évangile que nous venons d’entendre pourrait susciter de nombreux commentaires.

  • Pourquoi entendons-nous, ce soir, le récit du lavement des pieds et non pas celui de l’institution de l’Eucharistie ?
  • Comment Jésus se fait serviteur et nous invite à faire de même, Lui que l’on appelle Maître et Seigneur.
  • Le refus de Pierre, le rôle de Judas et du Diable…

C’est pourtant avec un regard neuf que nous pouvons redécouvrir ce qui nous échappe encore : ce chemin de vie qui passe par la Passion jusqu’à la Résurrection d’entre les morts ! 

Nous constatons bien que notre compréhension, notre intelligence en sont bousculées ! Nous ne comprenons pas tout et notre foi, peut être interpellée et parfois même comme bloquée !

Ce que je découvre et que j’aimerais partager avec vous, ce soir, c’est qu’au cœur de cette tragédie, la joie n’est pas absente.

Pour beaucoup, cette fin de Carême est empreinte d’une lourdeur : toutes les statues sont voilées, demain sera jour de jeûne… Mais où est la joie, pourrions-nous demander ?  

Pourtant, nous le sentons bien, nous ne sommes pas ce soir dans le pathétique, l’angoisse, mais dans la joie du futur repas pascal, dans la joie d’un repas de fête, la joie du rappel de la libération d’un peuple. C’est cette joie, de son origine et de sa nature, qui me marque ce soir. 

Alors d’où vient cette joie du Jeudi Saint ?

Elle vient (me semble-t-il) non pas des agapes, de la dégustation d’un vin millésimé, mais d’une rencontre immédiate du Christ ; notre joie, c’est le Christ ! Cette joie vient d’une expérience sensible de la prévenance de Dieu. Comme nous venons de l’entendre : « Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout. » (Jn 13, 1). 

Les aimer jusqu’au bout, cela veut dire, pour Lui, les aimer jusqu’à les toucher… intimement ! Dans nos cinq sens, le toucher est fondamental ; c’est le plus réceptif, celui dont on ne peut être privé, sauf à être mort. 

Par exemple, quand un malade ne parle plus, ne voit plus, n’entend plus, quand on ne sait plus comment communiquer avec un mourant, nous lui prenons la main, nous lui caressons le front, nous pouvons même l’embrasser. C’est ce que fait Jésus : Il lave puis essuie les pieds de ceux qu’Il enverra jusqu’aux extrémités de la terre comme messagers de son Évangile ; mais Il les touche aussi à l’intérieur de leur corps en se faisant nourriture et remède. 

Certes, certains vont peut-être me dire, à raison, que la signification de ce geste du lavement des pieds est d’abord un geste d’accueil, un geste d’hospitalité, un geste de service comme on le dit. Évidemment, chez nous, il n’est pas très courant de se laver les pieds quand on arrive chez quelqu’un. Mais dans le pays de Jésus, en Terre sainte, il fait chaud. Et il y a beaucoup de poussière. Quand on marche dehors, on se salit très vite les pieds. C’est un geste de politesse, quand quelqu’un arrive chez vous, de lui laver les pieds. 

Mais, ici, ce geste dépasse la simple hospitalité ou le service du frère ! C’est sans doute en premier l’accueil de Dieu lui-même !

Pour bien comprendre toute la beauté de ce geste, il faut se rappeler un autre geste de lavement des pieds raconté dans la Bible. Je vais faire appel à votre mémoire : cela se passait bien avant Jésus, à l’époque d’Abraham. Je vous emmène au chêne de Mambré.

Un jour, au plus chaud du jour, nous dit le livre de la Genèse (chapitre 18), Abraham était assis à l’entrée de sa tente à Mambré. Ayant levé les yeux : voici que trois hommes sont devant lui. Abraham, un homme très accueillant, se lève et s’empresse auprès d’eux. Il les invite à entrer, et il prononce cette phrase : « Qu’on apporte un peu d’eau pour vous laver les pieds » (Gn. 18,4). Et puis, il leur prépare un somptueux repas, un véritable festin pour que ses visiteurs refassent leur force. Pendant le repas l’un des trois hommes prend la parole. Il dit à Abraham : « Je reviendrai chez toi l’an prochain, et ta femme Sara aura un fils » (Gn. 18, 10). C’était le Seigneur qui parlait ainsi. C’est Lui qui était venu visiter Abraham. C’est Lui qui lui promettait ainsi un enfant, donc une descendance.

Eh bien, nous le savons, cette promesse a été tenue. Abraham a eu un enfant, il a eu une descendance. Et au bout de cette longue histoire sainte, il y a Jésus, Fils d’Abraham (cf.Mt.1,1). C’est Lui, Jésus, qui aujourd’hui vient nous visiter. C’est Lui qui nous invite ce soir. C’est Lui qui nous offre un repas. Il prononce cette parole indépassable, surprenante, incompréhensible, si ce n’est par la foi : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ».

Comme Abraham avait lavé les pieds du Seigneur, aujourd’hui c’est le Seigneur qui lave les pieds de ses disciples. Il nous rend bien plus que la politesse. Cela ne peut signifier qu’une chose : tout est accompli !

            Quand le Christ lave et essuie les pieds de ses apôtres, quand Il leur livre son corps et son sang en nourriture et en boisson, non seulement Dieu se laisse voir, mais Il nous touche au plus profond de nous-mêmes. Il nous touche de l’extérieur et à l’intérieur. Il nous touche de sa délicatesse et nous touche dans notre désir de Lui !

Pensez-y frères et sœurs, vous qui allez avoir les pieds lavés dans un instant ! Il nous faudra y penser, nous tous, frères et sœurs, quand nous recevrons tout à l’heure son Corps en allant communier. 

Ce soir, pas de théophanie grandiose ! Pas de montagne du Sinaï toute fumante ! Pas de montagnes tremblantes ni de trompette trompetant à tout vent (cf. Ex 19, 18). 

Dans l’humilité d’un geste de tendresse et de purification, dans la simplicité du repas de la Pâque partagé par Jésus avec sa nouvelle famille, une joie nouvelle apparaît, une joie inconnue depuis qu’Adam et Ève ont quitté le paradis terrestre : 

Dieu s’approche jusqu’à nous embrasser, jusqu’à faire corps avec nous.

Là est notre joie véritable ! Voilà ce mystère d’une joie partagée qui s’offre à nous au début de ce Triduum ! Cette joie du don total est à vivre déjà pour nous ce soir, pour nous maintenant ! 

Demain sera demain ! Vivons déjà, frères et sœurs, maintenant cette belle, joyeuse et délicate proximité avec notre Sauveur !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 11 avril 2022, Mercredi saint, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu, 26, 14-25. Psaume 68. Livre du prophète Isaïe 50, 4-9a.

 

Nous entrons dès demain, dans le Triduum Pascal, en Église : trois jours importants, nécessaires et essentiels.

Pourquoi ? C’est toute l’humanité qui est sanctifiée par l’offrande que Jésus fait de Lui-même. Nous avons encore entendu hier dans l’évangile de saint Luc : « Il nous a aimés jusque-là. » « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. » (Lc 22,15) 

Pour bien comprendre ce que nous allons vivre en ces jours saints, il nous faut revenir sans cesse à ce grand désir de Jésus du Salut pour tous. C’est l’amour infini de Dieu qui veut sauver l’humanité et nous redonner espérance. Cela peut nous sembler paradoxal quand nous constatons toutes les manigances dont l’homme est capable en s’éloignant de Dieu…

Alors que Judas mène ses tractations secrètes avec les chefs des prêtres, Jésus connaissant le cœur de l’homme, révèle au grand jour leur complot : « L’un de vous va me livrer ! »

Chaque mot de ce texte est très précis et, si vous en avez le temps, je vous invite à relire et méditer ce texte.

Par exemple, quand Jésus dit « L’un de vous va me livrer ! », avez-vous remarqué que Judas réagit et pose sa question en dernier, alors que saint Matthieu suggère que tous les autres, doutant d’eux-mêmes, ont déjà posé leur question : « Est-ce moi ? »

Les onze accueillent la parole de Jésus chacun pour eux. La tristesse qu'ils ressentent est le fruit de leur foi en la parole du Seigneur. Si celui-ci dit que l'un d'entre eux va le trahir, ils se sentent immédiatement concernés et souffrent de cette possible trahison dont ils seraient potentiellement l'auteur. 

Il faut que le Seigneur énonce explicitement la menace qui pèse sur Lui pour que Judas se dévoile, alors qu'il était resté silencieux jusque-là. 

De fait, son cœur n'est déjà plus habité par l'amour. 

Au fond de lui-même, il a déjà trahi son maître. Un cœur qui aime Dieu est un cœur qui est conscient de sa possible faiblesse, tout en restant totalement confiant dans l'amour du Seigneur. 

 

Frères et sœurs, aujourd’hui encore, le combat qui se joue dans la trahison de Judas existe encore dans notre monde. Il y a des “Judas“, des Judas au cœur froid et sans pitié qui sont toujours là, même au cœur de l’Église.

Jésus, Lui, continue son œuvre de salut. « Le Fils de l’homme s’en va comme il est écrit à son sujet. Mais malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! » (Mt 26,24)

Dans ces jours saints qui s’annoncent, nous allons voir la vie et la mort s’affronter dans un duel prodigieux. Le Maître de la vie meurt. Mais Ressuscité, Vivant il règne. Chaque détail de la liturgie va nous mettre, pour peu que nous soyons attentifs, sur la voie de la compréhension de ce grand mystère. 

Nous entrons donc demain en Église, dans le Triduum Pascal. 

Chers amis, que ces trois jours Saints soient vécus, pour chacun de nous et en communauté paroissiale, en profonde intimité avec notre Sauveur !        

Puissions-nous avancer pas à pas, goûter cet Amour, écouter la voix de Jésus, souffrir avec Lui et nous réjouir avec Lui, lors de sa résurrection !                                                      

                                                                                            Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 11 avril 2022, Lundi saint, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 12, 1-11. Psaume 26. Livre du prophète Isaïe 42, 1-7.

 

 

En ce Lundi Saint commence notre semaine Sainte ! « Six jours avant la Pâque » : c’est ainsi aussi que débute l’évangile, en nous invitant, à nouveau, dans ce petit village de Béthanie. Nous connaissons bien ce village proche de Jérusalem, car c’est là que Jésus aimait venir, c’est là qu’il a réanimé Lazare. 

C’est là aussi qu’habitent ses sœurs Marthe et Marie. Marie de Béthanie apparaît dans l'Évangile comme une femme extraordinairement intuitive. Sans doute beaucoup de ses amis devaient la juger, à certaines heures, un peu surprenante et imprévisible. Par exemple : les jours où tout le monde s’activait à la cuisine, on trouvait Marie, assise aux pieds du Seigneur. (Lc 10,39)

Ce jour-là, six jours avant la Pâque, tous, après avoir pleuré la mort de Lazare, fêtaient sa réanimation. Nous avons en mémoire la belle profession de foi de Marie et sa sœur Marthe ! 

Dans un contraste saisissant, leur frère Lazare reprenait goût à la vie, mais Jésus, lui, allait goûter la mort.

 Marie ne faisait pas exprès de réagir autrement que les autres ! Elle ne cherchait pas à se singulariser. Simplement, c’était une femme qui, en chaque occasion, rejoignait l’essentiel, et posait les gestes que son cœur lui dictait !

Jésus, lui, a toujours pris la défense de Marie de Béthanie, car Il voyait en elle, non pas une paresseuse ou une excentrique, mais une femme capable de tous les courages pour suivre jusqu’au bout les certitudes de son cœur, une croyante prompte à s’oublier pour écouter les paroles de vie de son Seigneur.

Le paradoxe est là ! Il y a comme un décalage :

Jésus allait vers la mort, et tous ces gens ne pensaient qu’à la fête !

Sauf Marie ! Marie, l’intuitive ! Elle a voulu dire à Jésus ce qu’elle entrevoyait, ce qu’elle comprenait au fond de son cœur, ce qu’elle pressentait du mystère de Dieu qui traversait sa vie de prophète. Mais comme ces choses-là sont au-delà de toute parole, Marie les a dites avec son parfum et ses cheveux, avec ce gaspillage définitif, avec son geste démesuré et un peu fou, qui la rendait si heureuse. 

Nous pouvons déjà noter la fureur de Judas qui manifeste déjà, à cette occasion, la rupture d’amour à venir ! 

« Laisse-la », dit Jésus à Judas : « elle a gardé ce parfum pour ma sépulture. »

Mais qui a compris ? Ce qui est sûr, c’est que déjà, toute la maison est remplie de son parfum ! Marie, au début de cette grande Semaine, dans un geste prophétique, nous invite personnellement, à renouveler notre prévenance, notre délicatesse, notre gratitude envers notre Seigneur Jésus !

À nous, dans le secret de notre cœur, de trouver le geste que nous souhaitons pour Lui exprimer tout cela, c’est-à-dire notre reconnaissance, notre amour et notre présence !                                                                                                             

      Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 10 avril 2022, dimanche des Rameaux, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Lecture de la Passion selon saint Luc 22.14 à 23, 56. Livre du prophète Isaïe 50, 4-7.

Psaume 21. Lettre de saint Paul aux Philippiens 2, 5b-11.

 

Chers amis, le dimanche des Rameaux a deux versants, deux parties pourrait-on dire : 

  • Une première partie qui, ma foi, est bien sympathique, nous sommes réunis, nous agitons les rameaux qui seront bénis et ramenés dans nos maisons, nous avançons en procession. Vous êtes venus nombreux aussi acclamer Jésus comme la foule de Jérusalem.
  • Puis nous entendons ce long et poignant récit de la Passion de Jésus. 

Nous entrons dans la semaine Sainte en suivant le chemin de Jésus qui monte vers le Golgotha. 

Nous allons entendre que : « Dieu a tant aimé le monde qu’il nous a donné son Fils ». Et, comme nous le dit Saint Paul dans l’épitre : « Le Christ Jésus s’est dépouillé lui-même prenant la condition de serviteur… Il s’est abaissé lui-même… jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. »

Chers amis, nous sommes là au centre, au cœur de la Foi chrétienne symbolisée par cette croix bien visible dans notre Église. Mais au-delà de la mort et de la croix, n’oublions pas qu’il y a la résurrection que nous fêterons le jour de Pâques et qui donne sens à ce tragique chemin de croix.

Nous ne faisons pas qu’écouter une histoire. Cette Passion nous concerne. Elle nous invite à entrer véritablement dans cette actualité de Jésus qui donne sa vie pour chacun de nous ; n’oublions pas que Dieu nous aime et Il donne sa vie pour nous ! 

Dans ce simulacre de procès et poignant récit de la Passion il y a des témoins remarquables auxquels nous pourrions, peut-être, nous identifier. 

Si vous le voulez bien, regardons quelques acteurs qui participent, de près ou de loin, à cette montée au Golgotha.

    - Simon de Cyrène. Il n’a pas choisi d’aider Jésus à porter sa croix. Il est réquisitionné. Cet évènement s’impose à lui, mais, en le faisant, il devient l’aide et le serviteur de Jésus souffrant… Nous aussi, nous ne choisissons pas toujours ce qui nous arrive ou ce qui arrive à nos proches : quelle est notre attitude devant cette Croix ou la croix que portent ceux qui sont autour de nous ? Quand elle vient vers nous, cette croix peut prendre le visage de blessures, d'abandon, de solitude, du chômage, de la maladie, de la vieillesse, du deuil, ou de la mort…  Alors, sommes-nous le serviteur qui accompagne l’homme ou la femme en détresse, à l’image de Simon de Cyrène ? Et si le mal nous atteint personnellement, nous touche nous-mêmes dans notre tête, dans notre corps, comment portons-nous notre croix, à la suite de Jésus ?

    - Les femmes. Elles sont admirables ! Elles suivent Jésus dans la montée au calvaire, suffisamment proches pour le suivre et l’accompagner. On imagine sans peine la souffrance et l’épreuve de ces femmes qui tiennent bon, à contre-courant de la foule qui vocifère. Elles restent fidèles en suivant Jésus du calvaire et au-delà … jusqu’au tombeau. Ce sont elles, les premières, qui trouveront le tombeau vide au matin de Pâques et annonceront la résurrection du Seigneur aux Apôtres. Ces femmes nous apprennent à tenir bon dans l’épreuve et à espérer : voilà le témoignage qu’elles nous laissent ! En définitive, la mort et le mal sont vaincus et la lumière de Pâques jaillit. Parmi ces femmes, pensons particulièrement à Marie, la mère de Jésus. Elle est témoin, avec Jean, des dernières paroles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus. Le pardon suprême offert à ceux qui l’ont crucifié, montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » 

    - Jésus, Lui-même. Il vit sa passion et sa mort, parfaitement conscient qu’en prenant sur Lui la haine des hommes qui le condamnent et le péché du monde, Il accomplit, à ce moment-là, le grand mystère de l’amour de Dieu pour les hommes. Ce mystère de la Croix, comme celui de l’acharnement des chefs des prêtres, ou de la violence humaine…  reste difficilement compréhensible, supportable… cependant, pour notre Salut, Jésus accepte de passer par la mort pour que nous ayons la vie !

Tout au long de son chemin de croix, malgré l’épreuve, Jésus reste disponible et attentif à ceux et celles qu’ils trouvent sur son chemin : ses disciples, les femmes de Jérusalem, les bourreaux, le malfaiteur crucifié avec Lui, qui reconnaît ses fautes et à qui Jésus promet le paradis. 

Dans ses gestes et ses paroles ultimes, Jésus ne cesse de manifester l’attention, la tendresse et la bonté de Dieu son Père pour les hommes. Ce mystère est pour nous tous, une espérance !

C’est cette force et ce paradoxe de la Croix, qu’il nous faut découvrir et redécouvrir ! C’est pourquoi, nous entendons au début de la semaine Sainte, ce récit de la Passion pour qu’il chemine en nous-mêmes, pour qu’il alimente notre prière. 

Notons peut-être tout particulièrement ces phrases : « Je ne me suis pas dérobé » (Is50) ; « il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2)

Le Christ crucifié nous révèle à la fois sa détermination et son projet de Salut pour tous !

Alors frères et sœurs, au-delà du trouble éprouvé entre une foule capable d’acclamer Jésus le dimanche et de le condamner le vendredi suivant, ce Dimanche des Rameaux attire notre regard sur les jours Saints que nous allons vivre.

Ces jours ne sont pas anodins ! Prenons le temps de les vivre pleinement ! Prenons le temps de relire chaque jour la Parole de Dieu, le temps de la prière ! Accompagnons Jésus jour après jour !

Vivons ensemble, unis au Christ Sauveur, cette belle et intense semaine Sainte ! 

Prions les uns pour les autres ! Prions pour la paix dans le monde ! Prions et rendons gloire au Christ !

Ainsi soit-il !

 

 

 

 

Homélie du mercredi 6 avril 2022, 5e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 8, 31-42. Cantique Daniel 3. 

Livre du prophète Daniel 3,14-20.91-92.95.

 

Nous sommes au 8e chapitre de l’évangile selon saint Jean et le texte que nous venons d’entendre est captivant ; je vous invite vraiment à le relire. Il soulève plusieurs thématiques parmi lesquelles je vais en retenir une : la question de la liberté et de l’esclavage ! 

Suis-je libre ? Ou bien, y a-t-il en moi un esclavage qui demeure ?

Le critère qui permet de reconnaître la vérité est son fruit ; le fruit de la liberté est la capacité à choisir le bien. 

  • La vérité rend libre, elle fait de nous des fils dans la maison du Père. 
  • Le péché rend esclave, car il contient toujours un mensonge.

Alors pour nous, le dilemme est toujours là : liberté ou esclavage ? Choisissons ! 

La parole de Jésus ne peut laisser personne en repos. Et ce qu'il disait il y a 2000 ans retentit avec la même force aujourd'hui, pour qui veut bien entendre : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres ».

À peine Jésus vient-il de dire cela que ses auditeurs sont piqués au vif et lui répliquent : « Nous sommes les descendants d'Abraham, et nous n'avons jamais été esclaves de personne. »

Soit dit en passant, ils semblent oublier les quatre cents ans de servitude en Égypte... Cependant Jésus met le doigt sur l'esclavage véritable et précise : « Tout homme qui commet le péché est esclave du péché. Si donc le Fils de Dieu vous rend libres, réellement vous serez libres ».

Quels choix ? Comment discerner dans le concret de notre vie ? Dilemme entre tout ce que nous entendons, par exemple, dans cette actuelle campagne présidentielle : esclavage ? Compromissions ? Liberté ? Vérité ? 

Il nous faut démêler le vrai du faux ! Plus nous voulons aimer et servir Dieu, plus nous voulons aimer et servir nos frères et sœurs, plus nous découvrons aussi en nous, tout ce qui y fait obstacle, tout ce qui nous fait dire avec saint Paul : « Je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas » (Romains 7, 19).

Alors, faut-il en prendre son parti et baisser les bras ? Est-ce perdu pour nous de faire le choix de la liberté et de renoncer à tout esclavage ? Surtout pas ! Tomber et toujours se relever, c'est ce que nous faisons à longueur de vie, avec la grâce de Dieu, et cela jusqu'à notre dernier jour où cette fois nous tomberons... dans les bras de Dieu ! 

Et si nous osions, en cette fin de Carême, en ces quelques jours qui nous restent à parcourir, découvrir en nous-mêmes, peut-être nos manques de liberté, ce qui est esclavage afin de les débusquer ?  Aurons-nous l’audace ou l’humilité d’aller rencontrer Jésus dans le sacrement de réconciliation ? 

Frères et sœurs, voilà l’invitation que nous recevons ! 

Choisissons la liberté avec la grâce de Dieu ! Choisissons avec Jésus la vérité !

                                                                                                            Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 4 avril 2022, 5e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 8, 12-20. Psaume 22. 

Livre du prophète Daniel 13,1-9.15-17.19-30.33-62.

 

 

En cette dernière semaine de Carême et avant d’entrer dans la Semaine Sainte, nous constatons que la liturgie nous invite à toujours plus de réflexion, à réentendre l’Origine, (c’est-à-dire d’où nous venons) et, en même temps, la finalité de notre vie (c’est-à-dire où nous allons) !

En affirmant, dans l’évangile que nous venons d’entendre : « Je sais d’où je suis venu, et où je vais » (v.14), Jésus pose comme fondement son autorévélation :

  • la question de son origine (c’est-à-dire qu’Il lie son identité profonde « la lumière du monde » (v.12)
  • la source de son être (le « d’où je viens ») 
  • et le sens de sa vie (le « où je vais »). 

Tenue, entre l’alpha et l’oméga, qui l’ont fait sortir du Père et revenir au Père, se dessine sa route d’Incarnation, c’est-à-dire :

  • sa venue au monde (la Nativité)
  • sa Passion, sa mort, sa Résurrection
  • et son Ascension.

C’est un chemin de croix parsemé d’épreuves, de tentations, de ténèbres, de don de soi à son Père que Jésus va vivre et, en même temps, ce chemin sera lumière pour le monde ! 

Jésus va réellement le traverser et en sortira vainqueur, car Il ne sera jamais seul (Cf. v.16), parce qu’Il sait que le Père est toujours avec Lui.

Ce chemin de vie, entre naissance et mort, est aussi le nôtre, avec nos joies et nos difficultés. Ce qui est certain, c’est que le Seigneur ne cessera pas d’être avec nous et qu’Il nous indique la vraie route !

Pour pouvoir comprendre le sens de notre vie et même porter un juste jugement, il faut savoir d'où l’on vient et où l’on va ! L'homme comprend et juge de manière purement humaine, car il ne connaît pas son mystère. Nous naissons, nous mourrons, mais ces deux moments de notre vie nous échappent totalement. Notre vie appartient à Dieu, car c'est Lui qui en est l'origine et le terme. 

Jésus, lui, connaît son mystère. Il sait d'où Il vient et où Il va.

Chaque disciple qui s’engage à la suite du Christ suivra une route illuminée de sa présence, « il ne marchera pas dans les ténèbres, mais dans la lumière. » (v.12).

Jésus nous propose d’emprunter, derrière Lui, ce même chemin. Comme Lui-même est uni au Père, Il nous fait entrer dans cette dynamique trinitaire (du Père et du Fils, éclairée par l‘Esprit Saint) en nous proposant de nous unir à Lui. 

C’est l’invitation qui nous est offerte !

Ainsi cette controverse, si âpre, avec les Pharisiens, nous livre des paroles capitales de Jésus sur le mystère de sa personne. Jésus, l'envoyé, et le Père qui l'envoie, demeurent unis, distincts, et un, dans l'action comme dans leur amour.

Cette unité est là : mêmes œuvres, mêmes paroles, même témoignage.

Frères et sœurs, nous avançons vers la Semaine Sainte. Puissions-nous continuer notre programme, notre projet de ce Carême ! Nous avons encore quelques jours pour nous ressaisir, pour mieux comprendre, mieux ouvrir notre cœur, mieux nous préparer à ce que Dieu veut pour chacun de nous. Restons dans la joie ! 

Laissons-nous illuminer par la présence du Christ !                                                  

                                                                                                             Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 3 avril 2022, 5e  dimanche du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 8, 1-11. Livre du prophète Isaïe 43, 16-21. Psaume 125. 

Lettre de saint Paul aux Philippiens 3, 8-14.

 

Chers amis, nous voilà arrivés au 5e dimanche de ce temps du Carême ! Les statues de cette église sont déjà voilées comme pour signifier que nous entrerons sous peu dans la Semaine Sainte !

Les évangiles des quatre premiers dimanches du Carême 2022 (Année C) nous ont permis d'explorer différents aspects de la réconciliation que Dieu nous offre. 

Reprenons rapidement la thématique de ces différents textes : 

  • Premier dimanche : la tentation de Jésus au désert, nous a amenés à réaliser que le mal et la tentation font partie intégrante de la nature humaine. Le Christ nous a montré comment y résister pour nous en donner la force.
  • Deuxième dimanche : la transfiguration sur la montagne nous a permis de voir Jésus dans toute sa splendeur de Ressuscité, vainqueur de la mort et du péché.
  • Troisième dimanche : la parabole du figuier stérile nous a permis de comprendre la patience du Christ-vigneron qui nous donne encore un peu de temps pour porter du fruit.
  • Quatrième dimanche : celle du fils prodigue nous amène à voir Dieu comme un Père, un Père qui nous aime, qui nous accueille quand nous revenons humblement à Lui, en lui demandant pardon.
  • Aujourd'hui, cinquième dimanche, la lecture de la femme adultère nous permet, une fois encore, de comprendre et d'expérimenter la miséricorde de Dieu. 

Quel bonheur de découvrir la profondeur de tous ces textes !

    L’évangile de saint Jean que nous venons d’entendre est bien connu. Et pourtant sa relecture a quelque chose de nouveau à nous dire encore et toujours.

    Dans ce texte, nous voyons Jésus, assis dans le Temple, qui enseigne le peuple. Arrivent les pharisiens et les scribes qui amènent une femme accusée d’adultère. Ces pharisiens se considèrent comme des justes ; ils ont le pouvoir et le savoir. 

Cette femme dont nous ne savons pas le nom a donc été surprise en flagrant délit d’adultère. 

Apparemment la loi hébraïque est simple, cette faute entraîne la lapidation. Enfin, la loi dit plus précisément, dans le livre du Lévitique au chapitre 20 verset 10 : « Quand un homme commet l’adultère avec la femme de son prochain ils seront mis à mort, l’homme adultère aussi bien que la femme adultère ».

Les scribes et les pharisiens ne semblent pas seulement vouloir appliquer la loi, oubliant que pour commettre l’adultère, il faut être deux. C’est donc bien Jésus que les scribes veulent mettre à l’épreuve en lui tendant un piège pour le confondre ! 

    En effet, inlassablement Jésus enseigne : l’amour, la miséricorde de Dieu ; Dieu qui nous aime, Dieu qui se fait proche, Dieu qui veut la vie pour chacun de nous !

  • Si Jésus condamne cette femme alors son enseignement s’avère contradictoire et sans intérêt. 
  • Si en revanche, Il ne la condamne pas, alors Il se met en opposition à la loi et peut être Lui-même condamné.

    L’attitude humble et pédagogique de Jésus est étonnante. Il s’abaisse, trace des traits sur le sol. Il attend en se taisant. Un silence qui dure … Pressé de répondre par les scribes, Il se redresse et dit : « Celui d’entre vous qui n’a jamais péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. ». Puis il s’abaisse à nouveau et attend.

 Cette phrase fait mouche en adressant au cœur de ces hommes qui cherchaient à le mettre à l’épreuve ; : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »

             Cette affirmation en dit long sur notre condition humaine.

Qui pourrait dire qu’il est parfait et sans péché ? Qui peut s’ériger en juge de son frère ? 

La réponse ne tarde pas : tous partent en commençant par les plus âgés. 

Certes, un manquement est un manquement, un mal est un mal, un outrage est un outrage… 

Jésus nous ne dit pas que le péché serait sans conséquence ! L’adultère fait toujours souffrir des hommes, des femmes, des enfants, des familles. Le Seigneur ne relativise pas pour autant, cette souffrance infligée à autrui, Il n’est pas indifférent à tout type de mal. Il a lui-même été confronté à diverses tentations comme nous l’avons vu en début de ce Carême. 

Il ne saurait être complice de ce qui blesse l’homme. Non, Jésus ne ferme pas les yeux sur la gravité du péché, mais Il les ouvre sur le visage du pécheur par sa miséricorde. Il a toujours dénoncé le péché, mais toujours accueilli le pécheur.

Il nous redit littéralement : « Oui, tu es un pécheur. Mais tu es plus que ta faute. Tu seras toujours plus grand, plus grande que ta faute. Plus grand, plus grande que tous tes péchés ; car tu es mon frère, ma sœur, mon fils, ma fille. » 

     J’aime personnellement, me rappeler cette phrase tirée de la première épître de saint Jean : « si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses ! » (1 Jn 3,20) 

Dieu est plus grand que notre cœur...

Jésus marque de la considération pour le pécheur, et non pour le péché. Cet évangile nous montre le vrai visage de Dieu, celui de la miséricorde et du pardon. 

            Frères et sœurs, n’oublions pas que pour notre vie chrétienne, nous avons en Église, 7 sacrements pour conduire notre vie chrétienne. En ce temps  de Carême, pensons particulièrement au sacrement de réconciliation ! Bien sûr, si vous êtes sans péché, vous n’en aurez pas besoin … mais, pardon de le dire si nettement, j’en doute !

            Démarche d’humilité, mais démarche libératrice que celle de demander pardon à son frère et à Dieu, pour les écarts de paroles ou de conduite, pour les manquements à l’amour qui jalonnent notre vie, les gestes déplacés ou des pensées qui ont pu dépasser notre pensée.

            Pour ce sacrement, de nombreuses heures de permanence et d’accueil sont proposées sur notre Paroisse et au centre-ville de Grenoble.

Préparer Pâques, c’est aussi nous soulager du poids de nos péchés pour se relever, choisir le bien, rejeter le mal et marcher joyeux vers le Christ mort et ressuscité pour nous, pour notre salut. Dieu nous veut libres et légers !

Dieu n’attend pas que nous changions pour nous pardonner ; Il nous pardonne pour que nous changions. Voilà cette belle et sainte nouvelle que nous recevons en ce 5e dimanche de Carême !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 30 mars 2022, 4e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 5, 17-30. Psaume 144. Livre du prophète Isaïe 49, 8-15.

 

Chers amis, nous avançons dans ce temps du Carême et nous voyons déjà poindre les événements de la Semaine Sainte. Jésus vient de guérir un infirme, et cela, le jour du sabbat : c'est un scandale pour beaucoup. Pourtant, ce geste est non seulement un geste de salut, mais également, un geste de révélation.

Par cette action, Jésus se dévoile et il prend le temps de s’expliquer. 

Selon son habitude, Il va profiter de ces critiques pour manifester sa condition de Fils de Dieu et, en conséquence, de Maître du Sabbat. 

Nous le savons, certaines de ses paroles motiveront sa condamnation lors du jugement chez Caïphe. Rappelez-vous, quand Jésus se présentera comme Fils de Dieu, le grand prêtre déchirera ses vêtements, en disant : « Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous venez d'entendre le blasphème ! Quel est votre avis ? » (Mt 26,65).

Le scandale pour le Sanhédrin est, en effet, dans l’affirmation de son rapport à Dieu le Père : « il disait que Dieu était son propre Père et il se faisait ainsi l'égal de Dieu. » Jésus dérange parce qu'il révèle un autre visage de Dieu, parce que ses gestes de salut et ses affirmations bousculent la conception de Dieu de ses auditeurs et interlocuteurs.

Face à toutes ces critiques, Jésus reste fidèle à l'attitude qui fut la sienne devant les provocations du Diable au désert : Il ne prend pas la place de celui qui est la source de sa vie, de ses actes, de ses paroles. Il réaffirme avec foi et conviction : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu'il voit faire par le Père. » 

Nous pourrions nous poser cette question : mais que fait le Père ?

Comment comprendre spirituellement son affirmation ?

La lecture du psaume 144 peut nous y aider !

Que nous dit-il aujourd’hui ? 

« Le Seigneur est tendresse et pitié : sa bonté est pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres. Il est fidèle en tout ce qu’il fait » (Ps 144). Cet extrait du psaume résume précisément, l’enseignement de la liturgie de la Parole de ce jour. (Remarquons que les textes se répondent !)

Quel mystère surprenant, toujours à méditer et à approfondir !

Nous pouvons dans notre prière d’aujourd’hui méditer ces textes, prendre du temps avec Jésus ! Le Fils ne fait que ce qu'Il voit faire par le Père. Toute l’œuvre de Jésus, y compris sa passion, n'est que manifestation de ce que le Fils a vu faire par le Père. 

Qu'a-t-il donc vu ? Il a vu un Père qui donne sa vie, qui aime profondément, qui donne tout son être, dont l'existence et l'être ne sont que don de soi. 

Prenons le temps aujourd'hui de contempler Jésus se donnant, prendre le temps ne serait-ce qu'en priant Jésus en Croix cette grâce d'apprendre à l'imiter en toutes choses et en toute occasion, pour nous aussi, ressembler au Père.                                                                                                                                                     

                                                                                                                  Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du lundi 28 mars 2022, 4e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 4, 43-54. Psaume 29. Livre du prophète Isaïe 65, 17-21.

 

Chers amis, il y a beaucoup de déplacements dans cet évangile. Peut-être avons-nous encore quelques difficultés à connaître les distances entre les villes de Cana, Capharnaüm (35kms), ou encore à situer les régions de la Galilée et de la Judée… Retenons simplement que, lors de la noce à Cana, l’eau est changée en vin, une joie surabondante est offerte à tous ; la fête est sauvée ! Tel est le premier signe donné par Jésus, c’était « à Cana de Galilée, le commencement des signes de Jésus. » 

Saint Jean, dans ce chapitre, nous rapporte le second signe de Cana, un signe d’une tout autre ampleur. Cela se passe aussi un troisième jour et cette précision importante met aussitôt notre attention en éveil. Il sera donc question de vie et de mort…

Voici donc que Jésus fait un nouveau miracle : la guérison du fils d’un fonctionnaire royal. Si le premier avait été très spectaculaire (600 litres de vin millésimé !), celui-ci est sans aucun doute, bien différent : il ne résout pas un embarras matériel, il s’agit de guérir une vie humaine.

Ce qui attire l’attention ici, c’est que Jésus agit à distance, car Il reste à Cana. Il ne se rend pas à Capharnaüm pour guérir directement le malade. Il lui redonne la santé sans bouger de Cana : « Le fonctionnaire royal lui dit : ‘Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure!’. Jésus lui répond : ‘Va, ton fils est vivant ! » (Jn 4,49.50).

Quelle foi chez ce fonctionnaire royal, car il croit vraiment en la parole de Jésus !

Quelle leçon pour nous, ce matin ! 

Qu’est-ce ce texte peut nous dire ?

Cette scène nous rappelle que, tous, nous pouvons faire beaucoup de bien à distance, sans devoir être présents à l’endroit où l’on sollicite notre générosité. Comment faire ? En gardant contact avec les membres éloignés de nos familles, une personne malade ou en maison de retraite… Nous pouvons aider, tels ou tels projets missionnaires… Nous pouvons collaborer par la prière ou économiquement avec des missionnaires ou avec des associations catholiques qui agissent. Nous pouvons même donner de grandes joies à beaucoup de gens qui sont peut-être loin de nous physiquement et qui attendent de nous un signe, par un simple appel téléphonique, une lettre ou un message électronique.

Bien souvent, nous trouvons une bonne excuse dans l’impossibilité d’être physiquement présents dans les lieux où il y a pourtant des nécessités urgentes. Jésus, Lui, n’a pas cherché d’excuse en disant que Capharnaüm était trop éloignée : Il a accompli le miracle.

La distance n’est pas un problème à l’heure d’être généreux, car la générosité sort du cœur et dépasse les frontières et les distances.

Peut-être pouvons-nous prendre contact avec des personnes éloignées de nous et qui sont en attente d’un petit mot, d’un petit geste, d’une prière. 

Voilà un point de réflexion et d’action, simple et concret, pour ce temps de Carême : un bel effort de Carême !

Frères et sœurs, demandons au Seigneur l’audace de ces initiatives et accomplissons, chacun de nous, déjà « le miracle » d’une proximité !

                                                                                                                   Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 27 mars 2022, 4e  dimanche du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 15, 1-3.11-32. Livre de Josué 5, 9a.10-12. Psaume 33. 

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 17-21.

 

Nous connaissons bien cette merveilleuse page d’évangile ! Peut-être avez-vous pris le temps de la méditer ces derniers jours, en préparant les textes de ce dimanche … 

Cette parabole de l’Évangile de saint Luc que nous venons de lire, a souvent comme titre : « la parabole de l’Enfant prodigue » ou encore la parabole : « du Fils prodigue ». On préfère aujourd’hui, la nommer : « la parabole du Père miséricordieux. » L’accent n’est plus forcément mis sur les fautes, le péché, mais plutôt, en positif, sur le pardon, la miséricorde et plus particulièrement encore sur la joie dans cette intimité avec le Père ! Nous comprenons peut-être davantage ce lien avec ce dimanche de Laetare où la couleur rose domine sur le violet !

La joie de Dieu est d’annoncer sa miséricorde ! Le terme de miséricorde se dit en hébreu, la langue principale de la Bible dans l’Ancien Testament, « rahamim » qui est un pluriel qui signifie « entrailles ». Être miséricordieux, c’est être ému jusque dans ses entrailles, au plus profond de nous-mêmes. La miséricorde est ainsi vue comme venant du dedans, comme une émotion remplie de bienveillance, d’amour et de joie comparable à celle d’une maman pour son enfant qu’elle a porté dans ses entrailles. 

C’est avec cet arrière-fond de pardon, de miséricorde et de joie que nous pouvons entendre aujourd’hui la parabole du Père miséricordieux. 

     Un père et ses deux fils ! En réalité, si vous avez pris le temps de méditer cette parabole, ces fils ne sont pas si éloignés de nous ! 

Savez-vous que dans bien des histoires diverses, nous nous ressemblons tous beaucoup et ceux qui paraissent les plus différents sont parfois bien semblables. Certes, nous avons tous notre histoire singulière, mais, nos souvent nos histoires s’entremêlent !

Regardons les deux fils dont il est question aujourd’hui dans cette parabole. Tout semble les opposer : 

  • Il y a le bon fils ainé : obéissant, mesuré, travailleur !
  • Et le petit dernier : un peu rebelle, trop impulsif, centré sur lui-même !

Malgré les apparences, les deux fils de cette parabole se ressemblent, en fait, beaucoup. Pourquoi ?

Ils ont l’un et l’autre une attitude similaire par rapport à leur père (c’est-à-dire le même rapport à Dieu le Père, puisque c’est bien Lui qui est représenté dans cette parabole.) Fondamentalement, l’un et l’autre font la même erreur en mélangeant, par exemple : le devoir et l’amour ou plus particulièrement encore, dans la thématique de ce jour : le plaisiret la joie !

Plaisir et joie ne disent pas la même chose :

  • Le plaisir est une réalité physique, une sensation agréable éprouvée dans notre corps suite à certains stimuli tels une rencontre, un achat, une idée, une amourette… 
  • La joie est une réalité spirituelle, un fruit de l’Esprit Saint qui se développe en nous quand nous nous appliquons à vivre une vie juste, bonne et vraie ! 
  • Le plaisir est superficiel, il dure un instant : il va, il vient ! C’est une « bonne-heure »
  • La joie est profonde et lus durable : elle demeure même quand les circonstances sont moins plaisantes, tant que notre vie est fixée dans le juste et le bien.

Si le plaisir et la joie ne signifient donc pas la même chose, il y a pourtant un lien entre joie et plaisir : le plaisir est fait pour accompagner la joie ; non pas comme quelque chose d’automatique, mais plutôt comme une surabondance, gratuitement. 

Le plaisir et la joie sont faits pour aller de concert, mais parce que nous vivons sous le régime du péché originel, ils peuvent se déconnecter l’un de l’autre. Il peut y avoir de la joie sans plaisir et du plaisir sans joie.

Ce que le Père veut donner à ses fils (pas seulement à ceux de la parabole, mais aussi à chacun de nous, aujourd’hui), c’est le meilleur, c’est-à-dire la joie : sa joie ! Et la joie vient de cette proximité avec le Père. Et même plus précisément : la joie, c’est de demeurer avec le Père. Avons-nous réellement conscience que notre joie la plus profonde, même si pouvons la goûter à certains moments, sera vécue pleinement dans la vie éternelle, avec Lui. Être avec Dieu au ciel et pour toujours !

Ce que cherchent l’un et l’autre des deux fils, c’est le plaisir : une immédiateté, une certaine jouissance. Certes, ils le cherchent différemment, mais pour l’un comme pour l’autre, le sommet de leur quête, ce qui dirige leurs actions, ce n’est pas la recherche de la joie de demeurer avec le Père : c’est un contentement, un plaisir, une extériorité ! Avec surprise, nous constatons que le Père peut être même compris comme un obstacle !  

C’est très clair pour le fils cadet. En demandant sa part d’héritage et en partant, il souhaite se déconnecter d’une intimité avec le Père. Mais ça ne marche que pendant un moment. Loin de la source de la joie, parce que la vie peut être complexe, le plaisir passager ne nourrit pas le cœur de l’homme. 

La vraie joie, c’est d’être avec le Père et de vivre comme un fils, une fille, : expérimenter être un enfant bien aimé, œuvrer avec Lui, de collaborer à son œuvre.

Cela non plus le fils aîné ne l’a pas compris. Il ira jusqu’à accuser son frère d'avoir dépensé le bien du père et de reprocher à son Père de n'avoir jamais eu part à nul bien. En fait, le fils aîné commet la même erreur, le même péché que le fils cadet. Celui-ci, dans une logique comptable, avait réclamé sa part, oubliant que tout ce qui était au père était à lui aussi.

En fait, ce qui est en-dehors de la vie avec le Père, c’est cela qui désigne le « péché ».

Le Père, lui, nous invite à la gratuité et à la miséricorde, Il nous invite à cesser de compter. À qui demande, Il donne sans mesure, car c'est Lui-même qu'il donne. Sa communion est ouverte à tous et à tout instant. 

Sa joie du don devient alors notre joie ! Mais aussi, n’oublions pas que notre Joie d’être avec Lui, devient sa joie !

Nous savons bien que la joie peut sembler difficile dans notre monde qui souffre de guerres, d’injustice, de combats de toutes sortes… Face à l’impuissance que chacun peut ressentir confronté à certains événements difficiles de la vie, la vraie joie est cependant possible ! Oui, elle est toujours possible !

Frères et sœurs, ce temps de Carême est cette invitation à un retour au Père, à chercher à vivre une vraie intimité avec Lui, et plus particulièrement de puiser dans la prière et le sacrement du pardon : la force, la paix et la joie.

Ce dimanche de Laetare, dimanche de la joie, nous invite donc à une réflexion intérieure, à nous questionner sur la vraie Joie que nous désirons au plus profond de nous-mêmes ! 

Prenons le temps de la réflexion, de la méditation, sans oublier que le rose nous appelle à la joie de Pâques ! La fête de Pâques qui approche est peut-être l’occasion ainsi de nous réjouir dans le Seigneur !                       

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du vendredi 25 mars 2022, Annonciation du Seigneur, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 26-38. Livre du prophète Isaïe. 7,10-14. 8,10. Psaume 39. 

Lettre aux Hébreux 10, 4-10.

 

Nous connaissons bien ce récit de l’Annonciation et la majestueuse salutation de l’ange qui reconnaît, en Marie, celle qui est « comblée de grâce » ! 

A cette salutation, Marie est toute bouleversée !

Oui, Marie est toute bouleversée ! Ce trouble, que certains diront bien compréhensible, permet à l’ange, au messager du ciel de lui préciser : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » 

Pour accueillir, en elle, le Fils de Dieu, ne fallait-il pas, certes une coupe très pure, mais aussi une âme « craintive de Dieu » ?

 

Ce mot de « crainte » finalement est assez mal compris aujourd’hui ! Beaucoup comprennent simplement : peur, malaise, frayeur, doute, angoisse… et finalement incapacité !

 

Pensons-nous que Marie était tremblante de peur ? 

En réalité : non ! Marie était habitée par cette assurance donnée par le Seigneur, cette reconnaissance de ce qu'elle est pour Lui, qui donne à Marie la force et l'audace incroyables d'entrer par tout elle-même, dans son plan de salut !

 

« Sois sans crainte ! » Cette consigne de l'Ange à Marie, cet encouragement du Seigneur est pour chacun de nous, ce matin. « Sois sans crainte, toi qui es devant le Seigneur ! » Cela vient balayer de notre vie bien des réflexes de peur et bien des timidités devant l'œuvre de Dieu. 

 

Certes, nous n'avons pas reçu pour mission de modeler au Fils de Dieu un corps humain, mais nous avons une responsabilité très réelle qui nous est confiée à toute vraie servante et à tout serviteur de Dieu !

« Sois sans crainte ! », nous redit Dieu quand Il nous appelle : « Écarte de ton cœur tous les retours paralysants du passé; Dénonce avec lucidité et courage les misères 

et les conflits du présent, extérieurs ou intérieurs à toi-même, détourne de tes yeux toute angoisse pour l'avenir, puisque Je suis et serai avec toi pour toujours. »

 

 Dans notre monde où la pandémie comme les médias nous poussent à avoir peur de tout contact, et même de mon frère et de ma sœur au risque de m’en détourner, de mettre une distance pour me préserver. Comment alors, aller annoncer à temps et à contretemps que Dieu nous aime et qu’Il veut notre salut : « Sois sans crainte ! » De fait, en ce jour, frères et sœurs, demandons cet esprit d’audace et cette même assurance pour de balayer toute crainte de notre vie, car nous sommes dans la main de Dieu !

 

       À l’occasion de cette solennité, à l’invitation du Pape François, unissons-nous à la prière de tous les chrétiens à travers tous les pays et redisons ensemble la consécration au Cœur Immaculé de Marie, pour l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine :

 

« Ô Marie, Mère de Dieu et notre Mère, en cette heure de tribulation nous avons recours à toi. Tu es Mère, tu nous aimes et tu nous connais : rien de tout ce à quoi nous tenons ne t’est caché. Mère de miséricorde, nous avons tant de fois fait l’expérience de ta tendresse providentielle, de ta présence qui ramène la paix, car tu nous guides toujours vers Jésus, Prince de la paix.

Mais nous avons perdu le chemin de la paix. Nous avons oublié la leçon des tragédies du siècle passé, le sacrifice de millions de morts des guerres mondiales. Nous avons enfreint les engagements pris en tant que Communauté des Nations et nous sommes en train de trahir les rêves de paix des peuples, et les espérances des jeunes. Nous sommes tombés malades d’avidité, nous nous sommes enfermés dans des intérêts nationalistes, nous nous sommes laissés dessécher par l’indifférence et paralyser par l’égoïsme. Nous avons préféré ignorer Dieu, vivre avec nos faussetés, nourrir l’agressivité, supprimer des vies et accumuler des armes, en oubliant que nous sommes les gardiens de notre prochain et de la maison commune. Nous avons mutilé par la guerre le jardin de la Terre, nous avons blessé par le péché le cœur de notre Père qui nous veut frères et sœurs. Nous sommes devenus indifférents à tous et à tout, sauf à nous-mêmes. Et avec honte nous disons : pardonne-nous, Seigneur !

Dans la misère du péché, dans nos fatigues et nos fragilités, dans le mystère d’iniquité du mal et de la guerre, toi, Mère sainte, tu nous rappelles que Dieu ne nous abandonne pas et qu’il continue à nous regarder avec amour, désireux de nous pardonner et de nous relever. C’est Lui qui t’a donnée à nous et qui a fait de ton Cœur immaculé un refuge pour l’Église et pour l’humanité. Par bonté divine, tu es avec nous, et tu nous conduis avec tendresse, même dans les tournants les plus resserrés de l’histoire

Nous recourons donc à toi, nous frappons à la porte de ton Cœur, nous, tes chers enfants qu’en tout temps tu ne te lasses pas de visiter et d’inviter à la conversion. En cette heure sombre, viens nous secourir et nous consoler. Répète à chacun d’entre nous : “Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère?” Tu sais comment défaire les nœuds de notre cœur et de notre temps. Nous mettons notre confiance en toi. Nous sommes certains que tu ne méprises pas nos supplications et que tu viens à notre aide, en particulier au moment de l’épreuve.

C’est ce que tu as fait à Cana de Galilée, quand tu as hâté l’heure de l’intervention de Jésus et as introduit son premier signe dans le monde. Quand la fête était devenue triste, tu lui as dit : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Répète-le encore à Dieu, ô Mère, car aujourd’hui nous avons épuisé le vin de l’espérance, la joie s’est dissipée, la fraternité s’est édulcorée. Nous avons perdu l’humanité, nous avons gâché la paix. Nous sommes devenus capables de toute violence et de toute destruction. Nous avons un besoin urgent de ton intervention maternelle.

Reçois donc, ô Mère, notre supplique.
Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.
Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation.
Toi, “terre du Ciel”, ramène la concorde de Dieu dans le monde.
Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon.
Libère-nous de la guerre, préserve le monde de la menace nucléaire.
Reine du Rosaire, réveille en nous le besoin de prier et d’aimer.
Reine de la famille humaine, montre aux peuples la voie de la fraternité.
Reine de la paix, obtiens la paix pour le monde.

Que tes pleurs, ô Mère, émeuvent nos cœurs endurcis. Que les larmes que tu as versées pour nous fassent refleurir cette vallée que notre haine a asséchée. Et, alors que ne se tait le bruit des armes, que ta prière nous dispose à la paix. Que tes mains maternelles caressent ceux qui souffrent et qui fuient sous le poids des bombes. Que ton étreinte maternelle console ceux qui sont contraints de quitter leurs maisons et leur pays. Que ton Cœur affligé nous entraîne à la compassion et nous pousse à ouvrir les portes et à prendre soin de l’humanité blessée et rejetée.

Sainte Mère de Dieu, lorsque tu étais sous la croix, Jésus, en voyant le disciple à tes côtés, t’a dit : « Voici ton fils » (Jn 19, 26). Il t’a ainsi confié chacun d’entre nous. Puis au disciple, à chacun de nous, il a dit : « Voici ta mère » (v. 27). Mère, nous désirons t’accueillir maintenant dans notre vie et dans notre histoire. En cette heure, l’humanité, épuisée et bouleversée, est sous la croix avec toi. Et elle a besoin de se confier à toi, de se consacrer au Christ à travers toi. Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère.

        Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. Accueille cet acte que nous accomplissons avec confiance et amour, fais que cesse la guerre, assure au monde la paix. Le “oui” qui a jailli de ton Cœur a ouvert les portes de l’histoire au Prince de la paix ; nous espérons que la paix viendra encore par ton Cœur. Nous te consacrons l’avenir de toute la famille humaine, les nécessités et les attentes des peuples, les angoisses et les espérances du monde.

        Qu’à travers toi, la Miséricorde divine se déverse sur la terre et que la douce palpitation de la paix recommence à rythmer nos journées. Femme du “oui”, sur qui l’Esprit Saint est descendu, ramène parmi nous l’harmonie de Dieu. Désaltère l’aridité de nos cœurs, toi qui es “source vive d’espérance”. Tu as tissé l’humanité de Jésus, fais de nous des artisans de communion. Tu as marché sur nos routes, guide-nous sur les chemins de la paix. 

Amen.

Homélie du mercredi 23 mars 2022, 3e semaine du Carême, année C. 

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 5, 17-19. Psaume 147. Livre du Deutéronome 4, 1.5-9. 

 

« Pas un iota, pas un point sur le « i », pas un trait ne disparaîtra de la Loi, jusqu’à ce que tout se réalise ». 

Il faut connaître, un peu…l’alphabet hébreu pour comprendre le premier sens de cette phrase ! En effet, l’alphabet hébraïque est consonantique, c’est-à-dire qu’il ne comprend pas de voyelle ! Le texte de la Loi ne donne donc à voir que des consonnes. Pour parvenir à l’entendre, il nous faut ajouter les voyelles – « points, traits, iota » – qui permettent de vocaliser le texte, c’est-à-dire d’écouter la Voix qui parle sous la lettre (par exemple : « pp » pour papa, papi ou papou et même : pipi…) 

Le sens second de cette phrase pourrait se résumer ainsi : « Donner une vie nouvelle à ce qui nous vient du passé… » 

Devant l’inconstance capricieuse de l’homme, quelle a été la pédagogie de Dieu ? 

Dieu s’est fait connaître aux prophètes qui, là encore, sont souvent rejetés et persécutés. Pendant des siècles, la loi de Moïse a guidé le peuple juif vers la rencontre du Dieu unique. De plus, pendant trente ans, Jésus a positivement observé les lois et les coutumes de son temps.  Ces lois et ces coutumes lui ont permis de se préparer à sa mission pour conduire ce peuple plus loin.  

Notons que Jésus ne rejette pas les prescriptions de son temps, mais Il leur confère un sens nouveau. « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » Pour Jésus, il n’est pas question de « conservatisme figé » ni, non plus, de bouleversement qui changerait tout. Il s’agit de donner une vie nouvelle à ce qui nous vient du passé. Ce n’est pas parce qu’une tradition est ancienne qu’elle est bonne à garder ! Ce n’est pas parce qu’une idée est nouvelle qu’elle serait forcément bonne. Jésus nous propose une synthèse harmonieuse entre la tradition et le progrès : l’accomplissement.  

Face à nos rigidités et nos multiples blocages, il nous faut réentendre l’espérance exprimée par Jésus : « Je suis venu ACCOMPLIR la Loi ! ». Accomplir la Loi, c’est le mystère de Pâque. Ce mystère est incompréhensible si nous n’entrons pas dans l’intelligence de la Foi.  

C’est seulement avec le cœur que nous pourrons comprendre le mystère de Pâque ! 

 Notre espérance est là : la pâque du Christ est accomplissement de la Vie qui triomphe de la Mort ! Cette pâque nous apprend, dans un premier temps,  à écouter : « Écoute, Israël ! » 

Accomplir la Loi, c’est peut-être apprendre à écouter en vérité, avec le cœur. Quand bien même nous savons que notre écoute est encore pleine de suffisance, d’interprétation inconsciente, d’imaginaire trompeur de l’autre et de ses intentions, à chacun de nous d’avancer en confiance… 

Accomplir la Loi, c’est peut-être écouter autrement et autre chose qu’une liste de préceptes ou d’obligations à suivre ou à transgresser. La Loi donne le sens de la marche. Jésus va jusqu’au bout de la loi d’Amour. 

Frères et sœurs, demandons la grâce de suivre Jésus avec audace !                                                                               

Ainsi soit-il ! 

 

Homélie du dimanche 20 mars 2022, 3e  dimanche du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 13, 1-9. Livre de l’Exode 3,1-8a.10.13-15. Psaume 102. 

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 10, 1-6.10-12.

 

Chers amis, peut-être trouvez-vous ces lectures un peu abruptes, difficiles ou tristounettes ? 

Je ne voudrais pas vous laisser dans l’ignorance, nous redit saint Paul !

Ce 3e dimanche de Carême veut nous éclairer et mettre l’accent sur notre conversion et sur les fruits qui sont au-dedans de nous et qui ne demandent qu’à éclore. 

Dans le récit que nous venons d’entendre, Jésus combat une croyance qui a la vie dure, et encore aujourd’hui : les catastrophes seraient une punition divine. 

Combien de fois ne l’ai-je entendu ! Quand tout va bien : c’est normal, Dieu est bon ! Mais quand une difficulté ou une catastrophe survient, nous laissons échapper cette question : « qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? » De fait, il est faux et même blasphématoire de penser que les cataclysmes, les catastrophes que nous constatons autour de nous puissent être des punitions divines. Si vous entendez dans votre entourage, particulièrement certaines personnes ayant des révélations privées, et qui vous présentent les cataclysmes naturels comme des punitions divines : je vous en prie, passez tranquillement votre chemin et haussez les épaules. 

Dieu ne veut pas la mort ! 

C’est l’homme lui-même qui peut créer son propre malheur ! 

Même si notre condition humaine va côtoyer la mort, notre Dieu est le Dieu de la Vie !

Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus fait référence à deux faits divers atroces : l’assassinat d’un groupe de gens pendant qu’ils offraient un sacrifice et la mort d’un autre groupe dans l’effondrement d’une tour, la tour de Siloé. « Pensez-vous qu’ils étaient plus pécheurs que les autres », sous-entendu « pour mériter une telle punition ? » Et la réponse de Jésus est claire. « Et bien, non, pas du tout ! »

Cependant, face à la souffrance et à la mort, nous nous interrogeons, mais il n’y a souvent rien à dire ! Simplement il nous faut être au côté de la personne qui souffre ! Le plus souvent, face à la souffrance, ce qui peut venir à l’esprit, c’est la négation de Dieu, en pensant : puisque le mal existe, Dieu n’existe pas ou inversement : c’est un tyran puisqu’il permet de telles souffrances ! 

Que dire à ceux qui sont ainsi blessés ou révoltés ? Et, en même temps, comment accueillir la personne blessée ou révoltée ? Comment tenter une explication ??? Il y a un mystère de la souffrance qui nous échappe et qui, reconnaissons-le, à la fois, nous heurte souvent violemment et en même temps nous effraie ! 

Car, nous ne pouvons que reconnaître la fragilité de notre existence !

Comment, dans la foi, avons-nous la certitude de l’amour de Dieu pour chacun de nous ? Comment savons-nous qu’Il est le Dieu de la Vie ! Quelle image avons-nous de Dieu ? Serait-il un Dieu magicien, lointain et simplement à notre service ? 

En réalité, Dieu est le tout-Autre et bien au-delà de nos schémas et nos calculs ! 

La lecture du Livre de l’Exode de ce troisième dimanche de Carême nous apporte une première réponse ; elle met en présence l’un des récits les plus étonnants de l’Ancien Testament : la scène du Buisson ardent. Là, Dieu se révèle à Moïse et Il lui dévoile son cœur de Père !

Dieu va donner à Moïse, rien de moins que la mission de délivrer son peuple de l’esclavage ! 

Moïse pose alors deux questions à Dieu : QUI SUIS-JE ? ET QUI ES-TU ?

« Qui suis-je pour aller vers Pharaon et faire sortir d’Égypte les fils d’Israël ? » et « S’ils me disent : quel est son nom ; que leur répondrai-je ? » (Ex 3,13). 

  • À la première question, Dieu répond simplement : « Je suis avec toi » (Ex 3,12). C’est la même réponse que Dieu apporte à nos questions et à toutes nos interrogations : « Je suis avec toi » … quoiqu’il arrive.
  •  À la seconde, Dieu répond par le tétragramme YHWH imprononçable en disant d’une façon mystérieuse qu’Il est : « Je suis » (Ex 3,14). Littéralement : « Je suis celui qui suis ! »

Qui aurait osé imaginer une telle situation : un Dieu qui aime et prend soin de son peuple ! Un Dieu qui se fait proche de chacun de nous ! 

Le Psaume 102 le rappelle : « Dieu révèle ses desseins à Moïse ! »

Cette révélation confiée à Moïse sera désormais le fondement de la foi d’Israël, la pierre angulaire sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour toute notre vie. Dieu, le Tout-Autre, Celui qui semblait inatteignable, voilà qu’Il se fait le Tout-Proche, Celui qui vient au-devant de son peuple pour lui apporter le salut et la vie !

Ce fondement est capital. Il permet une bonne approche du problème du mal – du mystère du mal – qui est évoqué dans l’évangile de ce dimanche. Dieu n’est pas le responsable de tous les malheurs qui frappent l’humanité. 

C’est pour cette raison que saint Paul, dans sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, nous redit : « Cessez de récriminer contre Dieu. » Ce n’est pas Dieu qui provoque la guerre, c’est la folie des hommes ! Ce n’est pas Dieu qui crée tel ou tel accident, c’est celui qui conduisait trop vite ou mal ! Même la mort ne sera pas la fin, mais l’ouverture à Dieu pour qui le souhaite !

Non ! Jésus n’est pas venu pour expliquer le mal, mais pour lutter contre le Mal, pour nous en libérer afin que nous puissions porter du fruit !

Pour illustrer l’urgence d’une conversion, Jésus, Lui-même, enfin nous raconte l’histoire de la vigne et du figuier. Depuis Isaïe, les Juifs avaient compris que leur peuple était comparé à une vigne que Dieu avait plantée pour qu’elle donne le meilleur vin. Jésus ajoute à l’exigeante parabole traditionnelle un surprenant vigneron qui plaide pour le figuier : « Laisse-le encore cette année, le temps que je bêche. » Comprenons bien que ce vigneron, c’est le Christ !

Cette parabole est donc pour nous ! Nous savons bien que notre histoire, notre caractère, nos doutes, nos manquements ne nous permettent pas de donner les beaux fruits qui pourtant sont déjà en germe en nous ! 

Cette parabole nous enseigne que cette conversion profonde est l’appel urgent.  Ce chemin de conversion est accompagné des encouragements du Seigneur Lui-même. C’est Lui qui nous travaille au corps, qui nous donne le but, c’est toujours lui qui nous nourrit et nous abreuve par le sacrifice de l’Eucharistie. Il ne mesure pas sa grâce et nous apporte son soutien jour après jour. Plus fou encore, Dieu espère en nous ! Il croit en chacun de nous !

En bon vigneron, Il prend patience et déploie inlassablement ses efforts pour que tout arbre porte du fruit, littéralement : pour que chacun de nous, sans exception, porte du fruit !

Retenons que Dieu est patient : Il sait que les fruits, sans distinction, ont besoin de temps pour croître et pour mûrir.

Le temps du Carême nous est donné pour prendre le temps de méditer ces paroles. Ce temps de grâce nous est ainsi donné pour que, avec le soutien du Christ, nous portions le premier de tous les fruits, celui du retour à Dieu, celui de la conversion. 

Frères et sœurs, c’est ce que nous pouvons demander en ce 3e dimanche du Carême, pour chacun de nous : laissons les beaux fruits que nous portons en nous, éclore, mûrir, rayonner ! Dieu est tout proche ! Il est avec nous et nous savons sa patience ! 

Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 14 mars 2022, 2e semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 36-38. Psaume 78. Livre du prophète Daniel 9, 4-10.

 

 

« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » Quel beau programme de vie, aussi exigeant que riche de joie et de paix ! Cela, nous le percevons, nous le comprenons et nous l’espérons. 

Mais voilà ! C’est un programme de vie exigeant ! Cela est certain, tant la psychologie de l’homme est complexe et même parfois, un peu tordue ! Pourtant, rien n’est impossible à Dieu !

Pour nous aider, le Seigneur Jésus nous montre les étapes, tel un pèlerinage à travers lequel nous pouvons atteindre ce but qu’est la miséricorde à l’image de Dieu. 

Quelles sont ces étapes ? 

Vous les connaissez sans doute ; elles semblent évidentes, mais elles vont nous demander de la volonté et une décision :

  • Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; 
  • Ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. 
  • Pardonnez, et vous serez pardonnés. 
  • Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous !

Il nous est dit, d’abord, de ne pas juger, et de ne pas condamner. Si l’on ne veut pas être exposé au jugement de Dieu, personne ne doit devenir juge de son frère. De fait, en jugeant, nous nous arrêtons souvent à ce qui est superficiel, extérieur, tandis que le Père regarde l’intérieur du cœur. Que de mal, les paroles ne font-elles pas lorsqu’elles sont animées par des sentiments de jalousie, d’envie ou de vaines stupidités ! 

Comment alors, le disciple du Christ peut-il « être miséricordieux » ?

Cette question est alors importante et dans tous les cas, elle est vitale pour notre « vie présente » et « celle à venir » !

 Jésus continue en employant deux verbes essentiels pour nous y aider :

  • “pardonner” (Lc 6, 37) 
  • et “donner” (Lc 6, 38)

Pourquoi un chrétien doit-il pardonner ? 

Parce qu’il a été, lui-même, pardonné ! Il a vécu (normalement) le don du Pardon de Dieu ! Il en a fait l’expérience ! Et cela autant de fois que nécessaire !

Nous sommes de pauvres petits pécheurs pardonnés, et pourtant, toujours, aimés de Dieu !

Aucun de nous, dans sa vie, n’a pu ou ne peut se passer du pardon de Dieu. Constatez combien nous sommes apaisés, heureux, quand le pardon a été donné et reçu !

La logique vitale de notre vie est là ! 

Puisque nous avons été pardonnés, nous devons, nous aussi, pardonner, avec la grâce de Dieu. 

Voilà déjà, si vous le voulez bien, une première grâce que nous pouvons demander et mettre en œuvre en ce début de Carême : vivre et expérimenter le Pardon de Dieu pour mieux entrer, à notre tour, entrer dans une démarche de pardon !  

Prenons le temps, aujourd’hui, demain, de faire cet examen de conscience, de comprendre qu’il y a, en nous des choses qui ont besoin d’être purifiées, pardonnées.

Ayons l’audace, avec la grâce de Dieu, d’entrer dans cette démarche du pardon vis-à-vis de nos frères et sœurs ! C’est la grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous ce matin et croyons que le Seigneur nous accompagne dans toutes nos vraies démarches !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 13 mars 2022, 2e  dimanche du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 9, 2 8b-36. Livre de la Genèse 15, 5-12.17-18. Psaume 26. 

Lettre de saint Paul aux Philippiens 3, 17 à 4-1.

 

       Dans notre monde où l’obscurité et les guerres nous plongent dans la désolation, un pessimisme et un abattement certains, cette transfiguration doit nous réveiller ! 

        Nous le savons, Dieu ne veut pas tout cela ! Il veut la vie pour chacun de nous, mais les hommes sont capables du pire. L’actualité affligeante de ces derniers jours, nous révèle la folie de certains dirigeants et les terribles désastres qui en découlent.

Alors que pouvons-nous dire ou faire ?

Pourtant, notre monde est beau et nous y constatons la remarquable capacité des hommes quand ils font le choix du bien et de la justice !

Chers amis, quelle chance nous avons ! Quelle chance pour nous, les chrétiens ! Notre foi est tout entière tournée vers l’Espérance. Les lectures de la liturgie d’aujourd’hui viennent nous conforter dans cette espérance. Le récit de la Transfiguration doit réellement nous réveiller !

       Ces textes que nous venons d’entendre nous parlent des promesses de Dieu. Et nous le savons : Dieu tient toujours ses promesses, même si certaines choses nous échappent. Dieu ne nous abandonne pas et Il voit bien plus loin que nous ! Depuis cette étrange alliance conclue avec Abram, jusqu’à la Transfiguration qui nous donne un aperçu de ce que sera notre vie dans la gloire, Dieu est présent.

        Étrange alliance, disions-nous, dans ce “contrat“ que Dieu passe avec Abram. Je ne parle pas du rite particulier des animaux coupés en deux qui était un rituel courant à l’époque, quand deux chefs de tribu faisaient alliance. Les animaux partagés en deux préfiguraient, comme un avertissement, de ce qui arriverait à celui qui ne respecterait pas ses engagements. On ne peut plus dissuasif !

        Mais ici ce que nous pouvons remarquer, c’est qu’il ne s’agit pas d’une alliance entre deux hommes, deux humains, deux semblables, deux êtres égaux. C’est Dieu lui-même qui passe un contrat avec Abram (qui deviendra Abraham) ! Quelle disproportion entre la transcendance de Dieu et la petitesse de l’homme ! Comment Dieu peut-Il souhaiter s’abaisser ainsi, s’humilier diraient certains, en proposant une alliance aussi déséquilibrée, du moins en apparence et à vue humaine ? « Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? » s’émerveillait le chantre. Nous découvrons la folie d’amour de Dieu face à la folie de destruction de l’homme.

        Que nous dit cet épisode ? On voit ici, une fois de plus, que Dieu passe par nos rites, nos habitudes, notre humanité, nos façons de faire pour se manifester à nous. Pour nous rejoindre, Il parle notre langage, Il utilise nos signes, nos symboles, les choses qui nous parlent. Oui ! C’est vraiment un Dieu qui se fait proche. Nous le comprenons par l’acceptation de l’Incarnation du Christ !

       Il nous veut si proches qu’Il nous annonce la « Terre Promise » qui est et sera, rien de moins que le « Royaume de Dieu » ! N’oublions pas que nous ne sommes que de passage sur cette terre ; nous n’emporterons rien de ce que nous aurons pu mettre de côté, ni pouvoir ni argent … Seul l’amour restera !

C’est ce que nous dit aussi saint Paul dans sa lettre aux Philippiens : « Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux ! » Avons-nous conscience que nous sommes citoyens du ciel ! Dès à présent ! Quelle chance ! 

  • Mesurons-nous cette chance et cette espérance ?
  • Sommes-nous capables de nous en réjouir ? 
  • Parvenons-nous seulement à le croire, au moins ? 

Cette certitude d’être « Citoyens des cieux » devrait nous donner la force et le courage d’affronter les difficultés de chaque jour, de vaincre le mal auquel nous sommes confrontés, de découvrir que nous sommes, dans cette humanité, invités à nous supporter les uns les autres, à nous aider les uns les autres plutôt que de chercher le pouvoir sur les autres. 

« Tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés ! » nous redit saint Paul. Tenez bon ! Tenons bon ! L’Espérance est plus forte que tout le mal qui nous entoure.

        C’est sans doute aussi pour qu’ils puissent tenir bon et ne pas désespérer, que les disciples Pierre, Jean et Jacques, ont eu la chance de voir, sur la montagne, Jésus dans sa gloire, Jésus transfiguré, Jésus dans cette lumière éclatante. 

En effet, très peu de temps après, Jésus sera arrêté, jugé, condamné et crucifié. Mais cette vision anticipée de la Gloire leur a sans doute permis, après le choc terrible et la désillusion qui suivirent la chute puis la mort de leur maître, de retrouver l’espérance. 

Oui, ils ont vu la gloire de Dieu : Jésus resplendissant, transfiguré, en compagnie de Moïse et d’Élie, deux témoins qui accréditent cette vision ; Moïse, celui par qui la Loi de Dieu a été donnée, et Élie, le plus grand de tous les prophètes aux yeux des juifs de l’époque. 

        Ce signe d’espérance leur a été donné sur cette montagne, pour que nous, aujourd’hui, nous puissions repartir avec cette même assurance. 

       Et nous, aujourd’hui, nous sommes les héritiers de cette vision, héritiers de cette espérance, non pas comme des propriétaires, mais comme des responsables de sa transmission.            

Il est impossible de garder pour nous seuls, cette espérance !

Vivons, à temps, et à contre temps de cette espérance ! La transfiguration, ce n’est pas juste l’événement d’un lointain passé. Il nous faut l’annoncer à notre monde, annoncer cette « transfiguration » à laquelle tout être humain est promis, aujourd’hui, comme hier ou demain. Nous sommes faits pour entrer dans la gloire de Dieu ! Et comment mieux l’annoncer, dès maintenant, qu’en montrant nous-mêmes des visages de transfigurés ? Nous devons resplendir de l’amour de Dieu !

Frères et sœurs, que cette transfiguration puisse se lire sur nos visages, dans tout notre être, mais aussi dans l’unité de notre communauté paroissiale. Ne montrons pas des visages accablés et sans but !

        Alors, continuons, frères et sœurs, ce chemin de carême en nous gardons, les uns les autres dans la prière. Surtout, demeurons dans ce don, cette vertu d’Espérance que nous recevons comme un merveilleux cadeau !

Qu’en toute occasion, Dieu soit béni !

                                                                                                                  Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi 9 mars 2022, 1re semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 11, 29-32. Psaume 50. Livre du prophète Jonas 3, 1-10.

Il était une fois Jonas … Il y a quelques jours, nous avons eu une rencontre sur l’histoire de Jonas avec les enfants du catéchisme. Ce texte commence comme une histoire que l’on raconte aux enfants. C’est tout à fait cela : l’histoire de Jonas, c’est ce que les Juifs appellent un « midrash », c’est-à-dire un récit mi-réel et mi-fictif, une de ces histoires qui font réfléchir petits et grands. 

Nous l’avons entendu dans la première lecture ; prenons le temps de relire ce livre en entier (dix minutes montre en main pour le lire !) Quand les juifs racontent l’aventure de Jonas à leurs enfants, c’est pour leur faire découvrir que le salut de Dieu est pour Ninive et aussi pour toutes les nations. 

Quand les chrétiens racontent l’histoire de Jonas à leurs enfants, c’est pour leur annoncer Jésus-Christ, le vrai Jonas, et aussi pour parler, de conversion, du poisson, des trois jours dans les profondeurs des enfers avant la Résurrection…

Rappelez-vous : Jonas est un prophète juif à qui Dieu demande d’aller avertir Ninive, la grande ville étrangère et païenne, pour qu’elle change de vie, se convertisse et soit sauvée. Or, Jonas veut garder jalousement pour les Juifs le salut offert au peuple juif, et n’a aucune envie que Ninive soit sauvée… Alors il fuit ; il prend un bateau pour aller plus loin, à l’opposé de Ninive. Mais voilà qu’une grosse tempête secoue le navire. Les marins réveillent Jonas qui dormait. Il sait bien que c’est à cause de lui, de son refus, que la tempête se déchaîne. Il demande alors librement à l’équipage de le jeter par-dessus bord pour apaiser l’océan déchaîné. Aussitôt fait ! Un gros poisson qui passait par là, avale Jonas et le garde pendant trois jours et trois nuits. 

Puis, il le recrache… comme par hasard sur la plage juste en face de Ninive ! Jonas comprend alors que Dieu est têtu et veut absolument sauver les païens. Alors, Jonas s’exécute ; il crie dans toute la ville : « Convertissez-vous ! ». Les gens l’écoutent et commencent une conversion. À la grande fureur de Jonas, Dieu accorde le salut à Ninive. C’est le fameux épisode qui va suivre les versets d’aujourd’hui, du ricin desséché : Jonas est même dégoûté que Dieu soit si bon avec les méchants. « Sache que moi Dieu, j’ai plus de peine pour un humain qui se perd que pour une plante qui se fane » va-t-il entendre !

Voilà l’histoire en quelques mots. Vous devinez sans doute, dans quel esprit les Juifs la racontent aujourd’hui : Jonas préfigure pour eux, le peuple juif chargé d’annoncer à toutes les nations de se convertir au Dieu unique. 

Vous devinez également la lecture que nous, chrétiens, nous en faisons et c’est aussi ce que nous avons expliqué aux enfants du catéchisme. Jonas, c’est Jésus, vrai homme et vrai Dieu, qui est envoyé pour le salut du monde entier. 

  • Jonas endormi au fond sur le bois du bateau préfigure Jésus endormi dans la mort sur le bois de la Croix. 
  • La tempête, c’est les forces du Mal en action
  • L’interrogatoire de Jonas par les marins préfigure la comparution du Christ devant ses juges. 

Jonas se sacrifie librement : « Prenez-moi et jetez-moi à la mer » : Jésus qui au contraire écoute son Père, donnera librement sa vie dans sa Passion et le don de sa vie. De nombreux Pères de l’Église ont commenté le livre de Jonas. Je retiens celui d’Ambroise de Milan, sur le psaume 43,85 : « C’est lui, Jésus, le vrai Jonas, qui a donné sa vie pour nous racheter ». 

Prenons le temps de relire ce livre et, en ce temps de Carême, peut-être pouvons-nous en faire une lecture spirituelle !         

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 7 mars 2022, 1re semaine du Carême, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 25, 31-46. Psaume 18B. Livre des Lévites 19, 1-2.11-18.

 

 

Chers amis, si nous prenons le temps de méditer et d’intérioriser l’évangile de ce jour (Matthieu 25, 31-46), nous entendons ce que Jésus attend de nous. Il nous rappelle l’importance de notre proximité et de notre tendresse à l’encontre de ceux que nous côtoyons. Cette attention à tous doit être notre règle de vie, et que c’est sur cela que nous serons jugés. 

Dans la grande parabole du Jugement dernier de l’évangile de saint Matthieu 25, le Roi dit : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde“ (Dieu a donc un projet pour nous) ! Il poursuit : “Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (25, 34-36). 

Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous avons fait tout cela ? » Et Il répondra : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40)

Une des pistes de lecture que nous pouvons comprendre pour nous ce matin, c’est que le salut ne commence pas seulement par la confession de la royauté du Christ, mais par l’imitation des œuvres de miséricorde par lesquelles Il a réalisé son Royaume. 

Celui qui les accomplit montre qu’il a accueilli la royauté de Jésus, car il a fait place, dans son cœur, à la charité de Dieu. « La foi sans les œuvres est morte. » dira aussi saint Jacques 2,21-26

Au soir de notre vie, nous ne serons pas jugés sur nos richesses ou sur nos propriétés, ni même sur le nombre de chapelets que j’aurais pu réciter, mais nous serons jugés sur l’amoursur cette proximité et sur cette tendresse envers nos frères en humanité.

Certains peuvent être surpris, mais de cela, dépendra notre entrée ou non dans le Royaume de Dieu. Jésus, par sa victoire, nous a ouvert son royaume largement, mais il revient à chacun de nous d’y entrer et contre vents et tempêtes de garder ferme ce désir et cette espérance.

Notre vie terrestre n’est pas un long fleuve tranquille, mais dès maintenant nous pouvons participer de ce Royaume, peut-être même sans en avoir pleinement conscience quand nous acceptons concrètement d’être proches du frère qui demande du pain, un vêtement, un accueil, un peu d’aide… 

Et si vraiment nous aimons ce frère ou cette sœur, nous serons poussés à partager avec chacun ce que nous avons de plus précieux, c’est-à-dire Jésus lui-même et son Évangile !

C’est toujours Lui qui est à la source de mes actions et qui anime mon cœur. Voilà notre richesse !

Ne l’oublions pas :

  • c’est Lui qui m’accueille en premier, 
  • c’est Lui qui nous nourrit par son Eucharistie,
  • c’est Lui qui est à l’origine de mon espérance,
  • c’est toujours Lui qui est me redit que je suis attendu dans son Royaume !

Alors comment recevons-nous cette invitation : « Venez, les bénis de mon Père ! »

  • En vivant de cette miséricorde de Dieu pour moi aujourd’hui et particulièrement en ce temps du Carême ?  
  • En libérant du temps et de la place dans mon cœur à la miséricorde de Dieu ?

Frères et sœurs, prenons le temps, tout au long de ce jour, de relire cet évangile et de le méditer !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 6 mars 2022, 1er dimanche de Carême, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 4, 1-13. Livre du Deutéronome 26,4-10. Psaume 90. 

Lettre de saint Paul aux Romains 10, 8-13.

 

 

Chers amis, depuis mercredi dernier (mercredi des Cendres), nous sommes entrés dans le chemin du Carême ; n’oublions pas que ce temps du Carême est une montée vers la Joie de Pâques ! 

Pourquoi ce Carême ?

La raison est simple et, en même temps nécessaire et profonde. Il est bon pour chacun d’entre nous de vivre parfois comme des ruptures, des différences, pour marquer notre espace et notre temps. Durant quarante jours, nous sommes invités à nous rapprocher davantage de Jésus pour Le suivre et L’accompagner, pour nous préparer à vivre avec Lui le mystère pascal, sommet de notre vie chrétienne. Plus particulièrement, c’est ce que nous vivrons lors de la semaine Sainte : de la Sainte Cène, le Jeudi Saint au soir ; de sa mort sur la croix, le Vendredi Saint au Golgotha et jusqu’à sa Résurrection au matin de Pâques où nous nous réjouirons tous ensemble.  

Gardons en mémoire cette espérance au moment où nous commençons le Carême, tout simplement pour ne pas montrer des visages tristes et sinistres ; non ! Ce Carême est un temps de grâce !

Dans les textes liturgiques du Carême pour cette année (année C), l'accent est mis sur notre conversion. Pourquoi ?Pour entrer davantage dans une intimité avec le Christ. Comment ? En lisant l’évangile de saint Luc, en écoutant sa Parole, en lui demandant de l’aide et en suivant ses conseils.

Ce chemin de Carême est donc un temps de rencontre, d’amitié et de grâce ! Nous allons essayer, pour cela, de changer et calmer notre rythme de vie par la prière, le service et aussi le jeûne, en vivant une conversion, expérimenter ce retour vers le Père miséricordieux en recevant, d’une façon renouvelée, le Sacrement du Pardon

C’est pour cela que le Carême est un temps de grâce, certainement ! Cependant, il ne peut pas être, et ne sera sans doute pas, de tout repos. Pourquoi ? Ce temps nous amène sur le terrain du combat spirituel, car, que nous le voulions ou non, des forces obscures sont à l’œuvre en nous et dans le monde. Nous le constatons bien avec le déroulement de cette guerre terrifiante de ces derniers jours, mais elles sont aussi à l’œuvre au-dedans de nous.

En regard avec nos propres tentations, le récit en saint Luc que nous venons de lire, nous indique les principaux terrains d’où viennent les attaques, les assauts du Mal et de Satan, (appelé le Diable ici dans l'évangile qui vient d'être lu). Jésus a accepté de les subir pour être en tout semblable à nous, excepté le péché.

 

Très rapidement, regardons ensemble ce récit des tentations. 

Tout d’abord, notons que Jésus commence par s’éloigner des siens et du brouhaha de la foule. Il se rend au désert :lieu de solitude, à l’écart de l’agitation du monde. Peut-être pourrons-nous vivre ce temps durant ces semaines de Carême, soit par une petite retraite, soit en prenant un peu de temps à l’écart : en marchant dans la montagne, en entrant prier dans cette église, en coupant ou en limitant notre temps sur les réseaux sociaux… par exemple et d’autres moyens !

Au désert, Jésus se retrouve seul. Dans sa prière, il vit un affrontement avec le Royaume des ténèbres dont Satan est le représentant : c’est l’affrontement du bien et du mal, des ténèbres et de la lumière. Là, le combat spirituel se met en marche : d’un côté, se trouvent Dieu et sa Parole, de l’autre côté les attraits du monde sous ses diverses formes. 

Comment discerner ce qui est bon et juste, et rejeter ce qui est mauvais ?

Comment faire toute la place à la lumière ?

 Les réactions de Jésus sont donc un enseignement pour chacun de nous ! Ces tentations du Christ au désert sont plus actuelles que jamais !

Si le Christ a été tenté, nous le serons, sans doute, à notre tour. « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître », dit Jésus aux apôtres (Lc 6,40). Les mirages, les illusions que Satan lui fait miroiter au désert, l’ange des ténèbres nous les ressert encore aujourd’hui, même si c’est sous des apparences et des philosophies différentes, plus affinées, accommodées à nos goûts « d’hommes et de femmes cultivés ».

Ces trois tentations décrivent comme un crescendo dans le danger des illusions démoniaques.

- Première tentation, le premier danger : se laisser dominer par le règne de l’avoir ; toujours plus ! « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres se changent en pains. » La réponse de Jésus, est et sera à chaque fois, la Parole de Dieu.

- La seconde tentation, le deuxième danger nous fait passer de l’avoir au paraître ; C’est l’illusion du paraître, le règne des apparences. Le but consiste à épater la galerie, de sorte à régner sur les autres, à les dépasser, et donc à les dominer.

- Enfin, avec la troisième tentation, le troisième danger est la suggestion démoniaque qui atteint ici son paroxysme. Il ne s’agit plus maintenant d’avoir ou de paraître, mais d’être, d’être tout simplement ! D’être à la tête de tous les royaumes ! D’être le meilleur, le plus grand, le plus fort, le plus offensif ! Nous le voyons bien avec tout ce qui se passe dans cette guerre où l’on veut dominer l’autre. C’est la tentation monstrueuse de l’orgueil, avec cette nuance toutefois : devenir le meilleur, mais à condition de rester esclave du… démon ! En effet, le diable ajoute : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu me rends hommage. » 

Il y a une subtilité diabolique qui pourrait nous faire douter de toutes ces tentations : Le diable se fait oublier pour mieux nous manipuler. C’est la grande trouvaille du Malin !

En terminant, prenons conscience que ce récit des trois tentations de Jésus au désert nous rejoint personnellement, à divers moments de notre vie. En effet, ne sommes-nous pas tentés, nous aussi comme Jésus l’a été ? Reconnaissons-le !

Ce début de Carême est l’occasion pour chacun de nous, de réfléchir et de débusquer ce qui a besoin d’être converti. Que cette Eucharistie qui nous voit en marche vers Pâques, soit pour nous le soutien de notre retour vers le Père miséricordieux, appelés à une conversion continuelle et à reprendre sans cesse ce chemin pour « Avec lui, renaître autrement ».

Comme saint Paul l’affirmait dans la deuxième lecture, redisons du fond de notre cœur, de toute notre foi en Jésus : « si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur… » écrit-il «… si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé » (Romains 10, 9). 

Que ce temps du Carême soit vraiment le temps, pour nous, de prendre conscience que Dieu veut nous sauver ; Il ne peut pas le faire sans nous ! Alors, demandons la grâce de participer avec confiance au salut qu’Il nous propose !

Bon Carême                                                                    

 Ainsi soit-il !

Homélie du mercredi des Cendres 2022, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 6, 1-6. 16-18. Livre du prophète Joël 2, 12-18. Psaume 50.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 20 à 6, 2.

 

Chers amis, comme je vous le disais en introduction tout à l’heure, ce temps du Carême est un temps de grâce, un temps de rupture avec certaines habitudes : pas d’Alléluia ou de Gloria, une couleur différente pour la chasuble (le violet). Un temps de rupture avec certaines « mauvaises » habitudes qu’il nous faudra repérer. Bref, un temps où Dieu veut nous faire grâce.

Quarante jours pour prendre un peu de recul par la prière, le jeûne et l’aumône...

Quarante jours pour entrer dans la révélation de Pâques, la révélation de la vie du Ressuscité...

Quarante jours pour nous permettre de recevoir et redécouvrir comme un don ce qui doit être l’essentiel, le cœur de toute vie chrétienne, c’est-à-dire une vie orientée et ancrée en Christ, tournés ensemble — Lui et nous, nous par Lui, dans l'Esprit — vers le Père, dans la reconnaissance de nos difficultés et de nos refus parfois à aimer, aimer Dieu et son prochain comme soi-même... c'est-à-dire à vivre peut-être plus intimement l'Évangile...

Ce temps du Carême, c’est aussi quarante jours de marche au désert, comme un pèlerinage... pour creuser, expérimenter la faim et la soif de tout homme et y entendre, dans le manque, Dieu qui parle et qui appelle, Dieu qui sauve aussi, au cœur de toute traversée...

Quarante jours pour découvrir tout cela et laisser alors jaillir notre joie pour qu’elle se répande dans notre monde blessé, dans ce monde en guerre, dans ce monde que Dieu aime toujours profondément. 

En fait, ces quarante jours représentent toute la vie humaine. Ce temps ne fait que redire la tâche de notre propre création : retrouver en nous l’image de Dieu. Cela passe pour chacun et chacune d’entre nous par une démarche de clarification, de vérification de ce qui est vrai dans notre vie, et de ce qui est faux. 

Qu’est-ce qui, dans nos vies, a besoin d’être regardé, ajusté, débarrassé du superflu, réorienté ?  Il s’agit en effet de nous libérer du désir d’être au centre, peut-être de ce qui nous inquiète et nous accapare pour nous tourner résolument vers Dieu et vers les autres.

Ces quarante jours vont passer très vite ; alors, commençons ensemble dès aujourd’hui !

Mais comment ? ... Quelle place ou quel temps donner à la prière ? Quelle place donner à la lecture et à la méditation plus quotidiennes de la Parole de Dieu ? ... Et si nous nous obligions aussi, à la découverte ou redécouverte du sacrement du pardon ? ... N’oublions pas l’appel à aller à la rencontre de l’autre qui est là, à nous mettre à l’écoute de ses besoins, de ses faims et dans ses attentes de sens et de vie ? Une oreille attentive, une main posée sur une épaule ...

Quarante jours au cours desquels nous sommes invités à cheminer ensemble tel un pèlerinage pour approfondir notre être chrétien, à être miséricordieux à l’image du Père, comme Jésus nous y appelle. 

Ne nous fixons pas de grandioses objectifs, sans doute louables, mais que nous aurons peut-être du mal à tenir dans le temps. Demandons des choses simples. Allez, soyons fous : dix minutes de prière chaque jour, se confesser régulièrement, rendre visite à un voisin, réciter le chapelet, prendre des nouvelles des membres de sa famille ; rien d’extraordinaire, mais surtout ayons tout simplement le désir du cœur à cœur avec Dieu !

Puissions-nous en ce début de Carême, repérer et décider ce qui nous aidera davantage, de manière simple, humble et réelle, à nous laisser réconcilier avec Dieu, par de petites et grandes conversions. Ainsi nous ne pas marcherons pas à côté de notre vie.

Je vous souhaite, et je nous souhaite, un beau et saint Carême à chacun !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 28 février 2022, 8e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 10 17-27. Psaume 110. Première lettre de saint Pierre 1, 3-9.

 

Cela s'est passé rapidement et même brusquement : Jésus se préparait à partir, et voilà un homme qui arrive en trombe et se met à genoux devant Lui. Apparemment, cet homme semble pressé, comme s'il jouait la dernière chance de sa vie ! En fait, que vient-il demander ? Une guérison, pour lui ou pour un de ses proches, une grâce particulière ? Non, cet homme accourt pour poser une question singulière : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »

Cette question est surprenante, en même temps, belle et essentielle ! C’est une question qui nous titille aussi et qui pourrait nous gêner. Pourquoi ? Parce que c'est justement celle que nous n'avons peut-être plus le courage de nous poser ; parce que nous doutons de nous, de nos décisions… et peut-être même de la réponse de Dieu…

Cette question est tout simplement réaliste ! Que vient demander cet homme ? Il veut dès aujourd'hui une vie qui puisse traverser la mort ; il veut, avec les choses qui passent, construire dès aujourd'hui, du définitif. C'est lui qui a raison ! Si nous ne nous posons plus cette question, nous risquons d’être des rêveurs : nous imaginons que cette vie qui nous est donnée "va durer toujours" !

« Bon maître, dit l'homme, que dois-je faire pour avoir en partage la vie définitive, la vie éternelle ? »

Le Christ répond de façon claire et en deux temps : 

  • "Tu as les commandements !" « Oui » dit-il ! 
  • Alors, "Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as, et donne-le aux pauvres. Puis viens, suis-moi ! »

N’y a-t-il pas dans notre vie, un oui qui n'aurait pas encore été complètement dit à Dieu et qui nous rendrait tristes ? Peut-être !

Ne soyons pas comme cet homme qui « avait de grands biens ». Ne faisons pas erreur sur la notion de “grands biens“. Ne restons pas crispés sur un trésor : que ce soient l'aisance, le confort, la culture ou le pouvoir, les relations amicales ou amoureuses ! Ou simplement encore, sur les années qui nous restent à vivre sur cette terre ! Nous le savons : cette vie passera…

Aujourd'hui encore, le Christ nous offre sa parole, sa sagesse de vie. 

Aujourd'hui, après avoir communié tous ensemble à l’Eucharistie, c’est-à-dire à la vie qu'Il nous apporte, ne repartons pas tout tristes comme les disciples.

Si certains d’entre nous, catastrophés, doutent ou s’inquiètent : "Mais alors, qui peut être sauvé ?", saint Pierre y répond dans la première lecture « Exultez d’une joie… car vous allez obtenir le salut des âmes qui est l’aboutissement de votre foi. »

Ce qui nous revient, c’est la décision de l’amour et du don de soi L’impossible, c’est Dieu qui le réalise !

Soyons assurés, en retour, du regard de Dieu qui aime la personne que je suis, tel que je suis avec mes charismes et mes défauts. En toute occasion, Il nous invite et nous redit aujourd’hui encore : viens, suis-moi !".

Frères et sœurs, demandons simplement la force, le courage et l’audace d’y répondre !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 27 février 2022, 8e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 39-45. Livre de Ben Sira le Sage 27, 4-7. Psaume 91. 

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 15, 54-58.

 

En ce dernier dimanche du temps extraordinaire de l’ordinaire et juste avant le temps du Carême, nous accueillons les conseils de JésusNous sommes dans le chapitre sixième de saint Luc qui continue le long Discours ou Sermon sur la montagne.

Jésus s’exprime en paraboles comme nous le dit saint Luc : « Il leur disait en parabole… » écrit-il ici. Les paraboles sont des images ou des histoires qui apportent un enseignement important. Ici, Jésus veut, à travers elles, que les foules comme les disciples soient interpelés, qu’elles comprennent cet enseignement et le retiennent. 

Ce matin, intercalées avec des ‘logion’ (ou sentences) nous entendons trois images ou paraboles : celle des deux aveugles, celle de la poutre et de la paille puis celle de l'arbre et de son fruit. Comment les comprendre et quoi retenir ?

Je vous propose tout simplement de les revisiter ensemble, et, petite fantaisie, aujourd’hui, commençons avec la dernière parabole et nous terminerons avec la première. 

- Cette dernière parabole est celle de l’arbre et de son fruit. Ce qui est important à retenir, c’est cette attention particulière à soigner l’arbre lui-même. Pourquoi ? Nous l’avons entendu : « c’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre » comme le précise, si bien, le passage du livre de Ben Sira le Sage dans la première lecture. Les fruits « bons, savoureux » sont le résultat des soins nécessaires et importants qui ont été apportés à l’arbre. Plusieurs personnes mettent « la charrue devant les bœufs » et ne pensent qu’aux fruits à récolter. Ils oublient de prendre soin de l’arbre qui porte les fruits. 

Des efforts sont toujours nécessaires pour préparer le terreau où les arbres vont pousser et porter des fruits. Comme de bons jardiniers, il nous faudra ensemencer, abriter les jeunes pousses si besoin, parfois couper et émonder l’arbre, le nourrir et l’arroser aussi avec soin. 

Cet arbre : c’est notre vie ou encore nous-mêmes et notre famille quand nous voyons les enfants grandir, c’est aussi notre communauté chrétienne. Il nous faut en prendre soin ! « La peine que vous vous donnez n’est pas perdue ! » dit saint Paul aux chrétiens de Corinthe.

- Passons maintenant à l’image de la poutre et de la paille. Cette image est très connue. Elle est tellement bien choisie qu’elle n’a presque pas besoin d’explication. Tout le monde la comprend ou devrait la comprendre. Le message pourrait s’énoncer ainsi : « Avant de faire porter des responsabilités et des devoirs sur autrui, commence par te regarder toi-même ! » 

Cette invitation, si elle était suivie avec application, éviterait bien des conflits dans les familles et les couples, dans les groupes de toutes sortes ; ne le croyez-vous pas ? Elle est un gage de réalisme et de vérité dans son regard sur soi et sur les autres.

Terminons maintenant par la première parabole de l’évangile :

- « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? » nous dit Jésus. Cette observation est on ne peut plus évidente. Elle est aussi très parlante et porteuse de sens. Prenons un exemple : imaginons que nous montons dans un taxi dans une grande ville que nous ne connaissons pas. Nous annonçons l’adresse à laquelle nous souhaitons nous rendre et alors, le conducteur se retourne et nous constatons qu’il est aveugle !!! Que faire ? Rester dans la voiture on en descendre rapidement ? 

En réalité, aujourd’hui, Jésus nous pose une question : sommes-nous aveugles ? Comment est-ce que nous guidons celles et ceux qui nous sont confiés ? Voyons-nous ce qui est nécessaire ? Dans notre vie de tous les jours, voyons-nous le beau et le bon qui vient de Dieu ? Il est vrai que les décisions des puissants, des responsables politiques, des despotes, la guerre, la violence aveugle, la laideur portent atteinte gravement à notre humanité. Hélas, toutes ces décisions viennent de l’homme et de son aveuglement, elles n’apportent pas que du bon !

Cependant, Dieu, Lui ne cesse pas de nous inviter à ouvrir nos yeux sur ses bienfaits. D’ouvrir nos sens et notre cœur sur les signes bienfaisants, nécessaires, bons dont nous avons besoin. Mais tout le monde ne voit pas cela : l’aveugle ne les voit pas ou pire, il ne veut pas les voir. « Il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir » dit le proverbe.

L’aveugle dont parle Jésus ici, ce n’est pas celui dont les yeux du corps ne fonctionnent pas, mais celui dont les yeux de l’âme (ou du cœur) ne fonctionnent pas, c’est-à-dire celui qui ne regarde pas le monde avec la foi, celui qui ne s’en sert pas, ou pire, qui prétend voir ! 

Quand Jésus fait des miracles en guérissant des aveugles, c’est surtout pour nous dire qu’il peut aussi apporter la lumière de la foi. Cet aveuglement intérieur n’est pas sans issue. Il est toujours possible de voir clair ! D’ailleurs, Jésus est ce maître qui peut former ses disciples pour qu’ils puissent avoir un bon regard sur le monde, pour qu’ils puissent le connaître et le comprendre comme Dieu lui-même le connaît et le comprend. 

Jésus est donc ce Maître qui peut enlever la poutre de notre œil intérieur afin de bien voir et que la lumière entre en nous.

Si notre œil est clair, la Lumière qu’est Jésus pourra entrer en nous. Nous pourrons, alors reconnaître l’action de Dieu dans l’Histoire, dans notre entourage, mais aussi dans les choix cruciaux de notre vie. 

Tel un bon arbre que nous pouvons être, un bon fruit en sortira. Ce bon fruit, ce sera d’abord de bonnes paroles ; la vraie bonne parole, la parole de louange de celui qui reconnaît la bonté de Dieu et la proclame, ou encore la parole d’action de grâce qui vient remercier Dieu pour sa présence, ses bontés et ses bienfaits. L’attente de Dieu est là : du débordement de notre cœur, déborderont ces bonnes paroles. 

Vous constatez que ces paraboles, certes différentes, nous redisent toutes trois la même origine. Le point de départ, c’est toujours Dieu.

Frères et sœurs, nous sommes à quelques jours du début du Carême qui est un temps de grâce. Demandons au Seigneur de recevoir « ces Paroles » aujourd’hui avec un cœur ouvert.

Personnellement et en communauté paroissiale, croyons que nous pouvons :

  • porter de beaux fruits, 
  • nous réjouir des fruits que je vois chez mon frère et ma sœur 
  • et garder un œil clair, ouvert ferme et inébranlable sur le monde et l’œuvre de Dieu.

Demandons cela ce matin, pour nous-mêmes, nos familles, notre communauté paroissiale et pour le monde !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 23 février 2022, 7e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 9, 38-40. Psaume 48. Lettre de saint Jacques 4, 13-17.

 

 

Chers amis, nous avons fêté hier la Chaire de saint Pierre ; nous faisons mémoire, aujourd’hui, de saint Polycarpe : le dernier témoin de l’âge apostolique (mort autour des années 155 ou 167. Il était un disciple direct de l'apôtre Jean)

Évoquer les témoins directs de Jésus nous fait peut-être rêver ! Quelle image avons-nous de ceux qui ont connu Jésus et qui ont tout quitté pour Le suivre ? Certains pourraient répondre : quelle chance ont-ils eu d’avoir connu Jésus ! 

L’évangile de ce jour nous apporte un enseignement spirituel sur notre mission de chrétien, pour aujourd’hui !

Jésus a choisi des hommes, des hommes comme les autres, avec leurs qualités (certes) et leurs limites, pour ne pas dire leurs défauts. Pour une part, au début, ils vivaient incontestablement leur statut de disciple un peu comme une promotion, comme un honneur ; d’autant plus que, dans leur cas, c’était le Rabbi qui les avait choisis ! Il est clair que ces humbles pêcheurs du lac de Galilée avaient encore du chemin à parcourir pour découvrir qui est Jésus !

Dans les versets qui précèdent ce chapitre 9e de saint Marc, Jésus n’a de cesse de les inviter à renoncer à toute sorte de pouvoir ou de gloire personnelle, bref à rester humble.

Je vous propose deux constats rapides 

  • Certes les disciples ont tout quitté pour suivre Jésus, mais comprennent-ils vraiment ce que Jésus leur dit ? À ce moment de l’évangile, nous pouvons penser qu’ils n’ont pas vraiment tout saisi !
  • Font-ils déjà des miracles ou des signes ? À ce moment de l’évangile, pas encore !

Mystérieusement, voilà que « qu’un autre » réussit là où les disciples de Jésus connaissent l’échec. Les voilà contrariés ; littéralement, ils peuvent craindre que cet « autre » finisse par leur faire de l’ombre ; cette idée leur semble intolérable !

La réaction est presque enfantine : « Il n’est pas de ceux qui nous suivent ! » Il ne fait pas partie de notre groupe ! Littéralement : il ne peut pas avoir les mêmes privilèges que nous !

Cette expression trahit un égo qui n’est pas anodin : depuis quand s’agit-il de suivre les disciples et non le Maître (« nous suivent ! ») ? Ce lapsus trahit une sorte d’appropriation du ministère, voire même de la personne de Jésus, récupérée au service de la vaine gloire de ses compagnons ? 

Le risque est toujours possible, même aujourd’hui, que nous soyons consacrés ou laïcs ! Nous pourrions ressentir la même frustration.

La réponse de Jésus tranche singulièrement sur le discours revendicateur et accusateur des disciples. Il leur répond : « Comment pourrait-il parler mal de moi, alors qu’il vient explicitement de puiser dans mon autorité pour faire le bien ? »… puisque c’est en mon nom qu’il fait du bien ?

Nous pouvons faire ce constat : 

Oui, le Christ nous appelle, non pas parce que nous sommes meilleurs ou plus intelligents que d’autres, mais très simplement parce que nous sommes pauvres et que nous avons besoin de Lui. 

Notre joie, notre gloire est de mettre notre vie entre les mains du Christ. Il est probable que le comportement quelque peu mesquin des disciples, à ce moment-là, nous choque ; mais sommes-nous tellement différents d’eux dans nos pratiques quotidiennes ? 

Aujourd’hui, demandons à l’Esprit Saint la grâce d’être de vrais et justes disciples, sans exclusivité !

  • Que nous rendions grâce pour l’amour de Dieu pour moi, car je suis unique aux yeux de Dieu, avec des dons et des charismes, que j’ignore peut-être ! 
  • Que notre admiration pour les dons de Dieu sur nos frères dépasse notre jalousie.
  • Que nous annoncions le Christ à tous ceux qui attendent la Parole de Dieu, de Dieu tout amour.
  • Alors ! Pas de confusion entre disciples et maître : C’est bien et toujours le Christ que nous suivons ! N’est-ce pas, pour nous, un rappel à réentendre ce matin ?

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 20 février 2022, 7e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 6, 27-38. Premier livre de Samuel 26, 2.7-9.12-13.22-23. 

Psaume 102. Lettre de saint Paul aux Corinthiens 15, 12.16-20.

 

            Cet évangile semble être impressionnant de candeur ! Que veut nous dire Jésus ? En lisant ces recommandations, nous aurions presque envie de Lui dire : « Mais Jésus, tu n’es quand même pas sérieux !  Tu veux vraiment qu’on agisse de façon aussi naïve ? Nous laisser écraser sans nous défendre et même aller jusqu’à aimer ceux qui nous détestent, au risque qu’ils nous détestent encore davantage et nous persécutent ? Comment est-ce possible ? Ai-je bien entendu ? »

          Effectivement, ici, Jésus ne parle pas en images !  Il ne raconte pas de paraboles qu’il faudrait décoder. Il manifeste très clairement ses exigences que nous pouvons trouver bien difficiles à suivre !

Alors de quoi s’agit-il et comment faut-il comprendre ?

Les recommandations de Jésus que nous venons d’entendre font partie de ce qu’on appelle le Discours ou le Sermon sur la montagne. Elles suivent la proclamation des Béatitudes que nous avons méditée dimanche dernier. Nous sommes au chapitre 6e de saint Luc. Elles s'appuient sur une règle précise que l’on a appelée la règle d’or

Je ne sais pas si vous connaissez cette règle et je vous propose d’en dire quelques mots, puis nous reviendrons dans un deuxième temps, aux invitations percutantes de Jésus.

Cette règle d’or que Jésus reprend à son compte se trouvait déjà dans l'Ancien Testament à différents chapitres (Tobie 4, 15 par exemple) et dans les cultures profanes comme celles des Grecs. Elle s’énonce comme ceci : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent ». Je crois que nous sommes tous d’accord ! Cette phrase, cette règle, a traversé les siècles et je suppose qu’elle vous est connue !

Cependant, selon son habitude, Jésus va plus loin et nous fait faire un pas de plus. Il transforme cette formulation traditionnelle. Il ne dit pas seulement : 

« Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent », mais Il invite à un déplacement nouveau et audacieux. Il nous dit : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. » Nous ne sommes plus dans une situation passive, mais dans l’action !

Jésus propose ainsi une règle de vie dynamique. Il ne s’agit plus seulement de trouver la bonne attitude, mais plutôt de la vivre concrètement et d’avoir l’audace d’en rayonner autour de nous. 

Jésus explicitera à la fin du texte de saint Luc les bonnes occasions où nous pourrons vraiment expérimenter cette règle de vie revisitée : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera ».Cette liste n’est pas exhaustive ; elle demeure toujours ouverte.

Remarquez que si tout le monde mettait en pratique cette règle de vie, et déjà au sein même de nos communautés chrétiennes, les relations seraient complètement changées entre les personnes, dans nos familles, entre les groupes, entre les nations, et même entre les états. Hélas, elle demeure, malgré sa pertinence et sa beauté, un idéal parfois difficile à choisir et à atteindre. 

 

- Je passe maintenant à la deuxième partieaux phrases percutantes que nous venons d’entendre. Jésus va plus loin dans l’idéal qu’Il propose. C'est là que les images du soufflet sur la joue ou de la tunique qu’il faut donner, ainsi que l’amour des ennemis nous interpellent.

L’image, souvent sarcastique, du bon chrétien naïf qui se laisse frapper en tendant l’autre joue, fait partie du catalogue des clichés que nous pouvons entendre et qui peuvent nous agacer. 

Or, soyons clair : les paroles de Jésus n’ignorent, ni n’effacent, les inimitiés. Aimer son ennemi ne signifie pas cautionner ses actes, ses paroles, ses attitudes ou ses opinions. Aimer son ennemi n’est nullement lui donner raison ! Celui qui se situe dans une opposition hostile ou vindicative demeure un ennemi ; ne soyons pas dupes ! Peut-être est-il un ennemi du moins pour un moment ? Nous espérons qu’il pourra changer, lui comme moi ! Il ne s’agit nullement de laisser la victoire au Mal et aux malfaiteurs ; bien au contraire.

L’amour des ennemis, tel que nous le propose Jésus, ne fait pas appel aux seuls sentiments. Face à son ennemi, le disciple doit passer à l’action, et sortir « ses armes ». Mais des armes bien désarmantes : faire du bien, prier, donner… Une autre « arme », que nous gardons pour certains dans notre poche, est le chapelet. Cela peut paraître anodin et faible face à des moqueries ou des insultes, et pourtant quelle puissance pour celui qui expérimente la récitation du Rosaire ! 

Faire du bien, prier, donner… il n’y a rien d’innocent ou de naïf dans le choix de ces verbes. Il s’agit ici de verbes d’actions concrètes qui inscrivent le disciple dans une posture dynamique. 

S’il y a des actions, des campagnes à mener, des batailles à livrer, ce ne sera pas sur le même terrain ni avec les mêmes armes. 

La réponse du disciple ne se situe pas dans une volonté d’éliminer ou de réduire au silence son ennemi, mais d’avoir l’audace de désirer le guérir, de le sauver du Mal, quitte à s’humilier soi-même aux yeux des hommes et parfois même jusqu’au don de sa vie ! Nous connaissons tous les histoires de saints et de saintes qui ont donné leurs vies par amour de Dieu et des hommes !

  • Au crescendo du Mal répond ainsi le crescendo de l’Amour,
  • À une haine intime, répond l’action orientée vers le Bon, vers le Bien. 
  • Aux sombres malédictions, répond la vraie bénédiction.

Face à la montée de la violence, le disciple descend au plus profond de l’amour non pour lui-même, mais pour son ennemi.

Il n’y a donc rien de naïf en ces paroles : 

Aimez vos ennemis… à celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre…

 prêtez sans rien espérer en retour… pardonnez…

Bien au contraire, il faut bien plus de courage pour répondre aux affronts par l’amour et renoncer à la vengeance. Il faut beaucoup d’audace pour témoigner de cet amour divin miséricordieux

Il est sûr que les paroles de Jésus nous semblent un peu folles aux yeux de notre monde, mais quelle sagesse, quelle force et quelle espérance ! 

En conclusion : frères et sœurs, ayons ce soir, à la fois cette humilité et cette audace face aux invitations de Jésus. Nous savons bien que tout cela nous dépasse et que nous avons besoin de Lui pour comprendre et mettre en actes ce qu’Il nous demande d’être et de faire.

Alors, disons-lui modestement, du fond de notre cœur comme l’a fait l’Apôtre Pierre : « Sans toi, Seigneur nous ne pouvons rien faire ». (cf. Jean 15, 4-5) C’est la posture du disciple qui attend tout du Christ, mais qui, en même temps, adhère et se met en action. Si nous réalisons cet appel, si nous le comprenons, c’est notre paroisse qui changera, ce sont nos familles qui évolueront et, sans doute, le monde.

Gardons cette espérance et cette détermination en chacun de nous et demandons la grâce de l’Esprit Saint !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du mercredi 16 février 2022, 6e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 8, 22-26. Psaume 14. Lettre de saint Jacques 1, 19-27.

 

Sans doute avez-vous pu lire ce texte d’évangile avant de venir à la messe ; n’est-ce pas ? Alors, peut-être que, tout comme moi, vous avez pu être surpris par ce texte, car il pose au moins, deux questions !

Quelles sont-elles ?

  • Pourquoi guérir en deux étapes alors que d'habitude Jésus procède en une seule ?
  • Pourquoi sortir du village pour guérir cet homme aveugle ?

Jésus n’aurait-il pas pu le guérir en une seule fois dans le village de Bethsaïde ? Pourquoi cette insistance ?

              - Première question ! Pourquoi guérir en deux étapes alors que d'habitude Jésus procède en une seule ? 

Après la première étape et avoir mis de la salive sur les yeux de cet aveugle, Jésus sollicite la liberté de celui qu'Il est en train de guérir. Il l'interroge sur ce qu'il aperçoit, invitant l'homme à poser ainsi un acte de foi. D’une certaine façon, il l’invite à coopérer à son action. L'homme montre sa bonne volonté et répond.

Deuxième étape : Jésus peut alors imposer une nouvelle fois les mains et porter la guérison à son terme. C'est souvent ainsi que Dieu procède aussi avec nous. Sans doute avez-vous remarqué qu’Il ne donne pas tout, tout de suite ! Il nous invite à grandir dans la confiance et à coopérer à son action.

-Deuxième question ! Pourquoi sortir du village pour guérir cette personne aveugle ? 

Une réponse que nous pouvons donner, c’est que « le village » symbolise ici les habitudes de cette personne aveugle, une certaine connaissance des lieux ou une manière de vivre, des relations construites autour de son handicap, des ruelles bien connues, qui sont comme un enclos limité, un peu étroit, bref autant de choses qui l'enferment dans sa maladie. Pour que la guérison puisse avoir lieu, il est nécessaire qu'il sorte de ce cadre. Celle-ci advenue, Jésus l'enjoint de ne pas retourner dans le village, mais d'aller directement chez lui, dans sa maison. 

Ainsi en est-il lorsque nous nous convertissons. Peut-être avez-vous déjà eu la chance de faire une retraite, et constaté que cela vous fait sortir de votre cadre, de découvrir une écoute et une relation différente à Dieu. Pour que la guérison du cœur puisse avoir lieu, il nous faut donc quitter les lieux, les occasions, où nous étions plus exposés à des tentations ou des enfermements. Une fois guéris, pardonnés, il nous faut apprendre de nouvelles habitudes, éviter les lieux où nous savons que nous sommes fragiles. 

Frères et sœurs, demandons au Seigneur la sagesse pour discerner ces lieux, ces relations qui nous enferment, et la volonté pour savoir comment ne plus nous y exposer.

Pour nous, même si nous essayons de vivre journellement aux côtés de Jésus, il faut du temps pour entrer dans sa Parole, il nous faut du temps pour nous ouvrir à sa lumière.

Tout cela est parfois mystérieux et échappe même à notre logique ! L’important est de respecter les patiences du Seigneur, de croire en sa capacité de guérison et surtout, de ne pas le croire absent parce nos aveuglements nous occultent encore sa présence.

Selon le temps de Dieu et dans la confiance, demandons au Seigneur, les guérisons dont nous avons besoin ! 

                                                                                                                    Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 31 janvier 2022, 4e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église Saint-Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 5, 1-20. Psaume 3. 2e livre de Samuel 15,13-14.30.16, 5-13a.

 

Chers amis, nous venons d’écouter un récit passionnant et haut en couleur ! 

Jésus traverse le lac en direction de l'Est, et Il arrive en plein pays païen (la Décapole), où les gens, contrairement à la Loi juive, élèvent des porcs en quantité.

Dans cette région hostile, Jésus ne va pas tenter une prédication devant les foules. Mais, à peine a-t-il débarqué, voici qu’un malheureux se présente. C'est à la fois un homme dont sa psychologie est malade et surtout, un possédé ! Comme souvent, il n’est pas toujours facile de tracer une frontière entre la maladie et l'emprise du démon.

Certes, Jésus va le guérir, mais plus encore, Il y a une puissance du mal et de mort à laquelle Jésus va s’opposer et agir… Cette puissance du mal travaille toujours le monde aujourd’hui, et le cœur des hommes. 

À la question posée : « Quel est ton nom ? », ils répondent :

"Nous sommes légion", dit l'esprit du mal par la voix du malade.

Chez les Romains, une légion, c'était six mille hommes ! 

À Lui seul, Jésus va donc vaincre une légion de démons : c'est donc le signe que le Règne de Dieu fait irruption avec Lui dans le monde, et que le règne du mal est appelé à disparaître.

Mais, si les hommes ont du mal à percevoir qui est Jésus, le démon, lui, reconnaît par trois fois la puissance de Jésus. Reprenons ensemble le récit :

  1. Tout d'abord au moment où le possédé se prosterne, en disant :"Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ?",
  2. Puis quand les démons supplient Jésus de ne pas les expulser ; c’est donc qu’il reconnaît que Jésus en a les moyens,
  3. Enfin au moment où ils proposent à Jésus un marchandage :

"Tu me laisses les porcs, animaux impurs, et moi je t'abandonne cet homme !"

Jésus accepte, mais pour montrer aussitôt que ce marchandage n'a pas de sens, le troupeau va s'engloutir dans la mer.

 Comment interpréter et traduire ce récit pour nous, ce matin ? 

Parfois nous sommes tentés, nous aussi, de ne pas reconnaître Jésus, et surtout de marchander avec Lui :

« Seigneur, laisse-moi ce petit coin d'égoïsme, cet instant de paresse. 

Laisse-moi mes porcs (c’est-à-dire, mes petites affaires... »

Jésus nous répond, en quelque sorte, à travers ce récit du possédé :

« Laisse-moi te libérer !»

 Jésus donne toujours à la fois son pardon et sa confiance, Il guérit ! Il sauve ! Il expulse les démons ! 

        La finale de l’évangile est quelque peu surprenante ; l'ancien possédé, une fois revenu à son bon sens (de sa maladie et de sa possession), veut se mettre immédiatement au service de Jésus et partir avec lui en Galilée ; mais Jésus (et c'est là une marque de confiance) lui répond : " Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde." Jésus lui confie une autre mission, importante ! C’est un envoi en évangélisation, un envoi pour être porteur, dans son propre pays, de la Bonne Nouvelle en Jésus-Christ ! 

Frères et sœurs, pour nous aussi, la rencontre de Jésus interpelle ; Il commande aux démons, fait guérison, et nous envoie en mission…

 C'est toute l'histoire de ce malheureux ! 

C'est aussi notre histoire et notre chemin de joie quand Jésus nous relève ! 

                                                                                                                Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 30 janvier 2022, 4e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 4, 21-30. Livre du prophète Jérémie 1, 4-5.17-19. Psaume 70.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 31 à 13,13.

 

Chers frères et Sœurs, l’évangile que nous venons d’entendre poursuit et complète celui que nous avons entendu dimanche dernier lorsque Jésus entre dans la synagogue de Nazareth et lit un passage du livre d’Isaïe. La liturgie de ce jour prend même le soin de nous remettre en mémoire la déclaration capitale du Seigneur devant la foule de la synagogue de Nazareth.

A Nazareth, tous sont en attente d’une prise de parole de Jésus, car ils savent ce qui s’est passé à Capharnaüm. Mais, quand le Christ lit et explique ce que dit le prophète Isaïe dans cette synagogue de Nazareth, il y a beaucoup plus qu’une traduction ou un commentaire. Il y a un accomplissement : « Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit… » dit-il, et de fait, c’est bien le Messie attendu qui se présente devant eux. Alors, surprise… les gens « s’étonnent du message de grâce qui sort de sa bouche » (Lc 4, 21-22). 

Mais voilà ! La suite de l’histoire nous confronte à une difficulté. Comment ces gens qui sont ses amis, ces habitants du village où Il a grandi et qui le connaissent tous, vont-ils se retourner d’un seul coup contre Lui, avec colère ? 

Cet épisode est révélateur de plusieurs questions qui nous interpellent sur notre façon d’être chrétien ! J’en retiens seulement quelques-unes :

  • La Parole biblique que nous entendons est-elle de Dieu ou est-elle des hommes ?
  • Peut-on être « prophète » vis-à-vis des gens que l’on connaît bien ? 
  • Suis-je capable de me réjouir parce que Dieu veut le Salut au-delà de mon petit monde, que Dieu puisse s’adresser à d’autres personnes que moi ?

Alors, qu’est-ce qui déclenche cette réaction des habitants de Nazareth ? 

Peut-être d’abord une première difficulté : reconnaître une parole de Dieu à travers une parole humaine. Dans la Synagogue de Nazareth, ils entendent bien la parole d’un homme (Jésus), mais reconnaissent-ils la Parole de Dieu (Christ) ? 

C’est la question de la foi à laquelle nous sommes pouvons être confrontés dimanche après dimanche. Les lectures que nous avons entendues aujourd’hui sont des paroles humaines, et c’est par la foi que nous reconnaissons dans ces paroles humaines une parole de Dieu qui s’adresse à nous. Dans un acte de foi, nous reconnaissons, dans l’Écriture, que c’est Dieu Lui-même qui s’adresse aux hommes et nous savons bien que cette parole de Dieu adressée à chacun de nous s’exprime à travers des paroles humaines. 

Les différents Conciles (et particulièrement Vatican II) nous précisent bien que les auteurs humains des livres bibliques n’en sont pas les premiers auteurs (cela nous est dit dans un livre : Dei Verbum). Il y a un autre auteur qui est l’Esprit Saint, qui les inspire et qui met dans leur bouche, dans leur texte, ce que Dieu veut faire comprendre et connaître aux hommes. 

Voilà donc une première difficulté. Ce ne sont pas simplement Jérémie, saint Paul ou saint Luc qui nous parlent, mais à travers eux, c’est Dieu lui-même qui s’adresse à nous. 

Il y a aussi une deuxième difficulté : à qui s’adresse cette Parole ? À des personnes privilégiées ou, plus largement, à tous ?

Aujourd’hui, nous découvrons à travers les deux exemples que Jésus donne, celui de la veuve de Sarepta et celui de Naaman le Syrien, comment nous sommes en difficulté pour comprendre que cette parole de Dieu s’adresse aussi à d’autres qui ne sont pas de notre cercle. C’est là un des problèmes que Jésus rencontre dans cette synagogue.

Il y a autour de nous des gens qui ne vivent pas dans notre foi ! Ce sont ceux que Jésus désigne comme les étrangers à l’Alliance : la veuve de Sarepta, Naaman le Syrien et tant d’autres à travers la Bible, et pourtant ils accueillent cette parole avec émerveillement, plus encore, ils l’attendaient. (Rappelez-vous par exemple l’histoire de Jonas, sa mission pour la ville Ninive et sa colère parce que les Ninivites se sont convertis !)

Un peu de la même façon, dans la synagogue : « Tous devinrent furieux » que Jésus puisse affirmer que l’Alliance pouvait être proposée aux païens alors qu’ils se considéraient comme propriétaires de cette Alliance. 

Il y a toujours le danger de « mettre la main sur Jésus ». Alors, par une forme de dépit, ils poussent Jésus hors de la ville, pour le précipiter au bas d’un escarpement.

Et selon la promesse de Jérémie, l’évangile nous dit que Lui : « passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 30). 

Cet évangile devrait nous interroger sur notre façon d’accueillir la Parole de Dieu ! Sommes-nous donc si habitués que nous restons impassibles et sans désir d’action ? N’avons-nous pas à nous réjouir que cette Parole qui me touche puisse aussi toucher celles et ceux qui sont en attente de cette précieuse intimité avec notre Créateur, de ce salut qui nous est promis ?

Nous ne sommes pas un cercle fermé ou replié sur nous-mêmes ! Nous sommes invités à nous réjouir que le Salut que j’ai moi-même reçu, soit aussi proposés largement !                                 

Alors, pas d’indifférence, de colère ou de condescendance, à la suite du Christ, notre Mission est d’être ses témoins et ses prophètes dans les grâces déjà reçues à notre Baptême 

Ne soyons pas indisposés ou agacés par la Parole que nous entendons, même si parfois elle nous bouscule, parce que Dieu veut toucher au-delà de nos habitudes. 

En touchant notre cœur et notre intelligence, l’Esprit Saint n’a de cesse de nous mettre en mouvement, de nous remettre sans cesse en marche ! Il est vrai qu’il nous faudra sortir de notre zone de confort et découvrir la joie simple et puissante de l’évangélisation !

Comme le prophète Jérémie nous le disait dans la première lecture, nous découvrons que la mission, comme la vie de prophète, n’est pas une mission de tout repos. Être un prophète, être un missionnaire nous expose mais, en même temps, Dieu nous rassure : « Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer » (Jr 1, 19) dit le Seigneur à son prophète.

Je termine par une dernière question, une question essentielle : frères et sœurs, serons-nous des témoins et des prophètes, déjà aujourd’hui et tout au long de cette semaine ?

Le monde attend impatiemment la Parole de Dieu, Parole de délivrance, Parole de Salut ! Qui peut annoncer cette Bonne Nouvelle si ce n’est chacun de nous ?

                                              Ainsi soit-il !       

 

Homélie du lundi 24 janvier 2022, 3e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 3, 22-30. Deuxième livre de Samuel 5,1-7.10. Psaume 88.

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l’Église.

 

L’Église fait mémoire et célèbre aujourd’hui un évêque qui illumina l’aurore du XVIIe siècle par sa charité, son zèle missionnaire et sa très fine connaissance de la psychologie humaine : il s’agit de saint François de Sales. Il est évêque de Genève résidant à Annecy, Docteur de l'Église Catholique romaine et Fondateur de l’Ordre de la Visitation avec Sainte Jeanne de Chantal ; nous sommes en 1610. Infatigable, il a sillonné son diocèse et les diocèses voisins (dont le nôtre et particulièrement en la Collégiale saint André où il ses enseignements ont résonné à plusieurs reprises) pour présenter et défendre la foi catholique. 

Je crois qu’il est bon, de temps en temps, de nous arrêter sur des figures de grands saints et saintes qui nous permettent d’avancer nous aussi et de mieux comprendre la mission que nous recevons en tant que chrétiens. 

Quatre cents ans nous séparent de François de Sales. Son époque n’est pas la nôtre. Nous pouvons toutefois noter bien des similitudes, car ces deux périodes de l’histoire sont l’une et l’autre marquées par une profonde mutation culturelle et un abandon de la foi.

Saint François est né en 1567 en Savoie, près d’Annecy, ses parents lui offrent de poursuivre de solides études de philosophie, de théologie et de droit. À 26 ans, il est ordonné prêtre. Face au protestantisme et à Calvin, qui depuis 28 ans s’imposait avec tant de puissance, François devient un témoin et un défenseur de la foi de l’Église Catholique romaine. Son intelligence, son équilibre, sa bonté, son humilité et sa douceur ont permis le retour à la foi catholique de beaucoup de fidèles. 

Sa douceur a été l’un des traits dominants de sa riche personnalité. En s’appuyant sur la grâce de Dieu, saint François de Sales a réussi à obtenir une meilleure maîtrise de son tempérament. Il écrit : « J’ai fait un traité avec moi-même de ne jamais parler quand je me sens touché de colère. » Quelle prudence de choisir de ne pas parler lorsque je suis ébranlé par la colère !

Un deuxième trait remarquable de son ministère pastoral a été de travailler à la formation des laïcs et de leur proposer une spiritualité adaptée à leur condition de vie. Il écrit dans son introduction à la vie dévote : « La dévotion doit être différemment exercée par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par le prince, par la veuve, par la fille, par la mariée ; et non seulement cela, mais il faut accommoder la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier ». Littéralement, chacun a une vocation propre en fonction de ce qu’il est ! Puis il ajoute : « Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite » Lisez ou relisez ce livre : introduction à la vie dévote ! C’est un livre étonnant et très puissant. (Liturgie des Heures, I, p. 1363.)

Je termine par un dernier point pour montrer sa modernité : ce pasteur savant et dévoué fut proposé aux journalistes du monde entier comme modèle et patron. Il fut le premier à employer l’imprimerie et ainsi, il put diffuser ses sermons en leur donnant le format de journal facilement accessible à tous. 

Pour résumer, je repère trois traits principaux de son apostolat :

  • Sa charité pour le prochain, 
  • Son amour pour la vérité par une vraie vie de dévotion
  • Le sens providentiel de l’histoire et l’appel universel à la sainteté.

  Frères et sœurs, en ce jour, rendons grâce pour saint François de Sales et aussi pour tous les témoins d’hier et d’aujourd’hui !

                                                                                                                               Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 23 janvier 2022, 3e dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 1-4.4, 14-21. Livre de Néhémie 8,2-4a.5-6.8-10. Psaume 18B.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 12-30.

 

Chers amis, ce matin, nous avions une séance de catéchisme avec les enfants, en l’église saint Vincent de Paul. Un des enfants s’adresse à moi en m’interpellant avec cette question : « Pourquoi parles-tu après l’évangile ? Pourquoi parles-tu longtemps ? »

Longtemps ? Non, bien sûr, une heure ou deux, mais pas davantage !!!… (Humour !)

Aujourd’hui, nous sommes le 3° Dimanche du Temps Ordinaire : Dimanche de la Parole de Dieu comme l’a demandé le pape François ! 

Pour quelle raison ? Peut-être faut-il faire le constat que beaucoup de fidèles, même s’ils possèdent une Bible chez eux, n’ont pas l’habitude de l’ouvrir et de la lire ! L’invitation est sans détour : lire la Bible, seul, en famille, en groupe… est essentiel ! Déjà très simplement, en lisant et méditant, par avance les textes de la liturgie dominicale, en les redécouvrant autrement et en les entendant dans la grande assemblée, cela devrait permettre une compréhension et un éclairage nouveaux !

Chaque dimanche, nous sommes ici réunis en cette église, pour vivre l’Eucharistie, mais aussi écouter la Parole de Dieu, pour la comprendre (c’est, en principe, à cela, que sert l’homélie !) et la mettre en pratique. 

L’homélie est une tradition qui ne date pas d’hier ! D’après les témoignages des premiers chrétiens, l’écoute hebdomadaire de la Parole dure depuis bientôt deux mille ans. Mais ce ne sont pas les Chrétiens qui ont commencé. Ils ont hérité de cette pratique de leurs frères juifs. Comme le montre l’évangile de saint Luc d’aujourd’hui, déjà à l’époque de Jésus, les Juifs se réunissaient chaque semaine à la synagogue pour lire la Bible et pour la commenter. 

Cependant, cet usage, en réalité, est bien plus ancien. 

Cinq siècles avant le Christ, nous voyons le prêtre Esdras lire la Torah, c’est-à-dire la Loi de Moïse (comme nous l’avons entendu dans la première lecture). La scène se situe après le retour d’exil, à l’époque où Néhémie rebâtit Jérusalem et le Temple. Ce passage nous montre qu’après les dizaines d’années passées à Babylone, les Israélites ne comprenaient plus la Torah. Ils avaient petit à petit oublié la langue biblique sacrée, l’hébreu, et appris la langue des Babyloniens, c’est-à-dire l’araméen. C’est pourquoi il fallait que le clergé (les Lévites) traduise et explique le texte lu par Esdras.

Beaucoup de manuscrits attestent que c’était un phénomène courant : le texte était lu en hébreu, puis traduit et commenté en araméen, en grec ou en latin, selon les époques.

Mais quand Jésus lit et commente le texte du prophète Isaïe dans la synagogue de Nazareth, Il va beaucoup plus loin qu’une traduction ou un commentaire. C’est un véritable accomplissement : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture » !

Cet accomplissement est celui-ci : Jésus est bien le messie, celui qui a reçu l’onction de l’Esprit Saint, celui dont Isaïe a prophétisé la venue. Tous ont les yeux fixés sur Lui. De fait, Jésus accomplit les actes qui attestent son identité messianique : Il annonce la bonne nouvelle aux pauvres, Il guérit les aveugles, Il libère les possédés…

En Jésus, la Parole résonne bien plus et au-delà des prophètes. Jésus accomplit en plénitude la Parole de Dieu parce qu’Il est, Lui-même, cette Parole ; en sa chair, il rend visible la Parole. Certains, comme les enfants du catéchisme ce matin, vont peut-être me dire comment « voir » une « voix » ? 

Reprenons ce que nous dit saint Luc !

Au début de son évangile que nous avons lu, il fait mention des « témoins oculaires de la Parole ». L’expression est curieuse : une parole, cela s’entend ; alors, que veut dire saint Luc quand il affirme que les Apôtres ont vu la Parole ? La réponse est qu’en voyant Jésus, ils ont vu la Parole, avec un « P », s’exprimer dans notre humanité ! Jésus ne traduit pas la Parole d’une langue à une autre ; il est la Parole faite chair ! Saint Jean, dans son Prologue, dit la même réalité : « Et le Verbe s’est fait chair ».

Ainsi, lorsque Jésus, vrai Dieu et vrai homme :

  • bénit les enfants, 
  • touche les lépreux, 
  • impose les mains aux malades, 
  • relève les pécheurs,

 Il est Lui-même, par ses gestes, la miséricorde de Dieu.

Ou encore lorsqu’Il :

  • accueille le disciple bien-aimé sur son cœur, 
  • reçoit le baiser de Judas, 
  • fixe avec amour le jeune homme riche,
  • pose son regard sur Pierre,

 Il traduit par ses attitudes la tendresse de Dieu.

    Plus encore, lorsqu’Il :

  • pleure sur son ami Lazare, 
  • se met en colère contre les vendeurs du Temple ou les pharisiens,
  • lutte contre l’angoisse et qu’Il donne sa vie sur la croix, 

Il dit, par ses émotions, combien Dieu n’est pas indifférent aux actions des hommes et combien Il consent, en appelant chacun à la Vie Éternelle, à se faire malmener par eux. 

En somme, lorsque Jésus enseigne dans les synagogues, interpelle dans le Temple, ou parle en parabole au bord du lac de Galilée, Il ne délivre pas seulement un commentaire de plus sur la Parole de Dieu : non, Il est Lui-même cette Parole, et, en tant que tel, et par son autorité, Il livre dans son enseignement, les profondeurs du cœur de Dieu. Mieux que tous les savants et les exégètes qui scrutent la Bible, Il « explique » le Père. Il le fait connaître quand Il proclame, comme nous le dit saint Jean : « Qui m’a vu, a vu le Père ! » (Jn 14,9)

Frères et sœurs, tout en écoutant la Parole, l’Église n’a pas d’autre mission que de « continuer Jésus » ici-bas. Mystérieusement, Dieu compte sur nous ! Jésus n’a pas d’autre bouche, pas d’autres mains, ni d’autre cœur que les nôtres.

Aussi, quand nous sortirons de cette église, après avoir été nourris du Christ par sa Parole et par son corps qui est l’Eucharistie, demandons-nous comment nous pouvons être son cœur, pour aimer ; ses mains, pour relever et consoler ; ses pieds, pour visiter les malades et les prisonniers ; sa bouche, pour annoncer l’Évangile et prier ; car si nous ne le faisons pas, qui le fera à notre place ? Il y a là un grand enjeu pour notre communauté et pour notre société !

N’oublions pas : par notre baptême, nous sommes devenus chrétiens, configurés au Christ ! Mais, être chrétien n’est pas un titre, c’est une mission !

Pour la vivre, il nous faut goûter encore, et sans cesse écouter le Christ pour que sa Parole pénètre en notre cœur, en notre intelligence ; c’est une Parole de Vie !

Demandons la grâce pour chacun de nous et pour notre paroisse, d’avoir le désir de lire la Parole de Dieu, de la méditer et de la savourer !

Quelle joie renouvelée, quand nous le faisons seul, en famille ou avec des frères et sœurs ! 

Ainsi soit-il

 

Homélie du mercredi 19 janvier 2022, 2e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 3, 1-6. Premier livre de Samuel 17 32.33.37.40-51.

Psaume 143.

Nous connaissons bien cette histoire de David et de Goliath, histoire surprenante ! La vie de David commence de manière incroyable. Il est un petit berger, le dernier des huit fils de Jessé, et le voilà désigné par le prophète Samuel pour être roi d'Israël ! La Bible explique le choix de David, elle nous dit que : « Dieu regarde le cœur, pas les apparences. » (1Samuel 16,7)

Le roi David occupe une place importante dans l’Écriture qui consacre plus de pages à sa vie qu’à celle de tout autre personnage de l’Ancien Testament. Il « est par excellence le roi selon le cœur de Dieu. »

David a reçu de Dieu la promesse d'une alliance indéfectible envers sa dynastie. Après sa mort, le peuple d'Israël se met à espérer un nouveau David qui ne soit pas seulement un roi, mais l'Envoyé même de Dieu, le Messie, restaurateur de la grandeur d'Israël. Voilà pourquoi dans les évangiles, Jésus sera souvent appelé : "Fils de David". 

Par exemple : au dimanche des Rameaux ne dit-on pas : « Hosanna, ô fils de David ! »

Le livre de Samuel et le Premier Livre des Rois décrivent donc l’histoire du roi David avec un grand réalisme et sans complaisance : une vie pleine de vicissitudes où l’auteur sacré met l’accent sur le fait que Dieu est toujours avec David et que celui-ci s’en remet à Dieu au moment du danger. Mais aussi, que David s’écarte de temps en temps d’une vie droite et qu’il commet l’iniquité …

Dans l’histoire de David, nous pouvons contempler à de nombreuses reprises l’exemple de sa foi. Un épisode bien connu est celui que nous venons d’entendre : son combat avec Goliath, le géant et le champion de l’armée des Philistins. Le texte s’attarde à décrire la haute taille et l’armure du Philistin, tout en soulignant la disproportion avec David, un petit pastoureau, tout jeune, sans expérience de la guerre et ayant pour seule arme une fronde. 

Cela dit, un contraste encore plus fort se situe dans l’attitude des deux combattants. L’orgueil du Philistin qui lance un défi aux troupes du Dieu vivant se heurte à la foi de David, qui s’engage dans le combat au nom du Dieu des armées.

C’est cette foi qui amène David à se préparer de son mieux. Cependant, avec sa fronde, même si les moyens semblent disproportionnés face à l’équipement de l’ennemi, il va vaincre le géant Goliath.

L’Écriture donne à la faiblesse, à la petitesse de David, une deuxième dimension. Toute l’histoire du salut est, en effet, traversée par ce paradoxe : la force de Dieu « se déploie dans la faiblesse ! » (2 Co 12,9)

Frères et sœurs, pour nous qui sommes faibles, mettons notre force en Dieu ! Face aux “Goliaths“ politiques, aux despotes, à l’inertie des administrations et la virulence des lobbys, des conjonctures défavorables, des marchés qui dépriment, face aux Goliaths qui sont des monstres inhumains, défions, à notre tour, la force brute pour offrir un autre visage, celui de la foi, de l’espérance, de la confiance. Soyons assurés que, avec tous nos petits et grands moyens mis en commun, nous ferons de grandes choses.

Alors n’ayons pas peur ! Avec la force de Dieu, entrons nous aussi dans son combat !                 

 

Ainsi soit-il !

 

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Homélie du lundi 17 janvier 2022, 2e semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 2, 18-22. Premier livre de Samuel 15, 16-23. Psaume 49. 

 

 

« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »

Nous pouvons faire le constat que Jésus avait un bon sens de la répartie ! Avez-vous remarqué comment, à partir d’une question qui pourrait être embarrassante, Il répond à ses interlocuteurs ?  

« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas ? ». Il répond, comme souvent, par une autre question : « Les invités de la noce pourraient-ils jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? » Dans cette réponse, il est encore question de noces, comme dans l’évangile d’hier avec les noces de Cana et il y est encore question de ce qu’on y mange ou qu’on y boit, ou pas !

Cet épisode d’aujourd’hui arrive comme un éclairage du signe que Jésus a fait à Cana alors qu’on allait manquer de vin. Sans sa présence, les invités auraient été contraints de jeûner, alors que l’époux était avec eux. Impensable ! 

La deuxième partie du texte de cet évangile pourrait aussi nous étonner. Jésus poursuit sa réponse en donnant deux images : celle du vieux tissu à réparer et celle du vin nouveau et des vieilles outres. Quel rapport avec la question posée, pourrions-nous penser ?

Pourtant, à qui sait interpréter, ces images sont très concrètes. Comme toujours de la part de Jésus, ces images semblent nous dire : "à chaque situation, ayons une attitude appropriée". 

Comprenons les signes des événements qui arrivent. Adaptons-nous avec un regard neuf, pour accueillir le don que Dieu vient nous proposer !

Ces petites paraboles nous révèlent un peu plus la nature de Dieu, le sens de la mission de Jésus, et les enjeux de notre propre réponse aux événements. Le vieux vêtement, les vieilles outres, peuvent être nos vieilles habitudes, nos manières de raisonner, qui ont été valables en leur temps, mais que nous devons reconsidérer puisque voici les temps nouveaux, l’avènement de Jésus. 

Lorsque l’époux nous sera enlevé, alors nous jeûnerons. Jésus annonce ainsi sa mort prochaine, mais Il anticipe aussi sur sa résurrection, qui préfigure aussi la nôtre, car le vin est le signe de la fête et de la joie. 

Alors nos vieux tissus sont incompatibles avec la pièce d’étoffe toute neuve qui nous est donnée. N’essayons pas de raccommoder nos vieux tissus avec la pièce neuve, n’essayons pas d’accommoder la Bonne Nouvelle avec nos vieux schémas, nos anciennes façons de voir les choses. Le tissu neuf nous est donné pour nous permettre de fabriquer un vêtement neuf ! 

Je vous propose une formule rapide pour traduire l’évangile de ce jour : « Dès ce matin, habillons-nous de neuf » !Comme l’écrira Saint-Paul : « Revêtons l’homme nouveau ! » (Ep 4,24)

Frères et sœurs, ayons l’audace d’habiller de neuf notre façon de penser, notre regard, notre façon d’agir selon la manière de Dieu !

C’est la grâce que nous pouvons demander ce matin pour chacun de nous !                                                                                                             

Ainsi soit-il

 

Homélie du dimanche 16 janvier 2022, 2ème dimanche du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 2, 1-11. Livre du prophète Isaïe 62, 1-5. Psaume 95.

Lettre de saint Paul aux Corinthiens 12, 4-11.

 

 

  Chers amis, nous sommes invités ce matin à la fête, plus exactement à un mariage ! Nous voilà à Cana, dans le territoire de Galilée.

Reconnaissons-le, ce miracle de Cana est dans toutes nos mémoires ! Rares sont les repas où je n’entends pas sous forme de boutade par un convive enjoué : « Fais Cana… en me présentant une carafe d’eau ! » Bien sûr, je n’y suis jamais arrivé ! C’est vrai que nous sommes habitués à cette transformation ! Certains sont même admiratifs en voyant comment le Fils de Dieu, à la prière de Marie sa mère, a réussi non seulement à sauver un mariage, mais à changer de l’eau en un vin somptueux millésimé et pas seulement quelques litres… mais 600 litres : six jarres de cent litres de vin !

            Ce passage est passionnant, car, tout d’abord, il se passe lors de noces, un temps très joyeux, mais surtout, c’est la fête qui introduit la première étape de la vie dans le don de l’amour d’un homme et d’une femme ! Nous pouvons y lire un écho de l’Ancien Testament (Is 25, 6) des Noces entre Dieu et l’humanité : les noces de l’Agneau (Alliance de Jésus Christ et de son Église - Ap 19, 7 ; 9) !

  Aujourd'hui, pour aborder ce miracle sous un angle différent, nous allons nous tenir du côté des serviteurs ! Eux qui n'ont rien dit, mais ont tout vu, qui n'ont fait que des actions toutes ordinaires, mais qui ont collaboré, au départ et sans le savoir, à un grand miracle.

  Les serviteurs ont eu, au début, affaire à la seule mère de Jésus, Marie, qui leur a dit seulement : « Faites tout ce qu'il vous dira! » en désignant Jésus.  Remarquez ainsi, le regard vigilant et plein d’attention de Marie ! Elle a remarqué le manque de vin !

  Que fait Jésus ? Il se tourne vers les serviteurs et leur dit : « Remplissez d'eau ces cuves ! » Voilà ces hommes surpris et peut-être même en plein désarroi. Ils avaient déjà vidé l’eau des cuves après les ablutions rituelles de purification des convives. Les convives font ce geste religieux de purification en récitant des prières, en se lavant les mains avant le repas. Jésus demande aux serviteurs de remplir à nouveau ces cuves, d'eau propre. Il faut environ une trentaine de seaux par cuve, et il y en avait six ! - - - 

- Tout ce travail pour rien, pensent-ils. 

       - À quoi bon toute cette eau puisque les convives maintenant sont attablés ? 

Il faut vraiment que Marie se soit montrée très convaincante : elle était si impressionnante dans sa certitude ! Pour elle, ils vont obéir, et sans rechigner, puisqu'ils remplissent les cuves jusqu'au bord.

  Et Jésus leur demande de façon un peu surprenante : « Puisez maintenant et portez-en au Maître du festin. » Ici, pas de formules magiques ni d’incantation ésotérique !

  On assiste alors à un curieux manège : ceux qui parlent ne savent rien, et ceux qui savent tout se taisent. Plus encore, entre les cuves remplies d’eau et le verre du marié, l'eau s'est changée en un vin délicieux. 

  Or, les serviteurs savaient bien qu'ils n’avaient puisé que de l'eau. On entend l'ordonnateur du festin féliciter le marié, qui lui, n'y comprend rien ; mais pas un mot de Marie, et silence total aussi de la part des serviteurs. Jésus a opéré le miracle, mais jusqu'au bout, Il a voulu se servir de l'action des serviteurs, et c'est avec l'eau propre de l'obéissance que Jésus a régalé et sauvé la noce.

  L'évangéliste ne nous dit rien de plus et pas davantage comment le miracle a été salué ni comment le rôle de Marie a été reconnu, ni même comment Jésus aurait pu être félicité. Très sobrement, il mentionne que ce fut le premier des signes opérés par Jésus, et que les disciples, à la vue de ce signe, commencèrent à voir sa gloire, c'est-à-dire l'union indicible du Père et du Fils, signe préfigurant les Noces de l’Agneau.

  Si simple et si dépouillé, notre récit se montre plein d'enseignements pour nous, humbles serviteurs que nous sommes et tâcherons de la vie et de l'Évangile.

Toute sa spiritualité est là dans ce simple conseil que nous donne Marie ! Marie, elle-même a vécu cette confiance dans l’obéissance : « Qu'il me soit fait selon ta parole » ! 

Pour compléter cela, je vous livre trois petites remarques très simples :

- D'abord nous sommes certains de rester dans la volonté de Dieu quand nous comprenons les conseils de Marie, notre Mère : "Faites tout ce qu'il vous dira !" Si vous êtes familiers des conseils que Marie nous donne lors de ses apparitions, à la Salette ou à Notre-Dame de l’Osier, mais aussi à Lourdes ou à Fatima… vous pouvez remarquer que c’est toujours le même message en désignant son fils : "Faites tout ce qu'il vous dira !"  Marie elle-même l’a expérimenté lors de l’Annonciation en disant : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! »

- Jésus aurait pu assurer seul la joie de toute une noce, mais Il veut donner à ces hommes, à ces serviteurs très humbles, la joie d'avoir puisé de l'eau. C'est Jésus qui fait tout, et en même temps, c'est Jésus qui nous donne tout à faire, dès lors que nous nous laissons interpeller par lui. 

- Finalement qu’est-ce qui permet ce signe étonnant ? C’est l’acte de foi, l’acte  d’obéissance et de fidélité des serviteurs ! Ils ne comprennent pas tout, mais, bien qu’ils soient surpris, ils obéissent à Jésus et vont jusqu’au bout de ce qu’Il leur demande.

  Ce signe est riche d’enseignements pour chacun de nous ! Nous sommes comme ces serviteurs, nous ne comprenons pas toujours tout des chemins par lesquels le Christ nous fait avancer, mais nous sommes invités à la fidélité ou du moins invités à devenir ces serviteurs pour la gloire de Dieu et le Salut du monde !

Rendons Grâce à Dieu, frères et sœurs, qui non seulement a sauvé cette fête, mais qui nous permet de transformer nos vies, de transformer toute vie : un peu d’eau et d’écoute de sa Parole et voilà une vie nouvelle et belle qui nous est proposée !

Plus encore, un peu de vin et c’est Lui-même qui se donne dans l’Eucharistie !

                                                                                                                          Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du mercredi 12 janvier 2022, 1re semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé. Homélie non relue

Évangile selon saint Marc 1, 29-30. Premier livre de Samuel 3,1-10.19-20. Psaume 39.

 

Chers amis, depuis plusieurs jours déjà, nous écoutons, en première lecture, des passages du premier livre de Samuel, avec le prophète Éli, Anne et son époux Elcana. Peut-être avez-vous eu la curiosité de lire ou peut-être d’essayer de comprendre où tout cela se situe historiquement et sociologiquement dans la Bible ? 

En fait, nous sommes vers 1050 avant Jésus-Christ, à Silo, à une trentaine de kms de la ville de Jérusalem. Cela fait à peu près 150 ans que, peu à peu, les 12 tribus d’Israël ont conquis une partie du pays de Canaan. 

Comment se compose la société dirigeante ? Pour l’heure, ces douze tribus n’ont pas de roi (les rois Saül et David apparaitront bien plus tard). Ces douze tribus sont dirigées par des Juges, des chefs politiques et religieux. Ces juges sont appelés au secours lorsque la situation est très mauvaise mais contestés dès qu’elle s’améliore.

Il y a aussi des prêtres, chargés des rites religieux, installés autour des différents sanctuaires. Le plus important de ces sanctuaires est justement celui de Silo car il abrite l’Arche d’Alliance : Tables de la Loi données à Moïse sur le mont Sinaï par Dieu.

Eli est le prêtre de ce sanctuaire, Eli porte un nom qui signifie, « mon Dieu ». (Une petite remarque : quant au moment de sa mort en croix, Jésus dit : « Éli, Éli… » Il appelle non pas le prophète Éli, mais son Père : « Mon Dieu, mon Dieu »)

À côté des prêtres, et parfois en opposition à leur pouvoir, se tiennent les prophètes. Ce sont des porte-paroles de Dieu qui transmettent une parole que Dieu leur a confiée. A l’époque d’Éli, les prophètes exercent en groupe. Ils entrent en transe, au moyen de la danse et de la prière. Mais ce que nous savons, c’est que : « La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, et la vision, peu répandue. » Bref, la communication entre Dieu et les hommes ne fonctionne pas vraiment ! Les prophètes n’entendent plus la Parole divine !

Cependant, l’un d’entre eux va devenir l’un des plus grands prophètes d’Israël. Pour l’heure, il n’est encore qu’un enfant : Samuel ! (C’est-à-dire : Dieu exauce)

Il a été confié au prêtre Eli par sa mère, Anne. Comme nous l’avons entendu hier ; Anne espérait tellement avoir un bébé qu’elle s’était engagée, si elle était enceinte, à l’offrir au service de Dieu. C’est ce qu’elle fit ! Samuel est donc dans le Temple de Silo, quand Dieu l’appelle trois fois plus une fois.

« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». C’est ce que Samuel devra répondre lorsque Dieu l’appellera. C’est l’enseignement donné par Eli au moment où celui-ci découvre que c’est Dieu Lui-même qui appelle Samuel.

Frères et sœurs, cet enseignement nous concerne tous, à tout instant, parce que c’est une leçon de prière. L’enjeu de notre vie, ce n’est pas le don de Dieu ou sa proximité, puisque cela nous est déjà donné lors de notre baptême, mais ce qui importe, c’est la façon avec laquelle nous répondons à son appel :

« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »

Frères et sœurs, comment écoutons-nous Dieu qui nous parle, car aujourd’hui encore, Dieu ne cesse de nous parler, de nous interpeller, de nous encourager…?

Cette invitation à l’écoute de la Parole peut paraître banalement pieuse. Pourtant, elle combat nos ressorts intérieurs les plus profonds. Elle s’oppose même à nos idées religieuses les plus ancrées. Reconnaissons que spontanément, nous ne sommes pas toujours au service de Dieu ! Plus encore, c’est souvent nous qui Lui demandons d’être à notre service et de répondre à nos attentes et à nos désirs !

Samuel transmettra donc ce qu’il a reçu de Dieu. Nous sommes appelés à faire de même. Peut-être pouvons-nous faire cette expérience dans notre prière ? Ne gardons pas égoïstement la foi comme un trésor intime et caché, mais osons la partager avec nos proches.

Essayons, dans notre prière, aujourd’hui et dans les jours à venir, d’avoir cette même disponibilité de cœur : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Peut-être serons-nous surpris de ce que le Seigneur va nous demander !

                                                                                                                                                              Ainsi soit-il !

Homélie du lundi 10 janvier 2022, 1re semaine du temps ordinaire, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 1, 14-20. Premier livre de Samuel 1, 1-8. Psaume 115. 

 

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ! »

   

  Nous connaissons bien cette phrase !

Vous souvenez-vous à quel autre moment de l’année liturgique nous entendons cette phrase, nous l'entendons ? Elle nous est dite le jour de l’entrée en Carême au moment du geste de l’imposition des Cendres. « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ! »

   Nous avons terminé hier, avec le Baptême de Jésus, le temps de la Nativité ! Nous commençons aujourd’hui la 1resemaine « Extraordinaire » du Temps Ordinaire.

Dans l’Évangile de Marc, ce sont les premières paroles de Jésus ; nous sommes au chapitre premier : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Croyez à la Bonne Nouvelle !

  La venue de Jésus est un moment de basculement dans l’histoire de l’humanité : avant, c’était le temps de la promesse, le temps de l’attente. Mais avec la présence de Jésus, c’est Dieu lui-même qui nous dit : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. »

La promesse est tenue : Dieu n’a pas oublié les hommes. Depuis la séparation et la rupture de l’homme au jardin d’Éden, Dieu n’a eu de cesse de désirer rejoindre chacun de nous ! C’est en Jésus que cette promesse s’accomplit.

Cette première semaine du Temps Ordinaire démarre un temps qui s’arrêtera au début du Carême (Mercredi des Cendres). Alors, remettons-nous en route ! C’est l’invitation que nous entendons ce matin. Mais peut-être avons-nous un peu perdu le sens des réalités de Dieu durant ces jours qui entourent la Nativité : affairés que nous sommes, pour certains troublés dans le brouillard des soucis de la vie, dans les craintes de cette pandémie ?

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

Il nous faut bien comprendre que cette phrase est un encouragement. Jésus est là, Il nous appelle nous aussi !

Prenons un exemple : imaginez un randonneur sur le plateau du Vercors par temps de neige dans le froid et le brouillard. Il ne sait plus très bien la direction, car il a peut-être égaré sa carte ou la visibilité n’est pas bonne. Voilà que, sur son chemin, il croise une personne qui le renseigne, et encore mieux, lui donne une boussole. Ce randonneur en est tout ragaillardi, son courage revient, la fatigue est dépassée et il peut repartir joyeux, plein d’espérance !

Ce randonneur est un peu chacun de nous. Dans notre attente du Royaume de Dieu qui nous parait parfois lointain, Jésus nous dit : « le règne de Dieu est tout proche ! ». Non seulement Il nous redonne courage, mais Il nous offre une boussole, son évangile : « Croyez à l’Évangile ! » Encore faudra-t-il ouvrir le Livre, le lire et le méditer !

Cette Bonne Nouvelle qu’Il nous propose va nous inviter à changer de direction, plus exactement à retrouver la bonne direction pour reprendre celle du Soleil levant. Changer de direction, c’est-à-dire se convertir !

        Jésus est là sur notre route ; Il nous invite à Le suivre comme Simon et André, comme Jacques et Jean. De fait, Il est lui-même la Bonne Nouvelle, Il est lui-même la boussole ! Alors, frères et sœurs, en ce début du temps extraordinaire du Temps Ordinaire, je souhaite bonne route à chacun ! Aidons-nous les uns, les autres !    

                            Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du dimanche 9 janvier 2022, Fête du baptême du Seigneur, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 3, 15-16.21-22. Livre du prophète Isaïe 40, 1-5.9-11. Psaume 103.

Lettre de saint Paul à Tite 2, 11-14 ; 3,4-7.

 

Les jours passent vite, les uns après les autres ! Dimanche dernier, nous avons vécu la fête de l'Épiphanie avec les mages venus se prosterner devant l’Enfant Jésus. Aujourd'hui, avec la solennité du Baptême du Seigneur, nous faisons un bond gigantesque, pourrions-nous dire puisque nous nous retrouvons une trentaine d’années plus tard. 

Ce récit du baptême est une théophanie (du grec théos – Dieu et phanein – éclairer) c'est-à-dire une manifestation de Dieu, une illumination ou un éclairage sur ce que Dieu fait pour nous et sur ce que nous sommes invités à découvrir et à devenir.

     Cette scène se situe au désert, là où prêche Jean-le-Baptiste. Sa mission (comme nous venons de l’entendre avec Isaïe – 1re lecture),  est de préparer le chemin du Seigneur, de tracer une route pour notre Dieu qui vient sauver son Peuple.

Le désert où il vit est le lieu de toutes les possibilités. C’est à travers le désert que Dieu a fait cheminer son Peuple durant quarante années, pour l’amener à la Terre promise. C’est dans ce même désert que Jésus sera tenté, juste après son baptême, c’est là également que Jean le Baptiste appelle à la conversion. Éloignés de la vie ordinaire, les gens qui le rejoignent se laissent interpeller par son mode de vie et aussi par la parole puissante qu’il annonce. Cependant, ils ne sont pas surpris de son enseignement, car comme lui, ils attendent Celui qui doit venir, le Messie. 

Pour vivre cette attente, un geste important leur est proposé par Jean-Baptiste, un geste qui n’est pas anodin : le baptême !

Quel est ce geste ? Le baptême de Jean consiste à inviter des personnes, sans distinction de classes ou d’âge, à entrer dans l’eau du Jourdain acceptant ainsi de se laisser purifier par Dieu : pour être dégagés des égoïsmes, des orgueils et de toutes vanités. On y entre nu pour signifier l’humilité. Le baptême de Jean-Baptiste est donc un geste de vraie conversion dans l’attente du Messie ; ce n’est pas un geste anodin, mais un vrai engagement. 

Ce message de conversion retentit avec force, car Jean-Baptiste dans sa vie dépouillée est l’image parfaite du juif croyant qui n'a pas d’autre attente que celle de voir l'Envoyé de son Seigneur, le Messie attendu. Vivant à une époque où Israël est sous la domination de Rome, il n’attend pas de chef militaire ou politique. Il s’inscrit surtout dans le message des prophètes d’Israël qui annoncent la venue d’un Messie Serviteur, d’un Messie Sauveur qui transformerait l’histoire sainte d’Israël. 

Dès le début, pour éviter toute méprise, Jean le Baptiste montre qu’il n’est pas le Messie. Lui-même ne baptise que dans l’eau. Ce qu’il annonce c’est un baptême à venir « dans l’Esprit Saint et le feu », par Celui qui est plus grand que lui.

Effectivement, au moment où il verse l’eau du baptême sur Jésus qui s’est mêlé simplement aux personnes présentes, la voix de Dieu retentit. Le ciel qui était fermé depuis le Jardin d’Eden, s’ouvre, une voix se fait entendre, et un signe matériel apparaît sous la forme d’une colombe. Ces signes désignent le Messie Serviteur, l'Élu de Dieu. 

L’évangile de ce dimanche, nous permet d’assister, à une manifestation de la Trinité :

  • l’Esprit qui descend sur Jésus, alors qu’Il priait, et surtout
  • la voix du Père qui vient du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
  • comme une réponse à la prière de Jésus que nous ne connaissons pas.

 

Quelle joie pour Jésus de se savoir reconnu comme le fils bien-aimé de son Père du ciel et de ressentir la présence discrète, mais efficace de l’Esprit Saint auprès de Lui.

Ce qu’Il entend, c’est : « Je t’aime, tu es tout mon amour ! »

Frères et sœurs, qui peut rester insensible à une telle déclaration, que l’on soit homme ou femme, jeune ou âgé, en bonne santé ou malade ? Avez-vous déjà entendu : « Je t’aime, tu es tout mon amour » ?

Si en plus, cette déclaration d’amour vient de Dieu, alors, tout est possible ! Et pour Jésus c’est important ; la joie ressentie ce jour-là restera gravée en lui toute sa vie terrestre, même aux pires moments, sur la croix. Jésus sait que Dieu son Père ne peut l’abandonner. 

Cette reconnaissance reçue au baptême de Jésus sera aussi renouvelée, paradoxalement, quand Jésus au moment de sa mort, dira à saint Jean, le disciple bien-aimé, en parlant de sa mère : « Voici ta mère » (Jn 19,27). 

À Marie, il dira aussi : « Voici ton fils. » Devenant ainsi frères et sœurs de Jésus puisque nous avons la même maman, et nous pouvons, nous aussi, nous adresser à Dieu en disant : « Notre Père ». Comprenons-nous cette filiation, cet amour de Dieu pour chacun de nous ? Ainsi, à notre baptême, à nous aussi Dieu a dit : « Toi, tu es mon fils/ma fille bien-aimé(e) ; en toi, je trouve ma joie ! Tu es tout mon amour ! »

Cette joie n’est pas juste pour Jésus, elle nous concerne nous aussi.

Frères et sœurs, avons-nous vraiment conscience de l’amour que Dieu notre Père a pour nous ? Saint Jean nous le disait il y a quinze jours environ : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes. » (1 Jn 3,1). 

Ce baptême que nous avons reçu il y a plus ou moins longtemps, fait de nous des chrétiens, attachés au Christ, mais a-t-il réellement changé quelque chose en nous ? 

Nous avons expérimenté la plénitude des dons dans la force de l’Esprit-Saint, renouvelée toujours par le même Esprit au jour de notre confirmation. Mais où en sommes-nous ? Plusieurs questions devraient nous interpeller !

  • Notre baptême nous a rapprochés de Jésus par le don de la Foi, mais avons-nous l’impression d’être frères de Jésus, d’être tout proches de Lui ? Quelle est ma relation avec Lui ? Quelle mon espérance en la vie Éternelle qui nous est annoncée ?
  • Notre baptême nous engage donc, vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis des autres, vis-à-vis de l’Église … Où en suis-je de mon engagement ? En ai-je conscience ? Est-ce que, concrètement, je l’expérimente ? Comment est-ce que je vis cette vie fraternelle puisque, en Jésus, nous sommes frères et sœurs en Jésus ?

Beaucoup de questions m’interrogent, et devraient nous interroger en cette fête du baptême de Jésus ! C’est peut-être le moment de se rappeler l’interpellation puissante et prophétique de saint Jean-Paul II quand il nous disait, au début de son pontificat : « France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » (Jean-Paul II au Bourget, le 1er juin 1980).

Et nous, frères et sœurs, sincèrement, sommes-nous fidèles aux promesses de notre baptême ?

C’est la question que nous pouvons nous poser telle une méditation, une relecture notre vie, ce soir ou dans les jours qui viennent ; mais ne l’oublions pas : 

Baptisés et chrétiens, Dieu met en chacun de nous tout son amour !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi après l’Épiphanie, 5 janvier 2022, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Marc 6, 45-52. Première lettre de saint Jean 4, 11-18. Psaume 71. 

 

Depuis Noël, d’épiphanie en épiphanie, de révélation en manifestation, Dieu s’est fait connaître : 

  • dans l’abaissement d’un nouveau-né qui réjouit les humbles bergers, 
  • dans la fragilité d’un nourrisson qu’adorent les sages venus d’Orient, 
  • dans le sourire d’un tout petit bébé que les vieillards Syméon et Anne reconnaissent comme le Messie tant attendu.

 

Jésus, devenu adulte, continue de révéler son identité divine : Il enseigne, Il guérit toute maladie et toute infirmité dans le peuple. De grandes foules le suivent. Pris de compassion par ces foules sans berger, Il continue à les enseigner et plus encore, Il les nourrit tant spirituellement que physiquement.

Son épiphanie comme Berger d’Israël a été tout à la fois très extraordinaire, humble et, sans aucun doute, très fugitive, car : « Aussitôt » nous dit l’évangile, le miracle des pains accompli, Jésus renvoie les disciples et la foule rassasiée, chacun comme il était venu. Et Lui s’éloigne seul, dans la montagne, pour prier.

Comment fait Jésus pour savoir ce que font les disciples ? Nous ne le savons pas ! Mais Il voit la barque des disciples ballottée sur les flots, alors que Lui-même, sur la montagne, est solidement ancré à son Père dans la prière. Alors, marchant sur la mer, Il rejoint ses disciples en difficulté ! Il leur dit : « Confiance, n’ayez pas peur, c’est moi. » Le grec est très intéressant pour mieux comprendre cette phrase : « egô eimi, Je suis… » Cela fait résonner, et déjà dans l’Ancien Testament avec le buisson ardent, la façon dont se manifeste Jésus. À nouveau, c’est une épiphanie, une manifestation de qui IL EST !

Il y a cependant, un paradoxe qui ne cesse de me surprendre : plus Jésus se révèle et moins les disciples le reconnaissent… C’est mystérieux ! La peur et la sidération les renferment, tenant la place de la confiance. Nous constatons qu’il y a une difficile naissance de la foi en Jésus !

Mais l’annonce du Salut s’amplifie ! A Noël, nous nous sommes réjouis, nous nous sommes émerveillés d’un Dieu qui se manifeste dans notre chair, dans notre humanité. À l’Épiphanie, la manifestation du Salut de Dieu est proclamée aux nations … Au-delà du peuple élu, c’est au monde entier que Dieu s’adresse !

Aujourd’hui, frères et sœurs, redescendons sur terre, et reconnaissons que Dieu se manifeste dans notre monde tel qu’Il est, avec ses aspérités, ses violences, ses laideurs, mais aussi avec ses joies, ses gestes de paix et sa beauté. 

Non, le miracle de Noël ne s’arrête pas dans nos crèches, il se poursuit dans notre monde, chaque fois que l’Emmanuel, « Dieu avec nous », est présent dans nos gestes, nos paroles, nos regards. C’est bien sûr dans le quotidien de notre vie, que nous pouvons Le reconnaître ! Demandons, ce matin, cette grâce que nos cœurs ne s’endurcissent pas et que nos yeux s’ouvrent pour Le reconnaître. 

La foi c’est de croire sans voir ! Alors, demandons cette grâce, dans notre quotidien, d’avoir la foi de Le « voir », pour chacun de nous ce matin et plus largement, pour nos familles, notre paroisse et pour le monde !

Ainsi soit-il !

Homélie du lundi après l’Épiphanie, 3 janvier 2022, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Matthieu 4, 12-17. 23-25. 

Première lettre de saint Jean 3, 22 à 4, 6. Psaume 2. 

 

La liturgie ne cesse pas de nous surprendre ! Cet évangile peut nous sembler étonnant et déconcertant en ce temps de Noël, car hier encore, nous étions là, devant la crèche avec les mages, pour nous prosterner devant l’Enfant Jésus. En effet, nous passons pratiquement et sans transition de la naissance du Seigneur au début de son ministère public, au début de sa prédication. 

Jean le Baptiste a bien préparé le terrain : des foules sont là, en attente. En apprenant l’arrestation de Jean, Jésus se retire en Galilée ; Il quitte Nazareth, la ville qui l’a vu grandir et va habiter à Capharnaüm, petite ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtalie.

Aujourd’hui, Jésus quitte donc cette période cachée à Nazareth pour entrer dans sa vie publique.

Avec l’arrestation de Jean, Jésus se met lui aussi, à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

Ces versets sont propres à approfondir le mystère de l’Épiphanie et particulièrement aussi celui de Noël. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par les mots du prophète Isaïe : “Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. “

Dans les lectures de la fête de l’Épiphanie, saint Paul dans sa lettre aux chrétiens d’Éphèse affirmait l’universalité de la venue du Sauveur : “Il a été révélé maintenant … Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’évangile. “

À travers ces fêtes, la mission de Jésus est bien présente : comme à la crèche où il attire déjà à Lui le monde païen, le début de son ministère voit toutes les nations venir vers Lui !

« Ce peuple qui habitait dans les ténèbres … est associé au même héritage ! »

La liturgie de Noël l’annonçait déjà ; la visite des mages païens le confirme. Les prophéties trouvent leur accomplissement en la personne de Jésus, le Verbe fait chair, lumière pour le peuple d’Israël et pour toutes les nations.

Nous sommes tous concernés !

Pour nous ce matin, la question est de savoir comment, personnellement, j’accueille cet héritage et cette promesse ?

Comment est-ce que j’accueille cette Bonne Nouvelle ? Qu’est-ce qu’il convertit en moi ? 

Bien souvent, dans notre vie, dans notre cheminement, nous sommes aussi à la croisée des chemins. Que faisons-nous ? Restons-nous dans notre routine ou nous mettons-nous en route avec une audace supplémentaire ? Il ne suffit pas de nous engager sur le chemin de l’humilité ouvert par les mages, par exemple en visitant l’Enfant Jésus, il ne suffit pas de rester dans le don de nous-mêmes, même si c’est déjà bien d’être humble et dans le don de soi : 

Il nous faut, nous aussi, nous prosterner devant Jésus !

Il nous faut, nous aussi, oser nous convertir, 

changer notre façon de vivre et oser témoigner de Lui !

Aujourd’hui encore, pour tout chrétien, cette affirmation est fondamentale. Si vous êtes là ce matin, c’est que notre Dieu s’est fait chair, Il a pris notre humanité, Il s‘est fait homme pour nous montrer le chemin et nous mettons notre foi dans son nom, “Jésus-Christ : le Seigneur sauve“, comme le dit l’Apôtre saint Jean dans la première lecture. 

Cependant, une question demeure pour chacun de nous, en ce début d’année 2022 : qui transmettra cette Bonne Nouvelle ? Qui aura l’audace de témoigner de Lui, aujourd’hui et dans les jours qui viennent ? 

Là aussi, le Seigneur attend de nous que nous puissions l’annoncer !

Frères et sœurs, demandons cette grâce ! Qu’Il nous donne la force de la mission !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 2 janvier 2022, solennité de l’Épiphanie du Seigneur, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Matthieu 2, 1-12. Livre du prophète Isaïe 60, 1-6. Psaume 71.

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 3, 2-3a.5-6.

 

Chers amis, la semaine dernière, nous étions dans la joie de la naissance du Sauveur. Les jours passent vite et, dès le lendemain de Noël, nous fêtions déjà la Sainte Famille. Puis, tout au long de la semaine, nous avons fait des bonds dans le passé, dans le futur ; nous avons retrouvé Jésus à douze ans, à trente-trois ans ! Aujourd’hui, nous venons, à nouveau, nous prosterner devant Jésus dans la petite ville de Bethléem. Avec cette fête de l’Épiphanie, c’est-à-dire de la révélation de « qui est Jésus pour nous », avec ces Mages (qui ne sont pas rois !), nous sommes nous aussi en chemin. L’Évangile que nous venons d’entendre nous livre un enseignement profond sur la recherche de Dieu et la reconnaissance du Christ. 

     Cette recherche, cette rencontre, cette reconnaissance concerne tout homme, quelle que soit sa culture ou son origine. Plus largement que le Peuple élu, tout être humain partage ce même désir de Dieu dans son cœur, ce désir de transcendance, ce désir de rencontrer le Christ, sans même le connaitre ! 

Saint Paul l’a très clairement exprimé (deuxième lecture) : « ce mystère, le mystère de Dieu parmi nous, concerne aussi les païens puisqu’ils sont associés au même héritage… ».

     Dans la nuit de Noël, au petit matin, ce sont les bergers, les plus petits parmi les petits d’Israël qui ont découvert en ce petit d’homme, le Sauveur tant attendu et qui sont repartis dans la joie en chantant les merveilles de Dieu.  

Aujourd’hui c’est le tour des plus grands et des plus lointains, ces mystérieux mages dans leur quête guidés par l’étoile. 

Mais qui sont ces mages ? Ils ne sont pas rois ; ils viennent d’Orient, nous dit l’Évangile. 

Autrement dit, ils viennent façonnés par une autre culture, par d’autres traditions que celles du peuple juif, pard’autres religions. Ce sont des hommes de culture, de science : ils étudient les étoiles, ils connaissent leurs positions. Ils sont attentifs aussi aux signes de leurs temps et ils savent les interpréter. Ce sont des sages qui, allant au bout de leurs recherches et de leurs questionnements, acceptent de se laisser déplacer, de se mettre en marche, d’aller même jusqu’à se laisser enseigner par des sages d’une autre nation, ceux qui connaissent les Écritures d’Israël, pour aller vers cet inattendu roi de Gloire, qui se donne à contempler dans ce nouveau-né, dépourvu de tout moyen de puissance. Imaginons l’étonnement de ces mages, arrivant dans le lieu très humble de Bethléem, où ils découvrent Marie tenant l’Enfant Dieu dans ses bras ! N’auraient-ils pas plutôt imaginé Le découvrir dans un palais ou une demeure majestueuse ?

     Cependant, les mages ne se laissent pas distraire par ce qu’ils découvrent. Ils accompliront leur quête et se prosterneront pour adorer l’Enfant Dieu. Ils Lui offriront de l’or, de l’encens et de la myrrhe ! Événement important, avertis en songe, ils repartiront par un autre chemin ! Au sens propre ou figuré, ils repartiront différents ou encore dans un chemin de vie autrement !

     S’ils ont cette intelligence et cette souplesse, tristement, il y a d’autres personnages qui eux, resteront sur leur savoir et leur pouvoir ; ils savent, mais ils resteront enfermés sur eux-mêmes ; incapables de se mettre en route… Qui sont-ils ? Ce sont le roi Hérode, ses grands prêtres et ses scribes. Ils savent, mais restent sans action !

Pour nous ce matin, il nous est donné encore aujourd’hui des signes : au moins trois signes ! Trois jalons pour rencontrer Dieu ! 

Trois jalons que beaucoup peuvent déchiffrer et comprendre 

l’étoile, la Parole et l’enfant.

         

Le premier signe de Dieu l’étoile a marqué une étape dans la vie des mages. Ils ont choisi de la suivre. Elle les a conduits vers la vraie lumière qui éclaire tout homme. 

Quelle leçon pouvons-nous en tirer dans notre propre démarche de conversion ? 

À l’image des mages, saurons-nous nous mettre en route à la rencontre de la Lumière et repartir par un autre chemin, celui du Christ qui a dit : « je suis le chemin » (Jn 14,4). 

L’histoire des mages montre que notre vie n’est en rien gouvernée par un destin, définie par une mécanique céleste qui s’imposerait à nous. Ce n’est pas notre horoscope qui définit notre avenir ! C’est le Christ qui s’offre à nous pour nous guider, en nous laissant libres de Le suivre ou non. 

Frères et sœurs, nous avons déjà rencontré ces étoiles ! Si nous faisons mémoire de notre histoire, nous pourrons constater que des étoiles ont été allumées dans notre vie… rencontre, mariage, vocation, profession ou décision prise suite à un conseil éclairé. N’oublions pas que nous sommes nous-mêmes des étoiles les uns pour les autres !

Si la lumière illumine tout homme, c’est à chacun de se laisser illuminer, dans une démarche active. Rester passifs devant la lumière du Christ ne suffit pas pour être dans la lumière. 

Le second signe qui mène à Dieu, c’est la Bible, sa parole inépuisable. Je vous pose une question : faisons-nous de cette Parole un vieux grimoire poussiéreux ? Ouvrez-vous votre Bible ? Cette Parole est-elle toujours vivante ? Savez-vous que la Bible est un trésor international de l’Humanité, le livre le plus traduit et diffusé à travers le monde ? Il nous faut la méditer, la goûter pour en découvrir l’indicible beauté ; sans doute faut-il avoir gardé un cœur d’enfant ! Le Christ Lui-même nous le dit : « Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu... »

Le troisième signe, précisément, c’est l’enfant, celui que nous avons adoré à la crèche, il y a encore quelques jours ! Quand on regarde le passé du christianisme (les premiers siècles de l’histoire chrétienne), on remarque que la majorité de ce qu’on appelle les « hérésies » rejette l’humanité de Jésus. Nous sommes habitués à dire que Jésus est vrai Dieu et vrai homme ; cependant, si nous mesurons ce que nous osons dire, nous découvrons que Dieu s’est fait homme et qu’Il a pris notre humanité ; c’est réellement vertigineux ! (Cf. comparer le Symbole des Apôtres et Credo de Nicée-Constantinople et les précisions de qui est le Christ). 

L’inouï de Dieu : c’est que Dieu a pris notre humanité, pour nous redire avec une voix d’homme que Dieu est proche ! Si proche qu’Il se fait nourriture et nous redit à chaque Eucharistie : « Prenez et mangez ». Il nous faut réentendre, au creux de nos existences les plus quotidiennes de fils et filles bien-aimés du Père que : « Nous avons part à la divinité de celui qui a pris notre humanité » !

C’est cela aussi la folie de Dieu, sa folie d’amour !

Frères et sœurs, en ce début d’année 2022, nous recevons une invitation capitale ! 

     Oserons-nous nous mettre en route en suivant l’étoile qui apparaît dans le ciel de notre vie, à travers toutes nos rencontres, par la lecture de la Parole de Dieu, en nous mettant face au mystère de la Crèche ? 

Alors, quoiqu’il arrive, si nous sommes attentifs à ces signes, une grande, une très grande joie nous est promise…Elle est bien différente de la joie commerciale ou de la joie du monde et des plaisirs : c’est une joie intérieure de comprendre que Dieu est présent dans ma vie et de le savourer ! Tout au long de ces jours qui vont s’écouler durant cette année, le Christ sera présent ! Cette joie sera le signe de la présence vivante du Christ dans nos vies !

Permettez-moi de vous redire : 

Que le Seigneur vous bénisse ! Qu’il vous garde dans sa joie et dans sa paix ! 

À tous et à vos familles, belle et sainte année 2022 !

Ainsi soit-il !

 

 

Homélie du samedi 1er janvier 2022, solennité de sainte Marie, Mère de Dieu, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 2, 16-21. Livre des Nombres 6, 22-27. Psaume 66.

Lettre de saint Paul aux Galates 4, 4-7.

 

Une année vient de s’écouler ! Ce n’est pas seulement un petit chiffre que nous allons changer (2021 devient 2022). L’année qui vient de se terminer est une année où nous avons vécu beaucoup d’événements soit joyeux, heureux comme des fiançailles, des mariages, des naissances, des changements de situation, mais aussi des événements douloureux, difficiles, délicats. Inutile de les énumérer, car nous savons bien ce que vous avons vécu tout au long de cette année.

Cependant, frères et sœurs, essayons d’être dans l’Action de grâce et si cela nous est trop difficile, demandons l’aide de l’Esprit Saint pour percevoir et rendre compte malgré tout, des événements beaux ou simplement heureux que nous avons vécus. 

Nous commençons donc une nouvelle année ! Que sera-t-elle ? Nous sommes bien incapables de le savoir, mais cependant, elle sera ce que nous souhaitons qu’elle soit … du moins autant qu’il est possible ! Dans la contingence des événements que nous pourrions traverser, nous restons toujours libres de faire du bien et de poser des actes charitables !

Le 1er janvier est le jour par excellence où nous sommes invités à nous émerveiller de ce que Dieu fait dans notre vie et aussi de la grandeur de la Vierge Marie. Être Mère de Dieu est une grâce inouïe, absolument unique. Une grâce que Marie a accueillie avec beaucoup d’humilité ; que dit-elle lors de l’Annonciation : « Voici la servante du Seigneur ! »

Chacun sait qu’il y a toujours un lien très particulier entre un enfant et sa maman ! C’est vrai aussi de Jésus et de Marie ! Cette maternité l’engage beaucoup, au plus profond d’elle-même. Nous entendons encore, huit jours plus tard, le récit de la visite joyeuse des bergers dans l’étable de Bethléem.

Marie a reçu un titre. Ce titre de Théotokos (du grec Θεοτόκος, « qui a enfanté Dieu », ou encore « Mère de Dieu ») nous dit quelque chose de l’humilité de Dieu, car Dieu accepte de naître d’une créature humaine. En même temps, ce titre nous dit sa confiance en Marie au moment où Dieu lui confie une telle mission : mission incroyable d’accueillir le Fils de Dieu en notre humanité.

Cette solennité de Marie, « Mère de Dieu, » est la plus grande fête en l’honneur de la Vierge Marie. Elle est le fondement de toutes les autres : si Marie est immaculée dans sa conception, c’est bien : 

  • en vue de sa mission de Mère de Dieu ; si on fête l’Assomption de la Vierge Marie, 
  • parce que Dieu ne pouvait pas laisser se dégrader ce corps qui l’avait porté.

Cette mission de Marie ne doit pas nous rendre envieux en disant : « quelle chance a-t-elle eu de recevoir la visite de l’ange, ou encore de vivre une telle proximité avec Jésus ! » 

Savez-vous que Dieu agit en nous d’une manière similaire à ce qu’Il a fait pour Marie ? Lorsque Dieu nous donne une mission qu’elle soit d’annonce, d’évangélisation ou de témoignage, Dieu ne nous prend pas pour des instruments purement passifs, inanimés. Il fait toujours appel à notre coopération et à notre liberté ! C’est ce qui permet de dire et de comprendre, quand l’œuvre est réalisée, qu’elle participe à la fois de la main de Dieu et aussi de la nôtre. 

Oui, Dieu a besoin de nous ! Pensons-y tout au long de cette nouvelle année : Dieu a besoin de notre intelligence, de notre cœur, de nos mains… pour porter le beau message de l’amour de Dieu pour tous ! Soyons persuadés que, chacun à notre niveau, nous sommes en capacité de témoigner de Dieu.

Prenons un exemple avec les rédacteurs des quatre évangiles ! Saint Jean n’écrit pas de la même façon que saint Luc ou saint Marc comme saint Matthieu. Chacun le fait avec sa grâce propre, avec ses talents, son intelligence, son tempérament, le vocabulaire dont il dispose … en réalité, c’est toujours la Parole de Dieu !

Si Marie a été appelée dans la gloire de Dieu, c’est aussi ce que Dieu veut faire pour nous, même si nous ne vivrons vraisemblablement pas une assomption comme Marie ; notre corps va se dégrader dans la terre. Gardons cela en mémoire : comme pour Marie, Dieu nous invite à partager et avoir part à sa gloire.

Perplexes ? Méditons cette phrase de l’évangile que nous venons d’entendre : « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. »

J’aime beaucoup cette formule, à la fois délicate et respectueuse. Cette formulation signifie d’une certaine façon que Marie ne comprend pas tout et qu’elle découvre petit à petit le plan, toujours surprenant, du Salut de Dieu. Si elle ne saisit pas tout, comme nous-mêmes nous nous interrogeons sur le sens des événements, Marie fait confiance en tout à Dieu 

Quoiqu’il puisse nous arriver tout au long de cette année, 

faisons confiance en tout à Dieu, comme Marie !

Il nous faudra retenir et méditer les événements de notre vie. Sans cette méditation, nous risquerions de nous priver de mieux comprendre le sens du chemin que Dieu nous invite à prendre et peut-être même pire, de nous renfermer sur nous-mêmes en renonçant à Dieu !

Comment comprendre ?  Aujourd’hui, quand nous ne savons pas faire quelque chose, notre réflexe est de chercher un tutoriel sur internet et de nous débrouiller comme nous le pouvons. C’est peut-être très bien, sauf qu’avec une telle méthode nous restons bien seuls, appuyés sur nos seules forces. Marie n’est pas seulement un modèle à imiter pour mieux vivre de la vie de Dieu. Marie est une personne avec laquelle on entre en relation et qui peut agir puissamment dans notre vie par son intercession. Ce n’est pas pour rien qu’avant de mourir, Jésus a voulu nous donner sa Mère ! Rappelez-vous ce qu’Il dit au disciple du haut de la croix : « Voici ta mère. » Tout au long de cette année, rappelons-nous que nous pouvons égrener le chapelet, qui est la meilleure défense contre les forces du Mal.

La liturgie, en cette nouvelle année, nous propose l’ancienne prière de bénédiction (entendue dans la première lecture du livre des Nombres) que Dieu avait suggérée à Moïse pour qu’il l’enseigne à Aaron et à ses fils. J

e vous invite dès ce soir ou demain, à reprendre cette formule pour la donner, pour la proposer aux personnes que vous rencontrerez ; vous pourrez même la chanter :

« Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6, 24-25)

Frères et sœurs, demandons à la Très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, sa présence, comme une maman soutient avec force ses enfants qui doivent partir en voyage, et cette nouvelle année est comme un voyage : qu’avec la lumière et la grâce de Dieu, que cette Bénédiction puisse être un chemin de paix pour chaque personne et chaque famille, pour notre paroisse, pour chaque pays et pour le monde entier. 

Demandons cette grâce pour chacun de nous tout au long de cette nouvelle année !

Ainsi soit-il !

 

Homélie du mercredi 29 décembre 2021, 5e jour dans l’octave de la Nativité, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 2, 22-35. Première lettre de saint Jean 2, 3-11. Psaume 95.

 

Si vous avez été attentifs à la liturgie de cette semaine après Noël, vous avez pu vous apercevoir que la chronologie est un peu en zigzag ! Un jour, nous nous trouvons au Temple et Jésus a 12 ans, un autre jour, nous sommes au calvaire au moment de la résurrection le dimanche de Pâques, puis nous retournons au massacre des saints Innocents et voilà qu’aujourd’hui, nous sommes, à nouveau, dans le Temple. 

Pour la première fois, Jésus, encore bébé, entre à Jérusalem et la présence du Christ Seigneur remplit le Temple.

Dans la foule anonyme du Temple, nous rejoignons un petit groupe qui passe presque inaperçu : des parents et un enfant et un vieillard qui arrive assez rapidement au-devant du tout jeune foyer.

Marie, la maman, serre dans ses bras l'offrande du monde, le propre Fils de Dieu ; et lui, Joseph, le papa, apporte l'offrande des pauvres : deux jeunes colombes. Quant à Syméon, il n'est ni prêtre, ni rabbi, ni lévite. Il n'était pas au Temple à attendre l'événement : il vient d'y arriver, poussé par l'Esprit Saint !

Il rejoint Marie et Joseph et, sans un mot, il reçoit l'Enfant : c'est la nouvelle alliance dans les bras de l'ancienne; c'est l'instant de fidélité que Dieu préparait depuis Abraham.

Puis, l'enfant au creux de ses bras, Syméon se met à bénir Dieu. L'Esprit, illuminant sa prière, lui dévoile son propre destin, le destin de l'Enfant et celui de sa Mère.

Pour lui-même, le vieil homme parle de départ et de paix : il peut s'en aller vers la mort, puisque déjà il a rencontré, vu et touché celui que Dieu donne pour la vie du monde : il s'en va, alors, dans la paix, parce que Dieu s'est souvenu de son amour. (C’est le cantique de Syméon.)

Pour l'Enfant, Syméon annonce un destin universel : il sera le Salut de tous les peuples, Salut d’Israël, à qui Dieu montre sa fidélité, et Salut des nations païennes, qu'il prend dans sa miséricorde (Rm 15,7-12). Tous les hommes seront éclairés par la lumière qui émane de cet Enfant.

Toi-même, ajoute Syméon, - un grand étonnement passe dans le regard de Marie – « un glaive traversera ta vie » ; l'épreuve révélera le fond de ton cœur ; l'inconnu, l'imprévu, l'incompréhensible réclameront de toi, avec ta disponibilité de servante, un surcroît d'amour et de pauvreté. Littéralement, même si certains évènements pourront t’étonner et même te surprendre, fais confiance en Dieu !

Quant à nous, frères et sœurs, suivons, rien que pour aujourd'hui, la démarche de Syméon, poussé par l'Esprit : entrons dans l’intériorité de notre prière, recevons l'Enfant ! Marie nous le prête un instant ; de fait, elle nous le donne chaque jour.

Tout au long de ce jour, spirituellement, gardons l’Enfant doucement au creux de nos bras, dans notre cœur ; quand nous recevons l'Enfant Jésus, ce n’est pas Lui que nous portons, c'est lui qui nous porte, c’est Lui qui nous conduit.      

                                                                        Ainsi soit-il !

 

Homélie du lundi 27 décembre 2021, fête de saint Jean, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé. 

Évangile selon saint Jean 20, 2-8. Première lettre de saint Jean  1, 1-4. Psaume 96.

 

Les jours s’écoulent vite ! Dans la nuit du 24 au 25 décembre, nous avons vécu la naissance du Sauveur dans le concret d’une famille près du champ des Bergers ! L’assemblée était nombreuse, joyeuse. Au petit matin, nous sommes venus nous prosterner, avec les bergers, devant l’Enfant Dieu. Le 25, jour de Noël, nous avons entendu le Prologue de saint Jean. 

En prenant un peu de hauteur, nous avons pu découvrir davantage le plan du salut de Dieu, la raison de la venue de Jésus en notre humanité ! Nous le savons, ce Salut va passer par le refus de Dieu ! 

Hier, dimanche, nous avons fêté la Sainte Famille et nous avons retrouvé Jésus à l’âge 12 ans dans le Temple face aux docteurs de la Loi, aux scribes, aux prêtres, tous étonnés de sa connaissance et sa sagesse.  

Avec ses réponses éclairantes, le jeune Jésus est en train de vivre (pourrait-on dire) une première « évangélisation ». Sa naissance s’est manifestée pour faire advenir la Lumière et le Pardon dans un univers de guerre. Il proclame cette beauté fragile dans un monde de mensonge. 

Aujourd’hui, en faisant mémoire de l’Apôtre saint Jean, nous effectuons un bond de presque 33 ans pour arriver au matin de Pâques et à l’annonce de la Résurrection de Jésus : la vérité de son Amour vainqueur est là, la lumière brille dans les ténèbres ! 

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, celui du matin de Pâques, saint Jean a encore, sans doute, dans les yeux les scènes tragiques du Vendredi saint.

Quand Marie de Magdala arrive en courant à la recherche de Jésus, elle est affolée : que se passe-t-il ?

 « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Celui que Jésus aimait court avec Pierre pour prendre la mesure des paroles de Marie de Magdala.

Les voilà arrivés ! Ils traversent le petit jardin, en contrebas du Golgotha. Jean se penche, regarde rapidement, puis s’efface pour laisser entrer Pierre, qui est l’aîné et le responsable de leur petite communauté. Pierre regarde : les linges sont là, à la place du corps ; le suaire est là aussi, à la place de la tête, bien roulé à part. Il se dit intérieurement : « Les femmes ont raison ! On a enlevé le Seigneur. » 

Pierre regarde, mais ne voit pas ! Pas encore ! Ils cherchent comme les saintes femmes, le corps sans vie de Jésus ! Ils cherchent un cadavre !

C’est alors,nous dit l’évangile, que le disciple que Jésus aimait entre à son tour : "Il voit et il croit". En fait, Jean ne voit « rien » de plus. Il voit la même chose que Pierre ! Il ne voit pas encore le Christ ressuscité. Mais il voit « en creux » l’accomplissement de la promesse du Christ dans les linges restés à leur place : si le corps est absent, c’est qu’Il est vivant ! C’est ce que nous appelons 

la foi : c’est-à-dire, croire sans avoir vu !

Nous sommes, frères et sœurs, encore dans la contemplation du mystère de la Nativité. Durant cette nuit de Noël, nous avons prié, nous nous sommes prosternés devant l’Enfant Jésus ! 

Qu’avons-nous fait ? 

Avons-nous juste regardé la crèche, aussi belle soit-elle ? 

Nous sommes-nous arrêtés au merveilleux de la nuit de Noël, mais pris par notre quotidien, le train-train des jours qui passent, nous ne sommes pas allés plus avant dans cette révélation ? 

Ou, avons-nous vuet avons-nous cru réellement que cet enfant est notre Salut ?

En prière devant nos crèches, demandons d’être renouvelés dans la grâce de la foi, c’est-à-dire de croire sans voir ! C’est un don et une grâce que le Seigneur veut nous donner pour peu que notre cœur « voit » autrement et s’ouvre véritablement !

Demandons cela pour chacun de nous ce matin, pour nos familles, notre communauté et pour le monde !   

                                                                           Ainsi soit-il !

 

Homélie du dimanche 26 décembre 2021, fête de la Sainte Famille, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 2, 41-52. 1er livre de Samuel 1,20-22.24-28. Psaume 83. 

Première lettre de saint Jean 3, 1-2. 21-24.

 

Chers amis, j’espère que vous avez pu vivre un beau Noël, simple, chaleureux et priant. J’espère aussi que vous avez pu communiquer à toutes les personnes qui n’ont pu se rendre à cette fête de la Nativité de goûter cette joie de Noël !

Au lendemain du 25 décembre, nous fêtons immédiatement, cette année, la Sainte Famille. Il s’agit de la famille de Nazareth, celle de Jésus enfant avec ses parents Marie et Joseph. Une Sainte Famille, avec ses joies et ses difficultés, dont nous venons d’entendre une des péripéties les plus connues, un des rares événements que les Évangiles nous rapportent de l’enfance de Jésus. 

Regardons ensemble, si vous le voulez bien, cet épisode qui nous est proposé aujourd’hui. Il peut ressembler, au moins dans sa forme, à des situations qui peuvent nous être familières ! 

        Que se passe-t-il ? Jésus semble échapper à la vigilance de ses parents ; ils sont à Jérusalem en pèlerinage. Jésus vient d’avoir 12 ans et la précision est importante, car pour les juifs de cette époque, c’est l’âge de l’entrée dans la vie adulte. Aujourd’hui, cet âge est plutôt celui de l’adolescence avec bien des crises ! 

Lorsque ses parents le retrouvent enfin au bout de trois jours, la réponse de Jésus les laisse stupéfaits. Nous le serions aussi à leur place ! Que dit Jésus : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? »  

Comment Jésus peut-il s’étonner de ce que ses parents le cherchent ? Encore plus déconcertant, Il ajoute : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père? »

Remarquez, ce ne serait pas la première fois ni la dernière, que des parents ne comprendraient pas leur enfant devenu adolescent ! 

        Une supposition ! Jésus serait-il dans une phase rebelle ? L’évangéliste Luc nous donne des éléments clairs pour enlever de nous cette idée, car nous avons entendu que : « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth et il leur était soumis » puis, plus loin : « il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes ».

Alors, que nous dit ce récit, en vérité ? Pourquoi saint Luc a-t-il jugé bon d’inclure cet épisode dans son évangile ? Sans doute, est-ce Marie qui lui a fait cette confidence !

De cet épisode, nous pouvons retenir trois enseignements 

- Premier enseignement : oui, Jésus est un homme ordinaire. Il a un père et une mère qui l’élèvent, s’occupent de son éducation, en suivant les rites de leur temps et qui prennent soin de Lui. Il a été enfant, comme tout le monde, Il a parfois déconcerté ses parents, avant de devenir Celui qui proclamera la Bonne Nouvelle sur les routes de Palestine. 

- Deuxième enseignement : non, Jésus n’est pas un homme ordinaire. Dès qu’Il quitte son statut d’enfant pour celui d’adulte, Il se comporte en adulte et commence immédiatement sa mission : interpeler les personnes influentes de son temps, les religieux et les maîtres sur leurs connaissances, leur enseigner ses propres réponses, dans ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui une « première évangélisation ». Surprenant !

- Troisième enseignement : non, Jésus n’est pas seulement qu’un homme extraordinaire : Il est fils de Dieu, celui que nous avons accueilli hier dans la crèche, que nous avons adoré ; Il est celui que les anges ont chanté et que les bergers, à la fin de la nuit, sont venus visiter ! Il l’affirme lui-même lorsqu’Il répond : « c’est chez mon Père que je dois être ». Quand il dit « mon Père », il parle bien évidemment de Dieu, le Dieu qui s’est révélé à Abraham, Moïse, David ; le Dieu qui s’est manifesté à Marie et à Joseph avant la naissance de leur Enfant, Jésus.

Ce récit exprime déjà le Mystère de l’Incarnation (In-Carné : dans la chair). 

Quel est l’impact de cette fête de la Sainte Famille pour nous aujourd’hui ?

Si Dieu a choisi de naître dans une famille, ce n’est pas sans signification. Cela nous dit l’importance de la famille, aux yeux de Dieu. 

  • Importance de la famille, avec une place spécifique et non interchangeable pour chacun de ses membres. Une famille éducatrice, un père, une mère, et un enfant accueilli, reçu pour lui-même, un enfant sujet, et non pas objet obtenu de droit, non pas « objet de revendication ». L’accueil de l’enfant (un ou plusieurs) est un don, fruit de l’amour ; c’est ce qui fonde la famille. (J’ai une prière particulière aux couples en attente d’enfant.)
  • La fête de la Sainte Famille est aussi l’occasion de fêter nos propres familles, au lendemain de Noël où beaucoup de familles (avec les restrictions sanitaires que nous connaissons) ont eu le bonheur de se retrouver, de se rassembler autour d’un repas, de se téléphoner et d’échanger quelques nouvelles… bref, de manifester notre attachement aux uns et aux autres. 
  • Cela peut paraître bien banal, mais ne manquons pas de fêter nos familles, ces petites cellules dans lesquelles tant de choses importantes se jouent. C’est le lieu où naît, grandit et s’expérimente la relation aux autres, cet irremplaçable amour avec toutes ses déclinaisons : amour conjugal, filial, paternel, maternel, fraternel. La famille est le lieu où l’amour se découvre !
  • La famille est aussi le premier lieu de vie pour chacun (accueil lors de la naissance), et le dernier lieu de sécurité pour beaucoup au moment de la vieillesse.

Même si notre société, jouant le chaud et le froid, déstabilise la famille, nous savons bien qu’en même temps beaucoup de personnes rêvent d’une famille stable et aimante ! La famille est la valeur sûre et stable de nos existences.

        Souvent la Sainte Famille nous est donnée en exemple, mais si nous sommes réalistes, nous constatons qu’il n’y a pas de famille parfaite. Nos familles cheminent cahin-caha sur le chemin de la vie, mais c’est justement, dans le désir de pardon et d’amour, de crises surmontées et de nouveaux départs que nos familles pourront se stabiliser et grandir en sainteté !

Frères et sœurs, cette fête est donc l’occasion d’une prière renouvelée ! 

Seigneur, toi qui nous a donné de transmettre la vie au cœur d’une famille,

et comme Tu l’as toi-même souhaité pour ton propre fils ; 

En cette fête de la Sainte Famille, nous te rendons grâce pour nos familles humaines 

et pour nos familles spirituelles.

Permets que tout enfant puisse connaître un père et une mère aimants 

pour grandir dans l’équilibre et dans la paix !

 

C’est la prière d’action de grâce que nous pouvons exprimer en ce jour, tous ensemble !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du jour de Noël 2021, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Jean 1, 1-18. Livre du prophète Isaïe 52, 7-10. Psaume 97.

Lettre aux Hébreux 1, 1-6.

 

Chers amis, je vous pose une petite question pour commencer cette homélie, mais rassurez-vous, je ne suis pas là pour vérifier vos réponses.

Êtes-vous allés aux messes, celle d’hier soir, de cette nuit ou encore à celle de l’Aurore ce matin très tôt ?

Cette question me permet simplement de vous dire que je suis toujours frappé par le contraste entre les trois messes de Noël. Si vous êtes des lecteurs d’Alphonse Daudet, vous souvenez qu’il y a au moins trois messes de tonalité différentes !

  • - Trois messes pour marquer l’importance de cette incroyable naissance. 
  • - Trois messes pour aborder différemment Celui que nous célébrons !

Lors de la messe de cette nuit, l’église était bondée, et nous avons écouté le récit merveilleux de la naissance de Jésus ! Nous avons pu prier, adorer, prendre du temps devant la crèche. Sans doute, avez- vous installé dans votre appartement ou dans votre maison, la crèche, y déposer l’Enfant Jésus cette nuit, faire une prière, chanter un refrain. 

Lors de la messe de l’Aurore, tôt ce matin, dans l’obscurité de la nuit, avec juste quelques petites bougies allumées, nous nous sommes remémoré la visite joyeuse et intime des bergers à la crèche avec les anges qui chantent : « Gloria… ». 

Les bergers avaient décidé d’aller voir celui qui leur avait été annoncé et ils se sont déplacés jusqu’à Bethléem. Là, ils ont vu Marie, Joseph et l’Enfant Jésus, dans l’humilité de la crèche. 

Chers amis, cette troisième messe, la messe du jour que nous vivons maintenant nous invite à une belle et profonde méditation en saint Jean. Elle nous permet de prendre un peu de hauteur pour mieux comprendre le Plan de salut de Dieu : le mystère du Salut en Jésus ! Oui ! Nous qui sommes chrétiens et témoins, cela nous concerne, car c’est de notre salut dont il est question !

De fait, les lectures de ce jour de Noël complètent, si vous me permettez cette comparaison, le faire-part de naissance de Jésus, fils de Marie et de Joseph. 

L’auteur de la lettre aux Hébreux nous dit qu’Il est l’expression parfaite du Père, littéralement « Consubstantiel » au Père ; saint Jean, dans son prologue nous redit qu’Il est lumière, et Isaïe qu’Il est porteur de paix

L’enfant de la Crèche, vrai homme, est : Dieu, Lumière et Paix !

 

Si je rédige la première ligne de ce faire-part, ce pourrait être : Jésus est Fils du Père !

C’est-à-dire qu’Il est l’expression parfaite (consubstantiel  de la même substance divine) de l’être du Père : relation unique et très étroite, qui exprime que Jésus est bien le Fils de Dieu, né du Père. Il est de nature humaine, tout comme nous, mais Il est aussi de « substance divine ».

La Vierge Marie le savait dès l’Annonciation : cet enfant ne sera pas juste un enfant parmi d’autres, mais Il pourra dire plus tard en vérité : « le Père et moi, nous sommes un. » Jésus nous dit qui est le Père, et Il nous le dit dès sa naissance : II est celui qui se penche vers l’homme, qui en prend la condition, se fait petit enfant pour que nous ayons la vie, pour notre salut.

 

La deuxième ligne du faire-part pourrait être : Jésus est lumière du monde !

C’est-à-dire que cet enfant de la crèche apporte la lumière, la lumière dans le couple bien sûr, mais la lumière du monde ! L’émouvant prologue de saint Jean nous redit que le Verbe : « était la vie et la Vie était la lumière des hommes. »Cette lumière ne s’arrête pas à la chair, elle dit le plus profond de l’homme, elle illumine son cœur. 

La révélation de Noël, c’est que nous pouvons maintenant voir Dieu face à face en Jésus, et Lui peut nous regarder en nous partageant sa vie. 

C’est une grande chance et une grâce pour nous qu’il en soit ainsi : car en Lui nous découvrons qui est Dieu ! « Qui me voit, voit le Père » (Jn 14,9)

En le regardant, à qui le veut, nous vivons déjà d’une autre vie, nous resplendissons d’une autre lumière, jusque-là, toutes deux cachées aux hommes.

 

Et voici la troisième ligne du faire-part Jésus est celui qui porte la Paix et annonce la Bonne Nouvelle !

Nous pouvons nous demander, sans doute : peut-on vraiment affirmer cela face à toutes les terribles violences de notre monde qui reste baigné dans une humanité bien souvent, sans Dieu et sans réelle compassion. 

Oui, je le crois profondément, toute la vie de Jésus en témoigne, jusqu’à son procès devant Pilate et à sa mort même : Il vient renverser les puissants de leurs trônes, élever les humbles, donner au monde la paix. La paix dont nous parlons n’est pas n’importe quelle paix, mais c’est celle qui vient de Dieu. Elle ne se réduit pas à un subtil et fragile équilibre entre des forces antagonistes, jamais rassasiées. Contrairement à tant de beaux parleurs et despotes autoproclamés, Jésus n’a jamais porté d’autres armes que celles de la vérité et de la justice ; Il n’a jamais eu aucun lien avec les forces de mort, et bien au contraire, Il a combattu la mort et Il l’a vaincue. 

Par Jésus et en Jésus, se trouve donc déjà pour nous la paix véritable, celle du Paradis que nous avons perdue après la faute de nos pères, celle à laquelle nous aspirons pour trouver toujours plus sur notre terre : de fait, nous rêvons du Ciel !

Alors, messe du soir, de l’aurore ou messe du jour, il n’y a pas à choisir, mais à les vivre toutes : c’est la proposition que je vous lance pour l’année prochaine, car c’est le même mystère que nous sommes invités à accueillir sous toutes ses formes, pour notre plus grande joie !!!

Comprendre Noël : 

  • C’est comprendre que Dieu ne nous abandonne pas !
  • Qu’un Salut est déjà là !
  • Que le Fils de Dieu nous regarde, et son regard est un regard d'enfant.

Permettez-moi de vous souhaiter à nouveau : Joyeux et saint Noël à tous ! Alléluia !

Ainsi soit-il !

 

 

 

Homélie du lundi 20 décembre 2021, 4e semaine du temps de l’Avent, année C.

Messe célébrée en l’église saint Louis, par le Père Patrick Gaso, curé.

Évangile selon saint Luc 1, 26-38. Livre du prophète Isaïe 7, 10-14. Annonciation.

 

Comme je vous le disais récemment, ces jours qui précèdent Noël nous invitent à revoir avec un regard neuf l’Histoire Sainte d’un peuple en attente. D’une façon accélérée, nous revisitons les éléments essentiels de la promesse de Dieu : la venue du Sauveur !

Coquetterie de la liturgie : nous entendons aujourd’hui, le récit de l’Annonciation dont nous avons entendu, hier (dimanche) la suite dans le récit de la Visitation.

 Revisiter l’Histoire sainte, c’est remonter des siècles en arrière pour entendre et découvrir, à nouveau, la fidélité de Dieu. 

Avec la 1re lecture du livre d’Isaïe, nous assistons à l'une des pages les plus dramatiques de l'histoire du peuple d'Israël ; nous sommes vers 735 av. J.-C. L'ancien royaume de David est divisé en deux petits royaumes, depuis environ 200 ans ; il y a deux rois et deux capitales : la Samarie au Nord, Jérusalem au Sud ; c'est là, à Jérusalem, que règne la dynastie de David, celle dont naîtra le Messie.

Un jeune roi de 20 ans, Acaz, vient de monter sur le trône de Jérusalem, et dès le dernier son des trompettes du couronnement, il doit prendre des décisions très difficiles.

La Bible n'est pas un livre d'histoire, nous le savons bien ! Si les paroles du prophète Isaïe nous ont été conservées et transmises, c'est parce que la question qui se pose au Roi Acaz est d'abord une question de foi. Pour prendre des décisions valables, il doit s'appuyer sur sa foi, c'est-à-dire ne compter que sur Dieu seul : Dieu a promis que la dynastie de David ne s'éteindrait pas ; 

Dieu a promis, Il tiendra ses promesses. Il n'abandonnera pas son peuple. C'est la certitude d'Isaïe.

C’est cette espérance, cette certitude qui va traverser les siècles de génération en génération. Dieu a un plan et ce Plan du Salut passera par le « OUI » de Marie et celui de Joseph.

Dans ce récit de l’Annonciation, nous pouvons entendre que si Marie a bien saisi ce Projet de Salut, sa question montre notre difficulté de compréhension. C’est pourquoi elle se permet de rappeler à l’Ange qu’elle est encore une jeune fille et que dans son projet de vie, elle ne peut ni ne désire concevoir d’enfant.

Nous connaissons la réponse de l’Ange. L’ange évoque et récapitule toutes les promesses messianiques, tout en les dépassant infiniment. Voilà ce qu’il répond : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint. » On savait que le Messie serait investi de la puissance de l’Esprit Saint pour accomplir sa mission de salut ; Isaïe, par exemple, avait dit : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines, et sur lui reposera l’Esprit du SEIGNEUR » (Is 11,1-2). 

L’annonce de l’Ange, ici, va beaucoup plus loin : car l’enfant ainsi conçu, sera réellement Fils de Dieu : « celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu ».

Si je vous redis tout cela ce matin, c’est pour que nous soyons bien persuadés que Dieu a un Plan de salut pour nous et qu’Il ne nous abandonne pas, même si nous ne saisissons pas tout. 

Je termine avec un dernier point ! Une question m’est souvent posée : finalement, quel est le prénom de cet enfant ? Est-ce Jésus (comme dans l’évangile) ou Emmanuel (comme dans la 1re lecture) ?

De fait, cet enfant sera bien appelé Jésus, nous le savons bien (cela veut dire « le Seigneur sauve son peuple de ses péchés »), mais quand Il quittera les disciples pour rejoindre son Père, Il leur dira : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps », ce qui est la traduction du nom Emmanuel.

Jésus, Emmanuel : être sauvé de ses péchés, c'est tout simplement savoir que Dieu est avec nous, ne plus jamais douter de « vivre en sa présence » !

À quelques jours de Noël, puissions-nous, frères et sœurs, méditer tous ces événements, faire confiance en Dieu, comprendre que Dieu a un Plan de salut et que ce Plan de salut, c’est Jésus !

Ainsi soit-il !

Homélie du dimanche 19 décembre 2021, 4dimanche de l’Avent, année C.

Messe célébrée à Grenoble, église saint Louis par le Père Patrick Gaso.

Évangile selon sain