Homélie du 19 octobre 2025, Lc18,1-8
Persévérer dans la prière et la foi
Quand vous faites une prière, est-ce que Dieu vous fait attendre ? Heu, oui. C’est dur de dire autre chose. Tout n’est pas exaucé tout de suite. Mais notre texte parle-t-il bien de cela ? Non.
Alors de quoi s’agit-il ? Je me posais cette question. Et voici les passages que ma Bible me mettait en parallèle de cet évangile. Comme moi, vous allez comprendre.
Dans le livre de l’Apocalypse qui parle de la fin du monde : St Jean voit en vision un livre scellé par 7 sceaux. Et personne ne peut l’ouvrir. Personne sauf l’Agneau (Jésus) qui s’approche et ouvre les sceaux les uns après les autres. Et c’est le début de la fin du monde ; Dieu intervient dans le monde pour que le mal s’arrête : « Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis l’âme de ceux qui avaient été mis à mort à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu. Ils crièrent d’une voix forte : « Jusqu’à quand Maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice et à venger le sang sur les habitants de la terre ? ». Une robe blanche leur fut donnée à chacun d’eux et ils reçurent l’ordre de rester en repos un petit moment encore, jusqu’à ce que le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères et sœurs qui devaient être mis à mort comme eux soit au complet. » Ap6,10
Donc, notre évangile est à propos du jour où Dieu rendra justice. C’est la demande de la veuve : « Rends-moi justice contre mon adversaire ». Et la Bible nous apprend que ce jour du jugement ce sera le jour de la colère de Dieu, comme le nomme la Bible, à la fin du monde.
Que nous dit St Pierre ? Il parle de gens qui se moquent des chrétiens en disant : « Où en est la promesse du retour (de Dieu) ? ». Alors il répond : « Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion ». 2P3,8-9
Donc, si nous attendons, ce n’est pas parce que Dieu est en retard. Non, lui seul connaît le jour où il sera temps de juger, et il n’est pas encore venu. Il patiente pour nous. Mais quand l’heure sera venue, alors vous pourrez lui faire confiance, il jugera vite et bien. Personne ne lui résistera, et le mal sera écrasé définitivement. Et vous ne regretterez pas d’avoir choisi le bien ! C’est le message.
Dans la lettre aux hébreux, St Paul écrit :
« Car nous connaissons celui (Dieu) qui a dit : « C’est à moi de faire justice, c’est moi qui rendrai à chacun ce qui lui revient ; et encore : Le Seigneur jugera son peuple. » He10,30
« Ne perdez pas votre assurance ; grâce à elle, vous serez largement récompensés. Car l’endurance vous est nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation des promesses. En effet, encore un peu, très peu de temps, et celui qui doit venir arrivera, il ne tardera pas. Or le juste vivra par la foi ; mais s’il revient en arrière, je ne prends pas plaisir en lui. Quand à nous, nous ne faisons pas partie de ceux qui reviennent en arrière pour leur perte, mais de ceux qui ont la foi pour le salut de leur âme. » He 10,35-39
Vous voyez, à nouveau c’est très clair : le jour de la justice sera à la fin du monde, mais d’ici là, il nous faut rester vigilant. Et St Paul comme Jésus dans l’évangile, nous met en garde : vous avez besoin de persévérance, d’endurance. Il ne faut pas « déserter les assemblées (la messe) », il faut garder la foi. Si nous perdons la foi, nous sommes perdus ! C’est la même mise en garde que Jésus : quand je reviendrai, trouverai-je la foi ?
Et c’est pourquoi, dans le Nouveau Testament on trouve plusieurs invitations semblables à la prière. Non pas d’abord à prier pour demander telle ou telle chose. Mais la prière au sens général. Toute prière est combat contre notre adversaire comme cette veuve, et une union à Dieu pour tenir.
« Soyez assidus à la prière » : Col 4,2 « Priez sans cesse » 1Th5,17
« Ayez du zèle et non de la paresse. (…) Persévérez dans la prière. (…) Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. (…) Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : C’est à moi qu’appartient la justice, c’est moi qui donnerai à chacun ce qu’il mérite, dit le Seigneur. » Rm12,11-19
Vous voyez en quoi consiste la vie chrétienne pour St Paul : priez et faire le bien, en attendant le jour où Dieu jugera, même si pour le moment nous subissons le mal.
Prenons un instant de silence et demandons les uns pour les autres cette persévérance dans la prière et la foi pour que nous obtenions tous ensemble le salut auprès de Dieu.
Marc Burtschell
Homélie du 12 octobre 2025, Lc17,11-19
Sauvés par la relation au Christ
Préambule :
Du temps de Jésus, les lépreux ne pouvaient entrer dans les villages, ils étaient tenus à l’écart de la société par peur de la contamination. Ils se sont habitués à vivre à distance, sans relations. Les prêtres étaient ceux qui étaient chargés d’authentifier les guérisons et de permettre qu’ils soient donc réintégrés à la société.
Un autre élément important pour comprendre : les samaritains sont un peuple qui croit en Dieu, mais qui a aussi d’autres idoles car c’est un territoire qui a été repeuplé avec des personnes venant d’Assyrie, qui ont amené leurs idoles avec elles. Cela a entraîné des divisions et un mépris réciproque entre juifs et samaritains.
Quelle est la différence entre le samaritain et les autres ? Avec le samaritain, une rencontre a lieu. Au départ, les lépreux restent à distance, et Jésus lui-même reste à distance. A la fin, le samaritain a rompu la distance : il est le visage contre terre au pied de Jésus. Il est entré dans l’intimité du Christ, lui seul. C’est pourquoi Jésus peut lui dire : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé ».
La foi est un chemin fragile qui doit se finir par une rencontre entre l’homme et Dieu.
Dans cet évangile, ce chemin commence par un appel à l’aide : « Jésus, aie pitié de nous ». A cette demande, Jésus répond en les mettant en mouvement. Ils sont envoyés vers les prêtres afin que ceux-ci attestent de la guérison. Oui, mais au moment où ils partent, ils ne sont pas guéris !
Comme je le disais la semaine dernière, la foi n’est pas seulement faire une demande à Jésus : elle nous coûte quelque chose, une confiance. Vais-je aller voir les prêtres, alors que je ne suis toujours pas guéri (vraiment c’est n’importe quoi!) ? Ou vais-je faire confiance à la parole de cet homme et y aller ?
La foi nous implique. Ce n’est pas une histoire unique. Abraham doit quitter son pays sur une parole de Dieu : s’il ne part pas, il ne saura pas si Dieu tiendra sa promesse de vie en Israël. La foi c’est un peu comme les portes automatiques : de loin, vous vous dites « la porte est fermée, ça ne sert rien d’avancer ». Il n’y a que si vous vous approchez qu’elle s’ouvre. Nous devons nous mettre en mouvement, par la foi. Élisée disait à Naaman qui avait la lèpre : va te plonger dans le Jourdain. Tu ne veux pas ? Tu ne crois pas ? Alors tu ne seras pas guéri !
Les dix lépreux partent, ils ont foi. Comme nous l’apprenons, les dix sont guéris en route. Mais un seul revient. Pour les autres le chemin de la foi s’est arrêté. Leur attitude révèle qu’ils sont centrés sur eux-mêmes en fin de compte : ils sont guéris, c’est tout ce qu’ils veulent. Ils ne soucient de rien d’autre.
Seul le samaritain comprend et voit vraiment : Dieu existe, Dieu m’aime ! Les 9 autres ont cru que le plus important était la guérison.
Le samaritain découvre qu’il y a plus important encore : l’amour de Dieu. Il oublie les prêtres, il revient avec une joie immense, « en rendant gloire à Dieu à haute voix » ! Il entre en relation avec Jésus, en s’approchant et se prosternant pour rendre grâce. Dans ce geste, on devine que c’est sa vie qu’il donne à Dieu. Sa foi est née !
Lui qui était coupé de tous, à l’écart, sans relation : le voilà sauvé en entrant en relation avec Jésus. Il n’a plus sa vie centrée sur lui-même mais sur Dieu. C’est cela la foi qui sauve.
En regardant ce samaritain, nous pouvons nous demander si nous faisons encore des demandes à Dieu. Parfois nous pensons à nos problèmes, et ils grossissent. Les confions-nous à Dieu ?
Parfois nous les confions à Dieu, et Dieu nous donne une parole pour la direction à suivre. « Va voir les prêtres », « Demande pardon », « Rencontre ces gens », etc. Mais nous ne voulons peut-être pas suivre la parole de Dieu : non impossible, c’est stupide, moi je ne peux pas. Et alors notre chemin s’arrête, mais par notre faute.
Parfois enfin, Dieu nous répond. Et la question qui reste est : « avons-nous vu Dieu ? » ou bien « n’y avait-il que nous et nos problèmes du début à la fin » ? Avons-nous vu son invitation à la relation avec nous ? Et sommes-nous venus le remercier plein de joie, découvrant que nous avons besoin de cette relation plus que de n’importe quoi d’autre ? Nous avons besoin… de Dieu. Rien d’autre.
Cet évangile décrit au fond quelque chose de très ordinaire. De temps en temps, je vais acheter quelque chose, et je réalise en sortant que même si j’ai dit « bonjour, merci, au-revoir », je regrette de ne pas avoir été dans la relation avec la personne qui m’a rendu service, il m’a manqué quelque chose, car j’étais dans mes achats à régler, dans ma tête. Avec Dieu, il peut se passer la même chose.
Demandons aujourd’hui d’avoir une plus grande qualité de présence aux autres, et à Dieu. Afin que ces relations nous sauvent !
Marc Burtschell
Homélie du 5 octobre 2025
Déracine-toi et va te planter dans la mer
Jésus nous a perdu en route ! Si la foi gros comme une graine de moutarde est censée faire ça. Alors nous sommes vraiment nuls en foi d’une part ! Et alors quand la foi est grosse comme un ballon de foot, ça donne quoi de plus (tellement ça paraît déjà énorme qu’un arbre se déracine, et aille se planter dans la mer. Un arbre planté dans la mer : ça marche comment d’ailleurs ?).
Nous pensons souvent que la foi consiste seulement à demander quelque chose à Jésus.
Jésus s’il te plaît fais que ce rendez-vous se passe bien. Jésus donne-nous le beau temps s’il te plaît. Jésus je t’en prie, guéris mon amie qui a un cancer en phase terminale.
A chaque fois, c’est pareil, je demande et je crois que Dieu peut le faire s’il le veut. Mais j’ai constaté pour moi-même, que ces prières sont parfois faibles, car elles n’attendent pas vraiment l’action de Dieu.
Il manque quelque chose à ces prières-là. Vous croyez que Dieu peut le faire, oui c’est facile, il peut tout faire. Mais croyez-vous que Dieu va le faire ?
Et à ce moment-là, nous pouvons sentir ce que ça nous coûte. Et ce qui doit grandir en nous. Demander avec confiance que le rendez-vous se passe bien peut être à la portée de notre foi d’aujourd’hui peut-être. Mais si votre amie vous demande de prier pour elle : au fur et à mesure que vous apprenez la gravité de la maladie, un cancer, en phase terminale, vous sentirez votre foi qui se pétrifie. C’est cela qui doit grandir en nous. Une confiance, une foi, qui ne se pétrifie jamais. (Et qui ne veut pas dire non plus que Dieu est à nos ordres.)
Dans l’exemple qu’il prend Jésus ne parle même pas d’une demande faite à Dieu, mais d’un ordre donné à l’arbre directement. Voilà le summum : parler comme Dieu parle, carrément ! « Déracine-toi et va te planter dans la mer ». Jésus disait à la tempête et au vent : « Silence, tais-toi ». St Pierre disait : « Au nom de Jésus le nazaréen, je te l’ordonne, lève-toi et marche ».
Je me souviens du témoignage de personne qui travaillaient dans une association humanitaire, et ils me disaient qu’il n’était pas rare qu’ils se retrouvent à prier par exemple pour un frigo qui ne marchait plus, et le frigo se remettait à marcher.
La foi est une force intérieure. « J’ai peur pour mon rendez-vous de demain » : non, je refuse de céder à ma peur, j’ai foi, et je prie. J’ai peur pour mon amie qui va mourir du cancer : non, je refuse de céder à ma peur, et j’ai foi. Et alors au fil du temps, le muscle de la foi grandit et devient de plus en plus fort.
Prenons l’exemple de quelqu’un qui est très gravement malade et les médecins ne savent pas comment guérir cette personne.
Qu’est-ce qu’avoir la foi dans cette situation ?
1 : prier pour demander la guérison et la demander vraiment, comme on engage un combat. Personnellement, je ne me pose pas la question de savoir si c’est la volonté de Dieu. A priori, sauf signe clair de Dieu, je me dis bien sûr que c’est sa volonté : il est bon, il m’aime. Et il nous envoie guérir les malades. Dans ce cas, pas de doute. Je veux bien croire que Carlo ait senti qu’il mourrait jeune, mais ce sont des exceptions. Si vous doutez que Dieu veuille guérir, ça vous empêche vraiment d’avoir cette assurance de la foi. A mon sens, refuser de prier pour la guérison est déjà un abandon.
2 : continuer de chercher les voies qui permettraient une guérison. Tel médecin ne sait pas. N’y a-t-il pas un spécialiste ailleurs, d’autres voies sérieuses ? Quand on a la foi, on cherche, on espère, on ne baisse pas les bras.
3 : garder sa bonne humeur. Si la maladie tue la personne avant qu’elle ne se soit morte, alors elle a tout gagné ! Clémence Pasquier est une jeune femme de 29 ans qui se découvre atteinte d’un cancer généralisée et avec une espérance de vie qui se compte plus en mois qu’en année. Dans une interview qu’elle donnait, elle disait : « Je voudrais mourir vivante ! ». Voilà la foi. Quel est l’ancrage de cette joie ? J’attends la vie éternelle, voilà mon avenir. Même si je ne guéris pas, la mort n’aura pas le dernier mot. Je garde la joie.
Dans ce cas-là, c’est le démon qui commence à trembler.
4 : Enfin, commandez à la maladie de partir. Je vous conseillerai de commencer plutôt avec des choses moins graves qu’un cancer, pour que votre foi grandisse. Je me souviendrai longtemps de la première fois où je l’ai vu sous mes yeux. Une femme que je connais avait un torticoli, j’ai mis ma main sur le torticoli en disant : « Au nom de Jésus, torticoli je t’ordonne de partir ». Et il était parti ! Nous étions tous les deux bien surpris !
« Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : « Déracine-toi et va te planter dans la mer », et il vous aurait obéi. »
Marc Burtschell
Homélie du 28 septembre 2025
Plus de bonheur à donner
Il me semble difficile d’entendre correctement cet évangile. En fait, nous ne l’entendons peut-être pas du tout. Pourquoi ? Car il ressemble à une leçon de morale : « Si tu ne donnes pas aux pauvres, tu iras en enfer ». Et du coup, nous disons : « Oui, d’accord, c’est bon j’ai compris, arrêtez de me faire la morale ! ». Et nous donnons une pièce pour avoir la conscience tranquille, mais ça reste extérieur. Mais alors nous n’entendons pas vraiment.
Or c’est justement la leçon de cet évangile : le riche finit en enfer car il n’a pas pris au sérieux la Parole de Dieu à temps. C’est l’occasion pour nous de nous assurer que nous parvenons à entendre, et de repérer quelques pièges.
La Parole est une information utile. Au lieu de la voir comme une histoire faite pour culpabiliser, ce qui n’est pas le style de Jésus, il vaut mieux la prendre comme une information utile sur la vie éternelle et la manière d’y aller.
Cessons de penser de manière stressée : « Holà, il faut que je donne aux pauvres, il faut que je fasse ci, ou ça ». Non, c’est bien plus riche, bien plus beau la vie avec Dieu.
Écoutons avec confiance, rien que cela nous disposera à agir, car au fond nous voulons aller au paradis.
Nous avons déjà tout. Peut-être que comme ce riche, nous attendons un événement extraordinaire pour nous décider à nous mettre en mouvement. Et nous rêvons que si nous voyons un homme ressuscité devant nous, alors nous prendrions au sérieux la Parole de Dieu. Mais l’évangile nous rappelle que nous avons déjà tout en main. Reconnaissons que ce sont parfois des excuses que nous cherchons car nous ne voulons pas vraiment changer.
Un jour il sera trop tard, nous enseigne cet évangile. Tout le monde meurt, et alors il est trop tard. Il faut nous décider maintenant.
Le dérangement peut être une bonne chose. Il n’est pas simple d’entendre cette Parole car elle nous dérange. Nous avons autre chose à faire : l’organisation de notre confort, de notre détente peut nous occuper déjà un certain temps, comme ce riche avec ces festins. Stressés par l’organisation des invitations, nous ne voyons plus les gens autour de nous, ni les pauvres, qui sont pourtant là. Pris dans notre vie ordinaire, nous avons besoin que Dieu nous interpelle : c’est une bonne chose. Il veut notre bien ! Notre confort n’est pas si important.
Mettons-nous en mouvement. Dans l’écoute de la Parole, il peut y avoir un grand piège si nous nous sommes habitués à l’entendre sans rien faire. Il faut agir.
J’ai lu un article à propos de la question de l’engagement : comment faire en sorte que les gens s’engagent ? Et ils constataient ceci : lorsque quelqu’un entend quelque chose, ça ne le change pas beaucoup. S’il réfléchit avec d’autres sur ce sujet, cela l’engagera davantage. Mais le plus engageant et le plus transformant est si cette personne pose une action, comme par exemple « distribuer un tract » pour une cause.
Je constate dans ma vie que c’est vrai. Les fois où j’ai changé mon comportement grâce à la Parole, j’ai été marqué, ça m’a fait bougé. Et ça m’a encouragé car j’ai pu vérifier dans ma vie que c’était bon, et que ça me rendait heureux malgré les efforts demandés.
Si donc, il y a longtemps que nous écoutons la Parole sans rien faire, faisons quelque chose. Pas nécessairement quelque chose d’énorme. Saluer le pauvre que je croise, lui demander comment il va.
Venons-en enfin à quelques autres leçons que nous livre cet évangile en particulier.
C’est frappant aujourd’hui : vous pouvez avoir un truc dans la bouche : quelque chose à manger et une cigarette à respirer. Vous pouvez avoir des écouteurs sur les oreilles, et un écran devant les yeux. Et être complètement coupé du monde réel ! Seul. Heureux ? Non. La relation aux pauvres nous met en relation, et bien souvent elle nous remet dans des relations vraies. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le sentiment que le cœur est plus palpable dans ces relations que dans les discussions mondaines de convenance. Si la relation est authentique, alors elle nous rappelle que nous sommes vulnérables, que nous avons besoin du pauvre, de son amitié.
Enfin, pourquoi Dieu est-il en colère contre ce riche ?
Car il comptait sur lui pour qu’il prenne soin du pauvre Lazare.
Lazare signifie « Dieu viens en aide ». Et Dieu était venu en aide à Lazare en lui envoyant un riche. Mais ce riche ne l’a pas vu, ne lui a pas adressé la parole. Et le pauvre Lazare est resté pauvre.
Si nous avons des biens, alors, en les donnant, nous pouvons ressembler à Dieu qui donne à tous ce dont ils ont besoin. C’est un beau cadeau qui nous est fait ! « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » Ac20,35
Étonnant : du bonheur à donner, du bonheur à donner son argent ! Essayons.
Marc Burtschell
Homélie du 20 septembre 2025
Faites-vous des amis !
A l’heure de notre mort, nous n’emporterons pas avec nous notre argent, par contre nous retrouverons nos amis. Il faut donc se faire des amis avec l’argent que nous avons !
Je ne sais pas pourquoi c’est si compliqué de comprendre ce que dit le Maître : le Maître convient bien qu’il est malhonnête. Mais il admire tout de même son habilité, son imagination pour se tirer d’affaire et se faire des amis. C’est tout : il admire la créativité, mais il condamne ses actes malgré tout, car ils sont mauvais.
Jésus veut nous dire : « Les hommes du mal sont plus créatifs que vous pour se faire des amis avec des gens voleurs comme eux. Ils déploient bien plus d’énergie pour le mal que vous pour le bien. Or vous, vous à qui Dieu-même demande de vous aimer, vous êtes bien peu créatifs, et bien peu habiles, car vous gardez encore trop votre argent pour vous au lieu de vous faire des amis de mille manière en vue de la vie éternelle. Ce sont vos amis qui témoigneront en votre faveur au moment de l’entrée au ciel.
Ce ne sont pas que des mots, regardez St Pierre Giorgio et St Carlo Acutis : l’église est pleine de gens que les parents ne connaissent pas. Ce sont toutes les personnes dont ils s’occupaient, qu’ils saluaient, qu’ils aidaient. Ils sont jeunes, ils ne sont pas riches, ils n’ont pas d’initiatives incroyables, spectaculaires, mais leurs funérailles sont spectaculaires ! Car toutes ces personnes ont été touchées par leur amitié concrète.
St Pierre Giorgio aidait à porter des sacs de charbon. St Carlo Acutis salue les concierges, tout simplement.
Je ne crois pas qu’il y ait des recettes : nous devons apprendre à avoir du temps pour les autres, et à exercer notre charité avec créativité selon les situations. Nous devons nous entraîner.
C’est simple !
Quand je lis les anecdotes concernant ces deux saints, je sens une amitié authentique. Ils ne sont pas en train de « faire la charité ». Ils ne se forcent pas à « faire des choses que les chrétiens devraient faire ». N’invitez pas quelqu’un à manger chez vous, si ce n’est pas une invitation authentique, simple, amicale. Il faut que ça respire !
L’amitié se témoigne de mille manières : quelle est la nôtre ?
Il y a 5 langages pour dire l’amour. Des langages qui ne dépendent pas seulement de nous, mais de la personne à qui on s’adresse. Certaines personnes sont insensibles aux paroles valorisantes, elles comprennent que vous les aimez si vous leur offrez un cadeau par exemple.
Le toucher : quand la relation le permet, toucher les gens est une manière de dire l’amitié. Quand Marie-Madeleine lave les pieds de Jésus et met des parfums : Jésus fera l’éloge de chacun de ses gestes entièrement dans le toucher.
Les cadeaux : offrir de petites choses, sans forcément attendre les anniversaires. Là aussi, nous pouvons avoir tellement d’imagination. Je me souviens de l’idée de quelques femmes dans un bar. Elles avaient décidé de payer pour la commande des clients suivants. Les clients ont été tellement touchés qu’ils ont fait pareil avec les suivants. Et ça s’est poursuivi de manière magique pendant un long moment ! Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir !
Les services rendus : un coup de main pour l’ordinateur, pour le jardin, la cuisine. Là aussi il y a de nombreuses manières de rendre service quand nous sommes en lien avec les gens et que nous connaissons un peu leur besoin.
Les paroles valorisantes : avoir la bonne parole, le sourire, faire un compliment, remercier. Nous savons le bien que cela fait quand quelqu’un s’arrête pour nous.
Les moments de qualité : certaines personnes comprennent que vous les aimez quand vous leur accordez du temps pour un échange, pour un verre, une promenade, une visite, un repas. Je pense au film Le festin de Babeth : voilà une femme qui prend le temps de préparer un repas absolument délicieux : autour de la table les personnes se réconcilient.
Comme vous le voyez avec l’histoire des femmes dans le bar, les gestes d’amour sont contagieux. Je veux croire qu’ils le sont plus encore que le mal…
Demandons à Dieu une bonne idée pour manifester l’amitié à quelqu’un qui nous est proche : connu ou inconnu. Même si ça doit nous coûter de l’argent.
« Osons user autrement de notre temps, donnons-le… Et alors, un peu comme deux silex qui s’entrechoquent et font ainsi des étincelles, un feu surgira, un feu qui nous réchauffera, un feu qui nous donnera d’être davantage nous-même, à percevoir ce qui donne la vie véritable, à savoir quitter ce qui nous enferme dans la tristesse… un feu qui nous donnera d’être avec des amis, un peu comme les disciples au bord du lac de Tibériade, au petit matin, en train de petit-déjeuner en silence avec le Seigneur Ressuscité… » Jean-Luc Fabre (https://jardinierdedieu.fr/luc-16-1-13.html)
Marc Burtschell
Homélie du 14 septembre 2025
La croix glorieuse
Du temps de Jésus déjà, le monde allait mal, plus ou moins comme aujourd’hui, il y avait la violence, la mort, les souffrances des innocents, de grands scandales et des injustices. Et les hommes se disaient comme aujourd’hui : « Mais Dieu ne va-t-il donc rien faire ? C’est à se demander même s’il existe s’il n’agit pas maintenant ! » Eh bien, voilà que Dieu intervient, à sa façon bien à lui. Jésus vient et meurt sur une croix. Il n’y a que Lui pour agir ainsi !
Avec la croix, un grand silence se fait sur la terre : le bruit du monde, le bruit du mal a été anéanti, la mort a été vaincue. Comme si Dieu avait silencieusement tapé du poing sur la table !
C’est pourquoi la devise des chartreux est « Le monde change, la croix demeure ». La croix domine le monde, et toute personne qui la regarde trouve une ancre qui lui permet de vaincre tout ce qu’elle a traverser dans ce monde.
St Paul le dit à sa façon dans la lettre aux galates : « Mais pour moi que la croix du Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde ». Il veut dire que cette croix est tellement belle, tellement grandiose que plus rien d’autre n’a d’importance.
Aujourd’hui encore : connaître la croix du Christ est la seule chose dont nous ayons vraiment besoin. Et c’est pourquoi Gaspard est là, naturellement. Nous sommes au cœur du sens du baptême avec cette fête. Vous ses parents, vous commencez sans attendre à lui faire tourner le regard vers le Christ pour qu’il soit sauvé et vous avez bien raison !
Prenons le point de vue du démon, avec un regard cosmique sur le monde. Que se passe-t-il ? Tous les hommes meurent en chaîne depuis toujours car le mal se propage des parents vers les enfants. Et sans cesse, cette victoire du péché se termine de la même façon : la mort.
Dans sa folie le démon essaie certainement de faire mourir celui qu’il déteste plus que tous : Dieu lui-même. Plus précisément, il pense qu’il peut le faire pécher : seule manière pour le démon de garder le Christ prisonnier aux enfers. La croix est donc le moyen parfait pour faire pécher le meilleur des homme. Un innocent qui va souffrir injustement, c’est assuré que la haine va jaillir de ses lèvres : il va se mettre à maudire Dieu ou les hommes qui le tuent. Le mal entrera enfin dans son cœur, le démon prenant place en lui et pouvant enfin le dominer.
Seulement, ça ne se passe pas comme prévu : Jésus ne maudit personne. Au contraire, il pardonne aux hommes qui le tuent en disant : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Certains se diront peut-être : « Oui, mais il a douté de Dieu, car il a dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » » ? Eh bien non, Jésus reprend délibérément le début du psaume 21 qu’il connaît par cœur et vous allez comprendre pourquoi si je vous relis quelques uns des passages de ce psaume : « Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mains et les pieds : je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. » Impressionnant, non ! Un peu plus loin, il poursuit en disant : « Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. »
En s’appuyant sur les paroles du psaume, Jésus attend donc avec confiance l’intervention de son Père. Et il meurt sans que le démon n’ait pu pénétrer en lui.
Au contraire, c’est lui qui entre dans le QG du démon et qui libère les hommes prisonniers qui étaient morts.
C’est lui qui ressuscite et pour la première fois un homme est revenu de la mort, ouvrant une nouvelle voie vient pour ceux qui le regarderont. En réalité, c’est Jésus qui a l’initiative : c’est lui qui descend du ciel pour nous sauver. Il est un modèle pour nous d’engagement au service du bien, sans céder à aucune violence, ou haine.
Aujourd’hui, c’est Gaspard qui le regarde et la vie éternelle va commencer pour lui. Sacré mystère !
Voilà la belle histoire (vraie) que la croix glorieuse nous rappelle.
Soyons fiers de cette croix si belle qui nous parle d’amour ! Imitons-là dans nos vies pour être des vivants avec Dieu.
Marc Burtschell
Homélie du 7 septembre 2025
Renonce à tout ce qui t'appartient
Vous avez entendu comme moi cette dernière phrase particulièrement forte : « Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple ». Et il y a de quoi penser : « … alors je ne pourrai pas être son disciple ! »
Pourtant c’est plus simple que ce que nous pensons. Toute femme, par exemple, qui se marie à la même exigence avec son mari. Si l’homme qui veut l’épouser attache plus d’importance à une belle maison qu’il possède, ou à tel ami, à sa Maman, plutôt qu’à elle : alors c’est non. Car si autre chose a pris son cœur, cela signifie que sa femme n’est pas sa femme, mais plutôt un bouche-trou. Sa femme n’attend pas juste une présence dans une maison, elle veut une relation exclusive avec lui, sans aucun partage.
Cela ne suppose pas que l’homme rompe les liens avec ses amis, sa Maman, et ne possède pas de maison. Mais cela suppose qu’à ses yeux, tout cela soit bien secondaire par rapport à sa femme et à leur projet de vie commun.
Avec Dieu, il est en de même. S’il n’est pas la priorité de nos vies, si d’une manière fondamentale d’autres relations, ou certains biens sont plus importants : alors signifie que Dieu n’est pas Dieu dans notre vie, et que nous n’attendons pas notre bonheur de lui.
Dieu deviendrait une sorte de porte bonheur pour l’accomplissement de ce qui nous tiendrait plus à cœur que Dieu lui-même. Mais Dieu refuse d’être un porte-bonheur dans nos vies !
Dieu veut une relation exclusive avec nous, sans aucun partage. Il est un Dieu jaloux ! Mais comprenons bien combien l’offre de Dieu est incroyable !
Il vaut mieux encore que la plus belle des femmes, que le meilleur des hommes : et il souhaite la relation avec vous !
Celui qui comprend bien l’offre incroyable de Dieu, ne tient plus aucun compte de tout ce qui fait obstacle à cette relation. Bon, même si ça peut être difficile de changer !
L’amour de Dieu donne le courage pour diminuer un loisir qui prenait trop de place, pour donner se séparer de certains biens, pour résister à une famille qui s’oppose à la pratique de la foi, pour faire cesser une relation, une situation en contradiction avec les commandements de Dieu. Nos biens ne sont que des moyens en vue du Royaume, voilà leur place.
J’avais été frappé par des chrétiens d’Irak qui avaient dû fuir à cause du Daesh. Ils n’avaient plus rien du tout. Mais ils faisaient l’expérience qu’ils avaient Dieu, qu’ils avaient tout. Et on voyait sur leurs visages une grande joie.
Dans cet évangile, Jésus arrête les foules qui le suivent pour leur dire : « Cesse de te faire illusion ! Tu as beau marcher derrière moi, ton cœur est attaché à bien d’autres choses qu’à moi. Si tu ne changes pas certaines choses dans ta vie, tu ne parviendras pas au but. » Nous sommes cette foule sans aucun doute.
Pas de culpabilité : la culpabilité c’est le démon. Mais nous avons besoin de regarder honnêtement notre vie et de croire que Dieu est avec nous pour changer. Et de temps en temps, il est bon d’être entouré pour trouver la voie vers ce changement. Car parfois, il faut reconnaître que cela nous paraît impossible.
Cette exigence de Jésus est en réalité une promesse : « Je te promets que si tu mises tout sur moi, tu ne le regretteras jamais ».
Comment Carlo Acutis a-t-il vécu ce renoncement aux biens, lui qui vivait dans une famille riche ? Lui qui avait comme grand ami St François d’Assise, extrêmement pauvre, ne s’est pas pour autant senti obligé de l’imiter à la lettre. Chacun doit apprendre à reconnaître comment cela doit se vivre pour lui. Carlo avait ce bel équilibre qui fait que « certains de ses professeurs parlent de lui comme d’un gentleman », car il était toujours bien habillé. En même temps pourtant, il refuse les vêtements de marque, il n’a qu’une paire de chaussures et ne veut pas que sa mère lui en achète d’autres. Il écrit : « Renoncer au superflu pour aider les autres est un effort qui concerne chacun individuellement : c’est un engagement qui nous aide à devenir cette lumière dont le monde a tant besoin ». (p81 Carlo Acutis, le ciel au cœur, de Jean-Luc Moens)
Certains des élèves pouvaient se moquer un peu de lui, mais il restait libre et répétait souvent : « Tous naissent comme des originaux, beaucoup meurent comme des photocopies ».
Carlo savait qu’en suivant Dieu, nous restons les originaux que nous sommes et que nous devenons pleinement nous-mêmes ! C’est un beau programme.
Pour conclure, nous pouvons demander à Dieu :
Dieu, montre-moi comment te mettre en premier dans ma vie à l’occasion de cette rentrée.
Seigneur, montre-moi : y a-t-il des relations ou des biens auxquels mon cœur est attaché ?
Saint Carlo Acutis prie pour nous !
Marc Burtschell
Homélie du 31 août 2025
Impossible humilité
Connaissons-nous la douceur de l’humilité ? Nous attire-t-elle ?
Certains disent que l’orgueil meurt 10 minutes après nous : c’est un combat tenace qui durera toute notre vie.
Au séminaire, on nous parlait de l’histoire de ce moine qui se voyait canoniser pour sa grande humilité… !
L’humble choisit la dernière place.
En entendant cela peut-être que quelque chose en nous rugit : « Chez les cathos, c’est toujours ça, prendre la dernière place, être gentil, etc. Mais non, c’est stupide, moi je n’ai pas envie de prendre la dernière place ! ».
Non, nous n’avons pas envie. Nous sommes comme les invités au repas, nous voulons les meilleurs places. Bon pas la meilleure, car on n’est pas fou, et puis on est chrétien, donc ça ne se fait pas, mais un rang honorable quand même !
Et la question est donc : mais pourquoi courons-nous après ces premières places ? Que se joue-t-il donc en nous ?
En un mot, le désir d’être aimé. Et derrière la rage si quelqu’un veut nous empêcher d’accéder à ces premières places ? Les blessures que nous avons subies, et en nous le sentiment que nous avons le droit à ces places.
A la fin, c’est beaucoup de fatigue, ce sont des projets trop ambitieux qui ne portent pas les fruits attendus.
Et si Dieu savait ce qu’il nous demande ? D’ailleurs Jésus, comme d’habitude nous montre l’exemple. Comme disait le père spirituel de Saint Charles de Foucauld : « Le Christ a si bien pris la dernière place que personne ne peut la lui ravir ».
Jésus qui est Dieu, se fait homme, sans les honneurs, et il meurt dépouillé de ses vêtements sur une croix. Dernière place. Mais Dieu le Père, l’élève à la première place.
Cette bonne place dont nous rêvons, Dieu nous la donnera lui-même : voilà pourquoi nous pouvons nous détendre !
Dans son livre Le chemin des estives Charles Wright raconte son expérience alors qu’il est novice chez les jésuites. Pendant un mois, ils partent marcher comme pèlerins sans argent, à deux. Il explique le déplacement que cela opère de ne plus avoir les habits, les titres de la société, plus d’autonomie financière. De ne plus voir une coupe soignée, mais plutôt une barbe un peu longue et une odeur de transpiration. C’est à la fois le grand dénuement d’être livré à la générosité des gens et à la Providence, et aussi la découverte d’une liberté insoupçonnée ! Il reprend vie au fil des kilomètres. Car il est obligé d’apprendre à tout recevoir de la main de Dieu.
Cela peut nous faire réfléchir : derrière quoi nous cachons-nous ? Comment prenons-nous subtilement la première place ?
Je connais aux USA un groupe où ils s’encouragent, alors qu’ils ont entre 30 et 40 ans environ avec cette phrase : « Prenez la dernière place tant qu’il est impossible de faire autrement ».
C’est très inspirant ! C’est pour dire : il est inutile de courir à vouloir vous faire un nom, beaucoup d’argent, du pouvoir, de la reconnaissance. Ça c’est encore trop l’homme, l’homme ou la femme seul, sans Dieu, qui se fatigue pour du vent. Dieu nous demande « peu de choses » comme le dit Maître qui a confié les talents : « Tu as été fidèle en peu de choses, je t’en confierai beaucoup » (Mt25,21).
Prendre la dernière place : c’est vivre à l’ombre de Dieu, tranquille et avancer à un rythme plus vrai, qui respecte les étapes de la croissance humaine. De telle sorte que loin des pressions multiples, la personne sente soudain que Dieu l’appelle pour une mission pour laquelle elle a été mystérieusement préparée toute sa vie.
Elle ne se lance alors plus pour se faire un nom, mais véritablement pour rendre service.
Enfin, quel est le secret pour obtenir l’humilité ? La confession : c’est en tout cas une voie royale.
Reconnaître nos fautes est le début de l’humilité.
Puis, surtout, grâce à nos péchés, découvrir l’amour de Dieu pour nous personnellement. Voilà le vrai enjeu !
Plus cet amour nous saisi, plus nous pouvons compter sur Dieu, et plus nous devenons humble. Si Dieu est avec moi, je n’ai plus peur d’être petit.
Et plus nous devenons humbles, plus la joie entre en nos cœurs !
Que Dieu nous donne la grâce d’être humbles !
Marc Burtschell
Homélie du 24 août 2025
Les 7 secrets de Carlo Acutis
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ».
Dans cet évangile, Jésus s’adresse à nous comme à ceux qui iront en enfer ! « Quand (…) vous-mêmes, vous serez jetés dehors ». Il nous interpelle donc sacrément afin que nous ne considérions pas trop vite que nous serons au paradis.
Alors comment entrer par cette porte étroite ? Je vous propose de regarder simplement comment Carlo s’y est pris. Ce sera une manière de nous préparer à sa canonisation le 7 septembre. Ces sept secrets dont je vais parler, sont la manière dont il parlait de son kit pour être saint lorsqu’il faisait le catéchisme.
Premier secret : essayer d’aller à la messe tous les jours et de communier
Sanchez est un homme qui travaillait dans l’art, il avait perdu la foi. Un jour son propre père retrouve la foi, et pour fêter cela, il fait dire une messe d’action de grâce à laquelle toute famille participe. Sanchez n’est pas en état de communier, mais il ne veut pas peiner ses parents et se dit qu’après tout ce n’est que du pain. « Lorsque le prêtre tendit l’hostie consacrée pour que Sanchez la reçoive, un éclat de lumière en jaillit, enveloppant le communiant incroyant. Il entendit une voix lui dire : « Je t’ai toujours aimé ». Sanchez revint instantanément à la foi. » (Rod Dreher, Comment retrouver le goût de Dieu...)
Carlo affirmait : « L’Eucharistie c’est mon autoroute pour aller au ciel ».
Deuxième secret : si vous le pouvez faites quelques moments d’adoration eucharistique
Venir prier devant le tabernacle, ou lorsque le Saint Sacrement est exposé, est le moment d’un cœur à cœur. Nous passons du temps avec notre Ami, nous nous entretenons avec lui, nous lui présentons le monde, et nous faisons grandir le désir de le recevoir en nous lors de la messe. Sur notre paroisse, le saint sacrement est exposé le mardi soir à 17h30.
« Du Saint-Sacrement présent dans le tabernacle, rayonne cet amour guérisseur que seul Dieu peut dispenser » Carlo Acutis
Troisième secret : « N’oubliez pas de réciter le saint rosaire (chapelet) tous les jours »
Plusieurs saints ont parlé du chapelet comme leur testament pour dire l’importance de la Vierge Marie dans leur vie. Carlo s’est inspiré d’eux.
Il disait : « La répétition (des Je vous salue Marie) fait descendre les mystères (de la vie de Jésus) de l’esprit au cœur. En rythmant nos prières, elle nous aide à élever nos âmes vers le ciel. »
Quatrième secret : « Lisez chaque jour un passage de l’Écriture sainte pour vous-même. »
Bienheureuse Chiara Luce écrit ceci alors qu’elle est encore adolescente : « J’ai redécouvert l’Évangile sous une lumière nouvelle. J’ai compris que je n’étais pas une chrétienne authentique parce que je ne le vivais pas à fond. Maintenant je veux faire de ce livre magnifique l’unique but de ma vie. Je ne veux pas et je ne peux pas rester analphabète en ignorant un message aussi extraordinaire. »
Cinquième secret : « Si vous le pouvez, confessez-vous chaque semaine, même les péchés véniels »
« Courons avec confiance vers le sacrement de pénitence, où le Seigneur nous attend à tout moment avec une tendresse infinie. Et une fois nos péchés pardonnés, oublions-les, car le Seigneur l’a déjà fait avant nous » Padre Pio
Sixième secret : « Prenez souvent des résolutions et adressez des requêtes au Seigneur et à la Sainte Vierge Marie pour venir en aide aux autres ».
Nous ne savons pas faire le bien tout seuls, nous avons besoin de l’aide de Jésus et Marie. Carlo était l’ami de tous, des pauvres, des malades. Par exemple, il lui arrivait d’aider la femme chargée de la lessive chez eux pour être sûr qu’elle termine à l’heure et ne rentre pas trop tard, seule, de nuit dans le métro.
Septième secret : « Demandez l’aide de votre ange gardien qui doit devenir votre meilleur ami »
« Quelle consolation de savoir que près de nous se trouve un esprit qui, du berceau à la tombe, ne nous quitte jamais un instant, pas même lorsque nous osons pécher ! Cet esprit céleste nous guide, nous protège comme un ami, comme un frère. » Padre Pio
Voilà comment Carlo s’est efforcé d’entrer par « la porte étroite ». En entendant cette liste, il ne s’agirait pas de la prendre comme des « cases à cocher », cela rend triste. Mais Carlo vivait tout cela animé par un désir d’être saint, dans la joie.
Il ne s’agit donc pas de nous tendre, mais d’avancer un pas après l’autre, en nous interrogeant : est-ce que, moi aussi, je m’efforce d’entrer par la porte étroite ?
Et si ce chemin ne m’attire pas, je peux commencer par demander la grâce d’être attiré par la sainteté.
(Homélie inspirée du livre : Le kit sainteté de Carlo Acutis, Marie et Jean-Baptiste Maillard)
Marc Burtschell

