Homélies

Paroisse Saint Pierre - Saint Paul

Homélie du 14 décembre 2025, Mt11,2-11

Vous avez entendu dans la première lecture cet immense cri de joie parce que Dieu va bientôt venir sauver son peuple !

« Le désert et la terre de la soif qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose. »

Tout va mal, la terre est aride, et pourtant il y a une grande joie qui demeure : Dieu vient !

C’est là où l’on voit toute l’importance des promesses de Dieu pour notre vie et comment elles peuvent nous aider à être des lumières pour le monde.

Il y a des gens qui se désespèrent, car ils pensent que tout est perdu, que c’est fini. Alors dans cette première lecture retentit cette demande : « Dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu (…) Il vient lui-même et va vous sauver ». »

Avec l’espérance renaît aussi la joie, la lumière est rallumée dans les cœurs.

 

Le peuple juif a souvent fait l’expérience que Dieu est un sauveur. Il est prisonnier en Égypte, et voilà que Dieu envoie Moïse pour le libérer. Ou bien des ennemis attaquent Israël et Dieu donne la victoire en semant la panique dans le camp adverse. Dieu montre qu’il est là, qu’il peut intervenir.

Et Dieu annonce qu’il interviendra dans le futur en envoyant le Messie, en restaurant la terre. Alors le peuple juif qui a déjà vu Dieu à l’œuvre garde confiance au lieu de se décourager.

Jean-Baptiste se demande si Jésus est le Messie, Jésus se contente de dire : « Regardez : les aveugles voient ! C’est ce que la prophétie annonçait, donc c’est bien moi le Messie ! »

Dieu est fidèle, il réalise ce qu’il promet.

 

C’est très important dans notre vie : qu’attendons-nous ? Que croyons-nous ? Est-ce que nous nous appuyons vraiment sur l’espérance de la vie éternelle, la promesse du retour du Christ. C’est la victoire qui nous attend : et ça ça change tout ! Plus personne ne peut nous arrêter, pas même les nazis par exemple.

 

Regardez ces prêtres, ces scouts qui ont été béatifiés hier, ils sont devenus des lumières parce qu’ils croyaient en Dieu et qu’ils ont refusé de se taire face au monde nazi. Pourquoi ont-ils été arrêtés ? J’ai été surpris.

Robert Beauvais :

« parce que scout ». Les nazis dans leur folie sont très sages : ils ont conscience que ces scouts qui font le bien sont dangereux, car le bien a un grand impact !

Bernard Perrin

Motif d’arrestation : « dangereux par toute son activité religieuse et d’entraide ».

Encore une fois, les nazis ne sous-estiment pas l’importance de l’entraide ! Certains pourraient penser que ceux qui aident les autres sont un peu ridicules pour changer le monde. Les nazis et les chrétiens savent très bien au contraire, l’immense impact de ceux qui choisissent le bien.

Joël Anglès d’Auriac :

Motif d’arrestation : « « parce qu’il est contraire à la conscience de s’opposer à la construction du nouveau monde ».

Ces scouts nous rappellent que nous pourrions être arrêtés pour vouloir nous opposer à un monde égoïste, pour oser défendre un monde d’amour. D’une manière très concrète, je pense aussi, par exemple aujourd’hui, à tous ceux qui sont engagés pour la cause de l’écologie : de par le monde, beaucoup se font tuer. En défendant un monde différent, ils dérangent ceux qui s’enrichissent en détruisant tout, et qui sont prêts à tuer pour défendre leurs intérêts.

 

Dans notre prière, demandons à ces scouts qu’ils nous aident à vivre en chrétien, à vivre l’entraide, à toujours résister courageusement à ceux qui veulent le mal.

Demandons-leur surtout de découvrir qui est Jésus, car il change tout. C’est lui la lumière de Bethléem, c’est lui la seule vraie lumière plus forte que le mal.

C’est sa lumière qui fera de nous des lumières.

Marc Burtschell

Homélie du 7 décembre 2025

Des hommes et des femmes magnifiques

Pourquoi Jean-Baptiste nous décrit-il le messie comme celui qui va jeter au feu l’arbre qui ne produit pas de fruits et non comme le bébé de la crèche ?

C’est parce que dans les prophéties, il n’y a pas les dates d’accomplissement ! Le peuple attend le Messie et il attend le jugement dernier, et Jean-Baptiste a imaginé que les deux événements auraient lieu en même temps. Il ne savait pas que, avant de revenir pour juger le monde, ce Messie si grandiose allait d’abord s’abaisser en naissant dans une crèche.

 

En lisant ce texte nous pouvons nous dire : « Mais où est la miséricorde de Dieu ? ». Eh bien en regardant la crèche, nous avons la réponse. Avant de venir pour nous juger, le Messie vient pour nous sauver par le baptême. Aujourd’hui Lucie s’approche toute petite, pour recevoir sans tarder cette grâce immense du salut de Dieu.

Comment concilier le jugement et la bonté de Dieu ?

Par le passé, j’étais gêné moi aussi par ces textes un peu durs. Aujourd’hui, je crois que c’est une faiblesse de notre époque. Que voudrions-nous ? Que Dieu soit gentil pour toujours avec tout le monde et que donc il accueille tout le monde au paradis ? Je suis d’accord mais s’il n’y a que de bonnes personnes : sinon ce n’est plus le paradis !

Oui, mais alors si les gens ne veulent pas devenir bons ? Eh bien alors je me réjouis que Dieu les mette dehors, s’il a d’abord été patient ! Je me réjouis que mon Dieu soit bon, et qu’il soit fort ! Et vous ne me ferez pas croire que vous pouvez souhaiter le contraire !

 

Seulement, il est vrai qu’il y a une conséquence un peu désagréable au début : je dois changer ! Quand on répète uniquement « Dieu est bon », en oubliant le jour du jugement, on oublie que l’on doit changer, maintenant. On se dit : « Dieu est bon, Dieu me pardonnera, ce n’est pas grave ». Ces pensées sont familières n’est-ce pas ?

Mais vous comprenez que ce résultat est dramatique. Si tout le monde va au paradis sans rien avoir à faire, parce que « Dieu est bon » : alors je risque de ne rien faire et d’être surpris ! Cette mentalité donne des hommes et des femmes sans consistance, des mous. (Je crois que c’est d’ailleurs l’image que nous avons!)

 

Non, Dieu est bon et il patiente, pour que je change maintenant. Au lieu de fuir nos responsabilités, Jean-Baptiste nous engage à être cohérents, à être des hommes et des femmes forts pour rejeter le mal et choisir le bien. C’est cela qui est beau !

 

Rejeter le mal : comme elles sont belles les personnes qui rejettent le mal !

Dans un film, je me souviens de cette scène : c’est une personne qui est dans les mois d’essais dans sa nouvelle entreprise. Et son patron lui demande de magouiller. Il ne sait pas quoi faire, car il craint de perdre son travail s’il refuse. Mais il refuse… et il est embauché ! Son patron le testait !

 

Se confesser et réparer le mal : comme elles sont belles les personnes qui se confessent et réparent le mal commis.

Les gens me demandent parfois si ce n’est pas dur d’entendre les péchés des gens. Je suis bien plus frappé par la beauté de ces personnes capables de confesser un péché important. C’est parmi les plus belles choses que l’on puisse voir !

Et réparer : dans un film, c’était l’histoire d’une jeune femme qui vole beaucoup (des écouteurs, des montres, etc.). Puis elle rencontre Dieu et elle comprend qu’elle doit réparer les vols commis. Alors elle va rendre tous les objets volés. La scène m’a saisi par sa beauté : une puissance immense se dégage des personnes capables d’assumer et de réparer.

 

Enfin, choisir le bien : je pense à l’engagement de Mère Teresa qui se lance avec courage pour aider les pauvres. Il lui fallait accepter de quitter la sécurité de son couvent, et se lancer dans l’inconnu des bidonvilles. C’est une image de ce qu’il en coûte pour chacun de nous, pour nous lancer et agir. Et chaque fois : quelle beauté de ces personnes capables d’engagement pour le bien !

 

En ce temps d’avent, demandons à Dieu qu’il nous montre par où passe notre chemin pour devenir de plus belles personnes pour Noël !

Demandons pour vous les parents, parrain et marraine de Lucie de savoir la conduire sur ce chemin, qui est le chemin de la vie chrétienne, en lui en montrant l’exemple.

J’aime ce conseil : plutôt que de faire la morale à ton enfant, deviens celui que tu voudrais qu’il soit.

Marc Burtschell

Homélie du 30 novembre 2025, Mt24,37-44

Un temps pour avoir quelque chose à offrir

Un jour, Dieu viendra. Eh bien j’aime ça ! J’aime que notre monde soit dans la main de Dieu et non de celles des méchants.

Il viendra comme un voleur, régler leurs comptes aux voleurs. Ils seront bien surpris de le voir soudain là, plus rapide que l’éclair pour les prendre la main dans le sac ! Tout cela est bon.

Mais Jésus nous met en garde : quand il viendra, attention, il ne sera plus temps de discuter, de nous convertir, ce sera trop tard.

 

Jésus pourrait revenir maintenant : nous sourions, mais... ça pourrait être maintenant ! « Deux personnes seront assises sur un même banc d’église, l’une sera prise l’autre laissée. » Et nous pouvons nous demander : « Où irai-je ? A droite ou à gauche ? ».

 

Ou plutôt, il y a une question avant celle-ci : « Croyez-vous que ce jour viendra ? » « Vivez-vous comme si ce jour viendra ? ». Je pense que pour certains d’entre nous, l’histoire du déluge ça ne fait pas très sérieux. Est-ce une histoire ? Pourtant Jésus en parle comme d’un événement réel, il ne le relativise en rien. St Pierre fait la même chose. A des hommes moqueurs, qui disent que Dieu n’a jamais rien fait depuis la création du monde, Pierre répond que ces hommes oublient le déluge. Et qu’étant intervenu par le passé, ils peuvent s’attendre à le voir intervenir de nouveau. Dieu est venu en venant il y a 2000 ans, pourrions-nous ajouter : pourquoi pas à nouveau ?

Je vous le répète régulièrement : il n’y a pas deux mondes parallèles, deux histoires, celle des scientifiques et « celle de la Bible ». Il n’y en a qu’une seule. Mais attention, si vous accordez trop de confiance à l’histoire sans Dieu qu’on vous a apprise à l’école, vous pourriez être surpris quand Dieu reviendra !!

Demandez-vous sérieusement : dans quelle histoire vivez-vous ?

Je me disais encore ceci : en fait ne pas croire que Dieu va intervenir, et à l’inverse s’attendre tout à fait à des guerres, des catastrophes, c’est croire davantage au démon qu’à Dieu ! Il ne faut pas qu’il en soit ainsi !!

Les bonnes choses peuvent arriver, car Dieu existe, et Lui aussi est capable d’intervenir. Il le fera car il est fidèle à ses promesses.

 

Alors quand on se met à croire que Dieu va venir, nous entrons dans une attente joyeuse, et notre désir grandit au fur et à mesure de notre attente. C’est cela l’avent.

Le désir c’est très beau, car nos désirs sont très puissants pour nous faire avancer dans la vie. Plus que nos efforts certainement.

 

Regardez les rois mages. Ces hommes étaient animés d’un grand désir de Dieu. Un désir qui les a mis en marche pour une grande aventure. Voilà ce que le désir produit ! Ils voulaient voir Dieu et se prosterner devant Lui. Ils ne venaient pas chercher des cadeaux, mais ils voulaient apporter des cadeaux et déposer toutes leurs vies devant Dieu.

N’est-ce pas notre désir à nous aussi ? Ce monde vous satisfait-il ? N’y a-t-il pas en vous une soif immense bien plus grande, que rien ne comble ? N’y a-t-il pas en nous une soif creusée par le mal qui nous dessèche ? Nous voulons voir celui qui est si beau, celui qui est si bon, celui qui est si sage et nous prosterner devant lui, pour rester avec lui.

L’or, l’encens et la myrrhe sont à mes yeux l’image du caractère unique de chacun des mages. Dieu nous veut nous, notre meilleur version de nous, c’est cela qui lui fera plaisir.

 

 

En laissant grandir en vous le désir de Dieu, n’y a-t-il pas des choses que vous vous sentez prêts à abandonner pour avancer vers lui ? Les mages ont osé quitter leur pays, leur confort. (Je ne préfère pas donner de pistes qui ressembleraient à des devoirs. Écoutez votre désir.)

En sachant que notre Roi s’approche, n’avez-vous pas le désir de lui offrir quelque chose de précieux, quelque chose d’unique que vous seul pouvez donner ?

Marc Burtschell

Homélie du 23 novembre, Lc23,35-43

Le Roi de l'Univers

Nous fêtons la fête de Jésus-Christ Roi de l’Univers et nous entendons l’évangile où il est crucifié comme un bandit. C’est incompréhensible !

Pour nous, les rois sont des hommes forts, capables de dominer les ennemis qui voudraient pénétrer leur territoire, et dans l’idéal, des hommes bons qui font régner le bien dans leur royaume, qui ont le souci des faibles. Mais pas des hommes qui meurent sur une croix.

Eh bien, si Jésus est le Roi… de l’Univers, c’est justement parce qu’il est complètement hors normes.

 

Jésus sait très bien ce qu’il fait là. Tout le monde le prend pour le gentil gars qui s’est fait avoir par les méchants. C’en est presque drôle : vous croyez que Dieu, Dieu !, ne sait pas ce qu’il fait là ?? Mais il est le seul à le savoir !

Jésus explique à Pilate : « Mon Royaume n’est pas de ce monde, si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux juifs » Jn18,36

Jésus vient du Royaume du ciel, et il descend sur la terre : pourquoi ? Pour se faire homme.

Pourquoi se fait-il homme ? Pour mourir et pour payer pour les péchés des hommes.

Pourquoi veut-il mourir ? Pour pouvoir pénétrer dans le royaume des morts et libérer tous ceux qui étaient prisonniers de ce royaume, le royaume du démon.

Pourquoi les libérer ? Pour qu’ils puissent le suivre dans son Royaume !

 

Ce qui est très étonnant est qu’au moment où il est sur la croix, tout le monde lui dit « Sauve-toi toi-même » : les chefs, les soldats et l’un des bandits.

Que fait Jésus ? On se souvient qu’il avait enseigné à ses disciples : « Celui qui sauvera sa vie la perdra ». Fidèle à lui-même, il ne se sauve pas lui-même.

Parce que si Jésus sauve sa vie, alors quoi ? Alors il ne nous sauve pas ! Cette parole « sauve-toi toi-même » est vraiment la voix de la tentation : « Ne va pas sauver tous les hommes, pense à toi ».

Dans nos vies, c’est la voix qui nous dit : « Pourquoi tu te fatigues pour les autres, penses à toi, montre-nous que tu es quelqu’un, mets toi en avant toi, tu le vaux bien. »

 

Mais Jésus ne répond même pas : il sait bien ce qu’il fait là.

Jésus règne d’abord sur lui-même. Le bon larron le voit bien : « Lui, il n’a rien fait de mal ». Au milieu de cette crucifixion, c’est une grande agitation, mais Jésus se tait, il est maître de lui-même.

Et en étant maître de lui-même, il est en train de terrasser son adversaire : le démon. En faisant toujours le bien, de sa naissance à sa mort, même alors qu’on le crucifie, il empêche le démon de le dominer et de le vaincre.

C’est ce qu’on attend d’un roi ! Qu’il terrasse son adversaire. Et c’est ce que fait Jésus. Mais il a choisi le pire ennemi, celui qu’aucun homme ne pouvait vaincre : le démon.

 

Notre Roi est insurpassable :

- personne ne pouvait souffrir quelque chose de plus injuste : Dieu condamné à mort !

- personne ne pouvait vaincre un ennemi plus grand : le démon

- personne ne pouvait sauver plus de monde (puisqu’il sauve tous les hommes de tous les temps)

- personne ne pouvait sauver tout le monde de quelque chose de plus grave : la mort elle-même

Après ça, les autres rois peuvent aller se rhabiller !

 

Question bonus : comment entre-t-on dans son Royaume ?

Le bon larron nous donne la réponse : « Jésus souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume ». Réponse : « Aujourd’hui même tu seras avec moi ». On ne peut pas faire plus simple ! Reconnaître ses torts et se soumettre au Roi. Oui, mais vous êtes un criminel : le bon larron aussi, plus ou moins, n’ayez pas peur ! Le Roi est capable de vous sauver de tout.

 

Voilà notre roi ! Réjouissons-nous sincèrement en cette fête. A l’apéro, levons notre verre à ce Roi : faites-le ! (Ça vous aidera à réaliser que c’est vrai!)

Et imitons-le. Comme lui, soyons maître de nous-mêmes en faisant le bien, en empêchant le démon de nous vaincre.

Comme lui, livrons nos vies pour les autres au lieu de vouloir nous sauver nous-mêmes. Si nous le faisons, un jour nous régnerons avec lui : voilà la belle promesse qu’il nous fait. Vous n’aurez pas de meilleures offres ailleurs !

Marc Burtschell

Homélie du 16 novembre 2025

9e journée mondiale des pauvres

Résumé de Dilexi Te, sur l’amour envers les pauvres. Le pape François préparait déjà ce texte, et il imaginait que c’est à chacun des pauvres en particulier que le Christ disait « Je t’ai aimé ».

 

Il ouvre son texte par une allusion au geste de Marie-Madeleine qui verse du parfum sur les pieds de Jésus. Et il en déduit : « Aucun geste d’affection, même le plus petit, ne sera oublié, surtout s’il est adressé à ceux qui sont dans la souffrance, dans la solitude, dans le besoin, comme l’était le Seigneur à cette heure. »

Il écrit : « Je suis convaincu que le choix prioritaire en faveur des pauvres engendre un renouveau extraordinaire, tant dans l’Église que dans la société. »

« Le fait que l’exercice de la charité soit méprisé ou ridiculisé, comme s’il s’agissait d’une obsession de quelques-uns et non du cœur brûlant de la mission ecclésiale me fait penser qu’il faut toujours relire l’Évangile pour ne pas risquer de le remplacer par la mentalité mondaine. »

 

Puis le pape poursuit en montrant que Dieu vient pour les pauvres, pour les relever, et que Jésus lui-même se fait pauvre. Il vient d’une famille pauvre, comme le montre l’offrande des colombes au temple par exemple. Il vit simplement en itinérance avec ses disciples. Sa pauvreté est le signe de sa dépendance du Père.

Tout son ministère manifeste une préoccupation pour les pauvres de toutes sortes : les malades, les pauvres et les pécheurs. Il nous montre l’exemple. En le regardant, il nous est impossible de penser que nous pouvons exclure les pauvres de nos préoccupations.

 

Cet amour des pauvres découle directement du commandement d’aimer Dieu et son prochain. Impossible de faire l’un sans faire l’autre. St Jacques pose la question, si nous disons aux pauvres : “Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous”, sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? » Et il écrit « Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte » (Jc 2,14-17). Ce verset résume très bien la pensée du pape.

 

Puis le pape retrace toute l’histoire de l’Église, afin de nous montrer combien ce souci des pauvres est le cœur de l’évangile au long des siècles. Une histoire qui pourrait se résumer ainsi : prier et servir les pauvres de mille manières.

La première communauté mettait tout en commun. Des saints vont créer des hôpitaux, les moines accueillent les mendiants, d’autres créeront des écoles pour les pauvres (St Jean-Baptiste de la Salle, st Jean Bosco), d’autres encore s’emploieront à libérer les esclaves. D’autres encore accompagneront les migrants, ou se mettront au service des derniers comme Ste Thérèse de Calcutta, St Charles de Foucauld.

Cette histoire continue aujourd’hui, soutenue par la réflexion de l’Église et des papes. D’une part, ils interpellent les pays riches qui se soucient trop peu des pays pauvres, ils rappellent le besoin d’un travail et pas seulement d’un peu d’argent qui les laisseraient dépendant des riches. Ils enseignent « la destination universelle des biens » : lorsque quelqu’un a déjà de quoi vivre, le surplus doit être partagé avec ceux qui manquent du nécessaire. Ils encouragent à changer même les structures de la société, car ce sont aussi elles qui sont parfois responsables des injustices.

D’autre part, d’une manière encore plus fondamentale, ils invitent à considérer les pauvres comme des partenaires égaux, capables de nous enseigner par leur manière de voir le monde, par leur expérience de la dépendance vis-à-vis de Dieu. Nous ne pouvons pas servir les pauvres d’en-haut, nous sommes frères et sœurs. Nous n’allons pas vers eux de manière paternaliste, ni par devoir ou par vanité, mais par amour parce qu’ils sont beaux, au-delà des apparences.

« Il incombe donc à tous les membres du Peuple de Dieu de faire entendre, même de différentes manières, une voix qui réveille, qui dénonce, qui s’expose même au risque de passer pour des “idiots”. »

 

Enfin, le pape conclut : « Il convient de dire un dernier mot sur l’aumône, qui n’a pas bonne réputation aujourd’hui, souvent même parmi les croyants. Non seulement elle est rarement pratiquée, mais elle est parfois même méprisée. »

En attendant que les gens puissent trouver un travail, qui est le bien suprême, il est nécessaire de les aider matériellement. Même un don modeste contribue à manifester la bonté dans un monde dur, elle touchera notre cœur, car sans actions concrètes, fréquentes, nos paroles sont inutiles. Il est normal de chercher à donner de la meilleure manière, mais quoiqu’il en soit, mieux vaut donner que pas.

 

Et il conclut avec ces dernières phrases : « (L'amour) n’a pas de limites : il est pour l’impossible. L’amour est avant tout une façon de concevoir la vie, une façon de la vivre. Eh bien, une Église qui ne met pas de limites à l’amour, qui ne connaît pas d’ennemis à combattre, mais seulement des hommes et des femmes à aimer, est l’Église dont le monde a besoin aujourd’hui. 

Que ce soit par votre travail, votre lutte pour changer les structures sociales injustes, ou encore par ce geste d’aide simple, très personnel et proche, il sera possible pour ce pauvre de sentir que les paroles de Jésus s’adressent à lui : « Je t’ai aimé » (Ap 3, 9). »

Marc Burtschell

Messe du 2 novembre 2025

Redécouvrir les indulgences plénières

Quel est notre espérance pour tous les défunts ? Comment peuvent-ils aller au ciel ? Jésus. Il est notre unique espérance.

Il y a quelque chose qui choque parfois certaines personnes quand on dit cela et elles se demandent : oui, mais est-ce que vous voulez dire alors qu’on ne peut pas être sauvé sans Jésus ?

Eh bien, c’est une question importante. D’une part, nous les chrétiens ne sommes pas meilleurs que les autres, si c’est la question.

Ceci étant précisé, le monde spirituel a ses lois : quand une personne a péché, elle ne peut pas entrer au paradis tant qu’elle n’a pas payé pour ses péchés, ou que quelqu’un paye pour elle.

La question est donc : comment payer ?

Cette personne peut-elle payer par elle-même pour le mal qu’elle a fait ? Peut-elle se rendre entièrement pure par elle-même ? Il me semble que nous pouvons admettre que nous savons que non. Aucune personne n’est capable de rattraper tout le mal qu’elle commet. Alors qu’elle cherche à réparer, parfois elle aggrave encore la situation.

Si cette personne ne peut payer pour elle-même, qui alors va payer ? C’est aussi simple que cela. Je ne connais aucun candidat sinon Jésus. Et voilà pourquoi nous croyons en effet que le salut passe par lui.

 

Pour entrer au paradis, il y a deux aspects différents.

Prenons l’exemple des péchés graves, il se passe deux choses :

En lien avec Dieu d’abord : parce c’est un péché grave, la relation à Dieu est entièrement coupée, elle ne peut aller au paradis. Ça s’appelle la « peine éternelle », car elle se joue après la mort. Par la confession elle est pardonnée, et la relation est restaurée.

En lien avec son âme : son péché a profondément blessée son âme. Et ce n’est pas la confession qui suffit à tout guérir. Son âme a besoin d’être libérée des conséquences du péché par sa conversion. Cela peut se faire en se détachant du péché, en prenant d’autres bonnes habitudes, et de manière particulière en supportant avec patience les souffrances durant notre vie… Si la personne n’a pas eu le temps de le faire sur terre, cela se fait au purgatoire, là où sont peut-être nos défunts. On appelle cela la « peine temporelle », car elle se joue ici dans le temps, ou au purgatoire, où il y a une forme de temps encore selon le besoin de purification.

 

Dieu ne nous laisse pas seul, même pour cette purification : c’est la demande de l’indulgence. Dans l’antiquité, le mot indulgence était interchangeable avec le mot miséricorde.

St Carlo Acutis venait d’enterrer son grand-père. Quelque temps après, il a vu son grand-père en rêve, et il a compris qu’il lui demandait de prier pour lui. Ça a été un déclic. Il s’est mis à prier pour son grand-père, puis pour tous les défunts. Il a demandé beaucoup d’indulgences plénières pour tous les défunts. Même si l’homme doit posé un geste, ce qu’il reçoit est bien supérieur à ce qu’il donne.

 

5 conditions :

- aller à la messe et communier le jour même

- se confesser le jour même ou dans les jours qui précèdent

- prier aux intentions du pape

- être intérieurement détaché du mal (ne pas entretenir des désirs de faire le mal)

- une œuvre : il y en a beaucoup

rendre visite à un malade ou personne âgée

aller au cimetière sur la tombe d’un défunt (entre le 1er et le 8 novembre)

dire le chapelet à plusieurs (Carlo le disait avec son ange gardien pour ça!)

adoration du saint Sacrement, lire la Bible, pendant une demi-heure

Pour que l’indulgence soit plénière, et que le défunt soit donc entièrement libéré, il faut que nous ayons vraiment un désir de conversion et de sainteté qui soit parfaitement achevé en nous. Sinon ce sera partiel, mais c’est déjà bien. Nous pouvons aussi la demander pour nous-même, mais pour quelqu’un d’autre.

Marc Burtschell

Messe de la Toussaint 2025

Sainte Claire

Les vies de saints sont un moyen puissant de nous donner envie de les suivre. Aujourd'hui, voici la vie de Sainte Claire, résumée à partir de la BD, Belles histoires belles vies.

En 1193, Ste Claire est baptisée à la cathédrale d’Assise. Elle est la fille du riche et puissant Messire Favarone de Offreduccio.

St François a 11 ans.

Rufin est le neveu de Messire Favarone, il a 4 ans.

La mère de Claire est Dame Ortolana, elle est profondément chrétienne.

Elle va aussi à Rome . A son retour, elle entend les paroles : « Ton enfant brillera et resplendira comme une lumière dans le monde entier ». C’est pourquoi elle appelle sa fille Claire.

 

Claire est une jolie fille blonde aux yeux bleus.

Son père et ses oncles sont des chevaliers. Elle a une petite sœur, Agnès, qui a 4 ans de moins. Elle aime les pauvres, grâce au modèle de sa mère qui est généreuse avec ceux qui viennent mendier à leur porte.

A Assise comme ailleurs en Italie, il y a l’opposition entre les seigneurs féodaux d’un côté, et le nouveau pouvoir des bourgeois et des marchands qui forment le parti de la « commune ».

Or François est fils de marchand.

 

En 1198, la situation se tend, les habitants d’Assise construisent un mur d’enceinte autour de la ville pour se gouverner eux-mêmes. Les seigneurs vont se réfugier dans leurs châteaux forts bâtis aux alentours. Claire part au château de Cocorano, entre Assise et Pérouse.

Plusieurs seigneurs dont les châteaux ont été assiégés sont obligés de se réfugier à Pérouse qui prend leur défense.

Dans l’hiver de l’an 1200, Claire part avec sa mère et sa sœur se réfugier elle aussi à Pérouse.

Leur maison d’Assise est saccagée et pillée en représailles de l’alliance avec Pérouse.

 

En 1203 : Pérouse et Assise s’affrontent. François est parmi les prisonniers, il garde sa bonne humeur.

Une trêve est signée l’année suivante. François est libéré.

Claire rentre dans leur maison d’Assise, et une petite sœur arrive : Béatrice.

 

Claire est sensible à Dieu, elle prie, elle se prive des bons plats pour les donner aux pauvres.

Elle apprend à filer, à broder la toile de lin et les belles soieries. Elle apprend à lire à écrire, elle sait monter à cheval.

Alors que ses parents rêvent d’un grand mariage, Claire est de plus en plus saisie par la vie du Christ. Sous ses beaux vêtements elle porte le cilice.

Alors qu’elle a douze ans, elle est demandée en mariage. Mais elle refuse, désireuse de donner sa vie à Dieu.

 

Pendant ce temps, François se convertit et quitte les habits somptueux. En 1210, ils sont douze compagnons qui reçoivent l’approbation du pape Innocent III.

François prêche durant le carême suivant à la cathédrale. Claire et Rufin l’y écoute.

Finalement Rufin, homme timide, décide de rejoindre François, malgré la colère de son père.

 

Claire admire la résolution de son cousin Rufin. Elle s’arrange pour rencontrer François, accompagnée de l’une ou l’autre de ses amies.

François consulte l’évêque et avec son approbation, ils décident que Claire quittera secrètement sa maison pour que François la reçoive à la profession religieuse, avant de rejoindre des bénédictines dans les environs.

Le jour des rameaux, elle se fait belle et accompagne sa famille pour la dernière fois à la messe. Perdue dans ses luttes intérieures, elle en oublie de se lever pour aller chercher le rameau. L’évêque s’avance lui-même pour lui remettre.

 

Elle s’enfuit par une petite poterne que, de manière miraculeuse, elle a la force de soulever seule des poutres énormes, et part.

François coupe ses beaux cheveux. Et Claire échange sa plus belle robe et ses bijoux contre la grossière bure.

 

L’oncle et le père viennent à l’abbaye réclamer Claire. Sa mère essaie de la convaincre en vain. Et lorsque Claire sent qu’elle va être entraînée de force, elle se dirige à l’autel, renouvelle ses vœux et ôte ses voiles pour que ses cheveux tondus apparaissent. Les deux hommes comprennent qu’il est trop tard désormais.

 

Agnès, sa sœur, s’enfuit à son tour pour rejoindre Claire. Son oncle est furieux, pendant qu’il la ramène de force, le corps d’Agnès devient lourd comme du plomb, impossible à bouger. Son oncle a le bras paralysé par la douleur après lui avoir asséné un coup violent à la tête.

Quand Claire arrive, elle relève Agnès, et rentrent en « louant et remerciant Dieu ».

 

L’oncle Messire Monaldo souffre toujours de son bras. Aussi il revient à l’abbaye, demande pardon à ses nièces et leur demande de prier pour sa guérison. Cette guérison aura bel et bien lieu, et les parents de Claire comprendront que la volonté de Dieu est bien dans cette décision de leurs filles.

 

A 15 ans, Agnès reçoit l’habit. Puis d’autres amies de Claire les rejoignent petit à petit : elles sont 5.

 

François et ses frères leur fabriquent alors un mobilier très simple pour les installer à St Damien, comme promis, après une année passée chez les bénédictines. Claire aspirait à davantage de pauvreté et de prière encore.

 

Leur lit sont constitués de simples planches de bois sur des troncs d’arbres. Les stalles sont des planches en bois très grossières.

Philippa de Ghislerio vient visiter ses amies. Elle ne comprend pas comment des femmes habituées à l’opulence de maisons richement meublées peuvent être heureuses ici. Mais après que Claire lui ait parlé du Christ, elle se décide à les rejoindre.

 

François leur donne un règlement qui prescrit la prière, le jeûne et le travail.

Elles confectionnent des hosties, tissent et brodent les linges d’autel, lavent et reprisent les vêtements des lépreux.

Deux frères quêtent pour elles dès qu’il manque le nécessaire.

 

Un jour, elles manquent d’huile. Claire prie et la cruche est miraculeusement à nouveau remplie.

 

En 1215, elle est nommée abbesse contre son désir, elle qui voulait être la dernière.

Puis elle écrit au pape pour demander l’autorisation d’imiter la pauvreté du Christ qui ne voulait rien posséder sur terre. Surpris de cette demande extraordinaire, loin d’une demande de privilège, le pape Innocent III acquiesce et écrit lui-même les premiers mots (faveur exceptionnelle) :

« Nous sommes fermement convaincu que Celui qui nourrit les oiseaux du ciel et revêt les lis des champs vous procurera pareillement la nourriture et le vêtement jusqu’à ce qu’il daigne se donner lui-même à vous pour l’éternité… Nous confirmons par notre autorité apostolique votre résolution de professer la plus sublime pauvreté. »

 

St François a une grande confiance dans les prières de Claire. Alors qu’il se demande s’il doit sillonner l’Italie pour prêcher ou se retirer pour prier, il demande conseil à Claire et au frère Sylvestre.

Après quelques heures de prière, Claire revient et lui dit qu’il doit aller prêcher. Sylvestre dit la même chose, et François obéit.

 

(Une petite fille, Agnès Opportule, accompagne sa mère au monastère saint Damien et ne veut plus partir. Sa mère croyant à un caprice demande à Claire si elle peut passer la nuit. Mais Claire sait qu’elle ne repartira plus.)

 

Claire est attentive à ses sœurs, elle donne sa couverture à celles qui ont besoin. Elle guérit parfois les malades par un signe de croix. Un jour cinq d’entre elles sont à l’infirmerie retenues par la fièvre. Les cinq se relève pleine de force et de santé après le signe de croix de Claire.

Mais elle ordonne le silence sur ces guérisons.

Lorsque les sœurs qui vont faire la quête rentrent, Claire leur lave les pieds.

 

L’ordre s’agrandit, des monastères veulent les imiter.

Dans la douleur, Claire doit se séparer de sa sœur Agnès alors âgée de 22 ans, qui devient abbesse.

 

(St François vient moins, car il pense que Claire n’a pas besoin de lui. Elle insiste, si bien qu’il vient, demande des cendres et se les met dessus en récitant le « miserere ». Les sœurs comprennent qu’il faut rapporter à Dieu seul tout le bien que nous voyons dans les créatures.)

 

Claire parvient à obtenir de François un repas pour parler avec lui de l’amour du Seigneur. A plusieurs, il se retrouve sur le lieu de consécration de Claire, à ste Marie de la Portioncule. Alors que François parle, personne ne pense à manger.

« Les paysans des environs croient voir des flammes au-dessus du bois. Ils accourent, craignant un incendie. Il trouve François et les frères, Claire et Pacifica, les yeux levés au ciel. Ils semblent tous en extase. L’amour enflamme les cœur. »

 

Dame Ortolana, devenue veuve, rejoint Claire avec sa dernière fille, Béatrice : grande émotion pour Claire que sa mère lui promette obéissance !

 

(En 1224, François reçoit les stigmates, lui qui demandait chaque jour à mieux comprendre l’amour du Christ pour les hommes.

Puis il vient séjourner à St Damien, pense-t-il pour un court instant. Mais il doit rester plusieurs semaines, trouvant auprès de Claire une âme qui comprend et partage son amour pour le Christ.

François composera le cantique de Frère Soleil, après avoir eu le réconfort de Dieu par la même parole qui l’avait invité à reconstruire l’église.)

 

En 1226, c’est la mort de St François.

Deux ans plus tard, le cardinal Hugolin, proche de François et Claire, est nommé pape. Il canonise François et essaie de convaincre Claire d’accepter quelques possessions, mais en vain, Claire est inflexible.

 

Parfois, l’enfant Jésus apparaît à ste Claire, des sœurs en sont témoins.

 

(Un jour le pape Grégoire IX interdit aux frères mineurs d’aller prêcher dans les monastères de religieuses sans sa permission.

Claire dit qu’alors elle se passera aussi des frères qui quêtent pour elles, car la parole de Dieu est plus nécessaire encore que la nourriture. Le pape autorise les frères à aller prêcher à st Damien aussi souvent qu’ils le souhaitent !

 

En 1234, la princesse Agnès de Prague, fille du roi de Bohème, refuse d’épouser l’empereur Frédéric II d’Allemagne, pour devenir religieuse. Elle demande l’envoie de sœurs à Prague pour fonder un monastère.

 

A plusieurs reprises, Claire souffre de longues et douloureuses maladies, toujours supportées avec patience et bonne humeur.

Jamais elle ne reste oisive. Un jour qu’elle ne peut bouger dans son lit, elle désire attraper un linge hors de sa portée, et demande à la chatte du couvent de lui rendre ce service. Mais Claire dispute la chatte car le linge touche par terre, alors la chatte enroule le linge.

C’est à ce moment que sœur Françoise entre dans la cellule.)

 

Elle passe de longues heures devant le saint Sacrement.

En 1240, les sarrasins envahissent l’Ombrie, ils pillent, massacrent, incendient avec férocité. Les sœurs se réfugient auprès de Claire qui demande qu’on lui apporte le saint sacrement. Alors que les sarrasins sont déjà dans l’enceinte du monastère, Claire se remet à Dieu et lui demande la protection.

Une voix merveilleusement douce répond : « Je vous garderai toujours ».

Les Sarrasins pris de panique s’enfuient. Mais les récoltes sont détruites, c’est la famine.

 

Les sœurs n’ont qu’un seul pain. Claire confiante demande que la moitié soit donnée aux frères quêteurs, et que le reste soit partagé en cinquante. Au fur et à mesure que la sœur coupe le pain, il se multiplie en parts égales et de la taille des portions habituelles.

 

Satan essaie de la déranger, sans succès.

 

Un soir la grande porte du monastère se dégonde et tombe sur Claire dont on ne voit plus qu’un pan de la robe. Les frères quêteurs viennent aider à relever la porte. Claire n’a rien.

 

Avant de mourir, Claire veut obtenir l’approbation de sa règle, comme l’a fait St François. Un Cardinal passe, puis le pape lui-même vient vénérer la tombe de St François et rend visite à Claire.

Sa sœur Agnès vient la visiter. « Ne quitte pas cette vie sans moi, supplie-t-elle. » « Ma chère sœur, ne pleure pas. C’est la volonté divine que je parte la première. Mais bientôt tu me suivras. » (Et effectivement, elle mourra trois mois plus tard).

 

A un frère qui l’encourage à la patience, elle répond : « Aucune peine, aucune maladie ne m’ont paru dures et pesantes à supporter, par la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ que m’a fait connaître son serviteur saint François. »

 

Ses derniers jours sont irradiés de joies célestes. L’avant-veille de sa mort, elle demande à sœur Amata : « Ne voyez-vous pas le Roi de gloire qui vient ? »

Et son visage s’éclaire d’un sourire de bonheur. Un peu plus tard, on l’entend murmurer : « Pars en paix, ne crains pas. Tu es bien gardée. Celui qui t’a créée, t’a sanctifiée. Il t’aime du grande amour d’une mère pour son enfant. »

- A qui parlez-vous, ma Mère ? Lui demande-t-on

- A mon âme bénie de Dieu.

 

Au milieu de la nuit, sœur Benvenuta, qui veille près de Claire, voit apparaître un cortège de vierges vêtues de blanc. Toutes ont sur la tête de brillants diadèmes. La première, plus belle que les autres, porte une couronne ciselée en forme d’encensoir d’où jaillissent des faisceaux de lumière. Elle recouvre Claire d’un manteau précieux et l’embrasse pendant que ses compagnes se mettent à genoux avec respect.

 

Elle reçoit enfin le décret d’approbation de la règle par le pape.

Le lendemain, elle meurt : nous sommes le 11 août 1253.

Le pape voudrait bien faire déjà chanter la messe pour les vierges lors des funérailles, mais sur l’avis des cardinaux il fait célébrer l’office habituel des défunts.

 

Deux ans plus tard, elle est canonisée.

Homélie du 26 octobre 2025, Mt16,13-19

Tu entres dans la maison de Dieu

Le mot « église », pour le bâtiment, vient du mot « Église », la communauté des croyants. Il y a un lien entre le bâtiment et nous : nous sommes des pierres vivantes, chacun de nous.

Nous fêtons le jour où cette église a été consacrée et cela nous rappelle l’importance de ce bâtiment au service de notre foi. Il se passe quelque chose d’important dans ces murs, et ce que nous y vivons nous enseigne sur notre vie de foi.

 

Par exemple, lorsqu’on accueille quelqu’un qui demande le baptême, nous sommes dehors, devant les portes. Cela nous rappelle que c’est par le baptême que l’on franchit les portes et que l’on entre dans l’Église, la communauté. Cela nous enseigne que nous entrons dans l’Église par la foi. Regardez, si St Pierre est la pierre choisie, c’est parce que, lui, le premier parmi les apôtres a proclamé sa foi en Jésus. Il devenait alors une pierre dont Jésus pouvait se servir pour construire.

 

Puis lorsqu’on entre dans cette église, nous nous retrouvons dans un espace coupé du monde extérieur, car les vitraux nous empêche de voir. Ou plutôt, les vitraux nous donnent à voir autrement : nous sommes déjà au ciel, d’une certaine façon, dans la maison de Dieu. Or où Dieu habite-t-il ? Au ciel, au paradis. Par la foi, la vie éternelle a déjà commencé. Notre entrée dans l’église nous le rappelle à chaque passage.

Personnellement, c’est quelque chose qui me parle de plus en plus. Quand je regarde l’église St Pierre, légèrement surélevée, je pense aux murailles de la Jérusalem céleste, je monte au paradis. Je suis rappelé à mon identité. Quand je trace le signe de la croix sur mon front en entrant, je me rappelle qui je suis : je suis pris dans la Trinité, je suis l’enfant du Père, sauvé par le Fils, habité par l’Esprit Saint. Je vous encourage vraiment à prêter attention à la manière dont vous entrez dans cette église et à la manière dont vous sortez de cette église. C’est ainsi seulement que ce lieu pourra vous enseigner.

 

Dans l’église, nous voyons l’autel devant, surélevé, avec la lumière qui descend. L’église est donc le lieu de rencontre entre le ciel et la terre. Dieu habite dans le chœur, au tabernacle : comment ce Dieu que rien ne peut contenir a-t-il pu venir habiter dans cette petite boîte où aucun d’entre nous ne pourrait rentrer ? C’est l’émerveillement de Salomon. Nous sommes donc en marche constante vers le ciel, en particulier au moment de la communion. Nous y sommes déjà, mais pas encore tout à fait non plus.

 

Dans cette église, en poussant les portes, nous retrouvons une communauté. Ce n’est pas un détail. Lorsque quelqu’un veut suivre Jésus, il ne peut pas le faire seul, il se retrouve assis à côté de tout un tas de personnes, de frères et sœurs dans le sens le plus noble du terme. Nous sommes tous des pierres, il n’y a pas de spectateurs. La personne qui entre ne pourra trouver sa place qu’en laissant l’architecte, Dieu, la mettre en relation avec ses frères et sœurs, soudés à eux avec le bon ciment de la charité. Il n’est donc pas possible d’entrer dans une église, puis d’en ressortir sans avoir salué personne, sans s’être soucié de personne ! Car la messe n’est pas un acte solitaire, mais communautaire.

 

Dans cette église, les chants commencent lorsque le prêtre s’avance. Pourquoi ? Car symboliquement, le Christ s’avance vers l’assemblée, et c’est le Christ qui fait notre joie. C’est lui que nous écoutons dans sa Parole, c’est lui que nous laissons nous enseigner, c’est lui qui offre sa vie sur l’autel pour que nous ayons la vie à notre tour. C’est lui qui nous envoie dans le monde avec sa bénédiction !

L’église est le lieu par excellence de la prière, le lieu de la rencontre du Christ. Elle est ce lieu de retrait, au calme, pour que notre cœur refasse ses forces pour repartir dans le monde pour la semaine qui suit, accompagné par la douce présence de Dieu, et soutenu par nos frères et sœurs.

 

Enfin, je disais que nous entrons au ciel. Mais en sens inverse, l’église nous rappelle aussi que Dieu habite sur notre terre. Où est-il ? Mais que fait-il ? Il est là avec nous, n’ayons pas peur. Prenons refuge dans cette église auprès de Dieu.

 

Réjouissons-nous d’être ici rassemblés par Dieu : quel cadeau de vivre tout cela ! Et prions les uns pour les autres afin que chacun puisse rester fidèle sur le chemin qui nous conduit ensemble vers Dieu.

Marc Burtschell

Homélie du 19 octobre 2025, Lc18,1-8

Persévérer dans la prière et la foi

Quand vous faites une prière, est-ce que Dieu vous fait attendre ? Heu, oui. C’est dur de dire autre chose. Tout n’est pas exaucé tout de suite. Mais notre texte parle-t-il bien de cela ? Non.

Alors de quoi s’agit-il ? Je me posais cette question. Et voici les passages que ma Bible me mettait en parallèle de cet évangile. Comme moi, vous allez comprendre.

Dans le livre de l’Apocalypse qui parle de la fin du monde : St Jean voit en vision un livre scellé par 7 sceaux. Et personne ne peut l’ouvrir. Personne sauf l’Agneau (Jésus) qui s’approche et ouvre les sceaux les uns après les autres. Et c’est le début de la fin du monde ; Dieu intervient dans le monde pour que le mal s’arrête : « Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis l’âme de ceux qui avaient été mis à mort à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu. Ils crièrent d’une voix forte : « Jusqu’à quand Maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice et à venger le sang sur les habitants de la terre ? ». Une robe blanche leur fut donnée à chacun d’eux et ils reçurent l’ordre de rester en repos un petit moment encore, jusqu’à ce que le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères et sœurs qui devaient être mis à mort comme eux soit au complet. » Ap6,10

Donc, notre évangile est à propos du jour où Dieu rendra justice. C’est la demande de la veuve : « Rends-moi justice contre mon adversaire ». Et la Bible nous apprend que ce jour du jugement ce sera le jour de la colère de Dieu, comme le nomme la Bible, à la fin du monde.

 

Que nous dit St Pierre ? Il parle de gens qui se moquent des chrétiens en disant : « Où en est la promesse du retour (de Dieu) ? ». Alors il répond : « Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion ». 2P3,8-9

Donc, si nous attendons, ce n’est pas parce que Dieu est en retard. Non, lui seul connaît le jour où il sera temps de juger, et il n’est pas encore venu. Il patiente pour nous. Mais quand l’heure sera venue, alors vous pourrez lui faire confiance, il jugera vite et bien. Personne ne lui résistera, et le mal sera écrasé définitivement. Et vous ne regretterez pas d’avoir choisi le bien ! C’est le message.

 

Dans la lettre aux hébreux, St Paul écrit :

« Car nous connaissons celui (Dieu) qui a dit : « C’est à moi de faire justice, c’est moi qui rendrai à chacun ce qui lui revient ; et encore : Le Seigneur jugera son peuple. » He10,30

« Ne perdez pas votre assurance ; grâce à elle, vous serez largement récompensés. Car l’endurance vous est nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation des promesses. En effet, encore un peu, très peu de temps, et celui qui doit venir arrivera, il ne tardera pas. Or le juste vivra par la foi ; mais s’il revient en arrière, je ne prends pas plaisir en lui. Quand à nous, nous ne faisons pas partie de ceux qui reviennent en arrière pour leur perte, mais de ceux qui ont la foi pour le salut de leur âme. » He 10,35-39

Vous voyez, à nouveau c’est très clair : le jour de la justice sera à la fin du monde, mais d’ici là, il nous faut rester vigilant. Et St Paul comme Jésus dans l’évangile, nous met en garde : vous avez besoin de persévérance, d’endurance. Il ne faut pas « déserter les assemblées (la messe) », il faut garder la foi. Si nous perdons la foi, nous sommes perdus ! C’est la même mise en garde que Jésus : quand je reviendrai, trouverai-je la foi ?

 

Et c’est pourquoi, dans le Nouveau Testament on trouve plusieurs invitations semblables à la prière. Non pas d’abord à prier pour demander telle ou telle chose. Mais la prière au sens général. Toute prière est combat contre notre adversaire comme cette veuve, et une union à Dieu pour tenir.

« Soyez assidus à la prière » : Col 4,2 « Priez sans cesse » 1Th5,17

« Ayez du zèle et non de la paresse. (…) Persévérez dans la prière. (…) Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. (…) Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : C’est à moi qu’appartient la justice, c’est moi qui donnerai à chacun ce qu’il mérite, dit le Seigneur. » Rm12,11-19

Vous voyez en quoi consiste la vie chrétienne pour St Paul : priez et faire le bien, en attendant le jour où Dieu jugera, même si pour le moment nous subissons le mal.

 

Prenons un instant de silence et demandons les uns pour les autres cette persévérance dans la prière et la foi pour que nous obtenions tous ensemble le salut auprès de Dieu.

Marc Burtschell

Homélie du 12 octobre 2025, Lc17,11-19

Sauvés par la relation au Christ

Préambule :

Du temps de Jésus, les lépreux ne pouvaient entrer dans les villages, ils étaient tenus à l’écart de la société par peur de la contamination. Ils se sont habitués à vivre à distance, sans relations. Les prêtres étaient ceux qui étaient chargés d’authentifier les guérisons et de permettre qu’ils soient donc réintégrés à la société.

Un autre élément important pour comprendre : les samaritains sont un peuple qui croit en Dieu, mais qui a aussi d’autres idoles car c’est un territoire qui a été repeuplé avec des personnes venant d’Assyrie, qui ont amené leurs idoles avec elles. Cela a entraîné des divisions et un mépris réciproque entre juifs et samaritains.

 

Quelle est la différence entre le samaritain et les autres ? Avec le samaritain, une rencontre a lieu. Au départ, les lépreux restent à distance, et Jésus lui-même reste à distance. A la fin, le samaritain a rompu la distance : il est le visage contre terre au pied de Jésus. Il est entré dans l’intimité du Christ, lui seul. C’est pourquoi Jésus peut lui dire : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé ».

 

La foi est un chemin fragile qui doit se finir par une rencontre entre l’homme et Dieu.

Dans cet évangile, ce chemin commence par un appel à l’aide : « Jésus, aie pitié de nous ». A cette demande, Jésus répond en les mettant en mouvement. Ils sont envoyés vers les prêtres afin que ceux-ci attestent de la guérison. Oui, mais au moment où ils partent, ils ne sont pas guéris !

Comme je le disais la semaine dernière, la foi n’est pas seulement faire une demande à Jésus : elle nous coûte quelque chose, une confiance. Vais-je aller voir les prêtres, alors que je ne suis toujours pas guéri (vraiment c’est n’importe quoi!) ? Ou vais-je faire confiance à la parole de cet homme et y aller ?

La foi nous implique. Ce n’est pas une histoire unique. Abraham doit quitter son pays sur une parole de Dieu : s’il ne part pas, il ne saura pas si Dieu tiendra sa promesse de vie en Israël. La foi c’est un peu comme les portes automatiques : de loin, vous vous dites « la porte est fermée, ça ne sert rien d’avancer ». Il n’y a que si vous vous approchez qu’elle s’ouvre. Nous devons nous mettre en mouvement, par la foi. Élisée disait à Naaman qui avait la lèpre : va te plonger dans le Jourdain. Tu ne veux pas ? Tu ne crois pas ? Alors tu ne seras pas guéri !

Les dix lépreux partent, ils ont foi. Comme nous l’apprenons, les dix sont guéris en route. Mais un seul revient. Pour les autres le chemin de la foi s’est arrêté. Leur attitude révèle qu’ils sont centrés sur eux-mêmes en fin de compte : ils sont guéris, c’est tout ce qu’ils veulent. Ils ne soucient de rien d’autre.

Seul le samaritain comprend et voit vraiment : Dieu existe, Dieu m’aime ! Les 9 autres ont cru que le plus important était la guérison.

Le samaritain découvre qu’il y a plus important encore : l’amour de Dieu. Il oublie les prêtres, il revient avec une joie immense, « en rendant gloire à Dieu à haute voix » ! Il entre en relation avec Jésus, en s’approchant et se prosternant pour rendre grâce. Dans ce geste, on devine que c’est sa vie qu’il donne à Dieu. Sa foi est née !

Lui qui était coupé de tous, à l’écart, sans relation : le voilà sauvé en entrant en relation avec Jésus. Il n’a plus sa vie centrée sur lui-même mais sur Dieu. C’est cela la foi qui sauve.

 

En regardant ce samaritain, nous pouvons nous demander si nous faisons encore des demandes à Dieu. Parfois nous pensons à nos problèmes, et ils grossissent. Les confions-nous à Dieu ?

Parfois nous les confions à Dieu, et Dieu nous donne une parole pour la direction à suivre. « Va voir les prêtres », « Demande pardon », « Rencontre ces gens », etc. Mais nous ne voulons peut-être pas suivre la parole de Dieu : non impossible, c’est stupide, moi je ne peux pas. Et alors notre chemin s’arrête, mais par notre faute.

Parfois enfin, Dieu nous répond. Et la question qui reste est : « avons-nous vu Dieu ? » ou bien « n’y avait-il que nous et nos problèmes du début à la fin » ? Avons-nous vu son invitation à la relation avec nous ? Et sommes-nous venus le remercier plein de joie, découvrant que nous avons besoin de cette relation plus que de n’importe quoi d’autre ? Nous avons besoin… de Dieu. Rien d’autre.

 

Cet évangile décrit au fond quelque chose de très ordinaire. De temps en temps, je vais acheter quelque chose, et je réalise en sortant que même si j’ai dit « bonjour, merci, au-revoir », je regrette de ne pas avoir été dans la relation avec la personne qui m’a rendu service, il m’a manqué quelque chose, car j’étais dans mes achats à régler, dans ma tête. Avec Dieu, il peut se passer la même chose.

 

Demandons aujourd’hui d’avoir une plus grande qualité de présence aux autres, et à Dieu. Afin que ces relations nous sauvent !

Marc Burtschell

Homélie du 5 octobre 2025

Déracine-toi et va te planter dans la mer

Jésus nous a perdu en route ! Si la foi gros comme une graine de moutarde est censée faire ça. Alors nous sommes vraiment nuls en foi d’une part ! Et alors quand la foi est grosse comme un ballon de foot, ça donne quoi de plus (tellement ça paraît déjà énorme qu’un arbre se déracine, et aille se planter dans la mer. Un arbre planté dans la mer : ça marche comment d’ailleurs ?).

 

Nous pensons souvent que la foi consiste seulement à demander quelque chose à Jésus.

Jésus s’il te plaît fais que ce rendez-vous se passe bien. Jésus donne-nous le beau temps s’il te plaît. Jésus je t’en prie, guéris mon amie qui a un cancer en phase terminale.

A chaque fois, c’est pareil, je demande et je crois que Dieu peut le faire s’il le veut. Mais j’ai constaté pour moi-même, que ces prières sont parfois faibles, car elles n’attendent pas vraiment l’action de Dieu.

 

Il manque quelque chose à ces prières-là. Vous croyez que Dieu peut le faire, oui c’est facile, il peut tout faire. Mais croyez-vous que Dieu va le faire ?

Et à ce moment-là, nous pouvons sentir ce que ça nous coûte. Et ce qui doit grandir en nous. Demander avec confiance que le rendez-vous se passe bien peut être à la portée de notre foi d’aujourd’hui peut-être. Mais si votre amie vous demande de prier pour elle : au fur et à mesure que vous apprenez la gravité de la maladie, un cancer, en phase terminale, vous sentirez votre foi qui se pétrifie. C’est cela qui doit grandir en nous. Une confiance, une foi, qui ne se pétrifie jamais. (Et qui ne veut pas dire non plus que Dieu est à nos ordres.)

Dans l’exemple qu’il prend Jésus ne parle même pas d’une demande faite à Dieu, mais d’un ordre donné à l’arbre directement. Voilà le summum : parler comme Dieu parle, carrément ! « Déracine-toi et va te planter dans la mer ». Jésus disait à la tempête et au vent : « Silence, tais-toi ». St Pierre disait : « Au nom de Jésus le nazaréen, je te l’ordonne, lève-toi et marche ».

Je me souviens du témoignage de personne qui travaillaient dans une association humanitaire, et ils me disaient qu’il n’était pas rare qu’ils se retrouvent à prier par exemple pour un frigo qui ne marchait plus, et le frigo se remettait à marcher.

 

La foi est une force intérieure. « J’ai peur pour mon rendez-vous de demain » : non, je refuse de céder à ma peur, j’ai foi, et je prie. J’ai peur pour mon amie qui va mourir du cancer : non, je refuse de céder à ma peur, et j’ai foi. Et alors au fil du temps, le muscle de la foi grandit et devient de plus en plus fort.

 

Prenons l’exemple de quelqu’un qui est très gravement malade et les médecins ne savent pas comment guérir cette personne.

Qu’est-ce qu’avoir la foi dans cette situation ?

1 : prier pour demander la guérison et la demander vraiment, comme on engage un combat. Personnellement, je ne me pose pas la question de savoir si c’est la volonté de Dieu. A priori, sauf signe clair de Dieu, je me dis bien sûr que c’est sa volonté : il est bon, il m’aime. Et il nous envoie guérir les malades. Dans ce cas, pas de doute. Je veux bien croire que Carlo ait senti qu’il mourrait jeune, mais ce sont des exceptions. Si vous doutez que Dieu veuille guérir, ça vous empêche vraiment d’avoir cette assurance de la foi. A mon sens, refuser de prier pour la guérison est déjà un abandon.

2 : continuer de chercher les voies qui permettraient une guérison. Tel médecin ne sait pas. N’y a-t-il pas un spécialiste ailleurs, d’autres voies sérieuses ? Quand on a la foi, on cherche, on espère, on ne baisse pas les bras.

3 : garder sa bonne humeur. Si la maladie tue la personne avant qu’elle ne se soit morte, alors elle a tout gagné ! Clémence Pasquier est une jeune femme de 29 ans qui se découvre atteinte d’un cancer généralisée et avec une espérance de vie qui se compte plus en mois qu’en année. Dans une interview qu’elle donnait, elle disait : « Je voudrais mourir vivante ! ». Voilà la foi. Quel est l’ancrage de cette joie ? J’attends la vie éternelle, voilà mon avenir. Même si je ne guéris pas, la mort n’aura pas le dernier mot. Je garde la joie.

Dans ce cas-là, c’est le démon qui commence à trembler.

4 : Enfin, commandez à la maladie de partir. Je vous conseillerai de commencer plutôt avec des choses moins graves qu’un cancer, pour que votre foi grandisse. Je me souviendrai longtemps de la première fois où je l’ai vu sous mes yeux. Une femme que je connais avait un torticoli, j’ai mis ma main sur le torticoli en disant : « Au nom de Jésus, torticoli je t’ordonne de partir ». Et il était parti ! Nous étions tous les deux bien surpris !

 

« Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : « Déracine-toi et va te planter dans la mer », et il vous aurait obéi. »

Marc Burtschell

Homélie du 28 septembre 2025

Plus de bonheur à donner

Il me semble difficile d’entendre correctement cet évangile. En fait, nous ne l’entendons peut-être pas du tout. Pourquoi ? Car il ressemble à une leçon de morale : « Si tu ne donnes pas aux pauvres, tu iras en enfer ». Et du coup, nous disons : « Oui, d’accord, c’est bon j’ai compris, arrêtez de me faire la morale ! ». Et nous donnons une pièce pour avoir la conscience tranquille, mais ça reste extérieur. Mais alors nous n’entendons pas vraiment.

Or c’est justement la leçon de cet évangile : le riche finit en enfer car il n’a pas pris au sérieux la Parole de Dieu à temps. C’est l’occasion pour nous de nous assurer que nous parvenons à entendre, et de repérer quelques pièges.

 

La Parole est une information utile. Au lieu de la voir comme une histoire faite pour culpabiliser, ce qui n’est pas le style de Jésus, il vaut mieux la prendre comme une information utile sur la vie éternelle et la manière d’y aller.

Cessons de penser de manière stressée : « Holà, il faut que je donne aux pauvres, il faut que je fasse ci, ou ça ». Non, c’est bien plus riche, bien plus beau la vie avec Dieu.

Écoutons avec confiance, rien que cela nous disposera à agir, car au fond nous voulons aller au paradis.

 

Nous avons déjà tout. Peut-être que comme ce riche, nous attendons un événement extraordinaire pour nous décider à nous mettre en mouvement. Et nous rêvons que si nous voyons un homme ressuscité devant nous, alors nous prendrions au sérieux la Parole de Dieu. Mais l’évangile nous rappelle que nous avons déjà tout en main. Reconnaissons que ce sont parfois des excuses que nous cherchons car nous ne voulons pas vraiment changer.

Un jour il sera trop tard, nous enseigne cet évangile. Tout le monde meurt, et alors il est trop tard. Il faut nous décider maintenant.

 

Le dérangement peut être une bonne chose. Il n’est pas simple d’entendre cette Parole car elle nous dérange. Nous avons autre chose à faire : l’organisation de notre confort, de notre détente peut nous occuper déjà un certain temps, comme ce riche avec ces festins. Stressés par l’organisation des invitations, nous ne voyons plus les gens autour de nous, ni les pauvres, qui sont pourtant là. Pris dans notre vie ordinaire, nous avons besoin que Dieu nous interpelle : c’est une bonne chose. Il veut notre bien ! Notre confort n’est pas si important.

 

Mettons-nous en mouvement. Dans l’écoute de la Parole, il peut y avoir un grand piège si nous nous sommes habitués à l’entendre sans rien faire. Il faut agir.

J’ai lu un article à propos de la question de l’engagement : comment faire en sorte que les gens s’engagent ? Et ils constataient ceci : lorsque quelqu’un entend quelque chose, ça ne le change pas beaucoup. S’il réfléchit avec d’autres sur ce sujet, cela l’engagera davantage. Mais le plus engageant et le plus transformant est si cette personne pose une action, comme par exemple « distribuer un tract » pour une cause.

Je constate dans ma vie que c’est vrai. Les fois où j’ai changé mon comportement grâce à la Parole, j’ai été marqué, ça m’a fait bougé. Et ça m’a encouragé car j’ai pu vérifier dans ma vie que c’était bon, et que ça me rendait heureux malgré les efforts demandés.

Si donc, il y a longtemps que nous écoutons la Parole sans rien faire, faisons quelque chose. Pas nécessairement quelque chose d’énorme. Saluer le pauvre que je croise, lui demander comment il va.

 

Venons-en enfin à quelques autres leçons que nous livre cet évangile en particulier.

C’est frappant aujourd’hui : vous pouvez avoir un truc dans la bouche : quelque chose à manger et une cigarette à respirer. Vous pouvez avoir des écouteurs sur les oreilles, et un écran devant les yeux. Et être complètement coupé du monde réel ! Seul. Heureux ? Non. La relation aux pauvres nous met en relation, et bien souvent elle nous remet dans des relations vraies. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le sentiment que le cœur est plus palpable dans ces relations que dans les discussions mondaines de convenance. Si la relation est authentique, alors elle nous rappelle que nous sommes vulnérables, que nous avons besoin du pauvre, de son amitié.

 

Enfin, pourquoi Dieu est-il en colère contre ce riche ?

Car il comptait sur lui pour qu’il prenne soin du pauvre Lazare.

Lazare signifie « Dieu viens en aide ». Et Dieu était venu en aide à Lazare en lui envoyant un riche. Mais ce riche ne l’a pas vu, ne lui a pas adressé la parole. Et le pauvre Lazare est resté pauvre.

Si nous avons des biens, alors, en les donnant, nous pouvons ressembler à Dieu qui donne à tous ce dont ils ont besoin. C’est un beau cadeau qui nous est fait ! « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » Ac20,35

Étonnant : du bonheur à donner, du bonheur à donner son argent ! Essayons.

Marc Burtschell

Homélie du 20 septembre 2025

Faites-vous des amis !

A l’heure de notre mort, nous n’emporterons pas avec nous notre argent, par contre nous retrouverons nos amis. Il faut donc se faire des amis avec l’argent que nous avons !

Je ne sais pas pourquoi c’est si compliqué de comprendre ce que dit le Maître : le Maître convient bien qu’il est malhonnête. Mais il admire tout de même son habilité, son imagination pour se tirer d’affaire et se faire des amis. C’est tout : il admire la créativité, mais il condamne ses actes malgré tout, car ils sont mauvais.

Jésus veut nous dire : « Les hommes du mal sont plus créatifs que vous pour se faire des amis avec des gens voleurs comme eux. Ils déploient bien plus d’énergie pour le mal que vous pour le bien. Or vous, vous à qui Dieu-même demande de vous aimer, vous êtes bien peu créatifs, et bien peu habiles, car vous gardez encore trop votre argent pour vous au lieu de vous faire des amis de mille manière en vue de la vie éternelle. Ce sont vos amis qui témoigneront en votre faveur au moment de l’entrée au ciel.

 

Ce ne sont pas que des mots, regardez St Pierre Giorgio et St Carlo Acutis : l’église est pleine de gens que les parents ne connaissent pas. Ce sont toutes les personnes dont ils s’occupaient, qu’ils saluaient, qu’ils aidaient. Ils sont jeunes, ils ne sont pas riches, ils n’ont pas d’initiatives incroyables, spectaculaires, mais leurs funérailles sont spectaculaires ! Car toutes ces personnes ont été touchées par leur amitié concrète.

St Pierre Giorgio aidait à porter des sacs de charbon. St Carlo Acutis salue les concierges, tout simplement.

Je ne crois pas qu’il y ait des recettes : nous devons apprendre à avoir du temps pour les autres, et à exercer notre charité avec créativité selon les situations. Nous devons nous entraîner.

 

C’est simple !

Quand je lis les anecdotes concernant ces deux saints, je sens une amitié authentique. Ils ne sont pas en train de « faire la charité ». Ils ne se forcent pas à « faire des choses que les chrétiens devraient faire ». N’invitez pas quelqu’un à manger chez vous, si ce n’est pas une invitation authentique, simple, amicale. Il faut que ça respire !

L’amitié se témoigne de mille manières : quelle est la nôtre ?

Il y a 5 langages pour dire l’amour. Des langages qui ne dépendent pas seulement de nous, mais de la personne à qui on s’adresse. Certaines personnes sont insensibles aux paroles valorisantes, elles comprennent que vous les aimez si vous leur offrez un cadeau par exemple.

Le toucher : quand la relation le permet, toucher les gens est une manière de dire l’amitié. Quand Marie-Madeleine lave les pieds de Jésus et met des parfums : Jésus fera l’éloge de chacun de ses gestes entièrement dans le toucher.

Les cadeaux : offrir de petites choses, sans forcément attendre les anniversaires. Là aussi, nous pouvons avoir tellement d’imagination. Je me souviens de l’idée de quelques femmes dans un bar. Elles avaient décidé de payer pour la commande des clients suivants. Les clients ont été tellement touchés qu’ils ont fait pareil avec les suivants. Et ça s’est poursuivi de manière magique pendant un long moment ! Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir !

Les services rendus : un coup de main pour l’ordinateur, pour le jardin, la cuisine. Là aussi il y a de nombreuses manières de rendre service quand nous sommes en lien avec les gens et que nous connaissons un peu leur besoin.

Les paroles valorisantes : avoir la bonne parole, le sourire, faire un compliment, remercier. Nous savons le bien que cela fait quand quelqu’un s’arrête pour nous.

Les moments de qualité : certaines personnes comprennent que vous les aimez quand vous leur accordez du temps pour un échange, pour un verre, une promenade, une visite, un repas. Je pense au film Le festin de Babeth : voilà une femme qui prend le temps de préparer un repas absolument délicieux : autour de la table les personnes se réconcilient.

Comme vous le voyez avec l’histoire des femmes dans le bar, les gestes d’amour sont contagieux. Je veux croire qu’ils le sont plus encore que le mal…

Demandons à Dieu une bonne idée pour manifester l’amitié à quelqu’un qui nous est proche : connu ou inconnu. Même si ça doit nous coûter de l’argent.

 

« Osons user autrement de notre temps, donnons-le… Et alors, un peu comme deux silex qui s’entrechoquent et font ainsi des étincelles, un feu surgira, un feu qui nous réchauffera, un feu qui nous donnera d’être davantage nous-même, à percevoir ce qui donne la vie véritable, à savoir quitter ce qui nous enferme dans la tristesse… un feu qui nous donnera d’être avec des amis, un peu comme les disciples au bord du lac de Tibériade, au petit matin, en train de petit-déjeuner en silence avec le Seigneur Ressuscité… » Jean-Luc Fabre (https://jardinierdedieu.fr/luc-16-1-13.html)

Marc Burtschell

Homélie du 14 septembre 2025

La croix glorieuse

Du temps de Jésus déjà, le monde allait mal, plus ou moins comme aujourd’hui, il y avait la violence, la mort, les souffrances des innocents, de grands scandales et des injustices. Et les hommes se disaient comme aujourd’hui : « Mais Dieu ne va-t-il donc rien faire ? C’est à se demander même s’il existe s’il n’agit pas maintenant ! » Eh bien, voilà que Dieu intervient, à sa façon bien à lui. Jésus vient et meurt sur une croix. Il n’y a que Lui pour agir ainsi !

Avec la croix, un grand silence se fait sur la terre : le bruit du monde, le bruit du mal a été anéanti, la mort a été vaincue. Comme si Dieu avait silencieusement tapé du poing sur la table !

C’est pourquoi la devise des chartreux est « Le monde change, la croix demeure ». La croix domine le monde, et toute personne qui la regarde trouve une ancre qui lui permet de vaincre tout ce qu’elle a traverser dans ce monde.

St Paul le dit à sa façon dans la lettre aux galates : « Mais pour moi que la croix du Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde ». Il veut dire que cette croix est tellement belle, tellement grandiose que plus rien d’autre n’a d’importance.

Aujourd’hui encore : connaître la croix du Christ est la seule chose dont nous ayons vraiment besoin. Et c’est pourquoi Gaspard est là, naturellement. Nous sommes au cœur du sens du baptême avec cette fête. Vous ses parents, vous commencez sans attendre à lui faire tourner le regard vers le Christ pour qu’il soit sauvé et vous avez bien raison !

 

Prenons le point de vue du démon, avec un regard cosmique sur le monde. Que se passe-t-il ? Tous les hommes meurent en chaîne depuis toujours car le mal se propage des parents vers les enfants. Et sans cesse, cette victoire du péché se termine de la même façon : la mort.

Dans sa folie le démon essaie certainement de faire mourir celui qu’il déteste plus que tous : Dieu lui-même. Plus précisément, il pense qu’il peut le faire pécher : seule manière pour le démon de garder le Christ prisonnier aux enfers. La croix est donc le moyen parfait pour faire pécher le meilleur des homme. Un innocent qui va souffrir injustement, c’est assuré que la haine va jaillir de ses lèvres : il va se mettre à maudire Dieu ou les hommes qui le tuent. Le mal entrera enfin dans son cœur, le démon prenant place en lui et pouvant enfin le dominer.

Seulement, ça ne se passe pas comme prévu : Jésus ne maudit personne. Au contraire, il pardonne aux hommes qui le tuent en disant : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Certains se diront peut-être : « Oui, mais il a douté de Dieu, car il a dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » » ? Eh bien non, Jésus reprend délibérément le début du psaume 21 qu’il connaît par cœur et vous allez comprendre pourquoi si je vous relis quelques uns des passages de ce psaume : « Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mains et les pieds : je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. » Impressionnant, non ! Un peu plus loin, il poursuit en disant : « Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. »

En s’appuyant sur les paroles du psaume, Jésus attend donc avec confiance l’intervention de son Père. Et il meurt sans que le démon n’ait pu pénétrer en lui.

Au contraire, c’est lui qui entre dans le QG du démon et qui libère les hommes prisonniers qui étaient morts.

C’est lui qui ressuscite et pour la première fois un homme est revenu de la mort, ouvrant une nouvelle voie vient pour ceux qui le regarderont. En réalité, c’est Jésus qui a l’initiative : c’est lui qui descend du ciel pour nous sauver. Il est un modèle pour nous d’engagement au service du bien, sans céder à aucune violence, ou haine.

Aujourd’hui, c’est Gaspard qui le regarde et la vie éternelle va commencer pour lui. Sacré mystère !

Voilà la belle histoire (vraie) que la croix glorieuse nous rappelle.

Soyons fiers de cette croix si belle qui nous parle d’amour ! Imitons-là dans nos vies pour être des vivants avec Dieu.

Marc Burtschell

Homélie du 7 septembre 2025

Renonce à tout ce qui t'appartient

Vous avez entendu comme moi cette dernière phrase particulièrement forte : « Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple ». Et il y a de quoi penser : « … alors je ne pourrai pas être son disciple ! »

 

Pourtant c’est plus simple que ce que nous pensons. Toute femme, par exemple, qui se marie à la même exigence avec son mari. Si l’homme qui veut l’épouser attache plus d’importance à une belle maison qu’il possède, ou à tel ami, à sa Maman, plutôt qu’à elle : alors c’est non. Car si autre chose a pris son cœur, cela signifie que sa femme n’est pas sa femme, mais plutôt un bouche-trou. Sa femme n’attend pas juste une présence dans une maison, elle veut une relation exclusive avec lui, sans aucun partage.

Cela ne suppose pas que l’homme rompe les liens avec ses amis, sa Maman, et ne possède pas de maison. Mais cela suppose qu’à ses yeux, tout cela soit bien secondaire par rapport à sa femme et à leur projet de vie commun.

 

Avec Dieu, il est en de même. S’il n’est pas la priorité de nos vies, si d’une manière fondamentale d’autres relations, ou certains biens sont plus importants : alors signifie que Dieu n’est pas Dieu dans notre vie, et que nous n’attendons pas notre bonheur de lui.

Dieu deviendrait une sorte de porte bonheur pour l’accomplissement de ce qui nous tiendrait plus à cœur que Dieu lui-même. Mais Dieu refuse d’être un porte-bonheur dans nos vies !

Dieu veut une relation exclusive avec nous, sans aucun partage. Il est un Dieu jaloux ! Mais comprenons bien combien l’offre de Dieu est incroyable !

Il vaut mieux encore que la plus belle des femmes, que le meilleur des hommes : et il souhaite la relation avec vous !

Celui qui comprend bien l’offre incroyable de Dieu, ne tient plus aucun compte de tout ce qui fait obstacle à cette relation. Bon, même si ça peut être difficile de changer !

L’amour de Dieu donne le courage pour diminuer un loisir qui prenait trop de place, pour donner se séparer de certains biens, pour résister à une famille qui s’oppose à la pratique de la foi, pour faire cesser une relation, une situation en contradiction avec les commandements de Dieu. Nos biens ne sont que des moyens en vue du Royaume, voilà leur place.

J’avais été frappé par des chrétiens d’Irak qui avaient dû fuir à cause du Daesh. Ils n’avaient plus rien du tout. Mais ils faisaient l’expérience qu’ils avaient Dieu, qu’ils avaient tout. Et on voyait sur leurs visages une grande joie.

 

Dans cet évangile, Jésus arrête les foules qui le suivent pour leur dire : « Cesse de te faire illusion ! Tu as beau marcher derrière moi, ton cœur est attaché à bien d’autres choses qu’à moi. Si tu ne changes pas certaines choses dans ta vie, tu ne parviendras pas au but. » Nous sommes cette foule sans aucun doute.

Pas de culpabilité : la culpabilité c’est le démon. Mais nous avons besoin de regarder honnêtement notre vie et de croire que Dieu est avec nous pour changer. Et de temps en temps, il est bon d’être entouré pour trouver la voie vers ce changement. Car parfois, il faut reconnaître que cela nous paraît impossible.

Cette exigence de Jésus est en réalité une promesse : « Je te promets que si tu mises tout sur moi, tu ne le regretteras jamais ».

 

Comment Carlo Acutis a-t-il vécu ce renoncement aux biens, lui qui vivait dans une famille riche ? Lui qui avait comme grand ami St François d’Assise, extrêmement pauvre, ne s’est pas pour autant senti obligé de l’imiter à la lettre. Chacun doit apprendre à reconnaître comment cela doit se vivre pour lui. Carlo avait ce bel équilibre qui fait que « certains de ses professeurs parlent de lui comme d’un gentleman », car il était toujours bien habillé. En même temps pourtant, il refuse les vêtements de marque, il n’a qu’une paire de chaussures et ne veut pas que sa mère lui en achète d’autres. Il écrit : « Renoncer au superflu pour aider les autres est un effort qui concerne chacun individuellement : c’est un engagement qui nous aide à devenir cette lumière dont le monde a tant besoin ». (p81 Carlo Acutis, le ciel au cœur, de Jean-Luc Moens)

Certains des élèves pouvaient se moquer un peu de lui, mais il restait libre et répétait souvent : « Tous naissent comme des originaux, beaucoup meurent comme des photocopies ».

Carlo savait qu’en suivant Dieu, nous restons les originaux que nous sommes et que nous devenons pleinement nous-mêmes ! C’est un beau programme.

 

Pour conclure, nous pouvons demander à Dieu :

Dieu, montre-moi comment te mettre en premier dans ma vie à l’occasion de cette rentrée.

Seigneur, montre-moi : y a-t-il des relations ou des biens auxquels mon cœur est attaché ?

 

Saint Carlo Acutis prie pour nous !

Marc Burtschell

Homélie du 31 août 2025

Impossible humilité

Connaissons-nous la douceur de l’humilité ? Nous attire-t-elle ?

Certains disent que l’orgueil meurt 10 minutes après nous : c’est un combat tenace qui durera toute notre vie.

Au séminaire, on nous parlait de l’histoire de ce moine qui se voyait canoniser pour sa grande humilité… !

 

L’humble choisit la dernière place.

En entendant cela peut-être que quelque chose en nous rugit : « Chez les cathos, c’est toujours ça, prendre la dernière place, être gentil, etc. Mais non, c’est stupide, moi je n’ai pas envie de prendre la dernière place ! ».

Non, nous n’avons pas envie. Nous sommes comme les invités au repas, nous voulons les meilleurs places. Bon pas la meilleure, car on n’est pas fou, et puis on est chrétien, donc ça ne se fait pas, mais un rang honorable quand même !

Et la question est donc : mais pourquoi courons-nous après ces premières places ? Que se joue-t-il donc en nous ?

En un mot, le désir d’être aimé. Et derrière la rage si quelqu’un veut nous empêcher d’accéder à ces premières places ? Les blessures que nous avons subies, et en nous le sentiment que nous avons le droit à ces places.

A la fin, c’est beaucoup de fatigue, ce sont des projets trop ambitieux qui ne portent pas les fruits attendus.

Et si Dieu savait ce qu’il nous demande ? D’ailleurs Jésus, comme d’habitude nous montre l’exemple. Comme disait le père spirituel de Saint Charles de Foucauld : « Le Christ a si bien pris la dernière place que personne ne peut la lui ravir ».

Jésus qui est Dieu, se fait homme, sans les honneurs, et il meurt dépouillé de ses vêtements sur une croix. Dernière place. Mais Dieu le Père, l’élève à la première place.

Cette bonne place dont nous rêvons, Dieu nous la donnera lui-même : voilà pourquoi nous pouvons nous détendre !

 

Dans son livre Le chemin des estives Charles Wright raconte son expérience alors qu’il est novice chez les jésuites. Pendant un mois, ils partent marcher comme pèlerins sans argent, à deux. Il explique le déplacement que cela opère de ne plus avoir les habits, les titres de la société, plus d’autonomie financière. De ne plus voir une coupe soignée, mais plutôt une barbe un peu longue et une odeur de transpiration. C’est à la fois le grand dénuement d’être livré à la générosité des gens et à la Providence, et aussi la découverte d’une liberté insoupçonnée ! Il reprend vie au fil des kilomètres. Car il est obligé d’apprendre à tout recevoir de la main de Dieu.

Cela peut nous faire réfléchir : derrière quoi nous cachons-nous ? Comment prenons-nous subtilement la première place ?

 

Je connais aux USA un groupe où ils s’encouragent, alors qu’ils ont entre 30 et 40 ans environ avec cette phrase : « Prenez la dernière place tant qu’il est impossible de faire autrement ».

C’est très inspirant ! C’est pour dire : il est inutile de courir à vouloir vous faire un nom, beaucoup d’argent, du pouvoir, de la reconnaissance. Ça c’est encore trop l’homme, l’homme ou la femme seul, sans Dieu, qui se fatigue pour du vent. Dieu nous demande « peu de choses » comme le dit Maître qui a confié les talents : « Tu as été fidèle en peu de choses, je t’en confierai beaucoup » (Mt25,21).

Prendre la dernière place : c’est vivre à l’ombre de Dieu, tranquille et avancer à un rythme plus vrai, qui respecte les étapes de la croissance humaine. De telle sorte que loin des pressions multiples, la personne sente soudain que Dieu l’appelle pour une mission pour laquelle elle a été mystérieusement préparée toute sa vie.

Elle ne se lance alors plus pour se faire un nom, mais véritablement pour rendre service.

 

Enfin, quel est le secret pour obtenir l’humilité ? La confession : c’est en tout cas une voie royale.

Reconnaître nos fautes est le début de l’humilité.

Puis, surtout, grâce à nos péchés, découvrir l’amour de Dieu pour nous personnellement. Voilà le vrai enjeu !

Plus cet amour nous saisi, plus nous pouvons compter sur Dieu, et plus nous devenons humble. Si Dieu est avec moi, je n’ai plus peur d’être petit.

Et plus nous devenons humbles, plus la joie entre en nos cœurs !

Que Dieu nous donne la grâce d’être humbles !

Marc Burtschell

Homélie du 24 août 2025

Les 7 secrets de Carlo Acutis

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ».

Dans cet évangile, Jésus s’adresse à nous comme à ceux qui iront en enfer ! « Quand (…) vous-mêmes, vous serez jetés dehors ». Il nous interpelle donc sacrément afin que nous ne considérions pas trop vite que nous serons au paradis.

Alors comment entrer par cette porte étroite ? Je vous propose de regarder simplement comment Carlo s’y est pris. Ce sera une manière de nous préparer à sa canonisation le 7 septembre. Ces sept secrets dont je vais parler, sont la manière dont il parlait de son kit pour être saint lorsqu’il faisait le catéchisme.

 

Premier secret : essayer d’aller à la messe tous les jours et de communier

Sanchez est un homme qui travaillait dans l’art, il avait perdu la foi. Un jour son propre père retrouve la foi, et pour fêter cela, il fait dire une messe d’action de grâce à laquelle toute famille participe. Sanchez n’est pas en état de communier, mais il ne veut pas peiner ses parents et se dit qu’après tout ce n’est que du pain. « Lorsque le prêtre tendit l’hostie consacrée pour que Sanchez la reçoive, un éclat de lumière en jaillit, enveloppant le communiant incroyant. Il entendit une voix lui dire : « Je t’ai toujours aimé ». Sanchez revint instantanément à la foi. » (Rod Dreher, Comment retrouver le goût de Dieu...)

Carlo affirmait : « L’Eucharistie c’est mon autoroute pour aller au ciel ».

 

Deuxième secret : si vous le pouvez faites quelques moments d’adoration eucharistique

Venir prier devant le tabernacle, ou lorsque le Saint Sacrement est exposé, est le moment d’un cœur à cœur. Nous passons du temps avec notre Ami, nous nous entretenons avec lui, nous lui présentons le monde, et nous faisons grandir le désir de le recevoir en nous lors de la messe. Sur notre paroisse, le saint sacrement est exposé le mardi soir à 17h30.

« Du Saint-Sacrement présent dans le tabernacle, rayonne cet amour guérisseur que seul Dieu peut dispenser » Carlo Acutis

 

Troisième secret : « N’oubliez pas de réciter le saint rosaire (chapelet) tous les jours »

Plusieurs saints ont parlé du chapelet comme leur testament pour dire l’importance de la Vierge Marie dans leur vie. Carlo s’est inspiré d’eux.

Il disait : « La répétition (des Je vous salue Marie) fait descendre les mystères (de la vie de Jésus) de l’esprit au cœur. En rythmant nos prières, elle nous aide à élever nos âmes vers le ciel. »

 

Quatrième secret : « Lisez chaque jour un passage de l’Écriture sainte pour vous-même. »

Bienheureuse Chiara Luce écrit ceci alors qu’elle est encore adolescente : « J’ai redécouvert l’Évangile sous une lumière nouvelle. J’ai compris que je n’étais pas une chrétienne authentique parce que je ne le vivais pas à fond. Maintenant je veux faire de ce livre magnifique l’unique but de ma vie. Je ne veux pas et je ne peux pas rester analphabète en ignorant un message aussi extraordinaire. »

 

Cinquième secret : « Si vous le pouvez, confessez-vous chaque semaine, même les péchés véniels »

« Courons avec confiance vers le sacrement de pénitence, où le Seigneur nous attend à tout moment avec une tendresse infinie. Et une fois nos péchés pardonnés, oublions-les, car le Seigneur l’a déjà fait avant nous » Padre Pio

Sixième secret : « Prenez souvent des résolutions et adressez des requêtes au Seigneur et à la Sainte Vierge Marie pour venir en aide aux autres ».

Nous ne savons pas faire le bien tout seuls, nous avons besoin de l’aide de Jésus et Marie. Carlo était l’ami de tous, des pauvres, des malades. Par exemple, il lui arrivait d’aider la femme chargée de la lessive chez eux pour être sûr qu’elle termine à l’heure et ne rentre pas trop tard, seule, de nuit dans le métro.

 

Septième secret : « Demandez l’aide de votre ange gardien qui doit devenir votre meilleur ami »

« Quelle consolation de savoir que près de nous se trouve un esprit qui, du berceau à la tombe, ne nous quitte jamais un instant, pas même lorsque nous osons pécher ! Cet esprit céleste nous guide, nous protège comme un ami, comme un frère. » Padre Pio

 

Voilà comment Carlo s’est efforcé d’entrer par « la porte étroite ». En entendant cette liste, il ne s’agirait pas de la prendre comme des « cases à cocher », cela rend triste. Mais Carlo vivait tout cela animé par un désir d’être saint, dans la joie.

Il ne s’agit donc pas de nous tendre, mais d’avancer un pas après l’autre, en nous interrogeant : est-ce que, moi aussi, je m’efforce d’entrer par la porte étroite ?

Et si ce chemin ne m’attire pas, je peux commencer par demander la grâce d’être attiré par la sainteté.

 

(Homélie inspirée du livre : Le kit sainteté de Carlo Acutis, Marie et Jean-Baptiste Maillard)

Marc Burtschell