Homélies

Homélie Pâques Soir P. Paul BERTHIER

Homélie Pâques soir 30 Mars 2024 - P. Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE

« Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn 1, 1 – 2, 2)

Lecture du livre de la Genèse

PSAUME

(103 (104), 1–2a, 5–6, 10.12, 13–14ab, 24.35c)

R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit
qui renouvelle la face de la terre !
 (cf. 103, 30)

DEUXIÈME LECTURE

Sacrifice et délivrance d’Isaac, le fils bien-aimé (Gn 22, 1–18)

Lecture du livre de la Genèse

PSAUME

(15 (16), 5.8, 9–10, 11)

R/ Garde-moi, mon Dieu :
j’ai fait de toi mon refuge.
 (15, 1)

TROISIÈME LECTURE

« Les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer » (Ex 14, 15 – 15, 1a)

Lecture du livre de l’Exode

CANTIQUE

(Ex 15, 1b, 2, 3-4, 5-6, 17-18)

R/ Chantons pour le Seigneur !
Éclatante est sa gloire !
 (cf. Ex 15, 1b)

QUATRIÈME LECTURE

Dans sa miséricorde éternelle, le Seigneur, ton rédempteur a pitié de toi (Is 54, 5-14)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME

(29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13)

R/ Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé. (29, 2a)

CINQUIÈME LECTURE

Venez à moi, et vous vivrez ; je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle (Is 55, 1-11)

Lecture du livre du prophète Isaïe

CANTIQUE

(Is 12, 2, 4bcd, 5-6)

R/ Exultant de joie, vous puiserez les eaux
aux sources du salut !
 (Is 12, 3)

SIXIÈME LECTURE

Marche vers la splendeur du Seigneur (Ba 3, 9-15.32 – 4, 4)

Lecture du livre du prophète Baruc

PSAUME

(18b (19), 8, 9, 10, 11)

R/ Seigneur, tu as les paroles
de la vie éternelle.
 (Jn 6, 68c)

SEPTIÈME LECTURE

« Je répandrai sur vous une eau pure et je vous donnerai un cœur nouveau » (Ez 36, 16-17a.18-28)

Lecture du livre du prophète Ézékiel

PSAUME

(50 (51), 12-13, 14-15, 18-19)

R/ Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu. (50, 12a)

(Lorsqu’il y a baptême)

ÉPÎTRE

« Ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus » (Rm 6, 3b-11)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains

PSAUME

(117 (118), 1.2, 16-17, 22-23)

R/ Alléluia, alléluia, alléluia !

ÉVANGILE

« Jésus de Nazareth, le Crucifié, est ressuscité » (Mc 16, 1-7)

Le psaume avec alléluia sert d’acclamation avant l’Évangile.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

PÂQUES (Soir) B 2024

 

Deux marcheurs avancent sur la route d’Emmaüs. Leur moral est au plus bas. Pour eux, la vie de Jésus est un échec : « Finir comme ça ce n’est pas pensable, mourir comme un esclave, sur une croix, quelle déchéance ! Il avait une parole efficace cet homme, il n’avait qu’à dire une chose et ça se réalisait. Tu te souviens : Prends ton brancard et rentre chez toi. Je le veux, sois purifié. Il lui arrivait même de commander au vent et à la tempête : Silence ! Et il se fit un grand calme. »

 

Nos deux marcheurs en sont là de leurs réflexions quand un étranger les rejoint. C’est Jésus mais ils ne le reconnaissent pas. « De quoi discutiez-vous tout en marchant ? – Tu viens de Jérusalem et tu ne sais pas les dernières nouvelles ? – Non --  C’est au sujet de Jésus, on avait mis en lui tous nos espoirs, on pensait qu’il allait libérer Israël mais nos chefs l’ont arrêté, crucifié : il est mort ça fait déjà trois jours. Des bruits courent que des femmes ont trouvé le tombeau vide, ce matin. Elles disent même qu’un ange leur aurait apparu mais lui, elles ne l’ont pas vu. »

 

« Mais vous n’avez donc rien compris : tout était déjà annoncé au sujet de Jésus dans les Écritures. Il est vraiment Celui que l’on attend, Celui qui doit libérer non pas seulement Israël mais le monde entier et libérer non pas des Romains mais l’humanité de son péché. » Et l’Étranger-Jésus ouvre le cœur des deux disciples pour leur faire comprendre que les Écritures ont annoncé tout ce qui est arrivé à Jésus 

« Ne fallait-il pas que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire ? »

 

Qui d’entre nous n’a pas eu des moments de découragements, des moments où tout va mal, où la vie n’a plus de sens ? Jésus semble mort, nous ne sentons plus sa présence et notre moral en prend un coup. Mais il nous rejoint discrètement, nous ne le reconnaissons pas tout de suite mais à travers les événements de la vie il nous lance des appels : un ami qui passe et nous conseille, un souci qui trouve une issue heureuse, une

 

 

rencontre inattendue qui nous procure que du bonheur. Il est là tout près et notre cœur est tout brûlant.

 

Reconnaître Jésus ressuscité ne peut se faire que dans une démarche de  foi. Ce ne sont pas nos yeux de chair qui le verront mais notre cœur qui va brûler en sa présence. Dieu se révèle à nous mais ne s’impose jamais. Si nous répondons à Dieu qui nous appelle alors tout va s’éclairer. Tout va prendre un sens. Dieu lui-même va se révéler à nous : « Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent. »

 

Nos disciples d’Emmaüs retiennent cet inconnu qui a cheminé avec eux : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Jésus partage le pain et se fait reconnaître. Alors pour nos deux disciples plus question de déprime. Leur moral est remonté au plus haut. C’est la joie, c’est la fête. Ils n’ont qu’une envie c’est de partager cette nouvelle avec les autres disciples. C’est de crier partout au monde entier : « Le Seigneur est réellement ressuscité il s’est fait reconnaître à la fraction du pain. »  

 

Cette fraction du pain nous allons la revivre maintenant. Jésus ressuscité va venir au milieu de nous. Aurons-nous assez de foi pour le reconnaître, le remercier et l’adorer en lui disant : « Jésus ressuscité, augmente en nous la foi en ta Résurrection et en ce salut que tu nous offre aujourd’hui ?»  

Joyeuses fêtes de Pâques à toutes et à tous.

 

PREMIÈRE LECTURE

« Toi, mon troupeau, voici que je vais juger entre brebis et brebis » (Ez 34, 11-12.15-17)

Lecture du livre du prophète Ézékiel.

PSAUME

(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)

R/ Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.
 (cf. Ps 22, 1)

DEUXIÈME LECTURE

« Il remettra le pouvoir royal à Dieu le Père, et ainsi, Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 20-26.28)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens.

ÉVANGILE

« Il siégera sur son trône de gloire et séparera les hommes les uns des autres » (Mt 25, 31-46)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

DIMANCHE DU CHRIST ROI 2023

Je cherchais Dieu, là haut, plus haut que les nuages, dans l’immensité, du ciel, et rien, je n’ai rien trouvé. Pourtant je sais qu’il existe. On m’a fait découvrir toute son œuvre : je ne peux que constater qu’elle est belle sa création. Alors je lui parle, je le remercie, je sais qu’il est tout puissant. Je lui demande quelques fois de m’aider mais aucune réponse ne me revient. Mais où donc est-il ce Dieu si bon, si puissant ? On peut l’implorer partout donc il doit être partout…

J’en étais là dans mes recherches, lorsqu’un jour j’ai ouvert le Livre et j’ai relu cette parabole. On l’appelle la parabole du jugement dernier. C’est là, à la fin de ma lecture que j’ai découvert la pointe de la parabole comme disent les exégètes : la pointe, c’est-a dire l’essentiel de la parabole, ce qu’il faut retenir. Ici, ce qui est important n’est pas de savoir dans quel camp Dieu va nous mettre : que nous le voulions ou non, nous aurons toujours beaucoup de choses à nous reprocher, c’est pourquoi nous serons en partie du côté des justes et en partie du côté des maudits. Non, ce qui m’a frappé c’est que, moi qui cherchais Dieu dans les nuages je l’ai découvert tout près de moi. Je cherchais un Dieu vainqueur, triomphant et j’ai découvert un Dieu à ma hauteur, un Dieu tout humble, présent dans le plus petit de mes frères, un Dieu que je peux rencontrer à tous moments, un Dieu avec qui je peux dialoguer, un Dieu qui me répond. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

C’est aussi simple que ça, au lieu d’aller chercher Dieu dans les nuages, la parabole nous invite à le rencontrer dans ceux qui sont là, autour de nous. Vous vous rendez compte que nous pouvons rencontrer le Roi de l’univers dans ce pauvre homme marginal détruit par la drogue, qui n’a plus grand-chose d’humain. Nous pouvons rencontrer le Roi de l’univers dans ce monstre de cruauté qui ne pense qu’a son plaisir, qu’à son orgueil et qui n’aucun sens de la valeur d’une vie humaine. Oui, notre Dieu, le Roi de l’univers a voulu rester un Dieu humble, présent dans chaque homme quel qu’il soit. Le Christ est Roi, nous pouvons le proclamer bien haut mais il ne l’est pas du tout à la manière du monde.

 

Le Christ est Roi de Miséricorde : « Femme, personne ne t’a condamnée ? - Personne Seigneur. - Moi non plus je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus »

Le Christ est Roi de fidélité : Fidélité à son Père, fidélité à sa mission : « Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi... Cependant non pas ma volonté, mais la tienne. »

Le Christ est Roi de Vérité : « Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la Vérité. »

Le Christ est Roi d’Amour. Par toute sa vie, il nous a montré comment vivre cet Amour. Lui-même, par Amour, il est allé jusqu’à la Croix, ce fut son trône un trône royal. C’est de ce trône, du haut de la Croix, qu’il régnera non plus sur ce petit coin de Palestine mais sur le monde entier. Il avait dit « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

 

Mais Jésus est encore davantage Roi par sa résurrection. En effet au matin de Pâques il sort victorieux du tombeau, de la mort, du péché des hommes. Par cette victoire son Père lui donne cette gloire qui surpasse tous les hommes et que nous découvrirons à son retour à la fin du monde. Amen !

  

 

PREMIÈRE LECTURE

« Ses mains travaillent volontiers » (Pr 31, 10-13.19-20.30-31)

Lecture du livre des Proverbes.

PSAUME

(Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-5)

R/ Heureux qui craint le Seigneur ! (Ps 127, 1a)

DEUXIÈME LECTURE

« Que le jour du Seigneur ne vous surprenne pas comme un voleur » (1 Th 5, 1-6)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens.

ÉVANGILE

« Tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup » (Mt 25, 14-30)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

33ème DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

Un homme part en voyage et il laisse à ses serviteurs le soin de gérer ses affaires. Il est riche cet homme, très riche. Au temps de Jésus un talent c’était 42 kilos d’or. 5 talents, ça représente aujourd’hui, 12 millions d’euros ; près de 5 millions pour celui qui en a 2. Ce sont de chiffres qui nous laissent sans voix. D’une part, nous sommes obligés de reconnaître la générosité de cet homme ; d’autre part, nous pouvons aussi mesurer la confiance qu’il a en ses serviteurs. Notez bien qu’il ne commet aucune injustice dans sa distribution puisqu’il donne « A chacun selon ses capacités. » Même celui qui ne reçoit qu’un talent est jugé capable de le faire fructifier.

Voilà, les termes de la parabole sont éclaircis. Jésus va quitter ses amis mais il leur promet qu’il reviendra. C’est lui qui, ce jour-là, nous demandera ce que nous avons fait des talents que Dieu son Père nous a confiés.

-- Mais Dieu ne nous a jamais donné de l’or ou l’argent !

-- C’est vrai, mais il a fait pour nous plus qu’une folie : avec la création de notre monde, de notre planète, de notre corps, de tout ce dont nous bénéficions sur cette terre, il nous a confié beaucoup plus que 5 talents. Ce sont des milliards de talents qu’il nous demande de faire fructifier. En plus, il a accepté que son Fils vienne nous sortir de cette impasse où nous nous étions égarés.

 

Oui, nous sommes riches de tout ce que Dieu met à notre disposition, avons-nous pensé simplement à l’intelligence que Dieu nous a donnée. Nous sommes capables de construire des choses extraordinaires, de chercher, de découvrir, nous sommes capables de penser, nous sommes capables d’aimer…A elle seule, cette possibilité vaut beaucoup plus que 5 talents.

 

Est-ce que vous pensez qu’on peut aller enterrer ces richesses par peur, par paresse, par lâcheté ? Au soir de leur vie, combien de personnes ont l’impression que leur passage sur terre n’a servie à rien ? Pourtant Dieu

 nous a confié une Mission. Qu’avons-nous fait de notre Baptême qui nous engageait à servir le Christ ? Qu’avons-nous fait de notre Confirmation qui nous donnait la force de l’Esprit ? Qu’avons-nous fait de notre Mariage de notre Ordination, pour nous les prêtres : notre sacrement nous donnait la force de révéler au monde la folie de l’amour de Dieu ?

 

Nous n’avons pas le droit d’enterrer tous ces talents :

Avec eux, c’est notre vie que nous enterrons.   

Nous n’avons pas le droit d’enterrer tous ces talents :

Avec eux, c’est notre mission que nous refusons.

Nous n’avons pas le droit d’enterrer tous ces talents :

Avec eux, c’est Dieu lui-même que nous renions…

Nous n’avons pas le droit d’enterrer tous ces talents.

 

Ecoutons St Paul : « Le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Alors ne restons pas endormis, comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. »

PREMIÈRE LECTURE

« La Sagesse se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (Sg 6, 12-16)

Lecture du livre de la Sagesse.

PSAUME

(Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 7-8)

R/ Mon âme a soif de toi,
Seigneur, mon Dieu !
 (cf. Ps 62, 2b)

DEUXIÈME LECTURE

« Ceux qui sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui » (1 Th 4, 13-18)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens.

ÉVANGILE

« Voici l’époux, sortez à sa rencontre » (Mt 25, 1-13)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

Homélie pour le 32e Dimanche TOA. P. Charles BONIN

Un jour cette vie que nous connaissons et que nous aimons se terminera. A l’heure de notre mort ou à la fin du monde nous serons emportés sur les nuées du ciel à la rencontre du Seigneur comme dit St Paul. Cela n’est pas triste. C’est ainsi mais nous ne pouvons pas faire comme si ce ne sera pas. Nous qui avons reçu cette bonne nouvelle de la résurrection, nous ne pouvons pas vivre dans l’ignorance, abattus et sans espérance devant ce terme inéluctable de notre passage sur terre. Nous devons au contraire nous y préparer joyeusement et y employer toute notre vie afin de ne pas être surpris lorsque notre tour viendra.

 

La veille est une attitude fondamentale du chrétien et l’Eglise qui les rassemble est l’épouse vigilante et fidèle qui attend le retour du Christ. Ne perdons pas notre temps à nous éparpiller dans des choses vaines et futiles. Ne soyons pas distrait et inconséquents comme ces vierges frivoles de l’évangile. Car on a peut-être cru un peu trop facilement qu’on irait tous au paradis d’après l’évangile de Michel Polnareff. Mais on nous a probablement menti, car Michel Polnareff n’est pas Jésus et nous lisons bien dans l’Evangile selon St Mathieu que c’est plutôt 50/50 et quand la porte est fermée… il est trop tard. Alors ne prenons pas le risque de nous entendre dire au jour où nous paraitrons devant Dieu : « allez-vous en loin de moi, je ne vous connais pas ». Nous mesurons dans cet évangile que la vie est quelque chose de sérieux qui nous prépare une éternité bienheureuse, mais qu’on peut aussi passer à côté. Il vaut donc la peine de s’y appliquer en prenant modèle sur les vierges sages pour vivre selon Dieu, orientés vers une pleine communion d’alliance avec lui.

Elles se tiennent prêtes. Elles ont fait des provisions d’huile, elles entendent l’appel de l’époux, elles entrent dans la salle des noces. Ce que l’évangile souligne ce n’est pas tant la tension qui aurait tenu ces jeunes filles éveillées, puisque toutes ont dormi. C’est la prévoyance des unes et l’insouciance des autres. La veille, c’est chercher le Seigneur, c’est l’attendre avec une certaine impatience, c’est le contempler et se souvenir de lui nous précise le psaume. C’est un mouvement vers Dieu comme celui qui dans la première lecture se met en quête de la Sagesse. Posons-nous donc honnêtement la question : sommes-nous vraiment en route vers le Royaume ou ne vivons-nous que pour cette vie ? Faisons-nous des provisions d’huile pour notre chemin vers le ciel ? Qu’est-ce que l’huile ? Ce qui donne la lumière, ce qui apaise aussi autrement dit la Parole de Dieu reçue et méditée dans la prière et toutes nos bonnes œuvres.

 

Adoptons cette sagesse de chercher Dieu en toute chose, de scruter amoureusement sa Parole et d’agir toujours avec douceur et bonté. Le marin qui veille dans la nuit sait au préalable quels esquifs il devra éviter, il s’assure d’avoir les bonnes cartes pour atterrir à bon port, il prépare sa route, il cherche les phares qui le guideront dans la nuit, il écoute les signaux et se fie à l’équipage dont il prend soin et à son bateau qu’il a dument gréé pour le large. Ainsi devons-nous concevoir notre vie comme un voyage qui réclame moins de nous de grands efforts héroïques qu’une disposition permanente à voir Dieu face à face. Demandons-nous chaque jour ce que nous ferions s’il venait aujourd’hui. Vivons chaque instant comme s’il était le dernier en veillant toujours à demeurer dans l’Etat de grâce dans lequel le Seigneur nous attend. Vivons fréquemment des sacrements de la pénitence et de l’Eucharistie pour être toujours prêt sur cette route où nous ne connaissons ni le jour ni l’heure à laquelle l’époux paraîtra et nous appellera dans la salle des noces. Tenons-nous toujours prêts.  

 

PREMIÈRE LECTURE

« Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute » (Ml 1, 14b – 2, 2b.8-10)

Lecture du livre du prophète Malachie.

PSAUME

(Ps 130 (131), 1, 2, 3)

R/ Garde mon âme dans la paix
près de toi, Seigneur.

DEUXIÈME LECTURE

« Nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais même nos propres vies » (1 Th 2, 7b-9.13)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens.

ÉVANGILE

« Ils disent et ne font pas » (Mt 23, 1-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

Homélie du 31 dimanche du temps ordinaire A. P. Charles BONIN

« Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. »

Voilà une phrase qui délie les langues et attise le débat contre le cléricalisme en déchaînant bien des passions. Pourquoi appelons nous les prêtres père alors que Jésus dit qu’il ne faut appeler personne « père » ? Comment faut-il appeler les prêtres et notre papa ?... Qu’est-ce que veut nous dire Jésus ?

 

1/ Replacer dans le contexte : Jésus commence par confirmer l’autorité des scribes et des pharisiens : faîtes et observez tout ce qu’ils vous diront. Donc Jésus ne conteste pas l’autorité de leur ministère. Il n’est pas subversif. Ils enseignent depuis la chaire de Moïse et ce service vient de Dieu et s’accomplit pour Dieu même s’ils en sont indignes.

Et c’est ce que Jésus leur reproche en fait : leur hypocrisie. Ils disent et ne font pas. Ils se servent de leur autorité pour assujettir les foules, pour se glorifier et s’enrichir. Ils détournent donc leur ministère pour des fins personnelles au lieu de se mettre au service du peuple. C’est cet abus de pouvoir et cette incohérence que dénonce Jésus, comme le fait le prophète Malachie dans la première lecture. Mais dit Bossuet (Méditations 53e jour) ce serait un abus plus grand encore de mépriser le ministère qui est de Dieu à cause des vices de ceux qui l’exercent et de priver ainsi la société de ce service de la loi qu’ils sont chargés de transmettre. Jésus continue son discours en adressant sept malédictions à ces mauvais scribes et pharisiens et en les menaçant de la damnation éternelle. Il les exhorte ainsi à mettre leur vie en conformité avec ce qu’ils enseignent. Ces vifs reproches de Jésus contre les autorités religieuses précèdent son discours sur la fin du monde et l’on retrouve aussi chez beaucoup de prophètes ces mises en garde sévères contre les responsables religieux, signe que l’Eglise doit être purifiée de tout détournement d’autorité. Jésus annonce ainsi qu’avant son retour il conviendra de dénoncer ces abus pour remettre toute chose en ordre afin d’entrer avec lui dans la Gloire. C’est ce qu’il veut dire en demandant de n’appeler personne Père ou maître ou docteur et on le comprend tout de suite si on lit la Parole de Dieu dans son ensemble.

2/ Lire la parole dans son ensemble.

Jésus explique en effet : vous n’avez qu’un maître, qu’un seul père c’est le Père des cieux, un seul docteur le Christ. Il rappelle ainsi aux responsables de l’époque comme le dira plus tard St Paul (1Co4,7 ; Eph 3, 14-15) que toute paternité vient de Dieu. Toute autorité vient du Père comme il le redira aussi à Pilate : Tu n’aurais aucun pouvoir si mon Père ne te l’avait donné. Jésus dit que toute autorité est relative c’est-à-dire qu’elle doit refléter l’autorité de Dieu, tout ministère est un service de la Paternité de Dieu. Et c’est en ce sens qu’on appelle père maitre ou docteur ceux qui ont la charge de rendre présent, représenter Dieu pour conduire à lui et faire grandir dans une vraie relation à lui. Paul dit ainsi aux corinthiens qu’il appelle ses enfants bien aimés: « c’est moi qui vous ai engendré dans le Christ Jésus ». La paternité spirituelle est donc une réalité établie par l’Ecriture et la reconnaitre par l’appellation de « père » c’est signifier à ceux qui l’exercent leur devoir et leur responsabilité de servir la seule autorité véritable et absolue qu’est la paternité de Dieu. C’est ce qui rend les abus d’autant plus graves qu’ils volent un privilège divin.

 

Donc toute personne qui exerce une autorité, pas seulement les prêtres et les évêques mais aussi les pères de famille, les chefs d’entreprise ou d’administration, les élus et responsables politiques ou associatif doivent se souvenir  qu’ils sont redevables devant Dieu de l’exercice de leur charge. Sont-ils dignes des titres de pères, maitres, docteurs qui leurs sont donnés pour aider les autres à grandir et devenir meilleurs ? Sont-ils au service de cette croissance ? Ou bien usurpent-ils ces titres ? Nous serons jugés sur le service que nous avons accompli et Dieu nous demandera alors si nous l’avons exercé pour nous-mêmes ou au service de la souveraineté de Dieu. Si nous replaçons cette parole dans son contexte et dans l’ensemble de la Révélation nous devons demander dans cette Eucharistie que toute personne en autorité se serve et reflète en vérité la paternité bienveillante de Dieu ; mais nous devons aussi pour nous même nous demander si nous reconnaissons vraiment Dieu pour notre Père, si toute notre vie est subordonnée à lui ou si nous sommes pour nous-même notre propre maître ? Car c’est finalement cela que Jésus reproche. Ne vivons donc pas pour nous-mêmes mais pour Dieu et au service des uns et des autres. C’est ainsi que nous contribuons à ce que son règne arrive comme nous le demandons dans le Notre Père. 

PREMIÈRE LECTURE

« Si tu accables la veuve et l’orphelin, ma colère s’enflammera » (Ex 22, 20-26)

Lecture du livre de l’Exode.

PSAUME

(Ps 17 (18), 2-3, 4.20, 47.51ab)

R/ Je t’aime, Seigneur, ma force. (Ps 17, 2a)

DEUXIÈME LECTURE

« Vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles afin de servir Dieu et d’attendre son Fils » (1 Th 1, 5c-10)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens.

ÉVANGILE

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 34-40)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

Homélie pour le dimanche 30 TOA. P. Charles BONIN

Chers frères et sœurs, la croix du Christ a deux dimensions, une verticale, une horizontale : l’Amour de Dieu et l’Amour du prochain. L’un ne va pas sans l’autre. Celui qui dit qu’il aime Dieu qu’il ne voit pas, et méprise son frère qu’il voit est un hypocrite et un menteur dit 1Jn 1, 4.

Jésus nous rappelle aujourd’hui cette exigence chrétienne fondamentale au point d’en faire le résumé de toute la loi qui fera dire à St Augustin : « aime et fait ce que tu voudras ». C’est le seul précepte ! Quand les juifs en ont 613 ! Alors on pourrait au moins le respecter, vous ne trouvez pas ? Pourtant souvent nous manquons à l’un ou à l’autre sinon aux deux. Surtout et c’est plus grave nous opposons l’un et l’autre. Il y a les catho pieux et les catho sociaux, des cathos de droite et des cathos de gauche… mais ça ne dessine pas une croix. Ça fait une balance toujours déséquilibrée.

Nous nous heurtons parfois dans nos communautés sur ces deux approches sans nous rendre compte que nous sommes pervertis par la politique. Or l’Eglise n’est pas un parti et n’a pas de parti. L’Eglise ne divise pas, elle rassemble et tout ce qui nous divise ne vient pas de Dieu et nous éloigne de lui. Tout ce qui au contraire nous rassemble nous relie à lui, nous voyons ainsi comment ces deux dimensions de la croix sont comme le double mouvement de la respiration qui nous fait vivre de la vie même de Dieu. Plus on s’élève dans la prière plus on se sent conduit à servir ses frères dans la gratuité et l’oubli de soi. Et plus on sort de soi-même, de son confort et de ses certitudes pour rencontrer l’autre en vérité plus on découvre l’infini diversité du visage de Dieu. Inspiration-expiration : c’est le souffle véritable de l’Esprit saint : recevoir la grâce de Dieu et la répandre autour de nous.

Etre catholique, c’est reconnaitre en toute homme, toute femme, un frère, une sœur qui me dit : Dieu. Et c’est aussi dire Dieu à tout homme, toute femme rencontrée comme un frère, une sœur en humanité. Un seul précepte mais d’une grande et belle exigence qui nous oblige à un constant équilibre : ne pas fuir dans l’isolement solidaire du quiétisme, ne pas tomber dans l’affairisme et les mondanités superficielles et stériles. Chacun de nous doit sans cesse se corriger de ces deux excès. Au Solitaire, Jésus dit comme à Lazare déjà mort et coupé de ses frères (Jn 11, 1-45) : Sors. Au généreux, Jésus dit : « entre dans ta chambre, ferme ta porte, prie ton Père qui demeure dans le secret » Mt 6,6. Entendons ainsi dans nos rapports les uns avec les autres, Jésus qui nous appelle dans nos différences. Si untel me semble trop dans le social c’est peutêtre que je n’y suis pas assez et si inversement tel autre me semble trop confit en dévotion c’est que moi-même je pourrais peut-être l’être davantage. Réjouissons-nous donc de pouvoir ainsi nous corriger et nous enrichir les uns les autres de nos différences car c’est ainsi qu’ensemble, cultivant toujours la miséricorde et le pardon, nous formerons le vrai visage du Christ et le paisible équilibre de la croix qui nous sauve. C’est ainsi que l’Eglise sera sainte et vraiment corps du Christ plutôt qu’une quelconque institution humaine. Chacun s’efforçant alors avec la grâce de Dieu et l’aide de ses frères de combler ce qui lui fait défaut, que cette Eucharistie resserre nos liens de communion dans l’amour dIeu et le service de nos frères. Amen.

PREMIÈRE LECTURE

« J’ai pris Cyrus par la main pour lui soumettre les nations » (Is 45, 1.4-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe.

PSAUME

(Ps 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac)

R/ Rendez au Seigneur
la gloire et la puissance.
 (Ps 95, 7b)

DEUXIÈME LECTURE

« Nous nous souvenons de votre foi, de votre charité, de votre espérance » (1 Th 1, 1-5b)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens.

ÉVANGILE

« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 15-21)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

Homélie du 29ème Dimanche du Temps Ordinaire A. P. Charles BONIN

 

 

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». C’est sans doute la phrase qui a été le plus détournée de son sens et de son contexte. A l’origine, les pharisiens posent cette question pour faire valoir les droits de leur peuple et la supériorité de la loi mosaïque contre l’occupant romain. Jésus évite le piège en distinguant ce qui relève de Dieu et des hommes : d’une part le pouvoir spirituel et d’autre part le pouvoir temporel. Sa réponse se fonde sur un argument de justice qui consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû. Cet équilibre est à l’origine du concept de laïcité et au fondement du principe de séparation des pouvoirs. On l’applique assez facilement ; en tous cas la première partie de la phrase, car même si cela ne nous plait pas toujours, nous comprenons qu’il est juste de payer des impôts pour une répartition des richesses plus équitable et pour participer au bien commun. C’est un devoir et une nécessité pour supporter les conditions matérielles de notre existence. Nous payons pour ce que nous recevons: nourriture, transport, loisir, santé, sécurité et nous acceptons même parfois pour cela une certaine ingérence de l’Etat dans notre vie privée et des restrictions de nos libertés.  Nous consentons à donner à César à proportion du bien que nous en recevons dans un équilibre qui nous semble juste. Mais est-ce que parallèlement nous rendons aussi à Dieu à proportion de ce que nous avons reçu de lui ?

 

Comment se fait-il qu’on ait oublié la deuxième partie de cette phrase : rendez à Dieu ce qui est à Dieu. Pire… on se sert aujourd’hui de la première partie pour évacuer Dieu de notre quotidien trop occupé par les affaires de César. Dans la vie publique, on tombe parfois dans un laïcisme qui méprise les droits de Dieu et les devoirs fondamentaux de la religion. Mais aussi dans la vie privée où Dieu est relégué au deuxième plan de nos activités quand il n’est pas tout simplement exclu à la périphérie superficielle de nos existences. Il ne s’agit pourtant pas de satisfaire de plus ou moins bon gré à des obligations légales, ni d’exécuter les termes d’un échange donnant-donnant comme c’est le cas dans le « contrat social ». C’est un rapport tout autre, celui d’une relation gratuite d’amitié. C’est le juste retour de l’Amour reçu de Dieu. Une simple réponse de gratitude à celui qui nous a tout donné.

 

Je t’ai donné un nom, c’est-à-dire une existence, un titre, autrement dit une valeur, une dignité, je t’ai rendu puissant, capable de participer librement à l’oeuvre de ma création…dit la première lecture. Qu’as-tu que tu n’aies reçu du maitre de la vie sans qui rien n’existerait? Sans lui nous ne serions pas et nous, que lui donnons-nous en retour ? Quelle action de grâce ? Une heure dans la semaine et deux euros dans la quête le dimanche ? Pensons-nous ainsi être quittes des bontés de Dieu sans qui nous ne serions rien ? Demandons-nous vraiment quelle est la place de Dieu dans notre vie ? Est-ce juste et proportionné?

 

Certainement pas et nous ne pourrons sans doute jamais lui rendre à la mesure de ce qu’il nous a donné. Il ne s’agit pas de s’en culpabiliser, mais de prendre conscience d’une justice et d’un certain ordre à rétablir qui nous intime intérieurement de ne pas sacrifier à César ce qui revient légitimement à Dieu. Ne soyons pas ingrats et injustes. Soyons reconnaissants et vigilants du bon équilibre relationnel de nos vies car c’est ce qui en assure le bonheur et la paix. De même qu’il n’est pas admissible de se soustraire à une loi légitime au nom de préceptes religieux, il n’est pas juste non plus, de négliger Dieu pour ses affaires humaines.

 

Apprenons donc de cet évangile à remettre Dieu au centre de nos vies. Emerveillons-nous humblement ses dons gratuits pour entrer dans la louange comme nous y invite le psaume : « rendez au Seigneur la Gloire et la puissance ». Voilà ce qui revient à Dieu. Adopter la devise de Jeanne d’Arc : « Dieu premier servi », c’est l’attitude fondamentale de justice. Elle évite l’hypocrisie en remettant toute chose en ordre, à sa juste place. C’est le remède contre l’affairisme stérile, les vaines querelles et les pertes de temps et d’argent. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César c’est au fond la condition essentielle de la paix dont nous devons être les artisans sans confondre ces deux domaines mais en permettant qu’ils soient dans un juste rapport.

 

Choisissons aujourd’hui cette sagesse profonde en accordant à Dieu ce que nous lui devons pour cultiver cette alliance avec lui par de justes louanges, la lecture de sa parole, la prière solitaire et communautaire, l’affirmation sans honte de notre foi qui a toute sa place dans le monde et qu’il n’est pas juste de reléguer dans le silence de la vie privée. Soyons ainsi de vrais artisans de justice et de paix dont le monde a tant besoin.

 

 

PREMIÈRE LECTURE

« Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis » (Si 27, 30 – 28, 7)

Lecture du livre de Ben Sira le Sage.

PSAUME

(Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 9-10, 11-12)

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour.
 (Ps 102, 8)

DEUXIÈME LECTURE

« Si nous vivons, si nous mourons, c’est pour le Seigneur » (Rm 14, 7-9)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois » (Mt 18, 21-35)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

Homélie pour le Dimanche 24 TOA

 

Qu’il est difficile de pardonner ! Impossible même parfois ! Pourtant… tout le monde rêve d’un monde plus paisible et plus doux. C’est ce que nous propose la parole de Dieu : Patience, indulgence, pardon, compassion, pitié… tels sont les mots pars lesquels Dieu nous exhorte aujourd’hui à dessiner un monde plus fraternel, à construire la civilisation de l’amour et non de la haine, sans colère ni rancune, sans violence ni vengeance, ça au contraire, ce sont les maux des hommes, les conséquences de son éloignement de Dieu. Que faire pour inverser cette tendance et nourrir une dynamique de la réconciliation qui nous constituera vraiment frères et sœurs en Christ ? Dieu nous donne aujourd’hui deux moyens pour faciliter le difficile processus du pardon et de la fraternité.

Remarquons d’abord que ce qui nous afflige, nous pèse ou nous blesse n’est bien souvent dû qu’à un manque de recul sur les évènements de notre vie. Une contrariété et nous nous emportons, une maladresse et l’on pense que la terre entière nous en veut, une opposition et l’on devient agressif. Alors qu’un peu de temps et de distance apaisent et résolvent bien des choses.

Ben Sirac nous donne ce conseil de sagesse de prendre un peu de hauteur face aux évènements pour considérer ce qui est ultime: pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort et demeure fidèle aux commandements. Pense à l’alliance et sois indulgent. Penser, voilà le triomphe vrai de l’âme et un bon exercice pour relativiser nos conflits. Considérerons qu’un jour, bientôt peut-être, nous mourrons et paraitrons devant notre Seigneur. Que lui apporterons-nous alors: nos rancœurs ? Nos querelles ? Nos pardons retenus ? Notre haine et nos désirs de vengeance ou le mépris de nos frères ? Nous en aurions bien honte n’est-ce pas ? Voilà donc une pensée salutaire pour nous aider à cultiver plutôt entre nous la fraternité sur laquelle nous serons jugés.

Plutôt que de réagir dans l’instant sous la dictée de nos émotions, prenons le temps et la distance nécessaire à la réflexion. Nous éviterons ainsi d’amères conséquences qui nous feraient regretter un geste trop brusque, une parole déplacée. C’est toute la différence entre le maître et le serviteur de l’Evangile. Le maître se montre magnanime, il laisse aller son serviteur et lui remet sa dette sans même signifier un terme. En donnant ainsi de l’espace et du temps à son serviteur il remet finalement cette relation tendue entre les mains de Dieu, maître de l’espace et du temps. En sortant de l’espace et du temps, il crée les conditions d’une détente libératrice. Le serviteur lui, au contraire oubliant bien vite la bonté dont il a bénéficié se montre dur et intraitable. Il étrangle son camarade et ne lui accorde aucun délai. Il resserre l’espace et le temps et accentue ainsi la tension au point de la rendre mortelle.

Entre nous il ne doit pas en être ainsi : Ne vivons pas pour nous-mêmes, mais pour Dieu et pour nos frères dit St Paul: Soyons de ceux qui favorisent la détente par la patience et une juste distance plutôt que ceux qui attisent les tensions par trop d’impulsivité ou d’exigence. Conformons notre vie à cette sagesse infinie de Dieu en faisant preuve de miséricorde comme lui nous fait miséricorde sans se lasser.

Rappelons-nous enfin, que nous sommes tous au fond, comme ce serviteur, des débiteurs insolvables de la bonté de Dieu. Un jour nous devrons aussi lui rendre compte de toutes nos relations et nous n’aurons d’autre monnaie pour acquitter notre dette que la bonté dont nous aurons fait preuve envers nos frères et sœurs. Les 70 fois sept pardons donnés resteront alors toujours en-deçà des dix mille talents d’Amour que nous lui devons. Voilà bien de quoi nous encourager à cultiver entre nous de vraies relations de fraternité qui nous façonnent à l’image de Dieu. Car en ayant ce cœur ouvert les uns envers les autres, c’est à sa miséricorde inépuisable que nous nous ouvrons pour entrer ensemble dans la joie de son Royaume. Repérons donc ce qui nous retient encore trop loin d’une vraie démarche de paix et de réconciliation et puisons dans cette Eucharistie la force de l’accomplir. Amen.

PREMIÈRE LECTURE

« La parole du Seigneur attire sur moi l’insulte » (Jr 20, 7-9)

Lecture du livre du prophète Jérémie.

PSAUME

(Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 8-9)

R/ Mon âme a soif de toi,
Seigneur, mon Dieu !
 (cf. Ps 62, 2b)

DEUXIÈME LECTURE

« Présentez votre corps en sacrifice vivant » (Rm 12, 1-2)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même » (Mt 16, 21-27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

Homélie pour le 22e Dimanche du temps ordinaire.

Lorsque quelqu’un se plaint et pleurniche sans cesse on appelle cela des Jérémiades. Nous savons ce que c’est et peut-être que cela nous arrive parfois ou que nous en sommes témoins. Cela vient du Prophète Isaïe dont nous venons d’entendre un extrait. Il se lamente parce que son amour pour Dieu fait que les autres l’insultent ou se moquent de lui. La vie c’est vrai n’est pas toute rose et être chrétien nous expose parfois aux sarcasmes, à l’incompréhension ou à la tristesse de ne pas parvenir à vivre cet idéal de vie ou à le faire partager.

L’Evangile nous confirme que lorsqu’on veut suivre Dieu il faut accepter de porter sa croix. C’est-à-dire qu’on rencontre des obstacles, des oppositions, des souffrances parfois comme en a connu le prophète Jérémie et Jésus après lui. Alors est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux finalement vivre sans Dieu pour avoir moins de problème, faire comme tout le monde sans trop penser à la religion.

Surtout pas nous dit St Paul : Ne prenez pas pour modèle le monde présent mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu ce qui est parfait… Parfait pour vous, c’est-à-dire ce qui vous rendra vraiment pleinement heureux.

Renouveler notre façon de penser voilà la clé pour porter joyeusement sa croix et persévérez dans la voie du bien, la recherche de la paix et de la justice même quand cela n’est pas reçu ou reconnu. Ne vous préoccupez pas de ce que les autres pensent ou disent de vous, ni des difficultés, des moqueries et incompréhension, tout cela est inévitable et Dieu ne le veut pas mais pensez plutôt que ce peut être une occasion de vous rapprocher de Dieu en lui confiant cela et en lui ressemblant davantage en ne renonçant jamais à l’espérance et à la bonté.

C’est cela qui rend vraiment heureux. Essayons donc en ce début d’année de renouveler notre façon de penser et de voir le monde, non plus négativement, dans la critique mais en restant toujours positif, en adoptant sur toute chose le regard aimant de Dieu plutôt que le regard du monde qui juge compare et critique. Libérons-nous de cela, passons outre les moqueries ou le mal qu’on nous fait pour ne voir qu’au-devant de nous le bien à accomplir. Cessons d’interpréter les choses ou de prêter des intentions aux autres et nous nous en trouverons mieux. Nous cesserons bien vite les Jérémiades qui souvent empoisonnent nos journées pour entrer dans la simplicité du don de soi en ne comptant que sur Dieu. Ainsi en nous oubliant nous-mêmes, nous gagnerons notre vie, nous trouverons le vrai bonheur de nous savoir aimés de Dieu et de n’agir au fond que pour être ensemble avec lui.

PREMIÈRE LECTURE

« Je mettrai sur mon épaule la clef de la maison de David » (Is 22, 19-23)

Lecture du livre du prophète Isaïe.

PSAUME

(Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6.8bc)

R/ Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
 (cf. Ps 137, 8)

DEUXIÈME LECTURE

« Tout est de lui, et par lui, et pour lui » (Rm 11, 33-36)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Je te donnerai les clés du royaume des Cieux » (Mt 16, 13-20)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

Homélie pour le Dimanche 21 TOA

Le pouvoir des clés

 

Jésus confie à Pierre les clés du Royaume des cieux, comme le Seigneur le fit à Eliakim du temps d’Isaïe. Et nous retrouvons encore la même expression en Ap3,7 : S’il ouvre nul de fermera, s’il ferme, nul n’ouvrira. Ce signe des clés est l’emblème du pouvoir messianique qui délie du mal pour relier à Dieu. C’est une image du Salut que le Christ nous a acquis par sa croix et qu’il remet à son Eglise par les sacrements. Le baptême tout d’abord qui nous arrache des griffes du diable pour faire de nous des fils et filles de Dieu dans une alliance d’Amour. L’Eucharistie ensuite qui nous nourrit de cette vie divine, la réconciliation et le sacrements des malades qui nous restaurent quand cette alliance est blessée ou rompue, la confirmation, l’ordre et le mariage qui nous engagent enfin sur ce chemin de libération.

 

Dans l’Eglise nous disposons ainsi de tous les moyens du Salut. Nous avons les clés du Royaume. Et nous voyons que c’est la Foi de Pierre qui lui donne ces clés. La Foi en Jésus Christ nous libère des ténèbres du mal et de l’ignorance sans espérance, et nous disposnons dès lors de tout ce qu’il nous faut dans l’Eglise pour demeurer fidèlement attachés à l’Amour de Dieu, source de vie et de liberté. Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu reconnait St Paul en considérant tout ce dont Dieu nous a pourvus pour que parvenions à la Gloire de son éternité. Demandons-nous cependant si nous recevons vraiment ces bienfaits ? Qu’en faisons-nous ?

 

L’orgueil de Shebna le prive du pouvoir. L’ignorance ou le manque d’intelligence des gens ne leur permet pas de reconnaitre en Jésus le messie. Il nous faut donc faire preuve d’humilité et nous montrer attentifs à sa Parole pour proclamer comme Pierre la foi qui nous ouvre au trésor de ses grâces. Nous pourrions ainsi prendre la résolution en ce début d’année de cultiver notre vie sacramentelle par exemple en méditant sur les promesses de notre baptême, en nous confessant plus régulièrement ou en redécouvrant par un engagement concret le sens de notre mariage.

 

Nous découvrons dans ces lectures que Dieu nous libère en nous liant à lui, mais il nous revient d’entretenir cette relation car Dieu ne peut nous sauver sans notre adhésion. Que cette Eucharistie vienne donc fortifier le lien de notre charité et conforte notre communion avec les Ciel. Amen.

 

PREMIÈRE LECTURE

« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l'Apocalypse de saint Jean.

PSAUME

(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)

R/ Debout, à la droite du Seigneur,
se tient la reine, toute parée d’or.
 (cf. Ps 44, 10b)

DEUXIÈME LECTURE

« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens.

ÉVANGILE

« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc.

 

ASSOMPTION 15 Août 2023

 

« C’est quoi, la fête de l’Assomption ? » Pour répondre à cette question, permettez-moi un peu d’histoire. Dieu veut envoyer son Fils, sauver le monde. Il va lui choisir une mère. Il la veut belle, il la veut libre, il la veut disponible. Comment faire puisque les hommes ont refusé l’Amour de Dieu et se sont rebellés contre Dieu et que Marie doit naître parmi eux ?

 

Si Marie naît chez les hommes, elle sera elle aussi touchée par le péché, elle en sera solidaire. Alors Dieu, par une grâce spéciale, va préserver Marie et lui faire la grâce de répondre toujours parfaitement à la volonté de Dieu. Elle sera le chef-d’œuvre de Dieu : Celle qui dira toujours "OUI" à tout ce que Dieu lui demande. Notez bien qu’elle reste libre : c’est par amour qu’elle obéira à Dieu.

 

Très tôt, dans l’Eglise en 431, au Concile D’Éphèse, va déclarer Marie "Mère de Dieu" : une Mère sans aucun refus, sans aucun péché. Elle a été conçue immaculée. Le Pape Pie IX proclama le 8 décembre 1854.  Le dogme de L’Immaculée Conception. N’oublions pas que 4 ans plus tard, Marie elle-même déclarait à Bernadette à Lourdes : « Je suis l’Immaculée Conception ! »

 

Donc Marie a été préservée du péché. De ce fait elle ne pouvait pas connaître la mort, puisque la mort est une conséquence directe du péché. Mais alors, à la fin de sa vie, qu’est devenu le corps de Marie ? Certains parlent de dormition. C’est le Pape Pie XII, qui, le 1er novembre 1950 déclara : « Nous affirmons, nous déclarons et nous définissons comme un dogme (c’est-à-dire une vérité que les chrétiens doivent croire,) que Marie, après avoir achevé sa vie sur terre a été enlevée en son corps et en son âme, à la gloire du ciel. » Après son Fils, Marie est la première à terminer son parcours terrestre.

 

Mais pourquoi donc, en ce jour, la liturgie nous propose le Magnificat à notre méditation ? Marie, par sa vie de confiance, d’Amour et de disponibilité est le modèle de tous les chrétiens. Elle dira sans hésiter son "OUI" à la volonté de Dieu.

 

À l’Annonciation, l’ange lui dit que sa vieille cousine est enceinte, Marie va se rendre aussitôt près d’elle : « Avec empressement, » nous dit l’Evangile. Elle nous montre par là que le service aux autres n’attend pas : on a besoin d’elle, elle part. « Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein. »

 

Marie rayonne sa foi, sa confiance en Dieu. Et cette foi, elle ne laisse pas indifférents ceux qui s’approchent d’elle. La foi du chrétien, notre foi, devrait, elle aussi, se voir, se sentir. Au Baptême, le prêtre a marqué chacun de nous avec le Saint Chrême, en nous disant je te fais prêtre prophète et roi ne serait-ce pas pour que nous portions partout la bonne odeur de Jésus-Christ ?

 

Je voudrais souligner aussi quelques phrases dans cette prière du Magnificat : « Les orgueilleux seront dispersés, les puissants repartiront les mains vides… » Quelle révolution ! Oui, avec Jésus, avec Marie, c’est une révolution qui va bousculer le monde. C’est la révolution de l’Amour. Une révolution qui ne fait aucune victime, mais qui ne sème que du bonheur autour d’elle.

 

Avec Marie, redisons ce "oui" qui a fait d’elle le chef d’œuvre de Dieu. Comme elle, acceptons les imprévus de Dieu. Marie nous entraîne dans son sillage de foi, d’Amour et de fidélité. Suivons-la, elle veut nous introduire là où elle règne, aujourd’hui : dans le Royaume de son Fils.

 

Bonne fête à vous tous !

   

 

 

PREMIÈRE LECTURE

« Tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur » (1 R 19, 9a.11-13a)

Lecture du premier livre des Rois.

PSAUME

(Ps 84 (85), 9ab-10, 11-12, 13-14)

R/ Fais-nous voir, Seigneur, ton amour,
et donne-nous ton salut.
 (Ps 84, 8)

DEUXIÈME LECTURE

« Pour les Juifs, mes frères, je souhaiterais être anathème » (Rm 9, 1-5)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux » (Mt 14, 22-33)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

19ème DIMANCHE ORDINAIRE A 2011

 

« Le voyant marcher sur les eaux, les disciples furent bouleversés et la peur leur fit pousser des cris : c’est un fantôme ! ». Vous admettrez que ce n’est pas habituel de voir quelqu’un marcher sur les eaux. Imaginez la scène : au milieu du lac, la nuit, Pierre et les Disciples sont dans la barque, la houle est forte ; et Jésus marche vers eux... « N’ayez pas peur, c’est moi ! » Pierre y va au culot. « Si c’est toi, Seigneur, ordonne-moi de venir à toi en marchant sur les eaux. – Viens ! » Pierre a une confiance totale en son ami Jésus, c’est pourquoi il n’hésite pas un instant. Il enjambe la barque et se trouve sur l’eau. Il fait quelques pas sur l’eau, mais les vagues sont si fortes qu’il prend peur. Il détourne sa vue de Jésus et se met à regarder ses pieds ; c’est là qu’il commence à s’enfoncer dans l’eau : « Seigneur sauve-moi ! »

 

Ce récit mérite quelques explications, c’est plus qu’un récit, c’est un enseignement. Le lac, c’est le monde. La barque avec les Disciples, c’est l’Eglise : une Église qui est ballottée par les vagues, poussée d’ici, de là par les vents contraires et tous, nous sommes dans la barque, pas très rassurés quelques fois... Jésus est là, tout près, et comme bien souvent, nous ne le reconnaissons pas, nous le laissons s’éloigner parce que nous sommes préoccupés par nos richesses, nos affaires d’ici bas, parce que notre cœur n’est pas attentif ou voilé par des soucis qui n’ont rien à voir avec Dieu, ou tout simplement par nos refus d’amour. C’est tout cela qui nous met la peur au ventre, comme les Apôtres. Nous le prenons pour un fantôme.

 

Pourtant, Jésus nous fait signe : « C’est moi, n’ayez pas peur ! » A cet appel notre courage renaît : plus de peur, plus d’hésitation. Nous nous sentons même capables de réaliser de grandes choses...  « Si c’est toi Seigneur, permets que j’aille vers toi  en marchant sur les eaux... » « Viens ! » 

 

Le Seigneur nous a pris au mot nous aussi, et nous voilà partis...Et avec l’aide du Seigneur, ça marche ! Je suis capable de réaliser de grandes choses. Mais, hélas, le monde qui m’entoure a vite fait de me reprendre dans ses filets, dans ses tentations et dans ses peurs... J’en oublie le Seigneur, et voilà que seul, au milieu de ce monde, je ne marche plus sur les eaux ; j’enfonce ! Je suis perdu, « Seigneur sauve-moi ! » Heureusement, le Seigneur était là, il me ramène à la barque. « Homme de peu de Foi, pourquoi as tu douté » ?

 

Voilà notre image : j’entends le Seigneur me la rappeler comme un reproche : « Homme de peu de Foi, Pourquoi as tu douté ? « Pourquoi n’as  tu pas voulu continuer l’action que tu menais auprès des plus pauvres ? C’est vrai qu’il n’y avait pas beaucoup de résultat, mais j’étais là, avec toi et tu faisais du bien : tu portais  ma Parole et mon Amour ; sans même t’en rendre compte, le Royaume avançait ... « Homme de peu de Foi. » 

Je crois que l’évangile de ce dimanche est un appel que Dieu lance à l’homme. «  Viens ! » Sur le coup, nous sommes disposés à suivre Jésus, mais trop souvent nous le laissons passer ou nous l’oublions... « C’est moi, n’ayez pas peur ». On a tendance à rechercher Dieu dans les grandes tempêtes ou dans les ouragans, avec une orchestration qui annonce son passage, comme le prophète Elie ; alors qu’il passe dans le murmure d’une brise légère. Dieu ne se manifeste pas dans de grandes démonstrations mais il est présent dans chacune de nos vies, dans la simplicité de notre quotidien,  c’est à nous de le découvrir.

 

Demandons à l’Esprit d’ouvrir notre cœur à tous ces passages du Seigneur, de partir sur le monde avec lui en nous gardant bien de nous éloigner de lui. Nous pourrons ainsi réaliser des merveilles.

  

 

PREMIÈRE LECTURE

« Voici ton roi qui vient à toi : il est pauvre » (Za 9, 9-10)

Lecture du livre du prophète Zacharie.

PSAUME

(Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14)

R/ Mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !  ou :  Alléluia !
 (Ps 144, 1)

DEUXIÈME LECTURE

« Si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez » (Rm 8, 9.11-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 25-30)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

Homélie pour le Dimanche 14e TOA

 

La première lecture du livre de Zacharie nous présente Dieu comme libérateur, sous les traits d’un roi juste et victorieux pauvre et pacifique. On y reconnaitra facilement une préfiguration prophétique de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Mais de quoi nous libère -t’il de quoi est-il victorieux ? De l’emprise de la chair et de ses passions nous dit St Paul, pour nous donner de vivre selon l’Esprit, c’est-à-dire en étant maitre de nos passions, de notre psychologie de tout ce qui nous pèse intérieurement. Alors posons-nous intérieurement et sérieusement la question : Qu’est-ce qui aujourd’hui dirige ma vie ? Suis-je vraiment libre, pleinement maître de moi moi-même pour considérer ce qui m’entoure avec objectivité dans la pauvreté d’un regard simple et accueillant, pour poser un jugement lucide et vrai et agir en conséquence de manière juste et paisible ? Voilà ce que Dieu se propose de nous apporter, une vraie liberté intérieure là où peut être nous sommes dominés par nos émotions, paralysés par la peur, enfermés dans la tristesse, étouffés par la colère et le ressentiment, frustrés d’un besoin non reconnu ou encore pris par une habitude néfaste, un désir mal ajusté.

 

Jésus nous propose 3 moyens pour reprendre le contrôle de notre vie et trouver le repos pour notre âme. Voilà qui est bon à entendre au début de cette période de vacances où nous aurons tout loisir de mettre ces conseils en pratique pour exulter de joie comme une heureuse fille de Sion et chanter les bienfaits du Seigneur comme le psalmiste.

 

Le premier conseil, c’est l’humilité. « Ce que tu as caché aux sages et aux savants tu l’as révélé aux tout-petits. Je suis doux et humble de cœur ». Laissons tomber nos certitudes, notre orgueil, notre volonté de toute puissance, de tout gérer et dominer. Apprenons à recevoir pauvrement ce qui nous est donné de vivre dans l’action de grâce avec la simplicité d’un enfant. Cessons d’interpréter, de juger ou critiquer en nous faisant la mesure de toute chose, mais accueillons avec douceur chaque évènement en adoptant sur toute chose le regard de bonté du Seigneur. « Jésus doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au votre » pourrions-nous répéter à longueur de journée surtout lorsque nous sommes confrontés à une contrariété.

 

Ensuite, Jésus nous invite à venir à lui : « venez à moi vous tous qui peinez sous le poids de fardeau et moi je vous procurerai le repos ». Avons-nous pensé à présenter nos problèmes à Jésus dans la prière ? Avons-nous lu, écouté, cherché sa parole ? Sommes-nous en chemin avec lui pour le rencontrer, le connaitre et l’aimer ? Dans la vie du Christ, modèle de la vie chrétienne, il n’y a pas d’inertie, il n’y a que du mouvement, c’est une vie de rencontre, d’ouverture, de dialogue, de conversion permanente. Sommes-nous sur ce chemin dynamique de croissance et d’épanouissement qui se laisse surprendre et dérouter ou bien nous sommes-nous arrêtés sur la route pour bouder ou vaincus par la lassitude et le découragement ? Jésus nous demande simplement un peu de bonne volonté : faire un tout petit pas vers lui, lui vider notre sac pour qu’il le prenne sur lui. Les vacances ne sont donc pas un temps pour ne rien faire mais au contraire pour se ressourcer en Dieu et recevoir de lui la force d’avancer. Osons nous remettre ainsi en vérité face à lui et écoutons dans le silence de la prière sa voix qui nous relève.

 

Enfin, Jésus nous dit « prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples ». Curieux commandement après nous avoir libéré de nos fardeaux, il nous charge d’un joug ! L’échange en vaut-il vraiment la peine ? Oui sans aucun doute, car ce joug qui sert à lier les bœufs ensemble nous lie à Jésus et nous fait avancer avec lui soutenu par lui. C’est le joug de l’Amour qui est le propre du disciple, c’est-à-dire de celui qui met ses pas dans ceux du Christ. Cherchons donc chaque jour quel bien accomplir ? Comment vivre de l’Amour du Christ et le transmettre ? Les retrouvailles en famille et entre amis peuvent être une belle occasion de nous renouveler dans cet exercice de la charité et de proclamation joyeuse de la foi.

 

Dans cette Eucharistie, Jésus vient à nous. Allons, nous aussi vers lui, humblement avec confiance, remettons lui tout soucis du monde et laissons-nous transfigurer par son amour, alors, suivant ses conseils d’humilité, d’abandon et de service, nous recevrons de lui le repos et la joie qu’il accorde à ceux qui l’aiment et marchent à sa suite. Amen.

PREMIÈRE LECTURE

« Voici ton roi qui vient à toi : il est pauvre » (Za 9, 9-10)

Lecture du livre du prophète Zacharie.

PSAUME

(Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14)

R/ Mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !  

DEUXIÈME LECTURE

« Si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez » (Rm 8, 9.11-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 25-30)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

14ème DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

 

« Père du ciel et de la terre ! » Jésus prie son Père, l’Evangile nous permet d’entrer dans sa prière. Jésus est venu chez nous, il nous a dit que Dieu était son Père et notre Père. Avez-vous remarqué, cette prière est une prière de louange. La louange est la plus belle de toutes les prières parce qu’elle est gratuite, elle n’a rien à demander : « Père, je proclame ta louange, je chante ta beauté, tu es bon, tu ne désires que notre bonheur, je n’ai rien à te demander mais je suis heureux de te connaître, je suis heureux d’être ton Fils, je me réjouis de tout le bien que tu fais aux hommes… » Voilà, sans doute, ce que disait Jésus dans sa prière.

 

Nos prières à nous, se résument  à demander, à quémander ce dont nous avons besoin. On va s’arrêter devant la statue de St Antoine de Padoue ou de Ste Rita les implorer pour des causes perdues… Même nos prières universelles du dimanche sont souvent intéressées ; les cierges que nous faisons brûler sont d’autant plus gros que la demande que nous faisons est importante : « Seigneur si tu me fais telle grâce je te promets… » Tout cela devient du marchandage, du chantage. On est bien loin de la prière de Jésus.

 

« Tout m’a été confié par mon Père. » Parce qu’il est Fils de Dieu, il a en lui toute la force de la divinité ; parce qu’il est homme accompli, il représente toute notre humanité. C’est pour cela que Jésus n’a pas fini de nous étonner : « Il possède en lui la plénitude de la grâce. » La première lecture le proclame, il est le prince de la paix : «  Il fera disparaître les chars de guerre, il brisera l’arc de la guerre. »

 

 La deuxième lecture nous dévoile la cause de cette force intérieure  force que nous aussi nous pouvons prétendre posséder : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, il vous donnera la vie. »

 

« Tout m’a été confié par mon Père. » Nous ne pouvons pas regarder Jésus sans nous émerveiller de sa délicatesse, de toute son attention aux autres, en un mot, de tout son sérieux vis à vis de sa mission. Mais  il n’a pas hésité à nous dire aussi toute l’exigence de notre vie avec son Père et avec nos frères. « Vous donc soyez parfaits comme le Père du ciel est parfait » « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes viens et suis moi… »

 

En même temps, Jésus nous révèle toute la miséricorde du Père, rappelez vous, c’est par un regard que Jésus va pardonner la trahison de Pierre. Et aussi lorsqu’il était en train de mourir sur la croix : «  Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

 

« Tout m’a été confié par mon Père. » C’est le Père qui donne à Jésus  toute cette délicatesse qu’il nous montre tout au long de sa vie. C’est l’Esprit qui l’habite et qui lui donne la force de réaliser sa mission au milieu de nous Jésus veut nous la transmettre cette force, cette délicatesse cette vie de Dieu, pour l’accueillir, une seule chose est nécessaire, se faire tout petit devant lui. « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits. »

 

Seigneur, devant toi aujourd’hui, nous voulons nous faire tout petits alors tu pourras nous combler de tes richesses, de tes grâces, nous donner ton Esprit et enfin nous faire découvrir le bonheur de ton royaume et la joie de ton amour.

 

PREMIÈRE LECTURE

« Celui qui s’arrête chez nous est un saint homme de Dieu » (2 R 4, 8-11.14-16a)

Lecture du deuxième livre des Rois.

PSAUME

(Ps 88 (89), 2-3, 16-17, 18-19)

R/ Ton amour, Seigneur,
sans fin je le chante !
 (Ps 88, 2a)

DEUXIÈME LECTURE

Unis, par le baptême, à la mort et à la résurrection du Christ (Rm 6, 3-4.8-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui vous accueille m’accueille » (Mt 10, 37-42)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

Homélie pour le 13e dimanche TOA

 

Toute vie vient de Dieu. Dieu est le principe de la vie et la conduit à son plein épanouissement. Nous l’oublions souvent en considérant notre existence comme un dû, une évidence, un simple fait… on est là, point… et l’on passe à côté du sens de la réalité de notre être là. Or, les lectures d’aujourd’hui nous le rappellent, nous ne sommes pas là par hasard, ni pour rien. Nous existons par la volonté de Dieu comme le signifie Elisée en annonçant à ce vieux couple la naissance d’un enfant comme fruit de leur bonté envers le prophète. Nous tenons notre vie de l’Amour du Seigneur qui donne la vigueur et la joie à qui le reconnait et sait lui rendre grâce, chante le psalmiste. Par le Christ dit St Paul nous sommes appelés à mener une vie nouvelle non plus limitée par la mort due au péché mais promise à la résurrection dans la Gloire de sa résurrection. Et pour cela Jésus nous enseigne dans l’Evangile à renoncer à ce qui ne peut que mourir pour nous attacher à ce qui demeure pour l’éternité :

 

Aimer Dieu plus que tout ; Porter courageusement sa croix chaque jour ; Se donner généreusement au service de la Parole ; Accueillir chaque frère comme le Christ lui-même.

Voilà donc quatre points d’attention qui nous sont donnés pour nous conduire vers la joie parfaite du Royaume. Où en sommes-nous sur ce chemin ?

 

Dieu est-il premier servi ou vient-il après la vie de famille, le travail, le sport, les loisirs, le plaisir, seulement quand il nous reste un peu de temps ? Si nous le servons en premier, nous serons aussi servis prioritairement pour entrer dans sa béatitude sinon il nous faudra attendre de purifier nos attachements désordonnés. Pour nous entrainer à remettre de l’ordre dans notre vie en accordant la priorité à Dieu, prenons l’habitude de prier dès notre réveil. Que notre premier mouvement soit pour Dieu.

 

Ensuite, demandons-nous comment nous réagissons devant les difficultés, les souffrances et les frustrations ou les oppositions. Sommes-nous là toujours à nous plaindre, à râler ou critiquer ? Accueillons chaque évènement de notre vie, heureux ou malheureux dans l’action de grâce comme une opportunité d’aimer et de faire quelque bien. Imprimons sur notre visage un sourire simple et vrai en toute circonstance, alors nous serons heureux, non par un volontarisme tendu mais par une juste ouverture à la vie.

 

Interrogeons-nous aussi : à quoi dépensons-nous notre temps ? Est-ce que nous nous dépensons pour vivre des conseils évangéliques, pour connaître et annoncer la bonne nouvelle de Jésus Christ dans notre monde ? Qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera dit Jésus mais qui ne vit que pour ce monde se perdra. Préparons donc l’avènement du Royaume en nous efforçant dans nos lieux de vie à vivre de l’Evangile et à proclamer explicitement sans honte la vérité et l’Espérance contenus dans la Parole de Dieu qui donne tout son sens à notre existence en nous en révélant la finalité ultime.

 

Enfin, soyons tout accueil, toute bonté tout service. Savons-nous tendre la main vers nos frères ? Aller au-devant des misères ?  Chercher qui est seul autour de nous ? Proposer nos services à nos voisins, à la paroisse, dans une association de bienfaisance ? Spontanément sans attendre qu’on nous le demande. Sortons de nos égoïsmes et déployons un vrai sens communautaire et familial comme le Christ lui-même l’a fait en allant au-devant des besoins de ce monde. Alors il nous reconnaitra lorsque nous paraitrons devant lui. Car tout ce que vous avez fait au plus petit de mes frères c’est à moi que vous l’avez fait.

 

Voilà donc ce qui fait la valeur d’une vie vraiment humaine à la fois tournée vers Dieu et vers les autres pour que l’Amour qui vient de Dieu se répande dans le monde. Puissions-nous nous y employer avec zèle pour parvenir un jour ensemble dans les demeures d’éternité.

PREMIÈRE LECTURE

« Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte » (Ex 19, 2-6a)

Lecture du livre de l’Exode.

PSAUME

(Ps 99 (100), 1-2, 3, 5)

R/ Il nous a faits, et nous sommes à lui,
nous, son peuple, son troupeau.
 (Ps 99, 3bc)

DEUXIÈME LECTURE

« Si nous avons été réconciliés par la mort du Fils, à plus forte raison serons-nous sauvés en recevant sa vie » (Rm 5, 6-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Jésus appela ses douze disciples et les envoya en mission » (Mt 9, 36 – 10, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

Homélie pour le 11 e Dimanche du temps ordinaire A

 

Aujourd’hui nous fêtons un appel national, mais il y a peut-être un autre appel à entendre dans ces lectures qui soufflent un peu le chaud et le froid comme dans un ascenseur émotionnel. 

Dieu promet : si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, vous serez mon domaine, un royaume de prêtres, une nation sainte et pourtant Jésus constate un peu dépité : la moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux. C’est que nous n’avons pas su garder sa parole, ni demeurer fidèles à son alliance. Pourtant lui n’a reculé devant aucun sacrifice pour nous réconcilier avec lui, alors il nous redit aujourd’hui comment entrer dans cette promesse de vie bienheureuse: Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu pourquoi t’en glorifier dit ailleurs l’Ecriture et nous pourrions ajouter pourquoi le garder pour toi ? Pourquoi ne pas le partager ? En faire porter des fruits pour le plus grand nombre ? Le principe de gratuité est la base de relations humaines saines et équilibrées, justes et épanouissantes.

 

Parce que la gratuité c’est donner comme Dieu lui-même se donne. Elle nous fait donc à son image et nous établit comme canaux de sa grâce pour annoncer le Royaume, guérir, ressusciter, purifier, expulser les démons. Voilà tout ce que nous avons reçu à notre baptême et que Dieu nous invite à dépenser pour en profiter davantage. Car dans la vie spirituelle contrairement à notre compte en banque, plus nous dépensons, plus on s’enrichit. Plus on donne de l’amour, plus en en reçoit. Ne soyons donc pas avares des dons. Il nous appelle à coopérer à son ministère pour porter du fruit en abondance pour la vie du monde. Il nous appelle à transmettre comme ce propriétaire d’un château de famille du XVe qui dépensait tout son temps et son argent à l’entretien de ce patrimoine avec cette humble conscience de n’être qu’un transmetteur, un maillon dans la chaîne de l’Histoire. Nous sommes des serviteurs inutiles dit l’Evangile, mais si nous ne servons pas nous ne sommes plus qu’inutiles alors qu’à toute âge, en toute condition Dieu nous appelle à servir la vie, à transmettre plutôt qu’à garder comme des usuriers qui thésaurisent pour eux-mêmes. Donnons sans compter. Cet évangile des ouvriers de la moisson est souvent conçue comme un appel aux vocations sacerdotales et religieuses, mais il est plus que cela, c’est un appel universel à la vie et au service de la vie. Nous sommes à la fois le champ et les moissonneurs pour que la vie se déploie en abondance.

 

Par notre baptême, nous sommes porteurs de vie et cela devrait nous enthousiasmer, c’est-à-dire nous élever dans la substance même de Dieu. Mais trop souvent par crainte, nous n’osons pas déployer les dons reçus. Ayons de l’audace encore de l’audace et toujours de l’audace. Dieu s’en servira pour les plus grands biens. Pierre Giorgio Frassati était un jeune Italien amoureux de la montagne. A l’insu de son père agnostique il se dépense au service des pauvres des taudis de Turin, sans même que sa riche famille ne s'en aperçoive. Il fonde la compagnie de théâtre des types louches qui mêle amitiés spirituelles et plaisanteries. Il s’engage en politique pour la défense de la paix devant la montée du franquisme sans compter son temps. Une maladie le foudroie à 24 ans et la foule des pauvres qui vient à son enterrement révèle son apostolat caché. Il est déclaré bienheureux en 1990 et son corps est demeuré intact. Voilà quelqu’un qui a été un canal des dons de Dieu, qui n’a rien gardé pour lui mais s’est efforcé de déployer ses talents au service du monde. Et toi qu’as-tu fait de ton talent ? demande ailleurs Jésus.

 

Voilà un beau modèle d’audace qui ne s’arrête ni à ses propres limites ni à celles de son entourage mais s’efforce de déployer sa vie avec générosité sans se regarder lui-même. Apprenons de lui à nous dépenser sans compter, gratuitement et notre vie reçue de Dieu s’épanouira comme les blés dans les champs sous le soleil d’été et les moissonneurs ne manqueront pas d’en profiter. C’est ce que nous pouvons nous souhaiter au terme de cette riche année pastorale pour que les vacances qui approchent refassent nos forces pour que nous soyons tous des ouvriers zélés dans le champ du Seigneur à la rentrée.

PREMIÈRE LECTURE

« Dieu t’a donné cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue » (Dt 8, 2-3.14b-16a)

Lecture du livre du Deutéronome.

PSAUME

(Ps 147 (147 B), 12-13, 14-15, 19-20)

R/ Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! (Ps 147, 12a)

DEUXIÈME LECTURE

« Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps » (1 Co 10, 16-17)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens.

SÉQUENCE

Cette séquence (ad libitum) peut être dite intégralement ou sous une forme abrégée à partir de : « Le voici, le pain des anges ».

ÉVANGILE

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 51-58)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean.

 

Homélie pour la fête du St sacrement du corps et du sang du Christ A

 

Dimanche après dimanche, nous venons communier. Machinalement nous recevons cette hostie un peu par habitude, sans trop y penser parfois, peut-être un peu négligemment ou de manière distraite…

Nous ne ressentons rien alors nous oublions le sens de ce saint sacrement du corps et du sang du Christ livré pour nous.

Alors, pour nous renouveler dans ce sacrement, 4 enfants vont recevoir aujourd’hui pour la première fois et pour redonner du sens à notre foi que les jeunes vont professer, la parole de Dieu nous rappelle la réalité efficace de sa présence dans notre vie à travers une image, le souvenir d’un évènement précurseur de l’Histoire de l’humanité :

Imaginons-nous un instant dans un désert vaste et redoutable, réduits en esclavage, des chaines au cou, pauvres et nus, souffrant de la faim et de la soif, épuisés par une longue marche sous un soleil brulant, sur une terre aride et sèche, sans horizon, que l’immensité d’un sol vide et d’un ciel lourd, menacés inlassablement par des serpents et des scorpions venimeux. Mais de quoi parle -t’on ici ? De nos vies chers frères et sœurs, de notre passage sur la terre dont  le désert des hébreux est une figure. Les serpents et scorpions, ce sont les tentations, l’aridité et la soif, ce sont tous nous désirs insatisfaits, la faim, c’est notre besoin d’aimer et d’être aimé, la solitude terrifiante sans but, c’est le monde sans Dieu, privé d’espérance, l’esclavage ce sont toutes nos fausses idoles, nos mauvaises habitudes faiblesses et addictions.

Mais de ce désert, Dieu vient nous délivrer, il nous donne l’eau de son sang, la manne de son corps pour que nous puissions traverser cette épreuve, en être victorieux et parvenir aux rives de la terre promise, la vie éternelle, bienheureuse. Telle est notre foi que nous allons tout à l’heure proclamer ensemble. Tel est l’aliment vital de nos âmes qui nous met en communion au corps de Jésus sauveur, les uns avec les autres, comme dans une longue chaine de sauvetage qui nous conduit au ciel dans la communion des saints.

Dimanche après dimanche nous communions au corps et au sang du Christ qui nous sauve de la perdition. Penserions-nous passer une semaine sans manger ? Non bien sûr, notre corps en serait trop affaibli et finirait par en mourir. Il en va de même pour nos âmes. L’Eucharistie est vitale et nous avons besoin de cet aliment spirituel chaque dimanche pour nourrir notre âme et lui redonner la vigueur nécessaire pour parvenir à la vie éternelle. Jésus nous le dit bien dans l’Evangile : celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. Si vous ne mangez pas la chair du fils de l’homme et ne buvez pas son sang vous n’avez pas la vie en vous.  

Alors recevons le Christ réellement présent sous l’apparence du pain non seulement avec gratitude et respect mais aussi comme le secours indispensable  pour demeurer en lui et lui en nous et vivre éternellement. C’est une question de vie ou de mort à laquelle nous ne pouvons rester indifférent.

Renouvelons-nous dans cette foi eucharistique en prenant aujourd’hui l’engagement de participer à la messe chaque dimanche, en veillant à ce que notre attitude extérieure favorise notre dévotion intérieure, à ce don vital que Dieu nous accorde, par exemple en nous mettant à genoux pour la prière eucharistique, en recevant avec amour ce pain de vie qui est Dieu lui-même livré pour nous, en examinant notre conscience pour ne pas risquer de le recevoir indignement avec la culpabilité d’une faute grave non confessée, et tout autre moyen personnel pour nous disposer à puiser généreusement à la source de vie qu’est le corps et le sang du Christ.

Dieu vient à notre secours avec une infinie miséricorde et une inlassable tendresse, sachons simplement lui ouvrir notre cœur pour recevoir de lui la vie en abondance. Amen

PREMIÈRE LECTURE

« Dieu t’a donné cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue » (Dt 8, 2-3.14b-16a)

Lecture du livre du Deutéronome

PSAUME

(Ps 147 (147 B), 12-13, 14-15, 19-20)

R/ Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! (Ps 147, 12a)

DEUXIÈME LECTURE

« Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps » (1 Co 10, 16-17)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 51-58)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

LE SAINT SACREMENT 2023A

 

Jésus nous a dit : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Et après cela, il nous quitte : c’est surprenant ! Tout d’abord, posons-nous la question : est-ce que Jésus est vraiment parti ? Son corps pareil au nôtre n’est plus là, c’est vrai. Jésus avait terminé sa vie, sa mission chez nous. Mais, n’oublions pas, Jésus ressuscité n’est plus le même. Sa présence n’est plus évidente, elle ne tombe pas forcément sous nos sens...

Tenez, dans la prière, il est bien présent : « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ».

Il est bien présent, chaque fois qu’on accomplit le moindre petit geste d’amour envers nos frères : « Où sont Amour et Charité, Dieu est présent ».

Il est  bien présent dans l’Evangile : n’est-il pas appelé la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu ?

 

Mais il est une présence de Jésus Fils de Dieu qui dépasse toutes les autres : c’est celle que nous fêtons aujourd’hui. C’est la présence de Jésus dans l’Eucharistie... S’il y a un sacrement qui nous est familier, c’est bien celui de l’Eucharistie qu’on appelle communément la Messe. Là, nous sommes invités à une rencontre extraordinaire : une fête, chez Dieu. Nous nous préparons dans la joie, nous attendons avec impatience…

 

Me voilà donc en route pour la Fête-Dieu comme on l’appelait autrefois. Le repas nous est offert. Il parait que le menu est spécial. Ni entrée, ni poisson, ni viande mais seulement du pain, du vin…Si on me demande ce que j’ai mangé à ce repas de Dieu, ça va faire drôle. Je répondrai : «  Oh c’était très simple, un petit bout de pain et un peu de vin… Mais pour l’ambiance, c’était super. On a partagé ce repas dans la joie et la fraternité. Une vraie fête de famille. »

 

Du pain, du vin sur lesquels Jésus a dit : « Prenez, mangez, ceci est mon Corps ; prenez, buvez, ceci est mon Sang, le Sang de la nouvelle Alliance. Faites ceci en mémoire de moi ». Vous imaginez la profondeur de ces paroles. Elles sont difficilement compréhensibles, surtout que rien ne se passe extérieurement ; on ne peut soupçonner la grandeur de ce mystère que dans la Foi. On est obligé de faire confiance à Celui qui nous a dit ces paroles.

 

Chaque fois que nous participons à ce repas il n’est plus seulement avec nous, il devient nous. Il nous nourrit. Mieux encore, il est tellement grand, Lui, le Fils de Dieu que nous devenons Lui. Nous vivons de sa Vie. « Celui qui mange ma chair et boit mon Sang a la Vie en lui ».

 

Vous voyez la grandeur de ce mystère que nous célébrons chaque dimanche, chaque jour dans, l’Eucharistie... Nous nous trouvons tout petits devant la grandeur de ce mystère, et la liturgie nous fait dire « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ». Peut-être que nous aurions même la tentation de nous éloigner de ce Sacrement parce que nous nous trouvons indignes... On aura beau s’agiter dans tous les sens, on ne se sentira jamais dignes de recevoir notre Dieu, de participer à sa Vie ; mais si c’est Dieu lui-même qui nous invite, pouvons-nous lui refuser ? Pouvons-nous juger les bontés du Seigneur à notre égard ?...

 

Alors mangeons le Corps du Christ, buvons son Sang. Pour ne pas tomber dans la routine qui nous ferait approcher de ce mystère sans même y penser, il est bon de recevoir le Corps et le Sang du Christ  comme si c’était la première fois. Dieu se donne à nous, nous deviendrons plus forts pour nous donner à nos frères.

PREMIÈRE LECTURE

« Le Seigneur, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux » (Ex 34, 4b-6.8-9)

Lecture du livre de l’Exode.

CANTIQUE

(Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56)

R/ À toi, louange et gloire éternellement ! (Dn 3, 52)

DEUXIÈME LECTURE

« La grâce de Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit » (2 Co 13, 11-13)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens.

ÉVANGILE

« Dieu a envoyé son Fils, pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 16-18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

Homélie pour la fête de la sainte trinité A

 

Dieu est Amour et comme on ne peut aimer seul, Dieu bien qu’unique n’est pas seul. Il est Père source, principe, Fils sauveur et donateur de vie, Esprit de communion fraternelle. Que comprendre de cet admirable mystère de la vraie foi ? Rien.

Il n’y a rien à comprendre mais à recevoir. Il s’agit de vivre de ce mystère de l’Amour qui se communique à nous.

Reconnaitre la gloire de l’éternelle trinité adorer son unité dans sa toute-puissance comme dit la collecte de cette fête c’est tout ce que nous avons à faire. C’est ce que fait Moïse en se prosternant, c’est ce que fait Daniel dans son cantique de louange, mais ultimement cela doit nous mettre dans la joie d’une vraie communion fraternelle comme le dit St Paul. Voilà comment vivre de ce mystère. Soyez toujours dans la joie dit St Paul à ses frères de Corinthe, parce que Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils pour que croyant en lui nous obtenions la vie éternelle.

Cette bonne nouvelle selon St Jean est une vraie source de joie. Non seulement parce que nous savons que la mort n’est pas un terme qui rendrait la vie absurde mais aussi parce que nous pouvons compter sur la miséricorde et la tendresse de Dieu qui n’est pas le juge austère qu’on se représente trop souvent mais un mendiant d’Amour. Il ne nous demande que de croire en lui, d’avoir confiance, de le recevoir de lui faire un peu de place dans notre vie en reflétant sa bonté dans nos rapports entre nous. Que tout notre agir soit marqué par ce qu’il est lui-même : amour paix justice bienveillance. Si vraiment la foi nous anime, comment ne pas être dans l’exultation d’une telle révélation si simple et apaisante, vivre selon la vie trinitaire, l’Amour même de Dieu ?

Mais il y a mieux encore, si nous savons nous en réjouir vraiment en vivant selon cette perfection de la charité fraternelle Dieu sera avec nous pour augmenter encore notre joie nous dit St Paul. La joie appelle la joie, soyez donc dans la joie et demandons la joie. Trop souvent nous abordons des airs austères sérieux ou sévères au moment de la prière ou lorsqu’on parle de Dieu alors que Dieu nous attend joyeux simples et légers.

Un jour j’ai participé à une soirée d’un groupe charismatique où l’Esprit saint s’est manifesté par un charisme de joie. Tout le monde riait de bon cœur sans savoir pourquoi simplement comme des enfants et je pense que le ciel aura cette allure-là. Dieu n’est pas triste pourquoi le serions-nous si nous vivons de lui ?

Demandons simplement que la Trinité se répande en joie dans nos cœurs, que notre communion fraternelle soit parfaite en rayonnant de cette joie trinitaire, que nous recevions cette révélation pour en témoigner en vérité et la diffuser par toute notre manière d’être autour de nous.

Voilà sans doute une dimension de notre foi à réinvestir : ne laissons pas l’ombre de nos existences terrestres malgré toutes les peines ternir la joie profonde de la promesse de partager l’éternelle béatitude du Père Fils et St Esprit. Amen

PREMIÈRE LECTURE

« Tous furent remplis de l’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

PSAUME

(Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)

R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit
qui renouvelle la face de la terre !

DEUXIÈME LECTURE

« C’est dans un unique Esprit que nous tous avons été baptisés pour former un seul corps » (1 Co 12, 3b-7.12-13)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie : recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 19-23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

Homélie pour la pentecôte

 

 La Pentecôte, c’est l’anti-Babel. Babel c’était cette tour que les hommes voulaient construire de leurs mains pour s’élever jusqu’à Dieu par eux-mêmes comme un défi lancé contre le ciel. En réponse à leur orgueil, Dieu mis la confusion dans leur langage ; ils ne se comprirent plus ils se dispersèrent et leur entreprise échoua. A la Pentecôte, c’est le contraire réunis par Dieu sous l’action de l’Esprit Saint les hommes s’entendent et se comprennent même s’ils sont de nations étrangères. Quelle est la morale de ces deux histoires opposées ?

 

Dieu rassemble et unit les hommes dans la paix, la justice, la vérité, l’amour comme il est dit dans le psaume 84,11 : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent ». Le fruit de cette action de l’Esprit c’est la joie d’une vraie communion fraternelle. Tandis que l’homme sans Dieu, qui l’ignore ou s’oppose à lui pour se faire lui-même Dieu, s’isole ou s’affronte avec ses semblables et se perd finalement lui-même. Laissant libre cours à ses mauvaises humeurs, les tempéraments de sa nature blessée par le péché il se retrouve finalement seul et triste. Nous le voyons chez les disciples pendant les quarante jours avant l’ascension du Seigneur alors qu’il ne leur a pas encore donné l’Esprit saint et nous reconnaissons dans leurs attitudes les quatre tempéraments identifiés par la médecine antique d’Hypocrate :

Marie Madeleine c’est la mélancolique, elle pleure seul dans le jardin et ses larmes l’empêchent de reconnaître le  Seigneur

Thomas le bilieux absent de la communauté doute s’interroge et demande des preuves tangibles.

Les disciples d’Emmaüs, flegmatiques abandonnent les disciples et quittent Jérusalem déçus et désespérés.

Pierre c’est le colérique, l’homme d’action, il ne se laisse pas abattre et retourne à son travail comme si de rien n’était.

Chacun s’en va son chemin sans joie selon son tempérament ou son mauvais caractère.

Mais l’Esprit de Jésus les réunit à nouveau dans la joie de la Pentecôte, 50 jours après la résurrection du Christ.  Jésus est en effet ce roi de justice et de paix attendu par les prophètes, il est la vérité et la vie donnée par Amour pour l’humanité. Et il se répand en nos cœurs par son Esprit. La Pentecôte c’est la diffusion de l’Esprit du Christ en tous ceux qui l’aiment pour les détourner d’eux-mêmes et les retourner ensemble vers Dieu. Il guérit des mauvais penchants qui nous isolent ou nous opposent en nous inclinant à recevoir en frères et sœurs les bontés de Dieu, le bonheur qui ne peut venir que de lui: l’Amour et la vérité, la justice et la paix qui sont les 4 valeurs de notre épanouissement vital venant corriger nos 4 tempéraments blessés par le péché.

 

Voilà le cadeau de la Pentecôte, voilà l’œuvre de la foi qui nous rassemble dans un même esprit saint, l’esprit du Christ, ferment de notre unité. Ce Christ que nous recevons dimanche après dimanche d’un même cœur dans l’Eucharistie c’est le ciment de notre communion fraternelle. Nous sommes par lui les pierres vivantes de son corps pour édifier ensemble la vraie tour qui nous conduit au ciel : non plus Babel mais l’Eglise. Avoir la foi, c’est s’ouvrir avec confiance à ce don de Dieu chaque dimanche qui nous élève dans la vie de son esprit en communion fraternelle. Cessons donc de construire des tours de Babel qui finiront toujours par s’effondrer et nous laisser les blessures amères de notre seule ambition matérielle égoïste.

 

Laissons-nous saisir et élever par la grâce de son Esprit. Chaque dimanche venons recevoir ce corps très saint du Christ qui nous rassemble dans son esprit pour nous élever dans sa Gloire et donner à notre vie un tout autre élan vers le ciel. Quittons le terre à terre du train-train quotidien pour nous ouvrir à l’action de l’Esprit Saint et entrer déjà dans l’éternelle béatitude. Osons nous laisser élever au-delà de nous-mêmes jusqu’en cette béatitude où Dieu nous appelle. Sous la motion de cet Esprit nourris chaque semaine par cette Eucharistie, œuvrons  pour la bonté et la paix, la justice et la vérité, afin qu’advienne le Royaume de Dieu dans notre communion fraternelle à son Corps dans ce même Esprit qui est dans le Christ.

Ayons l’ambition du ciel et nos projets de la terre auront la saveur de l’éternité. Amen. 

 

PREMIÈRE LECTURE

« Tous furent remplis de l’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

PSAUME

(Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)

R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit
qui renouvelle la face de la terre !

DEUXIÈME LECTURE

« C’est dans un unique Esprit que nous tous avons été baptisés pour former un seul corps » (1 Co 12, 3b-7.12-13)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie : recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 19-23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

PENTECÔTE A 2023

 

La fête de la Pentecôte, c’est la venue de l’Esprit saint que Jésus avait promis à ses amis : « Quand il viendra le Défenseur que je vous enverrai d’auprès du Père, il vous guidera vers la Vérité tout entière… »

 

Quand Paul arrive à Ephèse il demande à quelques croyants qui étaient là : «  Avez-vous reçu l’Esprit saint ? » La réponse arrive déconcertante : « Nous ne savions même pas qu’il y avait un Esprit saint » Il faut dire que l’Esprit c’est le grand inconnu, ou plutôt le grand oublié. Pourtant, il est présent dans nos célébrations : on vient de commencer cette célébration eucharistique  «  Au nom du Père et du Fils et du saint Esprit. » Dans la troisième prière eucharistique, son nom est prononcé treize fois. C’est beaucoup ! Il reste cependant le grand oublié…

 

Qui est l’Esprit saint ? Je ne peux pas répondre à une telle question, les grands théologiens eux-mêmes ont calé sur la réponse à donner. Le livre de la Sagesse dit qu’à l’origine,  « L’Esprit était là et il remplissait l’univers. » Jésus nous dit (c’est tout de même lui qui est le mieux placer pour en parler) : « Vous allez recevoir une Force d’en haut. Quand il viendra, lui, le Défenseur, il vous fera comprendre toutes choses.» Il nous parle aussi de l’Esprit de Vérité. Vous voyez Jésus lui-même multiplie les images, les noms pour mieux nous faire comprendre qui est cet Esprit.

 

En réalité cet Esprit il a de multiples fonctions. Il est tour à tour Défenseur, il est l’Esprit de Vérité, il est Dieu qui se donne et qui aime… Il est Souffle et Flamme, Chaleur qui réchauffe Fraîcheur qui apaise. On ne peut le nommer et pourtant il est bien présent dans la vie de la toute nouvelle Eglise. Avant sa venue, les apôtres s’enfermaient au cénacle. Ils avaient peur des Juifs, peur de proclamer la mort et la résurrection de Jésus. Sitôt qu’ils l’ont reçu, les voilà qui proclament  la venue du Royaume sur la place publique. 

Des disciples repliés sur eux-mêmes, il fait des prédicateurs irrésistibles. Il rassemble les foules. Il fait l’Eglise.

 

Par sa mort et sa résurrection, le Christ a sauvé le monde. Il faut que la nouvelle se sache… C’est l’Esprit qui dit les mots aux missionnaires. C’est Lui encore  qui ouvre les oreilles et le cœur des auditeurs…

 

Pas besoin d’être savant pour le comprendre et d’apprendre les langues, l’Esprit parle la langue de l’Amour, c’est la langue de Dieu qui rejoint tous les hommes. Au jour de la Pentecôte, ils étaient nombreux, pourtant chacun entendait les apôtres proclamer la Bonne Nouvelle dans sa langue maternelle.

 

Aujourd’hui encore c’est le même Esprit qui nous pousse à continuer  l’œuvre de Jésus. C’est le même Esprit qui habite des hommes des femmes, qui les pousse à se dévouer, se démener, à souffrir pour l’avancée du Royaume de Dieu. Tous, il nous habite tous, depuis le jour de notre Baptême. Il n’attend qu’un geste de notre part pour agir avec nous. Ce qui est certain c’est qu’il ne fera rien sans nous, mais si nous sommes décidés à faire quelque chose pour la Bonne Nouvelle Il sera là, et nous serons bien étonnés de voir ce qu’avec lui nous réaliserons.

 

Frères et sœurs, nous nous sentons faibles, petits, malades, incapables de prendre une place dans la vie de notre église : avons-nous seulement essayé ? Les apôtres eux aussi avaient peur, Avec l’Esprit, ils ont fait l’Eglise. Prenons conscience de cette Force qui sommeille en nous. Partons avec l’Esprit de Dieu, avec nous il veut réaliser des merveilles.      

PREMIÈRE LECTURE

« Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière » (Ac 1, 12-14)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

PSAUME

(Ps 26 (27), 1, 4, 7-8)

R/ J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.

DEUXIÈME LECTURE

« Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous » (1 P 4, 13-16)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre

ÉVANGILE

« Père, glorifie ton Fils » (Jn 17, 1b-11a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

Homélie pour le 7e dimanche de Pâques

Après le départ de Jésus les disciples désemparés doivent apprendre à apprivoiser cette douloureuse absence du maître et de l’ami qui les avait rassemblés, ou plutôt ils apprennent une autre modalité de sa présence dans la foi. La foi c’est en effet vivre de la présence réelle de Dieu dans l’absence de son évidence tangible. Elle est un don de Dieu qui nous situe dans la vie spirituelle et non seulement sensible et matérielle mais elle nécessite aussi l’adhésion de notre intelligence mue par la volonté dit St Thomas d’Aquin. Elle est une élévation de l’âme qui cherche à rencontrer Dieu, elle est un surcroit de vie, une plénitude bienheureuse qui ne peut se passer de notre coopération active à la grâce.

Voici donc comment les disciples l’ont appris et nous l’ont transmis pour que nous aussi puissions vivre de cette joie profonde que nous laisse le Christ :

 

D’abord, la prière commune : « Tous d’un même cœur étaient assidus à la prière » Pas de vie spirituelle sans rassemblement communautaire qui nous unifie avec Marie pour que nous formions en frères et sœurs le corps du Christ. Il se donne à la messe dans chaque Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne qui nous édifie ensemble dans son amour.

 

La foi se vit ensuite dans la conversion de notre agir : « que personne n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur, agitateur ». Etre chrétien, c’est être en toute circonstance un homme ou une femme de justice et de paix, plein de bienveillance et de sollicitude, car le Christ se rend présent en chacun de nos frères et sœurs à qui nous tendons la main ou offrons un sourire.

La foi se répand ensuite par la mission : « Que personne n’ait de honte mais au contraire que chacun rende gloire à Dieu pour le nom de chrétien ». La bonne nouvelle du Christ sauveur ne peut être gardée pour soi, elle se partage. Tous ceux qui ont participé aux WE missionnaire de notre doyenné peuvent témoigner de la joie que donne cette expérience concrète de  l’Esprit Saint. Malheur à moi en revanche, dit St Paul si je n’annonce pas l’Evangile. En boudant ces invitations, c’est le Christ lui-même qu’on ignore.   

 

Enfin, l’Evangile nous dit que la foi qui ouvre à la vie éternelle c’est connaitre le vrai Dieu et garder sa Parole en accomplissant ses œuvres de bonté. La foi se cultive, elle s’entretient par l’étude, la méditation, l’oraison silencieuse ou Dieu se donne dans un cœur à cœur intime avec celui qui l’aime et lui accorde du temps.

 

La messe, les bonnes œuvres, la mission, l’étude et l’oraison voilà tout ce qui soutient la foi que nous allons professer maintenant pour demeurer perpétuellement en présence de Jésus, sous le souffle de son Esprit, en chemin vers le Père. Voilà ce qu’il nous faut mettre en œuvre résolument et demander pour vivre en lui et lui en nous.

PREMIÈRE LECTURE

« Tandis que les Apotres le regardaient, il s’éleva » (Ac 1, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres.

PSAUME

(Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9)

R/ Dieu s’élève parmi les ovations,
le Seigneur, aux éclats du cor.

DEUXIÈME LECTURE

« Dieu l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux » (Ep 1, 17-23)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens.

ÉVANGILE

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 16-20)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

Homélie pour l’ascension

Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Lorsqu’il monte au ciel, Jésus nous indique le chemin pour le rejoindre, la destinée de notre vie, sa finalité ultime mais en même temps il tourne nos regards vers la terre. Le ciel ne se rêve pas, il se conquiert par notre labeur sur la terre. C’est ce que Dieu signifia à Adam et Eve après la chute en les avertissant : « c’est à la sueur de ton front que tu gagneras ton pain et toi tu enfanteras dans la douleur ». Loin de punir l’homme pécheur, il lui signifie la valeur rédemptrice de son travail et de sa fécondité. L’ascension nous donne donc le sens de la peine que nous prenons ici-bas. Nos efforts pour coopérer à la création de Dieu en accomplissant de bonnes œuvres par notre labeur, l’éducation, le soin des autres et de l’environnement nous élèvent et contribuent à édifier le Royaume de Dieu. L’esprit Saint nous est donné pour que nous ayons la force de nous engager dans cette entreprise et d’y persévérer : travailler pour un monde meilleur, plus juste et fraternel, lutter sans relâche contre le mal qui défigure l’humanité, se donner sans compter au service de la vie et de la vérité plutôt que d’accumuler pour soi seul ; voilà notre vraie dignité qui nous fait participer à l’œuvre de Salut accomplie par le Christ dans le don de sa vie. Voilà comment nous recevons les fruits de sa rédemption.

Jésus s’en est allé vers le ciel et il viendra de la même manière nous est-il dit. C’est-à-dire dans son humanité : l’homme est la route du Christ, la route de l’Eglise, notre route vers le ciel. C’est donc en gagnant en humanité que nous le croiserons sur notre chemin de vie au jour de son retour. C’est pour cela que nous prions aujourd’hui de manière particulière au  cours de la procession des rogations pour que le travail des hommes porte du fruit qui rende gloire à Dieu et subvienne au besoin de tous. Nous prions en ce jour de l’ascension pour retrouver ensemble la route de l’homme, pour que sous le souffle de l’Esprit Saint nous sachions remettre un peu d’humanité dans nos relations sociales et de travail, pour remettre l’humain au cœur des préoccupations économiques plutôt que la recherche systématique du seul profit. Nous prions pour que nous sachions cultiver en bons pères de famille la terre que Dieu nous confie et que par la grâce de Dieu elle nous en rende le bénéfice pour nous élever vers celui qui est la source de tout bien.

C’est vers cette source de l’Amour que nous nous tournons maintenant pour qu’ensemble nous apprenions de lui à resplendir de sa bonté et à la diffuser auprès de nos frères c’est tout le sens de ces missions paroissiales qui nous rassemblent dans l’amitié du Christ pour mieux l’aimer et le faire aimer. Que son Esprit Saint nous accompagne sur ce chemin d’humanité qui nous conduit au ciel et nous donne de porter les fruits que le Père attend pour la joie du monde.

PREMIÈRE LECTURE

« Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint » (Ac 8, 5-8.14-17)

Lecture du livre des Actes des Apôtres.

PSAUME

(Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20)

R/ Terre entière, acclame Dieu,
chante le Seigneur !

DEUXIÈME LECTURE

« Dans sa chair, il a été mis à mort ; dans l’esprit, il a reçu la vie » (1 P 3, 15-18)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre.

ÉVANGILE

« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur » (Jn 14, 15-21)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean.

 

Homélie pour le 6e dimanche de Pâques

Les Samaritains accueillent la Parole de Dieu proclamée par Philippe. Beaucoup se convertissent en voyant les signes qu’il accomplit: Délivrance, guérison, grande joie et unité de la foule. Voilà l’effet de la foi au nom du Seigneur Jésus en qui ils ont été baptisés. « Seulement… » est-il dit, comme si ce n’était pas suffisant…. On pourrait être choqué ou surpris de cette incise. Qu’y a-t-il de plus grand que le nom de Jésus ? On a vu dans cette imposition des mains par Pierre et Jean un fondement du sacrement de la confirmation qui confère l’Esprit Saint le don de Dieu, mais qu’ajoute-t’il au baptême ?

 

Dans les Actes on peut comprendre qu’il confère une aptitude au discernement car ces samaritains se laissaient encore abuser par les prodiges de Simon le magicien. L’Esprit Saint donne donc une maturité spirituelle qui permet de ne pas se laisser séduire par les signes sensibles mais qui ouvre à une foi plus profonde et plus personnelle. Dans le psaume on voit que l’Esprit ouvre à la louange, mais surtout, nous comprenons d’après la lettre de St Pierre et l’Evangile que l’Esprit Saint est nécessaire pour pouvoir rendre compte de l’espérance qui est en nous. Il donne l’intelligence des Ecritures, il rectifie notre conscience pour bien agir selon les commandements de Dieu. Il nous enseigne dans la vérité et nous défend contre l’adversaire. Il nous introduit dans la connaissance et la vie même de Dieu. C’est l’Esprit de Jésus qui nous vivifie, c’est par lui que nous le verrons vivant et que nous virons avec lui. Il est notre vie, la vitalité et la force de notre âme pour que nous demeurions en son Amour, inébranlables dans la paix et la confiance en Dieu.

A l’heure où Jésus va se soustraire à la vue de ses disciples, alors que nous-mêmes avons l’impression que Dieu est loin de nous, lorsque nous ne ressentons plus rien et que notre prière semble aride et vide ou que les tracas quotidiens nous submerge ; pour ces heures du doute et de l’absence, l’Esprit Saint est la force de la présence réelle de Dieu qui nous est donné. Il n’est pas un bonus de la foi, ni une option post baptismale, il est une nécessité vitale pour grandir dans la foi et demeurer en Dieu. Profitons donc de ces jours entre l’ascension et la Pentecôte : Si nous ne sommes pas encore confirmés engageons-nous sur un chemin vers cet accomplissement de notre initiation chrétienne, si nous sommes confirmés, renouvelons nous dans la grâce de ce sacrement en appelant l’Esprit Saint pour redemander les sept dons les neuf fruits dont nous avons besoin. C’est le temps de l’épanouissement, le printemps de l’Eglise auquel nous sommes invités à contribuer en nous laissant emplir de ces grâces dont Dieu veut nous combler pour aller par le monde entier porter la joie et la paix d’une vraie vie spirituelle qui seule peut combler le cœur de l’homme. C’est ce que nous serons appelés à vivre pendant tout le WE missionnaire de l’Ascension à Thodure, Roybon, St Siméon et St Etienne : laissons-nous donc renouveler dans l’Esprit de vie. Amen.

PREMIÈRE LECTURE

« Ils choisirent sept hommes remplis d’Esprit Saint » (Ac 6, 1-7)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

PSAUME

(Ps 32 (33), 1-2, 4-5, 18-19)

R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi !

DEUXIÈME LECTURE

« Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal » (1 P 2, 4-9)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre

ÉVANGILE

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 1-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Homélie pour le 5e dimanche de Pâques A

 

Avez-vous réservé votre place au ciel ? Jésus nous a préparé une place mais sommes nous en chemin pour y parvenir ? Quel est ce chemin ? Le Christ qui nous dit lui-même qu’il est le chemin qui conduit au Père. Or ce chemin, c’est celui qu’il prend en son incarnation. Il descend d’auprès du Père pour nous rejoindre dans notre humanité concrète avec ses joies et ses peines, dans le labeur comme dans les moments de détente conviviaux. C’est donc que le chemin qui nous conduit vers le Père ne peut-être autre que celui qui passe par nos frères puisque c’est celui que le Christ a pris.

Imaginez quelqu’un qui aurait une place pour un concert prestigieux ou un match de foot en finale de la coupe du monde et qui ne se donnerait pas la peine de s’y déplacer… C’est parfois notre attitude lorsque nous boudons les offres que Dieu nous fait pour le rejoindre : un sacrement : Dieu est là et nous attend, un service demandé par un parent ou un voisin : c’est Jésus qui appelle, un week-end missionnaire : c’est Dieu qui invite, un peu de temps libre : c’est encore Jésus qui frappe à la porte de notre cœur pour nous offrir un petit temps d’amitié avec lui dans la prière.

Quotidiennement, Dieu se présente ainsi à nous, mais nous ne le reconnaissons pas. Comme Philippe nous le pensons là où il n’est pas et nous ne le voyons pas dans nos frères et sœurs : Montre nous le Père et cela nous suffit… disons-nous avec une pointe de mépris, espérant du sensationnel. Vous ne le reconnaissez donc pas dans le petit, le pauvre ? Dans votre paroisse ? Votre famille ?

Ne rêvons pas Dieu au-delà de notre quotidien. Il est là chaque jour parce qu’il est, dit-il « Le chemin » de nos vies. Ne l’attendons pas ailleurs alors qu’il se donne en chaque occasion de vivre de l’amour même qu’il nous a donné. Trop souvent nous le négligeons parce-que nous sommes trop centrés sur nous-mêmes, indifférents aux opportunités multiples qui s’offrent de le suivre sur ce chemin du don de soi et d’ouverture aux autres. Nous voulons la place sans prendre le chemin…

Pourtant ne nous y trompons pas : « personne ne va vers le Père sans passer par moi » dit Jésus. Nous ne pouvons parvenir à la béatitude éternelle qu’il nous a réservée dans le ciel si nous ne nous engageons pas activement à sa suite dans une vie fraternelle de don de soi au service des autres et de la communauté comme le Christ lui-même l’a fait. C’est ce que signifie l’institution de diacres relatée par la première lecture : l’Eglise, corps du Christ a besoin que tous ses membres soient les serviteurs zélés de l’Evangile. C’est encore ce que dit Pierre dans la deuxième lecture en nous exhortant à être les pierres vivantes composant la construction de la demeure spirituelle. On entend parfois comme une excuse « Ô moi, je ne suis pas un pilier d’église… » Et que pensons-nous que nous serons alors dans les demeures éternelles si nous n’avons pas contribué ici-bas à l’édification du Royaume ?

Nous n’avons que notre vie sur cette terre pour nous mettre en chemin, en nous conformant au Christ dans une vie qui sorte de son confort égoïste pour s’ouvrir au monde. Ne boudons pas les propositions multiples qui nous sont faites de nous rassembler en famille de fraternités, de visiteurs à domicile, de convivialité en paroisse, de service en doyenné, en diocèse : ce sont autant de moyens de Salut. Sachons trouver en ces occasions notre place dans ce corps de notre Eglise locale en faisant les œuvres même que le Christ a fait dans la charité pour parvenir ensemble avec lui dans la Gloire de sa divinité.

Amen.

PREMIÈRE LECTURE

« Ils choisirent sept hommes remplis d’Esprit Saint » (Ac 6, 1-7)

Lecture du livre des Actes des Apôtres.

PSAUME

(Ps 32 (33), 1-2, 4-5, 18-19)

R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi !

DEUXIÈME LECTURE

« Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal » (1 P 2, 4-9)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre.

ÉVANGILE

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 1-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean.

 

5ème DIMANCHE DE PÂQUES 2023

 

Je suis sûr, qu’un jour ou l’autre, à l’occasion de funérailles, par exemple, vous vous êtes posé la question : Que deviennent tous ceux qui sont partis avant nous ? Moi-même, qu’est-ce que je vais devenir après ma mort ?  Aujourd’hui, dans l’Evangile, Jésus vient nous donner la réponse « Je pars vous préparer une place et là où je suis, je veux que vous y soyez vous aussi. » « Là où je suis, je veux que vous y soyez vous aussi. » Jésus nous invite. Il nous invite chez lui, dans son Royaume, chez son Père. Dimanche dernier il nous disait : « Je suis venu pour que les hommes aient la Vie et qu’ils l’aient en abondance. » Finalement Jésus nous invite à vivre la Vie-même de Dieu. Mais Dieu est amour. Nous sommes donc invités à nous plonger dans l’amour de Dieu, à devenir nous-mêmes amour de Dieu. « Nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est, » nous dit St Jean.    

 

C’est clair, l’homme est fait pour partager un jour, la vie de Dieu. Mais pour y arriver, il y a de nombreux chemins et on est perdus, dans ce labyrinthe, on se retrouve comme Thomas : « Seigneur, on ne sait pas où tu vas, comment saurions-nous le chemin ! » On est comme Philippe qui demande à voir le Père. En fait, Philippe n’a pas encore saisi l’identité de Jésus.

 

Que de fois, dans nos vies, nous ne savons pas trop quel chemin prendre. Que de fois, nous oublions que Jésus est le Fils de Dieu, qu’il est Dieu à part entière : « Le Père et moi nous sommes un. » Que de fois nous oublions que Dieu ne désire qu’une seule chose : que nous soyons heureux.

 

« Thomas, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ! » Jésus affirme qu’il est le seul chemin qui conduit au Bonheur. Déjà, dimanche dernier, il nous disait : « Moi, je suis la Porte, si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé. »

 

Ici, sur cette terre, on est en apprentissage de l’Amour. Le Bonheur, c’est ce que nous désirons le plus intensément. Même sans nous en rendre compte, toutes nos actions sont plus ou moins orientées vers la recherche du Bonheur. Mais il arrive aussi, très souvent que nous nous égarons, nous trouvons des plaisirs… mais pas le Bonheur. Jésus, lui, veut nous conduire au Bonheur. Il nous promet non plus une vie à l’essai, non plus une vie passagère qui laisse un goût d’insatisfait en nous ; mais il nous promet une Vie pleine d’Amour, une Vie réussie en totalité, une Vie qui ne finira jamais.

 

Et là, on peut lui faire confiance : « Je suis la Vérité ! » Nous venons de découvrir avec Philippe que Jésus est Fils de Dieu ; justement, parce qu’il est Dieu, il ne peut pas mentir. En plus, il nous aime beaucoup trop pour vouloir nous tromper.

 

Alors voilà, nous savons comment faire pour trouver la Porte, pour trouver le Chemin du Bonheur, nous pouvons faire confiance à Jésus. Il nous attend. Si nous voulons vivre de sa Vie, c’est vers lui que nous devons aller. Il nous a donné un moyen super pour suivre le chemin, comme un GPS : « Aimez-vous les uns les autres ! » Il nous a laissé des vivres pour la route : « Ceci est mon Corps ! » En plus il nous donne la force pour agir : cette force, c’est l’Esprit qui habite en nous depuis le jour de notre Baptême. Laissons-nous conduire par le Berger Jésus-Christ, il nous mène sur son chemin, jusqu’au Bonheur et, reprenons ce couplet que nous chantions dimanche dernier :

 

« Grâce et Bonheur m’accompagnent

Tous les jours de ma vie.

J’habiterai la Maison du Seigneur,

Pour la durée de mes jours. »

Homélie pour le 4ème dimanche de Pâques A. P. Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE

« Dieu l’a fait Seigneur et Christ » (Ac 2, 14a.36-41)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

PSAUME

(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)

R/ Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.
ou : Alléluia !
 (cf. Ps 22, 1)

DEUXIÈME LECTURE

« Vous êtes retournés vers le berger de vos âmes » (1 P 2, 20b-25)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre

ÉVANGILE

« Je suis la porte des brebis » (Jn 10, 1-10)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

Homélie pour le 4eme dimanche de Pâques A

Les brebis suivent le bon berger car elles connaissent sa voix mais elles n’écoutent pas les voleurs et les bandits. Le voleur ne vient que pour voler égorger et faire périr tandis que le bon berger vient pour que les brebis aient la vie en abondance. Mais saurons-nous discerner le bon berger des voleurs et des bandits ?  Avons-nous vraiment écouté la voix du Christ pour le reconnaitre quand il viendra et ne pas risquer d’être trompé par un usurpateur ?

« Prenez garde qu’on ne vous abuse car il en viendra beaucoup sous mon nom et ils abuseront bien des gens, des faux prophètes surgiront en nombre » prévient Jésus (Mt24,4 ;11). Aux « derniers jours surviendront de faux docteurs » (2P2,1). En vérité, « beaucoup d’antichrists sont déjà survenus et ils sont sortis de chez nous » (1Jn 2,18-19). Il y a parfois des loups déguisés en berger, même dans l’Eglise, il nous faut donc être clairvoyants, prudents et avisés et disposer de critères fiables pour ne pas errer et nous laisser égarer loin du Seigneur. 

 

En voici quelques-uns :

Le martyr : le bon berger donne sa vie pour ses brebis, il porte sa croix sans rien dire, supportant la souffrance comme le serviteur d’Isaïe qui inspire la 2e lecture. Méfions-nous donc des fanfarons charismatiques et laissons-nous plutôt attirer par ce qui est humble et sans éclat.

La croix : « Dieu l’a fait Seigneur ce Jésus que vous avez crucifié » dit Pierre dans la première lecture. La croix, c’est le cœur de la prédication car dit encore St Jean celui qui nie que Jésus est le Christ, qui nie le Père et le Fils, le voilà l’antichrist. Il en va de même de toute prédication flatteuse et dans l’air du temps mais qui occulterait la croix et l’appel à la conversion contrairement à cette première exhortation de Pierre dans les Actes. Ce ne serait là que précepte humain (Mt15,9) peut-être plaisant à entendre, consensuel et conforme à l’esprit du monde mais au fond impropre à édifier le Royaume. La Fontaine nous a bien appris que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute, soyons donc plus attentifs aux corrections de l’ami qui veut le meilleur de nous-mêmes qu’aux caresses qui entretiennent nos vices ou nos travers idéologiques. 

La porte : le bon berger passe par la porte et se fait reconnaitre par le portier, il n’escalade pas par un autre endroit, il respecte donc le droit, la règle commune de la communauté, il n’est pas dissident. Méfions-nous donc des interprétations marginales alambiquées, des originalités à contre-pied et des courants occultes d’initiés. Ce qui est de Dieu vient à la lumière et n’avance pas masqué. Pour autant, la porte ne se referme pas sur le bon berger, bien au contraire, il fait sortir les brebis et leur trouve un pâturage, il libère et marche en tête avec la vraie autorité de celui qui connait chacun par son nom pour lui redonner toute la dignité de la sainte liberté des enfants de Dieu et un lieu de vie en abondance.

Attachons nous donc à connaitre le Christ dans une vraie familiarité respectueuse, pour le suivre avec assurance sur des près d’herbe fraîche, vers les eaux tranquilles où il nous conduit par le juste chemin (Ps 22). Apprenons à le reconnaitre présent dans la souffrance, en l’acceptant patiemment lorsqu’elle nous touche ou en servant avec compassion ceux qu’elle éprouve. Sachons entendre sa voix amicale qui appelle à se détourner de l’esprit du monde pour revenir à lui en prenant courageusement notre part à l’annonce et à la vie de l’Evangile dans toute sa radicalité. Demeurons comme lui dans la sainte obéissance à la vérité qui seule rend vraiment libre.

Le Christ vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces, ainsi vous éviterez les imposteurs et vous gardant du mauvais et vivant pour la justice, vous obtiendrez le Salut et la guérison du gardien de vos âmes.

 

PREMIÈRE LECTURE

« Il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir » (Ac 2, 14.22b-33)

Lecture du livre des Actes des Apôtres.

PSAUME

(Ps 15 (16), 1-2a.5, 7-8, 9-10, 11)

R/ Tu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie.
ou : Alléluia !
 (Ps 15, 11a)

DEUXIÈME LECTURE

« Vous avez été rachetés par un sang précieux, celui d’un agneau sans tache, le Christ » (1 P 1, 17-21)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre.

ÉVANGILE

« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain » (Lc 24, 13-35)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

C’est Jésus lui-même qui ouvre les disciples d’Emmaüs à l’intelligence des écritures. C’est l’Esprit saint qui après la Pentecôte donne à Pierre l’assurance d’annoncer aux juifs la résurrection du Christ. C’est Dieu qui nous apprends les chemins de la vie et permis à David de savoir que le Messie serait issu de lui.

La Trinité est donc le principe même de toute connaissance pour conduire notre existence dans la lumière de la vérité et la joie de l’Amour.

Mais il y a trois choses qui lui font obstacles et trois choses pour les surmonter et recevoir cette grâce de la foi qui est le don de Dieu pour nous conduire à la béatitude de sa Gloire.

Les trois obstacles que l’Ecriture nous révèle aujourd’hui les voici :

1/ l’ignorance crasse : c’est-à-dire la médiocrité coupable de s’en tenir à ses acquis sans autre recherche, sans curiosité intellectuelle, sans remise en question, une forme d’abrutissement ou de paresse qui s’en tient à l’opinion commune sans esprit critique, sans discussion dans une forme de servilité indigne de notre aptitude au discernement.

2/ Le matérialisme : les biens corruptibles, l’argent ou l’or sont insusceptibles à nous racheter : Par la facilité des loisirs et du confort, le diable nous installe loin de toute préoccupation spirituelle dans une indolence, un « à quoi bon » qui nous fait manquer les biens supérieurs de l’Esprit. Il nous faut d’autant plus de volonté pour s’en extraire qu’on s’y est installé depuis longtemps car c’est une conduite addictive dont le danger est tout simplement d’y perdre son âme pour n’être plus qu’un corps.

3/ La tristesse : elle replie sur soi et rend aveugle et sourd au monde extérieur, c’est la somme des mauvaises nouvelles que l’on cultive dans une attitude malsaine, l’esprit négatif et critique qui ne voit plus que le mal et s’enferme dans une morosité ou une angoisse imperméable à toute bonté.

Contre ces impasses, ces hermétismes à la foi, voilà donc trois remèdes que nous enseigne l’aventure des disciples d’Emmaüs :

1/ Ils s’entretenaient et s’interrogeaient : Ces disciples sont curieux, ils cherchent et scrutent l’Ecriture pour essayer de comprendre. Et voyant leur bonne volonté, Jésus lui-même vient les éclairer et interprète pour eux tout ce qui le concernait. Et nous quelle relation avons-nous avec l’Ecriture et l’enseignement de l’Eglise ? Cherchons-nous à former notre foi par la lecture de la Bible ou d’auteurs spirituels ? Les fraternités locales sont là pour nous y aider. Pour nous stimuler dans cette quête rappelons-nous que St Jérôme disait qu’ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ. De même pour toute l’actualité, cherchons à lire les signes des temps à la lumière de la Révélation pour ne pas tomber dans le prêt à penser qui nous tient en esclavage loin de Dieu.

2/ Ils marchaient : C’est ce que voulait dire le pape François en invitant les jeunes à sortir de leur canapé, mais cela vaut aussi pour les adultes. Ne soyons pas inertes et indolents. Un Chrétien est un homme ou une femme debout et en chemin. Quelqu’un qui par toute sa vie mets ses pas dans ceux du Christ cherchant toujours le bien à accomplir, le service à rendre, quelqu’un à rencontrer

3/ Ils partagent un repas : enfin pour rompre la solitude et le repli amer, soyons des êtres de relation et de communion, cultivons entre nous la convivialité. Jésus a institué son Eglise au cours d’un repas et se fait reconnaitre à la fraction du pain : il nous invite à sa table en nous rappelant que là où deux ou trois sont réunis en mon nom je suis là au milieu d’eux.

 

Pour suivre le joyeux chemin inverse des disciples d’Emmaüs qui reviennent tous joyeux vers la communauté de Jérusalem, devenons d’authentiques chercheurs de Dieu, de serviteurs zélés de nos frères et de bons vivants contemplatifs des merveilles que Dieu ne cesse d’accomplir dans le monde. Laissons-nous ainsi rejoindre par le Christ pour véritablement ressusciter avec lui. 

 

Homélies pour le Triduum pascal 2023 Année A. P. Charles BONIN.

Jeudi Saint :

Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Faites, vous aussi comme j’ai fait pour vous. Ce geste de Jésus est un exemple qu’il nous a donné pour nous signifier que l’Eglise, ici rassemblée en la personne des disciples, est une communauté de service fraternel.

Laver les pieds, c’est un geste de serviteur, c’est un geste d’humilité, c’est un geste d’amour qui s’abaisse pour le bien de l’autre. Laver les pieds c’est apaiser la fatigue et la souffrance de la route, c’est retirer la poussière et panser les plaies qui entravent l’élan de la course vers le ciel. Ceux qui ont fait le chemin de Compostelle savent bien le délassement qu’offre un bain de pieds après une journée de marche. C’est un geste baptismal où l’eau dissipe le mal et apaise dans le bien.

Nous sommes donc appelés par notre baptême à nous offrir du délassement les uns aux autres, non pour être une charge ou une tension pour autrui. L’Eglise, c’est être les uns pour les autres un lieu de repos, un refuge où l’on ne soit pas jugé, où chacun se sente accueilli et aimé pour ce qu’il est, un lieu de consolation, de ressourcement, de paix. Comment sommes-nous au service de la fraternité dans notre communauté ? Judas se sert de la communauté au lieu de la servir. Et nous quelle contribution apportons nous ? Sommes-nous acteur de communion ou facteur de division ?

C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaitra pour mes disciples dit Jésus après avoir accompli ce geste (Jn13,35). Ainsi donc, comme il déposa son vêtement pour se nouer à la ceinture le linge du service, il nous invite à donner notre vie pour le bien de nos frères et sœurs. C’est le même mot grec (titémi) très riche de sens que Jean emploie pour dire que Jésus retire son manteau et que le bon berger donne sa vie pour ses brebis (Jn 10, 15-18). Comme peuple sacerdotal, nous sommes donc constitués pour nous offrir à Dieu en prenant soin de notre prochain, c’est notre vocation baptismale fondamentale. Heureux celui qui s’abaisse ainsi, Dieu l’élèvera au-dessus de tous les anges, comme il est dit de Jésus en Ph 2,7-9 : « il s’anéantit lui-même prenant la condition d’esclave aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom ».

Pour entrer dans ce mouvement de sanctification dont le Christ est le modèle, apprenons de lui à nous oublier pour les autres et recevons de son corps la force de nous agenouiller au service des plus petits, et que dans cet accomplissement notre joie communautaire soit parfaite.

 

Vendredi Saint :

Le pâtir de Jésus nous dit que la vie chrétienne est enracinée dans l’espérance. Jésus savait tout ce qui allait lui arriver et il ne s’est pas révolté ou enfui. Dans nos révoltes contre ce qui nous blesse et nous accable il nous dit comme à Pierre : « la coupe que m’a donné le Père, vais-je refuser de la boire ? ». C’est une leçon de confiance, d’abandon, de consentement à la vie et à volonté du Père qui nous la donne.

Alors que nous légiférons sur la maîtrise de la fin de vie, la Parole de Dieu nous trace au contraire la voie de la dé-maîtrise et de l’acceptation de ce qui nous est donné de vivre. Tout contrôler jusqu’à sa propre mort est une illusion de liberté et une fausse dignité. Cela déguise le mensonge de la mort qui garde le dernier mot en laissant croire qu’on la domine alors que c’est elle qui nous commande par les évènements et les émotions qu’ils suscitent. Est-ce cela la liberté ? N’est-ce pas plutôt la sainte indifférence que donne l’assurance de se savoir dans la main de Dieu seul vrai vainqueur de la mort et donateur de la vie éternelle? « Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps mais ne sauraient tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut perdre dans la géhenne à la fois l’âme et le corps. » dit Jésus en Mt10,28. Il vit dans sa passion ce qu’il prêchait alors, manifestant en sa chair la vraie liberté de celui qui sait que la mort n’est rien quand elle est vécue dans l’Amour. On n’échappe pas à la mort en la décidant, au contraire, on en est victorieux en l’acceptant dans une grande paix et liberté intérieure que donne la confiance en Dieu. Alors, on est pleinement humain, dans l’humble reconnaissance de sa finitude et la remise de soi au Père. Alors, l’esprit domine sur la mort qui ne nous tient plus dans l’esclavage de la peur ni ne nous impose de la fuir ou de la devancer pour finalement mieux nous vaincre. Jésus est victorieux de cette ruse mensongère du démon par l’Amour c’est la bonne nouvelle qu’il porte en sa passion : il ne supprime pas la mort, il l’assume et la sublime par l’Amour. Il nous libère de sa domination d’angoisse et de tristesse en s’en chargeant lui-même et en nous tournant vers le Père. Entrons donc avec lui dans cette nuit obscure du tombeau pour y laisser nos peurs et tout ce qui nous enferme, dans l’attente confiante et sereine que donne la ferme espérance de la résurrection.

 

Vigile pascale :

Chers frères et sœurs, Christ est ressuscité alléluia. Les gardes l’ont vu, les femmes l’ont vu, les disciples l’ont vu et plus de 500 sceptiques nous ont rapporté ce fait unique dans l’histoire. Ce fait dont témoigne encore le linceul de Turin qui continue de déconcerter les études scientifiques les plus poussées. Nous célébrons aujourd’hui l’évènement qui a changé le cours de l’histoire de l’humanité : tous les prophètes sont morts, Jésus lui, est vivant pour l’éternité et nous ouvre un passage (c’est ce que signifie Pâques) de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de la peur à la joie, de l’enfermement à la liberté, de l’ignorance à la connaissance que Dieu n’est pas celui qui juge et condamne mais celui qui aime, qui sauve et relève le faible :

Oh mais quel jour de joie

Quand on m'a dit que Dieu m'aimait

Oh mais quel jour de joie

Quand Dieu est venu me sauver

Alors je danserai, je le louerai

Et je l'adorerai

Alors je danserai, je redirai

Dieu a tout changé.

Oui nous fêtons ce soir la victoire du Dieu unique dont Jésus manifeste la puissance de vie qu’il nous invite à recevoir. Il nous appelle à une vie nouvelle de ressuscité. En sortant du tombeau, il nous fait sortir des nôtres : il fait rouler la lourde pierre de nos égoïsmes et de notre orgueil, de nos culpabilités ou de nos accusations et nous dit: soyez sans crainte et allez annoncer cette bonne nouvelle dans le monde entier. Julia et Cecile Karen vont vivre ce passage, cette Pâques, cette résurrection. Par le baptême, qui les immerge dans l’Amour de Dieu, elles vont recevoir le pardon de leurs fautes et la promesse de la vie éternelle. Entrons avec elles dans cette joie des ressuscités avec tous les chrétiens qui ont cru en cette Parole de Jésus : « celui qui croit en moi ne mourra jamais », parce qu’elle n’est pas une parole en l’air, elle est un acte : Ce que Jésus a dit, il l’a fait ! Tout le monde ne peut pas en dire autant… Voilà ce qui fonde notre foi, voilà ce qui fait que le chrétien n’a peur de rien puisqu’il se sait immortel dans la main de Dieu. Laissons donc de côté tout le superficiel de notre vie, pour demeurer en lui et témoigner dans le monde de cette espérance par une charité plus active envers nos frères et sœurs en portant cette bonne nouvelle par tous nos actes. Laissons-nous nous aussi purifier par l’Amour de Dieu qui nous sanctifie et redonne vie. AMEN

 

Jour de Pâques :

L’avenir appartient à ce qui se lèvent tôt dit-on…Surtout le matin…  c’est apparemment ce dont témoigne Marie Madeleine qui à l’aurore, alors qu’il fait encore nuit se rend au tombeau de Jésus pour constater qu’il n’y est plus. Elle devient ainsi le premier témoin de la résurrection, l’apôtre des apôtres, celle qui porte la bonne nouvelle du Royaume et détient l’avenir de l’Eglise, l’avenir du Christ. Imaginez seulement qu’elle ait roupillé jusqu’à 10h30…ou bien qu’elle n’ait rien dit et s’en était fini de l’avenir du Christ…pas d’Eglise. C’est peut-être pour ça d’ailleurs que Dieu a choisi une femme pour diffuser la bonne nouvelle de sa résurrection, il savait qu’elle parlerait et qu’ainsi se diffuserait cette parole de vie qu’il est lui-même. Celui qui ressuscite en effet, c’est le verbe de Dieu venu dans notre chair. L’Eglise repose sur ce Verbe, cette parole de vie originelle devenue homme. Et cette parole, elle se transmet comme la vie elle-même se transmet. Elle est confiée à Marie Madeleine, puis aux apôtres et bien vite aux premières communautés chrétiennes qui constituent ainsi l’Eglise, le corps du Christ animé de cette parole. Cette parole elle nous est confiée désormais pour qu’à notre tour, nous transmettions la vie qu’elle porte, la vie divine qui demeure en nous, chaque fois que nous sommes en communion ensemble avec lui.

 

N’imaginons pas le Christ loin de nous, extérieur à nous-mêmes. Par cette apparition à Marie Madeleine et la diffusion de la bonne nouvelle de sa résurrection aux disciples se constitue le corps du christ ressuscité en tous ceux qui croient en lui. Marie-Madeleine et nous aujourd’hui en Eglise sommes le Christ ressuscité, nous portons l’avenir du Christ, l’épanouissement de sa vie divine en notre humanité jusqu’à son plein avènement dans la Gloire. L’avenir du Christ repose sur nous et nous avons cette responsabilité de faire grandir son corps qu’est l’Eglise. Nous sommes détenteur d’un trésor de grâce, nous avons les clés du Royaume. Cette responsabilité nous oblige à notre tour à vivre en témoins de cette victoire de la vie sur la mort en ne cédant rien aux cultures de mort qui se propagent dans le monde dans le mépris sournois des plus faibles. Elle nous oblige au contraire à prendre soin les uns des autres, comme Marie Madeleine est venue au matin de Pâques prendre soin du corps de Jésus. Alors comme elle nous serons les témoins joyeux de cette victoire de l’amour sur la mort. La mort ne sera plus l’horizon terrifiant de nos vies, seule restera la joie d’une rencontre, d’un cœur à cœur tout plein d’humanité qui nous transmet la vie de Dieu. Attachons nous en ces jours saints à être ces ardents prophètes de l’amour et de la vérité que le monde attend.     

 

 

 

 

 

Homélie pour le Dimanche soir de Pâques 2023.

P. Paul BERTHIER

ÉVANGILE

« Reste avec nous car le soir approche » (Lc 24, 13-35)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc.

PÂQUES A 2023(Soirée)

 

Trois jours après la mort de Jésus, le premier jour de la semaine, deux disciples faisaient route vers Emmaüs, et ils parlaient entre eux de tout ce qu’ils venaient de vivre : leur moral était au plus bas. Ils étaient déçus de tout ce qui était arrivé à Jésus. Et voilà qu’un marcheur les rejoint et engage la conversation. « Bonjour ! Dites, les amis, vous n’avez pas l’air d’avoir le moral ; qu’est-ce qui vous arrive ? » Et eux de répondre : « Tu es bien le seul étranger de Jérusalem à ignorer les événements de ces derniers jours. -- De quels événements parlez-vous? » Et la conversation continue au sujet de tout ce qui est arrivé à Jésus. Nos deux disciples disent leur déception, eux qui croyaient que Jésus était le Messie qui allait libérer Israël : « On avait mis toute notre confiance en lui, il a été crucifié. Il y a bien quelques femmes qui ont raconté ce matin, que son tombeau était vide et qu’il était vivant, mais elles ne l’ont pas vu, alors… »

 

Et voilà que cet étranger qui a rejoint nos deux disciples se met à leur dire que tout cela était prévu : « L’Ecriture en avait parlé, les prophètes aussi. Mais où donc avez-vous la tête ? Vous n’avez jamais lu ce que dit Isaïe le prophète en parlant du Messie ? « Il a été méprisé, abandonné par tous les hommes ; ce sont nos souffrances qu’il portait, nos douleurs qu’il supportait. Ne fallait-il pas que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire ? » Et il leur fait un résumé de tout ce qui concerne Jésus.

Leur moral commence à remonter peu à peu : « Qui donc est cet étranger qui nous parle de Jésus avec tant de flamme, ça fait chaud au cœur ». Tout en buvant ses paroles, nos deux disciples arrivent à Emmaüs, leur compagnon de route semble vouloir aller plus loin. Ils l’invitent à venir prendre quelque chose ; et c’est là, à table que Jésus se dévoile en leur rompant le pain.

 

Du coup, le moral de nos disciples remonte à son plus haut niveau, mais Jésus ressuscité a déjà disparu. « C’est pour cela que notre cœur était tout brûlant, c’est Jésus ressuscité qui nous a rejoint, et nous ne l’avons pas reconnu tout se suite… » Du coup, ils retournent à Jérusalem (2 heures de marche) et racontent aux autres apôtres comment ils ont vu Jésus et l’ont reconnu à la fraction du pain.

 

Voilà bien l’image de nos vies, Jésus semble mort, nous ne sentons plus sa présence et notre moral en prend un coup. Mais il nous rejoint discrètement, nous ne le reconnaissons pas tout de suite mais à travers les événements de la vie il nous lance des appels : un ami qui passe et nous conseille, un souci qui trouve une issue heureuse, une rencontre inattendue qui nous procure que du bonheur. Il est là tout près et notre cœur est tout brûlant.

 

Et il y a tous ces repas qu’il partage avec nous : « Prenez, mangez, ceci est mon Corps ! » Jésus se révèle, il se donne à nous en nourriture pour notre salut.

 

Les disciples attendaient un sauveur pour libérer Israël, voilà que Jésus se révèle Sauveur pour le monde entier. Il était attendu pour mettre les Romains hors du pays, c’est le péché qu’il va mettre hors de nos vies. Avec sa Résurrection, Dieu Père accepte le sacrifice de son Fils en notre faveur et à cause de lui il pardonne toutes nos offenses.

 

Merci à toi, Père pour la Résurrection de ton Fils.

Merci à toi Jésus, pour ton sacrifice.

Merci pour ta présence près de nous elle nous brûle le cœur.

 

Bonne fête de la Résurrection ! 

 

PREMIÈRE LECTURE

« Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez » (Ez 37, 12-14)

Lecture du livre du prophète Ézékiel.

PSAUME

(Ps 129 (130), 1-2, 3-4, 5-6ab, 7bc-8)

R/ Près du Seigneur est l’amour,
près de lui abonde le rachat.
 (Ps 129, 7bc)

DEUXIÈME LECTURE

« L’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en vous » (Rm 8, 8-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11, 1-45)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean.

Homélie pour le 5e dimanche de Carême A

Je vais ouvrir vos tombeaux et vous en ferai remonter. En réalisant cette prophétie d’Ezékiel par la résurrection de Lazare, Jésus manifeste qu’il est Dieu et comme tel donateur de vie. Il l’accomplit par la force de son esprit car comme dit St Jean C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien (Jn6,63). Si nous demeurons sous l’emprise de l’Esprit, plutôt que sous l’emprise de la chair avec ses passions, Dieu habite en nous pour nous donner la vie, explique St Paul. C’est donc pour nous une question de vie ou de mort d’accueillir en nous le Christ pour avoir part à sa résurrection en vivant selon son Esprit.

 

Jésus face au tombeau de Lazare nous dit comment faire :

1/ Fraternité : ce qui apparait en premier c’est l’amitié de Jésus pour Marthe, Marie, Lazare mais aussi pour ses disciples. Ensemble ils sont amis. Avons-nous de vrais amis ? Sommes-nous amis les uns avec les autres ? désireux de passer du temps ensemble ? de partager un peu de chaleur et de lumière par des temps de convivialité et cherchant un petit service à accomplir simplement pour faire plaisir ? Sommes-nous fondamentalement des êtres de relation ou repliés sur nous-même dans notre égoïsme ou le confort d’un foyer clos? Parce que Dieu est relation et nous créé à son image, nous sommes appelés à déployer nos relations fraternelles au-delà de nos petits cercles connus. C’est ce que nous nous proposons de vivre dans ces missions paroissiales qui commencent en doyenné, les visites et les apéritifs et repas partagés réguliers dans nos paroisses. Bouder ces temps fraternels, c’est bouder le Christ qui nous rassemble, parce que c’est d’abord cela l’esprit du Seigneur qui donne vie : l’amitié. « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis » (Jn 15,15). Sommes-nous amis de Jésus si nous ne sommes pas d’abord frères et sœurs ?

Mère Téresa visita un jour un pauvre qui vivait comme une bête dans un trou sale, sans lumière, sans jamais parler à personne. Il ne disait rien et refusait toute aide mais mère Téresa entreprit malgré ses protestations de ranger sa maison, d’ouvrir des fenêtres de balayer la saleté et d’apporter une lampe. Peu à peu le visage de cet homme s’éclaira, ils devinrent amis, il était ressuscité de mort qu’il était. Cet homme c’est peut-être notre voisin et nous ne le voyons pas… Oserons nous ce geste d’amitié qui sauve ?

 2/ Confiance : Oser justement, c’est le deuxième pas de Jésus vers Lazare. Il ne craint pas les juifs qui veulent le lapider, il n’est pas dégouté par l’odeur du cadavre et ses disciples sont prêts à mourir avec lui parce qu’ils savent qu’il est la vie. N’ayons pas peur nous aussi d’affirmer notre foi et d’aller vers nos frères : parler du Christ, c’est transmettre la vie : ayons cette audace qui demande certes de prendre sur soi par un certain effort de volonté, mais qui ne déçoit jamais parce qu’elle est source de vie et de joie profonde. Mais, comment pourrions-nous évangéliser si nous ne croyons pas ? Nos résistances ne sont-elles pas le témoin d’un manque de foi ? Si nous sommes chrétiens, si vraiment nous croyons, malheur à nous si nous n’annonçons pas l’Evangile dit St Paul (1Co9,16). Jésus nous pousse donc aujourd’hui dans nos retranchements en nous disant « Moi je suis la résurrection et la vie, croyez-vous cela ? » Si nous croyons, marchons avec lui au-devant de nos frères enfermés dans les tombeaux de la désespérance pour leur apporter cette lumière de la vie.

 

3/ Service : C’est une œuvre de miséricorde d’aller ainsi partager la douleur de ceux qui souffrent pour la porter avec eux. Jésus pleure avec les juifs, sachons nous aussi nous laisser toucher par la misère de nos frères et compatir pour porter ensemble nos croix qui n’en deviendront que plus légères. Enfin, dans cette communion fraternelle apprenons à enlever les pierres qui ferment toute communication, délions les attaches du passé, les remords, les regrets, les rancoeurs ou les culpabilités. En nous disant « déliez le et laissez le aller », Jésus nous appelle à venir à la lumière dans de vraies démarches de pardon et de réconciliation : il nous appelle à la vie.

 

Aimer, croire, et servir voici le chemin de vie que Jésus nous offre pour ressusciter avec lui. Accueillons-le dans cette Eucharistie pour nous engager ensemble à recevoir  son Esprit de vie.

PREMIÈRE LECTURE

« Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez » (Ez 37, 12-14)

Lecture du livre du prophète Ézékiel.

PSAUME

(Ps 129 (130), 1-2, 3-4, 5-6ab, 7bc-8)

R/ Près du Seigneur est l’amour,
près de lui abonde le rachat.
 (Ps 129, 7bc)

DEUXIÈME LECTURE

« L’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en vous » (Rm 8, 8-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11, 1-45)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean.

5ème  DIMANCHE DE CARÊME A 2023

 

Impressionnants, ils sont impressionnants les textes de ce dimanche. Ils sont pleins de vie. Dimanche dernier, avec la guérison de l’aveugle je disais que c’était le combat de la lumière et des ténèbres. Aujourd’hui, les textes vont encore plus loin… C’est Ezéchiel qui donne le ton : « Je vais ouvrir vos tombeaux, je vous en ferai sortir. Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez. Je l’ai dit et je le ferai. »

 

L’homme face à la mort est désarmé : la mort c’est le silence total, brutal, la coupure définitive. Et voilà qu’au milieu de ce désarroi, Dieu parle par son prophète : « Je vais ouvrir vos tombeaux, je vous en ferai sortir. » A part Jésus-Christ, vous en connaissez vous, des défunts qui sont sortis de leur tombeaux, qui sont revenus ? Alors, Dieu manquerait-il à sa parole, se moquerait-il de nous ?

 

Certainement pas ! Essayons de dépasser nos limites humaines. Nous sommes déjà tous aujourd’hui, bénéficiaires de la Résurrection. N’oublions pas le jour de notre Baptême : n’est-ce pas une résurrection que nous avons vécue ? Dieu nous a fait passer à une nouvelle vie, celle de l’Esprit et à cause de cette nouvelle vie nous participons déjà à la Résurrection de Jésus.

 

Et tous les pardons que nous avons reçus, ne sont-ils pas autant d’images de résurrection. C’est la vie que nous donne le prêtre lorsqu’il dit, au nom de Jésus : « Je te pardonne... »

 

Dans la deuxième lecture, St Paul, nous dit son espérance en la résurrection et en la vie : «  Si l’Esprit habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels. » Et le dialogue de Marthe avec Jésus nous montre un Jésus maître de la vie : « Ton frère ressuscitera »  dit Jésus. – « Oui, je sais, au dernier jour ! » - « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Moi, je suis la Résurrection et la vie ! » Et Marthe va nous annoncer qui est véritablement Jésus : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. »

 

Voilà bien là, le sommet de l’évangile de ce dimanche. La suite du texte semble moins importante, pourtant nous découvrons que celui qui vient de dire : « Je suis la Résurrection et la Vie » a un cœur plein de sensibilité, un corps capable de se laisser prendre par l’émotion et de pleurer sur le départ de son ami.

 

En même temps, Marthe vient de le proclamer, Jésus est aussi Fils de Dieu, c’est pour cela qu’il est le maître  de la vie et il  va le  prouver  devant tous : «  Lazare viens dehors ! Déliez-le et laissez-le aller. »

 

Je voudrais vous préciser un point : on parle toujours de résurrection de Lazare, ce n’est pas tout-à-fait exact. Lazare n’est pas ressuscité, il est "revenu à la vie" et ce n’est pas du tout la même chose. Si Lazare était ressuscité, il serait encore vivant aujourd’hui. St Paul avait très bien compris ça, lui qui disait : « Le Christ ressuscité ne meurt plus, la mort sur lui n’a plus aucun pouvoir. » Le jour où nous-mêmes nous ressusciterons, ce sera pour toujours…

 

Mais avant d’arriver à la Résurrection, il y a cette cassure de la mort. Comme le Christ, il y a peut-être aussi la Passion. C’est un passage qui nous inspirera certainement de la peur : peur de paraître devant Dieu en étant pécheurs, peur de n’avoir que notre faiblesse, notre humanité, notre péché à présenter à Dieu. Mais nous n’avons pas le droit d’en rester à cette peur.

 

Jésus sur la croix a pris toutes nos fautes, toutes nos peurs et il est sorti vainqueur de la mort : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra. Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »

Oui, Seigneur, nous croyons que tu es la résurrection et la vie.

Nous croyons que tu nous as sauvés.

Nous croyons que tu nous attends, pour nous combler de bonheur dans ton Royaume.

 

PREMIÈRE LECTURE

« Voici que la vierge concevra » (Is 7, 10-14 ; 8, 10)

Lecture du livre du prophète Isaïe.

PSAUME

(Ps 39 (40), 7-8a, 8b-9, 10,11).

R/ Me voici, Seigneur,
je viens faire ta volonté.
 (cf. Ps 39, 8a.9a)

DEUXIÈME LECTURE

« Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre » (He 10, 4-10)

Lecture de la lettre aux Hébreux.

ÉVANGILE

« Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils » (Lc 1, 26-38)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc.

 

L’annonciation, c’est le début de notre salut. Non pas tout-a-fait ! Notre salut, c’est une longue histoire qui a commencée il y a bien longtemps.  Dieu est Amour. Et l’Amour ne peut pas se vivre sans être partagé. Alors Dieu va créer les hommes pour qu’ils puissent goûter, connaître son Amour. Mais l’homme décide de se passer de Dieu et choisit de faire son bonheur tout seul. Oui, mais Dieu est tellement bon qu’il donne à l’homme une seconde chance : il lui promet un Sauveur.

 

C’est un homme qui a refusé le plan de Dieu, c’est pourquoi ce Sauveur devra être un homme. Mais c’est Dieu qui est offensé, ce Sauveur devra aussi être Dieu. Voyez jusqu’où peut aller l’Amour de Dieu : c’est le Fils de Dieu lui-même qui va se faire homme. Il n’y a que l’Amour pour avoir de telles trouvailles…

 

Alors Dieu se choisit un peuple où ce Sauveur naîtra. C’est toute l’histoire du peuple d’Israël avec les interventions de Dieu par les patriarches, les rois, les prophètes, c’est tout le cheminement du peuple choisi, avec ses déviations, ses égarements, ses retours vers Dieu… Tout cela c’est la préparation de la venue du Sauveur.

 

Mais un jour, Dieu va poser le premier acte de la venue de son Fils chez nous : Il va se pencher sur celle à qui il demandera d’être la Mère de ce Sauveur. Il lui fera une grâce toute spéciale : c’est l’Immaculée Conception. Il va faire en sorte qu’une jeune fille soit en communion parfaite avec Lui, sans aucun refus en elle. Il va faire naître la plus belle de toutes les femmes : Marie.

 

« Je te salue, Marie, comblée de grâces, le Seigneur est avec toi, tu es la plus belle de toutes les femmes. »

 

Marie, une femme de chez nous. Le chef d’œuvre de Dieu. C’est elle qui est choisie. Aujourd’hui, Dieu vient lui demander si elle accepte cet honneur et cette responsabilité…

« Sois sans crainte, Marie, tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, tu lui donneras le nom de Jésus, il sera grand, il sera appelé Fis du Très-Haut. »

 

N’en doutons pas un seul instant, Marie était libre. Libre de dire non à Dieu. Libre aussi d’accepter cette étonnante demande de la part de Dieu.

L’ange qui vient de lui faire cette demande attend la réponse de Marie.

L’humanité toute entière attend elle aussi cette réponse.

 Dieu Lui-même attend le bon vouloir de Marie.

« Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. »

 

Marie accepte, Marie a dit oui à la demande du Seigneur. Elle ne sait pas encore où tout cela va la conduire, mais elle fait confiance. Confiance à Dieu. Confiance en ce Sauveur qui va naître en elle, confiance en cette mission qu’il aura à accomplir, sauver les hommes et elle accepte la charge d’être présente près de son Fils, tout au long de cette mission.

 

Merci, oui, merci, Marie d’avoir dit oui.

Merci, Marie, d’accepter d’être la mère de Dieu.

Merci, Marie d’être notre mère.

Merci, Marie de nous conduire vers ton Fils : par sa Mort et sa Résurrection, il nous a obtenu le Salut.   

 

 

 

 

 

 

 

 

PREMIÈRE LECTURE

David reçoit l’onction comme roi d’Israël (1 S 16, 1b.6-7.10-13a)

Lecture du premier livre de Samuel.

PSAUME

(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)

R/ Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.
 (cf. Ps 22, 1)

DEUXIÈME LECTURE

« Relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera » (Ep 5, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens.

ÉVANGILE

« Il s’en alla et se lava ; quand il revint, il voyait » (Jn 9, 1-41)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean.

Homélie pour le 4e Dimanche de Carême A

Dimanche dernier Jésus rencontrait la Samaritaine au bord d’un puit. C’est là dans le vide de nos vies et nos obscurités qu’il vient nous rencontrer pour y mettre la lumière, l’espérance et la paix. C’est ce qu’il accomplit aujourd’hui encore en redonnant la vue à cet aveugle. Il le fait en reprenant le geste créateur du Père qui prit de la glaise pour façonner l’homme. Par là, Jésus veut signifier qu’il est venu nous recréer. Il vient faire toute chose nouvelle dit l’Apocalypse. Il vient restaurer en nous ce qui a été blessé par le péché et nous aveugle. Il nous invite à coopérer à cette œuvre de rédemption comme cet aveugle en retirant la boue qui souille notre regard, car l’œil, c’est la lampe du corps (Mt 6,22), le miroir de l’âme. Si donc notre vue est brouillée ou ternie comment verrions nous la lumière?

 

Dieu nous offre donc 3 moyens de laver notre regard pour purifier notre âme:

 

Le premier c’est de ne pas juger sur les apparences mais de considérer le cœur. C’est ce qu’apprend Samuel dans la première lecture. Souvent en nous arrêtant à nos premières impressions superficielles nous manquons la profondeur des choses et des personnes. Ayons donc la sagesse d’attendre avec patience pour discerner le bien que Dieu veut nous donner plutôt que de nous jeter avidement sur ce qui nous séduit d’abord sans que nous ayons éprouvé  si c’était vraiment ce qu’il nous fallait pour aller vers la lumière. Ne nous laissons pas enfermer dans les ténèbres des illusions du virtuel et des mensonges du monde mais écoutons la Parole qui sauve et qui relève.

 

Le deuxième moyen qu’enseigne St Paul c’est d’agir pour la bonté, la justice et la vérité en fuyant les activités de ténèbres qui ne produisent rien de bon. Sachons fuir les occasions de péché ce dont on a honte ou qu’on fait en cachette et qui finalement nous nuit et nous emprisonne. Au contraire venons à la lumière : cultivons entre nous la transparence de relations fraternelles animées par la pureté d’intentions droites, respectueuses, honnêtes et bienveillantes. Reconnaissons également nos limites et nos faiblesses en vérité pour mieux les combattre et accepter de nous faire aider.

 

Enfin, retrouvons la confiance en nous, dans les autres et en Dieu, comme cet aveugle qui, libre du regard des autres obéit sans un mot à la volonté de Dieu. Cherchons nous aussi ce qui est capable de lui plaire, travaillons à ses œuvre en coopérant du mieux que nous pouvons à ce pour quoi il nous a créé : vivre en communion d’amour avec lui et entre nous. L’honorer avec humilité sans se prétendre sage voilà ce qui nous grandit. S’affranchir des jugements critiques et péremptoires portés sur nous ou sur les autres, qui nous aveuglent et nous divisent voilà ce qui nous rend libres. 

 

Réserve du jugement, actions droites et confiance, c’est ce qui nous fera voir toute chose et tout être comme Dieu les voit dans la bonté et la vérité de son amour pour tous, alors dans la paix nous marcherons vers sa lumière jusqu’à participer à la Gloire de sa résurrection.

PREMIÈRE LECTURE

David reçoit l’onction comme roi d’Israël (1 S 16, 1b.6-7.10-13a)

Lecture du premier livre de Samuel.

PSAUME

(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)

R/ Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.
 (cf. Ps 22, 1)

DEUXIÈME LECTURE

« Relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera » (Ep 5, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens.

ÉVANGILE

« Il s’en alla et se lava ; quand il revint, il voyait » (Jn 9, 1-41)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean.

4ème DIMANCHE DE CARÊME A 2023

Aujourd’hui, St Jean nous propose la guérison d’un aveugle. C’est tout un scénario qu’il fait défiler dans ce récit. Il y a de l’action, beaucoup de personnages, le suspense ne manque pas : c’est le combat de la lumière et des ténèbres. Des phrases jaillissent comme des flashs : « Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la Lumière du monde ! » Certaines affirmations ne laissent personne dans l’indifférence : « Et toi, que dis-tu de Celui qui t’a guéri – C’est un prophète ! » Des dialogues pleins de foi nous sont rapportés : « Crois-tu au Fils de l’homme ? – Qui est-il pour que je croie en lui ? – Tu le vois, c’est lui qui te parle. -- Je crois Seigneur. »

 

Pour St Jean, cette guérison de l’aveugle est une image, un symbole. Je vous disais que ce récit était le celui du combat de la lumière et des ténèbres. En proclamant sa foi en Jésus Fils de l’homme, notre aveugle se range du côté de la lumière mais il accepte pour cela ce qui ressemble à la mort, puisqu’il est exclu de la synagogue. Vous ne trouvez pas que cette image nous fait penser à Jésus qui n’a pas été accepté par le peuple et qui donnera sa vie en mourant sur la croix ? Mais en mourant pour le peuple, Jésus fait, pour nous, un acte d’amour parfait ; et l’amour ne peut pas mourir, c’est pourquoi après la mort, il y a toujours la résurrection.

 

De leur côté, les pharisiens ne veulent rien savoir : « Si ce guérisseur venait de Dieu, il respecterait le sabbat ! » finalement, ils restaient enfermés dans les ténèbres tandis que l’aveugle demeurait dans la lumière

 

Dans ce récit le véritable aveugle n’est pas celui qu’on pense. Il existe des gens qui voient très bien de leurs deux yeux mais qui sont des aveugles parce qu’ils ne veulent pas voir certaines choses : ils ont la lumière devant eux et ils refusent de voir la lumière… Les pharisiens disent : «  Cet homme est un pécheur ! » pourtant ils sont obligés de constater qu’il vient de redonner la vue à un aveugle de naissance…

Aujourd’hui, encore, moi-même, combien de fois je me permets de juger mon prochain en déclarant qu’il a tort, simplement parce qu’il ne pense pas comme moi. Je ne doute pas un instant que c’est moi qui possède la vérité… Et me voilà prêt à condamner mon prochain…  

 

Comme pour l’aveugle qu’il venait de guérir, Jésus est là, devant nous. Il interroge chacun de nous de la même façon : « Crois-tu au Fils de l’homme ? Crois-tu à l’Amour que je te propose ? Crois-tu que je suis 

capable de te donner la lumière ? » Dans la deuxième lecture St Paul fait écho à cette parole : « Vivez en enfants de lumière ; la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité… »

 

L’invitation est claire. C’est à chacun de nous à répondre dans le secret de notre cœur. Ma réponse sera-t-elle comme celle des pharisiens : «  Mais nous ne sommes pas aveugles… » Ou sera-t-elle comme celle de l’ancien aveugle toute remplie d’humilité : « Qui est-il ce Messie pour que je croie en lui ? – Je crois Seigneur ! »

 

Ne sommes-nous pas tous des aveugles ? Jésus nous propose la lumière :

Lumière du jour.

Lumière de la Foi.

Lumière de l’Amour…

 

Qu’il nous suffise d’ouvrir notre cœur à cette lumière, en toute humilité, comme l’aveugle guéri, nous pourrons partir en gambadant et en criant partout les merveilles dont le Seigneur nous comble. 

 

 

 

 

PREMIÈRE LECTURE

« Donne-nous de l’eau à boire » (Ex 17, 3-7)

Lecture du livre de l’Exode.

PSAUME

(Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)

R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur !
 (cf. Ps 94, 8a.7d)

DEUXIÈME LECTURE

« L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 1-2.5-8)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4, 5-42)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean.

 

Homélie pour le 3eme Dimanche de Carême A.

Jésus demande à boire à une femme de Samarie. Où voyons-nous encore Jésus demander à boire ? Sur la croix.

Jésus promet à cette femme de lui donner de l’eau vive, mais quand cette promesse sera-t-elle accomplie ? A la croix, lorsque du côté transpercé du Christ jaillissent du sang et de l’eau.

Nous voyons donc combien ce récit nous prépare à la semaine sainte en nous faisant entrer dans ce dialogue paradoxal où Jésus demande ce qu’il vient lui-même offrir, ou plutôt suscite ce qui permet de recevoir ce qu’il est venu donner. Il interroge le désir profond de cette femme comme il a sondé le cœur des hébreux au désert les amenant à se poser cette question qui nous est aussi adressée aujourd’hui : 

Le Seigneur est-il au milieu de nous oui ou non ?

La samaritaine y fait écho en demandant : faut-il adorer sur cette montagne ou à Jérusalem ?

Nous aussi parfois nous sommes inquiets et nous doutons : Où est Dieu ? Comment le trouver ? M’a-t-il abandonné ? C’est la question de foi à laquelle nous sommes confrontés en ce milieu de Carême qui est un temps d’épreuve pour interroger notre confiance en Dieu, sans laquelle nous manquons de recevoir ses dons. C’est la question fondamentale que m’avait posée le maître des novices de la Grande Chartreuse lorsque je discernais ma vocation: quelle est ta foi ? Quelle est notre foi ? C’est le sens du cri de soif de Jésus sur la croix qui nous dit: croyez en moi pour recevoir cette espérance et tout l’Amour que j’ai pour vous.

Or nous voyons en cette Samaritaine qui nous représente à maints égards, une femme méfiante, elle vient puiser de l’eau à l’heure la plus chaude de la journée pour éviter de croiser le regard des autres femmes car elle a honte et s’isole. Elle n’a plus d’espérance car tous les hommes qu’elle a eu l’ont déçue et par le fait même, profondément blessée dans son cœur, elle ne croit plus à l’amour et doute de pouvoir encore aimer et être aimée.  Tout est lié, il n’y a pas d’amour sans espérance pas d’espérance sans confiance. C’est ce qu’expose St Paul dans la deuxième lecture : la foi donne l’espérance et l’espérance répand en nos cœurs l’Amour du Père réalisé en Jésus Christ sur la croix.

Cette rencontre de Jésus avec la Samaritaine va changer sa vie et restaurer en elle tous ces ressorts brisés : la foi, l’espérance et la charité, pour rendre cette femme à elle-même. C’est l’histoire d’une résurrection, c’est l’histoire de la résurrection qui s’offre à chacun de nous pour nous redonner confiance en nous-même, dans les autres et en Dieu, pour redonner l’espérance qui fait courir cette femme et la remet en relation avec sa communauté, pour partager l’eau vive jaillissant pour la vie éternelle symbole d’une plénitude  d’Amour. Tel est aussi notre chemin de Carême et il passe par une rencontre en vérité avec le Christ.

 

Alors, demandons-nous : avons-nous, nous aussi, rencontré le Christ ? L’avons-nous rencontré  au bord d’un puit lorsque tout nous semble perdu et vain? Face au gouffre de tous nos manques ? Devant la béance de nos lâchetés ? Confronté à l’abîme de nos faiblesses et de nos péchés ? Lui avons-nous présenté comme cette femme, tous les vides de nos vies ? Avons-nous reconnu nos espérances déçues et les maux que nous avons causés par nos défaillances ou subis dans la misère de nos histoires ? C’est là qu’il nous attend en plein soleil de midi, dans la vérité, face à la vive clarté de sa miséricorde infinie. Il attend que nous venions à sa lumière pour le laisser dissiper nos ombres. C’est l’opportunité qui nous est offerte par ce temps de Carême : entrer dans un face à face avec le Christ, se reconnaitre pécheur en toute transparence pour recevoir de lui l’eau de la vie qui purifie et ouvre à la paix.

 

Pour cela, ce que le Père attend, ce sont ces adorateurs en esprit et en vérité qui viennent à lui avec un cœur contrit et humilié, fuyant l’amertume de l’orgueil et des vaines querelles du désert passé. Le Carême nous offre ce temps de grâce pour être renouvelés dans cette relation profonde qui ne peut s’atteindre que par une vraie démarche de réconciliation et une reconnaissance de la présence réelle du Christ dans l’écoute silencieuse de sa Parole et la contemplation fervente de son corps offert pour la vie du Monde. C’est ce qui nous est proposé lors des temps forts du monastère itinérant et des soirées de réconciliation de notre doyenné : Adoration et sacrement de pénitence. Sachons profiter de ces moments pour nous tourner ensemble vers le Christ: « déposons tout soucis du monde et allons à la rencontre de notre de roi de Gloire » (hymne des chérubins) pour recevoir de lui la foi, l’espérance et la charité source de toute béatitude.

Amen.  

PREMIÈRE LECTURE

« Donne-nous de l’eau à boire » (Ex 17, 3-7)

Lecture du livre de l’Exode.

PSAUME

(Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)

R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur !
 (cf. Ps 94, 8a.7d)

DEUXIÈME LECTURE

« L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 1-2.5-8)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

« Une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4, 5-42)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean.

 

3ème DIMANCHE DE CARÊME A 2023

 

Le début de cet évangile nous montre bien que Jésus est un homme, faible comme nous : il vient de faire une longue route et il est fatigué. Arrivé au Puits de Jacob il a pu dire à ses disciples : « J’en ai marre, je ne vais pas plus loin, allez chercher à manger, moi je reste là. » Les disciples sont un peu inquiets de le laisser seul dans cet état mais ils partent au village.

Arrive une Samaritaine qui vient chercher de l’eau. Pour les Juifs, la Samarie est une terre païenne, Juifs et Samaritains ne se parlent pas. La rencontre d’un homme seul avec une Samaritaine pose toujours question, surtout que cette Samaritaine est une pécheresse notoire.

En chacun de nous, il existe beaucoup de Samarie, de terres païennes : elles s’appellent argent, gourmandise, orgueil, paresse, amour possessif, agressivité. C’est avec toutes ces misères que nous rencontrons Jésus. Il nous accueille toujours avec la même sollicitude.

« Donne-moi à boire ! » C’est Jésus qui entame la conversation. C’est une façon pour lui de rentrer en contact et aussi la soif se fait sentir en lui.

C’est bien souvent que Dieu me tend la main : il me demande un petit service, et ce service peut quelques fois aller très loin, il peut même engager toute une vie.

Et la femme s’étonne : « Toi, un Juif, tu me demandes à boire ? » Jésus  se dévoile : « Si tu savais le don de Dieu ! Si tu savais qui est celui qui te parle ! » Voilà une des plus belles phrases de l’Evangile. « Si tu savais le don de Dieu ! » « Si tu savais la tendresse de Dieu. Si tu savais combien tu es aimée malgré tes péchés. Si tu savais qui est vraiment Dieu… »

Chaque fois que je parle de Dieu, tout mon être devrait en être illuminé tellement Dieu est grand, bon et miséricordieux. C’est un grand mystère qui nous est offert : depuis que Jésus est passé chez nous, nous

 pouvons connaître un peu notre Dieu, savoir qu’il est notre Père, qu’il nous aime, qu’il nous attend dan son Royaume, qu’il nous transforme par sa grâce. Et notre Samaritaine en fait immédiatement l’expérience. En un instant elle se sent pénétrée par la grâce de Dieu. Il n’est plus question de ses péchés, elle va vite alerter ses amies, ses connaissances, elle ameute tout le pays, elle devient missionnaire : « Venez voir, un homme qui m’a dit tout ce que j’avais fait. C’est le Messie ! »

Le carême c’est notre  marche vers Pâques. Il nous arrive, à nous aussi, d’être assoiffés, fatigués par la route. Pourquoi ne pas nous arrêter et  nous mettre devant Dieu.  « Si tu savais le don de Dieu ! » Pourquoi ne pas nous laisser envahir par la grâce comme la Samaritaine. Dieu est toujours prêt à nous combler de ses bienfaits. Il nous devance toujours dès qu’il s’agit d’amour. Il va peut-être nous demander un peu mais il est prêt à nous donner beaucoup plus que nous pouvons imaginer. Si nous avons soif de Dieu, Dieu a bien davantage soif de nous.

Au fait, si nous avons soif, nous savons très bien où est la source…  

Amen    P Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE

Vocation d’Abraham, père du peuple de Dieu (Gn 12, 1-4a)

Lecture du livre de la Genèse.

PSAUME

(Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22)

R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi !
 (Ps 32, 22)

DEUXIÈME LECTURE

Dieu nous appelle et nous éclaire (2 Tm 1, 8b-10)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée.

ÉVANGILE

« Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 1-9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

Homélie pour le 2eme Dimanche de Carême A

Quitter et s’engager

 

Quitte ton pays et va ! Telle est la condition de l’accomplissement de la triple bénédiction faite à Abraham : Une terre, un nom, une nation en laquelle reposera la bénédiction universelle pour toutes les familles de la terre. Telle est aussi notre vocation sainte dont parle St Paul et qui implique que nous prenions notre part des souffrances liées à l’annonce de l’Evangile comme les patriarches ont eu à répondre au déplacement que Dieu leur demandait.

Les disciples également ont dû se laisser emmener à l’écart sur une haute montagne à la suite de Jésus pour voir se réaliser en lui la triple promesse abrahamique :

Il est la terre sainte en qui le Père repose et trouve sa joie: terre de béatitude, purifiée de tout mal, manifestée par la blancheur immaculée de la transfiguration, préfigurée par la terre promise ruisselant de lait et de miel après l’errance du désert, mais dépassée par la Gloire de sa divinité ici révélée.

Il est le nom divin, celui du Fils bien-aimé en qui ceux qui le reconnaissent et croient en lui sont adoptés eux aussi dans une relation filiale renouvelée par le baptême qui confère ce nom nouveau de fils et fille bien aimés du Père et que Dieu seul connait.

Il est la bénédiction universelle pour tous ceux qui écoutent sa Parole, attestée par la voix du Père ; la Parole qui relève et dissipe toute crainte : « Relevez vous et soyez sans crainte » dit Jésus.

A la suite d’Abram, Moïse et Elie, symboles de la loi et des prophètes en sont les témoins : Abram reçut le nom nouveau d’Abraham, Moïse conduisit son peuple jusqu’en terre promise, Elie fit pleuvoir une pluie de bénédiction après des années de sécheresse. Tous trois préfigurent et annoncent ce qui dans le Christ sera pleinement réalisé.  Ils attestent que c’est en lui que tout est accompli, que tout ce que les prescriptions légales et les exhortations prophétiques préparaient est en lui achevé. C’est ce que signifie la Transfiguration, miracle de la Grâce qui vient à la rencontre de l’homme en route pour le diviniser.

De cela, les trois disciples ensemble sont dépositaires pour les générations à venir :

Pierre : c’est le roc sur lequel sera bâtie  l’Eglise, la terre de la promesse, en laquelle reposent tous les moyens de la grâce.

Jean : c’est le nom qui porte en lui-même celui de Dieu pour signifier que « Dieu fait grâce » et méritant bien ainsi que l’Evangile l’appelle aussi « le disciple bien aimé »,

Jacques c’est  l’évangélisateur des Nations par son martyr qui fût semence de chrétiens selon l’expression de Tertullien qui lui valut d’être consacré par la légende dorée qui lui dédia le plus célèbre lieu de pèlerinage en Europe.

 

Pour nous, ces trois témoins de la Transfiguration nous en transmettent les grâces d’être donc trouvés dans le Christ enracinés dans la foi et promis à la vie en communion avec Dieu pour l’éternelle béatitude. Pourvu seulement que nous daignons comme Abraham quitter notre pays et notre parenté, c’est-à-dire, quitter ce qui nous est confortable et sécurisant pour nous engager comme Moïse et Elie à la conquête des biens que Dieu promet en prenant toute notre part avec les disciples à l’annonce de l’Evangile. Ce Carême est le désert qui nous espère forts contre le mal et courageux pour porter la bonne nouvelle au monde. Mettons-nous donc en route à la suite de ces témoins exemplaires pour quitter une habitude qui appesantit notre marche spirituelle et prendre notre croix au service de Dieu et de nos frères. Que cette eucharistie nous éclaire sur ces deux points concrets d’effort et nous donne la force de les accomplir pour recevoir à notre tour la terre, le nom et la bénédiction que Dieu promet pour le bonheur de ceux qui l’aiment.

PREMIÈRE LECTURE

Vocation d’Abraham, père du peuple de Dieu (Gn 12, 1-4a)

Lecture du livre de la Genèse.

PSAUME

(Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22)

R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi !
 (Ps 32, 22).

DEUXIÈME LECTURE

Dieu nous appelle et nous éclaire (2 Tm 1, 8b-10)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée.

ÉVANGILE

« Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 1-9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

2ème DIMANCHE DE CARÊME A 2023

 

Jésus prend avec lui Pierre Jacques et Jean et va sur la montagne pour prier. Les Apôtres connaissent bien Jésus. Cet homme a une parole d’une puissance extraordinaire : il peut en quelques mots calmer une tempête, guérir un malade, redonner courage à un désespéré. Ils sont en admiration devant leur ami : « Comment un homme peut-il détenir un tel pouvoir ? » Même si, quelques fois, dans son enseignement, Jésus renverse leurs habitudes, leurs idées lorsqu’il déclare par exemple : « Les premiers sont les derniers ! Celui qui veut être le plus grand qu’il se fasse tout petit ! » 

 

Ils ont constaté que souvent, Jésus se retire pour prier son Père et justement, aujourd’hui, il est en prière. L’Evangile nous dit : « Il fut transfiguré devant eux. Son visage devint brillant comme le soleil et ses vêtements blancs comme la lumière. Moïse et Elie sont là et s’entretiennent avec lui. » Ces deux témoins, Moïse qui représente l’Ecriture et Elie les Prophètes sont là pour bien montrer que Jésus est en continuité avec tout l’Ancien Testament

 

Je crois qu’il nous faut aller plus loin que ce que nous dit l’Evangile. Nous venons de le dire les Apôtres regardent Jésus comme un homme extraordinaire, ils l’admirent, ils l’aiment. Et voilà que Jésus se montre à eux tout autre, tout rayonnant de beauté ; c’est là que Pierre intervient : « Il est bon que nous soyons ici ? » Pierre voudrait que cet instant dure plus longtemps…

 

Mais une nuée vient les envelopper. Cette nuée ce n’était certainement pas un épais brouillard comme on en voit en montagne, mais je pense plutôt à une fine brume comme j’en ai vu, très rarement, à La Salette. Je me souviens d’un matin d’hiver, nous étions en train de déneiger. Il faisait très froid, mais le soleil brillait. Tout d’un coup une écharpe de brume nous a enveloppés, cette brume était si fine que le soleil la traversait encore si bien que tout fut illuminé d’une lumière dorée. On ne se sentait pas du tout oppressé comme dans un brouillard épais mais on ressentait une joie, une exaltation qui nous portait à la louange.

 et qui ne laissait personne indifférent. Peut-être que la nuée dont parle l’Evangile était de cet ordre-là ?

 

De la nuée, une voix se fait entendre. Tous ceux qui sont là, ne s’y trompent pas : une voix qui vient de la nuée, c’est la voix de Dieu, la voix du Père, et justement cette voix annonce : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

 

Les Apôtres ne connaissaient que Jésus homme et voilà qu’ils découvrent qu’il est Dieu, Fils du Père. Mais alors nous pouvons nous poser la question : pourquoi Jésus se montre-t-il rayonnant à ses Apôtres ? Pourquoi se dévoile-t-il Fils de Dieu ? Les réponses sont multiples.

 

Il veut sans doute montrer à ses Apôtres sa véritable identité.
Il veut peut-être nous donner du courage pour affronter l’avenir : lui-même doit passer par la passion la mort et la résurrection, il nous montre ainsi le chemin que nous aussi nous devrons prendre Mais il nous montre aussi que nous-mêmes nous serons transfigurés. Et là, il est important de ne pas oublier la réaction de Pierre : « Seigneur il est bon pour nous, que nous soyons ici. »

 

Le carême n’est-t-il pas le meilleur moment pour penser à cette transfiguration et surtout de nous y préparer ?  Amen

P Paul Berthier

PREMIÈRE LECTURE

Création et péché de nos premiers parents (Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a)

Lecture du livre de la Genèse.

PSAUME

(Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17)

R/ Pitié, Seigneur,
car nous avons péché !
 (cf. Ps 50, 3)

DEUXIÈME LECTURE

« Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 12-19)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains.

ÉVANGILE

Jésus jeûne quarante jours, puis est tenté (Mt 4, 1-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

 

Homélie pour le 1er dimanche de Carême A.

 

Les trois tentations du Christ déclinent le péché originel d’Adam. Ce sont 3 facettes de l’orgueil autrement dit de la prétention à l’autoréalisation de soi et à la mainmise sur tout. 3 convoitises qui nous éloignent de Dieu : la chair représentée par les pains, la puissance ou pouvoir représenté par le sommet du Temple, la richesse et la vaine gloire représentées par les royaumes du monde. Voilà ce qui nous fait manquer le don de Dieu : la vie en abondance, car le péché étymologiquement en hébreu, c’est manquer sa cible, c’est tirer à côté, choisir un bien moindre et laisser passer ce qu’il y avait de meilleur. Toutes les tentations sont des mirages, des illusions qui nous trompent et nous laissent le dégoût amer de nous être fait avoir lorsque nous y succombons. Nous faisons alors l’expérience douloureuse que le péché conduit effectivement à la mort, c’est-à-dire à une privation de vie, une diminution de vitalité, il nous éteint, il  nous enferme.

 

On a peut-être du mal à avoir conscience de notre péché aujourd’hui, parce que nos consciences sont obscurcies de bien des manières alors prenons le temps en ce début de carême de faire une petite relecture de vie à la lumière de la Parole de Dieu, précisément parce que c’est elle qui nous éclaire sur nos zones d’ombres et nous donne les moyens de nous en sortir comme Jésus qui déjoue les pièges du démon en convoquant l’Ecriture.

 

Regardons notre péché en face : qu’est-ce qui me rend triste ? En colère ? Inquiet ? Peureux ? Honteux ? Suspicieux ?  Qu’est-ce qui me coupe des autres ? M’isole ? Me fatigue ?... Où est-ce que je manque de vie, de joie, de paix ?  Nos émotions sont de précieux indicateurs sur l’état de notre âme. Elles peuvent venir d’éléments extérieurs qui nous affectent et dont alors nous ne sommes pas responsables et même plutôt victimes, mais si elles durent et que nous entretenons des sentiments négatifs, cela ne vient pas de Dieu mais du mauvais. Voilà ce qui doit nous alerter et nous faire crier avec le psalmiste : Pitié, Seigneur car nous avons péché ! Rends moi la joie d’être sauvé.

 

Il y a bien sûr des moyens concrets pour sortir de nos ornières : la résolution d’un conflit, la réparation d’une injustice, le soutien d’un psychologue etc…et il convient de les mettre en œuvre, mais Dieu seul peut ressusciter ce qui est mort en nous en répondant à notre prière par la vigueur de sa Parole car l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Avec la Parole méditée et mise en pratique, le lâcher prise et l’humble prière d’adoration sont les trois armes contre les trois concupiscences que Jésus nous donne pour repousser le mal et nous recentrer en Dieu.

 

Ainsi donc une fois que nous avons repéré nos manques de vie particuliers et appelé les secours du Seigneur, laissons le emplir ces vides par la saveur de sa Parole, acceptons son pardon et l’amour dont il nous aime malgré nos manques et entrons dans l’action de grâce pour son inépuisable miséricorde. Tel est le joyeux chemin de carême que Jésus nous propose dans ce désert où il a vaincu pour nous la mort du péché pour nous conduire à la Gloire de sa résurrection. Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur entrons dans ce repos qu’il nous promet en le laissant vaincre en nous les 3 concupiscences qui nous coupent de lui, par ce qui leur est contraire : sa Parole, l’abandon à la providence et la louange de son nom.

Amen.  

 19 Février 2023 - Homélie pour le 7e Dimanche du temps ordinaire A. P. Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 1-2.17-18)

Lecture du livre des Lévites.

PSAUME

(Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13)

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié. (Ps 102, 8a)

DEUXIÈME LECTURE

« Tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co 3, 16-23)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens.

ÉVANGILE

« Aimez vos ennemis » (Mt 5, 38-48)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 

Jésus continue de nous instruire sur le dépassement de la loi ancienne mais cette fois, il va vraiment trop loin : ne pas riposter, donner à celui qui nous vole, aimer son ennemi et finalement être parfaits et saints comme Dieu. C’est là que nous voyons que c’est impossible, car qui est comme Dieu rétorque l’archange Michel à la prétention de Satan !

De plus nous savons bien que Jésus lors de son procès n’a pas tendu l’autre joue à celui qui le frappait, donc il ne s’est pas appliqué à lui-même ce qu’il demandait de faire. Il y a donc dans cette parole de Dieu une incohérence qui cache une énigme à résoudre.

 

Si nous sommes attentifs au texte nous remarquons que Jésus porte son attention sur les personnes et non sur les actes ou les choses. Ce n’est pas la gifle ou le manteau, ni ce qui est demandé qui importe mais celui qui frappe ou qui demande. De même dans la première lecture du Lévitique nous voyons bien la distinction qui est faite entre le frère à aimer et la faute à réprimander. C’est donc qu’en toute circonstance et indépendamment des actes, Dieu veut nous centrer sur la personne qui a un caractère sacré comme le souligne très fortement St Paul dans la 1ere épitre aux Corinthiens : « le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous ». Or nous faisons spontanément le contraire en assimilant une personne à ses actes et oubliant sa dignité première fondamentale d’être au Christ à l’image de Dieu. Ainsi dirons-nous telle personne est voleuse ou un tel est menteur ou tel autre homosexuel ou alcoolique…

 

Nous sommes donc invités à l’approche du carême à convertir notre regard, à défaire les étiquettes que nous posons sur les personnes, à dépasser un sentiment, une émotion, une blessure pour entrer dans une relation vraie. Cela n’empêche pas la correction fraternelle bien au contraire. C’est d’ailleurs ce que fait Jésus lors de son procès conformément à la loi du Lévitique qui n’admet pas qu’on tolère la faute de son compatriote, mais toujours sans haine, ni rancune et pour aimer en vérité.

Ainsi donc l’Evangile de ce jour n’est pas pour nous inciter à nous laisser marcher sur les pieds et l’on se tromperait en pensant que les cathos sont des faibles à qui on peut tondre la laine sur le dos. C’est d’ailleurs ce que racontait Guy Gilbert : un jour il rentre dans un bar et un loubard l’interpelle : hé curé c’est vrai que si je te frappe tu dois tendre l’autre joue. Bah t’a qu’à essayer et quand l’autre va pour le frapper Guy Gilbert l’étend d’un coup de poing sur le sol en lui disant : ‘t’apprendra ce que c’est qu’une droite évangélique. Arrêtons donc d’être gentils soyons vrais ! Arrêtons aussi de murmurer par derrière, disons-nous les choses ! Cela me blesse quand une parole me revient sans qu’on ait osé me dire les choses en face. Ne critiquons pas, construisons ! Ne tournons pas le dos en silence quand quelque chose nous déplait ou nous fait peur osons aller rencontrer l’autre et discutons ! Car Dieu nous veut d’abord en relation les uns avec les autres comme il est lui-même relation, alors oui nous serons saints, et parfaits comme le Père est parfait.

 

Prenons donc le temps avant de commencer notre entrainement du Carême pour faire un petit audit de nos relations et un grand pas vers l’autre : repérons les pardons à exprimer, les non-dits dont on voudrait se libérer, les mercis contenus par pudeur ou par orgueil, les rancœurs que l’on rumine comme un poison et qu’ils suffirait de dire, les vieilles ou moins vieilles histoires cachées qui sentent le renfermé et qui mériteraient un peu de lumière pour nous donner à tous l’air dont nous avons besoin pour nous retrouver vraiment en frères et sœurs. Nos communautés ont besoin de cet effort fraternel de chacun pour que la vérité nourrisse cette charité par laquelle nous serons reconnus comme disciples du Christ et saints devant le Père.

Amen.

19 Février 2023 - Homélie pour le 7ème Dimanche du Temps Ordinaire A. P. Paul BERTHIER.

PREMIÈRE LECTURE

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 1-2.17-18)

Lecture du livre des Lévites.

PSAUME

(Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13)

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié. (Ps 102, 8a)

DEUXIÈME LECTURE

« Tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co 3, 16-23)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens.

ÉVANGILE

« Aimez vos ennemis » (Mt 5, 38-48)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

« Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. » Non, ce n’est pas possible, le Seigneur ne peut pas nous demander une telle exigence. Eh bien c’est pourtant ce qu’il nous demande aujourd’hui. Il va même plus loin puisqu’il nous dit : « Soyez parfaits comme le Père du ciel est parfait ! »

Dans la cour de l’école, il y a une dispute, entre deux garçons. Ça a commencé par des mots violents et très vite ils en sont venus aux coups : coup de poings, coups de pieds. Heureusement avant qu’il y ait du sang, le surveillant est intervenu. La bagarre s’est arrêtée mais les garçons se sont fait des promesses peu agréables : « Tu verras je t’aurai, -- Et moi, je te casserai »

Dans la vie, nous sommes souvent affrontés à de telles situations. Quelqu’un m’a fait du mal, il m’a même giflé. Au physique il n’y a bien longtemps qu’il n’ya plus de trace de la gifle que j’ai reçue mais au fond de mon cœur la blessure demeure et mon désir de vengeance est là, au fond de moi.

Dans nos vies, il peut y avoir des faits bien plus graves : une agression violente peut nous faire perdre la santé et nous handicaper pour la vie. Que peut ressentir un père de famille en face de celui qui a violé sa fille de 17 ans ? Croyez vous que le pardon sera facile pour  une mère de famille qui a perdu ses deux fils à la guerre ? Ainsi, les personnes qui ont vécu des situations extrêmes peuvent nous dire comment le désir de vengeance reste présent en eux, les paralyse, leur pourrit la vie. Pourtant, l’Evangile est bien clair : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. »

« Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. » C’est alors  que la parole de Jésus tombe sur nous. Et Jésus n’y va pas de main morte : ce n’est pas seulement "pardonner" qu’il nous demande, mais il nous dit : « Aimez vos ennemis » : c'est-à-dire « faites tout pour le bonheur de ceux qui vous ont fait du mal. »

« Tu aimeras, » nous dit Jésus, oui, « Tu aimeras comme le Père nous aime. » Tous, nous sommes appelés à aimer, à pardonner. Jésus ne nous dit pas que nous allons y arriver en cinq minutes… Pour certains il faudra du temps, des années peut-être. La première approche arriver à aimer, la première démarche que nous pouvons faire, c’est de prier pour ceux qui nous ont fait du mal. Lorsque nous prions, nous faisons intervenir Dieu et si Dieu est là avec son Esprit l’amour  devient possible parce que Dieu a toujours de meilleures solutions que nous. N’oublions pas que lorsque nous aimons, c’est Dieu lui-même qui aime.

Pour d’autres, le pardon semble impossible : « Il m’a tellement fait du mal que je ne peux pas lui pardonner. » Que faire alors ? Peut être que la seule chose à faire c’est de tout remettre entre les mains du Seigneur. Lui, il saura. Sur la croix, il nous l’a montré, il était en train de mourir et il a eu le courage de dire : « Père pardonne-leur ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Oui, Jésus peut nous demander d’être parfaits comme le Père du ciel. Ce n’est pas pour nous mettre dans l’embarras mais c’est pour nous pousser à agir comme Dieu qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants. C’est aussi pour réaliser notre vie en vérité : après avoir pardonné, quelle libération, quelle joie éprouvons-nous. En plus, nous pouvons dire à notre Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé »

 

PREMIÈRE LECTURE

« Il n’a commandé à personne d’être impie » (Si 15, 15-20)

Lecture du livre de Ben Sira le Sage

PSAUME

(Ps 118 (119), 1-2, 4-5, 17-18, 33-34)

R/ Heureux ceux qui marchent
suivant la loi du Seigneur !
 (cf. Ps 118, 1)

DEUXIÈME LECTURE

« La sagesse que Dieu avait prévue dès avant les siècles pour nous donner la gloire » (1 Co 2, 6-10)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens.

ÉVANGILE

« Il a été dit aux Anciens. Eh bien ! moi, je vous dis » (Mt 5, 17-37)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.

Homélie pour le 6e Dimanche du temps ordinaire A Que votre oui soit Oui, que votre non soit Non, tout le reste vient du mauvais : c’est la sagesse de la croix dont parle St Paul au Corinthiens. Sagesse, mystérieuse du Seigneur dont parle Ben Sirac le sage en rappelant l’exigence d’observer les commandements. Ce sont ces mêmes commandements que Jésus n’est pas venu abolir mais accomplir et qu’il nous exhorte à surpasser par une fermeté de cœur autrement plus rigoureuse qu’une simple application formelle d’un précepte binaire « permis-défendu ». Cette exigence de l’Evangile est à contre-courant de la « dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs » comme le disait le cardinal Ratzinger au conclave de 2005. On voudrait aujourd’hui s’accommoder avec l’Ecriture, anesthésier ce qui nous dérange pour en faire un doux humanisme béat sous couvert d’une miséricorde mal comprise qui n’est au fond qu’une licence à nos impiétés. Ainsi en est-il bien souvent, lorsqu’on voudrait voir évoluer la morale de l’Eglise sur tel ou tel sujet de société, surtout dans les domaines de l’éthique sexuelle et familiale, mais aussi lorsqu’on estompe l’autorité du Christ derrière une recherche de consensus horizontal privé de transcendance. Alors on édulcore la loi à notre convenance pour la mettre à notre mesure, mais poursuivait Joseph Ratzinger: « Nous possédons, une autre mesure: le Fils de Dieu, l'homme véritable. C'est lui la mesure du véritable humanisme. Une foi "adulte" ne suit pas les courants de la mode et des dernières nouveautés; une foi adulte et mûre est une foi profondément enracinée dans l'amitié avec le Christ. C'est cette amitié qui nous ouvre à tout ce qui est bon et qui nous donne le critère permettant de discerner entre le vrai et le faux, entre imposture et vérité. » Le psaume nous rappelle que ce chemin étroit à la suite du Christ qui réclame de se vaincre soi-même est la seule béatitude : heureux les hommes intègres dans leur voies qui marchent suivant la loi du Seigneur. Au contraire celui qui cultive ses vices en les déguisant de fausses justifications erre dans l’obscurité d’un enfermement hermétique à la Parole vraie et libératrice du Seigneur. Reconnaitre qu’elle est la lumière qui guide les pas du pécheur, quand bien même nous peinerions à en vivre parfaitement, c’est déjà s’avancer vers l’accomplissement que nous offre le Christ par sa passion et par sa croix. Cela vaut mieux sans doute que l’hypocrisie de celui qui s’estimerait libéré de toute morale pour mieux satisfaire ses convoitises et le confort d’une conscience en sommeil. C’est une ruse subtile du démon que de nous séduire par la facilité en nous laissant penser que le plus difficile est nécessairement mauvais et qu’il faut bien plutôt suivre les inclinations de ce qui nous est plus aisé. C’en est une autre encore de relativiser la loi au nom des divers particularismes et selon la subjectivité de chacun jusqu’à gommer tout repère stable et objectif qui voudrait faire notre unité. Demandons au Seigneur dans cette Eucharistie qu’il nous éclaire sur nos compromissions du quotidien comme dans les orientations fondamentales de notre vie et nous donne le courage de les vaincre en ne diminuant rien aux exigences de l’Evangile. Qu’il nous affermisse en ses voies et nous enseigne comment garder sa loi et persévérer dans la recherche du bien véritable. Amen.

PREMIÈRE LECTURE

« Ta lumière jaillira comme l’aurore » (Is 58, 7-10)

Lecture du livre du prophète Isaïe.

PSAUME

(Ps 111 (112),.4-5, 6-7, 8a.9)

R/ Lumière des cœurs droits,
le juste s’est levé dans les ténèbres.

DEUXIÈME LECTURE

« Je suis venu vous annoncer le mystère du Christ crucifié » (1 Co 2, 1-5)

ÉVANGILE

« Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Homélie pour le 5e dimanche du temps ordinaire Que votre lumière brille devant les hommes. Vous êtes la lumière du monde. Ça fait du bien d’entendre ça parce qu’on n’a pas toujours l’impression d’être des lumières n’est-ce pas ? Par exemple quand on rate une occasion de bien faire, on qu’on dit une parole qu’on regrette. Et pourtant Jésus nous dit « vous êtes la lumière du monde ». Il ne nous dit pas devenez la lumière du monde, il nous dit que nous le sommes ! Quel beau compliment, et il nous voit vraiment comme ça, parce qu’il sait tout ce qu’il y a de bon en nous, alors que nous, nous voyons d’abord ce qui ne va pas. Jésus ne nous fait pas un vague compliment pour nous flatter, ce qu’il nous dit est vrai…. Comme Blase et Louis de Funes dans la folie des grandeurs : « Blase Flattez moi – Monseigneur est le plus grand des Grands d’Espagne. - Mais ça c’est pas une flatterie ça c’est Vrai ». C’est pareil pour nous, nous sommes la lumière du monde. Hélas, parfois cette lumière nous la gardons pour nous, nous la cachons, nous n’y croyons pas, nous l’étouffons, on la met sous le boisseau. Alors qu’elle nous est donnée pour resplendir et illuminer le monde. Cette lumière nous l’avons reçue au baptême, c’est la lumière du Christ, c’est la bonne nouvelle de la vie éternelle. Et nous avons cette mission magnifique de la porter partout où nous allons. Voilà ce qui fait notre joie, cette joie qui nous fait resplendir et qui fait de nous des lumières pour le monde, c’est la lumière même du Christ qui se remet entre nos mains. N’ayons pas honte d’être chrétiens. Si nous en avons peur, si nous nous cachons, c’est que nous ne le sommes pas vraiment… c’est que nous n’avons pas découvert quel trésor de joie est entre nos mains, dans notre cœur pour être partagé entre tous, c’est que nous n’avons pas encore découvert la lumière du Christ , c’est que nous n’avons pas encore conscience que nous sommes de vraies lumières. Pourtant, nous le sommes ! Dieu, nous le dit aujourd’hui et nous invite à le croire, à nous en réjouir et à porter cette joie autour de nous. Alors si nous ne sommes pas convaincus, si nous restons réservés et dubitatifs, si nous pensons en nous-mêmes : « non mais quand même faut pas exagérer...on est pas des lampadaires pour le monde », Dieu nous donne le moyen de faire advenir cette lumière enfouie sous nos montagnes de complexes, de doutes, de peurs, de timidité, de mésestime de soi ou de culpabilité, Dieu vient lever toutes ces ombres en nous disant comment découvrir cette lumière qu’il a mis au cœur de chacun de nous : écoutons le prophète Isaïe : « partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable, alors ta lumière jaillira comme l’aurore et tes forces reviendront vite. » Voilà comment être lumière du monde : se dépenser pour le monde, donner et s’ouvrir aux autres, oser sortir de soi-même pour répondre aux appels de ceux qui attendent que nous leur témoignons de cette bonne nouvelle d’être chrétiens. Alors, ne le gardons pas pour nous-mêmes, demandons dans cette Eucharistie le courage et la force de porter joyeusement partout où nous sommes la lumière du Christ. Pensons à un lieu précis, ou une situation où nous pourrions cette semaine être lumière pour le monde, apporter un peu de joie, de paix, d’espérance, et dans un sourire plein de bonté tourner un regard vers le ciel. Alors nous serons effectivement lumière pour ce monde qui en a tant besoin et attend de nous voir forts et courageux vrais témoins de l’unique lumière qui ne s’éteint jamais : l’Eucharistie. Amen.

PREMIÈRE LECTURE

« Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit » (So 2, 3 ; 3, 12-13)

Lecture du livre du prophète Sophonie

PSAUME
(Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10b)

R/ Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux ! ou : Alléluia !
 (Mt 5, 3)

DEUXIÈME LECTURE

« Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi » (1 Co 1, 26-31)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE

« Heureux les pauvres de cœur » (Mt 5, 1-12a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Homélie pour le 4eme dimanche du temps ordinaire

Ce premier discours public de Jésus nous déroute tellement par ses paradoxes qu’on en oublierait presque qu’il est une leçon sur le bonheur. Jésus inaugure son ministère en rappelant que Dieu nous a créés pour être heureux, par pure bonté et que nous sommes promis à cette béatitude dont il nous donne ici les moyens par pure grâce.

Le bonheur est un don en effet ! Il ne se fait pas, il se reçoit ! C’est pourquoi il revient aux humbles, aux pauvres, aux petits, à ceux qui cherchent le Seigneur et sa justice, à ce qui est faible, méprisé, fou, à ce qui n’est pas, à ceux qui pleurent, aux doux et miséricordieux, aux cœurs purs et artisans de paix, aux persécutés et assoiffés de la vérité. Cela bien sûr va à l’opposé de notre conception du bonheur que l’on pense acquérir par le labeur d’une belle carrière, le soin de sa renommée, l’entretien de sa fortune et une certaine aisance qui nous mette à l’abri des misères et persécutions.

En cultivant cette contradiction, Jésus nous enseigne qu’il n’y a dans la vie que deux options fondamentales : l’autoréalisation de soi indépendamment de Dieu ou se recevoir dans le regard de Dieu. Cette option présente dès l’origine au jardin d’Eden est toujours et jusqu’à la fin des temps le contexte de notre condition humaine, la proposition que Dieu nous fait.

La première option se nourrit d’une volonté de puissance orgueilleuse. Elle génère parfois des richesses visibles et apparemment enviables mais toujours au prix de luttes âpres ou de frustrations et de tension. Elle n’est pas exempte de violence. La seconde ne semble pas souvent brillante, elle ne flatte pas nécessairement l’égo, elle est cachée et même parfois emprunte d’une certaine souffrance mais elle installe dans une paix durable et une joie profonde parce qu’elle s’enracine non pas en nous-mêmes mais dans l’éternité bienheureuse de Dieu.  

Comme Adam et Eve nous avons encore le choix : manger de tous les arbres que Dieu nous donne, tous les dons qu’il nous a fait, nos talents, nos familles, nos amis, tous les petits évènements du quotidien, les joies simples, les justes causes où s’engager, le patient travail qui nous est confié etc… ou bien prendre et accaparer le seul bien que nous n’ayons pas sans même demander et attendre qu’il nous soit donné. Se recevoir de Dieu ou se faire par soi-même… telle est la question qui nous est posée. Si Adam et Eve avaient mangé de tout ce qui leur était donné, comme on l’enseigne à un petit enfant sans doute n’auraient-ils pas convoité ce qui ne pouvait que leur faire du mal. Il en est encore de même pour nous aujourd’hui : Accepter la vie donnée et accomplir la volonté de Dieu en coopérant à son œuvre selon ce qu’il nous a donné pour  devenir ce que nous sommes, ou bien se révolter pour faire ce que nous voulons selon l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes pour devenir ce que nous voulons être. Voilà l’option et selon notre réponse quotidienne la source de la paix ou la cause de nos tourments.

Le chemin des béatitudes que Jésus propose à ses disciples passe par cette simplicité de vie : l’accueil de soi et l’attention à l’autre plutôt que l’affirmation de soi au mépris de l’autre. Toute notre actualité et notre vie quotidienne mériteraient d’être réévalués à l’aulne de cette alternative pour savoir si nous sommes vraiment sur un chemin de bonheur et d’épanouissement. Tandis que les valeurs de performance et de succès prônées par le monde ne produisent finalement qu’angoisse, fatigue,  solitude, burn-out et autre dépressions, la suite du Christ est un chemin d’humilité, de douceur, de paix et de vérité qui seul peut nous permettre de nous retrouver nous-mêmes en humanité.

Choisissons donc la vie dans cette eucharistie en décidant résolument de changer nos pratiques pour entrer dans la voie de la simplicité des béatitudes en frères et soeurs.

PREMIÈRE LECTURE : « Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49, 3.5-6)
Lecture du livre du prophète Isaïe
PSAUME :  (Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd)
DEUXIÈME LECTURE : « À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » (1 Co 1, 1-3)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29-34)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

Homélie pour le 2e Dimanche du temps ordinaire A

Jean baptise dans l’Eau. Jésus baptise dans l’Esprit saint. Quelle différence ? Elle est une bascule fondamentale dans l’histoire de l’humanité. Elle fait passer de l’état de « serviteur » à celui de « lumière des nations » d’après le livre d’Isaïe, de l’espoir à la louange de la réalisation du Salut d’après le psaume, de l’invocation à la sanctification dans la grâce et la paix comme dit St Paul, de la conversion à la glorification manifeste des fils de Dieu.

Tandis que le baptême de Jean est dispositif à la grâce, le baptême de Jésus est un accomplissement. Il est la réponse de Dieu qui se donne à la bonne volonté de l’homme qui se laisse attirer par lui. Tous ceux qui ont ainsi été baptisés au nom du Père et du Fils et du St Esprit dans le Christ Jésus ont désormais à vivre de cette réalité nouvelle qu’il réalise :

Etre lumière des Nations

Louange

Saints

Fils glorifiés dans le Fils,

c’est notre vocation de baptisés que le Seigneur nous invite aujourd’hui à réinvestir :

Contrairement au serviteur qui exécute sans savoir ou sans adhésion profonde à l’intention de son maître, Jésus nous invite à être ses amis comme l’explique Jn 15,15 en réponse à Isaïe, pour que nous reflétions la lumière du Père. Il nous appelle à témoigner par toute notre vie que Dieu est lumière en apportant à notre tour sa lumière dans tous les lieux d’obscurité. « Viens sois ma lumière dans le trou des pauvres » dit-il à mère Térésa. Il y a sans doute autour de nous des lieux vides de sens, replié sur eux-mêmes, enfermés dans la solitude, la peur, la précarité, la maladie, la souffrance ou l’égoïsme. Dieu nous y envoie pour être sa lumière. Ne différons pas notre réponse, soyons ses témoins joyeux auprès de ceux qui souffrent ou ne le connaissent pas. 

Sachons aussi entrer dans la louange en ne comptant plus tant sur nous-mêmes mais en recevant de Dieu la force de l’espérance qu’il met en nous. Apprenons chaque jour et en tout instant à rendre grâce pour ses bienfaits. « Un saint triste est un triste saint, c’est-à-dire qu’il n’est pas un saint » dit St François de Sales. Puisque nous sommes sanctifiés par le baptême, cela doit se voir à notre mine. Entretenir la critique, le désespoir, le jugement n’est pas chrétien. Au contraire, cultivons l’attitude positive qui cherche en toute chose le bien à accomplir et dans les difficultés ou contrariété sait rendre grâce à Dieu de l’opportunité ainsi donnée de rendre le monde meilleur. Louange et sainteté grandissent ensemble sur ce chemin de baptisés où le Seigneur nous engage à dépasser nos sensibilités pour entrer dans la vie de l’Esprit.

Enfin, le baptême ayant fait de nous des fils dans le Fils immergés dans la Foi, c’est-à-dire dans la confiance en Dieu, mettons le nom de Jésus au cœur de notre vie. Puisque Dieu nous a sauvé et racheté à grand prix, que toutes nos activités au travail ou en famille soient tournées vers la Gloire qu’il nous promet, orientées vers l’avènement d’un Royaume de Justice et de paix. Soyons ces apôtres de la charité attentifs au bien de tous unis en frères et sœurs dans un même esprit de famille selon la volonté du Père

Vivre et témoigner de la lumière, louer Dieu et servir la charité telle est l’œuvre de l’Esprit reçu au baptême. Que cette Eucharistie que nous allons recevoir nous renouvelle sur ce chemin de vie à la rencontre du Seigneur. Amen   P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60, 1-6)
Lecture du livre du prophète Isaïe
PSAUME :  (Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13)
DEUXIÈME LECTURE : « Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse » (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

ÉVANGILE : Nous sommes venus d’Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Homélie pour l’Epiphanie 2023

J’aime la galette savez-vous comment ? Quand elle est bien faite avec du beurre dedans….

Et vous aimez vous la galette ? 

Savez-vous pourquoi elle fait partie de la tradition de l’Epiphanie ? Parce qu’elle représente le soleil, non seulement pour fêter les jours qui rallongent mais surtout pour célébrer le Christ lumière du monde manifesté aux mages représentant des nations qui reconnaissent en Jésus le Seigneur de Gloire annoncé par Isaïe à Jérusalem. 

Ils accomplissent cette prophétie : les nations marcheront vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton aurore, les trésors des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. 

Quelles richesses ces mages d’Orient ont-ils offerts pour contempler cette lumière ? Quels trésors ont-ils déployé aux pieds du Christ en l’adorant ? Et nous que sommes-nous prêts à donner pour entrer avec eux dans cette maison où ils virent l’enfant avec Marie sa mère ? Comment pouvons-nous nous réjouir comme eux d’une très grande joie et vivre aussi de cette promesse d’Isaïe : tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera… Nous avons peut-être parfois du mal à ressentir cette profonde exultation spirituelle, alors mettons-nous à l’école des mages pour vivre avec eux de cette béatitude d’être auprès de Jésus. Comment s’y prennent-ils ? 

Ils étudient, ils cherchent, ils se mettent en chemin, ils interrogent, ils font preuve de détermination mais surtout dans une démarche d’humilité ils tombent à ses pieds et se prosternent devant lui et ils offrent ce qu’ils ont et ce qu’ils sont. Adoration et service sont les deux voies d’accès conjointes pour faire une vraie expérience de Dieu pour rencontrer le Christ. Mais ce n’est pas tout ils lui remettent l’or, l’encens et la myrrhe. On a beaucoup écrit sur ces présents symboliques : l’or pour le roi,  l’encens pour la divinité, la myrrhe pour l’humanité crucifié. Mais l’or c’est aussi la richesse matérielle, l’encens la gloire, le parfum nos vanités. Voilà ce qu’il nous faut offrir dans l’adoration et le service de nos frères pour être véritablement au Christ. 

Vivre dans la lumière, vivre de la lumière, n’est possible qu’en se dépouillant de ce qui l’obscurcit : l’argent, la gloire, la vanité. C’est ce qu’il nous faut dès aujourd’hui déposer avec les mages aux pieds de Jésus si nous voulons vraiment vivre de cette joie profonde de le rencontrer et de vivre de sa lumière. Cela vaut bien mieux que toutes les galettes, mêmes quand elles sont bien faites avec du beurre dedans. 

Alors demandons-nous concrètement ce que nous sommes prêts à donner pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde? Quel bien ? Quelle satisfaction ou réalisation personnelle ? Quel plaisir superficiel ? Comment nous mettons nous en route avec ces mages à l’appel de l’Ecriture pour nous réjouir parmi les nations dans la patrie céleste vers laquelle nous guide l’étoile du Christ si nous voulons bien la suivre dans toutes ses exigences ? Quel chacun s’examine et décide en son cœur de donner à son tour en retour à celui qui nous a tout donné pour vivre en plénitude de la gloire de ses dons. Voilà la vraie lumière, la vie divine, l’épiphanie, l’accomplissement de nous-mêmes dans la louange, l’adoration et le service de Dieu à portée de nos mains et de nos cœurs, si nous sommes prêts à les ouvrir comme les mages ouvrant leurs coffrets. Amen.  

P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Ils invoqueront mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai » (Nb 6, 22-27)

Lecture du livre des Nombres

PSAUME (Ps 66 (67), 2-3, 5, 6.8)
DEUXIÈME LECTURE : « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

ÉVANGILE : « Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né. Quand fut arrivé le huitième jour, l’enfant reçut le nom de Jésus » (Lc 2, 16-21)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Sainte Marie Mère de Dieu. 1er Janvier 2023

« Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » Ces événements, sont allés vite, très vite ; et quand ça va vite, on n’a pas le temps de réaliser... C’est ce qui s’est passé pour Marie, elle n’a pas eu le temps de réaliser : l’arrivée à Bethléem, cette angoisse de ne rien trouver pour être logée, avec Joseph. C’est vrai qu’elle, dans l’état où elle se trouvait, les gens ne voulaient pas d’ennui... Heureusement, un peu à l’écart du village, ils ont trouvé cette étable ; la porte était entrebâillée, il y avait même une petite lampe à huile qui était allumée comme si on attendait quelqu’un... Mais il n’y avait personne, que des animaux.

Marie et Joseph sont entrés, ça sentait pas très bon, mais au bout d’un moment, on  s’habituait... Là, au moins, il faisait chaud, on ne sentait plus ce vent glacial qui soufflait dehors. L’accouchement s’est passé sans difficulté, le Petit, un beau garçon a crié tout de suite... Vous n’aviez jamais pensé que Jésus avait pu pleurer ?  Mais oui, c’est le seul moyen de communication qu’ont les nourrissons pour s’exprimer, et ce nourrisson-là, nous savons bien qu’il avait un tas de choses à nous dire... Il est Parole de Dieu.

Voilà que maintenant, tout est calme. Jésus dort. Marie l’a déposé dans la mangeoire, on voit à peine son visage à la lueur de la lampe. Marie se penche un peu sur lui, et elle se rappelle les paroles de l’ange : « Tu l’appelleras Jésus, il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. »

Oui, le Fils du Très-Haut, regardez où il est : dans une étable, couché dans une crèche...

Marie en était là de ses réflexions lorsque la porte s’est ouverte, elle l’a senti à cause de l’air frais qui est arrivé tout d’un coup ; les gens qui entraient étaient très discrets, ils ne voulaient pas faire de bruit pour ne pas réveiller le Petit. « On est venu voir le Petit. Un personnage tout plein de lumière nous a indiqué où il était et il nous a dit que c’était lui le Sauveur. Il sera peut-être un grand Berger comme nous... » C’est peut-être en présence de l’un ou l’autre d’entre eux que Jésus dira plus tard : « Je suis le bon Pasteur... ? »

Et les bergers ont déposé leurs cadeaux. Ils sont restés longtemps devant la crèche, ils ont contemplé un bon moment le Nouveau né. 

Marie s’est remise, elle aussi, à regarder son enfant. Elle s’étonnait encore : « lui, le Fils du Très-Haut ? Son  berceau est un morceau de bois brut... Il est couché dans une crèche, là où viennent manger les bêtes... » Marie était loin de penser qu’un jour, son Fils deviendrait nourriture pour les hommes... « Prenez, mangez, ceci est mon Corps... » Elle était loin d’imaginer, qu’un jour, son Fils serait couché sur un autre bois, celui de la Croix : Lorsque je serai élevé de terre, j’attirerai à moi, tous les hommes. »

Puis les bergers sont repartis tout simplement, ils avaient l’air ravis. Et l’Evangile nous dit qu’ils ont raconté tout ce qu’ils avaient vu, tout ce qui avait été annoncé au sujet de cet Enfant. Et tous s’étonnaient de leur récit... Ils sont devenus les témoins de Jésus, un peu comme des disciples. Plus tard, Jésus enverra partout ses disciples... « Allez dans le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle... » 

Dans sa méditation, Marie sait bien que c’est une Bonne Nouvelle qui est annoncée au monde. Avec la naissance de Jésus, l’Amour a germé sur notre terre. Et cet Amour ne cessera de grandir, et il triomphera, malgré  tous les obstacles, malgré tous les refus que nous lui opposons. « Confiance, j’ai vaincu le monde... »

« Le huitième jour, l’Enfant fut circoncis. » Le huitième jour, c’est le début d’une nouvelle semaine. Parler de nouvelle semaine avec Jésus, c’est trop peu : c’est une nouvelle époque qui s’ouvreun nouveau monde qui commence : le monde de l’Amour. Et il est là Celui qui seul peut nous apprendre à vivre cet Amour.

Aujourd’hui, une nouvelle année commence. Ne pouvons-nous pas faire de cette année un monde d’Amour ? Ne pouvons-nous pas faire  que cette année soit Bonne Nouvelle ? C’est en tous cas le désir le plus profond de Dieu pour nous. C’est aussi le souhait que je formule pour chacun de vous

Bonne et sainte année, qu’elle soit Bonne Nouvelle  Et qu’elle soit remplie d’Amour.      P Paul BERTHIER   

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25 Décembre 2023 Homélie jour de NOÊL P Paul Berthier

PREMIÈRE LECTURE :  « Tu seras la joie de ton Dieu » (Is 62, 1-5)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME : (Ps 88 (89), 4-5, 16-17, 27.29)

DEUXIÈME LECTURE : Le témoignage de Paul au sujet du Christ, fils de David (Ac 13, 16-17.22-25)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

ÉVANGILE : « Généalogie de Jésus, Christ, fils de David » (Mt 1, 1-25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 

JOUR DE NOËL A 2022

«  La lumière est venue dans les ténèbres… » A Noël, de la lumière il y en a. Il y en a de partout : dans nos villes, dans les magasins, de plus en plus, on voit des maisons toutes décorées de lumières multicolores et clignotantes. Toute cette lumière, est-ce pour nous faire oublier ces nuits qui n’en finissent pas ? Est-ce pour nous éblouir, pour détourner notre attention et nous faire passer à côté de l’essentiel ?

L’Evangile lui-même nous le dit : « La lumière est venue dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée… » Si les hommes n’ont pas vu cette lumière c’est la faute de Dieu : il envoie son Fils chez nous, il dit qu’il est la lumière qui vient éclairer le monde et il fait tout pour la cacher, cette lumière, comme s’il fallait la chercher nous-mêmes…Il aurait très bien pu se révéler à chacun de nous, comme il s’est révélé à St Paul. C’était dans les possibilités de Dieu…

Regardez les bergers, ça n’a pas été facile pour eux non plus : «  Vous trouverez un nouveau-né couché dans une mangeoire, c’est lui, le Roi de gloire ? » Les mages eux aussi ont eu de la difficulté, heureusement eux, ils avaient l’étoile.

Et nous, aujourd’hui, nous ne sommes pas mieux renseignés. Vous savez bien, ce n’est pas facile de découvrir le Fils de Dieu dans cet Enfant… Il paraît aussi qu’on doit découvrir son image en tout homme… « La lumière est venue dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée… Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu…» Vous avez entendu, nous sommes tous concernés, l’Evangile nous met en cause : Dieu envoie son Fils chez nous et nous avons eu le culot de le refuser… Pire que ça, tout le monde s’y est mis : les riches, les pauvres, les puissants, les marginaux, les salauds, les braves gens, on était tous là à crier : « A mort, crucifie-le ! » Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter ça, pour être expulsé de la sorte ? Il avait dit : « Heureux les pauvres, heureux les doux, heureux les pacifiques… Aimez même vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous persécutent. Aimez-vous les uns les autres… » Et tout le monde, les braves gens comme les autres, les prêtres comme les laïcs, on l’a roué de coups, on lui a craché au visage, on l’a cloué sur une croix pour le faire mourir, oui, nous ! 

« Mais on ne savait pas qu’il était Fils de Dieu ! »

Si l’hôtelier avait su que c’était le Fils de Dieu que Marie attendait ne croyez-vous pas qu’il aurait ouvert tout grand les portes de son hôtel ?

C’est vrai que pour reconnaître le Fils de Dieu dans ce petit Enfant, il faut avoir la foi. Il faut avoir la foi pour croire que ce petit Être va sauver le monde, qu’il va apporter aux hommes une Espérance, qui va donner un sens à leur vie, et qui va illuminer toute leur vie… « A tous ceux qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. »

Noël, c’est Dieu qui vient sur terre,

Noël c’est Dieu qui fait de nous ses enfants, pourvu que nous acceptions de partager sa Vie et son Amour. 

Vous voyez qu’on est bien loin du Noël des sapins, des lumières, du père Noël, des cadeaux et de tout ce qui nous éloigne de la Crèche… Le Noël chrétien, c’est la naissance de ce petit Enfant, Lumière et Salut du monde, notre Espérance et notre Vie. 

« La Lumière est venue dans le monde… » N’est-ce pas à nous d’ouvrir notre cœur pour l’accueillir ?

Amen  P paul BERTHIER

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18 Décembre 2022 Homélie du 4ème dimanche de l'avent, P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE :  « Voici que la vierge est enceinte » (Is 7, 10-16)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME (Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6)
DEUXIÈME LECTURE : Jésus-Christ, né de la descendance de David, et Fils de Dieu (Rm 1, 1-7)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

ÉVANGILE : « Jésus naîtra de Marie, accordée en mariage à Joseph, fils de David (Mt 1, 18-24)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Homélie pour le 4e dimanche de l’Avent A

Dieu n’a pas laissé Joseph dormir tranquille sur ses deux oreilles. Dieu ne nous laisse pas non plus en repos sans rien faire. Dieu nous parle, Dieu nous éveille, Dieu nous donne des signes comme au roi Acaz, Dieu nous rejoint dans notre humanité si lente à croire, si pesante, si repliée sur elle-même parfois. Il est « Dieu avec nous » : Jésus « le Seigneur sauve » c’est son nom car il vient véritablement nous redonner la vie. 

Et quel est l’effet de cette bonne nouvelle en Joseph et ainsi qu’il doit en être pour chacun de nous ? 

Joseph se réveilla il fit ce que l’ange lui avait prescrit, il prit chez lui son épouse. 

Voilà donc les trois grâces de cette dernière semaine pour accueillir la joie de Noël : 

Eveil-Obeissance-Accueil. 

Eveillons nous ensemble à la parole de Dieu. Il est fini le temps du sommeil de nos pratiques habituelles. Nous ne pouvons plus nous dire chrétiens si nous ne sommes pas en veille perpétuelle tendus dans l’Espérance de la venue du Christ, attentifs à toute œuvre de charité à accomplir, vivant activement de notre foi pour en témoigner. La bonne nouvelle de la venue de Dieu parmi nous doit se voir en nous et autour de nous. Elle doit nous animer en profondeur dans une vraie attention à l’Esprit de Dieu qui révèle à Joseph sont œuvre de Salut et de paix et l’éveille pour y coopérer. Demandons-nous si notre foi est vive ou morte et ranimons en ces jours saint ce qui est encore engourdi dans la torpeur du sommeil de notre confort et de nos habitudes. L’inconfort de la crèche rustique, froide, pauvre, inattendue nous invite à ne pas nous installer mais à nous éveiller. 

Et nous éveiller à quoi ? A la volonté de Dieu et à la vérité de notre condition pauvre et misérable comme cette mangeoire qui symbolise nos âmes : réceptacle de l’Amour si nous voulons bien nous laisser guider par l’Esprit de Dieu et accomplir ce qu’il nous commande pour être habité de se présence. C’est ce qu’a fait Joseph, avec promptitude il exécute ce que l’ange lui inspire. Mais nous ; cherchons-nous vraiment ce que Dieu attend de nous ? Demandons-lui dans ce temps de l’Avent quelle est sa volonté et efforçons nous de l’accomplir avec le même zèle que Joseph. Car nous aussi nous avons une mission dans le Monde à laquelle Dieu nous attend. 

Et quelle mission ? Pour chacun ce sera différent selon les modalités, mais pour tous c’est une mission d’accueil. Accueil de Dieu dans ma vie et accueil de l’autre, sans opposition comme Joseph qui en recevant Marie son épouse s’engage aussi résolument envers Dieu à chérir et élever son Fils auquel il consacre désormais toute sa vie. L’accueil n’est pas juste un respect qui garde l’autre à distance, c’est un engagement. Le respect aujourd’hui est une notion bien galvaudé pour se préserver de s’impliquer, une tolérance qui semble dire à Dieu ou au frère : « tu es là alors je fais avec… je préfèrerais que tu ne vienne pas trop me déranger mais je te permet d’exister ». Tandis que l’accueil que Dieu sollicite nous engage et bouleverse notre vie. Alors, est-ce que nous aussi nous nous impliquons pour que la vie de Dieu se manifeste dans nos liturgies, nos rencontres communautaires et le service de nos frères ? Tout cela est indissociable : aimer Dieu et aimer nos frères, ce double commandement de l’Amour, ce sont les deux branches de la croix ! Mais si ce n’est que faiblement présent dans notre vie, pouvons-nous encore dire que nous accueillons le Christ dans notre vie ? 

Alors que cette dernière semaine de l’Avent nous mobilise pour nous éveiller, nous rendre obéissant et accueillir vraiment la présence de Dieu qui vient nous sortir du sommeil de notre foi, des ténèbres de nos péchés et du repli de nos égoïsmes. Sortons à sa rencontre prenons à notre tour Marie, figure de l’Eglise, comme épouse pour nous conduire à la plénitude de la vie de Dieu parmi nous.  Amen  P Charles BONIN

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Homélie pour le 3e Dim Avent A 11/12/2022

Père Charles BONIN

 

PREMIÈRE LECTURE : « Dieu vient lui-même et va vous sauver » (Is 35, 1-6a.10)

PSAUME : (Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10a)

DEUXIÈME LECTURE : « Tenez ferme vos cœurs car la venue du Seigneur est proche » (Jc 5, 7-10)

ÉVANGILE : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 2-11)

 

Jean Baptiste dans sa prison a-t-il douté ? certains diront oui, d’autres non... posons nous seulement la question : celui qui a tressailli dans le sein de sa mère à l’approche du Messie, celui qui a désigné l’agneau de Dieu, celui qui a dit « il faut que lui grandisse et que je diminue », celui qui a annoncé « moi je vous baptise dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu », bref, celui qui fût tant inspiré jusqu’alors ne le serait-il plus au moment ultime où il s’apprête à donner sa vie ? C’est peu crédible et Jésus l’atteste, il est plus qu’un prophète et aucun sur terre n’est plus grand que lui. Or le propre du prophète c’est d’être inspiré, cette parole lui vient donc de Dieu. Que signifie-t-elle sinon ce que nous vivons ces jours-ci : une attente avec une certaine impatience qui veut hâter l’avènement du Messie. Comme Marie à Cana. Jean Baptiste dont on connait la fougue semble dire : Vas-tu accomplir ce pour quoi tu es venu ? oui ou non ? Qu’attends-tu ? Combien de temps encore devons-nous attendre que ton règne vienne ! Ne laisse pas mes disciples sans réponse !
Nous trouvons cette même impatience chez Isaïe qui exulte ainsi de joie en devançant la venue de Dieu alors que le monde demeure dans l’angoisse et les ténèbres.
Pourtant St Jacques, lui exhorte à la patience et le Seigneur lui-même dans sa réponse invite à considérer le présent avec sobriété plutôt que de prospecter un avenir idyllique : entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres reçoivent la bonne nouvelle. En un mot il nous dit : regardez l’œuvre actuelle de ma grâce répandue dans le monde plutôt que de rêver un idéal, considérez le Salut que je vous offre déjà par mon Eglise plutôt que de vous plaindre des retards du Royaume. Car explique St Pierre (2P9) : « Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de ce qu’il a promis, mais il use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse mais que tous arrivent au repentir ». Alors ne gémissez pas, ne craignez pas, soyez forts, ne vous affolez pas, affermissez-vous : voici votre Dieu, voici le Seigneur Dieu qui vient lui-même vous sauver. Nous devons donc patienter dans la sérénité que s’accomplit l’œuvre de Dieu en nous.
Entre impatience et patience, c’est l’équilibre délicat de notre foi : Nous devons vivre déjà en tension vers la joie du ciel, impatients de devenir des saints. Il nous faut par notre repentir et nos prières hâter la venue du Royaume par un vigoureux élan vers le Salut qui vient nous guérir de nos péchés que sont toutes ces lèpres, aveuglement, boiteries, surdités diverses dont parle l’Evangile. Et en même temps nous devons nous montrer patients en rendant grâce de la présence réelle et actuelle de Dieu dans nos vies, malgré nos faiblesses et bien que nous ne soyons pas encore des saints accomplis. Apprenons donc aussi à être miséricordieux envers nous-même et les uns envers les autres car cette patience, qui laisse à la grâce le temps de notre nature pour s’infuser, est la vertu des saints. Ainsi, ne gémissez pas les uns contre les autres et vous ne serez pas jugés dit Jacques car il faut que nous parvenions ensemble dans cette Gloire promise qui peu à peu se diffuse par toutes les œuvres bonnes que l’Amour nous inspire. Il y a une bonne impatience : le désir du ciel et la ferme volonté d’être saints et une mauvaise : l’orgueil du perfectionnisme. Il y a une bonne patience : la confiance en la grâce et une mauvaise : la paresse spirituelle.
Soyons donc endurant dans la charité et fermes dans l’attente active du Salut. D’un côté nous ne devons pas nous alanguir, et maintenir une vraie exigence de vertu en nous mobilisant avec ardeur pour vivre d’une plus grande communion fraternelle et pour annoncer au monde la bonne nouvelle du Sauveur ; d’un autre côté nous devons faire preuve de douceur et de miséricorde sans trop nous énerver car ce serait de l’orgueil, ni nous désoler car ce serait du désespoir pour nos lenteurs ou nos lourdeurs.
Avancer et attendre, voilà la vie du Christ, voilà la vie de l’Eglise, voilà notre vie : exigence et miséricorde, impatience et patience comme Jésus en a fait preuve bien souvent avec ses disciples. C’est le propre de la marche d’être dans cet équilibre permanent et c’est cela la vraie suite du Christ, la vraie sainteté. Alors demandons-nous est-ce que je vais de l’avant dans ma vie spirituelle ? Est-ce que je marche ou est-ce que je suis installé dans tel ou tel confort ou habitude ? Est-ce que je suis exigeant pour combattre mes défauts et m’engager pour la communauté ? Aies-je cette impatience de l’Amour et du désir de Dieu au fond de mon âme et cette volonté de faire le bien? Et sinon comment les stimuler ? Et en même temps suis-je patient et miséricordieux envers moi-même et mes proches ? Suis-je respectueux de l’œuvre de Dieu qui vient peut- être contrarier mes plans pour un plus grand bien ? Si nous savons marcher à ce rythme, accélérer et ralentir au bon rythme de l’Evangile, alors réjouissons-nous car nous sommes en route avec Marie et Joseph vers Bethléem et sinon, il n’est pas trop tard pour prendre le bon départ. Amen.

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Jeudi 8 décembre - IMMACULEE CONCEPTION

Père Paul BERTHIER

Première lecture : « Je mettrai une hostilité entre ta descendance et la descendance de la femme » (Gn 3, 9-15.20)

Psaume : (Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4)

Deuxième lecture : « Dieu nous a choisis, dans le Christ, avant la formation du monde » (Ep 1, 3-6.11-12)

Évangile : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 26-38)

 

Ça y est c’est parti. Avec l’Immaculée Conception, le premier acte de notre salut vient d’être posé. Jusqu’à maintenant, nous n’avions que des promesses. En effet Dieu avait promis de nous envoyer un Sauveur. Il y avait aussi tous les prophètes qui nous disaient toutes les qualités de ce Sauveur. Mais jamais encore, un acte n’avait été posé. Et voilà qu’aujourd’hui, Dieu se choisit celle qui sera la Mère de son Fils. Il la veut belle, très belle.

St Bonaventure osera écrire cette phrase : « Dieu pouvait faire un monde plus grand, un ciel plus grand que ce ciel et ce monde, mais faire une mère plus grande que la Mère de Dieu, non, il ne le pouvait pas. » St Bernard lui aussi ira jusqu’à dire : «  C’est pour cette Vierge qui allait être sa Mère que Dieu a créé le monde. »  L’Immaculée Conception sera le chef d’œuvre de Dieu 

Beaucoup plus tard, Bernadette Soubirous revenait de la grotte, la Dame qu’elle y voyait depuis quelques temps lui avait dit son nom et pour ne pas l’oublier, Bernadette répétait ces mots incompréhensibles pour elle : «Que soy era Immaculata Conception. Je suis l’Immaculée Conception. » Lorsque, toute fière, elle rapporte ce nom à l’abbé Peyramal curé de Lourdes, celui-ci s’écrie : « Tais-toi, petite malheureuse, tu blasphèmes. Personne ne peut dire : « Je suis l’Immaculée Conception. »

Ce brave curé était tout ému car il savait bien que la seule personne qui pouvait dire ces mots était Marie, la Mère de Dieu. En effet, quatre ans auparavant, Pie IX avait proclamé le dogme de l’Immaculée Conception.

Immaculée Conception, Qu’est-ce que cela veut dire ? Marie a été choisie par Dieu pour être la Mère de son Fils. Il fallait bien que cette femme soit digne de cet honneur, alors dès le premier instant de son existence, sans aucun mérite de sa part, Dieu lui donne en surabondance la grâce qui fait de nous des saints. Et ce don de Dieu est si grand que durant toute sa vie Marie choisira toujours d’être en harmonie parfaite avec la volonté de Dieu. Jamais, même dans la moindre petite chose, Marie a dit non à Dieu. Jamais non plus elle ne manquera d’Amour envers son prochain…

C’est pourquoi l’ange ose lui dire : « Le Seigneur est avec toi ! »  Marie est tellement pleine du Seigneur qu’elle va donner au monde son Fils qui sera la Lumière du monde, la Vie, le Salut pour tous ceux qui l’accueillent. Ce que l’on peut supposer c’est que la vie de Marie n’a pas été une suite de miracles, une vie toute rose, remplie de merveilleux. Non, elle a vécu de façon toute simple, en faisant ses tâches journalières, et ses voisins et voisines n’ont sans doute rien su de cette vie intime avec Dieu. Par contre ce qui les étonnait c’était le visage rayonnant de Marie, cette lumière qui semblait toute la transformer, cette joie de vivre qui sortait de sa personne : « Salut Marie, pleine de grâce, »  cette disponibilité, cette attention aux autres… « C’est vrai on se sentait bien en sa compagnie, elle savait tellement bien nous transmettre la grâce dont elle débordait. » Marie a fait un parcours sans faute : elle est le chef d’œuvre de Dieu.

Si belle, si pure soit-elle, Marie reste notre Mère, notre modèle, elle n’a qu’un désir c’est que nous aussi nous restions fidèles à la grâce de notre Baptême, car nous avons la vocation d’être des saints. Saint Paul nous le rappelle dans la deuxième lecture : « Dieu nous a choisis avant la création du monde pour que nous soyons, dans l’Amour, saints et irréprochables, sous son regard. »

« Marie pleine de grâce. »

« Le Seigneur est avec toi. »

Marie, tu es le chef d’œuvre de Dieu.

Marie, par toi la Vie nous est donnée.

C’est par ton intercession et par ta prière que nous demandons à ton Fils de nous combler de sa grâce pour que nous devenions, nous aussi, des témoins de son Amour, des chefs d’œuvre de sa grâce, et que nous devenions saints et irréprochables sous son regard. Amen    P Paul BERTHIER

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27 Novembre 2022 Homélie du 1er dimanche de l'avent P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE Le Seigneur rassemble toutes les nations dans la paix éternelle du royaume de Dieu (Is 2, 1-5)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME:  (Ps 121 (122), 1-2, 3-4ab, 4cd-5, 6-7, 8-9)
DEUXIÈME LECTURE : « Le salut est plus près de nous » (Rm 13, 11-14a)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

ÉVANGILE : Veillez pour être prêts (Mt 24, 37-44)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Homélie pour le 1er Dimanche de l’Avent A 27/11/22

Isaïe a la vision d’un règne de paix et de fraternité entre les peuples rassemblés autour du Seigneur. Le Psaume s’en fait l’écho dans l’espérance d’une stabilité heureuse et sûre. C’est la lumière vers laquelle nous allons mais ne croyons pas y être déjà parvenus ; elle est au bout d’un chemin sur lequel il nous faut marcher en rejetant les ténèbres pour nous revêtir de la loi du Seigneur. St Paul nous rappelle ainsi qu’il ne faut pas nous appesantir dans une insouciance coupable : sortons de notre sommeil. 

C’est tout le sujet de l’Evangile qui nous exhorte à la veille et nous incite à nous préparer à la venue du Fils de l’homme qui n’a jamais été aussi proche. Vous connaissez la fable de la cigale et de la fourmi… Elle s’applique aussi dans la vie spirituelle… : « Les chrétiens de la Bièvre ayant chanté pendant tant d’années se trouvèrent fort dépourvus quand leur curé s’en fût allé.  Ils s’en allèrent crier famine à l’Evêché... priant que quelques Adap leurs soient accordées. Mais l’Evangile n’est pas douceureuse et on leur répondit : que faisiez-vous autrefois ? Vous ronronniez, bercés par de lointaines leçons de caté ?.. j’en suis fort aise… et bien à la suite du Christ marchez maintenant !... » 

Un peu d’humour de circonstance ne peut nuire à qui veut bien entendre cet appel pressant que la Parole de Dieu nous adresse : nous avons connu en Eglise des périodes confortables et une certaine aisance, mais ce temps révolu nous oblige à prendre aujourd’hui l’annonce de la venue du Christ au pied de la lettre si nous ne voulons pas nous laisser surprendre alors qu’un grand hiver spirituel règne déjà sur le monde. Le Christ nous trouvera-t-il au travail dans son champ ou bien en train de moudre sa Parole ou vigilant à garder et consolider le mur de notre âme contre les assauts du mal et de l’indolence ou bien indifférents accaparés par les œuvres de ce monde ? 

Tenons-nous prêts, éveillés, toujours actifs pour le reconnaitre et l’accueillir. 

Pour cela l’Evangile nous rappelle par 3 images, 3 moyens essentiels classiques à mettre en œuvre: Le Service (c’est le champ), la Parole (par l’étude de l’Ecriture et de la foi par exemple en fraternité ou nous ruminons l’enseignement de Dieu comme ces 2 femmes appliquées à moudre le grain), la prière (solitaire et communautaire pour communier ensemble à la vie que Dieu communique dans le silence, la louange le chapelet et les sacrements qui sont comme les 4 murs qui gardent le sanctuaire de notre âme). 

Ne négligeons pas ces outils essentiels de notre Salut. On ne peut pas se contenter d’être chrétien en ne venant qu’à la messe, ni en ne priant que chez soi, ni uniquement dans le service de tel ou tel en se contentant d’être « une bonne personne ». C’est tout ça ensemble qu’il nous faut accomplir dans la perspective du Royaume. Cherchons donc pour ce temps de l’Avent : un service en Eglise, un lieu d’étude, un temps pour prier avec plus d’intensité.  Et que cette Eucharistie nous fortifie sur ce chemin de lumière en nous donnant d’y travailler avec courage comme la fourmi prévoyante de La Fontaine. Ainsi, quand le Seigneur viendra à l’improviste apporter son Salut au monde, , il ne nous trouvera pas engourdi, ni le cœur refroidi mais bien prêts à accueillir la béatitude et la paix pour tous les peuples … Amen 

P Charles BONIN

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20 Novembre Homélie solennité du Christ Roi C: P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël » (2 S 5, 1-3)

Lecture du deuxième livre de Samuel

PSAUME ((Ps 121 (122), 1-2, 3-4, 5-6)
DEUXIÈME LECTURE : « Dieu nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (Col 1, 12-20)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens

ÉVANGILE : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23, 35-43)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Solennité du Christ roi C

Jésus est roi sur la croix. Il reçoit ce titre à sa naissance et à sa mort, dans les moments de plus grand dépouillement et de vulnérabilité. Il est roi dans son humilité à la manière du jeune David, le plus frêle de ses frères à qui Dieu donne la victoire sur les rois d’Israël pour faire l’unité de son peuple.

Il est roi dans son humanité meurtrie, et tournée en dérision, agonisant entre deux malfaiteurs. 

Il est roi comme premier né d’entre les morts, tête de l’Eglise pour qu’à sa suite, nous qui sommes son corps entrions dans la lumière de son Royaume. 

La royauté du Christ n’a rien du lustre de nos souverainetés temporelles, elle est au contraire un abaissement, un appauvrissement qui rejoint les plus petits, les faibles et les exclus. 

Cette royauté dont il nous promet l’héritage avec les saints ne se gagne qu’en se perdant soi-même, par une mort, un renoncement et l’offrande de sa vie comme le Christ-roi crucifié. On n’est donc jamais aussi proche du Royaume de Dieu que dans la pauvreté, l’abaissement et le partage compatissant de la condition du plus petit d’entre nos frères. C’est le chemin du chrétien vers son héritage, c’est le chemin de l’Eglise dont nous sommes les membres et dont le catéchisme nous dit qu’elle « n’entrera dans la Gloire du Royaume qu’à travers une ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa résurrection (CEC677). Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Eglise mais au contraire par une forme d’anéantissement » qui laisse toute la place à l’œuvre de la grâce, à la Jérusalem céleste qui descendra d’en haut comme une épouse parée pour son époux (Ap21,2-4). « L’Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants » (CEC675). Mais celui qui aura persévéré jusqu’au bout sera sauvé (Mt24,13).

Nous y sommes ! Et si nous en doutons encore, il n’y a qu’à relire en parallèle l’actualité des scandales et ces textes prophétiques. Devons-nous en avoir peur ou nous en inquiéter ? Non, au contraire, et réjouissons-nous car nous pouvons y reconnaitre l’action de Dieu qui corrige et purifie ceux qu’il aime, l’épreuve de notre foi qui nous appelle à nous engager vers le Royaume qui n’a jamais été aussi proche. Ne rêvons plus d’une Eglise puissante et glorieuse à la manière des hommes, mais entrons au contraire sur le chemin de la croix par lequel le Christ réconcilie toute chose. Avec le bon larron, il s’agit donc pour nous de  reconnaitre humblement nos fautes personnelles et la misère de  notre humanité blessée par le péché, d’implorer humblement miséricorde et d’accueillir le Salut par la croix. Sachons aussi nous faire proche de tout être avec humilité, cherchons la paix avec nos ennemis, laissons-nous réconcilier avec Dieu en portant le fardeau des uns et des autres par notre implication active dans la vie de nos communautés et le soutien des plus faibles. 

Il ne s’agit plus de vouloir nous sauver par nous-même comme ce malfaiteur qui cherche à utiliser Jésus pour lui-même et l’injurie de n’en rien faire mais au contraire d’entrer dans cet échange de regard plein d’espérance entre le bon larron et le Christ. Entrons dans l’Avent avec cette même disposition de miséricorde et de compassion, dans cet abaissement qui, de la crèche à la croix, nous trace le chemin pauvre et saint vers le cœur de nos frères où s’ouvrent les portes du Royaume.  Amen

P Charles Bonin

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20 Novembre 2022 Homélie Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers C: P Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : « Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël » (2 S 5, 1-3)

Lecture du deuxième livre de Samuel

PSAUME ((Ps 121 (122), 1-2, 3-4, 5-6)
DEUXIÈME LECTURE : « Dieu nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (Col 1, 12-20)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens

ÉVANGILE : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23, 35-43)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

LE CHRIST-ROI  C 2022

Pourquoi l’Eglise a-t-elle choisi cet évangile de la mort terrible de Jésus pour la fête du Christ-Roi ? C’est précisément parce qu’il a été bafoué, crucifié, parce qu’il a donné sa vie sur la croix que Jésus devient Roi de l’Univers : « Quand je serai élevé de terre j’attirerai à moi tous les hommes. » 

Devant Pilate, Jésus dira : « Tu l’as dit, je suis roi. Mon royaume n’est pas de ce monde. » Jésus est Roi : son trône, ce sera une croix, bien dressée pour que tout le monde la voit. Il lui faut aussi une couronne, il en aura une et elle tiendra bien sur sa tête, parce que les épines de cette couronne seront enfoncées profondément dans sa chair. Il lui faut aussi un titre : Pilate va se charger de lui en trouver un : « Jésus de Nazareth Roi des Juifs. » Il l’écrira en trois langues pour que tout le monde comprenne bien : le voilà notre Roi !

Jésus-Christ Roi de l’univers ! Non, l’Eglise ne craint pas de nous montrer son époux crucifié : sur la Croix, Jésus est le plus grand de tous ! Quelques jours avant, il avait dit à ses apôtres : « Voici que nous montons à Jérusalem ; le Fils de l’homme va être glorifié. » Jamais personne n’a agi de cette façon avec autant de générosité, avec autant d’amour avec autant de force de caractère que lui en cet instant où il offre sa vie pour sauver le monde.

Pas une plainte ne sort de ses lèvres. Notre Roi est un Roi d’amour : il ne se plaint pas puisqu’il souffre et meurt pour ceux qu’il aime. Pas un reproche ne sort de sa bouche. Regardez-le, écoutez-le il trouve même la force de pardonner à ses bourreaux : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… »

"Oui, Père, pardonne aussi à ce truand qui vient de reconnaître sa faute, fais-lui la grâce d’entrer avec moi en Paradis. Père, pardonne aussi à tous ceux qui me condamnent : eux non plus ne savent pas ce qu’ils font. Ils croient obéir à la Loi de Moïse et servir le Peuple d’Israël. Père pardonne aussi à cette foule qui hoche la tête, qui ne sait pas qu’en penser, qui ne veut pas croire que le Messie puisse mourir

 de cette façon-là." Venons, nous aussi entrons dans cette dernière prière de Jésus à son Père, demandons-lui : Père, pardonne-nous  aussi à nous tous. Trop souvent nous ne savons pas ce que nous faisons lorsque nous préférons notre tranquillité au bonheur des autres, lorsque nous passons à côté de nos frères sans les voir, lorsque nous passons à côté de ton Fils, sans le reconnaître.

Jésus est Roi sur la Croix. Dans ce don qu’il fait de lui-même pour nous sauver, son triomphe sera total le matin de Pâques lorsqu’il surgira du tombeau. Personne ne pourra le nier : Jésus est bien le Roi de l’univers. Sa résurrection nous dit que la vie a désormais un sens. Elle nous trace le chemin que nous prendrons pour entrer dans le Royaume. C’est là que le Roi Jésus veut nous conduire et nous combler de bonheur.

P Paul BERTHIER

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PREMIÈRE LECTURE: « Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » (Sg 9, 13-18)

Lecture du livre de la Sagesse

PSAUME: (Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc)

DEUXIÈME LECTURE: « Accueille-le, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé » (Phm 9b-10.12-17)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Philémon

ÉVANGILE: « Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Lc 14, 25-33)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

23ème DIMANCHE ORDINAIRE C 2022

Non seulement Jésus nous demande de nous détacher de nos biens mais en plus, aujourd’hui, il nous demande de nous détacher de notre famille, et même de notre propre vie : tout abandonner pour le suivre. Vous ne trouvez pas que c’est de la folie ?

A ce propos, j’ai lu une histoire qui m’a bien fait réfléchir. Un homme en randonnée en montagne tombe dans une pente très raide et dangereuse. Par reflexe, il s’accroche à un arbuste qui poussait là. Il reste là, suspendu au-dessus du vide, mais il sent que l’arbuste ne tiendra pas longtemps. Alors l’homme, qui ne croit pas en Dieu, s’écrie : « Dieu, si tu existes, sauve-moi ! » Une voix lui répond : « D’accord, lâche ton arbre ! – Non, répondit l’homme, je ne suis pas fou. »

Vous, qu’auriez-vous fait ? Est-ce qu’un chrétien qui se met à suivre Jésus n’est pas un peu fou ? Certainement, il faut beaucoup de folie pour tout abandonner, laisser ses frères ses sœurs ses parents, ses biens, et peut-être une vie agréable pour partir à la suite de Jésus et se mettre  au service des autres.

Comme Pierre, Jean, Jacques et les autres comme beaucoup de chrétiens, vous aussi vous avez rencontré Jésus. Quelle a été cette entrevue est ce que vous aussi vous avez eu un coup de folie pour lui ? 

Je me suis permis d’imaginer une rencontre avec Jésus.

« Il a posé sur moi son regard d’Amour, il m’a dit : Si tu veux être « mon disciple,  Viens suis-moi, je serai ton modèle, tu seras mon « disciple. Viens voir comment je vis, viens écouter ce que je dis. Tu « verras des choses merveilleuses que jamais personne ne t’a fait « découvrir.

« Si tu veux être mon disciple, je ne  te promets pas le plaisir, la « richesse, la tranquillité, la gloire, non, tout cela ce n’est pas du tout « mon genre de  vie. Ma vie à moi, c’est l’Amour. Sais-tu que « l’homme est fait pour aimer. Mon premier commandement, tu t’en « souviens : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et tu aimeras ton « prochain.  Si tu arrives à vivre dans l’Amour toute ta vie, tu « auras gagné. Tu auras gagné la paix en toi, la joie, ta vie aura un « sens ; toute ta vie, tu auras essayé de rendre les autres heureux, « comme je l’ai fait moi-même, et ça, ça transforme un homme. En te « voyant vivre les autres auront eux aussi, envie de me connaître.

« Si tu as des difficultés pour vivre mon Amour, viens  un moment « près de moi, écoute ma voix en relisant l’Evangile. Viens refaire tes « forces en mangeant mon corps : je serai en toi  et tu verras, tous les « deux, on y arrivera.

« Si tu veux être mon disciple, laisse ton père et ta mère, tu les « retrouveras et tu les aimeras davantage à travers moi, à travers mon « Amour ; mais sache bien que si tu prends le risque d’être mon « disciple, ça peut te conduire loin, très loin : jusqu’au dépouillement « total, jusqu’à la croix, jusqu’à la mort.

« Alors ce sera pour toi la victoire, car c’est Dieu mon Père, lui-même « qui te ressuscitera et te donnera le Bonheur sans fin, dans notre « Amour qui n’a pas de limite. Tu seras un disciple accompli, et tu « seras heureux pour l’éternité. »    

P Paul Berthier

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PREMIÈRE LECTURE: « Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » (Sg 9, 13-18)

Lecture du livre de la Sagesse

PSAUME: (Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc)

DEUXIÈME LECTURE: « Accueille-le, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé » (Phm 9b-10.12-17)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Philémon

ÉVANGILE: « Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Lc 14, 25-33)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

23ème DIMANCHE ORDINAIRE C 2022

Non seulement Jésus nous demande de nous détacher de nos biens mais en plus, aujourd’hui, il nous demande de nous détacher de notre famille, et même de notre propre vie : tout abandonner pour le suivre. Vous ne trouvez pas que c’est de la folie ?

A ce propos, j’ai lu une histoire qui m’a bien fait réfléchir. Un homme en randonnée en montagne tombe dans une pente très raide et dangereuse. Par reflexe, il s’accroche à un arbuste qui poussait là. Il reste là, suspendu au-dessus du vide, mais il sent que l’arbuste ne tiendra pas longtemps. Alors l’homme, qui ne croit pas en Dieu, s’écrie : « Dieu, si tu existes, sauve-moi ! » Une voix lui répond : « D’accord, lâche ton arbre ! – Non, répondit l’homme, je ne suis pas fou. »

Vous, qu’auriez-vous fait ? Est-ce qu’un chrétien qui se met à suivre Jésus n’est pas un peu fou ? Certainement, il faut beaucoup de folie pour tout abandonner, laisser ses frères ses sœurs ses parents, ses biens, et peut-être une vie agréable pour partir à la suite de Jésus et se mettre  au service des autres.

Comme Pierre, Jean, Jacques et les autres comme beaucoup de chrétiens, vous aussi vous avez rencontré Jésus. Quelle a été cette entrevue est ce que vous aussi vous avez eu un coup de folie pour lui ? 

Je me suis permis d’imaginer une rencontre avec Jésus.

« Il a posé sur moi son regard d’Amour, il m’a dit : Si tu veux être « mon disciple,  Viens suis-moi, je serai ton modèle, tu seras mon « disciple. Viens voir comment je vis, viens écouter ce que je dis. Tu « verras des choses merveilleuses que jamais personne ne t’a fait « découvrir.

« Si tu veux être mon disciple, je ne  te promets pas le plaisir, la « richesse, la tranquillité, la gloire, non, tout cela ce n’est pas du tout « mon genre de  vie. Ma vie à moi, c’est l’Amour. Sais-tu que « l’homme est fait pour aimer. Mon premier commandement, tu t’en « souviens : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et tu aimeras ton « prochain.  Si tu arrives à vivre dans l’Amour toute ta vie, tu « auras gagné. Tu auras gagné la paix en toi, la joie, ta vie aura un « sens ; toute ta vie, tu auras essayé de rendre les autres heureux, « comme je l’ai fait moi-même, et ça, ça transforme un homme. En te « voyant vivre les autres auront eux aussi, envie de me connaître.

« Si tu veux être mon disciple, laisse ton père et ta mère, tu les « retrouveras et tu les aimeras davantage à travers moi, à travers mon « Amour ; mais sache bien que si tu prends le risque d’être mon « disciple, ça peut te conduire loin, très loin : jusqu’au dépouillement « total, jusqu’à la croix, jusqu’à la mort.

« Alors ce sera pour toi la victoire, car c’est Dieu mon Père, lui-même « qui te ressuscitera et te donnera le Bonheur sans fin, dans notre « Amour qui n’a pas de limite. Tu seras un disciple accompli, et tu « seras heureux pour l’éternité. »    

P Paul Berthier

 

« Si tu as des difficultés pour vivre mon Amour, viens  un moment « près de moi, écoute ma voix en relisant l’Evangile. Viens refaire tes « forces en mangeant mon corps : je serai en toi  et tu verras, tous les « deux, on y arrivera.

« Si tu veux être mon disciple, laisse ton père et ta mère, tu les « retrouveras et tu les aimeras davantage à travers moi, à travers mon « Amour ; mais sache bien que si tu prends le risque d’être mon « disciple, ça peut te conduire loin, très loin : jusqu’au dépouillement « total, jusqu’à la croix, jusqu’à la mort.

« Alors ce sera pour toi la victoire, car c’est Dieu mon Père, lui-même « qui te ressuscitera et te donnera le Bonheur sans fin, dans notre « Amour qui n’a pas de limite. Tu seras un disciple accompli, et tu « seras heureux pour l’éternité. »    

P Paul Berthier

06 Novembre 2022 Homélie pour le 32 ème dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle » (2 M 7, 1-2.9-14)

Lecture du deuxième livre des Martyrs d’Israël

PSAUME :  (Ps 16 (17), 1ab.3ab, 5-6, 8.15)
DEUXIÈME LECTURE :  « Que le Seigneur vous affermisse « en tout ce que vous pouvez faire et dire de bien » (2 Th 2, 16 – 3, 5)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
ÉVANGILE :  « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 27-38)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 32e dim TOC

Qui est-Dieu ? 

Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants; tous en effet vivent pour lui. 

Et vous, Pour quoi vivez-vous ? Si c’est pour ce monde seulement vous êtes les plus malheureux de tous les hommes. Insensés ! Notre vie n’est pas pour ce monde qui passe, elle est pour Dieu et pour la vie éternelle qu’il donne à ceux qui viennent vers lui ; une vie en plénitude que ni la mort, ni la peur de la mort ne peuvent arrêter. Pour cela, il nous faut vivre pour Dieu, pour l’éternité et non pour ce qui ne peut que mourir. Ne prenons pas les moyens pour la fin, mais accordons tous les moyens de nos existences à la fin éternelle pour laquelle nous sommes faits. Nous en avons un exemple illustre dans les martyrs d’Israël qui ont méprisé leur propre vie dans l’espérance de la résurrection. Cela leur a donné la force de supporter avec un admirable courage les tortures auxquelles ils étaient soumis. Les saints n’ont pas peur de la mort, parce qu’ils vivent pour le ciel. Leur espérance est au-delà ! Cela ne diminue en rien leur engagement dans la vie sur terre. Bien au contraire ils vivent plus intensément, plus pleinement parce que tout ce qu’ils font est accordé à l’éternité, dès lors toutes leurs actions sont imprégnées de charité, or la charité ne passera jamais nous dit l’Ecriture, ainsi rien de ce qu’ils entreprennent n’est vain, tout ce qu’ils font demeure ferme pour toujours, ils vivent en plénitude sans perte…

Mais nous-même, sommes-nous animés comme eux de cette ferme espérance de vie éternelle ? Sommes-nous pleinement vivants ou ne vivons-nous qu’à moitié ? 

De deux choses l’une, soit Dieu existe et nous devons orienter notre vie vers lui et la plénitude de vie que lui seul peut donner. Soit il n’existe pas et nous n’avons qu’une vie alors autant profiter de tout ce qui passe. Mais justement cela passe… et que nous restera-t-il à la fin ? rien

C’est l’option fondamentale sur laquelle il nous faut nous déterminer : Vivre pour Dieu et pour les autres ou pour soi.

Cette détermination est au cœur de l’Evangile qui divise ceux qui croient en la résurrection et ceux qui n’y croient pas. Ceux qui n’y croient pas s’enlisent dans des réflexions inutiles telles que celle sur la femme aux sept maris, un cas de morale et de droit absurde ; en un mot, ils perdent leur temps pour des futilités et se dispersent en vain. Ceux qui y croient, en revanche ne s’embarrassent pas de discussions oiseuses, ils vivent déjà en fils et fille de la résurrection selon l’Amour et la vérité, ils vont à l’essentiel, ils sont unifiés, cohérents, heureux, sans peur de la souffrance et de la mort, et pleinement vivants, parce que vivant déjà du ciel.

La foi nous évite ainsi de perdre bien du temps en des choses sans importance. Elle nous dispense de vaines querelles, de petits riens qui empoisonnent notre vie, elle nous libère de tout ce qui est secondaire et nous concentre sur le but ultime de toutes nos actions, elle relativise bien des choses et nous concentre sur l’essentiel. Elle donne sens à notre vie, elle nous ordonne vers la vie en plénitude. Non pas une vie au rabais, non pas une vie au grès des évènements, ballotées par tant de passions et d’émotions fugaces, non pas une vie qui se laisse ébranler par toute sorte de maux et de perversions, non pas une vie racornie comme un fruit sec épuisé par lui-même, affadi et aigri par le temps ; mais une vie affermie dans le bien, une vie donnée, savoureuse comme un fruit mûr plein de la sève de la charité et du sucre de l’Espérance, une vie resplendissante d’Amour et de joie offerts, rayonnant de la présence de Dieu. La foi nous donne cette assurance que rien n’ébranle qui fait la constance des saints car ils demeurent dans la main de Dieu, vivant pour lui de son éternité, non pas à moitié mais en plénitude, non pas demain mais aujourd’hui. 

Nous n’en sommes peut-être pas encore là, mais chaque Eucharistie, chaque lecture de la parole de Dieu, chaque moment de prière, chaque service offert à nos frères et sœur, chaque ouverture à l’étranger nous offre un surcroit de vie, nous fait faire un pas vers le Royaume ou fait un peu descendre le ciel sur la  terre. Que cette communion entre nous avec le Christ élargisse maintenant notre cœur pour le Dieu de la vie. Amen P Charles BONIN

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01 Novembre 2022 Homélie pour la Toussaint C P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7, 2-4.9-14)

Lecture de l'Apocalypse de saint Jean

PSAUME : (Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6)
DEUXIÈME LECTURE : « Nous verrons Dieu tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-3)

Lecture de la première lettre de saint Jean

ÉVANGILE : « Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Homélie pour la Toussaint C 01/11/22

Béatitude inimaginable

L’Apocalypse nous donne à contempler une liturgie céleste qui nous laisse entrevoir ce que sera la vision béatifique. Au ciel « nous verrons Dieu tel qu’il est » précise St Jean et ce sera une béatitude ajoute St Mathieu dans l’Evangile, car tous seront comblés dans le Royaume des cieux. Nous avons beau savoir d’après ces textes qu’un grand bonheur nous attend, que nous serons consolés, que règnera la justice et la paix, on a du mal à se le représenter. J’ai une tante qui du coup n’a pas envie d’aller au ciel parce qu’elle a peur de s’y ennuyer… C’est vrai que si on s’imagine le ciel comme un film : « DIEU »… qui dure toute l’éternité…ça nous laisse perplexe. 

Relation d’Amour

Le ciel ne devient désirable que lorsqu’on comprend qu’il est une relation d’amour avec celui qui est l’Amour, Père, source de tout amour qui fait de nous ses fils dans l’Amour. C’est bien ce que nous dit St Jean : nous sommes appelés enfants de Dieu. Ce n’est bien sûr pas imaginable mais on peut quand même en avoir une petite idée en pensant que toutes les expériences de joie profonde et d’Amour pur et vrai que nous vivons sur la terre ne sont qu’un petit avant-goût de l’infini dont vivent les saints. Le ciel ne devient désirable que dans la foi en celui qui nous dit que nous ne serons pas déçus et qui nous a donné sa vie pour nous en ouvrir l’accès si nous nous en remettons à lui avec confiance. 

Chemin d’espérance

Nous sommes appelés à partager sa gloire avec la foule immense tous ceux qui nous précèdent et que nous fêtons aujourd’hui : Les grands saints que tout le monde connait et les inconnus de nos familles et amis qui ont cherché à suivre la voie du Christ avec humilité et persévérance. La sainteté en effet plus qu’un état, est un chemin de rencontre avec Dieu auquel notre vie sur terre nous prépare. Plus on avance sur ce chemin d’amour plus cette relation nous épanouit, c’est comme un feu qu’on alimente et qui se met à grandir et briller de plus en plus intensément infiniment au fur et à mesure que nous posons des actes d’Amour envers Dieu et nos frères, et à travers des épreuves surmontées avec confiance. Nos peines, nos difficultés, nos combats contre le péché, le mal, l’injustice, la maladie sont autant de bûches et pas seulement des embûches, jetées dans ce feu de l’Amour du Christ pour nous embraser de sa divinité. Ne redoutons donc pas la grande épreuve de l’Apocalypse ni les malheurs temporaires des béatitudes, ni tous les labeurs de nos existences : Ce sont autant d’occasions de nous fortifier dans l’espérance d’être purifiés par le sang du Christ, de nous abandonner entre les bras du Père avec confiance, de nous laisser saisir par le feu de son Esprit et c’est ainsi que l’on devient des saints immergés dans l’Amour trinitaire. 

Ne soyons donc pas des bûches inertes sur le bord du chemin. Saisissons ces robes blanches et ces palmes qui nous sont tendues à travers toutes les opportunités de faire le bien et d’être bons et généreux dans l’adversité pour rejoindre à notre tour l’immense et joyeux cortège de tous les saints. AMEN

P Charles BONIN

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30 octobre 2022 Homélie pour le 31ème dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu aimes tout ce qui existe » (Sg 11, 22 – 12, 2)

Lecture du livre de la Sagesse

PSAUME : (Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14)

DEUXIÈME LECTURE : « Le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous en lui » (2 Th 1, 11 – 2, 2)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

ÉVANGILE:  « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 1-10)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 31 Dimanche du temps ordinaire C 30/10/22

Comme en toute période de crise fleurissent des prophètes de malheur qui annoncent que le pire est à venir et effrayent bien des gens en prétendant que la fin du monde est proche. Cela a existé de tout temps, cela existera encore, c’est peut-être vrai et en tous cas un jour cela le sera. Mais à force de crier au loup, plus personne n’y prête attention et l’on s’expose à ne pas être prêt lorsqu’il viendra. Il en va de même pour le retour du Christ auquel nous devons nous préparer en évitant deux écueils spirituels : la peur et l’indolence.

St Paul nous avertit n’allez pas perdre la tête ne vous laissez pas effrayer. Et le livre de la Sagesse nous donne un motif de confiance en nous assurant que Dieu n’a de répulsion pour personne, qu’il a pitié des hommes, aime tout ce qui existe, épargne tous les êtres. Il reprend et avertit ceux qui tombent pour qu’ils se détournent du mal et croient en lui. S’il n’y a donc pas de crainte à avoir dans l’amour et que nous pouvons compter sur le soutien du Seigneur qui redresse les accablés comme le dit le psaume, cela ne doit pas pour autant alimenter une paresse spirituelle qui risquerait de nous faire perdre ce secours. 

C’est ce qu’illustre Zachée : loin de se complaire dans ses richesses, il se met en mouvement de conversion et nous invite à suivre son itinéraire pour nous entendre dire comme lui : aujourd’hui le Salut est arrivé pour cette maison.

Tout d’abord, il cherche à voir Jésus, il est empêché, il court en avant et grimpe sur un arbre. Avons-nous ce désir de voir Jésus ? Est-ce que nous nous laissons facilement décourager dans nos entreprises pour mieux le connaitre ? Lire la Parole de Dieu, participer à une fraternité ? Etudier le catéchisme ? Suivre un Mooc ?.... Est-ce que nous courrons à la messe ou pour recevoir les sacrements ? Est-ce que nous grimpons sur l’arbre de la croix pour offrir à notre tour quelque sacrifice ou nous efforcer de comprendre par un labeur fervent les mystères de notre foi ? 

Ensuite il descend pour recevoir Jésus.  Savons nous quitter nos positions confortables, avoir l’humilité de descendre en nous-mêmes, de reconnaitre nos faiblesses, notre péché ? Osons nous nous confronter au réalisme de la relation avec le Christ et demeurer avec lui dans la prière et l’adoration ou restons nous à distance, perché et satisfait d’une foi abstraite, théorique, pleine de principe mais finalement sans humanité ni divinité ?

Enfin, Zachée donne et répare. Parce qu’il a reçu le Christ et est habité de sa présence, il se tourne généreusement vers ses frères. Et nous que donnons-nous ? N’avons-nous pas un tort envers quelqu’un qu’il nous faudrait réparer ? Un pardon à donner ? Une aumône à faire ? Un regard de compassion, un sourire, une visite à accomplir ? 

La Toussaint nous rappelle que nous sommes tous appelés à être saints, c’est-à-dire sanctifiés par le Seigneur, demeurant en sa présence, irradiés de sa lumière. Il n’y a pas d’autre béatitude. Et nous en connaissons maintenant le chemin : chercher le Christ en formant sa foi, prier avec ferveur et une humble contrition, pardonner et servir nos frères et sœurs. Celui qui fait ainsi n’a plus à craindre le jour du Seigneur, il demeure dans la joie et la paix, car il était perdu mais il est désormais sauvé, il reçoit la bonté du Seigneur pour le louer toujours et à jamais dans l’immense cortège de tous les saints. AMEN  P Charles BONIN

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30 octobre 2022 Homélie pour le 31 ème dimanche du temps ordinaire P Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : « Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu aimes tout ce qui existe » (Sg 11, 22 – 12, 2)

Lecture du livre de la Sagesse

PSAUME : (Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14)

DEUXIÈME LECTURE : « Le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous en lui » (2 Th 1, 11 – 2, 2)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

ÉVANGILE:  « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 1-10)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

31ème DIMANCHE ORDINAIRE C 2022

Aux yeux de la population, Zachée n’est pas un homme intérerressant : c’est un collabo. Il trafique avec les Romains. Eh oui, c’est lui qui ramasse l’impôt pour le compte des Romains. Il est même le chef de ces collecteurs et en plus il se sert au passage.

Il a entendu parler de Jésus : on dit que c’est un homme exceptionnel qui parle bien, qui n’est pas hypocrite comme les pharisiens. Il accepte tout le monde, il va même jusqu’à manger avec les pécheurs. «  Si je pouvais voir ce Jésus, ça pourrait peut-être changer toute ma vie ! » se disait Zachée.

Par contre, aux yeux de Dieu Zachée est un homme très intéressant : il a envie de changer. Il n’est pas satisfait de la vie qu’il mène. Ce n’est pas uniquement par curiosité qu’il cherche à voir Jésus, mais quelque chose lui dit que Jésus peut changer toute sa vie : il est comme attiré par cet homme. Mais Zachée est tout petit, c’est pour cela qu’il grimpe dans un sycomore. Il va être aux premières loges pour voir passer Jésus, il s’en réjouit d’avance. Jésus passe sous le sycomore et lève les yeux. « Zachée, descends vite, aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi ! » Avez-vous remarqué ? Jésus ne dit pas à Zachée il faut que j’aille déjeuner chez toi, non, mais il dit : «  il faut que j’aille demeurer chez toi. »On a l’impression que ça va durer. Ce n’est pas pour une heure ou deux que Jésus s’invite, non, c’est pour un long moment, une longue période. On pourrait même penser que c’est pour toute la vie. Jésus a envie de rester. 

Ce n’est pas possible, ou bien Jésus ne sait pas qui est cet homme et dans ce cas il n’est pas le prophète qu’on attendait, ou alors ce qu’il fait c’est de la provocation. Non, Jésus ne fait pas de la provocation : il demeure fidèle à sa vocation : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Vous iriez, vous, déjeuner ou demeurer chez un collabo ? Je ne peux pas m’empêcher de penser à cette phrase du prophète Ezéchiel : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. » Dans la première lecture, le livre de la Sagesse, nous dit la même chose : « Seigneur, tu fermes les yeux sur les péchés des hommes pour qu’ils se convertissent. »

« Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi » Aujourd’hui, Dieu intervient dans la vie de Zachée et pour lui, tout est bouleversé : c’est la révolution et quelle révolution ! « Voici, Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »

Zachée, nous le connaissons tous. Regardons en nous, regardons nos vies. Comme Zachée, nous sommes tout petits, comme Zachée, nous voudrions bien voir, connaître ce  Jésus   dont   tout    le monde s’émerveille. Qui de nous n’a pas, un jour ou l’autre désiré voir Jésus, et voici que Jésus est venu demeurer chez nous aussi… Vous ne vous souvenez pas ? Mais si, rappelez-vous, vous étiez peut-être tout jeune, tout petit, c’était peut-être le jour de votre Baptême, le jour de  votre première communion. Jésus nous a dit : « Ouvre-moi ta maison, ouvre-moi ton cœur, aujourd’hui, je viens demeurer chez toi… » Et il est encore là, le Seigneur, et il attend, il attend un geste de notre part. 

Dans la deuxième lecture St Paul nous dit qu’il prie pour que nous soyons dignes de répondre à cet appel du Seigneur. Depuis le jour de notre Baptême, par son Esprit, Dieu demeure en chacun de nous. Il ne vient jamais les mains vides. Il nous aide par sa puissance, par sa grâce à réaliser notre vie d’Amour. Chaque visite de Jésus Eucharistie est une invitation, un appel à la conversion, un encouragement à nous mettre debout. 

Chez Zachée, le jour où il a reçu Jésus ce devait être la fête… Aujourd’hui encore Jésus nous attend. Ne le laissons pas tout seul. Nous désirons le rencontrer, ne cherchons pas trop loin, il est en nous, il nous attend pour faire la fête. Amen

P Paul BERTHIER

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23 octobre 2022 Homélie pour le 30 ème dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « La prière du pauvre traverse les nuées » (Si 35, 15b-17.20-22a)

Lecture du livre de Ben Sira le Sage 

PSAUME : (Ps 33 (34), 2-3, 16.18, 19.23)

DEUXIÈME LECTURE : « Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice » (2 Tm 4, 6-8.16-18)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée
ÉVANGILE « Le publicain redescendit dans sa maison ; c’est lui qui était devenu juste, plutôt que le pharisien » (Lc 18, 9-14)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le Dimanche 30 TOC

La parabole du publicain et du pharisien est couramment présentée comme un exemple d’humilité et de justice. Le juste c’est celui qui est humble et se reconnait pécheur devant le Seigneur pour en obtenir le pardon qui élève tandis que celui qui se glorifie, l’orgueilleux satisfait de lui-même, sera abaissé. 

Pourtant dans la deuxième lecture, Paul fait son propre éloge : j’ai mené les bon combat, j’ai gardé la foi, je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de justice, le Seigneur, le juste juge me la remettra. Apparemment Paul ne fait pas montre d’une grande humilité et prétend avoir mérité une rétribution pour son labeur alors qu’ailleurs l’évangile nous enjoint à nous reconnaitre comme des serviteurs inutiles. Il est donc difficile de s’y retrouver et de comprendre quelle doit être la juste attitude qu’il convient d’adopter devant le Seigneur pour entrer en communion ave lui. 

1/ Désirer Dieu : un appel à la grâce.

Retenons d’abord de Ben Sirac le Sage que la prière du pauvre traverse les nuées. Il nous faut donc être mendiants de la grâce. La prière humble qui plait à Dieu consiste à reconnaitre que nous avons besoin de Dieu, que lui seul nous sauve et donne sens à notre vie. Et c’est bien ce que dit Paul de lui-même lorsqu’il se reconnait abandonné de tous et que le Seigneur seul l’a assisté. Comme le publicain qui se reconnait pécheur et implore les faveurs de Dieu, l’un et l’autre attendent après le Seigneur. Comme la supplication de l’orphelin et la plainte répétée de la veuve dans la première lecture, sachons demander et espérer dans la foi avec persévérance. Mais souvent dit l’écriture, nous ne savons pas demander, il nous faut donc apprendre à désirer sans cesse et plus ardemment ce que Dieu veut nous donner. Que l’homme de désir s’approche dit l’Apocalypse et reçoive l’eau de la vie gratuitement. Demandons plus, éveillons notre désir de Dieu plutôt que de nous satisfaire de petits rien… Dieu veut nous donner tellement plus… c’est cela avoir un cœur de pauvre toujours assoiffé d’Amour jamais satisfait de n’être pas encore en Dieu. L’humble prière ne cherche pas à s’auto-justifier par une pratique, elle cherche Dieu. Elle lui fait une place dans sa vie en reconnaissant tous ses vides, tous ses manques qui attendent encore d’être comblés de grâces, imprégnés par la présence de Dieu. 

2/ Louer et servir Dieu : une réponse à la grâce.

Ensuite ne nous laissons pas égarer par la fausse humilité. Paul reconnait les dons qu’il a reçus de Dieu et auxquels il s’est efforcé de répondre et de correspondre par son ardeur missionnaire tandis que le pharisien se regarde lui-même et se glorifie de ses propres performances. Il veut attirer sur lui le regard de Dieu et des autres auxquels il se compare et qu’il méprise tandis-que la vraie humilité sait rendre grâce et retourne à Dieu les fruits de ses dons : la louange sans cesse à mes lèvres, je me glorifierai dans le Seigneur dit le Psaume. Méfions-nous donc de ne pas trop dire « je ne suis rien » pour que les autres fassent notre propre éloge, mais devenons acteurs des grâces que Dieu nous donne, déployons généreusement les dons qu’il nous a fait au service des autres sans fausse humilité qui est le plus subtil orgueil doublé d’une paresse déguisée pour s’excuser trop facilement de ne pas prendre toute sa place dans la vigne du Seigneur. Sachons donc au contraire rendre grâce et cultiver les dons de Dieu au service de sa Gloire sans démission ni comparaison. 

Seigneur donne-nous donc un cœur de pauvre, une âme de désir qui te cherche sans repos et ne veuille rien d’autre qu’accomplir ta volonté sans jamais se satisfaire de ce qui n’est pas toi. Continue en nous tes charitables dons et anime nous de ton Esprit de force pour que, par toute notre vie, la proclamation de l’Evangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les Nations l’entendent. Apprend-nous le bon combat de la foi et comment coopérer à ton œuvre d’Amour et de Salut pour la manifestation de ta Gloire dans le Monde. Amen. P Charles BONIN

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16 OCTOBRE 2022 Homélie pour le 29 ème dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort » (Ex 17, 8-13)

Lecture du livre de l’Exode

PSAUME : (Ps 120 (121), 1-2, 3-4, 5-6, 7-8)
DEUXIÈME LECTURE : « Grâce à l’Écriture, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien » (2 Tm 3, 14 – 4, 2) 
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée
ÉVANGILE « Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui » (Lc 18, 1-8)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 29 dimanche TOC 16/10/22

Il faut toujours prier sans se décourager, toujours garder les bras levés vers le ciel comme Moïse soutenant par son intercession le combat contre les Amalécites, proclamer la parole, dénoncer le mal encourager avec patience sans se lasser dit St Paul. Facile à dire… mais quand tout semble aller mal, que la lassitude nous gagne et qu’on est constamment déçu ou mis en échec dans ses entreprises pourtant bonnes, comment garder la Foi et demeurer dans l’Espérance animé d’une joyeuse Charité ? 

La réponse nous vient du psaume qui peut agir dans notre vie bien plus efficacement et profondément qu’une cure d’anti-dépresseurs : « Le Secours me viendra du Seigneur, ton gardien qui se tient près de toi pour te garder de tout mal maintenant et à jamais ».

Souvent, nous comptons trop sur nous-mêmes et l’inquiétude nous gagne car beaucoup de choses nous dépassent au-delà de nos capacités, alors nous nous sentons submergés, vaincus, inaptes et inutiles. La première lecture nous enseigne à ne pas compter seulement sur nous-même mais à apprendre à demander humblement de l’aide, comme le grand Moïse se sentant faiblir est soutenu par Hour et Aaron tandis que l’armée combat ses ennemis. Nous avons besoin les uns des autres, car il y a bien des combats qu’on ne peut gagner seul, bien des projets qui n’aboutissent que par l’effort de tous. Ainsi, pour notre paroisse et notre doyenné, j’ai besoin de vous, de votre prière et de votre engagement concret, à chacun de se donner comme il le peut selon son état de vie. 

En outre, si nous nous remettons entre les mains du Seigneur avec confiance, si nous attendons patiemment de lui ce qui ne peut dépendre de nous, bien vite il fera justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit. Il n’y a qu’une condition à cette assurance de l’Evangile : la Foi ! Cette attitude confiante et paisible peut tout obtenir de Dieu. Pour nourrir cette Foi, il nous faut entendre la promesse que Dieu nous fait aujourd’hui de veiller sur nous toujours, pour empêcher que notre pied trébuche : Non il ne dort pas ton gardien, il est là et c’est lui qui te porte encore dans les moments les plus sombres de ton histoire. C’est la grande question que posait Elie Weisel, survivant des camps de concentration, devant un prisonnier fusillé suspendu aux barbelés de l’enclos dont il essayait de s’échapper : « Où était Dieu à Auschwitz ? » Là ! Précisément ! Avec les condamnés, les désespérés, les pauvres, les malades, les vieux, les fragiles, ceux qu’on veut éliminer aujourd’hui comme au siècle dernier parce qu’ils dérangent et ne sont pas comme nous, parce qu’ils coutent trop chers, parce qu’on les trouve laids ou inutiles, alors que, bien au contraire, leur humanité débarrassée de tout orgueil, de l’illusion de « faire », nous laisse voir enfin le vrai visage de Dieu : ce Dieu qui se donne dans la faiblesse et se révèle comme « celui qui Est », justement dans un corps défiguré, impuissant, suspendu à l’injustice de la croix pour dire la toute-puissance de l’Amour. C’est toute la grave question de l’Euthanasie qui voudrait que la force négative de la mort étouffe la vitalité de l’Amour, et qu’une logique d’efficacité et de rentabilité de l’agir supplante la valeur substantielle et première de l’Etre. 

Qu’elle soit donc, cette croix, signe de l’Amour donné, notre seule Espérance, notre unique étendard, l’ancre de notre Foi : Dieu est là toujours quand l’humanité s’abandonne entre ses mains. Il est là, plus que jamais, précisément, quand on reconnait qu’on ne peut plus rien faire et qu’enfin on ouvre les bras pour l’accueillir dans nos vides intérieurs qu’il vient emplir de sa vie, quand l’action utile ou l’agitation inutile laisse enfin la place à l’Etre et à l’amour pur et gratuit. 

Apprenons donc de cette veuve à ouvrir nos mains simplement à l’ineffable présence de celui qui Est en disparaissant en lui et en abandonnant tout ce qui au fond, n’est pas ; pour se laisser porter par l’Amour de celui-là seul qui demeure à jamais. Amen. P Charles BONIN

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09 OCTOBRE 2022 Homélie pour le 28 ème dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Naaman retourna chez l’homme de Dieu et déclara : Il n’y a pas d’autre Dieu que celui d’Israël » (2 R 5, 14-17)

Lecture du deuxième livre des Rois

PSAUME : (Ps 97 (98), 1, 2-3ab,3cd-4)
DEUXIÈME LECTURE : « Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons » (2 Tm 2, 8-13)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée
ÉVANGILE « Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » (Lc 17, 11-19)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 28e dimanche TOC

Naaman le Syrien descend jusqu’au Jourdain pour obéir à la parole d’Elisée ; Paul endure la souffrance parce qu’on n’enchaîne pas la Parole ; Jésus marche vers Jérusalem dans l’obéissance à son Père pour y subit l’outrage de la croix ; le samaritain revient rendre grâce à Dieu après avoir accompli ce qu’il lui commandait. Et nous ? Quel chemin sommes-nous prêt à entreprendre ? A quelle voix obéissons nous ? Qu’est-ce qui nous met en route ? Avons-nous l’espérance du Salut ? Sommes-nous prêts à supporter les oppositions et les humiliations pour annoncer l’Evangile ? Veillons-nous à accomplir les commandements et à remercier Dieu de ses dons ? 

La foi est un chemin d’obéissance à la recherche de Dieu et à la rencontre de nos frères animé d’une espérance qui rend fort dans l’adversité et ouvre à la reconnaissance. Dieu attend de nous des actes de confiance autrement dit de foi comme Naaman, comme le Samaritain, comme Paul, comme Jésus. Et cette confiance se décline et s’exerce sur ces quatre modes qu’illustre la Parole de Dieu aujourd’hui : 

De l’espérance, de l’accomplissement, de la persévérance dans l’épreuve et de l’action de grâce. La foi, si elle est un don initial de Dieu exige que nous la pratiquions pour la fortifier et l’augmenter, comme le pianiste bien doué de naissance a malgré tout besoin de faire des gammes et de jouer de son instrument pour se perfectionner. Voici donc quelques exercices pratiques et variations sur ces quatre modes de la foi :

L’espérance se nourrit d’actes de foi tels que celui révélé à Ste Faustine que nous avons fêté récemment : Jésus j’ai confiance en toi, mais il ne suffit pas de le dire il convient aussi d’agir en confiant à Dieu ce que nous faisons par une prière, en lui demandant d’agir avec nous. Agissons donc comme si tout ne dépendait que de nous et prions comme si tout ne dépendait que de Dieu. 

Deuxième exercice : interrogeons-nous fréquemment sur la volonté de Dieu. Que ferait Jésus à ma place. Seigneur que veux-tu que je fasse ? Plutôt que d’agir machinalement, selon nos habitudes, notre caractère, notre instinct, cherchons activement à accomplir ce que Dieu veut, comme il le veut en lui demandant toujours de nous éclairer par ces courtes pensées tournées vers le ciel. 

Cultivons ensuite la ténacité. Le diable cherche toujours à nous décourager. Ne cédons pas à ses suggestions mais fortifions nous par la pensée que Dieu est toujours avec nous pour les oeuvres bonnes qu’il nous suggère. Rencontrons-nous un obstacle ? Une contrariété ? Recommençons paisiblement sans nous lasser. Dieu voit la peine que nous prenons pour lui plaire et elle a plus de valeur à ses yeux que les succès ou les échecs apparents de nos entreprises. 

Enfin, soyons toujours dans la joie de ce que Dieu accomplit en nous, même si nous ne le voyons pas. Cherchons sa présence dans le toute petites touches discrètes du quotidien : Dieu est là simple et doux pour nous purifier de nous-même, de ce moi qui nous aveugle et nous fait oublier l’auteur si bon de tous ces dons. Apprenons donc à le recevoir en pratiquant régulièrement une petite relecture de vie qui nous rendra attentif aux grâces reçues chaque jour pour nous ouvrir à la louange. 

Nous le voyons bien dans ces lectures, la foi n’a rien d’abstrait, elle n’est pas d’abord dogmatique, elle est pratique, concrète, elle est une question de vie, la force d’une relation fondamentale basée sur la confiance. Osons donc cet nous entrainer à cette pratique salutaire et recevons de cette eucharistie la force de nous engager sur ce chemin vers la joie parfaite. AMEN  P Charles BONIN

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02 Octobre 2022 Homélie pour le 27 ème dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Le juste vivra par sa fidélité » (Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4)

Lecture du livre du prophète Habacuc

PSAUME : (Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)
DEUXIÈME LECTURE : « N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur » (2 Tm 1, 6-8.13-14)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée

ÉVANGILE « Si vous aviez de la foi ! » (Lc 17, 5-10)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 27eme dimanche du temps ordinaire

 

Les lectures nous présentent deux attitudes antagonistes de notre relation à Dieu :

L’insolent et le juste. « L’insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité » dit le prophète Habacuc.

L’insolent c’est celui qui revendique sa part de repos après son service, c’est celui qui croit que quelque chose lui est dû. Il est traversé par les sentiments de peur ou de honte parce qu’il se crispe sur ce qu’il a ou croit avoir et craint de le perdre ou s’en fait une fierté mal placée ou encore convoite ce qu’il n’a pas et nourrit des sentiments d’envie. C’est encore celui qui attend une reconnaissance agissant par intérêt et calcul mais jamais gratuitement. Il n’est pas dans la relation à quelqu’un mais dans le calcul de quelque chose et exige qu’on lui réponde. 

Le juste au contraire a conscience que rien ne lui est dû parce que tout est don de Dieu, il est dans l’action de grâce perpétuelle et le service désintéressé pour lequel il se dépense sans compter ni rien attendre en retour par pur amour de son maître. 

Chers frères et sœurs, sommes-nous dans la revendication ou dans l’accueil ? Laquelle de ces deux attitudes fondamentale habite notre cœur ?

La revendication génère colère, jalousie elle aigrit le cœur et conduit à la mort spirituelle tandis-que l’humble accueil de ce qui nous est donné de vivre dans la foi inébranlable en la bonté de Dieu est une force qui déplace les montagnes. C’est là ce que Dieu espère de nous pour nous combler de ses dons. 

Nous en avons une illustration dès le début de la Bible entre Caïn et Abel. Le premier espère une reconnaissance, un salaire et parce qu’il n’obtient rien, il s’emporte et devient meurtrier. Le second Abel présente son offrande pour plaire à Dieu simplement et c’est pourquoi il est agréé de lui. Nous pouvons encore le voir dans notre quotidien. Je connais une femme pauvre qui vit une situation familiale misérable entre un enfant malade et un mari dépressif et alcoolique, je ne l’ai jamais entendue se plaindre, je l’ai toujours vu sourire au service des plus démunis : Voilà la sainteté, voilà le vrai bonheur. 

Demandons et accueillons du Seigneur le don de la foi, la confiance en lui et faisons taire nos chicanes et nos caprices devant le Seigneur. Comme le dit très justement la prière scoute apprenez nous Seigneur à donner sans compter, à travailler sans chercher le repos, à nous dépenser sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté. Alors notre vie sera pleine et nos jours heureux. Amen.

P Charles BONIN 

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18 septembre 2022 Homélie pour le 25ème dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Contre ceux qui « achètent le faible pour un peu d’argent » (Am 8, 4-7)
 Lecture du livre du prophète Amos
PSAUME : (Ps 112 (113), 1-2, 5-6, 7-8)
DEUXIÈME LECTURE : « J’encourage à faire des prières pour tous les hommes à Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tm 2, 1-8)
 Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée
ÉVANGILE : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » (Lc 16, 1-13)  
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 25èmedimanche du temps ordinaire 18 sept 2022

Entre la première lecture et l’évangile le thème de la parole de Dieu pour ce dimanche semble de toute évidence être l’honnêteté. Oui sans doute nous devons être honnêtes, juste et vrais dans nos relations les uns aux autres. Bannir le vol, les profits douteux, les calculs mesquins, la corruption, l’amour de l’argent : tout cela est à la base de la morale chrétienne et au fondement de toute vie sociale paisible. Mais est-ce vraiment le sujet ? Est-ce que Jésus ne fait qu’une banale leçon de morale évidente à ses disciples ? 

En donnant en exemple cet intendant malhonnête nous voyons bien que ce n’est pas son propos. Cet évangile n’est pas une leçon de morale, c’est une leçon d’intelligence : Soyez habiles, astucieux, audacieux pour le ciel comme vous l’êtes pour les affaires de ce monde. Voilà le cœur de cette parabole : préparez-vous des demeures éternelles, cessez de perdre votre temps pour des mesquineries et des choses matérielles que vous n’emporterez pas dans la tombe, attachez-vous plutôt à vous faire de vrais amis par une conduite honorable et bienveillante, priez pour ceux qui exercent l’autorité, conformez votre vie à celle du Christ offert pour le Salut du monde, œuvrez sans relâche pour l’unité et la paix et pour que tous vivent dans la dignité et la tranquillité, sans colère ni dispute. Voilà ce que retient Paul pour le transmettre à Timothée, ce qui nous est révélé dans cette deuxième lecture pour mieux mettre en lumière le cœur de l’Evangile et du livre d’Amos. 

Comment donc par toute notre vie pouvons-nous répondre à cet appel que Dieu nous adresse de contribuer à ce « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » ? C’est la question à laquelle il nous faut répondre car c’est la vraie richesse : investir dans le Salut pour nous-mêmes et nos proches. Que consacrons nous à cette médiation du Christ entre Dieu et les hommes ? Si nous sommes à lui, si nous comptons parmi ses disciples, si nous prétendons le suivre, ne devons-nous pas nous aussi comme lui-même transmettre la foi, réconcilier tous les lieux où la charité est blessée, consoler les affligés dans l’espérance du Salut ? Voilà ce que c’est que d’être un fidèle intendant les biens du Royaume, ce n’est pas les garder pour soi c’est au contraire les dilapider pour le Salut de tous. Sommes-nous avares ou prodigues des dons de Dieu ? 

C’est sur notre prodigalité évangélique que nous serons jugés. Ne nous trompons donc pas sur le sens de cet évangile : Le Seigneur ne nous demande pas seulement d’être de bons et honnêtes catholiques bien comme il faut, ni de ne pas nous attacher à l’argent, il nous demande surtout de dilapider les biens du ciel, d’être des dispensateurs zélés de l’Amour de Dieu dans le monde !

Que cette Eucharistie fasse donc de nous de vrais serviteurs de l’Evangile, de vrais apôtres témoins de sa miséricorde pour compter parmi ceux que le Seigneur attend dans son Royaume. Amen  P Charles BONIN

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19 septembre 2022 pour l'anniversaire de La Salette. P Paul BERTHIER

19 SEPTEMBRE 2022

Il y a 176 ans, deux gamins gardaient leurs vaches en pleine montagne. Tout d’un coup, ils voient un globe de lumière, ils ont peur, ils restent cloués sur place : « Garde ton bâton, Mélanie, je garde le mien et si ça nous fait du mal, je lui en donne un bon coup… » « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur »« Que cette voix est douce ! »C’est une "Belle Dame" qui les appelle.  Les enfants courent vers elle « On était si près d’elle que personne n’aurait pu passer entre elle et nous »dira Maximin. Les enfants peuvent la contempler à loisir. « Elle pleure, mais qu’elle est belle ! »

« Je te salue, Marie pleine de grâce ! »Oui elle est belle, elle est pleine de grâce, le Seigneur est avec elle. Le Seigneur est toujours avec Marie et parce qu’elle est consciente de cette présence, parce qu’elle communie de tout son être avec Celui qui est en elle,  c’est ça qui l’a rend si belle si agréable.

En voyant cette "Belle Dame" je me demande si les enfants n’ont pas été tentés de lui sauter au cou pour l’embrasser…  « Embrasser la Vierge Marie, vous n’y pensez pas, nous n’en sommes pas dignes nous ne sommes que de pauvres pécheurs ! » Oui, bien sûr, mais vous savez bien vous, les parents et grands parents, que les bises des enfants ne sont pas toujours très nettes, elles ont quelquefois le goût du chocolat ou de la confiture et qu’après leurs effusions, il est nécessaire quelques fois de s’essuyer le visage… N’est-ce pas  le geste d’Amour qui compte ?

« Je te salue, Marie pleine de grâce ! »Aucune des représentations qu’on montrera aux enfants ne les satisfera : « elle était bien plus belle que ça ! »Que ça ne vous choque pas, Marie est la plus belle de toutes les femmes, alors pour trouver un  modèle qui lui ressemble c’est bien difficile  

« Tu es bénie entre toutes les femmes ! » Dire à sa mère : « Tu es la plus belle de toutes les femmes du monde, »c’est merveilleux, c’est le plus beau de tous les compliments, c’est crier partout la beauté de notre Mère.

« Tu es bénie entre toutes les femmes.Et Jésus ton enfant est béni ! » ; Les enfants seront unanimes : ils diront que toute la lumière qui entourait la "Belle Dame" venait d’un crucifix qu’elle portait sur sa poitrine. Le Christ en croix, c’est lui qui avait dit : «  Je suis la lumière du monde. »C’est de lui que vient toutes grâces, toute lumière et c’est Marie qui nous les distribue.

« Jésus ton enfant est béni ! » Oui, il est béni, ton Fils, le Sauveur du monde, il nous a parlé du Père qui nous aime et veut nous combler de bonheur.Oui, il est béni, ton Fils, qui jute avant de mourir, t’a donnée à tous les hommes pour être notre Mère : « Femme voici ton fils. » Puis il dit à Jean : «  Voici ta mère. »Oui, il est béni, ton Fils, mais nous restons pour toi de bien pauvres enfants avec nos hésitations, nos refus, nos péchés. 

« Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous maintenant et à l’heure de notre mort ! » Oui, prie pour nous qui sommes pécheurs, prie pour nous à l’heure de la pire des morts, à l’heure où nous acceptons le péché…

« Je suis chargée de le prier sans cesse, pour vous autres et vous n’en faites pas cas… » Vous ne trouvez pas frères et sœurs que nous y allons un peu fort, Marie prie pour nous et nous n’y faisons même pas attention. A côté de moi, mon frère est en train de mourir et je ne veux pas le voir, je ne veux pas le savoir. Je prie tous les jours pour la paix et je ne veux pas me réconcilier avec mon frère, avec ma voisine… 

Tant que nous n’aurons pas pris conscience que nous aussi, si petits que nous soyons, nous avons à faire reculer le mal en nous, autour de nous et dans le monde, les larmes de Marie ne s’arrêteront pas de couler et Marie devra continuer à prier sans cesse… « Prie pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen. »  P Paul BERTHIER

 

11 Septembre 2022 Homélie pour le 24e Dimanche du temps ordinaire : P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire » (Ex 32, 7-11.13-14)  Lecture du livre de l’Exode
PSAUME : (Ps 50 (51), 3-4, 12-13, 17.19)
DEUXIÈME LECTURE : « Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » (1 Tm 1, 12-17)  Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée
ÉVANGILE : « Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15, 1-32)  Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie du dimanche 24 TOC 11 sept. 2022

La Parole de Dieu met en lumière la miséricorde de Dieu qui se laisse fléchir par la prière de Moïse qui ne regarde pas l’indignité de Paul et que l’Evangile illustre par l’image d’un Père plein de mansuétude pour son fils ingrat. Rembrandt a magnifiquement représenté cette parabole dans un tableau célèbre où nous voyons ces deux personnages au centre dans une douce lumière qui souligne le pardon donné, la protection reposant sur le fils couvert par les bras de son Père et son retour en grâce où les expressions de contrition et de compassion se répondent. La technique picturale fidèle à l’Evangile, souligne l’étroite communion ces deux hommes nimbés de douceur et de paix. Mais un personnage reste dans l'ombre : le fils aîné qui se met en colère et refuse d'entrer dans la salle de fête. Il ne participe pas à la joie de ce retour il ne reçoit pas la lumière de ce tableau, il s'exclut lui-même de la miséricorde. Et alors que le cadet est « revenu à la vie » celui-ci semble partir vers la mort en sens inverse, triste et amer il se tourne vers les ténèbres. 

Ce personnage d’arrière-plan, c'est peut-être moi, c'est peut-être vous, c’est peut-être nous chaque fois que nous jalousons, chaque fois que nous nous laissons gagner par la colère, que nous cultivons une rancune, une critique, un reproche, un jugement ; tant d’attitudes familières qui hélas nous coupent de la relation avec celui qu’on n’appelle même plus frère et avec celui qu’on n’appelle même plus Père. 

Cette rupture de communion c’est le fruit malheureux de nos comparaisons, de notre orgueil, de notre manque de charité c’est à dire de don gratuit sans calcul, de notre incapacité à nous réjouir vraiment du bonheur des autres, de toutes ces attitudes où l’autre est perçu comme un adversaire hostile plutôt que comme un autre moi-même. Soyons lucides sur cet esprit malin qui veut toujours chercher à séparer ce que Dieu a uni, soyons vigilants contre cet esprit de division qui cherche toujours sournoisement à s’immiscer dans nos familles et nos communautés. Nous savons qui il est, l’objectif qu’il poursuit de nous éloigner de Dieu et la profonde tristesse à laquelle il conduit. Sachons le démasquer pour mieux lutter contre sa perversité avec les armes que nous donne aujourd’hui la Parole de Dieu: 

1/ La gratitude de St Paul qui reconnait la grâce de Dieu dont il bénéficie la force reçue de lui pour s’accomplir dans la réponse à sa vocation propre.

2/ L’aveusincère de son ignorance et de son propre péché dans la lucidité d’une conscience éclairé que bien peu de chose nous sépare du plus grand pécheur. Ste Thérèse aimait à rappeler que c’était par pur don de Dieu qu’elle était préservée du péché et non par ses propres mérites aussi se sentait-elle toute proche du criminel Pranzini condamné à mort pour lequel elle priait et qu’elle considérait comme un frère. 

3/ La patiencequi vient de l’Espérance confiante que Dieu ne cesse de « faire toute chose nouvelle ». Ce thème de notre année pastorale nourrit en effet un esprit positif qui ne se laisse pas arrêter par les difficultés, la peur, ou les blessures en nous reliant à l’infini présent de l’éternité qui ne cesse d’œuvrer en vue du bien. 

4/ L’intercessiondont Moïse se fait l’exemple pour coopérer au Salut de ses frères avec bienveillance. C’est la participation à ces choses nouvelles que Dieu accomplit par la pratique inlassable et patiente de la miséricorde.

Devenons des êtres de miséricorde en cultivant la gratitude, la conscience de nos imperfections, la patience et la prière d’intercession. Ainsi nous viendrons dans la lumière du Père et la communion avec nos frères, sans nous laisser enfermer dans les ténèbres du repli sur soi et de la division. Puissions-nous alors partager dans le Royaume la joie des anges pour les pauvres pêcheurs que nous sommes en chemin de conversion. Amen.  P Charles BONIN 

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04 Septembre 2022 Homélie pour le 23e Dimanche du temps ordinaire : P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE: « Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » (Sg 9, 13-18) Lecture du livre de la Sagesse

PSAUME: (Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc)

DEUXIÈME LECTURE: « Accueille-le, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé » (Phm 9b-10.12-17)  Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Philémon

ÉVANGILE: « Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Lc 14, 25-33)  Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 23 ème dimanche du Temps ordinaire 04sept 2022

Le bâtisseur et le guerrier sont deux illustrations de la vertu cardinale de prudence à laquelle peut correspondre le don spirituel de conseil. 

La prudence est souvent confondue avec une attitude de réserve craintive qui inhibe toute action. Or d’après Aristote c’est au contraire « une disposition accompagnée de raison juste tournée vers l’action et concernant ce qui est bien ou mal » (Ethique à Nicomaque VI5). Ce n’est donc pas une passivité mais au contraire une sagesse qui dans l’action cherche les moyens adéquats en vue d’atteindre une fin déterminée.  Pour construire une maison ou toute autre entreprise il faut de l’argent

Pour gagner la guerre il faut des soldats en nombre et force supérieure… : Sagesse élémentaire qui suppose d’avoir une vision claire du terme et des moyens à y consacrer…au terme d’une réflexion judicieusement posée : voilà ce qu’est la vertu de prudence. Nous n’avons pas de mal à critiquer nos responsables politiques lorsqu’ils manquent de cette prudence et on déplore leurs décisions mal réfléchies aboutissent à des situations ridicules et dommageables. Mais interrogeons-nous pour nous-mêmes sur la prudence que requière la vie spirituelle. 

Pour atteindre le ciel, que faut-il ?....  Le renoncement nous dit l’Evangile. 

Le renoncement est la sagesse élémentaire de la vie spirituelle : « qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple, qui ne me préfère pas à sa famille et à lui-même ne peut pas être mon disciple, qui ne porte pas sa croix ne peut pas être mon disciple, qui n’amasse pas avec moi dissipe, le grain de blé qui ne meurt pas ne peut pas porter du fruit. C’est une constante de l’enseignement du Christ : Pour que lui grandisse en mon âme dit St Jean baptiste, il faut que je diminue (Jn3,30). Dimanche dernier nous entendions de la bouche de Ben Sirac le Sage : La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui. L’antidote à ce chemin de perdition qui complète l’abaissement dont on parlait alors, c’est le renoncement. 

Renonçons à être grand, à être meilleur que les autres, à gagner plus d’argent, à avoir toujours plus… : la vie spirituelle n’est pas une accumulation, elle est une dépossession, une simplification. C’est la clé !

Une sœur de Ste Thérèse se plaignait un jour à elle en lui disant :

Quand je vois tout ce qui me reste encore à acquérir pour devenir une sainte je me désole…. Dites plutôt tout ce qui vous reste encore à perdre lui répondit la petite Thérèse. Le ciel, c’est qui perd gagne ! perdre nos penchants humains égoïstes, quitter la recherche de la vaine gloire et des succès éphémères pour se laisser saisir par l’Esprit de Dieu et nous ouvrir à lui. 

C’est le modèle de la Vierge Marie qui s’oubliait elle-même pour s’emplir de Dieu. Alors en ce début d’année où nous nous affairons déjà à bien remplir nos emplois du temps de multiples activités, Dieu nous invite au contraire à les vider. Vidons nos agendas de nous-mêmes pour laisser du temps pour Dieu et pour les autres. Ne fermons pas des portes, ouvrons les… Sachons accueillir cet Onésime que Paul confie à Philémon… ce frère, la surprise d’une rencontre, le temps d’une prière, le petit service qu’on me demande dans la paroisse : entre le cours de tennis et le bridge, l’Esprit du Seigneur trouvera-t’il sa place dans nos vies comme le pauvre qui frappe à notre porte ? A quel renoncement suis-je prêt à consentir pour prendre ma part de l’Evangile ? Que suis-je prêt à laisser pour suivre le Christ cette année ? Ce choix, c’est la question de prudence qui nous est posée en début d’année… et si nous répondons : rien… comment prétendons nous gagner le ciel ? Nous viendrions à la messe sans rien vouloir donner au Seigneur, comme cet homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever et dont tout le monde se moque. Ce ne serait pas une attitude très cohérente n’est-ce pas ?

Alors demandons à l’Esprit saint, le don de conseil pour discerner la volonté de Dieu pour notre année, le bien qu’il nous appelle à faire, le renoncement à consentir et la force de l’accomplir. AMEN.  P Charles BONIN

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04 Septembre 2022 Homélie pour le 23eDimanche du temps ordinaire : P Paul BERTHIER

23ème DIMANCHE ORDINAIRE C 2022

Non seulement Jésus nous demande de nous détacher de nos biens mais en plus, aujourd’hui, il nous demande de nous détacher de notre famille, et même de notre propre vie : tout abandonner pour le suivre. Vous ne trouvez pas que c’est de la folie ?

A ce propos, j’ai lu une histoire qui m’a bien fait réfléchir. Un homme en randonnée en montagne tombe dans une pente très raide et dangereuse. Par reflexe, il s’accroche à un arbuste qui poussait là. Il reste là, suspendu au-dessus du vide, mais il sent que l’arbuste ne tiendra pas longtemps. Alors l’homme, qui ne croit pas en Dieu, s’écrie : « Dieu, si tu existes, sauve-moi ! » Une voix lui répond : « D’accord, lâche ton arbre ! – Non, répondit l’homme, je ne suis pas fou. »

Vous, qu’auriez-vous fait ? Est-ce qu’un chrétien qui se met à suivre Jésus n’est pas un peu fou ? Certainement, il faut beaucoup de folie pour tout abandonner, laisser ses frères ses sœurs ses parents, ses biens, et peut-être une vie agréable pour partir à la suite de Jésus et se mettre  au service des autres.

Comme Pierre, Jean, Jacques et les autres comme beaucoup de chrétiens, vous aussi vous avez rencontré Jésus. Quelle a été cette entrevue est ce que vous aussi vous avez eu un coup de folie pour lui ? 

Je me suis permis d’imaginer une rencontre avec Jésus.

« Il a posé sur moi son regard d’Amour, il m’a dit : Si tu veux être « mon disciple,  Viens suis-moi, je serai ton modèle, tu seras mon « disciple. Viens voir comment je vis, viens écouter ce que je dis. Tu « verras des choses merveilleuses que jamais personne ne t’a fait « découvrir.

« Si tu veux être mon disciple, je ne  te promets pas le plaisir, la « richesse, la tranquillité, la gloire, non, tout cela ce n’est pas du tout « mon genre de  vie. Ma vie à moi, c’est l’Amour. Sais-tu que « l’homme est fait pour aimer. Mon premier commandement, tu t’en « souviens : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et tu aimeras ton « prochain.  Si tu arrives à vivre dans l’Amour toute ta vie, tu « auras gagné. Tu auras gagné la paix en toi, la joie, ta vie aura un « sens ; toute ta vie, tu auras essayé de rendre les autres heureux, « comme je l’ai fait moi-même, et ça, ça transforme un homme. En te « voyant vivre les autres auront eux aussi, envie de me connaître.

« Si tu as des difficultés pour vivre mon Amour, viens  un moment « près de moi, écoute ma voix en relisant l’Evangile. Viens refaire tes « forces en mangeant mon corps : je serai en toi  et tu verras, tous les « deux, on y arrivera.

« Si tu veux être mon disciple, laisse ton père et ta mère, tu les « retrouveras et tu les aimeras davantage à travers moi, à travers mon « Amour ; mais sache bien que si tu prends le risque d’être mon « disciple, ça peut te conduire loin, très loin : jusqu’au dépouillement « total, jusqu’à la croix, jusqu’à la mort.

« Alors ce sera pour toi la victoire, car c’est Dieu mon Père, lui-même « qui te ressuscitera et te donnera le Bonheur sans fin, dans notre « Amour qui n’a pas de limite. Tu seras un disciple accompli, et tu « seras heureux pour l’éternité. »    P Paul Berthier

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28 Août 2022 Homélie pour le 22e Dimanche du temps ordinaire : P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur » (Si 3, 17-18.20.28-29) Lecture du livre de Ben Sira le Sage
PSAUME : (Ps 67 (68), 4-5ac, 6-7ab, 10-11)
DEUXIÈME LECTURE : « Vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant » (He 12, 18-19.22-24a) Lecture de la lettre aux Hébreux
ÉVANGILE : « Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé » (Lc 14, 1.7-14)  Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 22eDimanche du temps ordinaire 28 août 2022

On raconte que St François de Salles avait un jour été envoyé dans un couvent pour enquêter sur une sœur qui jouissait d’une réputation de sainteté. Il arrive tout crotté un soir et demande tout de suite à rencontrer la sœur en question. Dès que celle-ci arrive il lui demande :

- Alors c’est vous la sainte ?   - Oui monseigneur.   - Bien retirez moi mes bottes.

Celle-ci faisant des manières, St François de Salles s’en alla aussitôt en disant :   - Pas d’humilité, pas de sainteté !

L’humilité, qui a donné le mot « humus », c’est le terreau des grâces divines, la condition de notre sainteté. L’humilité c’est la base. Aussi nous est-il bon d’entendre aujourd’hui ce qui la caractérise et comment nous pouvons la pratiquer :

Premièrement « s’abaisser » dit la première lecture en glorifiant Dieu plutôt que soi-même. Ne pas s’enorgueillir mais rendre grâce à Dieu en toute chose.

Deuxièmement : « écouter ». L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. Savons-nous écouter ? Nous rendre disponible accueillant pour les autres ? Ma belle-sœur durant ces vacances me faisait remarquer très justement qu’il y a des gens qui ne parlent que d’eux-mêmes et sont incapables de s’intéresser aux autres, de venir sur leur terrain. Savons-nous simplement demander : « Et vous ? » en écoutant activement avec patience et bienveillance ce que l’autre a à nous dire en essayant de le comprendre et de le connaitre pour mieux l’aimer ? Voilà un bon exercice d’humilité : se taire et écouter vraiment sans croire que l’on sait déjà… 

Troisièmement : « aller » vers Dieu avec confiance, sans crainte et en l’absence de réalité palpable, se laisser conduire par l’Esprit. C’est le contraste que la deuxième lecture met en lumière entre l’ancienne alliance avec un Dieu-juge qui révèle sa toute-puissance écrasante avec une force terrifiante, et la nouvelle alliance en Jésus doux et humble de cœur qui ne s’impose pas mais monte à Jérusalem habité par l’Esprit du Seigneur, porté par les anges, pour offrir sa vie pour la rédemption des pécheurs. C’est cet esprit d’abandon et de remise de soi entre les mains du Père qui doit aussi conduire nos actions dans la paix et la confiance en Dieu miséricordieux plutôt que dans l’inquiétude craintive. 

Quatrièmement : « servir ». C’est la leçon de l’évangile qui vient fermer la boucle de cet enseignement en précisant que s’abaisser c’est choisir la dernière place en invitant les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles, ceux qui ne pourront pas nous rendre, dans un esprit de gratuité et de disponibilité à autrui.

Pour nous motiver à cette pratique de l’humilité, l’Evangile conclut : Qui s’élève sera abaissé et qui s’abaisse sera élevé. Nous verrons au ciel un renversement total de notre échelle de valeurs humaines : le plus petit deviendra le plus grand, le serviteur sera le maître, celui qui aura su écouter sera un sage entendu et respecté, le disciple du Christ qui l’aura suivi dans son humilité demeurera avec lui dans la paix. Entrainons-nous ces jours-ci à pratiquer cette vertu essentielle de l’humilité et nous en serons grandis en sainteté par ces quatre moyens:

- S’abaisser en glorifiant Dieu par la louange

- Ecouter et se taire en se mettant à la place de l’autre qui me parle ainsi peut-être entendrons nous la voix de Dieu.

- Se remettre entre les mains de Dieu dans un esprit d’abandon confiant en se reconnaissant pécheur pardonné. 

- Rendre chaque jour gratuitement un service à quelqu’un sans rien attendre en retour. 

Qui fait ainsi demeure inébranlable comme la terre sur laquelle Dieu répand la rosée de ses bénédictions, comme le Fils en qui le Père se complait. Puissions-nous en le recevant humblement dans cette eucharistie, être configurés à lui, reflets vivants de l’Amour du Père, réceptacles de sa grâce. Amen.   P Charles BONIN

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15 Août 2022 Homélie pour l'Assomption: P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab) Lecture de l'Apocalypse de saint Jean

PSAUME : (Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)

DEUXIÈME LECTURE : « En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)  Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE : « Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour l’assomption 15 aout 2022

Les textes que nous venons d'entendre pour la fête de l'Assomption mettent en lumière une réalité fondamentale de notre vie à laquelle nous avons tous été confrontés mais dont nous n'avons pas gardé le souvenir. Il s’agit de l'enfantement. Comme prêtre je n'en ai pas une grande expérience, bien qu'il m'ait été donné de baptiser un enfant en danger de mort quelques minutes après sa naissance. Les parents dans notre assemblée en savent probablement davantage, surtout les mères, et saint Luc aussi en tant que médecin mais je doute que Saint-Jean soit un expert, alors que veut-il nous dire dans ce texte inspiré de l'Apocalypse dont on comprend tout de suite la portée symbolique par l'image cosmique de cette femme couronnée d'étoiles et de ce dragon rouge feu?

Ce qui nous est ici signifié par la Parole de Dieu c'est que notre vie elle-même est un enfantement. Nous ne sommes sur terre pour naître à la vie divine, pour être toujours plus filles et fils de Dieu conformés à son image. C'est ce que dit saint Paul au chapitre le 8 de l'épître aux Romains « la création tout entière gémit dans les douleurs de l'enfantement et nous aussi qui possédons les prémices de l'Esprit attendant l'adoption, la délivrance pour notre corps». Le sens de notre vie c'est l'émergence et l’épanouissement de l'Esprit dans notre corps. Aussi pouvons-nous comprendre que cette femme de l'Apocalypse, c'est une figure de Marie et aussi une figure de l'Eglise qui, l'une et l'autre, nous enfantent à la vie de Dieu et nourrissent notre croissance spirituelle.

Il y a dans cette réalité de l'enfantement une ambivalence: l'espérance joyeuse qu’un nouvel être vienne au monde mêlée à la crainte et à la souffrance. Il en va de la vie spirituelle comme de la vie biologique: pas de naissance, pas de croissance sans peine et arrachement. Ainsi ne peut-il y avoir dans notre vie d'épanouissement spirituel réel sans lutte contre le mal, représenté par le dragon, sans s’arracher résolument au péché pour être comme cet enfant enlevé auprès de Dieu, comme Marie, première des sauvée s’enfuyant au désert dans la solitude où Dieu parle à l’âme loin des ténèbres du monde. Vivre c'est mourir. Mourir aux principautés, souverainetés, puissances et dominations, à toutes ces forces du diable dont parle saint Paul dans la première lecture et qui nous tiennent dans l'esclavage des passions, des peurs ou des convoitises et ultimement de la mort et nous soustraient à Dieu.

Pour vivre en Dieu, pour qu'il trouve de la place en nos âmes et puisse y demeurer, pour que son règne arrive comme nous le prions dans le Notre Père, nous devons préparer son avènement, sa venue en nos âmes et cultiver sa présence comme on prépare une naissance. Si l’accouchement est un processus naturel ne faut-il pas une coopération de la femme et de l’enfant et de tout leur entourage pour que tout se passe bien?

Nous qui n’y connaissons rien, laissons-nous donc instruire par ces deux femmes de l’Evangile, Marie et Elisabeth qui nous enseignent l’art de la maïeutique spirituelle et la manière de coopérer à l'oeuvre de la grâce, à l’enfantement de Dieu en nos âmes, pour atteindre notre pleine maturité bienheureuse, ce pour quoi nous sommes faits: l’avènement du Christ, notre élévation en sa Gloire. C’est bien le sens de cette fête de l’assomption et voici quatre moyens pour y parvenir:

1/ Le service des pauvres en qui le Christ se rend présent, à l'instar de Marie qui s'empresse avec sollicitude auprès de sa cousine Élisabeth. Chaque fois que nous servons nos frères et sœurs dans le besoin, le Christ advient en nous. Chaque fois que nous le donnons autour de nous, sa vie resplendit en pleine lumière.

2/ L'ouverture à la grâce par la prière silencieuse et fervente, comme Marie comblée de grâce à l’écoute du messager de Dieu, comme Élisabeth dont la persévérance confiante et patiente lui a valu de porter du fruit malgré son grand âge dans un acte de foi intérieur, comme Jean-Baptiste qui tressaillit, mû par l’Esprit dans le sein de sa mère en présence du Seigneur. Puissions-nous aussi cultiver cette écoute attentive et cette garde du coeur où Dieu se donne dans le sanctuaire de nos âmes.

3/ L’Eucharistie qui veut dire “action de grâce”. Marie en son magnificat exulte de joie, comme elle, exaltons le Seigneur par des louanges et des cantiques. Sachons-nous émerveiller comme Elisabeth: “d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi?” Entrons dans l’action de grâce perpétuelle qui dilate le coeur.

4/ La Parole. Marie a été trouvée digne de porter en son sein le Verbe de Dieu parce qu'elle “méditait toutes ses paroles en son cœur” comme il est dit ailleurs dans l'Évangile (Lc2,19). Élisabeth reconnaît ainsi la béatitude de “celle qui a cru à l'accomplissement de la parole” et qui s'est mise en route pour y conformer toute sa vie dans une prompte obéissance. Apprenons nous aussi à lire et méditer la Parole de Dieu et à la mettre en pratique.

Service des pauvres, Prière, Eucharistie et Parole de Dieu, voilà donc comment il nous faut coopérer à notre enfantement à la vie divine, voilà comment préparer la venue du Christ, car il vient et c’est maintenant, pour nous élever dans sa Gloire, comme la Vierge Marie qui en cette fête de l’assomption nous ouvre le chemin. Prions-la, pour qu’elle soit à nos côtés cette sage-femme qui assiste notre naissance, pour qu’en suivant ses conseils nous soyons les heureux enfants de cette tendre mère qui nous fait naître à la vie en plénitude. Amen.  P. Charles Bonin.

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15 Août 2022 Homélie pour l'Assomption: P Paul Berthier

PREMIÈRE LECTURE : « Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab) Lecture de l'Apocalypse de saint Jean

PSAUME : (Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)

DEUXIÈME LECTURE : « En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a) Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE : « Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

ASSOMPTION 2022

Non, ça n’aurait pas été convenable. Le corps de Marie qui a donné naissance au Fils de Dieu ne pouvait pas finir en poussière. Dieu devait faire une exception. Quel Fils, qui en avait les moyens, n’aurait pas agi ainsi pour sa Mère ? C’est le bon sens des communautés chrétiennes qui au Vème siècle a poussé les fidèles à célébrer la fête de l’Assomption de Marie. Marie ne connaîtra pas la mort, son corps ne subira pas la destruction. A la fin de sa vie, Marie rejoindra son Fils avec son âme et son corps, dans la gloire du Royaume. C’est le sens de la fête d’aujourd’hui.

Avouez que c’est un peu normal, Marie est une femme exceptionnelle. On ne cesse de lui répéter : « Tu es bénie entre toutes les femmes ! »autrement dit : « Tu es la plus belle de toutes les femmes et grâce aux dons que le Seigneur t’a réservés : « Désormais tous les âges te diront bienheureuse. »

« Oui, bienheureuse es-tu Marie, toi que nous fêtons aujourd’hui ! Combien de femmes sur terre possèdent autant de noms que toi ! Tu es N D de La Salette, N D de Lourdes, N D de Fatima, N D de partout ? Combien de femmes sont invoquées autant de fois par jour que tu l’es ? Combien de statues dressées dans nos églises, dans nos maisons, sur nos chemins pour nous rappeler que sans toi, ton Fils n’aurait pas pu venir nous sauver ? Combien de sanctuaires sont, par le monde, autant de points de rassemblements pour te prier, pour te supplier ? Combien de milliers de pèlerins ont crié leurs "Ave" vers toi ? Combien d’artistes, de peintres, de poètes ont voulu dire au monde comment ils te voyaient, comment ils te priaient ? « Tu es bénie entre toutes les femmes. » 

Pourquoi toutes ces faveurs de la part de Dieu ? C’est Elisabeth qui nous donne une réponse :« Heureuse es-tu, toi qui as cru en l’accomplissement de ce qui lui fut dit de la part du Seigneur. »

Lorsqu’on lui fait confiance, Dieu ne peut pas résister ; et Marie s’est laissé faire par Dieu : « Qu’il me soit fait selon ta Parole ! »

Elle a su garder confiance même dans les pires moments. 

De la confiance il lui en a fallu, le jour où elle a retrouvé son Fils dans le Temple de Jérusalem : « Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? »

De la confiance il lui en a fallu, le jour où Jésus est parti de la maison, elle n’a rien dit, il allait annoncer le Royaume mais elle en avait gros sur le cœur. 

De la confiance il lui en a fallu, à Cana, elle s’est fait rabrouer mais sa confiance n’a pas faibli : « Faites tout ce qu’il vous dira. »

De la confiance il lui en a fallu, pour ne pas désespérer lorsqu’elle a rencontré son Fils sur le chemin du Calvaire et lorsqu’elle a recueilli son corps sans vie, mais sa Foi n’a pas chancelé : « Qu’ilme soit fait selon ta Parole. » Marie renouvelait son « Oui » à Dieu

Marie a toujours été notre modèle pour notre vie chrétienne. Aujourd’hui, plus que jamais, c’est d’une façon pressante qu’elle nous invite à redire à son Fils notre Foi, à lui montrer la confiance que nous pouvons avoir en lui, à lui témoigner notre désir de vivre avec lui, en pleine communion à sa Volonté.

Prendre Marie pour modèle de Foi et de Confiance, c’est vivre, comme elle, avec Dieu.

C’est aussi avoir l’assurance qu’un jour, comme Marie, nous vivrons corps et âme, dans la gloire du Ressuscité. 

Bonne fête à vous toutes et à vous tous.  

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14 Août 2022 Homélie pour le 20e dimanche du temps ordinaire P Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : « Ma mère, tu m’as enfanté homme de querelle pour tout le pays » (cf. Jr 15, 10) (Jr 38, 4-6.8-10)  Lecture du livre du prophète Jérémie
PSAUME : (Ps 39 (40), 2, 3, 4, 18)
DEUXIÈME LECTURE : « Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée » (He 12, 1-4)  Lecture de la lettre aux Hébreux
ÉVANGILE : « Je ne suis pas venu mettre la paix sur terre, mais bien plutôt la division » (Lc 12, 49-53)  Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

20ème DIMANCHE ORDINAIRE C 2022

Jésus est-il venu semer la discorde dans les familles ? C’est étrange ce qu’il nous dit-là.  Il me semble que nous sommes assez tordus pour mettre nous-mêmes,  la brouille dans nos familles. Beaucoup se souviennent, en 1939, un seul homme a mis le feu à l’Europe, et au monde entier. Aujourd’hui, ce sont d’autres hommes qui se lèvent et qui rêvent d’embraser le monde par la puissance de leurs armes.

Mais ce n’est pas de ce feu-là dont parle Jésus. N’oublions pas que Jésus est le Fils de Dieu : « Le Père et moi, nous sommes un. »N’oublions pas non plus que Dieu ne peut rien nous donner d’autre que de l’amour. L’acteur Michel Serraut a dit un jour dans une interview : « Quand on parle de Dieu, il faut parler d’amour et uniquement d’amour. Je ne sais pas si Dieu le Père a une grande barbe, mais je sais qu’il est amour. Je sais aussi que nous serons tous récupérés dans l’amour. »

C’est bien de cet amour-là dont parle Jésus. Il le compare à un feu, et ce feu ne fait pas de victime. Cet amour, on ne peut pas mesurer son intensité, il est infini, il est éternel ; en face de cet amour, la chaleur du soleil qui nous brûle en ce moment n’est qu’une petite étoile de rien du tout.
« Aimez-vous les uns les autres ! »Nous sommes invités à vivre l’amour de Dieu et à le partager. Nous devons nous contaminer les uns les autres, comme dans une pandémie. Il nous faut devenir de véritables pyromanes de l’amour de Dieu. 

Ça me fait penser à cette histoire vraie.  « Raph avait terminé son repas en terrasse. Comme il se levait pour partir, un inconnu vient vers lui et lui demande : " Puis-je terminer vos frites ?" L’hôtelier s’avance, il est prêt à vider cet inconnu lorsque Raph lui commande une assiette de frites. Au moment de payer, l’hôtelier lui dit : "Laissez, je m’en charge." Raph rentre chercher son manteau  et en sortant il voit que l’inconnu est attablé devant une assiette de frites et un gros steak. Enpassant tout près, l’hôtelier lui glisse à  l’oreille : « Sans vous, je n’aurais jamais fait ça. »

Voilà la contagion que nous pouvons semer un peu partout si nous avons compris ce qu’est l’amour de Dieu. Cet amour de Dieu est brûlant et infini. C’est pourquoi nous n’aurons jamais fini de vivre toutes ses exigences. Aujourd’hui, 14 août, nous fêtons  Maximilien Kolbe, un prêtre Polonais  qui dans le camp d’Auschwitz, a pris la place d’un père de famille qui était condamné à mort avec neuf autres, en représailles d’une évasion. Ce ne sont là que quelques exemples de l’ampleur de ce feu qui peut brûler dans le cœur des amis de Dieu. Ils se sont laissé toucher par ce feu de l’Amour et se laissent dévorer par cet Amour. Jésus n’a qu’un désir c’est de voir son amour s’étendre sur terre et brûler le monde entier.  

« Je suis venu apporter le feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »

Et nous, où en sommes-nous de notre vie d’Amour avec Dieu ? Est-ce que ce feu est toujours vivant en nous ? Vous savez bien quand on brûle du feu de l’Esprit, on peut réchauffer les autres. On peut même leur transmettre ce feu qui ne demande qu’à enflammer tous ceux qui s’approchent. N’ayez pas peur ! 

Ce feu brûle mais ne détruit pas, au contraire, il nous fait vivre au maximum.

Ce feu brûle mais ne fait pas souffrir. Au contraire, il apporte la paix, la joie parce que le feu de Dieu c’est l’Esprit. 

Laissons pénétrer en nous cet Esprit qui brûle : il veut faire de nous des amis de Jésus, il veut faire de nous des témoins. 

Il veut faire de nous des fils que le père attend pour leur partager son amour et sa joie.  P Paul BERTHIER  

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10 Juillet 2022 Homélie pour le 15e dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Elle est tout près de toi, cette Parole, afin que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 10-14)  Lecture du livre du Deutéronome
PSAUME : (Ps 68, 14, 17, 30-31, 33-34, 36ab.37)
DEUXIÈME LECTURE : « Tout est créé par lui et pour lui » (Col 1, 15-20)  Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens
ÉVANGILE : « Qui est mon prochain ? » (Lc 10, 25-37)  Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le XVè dimanche du Temps ordinaire

Le ciel est à portée de main, le verbe de Dieu sur nos lèvres, sa loi dans notre cœur, une plénitude de vie bienheureuse au bout de nos doigts… accessible par une simple pratique : la charité. Les commandements de Dieu aux premiers desquels sont l’Amour de Dieu et du prochain rappelés par l’Evangile, sont des règles de vie, des conseils de bonheur pour la vie éternelle et le moyen de l’atteindre c’est de s’oublier soi-même pour prendre soin d’autrui…

La parabole du bon samaritain nous en donne une illustration fameuse et l’on comprend tout de suite qu’il nous faut devenir comme cet homme généreux et non comme ce prêtre et ce lévite qui se détournent de l’homme à moitié mort… on s’identifie à se voyageur païen présenté comme modèle de compassion au docteur qui interroge Jésus. 

Mais on s’arrête souvent à ce seul sens moral de l’Evangile qui nous en dit pourtant bien plus encore sur Dieu et notre relation à lui. 

Le blessé c’est l’homme pêcheur qui s’éloigne de Jérusalem, la ville sainte, ville de paix, demeure symbolique du Seigneur abritant son Temple sacré, c’est donc peut-être nous, lorsque nous quittons Dieu pour le monde symbolisé par Jéricho et que le mal nous défigure jusqu’à nous laisser comme mort au bord du chemin de vie où le Seigneur nous appelle. 

Le samaritain, c’est le Christ qui donne sa vie, montant à Jérusalem comme il le fera en portant sa croix, pour relever le pécheur et prendre soin de ceux qui souffrent, des petits, des exclus, des méprisés, pansant leur blessures par l’huile apaisante et nourrissante de sa parole et redonnant vie par le vin de son sang versé pour nous sauver. 

L’aubergiste alors se serait l’Eglise qui a pour vocation de se voir confier les pauvres dont le monde se détourne. C’est l’hôpital de campagne dont parlait le pape François. Ne rêvons plus d’un palace 4 étoiles mais recevons l’argent de la grâce divine pour manifester au monde l’infini bonté d’un Dieu qui nous assure de son retour en nous confiant en attendant de continuer son œuvre de miséricorde. 

Mais en cet homme battu à mort, gratuitement, injustement, nous pouvons aussi reconnaître le Christ livré aux mains des pêcheurs, délaissé parfois dans notre âme et si souvent dans le monde par de faux semblants de piété incarnés par ce prêtre et ce lévite hypocrites. Méprisé, raillé, oublié, il est pourtant celui qui porte nos misères, nos souffrances, et les humiliations subies pour nous en libérer, criant au fond de notre conscience la blessure ouverte de l’humanité et sa soif d’aimer. Saurons-nous l’entendre ce Christ souffrant qui ne demande qu’un regard, l’attention de notre prière, un peu de notre temps, une place sur l’humble monture de la fête des Rameaux simplement pour combler ces foules sans berger et deux pièces d’argent pour prix d’un peu de considération. 

Voilà donc trois lectures qui nous appellent à prendre soin et à devenir des êtres de compassions et de miséricorde à trois niveaux complémentaires où se répondent l’amour de Dieu et du prochain:

prendre soin de l’autre, le pauvre, le fragile, le blessé : c’est l’exercice de la charité pratique, incarnée. Cherchons toujours les occasions de servir et de guérir autour de nous sans détourner le regard. 

prendre soin de soiou de la présence de Dieu en nous en se laissant relever et soigner par Dieu, en revenant à lui dans les sacrements et l’écoute de sa Parole. C’est la charité mystiquequi nous rapproche de Dieu. 

prendre soin de Dieuen nous et dans le monde en nous appliquant à mieux le connaitre et l’aimer pour mieux le faire connaitre et aimer dans le monde en particulier auprès de ceux qui l’ignorent ou le méprisent. Porter son message, témoigner de son amour, s’engager dans son Eglise à continuer son œuvre de Salut, c’est la charité missionnairedont le monde a tant besoin. 

Trois modes d’une même charité : pratique, mystique et missionnaire pour vivre parfaitement le commandement de l’amour et atteindre ainsi la plénitude de la vie bienheureuse à laquelle Dieu nous appelle. Amen.   P Charles BONIN

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03 Juillet 2022 Homélie pour le 14e dimanche P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve » (Is 66, 10-14c) Lecture du livre du prophète Isaïe
PSAUME : (Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20)
DEUXIÈME LECTURE : « Je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus » (Ga 6, 14-18) Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
ÉVANGILE : « Votre paix ira reposer sur lui » (Lc 10, 1-12.17-20) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 14eDimanche du temps ordinaire

Jésus utilise souvent des images pour se faire comprendre de ses disciples et leur parler des mystères de notre vie et du Royaume des cieux. Quelle image utilise t’il pour se représenter ? Souvent celle d’un berger, un bon berger qui aime ses brebis, leur donne sa vie et les protège du loup. Or voici qu’aujourd’hui il envoie ses brebis au milieu des loups. Quel étrange comportement pour un bon berger ! Comment le comprendre ? 

C’est que Jésus appelle certains à coopérer à son œuvre de manière plus étroite : des ouvriers pour la moisson. Le berger se transforme en paysan, une autre image pour nous faire comprendre le soin que Dieu a des hommes qu’il veut intégrer dans son Royaume comme un bon propriétaire terrien veut engranger du blé dans son grenier. Il en appelle ainsi 72 qui s’ajoutent aux douze apôtres, mais c’est encore bien peu car la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux. Il nous faut donc prier pour que les ouvriers entendent l’appel du maître afin que tous les grains de blé que nous sommes parviennent en sécurité dans le grenier du ciel pour que toutes les brebis soient à l’abri dans la bergerie.

Pour cela Jésus donne à ces ouvriers une mission et des pouvoirs pour l’accomplir: 

Ils sont envoyés au milieu des loups c’est-à-dire qu’ils seront confrontés à l’adversité, ils auront des combats à mener, ils devront veiller, rester sur leur garde et ne pas craindre les blessures car ils seront configurés au Christ portant dans leur corps les souffrances du Christ auquel ils sont associés. 

Ils sont envoyés dans la pauvreté et la simplicité de vie pour ne pas faire écran au Christ qui se donne à travers eux, pour être aussi transparents que possible et se désencombrer d’eux-mêmes en ne comptant que sur Dieu seul. 

Ils ont mission de proclamer le Royaume de Dieu, la bonne nouvelle de la résurrection, la vie éternelle afin que tous parviennent au repentir auprès de Dieu. 

Ils ont des pouvoirs extraordinaires pour guérir et chasser les démons, parfois de manière visible parfois de manière invisible à travers les sacrements des malades et de la réconciliation

Leur salaire c’est la joie de voir le peuple de Dieu nourri et rassasié du lait de ses consolations comme l’annonçait le prophète Isaïe, la joie de voir s’inscrire le nom des sauvés dans le livre de vie. 

Ces ouvriers quels sont-ils ? Les évêques et les prêtres leur collaborateurs, en qui l’on peut reconnaitre les 12 et les 72 bien sûr car ils ont reçu cette mission de conduire le troupeau du Christ, de collaborer avec lui à la moisson, mais nous devons bien prendre conscience qu’il y a là un seul et même mouvement de rassemblement des brebis ou des grains de blé auquel nous sommes tous invités à nous associer. Parents et grands-parents, frères et sœurs, oncle et tante nous sommes tous invités à nous entrainer les uns les autres à la suite du Christ qui nous rassemble comme un berger son troupeau, comme un moissonneur liant une gerbe de blé. C’est de ce mouvement de confiance et de prière unanime, de foi et de ferveur entretenue dans les familles que naissent les vocations consacrées et sacerdotales qui manifestent ensemble toute la sollicitude de Dieu pour son peuple. 

Ayons donc à cœur durant ce temps d’été, où ces images de moisson et de troupeaux paissant paisiblement dans les alpages sont particulièrement parlantes, de participer chacun selon son état de vie à ce mouvement de rassemblement dans le Christ : c’est notre mission commune de baptisés de nous y entrainer les uns les autres: Simplifions nos vies, accueillons nous fraternellement, guérissons nous par des paroles de pardon et de bienveillance, chassons les démons en prenant une résolution concrète pour lutter contre une mauvaise habitude, prenons le temps de lire en famille ou entre amis la Parole de Dieu qui proclame le Royaume vers lequel nous allons. Ainsi nous y parviendrons ensemble et nous nous réjouirons parce que nos noms sont inscrits dans les cieux. Amen  P Charles BONIN

26 juin 2022 Homélie pour le 13e dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Élisée se leva et partit à la suite d’Élie » (1 R 19, 16b.19-21)

Lecture du premier livre des Rois

PSAUME : (Ps 15 (16), 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11)
DEUXIÈME LECTURE : « Vous avez été appelés à la liberté » (Ga 5, 1.13-18)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

ÉVANGILE : « Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem » « Je te suivrai partout où tu iras » (Lc 9, 51-62)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 13dimanche du temps ordinaire

Jésus est déterminé à monter à Jérusalem, vers sa Passion et sa croix. Et il envoie ses disciples au-devant de lui vers ceux qui ne partagent pas la même foi. Si nous sommes de ses disciples, nous sommes nous aussi envoyés pour préparer sa route. Nous sommes chargés d’annoncer son retour et d’ouvrir les cœurs à sa bonne nouvelle mais nous nous heurtons parfois au même refus que ces messagers de l’Evangile : « Je ne suis pas croyant » nous répondent sans appel ceux que nous rencontrons pour couper court à toute discussion. Ces réactions hostiles ou indifférentes peuvent susciter en nous des réactions diverses de la colère à la tristesse en passant par le désarroi...qui peuvent ébranler notre foi, éteindre notre espérance ou diminuer notre charité. Bien des parents et grands-parents en font l’amère expérience. En réprimandant Jacques et Jean, Jésus passe outre ce refus et nous enseigne à ne pas nous arrêter à nos émotions pour continuer résolument notre chemin avec lui, à travers la croix jusqu’à l’éternité bien heureuse du ressuscité. Comment ne pas subir ses émotions mais tout en les intégrant dans sa vie les dépasser pour une vie spirituelle plus épanouie ? Comme le dit le psaume, le Seigneur nous apprend le chemin de la vie suivons-le donc pour atteindre une éternité de délices car je n’ai d’autre bonheur que toi.

Sur ce chemin exigeant à la suite du Christ, il n’y a pas de repos stable, il n’y a pas d’attache, ni de nostalgie du passéItinérance, détachement et détermination sont ainsi présentés comme les caractéristiques du disciple. On peut y reconnaitre les 3 vœux monastiques de pauvreté chasteté et obéissance mais ils ne sont pas l’apanage exclusif des moines. Si ces derniers sont appelés à les vivre dans toute leur radicalité, tout ami de Jésus peut en goûter les fruits de grâce, de liberté et de joie en s’employant à suivre ces préceptes évangéliques selon son état de vie.

La grâce de Dieu en effet se donne à tous mais ne peut être reçue que dans un cœur pur et simple, désencombré de lui-même. Elle ne peut se répandre que dans les âmes de désir, les mendiants d’amour tandis-que les esprits suffisants et satisfaits lui restent fermés. Demandons donc pour nous-mêmes et ceux que nous aimons un cœur de pauvre. « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » dit en effet Jésus à Paul (2Co12,9) qui reconnait alors humblement « c’est lorsque je suis faible que je suis fort ». Puissions-nous à notre tour en faire l’expérience en abaissant notre orgueil.

La liberté que Dieu donne à tous les hommes ne s’obtient que par le détachement de la terre, l’indifférence aux biens matériels et même à certaines attaches affectives mal ajustées. Vous avez été appelés à la liberté, ne vous mettez pas sous le joug de l’esclavage des passions égoïstes rappelle St Paul dans la deuxième lecture. Cultivons donc cette liberté de nous laisser conduire par l’Esprit Saint plutôt que de nous laisser entrainer aux tendances de la chair. Cela exige une vigilance constante que les orientaux appellent la garde du cœur, que les spirituels enseignent comme le discernement des esprits entre ce qui vient de Dieu et ce qui vient du mauvais. C’est cette vertu de chasteté qu’il nous faut rechercher pour demeurer dans l’Amour véritable et paisible attentif et bienveillant pour le prochain.

La joie que Dieu offre ainsi à tous ceux qui aiment en vérité, ne saurait s’encombrer des tourments du passé, ni cultiver la culpabilité, les remords et les regrets ou la nostalgie de ce qui n’est plus. Le chrétien regarde en avant et vit dans le présent concret et bien réel où le Seigneur l’appelle. Jésus se montre ainsi plus exigent qu’Elie dans la première lecture en disant que celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas digne d’être son disciples alors qu’Elisée avait pu dire adieu aux siens avant de suivre son maître. C’est que « le royaume de Dieu souffre violence et que seuls les violents s’en emparent » dit Jésus (Mt11,12) pour nous signifier que marcher à sa suite n’est pas de l’ordre d’un ressenti sensible émotionnel mais d’uneferme volonté établie dans le bien et l’obéissance à sa loi. Que l’Esprit de force se répande donc en nos cœurs pour demeurer dans la joie parfaite, en toute circonstance les yeux fixés sur Jésus Christ et sur le ciel qu’il nous a acquis par sa croix.

Ne soyons donc pas soumis au gré de nos émotions et de notre sensibilité. Apprenons au contraire de l’Evangile à les écouter, à les intégrer et à les dépasser pour nous rendre réceptifs à la grâce, libres de nos passions, sûrs et stables dans l’accomplissement de la volonté de Dieu. L’Esprit saint nous est donné et la Parole de Dieu nous y aide. A nous de nous en laisser imprégner pour ne plus vivre seulement à la surface de notre être mais pour devenir pleinement nous-mêmes, sous la motion de la grâce dans la sainte liberté et la joie parfaite des enfants de Dieu. Amen

P Charles BONIN

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19 Juin 2022 Homélie pour le St Sacrement du corps et du sang du Christ C P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Melkisédek offre le pain et le vin (Gn 14, 18-20)

Lecture du livre de la Genèse

PSAUME : (Ps 109 (110), 1, 2, 3, 4)
DEUXIÈME LECTURE : « Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur » (1 Co 11, 23-26)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE : « Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » (Lc 9, 11b-17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le St Sacrement du corps et du sang du Christ C. 19/06/22

Qui est ce Melkisedech sorti de nulle part et dont on ne parle pas ailleurs dans la Bible ? Il est roi de justice d’après l’étymologie de son nom, roi de paix et prêtre du Dieu très haut. Il vient bénir Abraham victorieux des quatre rois des nations païennes par la foi qu’il mit dans le Seigneur. Abraham lui offre la dime, l’impôt religieux et lui, offre du pain et du vin. Cela ne vous évoque pas quelqu’un ? En ce mystérieux envoyé de Dieu on reconnait une préfiguration du Christ bénissant l’action de ceux qui mettent en Dieu leur confiance, présence manifeste d’une source de vie libératrice du mal. « La vie s’est manifestée, nous l’avons vue et nous en rendons témoignage » dit 1Jn 1,2.

La vie véritable, la victoire sur le mal, sont manifestées dans le Christ mort et ressuscité et se perpétuent dans chaque Eucharistie, dans le St Sacrement de son corps et de son sang que nous fêtons aujourd’hui, signe visible de son invisible présence réelle dans le monde.

La messe n’est pas simplement une commémoration, l’évocation nostalgique d’une vague souvenir, c’est l’actualisation d’un sacrifice. Quand Jésus dit « faites ceci en mémoire de moi » il convoque une pratique juive, le Zikaron, qui consiste à rendre présent ce que l’on célèbre. Nous croyons donc que Jésus est réellement présent offert sur la croix pour nous libérer du mal et nous ouvrir à la vie éternelle à chaque messe.

« Si nous comprenions bien ce mystère de la messe on mourrait d’Amour dit le St curé d’Ars. Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu. Le martyr n’est rien en comparaison : c’est le sacrifice que l’homme fait à Dieu de sa vie : la messe est le sacrifice que Dieu fait pour l’homme de son corps et de son sang. Il n’y a rien de si grand que l’Eucharistie ».

Nous communions parfois machinalement, distraitement sans nous y être préparé ou même avec quelque péché mortel sur la conscience. Celui qui fait ainsi dit St Paul sans discerner le corps et le sang du Seigneur mange et boit sa propre condamnation. Au contraire approchons nous avec beaucoup d’amour et de respect de ce sacrement pour en recevoir tous les fruits de grâce. Adorons souvent avec piété le Christ qui est là présent réellement, pour nous malgré nos indignités. Ayons l’humilité, si nous le pouvons de nous agenouiller devant un si grand mystère pour le révérer comme il se doit. Recevons le dignement en lui préparant un petit trône de nos mains comme dit Cyrille de Jérusalem, car c’est vraiment lui le roi de justice et de paix qui vient à nous pour nous combler de ses bénédictions. C’est lui qui nous rend victorieux de tout mal et donne la vie à nos âmes.

En célébrant le très saint sacrement demandons à Dieu de parfaire nos communions, pour nous rendre saints comme lui seul est saint et qu’à notre tour, nourris de son ineffable charité nous nous offrions par amour pour nos frères et sœurs. Amen
P Charles BONIN

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12 Juin 2022 Homélie pour la fête de la sainte Trinité C : Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : La Sagesse a été conçue avant l’apparition de la terre (Pr 8, 22-31)

Lecture du livre des Proverbes

PSAUME : (Ps 8, 4-5, 6-7, 8-9)
DEUXIÈME LECTURE : Vers Dieu par le Christ dans l’amour répandu par l’Esprit (Rm 5, 1-5)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains
ÉVANGILE : « Tout ce que possède le Père est à moi ; l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

Homélie pour la fête de la sainte Trinité C 12/06/2022

La sagesse est personnifiée dans le livre des proverbes qui la présente comme le principe de l’action de Dieu existant avant le temps et l’apparition de la terre. Cette curiosité manifeste que Dieu n’est pas seul. Bien qu’unique il est à la fois Source-principe-origine-créateur c’est-à-dire Père, mais aussi celui qui porte la vie du Père et agit dans le monde, acte-verbe-logos: le Fils. Et ce fils est animé d’un Esprit saint, don de l’Amour du Père et du Fils répandu en nos cœurs comme dit St Paul aux Romains, Esprit de vérité précise l’Evangile pour nous instruire de la vérité tout entière de l’unité du Père et du Fils dans un même Esprit d’Amour. Dieu se révèle ainsi substantiellement comme Etre de relation interpersonnelle. Cette relation n’est pas seulement immanente, elle est diffusive d’elle-même, elle se communique pour que nous entrions dans ce dynamisme de l’Amour et devenions nous-mêmes des êtres de communion à son image.

C’est le sens même de l’Eglise : une convocation de l’assemblée à vivre et à manifester l’Amour du Père par le Fils dans l’Esprit.C’était le thème de notre année pastorale : Avec St Joseph, faire de nos paroisses une famille missionnaire. Y avons-nous réussi ? A certains égard, oui avec la grâce de Dieu, sous d’autres aspect non à cause de nos péchés qui sont toujours un manque de vie divine. Comment y avons-nous personnellement contribué ou qu’avons-nous manqué ? C’est la question qu’il faut se poser personnellement en ce jour de fête et de bilan pour appeler la vie trinitaire en nous précisément là où elle nous manque, car Dieu vient combler le cœur de l’homme de désir. 

Nous manquons de la vie du Père lorsqu’on quitte le réalisme de notre nature créée pour cultiver un idéal qui n’existe pas. Cet idéalisme, c’est le péché contre le Père. C’est le péché contre la création, le mauvais usage que nous en faisons, le mépris de l’environnement par nos habitudes de consommation, ou un rapport désordonné au corps, ou encore le rêve orgueilleux de s’auto-réaliser sans Dieu, de se croire autonome seul définiteur de sa propre norme du bien et du mal sans référence transcendante à la vérité. C’est le péché de faiblessedes origines contre la foi, le drame de l’humanisme athée et de Babel.

Nous manquons de la vie du Filslorsque qu’on se coupe de la source originelle. C’est vouloir se faire par soi-même plutôt que de se recevoir du Père. C’est le péché du perfectionnistequi se repli sur soi et se ferme aux autres et à Dieu, c’est une rupture de relation, et donc un manquement à la charité. C’estrefuser la dépendance, la faiblesse, l’humble obéissancedu Fils qui de « condition divine ne retint pas le rang qui l’égalait à Dieu mais s’anéantit lui-même en prenant la condition d’esclave et devenant semblable aux hommes » Ph2,6-7. 

Nous manquons de la vie de l’Espritlorsqu’on ne se laisse plus conduire par l’Esprit, et que par une volonté débridée de toute puissance on refuse les secours de la grâce ou qu’on doute de la miséricorde en pensant se sauver par soi-même. C’est l’hérésie volontaristede Pélage qui outre le manque d’intelligencerévèle un profonddéficit d’Espéranceet le refus volontaire et éclairé de Dieu qui ne peut être pardonné (Mt 12,31-32). 

Idéalisme ; perfectionnisme, volontarisme : voilà la trinité abominable, l’anti-trinité dont on ne peut se défaire qu’en cultivant en nous et entre nous la foi véritable, la charité active et l’espérance paisible pour que la vie même de Dieu se déploie dans notre vie personnelle et communautaire.Pour cela retenons peut-être 3 points d’attention à investir : formation, communion, mission. Reconnaissant humblement ce qui nous manque, demandons au Seigneur de nous indiquer les moyens et de nous donner la force de nous en corriger pour épanouir notre vie trinitaire et contribuer à notre communion fraternelle jusqu’à ce que son Règne vienne. Amen. 

P Charles BONIN

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04 et 05 JUIN 2022 Homélies pour le dimanche de PENTECÔTE Père Charles BONIN

MESSE DE LA VEILLE AU SOIR:

PREMIÈRE LECTURE : « Ossements desséchés, je vais faire entrer en vous l’esprit, et vous vivrez » (Ez 37, 1-14)

Lecture du livre du prophète Ézékiel

PSAUME : (Ps 103 (104), 1-2a, 24.35c, 27-28 , 29bc-30)

DEUXIÈME LECTURE : « L’Esprit intercède par des gémissements inexprimables » (Rm 8, 22-27)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains

ÉVANGILE : « Des fleuves d’eau vive couleront » (Jn 7, 37-39)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Homélie pour la Pentecôte Veille au soir

La première lecture nous fait prendre conscience que c’est l’Esprit qui nous fait vivre. La chair et le sang ne servent à rien dit Jn 6,23. En effet, elles mourront et ne pourront revenir à la vie qu’animés par l’Esprit de Dieu. Cette vallée d’ossements est une allégorie de notre vie qui doit s’épanouir dans la vie de l’Esprit dont nos corps sont le Temple comme dit St Paul (1Co3,16-6,19). Si nous ne vivons que pour nos corps, nous sommes en-deça de nous-mêmes comme ces ossements desséchés. Si au contraire, nous déployons en nous la vie de l’Esprit en nous efforçant de connaitre et d’aimer, nous nous ouvrons à l’Esprit de Dieu pour leur redonner souffle de vie. Cette vie de l’Esprit donnée au baptême demande toujours à croitre et St Paul nous enjoint à la demander avec insistance et persévérance (« par des gémissement inexprimables » dit la deuxième lecture). 

La source de cette vie, c’est le Christ qui se présente à la Samaritaine comme celui qui détient l’eau vive pour que celui qui boira n’ait plus jamais soif (Jn2 ,10). Si quelqu’un a soif, qu’il vienne donc à moi et qu’il boive celui qui croit en moi…. dit l’Evangile. Mais avons-nous soif ?

Soif de vérité, soif d’absolu, soif d’éternité, soif de connaitre Dieu, soif d’amour et de vie spirituelle ?

Nous constatons hélas partout, l’affaiblissement ou la pauvreté de nos désirs. On se contente si facilement d’une vie matérielle confortable qu’on oublie les besoins vitaux de notre âme spirituelle. A la fin des temps prophétisait Jésus, l’amour se refroidira chez le grand nombre (Mt24,12) N’est-ce pas ce que nous voyons aujourd’hui ? Il y a là un danger de mort que nous sous-estimons. Oui nos âmes peuvent mourir et il y a déjà beaucoup d’âmes mortes… desséchées comme ces ossements innombrables dont parle Ezéchiel. C’est pourquoi nous avons bien besoin de l’Esprit saint. C’est pourquoi il nous faut incessamment prier pour que l’Esprit descende sur nous, nos familles, notre monde et redonne vie à tout ce qui en nous et hors de nous se dessèche. Pour que la vie de l’Esprit triomphe de la mort spirituelle qui se répand partout par un matérialisme croissant. Faisons nous-même notre bilan spirituel : Combien de temps consacrons-nous à notre corps et à la vie sensible et matérielle ? Combien de temps consacrons nous à connaître et aimer Dieu et nos frères ? Or c’est cela seul qui survivra dans l’éternité pour nous redonner un corps glorieux. 

Ce simple examen nous permet de mesurer si nous sommes bien animés de la vie de Dieu ou déjà à moitié ou complètement morts…

Qui sait encore dans les plus jeunes générations qu’on peut perdre son âme ? Qui sait encore seulement qu’il a une âme ? Supplions l’Esprit Saint de nous remplir d’ardeur pour annoncer autour de nous que nous sommes faits pour cette vie de l’Esprit, que nos corps ne sont pas une fin en soi mais le réceptacle de la grâce, des vases pour la vie divine. Supplions l’Esprit Saint de se répandre dans le monde, d’ouvrir les cœurs réticents, de souffler sur les jeunes qui si souvent sont morts sans même le savoir et que nous, nous soyons les dociles instruments de l’Esprit de Pentecôte en accueillant ce don avec humilité et la force de le transmettre. Amen. 

P Charles BONIN

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PENTECÔTE MESSE DU JOUR:

PREMIÈRE LECTURE : « Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
PSAUME : (Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)
DEUXIÈME LECTURE : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8, 8-17)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains

SÉQUENCE : Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.

…………..

ÉVANGILE : « L’Esprit Saint vous enseignera tout » (Jn 14, 15-16.23b-26)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Homélie du jour

La Pentecôte, cinquante jours après la résurrection, c’est la naissance de l’Eglise. Chez les juifs on célèbrait à ce moment là le don de la loi (la Torah). Chez les chrétiens on célèbre le don de l’Esprit Saint qui ouvre à l’intelligence de la loi ! C’est le passage des tables de pierre au cœur de chair annoncé par les prophètes (Ez 11,19-36,26 ; Jr 31,33 ; Joël 3,1 ; Is 60s). Dieu restaure en son nom l’unité que l’orgueil des hommes avait détruite à Babel. Dès lors les hommes ne sont plus esclaves de la loi mais libres, parce que fils du Père par le Fils qui a répandu son Esprit sur tous ceux qui croient en lui.

Cet héritage nous oblige. L’Esprit reçu à notre baptême nous confère une dignité à honorer celle de n’être plus soumis à la chair et à ses passions mais habités par l’Esprit de Dieu, l’Esprit d’Amour qui nous porte vers Dieu et vers nos frères et sœurs. 

Dès lors nous ne pouvons plus vivre selon la chair et ses convoitises mais selon l’Esprit qui nous enseigne dans la volonté du Père. C’est dans cette vie de l’Esprit que nous prions aujourd’hui que le monde et nous-mêmes soyons régénérés. La liberté qui nous est ainsi donnée n’est pas une licence de faire ce que l’on veut. Elle est au contraire une libération des passions ; une maitrise de soi ; une gouvernance sur soi-même par la conscience du bien voulu par Dieu et la ferme volonté de l’accomplir. L’Esprit Saint guide ainsi ceux qui l’accueillent dans l’Amour véritable qui une tendance au bien.

Cette Pentecôte d’Amour que nous appelons c’est une conversion profonde qui vise à ne plus être dirigé d’après nos désirs matériels mais suivant la loi de Dieu inscrite en nos âmes. C’est la question que nous posons sur les tracts de présentation de nos paroisses : Vous prenez soin de votre corps…. Mais que faites-vous pour votre âme ? 

Que faites-vous pour vivre selon l’Esprit de Dieu ? Que faites-vous pour que le Christ habite en vous ? Que faites-vous pour agir comme des fils et filles du Père, configurés au Fils offert pour la vie du monde ? Que faites-vous pour tuer en vous les agissements de l’homme pécheur ? Interrogeons-nous pour scruter au fond de notre cœur l’investissement réel que nous consacrons à notre vie spirituelle en comparaison de notre vie corporelle qui n’en est que le moyen. Il nous faudra alors peut-être inverser nos habitudes pour ne plus prendre le moyen pour la fin et tout réordonner dans notre vie à l’épanouissement de l’Esprit qui seul peut donner vie à notre chair alors qu’on pense instinctivement le contraire. 

Nous avons besoin de la force de l’Esprit saint pour être victorieux de toute tendance de la chair, pour nous détourner des convoitises sensibles et matérielles et devenir héritiers avec le Christ dans la Gloire. 

Que cette Pentecôte nous donne donc un langage de disciple afin que nous puissions ensemble avec le Christ dire « Père ! » dans l’unité et la fraternité qui rassemblent toutes les nations dans une louange unanime vers la source de toute vie. Cet évènement des Actes qui donne naissance à l’Eglise il nous faut sans cesse le revivre pour devenir des acteurs de justice et de paix œuvrant à la manifestation de la Gloire de Dieu. Que l’Esprit saint repose aujourd’hui sur nous pour que, dociles à ses inspirations nous portions la bonne nouvelle aux pauvres, pour panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la délivrance, consoler les affligés (Is61,1-3). Ne soyons plus repliés sur nous-même mais comme ces premiers disciples laissons-nous gagner par l’enthousiasme et la ferveur de l’Esprit pour le porter au monde et triompher ainsi de l’esprit du monde. Amen

P Charles BONIN

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29 mai 2022 Homélie pour le 7ème dimanche de Pâques Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Voici que je contemple le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Ac 7, 55-60)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
PSAUME : (Ps 96 (97), 1-2b, 6.7c, 9)
DEUXIÈME LECTURE : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 12-14.16-17.20)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
ÉVANGILE : « Qu’ils deviennent parfaitement un » (Jn 17, 20-26)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Homélie pour le 7eme dimanche de Pâques

Il y a quelque chose qui m’a agacé en lisant les lectures de ce dimanche… C’est qu’on a retiré des versets au livre de l’Apocalypse. A vrai dire, le procédé est courant mais il est dangereux car il fait courir le risque de modifier le sens de la Parole. Et justement, un des versets que nous n’avons pas entendu nous prévient: « si quelqu’un enlève des paroles à ce livre de prophétie, Dieu lui enlèvera sa part : il n’aura plus accès à l’arbre de la vie ni à la Ville sainte, qui sont décrits dans ce livre. » Nous sommes ainsi avertis d’avoir un grand respect pour la Parole de Dieu, de ne pas s’en servir selon ce qui nous arrange mais de la servir avec foi pour recevoir humblement ce qu’elle nous enseigne. On ne peut pas picorer dans l’Ecriture.Il ne faut pas le faire, parce qu’elle est un tout dont nous devons respecter l’intégrité. Alors pourquoi ceux qui ont préparé la liturgie se sont-ils permis ce découpage ? 

Peut-être pour éveiller notre perspicacité, car il en faut pour comprendre la Parole de Dieu. Le lecteur honnête et curieuxdécouvre ainsi que le tableau idyllique de l’entrée dans la Jérusalem céleste a aussi sa contrepartie, sa zone d’ombre que nous n’avons pas entendu: « Dehors les chiens, les sorciers, les débauchés, les meurtriers, les idolâtres, et tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge ! » lit-on au verset 15. On n’aime pas cette exclusion qui peut nous faire peur mais il n’est pas juste de l’occulter ou de la rejeter comme un simple procédé de rhétorique hébraïque si l’on veut être fidèle à l’exactitude de ce qui nous est ainsi révélé : à la fin des temps chacun recevra selon ce qu’il aura fait. Ce jugement est bien réel et nous devons nous y préparer par nos bonnes œuvres

Cette rectification étant faite, cela ne doit pas nous effrayer. Dieu n’est pas un père fouettard et s’il nous juge et nous corrige, ce n’est pas pour punir mais par miséricorde pour qu’on se convertisse. Autrement dit pour qu’on détourne nos yeux du mal et qu’on se tourne vers la lumière du ciel. C’est ce que fait Etienne : « il fixait le ciel du regard, il vit la gloire de Dieu ». C’est ce que fait Jésus dans l’Evangile : « les yeux levés au ciel, il priait ». 

C’est ce que nous devons faire aussi et l’on comprend alors l’intention pédagogiquedu découpage opéré dans le livre de l’Apocalypse : c’est pour nous faire contempler le ciel et que nous entendions l’Esprit et l’épouse nous dire « viens ! » plutôt que de risquer de nous laisser séduire par le mal. On peut en effet être tenté d’accorder une importance excessive au négatif dans notre vie au point de ne plus voir que le mal et de cultiver un pessimisme mortifère qu’entretiennent toujours les prophètes de malheur dans les périodes troublées. Certains peuvent ainsi être séduits par ces mises en garde terrifiantes qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Mais nous devons y résister car c’est une ruse du démon de se rendre intéressant, de monopoliser pour ne pas dire hypnotiser notre attention, comme c’est le cas dans les addictions. Mais le mal n’est pas intéressant ! Ne vous effrayez donc pas, détournez-vous et continuez votre chemin vers le cielsans vous préoccuper de ce qui arrivera demain. L’Apocalypse n’a pas été écrite pour nous faire peur mais pour éveiller en nous le désir du ciel. C’est un appel à l’Amour véritablequi bannît la crainte et fuit la perversion et la corruption par le mal pour s’élancer libre et joyeux vers le Père dans l’unité fraternelle pour laquelle Jésus l’implore : « Que tous soient Un comme toi et moi nous sommes un ». Voilà le chemin à suivre sans se laisser distraire par les sirènes catastrophistes. 

Il faut savoir que le mal existe, il ne faut pas être naïf certes, et il est profitable de savoir à quels tourments il conduit. Mais il ne faut ni s’y complaire, ni en être ébranlé, ni lui accorder trop d’importance car on risque alors de ne plus voir le bien à accomplir : œuvrer toujours pour l’unité fraternelle, former une communauté de saints. Le pessimisme est une ruse subtile du démon dans laquelle il ne faut pas tomber car il décourage tout œuvre bonne de charité. C’est comme lorsqu’on apprend à conduire : Si l’on regarde l’obstacle on fonce dessus, alors que si l’on porte son regard au loin, vers le but de la route on l’évite sans encombre. 

Conscient de cet enjeu de notre vie terrestre nous devons donc autant fuir le mal que la peur pour nous jeter corps et âme dans l’Amour : c’est dans ce bain que les saints lavent leur vêtement pour accéder à l’arbre de vie et entrer dans la ville sainte. Ce bain c’est le sang des martyrs dont Etienne nous donne un exemple remarquable par sa ferme détermination pour Dieu et son mépris du mal qui ne considère que comme une occasion de pardonner. 

Ainsi devons-nous garder les cieux et les yeux ouverts à la vie trinitaire que l’Esprit Saint répand en nos cœurs. Comme dit le Psaume 100 : « J’avancerai alors dans la voie des parfaits, je suivrai la perfection de mon cœur. Point de place devant mes yeux pour rien de vil, le méchant je l’ignore ». Ainsi donc entrainons-nous dans l’attente de la Pentecôte à ne plus perdre de temps à critiquer, à nous lamenter, à cultiver nos peurs ou attiser nos soupçons mais orientons au contraire toute notre énergie vers le bien à accomplir en gardant les yeux fixés sur Jésus-Christde qui vient tout paix, toute joie. Amen 

P Charles BONIN

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22 mai 2022 Homélie pour le 6ème dimanche de Pâques Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci qui s’imposent » (Ac 15, 1-2.22-29)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
PSAUME : (Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8)
DEUXIÈME LECTURE : « Il me montra la Ville sainte qui descendait du ciel » (Ap 21, 10-14.22-23)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
ÉVANGILE : « L’Esprit Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 23-29)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

 Homélie pour le 6eme dimanche de Pâques

L’Eglise, c’est-à-dire nous, est au milieu du gué.

Elle a quitté les rivages sûrs de la loi et des rites formels, c’est la première lecture qui relate le premier concile de Jérusalem rompant avec les traditions du judaïsme. 

Elle n’est pas encore dans la Patrie céleste décrite par la deuxième lecture de l’Apocalypse. 

Nous sommes en chemin, en pèlerinage sur la terre entre le très humain parfois pesant et grossier et le divin insaisissable et subtil. Au milieu, le trait d’union, c’est le Christ, Verbe incarné, vrai Dieu et vrai homme, pour nous arracher aux ténèbres de la corruption et nous élever vers le Père. Il est notre Salut, notre vie si nous gardons sa Parole. C’est l’Evangile. La bonne nouvelle qu’au milieu du gué assailli de flots tumultueux, il y a une planche de Salut, un havre de paix. 

Mais une paix qui n’est pas à la manière du monde. Une paix qui ne se résume pas à l’absence de guerre, mais que l’on définit comme la tranquillité de l’ordre, de l’ordonnancement de toute chose vers Dieu aimé comme sa propre fin. Celui qui m’aime gardera ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et chez lui nous ferons une demeure. C’est dans cette stabilité en Dieu que nous sommes établis dans la joie véritable. Gardons-nous donc autant de nos assurances trop humaines et de nostalgies du passé que de nos rêves illusoires d’avenirs meilleurs imaginatifs. Notre joie parfaite est dans un présent toujours habité de Dieu. Et c’est sans doute la guérison la plus profonde qu’il nous faut demander aujourd’hui : Etre libéré de ce qui est ancien, de toutes les histoires de nos vies qui nous pèsent, des remords et des regrets autant que des projections déçues qui nous entrainent au désespoir et à la perpétuelle insatisfaction de l’idéal. 

« La vie chrétienne ne consiste pas à se cramponner à des préceptes, mais à se laisser réguler de l’intérieur et à devenir docile à l’action créatrice de l’Esprit qui parle à travers les occasions. » 

Dieu est là, présent au milieu de nous par sa Parole, au cœur de nos frères, en son Eucharistie et nous ne le voyons pas quand nous le rêvons ailleurs en oubliant d’habiter pleinement le quotidien de nos vies. L’Evangile nous rappelle au réalisme spirituel.L’Esprit saint nous enseigne à garder la Parole jusqu’au retour du Christ pour demeurer ferme dans la foi. Cette Parole guide nos actes quotidiens, notre présence à chacun. Cette Parole, c’est le Christ qui vit en nous et nous prie de le porter vers nos frères. Cette Parole c’est la route de l’Eglise qui nous pousse les uns vers les autres à recevoir ensemble la Jérusalem céleste. Soyons donc attentifs ensemble à cette présence concrète de Dieu qui nous invite à habiter chaque jour de sa présence dociles au souffle de l’Esprit. 

Un bon moyen de transformer nos vies, de guérir intérieurement c’est de nous ouvrir à cette présence discrète mais ô combien active de l’Esprit Saint en demandant chaque Matin : Seigneur que veux-tu que je fasse ? Chaque midi : Seigneur montre moi ton visage dans mes frères, Chaque soir : De quoi Seigneur puis-je rendre grâce aujourd’hui ?. Et laissons résonner en nos cœurs la réponse du Seigneur qui ces jours-ci s’en va pour mieux revenir à nous et nous apprendre ainsi à mieux nous quitter pour revenir à lui. Amen. 

P Charles BONIN

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15 mai 2022 Homélie pour le 5ème dimanche de Pâques Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux » (Ac 14, 21b-27)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
PSAUME : (Ps 144 (145), 8-9, 10-11, 12-13ab)
DEUXIÈME LECTURE : « Il essuiera toute larme de leurs yeux » (Ap 21, 1-5a)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
ÉVANGILE : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13, 31-33a.34-35)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Homélie pour le 5èmedimanche de Pâques

Les lectures des actes des Apôtres que nous entendons ces jours-ci témoignent de l’ardeur missionnaire de l’Eglise primitive. Paul et Barnabé avec les autres disciples ne ménagent pas leur peine. Courage, persévérance, exhortation, épreuves, prières, jeûnes, annonces de la Parole, voyages multiples : Lystres, Iconium, Antioche, Pisidie, Pamphylie, Pergé, Attalia, Syrie…. L’évangélisation ne va pas sans un labeur intense et une vie active. C’est au zèle de ces apôtres que nous devons d’être chrétiens aujourd’hui. Nous leur en sommes redevables et c’est à nous qu’il appartient désormais de continuer leur œuvre. L’un de vous me disait récemment que nous manquons d’audace pour cultiver cet élan missionnaire alors que l’attente d’une bonne nouvelle reste forte chez nos contemporains. Qu’est-ce donc qui faisait courir ces apôtres ? Comment s’y prenaient-ils ? pouvons-nous aujourd’hui encore les imiter ? 

Ce qui les animait d’abord, c’est la foi. Celle qu’on reçoit au baptême mais qu’il nous appartient d’entretenir ensuite. Il est dit en effet que les anciens à qui sont confiées les Eglises avaient mis leur foi dans le Seigneur mais que c’est le Seigneur qui ouvre aux nations la porte de la foi. Il y a donc une coopération entre Dieu et les hommes pour la transmission de l’Evangile : la grâce et les œuvres agissent ensemble. Ne compter que sur la grâce, c’est du quiétisme, ne compter que sur les œuvres c’est du pélagianisme : Deux hérésies que l’on combat en priant comme si tout ne dépendait que de Dieu et en agissant comme si tout ne dépendait que de soi. 

Mais la foi se nourrit de l’espérancede ce vers quoi nous allons : la ville sainte, la Jérusalem nouvelle décrite par l’Apocalypse. Là, il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur. C’est cette heureuse perspective qui suscite l’élan missionnaire des apôtres. C’est lorsqu’on la perd de vue qu’on risque de sombrer dans le désespoir, que la foi s’affadit et que notre vie chrétienne manque d’enthousiasme. Au contraire, se remettre en présence de cette promesse que Dieu vient faire toute chose nouvelle, pour nous laisser renouveler par lui stimule la charitéqui fait la vitalité des premières communautés chrétiennes.

C’est ce que rappelle l’Evangile : coopérer à l’œuvre de la grâce et donc contribuer à bâtir cette terre nouvelle c’est aimer Dieu et nous aimer les uns les autres comme il nous a aimé par le don de sa vie. " Celui qui n’aime pas demeure dans la mort » dit St Jean (1 Jn 3, 15). Notre Seigneur nous avertit que la condition de notre union à lui pour la vie éternelle, c’est d’aller à la rencontre des besoins des pauvres et des petits qui sont ses frères (cf. Mt 25, 31-46). C’est cette vive conscience de l’impératif de la charité qui entrainait les apôtres sur toutes les routes du monde. C’est cette même conscience des exigences du Salut qui doit nous entrainer sur les routes de la Bièvre pour annoncer avec enthousiasme l’Amour de Dieu pour chacun. Prions donc avec ferveur pour que l’Esprit Saint ranime ce dynamisme missionnaire de la Charité au cœur de nos communautés et engageons-nous concrètement dans telle œuvre au service de nos frères pour y contribuer activement. 

Ainsi nous vivrons de ces 3 vertus théologales infusées en nous par notre baptêmeet les cultiverons pour qu’elles se déploient jusqu’au bonheur du ciel où nous pourrons ainsi participer pleinement à la vie de Dieu. C’est ce que nous souhaitons pour chacun, c’est ce pour quoi nous prions, c’est ce que nous sommes appelés à vivre en nous aidant les uns les autres à ce que l’Amour grandisse entre nous malgré nos faiblesses et nos différences. Que le modèle de ces premières communautés nous inspire et que l’Amour du Christ nous presse toujours plus. Amen. 

P Charles BONIN

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Homélie pour la veillée pascale 17 avril 2022 Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE:  « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn 1, 1 – 2, 2)  Lecture du livre de la Genèse

PSAUME: (Ps 103 (104), 1-2a, 5-6, 10.12, 13-14ab, 24.35c)

R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit  qui renouvelle la face de la terre ! (cf. Ps 103, 30)

DEUXIÈME LECTURE: Sacrifice et délivrance d’Isaac, le fils bien-aimé (Gn 22, 1-18)  Lecture du livre de la Genèse

TROISIÈME LECTURE: « Les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer » (Ex 14, 15 – 15, 1a)  Lecture du livre de l’Exode

QUATRIÈME LECTURE: Dans sa miséricorde éternelle, le Seigneur, ton rédempteur a pitié de toi (Is 54, 5-14) Lecture du livre du prophète Isaïe

CINQUIÈME LECTURE: « Venez à moi, et vous vivrez ; je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle » (Is 55, 1-11) Lecture du livre du prophète Isaïe

SIXIÈME LECTURE: Marche vers la splendeur du Seigneur (Ba 3, 9-15.32 – 4, 4) Lecture du livre du prophète Baruc

SEPTIÈME LECTURE: « Je répandrai sur vous une eau pure et je vous donnerai un cœur nouveau » (Ez 36, 16-17a.18-28) Lecture du livre du prophète Ézékiel

ÉPÎTRE: « Ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus » (Rm 6, 3b-11) Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains

ÉVANGILE: « Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? » (Lc 24, 1-12) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour la veillée pascale 17 avril 2022

Il était une fois un roi fort bon et très puissant qui réunit ses meilleurs ouvriers pour construire un palais somptueux au milieu de jardins splendides pour tout son peuple. Plus le chantier avançait plus les gens y étaient heureux. Dès qu’un problème survenait le roi dépêchait ses meilleurs juges pour rétablir la paix et la justice. Tout le monde vivait dans la concorde et l’harmonie. Ce roi n’avait qu’une fille d’une beauté resplendissante que le roi chérissait par-dessus tout et que tout le monde aimait et respectait avec une tendre affection car elle ne manquait jamais de visiter ses sujets les plus pauvres. Mais un jour le Seigneur voisin prit ombrage d’une telle renommée et par jalousie dépêcha une sorcière maléfique dans ce palais pour jeter un sort à la princesse bien-aimée. Elle s’endormit aussitôt d’un sommeil profond dans chambre secrète oubliée du château et personne ne la revit. Le roi sombra dans un inconsolable chagrin et le peuple attristé s’empressa de la chercher partout mais en vain…Tout allait de mal en pis, car seul l’amour le plus pur pouvait d’un baiser éveiller cette belle endormie. Bien des années plus tard, un jeune et beau chevalier ayant entendu cette histoire, bravant mille dangers et les multiples dragons qui cernaient le domaine pour en interdire l’accès, se présenta à la porte. D’un pas sûr il monta dans la plus haute tour fit jouer un mécanisme dans une porte dérobée et déposa un tendre baiser sur le front de la princesse qui s’éveilla aussitôt. Quels furent à votre avis ses premiers mots ?

A/ Où suis-je ? Il me semble avoir fait un beau rêve quel dommage qu’il faille déjà se lever…

B/ Mais qui êtes-vous jeune homme je ne vous connais pas laissez moi dormir…

C/ Merci beau prince ! Si longtemps je vous ai attendu, voulez-vous qu’ensemble nous redonnions l’amour et la joie à cette belle cité et à ses environs? 

Cette histoire n’est qu’un conte et pourtant elle est vraie… cette belle endormie c’est nous, fils et filles de Dieu créateur mais que le mal tient en son esclavage, la cité c’est l’Eglise au milieu du monde parfois hostile, le chevalier c’est le Christ qui par sa vie donnée vient nous libérer. Si nous lui répondons A ou B, nous demeurons endormis dans la mort, comme ceux de l’Evangile qui ne croient pas au récit des saintes femmes, comme les égyptiens qui périssent dans la mer rouge, comme les gens d’Israël qui méprisent le nom de Dieu par leurs mauvaises actions. Si nous répondons C/ et que nous laissons le Christ nous éveiller à l’Amour pour le répandre dans le monde, alors nous ressuscitons avec lui, restaurés dans notre beauté première accomplissant ce pour quoi nous avons été créés : louer Dieu et aimer nos frères. 

Qu’est-ce donc qui en nous reste endormi ? Qu’est-ce qui n’a pas encore reçu le doux baiser du Christ ressuscité ? Notre orgueil ? Notre égoïsme ? Nos doutes ? Notre petite fierté ? Cette colère qu’on nourrit encore ? Ou telle blessure qu’on ne veut pas guérir de peur d’en souffrir encore ? Aujourd’hui, éveillons nous avec lui, laissons nous rejoindre comme cette belle endormie par le Christ, remettons lui ce qui nous pèse encore. Ranimons ce qui nous manque de ferveur ou notre foi qui dort dans ses habitudes, accueillons le Christ dans notre vie, accueillons nous les uns les autres dans une fraternité renouvelée par l’Amour de celui qui a tout donné et nous appelle à donner à notre tour. La résurrection de Jésus n’est pas un comte à dormir debout, elle est vraie si nous faisons confiance à cette lignée de témoins qui au travers des siècles nous l’ont transmise. Alors ne restons pas endormis reprenons vigueurs pour nous inscrire à leur suite et proclamer joyeusement dans le monde entier la bonne nouvelle : Christ est ressuscité…. Il est vraiment ressuscité… Amen alors ressuscitons avec lui. Amen. 

P Charles BONIN

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14 avril 2022 Homélie pour le Jeudi saint 2022 P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Prescriptions concernant le repas pascal (Ex 12, 1-8.11-14)

Lecture du livre de l’Exode

PSAUME : (115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18)

R/ La coupe de bénédiction est communion au sang du Christ. (cf. 1 Co 10, 16)

DEUXIÈME LECTURE : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur » (1 Co 11, 23-26)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE : « Il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Homélie pour le Jeudi saint 2022

Le dimanche des rameaux nous a fait prendre conscience qu’il n’y a d’autre royauté que celle qui fixe le mal sur le bois de la croix et embrasse le monde entre les bras étendus de l’Amour offert à tous. L’Evangile de ce jour nous précise que cette participation au Royaume à la suite du Christ passe par l’humble service de nos frères dont il nous donne l’exemple. Ce service nous purifie de tout orgueil et fait de nous des êtres donnés à son image. Il n’est donc pas une option, il est l’essence de notre vie chrétienne. Cet évangile selon St Jean tient la place dans les synoptiques du récit de l’institution de l’Eucharistie pour nous faire comprendre que le pain eucharistique et le service du prochain c’est tout un. On ne saurait prendre l’un sans se donner à l’autre à moins d’une grave incohérence de vie. Le Christ qui se donne dans le pain et le vin au cours d’un repas fraternel est le même que celui qui lave les pieds de ses disciples. De même nous ne pouvons communier à son corps et à son sang si nous ne nous donnons pas aussi à nos frères. C’est la même charité qui anime le corps du Christ sous les espèces eucharistiques et l’assemblée que nous formons. Sans doute devons-nous entendre là une invitation à la cohérence de nos communions. Qu’elles ne soient pas seulement sacramentelle ou spirituelles mais aussi véritablement fraternelles sinon nous risquerions de nous entendre dire comme Juda «  vous n’êtes pas tous purs » ou comme Pierre « si je ne te lave pas les pieds tu n’auras pas de part avec moi. » Autrement dit, si la charité ne transforme pas ta vie tu demeureras dans la mort. Si l’Amour au contraire t’anime tu ressusciteras avec lui. 

En agissant ainsi comme souverain prêtre auprès des premiers évêques, Jésus donne aussi tout le sens du sacerdoce qui n’est rien d’autre qu’un service de l’Amour de Dieu. Comme Moïse, le prêtre est nommé pour soustraire le peuple à l’esclavage du péché et le purifier par le sang de l’Agneau pour qu’il vive et ne meure pas. Déjà, cette démarche pré-figurative de nos assemblées était marquée par une fraternité autour d’un repas. Comme autrefois, le prêtre est au service de cette unité à laquelle chacun doit contribuer si nous ne voulons pas prolonger ce carême comme les hébreux errant 40 ans au désert par manque de confiance en Dieu. Prions donc que ce jeudi saint soit l’occasion d’un renouvellement dans nos assemblées pour que nos célébrations soit marquées par un sens accru de la présence réelle et sacrée du Seigneur tant dans le pain consacré que dans le prêtre qui le rend présent et dans mon voisin qui m’est un frère en Christ. Préparons-nous intérieurement par un cœur humble et contrit à recevoir en plénitude ce sacrement de la vie, de l’Amour et de l’unité et sous cette triple forme du pain du prêtre et de nos frères. Amen.

P Charles BONIN

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10 avril 2022 Homélie pour le Dimanche des Rameaux P Charles BONIN

ENTRÉE MESSIANIQUE : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Lc 19, 28-40)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

PREMIÈRE LECTURE : « Je n’ai pas caché ma face devant les outrages, je sais que je ne serai pas confondu » (Is 50, 4-7)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME : (21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a)

R/ Mon Dieu, mon Dieu,pourquoi m’as-tu abandonné ? (Ps 21, 2a)

DEUXIÈME LECTURE : « Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté » (Ph 2 6-11)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
ÉVANGILE : Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Lc 22, 14 – 23, 56)

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le dimanche des Rameaux

Avant la procession : 

Tout commence par la louange. Et la louange commence par la reconnaissance des bienfaits du Seigneur. C’est ce que fait la foule qui acclame Jésus entrant à Jérusalem, emplie de joie devant tous les signes qu’il a accomplis. Il est bon de nous souvenir comme elle des grâces reçues pendant notre vie et plus particulièrement pendant ce temps du Carême car lorsque surviennent les épreuves, nous sommes alors plus forts de savoir qu’en toute circonstance nous pouvons compter sur la toute-puissance d’Amour du Seigneur. Il est ce roi de paix couronné de gloire et pourtant humble, monté sur un petit âne pour rejoindre chacun et nous laisser sans crainte du jugement, déposer à ses pieds tous nos masques, nos hypocrisies, notre orgueil et nos faux semblants… pour être véritablement nous-mêmes. 

Mais quelle est cette royauté victorieuse du mal qui demeure pourtant dans nos vies ? Par quelle toute puissance nous en libère t’il ? C’est ce que nous découvrirons en marchant avec lui pour entrer à sa suite dans Jérusalem. 

Après la lecture de la passion : 

Comme il est étrange de lire ce récit de la passion juste après l’exultation de l’entrée triomphale à Jérusalem. C’est un peu rabat-joie ! C’est comme s’il nous était interdit de nous réjouir vraiment et l’on pourrait mal le vivre comme une injonction paradoxale déstabilisante… La seule raison de ce brusque revirement d’ambiance qui nous fait entrer dans la semaine sainte, c’est de comprendre que la vraie royauté c’est la croix ! Il n’y a pas d’autre toute puissance que celle de l’Amour qu’aucun mal ne détourne de sa détermination au bien. Il n’y a pas d’autre liberté que de fixer le péché au bois de la croix ; pas d’autre paix que de s’abandonner entre les bras du Père quitte à sombrer sous les coups des pécheurs ; pas d’autre Gloire que l’humble renoncement aux vanités humaines pour ressusciter à l’éternelle vie. Quelle leçon de vie qui passe par la mort pour nous rappeler justement qu’elle n’est pas la fin de tout pour celui qui garde cette confiance que dans la violence et les outrages Dieu vient au secours du plus faible pour le relever. C’est par cet abaissement à cette condition de l’humanité bafouée que le Christ rassemble toute chose entre les mains du Père. Et voici au fond le vrai motif de notre louange qui inaugurait notre célébration : il a tout soumis à la Gloire du Père en rejoignant chacun jusqu’au plus pauvre n’ayant plus figure humaine. Voilà le chemin de croix sur lequel il nous faut avancer en ces jours saints pour avoir part avec lui à sa résurrection : renoncer à la toute-puissance dominatrice pour lui substituer la toute-puissance de l’Amour tendue vers le bien véritable qui privilégie en toute circonstance la défense des plus petits ; telle est notre foi, notre règle de vie, la lumière de notre conscience ! Amen. 

P Charles BONIN

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03 AVRIL 2022 Homélie pour le 5eme Dimanche du carême P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Voici que je fais une chose nouvelle, je vais désaltérer mon peuple » (Is 43, 16-21)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME : (Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6) Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !
 

DEUXIÈME LECTURE : « À cause du Christ, j’ai tout perdu, en devenant semblable à lui dans sa mort » (Ph 3, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens

ÉVANGILE : « Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre » (Jn 8, 1-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Homélie pour le 5èmedimanche de Carême C

Qu’est-ce que Jésus a écrit sur la terre ? Personne ne sait. De sa main il ne nous reste aucun écrit. Nous n’avons de lui que des paroles transmises par ses disciples. Mais par ce témoignage de l’Evangile nous connaissons l’effet de cet écrit mystérieux que l’on peut peut-être deviner: il a sauvé cette femme et il s’est échappé du piège tendu par les scribes et les pharisiens. Tous s’en sont allé et elle s’est trouvée libérée de l’emprise accusatrice qui pesait sur elle. Jésus a donc ouvert une voie dans ce qui semblait sans issue, il a tracé un chemin de libération sur le sable du désert. Il a fait passer des fleuves de vie dans les lieux arides de nos cœurs endurcis, comme le prophétisait Isaïe dans la première lecture. Par deux fois il s’abaisse et se relève pour signifier que par son humiliation sur la croix il nous donne d’avoir part à sa résurrection. Ainsi accomplit-il toute chose nouvelle. Là où il n’y avait plus d’espoir et où la mort semblait régner il apporte la vie. C’est sur ce chemin qu’il nous engage comme à cette femme : « va et désormais ne pèche plus ! » C’est sur cette route de conversion qui rappelle celle ouverte dans la mer pour les hébreux fuyant les égyptiens que St Paul, oubliant le passé, s’élance résolument vers le but auquel Dieu nous appelle. Il fuit l’ordure du mal et tout ce qui est propre à nous perdre pour se laisser saisir par la main de Dieu qui nous sauve.

Il nous faut à notre tour nous élancer dans cette course à la sainteté qui ne va pas sans efforts ni renoncement pour parvenir à la vraie liberté et à la joie promise par Dieu. Les portes de nos prisons sont ouvertes mais c’est à nous de les franchir en nous laissant saisir comme Paul et comme cette femme de l’Evangile en nous remettant entre les mains du Christ et en acceptant d’aller à sa suite. Cela implique de communier aux souffrances de sa passion en crucifiant en nous les œuvres mauvaises de la chair. Il y a une mort à vivre en effet, si nous voulons revivre avec lui: c’est la mort au péché, c’est accepter de changer de vie. En entendant la Parole de vie de Jésus, ils s’en vont tous… soit qu’ils rentrent en eux-mêmes pour faire le ménage chez eux soit qu’ils refusent d’entrer sur ce chemin d’humilité et de pardon miséricordieux, qui sauve et qui libère. A quelle catégorie appartenons nous, nous qui sommes si prompts à juger ? Resterons-nous après une telle parole dans le ressentiment, l’accusation de nos frères ou la culpabilité ? Ou bien entrerons-nous avec St Paul dans la justice miséricordieuse de Dieu dépassant celle des hommes fondée la foi au Christ sauveur ? 

La Loi de Moïse était écrite sur des tables de pierre du doigt même de Dieu. Là Jésus écrit nos péchés sur le sable pour nous aider à les reconnaitre et pour mieux les effacer par sa miséricorde, voilà peut-être pourquoi il s’y prend à deux fois pour écrire par terre… 

A une semaine du Triduum pascal, Dieu nous exhorte ainsi à réviser nos jugements pour remettre la loi de l’Amour au cœur de nos relations. Reconnaissons nos propres imperfections, pour sortir de l’accusation. Acceptons aussi d’entendre la Parole du seul juge légitime parce-que sans péché, qui libère et qui sauve : « moi non plus je ne te condamne pas » pour sortir de nos culpabilités et de nos peurs d’être jugé, rejeté, exclu. Acceptons de paraître tel que nous sommes, humblement sous le regard de la miséricorde divine…. Consentons à aimer et à nous laisser aimer pour nous laisser saisir et relever. C’est dans cet abandon à la miséricorde, fixant le mal sur la croix du Christ que nous vivrons avec lui cette passion qui nous ouvre à la résurrection sur le chemin de la réconciliation. 

Mourir à soi-même pour ressusciter avec lui, c’est renoncer à ces pierres que nous avons encore entre nos mains contre nos frères ou dans nos cœurs contre nous-même. Acceptons alors de demeurer seul comme cette femme avec Jésus dans la confiance en sa miséricorde et dans la paix pour en devenir les artisans. Allons loin du péché contribuer à ce que Dieu fasse toute chose nouvelle en coopérant à la civilisation de l’Amour... Voilà peut-être le mot qui libère dont Jésus a laissé l’empreinte sur notre terre par son sang….  Amen. 

P Charles BONIN

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03 Avril 2022 Homélie pour le 5eme Dimanche du carême P Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : « Voici que je fais une chose nouvelle, je vais désaltérer mon peuple » (Is 43, 16-21)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME : (Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6) Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !
 

DEUXIÈME LECTURE : « À cause du Christ, j’ai tout perdu, en devenant semblable à lui dans sa mort » (Ph 3, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens

ÉVANGILE : « Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre » (Jn 8, 1-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

5èmeDIMANCHE ORDINAIRE C 20222

Savez-vous que dans 15 jours, le carême sera terminé ? Il est grand temps de se poser quelques questions qui nous sont suggérées par le comportement de Jésus : « Quel regard je pose sur les autres ? » En général, nous allons trop vite et nous cataloguons trop vite ceux qui ne pensent pas comme nous ou qui nous sont antipathiques. Regardons l’évangile d’aujourd’hui.

Depuis le temps qu’ils attendent cette occasion : les scribes et les pharisiens sont ravis. Enfin ils vont pouvoir piéger Jésus et démolir sa soi-disant sagesse et sa miséricorde. « Maître, Moïse nous a ordonné, tu entends bien, il nous a ordonné de lapider ce genre de femme. Celle-ci nous l’avons surprise en flagrant délit d’adultère. (Lapider, c’est tuer quelqu’un à coups de pierres, à distance pour ne pas toucher la victime de peur de devenir impur…)Toi, le Maître, le sage, qu’en dis-tu ? »

Jésus n’en dit rien. Il se penche pour écrire ou dessiner sur le sable. Il est ailleurs. Mais on le presse, on persiste à l’interroger. Alors il se redresse et déclare : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »Et il se baissa de nouveau pour reprendre ses dessins sur le sable.

Jésus détourne son attention de ces hommes qui portent un mauvais regard sur la femme prise en faute et qui en plus veulent démolir sa  propre réputation. Il ne veut pas voir qui va partir en premier. Il ne veut pas juger. Il ne veut pas condamner.

« Poutine est un assassin pour avoir déclenché cette guerre à l’Ukraine ! » « Poutine est fou ! » « Poutine est possédé du démon ! »voilà des jugements qui circulent autour de nous, dans nos conversations, et nos condamnations sont sans appel. On n’y reviendra pas. Savons-nous ce qui se passe dans la tête de Poutine ? N’a-t-il pas quelque chose de dérangé dans son cerveau ?  Nous n’en savons rien, alors pourquoi nous jugeons ? Ce qui est condamnable c’est la guerre 

qu’il a déclenchée  et toutes les souffrances qu’elle provoque. Il nous faut condamner le mal, oui, mais on ne peut pas condamner le pécheur.

Nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Plus nous vieillissons et plus nous constatons qu’il y a en nous des zones d’ombre qui nous feraient partir en premier comme les scribes et les pharisiens dans l’évangile…

Il n’est pas non plus question de tout excuser. Il faut savoir faire la différence entre les faits qui sont condamnables et la vie d’une personne fils ou fille de Dieu.
Jésus ne donne pas le pardon n’importe comment. Il dit à la femme :    « Va ne pèche plus. » Il dit aussi à chacun de nous :

« Ne pèche plus par ton comportement. 

« Ne pèche plus par ton regard qui condamne.

« Ne pèche plus par tes condamnations sans appel

Mais porte sur tes frères un regard qui grandit, qui pardonne, qui ressuscite. Amen

P Paul BERTHIER

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27 mars 2022 Homélie pour le 4eme Dimanche du carême P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE: L’arrivée du peuple de Dieu en Terre Promise et la célébration de la Pâque (Jos 5, 9a.10-12)

Lecture du livre de Josué

PSAUME: (Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7)

Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! (cf. Ps 33, 9a)

DEUXIÈME LECTURE: « Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ » (2 Co 5, 17-21)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE: « Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (Lc 15, 1-3.11-32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie 4e Dim Carême C

Ce jour est un jour de joie car il célèbre le retour à Dieu de l’enfant prodigue : « Il faut bien festoyer et se réjouir car ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. »

Nous découvrons dans cette célèbre parabole que Dieu est un Père qui nous aime et qui attend le retour de ses enfants, non pas passivement mais en allant au-devant d’eux. Dieu nous devance par sa miséricorde, il nous précède par sa providence et la profusion de ses dons. Nous le voyons dans le récit de l’établissement en terre promise en première lecture. Dieu a nourri et soigné les hébreux au désert et maintenant il accomplit sa promesse de leur accorder une terre fertile. Goutez et voyez comme est bon le Seigneur ! Dit le psaume. Faisons une pause dans notre Carême pour considérer vraiment la bonté du Seigneur qui nous réconcilie avec lui, afin de mieux la recevoir. 

Rentrons en nous-même comme ce fils de l’Evangile qui après une vie irréfléchie prend conscience de tout ce dont il disposait chez son Père. 

Retournons, nous aussi vers la source de ces biens, partons donc pour aller vers notre Père dans la ferme résolution de le servir. Et laissons-nous saisir par son Amour. 

Pour cela, au contraire du fils aîné, ne nous laissons pas gagner par la colère, la fermeture de cœur et la jalousie. Ces trois maux nous privent de la joie que Dieu veut partager avec tous ses enfants. Dieu en effet comme ce Père ne refuse rien à ses fils, au contraire, tout ce qui lui appartient nous appartient. Ne refusons donc pas d’entrer dans sa demeure par orgueil. Le ciel n’est jamais fermé, mais il y en a qui refusent d’entrer. Ne soyons pas de ceux-là. Ne refusons pas d’aimer et de nous laisser aimer. Réjouissons nous en frères et sœurs. Vivons de cet esprit de famille auquel l’Evangile nous appelle en demeurant ensemble dans la maison du Seigneur. Non pas tant pour la richesse de ses biens que pour la joie de sa présence. 

Cultivons pour cela l’attitude de ce Père, patient, miséricordieux, sans rancune, juste et prodigue. Soyons toujours dans l’accueil, dans le don et le partage alors nous vivrons de cette joie profonde que Dieu accorde à tous ses enfants qui acceptent de partager son héritage. Le vrai, non pas celui des biens matériels qu’on dilapide et qui nous laissent un goût amer, mais celui de sa présence d’Amour inépuisable et inlassable partagé en frères : le trésor de la communion fraternelle à son corps offert que nous célébrons maintenant. Amen

P Charles BONIN

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20 mars 2022 Homélie pour le 3eme Dimanche du carême P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : Je-suis » (Ex 3, 1-8a.10.13-15)

Lecture du livre de l’Exode

PSAUME : (Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 6-7, 8.11)  Le Seigneur est tendresse et pitié.

DEUXIÈME LECTURE : La vie de Moïse avec le peuple au désert, l’Écriture l’a racontée pour nous avertir (1 Co 10, 1-6.10-12)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » (Lc 13, 1-9) -36)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 3eme dimanche de Carême

Le Seigneur voit, le Seigneur entend, le Seigneur connais nos souffrances et il est descendu pour nous délivrer et nous élever vers un pays ruisselant de lait et de miel, car il est tendresse et pitié. Il protège, il nourrit et désaltère et prend soin de chacun comme un vigneron attentif à sa vigne et pourtant certains meurent au désert ? C’est dit St Paul, qu’ils n’ont pas su plaire à Dieu. Ils ont refusé de se convertir. Ce désert de 40 jours nous est offert pour qu’on se retourne vers Dieu pour recevoir de lui la vie, comme ce vigneron patient qui en espère de bons fruits à force de labeur, comme Moïse qui reçoit de Dieu sa vocation, sa vie. 

Comme Moïse nous sommes invités à faire un détour pour voir cette chose extra-ordinaire : Dieu au milieu de nous.

Comme Moïse nous sommes appelés à retirer nos sandales car le lieu où nous sommes est une terres sainte. 

Comme Moïse nous sommes envoyés pour délivrer les opprimés et leur porter le nom de celui qui est. 

Telle est notre chemin de conversion :

Faire un détour, c’est accepter de perdre du temps gratuitement : pour Dieu le temps d’une prière prolongée, pour un parent isolé ou un voisin souffrant, le temps d’une visite, alors nous verrons grandir en nous ce feu de la Charité qui brûle d’une douce chaleur sans jamais rien détruire. Pendant ce Carême, acceptons de perdre du temps, c’est le meilleur moyen de gagner l’éternité. 

Retirer ses sandales, c’est une marque de respect et d’humilité. Interrogeons nos certitudes, nos idées bien arrêtées, nos jugements à l’emporte-pièce ! Tout homme est cette terre sacrée de laquelle on ne devrait s’approcher qu’avec crainte de blesser. Durant ces jours apprenons la délicatesse : retenons le geste brusque, la parole qui fâche. Arrêtons-nous simplement pour écouter et garder une pudeur chaste devant le mystère de l’autre et du tout Autre. 

Etre envoyé, c’est une mission à honorer. La mission de délivrer nous-mêmes et nos proches par la force du nom de celui seul qui est et nous sauve. Qui libérerons-nous ces jours-ci d’une culpabilité, d’une tristesse, d’une angoisse, de l’oubli, de la colère, d’une addiction ? On ne peut en être délié qu’en étant relié à Dieu. Osons donc porter dans le monde cette espérance de liberté qu’il offre à chacun. 

Prendre du temps, écouter avec bienveillance et délicatesse et oser proposer la foi en celui qui libère et qui sauve, voilà trois attitudes pour nous convertir et entrer avec Moïse dans la terre promise à ceux qui aiment. Amen

P Charles BONIN 

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06 mars 2022 Homélie pour le 1er Dimanche du carême P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : La profession de foi du peuple élu (Dt 26, 4-10)

Lecture du livre du Deutéronome

PSAUME : (Ps 90 (91)
DEUXIÈME LECTURE : La profession de foi en Jésus Christ (Rm 10, 8-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

ÉVANGILE : « Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté » (Lc 4, 1-13)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 1er dimanche de Carême

Dieu seul sauve

Jésus répond au diable qui tente de le perdre par la Parole de Dieu. 

3 tentations qui les épuisent toutes. 3 paroles de libération qui éloignent le mal, 3 joies dans l'action à découvrir pendant ces 40 jours, trois vertus à déployer pour s'emplir de la présence de Dieu. 

  • Contre la tristesse de l’avoir matériel insatiable, la Parole de Dieu invite à la joie de donnersans compter avec simplicité de cœur : un sourire, un service, un peu d’argent ou de temps à celui qui est dans le besoin. Car telle est la charité, vraie nourriture de la vie dans l’Esprit
  • Contre la puissance et la gloire illusoire, la Parole de Dieu révèle la vraie liberté de ceux qui n’adorent que Dieusans se soumettre à l’esclavage des fausses idoles du pouvoir et de la renommée. C’est la joie de la prière de louangede celui qui contemple la bonté de Dieu dans la beauté de la création et sait rendre grâcede sa présence dans tous les évènements du quotidien et nous ouvre à l'espérance
  • Contre la tentation utilitariste qui isole dans la volonté de tout dominer et contrôler, y compris Dieu, les autres et sa propre vie, la Parole de Dieu invite à l’abandon confiantet à la joie d’être ensemblesimplement, gratuitement en frères et sœurs interdépendants, animés d'une mêmefoi en un même Père. 

Le désert où Jésus nous invite n’est pas un désert vide et triste, il est empli de la présence de Dieu, il n’est pas un temps d’efforts pesants mais un moyen de délivrance de nos fardeaux, un temps de purification qui nous allège du superflu et nous apaise des préoccupations de l’apparence et de l’angoisse du lendemain.

La première lecture nous rappelle ainsi comment Dieu a libéré son peuple de l’esclavage en Egypte pour le conduire dans un pays ruisselant de lait et de miel. Elle nous invite à la louange et à l’offrande qui dilate le cœur. C’est ce que produit l’aumônegénéreuse qui accroit notre charité.

Le psaume est une prière de confiance qui reconnait que Dieu protège ceux qui se tournent vers lui dans un vrai esprit d’adoration fervent. La paix intérieure est le fruit de cette prièrequi est un repos dans l’esprit plein d'une sainte espérance.

La deuxième lecture est une invitation à la foivécue intérieurement et proclamée. Elle nous place dans la main de Dieu pour nous affranchir de la honte de tout échec humain dans l’assurance que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment. Tel est le vrai sens du jeûnequi est une remise de soi à la providence divine. 

L’aumône, la prière et le jeûne sont donc trois moyens de libération et de paix que le Seigneur nous donne pour cultiver en nous la vraie joie spirituelle, à la source de la Parole qui sauve et éloigne de nous le mal pour nous relever dans la résurrection du Christ. Remettons cette Parole au cœur de notre vie pour nous inspirer ce qu’il nous faut accomplir pour demeurer dans sa joie. Amen

P Charles BONIN

 

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ÉPIPHANIE

PREMIÈRE LECTURE : « La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60, 1-6) 
Lecture du livre du prophète Isaïe
PSAUME : (Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13)
DEUXIÈME LECTURE : « Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse » (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

ÉVANGILE : Nous sommes venus d’Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 

 

 

 

 

 

EPIPHANIE 2022 

Noël, c’est la naissance d’un petit Roi : "le Prince de la Paix, la lumière des nations"Que sera-t-il ? « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, »avait dit l’ange à Marie. Et à Joseph, il lui avait demandé : « Tu l’appelleras Jésus, ce qui signifie "Dieu Sauve". »Isaïe, le prophète avait, lui aussi, parlé de Ce Roi: «  Il sera appelé Emmanuel : "Dieu au milieu de nous". »

Son annonce était prometteuse. Sa naissance a déçu. Son arrivée chez nous a été complètement ratée. Peu de gens l’ont su : à peine quelques bergers dans la campagne. C’est vrai qu’il y a eu les anges qui ont averti les bergers, mais ça n’a pas fait la une des journaux de l’époque. Pourtant, la nouvelle était de taille : c’est tout de même la naissance du Messie qui a eu lieu à Noël… Est-ce que Dieu voulait garder l’anonymat ? On a surtout l’impression que la nouvelle ne concernait pas les nations étrangères, mais seulement le peuple d’Israël…

Par contre, à l’Epiphanie, cette fête d’aujourd’hui, Dieu met tout en œuvre pour que la naissance de son Fils soit orchestrée et se sache dans le monde entier : il envoie même une étoile dans le ciel… Rien que ça, une étoile, oui, et cette étoile, cette lumière était déjà annoncée par le prophète Isaïe : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi…»Non seulement le ciel, par cette étoile va annoncer la nouvelle, mais les grands de la terre entière seront alertés :« Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore… » Dit encore le prophète.

Cette fois ça y est, l’orchestration est au maxi et les invitations sont vraiment parvenues jusqu’aux bouts de la terre : La Naissance de Jésus concerne le monde entier. La nouvelle est tellement surprenante que St Paul parlera de mystère, il nous le disait dans la deuxième lecture : « Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. »

Le message est bien clair : les Juifs croyaient que cette révélation, cette naissance du Messie ne concernait que le peuple juif, et voilà que la Naissance de Jésus est annoncée à la terre entière. Voilà un des points importants que nous dit cette fête de l’Epiphanie c’est l’universalité du salutapporté par Jésus. 

Je voudrais encore souligner un autre point : il est dit dans l’évangile que les mages retournèrent chez eux par un autre chemin. Nous savons que c’est parce qu’Hérode était jaloux de la Royauté de Jésus : il voulait le faire mourir. Mais ne peut-on pas trouver un autre enseignement dans ce changement de comportement et d’itinéraire ? 

Lorsqu’on vient de découvrir le Fils de Dieu venu au milieu de nous, lorsqu’on a vu dans quelle humilité le Roi du ciel accepte de naître, pour se mettre à notre niveau, lorsqu’on s’est incliné pour rendre à cet Enfant tout le culte qui lui est dû, lorsqu’on est resté à méditer sur cette réalité de Dieu qui se fait homme rien que pour nous sauver et pour nous dire :  « Je vous aime, »peut-on repartir chez soi par le même chemin, peut-on repartir chez soi comme on est venu ?

Aujourd’hui, avec les mages, approchons-nous  de la Crèche, laissons-nous illuminer par Jésus Lumière du monde, laissons-le changer notre cœur. Son désir est toujours le même : ce petit roi d’humilité ne veut que le bonheur de ses sujets et il redit à chacun de nous : «  Je t’aime ! » Amen

P Paul BERTHIER   

27 Février 2022 Homélie pour le 8e Dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé » (Si 27, 4-7)

Lecture du livre de Ben Sira le Sage

PSAUME : (Ps 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16)
DEUXIÈME LECTURE : « Dieu nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (1 Co 15, 54-58)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE : « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (Lc 6, 39-45)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

Homélie pour le 8eme Dimanche du temps ordinaire : 

Clairvoyance spirituelle

On a vu ces derniers temps, des choses atroces dans des instances qu’on n’aurait pas soupçonnées ou bien de belles œuvres dont les auteurs se sont révélés être d’odieux personnages…! C’est exactement le contraire de l’Evangile qui nous dit que « jamais un bon arbre ne donne de mauvais fruits, ni un mauvais arbre ne peut donner de bons fruits ». C’est très troublant, déconcertant et souvent la cause d’une terrible perte de confiance pernicieuse. 

C’est que l’on comprend mal cette parole de Dieu qui tend d’éduquer notre regard pour une plus grande clairvoyance spirituelle. 

D’abord on se trompe sur les fruits : Dès le jardin d’Eden, Eve l’a appris à ses dépens : il ne faut pas juger sur l’apparence. Ce qui nous séduit est souvent trompeur. On est attiré par ce qui a un bel aspect, on convoite ce qui brille, sans prendre le temps de juger en profondeur et en vérité et c’est précisément la poutre dans notre œil qui nous fait dénigrer ce qui est humble, petit, la paille dans l’œil du voisin, parce qu’on est soi-même gonflé de suffisance et de vanité. Le désir des grandes choses ou du bling bling superficiel nous illusionne, et nous fait passer à côté de l’essentiel. Les richesses et la renommée nous aveuglent et nous font tomber dans le trou de l’orgueil tandis que celui qui se tient humblement et fidèlement au service du seul maître qu’est le Christ sans rien rapporter ni à lui-même ni à de faux prophètes se préserve des faux pas. Méfions-nous de tout ce qui nous semble trop vite admirable. Toute manipulation, toute perversion, commence toujours par une séduction (« se-ducere » = conduire à soi) car le diable aime se déguiser en ange de lumière pour nous entrainer dans ses ténèbres. Ne nous laissons donc pas séduire sans l’avoir éprouvé. On raconte ainsi que Padre Pio rencontra un jour un frère qu’il ne connaissait pas. Il lui demande qui il est et pourquoi il est là et l’autre de lui répondre « je suis venu vous dire que vos pénitences sont excessives et ne plaisent pas à Dieu » Padre Pio comprit que c’était un démon et s’écria alors « Vive Jésus, Vive Marie » et le faux capucin disparut dans une fumée laissant une odeur de souffre. Voilà sans doute ce à quoi il faudrait nous entrainer : à chaque fois que quelque chose nous attire, prier pour vérifier si cela vient de Dieu. 

C’est le deuxième enseignement de l’Evangile qui nous invite en fait à aiguiser notre discernement spirituel avec l’arme de la sagesse. Il faut du temps pour que le fruit paraisse sur l’arbre. On se trompe dans la lecture de l’Evangile si l’on pense que les fruits sont instantanés et permettent aussitôt d’apprécier celui qui les porte. La parabole de l’Evangile nous invite au contraire à suspendre notre jugement avec prudence, à être patient et réfléchi avant de nous élancer dans une quelconque entreprise qui nous semble bonne ou d’estimer tel ou tel fait. Il faut secouer le tamis dit Ben Sirac le sage, éprouver le vase au four, faire parler un homme pour évaluer son esprit. C’est le crible de la charité et de la vérité qui laisse passer les œuvres bonnes et retient ce qui est mauvais pour le faire paraître au grand jour. C’est bien ce qui arrive a posteriori dans l’Histoire : les malversations finissent toujours par être révélées. Tout ce qui est caché sera dévoilé dit ailleurs Jésus (Lc 12,2) : Ainsi en sera-t-il pour nous lorsque nous paraitrons face à Dieu. C’est pourquoi nous dit St Paul soyez fermes, inébranlables, prenez une part active à l’œuvre de Dieu car votre peine ne sera pas stérile, c’est ce qui demeurera de votre vie dans son royaume. Tout le reste sera englouti dans la mort. Ne soyons donc pas hâtifs à juger ni les autres, ni soi-même, ni les évènements au gré de nos émotions comme y incitent les réseaux sociaux mais éprouvons toute chose au feu d’un cœur bon et généreux avec la prudence du sage en nous souvenant que tout ce qui est caché dans notre vie en bien ou en mal paraitra un jour en pleine lumière pour notre gloire ou pour notre honte. Et c’est bien ce à quoi nous assistons quand surgissent des affaires du passé. 

Tirons en les leçons en nous gardant des séductions vaines et en s’éprouvant soi-même dans la constance de l’Amour. Voilà le conseil de clairvoyance spirituelle que Dieu nous donne pour diriger nos pas vers sa lumière tout au long de ce carême. Puissions-nous le suivre en détournant les yeux de ce qui nous tente loin de lui et en étant plus attentifs et confiants en sa parole qui nous guide avec assurance. Amen

P Charles BONIN

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20 Février 2022 Homélie pour le 7e Dimanche du temps ordinaire P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Le Seigneur t’avait livré entre mes mains, mais je n’ai pas voulu porter la main sur le messie du Seigneur » (1 S 26, 2.7-9.12-13.22-23)    Lecture du premier livre de Samuel
PSAUME : (Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13)
DEUXIÈME LECTURE : « De même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel » (1 Co 15, 45-49)    Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
ÉVANGILE : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 27-38)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 7eDimanche du temps ordinaire

 

Il y a une proportion entre ce que nous avons fait sur la terre et ce que nous vivrons au ciel et la mesure de cette proportion c’est l’Amour dont notre vie aura été marquée. Plus on aime et plus on sera capable de voir Dieu face à face et remplis de sa lumière de Gloire. Cet amour ce n’est pas un amour facile, galvaudé à bon marché, un amour bas de gamme comme dans un roman de gare à l’eau de rose. Il n’est pas assimilable à la manière de ceux qui justifient n’importe quel comportement dès lors qu’il est animé de vagues sentiments. « du moment qu’on s’aime… » « ce qui compte c’est de s’aimer…» ces petites phrases passe-partout qu’on met à toute les sauces comme une licence facile permissive de toutes les immoralités. Et bien non ! Justement l’Amour auquel Dieu nous appelle est une exigence autrement plus élevée que le laisser aller dicté par nos instincts primaires, irréfléchis et irrésolus. C’est l’Amour dans toute sa grandeur et sa noblesse, c’est l’Amour don de soi qui implique des sacrifices et de se vaincre soi-même. C’est un amour, fort, emprunt d’une volonté irascible plutôt que dominé par les passions concupiscibles. Il va jusqu’à vouloir le bien de ceux qui nous persécutent, à donner encore à celui qui ne mérite pas, à pardonner sans se lasser. Tout cela exige une grande force morale, une vraie maitrise de soiet la domination des premiers mouvements de haine, de colère, de refus, de vengeance qui semblent pourtant naturels. C’est permettre à l’esprit de prendre le dessus sur la chair d’être victorieux de ses passions et c’est précisément cela qui nous fait à l’image de Dieu. C’est ce qui fait de nous des saints ou tout simplement des hommes. Des hommes d’honneur, dignes, debout porteurs de ces fruits de l’Esprit Saint. 

A la manière dont David épargne Saül parce qu’il reconnait en lui l’élu de Dieu, Arnaud Beltrame s’est offert en échange d’une otage d’un terroriste, le Père Hamel a succombé à ses agresseurs dans un ultime soupir de miséricorde. Ces héros si proches, nous montrent que cette exigence de l’Evangile est encore possible à ceux qui se sont employés à cultiver la grandeur d’âme qui fait la vraie valeur d’un homme. Car cela n’est pas inné, cela s’acquiert par la répétition d’actes bons et les secours de la grâce. 

La grandeur d’âme ou magnanimité qui donne à notre vie son sens et sa saveur, c’est donner sans compter, combattre sans soucis des blessures, travailler sans chercher le repos, c’est se dépenser sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que l’on fait la volonté de Dieu comme disait St Ignace. Plus on s’y emploie plus l’âme grandit pour s’emplir de l’infini de Dieu, plus grande sera notre récompense dans les cieux.

Ne soyons donc pas mesquins, soyons magnanimes.Ne nous perdons pas dans de vaines querelles, dans des petits riens, des petites embrouilles, laissons cela et prenons de la hauteur. Voilà bien une qualité que le monde attend et il ne s’y trompe pas quand il reconnait le mérite de ceux qui ont tout donné jusqu’à leur vie pour le service de leurs frères. Chacun doit avoir à cœur cette offrande de lui-même qui nous configure au Christ. Demandons-nous donc simplement cette semaine : Que puis-je offrir ? Que puis-je donner ? Comment servir aujourd’hui ? Alors nous serons ces héros dont le monde a besoin, notre vie sera grande et belle et nous aurons un trésor dans les cieux à la mesure de ce que nous aurons dépensé.

Seigneur Jésus, dans cette Eucharistie où vous vous offrez à tous apprenez nous à être généreux pour donner à chacun le meilleur de nous-même. Amen

P Charles BONIN

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13 Février 2022 Homélie 6ème DIMANCHE ORDINAIRE C 22 Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE: « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel. Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur » (Jr 17, 5-8)

Lecture du livre du prophète Jérémie

PSAUME: (Ps 1, 1-2, 3, 4.6)

DEUXIÈME LECTURE: « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur » (1 Co 15, 12.16-20)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE: « Heureux les pauvres ! Quel malheur pour vous les riches ! » (Lc 6, 17.20-26)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 6eme dimanche du temps ordinaire C

Notre cité se trouve dans les cieux : le vrai sens des béatitudes

À Lourdes la Sainte Vierge a dit à Bernadette Soubirous je ne vous promets pas le bonheur en ce monde mais dans l'autre c'est un écho à l'Évangile des Béatitudes que nous venons d'entendre. Il semblerait presque une provocation à ceux qui sont dans l’affliction et même une forme de mépris pour ceux qui souffrent si nous ne voyons pas qu'il leur apporte une consolation en espérance. 

1/ La béatitude est un désir du ciel. (contre le contre sens d’une lecture matérielle)

Notre bonheur sur la terre ne peut-être qu'illusoire, partiel, et passager. Illusoire s'il ne repose que sur ce qui est matériel, partiel s'il néglige la vie de l’âme, passager parce que tout ce que nous connaissons ne peut que mourir. Mais celui qui vit et œuvre en vue du Royaume dans l’espérance de la Résurrection promise par le Christ est habité d’une inébranlable joie. La joie d’un désir, toujours satisfait mais jamais épuisé, comme celle de se tenir auprès d’une source vive intarissable pour étancher sa soif. 

Malheur à qui n'a plus rien à désirer il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède tandis que l'homme de désir recevra l'eau de la vie gratuitement dit l'Apocalypse. 

La richesse que Jésus condamne dans cet évangile, c’est la richesse de la suffisance, l'orgueil de la toute puissance qui croit se suffire à soi-même et s’illusionne de ne jamais mourir. Si Jésus se fait provoquant c’est pour nous appeler à l'humilité du cœur et à lever notre regard  vers Dieu qui est le seul bonheur véritable. 

2/ La béatitude est actuelle. (contre le contre sens temporel)

Les malédictions ne sont pas une dialectique qui s'oppose aux Béatitudes, elles sont au contraire, dans le style et la culture sémite le moyen de souligner le bonheur que Dieu veut pour l'homme, non pas un bonheur illusoire partiel et passager, mais un bonheur vrai, total et durable qui le porte au-delà de lui-même: 

Le bonheur de s’appauvrir pour aider les plus pauvres

Le bonheur de se nourrir du vrai pain de sa Parole qui seul peut rassasier l’âme

Le bonheur de compatir avec ceux qui souffrent et de les consoler

Le bonheur d’être fidèle à Jésus et fier du nom de chrétien dans un monde qui le méprise. 

Le bonheur tout simplement de participer au Royaume des cieux dès à présent. Quand Jésus nous dit qu’il n’est pas loin de nous, ce n’est pas une proximité dans le temps, c’est une proximité spirituelle. Le royaume est là présent chaque fois que nous aidons un frère, à chaque sourire donné, dans chaque attention manifestée à celui qui est seul, triste, accablé. Nous le construisons par l’ouverture aux autres, l’accueil, l’écoute, l’annonce de la bonne nouvelle que la mort et le mal sont vaincus dans le Christ. Chaque fois que nous nous rassemblons dans un vrai esprit de famille en son nom, le Christ est là au milieu de nous. C’est pourquoi ces béatitudes sont au présent même si elles visent un futur. Ce dernier est déjà commencé si nous vivons dans la perspective de ressusciter avec le Christ dans la Gloire.

3/ La béatitude est active. (contre le contre sens moral)

La joie d’être déjà ressuscités, pleinement vivants de la vie éternelle, la béatitude d’être citoyens des cieux, participant de la Gloire dans la communion des saints se réalise chaque fois que nous vivons activement de cette charité joyeuse. Car les béatitudes sont actives et non passives comme on les comprend à tort trop souvent. Jésus ne nous dit pas : patientez ça ira mieux demain, souffrez c’est pour vous éprouver… ce serait un Dieu pervers, il nous dit au contraire au présent de nous mettre en route les uns vers les autres pour porter ensemble toute détresse, toute difficulté, toute exclusion pour avoir la joie de former son corps plutôt que de nous satisfaire de ce que nous avons en nous repliant sur nous-mêmes. Le riche ce n’est pas celui qui a beaucoup d’argent, c’est celui qui n’a pas besoin des autres et pour lequel les autres ne comptent pas. Celui-là c’est sûr est déjà malheureux, tandis que le pauvre qui partage le peu qu’il a et même ce qu’il n’a pas est pleinement heureux parce qu’il vit déjà du seul bonheur qui demeure au ciel : la Charité. 

Voilà donc ce qu’il nous faut chercher en priorité à la source de l’Eucharistie que nous allons recevoir : dans l’espérance de la résurrection, être animé par le désir du ciel pour vivre maintenant la charité en acte, c’est la seule béatitude. Amen

P Charles BONIN

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13 Février 2022 Homélie 6ème DIMANCHE ORDINAIRE C 22 Père Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE: « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel. Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur » (Jr 17, 5-8)

Lecture du livre du prophète Jérémie

PSAUME: (Ps 1, 1-2, 3, 4.6)

DEUXIÈME LECTURE: « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur » (1 Co 15, 12.16-20)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE: « Heureux les pauvres ! Quel malheur pour vous les riches ! » (Lc 6, 17.20-26)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

6èmeDIMANCHE ORDINAIREC 22

Heureux !Le Seigneur nous indique aujourd’hui une façon d’être heureux. Il faut dire que le bonheur, c’est quelque chose que tout le monde recherche. Le but de notre vie n’est-il pas d’être heureux, qui d’entre vous peut nous prouver le contraire ? 

Par contre, ce qui est incompréhensible c’est que, pour arriver au bonheur, la première des choses que nous demande le Seigneur, c’est la pauvreté. Aujourd’hui, cette béatitude ne passe pas. Dans notre société nous sommes bien loin de ce que nous demande le Seigneur. « Heureux les pauvres ! »Mais le monde où nous vivons nous prouve tous les jours le contraire. Cette parole de Jésus n’est plus actuelle et nous met mal à l’aise.

Jésus vient de passer toute la nuit en prière. Il a dû méditer longuement tout ce qu’il allait dire. Maintenant, les disciples sont autour de lui et c’est à eux qu’il s’adresse plus particulièrement. Pensait-il que ces Béatitudes ne pouvaient pas être comprises par tout le monde ? Pourtant, ces paroles si fortes, ce sont le centre du message que Jésus est venu apporter au monde : Jésus est venu chez nous pour nous dire combien le Père nous aime, qu’il nous invite à partager son amour et son bonheur et que nous pouvons, dès aujourd’hui, vivre un avant goût de ce bonheur dans notre monde. 

Notre monde, parlons-en : que de fois nous avons pensé que ce monde marchait sur la tête ! On ne peut faire confiance à personne. Partout on ne parle que de méchanceté, de vol, de jalousie, de non respect de l’autre, de non respect des enfants ; même dans les familles, on se déchire pour l’héritage, pour quelques billets ou quelques arpents de terre.

« Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre. »Heureux ceux qui ne s’attachent pas à ce qu’ils possèdent.

Il est vrai que l’argent on ne peut pas s’en passer. C’est une nécessité pour tous. Alors, certainement Jésus veut nous dire autre chose. Un mot 

est relié à cette pauvreté que Jésus nous demande, c’est le mot "Trésor". Jésus dira : « Là où est ton trésor là aussi sera ton cœur. »Alors, on peut se poser la question : « Où est mon trésor ? » Est-il matériel, est-il en euros, en dollars, dans ma voiture, dans mon ordinateur ? Qu’est-ce qui m’attire le plus ? Qu’est-ce qui attache mon cœur ?

Une mère pourra dire à son bébé : « Ne crains rien mon trésor, je suis là. »Avons-nous pensé que les autres autour de nous sont notre trésor, notre première richesse, et que nous aussi, nous sommes un trésor pour beaucoup ?

En plus, nous chrétiens, nous pouvons posséder un trésor d’une autre nature : c’est le regard de Dieu, c’est l’amour du Père, c’est l’espérance de posséder un jour ce que nous recherchons tant…

Dieu notre trésor, voilà une richesse que nous n’aurons jamais fini de compter, de recompter, de contempler, de méditer. Un trésor toujours disponible…

Dieu est un placement sûr, qui rapporte gros, qui n’est jamais à découvert, qui comble les plus exigeants bien au-delà de leurs désirs.

Si nous avons découvert ce trésor, « Heureux sommes-nous, car le Royaume de Cieux est à nous. »  Amen

P Paul BERTHIER

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6 Février 2022 Homélie 5ème DIMANCHE ORDINAIRE C 22 Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 1-2a.3-8)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME : (Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 4-5, 7c-8)

DEUXIÈME LECTURE : « Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez » (1 Co 15, 1-11)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE : « Laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 1-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 5èmeDimanche du temps Ordinaire C

Ecarte-toi du rivage, avance en eaux profondes. Le rivage c’est ce qui est connu, ce sont nos certitudes et notre zone de confort. Les eaux profondes, c’est l’inconnu, l’absence de sécurité. Jésus nous invite à ce voyage en lui faisant confiance. Les disciples ne sont pas déçus ils ramènent pleins de poissons. L’aventure qu’ils viennent de vivre c’est la nôtre et elle se déroule en 3 étapes : 1/ Se reconnaitre pécheur et se savoir sauvé. 2/ Grâce à la résurrection du Seigneur qui nous manifeste sa Gloire 3/ pour que nous l’annoncions en vue du Salut de tous. C’est le Kerygme : le contenu essentiel de la foi en Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous suaver, annoncé et transmis aux non-croyants par les premiers chrétiens. Le cœur de notre foi que nous sommes appelés nous aussi à vivre et à témoigner. C’est l’itinéraire d’Isaïe dans la première lecture, de Paul dans la deuxième, de Simon dans l’Evangile. C’est le chemin du disciple. Et si nous n’osons pas nous y engager à notre tour dit St Paul, « c’est pour rien que vous êtes devenu croyant » et nous manquerons cette belle aventure de la foi qui fait des merveilles. 

Isaïe se croit perdu à cause de son péché mais l’ange du Seigneur vient le purifier pour qu’il puisse voir sa Gloire sans mourir, alors brulant de désir ardent il est envoyé comme messager de cette bonne nouvelle. Paul de persécuteur qu’il était, a vu le Seigneur ressuscité à la suite des premiers témoins. Dès lors, il s’est su redevable de la miséricorde du Seigneur et n’a pas ménagé sa peine pour porter aux autres la grâce reçue. Pierre, malgré ses échecs a fait confiance à la Parole de Jésus et se reconnaissant pécheur a vu la toute puissance de Dieu à l’œuvre dans sa vie, alors laissant tout il le suivi pour fonder son Eglise. 

Et nous ? 

Restons-nous insensible à sa voix sur nos confortables rivages ? Aurons-nous l’audace de vivre notre foi autrement ? De changer de vie, de laisser un peu ce qu’on a toujours fait par habitude pour nous mettre en route à la recherche de ceux qui ne connaissent pas encore le Christ ? C’est ce que nous avons à faire dès maintenant soutenus par l’élan du projet missionnaire de la Bièvre :

1/ Descendre dans les profondeurs de soi-même, là où siègent les trahisons et autres coups bas, les frustrations et désirs inavoués, les colères sourdes et les pardons refusés, mais aussi les blessures cachées, les faiblesses et les désespoirs. 

2/ Reconnaissons cela, et laissons-nous humblement visiter par le Christ qui vient apporter sa lumière dans nos nuits. Accepter et reconnaitre que le message de la résurrection est aussi pour moi. Il me relève et me tend les bras : l’accueillir, le connaitre, se laisser toucher, contempler son visage, se laisser habiter de sa présence, voilà la porte de nos tombeaux. 

3/ Dieu vient nous offrir ce chemin de guérison, nous rendre à ce que nous sommes en vérité, Acceptons seulement de lui faire confiance, d’écouter sa voix dans le silence de la prière et les célébrations communautaires qui nous mettent en route vers nos frères. Ainsi relevés par la foi en Jésus Christ, ayons alors l’audace d’aller à leur rencontre et de nous rassembler autour de la bonne nouvelle du Kérygme : Le Christ mort et ressuscité pour nous sauver est là à notre porte pour nous rendre la joie véritable et nous restaurer de tout mal. Laissons-nous déplacer pour inviter et accompagner chacun à en vivre et en témoigner. Que chacun ait à cœur de devenir pécheur d’homme pour participer à la construction du Royaume qui commence ici et maintenant chez nous par les initiatives de fraternité, de rencontre, de visite de proximité que nous oserons entreprendre à la suite du Christ pour être de ses disciples et ces apôtres que le monde attend. Amen

P Charles BONIN

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30 Janvier 2022 Homélie 4ème DIMANCHE ORDINAIRE C 22 Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Je fais de toi un prophète pour les nations » (Jr 1, 4-5.17-19)
Lecture du livre du prophète Jérémie
PSAUME : (Ps 70 (71), 1-2, 3, 5-6ab,  15ab.17)
DEUXIÈME LECTURE : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Co 12, 31 – 13, 13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE : Jésus, comme Élie et Élisée, n’est pas envoyé aux seuls Juifs (Lc 4, 21-30)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le 4è dimanche du temps ordinaire

Jésus n’est pas reçu chez les siens. Sa parole qui suscitait d’abord l’admiration par sa sagesse et son autorité suscite la haine quand elle appelle à la conversion. Quand elle invite à considérer l’étranger comme plus méritant que soi, quand elle frappe au cœur pour mendier un peu de charité, quand elle nous force à changer de regard et à revoir nos préjugés. Bref, quand elle dérange, nous avons vite fait de l’oublier, de passer à côté avec indifférence, ou de faire la sourde oreille. 

Jésus est toujours là où on ne l’attend pas, il nous bouscule, il ne s’installe jamais, ni ne s’endort dans une vie paisible et confortable. C’est quelque chose qui m’a beaucoup marqué dans la série Chosen qui nous présente un Jésus vagabond et imprédictible. Quand quelque chose nous contrarie, nous irrite ou vient bouleverser nos plans, c’est la marque de l’Esprit de Dieu qui nous dit: le maître est là, il t’appelle. Il t’appelle à aimer, à dépasser ce mouvement d’humeur pour te donner.

Il t’appelle hors de chez toi, il t’appelle dans le quotidien des jours, il t’appelle caché dans le banal, le sans éclat, le pauvre, le faible, l’ennuyeux pour éveiller chez toi le don. Il passe au milieu de nous allant son chemin, mendiant d’amour. Le verrons-nous ? Le reconnaitrons-nous ? Le retiendrons-nous ? Entendrons-nous cet appel à le suivre en donnant un peu de charité autour de nous comme il l’a fait ?

Le Seigneur passe. Nous le cherchons ailleurs, nous l’espérons dans des lendemains meilleurs, mais il est là avec nous tous les jours chaque jour comme il l’a promis. Et il ne demeure que là où nous même nous arrêtons pour aimer et servir. Apprend-nous Seigneur à discerner ta présence et écouter ta voix quand tu nous dis lève toi, parle, patiente, sert, ne jalouse pas, ne te vante pas, ne cherche pas ton intérêt mais plutôt celui de tes frères, toutes ces qualités de l’Amour dont parle Paul . A chaque occasion qui nous est offerte de donner et de nous oublier nous-même, c’est Dieu qui se fait connaitre et nous propose un pas vers lui. Ne le refusons pas. Bien au contraire, prenons l’habitude de prendre chaque jour comme il se présente avec ses contraintes et ses contrariétés, dans l’action de grâce, la louange et la paix, plutôt que dans la critique, le mécontentement et la revendication. 

Recevons de ces paroles et de l’Eucharistie le courage et la force du prophète pour reconnaitre le Christ là où on ne l’attend pas, pour l’accueillir et le servir. Qu’il soit ainsi victorieux sur toutes les fermetures de nos cœurs. Amen 

P Charles BONIN

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16 Janvier 2022 HOMÉLIE 2ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C P Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE: « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari » (Is 62, 1-5)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME: (Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac)

DEUXIÈME LECTURE: « L’unique et même Esprit distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier » (1 Co 12, 4-11)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

ÉVANGILE: « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée » (Jn 2, 1-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

2èmeDIMANCHE ORDINAIRE C 2022

Marie s’est vite rendu compte que quelque chose n’allait pas. Les serviteurs semblaient inquiets et jetaient des regards interrogateurs au maître du repas. Marie est une mère attentive, soucieuse du bonheur de ses enfants et voilà que ces jeunes mariés chez qui elle est invitée avec Jésus, vont avoir la honte de leur vie : on dira de leur mariage : «  Souvenez-vous c’est ce mariage où il n’y avait plus de vin ! » car c’est bien de cela qu’il s’agit : « Ils n’ont plus de vin. » Il n’y en a qu’un qui soit capable de sauver la situation. Marie se penche vers Jésus, son Fils et va simplement lui dire : « Ils n’ont plus de vin ! » Permettez-moi l’expression, Marie se fait "ramasser" par Jésus : « Femme que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue ! »

Parlons-en de cette heure. C’est vrai que ce n’est pas encore l’heure de Jésus, l’heure où il va devoir affronter le mal pour sauver le monde. Il faudra attendre Gethsémani, rappelez-vous, dans sa prière, Jésus dira à son Père : « Père s’il est possible que cette coupe passe loin de moi,»Et quelques instants plus tard il dira aux disciples : « Dormez et reposez-vous, c’en est fait, l’heure est venue. Voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. »

C’est Françoise Dolto qui explique que Cana est en quelque sorte un deuxième Noël. Elle écrit : « A Cana Marie enfante Jésus à sa mission, le poussant à faire son premier signe qui manifestait sa gloire à ses disciples.»Marie, à Noël, a enfanté Jésus, le donnant au monde. Aujourd’hui, à Cana, elle l’enfante de nouveau mais à sa mission de Sauveur.

Et comme toujours, la confiance de Marie n’a pas d’égal. Même après la réponse un peu brutale de son Fils, Marie sait qu’il peut et qu’il va faire quelque chose. « Faites tout ce qu’il vous dira ! »Il est à noter que ce sont là, les derniers mots de Marie qui nous sont rapportés par les évangélistes, en quelque sorte comme ses dernières volontés, comme son testament spirituel. « Faites tout ce qu’il vous dira ! »« Vivez tout ce qui est dans l’Evangile : les Béatitudes, le grand commandement d’amour, l’amour du prochain, l’amour des ennemis…

« Faites tout ce qu’il vous dira ! »En tant que missionnaire de La Salette je trouve un écho de cette invitation de Marie dans les derniers mots que la Belle Dame dira aux enfants : « Eh bien mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple.» Et sans regarder les enfants elle redira, s’adressant sans doute à nous tous : « Allons, mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple ! »

A Cana Jésus intervient. Et c’est là que ça devient merveilleux. Le vin est donné en abondance. Cent litres auraient suffi, peut-être deux cents ; il en donne six cents et quel vin : excellent ! A tel point que les invités s’en souviendront encore longtemps :« Mais si, rappelle-toi, c’est ce mariage où nous avons bu du si bon vin…»

Voilà, c’est toujours comme ça avec Jésus. On lui demande une grâce, il vous en donne une multitude d’autres. On lui demande de nous aider : il nous comble. Mais il ne faut jamais oublier l’invitation de Marie : « Faites tout ce qu’il vous dira ! »

Vous n’avez plus de courage, allez le trouver. Ecoutez et mettez en pratique ce qu’il vous dira.

Vous n’avez plus de motivation, de raison de vivre, regardez-le vivre en lisant l’Evangile et suivez son exemple.

Vous n’avez plus d’Amour : courrez vite vers lui. Installez-vous tout près de lui, il est la source de l’Amour, ouvrez tout grand votre cœur, laissez-le vous remplir de sa présence et surtout, allez : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » Et : « Faites-le bien passer à tout mon peuple. » Amen

P Paul BERTHIER  

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09 Janvier 2022 Homélie pour le baptême du Seigneur Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE: « La gloire du Seigneur se révélera, et tout être de chair verra » (Is 40, 1-5.9-11)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME: (Ps 103 (104), 1c-3a, 3bc-4, 24-25, 27-28, 29-30)

DEUXIÈME LECTURE: « Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint » (Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

ÉVANGILE: « Comme Jésus priait, après avoir été baptisé, le ciel s’ouvrit » (Lc 3, 15-16.21-22)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le baptême du Seigneur

La fête de l’Epiphanie dimanche dernier nous a appris à nous mettre à genou devant le Seigneur en reconnaissant sa souveraineté sur nos vies. Le baptême de Jésus nous fait aller plus loin en nous immergeant en Dieu. 

Il ne suffit plus de quitter l’or du palais d’Hérode pour découvrir la lumière du Christ, ni seulement de repartir par un autre chemin de conversion morale. Il nous faut entendre Dieu nous dire : « toi, tu es mon Fils bien aimé, en toi je trouve ma joie ». 

Comment moi Seigneur ? Pauvre pécheur, si peu capable ? si imparfait ? 

Oui toi ! Toi, à qui j’ai donné mon Fils pour te sauver et faire de toi un fils. 

En se baignant dans le Jourdain, Jésus a sanctifié les eaux du baptême pour qu’elles nous lavent et nous purifient de tout mal. Par sa prière, il nous a ouvert les cieux qui nous étaient fermés par l’orgueil du péché originel. En son humanité c’est sur toute notre humanité que descend l’Esprit saint pour nous faire renaître et nous renouveler dans l’Amour. 

C’est un don de Dieu qui nous justifie par sa grâce et non par nos propres mérites.

Cette grâce n’est pas sans effet, elle nous dispose à faire le bien dans l’Espérance de la vie éternelle dit St Paul à Tite. 

Nous trouvons là les motifs de notre agir : N’agissons pas pour nous même, ni pour nous faire bien voir aux yeux des hommes, ni pour se donner bonne conscience : agissons pour le Royaume : C’est ce que nous appelons vivre dans la grâce : dociles aux inspirations de l’Esprit Saint et mûs par la charité nous agissons en vue du ciel. 

A ses juges qui lui demandaient pour la piéger si elle était en état de grâce, Jeanne d’Arc avait cette très belle réponse en forme de prière : Si j’y suis, Dieu, m’y garde, si je n’y suis, Dieu m’y mette.Nous ne savons jamais clairement dans quelle mesure notre péché nous a plus ou moins éloigné de Dieu, mais nous savons pouvoir toujours compter sur sa miséricorde pour nous conformer davantage à ce qu’il est lui-même : saint et tout Amour. 

Cette grâce nous la recevons au baptême, nous en sommes imprégnés lors de la confirmation, nous l’entretenons en chaque Eucharistie, nous la renouvelons à chaque confession, nous nous y engageons pour en témoigner dans l’ordre ou le mariage, elle nous fortifie et nous relève dans l’onction des malades. Ainsi à chaque moment de notre vie, l’Esprit de Dieu nous est donné pour demeurer dans son Alliance. Les sacrements épanouissent en nous la grâce du baptême qui fait de nous des enfants de Dieu héritiers de sa béatitude. Plus on en vit et plus s’approfondit notre relation intime avec Dieu. C’est pourquoi on ne peut être saint sans les sacrements. 

On peut être une bonne personne, vivre des valeurs chrétiennes, faire le bien autour de soi et tout cela bien sûr nous approche de Dieu et nous devons le pratiquer, mais cela reste bien humain… tandis qu’à chaque sacrement vécu dans la foi c’est Dieu qui vient à nous pour nous élever jusqu’à lui… tout cela devient divin. Ce n’est plus une morale, ce n’est plus un agir, c’est notre être même qui se trouve transformé par la présence de Dieu en notre âme : être chrétien ce n’est pas une pratique, c’est une communion intime avec Dieu, c’est entretenir cette relation qui transfigure toutes nos relations et nous maintient dans une joie profonde quoiqu’il advienne. Voilà ce que le baptême de Jésus inaugure pour nous. Une communication entre le ciel et la terre. 

Que cette fête soit donc l’occasion pour nous de prendre conscience des dons que Dieu nous fait par son Eglise pour en vivre avec plus de ferveur. C’est le moment en ce début d’année de prendre de fermes résolutions pour vivre de la grâce de notre baptême et l’épanouir en affermissant l’alliance que Dieu fait avec l’humanité. Choisissons de nous confesser plus régulièrement, de recevoir l’Eucharistie chaque dimanche, de porter la bonne nouvelle auprès des non croyants que nous connaissons en répondant à l’envoi missionnaire qui nous est adressé à la fin de chaque messe ; que sais-je encore ?... Que l’Esprit Saint nous éclaire maintenant pour ouvrir en nos cœurs le ciel que Dieu y a semé et le répandre sur la terre. Amen

P Charles BONIN 

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02 JANVIER 2022 EPIPHANIE 2022 Homélie Père Paul BERTHIER 
PREMIÈRE LECTURE : « La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60, 1-6) 
Lecture du livre du prophète Isaïe
PSAUME : (Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13)
DEUXIÈME LECTURE : « Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse » (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

ÉVANGILE : Nous sommes venus d’Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

EPIPHANIE 2022 

Noël, c’est la naissance d’un petit Roi : "le Prince de la Paix, la lumière des nations"Que sera-t-il ? « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, »avait dit l’ange à Marie. Et à Joseph, il lui avait demandé : « Tu l’appelleras Jésus, ce qui signifie "Dieu Sauve". »Isaïe, le prophète avait, lui aussi, parlé de Ce Roi: «  Il sera appelé Emmanuel : "Dieu au milieu de nous". »

Son annonce était prometteuse. Sa naissance a déçu. Son arrivée chez nous a été complètement ratée. Peu de gens l’ont su : à peine quelques bergers dans la campagne. C’est vrai qu’il y a eu les anges qui ont averti les bergers, mais ça n’a pas fait la une des journaux de l’époque. Pourtant, la nouvelle était de taille : c’est tout de même la naissance du Messie qui a eu lieu à Noël… Est-ce que Dieu voulait garder l’anonymat ? On a surtout l’impression que la nouvelle ne concernait pas les nations étrangères, mais seulement le peuple d’Israël…

Par contre, à l’Epiphanie, cette fête d’aujourd’hui, Dieu met tout en œuvre pour que la naissance de son Fils soit orchestrée et se sache dans le monde entier : il envoie même une étoile dans le ciel… Rien que ça, une étoile, oui, et cette étoile, cette lumière était déjà annoncée par le prophète Isaïe : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi…»Non seulement le ciel, par cette étoile va annoncer la nouvelle, mais les grands de la terre entière seront alertés :« Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore… » Dit encore le prophète.

Cette fois ça y est, l’orchestration est au maxi et les invitations sont vraiment parvenues jusqu’aux bouts de la terre : La Naissance de Jésus concerne le monde entier. La nouvelle est tellement surprenante que St Paul parlera de mystère, il nous le disait dans la deuxième lecture : « Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. »

Le message est bien clair : les Juifs croyaient que cette révélation, cette naissance du Messie ne concernait que le peuple juif, et voilà que la Naissance de Jésus est annoncée à la terre entière. Voilà un des points importants que nous dit cette fête de l’Epiphanie c’est l’universalité du salutapporté par Jésus. 

Je voudrais encore souligner un autre point : il est dit dans l’évangile que les mages retournèrent chez eux par un autre chemin. Nous savons que c’est parce qu’Hérode était jaloux de la Royauté de Jésus : il voulait le faire mourir. Mais ne peut-on pas trouver un autre enseignement dans ce changement de comportement et d’itinéraire ? 

Lorsqu’on vient de découvrir le Fils de Dieu venu au milieu de nous, lorsqu’on a vu dans quelle humilité le Roi du ciel accepte de naître, pour se mettre à notre niveau, lorsqu’on s’est incliné pour rendre à cet Enfant tout le culte qui lui est dû, lorsqu’on est resté à méditer sur cette réalité de Dieu qui se fait homme rien que pour nous sauver et pour nous dire :  « Je vous aime, »peut-on repartir chez soi par le même chemin, peut-on repartir chez soi comme on est venu ?

Aujourd’hui, avec les mages, approchons-nous  de la Crèche, laissons-nous illuminer par Jésus Lumière du monde, laissons-le changer notre cœur. Son désir est toujours le même : ce petit roi d’humilité ne veut que le bonheur de ses sujets et il redit à chacun de nous : «  Je t’aime ! » Amen

P Paul BERTHIER   

 

26 décembre 2021 Homélie pour le Dimanche de la Sainte famille C.: P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE: « Samuel demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie » (1 S 1, 20-22.24-28)

Lecture du premier livre de Samuel

PSAUME: (Ps 83 (84), 2-3, 5-6, 9-10)

DEUXIÈME LECTURE: « Nous sommes appelés enfants de Dieu – et nous le sommes » (1 Jn 3, 1-2.21-24)

Lecture de la première lettre de saint Jean

ÉVANGILE: « Les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs de la Loi » (Lc 2, 41-52)   

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

Homélie pour le 26 décembre 2021 Dimanche de la Sainte famille C.

La famille est un lieu de joie et de paix où l’on apprend à aimer. Elle est le fondement de toute société et de toute construction de sa personnalité. Dieu la sanctifie en naissant en son sein entouré d’un père et d’une mère attentionnés. Mais elle est aussi parfois un lieu de peines et d’épreuves où cette unité heureuse se trouve ébranlée. Soit que des difficultés extérieures surgissent où que des disputes naissent de différences qui se font plus sensibles ou que le poids d’une absence se fasse lourd. La famille est aussi aujourd’hui attaquée par des lois iniques qui en ébranlent la structure et une idéologie qui la fragilise. Les divorces, recompositions, avortements, unions illégitimes et bientôt l’euthanasie malmènent ce qui fut le berceau de chacun et l’espérance des anciens. On a de quoi s’en inquiéter et tout chrétien se doit d’en prendre soin et de la protéger. 

On voit dans les lectures de ce jour que la sainte famille n’a pas été épargnée des souffrances. On lisait à Noël le récit du recensement qui contraria la naissance de Jésus obligeant ses parents à un voyage difficile en un temps inopportun puis les confrontant à l’inhospitalité de leur tribu. On sait qu’ils devront fuir l’hostilité d’Hérode et s’exiler en Egypte. Et on les voit inquiet aujourd’hui de la disparition de Jésus. Mais cet évènement mis en parallèle avec la narration de l’enfance de Samuel nous enseigne sur ce qui seul peut fortifier la famille face aux multiples aléas de l’histoire :

Samuel comme Jésus sont consacrés au Temple. Ne savez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père dit Jésus à Marie et Joseph pour leur rappeler que leur mission de parents c’est de conduire leur enfant à Dieu comme Anne en avait fait le vœu ? Le but de la famille, sa raison d’être c’est que nous devenions enfants de Dieu, attentifs à sa volonté, tournés vers lui, désireux de suivre ses commandements dans la foi en son nom et l’amour mutuel. C’est ce que souligne la première lettre de St Jean. Lorsque Dieu est absent de la vie familiale, celle-ci perd de sa substance, elle se vide d’elle-même. Les divorces et conflits familiaux de notre XXIè siècle ne sont qu’un des tristes symptômes de l’effondrement de la foi. Si nous ne sommes pas fondés sur le roc de la Parole de Dieu aucune structure humaine ne peut tenir face aux assauts du mal et de nos propres faiblesses. 

Il est donc de la première importance de consacrer nos familles, nos enfants et petits-enfants à Dieu comme le fit Anne pour Samuel et Marie et Joseph pour Jésus. Il est essentiel comme eux de monter souvent au Temple, de leur indiquer le chemin vers Dieu et fréquenter l’Eglise où la grande famille des chrétiens se rassemble sous le regard bienveillant du Père. Il est de notre responsabilité d’entretenir cette relation d’Amour sans laquelle aucune relation humaine n’est stable. Il en va de la survie et de la sainteté de nos familles. 

Prions donc aujourd’hui la sainte famille de nous inspirer les moyens d’entretenir la ferveur de nos foyers : un coin de prière, un temps de louange régulier en famille, l’habitude acquise de lire ensemble la Parole et de participer à l’Eucharistie dominicale… tout est bon pour remettre Dieu au centre de notre vie et demeurer ainsi en toute adversité, fermes dans l’Amour. Que l’Emmanuel, Dieu parmi nous, présent en cette Eucharistie garde vos familles dans la sainteté de son nom.  Amen.

P Charles BONIN 

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25 décembre 2021 Homélie pour le jour de Noël C: P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE: « Tu seras la joie de ton Dieu » (Is 62, 1-5)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME: (Ps 88 (89), 4-5, 16-17, 27.29)

DEUXIÈME LECTURE: Le témoignage de Paul au sujet du Christ, fils de David (Ac 13, 16-17.22-25)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

ÉVANGILE: « Généalogie de Jésus, Christ, fils de David » (Mt 1, 1-25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Homélie pour le jour de Noël C 25 décembre 2021

Voulez-vous avoir de beaux pieds ?... La première lecture nous donne un remède en nous parlant des pieds du messager de bonne nouvelle…. Ce n’est pas pour faire de la pub pour un podologue ou pour une crème hydratante pour pieds sec… mais pour nous dire la joie de celui qui proclame la venue de Dieu en ce monde. C’est la joie de Jean baptiste qui a vu le Seigneur en son cousin Jésus et qui l’a désigné aux disciples : voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. L’ami de l’époux est ravi de joie à la voix de l’époux. 

Le magnifique texte du prologue de St Jean que nous avons entendu dans l’Evangile et le début de l’épitre aux hébreux en deuxième lecture nous expliquent le mystère de Noël que nous pressentons toujours joyeusement mais un peu confusément. L’extraordinaire dans l’ordinaire. Dieu présent dans l’humble naissance d’un enfant. Celui qui a fait le monde se fait l’un de nous. Le créateur devient créature. La lumière resplendit dans les ténèbres. L’infini se contient dans le fini. L’Esprit s’enferme dans la chair. Celui qui est en ce qui n’est rien. L’absolu se révèle dans le néant. Le saint des saints repose dans la crèche la plus misérable. La vie s’offre dans une pauvre mangeoire. 

Cette réalité ne nous est pas extérieure, elle est en nous. Elle parle de nous. Nous sommes cette mangeoire, cette crèche, ce néant, cette créature… que Dieu transforme en offrant sa vie à notre humanité. Dieu s’est fait homme pour faire de nous des dieux, pour restaurer et élever jusqu’à lui notre nature blessée par le péché, et faire de nous ses fils bien aimés. Voilà bien un motif de joie et d’action de grâce en ce jour de Noël qui célèbre un si grand mystère. 

Encore nous faut-il en vivre et lui permettre de se déployer dans le quotidien de nos jours. Pour cela, Jean baptiste, l’heureux messager de la bonne nouvelle nous invite à son exemple à lui rendre témoignage. Témoigner de la présence de Dieu dans notre vie, c’est laisser la joie de Noël s’infuser en nous et se continuer dans l’Amour que nous mettons en chacune de nos actions. C’est se laisser habiter par cette connaissance de la vérité qui soutient notre espérance et notre foi que Dieu nous fait grâce et nous ouvre à sa Gloire. Témoigner que le Verbe de Dieu vit en notre chair c’est s’immerger dans la parole pour entrer dans la louange de ses merveilles. Voilà le message de Jean, au-delà de l’appel à la conversion, il nous appelle à devenir ces témoins de la lumière qu’il annonçait. 

Que cette Eucharistie à laquelle nous allons communier ensemble à la vie de Dieu, fasse donc de nous ces témoins de sa présence d’amour en ce monde. Ayons à cœur de porter cette bonne nouvelle et d’en vivre pour que la joie de Noël demeure à jamais, Amen. 

P Charles BONIN

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24 décembre 2021 Homélie pour la Veillée de Noël C : Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE:  « Tu seras la joie de ton Dieu » (Is 62, 1-5)

Lecture du livre du prophète Isaïe

PSAUME : (Ps 88 (89), 4-5, 16-17, 27.29)

DEUXIÈME LECTURE: Le témoignage de Paul au sujet du Christ, fils de David (Ac 13, 16-17.22-25)  

Lecture du livre des Actes des Apôtres

ÉVANGILE: « Généalogie de Jésus, Christ, fils de David » (Mt 1, 1-25).

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Homélie pour la veillée de Noël C : 24 décembre 2021

Tous les ans la fête de Noël nous rassemble pour fêter la naissance d’un petit enfant il y a plus de 2000 ans. Un média titrait récemment : Noël a changé leur vie. Et vous qu’est-ce que cette naissance a changé dans votre vie ? Qu’êtes-vous venu voir dans cette église ? La féérie des bonheurs enfantins, la magie de ce temps de joie familiale, la tradition d’une messe peu ordinaire ?...

Il y a dans cette nuit une réalité mystérieuse dont les lectures que nous avons entendues se font l’écho : plus qu’une féérie, mieux que la magie, plus ancré que la tradition… il y a une lumière (4X) qui est source de joie (8X). Pourquoi une lumière procure-t-elle une telle joie ?

Ce symbole est riche des dons de Dieu. Les avez-vous relevé ? 

La lumière c’est ce qui rassure le petit enfant effrayé par la nuit : elle éloigne le mal et la peur qui y est assortie dit Isaïe. 

La lumière c’est ce qui permet de voir, de discerner ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. Elle est donc source de vérité et de justice. 

La lumière c’est ce qui sauve celui qui est perdu : le marin en mer guidé par les étoiles ou un phare, le petit poucet égaré dans la forêt.

La lumière c’est ce qui permet de connaitre, elle éclaire ce qui est devant nous et ravive ainsi l’espérance de ceux qui ne voient pas d’avenir serein. 

La lumière dissipe les ténèbres de tout ce qui est trouble et mauvais, elle apporte la paix. 

La lumière c’est la vie, c’est la fête, c’est l’amour donné qui éclaire le visage de l’être aimé. C’est ce qui fait que nous sommes dans la joie aujourd’hui de recevoir de Dieu tous ces dons de sa présence au milieu de nous. 

S’il est un temps pour prendre conscience que Dieu nous est proche c’est bien ce jour où il se révèle en un petit enfant fragile et innocent pour nous ouvrir à son amour. Il nous offre tous ces cadeaux de joie, de paix, d’Espérance, de vérité, de justice et de salut. Alors oui vraiment, tout cela nous est donné et si nous les recevons dans un cœur simple et bon comme ce petit enfant, nous serons changés. Nous ne repartirons pas de cette église comme nous y sommes rentrés. Nous partirons non pas les bras chargés de cadeau, mais le cœur empli de cette joie que donne la vraie lumière de l’Amour donné. Mais une telle lumière peut-elle rester cachée ? Ne faut-il pas qu’elle soit partagée ? N’est-ce pas justement en la transmettant que nous la recevons et qu’elle grandit dans nos cœurs à mesure que nous la diffusons ? 

Alors en cette nuit où nous avons tant reçu, apprenons à transmettre comme les bergers la lumière de cette bonne nouvelle de Dieu avec nous sauveur de toute tristesse et de tout mal. Portons dans nos familles, chez nos voisins, chez ceux qui sont isolés par la maladie ou le grand âge le sourire de ce petit enfant de la crèche qui nous redit toujours : ne crains pas je suis avec toi pour te libérer. Soyons des porteurs de lumière, des témoins de l’Espérance, des dispensateurs d’Amour et de paix, soyons en un mot ces disciples de Jésus-Emmanuel que le monde attend. Amen

P Charles BONIN

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19 Décembre 2021 Homélie 4ème dim de l'Avent année C Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « De toi sortira celui qui doit gouverner Israël » (Mi 5, 1-4a) 
Lecture du livre du prophète Michée
PSAUME : (Ps 79 (80), 2a.c.3bc, 15-16a, 18-19)
DEUXIÈME LECTURE : « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-10)

Lecture de la lettre aux Hébreux

ÉVANGILE : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 39-45)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

Homélie pour le 4é Dim de l’Avent C

Lorsque Roberto, l’étudiant musulman qui est venu le 8 décembre, nous a parlé de la vierge Marie dans l’Islam, il a cité la sourate 3 verset 45 du coran où il est écrit : « Les anges dirent : "Ô Marie ! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de lui dont le nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future. » 

Les musulmans reconnaissent donc Jésus comme verbe de Dieu et messie… pourtant, ils ne le considèrent que comme un prophète, un porteur de la parole comme Mahomet qui viendra par la suite le supplanter mais pas comme Dieu lui-même en son Verbe.

D’où vient qu’ils passent ainsi à côté de la révélation de la présence réelle de Dieu qui nous est faite aujourd’hui par Marie comme à Elisabeth et Jean Baptiste ? Qu’est ce qui nous permet de croire que ce petit enfant que la vierge porte en son sein est le Christ, vrai Dieu devenu homme pour nous libérer de tout mal ? Il n’y a qu’une lecture attentive et aimante de la Parole de Dieu pour soutenir et fortifier notre foi en ce grand mystère que nous nous préparons à fêter à Noël. Est-ce qu’il porte la Parole ou est-ce qu’il est la Parole ? 

Jésus accomplit les prophéties qui annonçaient le sauveur, il n’est donc pas seulement un autre messager, il est la Parole réalisée : Le livre de Michée d’abord prédit que naîtra à Bethléem celui qui doit gouverner Israël et c’est bien là que naitra Jésus pour conduire son peuple à la liberté des enfants de Dieu. Ses origines se perdent dans la nuit des temps dit le prophète, ce qu’il nous faut bien comprendre comme qu’il est lui-même à l’origine du temps, le Verbe créateur de toute chose. Il viendra comme un enfant de celle qui doit enfanter nous dit-il. Que signifie la banalité de cette phrase sinon qu’elle souligne l’extraordinaire d’un Dieu s’abaissant au plus ordinaire ne notre vie ? Il se dressera poursuit-il encore pour signifier l’élévation spirituelle de la nature qu’il emporte. Or de Marie portant Jésus, il est dit dans l’Evangile qu’elle se leva vers une région montagneuse (Anastasa : c’est le même mot grec que pour la résurrection). Ce détail souligne que cet enfant nous élève dans la vie de Dieu au-delà des contingences de la mort. Il sera leur berger, et c’est bien ainsi que Jésus se désignera lui-même comme le bon pasteur, doux tendre et compatissant. Sa puissance annoncée s’est bien révélé dans ses miracles qui ne peuvent être que de Dieu, seul maître de la vie. Il sera la paix conclut Michée comme l’annonçait aussi Isaïe 9,5, comme nous le reconnaissons à travers l’Amour que le Christ a donné.

Nous voyons ainsi à quel point Jésus réalise les prophéties messianiques et répond à l’attente d’Israël bien au-delà du seul fait prophétique qui porte la parole de vie alors que lui-même se révèle comme la Parole. L’Epître aux Hébreux explicite cet accomplissement en appliquant à Jésus le Ps 40: « Tu n’as voulu ni sacrifice, ni offrande mais tu m’as formé un corps alors j’ai dit voici je viens mon Dieu pour faire ta volonté ». N’est-ce pas exactement ce que le Christ a fait en s’offrant sur la croix pour réconcilier l’humanité avec Dieu ? 

Comment Elisabeth a-t-elle pu comprendre cet incroyable mystère de notre foi ? Comment pouvons-nous comme elle reconnaitre la présence cachée de notre Seigneur dans le sein de Marie et exulter de joie ? A quel signe se manifeste-t-il dans nos vies ? 

Le premier signe c’est la charitéqui met en route Marie pour saluer et servir sa cousine. Toute marque de charité dont on bénéficie ou qu’on s’apprête à prodiguer est signe de la présence de Dieu. 

Notons ensuite que le mot employé par St Luc pour dire que l’enfant « tressaillit » est celui qui est employé pour la danse de David devant l’Arche. Il nous est signifié ainsi que Marie est la nouvelle Arche d’alliance et qu’elle enferme comme jadis la présence de Dieu. Il nous faut donc cette disponibilité d’un cœur pur, cet enthousiasme spontané, ce grand désirqui était celui de David pour reconnaitre la vérité cachée. 

Il nous est dit encore qu’Elisabeth fut remplie d’Esprit saint parce que Jean Baptiste lui-même devait être empli de l’Esprit saint dès le ventre de sa mère (v15). C’est que Marie ne peut que diffuser ce dont elle est comblée par celui qui la prit sous son ombre, comme plus tard elle le fera pour les apôtres à la Pentecôte. C’est par Marie que Jean reconnait son Sauveur, c’est par Marie que nous même nous le reconnaîtrons si nous partageons avec eux cette docilité à l’Esprit Saint qui fait discerner l’action de Dieu contre le mal à travers ce qu’il y a de plus faible et de plus humble dans le monde : Marie et Jean-Baptiste enfant. En effet, la salutation « tu es bénie entre toutes les femmes » fut d’abord le compliment adressé à Judith victorieuse d’Holophern. En reprenant cette expression, Elisabeth signifie la victoire sur le mal des origines qui s’accomplit par Marie comme il fut annoncé à Eve après la chute qu’elle écraserait la tête du serpent. 

Enfin, la béatitude de la foi : « heureuse celle qui a cru » attribuée à Marie est aussi celle d’Elisabeth qui reconnait l’accomplissement des paroles du Seigneur en sa parente et s’en fait le prophète, porteuse de cette bonne nouvelle. Ainsi pour nous, si nous sommes mûs par la foi nous permettons que la présence de Dieu s’infuse en nous car « toute âme qui croit, conçoit et enfante le Verbe de Dieu » dit St Ambroise. 

Si donc une lecture attentive nous donne les indices que Jésus est bien Dieu, sauveur au milieu de nous, il nous faut encore pour l’accueillir en vérité pour ce qu’il est et vivre pleinement de sa présence : la charité empressée de Marie, le cœur pur et enthousiaste de David, la docilité de Jean-baptiste à l’Esprit Saint qui lui donne la sagesse et enfin la foi d’Elisabeth en la Parole annoncée.Quatre qualités à demander avec insistance à Dieu et à pratiquer avec ardeur pendant ces quatre jours qui nous séparent encore de sa venue afin de l’accueillir dans la même exultation de joie qu’Elisabeth.  Amen. 

P Charles BONIN

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12 Décembre 2021 Homélie 3ème dim de l'Avent -Gaudete- année C Père Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : « Le Seigneur exultera pour toi et se réjouira » (So 3, 14-18a)

Lecture du livre du prophète Sophonie

PSAUME : (Is 12, 2-3, 4bcde, 5-6)
DEUXIÈME LECTURE : « Le Seigneur est proche » (Ph 4, 4-7)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
ÉVANGILE : « Que devons-nous faire ? » (Lc 3, 10-18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

3èmeDIMANCHE DE L’AVENTC 2021

Dans les textes de ce dimanche, onze fois nous trouvons le mot" Joie" sans compter les mots comme allégresse, ovations ou fête. A n’en pas douter, l’Eglise nous invite aujourd’hui à la joie. C’est normal, dans quelques jours, c’est Noël. C’est la joie pour tous les peuples. Le Messie annoncé est tout proche : il vient sauver le monde.

Le monde, notre monde, parlons-en. Peut-on vivre la joie dans notre monde ? On a l’impression qu’il n’y a que des catastrophes : Sarah, 20 ans est en train de mourir d’un cancer, dans un accident de la route, deux jeunes sont tués sur le coup, deux autres seront handicapés à vie… Et puis il y a les guerres, la misère, les immigrés, la pédophilie, la covid, les casseurs etc etc… Et l’Eglise nous invite à la joie !

Il faut d’abord s’entendre sur les mots. La joie qui nous est proposée ici, ce n’est certainement pas le plaisir qui nous vient des sens et qui s’éteint en nous aussi rapidement qu’il est venu. Ce n’est pas non plus cette exubérance tapageuse gênante et envahissante de ceux qui "s’éclatent"…

Non, la joie, c’est une grâce, un don de Dieu. C’est la révélation de la présence de Dieu en nous… Cette joie, c’est comme une prime qui nous est offerte lorsque nous recevons Dieu. Si je crois en Dieu, si je suis sûr qu’il veut mon bonheur, qu’il m’attend, si j’essaie de l’aimer plus que tout et d’aimer aussi mes frères autour de moi, que je sois riche ou pauvre, malade ou bien portant, je serai toujours dans la joie. J’aurai en moi cette joie profonde, durable, une joie qui ne gênera personne mais qui sèmera la paix dans les cœurs, autour de moi : une paix intérieure, la paix de Dieu.

Mais comment posséder cette joie ? « Fille de Sion réjouis-toi car le Seigneur est en toi » -- « Frères soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche. »La joie, c’est la présence de Dieu qui vient et 

que nous accueillons à Noël, et aussi à  l’Eucharistie, dans la prière, dans notre regard sur les autres.

« Que devons-nous faire ? »demandent les disciples de Jean Baptiste. Celui-ci ne répond pas directement mais il proclame : « Il vient, celui qui est plus puissant que moi, lui,  vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. »

Le voila le secret de la joie ! Dans le quotidien des jours, se laisser imprégner de l’Esprit que nous avons reçu, se laisser brûler par ce feu que nous a apporté Jésus. Alors, si Dieu est présent dans toutes nos actions par son Esprit,

Ne croyez-vous pas que la joie éclatera en nous ? 

Ne croyez-vous pas que notre vie prendra un sens ? 

Ne croyez-vous pas que l’attente de Noël sera vécue dans l’espérance ?

Ne croyez-vous pas que la joie nous envahira et débordera autour de nous ?

Alors, nous deviendrons nous aussi des semeurs de joie et de paix. Nous porterons à notre monde cette joie et cette paix pleines de respect et de délicatesse dont il a tant besoin et nous ferons ainsi avancer le Royaume et préparerons la venue de celui qui est appelé "Le Prince de la Paix ".  Amen

P Paul BERTHIER

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05 DECEMBRE 2021 HOMÉLIE 2ème dimanche AVENT Année C Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Dieu va déployer ta splendeur » (Ba 5, 1-9)

Lecture du livre du prophète Baruc

PSAUME : (Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6)
DEUXIÈME LECTURE : « Dans la droiture, marchez sans trébucher vers le jour du Christ » (Ph 1, 4-6.8-11)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens

ÉVANGILE : « Tout être vivant verra le salut de Dieu » (Lc 3, 1-6)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le deuxième dimanche de l’Avent :

Discerner ce qui est important

Laissez-vous envelopper par l’Amour du Christ : quittez vos habits de tristesse et revêtez une parure de Gloire et de joie. L’Avent nous ouvre une garde-robe royale dont il serait bien dommage de se priver : témoigner de la joie de la présence de Dieu parmi nous, porter l’espérance du sauveur qui vient. Ce qui suppose bien sûr de se défaire de nos vieux oripeaux de tristesse, d’angoisse et de péché. C’est mieux que le black Friday !

Il y a un livre significatif de ce renversement que l’Ecriture nous propose et qui m’a beaucoup marqué adolescent et que j’ai vu jouer au théâtre quand j’étais séminariste : Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. C’est l’histoire d’un dandy fortuné, élégant qui mène bon train et se fait faire un portait en demandant à l’artiste de représenter le visage de son âme. Le peintre s’exécute: le portait est remarquable et offre à son modèle une éternelle jeunesse. Mais alors que Dorian Gray mène une vie de luxe et de débauche sans que le temps ne semble atteindre sa beauté juvénile, le portait lui, mystérieusement peu à peu perd de son éclat, les couleurs s’affadissent, la peinture se craquelle. Le portait est remisé au grenier où Dorian Gray finit par l’oublier. Mais un jour, las de cette vie mondaine qui l’emplit de vide et de tristesse, la curiosité le pousse à monter voir ce portait. Il se trouve alors face à un vieillard moribond effrayant dont il comprend qu’il représente son âme rongée par le péché. 

Pour n’avoir pas un jour à faire un pareil constat d’une âme morte alors qu’on se croyait bien vivant à la surface de nos vies, il n’y a, comme le dit St Paul, que l’amour. Cet amour qui nous fait progresser dit-il de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important. Il nous faut donc nous entrainer à ordonner nos vies en fonction de ce qui est essentiel sans se laisser submerger par le secondaire et l’accessoire. 

Entendons aujourd’hui Jean Baptiste, qui crie dans le désert de nos cœurs trop durs : préparez les chemins du Seigneur et rendez droit ses sentiers. Ne cédons pas au repli sur nos peurs, ni au confort facile, mais discernons ce qui est important : le Salut de nos âmes, et de nos frères et sœurs, voisins voisines, familles qui ne connaissent pas Dieu. Nous serons jugés sur cette attention que nous aurons eu d’ouvrir les autres à la joie de la présence du Seigneur, à l’Amour divin que nous nous témoignons fraternellement les uns aux autres. Noël n’est pas le temps de l’abondance, c’est le temps de la relation : le chemin dit St Jean baptiste qui nous mène ensemble vers Dieu ; et de la justice : le sentier droit qui remet toute chose à sa place. 

Nous accordons sans doute trop d’importance à ce qui n’en a pas dans notre vie : Ne nous laissons pas envahir par les médias toxiques, l’opinion des autres, la morosité du cours du monde sur lequel nous n’avons pas de prise etc… Ne nous laissons pas voler notre joie soyons des témoins de la joie !

Savoir discerner ce qui est important c’est ainsi que nous pouvons entretenir en nous et transmettre cette joie qui nous revêt de la Gloire de l’Amour de Dieu. Ne soyons pas comme Dorian Gray des êtres inconséquents qui oublient qu’au soir de notre vie nous verrons Dieu face à face dans la vérité de l’Amour donné. C’est maintenant nous dit Jean Baptiste qu’il nous faut préparer la route qui mène à lui. C’est maintenant qu’il nous faut abaisser les montagnes de notre orgueil et des fausses richesses, combler les vallées d’indifférence vides d’amour dans notre vie, rectifier les détours tortueux de notre pensées. Préparons Noël en ouvrant dans nos vies cette place pour l’Amour infini. Amen

P Charles BONIN

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28 NOVEMBRE 2021 HOMÉLIE 1er dimanche AVENT Année C Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Je ferai germer pour David un Germe de justice » (Jr 33, 14-16)

Lecture du livre du prophète Jérémie

PSAUME : (Ps 24 (25), 4-5ab, 8-9, 10.14)
DEUXIÈME LECTURE : « Que le Seigneur affermisse vos cœurs lors de la venue de notre Seigneur Jésus » (1 Th 3, 12 – 4, 2)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

ÉVANGILE : « Votre rédemption approche » (Lc 21, 25-28.34-36)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Homélie pour le premier dimanche de l’Avent C

 

Le messie annoncé par Jérémie se présente comme un maître de justice. La justice c’est le chemin qui mène les humbles à Dieu d’après le psaume. Et le moyen d’être juste et de plaire à Dieu dit Paul aux Thessaloniciens, c’est de vivre comme lui-même a vécu parmi les hommes, dans un amour mutuel de plus en plus intense et débordant. Nous avons là la clé qui nous assure de traverser les tribulations apocalyptiques dont parle l’Ecriture en cette fin d’année liturgique dans la paix et la sérénité que nous offre le Seigneur qui vient dans notre vie, ici et maintenant comme prince de la paix. 

L’Avent qui nous prépare à cette venue réelle et bien actuelle commence par 3 formules impératives pour lui ouvrir nos cœurs:

Redressez-vous et relevez la tête.

Tenez-vous sur vos gardes

Restez éveillés et priez en tout temps. 

1/ Redressez vous et relevez la tête : Ne soyez pas abattus comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Ce qui doit nous maintenir debout en toute circonstance c’est l’assurance que dans les souffrances et les difficultés, dans les troubles et les angoisses, lorsque tout autour de nous semble se disloquer, le Seigneur est là, il nous sauve et nous libère. Le grand message de sa venue dans le monde c’est la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort. Apprenons donc pendant ces quatre semaines à ne pas nous laisser gagner par la morosité ambiante mais à être des semeurs de joie. Un saint triste est un triste saint dit saint François de Sales. Facile à dire mais quand tout va mal… comment faire ? Jade et les sacrés mystères de la vie,  un bon petit livre à offrir aux adolescents, nous donne un bon conseil : 

« Un jour, je me promenais sous un p’tit nuage gris foncé. (…) C’est alors que je me suis aperçue qu’un côté du nuage gris foncé, le côté tourné vers le haut, était toujours illuminé par le soleil. Il pleut dessous, mais là-haut, c’est toujours le grand beau. (…)

Nous, c’est un peu pareil : notre esprit peut rester au beau fixe s’il est tourné vers le haut, c’est-à-dire vers le bon Dieu. Si on sait regarder le dessus du dedans, on n’est jamais sens dessus dessous ! »Ce n’est  pas  la méthode Coué, ni du volontarisme, ni du déni ou de la naïveté mais plutôt une habitude à prendre d’orienter nos émotions vers le haut. St Thomas nous donne quelques moyens pratiques pour nous y entrainer et chasser le désespoir :

  • S’accorder quelque chose qui nous fait plaisir
  • S’accorder le droit de pleurer
  • Parler à un ami
  • Contempler la « vérité », le « beau »
  • Prendre un bain et dormir. 

2/ Parallèlement à ce petit exercice de la joie parfaite, l’Évangile nous prévient denous tenir sur nos gardes. L’Avent comme toute la vie chrétienne est une vigilance contre l’oisiveté, mère de tous les vices, mais aussi contre d’excessives préoccupations qui mènent au burn out. C’est un subtil équilibre à trouver que St François de Sales, encore lui, résumait en une petite formule lapidaire : "agir comme si tout ne dépendait que de soi et prier comme si tout ne dépendait que de Dieu…" Mais surtout : Agir !... dans un paisible abandon qui loin d’être une attitude de paresse est un acte de confiance qui mobilise pour oeuvrer dans le monde plutôt que de le subir ou de se laisser aller à notre confort ou nos plaisirs égoïste. Que ce temps de l’Avent fasse donc de nous des acteurs d’avenir, audacieux, pour semer un peu de bien et porter la bonne nouvelle là où nous sommes, ardents pour combattre le mal et l'injustice mais aussi l'indifférence relativiste, et le laisser aller qui font le lit de l'iniquité. 

3/ Enfin, cette attention vigilante au bien à accomplir dans la foi, doit faire de nous des veilleurs attentifs et des priants persévérants. Veillez et priez dit le Seigneur, car la prière est une veille, la garde du cœur à la présence du Seigneur à l'intime de nos âmes comme en chacun de nos frères. Eveillons nous à être toujours plus les uns pour les autres des frères et sœurs attentionnés. Arrêtons de nous dire banalement « ça va ? » Osons une vraie relation fraternelle gratuite et en confiance, suscitant écoute, dialogue, service et soutien mutuel. Nous devons être en première ligne de la proximité dans un vrai esprit de famille qui doit irradier de nos communautés. Et cette lumière de la charité active jaillit d'abord de la prière. Soyons des priants ! Choisissons en ce temps de l'Avent une prière quotidienne qui nous relie les uns aux autres et à Dieu et nous porte ensemble dans cette communion d'où vient notre force de l'Esprit Saint. 

Chasser la tristesse et répandre la joie, agir dans la confiance pour le bien contre l’oisiveté et le mensonge de l'indifférence qui se répand autour de nous, prier dans une attention renouvelée les uns aux autres, voilà donc notre programme pour aller de l’avant préparer les chemins du Seigneur en nos cœurs… En Avent !

P Charles BONIN

21 NOVEMBRE 2021 Homélie 34 et dernier Dim TOB - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Sa domination est une domination éternelle » (Dn 7, 13-14)
Lecture du livre du prophète Daniel
PSAUME : (Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5)
DEUXIÈME LECTURE : « Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu » (Ap 1, 5-8)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

ÉVANGILE : « C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Homélie pour le Christ roi de l’univers B

Nous n’avons peut-être pas une très bonne image du Christ roi. On l’imagine plutôt humble et pauvre sur les chemins poussiéreux de Palestine ou portant douloureusement sa croix qu’en dominateur siégeant sur un trône doré vêtu de pourpre triomphante. C’est que nous avons peut-être une conception biaisée de la royauté et du pouvoir forgée par l’Histoire de rois oppresseurs ou de mauvaises expériences de gouvernement.

Mais Jésus n’est pas roi à la manière du monde comme il le dit à Pilate. Il est même à l’opposé des puissances dévoyées qui régissent le monde par le mensonge. Il est venu au contraire dit-il, pour rendre témoignage à la Vérité. Mais qu’est-ce que la vérité ironise Pilate ? La vérité c’est de considérer toute chose pour ce qu’elle est. C’est l’adéquation de l’intelligence à la réalité disent les philosophes, autrement dit, c’est remettre toute chose à sa juste place. C’est ce que fait Jésus lors de son procès et c’est ainsi qu’il établit le royaume dont il nous propose d’être les sujets. De son dialogue avec Pilate nous pouvons en retenir trois caractéristiques en nous demandant si nous-mêmes nous laissons dominer par l’esprit du monde ou si nous gouvernons nos vies selon la volonté de Dieu pour permettre que son règne arrive comme nous le prions à chaque Notre Père : 

1/ La première caractéristique du royaume de Dieu c’est la liberté de l’esprit : Dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit de moi demande Jésus à Pilate. Et nous ? Sommes-nous dominés par l’opinion générale, par le regard des autres, par le qu’en dira-t-on ? Ou bien avons-nous la liberté d’affirmer et de suivre jusqu’au bout ce que notre conscience éclairée par la prière nous inspire ? Osons-nous par exemple nous prononcer pour le Christ dans une assemblée hostile ? Ou bien sommes-nous capable au nom de la charité de prendre la défense des exclus dans un groupe qui les stigmatise au nom d’une pensée unique ? 

2/ La deuxième caractéristique du royaume c’est qu’il est à l’inverse de la violence qui règne sur la terre, l’établissement dela justice et de la paix.Mon royaume n’est pas d’ici dit Jésus, sinon des armés se seraient levées pour que je ne sois pas livré aux mains des juifs. Sommes-nous des artisans de paix ou laissons-nous la colère, la haine, la vengeance, l’esprit de supériorité de pouvoir et de possession gouverner nos vies ? Méfions-nous de nos complicités passives à cet esprit matérialiste du monde. Au travail, dans nos familles, nos loisirs, nos amis, entrons nous dans la compétition du pouvoir ou de l’avoir (la voiture, le téléphone dernier cri, les voyages qui font envie…) au mépris des autres et de la planète ou cherchons-nous à mettre dans nos relations et nos activités un peu plus d’humanité et de conscience par une plus grande simplicité de vie? 

3/ La deuxième caractéristique du royaume c’est qu’il soumet tout à l’Amour de Dieu. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. Non pas celle de l’homme qui veut se faire Dieu, mais celle de Dieu qui par sa loi inscrite en nos cœurs nous appelle au bien véritable qui consiste à tout remettre entre les mains du Père. Tu n’aurais aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en haut dit Jésus à Pilate un peu plus loin. Avons-nous confiance en Dieu ? Ou comptons-nous d’abord sur nous-même ? Est-ce que l’Amour de Dieu et du prochain conduit nos choix ou sommes-nous déterminés par ce qui nous plaît ou nous assure un confort immédiat ? Le royaume de Dieu souffre violence et seuls les violents s’en emparent est-il dit par ailleurs…pour désigner la force de l’Amour de ceux qui s’entrainant aux vertus, se maîtrisent eux-mêmes et combattent leurs penchants mauvais égoïstes et jouisseurs pour se donner au service des autres et à l’annonce du Royaume. 

La royauté du Christ remplace donc l’oppression des puissants de ce monde par la liberté, la justice, la paix et l’Amour et c’est à cela que nous sommes appelés à coopérer contre l’esprit du monde pour qu’advienne la civilisation de l’Amour qui est le règne de Dieu. 

Le christ, règne, non pour écraser mais pour nous délivrer de nos péchés par son sang, il a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père dit l’Apocalypse, c’est-à-dire pour que nous soyons sous la domination du fils de l’homme, selon l’expression de Daniel, qui est une domination de l’Amour par une juste relation de don de soi à Dieu et les uns aux autres plutôt que sous l’esclavage de nos convoitises. 

Par notre baptême, nous sommes les prêtres, prophètes et rois de ce royaume pour être dans le monde sans être du monde, les porteurs de la Parole libératrice de Dieu, les ambassadeurs de sa bonne nouvelle de justice et de paix, les témoins de la vérité agissant pour que toute chose soit ordonnée à l’accomplissement de son dessein bienveillant d’Amour. 

Que cette Eucharistie nous donne donc la sagesse et la force pour nous gouverner nous-mêmes selon la volonté de Dieu et préparer son règne. Amen. 

P Charles BONIN

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21 NOVEMBRE 2021 Homélie 34 et dernier Dim TOB - Père Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : « Sa domination est une domination éternelle » (Dn 7, 13-14)
Lecture du livre du prophète Daniel
PSAUME : (Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5)
DEUXIÈME LECTURE : « Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu » (Ap 1, 5-8)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

ÉVANGILE : « C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

LE CHRIST-ROI B 2021

Si je vous parle d'un Roi, vous pensez sans doute à quelqu'un de très riche de très puissant, qui vit dans un château, ou une belle demeure, quelqu'un qui a de beaux habits, qui offre de grands banquets, qui reçoit beaucoup d'invités. Un Roi, c'est aussi celui qui prélève des impôts, qui a une police, une armée, qui veille sur son territoire et qui au besoin fait la guerre pour défendre ce territoire. 

Aujourd'hui, c'est Jésus qui est fêté comme Roi : le Christ-Roi de l’univers.Déjà, au début de la vie de Jésus, les mages veulent saluer le "Roi des Juifs".Aujourd’hui, c’est Pilate qui pose la question à Jésus : « Es-tu le Roi des Juifs ? »Sur la Croix, Jésus va être officiellement proclamé Roi : l'écriteau qui est au-dessus de sa tête portera la mention : « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs. » Mais en général son image de la royauté ne correspond pas du tout à l'idée que nous nous en faisons. 

Jésus est un Roi mais son Royaume est invisible  à nos yeux : « Mon Royaume n'est pas de ce monde ».Alors,Jésus est-il un Roi déchu, sans richesse, sans palais, sans armée ? On pourrait le croire, il est né dans une étable, et lorsque les disciples lui demandent où il habite, il ne peut que répondre : « Le Fils de l'Homme n'a pas d’endroit où reposer sa tête ! » Il est pauvre. D’ailleurs tout au long de sa vie il nous mettra en garde contre la richesse. Relisez l'évangile, pour lui, c'est l'argent qui nous détourne du Royaume. 

Jésus est aussi un Roi sans armée. Ou tout au moins il a une armée bien spéciale : lorsqu'on vient l'arrêter au Jardin des Oliviers et que l'un de ses disciples veut le défendre à coups d'épée, il déclare : "Remets ton épée au fourreau, penses-tu que je ne puisse faire appel à mon Père qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d'anges pour me défendre ?"

Non, Jésus n'est pas un Roi comme les autres. Il est Roi, c'est indiscutable, mais là où on l'attend le moins... Tout est dans la Mission qu'il est venu réaliser :Il rêve de faire le Bonheur des hommes.  Surtout, il ne veut dominer personne, il invite, sans obliger : « Si tu

 veux venir à ma suite... »Jésus est Roi de la liberté, avec lui, aucune contrainte ! 

La Royauté de Jésus va prendre toute sa dimension au milieu des pauvres, des petits, des malheureux, des souffrants : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, moi je vous donnerai le repos. »Et il les guérit, il les remet debout, leur redonne toute leur dignité, il a même redonné la vie à certains. Jésus est Roi au milieu des pauvres et des petits.

Finalement, lorsqu'on regarde toute la vie de Jésus parmi nous, on ne peut que constater que certainement Jésus est Roi par son Amour pour les hommes.C’est là qu’il excelle. Toute sa vie dans l'évangile est une recherche continuelle du Bonheur des hommes, il est Roi, il est Roi d'Amour. 

C'est par Amour qu'il est venu chez nous, c'est par Amour qu'il nous a révélé son Père qui est aussi notre Père. Il nous a donné un commandement nouveau qui est le commandement de l'Amour. Et il ne s'est pas contenté de paroles, lui-même a agi par Amour, il nous a montré jusqu'où pouvait aller cet Amour : il est allé jusqu'à donner sa vie pour nous sur la Croix. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

Fêtons Jésus, le Christ-Roi de l’univers, et au jour de notre mort, n’ayons pas peur de paraître devant lui. Pour chacun de nous il ne sera pas le juge intraitable qui nous condamnera pour nos nombreuses fautes : il est pour tous le Roi de Miséricorde, le Roi d'Amour,qui nous invitera : « Venez, les bénis de mon Père, venez prendre place dans mon  Royaume préparé pour vous. » Amen

P Paul BERTHIER

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14 NOVEMBRE 2021 Homélie 33 Dim TOB - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « En ce temps-ci, ton peuple sera délivré » (Dn 12, 1-3)

Lecture du livre du prophète Daniel

PSAUME : (Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11)
DEUXIÈME LECTURE : « Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie » (He 10, 11-14.18)

Lecture de la lettre aux Hébreux

ÉVANGILE : « Il rassemblera les élus des quatre coins du monde » (Mc 13, 24-32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Homélie du 33é Dimanche du temps ordinaire B

Chers frères et sœurs, sommes-nous prêts à supporter la grande détresse dont parle le prophète Daniel et l’Evangile de ce jour? 

Ces deux textes appartiennent au genre apocalyptique qui déploie des symboles pour révéler le sens de l’Histoire. Ils nous invitent à nous laisser instruire pour lire les signes des temps pour nous préparer à l’avènement du Fils de l’homme qui est au cœur de l’espérance chrétienne. 

D’abord,Fils de l’homme : elle désigne le messie, et souligne en lui le plein accomplissement de l’humanité. Jésus est l’homme parfait, pleinement accordé à la volonté de Dieu qui sera donc comme tel, à son retour annoncé le juge référentde toute l’humanité. En fonction de lui certains s’éveilleront à la vie éternelle, d’autres à la déchéance éternelleselon qu’ils seront trouvés dignes ou non de partager sa gloire

Le texte de Daniel poursuit en nous expliquant d’une part en quoi consiste cette gloire, et d’autre part que le critère de ce discernement c’est l’intelligence et la justice : Ceux qui ont l’intelligence resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice brilleront comme les étoiles

On comprend donc que les astres désignent symboliquement la connaissance de Dieu et l’action droite conforme à ses desseins. Intelligerec’est littéralement lire de l’intérieur c’est-à-dire comprendre toute chose en son être profond pour y reconnaitre l’œuvre de Dieu qui les fait être telles. Et juger c’est discerner le bien à accomplir. 

Dès lors, lorsque Jésus annonce qu’avant sa venue le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, il n’est pas difficile de comprendre qu’il désigne une ère d’apostasie généraliséeoù l’Amour de Dieu se refroidira et où la conduite des hommes ne sera plus selon le droit naturel. 

Si nul ne connait la date de la fin du monde qui n’appartient qu’au Père comme le rappelle l’Evangile, force est de constater dans notre monde ces signes des tempsannonciateurs. L’iniquité qui frappe l’Eglise en son sein, l’étiolement de la foi en occident et parallèlement l’essor de législations attentatoires à la vie et à la nature profonde de l’homme n’en sont que quelques-uns. Nous devons regarder cette réalité de notre monde contemporain avec lucidité et espérance parce qu’elles sont le contexte dispositif de l’avènement du règne de Dieu pour lequel nous prions dans le Notre Père. 

Cette conscience de la proximité du jour de la révélation, loin de nous effrayer doit profondément nous réjouir, car alors le Seigneur viendra rassembler toutes les nations et mettre un terme définitif au mal. Notre prière en ces jours troubles doit se faire plus intense pour hâter ce retour du Christ victorieux : Maranatha, viens Seigneur Jésus dit l’Apocalypse comme en conclusion de toute la Bible. 

Le Psaume nous le rappelle : il est notre refuge, notre sort est dans ses mains, il ne peut nous laisser aller à la mort, en lui notre confiance, il est à ma droite, je suis inébranlable. Nous devons être porteur de cette espéranceet ni craindre quoique ce soit ni nous réfugier dans de fausses sécurités. Certains ont peur du virus, d’autres du vaccin, d’autres encore s’en rassurent. Certains ont peur des migrants, d’autres des populismes, d’autres encore s’en rassurent… et en tout cela règne la plus grande confusion sans aucune espérance. 

Comme chrétien, nous devons au contraire éclairer notre conscience par la foi en ne cédant ni à la peur, ni à l’intimidation ni aux mensonges du monde. Informons nous, exerçons notre jugement avec prudence, et librement mais en gardant toujours en vue la perspective du retour du Christ qui nous jugera sur l’Amour et la justice. Voilà seul ce qui doit diriger notre action. Ni la médecine, ni la politique, ni l’économie ne pourront nous sauver ni ajouter un jour à notre vie. Au contraire, la connaissance de Dieu et l’engagement en vue du bien véritable nous ouvrent les portes de l’éternité. Apportons donc dans ces débats un peu de sagesse et de hauteur de vue sans nous laisser enfermer dans une doxa angoissante. En demeurant dans la main de Dieu dans l’Espérance de l’avènement de son royaume, oeuvrons pour le bien et la vérité qui rendent libres. Amen. 

P Charles BONIN

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07 NOVEMBRE 2021 Homélie 32 Dim TOB - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Avec sa farine la veuve fit une petite galette et l’apporta à Élie » (1 R 17, 10-16)

Lecture du premier livre des Rois

PSAUME : (Ps 145 (146), 6c.7, 8-9a, 9bc-10)
DEUXIÈME LECTURE : « Le Christ s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9, 24-28)

Lecture de la lettre aux Hébreux

ÉVANGILE : « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres » (Mc 12, 38-44)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Homélie du 32eDim TOB

Deux veuves pauvres donnent à Dieu tout ce qu’elles ont pour vivre… Ou …pour vivre ! (Est-ce un accusatif ou datif : « en vue de vivre » ?)

C’est que de Dieu seul vient la vie véritable et non de nos richesses matérielles ou des honneurs que convoitent les pharisiens. Cet Evangile appelle à l’aumône et à la vérité en condamnant vigoureusement l’hypocrisie de ceux qui veulent se faire valoir et ne donnent que de leur superflu. Mais il nous interroge plus profondément sur le mobile intérieur de ces deux femmes. Comment un tel geste est-il possible dans leur condition d’indigence ? 

Il n’y a qu’une réponse, c’est leur confiance en Dieu et le fait qu’elles vivent non pour cette vie sur terre mais pour la vie éternelle. Elles font ainsi preuve d’un détachement admirable et d’une espérance remarquable. 

On la remarque chez la veuve de Sarepta : dans sa résignation à la mort qui ne l’empêche pas d’accomplir son devoir jusqu’au bout en ramassant du bois et en préparant des galettes et par l’encouragement que lui adresse Elie. On note la même attitude chez la veuve de l’Evangile dont on ne sait rien ce qui souligne son humilité. Elle passe inaperçue aux yeux des hommes mais Jésus qui voit au cœur n’a d’yeux que pour elle. 

Ces deux situations nous rejoignent lorsque nous sommes inquiets pour demain. Et il nous faut alors entendre la voix de Dieu nous dire comme Elie : « N’aie pas peur, va fait ce que tu as dit ». Ne nous laissons pas troubler par les sirènes du monde, ne prêtons pas l’oreille aux rumeurs, ne cédons pas à l’angoisse de lendemains sombres qui pousse de plus en plus de monde au désespoir. 

Notre Espérance vient d’ailleurs. Elle est en Dieu et en son Christ qui reviendra pour le Salut de ceux qui l’attendent dit la lettre aux Hébreux. De là vient toute joie et toute paix : en Dieu seul nous avons le repos car il est notre stabilité, le roc sur lequel nous pouvons nous appuyer. Heureux qui met son espoir en lui car il nous garde sa fidélité, il fait justice aux opprimés, rassasie les affamés, redresse les accablés et protège l’étranger comme le rappelle le psaume.

Cette transcendance de Dieu présent aux détresses de chacun, dispensateur de vie et de vérité pour tous est ce qui nous donne la force de traverser toute épreuve et de conserver en toute circonstance la sérénité que nous voyons chez ces veuves. Dépourvues de tout bien matériel elles sont riches du seul bien véritable : la Foi, c’est-à-dire l’assurance que tout est dans la main de Dieu et qu’il fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment. 

Cette sagesse profonde s’acquiert par le détachement, et le regard porté en toute chose sur les réalités ultimes. Notre Foi est eschatologique, elle regarde un futur, déjà présent qui vient dans la manifestation toujours actuelle de la présence active de Dieu. Nous célébrons en chaque Eucharistie cet avènement de Dieu dans notre vie qui vient tout transformer et remettre en perspective de la béatitude à laquelle nous sommes appelés. 

Pour vivre la joie et la paix profonde de ces veuves, il nous faut comme elle regarder vers le ciel et non vers la terre, pour que, loin de délaisser nos devoirs sur la terre, nous leur donnions toujours cette saveur du ciel qui les perfectionne. Efforçons nous de rendre ainsi toute chose relative, ordonné à cette manifestation de Dieu qui vient transformer nos vies. Une phrase de St Paul m’y aide souvent lorsqu’il dit en 1Co15,19 : « Si c'est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes » ou encore cette autre en Mt 6, 19-21 qui fait écho à l’Evangile de ce jour : ne vous amassez pas de trésor sur la terre mais dans le ciel, car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Si nous vivons dans cette perspective avec cette confiance que Dieu nous y accompagne alors nous sommes heureux comme ces veuves qu’aucune attache sur la terre ne retient et qui vivent déjà en l’omniprésence de Dieu. Puisse cette Eucharistie élever ainsi notre âme pour être victorieux de tout mal. Amen.

P. Charles BONIN

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07 NOVEMBRE 2021 Homélie 32 Dim TOB - Père Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : « Avec sa farine la veuve fit une petite galette et l’apporta à Élie » (1 R 17, 10-16)

Lecture du premier livre des Rois

PSAUME : (Ps 145 (146), 6c.7, 8-9a, 9bc-10)
DEUXIÈME LECTURE : « Le Christ s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9, 24-28)

Lecture de la lettre aux Hébreux

ÉVANGILE : « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres » (Mc 12, 38-44)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

32èmeDIMANCHE ORDINAIREB 2021

Il ne lui reste pas grand-chose à la veuve de Sarepta : un peu d’huile et une poignée de farine. Juste de quoi faire un petit pain pour son fils et pour elle. Et pourtant, elle accepte de donner tout cela au prophète Elie. Sa confiance sera récompensée, puisque l’huile et la farine ne diminueront point jusqu’à la fin de la famine.
Elle n’avait pas grand-chose non plus, la veuve de l’évangile : deux piécettes, c’est tout ce qu’elle avait pour vivre, et pourtant elle va les mettre dans le trésor du Temple.
Les lectures d’aujourd’hui nous proposent deux offrandes sans grande valeur marchande mais qui son faites dans un climat de confiance totale et une foi exemplaire. Donner ce que l’on possède, c’est une forme de générosité mais il y a des façons de donner qui peuvent être bien loin de la générosité. On peut donner largement pour se faire de la pub ou pire encore, pour se montrer, par  orgueil, pour qu’on parle de soi. On peut aussi payer très cher pour corrompre quelqu’un pour arriver à ses fins. 

Dans nos trois lectures, il n’en est pas de même : la veuve de Sarepta ne manquait pas de confiance pour aller sans hésiter, faire cuire une galette pour le prophète Elie. Vous allez dire qu’elle n’avait pas grand-chose à perdre puisqu’elle voulait se laisser mourir, elle et son fils… Mais tout de même, il n’est pas facile lorsqu’on a presque rien, de donner ce peu qui nous reste. Elle, elle n’a pas hésité, sa foi  en a été récompensée.

Et notre veuve, dans l’évangile, elle ne manque pas de foi, elle non plus. La situation des veuves au temps de Jésus n’était pas enviable. Elles étaient des exclues : sans leurs maris elles n’avaient aucune existence sociale. Elles étaient pratiquement condamnées à la pauvreté. Pourtant, Jésus qui avait surpris le geste de l’une d’elles a pu déclarer : « Avec ses deux piécettes, elle a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, elle, elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »Les spécialistes de l’Evangile nous disent que selon le texte grec on devrait traduire : « Elle a donné toute sa vie. »

Jésus aussi va donner toute sa vie pour le salut des hommes. La lettre aux Hébreux nous a rappelé que le Christ s’est offert pour enlever le péché du monde. Lui non plus, il ne possédait rien. Il le dira : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête.» Mais il a une confiance totale en son Père et reste à sa disposition : « Père, voici, je viens pour faire ta volonté. »Et cette volonté le conduira sur la croix pour le pardon de nos fautes. Et là, sur la croix, il va donner ce qu’il possède de plus cher, sa vie d’homme. 

Mais l’amour ne peut pas mourir : le Père le ressuscite. Ce geste de Jésus est tellement grand que maintenant, nous avons le pouvoir de revivre ce geste de confiance entre le Fils et le Père. De revivre cette histoire d’amour entre Dieu et sa créature représentée par son Fils. Chaque jour, dans l’Eucharistie nous recommençons cette offrande du Fils de Dieu à son Père : « Ceci est la coupe de mon sang, qui sera versé pour vous et pour la multitude, en rémission des péchés. »

Quelques fois nos vies semblent crouler sous le poids de la souffrance, de la maladie, du désespoir… On ne voit plus comment s’en sortir. Et si on allait trouver le Seigneur, et si on lui donnait, par amour, un peu d’huile et de farine, ou nos dernières petites pièces, et si on lui redisait toute notre confiance en la puissance de sa divinité, vous ne pensez pas qu’il trouverait une solution à nos problèmes ? Je suis sûr qu’avec ces petits riens il ferait renaître la joie dans nos cœurs…

Dans un instant, nous allons recevoir, chez nous, le Fils de Dieu. Redisons-lui toute notre confiance. Lui, comme il l’a toujours fait, il n’a qu’un désir c’est de nous faire revivre. 

Seigneur, apprends-nous à donner ce que nous avons et ce que nous sommes. Seigneur, apprends-nous à nous donner. Amen

P. Paul BERTHIER

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02 NOVEMBRE 2021 Homélie pour la MESSE DES DÉFUNTS - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre de la Sagesse (Sg 3, 1-6.9)
PSAUME: (26 (27), 1, 4, 7-9a, 13-14)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Co 15, 51-57)

ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 25, 31-46)

Homélie pour la messe des défunts 2 nov 2021

La parole de Dieu nous éclaire sur le mystère de la mort, autrement dit de la vie comme l’aurait dit François Cheng qui reconnait dans ses très belles méditations que ce terme éclaire ce que nous avons à vivre sur terre. Si en effet, la vie n’avait pas de fin quelle valeur aurait-elle ? Quel serait le sens de notre existence ? Tout deviendrait possible et tout serait finalement vain. 

Mais si à la lumière de la sagesse biblique nous comprenons que nous sommes de passage sur terre pour nous laisser transformer comme le dit St Paul, pour que périsse ce qui est périssable et que se révèle ce qui est immortel, alors nous comprenons que tout ce que nous avons semé dans ce monde dans la justice, dans la paix et dans l’amour demeurera pour l’éternité et s’épanouira dans la Gloire de Dieu. De notre vie en effet ne restera que le bien que nous aurons fait comme l’or purifiée de toute scorie du péché de toute paille de nos vanités par le feu de la miséricorde de Dieu. 

C’est souvent ce qu’on relève lors des funérailles où l’on évoque les bons souvenirs et les qualités du défunt passant vite ou occultant ce qui fut plus sombre. C’est sans doute ainsi que Dieu nous regarde et nous accueillera au soir de notre vie, mettant en lumière tout ce qui nous rendra digne de lui, tout ce qui sera conforme et ajusté à ce qu’il est lui-même pour paraitre en sa présence. L’Evangile nous rappelle ainsi que nous serons jugés non sur ce que nous avons cru, sur une doctrine ou un courant de pensée auquel on aurait adhéré avec plus ou moins d’engagement, mais sur ce que nous avons fait. Si Dieu est miséricordieux il est aussi juste en rendant à chacun selon ses œuvres. Nous avons en effet que cette terre pour aimer et laisser l’amour saisir toute notre vie inspirer tous nos actes. Plus nous agissons pour le bien de nos frères, plus notre cœur s’élargit à la mesure de l’infini de Dieu, plus nous devenons capables de Dieu, adéquat à le recevoir. Toute notre vie consiste ainsi à nous ajuster à ce qu’est Dieu lui-même par l’attention fraternelle que nous nous portons les uns aux autres comme lui-même se fait attentionné pour chacun. Voilà bien la finalité qui éclaire et donne le sens de notre existence. 

Si nous prions ce soir pour nos morts, c’est que nous croyons que Dieu accorde à ceux qui paraissent devant lui sans être prêts à recevoir de lui cet amour infini, un temps de purification pour que nos prières formulées pour eux par l’amour que nous continuons à leur porter continue d’élargir leur cœur. Par notre charité nous pouvons mériter pour ces âmes du purgatoire, c’est-à-dire accomplir pour eux ce qui leur a manqué pour entrer dans cette Gloire que Dieu promet à tous les justes, c’est-à-dire à ceux qui se sont ajustés à son amour. Recueillons nous donc en silence pour que monte de nos cœurs une louange unanime qui ouvrira pour eux la porte des cieux. Amen

P Charles BONIN

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01 NOVEMBRE 2021 Homélie pour la TOUSSAINT - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Lecture de l'Apocalypse de saint Jean (Ap 7, 2-4.9-14) 
PSAUME : (Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6) 
DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 3, 1-3)
ÉVANGILE : « Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)

Homélie Pour la Toussaint 2021

Je discutais un jour avec une de mes tantes, agnostique, qui me disait, moi je n’ai pas tellement envie d’aller au ciel parce qu’on doit s’y ennuyer à prier tout le temps. L’enfer ça à l’air plus sympa on doit faire la fête tous les jours. Difficile d’imaginer la vie des saints que nous fêtons aujourd’hui, vu que personne n’est revenu nous dire en quoi elle consistait. Pourtant les lectures de ce jour nous donnent quelques indices. 

Nous serons avec les anges et les anciens intégrés dans une liturgie céleste à la Gloire de Dieu. Revêtus de robe blanche purifiés de tout mal, nous serrons semblables à Dieu car nous le verrons tel qu’il est. Mais au-delà de ces images qui ne sont que figuratives nous avons l’assurance de l’Evangile que nous serons parfaitement heureux dans le royaume des cieux, héritiers de la terre, rassasiés de tout désir, purifié de toute misère et culpabilité. Une joie sans fin nous attend dans une relation filiale avec Dieu. Plutôt que d’imaginer en vain ce qu’il en sera comprenons qu’il s’agira d’un accomplissement, d’une plénitude dont nous ne pourrons pas être déçus. 

Cette récompense dont les béatitudes se font l’écho ne va pas sans un chemin dont l’Apocalypse nous dit qu’il est une épreuve. Epreuve de purification, épreuve de foi, épreuve d’Amour comme le précise st Jean. N’y aura-t-il donc que peu d’élus demandent ailleurs les disciples de Jésus craignant de ne pas en faire partie ? 144 000 répond l’Apocalypse. C’est peu si on le comprend littéralement comme le font à tort les témoins de Jehovah, oubliant que ce livre est un livre symbolique qui se poursuit d’ailleurs par la vision contradictoire d’une foule immense que nul ne pouvait dénombrer. Alors, il faudrait savoir peut-on compter le nombre des saints ou pas ? Il s’agit en fait de la multitude de ceux qui se sont laissé marquer par le sceau de Dieu de toute nation, tribus, peuple et langues.

Ce sceau, c’est le sceau de la charitéqui fait entrer dans la communion des saints. Au soir de notre vie dit Ste Thérèse nous serons jugés sur l’Amour. Tous les saints sont originaux parce que Dieu respecte le caractère et l’histoire personnelle de chacun. Ils sont donc inimitables mais tous ont en commun d’avoir traversé l’épreuve de leur vie sur terre avec amour. Ils ont triomphé du mal physique ou moral, la persécution, la maladie, la faim, l’injustice, les insultes, la pauvreté, la solitude par l’Amour qui soutenait leur espérance. Être saint, c’est laisser l’Amour du Christ être victorieux en nous de tous les mouvements mauvais que le mal suscite : colère, tristesse, envie, jalousie, paresse… Tout cela peut être dépassé par un regard vers le ciel. 

C’est cela la sainteté. Ce n’est pas un héroïsme, ô non ! et plutôt le contraire de l’héroïsme toujours teinté d’orgueil, c’est s’efforcer dans la faiblesse de laisser l’Amour de Dieu prendre le dessus en ne cédant rien au mal qui nous en détourne. La sainteté, disait St François de Sales, c’est rien par la force, tout par Amour. La sainteté, c’est un regard vers la croix quand la tentation survient, c’est un appel vers le ciel : « Jésus Christ, fils de Dieu sauveur prend pitié de moi pécheur ! », c’est le souvenir que nous sommes ainsi appelés à demeurer dans la main du Père, c’est la volonté de satisfaire Dieu et nos frères en chaque occasion. 

Alors en cette fête de la Toussaint demandons l’aide de ceux qui nous ont précédés pour avancer sur ce chemin de la béatitude. Repérons un défaut particulier et la qualité contraire pour nous entrainer à pratiquer cette qualité plutôt que de combattre de front ce défaut qui ne risquerait alors que de s’amplifier. Par exemple, plutôt que de nous mettre en colère, apprenons à demander la grâce de Dieu pour cultiver la douceur et la patience lorsque nous sommes en présence de quelqu’un qui nous irrite. Si nous sommes d’un naturel oisif ou égoïste, engageons-nous dans une œuvre pour le Seigneur et le service de nos frères par Amour pour Dieu. Souvenons-nous de Ste Thérèse qui s’est sanctifiée en ramassant des épingles par charité dans les couloirs de son couvent. Ainsi, en multipliant les petites choses toutes humbles accomplies avec Amour nous laissons le sceau de Dieu pénétrer en nous et gravissons dans sa main les marches de la béatitude pour compter parmi ces amis qui nous y aident et que nous fêtons aujourd’hui. Amen

P Charles BONIN

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31 OCTOBRE 2021 Homélie 31 Dim TOB - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre du Deutéronome (Dt 6, 2-6)

PSAUME: (Ps 17 (18), 2-3, 4, 47.51ab)  R/ Je t’aime, Seigneur, ma force. (Ps 17, 2a)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la lettre aux hébreux (He 7, 23-28)

ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 12, 28b-34)

Homélie Dimanche 31 TOB

Les commandements du Seigneur nous conduisent vers un pays ruisselant de lait et de miel, qui figure le plus grand bonheur. Ils le font par le chemin de l’Amour. Dieu nous a aimé le premier en nous créant à son image et en nous appelant à partager ce qu’il est lui-même : l’Amour. 

Mais qu’il nous est difficile de marcher sur ce chemin pourtant si joyeux et paisible. Ce qui nous en détourne, c’est le repli sur nous même plutôt que l’ouverture à Dieu et aux autres. Les prêtres de l’ancienne alliance avaient donc pour principale mission de restaurer la relation avec Dieu et avec les autres. Malgré leurs propres faiblesses, ils l’accomplissaient par des rites dans le Temple dont la vocation était justement de manifester communautairement cette alliance. Elle était toujours à recommencer, toujours, imparfaite puisque ce n’est que dans le Christ, vrai Dieu et vrai homme que se réalise pleinement cette alliance d’Amour dans une parfaite concorde des volontés. 

L’Eglise n’a d’autre mission que de continuer cette alliance établie dans le Christ pierre angulaire du temple saint que nous formons ensemble chaque fois qu’unis dans une même charité nous louons le Seigneur. Nos communautés sont fondées sur la foi. Celle de Pierre qui reconnait le Chrsit-messie et à qui Jésus répond : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié au ciel. C’est ce que nous aurions lu aujourd’hui si nous avions fêté la dédicace des Eglises dont on ne connait pas la date de consécration. Mais c’est la même réalité que nous voyons chez ce scribe de l’Evangile. Il est mû par le désir de plaire à Dieu et d’accomplir les commandements le plus parfaitement possible. Il cherche en un mot à accorder sa volonté aux desseins de Dieu. Telle est la vrai foi qui met en Dieu sa confiance et le cherche de tout son cœur. Et Jésus lui répond par un impératif relationnel : tu aimeras Dieu et ton prochain : c’est l’exercice de la charité envers Dieu et les hommes. 

Fort de cette règle de vie qu’il s’efforce d’appliquer ce scribe participe au royaume de Dieu. Jésus reconnait en lui un saint en chemin. Alors pour nous entendre dire à nous aussi tu n’es pas loin du royaume de Dieu, il est important de nous rappeler que notre vie chrétienne n’est pas l’appartenance à une institution ou à un courant de pensée, ce à quoi on réduit parfois l’Eglise à tort. La vie chrétienne n’a d’autre mesure que l’Amour que nous portons à Dieu et à nos frères dans la prière comme dans l’action : le culte et la bienfaisance. L’Eglise est une médiation au service de l’Amour en permettant la constitution de communautés tournées vers le ciel et les réalités ultimes et fondamentales de notre existence. Les prêtres sont au service de la foi de chacun. Par les sacrements, l’enseignement et l’accompagnement ils ont pour mission d’édifier le corps du Christ que nous formons ensemble chaque fois que nous nous ouvrons et exerçons ce double commandement de l’Amour. 

En donnant le Christ réellement présent dans l’Eucharistie, le prêtre actualise l’offrande du Christ sur la croix par laquelle nous communions les uns avec les autres à la vie même de Dieu. 

Laissons-nous donc transfigurer par lui, nous détournant de nous-même, pour nous tourner comme ce scribe vers le Christ et vers nos frères en lesquels ils se donne et entendre à notre tour la source même de la vie bienheureuse et de l’amour nous dire : tu n’es pas loin du Royaume des cieux. Amen

P Charles BONIN

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24 OCTOBRE 2021 Homélie 30 Dim TOB - Père Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre du prophète Jérémie (Jr 31, 7-9)

PSAUME: (Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la lettre aux hébreux (He 5, 1-6)

ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 46b-52)

30èmeDIMANCHE ORDINAIRE B 2021

 Le peuple d’Israël est en exil à Babylone. Dieu va organiser le retour du peuple dans la joie : « Voici que je fais revenir du pays du nord, l’aveugle, le boiteux, la femme enceinte, la jeune maman. »Dieu sauve son peuple de l’exil.

Dans l’Evangile, Bartimée , c’est un aveugle. Il est assis sur le bord du chemin. Il est seul dans sa nuit. Il est comme un exilé sur cette terre. Il attend un retour à une vie meilleure.

Il entend le bruit d’une foule qui arrive. « C’est Jésus qui passe sur la route. »lui dit-on. Il n’a pas fallu longtemps à Bartimée pour comprendre la chance qui se présentait à lui. Il ne pense plus à de grosses aumônes ou à quelques paroles de réconfort. Il entrevoit immédiatement sa guérison, son salut, son retour à la vie normale. Il a entendu parler de Jésus. Il sait ce qu’il a réalisé pour d’autres… Aujourd’hui, ça y est, il est sûr que ça va marcher pour lui. Il se met à crier de toutes ses forces : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »Et ça marche : Jésus s’arrête et l’interpelle. Bartimée n’y tient plus, il bondit, il jette son manteau et court vers Jésus.

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »Jésus connait très bien la réponse mais il laisse à l’aveugle le soin de s’exprimer :« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »

Bartimée, c’est chacun de nous, aveugles sur le bord du chemin. Oui, nous sommes des aveugles quand nous ne voulons pas voir Dieu dans la beauté de sa création…

Nous sommes des aveugles quand nous salissons la pureté d’un enfant.

Nous sommes des aveugles quand nous nous faisons de fausses idées sur Dieu : nous inventons un dieu qui est prêt à nous juger, à nous condamner, alors qu’il est miséricordieux et toujours prêt à nous pardonner…

Nous sommes des aveugles lorsque nous n’arrivons pas à découvrir la présence de Jésus dans chacun de nos frères…

Nous sommes des aveugles et Bartimée nous donne une bonne leçon parce que lui, il est plein d’humilité, plein de foi, de confiance. Il sait que Jésus peut tout pour lui. Il n’hésite pas un seul instant : il bondit, il court vers lui : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! »Et guéri de son mal, il se met à la suite de Jésus.

« Que veux-tu que je fasse pour toi » ? Maintenant, cette interrogation de Jésus prend tout son sens. Et c’est à nous qu’il s’adresse : 

« Veux-tu voir avec tes yeux de chair, comme tout le monde ? Ou bien veux-tu voir aussi avec ton cœur ?Veux-tu voir, veux-tu  me reconnaître  chaque fois que je  passe dans ta vie ? Je passe souvent mais pour me reconnaître, tes yeux de chair ne suffisent pas. 

Dans la prière, dans l’Eucharistie, dans tous les sacrements, c’est moi qui passe, qui te fortifie, moi qui t’invite à partager mon amour et tu as la tête ailleurs...« Que veux-tu que je fasse pour toi » ?

 Seigneur tu m’as donné des yeux de chair, et je t’en remercie, mais ce que j’aimerais que tu fasses c’est de me donner des yeux du cœur, des yeux pleins d’amour 

*Pour que jamais plus, tu passes près de moi sans que je te reconnaisse. 

*Pour que toutes les merveilles de la terre soient une prière de louange et d’action de grâce.

 *Pour que je sois persuadé de ta présence dans mes frères, même dans les petits, les enfants et les plus pauvres. 

*Pour que je sois enfin convaincu que tu m’invites chez toi dans ton royaume pour me combler de Bonheur, avec tous mes frères.   Amen  

P Paul BERTHIER 

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17 OCTOBRE 2021 Homélie 29 Dim TOB - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre du prophète Isaïe( Is 53, 10-11)
PSAUME: (Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la lettre aux Hébreux (He 4, 14-16)

ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Marc  (Mc 10, 35-45)

Homélie 29TOB

Chers frères et sœurs, si nous voulons avoir part à la Gloire du Christ que chacun se demande comment il peut servir aujourd’hui. Le fils de l’homme en effet n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour les multitudes. Nous aussi, nous devons nous servir les uns les autres. C’est ainsi qu’il est le grand prêtre, médiateur d’une alliance nouvelle entre Dieu et les hommes. C’est ainsi que nous exerçons notre sacerdoce baptismal. Par ses souffrances, il se charge de nos fautes et nous sommes guéris. Par l’offrande de sa vie il nous libère de nos tourments. Ainsi nous appelle-t’il aussi à porter le fardeau de nos frères et à nous offrir nous-même pour prendre soin des autres. 

C’est une conversion radicale, un 180° de nos conceptions habituelles. Nous vivons en cela un moment historique, précipité par les évènements récents des abus sexuels dans l’Eglise qui imposent une purification profonde. Cet Evangile du service était annoncé dès l’origine lorsque le Christ lava les pieds de ses disciples, leur demandant de faire de même. Si vous ne vous servez pas les uns les autres aurait-il pu leur dire, vous n’aurez pas de part avec moi. Le Concile Vatican II a encouragé cette participation active de tous les fidèles mais jamais ne s’est-elle présentée d’une manière aussi exigeante que maintenant que nous sommes humiliés comme le Christ en sa passion, défiguré par le péché des hommes. Une page de l’histoire de l’Eglise se tourne, comme la trahison de Juda fût un tournant dans la vie du Seigneur. On peut s’en inquiéter car il n’est jamais aisé de quitter le confort que nous avons connu à une place d’autorité. Mais on peut aussi s’en réjouir en considérant que nous n’avons jamais été aussi près du Royaume qu’en demeurant au pied de la croix qui l’inaugure. Ce royaume en effet n’est pas fait des honneurs et de la puissance dominatrice ordinaire des hommes, il est fait d’humilité et de don de soi. S’il passe par une mort, c’est pour une résurrection. 

A cette Pâque, ce passage libérateur et rédempteur, nous sommes aujourd’hui invités à prendre part en trouvant notre place de serviteur dans une église servante et pauvre. Si les tentatives de renouveau de l’Eglise ont échoué jusqu’alors, c’est peut-être qu’il y avait toujours cette question lancinante de savoir qui aurait la première place. A cette question Jésus répond par un appel à recevoir son baptême de sang et à boire à sa coupe. Autrement dit à substituer à nos schémas institutionnels hiérarchisés le modèle d’une fraternité de pairs où chacun œuvre pour le bien de tous. C’est cela la vraie synodalité, cette démarche dans laquelle nous entrons aujourd’hui non pas pour faire de l’Eglise une caricature de démocratie car cela encore est institutionnel, mais pour servir ensemble chacun selon ses charismes comme membres d’un même corps. Il est temps de prendre conscience que l’Eglise c’est nous, chacun de nous et pas seulement les prêtres, les évêques ou le pape dont on aurait tout à attendre sans rien faire nous-mêmes… en consommateurs. 

Puisque l’Eglise n’est plus à la première place dans le monde, il n’y a plus d’honneurs à en attendre et c’est une bonne nouvelle : c’est désormais le moment favorable où tout orgueil et égoïsme sera démasqué et où les humbles seront exaltés. Il est donc venu le temps de la fin où s’ouvre la porte du banquet des noces de l’Agneau. Mais elle est étroite et seuls les humbles dépossédés des richesses de ce monde pourront y entrer et goûter la joie et la paix des bons serviteurs. Large au contraire est le chemin de perdition pour ceux qui restent attachés à leurs convoitises et briguent les premières places. 

Il n’y a plus de délais pour nous mettre au service dans cette église nouvelle, celle du Christ qui s’offre sur la Croix pour la vie de ses frères. C’est maintenant l’heure du Salut offert à toutes les âmes de bonne volonté. L’ancien monde s’en est allé, mais au-delà de sa mort, un ciel nouveau pointe déjà. Nous avons dans la Bièvre un temps d’avance puisque nous réfléchissons depuis plus d’un an à l’Eglise que nous voulons vivre ensemble pour que chacun trouve à s’y impliquer. A nous de saisir cette opportunité de bâtir le Royaume qui vient en recevant la cité sainte qui descend du ciel jusqu’à nous dans le souffle de l’Esprit. 

P Charles BONIN

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10 OCTOBRE 2021 Homélie 28 Dim TOB - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « À côté de la sagesse, j’ai tenu pour rien la richesse » (Sg 7, 7-11)

PSAUME Rassasie-nous de ton amour, Seigneur : nous serons dans la joie.(Ps 89 (90), 12-13, 14-15, 16-17)

DEUXIÈME LECTURE : « La parole de Dieu juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12-13)

ÉVANGILE : « Vends ce que tu as et suis-moi » (Mc 10, 17-30)

 

Homélie pour dimanche 28TOB

Qu’est-ce que la sagesse ? Dans l’ancien Testament on apprend qu’elle préside à toute la création du monde. D’un mot, elle lui donne ordre et mesure. Elle est parfois personnifiée et partage l’éternité de Dieu. Le roi Salomon la demande dans une belle prière dont nous avons lu un extrait pour pouvoir gouverner son royaume. Cette sagesse communiquée par Dieu est alors perçue comme une aptitude pratique. Elle est un savoir-faire permettant d’être un bon roi, ou un bon artisan. Elle oriente ainsi toute chose vers son Bien. 

C’est ce qui fait courir le jeune homme de l’Evangile avide de savoir quoi faire pour obtenir le bien suprême, la vie éternelle. A sa question, Jésus le renvoie aux 10 commandements qui disent le bien à accomplir et le mal à éviter. Mais lui semble vouloir davantage, alors Jésus l’invite à le suivre, parce que la vraie sagesse, c’est lui, le vrai bien c’est lui, le verbe de Dieu qui conduit toute chose vers son plein accomplissement c’est lui, la parole de vérité qui éclaire nos choix de vie c’est lui. Avec Jésus la religion n’est donc plus une affaire de morale « permis, défendu », de préceptes à suivre pour être en règle. Elle n’est plus une orthopraxie, elle devient un chemin, une relation qui nous relie à Dieu, source de tout Amour. 

C’est à la fois très libérant et très exigeant. Libérant parce qu’on n’est plus enfermé dans une manière de faire mais exigeant parce que l’Amour réclame d’être toujours à l’écoute de l’autre plus que de soi-même. L’Amour appelle une disponibilité de cœur, un détachement, une ouverture, une aptitude à l’abandon, à se laisser déranger, au changement. Et cela peut être plus inconfortable finalement que d’appliquer bêtement une tâche que l’on maitrise. Mais c’est justement là la dignité de l’homme. Il n’exécute pas un programme comme une machine, il a reçu la capacité de discerner le bien par son intelligence éclairée par une conscience droite et la force de l’accomplir par une vertu entrainée avec le soutien de la grâce. 

Cela semble trop difficile à ce jeune homme de l’Evangile parce qu’il n’a pas un cœur de pauvre. Il veut bien faire, mais il n’est pas prêt à recevoir, il n’accueille finalement pas la parole qui l’invite simplement à aimer, à suivre, à entrer en relation. Il se prive ainsi de la meilleure part et s’en va tout triste. Celui qui veut posséder pour lui-même perd tout, à commencer par la joie et la paix. La vraie sagesse au contraire accomplit tout bien en se rendant attentif et prompt à répondre à toute sollicitation extérieure : « Suis-moi ». Cette seule parole juge des intentions du cœur profond, parce qu’elle met en mouvement sans se contenter d’une vague promesse. Elle fait passer du désir à l’acte et nous interpelle aujourd’hui ? Et toi : Es-tu prêt à me suivre jusque dans ta souffrance et ta mort pour atteindre la vie éternelle ? Es-tu prêt à te mettre en route à la rencontre de tes frères ? Es-tu prêt à aller de l’avant dans l’Espérance du Royaume que Dieu vous a préparé ou veux-tu partir toi aussi bâtir ailleurs tes châteaux en Espagne? 

L’actualité éprouve notre foi, notre quotidien suscite une charité renouvelée, plus engageante et héroïque mais notre Espérance est dans le nom du Seigneur qui fait tout contribuer au bien de ceux qui mettent en lui leur confiance. La voilà la vraie sagesse que nous demandons dans ce sacrement qui accomplit toute chose nouvelle. Amen

P Charles BONIN

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03 OCTOBRE 2021 Homélie 27 Dim TOB - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Tous deux ne feront plus qu’un » (Gn 2, 18-24)

PSAUME: (Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-6)  

DEUXIÈME LECTURE : « Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés doivent tous avoir même origine » (He 2, 9-11)

ÉVANGILE  : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mc 10, 2-16)

Homélie pour le Dimanche 27 TOB

Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! Cette injonction de l’Evangile se réfère à la première lecture du livre de la Genèse qui nous révèle l’intention créatrice de Dieu pour l’homme et la femme : Que tous deux reconnaissant leur équivalente dignité ne fassent plus qu’une seule chair. Cette intention est au fondement du sacrement du mariage qui réalise une alliance indissoluble à l’image de l’Amour de Dieu pour les hommes. Plus largement, cela nous rappelle notre vocation fondamentale à l’unité et à la stabilitédans l’Amour. Que tous soient uns dit ailleurs Jésus dans son testament spirituel (Jn17,21). C’est ainsi qu’il nous faut comprendre que le Royaume des cieux n’est ouvert qu’à ceux qui l’accueillent à la manière d’un enfant.

C’est en effet une qualité de l’enfant de ne vouloir faire qu’un avec ceux qui l’aiment, de chercher la sécurité auprès de ceux sur qui il sait pouvoir compter. L’enfant fait spontanément confiance et cherche naturellement le contact, il s’ouvre au monde et s’émerveille. C’est ce qui les fait courir vers Jésus qui s’élève contre ceux qui voudraient les en empêcher et les montre au contraire comme exemple. Ah si seulement nous pouvions brûler du même désir que ces petits de demeurer auprès de Dieu ! 

Cette réaction de Jésus doit nous faire prendre conscience de la conversion que nous devons opérer sur trois plans :

1/ laissez venir à moi les petits enfants : Les parents et éducateurs qui privent leurs enfants de la connaissance de Dieu portent une lourde faute dont ils devront rendre compte. Ils étouffent leur potentiel religieux et ferment leur âme lorsqu’ils ne satisfont pas à son besoin de s’épanouir dans la connaissance de Dieu. Ne pas les baptiser en prétendant qu’ils choisiront plus tard revient à les soumettre à l’emprise du mal en les privant des secours de la grâce. Comment choisiront-ils alors, celui dont on les aura alors délibérément éloignés ? Et comme il y a toujours un enfant qui sommeille en nous, nous sommes pareillement coupables de ne pas entretenir cette soif de Dieu en nous-mêmes ou de ne pas répondre à celle des autres. C’est un préjudice énorme de ne pas favoriser l’union des cœurs à Dieuautour de nous et la cause principale des maux qui ébranlent tant les familles que nos sociétés de plus en plus clivées. 

2/ Accueillir le royaume de Dieu à la manière d’un enfant : c’est retrouver cet élan spontané qui porte les enfants vers Jésus parce qu’ils reconnaissent en lui l’Amour et la vérité, l’assurance d’une bienveillance inamovible. Or nous vivons dans une société liquide comme nous en mettait en garde le pape Benoit XVI. On divorce comme on change de chemise, on supprime la vie des plus fragiles qui dérangent notre confort, on change les lois au gré des opinions fluctuantes, on abuse de l’innocence des petits. Mais tandis que ce monde bouge sans cesse privant chacun de repères fiables pour se construire, la croix du Christ elle, demeure, comme le dit la belle devise des chartreux. Voilà donc ce sur quoi nous devons reconstruire des relations de confiance : accueillir le don de Dieu offert au monde et nous efforcer de nous y conformer par l’offrande inconditionnelle de nous-mêmes. Dans nos états de vie comme au travail, il nous faut retrouver la fermeté de nos engagements, la rigueur de nos exigences pour le bien, la fidélité à la parole donnée

3/ Jésus les embrassait et les bénissait :Voilà à quels gestes simples de charité nous sommes invités. Il n’est pas normal de ne rester qu’entre nous, de ne pas aller vers une nouvelle famille qui arrive dans nos villages, nos paroisses ou telle ou telle réunion ou communauté. Soyons attentifs et attentionnés à chacun pour ne laisser personne seul privé de cette affection et du bien que le Christ prodigue à tous. Soyons au contraire les porteurs de cette joie de l’Amour fraternel autour de nous. 

Alors que nous nous préparons au choc de la révélation des crimes abominables de ceux qui ont trahi la confiance des enfants dans l’Eglise. Il nous incombe à tous, solidairement de rebâtir les bases d’une communauté vraiment unie et stable dans l’Amour en nous accueillant les uns les autres avec bienveillance comme le Christ qui laissait venir à lui tous ces petits. Amen

Père Charles BONIN

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26 septembre 2021 Homélie 26 Dim TOB - Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11, 25-29)

PSAUME  (Ps 18 (19), 8, 10, 12-13, 14)

DEUXIÈME LECTURE : « Vos richesses sont pourries » (Jc 5, 1-6)

ÉVANGILE  : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la » (Mc 9, 38-43.45.47-48)

 

Homélie 26 Dim TOB :

La première lecture et l’Evangile nous présentent des dissidents qui agissent pourtant au nom et pour la gloire de Dieu. On dirait aujourd’hui des personnes qui ne sont pas de l’Eglise, n’appartiennent pas à notre communauté mais se proclament du Christ. On les regarde avec suspicion, comme autrefois les juifs ou les disciples à l’égard de ceux qui ne sont pas du groupe. Dieu nous met en garde contre cette attitude : L’appartenance ne suffit pas et en tous cas ne limite pas la grâce de Dieu. Il faut agir en cohérence avec notre amitié pour le Christ par une pratique constante de la charité.

1/ Ainsi, il ne suffit pas de prétendre suivre Jésus en apparence pour être son disciple, il faut porter sa parole selon la grâce du baptême qui fait de nous des prophètes et lutter contre le mal en chassant tout ce qui l’alimente. Ces actions sont à notre portée et il est de notre devoir de chrétien de les accomplir. Chaque jour une parole de Dieu devrait éclairer notre journée et nous permettre d’apporter dans le monde la lumière de l’Evangile. « Ah si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes » s’exclame Moïse ! C’est toujours d’actualité et plutôt que d’envier ou de critiquer l’œuvre de tel ou tel chrétien ou communauté parce qu’elle n’est pas de notre sensibilité, retroussons nous les manches pour partager la Parole avec nos frères et voisins. Si elle nous fait vraiment vivre, nous devrions avoir davantage à cœur de la mettre en pratique et de la diffuser autour de nous.

2/ Pareillement n’allons pas croire que l’exorcisme est un pouvoir ésotérique de quelques prêtres tenu secret et exerçant son art dans un cabinet occulte. Exorciser, c’est demander à Dieu de faire sortir le mal. C’est ce que nous disons à chaque Notre Père en demandant : délivre nous du mal. Ce n’est donc pas l’apanage de quelques initiés mais un appel universel à se placer sous le nom de Jésus pour vivre de la pleine liberté des enfants de Dieu. Seulement nous n’y pensons pas toujours pour nous même et moins encore pour nos frères qui auraient pourtant parfois simplement besoin qu’on prie sur eux avec ferveur au nom de Jésus pour être libéré d’un poids ou d’une entrave. Osons ce geste et cette prière qui sauve sans en avoir honte ni timidité plutôt que de laisser aller ceux que nous aimons se perdre vers je ne sais quel guérisseur qui se révèlera au mieux charlatan au pire vraiment malfaisant. Ils sont plus nombreux qu’on ne le pense et l’on n’y prend pas garde. Seul le nom de Jésus sauve et le prier nous délivre du mal.

3/ Mais cette audace enthousiaste du vrai disciple qui proclame et délivre suppose une vraie liberté de cœur et c’est trop souvent ce qui nous manque lorsque nous nous attachons trop à nos richesses matérielles comme le dénonce la deuxième lecture. Pour porter efficacement la parole de vie et guérir autour de nous ceux qui souffrent comme nous y appelle le Seigneur, il nous faut être détachés. Celui qui amasse disperse sa vie en vain : ses richesses sont pourries dit l’Ecriture. Nous chrétiens sommes appelés à devenir des exemples de simplicité de vie et de détachement matériel. Nous devons être aux antipodes de la société de consommation pour porter l’Amour et l’attention à nos frères : C’est notre seule richesse.

Alors pour mettre en œuvre ces lectures devenir prophètes et guérir au nom du Christ, voici un geste concret à accomplir : commençons en ce début d’automne par vider nos placards de tout ce qui n’est pas utilisé er portons le au secours catholique. Nous ne tarderons pas à voir de réel progrès dans notre vie spirituelle : nous diffuserons la joie et nous libèrerons de bien des tourments. Traquons chez nous tout ce qui n’a pas servi depuis plus d’un an et offrons le au nom de Jésus, à ceux qui pourraient en avoir besoin et nous le verrons alors tout proche de nous ! Offrons à celui qui a moins et nous recevrons bien davantage ! Que cette Eucharistie nous fortifie dans cette résolution et fasse de nous des prophètes et des guérisseurs selon le cœur de Dieu. Amen.

P Charles BONIN

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19 SEPTEMBRE 2021 - Homélie 25 Dim TOB  Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE « Condamnons-le à une mort infâme » (Sg 2, 12.17-20)

PSAUME (Ps 53 (54), 3-4, 5, 6.8)

DEUXIÈME LECTURE « C’est dans la paix qu’est semée la justice, qui donne son fruit aux artisans de paix » (Jc 3, 16 – 4, 3)

ÉVANGILE:  "Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le serviteur de tous"  (Mc 9,30-37)

Homélie 25 Dim TOB

Le désir de domination est fortement ancré au cœur de l’homme. Les lectures de ce jour nous le révèlent comme la racine de nombreux maux qui s’enchainent dans un cercle vicieux : convoitise, jalousie, rivalité, meurtre, guerre. Voilà bien la tactique du diable qui opère par étape : suggestion, délectation, consommation pour nous laisser finalement dans un grand désarroi lorsque nous succombons à ses tentations. Contre ce piège il est un remède efficace : l’humilité parce qu’elle rejette la tentation dans son principe, lorsque celle-ci est encore faible.

Le combat spirituel c’est comme la lutte contre un incendie. Au début un verre d’eau peut suffire mais si l’on ne fait rien, quelques minutes après il faut un seau et bien vite une citerne. De même, il nous est plus facile d’éteindre l’incendie des passions lorsqu’il vient de s’allumer que lorsqu’il embrase tout notre être. L’humilité c’est ce verre d’eau salutaire. Il est tout petit, si petit qu’on le mépriserait parfois en rêvant de grandes choses y compris de grands combats ou de nobles œuvres spirituelles. Pourtant c’est par la fidélité aux petites choses que le seigneur nous en confira de plus grandes.

Tu veux progresser sur le chemin de la vertu ? Apprend donc à servir avant de te hasarder vers d’orgueilleuses mortifications. Tu veux être grand au royaume des cieux ? Soit le serviteur de tous sur la terre et surtout des plus petits. Ne demande pas pour toi-même ce qui pourrait t’enrichir ou te glorifier aux yeux des hommes, accueille l’enfant qui se présente pauvre et fragile espérant de toi un peu d’attention sinon de compassion. Accueille surtout l’enfant qui est en toi. C’est lui qui frappe à la porte de ton cœur pour l’ouvrir à toi-même. Derrière lui, c’est le Christ lui-même qui se cache et t’appelle à descendre le rejoindre.

Si Dieu est venu jusqu’à nous sous les traits d’un enfant et s’il les a béni et présenté en exemple c’est qu’il n’y a pas d’autre chemin vers lui que la voie de l’enfance. Il n’y a pas de naissance spirituelle sans décroissance proportionnelle de l’orgueil. Cette kénose, ou le Fils de Dieu s’abaisse entre les mains de ses bourreaux, il nous faut nous aussi l’accomplir, non seulement individuellement mais aussi en famille et en paroisse qui sont les lieux privilégiés de l’exercice de la charité. C’est à mesure que nous nous abaissons que le Seigneur en effet nous relèvera. Telle est la vraie sagesse qui vient d’en haut, folie pour les hommes mais si pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie qu’elle contribue à faire l’unité et la joie profonde de ceux qui la pratiquent. Cela ne faut-il pas bien d’avantage qu’une brillante carrière ou tel ou tel pouvoir ?

Combien aujourd’hui sacrifient le salut de leur âme ou leur vie de famille à la gestion de leur carrière, ou pire à leurs loisirs, ou aux signes extérieurs de richesse qui ne font autour d’eux que des envieux qui auront tôt fait de se détourner d’eux au premier revers de fortune ? Entre nous, il ne doit pas en être ainsi. De plus en plus de jeunes ont compris la perversité de ce système et choisissent à rebours, de revenir à un mode de vie plus simple et authentique refusant d’être les esclaves de gloire éphémères et de paradis artificiels solitaires. Ils ont compris le sens profond du partage fraternel et de l’entraide communautaire dans l’humble labeur de chaque jour. Ils goutent la douceur de se savoir créature entre les mains de leur créateur et font l’expérience d’une bienveillance sans convoitise qui fait l’unité et la joie véritable des cœurs pauvres. Voilà les valeurs qu’enseignait st Joseph à Jésus dans l’intimité de la petite maison de Nazareth et de son atelier de charpentier. Voilà ce qu’à son école nous devons nous aussi retrouver en paroisse, oeuvrant ensemble paisiblement pour le bien de tous.

C’est ainsi que nous formerons une vraie famille évangélisatrice par son rayonnement. Demandons que la présence de Jésus-Eucharistie crée en nous des cœurs de pauvres, d’enfants et de serviteurs dévoués les uns aux autres et au service de sa Gloire plutôt que des consommateurs avides qui chercheraient d’abord leur seul intérêt. Seigneur donnes moi un cœur d’enfant pur et transparent comme une source, généreux et fidèle ; un cœur simple, qui ne cultive ni tristesse, ni rancune ou amertume; un cœur joyeux de se donner sans rien demander en retour, tendre et compatissant, doux et humble, pour œuvrer en priorité sur cette terre à former entre mes frères cette sainte famille que tu donnas à ton Fils, à Joseph et Marie comme un avant goût du ciel. Amen.

Père Charles BONIN

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19 septembre 2021 LA SALETTE- 175ème Anniversaire des Apparitions: Père Paul BERTHIER 

C’est quoi La Salette ? C’est tout d’abord deux enfants bien jeunes : 11 et 15 ans, incultes ou presque, ils ne savent que quelques mots de français. Ils ne se connaissent que depuis deux jours. Ils sont montés avec leurs bêtes, pour les conduire dans les pâturages de la montagne.

La Salette c’est aussi une belle dame que ces enfants vont découvrir là, au fond d’un petit ravin. Elle est entourée d’un globe de lumière, elle est assise sur un rocher, la tête dans les mains et elle semble écrasée d’une lourde charge.

La Belle Dame se lève et invite les enfants : « Avancez, mes enfants n’ayez pas peur… » Et les enfants découvrent qu’elle pleure : « J’ai bien vu couler ses larmes tout le temps qu’elle nous a parlé, » dira Mélanie. La Salette, c’est une Belle Dame toute de lumière ; et la lumière semblait venir d’un grand crucifix qu’elle portait sur sa poitrine. Et sur cette Croix, Jésus semblait vivant.

La Belle Dame nous montre Jésus en Croix. 5 ans après l’apparition, l’évêque de Grenoble dira que cette Belle Dame, c’est Marie la Mère de Dieu et que son apparition a bien eu lieu ici à La Salette. Voilà donc Marie qui vient nous montrer son Fils qui meurt sur la Croix : « Depuis le temps que je souffre pour vous autres et vous n’en faites pas cas. »

La Salette c’est aussi ce message où notre mère vient nous avertir au nom de son Fils, que nous faisons fausse route : « Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l’accorder. » « Ceux qui conduisent les charrettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon Fils au milieu. » « Faites-vous bien votre prière mes enfants ? » Le respect du nom de Dieu, le respect du dimanche et la prière telles sont les priorités que Marie vient nous rappeler.

La Salette c’est aussi une mère qui vient avertir ses enfants, les inviter à la conversion et elle le fait avec ses larmes. Oui, elle pleure. Une mère qui aime ses enfants fera tout pour leur demander d’arrêter leur mauvaise conduite. Marie, la Mère de Dieu est venue nous avertir, nous supplier de changer : ses larmes, c’est son dernier recours.

Cette visite de la Reine du ciel, bien loin de nous attrister, doit nous redonner courage ; si Marie se déplace pour venir nous mettre devant nos responsabilités c’est que rien n’est perdu, tout peut encore changer. « S’ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre se trouveront ensemencées dans les champs. » Vous allez me dire que l’on n’a jamais vu des rochers devenir du blé, c’est vrai, mais on peut très bien voir deux personnes se réconcilier… On n’a jamais vu des pommes de terre pousser d’elles mêmes dans les champs mais on peut bien avoir vu des gens qui se pardonnent, qui renouent des liens brisés par orgueil ou par égoïsme. Le père Schlewer dans son livre "Choisissez donc la Vie", nous dit : « Le mal de Dieu c’est le mal de l’homme. » Tant qu’un homme souffrira sur la terre, les larmes de Marie ne pourront pas s’arrêter et son Fils restera à souffrir sur sa Croix.

Ne croyez-vous pas qu’il est temps pour nous de faire quelque chose ? Allons-nous laisser notre Mère pleurer sur ses gosses qui ne veulent rien savoir de sa peine ? Resterons-nous sans rien faire devant le Fils de Dieu qui meurt sur la Croix et devant la misère de nos frères autour de nous ? 

Père Paul BERTHIER

 

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12 septembre 2021 - 24ème DIMANCHE  ORDINAIRE. Homélie Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient » (Is 50, 5-9a)

DEUXIÈME LECTURE « La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte » (Jc 2, 14-18)

ÉVANGILE « Tu es le Christ… Il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup » (Mc 8, 27-35)

Homélie pour le 24e Dim TOB.

Accepter sa croix comme instrument de Salut.

 

Beaucoup du temps de Jésus s’interrogeaient sur son identité et cela créait des divisions. Aujourd’hui, on ne s’interroge plus beaucoup mais les divisions sont encore plus sévères sur des sujets de bien moindre importance et la confusion d’alors n’est peut-être rien comparée à celle de nos jours. Pierre pourtant trouve la solution, la clé, toujours actuelle, de bien des tourments : « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant ». Ce cri de la foi inspiré par le Père lui-même sauve comme la lumière d’un phare dans la nuit. Le nom de Jésus prononcé avec ferveur est l’ancre sûre qui nous tient ferme et paisible dans les plus violentes tempêtes dont le Fils de l’homme prévient ses disciples pour qu’ils ne se méprennent pas sur ce qui va arriver.

En effet, la souffrance, le rejet, la mort, qu’il annonce, c’est l’itinéraire du Salut déjà prophétisé par Isaïe dans le chant su serviteur souffrant. Peut-il en être autrement pour nous ? C’est peu probable car « le disciple n’est pas au dessus de son maître » et « Ma coupe vous la boirez » nous dit ailleurs Jésus. Ce que le Christ a vécu, nous qui sommes les membres de son corps, sommes appelés à le vivre également et les similitudes entre le temps de jadis et notre temps ne sont que les signes intemporels qu’il nous faut suivre le Christ dans sa passion et sa mort pour avoir part à sa résurrection. Ce n’est peut-être pas réjouissant mais force et de constater que la croix s’impose souvent dans nos vies malgré nous et suscite un légitime mouvement de répulsion que le Christ lui-même a vécu : « Je suis triste à en mourir » « Maintenant, mon âme est troublée et que Dire ? Père sauve moi de cette heure ? Mais non c’est pour cette heure que je suis venu» Comme Jésus dans son agonie, il est bien humain de demander à Dieu « s’il te plait éloigne de moi cette coupe » mais il nous faut apprendre de lui à ajouter « cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse mais la tienne ». Allons-nous refuser ces épreuves si elles peuvent être l’instrument de notre rédemption ?

Qu’il nous est difficile de comprendre et d’accepter qu’à travers la souffrance Dieu nous ouvre à une plus grande Gloire si nous apprenons à dépasser la révolte pour entrer dans un saint abandon confiant en sa miséricorde. Pourtant, nous sommes prévenus et nous le savons, même si nous ne voulons pas le voir, individuellement ou collectivement, seul ou en Eglise, nous allons tous devant une mort, une douloureuse dépossession de nous-mêmes, de ce qui nous constitue et nous est le plus familier, ne serait-ce qu’en vertu du principe physique d’entropie qui fait que tout s’use…. Ce serait donc s’illusionner de croire que nous allons vers des jours meilleurs et ce n’est pas être grand prophète que d’annoncer que de grands troubles et bouleversements sont devant nous. Nous sommes alors placés devant l’alternative de nous agripper anxieusement à tout ce qui ne peut que disparaitre ou de l’abandonner pour nous tourner vers ce qui demeurera pour l’éternité et nous y consacrer : l’amour

Telle est l’œuvre dont nous parle St Jacques : se préparer au Royaume qui vient, si nous sommes mûs par la foi et l’espérance en cet avènement promis, c’est gouverner sa vie dans la charité. Que notre confiance en Dieu s’incarne donc dans l’attention fraternelle que nous nous portons les uns aux autres. C’est le plus sûr moyen de demeurer ferme et paisible lorsque les épreuves surviendront. Il n’y a que l’Amour en effet qui nous permet de porter notre croix et d’obtenir le Salut, la foi seule ne peut y suffire. C’est bien pourquoi Jésus dit à Pierre malgré sa belle profession de foi : « passe derrière moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ». La suggestion de Pierre d’éviter la passion était en fait une tentation qui risquait de le détourner du don de lui-même sur la Croix pour le Salut de tous. C’est pourquoi, avant de répondre il regarde ses disciples avec Amour pour écarter cette proposition d’évitement et consentir à cet acte d’amour salvateur. Nous aussi, pouvons profiter de nos épreuves pour crier vers le ciel, redoubler de prière et de bonté les uns envers les autres et marcher ainsi sans faillir en « présence du Seigneur sur la terre des vivants » abandonnés avec confiance entre les mains du Père. Amen.

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29 Août 2021 - 22ème DIMANCHE  ORDINAIRE. Homélie Père Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne… vous garderez les commandements du Seigneur » (Dt 4, 1-2.6-8)

DEUXIÈME LECTURE :  « Mettez la Parole en pratique » (Jc 1, 17-18.21b-22.27)

EVANGILE : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes » (Mc 7, 1-8.14-15.21-23)

 

Les gens arrivent de la capitale, de Jérusalem, des gens haut placés ; ce sont eux qui interprètent la loi. Ce sont des purs, des gens qui soit disant, mettent en pratique tous les  préceptes de la loi de Moïse. Et ils se mettent à critiquer Jésus et ses disciples : « Tes disciples ne se lavent pas les mains avant de manger. Ils ne respectent pas la loi de Moïse ».

Jésus a toujours défendu les petits et les faibles, ceux qui savent qu’ils ne sont pas parfaits et voilà que des gens qui se croient purs, viennent les critiquer et les condamner... Jésus explose : « Isaïe a bien prophétisé  de vous, hypocrites » ! «Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ». Ce n’est pas la première fois que Jésus s’oppose aux scribes et aux pharisiens : dans la liturgie de cette semaine, l’Evangile de St. Matthieu nous montrait Jésus déjà en opposition totale avec eux : « Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites. » Je suis allé voir la définition du mot "hypocrite" : celui qui fait semblant, celui qui veut faire croire qu’il est comme ceci ou comme cela.

Jésus ne dit pas que le mal n’existe pas, il nous dit clairement d’où vient le mal : « C’est de dedans du cœur de l’homme que sortent  les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure, tout ce mal vient du  dedans et rend l’homme impur. » C’est la première fois et la seule fois, dans l’Evangile, que Jésus nous donne un catalogue de péchés à éviter.

Avez-vous remarqué, tous ces péchés à éviter, ils sont tous liés aux relations avec le prochain. Oui, Jésus fait la morale, mais cette morale est tournée vers l’autre, vers le prochain, vers nos frères... Plus qu’une morale, c’est une invitation à vivre l’amour. Et n’allons pas croire que cette parole s’adresse uniquement aux pharisiens et aux scribes : elle est aussi pour nous.

Oui, il nous arrive bien de faire comme les pharisiens, d’être hypocrites : « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi. » Je suis capable d’être chrétien une heure chaque dimanche et cinq minutes matin et soir... Le reste du temps je vis à ma guise, me souciant peu de mes frères. Est-ce cela l’exigence de l’amour ? N’est-ce pas de l’hypocrisie comme celle des scribes et des pharisiens ? Ne suis-je pas chrétien vingt quarte heures sur vingt quatre ?

Par contre, si je vais rencontrer Jésus–Christ, si je vais m’unir à lui dans son Eucharistie, si, poussé par lui, je me mets au service de mes frères, ma vie prendra tout son sens et bien loin d’honorer Dieu « du bout des lèvres » en faisant semblant, mon cœur, mon être tout entier sera offrande à ce  Dieu d’Amour. Ma vie sera action de grâce, et Dieu deviendra pour moi cet Ami qui m’accompagnera pas à pas pour m’aider, me guider, me transformer, me façonner à sa guise, et enfin me combler de son bonheur.

Avouez qu’on est bien loin de toutes ces questions du pur et de l’impur, de savoir s’il faut ou non se laver les mains. La seule loi qui puisse nous aider est la loi d’amour cette loi que Dieu a déposée un jour dans nos cœurs. Réécoutons ce que nous dit St. Jacques dans la deuxième lecture : « Frères bien-aimés, les dons les meilleurs, les présents merveilleux, viennent d’en haut, ils descendent tous d’auprès du Père de toutes les lumières. Il a voulu nous donner la vie par sa parole de vérité, pour faire de nous, les premiers appelés de toutes ses créatures. »

Nous avons un Père qui se soucie de nous. Il ne nous demande pas de nous laver les mains ou non, il nous demande d’aimer, et de tourner notre cœur, vers lui et vers nos frères.        

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15 Août 2021 ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE Homélie Père Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE :  Lecture du premier livre des Chroniques  (1 Ch 15, 3-4.15-16 ; 16, 1-2)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens   (1 Co 15, 54b-57)

ÉVANGILE :  Évangile de Jésus Christ selon saint Luc  (Lc 11, 27-28)

ASSOMPTION 2021

Aujourd’hui, c’est la fête de notre Mère du ciel. En général, pour la fête des mères ou pour la fête de chacune de nos mamans, les enfants lui font un compliment, lui offre des fleurs ou peut-être même un cadeau : ça marque la fête.

Aujourd’hui, pour Marie, retrouvons l’innocence de nos jeunes années et quelque soit notre âge, vivons ce moment très fort dans notre vie de chrétiens. Nous pouvons être certains que même s’il est un peu naïf, notre compliment à Marie la touchera à coup sûr. N’oublions pas qu’elle est semblable à nous, elle est bien de chez-nous, toute simple mais aussi, la plus grande, la plus belle, la première près de Jésus Elle veille sur nous, ses enfants. Elle suit nos moindres gestes : elle nous en donne un exemple dans son apparition à La Salette : elle rappelle à Maximin le geste et le souci de son papa. Dans la région à cette époque la famine menace la population. Monsieur Giraud lui aussi est en souci. Il donne un morceau de pain à son fils en lui disant :« Tiens mon enfant mange encore du pain cette année, je ne sais pas qui en mangera l’an prochain si le blé continue comme ça. »

Si nous portons notre regard sur Marie et que nous imaginions sa vie à Nazareth, un mot nous vient tout de suite à l’esprit : c’est le mot "simplicité". Certainement sa vie a été toute simple comme toutes les femmes de son peuple. Elle n’a pas du vivre dans l’opulence mais bien plutôt dans la pauvreté. Oui, pauvreté mais, j’en suis sûr, avec beaucoup de joies et de bonheur. Imaginez le bonheur qu’elle devait avoir de vivre tous les jours avec Jésus et Joseph. 

Marie savait-elle que son fils Jésus était Dieu ? C’est fort possible, l’ange Gabriel lui avait dit : « Il sera appelé Fils de Dieu. »alors vous pouvez imaginer la joie de partager sa vie de tous les jours avec son fils qui est Dieu.

En regardant vivre Marie, un autre mot nous vient à l’esprit, c’est le mot "exception". Oui, Marie est une femme d’exception. Déjà dés avant sa naissance, Dieu a réalisé, pour elle, des choses étonnantes. Dès le premier instant de sa conception, Dieu a porté les yeux sur elle. Il l’a protégée de toutes traces du péché : elle est l’Immaculée Conception. Et pour cela, elle sera toute sa vie durant, en communion totale avec la volonté de Dieu. Elle sera celle qui a toujours dit OUI aux désirs de Dieu.

" OUI "tel est le mot qui caractérise aussi celle que nous fêtons aujourd’hui. Elle a su dire « oui »et elle ne l’a jamais repris son " oui "même quand elle a entendu la foule qui criait à propos de son Fils : « A mort ! Crucifie-le ! »Même au pied de la croix, même quand elle a reçu dans ses bras, le corps inerte de son Enfant qu’on avait crucifié.

Elle a su dire « Oui », et son "oui" a été récompensé. La Tradition veut qu’elle soit la première à qui Jésus ressuscité ait rendu visite au matin de Pâques. Sa joie est à son comble. Son Fils a vaincu la mort. Sa mission a été une réussite totale… Alors vous pensez bien que Jésus allait faire quelque chose de spécial pour sa Mère. Elle qui avait dit « Oui »toute sa vie à la volonté de Dieu méritait bien une petite avancée dans le temps, encore une exception pour elle toute seule ; c’est pourquoi nous fêtons aujourd’hui l’Assomption de Marie.Cette fête nous rappelle que Dieu a fait entrer au Ciel Marie, corps et âme, le jour de sa mort.

Non seulement Marie devient notre modèle de vie, nous montrant comment réaliser la volonté de Dieu, mais en plus, elle nous trace le chemin que tous, nous prendrons à la résurrection des morts. N’oublions pas que Marie est aussi notre Mère. Elle est toute puissante auprès de son Fils. Marie comme son Fils Jésus, n’a qu’un désir, c’est de nous voir heureux et de nous accueillir dans le Royaume du Père. N’oublions pas non plus, qu’elle tient, pour nous, la porte ouverte du paradis. Amen

P Paul BERTHIER

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25 JUILLET 2021 HOMÉLIE 17ème DIMANCHE ORDINAIRE B P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE  Lecture du deuxième livre des Rois  (2 R 4, 42-44)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens   (Ep 4, 1-6)

ÉVANGILE  Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  (Jn 6, 1-15)

 

Homélie du dimanche 17 juillet B

Le récit de la multiplication des pains nous dit la providence de Dieu. Dieu est bon et pourvoit aux besoins de son peuple comme Elisée et les gens de la maison au même titre que les hébreux recevant la manne au désert en ont fait l’expérience. C’est le premier enseignement de ces lectures. 

Il est bon de nous rappeler cette vérité fondamentale de notre foi que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment, il n’est pas étranger à nos besoins et fait même preuve d’une étonnante sollicitude. Ainsi Jésus choisit-il un coin de pique-nique agréable : l’évangile relève ainsi qu’il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ce n’est pas seulement un détail, ou plutôt cela montre que Dieu est attentif à tous les détails de notre vie. Cette providence de Dieu attentif à tant de détails suscite notre confiance et c’est ce que Jésus fait lorsqu’il interroge Philippe. Il nous interroge de même lorsque nous buttons sur toute sorte d’épreuve en nous appelant à nous tourner vers lui pour lui présenter nos besoins. C’est le deuxième enseignement que nous pouvons retenir : ne laissons jamais l’inquiétude ni le doute s’immiscer en nous. Lorsqu’ils surviennent posons des actes de confiance redisons notre foi. 

Un bon moyen de le faire c’est de reconnaitre, nos manques, nos faiblesses malgré notre bonne volonté. C’est le sens de l’offrande du jeune homme de l’évangile : « cinq pains d’orge et deux poissons, qu’est-ce que cela pour tant de monde ?! » Souvent cet aveu un peu découragé nous retient d’agir. « A quoi bon, je ne puis à moi seul changer le cours des choses ! » Seul non mais avec la grâce de Dieu tout est possible pourvu que comme ce garçon nous osions entreprendre, nous mettre en chemin humblement mais sans crainte de l’échec ou des moqueries. Ce troisième enseignement nous exhorte au courage et à l’action même lorsque nous nous sentons isolé, trop faible ou incapable. Jésus nous invite à entrer en relation avec d’autres et avec le Père pour accomplir son œuvre avec notre concours. C’est ainsi qu’il accomplit des miracles et transforme nos indigences reconnues avec humilité en merveilles pour tous. 

Il nous faut enfin nous interroger sur les restes de ces repas. Ils mangèrent et il en resta dit la première lecture. « Ils rassemblèrent et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge restés en surplus » souligne l’Evangile. On pourrait penser que c’est du gâchis mais non car Jésus demande que rien ne se perde. Alors pourquoi avoir multiplié une telle quantité sinon pour nous dire la surabondance de l’Amour de Dieu. Il n’est pas seulement provident, il est aussi généreux dans ses dons et nous offre bien plus que nous n’osons demander (cf Eph3,20). C’est le quatrième enseignement de ce jour. 

Mais que faire avec ces restes dont il ne faut rien perdre sinon les partager ? Nous avons reçu cette bonne nouvelle de la providence divine ; Qu’en ferons-nous ? Allons nous la garder égoïstement ou irons-nous la transmettre à ceux qui ne l’ont pas entendue ? Nous allons recevoir le pain eucharistique, ne nous restera-t-il pas un peu de cet amour donné à partager avec nos frères qui ne connaissent pas ce mystère de la vie donnée en abondance ? Voilà le cinquième enseignement que Jésus nous donne aujourd’hui pour nous mettre en route joyeusement à sa suite. 

Sûrs de sa parole, confiants en sa providence et en l’abondance de ses dons, rendons grâce et partageons généreusement ce que nous avons reçu pour avoir part ensemble au bonheur qu’il nous promet dans l’unité de la charité, dont st Paul nous rappelle qu’elle est la dignité même de notre vocation baptismale. Amen. 

P Charles BONIN

25 JUILLET 2021 HOMÉLIE 17ème DIMANCHE ORDINAIRE B P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE  Lecture du deuxième livre des Rois  (2 R 4, 42-44)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens   (Ep 4, 1-6)

ÉVANGILE  Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  (Jn 6, 1-15)

 

Homélie du dimanche 17 juillet B

Le récit de la multiplication des pains nous dit la providence de Dieu. Dieu est bon et pourvoit aux besoins de son peuple comme Elisée et les gens de la maison au même titre que les hébreux recevant la manne au désert en ont fait l’expérience. C’est le premier enseignement de ces lectures. 

Il est bon de nous rappeler cette vérité fondamentale de notre foi que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment, il n’est pas étranger à nos besoins et fait même preuve d’une étonnante sollicitude. Ainsi Jésus choisit-il un coin de pique-nique agréable : l’évangile relève ainsi qu’il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ce n’est pas seulement un détail, ou plutôt cela montre que Dieu est attentif à tous les détails de notre vie. Cette providence de Dieu attentif à tant de détails suscite notre confiance et c’est ce que Jésus fait lorsqu’il interroge Philippe. Il nous interroge de même lorsque nous buttons sur toute sorte d’épreuve en nous appelant à nous tourner vers lui pour lui présenter nos besoins. C’est le deuxième enseignement que nous pouvons retenir : ne laissons jamais l’inquiétude ni le doute s’immiscer en nous. Lorsqu’ils surviennent posons des actes de confiance redisons notre foi. 

Un bon moyen de le faire c’est de reconnaitre, nos manques, nos faiblesses malgré notre bonne volonté. C’est le sens de l’offrande du jeune homme de l’évangile : « cinq pains d’orge et deux poissons, qu’est-ce que cela pour tant de monde ?! » Souvent cet aveu un peu découragé nous retient d’agir. « A quoi bon, je ne puis à moi seul changer le cours des choses ! » Seul non mais avec la grâce de Dieu tout est possible pourvu que comme ce garçon nous osions entreprendre, nous mettre en chemin humblement mais sans crainte de l’échec ou des moqueries. Ce troisième enseignement nous exhorte au courage et à l’action même lorsque nous nous sentons isolé, trop faible ou incapable. Jésus nous invite à entrer en relation avec d’autres et avec le Père pour accomplir son œuvre avec notre concours. C’est ainsi qu’il accomplit des miracles et transforme nos indigences reconnues avec humilité en merveilles pour tous. 

Il nous faut enfin nous interroger sur les restes de ces repas. Ils mangèrent et il en resta dit la première lecture. « Ils rassemblèrent et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge restés en surplus » souligne l’Evangile. On pourrait penser que c’est du gâchis mais non car Jésus demande que rien ne se perde. Alors pourquoi avoir multiplié une telle quantité sinon pour nous dire la surabondance de l’Amour de Dieu. Il n’est pas seulement provident, il est aussi généreux dans ses dons et nous offre bien plus que nous n’osons demander (cf Eph3,20). C’est le quatrième enseignement de ce jour. 

Mais que faire avec ces restes dont il ne faut rien perdre sinon les partager ? Nous avons reçu cette bonne nouvelle de la providence divine ; Qu’en ferons-nous ? Allons nous la garder égoïstement ou irons-nous la transmettre à ceux qui ne l’ont pas entendue ? Nous allons recevoir le pain eucharistique, ne nous restera-t-il pas un peu de cet amour donné à partager avec nos frères qui ne connaissent pas ce mystère de la vie donnée en abondance ? Voilà le cinquième enseignement que Jésus nous donne aujourd’hui pour nous mettre en route joyeusement à sa suite. 

Sûrs de sa parole, confiants en sa providence et en l’abondance de ses dons, rendons grâce et partageons généreusement ce que nous avons reçu pour avoir part ensemble au bonheur qu’il nous promet dans l’unité de la charité, dont st Paul nous rappelle qu’elle est la dignité même de notre vocation baptismale. Amen. 

P Charles BONIN

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18 JUILLET 2021 HOMÉLIE 16ème DIMANCHE ORDINAIRE B P PAUL BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE :  Lecture du livre du prophète Jérémie  (Jr 23, 1-6)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens   (Ep 2, 13-18)

ÉVANGILE :  Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 6, 30-34)

 

16èmeDIMANCHE ORDINAIRE B 2021

Pour Jésus et pour les Apôtres, la journée commence   merveilleusement  bien. Jésus propose un temps de vacances : « Venez à l’écart, dans un endroit désert et reposez-vous un peu. »Oui, parce que les Apôtres reviennent de mission. Ils sont fatigués et ils ont beaucoup de choses à raconter. Et les voilà partis sur le lac à la recherche d’un endroit calme. Mais la foule qui a compris leur manœuvre, les précède sur la rive, c’est pourquoi : « En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux car ils étaient comme des brebis sans berger. »

L’expression est évocatrice, elle nous fait penser à des gens qui vont et viennent sans but précis. Ils se laissent porter par la vie autour d’eux. Leur vie, c’est "métro, boulot, dodo". Il nous suffit d’ouvrir les yeux pour voir autour de nous ces brebis sans berger, il arrive même que nous faisons partie de ces brebis.

Pourtant, le progrès devrait nous faciliter la vie : le travail est moins pénible, il y a la sécurité sociale et toutes sortes de prises en charge, à la fin de la vie professionnelle il y a la retraite ; pourtant, nous ne pouvons que constater qu’il y a dans nos vies beaucoup de dysfonctionnements : divorces, familles recomposées, enfants qui ne savent plus où est le bien et où est le mal, mensonges, infidélités, injustices, sans parler des difficultés que nous avons à respecter les autres. Nous nous trouvons désemparés, incapables de trouver des solutions pour sortir de nos impasses…

« Jésus se mit à les enseigner longuement. »Nous ne savons pas ce que Jésus a pu leur dire, mais il est Parole de Dieu il a dû trouver les mots qu’il fallait. Je me suis posé la question : « Que nous dirait Jésus aujourd’hui à nous qui sommes trop souvent désemparés ? » 

Peut-être que Jésus nous dirait des choses qui ne nous feraient pas plaisir : « Lorsque l’homme veut se mettre à la première place, c’est une catastrophe pour tout le monde. Lorsque l’homme désire posséder toujours davantage, il n’y a plus de justice possible, lorsque l’homme se met à la place de Dieu, il devient idolâtre, il n’a plus besoin de Dieu, et alors il s’en fabrique un à sa mesure. »

Ce que pourrait aussi nous dire Jésus ce sont les mêmes mots qu’il employait autrefois : « Aimez-vous les uns les autres. Dieu est un Père pour vous ; il est plein de tendresse, plein de miséricorde, un Père qui vous aime, qui vous invite dans son Royaume : il veut votre bonheur. »

Le but de la vie, c’est Dieu mais l’homme ne peut pas se justifier lui même : il est créé à l’image de Dieu et il a besoin de regarder et d’imiter son modèle divin. Notre vie a un sens, un but ; elle va vers Dieu.Et chaque jour nous devons faire une partie du chemin, découvrir un peu mieux l'itinéraire qui nous permet de le rejoindre dès maintenant. Nous allons vers Dieu, mais pas tout seuls, avec les autres. Tout ce que nous faisons de bien pour eux, même le plus petit geste, n'est jamais perdu.

Pour nourrir votre espérance, je vous laisse sur une note pleine de promesse de la part de Dieu. Je vous invite à méditer cette phrase de l’Evangile de St Luc au chapitre 12 verset 32 : « Sois sans crainte petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. »  Amen

P Paul BERTHIER

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11 JUILLET 2021 HOMÉLIE 15ème DIMANCHE ORDINAIRE B P Charles BONIN
PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre du prophète Amos (Am 7, 12-15)
DEUXIÈME LECTURE :  Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens (Ep 1,3-14)
ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 6,7-13)

Homélie pour le 15eme Dimanche TOB

Le prophète Amos est appelé sur son lieu de travail sans l’avoir voulu. Les Douze ont été dérangé dans leur activité par Jésus qui les choisit sans critère sélectif évident et les envoie dans des conditions imprudentes et peu convenables. Question : Pourquoi Dieu désigne et réserve ceux là et pas d’autres ? Y en a-t-il qui sont promis à le suivre dans le Salut et d’autres laissés pour compte ? Pourquoi certains reçoivent-ils davantage et d’autres moins avec des exigences proportionnées? Sont-ils seulement libres de leur réponse à Dieu ou prisonnier d’un destin qui les dépasse? Tout est-il écrit d’avance puisque Dieu sait tout et peut tout? C’est toute la question de la prédestination à laquelle répond St Paul aux Ephésiens mais que l’Eglise a diversement compris dans l’Histoire. 

St Augustin et après lui Calvin et les Jansénistes ont eu une compréhension restrictive du Salut pensant que seuls seraient sauvés ceux que Dieu avait librement et gracieusement choisis. Ils soulignaient ainsi que c’est par un don gratuit que Dieu sauve certains de la damnation dans laquelle le péché nous enferme. Mais il fallait encore affirmer que ce don est universel, car Dieu veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tim 2,4). C’est ainsi qu’il faut comprendre St Paul qui enseigne aux éphésiens que nous sommes prédestinés à la sainteté pour devenir des fils adoptifs immaculés dans l’Amour. Mais si Dieu réalise ainsi tout ce qu’il a décidé comme le précise St Paul quelle liberté reste t’il a l’homme ? Est-ce que, comme le chantait Michel Ponaref « on ira tous au paradis » indépendamment du bien ou de mal commis ? On voit bien ce qu’il y aurait d’injuste dans une telle conception. Si Dieu est miséricordieux en proposant à tous le Salut, il est juste est bon en laissant à l’homme la liberté de l’accueillir. 

C’est ce qu’exprime ce geste bizarre de l’Evangile où les apôtres secouent la poussière de leurs pieds en quittant une ville qui ne les a pas reçus. Il signifie que la foi ne s’impose pas et que l’homme est laissé à son choix à ses conséquences. Comme les apôtres qui laissent à ces habitants hostiles la terre qui s’attache à leurs sandales, Dieu ne prend rien à ceux qui le refusent et respecte leur décision de ne pas accueillir le salut offert. 

Parmi ceux qui répondent en revanche à l’appel du Seigneur certains reçoivent une mission particulière pour l’accompagner au plus près et aider leurs frères et sœurs à marcher à la suite du Christ vers cette sainteté qui est notre vocation commune. Tous sur ce chemin, à l’instar des apôtres, nous sommes appelés à 3 choses qui déploient le don de la grâce qui nous sauve : 

  • La foi confiante manifestée par la simplicité de vie et une certaine pauvreté des moyens avec lesquels Jésus envoie les douze pour témoigner qu’ils comptent d’avantage sur Dieu que sur eux-mêmes
  • L’espérance du Salut exprimée par les onctions d’huile qui guérissent et l’expulsion des démons qui attestent que Dieu sauve réellement ceux qui mettent en lui leur confiance. 
  • La charité représentée par le fait que les apôtres sont envoyés deux par deux et s’en remettent à l’hospitalité de ceux vers qui ils sont envoyés.

Ces trois vertus théologales sont un don de Dieu que tout disciple est appelé à vivre et faire grandir pour que se déploie en lui la grâce du Salut offert à tous. Voilà donc ce à quoi nous sommes prédestinés, c'est-à-dire appelés par Dieu pour le plein épanouissement de notre vie qui fait de nous des saints. Demandons donc dans cette Eucharistie la Foi, l’Espérance et la Charité et efforçons nous de les exercer par des actes concrets qui témoignent dans le monde de la joie de nous savoir ainsi aimés et promis au bonheur pour l’éternité. Amen.  

P Charles BONIN

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04 JUILLET 2021 HOMÉLIE 14ème DIMANCHE ORDINAIRE B P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre du prophète Ézékiel  (Ez 2, 2-5)

DEUXIÈME LECTURE :  Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (2 Co 12,7-10)
ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 6, 1-6)

Homélie pour le dimanche 14 TOB

Un prophète n’est méprisé que dans sa famille, son pays et sa propre maison. Il y aurait donc autour de nous des prophètes ignorés ? Sans doute puisque par notre baptême nous sommes tous prophètes réalisant ainsi le souhait de Moïse: « Ah puisse tout le peuple de Dieu être prophète, Dieu leur donnant son Esprit » (Nb 11,29). Mais qu’est-ce qu’un prophète ? 

Disons déjà ce qu’il n’est pas : un diseur de bonne aventure ou un voyant extralucide capable de prédire l’avenir, un mage hirsute issu de nulle part, un gourou guérisseur envoutant. 

Voyons maintenant ce qui caractérise le prophète :

1/ Il est animé de l’Esprit de Dieu comme il est dit dans la première lecture : « l’Esprit vint en moi et me fit mettre debout ».

2/ Le prophète a entendu la Parole de Dieu puisqu’il est encore dit : « j’entendis le Seigneur qui me parlait ainsi » et St Paul dit qu’il a reçu des révélations exceptionnelles. C’est donc quelqu’un qui écoute. 

3/ Le prophète est envoyé pour porter la bonne nouvelle de Dieu aux autres : « C’est à eux que je t’envoie et tu leur diras…lisons nous encore au livre d’Ezéchiel ». Il est issu du peuple et envoyé dans le peuple pour le peuple. 

4/ Le prophète est familier de la souffrance, tenaillé par une écharde dans la chair comme St Paul, ou mal reçu comme le Christ dans l’Evangile, il accepte pourtant pour lui, « les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions angoissantes » ; non par goût malsain mais pour témoigner ainsi de son espérance en Dieu plus forte que tout mal, et pour communier aux souffrances rédemptrices du Christ. Dans l’épreuve il est ferme dans la foi et fort d’une espérance en la joyeuse issue de son chemin sur la terre. 

5/ Enfin, comme Jésus qui enseigne le chemin vers la vie bienheureuse, guérit les malades, rassasie les affamés, soutient les affligés, le prophète est un homme de bien : Il édifie, exhorte, console dit St Paul au Corinthiens (1co14,3). 

Ainsi précise-t-il, il amène ceux qui ne croient pas à reconnaitre que Dieu est réellement parmi nous. C’est donc un don supérieur, bien plus souhaitable que le don des langues, de guérison ou de toute autre manifestation sensible car il conduit directement à Dieu. 

Il est donc juste et bon de demander ce charisme, c'est-à-dire que se déploie dans toute notre vie cette grâce particulière de notre baptême : d’être animé de l’Esprit de Dieu, porteur de sa parole, fort dans l’adversité, témoin de l’Espérance en faisant le bien autour de nous pour avancer ensemble joyeusement en présence du Seigneur. N’hésitons pas à prier le Christ de nous associer à son œuvre en commençant déjà à convertir nos cœurs pour le reconnaitre en chacun de nos frères et sœurs pour que s’accomplissent les miracles qu’il veut réaliser au milieu de nous. Oui vraiment, il y a des prophètes parmi nous et nous sommes tous appelés à le devenir pour la joie du monde en reconnaissant toujours plus dans la louange les merveilles quotidiennes que Dieu fait pour nous et dans notre entourage. Amen. 

P Charles BONIN

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04 JUILLET 2021 HOMÉLIE 14ème DIMANCHE ORDINAIRE B 2021 P Paul BERTHIER

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre du prophète Ézékiel  (Ez 2, 2-5)

DEUXIÈME LECTURE :  Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (2 Co 12,7-10)
ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 6, 1-6)

14èmeDIMANCHE ORDINAIRE B 2021

Dernièrement, une maman me disait tout son désarroi : «  Je ne sais plus que faire, nous avons éduqué nos enfants le mieux possible, dans la religion, leur montrant le bon exemple, leur indiquant des valeurs sûres, et lorsqu’ils sont devenus adultes, ils ont tout abandonné. On dirait que leur vie chrétienne est morte : ils vivent en couple en dehors du mariage, leurs enfants ne sont même pas baptisés, ils n’ont plus aucune pratique religieuse et ils n’écoutent pas lorsqu’on leur en fait le reproche… Mon mari et moi, on a mal, on a profondément mal. »

Aujourd’hui, on retrouve de nombreuses situations comme celle-là. Et voilà que l’Evangile nous dit qu’il n’est pas facile d’être apôtre auprès de nos proches. Jésus lui-même a connu cet échec.

« Jésus, le fils de Joseph, le charpentier, mais oui, on le connaît très bien !...  Mais dites, depuis qu'il ne travaille plus avec son père, il paraît qu'il accomplit des merveilles. On raconte qu'il réalise des choses vraiment extraordinaires : il guérit des malades, redonne la vue à des aveugles, on a même dit qu'il aurait redonné la vie à plusieurs personnes. C'est à peine croyable : d'où cela lui vient-il ? il est pourtant bien le fils de Marie et de Joseph. Sa mère Marie on la connaît bien, elle est brave cette femme il n'y a pas meilleure qu'elle, et son père Joseph, voilà un bon artisan !  Jésus, on l'a vu grandir, au milieu des enfants du village.

C'est vrai qu'il n'était pas comme les autres garçons : jamais un mot de travers. Sa parole était toujours vraie. On ne l'a jamais surpris à dire le moindre mensonge. Et puis il était toujours attentif aux autres, surtout les plus pauvres, les plus délaissés, les malades, ceux qu'on a tendance à oublier dans un groupe... Il les comprenait comme ça, sans parler, rien qu'en les regardant. Là encore, quand il posait son regard sur vous, on ne pouvait plus l'oublier. Ce n'était certainement pas un regard de reproche, mais bien plutôt un regard de tendresse, d'encouragement, après, on avait envie d'aller plus loin, on se sentait bien près de lui, il nous attirait. Jamais il n'avait une parole blessante pour qui que ce soit. Lorsqu'on disait du mal de quelqu'un près de lui, il trouvait toujours des excuses aux gens ou alors, il ne répondait rien. »

 Le Fils de Dieu est au milieu de nous, et nous ne l'avons pas reconnu.  

Ne condamnons pas tout de suite les gens de Nazareth, mais regardons plutôt notre attitude face à Jésus. C'est souvent que le Fils de Dieu passe dans nos vies, est-ce que nous le reconnaissons toujours ? Sera-t-il pour  nous, le fils de Joseph, un simple artisan qui aide son père ?

Comment ça, vous ne vous souvenez pas d'avoir rencontré Jésus Fils de Dieu ! Dimanche dernier, vous étiez là, vous avez communié, alors qui avez-vous reçu sinon Jésus Fils de Dieu ?  Ce matin, chaque jour, vous avez fait votre prière, qui avez-vous salué ? Avec qui avez-vous parlé ? Et lorsque vous avez croisé les autres, votre prochain, qui avez-vous rencontré ? C'est Jésus Fils de Dieu qui est présent dans chacune de nos rencontres... Quel accueil lui réservons-nous ?

N’en doutons pas, c'est le Fils de Dieu qui passe dans nos vies. Si nous feuilletons l'Evangile, dès son Baptême Jésus est proclamé Fils de Dieu. « La voix du Père se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui j'ai mis tout mon Amour. »  Jésus le dira  lui-même : «  Le Père et moi, nous sommes un. »Au pied de la Croix, c'est même un Romain qui déclarera : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu. »Et après la Résurrection, c'est St. Pierre lui-même qui confessera : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »

« Chez lui, à Nazareth, Jésus s'étonnera de leur manque de foi »c'est pourquoi il ne fera aucun miracle. A peine quelques petites guérisons. Pour que Jésus puisse agir dans nos vies, il nous faut le reconnaître, l'accueillir, l'inviter chez nous. Partager toute notre vie avec lui. Alors son efficacité sera évidente pour nous, pour tout le monde, et avec les gens de Nazareth, nous aussi nous pourrons nous étonner : « Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? »  

P Paul BERTHIER

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27 Juin 2021 Homélie Dimanche 13 TOB: P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE  Lecture du livre de la Sagesse (Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24)

DEUXIÈME LECTURE :Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (2Co 8, 7.9.13-15)

ÉVANGILE :  Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 5, 21-43)

Homélie pour le 13eme dimanche du temps ordinaire B

Il y a deux choses à retenir de ces lectures : 1/ Le diable existe 2/ C’est la foi qui nous sauve du mal qu’il a fait entrer dans le monde. Quand on a saisit cela on a les bases du combat spirituel que nous devons mener pour l’incorruptibilité pour laquelle Dieu nous a créés. 

1 / Le diable existe et sa plus belle ruse est de nous persuader du contraire. L’Ecriture en parle suffisamment et Jésus s’y est abondamment confronté. Mais il nous faut sans doute dépoussiérer les images moyen-ageuses qu’on s’en a et qui nous entretiennent dans l’illusion d’un mythe obscurantiste. Qu’est-ce que le Diable ? Une créature spirituelle animée de jalousie qui veut détruire l’œuvre d’Amour de Dieu. C’est par lui que la mort et le mal sont entrés dans le monde. A l’origine il n’est était pas ainsi puisque tout ce que Dieu a fait est bon et que l’homme devait entrer en alliance avec lui en le connaissant et en l’aimant sans passer par la mort. L’objectif du démon c’est donc de nous séparer de lui, de rompre cette relation. Pour cela il utilise deux moyens : soit il nous entraine loin de Dieu à commettre des actes contraires au bien, soit il nous décourage d’aller vers Dieu en nous faisant douter de lui ou en mettant des obstacles à la réalisation des œuvres bonnes qui nous conduisent à lui. 

2/ La foi c’est ce qui nous permet de déjouer cette tactique du Diable parce qu’elle nous enseigne le bien à faire et nous encourage à l’accomplir en comptant d’avantage sur la puissance de Dieu que sur nous même. Deux exemples nous en sont donnés dans l’Evangile : Jaïre et la femme Hemoroïsse. Tous deux viennent avec confiance vers Jésus sûr qu’il est capable de les sauver. Pourtant ils rencontrent bien des difficultés qui s’y opposent : la foule, la distance, les interférences d’autres demandes, le temps, la prétention savante, l’argent, la souffrance, les moqueries, l’opinion des autres. Tout cela nous le rencontrons aussi jusqu’à nous demander parfois : A quoi bon déranger encore le maître ? Pourquoi encore prier ? Pourquoi venir à la messe ? Pourquoi dire son chapelet ? Suprême tentation du démon qui nous laisse croire que la foi est vaine, inutile…

Le démon est un saboteur, comme le jeu du même nom… Pendant que les mineurs creusent des galeries vers le trésor, lui génère des éboulements qui les retardent, détourne leur trajet, casse leur lanterne pour les maintenir dans l’obscurité et la confusion etc… Celui qui parviendra à atteindre la pépite c’est celui qui malgré tout cela aura gardé confiance et persévéré, sans se laisser troubler, travaillant sans relâche, fidèle à sa détermination initiale : Ne crains pas crois seulement nous dit Jésus. C’est lui qui sauve et donne la vie et nous relève si nous sommes abattus. Tu souffres de longue maladie, tu as commis un péché qui te hante, tu ne vois plus d’issue à une brouille familiale ou à une situation économique : ne crains pas, crois seulement ! 

La foi est toute puissante ! Elle nous sauve et nous libère, mais elle est un combat et nous avons besoin les uns des autres pour la fortifier sans cesse, pour nous soutenir et nous encourager : c’est la raison d’être de l’Eglise et de nos communions dominicales. C’est la prière qui sauvera le monde : une main qui s’avance dans la foule hostile pour toucher le vêtement de Jésus, un homme qui se jette à ses pieds et supplie instamment, voilà ce qui redonne vie en abondance. 

Soyons donc à la fois lucides sur les tactiques du diable (c’est le titre d’un livre de CS Lewis à lire absolument !) et sur la force de la Foi : méfions nous chaque fois qu’une voix intérieure nous dit : « c’est inutile ! », parce que c’est probablement, justement ce qui au contraire nous obtiendrait le bien suprême que nous désirons. Efforçons nous alors à telle ou telle pratique qui peut-être nous lasse ou nous rebute et nous ne tarderons pas à voir mûrir en abondance de grands et beaux fruits de la grâce dans nos vies. Amen

P Charles BONIN

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20 Juin 2021 Homélie Dimanche 12 TOB: P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre de Job  (Jb 38, 1.8-11)

DEUXIÈME LECTURE :  Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (2 Co 5, 14-17)

ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Marc   (Mc 4, 35-41)

 

Homélie Dimanche 12 TOB

Il y a dans nos vies bien des tempêtes : Maladie, décès, chômage, rupture. Ce sont des changements brutaux qui nous bouleversent et nous inquiètent au point parfois de nous faire perdre pied. Pourtant nous dit Jésus qui se veut rassurant, il ne s’agit que de passer sur l’autre rive. Les tempêtes sont pour nous l’occasion de quitter les rivages qui nous sont familiers, c'est-à-dire notre manière humaine de considérer le monde pour entrer dans le regard de la foi et donc dans la confiance que Dieu est maître de tout et nous sauve de tout ce qui nous agite et nous effraie. 

C’est ce qu’il rappelle à Job et ce dont on rend grâce dans le psaume : « Ils ont crié vers le Seigneur et lui les a tiré de la détresse, réduisant la tempête au silence et faisant taire les vagues ». Si nous aussi prenions l’habitude, lorsque se lèvent les tempêtes de nos vies de nous tourner vers le Seigneur plutôt que de nous énerver sur nous-mêmes ou sur les autres, le monde et nous-mêmes serions plus en paix. Pourquoi avoir peur en effet ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi nous redit Jésus pour nous inciter en toute circonstance à renouveler notre confiance en Dieu, à le remettre à la première place dans notre vie pour demeurer dans la joie de son amour.

Aujourd’hui beaucoup de gens sont inquiets et il y a de quoi car les tempêtes ne manquent pas, ou bien plutôt faudrait-il parler de vagues scélérates qui subrepticement viennent heurter les consciences : « Des courants de pensée, des styles de vie et parfois même des lois opposées au vrai sens de l’homme et de Dieu minent la foi chrétienne dans la vie des personnes, des familles et de la société » avertissait déjà Jean Paul II en 1986 lors de sa visite en France. Que dirait-il aujourd’hui ? La foi est reléguée au placard dans le grand bazar des croyances désuètes sans plus de considération pour le salut et la vérité qu’elle apporte en des temps de grande confusion. On dit qu’elle enferme et contraint alors que c’est elle qui libère. On dit qu’elle attise la violence alors qu’elle offre la paix. Mais une indifférence relativiste massive gagne peu à peu tous les esprits jusqu’à l’indolence qui confine à l’abrutissement des masses ainsi rendues plus malléables à toute pouvoir d’opinion. Devant cette déferlante séductrice du plaisir matériel en priorité, et de la paresse intellectuelle qui viennent submerger l’âme spirituelle de l’homme jusqu’à l’anéantir à l’état de bête, beaucoup de parents baissent les bras, et sont découragés. Même des penseurs athées comme Michel Onfray dressent un portrait désespéré des dérives d’une société oublieuse des fondamentaux de sa culture et des exigences de la morale judéo-chrétienne : « ce qui nous reste c’est de sombrer dans l’élégance » dit-il. 

Nous ne pouvons pas nous laisser aller à un tel pessimisme si nous sommes mus par la foi et il s’agit pour nous de la fortifier en nous posant une question qui est celle de l’Evangile d’aujourd’hui : Dans cette tempête objective bien que sournoise, dans ces ténèbres alentour et les vents contraires qui s’agitent, dans quelle barque sommes-nous ?Si nous sommes dans la barque de Jésus qui est l’Eglise, nous ne craignons rien ! Même si elle semble prendre l’eau de toute part affaiblie par les assauts du mal meurtrie par tant d’abus et de défections, elle reste notre plus sûr moyen de salut car c’est le corps du Christ. Comme Jonas qui dans l’Ancien Testament, s’est jeté dans la mer pour apaiser une tempête, le Christ par sa mort nous a libérés de tout mal et nous en assure la victoire si nous demeurons auprès de lui. Si au contraire nous préférons nager seul à côté en jouant avec désinvolture avec les flots en furie nous risquons bien de nous y noyer. Je parle d’expérience dans une mer tourmentée, celui qui tombe à l’eau ou quitte le navire n’a aucune chance de survie si le commandant du navire ne manœuvre avec adresse pour le récupérer. Croyons que c’est le Christ qui est à la barre de l’Eglise et la conduit vers un port de refuge sûr. Hors de l’Eglise, sans cet attachement ferme au Christ vivant en son sein et aux enseignements de la foi qu’elle transmet, il n’y a pas de Salut. Ceux qui ne pensent s’en sortir par eux-mêmes auront vite fait de se perdre, entraînés par les sirènes séduisantes du monde. Sans la foi au Christ et à l’Eglise, pas de vie, pas de paix, pas de vraie joie. Et la foi se cultive : si l’on ne met pas Dieu en priorité dans sa vie, il ne faudra pas s’étonner de ne pas être prioritaire pour entrer dans son royaume. On ne peut dire impunément à Dieu : j’ai pas de temps pour toi, plus tard, je me débrouille tout seul, de ce que dit l’Eglise, j’en prend et j’en laisse…et tant d’autres expressions désinvoltes : on se sépare ainsi du seul moyen qui nous est donné d’affronter sereinement les tempêtes de notre vie et du monde. C’est aussi suicidaire que de se jeter à l’eau en pleine tourmente. 

Tout à l’heure, vous seront proposées un certain nombre d’activités et d’engagements à prendre dans notre église locale. Demandez-vous alors, quel peut être votre rôle dans cet équipage qui a besoin de vous pour que nous parvenions ensemble sur cette autre rive paisible où Dieu nous conduit. Restez ferme dans la foi, confiants dans la prière, attaché à l’Eglise du Christ, déterminés à le servir, réceptif à ses commandements pour être déjà une créature nouvelle transfigurée dans l’Amour. 

P Charles Bonin

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13 JUIN 2021  Homélie pour le dimanche 11 TOB: P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre du prophète Ézékiel  (Ez 17, 22-24)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens  (2 Co 5, 6-10)

ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Marc   (Mc 4, 26-34)

 

Homélie pour le dimanche 11 TOB

Une jeune bouture plantée sur une montagne élevée, un palmier qui pousse comme un cèdre, une semence qui germe en un épi bien mûr, une graine de moutarde qui grandit et dépasse toutes les plantes potagères, Dieu se fait jardinier. Et il l’est en effet, non seulement comme l’auteur de toute la création mais encore parce qu’il cultive en notre âme le germe de vie éternelle semé au jour de notre baptême pour qu’il se déploie. Ce germe c’est la foi : La révélation de Dieu qui s’épanouit par la confiance que nous lui accordons comme le signifie St Paul aux Corinthiens. 

Ayons donc l’ambition comme il y invite ses interlocuteurs de plaire au Seigneur en méditant sa parole qui façonne tout notre agir et en lui accordant notre confiance pour nous élever jusqu’à lui. Il convient en effet de remarquer comment dans ces textes, Dieu place ceux dont il prend soin et qui s’en remettent à lui dans une position élevée, c'est-à-dire proche du ciel où il demeure symboliquement. La foi ouvre l’accès au Royaume qu’il promet à ceux qui la reçoivent et l’entretiennent. 

Il ne s’agit pas d’une orgueilleuse recherche de soi, car Dieu renverse l’arbre élevé et fais sécher l’arbre vert qui ne compte que sur lui-même et sa propre vigueur. Au contraire, il s’agit de s’en remettre humblement à Dieu qui relève l’arbre renversé et fait reverdir l’arbre sec. Faut-il nous rappeler que sans lui nous ne pouvons rien faire ? Celui qui se reconnait ainsi petit comme une graine de moutarde et compte sur le Seigneur en implorant ses lumières dans toutes ses entreprises trouve la paix et la répand dans le monde comme l’ombre d’un grand arbre auprès duquel les oiseaux viennent se reposer. 

Il est bon de prendre conscience qu’en nous est semé ce germe divin et de nous interroger sur le soin que nous en prenons. N’ayons pas peur de l’obscurité de la foi, c’est la terre dans laquelle pousse ce germe. Ne nous décourageons pas de sa faiblesse, c’est Dieu qui lui fera porter du fruit. Mais surtout ne la méprisons pas. Elle est ce qui est le plus grand en nous, ce qui nous fera demeurer pour toujours au-delà de cette terre passagère et de nos corps voués à la corruption, c’est elle qui nous fera entrer dans la charité parfaite que Dieu promet pour l’éternité à ceux qui l’aiment. La foi est une petite chose en apparence et bien fragile surtout en un temps qui se plait à la dénigrer. Pourtant elle est capable des plus grandes œuvres. Rien de bon, ni de vrai dans le monde ne peut s’accomplir sans elle. Sans elle on peut encore se trouver soi-même et se donner l’illusion d’être riche et de ne manquer de rien mais on est en réalité totalement mort, pauvre, pitoyable et nu. 

Gardons-nous de l’oublier cette foi, elle est un trésor inestimable, un placement sûr, à très long terme mais au gain infini. Trois moyens nous sont donnés pour l’entretenir et l’épanouir en source vive pour nous-mêmes et tout notre entourage : Se nourrir la Parole de Dieu le plus souvent possible en la méditant dans la prière, pratiquer des œuvres de vraie charité fraternelle et comme le font ces enfants aujourd’hui, recevoir Jésus réellement présent dans l’Eucharistie chaque dimanche. C’est la nourriture de notre âme. S’en priver c’est comme si on ne s’alimentait plus pendant une semaine ou un mois. Mais si l’on s’efforce par ces moyens de coopérer à la grâce pour que grandisse notre foi, comme le cultivateur qui entretient la terre que Dieu rend féconde, alors, nous trouvons la paix et un grand nombre de personnes auprès de nous en bénéficiera. Transmettre cette foi courageusement, sans honte, ni crainte c’est lui permettre de se fortifier et de portera des fruits en abondance pour le monde entier. Redisons ce Credo qui résume notre foi en pensant à tout ce que recouvre chaque mot pour qu’il pèse dans nos âmes et nous ouvre les portes du Royaume qui vient. Amen. 

P Charles BONIN

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06 Juin 2021 Homélie pour la fête du St Sacrement B:  P Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre de l’Exode (Ex 24, 3-8)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la lettre aux Hébreux (He 9, 11-15)  

ÉVANGILE :  Évangile de Jésus Christ selon saint Marc  (Mc 14, 12-16.22-26)

 

Homélie pour la fête du St Sacrement B

Le sang c’est la vie disent les annonces pour le don du sang. En nous donnant son sang, Jésus nous donne sa vie, et comme il est Dieu il nous donne la vie de Dieu. Il le fait le jour de Pâques qui veut dire « passage » et commémore la libération des hébreux d’Egypte. Il nous fait ainsi comprendre que ce sacrement nous fait passer de l’état d’esclave du péché à celui d’homme libre. Il le fait au cours d’un repas qui est un temps de partage et de joie, parce qu’il nous donne ainsi la joie véritable d’entrer en communion avec lui. Il se fait nourriture, subsistance pour qu’on l’assimile et subsistions, transfigurés en lui pour l’éternité. Vie, liberté, béatitude, éternité c’est ce que Jésus promet à ceux qui reçoivent son corps et son sang.

S’il transforme le pain en son corps et le vin en son sang, il est tout autant capable de transformer notre humanité pour la libérer de la mort et lui ouvrir les portes de la vie pour une éternité bienheureuse. Il nous fait ainsi participer à sa substance, à ce qu’il est. L’Eucharistie, c’est le signe visible de cette réalité invisible que Dieu nous façonne pour nous rendre toujours plus semblables à lui. 

Plus on s’approche avec foi de ce sacrement dans la communion ou l’adoration, plus on s’imprègne de Dieu. Plus on le fréquente plus on devient semblable à lui, comme un ami acquiert les mœurs de son ami. Or Dieu n’est qu’Amour, grâce, bonté, paix, aussi le St Sacrement nous rend-il aimable, gracieux, bons et paisibles. Comme les aliments que nous mangeons affectent la santé de notre corps et lui sont intégrés, ce dont nous nourrissons notre esprit modifie l’état de notre âme. Plus on se nourrit de Dieu, par la lecture méditée de sa parole, la prière silencieuse, le partage fraternel, le don de soi et la fréquentation de sa présence réelle dans l’Eucharistie, source et sommet de toute la vie chrétienne (Vatican II), plus nous sommesassimilés à lui, et donc plus nous devenons nous-mêmes, puisque nous sommes créés à son image. 

Cette fête du St sacrement n’est donc pas une dévotion quelconque surajoutée au calendrier liturgique. Ce n’est pas non plus une vénération matérielle idolâtre comme certains peuvent le craindre. C’est une démarche d’Amourqui, en nous faisant mieux connaitre et vivre du don du Christ, nous aide à mieux le recevoir pour nous relier plus intimement à lui. Ce sacrement est saint par excellence parce qu’il nous sanctifie de manière suréminente en accomplissant le commandement que le Christ adresse à ses disciples en Jn 15,4 de demeurer en lui et lui en nous. Lorsque Jésus nous dit, « ceci est mon corps, ceci est mon sang, faites cela en mémoire de moi », nous le croyons et nous lui obéissons parce que nous l’aimons et qu’étant Dieu, il ne peut ni se tromper, ni nous tromper. Dans cet acte de foi nous avons l’espérance de demeurer en son amour. 

Pour renouveler notre vie dans l’Amour et la ferveur, il nous suffit donc de boire à cette source du St sacrement. Il est bon entre cette fête et celle du sacré cœur que nous fêterons vendredi, témoin de l’infinie miséricorde de Dieu, d’expérimenter ce repos auprès de lui comme le fit St Jean qui, au cours de son dernier repas, posa sa tête sur son cœur pour en percer tous les mystères et recevoir la grâce de demeurer en sa paix. Ainsi nous l’entendrons nous murmurer : « toi mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi » (Lc15,31). Prenons du temps ces jours-ci pour visiter gratuitement Jésus au St sacrement. Il a tant de choses à nous donner, tant d’amour à partager en échange de nos peines et de ce qui nous pèse. Osons cette expérience mystique de rester ainsi devant lui pour échanger simplement un « je t’aime », un regard levé vers le ciel, un temps béni où tout s’arrête et en recevoir sa vie. Venez, l’époux est là, il vous appelle, il vous attend. Amen 

P Charles BONIN 

30 mai 2021 Homélie pour la fête de la Sainte Trinité B Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE :  Lecture du livre du Deutéronome (Dt 4, 32-34.39-40)

DEUXIÈME LECTURE : Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (Rm 8, 14-17)

ÉVANGILE : Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu(Mt 28, 16-20)

Homélie pour la fête de la Sainte Trinité B

Par le baptême, nous sommes immergés dans la vie trinitaire. Dieu vient au milieu de son peuple pour le conduire à le reconnaître comme Père dans l’Ancien Testament. Puis dans le Nouveau, par le Fils incarné en Jésus pour partager notre humanité, il fait de nous ses fils, pour que dans l’Esprit Saint nous participions à son héritage : la vie éternelle dans la Gloire. Tout cela peut paraître bien abstrait, alors pour le rendre concret, Dieu nous donne des commandements. Ce sont des guides pratiques vers la vie divine bienheureuse qui relient la terre au ciel comme le souligne la première lecture à laquelle l’Evangile fait écho.

Un commandement on le perçoit souvent négativement comme quelque chose de négatif, contraignant et oppressant et restrictif de liberté alors qu’au contraire c’est le principe d’un mouvement et donc l’origine même de la liberté. Comme la commande de la télévision qui initie son allumage ou le document qu’on signe pour acheter quelque chose : sans cela rien ne se passe ! Les commandements orientent notre vie vers Dieu, c'est-à-dire, dans le bien, la paix, l’amour, vers le plus grand bonheur comme le rappelle la première lecture. Mais comme il y a parfois des pannes entre la commande et son exécution, nous ne sommes pas toujours dociles à l’Esprit qui nous conduit depuis le baptême. Nous le sommes même peut-être de moins en moins.

Je suis surpris de voir de plus en plus de catholique se plaindre des dogmes comme d’une doctrine austère et archaïque produit d’une institution ecclésiale sclérosée qui ne serait pas en phase avec son temps. Beaucoup de personnes se disent croyantes mais non pratiquantes pour ces motifs que la foi est personnelle et qu’on n’a pas besoin de toute cette quincaillerie comme je l’ai récemment entendu de la bouche d’une prétendue théologienne. C’est ce qu’on appelle la croyance subjective. C’est une pratique de convenance. Un idéal spirituel qu’on élabore à sa mesure en fonction de ce qui nous plait. C’est au fond une attitude très individualiste, mais qu’est-ce qui authentifie qu’elle est vraie si plus rien n’est vécu en communauté, si elle ne se confronte pas à l’autre ni ne se réfère à aucune autorité éprouvée pour se remettre en vérité devant Dieu ? Dieu lui-même ne fait pas ainsi : Il est unique mais il ne s’isole pas. Il n’est pas seul puisqu’il se communique éternellement dans la circulation d’Amour qui unit le Père le Fils et le St Esprit. Il est fondamentalement un être de relation qui nous appelle à l’être à son image.

La Trinité fait partie de ces dogmes que méprisent certains qui ne comprennent pas qu’ils sont une source de vie qui nous est donnée : ils empêchent le repli subjectif et relativiste pour ouvrir à une communion d’amour autour d’un même mystère qui ne s’épuise jamais si l’on prend un peu la peine de l’investir ensemble. Dieu nous invite ainsi à entrer dans cette communion de connaissance et d’Amour qu’il forme lui-même comme Père Fils et Saint Esprit. Il nous invite à nous rassembler dans un même esprit fraternel pour recevoir le don du Fils et nous tourner ensemble vers le Père créateur et miséricordieux. Ce qu’il nous commande c’est d’entrer dans cette relation de confiance avec lui et les uns avec les autres pour découvrir par une expérience de communion vécue ensemble qui il est en vérité, au-delà des performances de l’intelligence rationnelle isolée. Comment être en communion si nous ne partageons pas la même foi ; Si chacun s’en tient à son idée de Dieu plutôt que de s’en remettre humblement à l’enseignement gardé et transmis par l’Esprit Saint à travers tous les martyrs et Pères de l’Eglise ?

Demandons en cette fête de la Sainte Trinité que l’Esprit d’intelligence nous soit donné pour pénétrer ainsi plus avant dans les mystères de la révélation et en vivre en frères. Par l’étude de ces enseignements et la prière formons notre Foi, contemplons amoureusement les mystères de Dieu et vivons de ses commandements. Ainsi nous lui serons toujours plus unis et toujours plus semblables en formant une communauté fraternelle, véritable corps du Christ, animée d’un même Esprit entre les mains du Père. Amen 

Père Charles BONIN

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23 mai 2021 Homélie PENTECÔTE Père Charles BONIN
PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre des Actes des Apôtres(Ac 2, 1-11)
DEUXIÈME LECTURE :Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates (Ga 5,16-25)

ÉVANGILE :  Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)

Homélie pour la Pentecôte B

A la confirmation l’Evêque dit une chose qu’on ne devrait jamais oublier : « reçois l’Esprit Saint, le don de Dieu ». Dieu ce jour là et aujourd’hui encore, tout spécialement en cette fête de Pentecôte nous fait des cadeaux inestimables. Mieux ! il se donne lui-même pour agir en nous et nous tourner vers les vrais biens plutôt que vers les déceptions matérialistes. St Paul nous fait ainsi le catalogue des fruits spirituels de ces dons : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, maitrise de soi, douceur. 

Celui qui a ça dans sa vie, que lui manque-t-il ? Que peut-il encore désirer ? Il a tout… L’argent, la gloire, la santé et même les plaisirs sont dérisoires à côté de ces fruits de l’Esprit ; c’est ce que nous enseignent les saints qui en ont pleinement vécu : Dieu nous donne tout ! Absolument tout pour combler tous les désirs de notre cœur ; et nous ? On fait la fine bouche ! On hésite à être confirmé, ou à se marier, on va se confesser à reculons, on traine les pieds pour aller à la messe, prier ou lire la Parole de Dieu en fraternité, on reporte à demain les bonnes résolutions d’hier, on a beau connaître le droit chemin qui mène à la vie éternelle, on regarde encore de travers… Il suffirait pourtant juste de lever un peu son petit pied dit Ste Thérèse pour être élevé par Dieu sur les sommets de la béatitude et on ne le fait pas ! Si nous étions tous remplis de l’Esprit Saint on s’entendrait parfaitement comme les disciples de la Pentecôte et chacun pourrait pleinement s’épanouir en s’exprimant selon les dons reçus de l’Esprit. 

Pour vivre des inestimables dons de l’Esprit et en goûter les fruits savoureux il nous faut peu de chose ? La clé de ces trésors nous est offerte à travers cette apparition de l’Esprit Saint sous forme de langue de feu. Pourquoi se manifeste-t-il ainsi ? Pour nous instruire du langage de l’Esprit Saint qu’il nous faut apprendre en abandonnant celui de la chair qui ne conduit qu’aux désordres inverses à ses fruits comme l’enseigne St Paul aux Galates. Pour le comprendre, il faut faire un détour par la lettre de St Jacques au chapitre 3 : 

« Notre langue est une petite partie de notre corps mais comme un tout petit feu peut embraser une très grande forêt,  la langue aussi est un feu ; c’est elle qui peut contaminer le corps tout entier, elle enflamme le cours de notre existence, si elle-même est enflammée par le mal. Elle devient un fléau, remplie d’un venin mortel. Si quelqu’un ne commet pas d’écart quand il parle, c’est un homme parfait, capable de maîtriser son corps tout entier. Que la langue mûe par l’esprit de Dieu nous serve alors à bénir le Seigneur notre Père, et non à maudire les hommes, qui sont créés à son image. »

Recevoir l’Esprit Saint c’est donc s’ouvrir à Dieu qui me donne un langage de disciple pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Dit Isaïe 50,4. C’est entendre sa voix, et parler le langage de Dieu, langage d’Amour et de paix plutôt que de subir les désordres de nos convoitises. Les sept dons de l’Esprit identifiés par Is 11 énumèrent ainsi les qualités du véritable roi qu’il nous faut acquérir en nous ouvrant à la grâce de Dieu pour être capable de régner sur nous-mêmes et sur les autres en toute justice en participant à la royauté du Christ: la sagesse nous introduit dans la connaissance de la vérité tout entière comme le dit Jésus dans l’Evangile de Jean, pour voir toute chose comme Dieu les voit. La science nous fait pénétrer la profondeur des mystères de sa Parole, l’intelligence discerne l’œuvre de Dieu dans la marche du monde, le don de conseil éclaire nos choix vers les vrais biens, la force nous donne d’y persévérer, la piété soutient notre relation filiale avec Dieu et la crainte nous fait aimer comme il aime. Chaque jour, l’Esprit saint nous parle et nous conduit par ces dons vers la béatitude mais entendons nous cette langue de feu qui repose au dessus de chaque baptisé ? Est-ce que nous nous efforçons d’acquérir ce langage ? Nous laissons nous éclairer par sa lumière ? 

En proclamant notre foi et en participant avec ferveur à l’Eucharistie avec ces jeunes qui veulent faire ce pas vers Dieu aujourd’hui, supplions l’Esprit Saint de nous ouvrir à son action et de fortifier notre volonté pour y être plus docile. Engageons nous à vivre de cet esprit de Pentecôte qui rassemblait les disciples dans la communion d’amour du Père et du Fils dans l’Esprit Saint. En tout temps en tout lieu cherchons le bien à dire et à faire pour y participer. Dieu ne refuse pas l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Lc 11,13). Il est l’âme de notre âme, remettons nous entre ses mains avec confiance et que son feu nous embrase pour l’annoncer au monde entier et contribuer ainsi à renouveler la face de la terre en acquérant le langage même de Dieu. Amen

Père Charles BONIN

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23 mai 2021 Homélie PENTECÔTE Père Paul BERTHIER
PREMIÈRE LECTURE : Lecture du livre des Actes des Apôtres(Ac 2, 1-11)
DEUXIÈME LECTURE :Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates (Ga 5,16-25)

ÉVANGILE :  Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)

PENTECÔTE 2021

Le jour de la Pentecôte, 50 jours après Pâques, les Apôtres sont réunis au Cénacle ; ils attendent l’Esprit que Jésus doit leur envoyer : « Si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. » 

 Le Saint-Esprit que nous fêtons aujourd’hui, c’est le grand inconnu de la Sainte Trinité. Nous connaissons le Père qui a créé le ciel et la terre. Nous connaissons bien Jésus, le Fils, qui est venu chez nous et qui nous a sauvés, mais nous connaissons mal le Saint-Esprit qui est pourtant la troisième personne de la Sainte Trinité. 

Le Saint-Esprit, c’est toute la puissance de Dieu mise en œuvre. Vous vous souvenez le soir de la Passion tous les disciples se sont enfuis lorsqu’on est venu arrêter Jésus. Ce même soir, Pierre a renié trois fois Celui qui était son ami. Eh bien ce sont ces mêmes hommes, après avoir reçu l’Esprit-Saint, qui se sont mis à prêcher, à proclamer partout que Jésus est ressuscité. 

Avant la venue de l’Esprit, ces Apôtres s’enfermaient au Cénacle. Ils avaient peur des Juifs, peur de proclamer la mort et la résurrection de Jésus. L’Esprit devient leur courage, leur audace. Sitôt qu’ils l’ont reçu, les voilà qui proclament la venue du Royaume sur la place publique. Des disciples repliés sur eux-mêmes, il fait des prédicateurs irrésistibles. Il rassemble les foules. Il fait l’Eglise.

Encore aujourd’hui, c’est l’Esprit qui fait de nous des disciples, c’est lui qui veut faire de nous des saints. Pourquoi nous l’oublions si facilement ? Pourtant, depuis le jour de notre Baptême, le Saint-Esprit habite en nous. Nous sommes enfants de Dieu, créés à son image. Nous avons tous une ressemblance avec Dieu. L’image de Dieu en nous nous donne un "esprit de famille".St Paul l’affirme dans sa lettre aux Romains : « Ceux-là sont enfants de Dieu qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu. »

Lorsque l’Esprit vient en nous, il nous apporte la multitude de ses dons : il nous comble de cadeaux. C’est bien pour cela qu’on a multiplié ses noms, pour dire toutes ses richesses. Il est tour à tour Avocat, Défenseur, comme Jésus lui-même l’appelle. Il est Esprit de Vérité, il est Force d’en haut En réalité cet Esprit il a de multiples fonctions. Il est Dieu qui se donne et qui aime… Il est souffle et flamme, chaleur qui réchauffe, fraîcheur qui apaise. On ne peut le nommer et pourtant il est bien présent dans la vie de la toute nouvelle Eglise.

Et l’Esprit travaille encore aujourd’hui dans l’Eglise et dans chacun de ses membres. Peut-on dire un « Notre Père »sans que nous soyons poussés par l’Esprit ? C’est l’Esprit qui fait l’unité de tous les chrétiens dans l’Eglise : « Unis par le même Esprit, nous osons dire Notre Père. »

Ne croyez-vous pas qu’il est temps de retrouver en nous la trace du Saint-Esprit ? Certainement il attend notre bon vouloir car il ne fera rien sans nous. Mais si nous décidons de changer, de faire de la place en nous pour l’accueillir il arrivera avec tous ces dons dont parle St Paul dans la deuxième lecture : « Voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. »

Aujourd’hui ce qui compte c’est la richesse, l’efficacité, la réussite ça tombe bien l’Esprit nous offre tout ça à sa manière. Nous pouvons partir avec lui. Avec lui nous sommes prêts à suivre l’invitation de Jésus : « Allez par le monde entier de tous les peuples faites des disciples baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit Amen. »  

Père Paul BERTHIER  

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16 mai 2021 Homélie 7ème dimanche de Pâques B Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE:   Lecture du livre des Actes des Apôtres(Ac 1, 15-17. 20a. 20c-26)

DEUXIÈME LECTURE:   Lecture de la première lettre de saint Jean   (4, 11-16)

ÉVANGILE:  Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  (17, 11b-19)

Homélie pour le septième dimanche de Pâques B après l’ascension.

« La politique de la chaise vide – ou l’anti-communion »

La prière sacerdotale de Jésus du chapitre 17 de St Jean dont nous avons un extrait dans l’Evangile de ce jour, c’est le testament du Christ et son intention pour l’Eglise qu’il confie à ses apôtres : Que tous soient uns comme le Père et moi nous sommes un. L’Eglise s’origine dans la communion d’amour trinitaire qu’elle doit refléter par toute sa vie. L’Eglise est une réalité de communion : entre nous en frères et avec Dieu, Père Fils et St Esprit. Sa Parole nous en indique encore les modalités à travers trois figures à méditer pour agir en vue de la communion : Matthias, Barsabbas et Judas : à chacun sa place ! 

La première modalité de la communion, c’est de ne jamais laisser une place vide. Au combat, lorsqu’un soldat tombe, un autre prend sa place. Mathias a ainsi remplacé Judas et nous aussi nous avons une place à prendreoù la communauté nous attend. Récemment un nouvel économe s’est proposé dans la paroisse St Benoit, nous pouvons nous en réjouir et le remercier. Mais qui, demain, remplacera les catéchistes ou les équipes de funérailles ou les visiteurs d’aujourd’hui lorsqu’un jour ils ne pourront plus assumer leur charge ? Il y a dans nos paroisses des tâches qu’aucun autre que vous-même ne pourra accomplir comme vous ; une place qui vous attend, une communauté qui vous espère à votre place. A une semaine de la Pentecôte, saurez-vous entendre la voix de l’Esprit Saint qui vous la suggère en proposant généreusement vos services à la communauté ? Saurez-vous transmettre aux plus jeunes ce besoin de communion en les encourageant à trouver leur place dans la famille des chrétiens ? 

Le deuxième visage de la communion, c’est encore de ne jamais laisser une place vide. Mais cette fois, c’est la place qui est à côté de vous inoccupée, c’est la place du pauvre que personne n’est allé chercher pour l’inviter. « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde » dit Jésus afin de porter la Parole à tous ceux qui ne l’ont pas encore entendue. Barsabbas était ainsi de ceux qui ont accompagnés les apôtres durant toute la vie publique de Jésus pour être ensuite le témoin de sa résurrection. L’Eglise est par essence missionnaire disait le Concile Vatican II (LG2). Nous avons des places à proposer et partager.Mais Sommes-nous invitants ? Nous laissons-nous saisir par l’esprit Saint pour évangéliser autour de nous ? La communion ne peut se vivre seul replié sur soi-même aussi devons nous sans cesse inviter de nouveaux membres dans nos fraternités, à nos Eucharisties ou même chez nous pour élargir le cercle de nos amis. Il y a dans nos villages de nouveaux arrivants dont on se plaint qu’ils ne s’intègrent pas. Mais nous ? Avons-nous eu la présence d’esprit d’aller les rencontrer et de les inviter ? 

Le troisième aspect de la communion, c’est toujours de ne jamais laisser une place vide : la place qu’on a laissé pour prendre celle d’un autre comme l’a fait Judas en blessant profondément la collégialité de premiers apôtres. Il a convoité une meilleure place auprès des Pharisiens qui l’avaient acheté et s’en est allé à sa perte. Barsabbas, au contraire a-t-il pris ombrage de l’élection de Matthias ? Non il nous est dit qu’il était juste il n’a donc pas revendiqué de compter parmi les douze ni cherché une position enviable ou un pouvoir quelconque. Il s’est contenté de ce que le Seigneur lui confiait. Quelle abnégation exemplaire, quel bel esprit d’humilité et de service ! Nous aussi nous avons une place à occuper et une autre à laisser : fleurir là ou le Seigneur nous a planté plutôt que de penser que l’herbe est plus verte dans le près d’à-côté au point de délaisser notre devoir d’état. Trop souvent nos relations sont pourries par l’ambition et la jalousie. C’est l’anti-modèle de Judas. Reconnaissons au contraire les biens que Dieu nous fait pour les faire fructifier en tenant notre juste place sans convoiter toujours celle d’un autre, que ça soit à la maison, au travail ou en paroisse. Efforçons nous de vivre ainsi dans la justice et la vérité en nous réjouissant et en oeuvrant pour que chacun ait ce qui lui est dû pour le bien de tous à commencer par nous mêmes. 

L’Eglise s’inscrit dans cette continuité de la charité que Jésus laisse à ses disciples pour qu’elle infuse et se répande dans le monde entier par la communion fraternelle image de la communion trinitaire. Cela exige souplesse et docilité à l’Esprit Saint qui nous inspire de reconnaitre en toute chose ce qui est juste et bon pour rendre gloire à Dieu ensemble. Encore faut-il que nous y soyons attentifs c’est ce pourquoi nous prions en nous préparant à le recevoir dimanche prochain à la Pentecôte pour que s’accomplisse toujours plus notre communion dans la charité et la vérité : 

« ô Jésus, nous te prions  pour l’Eglise que nous formons ici dans nos paroisses. Que jamais ton souffle ne lui manque ! Que sans cesse elle trouve de nouveaux témoins pour remplacer ceux qui meurent ou font défection. Que jamais les rivalités et les divisions n’altèrent en son sein ton projet d’unité de tout le genre humain ! Que nous sachions toujours comme Mathias, nous insérer joyeusement dans une mission en marche au service de nos frères en répondant aux besoins du monde. Que nous acceptions comme Joseph Barsabbas de ne pas tenir le devant de la scène, de supporter les contrariétés et les contradictions en portant humblement ta lumière d’amour et de paix partout où tu nous appelles ».              Amen.

Père Charles BONIN

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13 mai 2021 ASCENSION DU SEIGNEUR Homélie du Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE:   Lecture du livre des Actes des Apôtres(Ac 1, 1-11)

DEUXIÈME LECTURE:   Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens   (Ep 4, 1-13)

ÉVANGILE:  Évangile de Jésus Christ selon saint Marc  (Mc 16, 15-20)

Jésus prend de la hauteur. Non pas qu’il abandonne ses disciples, mais pour que par eux il se révèle à l’ensemble du monde. Il se retire à leurs yeux pour ne plus être restreint en un espace et un temps donné mais pour que son esprit se diffuse plus largement dans les cœurs. 

L’ascension est une élévation et une extension, c’est un mouvement de gymnastique spirituelle auquel le Seigneur nous invite : lever les yeux vers le ciel pour connaitre la fin glorieuse à laquelle nous sommes appelés auprès de Dieu et l’annoncer à toute la terre pour que tous les hommes puissent la partager. Ce double mouvement vertical et horizontal qui dessine le signe de la croix c’est la vie de l’Esprit répandue en toute âme de bonne volonté que le Christ invite à dépasser les contingences matérielles pour vivre de sa béatitude. Le Christ monte au ciel non pour accomplir un prodige, pour sa propre gloire mais pour nous élever avec lui au-delà des pesanteurs de nos vies.

Après avoir donné bien des preuves tangibles de son existence, de sa divinité, du fait de la résurrection victorieuse du mal et mort et du royaume auquel nous sommes destinés pour une éternité bienheureuse, en instruisant ses disciples pendant 40 jours après sa mort, Jésus leur promet l’Esprit Saint par lequel ils seront ses témoins pour que cette vie divine soit transmise par toute la terre. C’est une force qui nous est proposée à nous aussi encore aujourd’hui pour être animés intérieurement de la puissance même de Dieu. 

La deuxième lecture nous enseigne les conditionspour la recevoir :

Humilité, douceur, patience, pour vivre dans l’unité et la paix. Nous y reconnaissons les fruits de l’Esprit Saint dont parle St Paul au chapitre 5 de la lettre aux Galates. Rechercher ces fruits par notre attitude d’ouverture bienveillante aux autres et à la présence de Dieu dans le monde c’est permettre que les dons de Dieu s’y déploient pour l’épanouissement d’une société plus harmonieuse et fraternelle. 

St Paul explique en effet aux Ephésiens que ceux qui accueillent ainsi la grâce de Dieu contribuent à la construction du corps du Christ où chacun trouve joyeusement sa place au service des autres dans l’épanouissement de ses dons. L’apôtre souligne ainsi la visée, la finalitéde cette ascension du Christ dans le ciel pour faire descendre sur nous son Esprit saint en abondance. Elle est communautaire. Dieu donne à chacun de quoi contribuer à un monde qui soit toujours plus à son image, animé par l’Amour : qu’on soit apôtre, prophète, évangélisateur, pasteur, enseignant, et l’on pourrait sans doute y ajouter tous les corps de métier et état de vie : c’est pour que nous parvenions ensemble à l’état de l’homme parfait

C’est une œuvre commune pour l’épanouissement de chacun. Nul ne peut y parvenir seul, individuellement, mais tous nous devons y contribuer en nous aidant les uns les autres à recevoir et déployer les dons que Dieu nous fait pour nous rendre meilleurs. 

L’évangile nous assure que ceux qui mettent ainsi leur confiance en Dieu et s’efforcent de vivre dans la foi en s’impliquant dans ce perfectionnement de la société à l’image de l’Amour de Dieu, en reçoivent des bénéfices par des signes: expulsion des démons, langues nouvelles, prendre des serpents ou un poison mortel sans en subir le mal, guérir les malades. S’il arrive que ces signessoient manifestes, ils sont parfois cachés, intérieurs mais non moins réels et révélateurs de l’action de Dieu qui vient renouveler nos vies

Ouvrons nous donc à cette présence de l’Esprit que Dieu veut donner à chacun en cette fête de l’ascension. Levons les yeux vers le ciel pour mieux percevoir le sens de notre vie et recevoir la force de nous impliquer réellement chacun selon ses dons pour construire une société animée par la charité même de Dieu où chacun puisse s’épanouir dans la vraie liberté des enfants de Dieu selon sa vocation. Refuser de ne vivre que pour soi-même, et s’engager à construire ce Royaume de Dieu avec les hommes c’est une responsabilité de chacun pour le bien de tous. Amen

Père Charles BONIN

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09 mai 2021 Homélie 6ème dimanche de Pâques B Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE:  Lecture du livre des Actes des Apôtres(Ac 10, 25-26. 34-35. 44-48)

DEUXIÈME LECTURE: Lecture de la première lettre de saint Jean( Jn 4, 07-10)

ÉVANGILE: Évangile de Jésus Christ selon saint Jean(Jn 15, 9-17)

Homélie pour le 6èmedimanche de Pâques

Chers frères et sœur, 

En préparant cette homélie j’étais bien embarrassé car il me semblait relire l’Evangile de dimanche dernier. Il est encore question de demeurer. Que dire de nouveau que je n’ai pas déjà dit en méditant sur le sarment pour lequel il est vital de rester attaché au cep de vigne ? J’ai bien été tenté de reprendre la même homélie, mais même quand elle semble se répéter l’Ecriture est toujours nouvelle et nous renouvelle. Il faut bien remarquer en effet que ce passage qui suit celui que nous avons lu la semaine passée vient en préciser le message : Demeurer c’est aimer et aimer c’est se donner sans compter. 

Il ne s’agit pas d’aimer à la manière des hommes en fonction de ses goûts et attirances sensibles, mais d’aimer comme Dieu nous aime, c'est-à-dire en donnant sa vie pour ses frères. « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis », dit Jésus. 

Toute notre vie n’a d’autre but que cela. Au soir de ma vie je serai jugée sur l’Amour dit st Thérèse. Nous devons donc nous demander comment ce commandement de Dieu, unique parce qu’il synthétise tous les autres, imprègne tout notre vie ? Comment sommes nous donnés à nos frères et sœurs à l’instar de Dieu qui se donne tout à tous? 

Un exemple pratique nous est proposé dans la première lecture avec st Pierre qui découvre que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes et que l’Esprit Saint est également répandu sur les païens qu’il finit par baptiser au nom de Jésus. C’est pour nous, un enseignement qui souligne trois points d’attention pour compter parmi les amis de Jésus, c'est-à-dire parmi ceux qui accomplissent ce qu’il commande non pas servilement mais en entrant dans son intention, par amour, en se donnant pour rassembler tout être dans l’Amour même de Dieu. 

Premièrement, si Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, nous devons nous aussi ne pas juger les autres. Tous sont aimés de Dieu et à tous l’Esprit Saint est envoyé. Débarrassons nous de tout préjugé et de toute critique. Ne nous prétendons jamais meilleur que quiconque. Pierre en bon juif pensait que les païens étaient exclus du salut et ne seraient sauvés que par le peuple élu. Nous aussi pouvons parfois penser que des gens moins éduqués ou d’une autre culture ou religion n’ont pas les mêmes mérites, sont inférieurs ou n’obtiendront pas autant que nous. Combien de fois ai-je été surpris d’entendre une parole prophétique, un témoignage de vie éloquent, ou de constater une force ou un acte de courage héroïque chez des personnes où l’on s’y attendrait le moins parce qu’ils sont plus faibles, plus pauvres ou se disent eux-mêmes non croyants ! Si les sacrements nous donnent la grâce avec certitude, elle n’y est pas limitée. Aussi devons nous cultiver une culture d’accueil et d’ouverture aux autres en lesquels l’Esprit est aussi donné. 

Le deuxième enseignement que nous donne cette première lecture pour aimer comme Dieu nous aime, c’est de nous disposer à recevoir toujours plus l’Esprit Saint.Comme ce centurion Corneille il nous faut veiller à accomplir ce qui est juste, c'est-à-dire vivre honnêtement dans la charité et la vérité, en adorant Dieu et en écoutant la Parole. Nous ne pouvons pas aimer si l’Esprit saint ne vient en nous pour nous inspirer ce qu’il faut dire et faire pour accomplir ce commandement de la charité. Combien de Chrétiens passent à côté du don de l’Esprit Saint parce qu’ils n’ont pas l’humilité de le demander comme ce centurion qui s’incline devant Pierre, reconnaissant en lui le représentant du Christ qui promit l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Lc11,13). Tous ses dons et charismes sont donnés et ordonnés pour que se déploie la charité entre frères et sœurs qui est le plus grand des charismes de l’Esprit. 

Enfin, conduits par l’Esprit, Pierre baptise ces païens pour les intégrer dans la grande famille des chrétiens. Le fait qu’ils lui demandent alors de rester avec eux, manifeste cette fraternité qui les rassemble au nom du Christ et par laquelle nous pouvons demeurer avec lui unis dans son amour. Sommes-nous mus par le même élan missionnaire ? Nous aussi pour vivre ce commandement de la charité devons avoir le soucis de conduire au Christ nos frères et sœursqui parfois le cherchent sans savoir comment et de réunir le plus grand nombre dans l’Amour qu’il nous a donné. N’hésitons pas à proposer les sacrements de l’initiation chrétienne, à parler de vocation aux jeunes, à témoigner de notre foi, à inviter ceux qui ne le connaissent pas à découvrir l’Amour dont ils sont aimés par l’amitié que nous leur offrons. 

Voilà comment nous pouvons aimer comme le Christ nous aime en nous donnant à nos frères et sœurs : Ne pas juger et reconnaitre la dignité de chaque personne, s’ouvrir par une vie droite et fervente à l’action de l’Esprit saint, témoigner et proposer l’amour de Dieu à chacun.C’est ainsi que nous sommes appelés à changer le monde pour que ce commandement de l’Amour ne soit pas quelque chose d’éthéré, un vague sentiment, mais un acte qui va au devant d’autrui pour relayer la vie et la joie que le Christ ne cesse d’offrir en plénitude, de manière toujours nouvelle, dans l’Eucharistie. Amen

Père Charles BONIN

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02 mai 2021 Homélie 5ème dimanche de Pâques B Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE:  Lecture du livre des Actes des Apôtres(Ac 9, 26-31)

DEUXIÈME LECTURE: Lecture de la première lettre de saint Jean(1 Jn 3, 18-24)

ÉVANGILE: Évangile de Jésus Christ selon saint Jean(Jn 15, 1-8)

Homélie 5eDimanche de Pâques B

 

Mes petits enfants nous devons aimer. Avec quelle douceur Jean nous transmet ce commandement de Jésus ! C’est que lui-même l’a vécu ! Il parle d’expérience celui qui reposa sa tête sur le cœur du Christ qui demeura avec lui dès que Jean Baptiste lui désigna l’Agneau de Dieu et jusqu’à la croix où il se tenait avec Marie. C’est là qu’est née l’Eglise, du sang et de l’eau qui jaillirent de son côté transpercé. Et l’Eglise n’a d’autre mission que de recevoir cet Amour de Dieu, d’en vivre en frères et sœurs et de le transmettre à tous les hommes. 

La raison d’être de l’Eglise c’est l’Amour de Dieu reçu, vécu et transmis mais comment faire pour satisfaire à cette mission que Dieu nous confie de continuer son œuvre ? Certaines personnes sont parfois difficiles à aimer et nous-mêmes ne sommes pas toujours bien disposés, nos égoïsmes souvent nous rattrapent et puis chacun sait bien que l’amour ne se commande pas. Les sentiments non ! mais aimer si ! Car aimer c’est vouloir du bien aux autres et quand on est branché à la source de tout bien qu’est Dieu on ne peut que devenir l’heureux canal de ses dons. 

La première condition de notre vie chrétienne, c’est donc de demeurer auprès de Jésus. Ce mot demeurer est très important chez St Jean. Demeurer c’est entrer dans une intimité, faire maison commune. Ecouter Jésus nous parler dans les Ecritures et entretenir avec lui un dialogue dans la prière, c’est cultiver une amitié qui fait grandir notre cœur à la mesure de l’Amour de celui qui nous a tout donné. Plus on le connait et plus on aime, plus notre cœur est apte à aimer les autres et à se réjouir dans la paix et la louange. Il est donc essentiel à notre foi d’entretenir une vraie relation personnelle avec le Christ. Lui, y est toujours disponible et nous y appelle mais lui accordons-nous le temps et l’importance nécessaire ? Sans lui nous ne pouvons rien faire, mais si nous lui restons connectés et accordons notre volonté à la sienne nous porterons du fruit et tout ce que nous demanderons nous l’obtiendrons. 

La deuxième condition de notre vie chrétienne pour être rempli de l’Amour de Dieu c’est de nous laisser purifier de tout ce qui n’est pas lui. Tout ce qui encombre notre cœur et nous empêche de recevoir Dieu doit être retiré pour lui laisser la place se s’épanouir. Nous sommes parfois contrariés de ne pas obtenir ce que nous convoitons, mais avant de nous enfermer sur nous même, demandons-nous si c’est vraiment bon pour nous ou si Dieu n’a pas un bien plus grand encore à nous offrir ? Si nous lui faisons confiance, si nous croyons qu’il nous aime et nous est fidèle nous ne serons jamais déçus ni amers ou inquiets ; nous serons toujours dans la paix. 

La troisième condition pour vivre de l’Esprit du Christ, c’est de nous donner à nos frères. Comme la vigne qui donne de beaux raisins, nous avons tous quelque chose à donner aux autres. C’est ce qui donne du sens à notre vie sur terre. Ne retenons pas pour nous nos richesses et nos talents. Elles sont faites pour être partagées et cela seul donne la vraie joie et la paix. 

Demeurer, purifier, donner voilà comment l’Amour de Dieu peut épanouir toute notre vie et la transfigurer pour qu’elle soit heureuse et belle. Petits enfants aimons nous les uns les autres ! Que notre communauté paroissiale soit une vraie famille attachée au Christ, paisible et confiante, animée par son esprit et donnée au service des autres. Efforçons nous de le vivre en nous engageant toujours plus dans la fraternité pour resplendir ensemble de la Gloire de Dieu. 

Père Charles BONIN

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02 mai 2021  Homélie 5ème dimanche de Pâques B Père Paul BERTHIER 

PREMIÈRE LECTURE:  Lecture du livre des Actes des Apôtres(Ac 9, 26-31)

DEUXIÈME LECTURE: Lecture de la première lettre de saint Jean(1 Jn 3, 18-24)

ÉVANGILE: Évangile de Jésus Christ selon saint Jean(Jn 15, 1-8)

5ème DIMANCHE DE PÂQUES B 2021

Vous voulez vivre en chrétiens ? Les textes de ce dimanche nous proposent deux méthodes indispensables et efficaces. Il nous faut tout d’abord "rester branchés". C’est la première nécessité pour vivre notre vie chrétienne.

Lorsque la ménagère veut passer l’aspirateur, elle le branche à la prise électrique pour avoir l’énergie nécessaire qui fera fonctionner l’aspirateur. Egalement à l’hôpital, on va brancher une perfusion au malade, pour lui redonner un peu de vigueur. Vous avez tous vu de la vigne, vous avez tous vu des sarments qu’on a coupés en taillant la vigne Si nous ne sommes pas branchés au Seigneur nous sommes comme des sarments qui sont en train de se dessécher : une fois coupés et bien secs, ces sarments ne sont plus bons qu’à alimenter les braises d’un barbecue.

Dans la vie avec le Seigneur c’est pareil : il nous faut rester branchés. Il faut absolument que notre vie soit en lien avec la vie du Seigneur. Nous l’avons entendu dans la première lecture : « L’Eglise se construisait, elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit-Saint, elle se multipliait. »Vous voyez, l’efficacité de l’avancée de l’Eglise dépend de la présence de l’Esprit-Saint.

Être branchés, ce ne sont pas des paroles en l’air : « Petits enfants, n’aimons pas en paroles ou par des discours mais par des actes et en vérité, »nous dit St Jean dans sa lettre et si je résume ce que nous dit Jésus : Restez branchés, « Car sans moi, vous ne pouvez rien faire. »

La deuxième invitation du Seigneur pour vivre la vie chrétienne c’est : « Demeurez en moi ! »"Demeurer " En 14 lignes Jésus emploie 8 fois ce verbe, c’est sans doute pour nous alerter ; ce n’est pas facile de résister à l’usure du temps. "Demeurer", c’est à dire durer tenir le coup, ne pas abandonner, ne pas nous décourager. Oui, il nous faut persévérer. La vie chrétienne ce n’est pas une heure de prière par semaine et cinq minutes par jour. C’est tout le temps, c’est perpétuel, c’est à chaque instant que nous devons partager notre vie avec le Seigneur. Toutes les fois où nous rencontrons une sœur, un frère, c’est à ce moment-là qu’il nous faut demeurer dans l’amour, alors nous rencontrerons le Seigneur lui-même. St Paul avait bien compris ça, lui qui recommande à ses fidèles : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, faites-le pour la plus grande gloire de Dieu. »

En plus, si vous persévérez, si vous demeurez dans l’amour de Dieu, vous deviendrez efficaces. Le Seigneur nous l’annonce clairement : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez et cela se réalisera pour vous. » Vous ne croyez pas que très souvent nous abandonnons nos demandes, nos prières un peu trop vite. Ensuite, nous nous plaignons que le Seigneur ne nous exauce pas.

Branchés sur l’amour du Seigneur et en demeurant dans cet amour, nous pourrons porter du fruit, devenir de vrais disciples et réaliser ainsi la gloire du Père.

P Paul BERTHIER

 

25 Avril 2021 Homélie 4ème dimanche de Pâques B Père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE:  Lecture du livre des Actes des Apôtres(Ac 4, 8-12)

DEUXIÈME LECTURE: Lecture de la première lettre de saint Jean(1 Jn 3, 1-2)

ÉVANGILE: Évangile de Jésus Christ selon saint Jean(Jn 10, 11-18)

Homélie 4ème Dimanche de Pâques B

Dimanche dernier nous insistions sur l’importance de connaitre Jésus. Le fréquenter régulièrement dans la prière et les Ecritures et jusqu’à le toucher dans l’Eucharistie, l’aimer du fond de son cœur, c’est se laisser pénétrer de sa présence qui nous sauve. Nous l’entendons d’une manière un peu distraite et superficielle sans bien comprendre de quel Salut il s’agit ni mesurer qu’il en va de notre vie ! Cela n’a pourtant rien d’une théorie abstraite. Aussi, quand Pierre dit qu’il n’y a d’autre nom que Jésus qui puisse nous sauver, il le rend visible et manifeste par la guérison d’un infirme, signe de recouvrement d’une intégrité physique et de pleine vitalité. Jean explique dans la deuxième lecture que cette vie en plénitude n’est pas seulement physique mais qu’elle consiste à voir Dieu face à face, à lui être semblable, comme des fils et filles. C’est ce qu’initie le baptême mais nous avons encore bien du mal à le vivre concrètement et cela nous semble parfois lointain et quelque peu obscur.

Alors Jésus dans l’Evangile nous explique ce dont il s’agit par l’image du bon pasteur et une phrase sur laquelle on passe sans y faire attention : « Je donne ma vie pour la reprendre ensuite » ! Qu’est-ce à dire ? Depuis tout petit dans la cour de récréation on nous apprend que donner c’est donner et reprendre c’est voler et Jésus lui, donnerait pour reprendre comme un voleur ?

En tant qu’il est Dieu, il donne la vie divine, éternelle, bienheureuse, tout amour. Il la reçoit comme homme, au nom et pour toute l’humanité surélevée à cet infini degré de vie. 

En tant qu’il est homme, il donne sa vie sur la croix pour se laisser saisir par Dieu et revivifier par la source de la vie. 

Admirable échange proposé en chaque Eucharistie à l’homme qui se dépouille de lui-même pour se revêtir de l’Agapé divine ! Alchimie sublime pour tout homme qui se laisse gagner par la charité entrant en communion avec ses frères et sœurs dans le regard de Dieu ! 

En ce dimanche des vocations, il est opportun de méditer sur notre vocation fondamentale dont tous les états de vie (mariage, vie consacrée, sacerdoce) dérivent comme des expressions particulières d’un même appel à aimer comme Dieu nous aime et à incarner ce don qui nous est fait au baptême. Il est temps d’arrêter de vivre à la surface de nous même comme si la religion n’était qu’un vernis culturel, un rite social enrobé de mystère. Cet Evangile mérite d’être vécu à la lettre : Aucun berger ne donne sa vie au sens propre pour ses brebis. Dieu si ! et ses brebis c’est nous ! Ce n’est pas seulement une manière de parler pour dire qu’on s’investit pour une cause et qu’on s’y consacre totalement. Le bon berger lui, donne réellement sa vie pour que nous vivions de sa vie et pas seulement d’une vie animale. Le connaitre, entendre sa voix, recevoir son corps et son sang, c’est entrer en vérité dans la grâce de notre divinisation. Dieu assume notre humanité pour l’élever dans la périchorèse des personnes divines c'est-à-dire dans la communion d’Amour entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Tel est notre appel et ce à quoi toute notre vie doit répondre pour que nous soyons pleinement heureux : comment vivre au mieux cette offrande de soi dans l’Amour de Dieu et de nos frères ? C’est quand même une autre perspective de vie que de faire des plans de carrière ou les médiocres ambitions de fortune et de gloire. 

Prions donc, pour nous mêmes et plus particulièrement pour les jeunes qui cherchent un sens à leur vie, que nous sachions entendre ces appels du bon berger à marcher à sa suite en donnant nous aussi notre vie, pour vivre en plénitude de l’Amour trinitaire. Prions pour que les prêtres soient toujours plus configurés à cette figure du bon berger, prions pour que les consacrés demeurent des signes paisibles et joyeux du Royaume qui vient, prions que les époux manifestent l’alliance fidèle et féconde de Dieu avec les hommes. Recevons donc dans cette Eucharistie la force de nous donner sans compter pour ressusciter à l’éternelle vie. Amen. 

P Charles BONIN

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Dimanche 18 Avril 2021 Homélie 3ème dimanche de Pâques B Père Charles BONIN
Lecture du livre des actes des Apôtres (3, 13-15 . 17-19)
Lecture de la pemière lettre de saint Jean (2, 1-5a)
Évangile de Jésus Christ selon saint LUC (24, 35-48)

Homélie pour le 3eme dimanche de Pâques B

Puissance de mort et puissance de vie s’affrontent dans ces lectures qui reviennent sur l’évènement de la passion et de la résurrection du Christ. L’enjeu de ce combat dont le champ de bataille est l’âme humaine disputée par deux armées en campagne, comme l’a si bien imaginé St Ignace dans sa méditation sur les deux étendards, c’est la victoire sur le péché. Tout ce que nous avons entendu converge vers ce point culminant qui conclut l’évangile et la première lecture et introduit la deuxième : la conversion au nom du Messie pour le pardon des péchés. 

Toute l’Ecriture Sainte de l’Histoire d’Israël est tendue vers cet accomplissement que Jésus explique à ses disciples. Sa venue en ce monde c’est pour une libération du péché. 

Dans l’Ancien Testament, le péché est d’abord un manquement aux commandements de Dieu. Il implique réparation et porte des conséquences dommageables. Il revêt principalement la dimension morale d’une souillure dont on se lave par des rites de purification et des offrandes. 

Dans le nouveau testament cette compréhension s’affine avec les enseignements du Christ et la théologie de St Paul qui révèlent que le péché est un esclavage et un aveuglément qui nous tient loin de Dieu. Le péché nous détourne de ce qui nous est propre, de ce pour quoi nous sommes faits : la communication avec Dieu. Pécher c’est manquer sa cible qui n’est autre que le cœur de Dieu. Il nous éloigne de la source de vie et nous conduit à une mort certaine. 

Trois éléments sont constitutifs du péché : 

1/Une matière grave, c'est-à-dire un acte contraire à la charité. Le meurtre dont St Pierre parle dans la première lecture en est le type même, mais il y a bien des manières de tuer son frère autrement qu’en versant son sang. 

2/ La connaissance que l’acte commis est un mal. C’est pourquoi Pierre plaide l’innocence de ses frères juifs au motif de leur ignorance. 

3/ La volonté. Pierre relève que le peuple d’Israël a rejeté, livré et tué Jésus en demandant la grâce d’un prisonnier contre l’avis de Pilate. Ils n’ont donc pas agit sous l’emprise d’un autre qui les disculperait. 

Mais la situation du pécheur n’est pas sans remède : Nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ le juste nous dit St Jean. La victoire qui nous fait basculer du camp du mal et de la mort vers le camp de la vie c’est de connaitre le Christ, de confesser son nom en se reconnaissant pécheur et en accueillant son pardon. C’est pourquoi Jésus passe tout son temps de ressuscité à se faire reconnaitre et à expliquer qu’en traversant toutes ces souffrances pour parvenir à la résurrection il veut manifester qu’il est plus fort que le mal. Ce poisson qu’il mange n’est pas seulement un signe de vitalité mais aussi un message symbolique qu’il donne et que les premiers chrétiens conserveront comme signe de reconnaissance : le poisson Ictus en grec c’est l’acronyme de Jésus Christ, fils de Dieu, sauveur. 

Comme les disciples nous devons donc toucher Jésus, le connaitre, le fréquenter, l’aimer, agir selon sa Parole. Et c’est ce que nous venons faire chaque fois que nous participons à l’Eucharistie. Nous revivons ce que les disciples ont vécu lorsqu’il se tenait au milieu d’eux pour raviver leur foi, les instruire et les fortifier pour l’annoncer. Ce n’est pas un rite pour faire bien, c’est le sacrement vital du Salut. On ne peut pas être catholique non pratiquant parce que notre religion est une relation. Celui qui se prive d’une telle présence se tient loin de Dieu, il est un menteur, la vérité n’est pas en lui dit st Jean. Ce serait comme dire je suis ami avec untel mais je ne l’écoute jamais et je ne vais jamais le voir. Soyons donc les témoins de cette présence de Salut pour la libération de tout péché, dites le bien autour de vous pour que beaucoup viennent recevoir ici dans l’Eucharistie la perfection de l’Amour de Dieu. Amen.  

P Charles BONIN

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Dimanche 18 Avril 2021 Homélie 3ème dimanche de Pâques B Père Paul BERTHIER
Lecture du livre des actes des Apôtres (3, 13-15 . 17-19)
Lecture de la pemière lettre de saint Jean (2, 1-5a)
Évangile de Jésus Christ selon saint LUC (24, 35-48)

3èmeDIMANCHE DE PÂQUES B 2021

Jésus ressuscité apparait de nouveau à ses Apôtres. On pourrait penser qu’ils vont enfin comprendre et croire en la Résurrection : hélas, on en est encore bien loin. L’Evangile nous le dit : « Saisis de frayeur, ils croyaient voir un esprit. »Et pourtant, les deux disciples qui revenaient d’Emmaüs ont été formels : « Nous l’avons reconnu à la fraction du pain. »Et les femmes qui ont trouvé le tombeau vide, n’est-ce pas là une preuve ? En plus de tout cela, Jésus ressuscité est même apparu à Pierre… Malgré tous ces témoignages, l’Evangile nous le souligne encore : « Dans leur joie, ils n’osaient pas y croire et restaient saisis d’étonnement. »

Il faut dire que la Résurrection c’est une réalité d’un autre monde. Les Apôtres ont besoin de temps pour comprendre, pour assimiler, pour digérer une telle nouvelle. Ils sont un peu comme des gamins pas très doués, face à la règle du participe passé ou du théorème de Pythagore : ils ont besoin qu’on leur répète souvent les règles. 

Les Apôtres sont des hommes simples qui ont l’habitude de travailler sur du concret. Alors, pour leur faire comprendre la réalité du Royaume des cieux, la tendresse de Dieu, la Résurrection ou le pardon des péchés, il faudra prévoir de répéter souvent, les choses, avec beaucoup d’explications. Pourtant, ils étaient avertis, les Apôtres, ils connaissaient l’Ecriture et les prophéties de l’Ancien Testament, et aussi, ils avaient entendu Jésus annoncer sa mort et sa Résurrection mais la nature humaine est ainsi faite, que devant le merveilleux, le spirituel, on se trouve quelque fois désarmés.

Regardons notre situation : nous aussi nous avons les Ecritures l’Ancien et le Nouveau Testament où les témoignages sont clairs et sans appel. Nous avons la figure de Jésus, la réflexion, la prière d’une multitude de chrétiens, l’exemple des innombrables saints, et pourtant que de fois nous nous posons la question : « Et si c’était pas vrai ! Et si Jésus n’était pas ressuscité ? »Et je suis presque sûr que si aujourd’hui je posais la question à chacun de vous… Mais non, c’est certain, il est ressuscité ! Cette vérité, je ne peux pas vous la transmettre, c’est vous seuls qui pouvez la vivre : la foi est un don de Dieu pour chacun.

Du coup, les hésitations des Apôtres, leur lourdeur, leur lenteur à croire peuvent devenir un encouragement pour nous. Il est vrai que pour nous, ouvrir l’Evangile, dire le Notre Père, voir les autres comme membres de notre famille, imaginer que nous serons tous un jour vivants comme Jésus ressuscité, ce n’est pas facile à vivre. Pourtant, croire que déjà maintenant, notre péché est pardonné peut transformer toute notre vie. Oui, nous sommes pardonnés, c’est dit en toutes lettres dans l’évangile de ce jour : « C’est lui, qui, par son sacrifice obtient le pardon de nos péchés. »Dans la lecture des Actes des Apôtres St Pierre demande à ses fidèles : « Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. »

Toute la liturgie de ce jour nous invite à croire en la Résurrection. Et cette Résurrection doit nous transformer, nous illuminer, nous transfigurer : « Sur nous Seigneur, que s’illumine ton visage »disait le refrain du psaume. Le Seigneur est ressuscité, il nous attend, il a besoin de nous pour crier partout que nous sommes sauvés, nous sommes pardonnés. Les Apôtres ne sont plus là pour continuer la mission c’est à nous de le faire. Le Seigneur part avec nous, il nous accompagne dans cette mission et il nous invite à partager son amour. C’est nous maintenant qui sommes les témoins de la Résurrection de Jésus. 

Père Paul BERTHIER  

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dimanche 11 Avril 2021 Homélie pour le  dimanche de la Miséricorde: Père Charles BONIN
Lecture du livre des actes des Apôtres (4, 32-35)
Lecture de la lettre de saint Jean (5, 1-6)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20, 19-31)

Homélie pour le dimanche de la miséricorde 2021

Constituée autour de l’évènement de la résurrection, la première communauté chrétienne est animé par la communion fraternelle, confiante en la bonté de Dieu et la puissance de la foi victorieuse du monde c'est-à-dire de tout mal. Voilà le résumé des lectures de ce jour où nous fêtons la miséricorde de Dieu ou plutôt que Dieu est miséricorde. Car c’est son être profond, sa manière de nous aimer avec un cœur maternel, littéralement du fond de ses entrailles. Et c’est peut être le sens de cette blessure au côté du Christ que St Thomas est invité à toucher. 

Comme lui nous avons du mal à entrer dans ce mystère, à croire ce qu’on ne voit pas, à faire confiance et à nous appuyer sur notre foi pour orienter nos vies. La miséricorde de Dieu nous accompagne dans ces jours qui suivent Pâques pour nous aider à recevoir toutes les grâces de la résurrection et à en déployer la puissance de vie que nos intelligences et nos cœurs rétrécis ont du mal à intégrer. C’est toujours le Christ qui vient à la rencontre de ses disciples qui peinent à croire. Il franchit les portes closes de nos enfermements et devine les pensées cachées. Cela nos dit quelque chose des corps glorieux que nous aurons mais surtout, cela nous révèle que Dieu veux nous rejoindre dans nos peurs, nos hontes, nos faiblesses. Il nous faut à notre tour le laisser nous atteindre dans toutes nos misères pour parvenir au cœur de Dieu. 

Pour cela, il nous faut cultiver deux attitudes : 

1/ l’humilité qui consiste à regarder en face sa misère et à la remettre à Dieu en vérité.

2/ la confiance qui dépasse tout sentiment de culpabilité enfermant et tout découragement. 

St Thomas aurait pu avoir honte et se sentir diminué au regard des autres mais il rentre dans la miséricorde de Dieu en confessant sa foi : Mon Seigneur et mon Dieu. Il reçoit par cet acte la puissance qui fera de lui l’apôtre de l’Asie, un témoin vigoureux de la résurrection. 

A Ste Faustine Dieu révèle les trésors de sa miséricorde et assure que tous ceux qui s’y confient ne périront pas. Il lui demande de peindre ce tableau que l’on connait d’où sortent de son coeur des rayons rouges et blancs en rappel de l’eau et du sang qui jaillirent de son côté à la croix : L’eau qui lave du péché, le sang qui donne la vie en réponse aux deux attitudes du chrétien : humilité et confiance et que l’on vit tout particulièrement dans les sacrements du pardon et de l’Eucharistie. Voici deux bons moyens d’entretenir notre vie chrétienne et que la grâce de Pâques ne soit pas aussitôt dissipée. Les fêtes liturgiques ne sont pas en effet des célébrations rituelles calendaires, elles nous redonnent souffle de vie qu’il nous revient ensuite d’entretenir. 

Prenant donc conscience que les bras de Dieu nous sont toujours ouverts, devenons miséricordieux comme le Père, soutenus par ces sacrements pour vivre entre nous toujours plus de cette communion fraternelle des premières communautés chrétiennes à laquelle Dieu nous appelle. Amen. 

P Charles BONIN

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01/04 avril 2021: Homélies pour la semaine sainte B  Père Charles BONIN

Homélie du jeudi saint B

La première lecture est un récit de la Pâque juive qui nous éclaire sur le sens de notre liturgie de ce jour. Nous y retrouvons des éléments de similitude significatifs. 

Un repas fraternel, signe que Dieu nous invite au partage et à l’amitié entre nous. Que personne ne soit seul ou triste à proximité de notre maison, quelle soit ouverte aux pauvres et aux voisins à qui nous avons tant à donner : pas seulement de la nourriture matérielle mais aussi un lien d’humanité et comme la suite de ces deux récits nous l’enseigne, le don vital que Dieu veut faire à tout homme. Laisserons-nous nos portes fermées à celui que Dieu appelle aussi à travers nous ? A celui que le Seigneur nous appelle à servir comme lui ? Un parent âgé ou un malade ? En lavant les pieds de ses disciples, Jésus nous apprend qu’il n’y a d’autre chemin que cet humble service de nos frères pour avoir part avec lui. Mais si nous lisons bien, il s’agit d’un rite de purification. Se purifier les uns les autres c’est se pardonner aux uns et aux autres pour que nul n’ait de dette envers quiconque sauf la dette de l’Amour comme le dit st Paul aux Romains (Rm 13,8). Le temps est donc venu de demander ou d’accorder un pardon à quelqu’un avec qui nous sommes en froid. Comment prétendre autrement vivre cette liturgie d’un cœur en paix sincère et purifié ? Jésus lui-même ne l’a-t-il pas vécu au cours de ce repas en conservant son amitié à Judas à qui il tend une bouchée de pain bien que ce dernier le trahisse. La fraternité que Jésus nous invite à vivre ne saurait faire l’économie de ce don humble et miséricordieux de nous même dans le pardon. Le deuxième signe conforte cela :

Un agneau mâle sans défaut est immolé au cours de ce repas. Nous pouvons y reconnaitre sans difficulté une figure du Christ qui se donne en nourriture pour la vie éternelle lorsqu’il dit aux apôtres au cours de ce repas relaté par St Paul : ceci est mon corps, ceci est mon sang. Il annonce que son sacrifice sur la croix est vital pour nos âmes. Que tous ceux qui y communient obtiennent de lui le Salut. L’enjeu de ce repas, c’est en effet une délivrance.

Le sang de cet agneauprotégeait en effet, les hébreux des conséquences du mal dans lequel les égyptiens s’étaient enfermés loin de Dieu. De même, c’est le sang du Christ qui nous libère du péché. Comme les animaux du sacrifice d’autrefois dont le sang était versé sur l’autel tandis que le bouc émissaire chargé des péchés de la communauté était envoyé au désert, il a porté la rançon de nos fautes pour que nous ne soyons pas condamnés à la mort qu’elles entrainent. Laissons-nous faire par ce maître si bon comme il l’enjoint à Pierre. Ne pensons pas nous sauver par nous même, mais prenons davantage conscience de ce don qui nous est fait pour le recevoir d’un cœur simple et bon. Le corps et le sang du Christ donnent la vie et protègent du mal ceux qui se présentent avec foi devant lui. Retenons du fléau qui s’abat sur les égyptiens que nous avons bien plus besoin de communier fréquemment que de tout autre chose pour sauver notre âme. 

Tous ces ingrédients se trouvent réunis dans le saint sacrifice de la messe. Là, à travers le prêtre, Jésus s’offre encore comme victime et grand prêtre pour nous restaurer dans l’amitié de Dieu. Là s’actualise ce repas qui annonce la Passion, comme le Christ nous l’a demandé : « faites ceci en mémoire de moi ». Dans chaque Eucharistie nous nous rassemblons fraternellement, nous demandons pardon, nous écoutons la Parole du Christ, nous communions à son corps et à son sang pour être délivrés du mal et unis à sa divinité, nous sommes envoyés pour partager la vie ainsi donnée. Ainsi participant ensemble au sacerdoce du Christ selon la grâce de notre baptême nous portons par la fraternité qui nous unis la grâce de notre rédemption. Dans le silence, préparons nous donc à recevoir les fruits d’un tel mystère. Amen. 

 

Homélie pour le vendredi saint B

Le péché nous défigure. Il est bon d’en prendre conscience avec le portrait du serviteur souffrant d’Isaïe. Il n’avait plus figure humaine parce qu’il portait nos fautes, à cause de nos révoltes il a été transpercé dit le prophète. Il identifie bien en cela la cause de nos maux et le remède que Jésus y apporte en adoptant l’attitude exactement inverse dans sa Passion. 

Ce sont en effet toutes nos révoltes qui nous remplissent d’amertume et dictent nos conduites mauvaises. Nous n’acceptons pas une remarque alors nous maudissons. Nous sommes insatisfaits de ce que nous avons, alors nous envions, nous jalousons, ou pire nous volons ou détruisons ce que l’autre a et que nous convoitons : bien matériel, talent, réputation. Nous rechignons à nos devoirs d’état alors nous tombons dans la paresse, la facilité, la fuite des responsabilités. On se sent lésé d’un bien dont on s’estime avoir droit alors nous nous mettons en colère. On pourrait multiplier les situations négatives qui appesantissent nos vies, partout nous retrouverions à l’origine une orgueilleuse et sourde rébellion. Le refus de la volonté de Dieu et de ses dons est à la racine de toutes nos turpitudes. 

C’est donc logiquement par l’obéissance que le Christ rompt ce cercle vicieux pour nous en libérer. Durant sa Passion, en effet, tout en faisant valoir le droit, la justice et la vérité, il ne s’est pas révolté. Il a pâtit, passant de mains en mains : de Judas à la cohorte, des gardes juifs au tribun, des pharisiens à Anne, d’Anne à Caïphe, de Caïphe à Pilate, puis à la foule attisée par la haine et aux soldats. Il a été livré aux mains des hommes qui lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu, comme le prophétisait Jésus au sujet du retour d’Elie (Mt17,10-13). 

Si le Fils de Dieu s’est ainsi abandonné à la méchanceté des hommes, sans jamais répondre au mal par le mal, pour que l’Amour soit victorieux, n’était-ce pas pour que l’homme apprenne inversement à s’abandonner à la bonté de Dieu ? Terrifiant renversement qui nous dit toute la miséricorde de Dieu allant jusqu’à se renier lui-même pour nous rappeler qu’on ne retrouve notre visage humain qu’autant que nous nous laissons façonner à son image. De la Croix dressée sur le monde s’élève ce message de sagesse et de paix : consentir. Accepter nos limites, nos souffrances et jusqu’à notre mort dans la confiance en la résurrection, mourir à soi même pour entrer dans la vie même de Dieu est la voie de notre rédemption. C’est un message pour notre temps de pandémie où si souvent l’on se berce d’illusion de toute puissance, où l’on se voile la face sur notre condition mortelle, où l’on supporte si mal toute contrariété. 

Apprenons donc de la Passion du Christ la haine et la lutte contre toutes nos révoltes intérieures nourries par notre orgueil, et l’amour d’une humble et paisible obéissance à la volonté de celui qui veut nous restaurer dans notre originelle dignité. Acceptons de recevoir comme le Christ souffrant dans sa chair, les évènements de notre vie comme autant d’opportunités de parvenir à la Gloire de sa divinité.  Amen.

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Homélie pour la veillée pascale B

Alléluia Christ est ressuscité. Le tombeau est vide et c’est une bonne nouvelle ! Parce que ce tombeau est notre tombeau. C’est le tombeau de nos remords et de nos regrets, de nos fautes passées et de toutes nos culpabilités, le tombeau de nos hontes et de nos infidélités, de nos peines et de toute anxiété. Et il est vide chers frères et soeurs ! Vide ! Christ est ressuscité. ♫♫Il nous a sauvé alléluia, nous a libérés alléluia, nous chantons sa gloire alléluia, béni soit son nom alléluia ! Sa lumière a vaincu l’ombre, et il guéri nos blessures, il fait de notre misère une joie éternelle….♫♫

Ce qui frappe dans ces lectures de l’histoire du salut. C’est la patience de Dieu qui poursuit inlassablement l’homme par sa providence. Voilà un mot qu’on n’entend plus beaucoup. Dire que Dieu est provident, c’est reconnaitre qu’il fait tout concourir au bien de l’homme même les souffrances et la mort qu’il n’a bien sûr pas voulus. De la Genèse à la Résurrection du Christ en passant par l’Exode et les Prophètes, il créée, il conduit, il protège, il prévient et inlassablement il redonne souffle de vie à sa créature récalcitrante qui se cabre contre les aléas de la vie. Vendredi en méditant sur la Passion, la Croix nous enseignait à consentir dans les épreuves de notre vie à cette action de Dieu. Aujourd’hui, le tombeau vide nous apprend à y répondre positivement.

Au-delà du pâtir il y a en effet un agir. La vie spirituelle est ainsi alternance de purifications passives et actives pour entrer dans la gloire de la résurrection : double mouvement d’acceptation et d’exultation. 

A la Croix, les saintes femmes se tiennent debout sans rien dire. Elles subissent dans la douleur et les larmes. Au tombeau, au contraire elles courent et s’affairent à préparer des parfums et partent toutes bouleversées annoncer la nouvelle aux disciples. S’il nous faut accepter de mourir à nous mêmes, ce n’est pas pour y demeurer. Pâques est un passage de la mort à la vie, et ce mouvement doit imprégner toute attitude vraiment chrétienne d’une inébranlable joie : Acceptation-Exultation : c’est la respiration de l’âme gagnée par le Christ.

Aujourd’hui l’ange nous dit comme aux femmes : Il n’est pas ici ! Voici l’endroit où on l’avait déposé. Il nous invite à considérer tous nos lieux de mort que le Seigneur est venu visiter pour en extraire les cadavres et y apporter sa lumière. Forts de cette connaissance, il nous engage alors comme elles, entrer dans le dynamisme joyeux de la Foi : Acceptation-Exultation. 

Un jour, je faisais jouer la Passion à des jeunes handicapés et celui qui interprétait le rôle de Jésus au moment le plus dramatique où on le flagellait et où on l’insultait s’est exclamé : « j’m’en fiche de toute façon dans trois jours, je vais ressusciter ». C’est sans doute outré mais si on pouvait vivre tous nos petits drames avec la même légèreté la vie serait plus facile : Acceptation-Exultation. 

Une jeune collégienne me demandait récemment « Est-ce que les gens qui croient sont plus heureux ? » mais oui, c’est évident. Et cela devrait se voir. « Si les Chrétiens avaient un peu plus une tête de ressuscité tout le monde croirait » disait Nietzsche. Alors voyons ce qui nous reste à faire : Ne nous laissons jamais ébranler par le mal, courrons avec les saintes femmes constater qu’il a supprimé tout ce qui était mort dans nos vies ; courrons continuer l’onction interrompue, le geste d’apaisement, pour le corps blessé de nos frères affligés en lesquels le Christ demeure en leur prodiguant le parfum de notre amitié ; courrons ensemble avec elles annoncer au monde entier la bonne nouvelle de la vie. Mon souhait pour nos paroisses, c’est que les gens nous voient si simples et si joyeux qu’ils n’aient d’autre envie que de se joindre à nous alors : ♫♫Criez de joie, Christ est ressuscité, il nous envoie annoncer la vérité. Criez de joie brulez de son amour car il est là avec nous pour toujours. ♫♫

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Homélie pour le jour de Pâques B Baptême de Virginie et Médina

Marie Madeleine, Pierre et Jean : Les trois premiers témoins de la résurrection. Trois attitudes différentes face au même évènement. Et nous comment réagissons nous ? Quel ressuscité sommes-nous ? Quelle est notre foi au Christ ressuscité ? Parmi ces personnages et la foule des indifférents, nous avons-nous aussi à prendre position. 

Marie Madeleine est partie de bon matin avant tout le monde pour honorer celui qu’elle aimait, elle voit la pierre roulée et conclut au vol du corps de Jésus, elle s’agite et s’inquiète. Elle montre ainsi beaucoup d’Amour et le geste qu’elle allait accomplir tout comme son émotion le disent suffisamment. Mais elle ne croit pas tout de suite, parce qu’elle y est empêché par sa trop grande sensibilité qui fait comme un écran à son acte de foi. 

Nous aussi nous risquons parfois de réduire la Foi à quelque chose de sensible et alors si nous ne sentons plus rien nous sommes déstabilisés, prêts à tout laisser tomber. Avec Marie Madeleine nous sommes invités par le Christ à entrer dans la Foi pure et l’Amour véritable qui au-delà du sensible et de la seule dimension affective est un choix volontaire de s’abandonner à une alliance de confiance. 

Pierre vient ensuite, avec une réaction presque opposée. Il est rationnel, pragmatique, il entre dans le tombeau et regarde perplexe. Il interroge mais ne comprend pas et reste sur cette question sans réponse. C’est l’attitude de l’agnostique scientifique et matérialiste qui s’en tient au fait sans oser prendre position en l’absence d’une rigoureuse convergence de preuve. Le premier pape, un agnostique ! Quel scoop ! Cela peut, peut-être, nous rassurer sur nos propres doutes mais cela nous invite surtout à l’exemple de Pierre, à ne pas en rester là. Car si la foi dépasse le sensible, elle dépasse aussi notre intelligence. Non pas qu’elle soit irrationnelle mais parce que Dieu est toujours plus grand que ce que nous pouvons en comprendre. Il nous faut donc avoir l’humilité d’entrer dans la contemplation savoureuse d’un mystère plutôt que de prétendre tout en saisir. 

Jean est celui qui associe ces deux bonnes attitudes que réclame la Foi : Amour et intelligence, C’est le propre de la contemplation. Son amour est signifié par sa promptitude à se rendre au tombeau; son intelligence par le fait qu’il parvient à la vérité de l’évènement en posant un jugement sur ce qu’il constate : « Il vit et il crut ». Mais que voit-il pour croire ? Rien justement! Le tombeau est vide, il n’y a rien à voir. La Foi jaillit dans l'obscurité comme une lumière dans les ténèbres de notre vie. Nous expérimentons parfois ce vide, ce silence de Dieu mais c’est précisément là qu’il nous appelle à nous laisser saisir par lui, à accomplir ce saut de la Foi au-delà de la frontière où nous portent notre sensibilité et notre intelligence, sans les contrarier mais pour aller plus loin, vers le plein épanouissement de notre capacité à aimer et à connaître. 

C’est ce saut de la Foi que vous vous apprêtez à faire, Virginie et Melinda, et nous avec vous, en vous immergeant dans la mort et la résurrection du Christ. Par le baptême vous acceptez ce dépassement de vous laisser saisir par Dieu. Vous quittez tout ce qui ne peut que mourir pour entrer déjà dans l’infini et l’éternité de Dieu, vous intégrez l’Eglise du ciel et de la terre, dans la communion des saints. C’est un voyage extraordinaire de toute la vie avec ses péripéties où vous nous rejoignez aujourd’hui vers une destination heureuse que nul ne peut imaginer. Tous ensemble, en renouvelant avec vous nos promesses baptismales et en proclamant notre foi nous accomplissons cet acte de suprême Amour et d’intelligence qui nous fait participant à la résurrection du Christ et communier à sa divinité. Amen. 

P Charles bonin

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04 avril 2021: Homélie pour le dimanche de Pâques  Père Paul BERTHIER

PÂQUES 2021

Avez-vous remarqué, personne, aucun humain n’a vu Jésus sortir de son tombeau ; pourtant si l’on en croit St Paul, dans sa lettre aux Corinthiens la Résurrection de Jésus est l’événement le plus important de la vie chrétienne : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide ainsi que votre foi. » « Si le Christ n’est pas ressuscité nous ne ressusciterons pas non plus : nous sommes encore dans notre péché et nous ne sommes pas pardonnés. »

Il est impensable qu’un événement aussi important n’ait aucun témoin. Les premiers qui témoignent de la Résurrection ne nous parlent que d’un tombeau vide et de quelques linges laissés sur place. Ainsi, alertés par Marie Madeleine, Pierre et Jean vont en toute hâte au tombeau : ils ne peuvent que constater qu’il est ouvert, que le corps de Jésus n’est plus là, seuls quelques linges sont rangés sur le côté. C’est bien peu de chose pour un événement aussi important.

Lorsque Jean, le disciple que Jésus aimait pénètre dans le tombeau, l’Evangile nous dit : « Il vit et il crut. »Ça y est, il a compris ! Il se souvient de ce jour où, avec Pierre et Jacques, au Thabor, Jésus leur était apparu tout plein de lumière. Et la voix du Père avait retenti : « Celui-ci est mon Fils bien aimé. En lui j’ai mis tout mon Amour. »Et en redescendant, Jésus leur avait demandé : « Surtout ne parlez de ceci à personne avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » Ce matin, avec le tombeau vide, Jean ne peut qu’affirmer que Jésus est ressuscité.

Bon, très bien, Jésus est ressuscité, mais qu’est-ce que ça change ? En quoi cet événement va-t-il changer le monde ?

D’abord, c’est la seule résurrection qu’on ait pu constater depuis la création de l’humanité. Vous allez me dire : « Et Lazare Jésus l’a ressuscité des morts »! Non, Lazare n’a pas été ressuscité ; Jésus lui a rendu la vie que la maladie lui avait fait perdre, mais à la fin de sa vie Lazare est mort comme tout le monde. Jésus est vraiment le seul qui soit ressuscité.

Jésus était en même temps homme et Fils de Dieu. Il a pris sur lui tous nos péchés. Il en est mort, mais le Père l’a ressuscité. Et cette résurrection c’est la réponse du Père qui accepte le sacrifice de son Fils

Le Père a effacé nos péchés, c’est là la merveille, nous sommes pardonnés. Ecoutons encore St Paul : « Lui qui est mort, c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’il est vivant ».

Jésus est passé par la mort, et le Père l’a ressuscité. Nous aussi nous passerons tous par la mort, et comme Jésus nous ressusciterons.

Vous voyez, ce qui change dans nos vies, c’est que chacun de nous est pardonné.Vous ne connaissez pas la puissance du pardon ? Il y a quelques jours, avec un autre père, nous recevions les enfants dans le sacrement du pardon et une maman catéchiste nous a fait la réflexion : «  Je ne sais pas ce que vous leur faites mais ils reviennent " transfigurés ". »

Si vraiment nous croyons que Jésus est ressuscité nous aussi nous pouvons être transfigurés car nous sommes en communion avec l’Amour du Père et notre Espérance nous pousse à croire que le Père nous ressuscitera pour nous donner la vie qui ne finit pas. Une vie de Bonheur, de gloire et d’Amour. Dieu nous fera partager sa Vie. Voilà toute l’Espérance que nous apporte la Résurrection. St Paul nous le redit clairement :  

« Quand paraîtra le Christ votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire ». Amen

P Paul BERTHIER

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Dimanche 28 mars 2021 Homélie pour le  dimanche des RAMEAUX Père Charles BONIN

Homélie pour les Rameaux B

C’est un âne qui porte Jésus. Ce détail a de l’importance. Cet animal humble et doux est honoré de la plus grande gloire : celle de porter le Fils de Dieu, Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs. De cette image retenons l’enseignement : Dieu se fait proche des serviteurs les plus modestes et simples. Il offre sa gloire aux petits, à la foule de ceux qui l’acclament d’un cœur bon et généreux. Bientôt, lui-même prendra la place de l’humilié, du pauvre, du condamné, de celui qui souffre s’abaissant jusqu’à la mort pour laisser toute place à l’amour le plus pur, débarrassé de tout orgueil. Cette marche triomphale, c’est le couronnement de ceux qui sont oubliés ou que l’on méprise et que Jésus nous appelle à reconnaitre comme frères. Que ce chemin vers Jérusalem que nous voulons faire avec lui nous entraine à redonner à chacun la place qui lui revient à reconnaitre en tous la dignité d’un fils ou d’une fille bien aimé de Dieu. Si un âne en effet a porté le fils de Dieu, combien plus chaque homme et chaque femme porte en soi l’image du Père. Apprenons donc de l’âne l’aumône véritable qui se fait servante respectueuse de toute vie pour laquelle Jésus s’est donné. Amen

Homélie après la lecture de la Passion B.

Judas a trahi, Pierre a renié, les disciples se sont endormis, les gardes l’ont arrêté, les prêtres ont menti, les valets l’ont roué de coups, les soldats se sont moqués de lui, la foule l’a condamné, des hommes l’ont crucifié, les passants l’injuriaient. Mais toutes ces turpitudes d’une humanité rongée par le mal sont encadrées de l’onction des saintes femmes. Comme un baume sur les plaies ouvertes par tant de violence, comme la lumière qui brille au cœur de la nuit. Elles firent nous dit l’Evangile ce qui était en leur pouvoir, rien d’autre que se tenir là : verser le nard précieux de l’amour, demeurer fidèle au pied de la croix, observer et courir avant l’aube rendre un dernier hommage. Dieu n’attend rien d’autre de nous : Être et aimer. Avant de rêver d’une sainteté héroïque, et d’actions éclatantes qui nous justifieraient aux yeux des hommes, accomplissons comme ces femmes ces petits actes quotidiens des vrais adorateurs que le Père attend : donner généreusement du temps et de ce qui nous est précieux dans l’élan de la charité, persévérer dans la foi, même quand l’on ne sent rien et que tout semble perdu et qu’on se pense abandonné, s’élancer dans la prière et vers les frères les plus oublié ou les plus isolés animé d’une joyeuse espérance à partager. Trois actions qui au cœur de la passion sont comme l’Eglise qui germe sur l’arbre de la Croix, l’Amour plus fort que la mort, la vie qu’aucun mal ne saurait éteindre. Entrons dans cette semaine de la Passion avec ces saintes femmes, dans un esprit d’abandon et d’adoration, sûr qu’aucun mal, aucun tourment ne peut atteindre ceux qui mettent ainsi en Christ leur confiance. Car en s’offrant lui-même à ceux qui l’aiment pour porter leurs peines il nous ouvre les portes de l’éternelle béatitude. Amen

Père Charles BONIN

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Dimanche 21 mars 2021 Homélie pour le 5eme dimanche de Carême B Père Charles BONIN

Homélie pour le 5èmeDimanche de Carême

Lorsque les grecs demandent à voir Jésus, c’est pour lui le signe que le temps est venu de révéler sa Gloire au monde entier. Mais le moyen de cette révélation, ce n’est pas un coup d’Etat, il n’est pas d’un grand éclat, ce n’est rien d’autre que la Croix. Signe d’abomination et d’opprobre mais qui dans sa radicalité révèle que Dieu est don ; don absolu de vie qui n’est que l’autre nom de l’Amour véritable. 

Jésus l’exprime par l’image du grain de blé qui ne peut porter du fruit s’il ne tombe en terre et ne meurt. La Croix c’est la fécondité d’une vie donnée par pur amour. C’est le chemin sur lequel Jésus nous invite à le suivre pour être à son image et entrer avec lui dans la connaissance du Père pour accomplir notre vocation humaine. On ne se réalise en effet, qu’en se donnant sans retour, par amour. « Ce n’est qu’en s’oubliant soi-même qu’on ressuscite à l’éternelle vie » dit la belle prière de St François. La maturité spirituelle consiste à entrer dans cette logique du don de soi qui est la loi nouvelle inscrite dan le cœur par le Christ et qu’annonçait Isaïe dans la première lecture. Par elle, la religion n’est plus affaire de rites et de préceptes, elle est relation et n’a d’autre norme que l’Amour. C’est l’ouverture d’un cœur pur qui sans se replier accueille la présence de l’autre vulnérable, fragile, blessé, malade et souffrant en qui Dieu se donne. Dès lors, il n’est plus d’autre sacrifice que d’entrer dans ce don d’un Dieu venu rejoindre nos ténèbres et nos misères. 

Ce dernier temps de Carême doit incarner l’accueil du don du Christ dans l’ouverture à sa grâce et le don de soi. Le premier mouvement, nous le vivrons d’une manière particulière tout à l’heure en accompagnant nos frères et sœurs malades qui ont demandé le sacrement de guérison. C’est un mouvement que nous avons tous à accomplir d’abandon confiant à la grâce qui nous restaure et nous relève à mesure que nous nous laissons rejoindre par la présence efficace du Christ. Le deuxième mouvement, c’est comprendre et vivre par un engagement concret de vie que tout ce qui n’est pas donné est perdu. Tout ce que nous donnons par amour : du temps, de l’argent, de l’attention, une parole et jusqu’à toute notre personne… nous constitue pour l’éternité, et nous établit dans le Royaume. Tandis-que ce que nous gardons pour nous périra avec nous à l’heure de notre mort. 

Le Christ nous indique ainsi la marche à suivre pour survivre à la mort et entrer dans sa résurrection : Confiance et don. C’est en effet par sa vie toute remise entre les mains du Père et donnée aux autres que le Christ est victorieux de la mort et de tout mal, car le bien accomplit demeure pour toujours. C’est le grand message de la Croix qui mène à la Gloire. Par l’acceptation confiance de la volonté du Père on s’ouvre à la vie bienheureuse. Par le don de soi, on épargne pour l’éternité. Cette charité, c’est la monnaie du Paradis. Plus on la dépense et plus elle augmente. Telle est l’économie divine. Imaginez un peu s’il en allait de même avec nos comptes bancaires ? 

Alors profitons de ces derniers jours qui nous séparent de Pâques, pour réviser nos divers engagements de vie à la lumière du don total de la Croix, pour nous renouveler dans l’offrande et l’oubli de nous-mêmes. Quittons l’empire du moi-d’abord pour entrer dans le royaume du don de soi (un beau livre à lire et à offrir). Donnons sans mesure, parce que justement, la mesure du véritable amour, c’est d’aimer sans mesure. Entrons dans cette économie du salut, avec confiance, sans nous regarder nous-mêmes mais en ne considérant que cette relation éternelle avec Dieu et la communion des Saints que ce don favorise. Investissons nous dans la vie de notre paroisse pour en faire une famille vraiment unie par les liens de la charité, resplendissante ainsi de la Gloire que Dieu promet à ceux qui se donnent. Amen. 

Charles Bonin

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Dimanche 21 mars 2021 Homélie pour le 5eme dimanche de Carême B Père  Paul BERTHIER

 

5èmeDIMANCHE DE CARÊME B 2021

« Nous voudrions voir Jésus ! »La scène se passe juste après l’entrée triomphante de Jésus à Jérusalem. Des Grecs, qui viennent sans doute d’arriver et qui n’ont pas pu participer au triomphe de Jésus veulent le voir. Est-ce par pure curiosité, pour voir cet homme dont tout le monde parle et qui ne fait pourtant pas l’unanimité ? Pourtant les foules l’acclament mais les pharisiens veulent le faire mourir. « Nous voudrions voir Jésus ! »

Et nous, est-ce que nous voudrions voir Jésus ? Ne me dites pas qu’un jour ou l’autre cette idée ne nous a pas traversé l’esprit. Je suis sûr que si Jésus montait maintenant par l’allée centrale nous aurions tous les yeux sur lui. Nous le dévorerions des yeux et nous rechercherions à croiser son regard ; ce regard profond plein de bonté, de miséricorde et d’amour et si en plus il prenait la parole à ma place, on se garderait bien de somnoler ou de penser au repas que l’on va partager dans quelques heures…

« Nous voudrions voir Jésus ! »Mais moi, je vous pose la question : « Est-ce que Jésus se laisse voir ? »Une fois de plus, cette question ne peut trouver sa réponse que dans la foi. Si on a un tout petit peu de foi alors oui, nous pouvons, dès aujourd’hui, voir Jésus, le reconnaître, l’écouter et partir à sa suite.

« Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang »Pensez-vous que ce n’est pas Jésus lui-même qui se montre à nous et que nous allons recevoir dans l’Eucharistie ? Il est vrai qu’il faut la foi pour croire en sa présence. Mais il est bien là, c’est bien lui, mais voilà on ne peut le reconnaître qu’avec les yeux du cœur, les yeux de la foi. C’est cette même foi qui nous le fera voir dans les autres : « Tout ce que vous ferez aux plus petits d’entre les miens c’est à moi que vous le ferez… »

Déjà le prophète Jérémie disait que Dieu voulait changer le cœur des hommes : en quelques sorte leur proposer la foi, il voulait mettre en

 L’homme la loi de Dieu, la loi d’amour : « Je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, ils seront mon peuple. »

L’Evangile nous dit que c’est le moment, c’est l’heure de Jésus. A Cana il avait dit à Marie : « Femme mon heure n’est pas encore venue. »Maintenant, ça y est : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. »« Vous voulez me voir, vous voulez me suivre : Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. »

Voir Jésus, le suivre dans sa vie, dans son sacrifice ça suppose beaucoup de générosité et de renoncement, beaucoup de peur aussi, comme Jésus. Oui, il a eu peur. Il a appelé son Père à son secours : « Père sauve-moi de cette heure ! »Mais il s’est repris aussitôt : « Mais non, c’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci. »

Voir Jésus, le reconnaître, le suivre, voilà où ça peut nous conduire : la peur, l’angoisse, la mort. « Lorsque j’aurai été élevé de terre j’attirerai à moi tous les hommes. »Mais la mort n’est pas le but de notre vie. Dimanche dernier, l’Evangile nous disait que derrière la mort, derrière la croix il y a toujours la Résurrection. Nous aussi, nous passerons par la mort, jusqu’à la Résurrection mais ce jour-là, « Nous serons semblables à Dieu parce que nous le verrons tel qu’il est. » Amen

Paul BERTHIER 

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Dimanche 14 mars 2021 Homélie pour le 4eme dimanche de Carême B Père Charles BONIN

Homélie pour le 4éme dimanche de Carême B Laetare

On peut être choqué par la colère de Dieu qui se déploie dans la première lecture, mais il faut comprendre que cela signifie qu’aucun évènement de l’histoire ne lui échappe. Il utilise tour à tour la violence des Babyloniens puis il inspire la clémence de Cyrus pour un seul et même bien : faire revenir vers lui son peuple qui s’en était détourné. Dieu fait ainsi tout concourir au bien de ceux qui l’aiment. Il met tout en œuvre en vue que nous pratiquions les œuvres bonnes pour lesquelles il nous a créés, jusqu’à se donner à nous en Jésus pour prendre sur lui le mal nous tourner vers les vrais biens. 

Il n’y a donc pas lieu d’avoir peur d’un châtiment divin ni de craindre une justice sévère et expéditive. « Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » dit l’Evangile. Voilà sans doute de quoi nous rassurer car par l’offrande de son Fils, Dieu nous a donné dans son Eglise tous les moyens du Salut, toutes les ressources pour demeurer dans son amour. 

Toutefois, parce que nous sommes libres, il nous incombe de nous en saisir en coopérant activement à la grâce. C’est cela venir à la lumière, par un acte de foi et une rectitude morale dont l’Evangile souligne la nécessité. Mais comment en vivre concrètement ? 

La foi est un acte de l’intelligence qui adhère au contenu de la révélation et croit que Jésus est le sauveur, mais c’est aussi un mouvement de la volonté qui décide de lui faire confiance et de marcher à sa suite. Dès lors elle implique de conformer ses actes à l’enseignement du Christ. Il importe donc de remettre notre vie sous le regard du Père avec humilité et dans la vérité voilà ce qui doit éclairer notre Carême d’une lumière nouvelle : Que cachons-nous aux yeux des autres, de nous même et de Dieu ? Se poser cette question en son âme et conscience, nous permet de découvrir les lieux où Dieu nous appelle à la conversion. C’est là qu’il nous attend pour nous sauver des ténèbres où l’on s’enferme et y apporter les secours lumineux de sa grâce. Il ne faut pas les fuir mais les regarder en face avec courage et lucidité pour s’y laisser rejoindre par la miséricorde de Dieu dans les faiblesses où nous reconnaissons avoir besoin de lui.

C’est ce qui nous est proposé de vivre dans le sacrement de la réconciliation(27-31 mars après midi). Le diable a horreur de cette démarche de vérité et d’humilité et fait tout pour nous en détourner, car il craint la lumière et veut nous enfermer dans la honte, la culpabilité ou le déni et le découragement. Confesser ses péchés, c’est venir à la lumière en reconnaissant qu’on est prisonnier d’une maison qui brûle. C’est l’appel salutaire qui nous tourne vers Dieu pour recevoir les grâces qui viendront éteindre l’incendie, plutôt que de risquer de se perdre en pensant avec présomption s’en sortir par soi même. Seulement, on n’éteint pas un incendie d’un seul seau d’eau, il faut parfois des jours pour maitriser les feux de forêt, une vie de persévérance dans la grâce pour s’en laisser imprégner par des actes bons répétés : Ce sont les vertus acquises par le jeûne la prière et le service de nos frères. 

En cette moitié de Carême, ne ralentissons pas notre élan, mais inscrivons ces moyens dans la durée. Il nous faut apprendre à saisir les opportunités que Dieu nous offre ainsi, et repérer les dangers qui nous guettent sur notre chemin vers lui. Pour exercer cette vigilance, l’aide d’un tiers peut être bien utile. C’est le rôle de l’accompagnement spirituel. S’ouvrir à quelqu’un de confiance, formé au discernement des esprits dans la prière, c’est la lumière dont parle l’Evangile qui nous est proposée pour objectiver les appels que Dieu nous adresse et déjouer les impasses on l’on risque de s’enfermer. 

Voilà donc deux moyens concrets de sanctification par lesquels on vient à la lumière pour qu’il soit manifeste que nos œuvres sont accomplies en union avec Dieu. Ainsi s’exerce le jugement de sa miséricorde qui nous fait demeurer dans la joie de son amour. En ce dimanche de laetare réjouissons nous du chemin de lumière que le Seigneur nous offre ainsi par les sacrements et le soutien fraternel que nous nous apportons les uns aux autres dans son Eglise. Amen. 

Père Charles BONIN

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07 mars 2021  Homélie pour le 3eme dimanche de Carême B  Père Charles BONIN

Homélie pour le 3eme dimanche de Carême B

Comment est-ce possible, Jésus si paisible se met en colère ! Mais la colère n’est-elle pas un péché ? Comment lui qui est Dieu peut-il commettre un péché ? On parle souvent de la colère de Dieu et aussi de sa jalousie. Mais ce sont là des défauts bien humains qu’on ne peut attribuer à Dieu qui est impassible. Il faut donc bien comprendre que ce vocabulaire est imagé et entend signifier une vive réaction contre un intolérable mal. 

La colère est effectivement un péché lorsqu’elle conduit à des actes violents injustifiés et disproportionnés. En revanche user de la force avec mesure pour rétablir un droit bafoué de manière ciblée lorsqu’il n’existe pas d’autre moyen efficace est admissible et même parfois nécessaire pour prévenir un mal plus grand. 

L’injustice ici, c’est le mépris de Dieu par ceux qui l’utilisent à leur profit et détournent la destination sacrée du Temple. Jésus concentre son action contre un dérèglement précis, il n’explose pas dans une colère désordonnée et sans but. Son geste se veut donc pédagogique : il signifie que rien ne peut être au dessus de l’Amour de Dieu et usurper la première place qui lui est dûe. « L’amour de ta maison fera mon tourment ». Il fustige ici l’idolâtrie, l’attachement désordonné à ce qui n’est pas Dieu. N’avons-nous pas nous aussi dans le cœur de tels attachements ? des trafics incompatibles avec l’Amour de Dieu ? On s’arrange, on fait sa petite sauce, sa petite religion à sa convenance et ainsi on rabaisse Dieu à soi au lieu de s’élever vers lui. Quels sont les marchés qui nous occupent ? Le Carême nous offre l’occasion de faire un peu de ménage, de nous mette en cohérence. L’Evangile nous encourage vigoureusement à cette opération de vérité. 

Pourquoi ? Pour nous relever, c'est-à-dire, faire que nous soyons pleinement éveillés spirituellement, pour nous redonner notre véritable dignité humaine qui est d’adorer Dieu en Esprit et vérité comme nous y appelait l’Evangile de dimanche dernier. « La Gloire de Dieu c’est l’homme debout » dit St Irénée, et non l’homme avachi dans ses passions. C’est ce que précise la parole de Jésus qui vient justifier son geste : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai, mais le Temple dont il parlait c’était son corps ». Or nous sommes le corps du Christ dit St Paul (1Co 12,27), nos corps sont le Temple de l’Esprit (1Co 3,16 ; 6,19). Si Jésus s’assimile à ce Temple de pierre destiné à la communication avec Dieu, c’est parce qu’en lui, le Père est glorifié, bien plus qu’en un bâtiment, aussi beau soit-il. C’est en lui que la Loi donnée à Moïse et rappelée dans la première lecture est pleinement accomplie. Par sa Passion il nous révèle que la véritable destination de nos corps c’est d’aimer, d’être entièrement remis avec confiance entre les mains du Père. Par sa résurrection il manifestera la puissance de l’Esprit de Dieu qui l’habite. Et c’est donc en lui que nous-mêmes, qui partageons son humanité, sommes relevés de la mort du péché, restaurés dans notre relation fondamentale à Dieu. En le recevant nous entrons dans le Temple véritable. Et pour ce faire il faut 3 jours. 

3 jours comme les trois mouvements de cet Evangile, comme les trois temps de notre conversion de Carême, résumés par les trois jours la Passion du Christ: 

1/ Un temps pour détruire : après une prise de conscience de nos injustices fondamentales qui sont autant de mépris de Dieu : égoïsmes, ingratitudes, calculs, malversations etc… arrachons de nos âmes tous les attachements désordonnés, renversons nos trafics inavoués. C’est le temps de la croix que favorise le jeûne : un temps pour rejeter le mal.

2/ Un temps pour écouter la Parole de Jésus qui explique son geste mais n’est pas compris par les cœurs endurcis. Dans le silence du tombeau, c’est le deuxième jour, samedi saint, c’est le temps de la germination de la grâce dans l’accueil et la méditation. C’est le temps qu’il faut aux disciples pour se remémorer « qu’il avait dit cela » et croire aux prophéties, c’est le temps de l’enracinement de la foi. 

3/ Un temps pour construire : troisième jour, c’est la résurrection, le temps de la Gloire, le relèvement de l’homme par Dieu, le temps d’entretenir par la prière et le service des frères une relation vraie, confiante, un cœur à cœur avec Dieu. Le temps de l’engagement. 

Voilà l’œuvre de la re-création qu’accomplit un saint Carême :

1/ J’identifie un défaut particulier et je prends les moyens de m’en défaire. 

2/ Je prie dans le silence, j’écoute la Parole de Dieu qui m’éclaire et je demande humblement la grâce dont j’ai besoin.

3/ J’entre dans la louange d’un Dieu miséricordieux qui me relève et je le manifeste par un acte de charité. 

Parce qu’on n’a pas dit oui à Dieu tant qu’on n’a pas dit non au mal et qu’on n’entre dans le repos bienheureux de ce Temple qu’en suivant le Christ sur ce chemin de croix, que cette Eucharistie nous relève avec lui et nous entraine vers la Gloire.  Amen. 

P Charles BONIN

28 Février 2021 HOMÉLIE 2eme dimanche de Carême B  et 1er scrutin père Charles BONIN

Homélie pour le deuxième dimanche de Carême B

Le sacrifice de notre père Abraham (Gn 22, 1-2.9-13.15-18)

Ps 115 - « Dieu n’a pas épargné son propre Fils » (Rm 8, 31b-34)

La transfiguration : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » (Mc 9, 2-10)

 

Quel contraste entre ces deux manifestations de Dieu. L’une terrible dans la première lecture du sacrifice d’Isaac, l’autre glorieuse dans le récit évangélique de la transfiguration. Entre les deux, quelle image avoir de Dieu ? C’est en réalité le même mystère d’un Père très aimant qui livre son fils par amour pour les hommes. 

Le Christ accomplit le sacrifice interrompu d’Isaac. Il est l’Agneau du sacrifice qui faisait alors défaut. L’obéissance d’Abraam et de son Fils préfigurent l’obéissance du Christ remis aux mains des hommes et tout remis entre les mains du Père. Cet épisode est un modèle de l’attitude confiante et abandonnée à Dieu que Jésus a manifesté toute sa vie et que nous sommes invités à vivre nous aussi non pas dans un sacrifice sanglant bien sûr, mais en entrant dans une relation filiale respectueuse et dévouée à Dieu, dans une attitude d’adoration. 

 C’est cette même attitude d’adoration que suscite aussi la transfiguration en remplissant les disciples de crainte. Là est révélée la nature divine du Christ auquel Moïse et Elie, c'est-à-dire la Loi et les Prophètes rendent témoignage. La Révélation de sa divinité c’est ce qui donne tout son sens au sacrifice qu’il accomplira : en lui c’est Dieu qui se donne à tous les hommes pour le rachat des péchés et l’alliance avec lui. 

 La contemplation de ce mystère nous témoigne aussi que si nous entrons avec docilité dans cette relation filiale, si nous écoutons la voix de celui que le Père nous envoie, nous sommes appelés nous aussi à être transfigurés par la grâce. N’est-ce pas en effet dans son humanité que Jésus resplendit de cette divine gloire ? 

 Le Carême c’est finalement ce chemin d’Abraham et d’Isaac, ou bien des disciples Pierre, Jean et Jacques : chemin de confiance et d’abandon, de sacrifice et d’adoration. C’est un pèlerinage qui nous oblige à quitter quelque chose pour entrer dans la vie même du Dieu trois fois saint. 

 Il importe donc de nous laisser saisir comme Abraham et les disciples en nous ouvrant à la Parole de Dieu de tout notre cœur. « Ecoute et tu parviendras » dit St Benoit à ses moines en préambule de sa règle. Un bel effort de Carême, ce pourrait être simplement d’écouter ce Dieu qui ne cesse de nous parler et que nous croyons muets parce que notre cœur est sourd. Que Jésus nous libère donc en cette Eucharistie de tout esprit de méfiance comme de toute préoccupation trop matérielle pour nous ouvrir pleinement à la Gloire de sa présence. Amen

Père Charles BONIN

 

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Homélie pour la messe de la Samaritaine 

1erscrutin des catéchumènes.

Ex 17,3-7 ; Ps 94 ; Rm 5, 1-8 ; Jn4,5-42

 

Est-ce que vous avez soif ? Soif comme les Hébreux au désert ? Soif comme cette femme venue pour puiser de l’eau en plein midi ? Soif comme le Christ au bord de ce puits de Samarie ? Trois genres de soif, une seule eau vive pour les étancher !… Mais avons-nous soif ? 

 La soif des Hébreux nait d’un doute : « Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous ou bien n’y est-il pas ? » C’est la soif de la foi. Est-ce que nous croyons et désirons connaitre Dieu et marcher à sa suite avec confiance ? A peine libérés de l’esclavage, le peuple récrimine et regrette les oignions d’Egypte. A peine engagés dans le Carême, nous lassons-nous déjà de nos bonnes intentions ou n’avons-nous peut-être pas encore abandonné tel ou tel vice qui nous tient loin de Dieu ? Avons-nous la foi que Dieu est là présent, si proche de nous ? qu’il n’attend de nous qu’un geste de confiance, un petit effort qui manifeste notre résolution envers lui ? Dans nos épreuves, est-ce que nous accusons Dieu, ou est-ce que nous savons en faire une occasion de nous tourner vers lui, comme un enfant qui attend tout de son Père ? Acceptons paisiblement l’épreuve du désert en redisant avec confiance : « Seigneur, je crois, Viens au secours de mon peu de foi. » (Mc9,24). Mais quelle est notre foi que révèlent nos épreuves et nos aridités ? 

 La soif de la Samaritaine nait d’une honte : Elle vient puiser en plein midi pour ne croiser personne à cause de sa vie dissolue. Mais le Seigneur scrute son cœur pour lui permettre une prise de conscience et d’être en vérité avec elle-même : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait ». Parce qu’elle est descendue, avec l’aide de la grâce dans les profondeurs de son âme, elle a pu y retrouver son désir profond, enseveli sous les décombres d’amours déçus : « Donne la moi cette eau, que je n’ai plus soif et que je n’ai plus à venir ici pour puiser ». C’est la soif de l’Espérance : Espérance de la vie éternelle qui fait demander à cette femme où il faut adorer pour demeurer auprès de Dieu, et qui lui fait abandonner sa cruche dérisoire, symbole de toutes nos fausses assurances matérielles pour courir annoncer aux gens cette bonne nouvelle du Salut. Mais nous catéchumènes ou baptisés de longue date, quel est notre désir profond ? Sommes-nous prêts à abandonner nos cruches, nos petitesses mesquines et nos déboires futiles pour vivre vraiment pour Dieu, pour le ciel ? Quelle est notre Espérance ? « Si c’est pour cette vie seulement dit St Paul nous sommes les plus malheureux de tous les hommes ». Elevons donc nos regards vers la vie éternelle. 

 La soif du Christ enfin, nait de la fatigue d’un long chemin. Le chemin de Dieu vers l’homme, le chemin de l’Alliance que relate tout l’ancien testament et qui s’achève à la croix dans un cri : « J’ai soif ! » Soif de votre amour, soif de vous aimer et d’être aimé en retour. C’est la soif de celui qui a tout donné, jusqu’à la dernière goute de son sang, jusqu’au dernier souffle de vie par pur amour gratuit, parce qu’au terme de la vie, celui qui n’a pas tout donné n’a finalement rien donné. C’est la soif de la charité. Soif ultime du Père qui recherche des adorateurs en Esprit et en Vérité, des fidèles mus par l’Esprit non par la chair qui le connaissent en Vérité d’un cœur aimant et dévoué. A la fin des temps nous dit st Mathieu, « par suite de l’iniquité croissante, la charité de la plupart des hommes se refroidira. Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » (Mt 24,12).N’est-il pas temps de ranimer notre cœur en redoublant de ferveur pour le Seigneur et le service de nos frères ? Quelle est notre charité ?

 Il n’y a qu’une seule eau vive pour étancher ces soifs, sans les épuiser, mais au contraire, en les attisant pour mieux les satisfaire ; c’est le Christ réellement présent dans l’Eucharistie. Ils sont nombreux, même parmi les chrétiens, aujourd’hui, a avoir perdu le chemin de cette source jaillissante pour la vie éternelle, nombreux ceux qui se perdent en oubliant le sens de ce sacrement sommet de notre vie chrétienne. Puissions-nous, en accompagnant les catéchumènes dans la foi, l’espérance et la charité, être tous ensemble renouvelés en communauté vraiment fraternelle nourrie de cette eau vive du salut. Alors que la situation actuelle a accéléré la désaffection de la communion dominicale, profitons au contraire de ces quarante jours pour raviver notre amour de l’Eucharistie en méditant sur ce mystère, en participant plus fréquemment à la messe, en y invitant des parents ou des voisins, en prenant un temps régulier d’adoration, simplement parce que le maître est là… il nous attend pour nous donner la vie en plénitude. 

Amen. 

Père Charles BONIN

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21 Février 2021 HOMÉLIE 1er dimanche de Carême B père Charles BONIN

1ER DIMANCHE DE CARÊME B

Lecture du livre de la Genèse (9, 8-15)

Lecture de la première lettre de St Pierre Apôtre (3, 18-22)

Évangile de Jésus Christ selon St Marc (1, 12-15)

Homélie 1er Dim Carême B

Le baptême est souvent perçu comme une protection contre le mal ; pour se prémunir de tout ce qui de l’extérieur viendrait nous atteindre et nous salir. C’est la raison principale la plus fréquente invoquée par les parents qui demandent ce sacrement. Un jour un enfant à qui je demandais comment on devenait chrétien m’a répondu que pour devenir chrétien, il fallait faire un lavement ! 

Le symbolisme de l’eau semble bien accréditer cette conception. Pourtant St Paul dit bien dans la deuxième lecture qu’être baptisé ce n’est pas être purifié des souillures extérieures. Il ne remet pas en question la valeur purificatrice du baptême. Mais il précise bien qu’il s’agit d’une purification spirituelle et surtout il insiste sur le fait que le baptême est un engagement envers Dieu à la suite du Christ pour avoir part à sa résurrection. Ça n’est pas passif ! Certes nous recevons la grâce et c’est Dieu qui nous sauve. Il y a donc dans la vie chrétienne une réceptivité première de l’action de Dieu. Mais il y a aussi de notre part une réponse qui nous met en mouvement vers lui et qui nous engage.

Le Christ nous montre bien ce mouvement dans l’Evangile : Il est docile à l’Esprit Saint qui le pousse au désert, mais c’est lui qui y va et qui y reste soutenu par des anges. Puis après quarante jours, il part annoncer aux autres la bonne nouvelle. Il en va de même dans la première lecture pour Noé dont l’arche est une figure du baptême et de l’Eglise. C’est Dieu qui lui suggère de la construire, et Noé obéit, il s’investit pleinement sur ce chantier avec ses fils, il s’y engage à fond et monte à bord avec les justes qui acceptent ce moyen de salut et les animaux innocents que Dieu préserve. 

L’arche qui nous sauve, c’est l’Eglise que le Seigneur nous demande de construire et de faire vivre ensemble. La question qui nous est donc posée aujourd’hui, c’est : Comment nous engageons nous envers Dieu pour son Eglise dans la fidélité à notre baptême ?Comment à la suite du Christ, acceptons-nous les privations et frustrations corporelles du désert pour vivifier notre esprit et proclamer la bonne nouvelle du salut ? Plus concrètement quels biens matériels allons nous laisser de côté pendant ces quarante jours pour redonner du temps à Dieu à l’Eglise et aux autres ? La télé, internet, l’alcool, le sucre, les vains bavardages ?... Et que nous engageons nous à faire pour répondre aux dons de Dieu à notre baptême ? Lire la parole de Dieu, prier d’avantage, servir les plus pauvres, donner de l’argent et du temps à une association, prendre une responsabilité dans la paroisse ? 

C’est à cette réflexion commune que nous sommes invités depuis le mois de septembre pour l’avenir de notre doyenné de la Bièvre. Pour repenser ensemble une Eglise plus fraternelle et plus ouverte sur le monde. Chacun peut y contribuer individuellement en proposant des initiatives ou des idées aux membres de nos équipes paroissiales ou au prêtre. Notre baptême nous engage sur un chemin de vie communautaire à la suite du Christ. Que chacun réfléchisse donc à ce que l’Esprit Saint lui suggère de faire concrètement et prie pour avoir la force de le mettre en œuvre et de s’engager plus résolument en Eglise. C’est la joie que je nous souhaite pour voir fleurir durant ces quarante jours les grâces de notre baptême.   Amen

Père Charles bonin

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21 Février 2021 HOMÉLIE 1er dimanche de Carême B père Paul BERTHIER

1ER DIMANCHE DE CARÊME  B 21

Lecture du livre de la Genèse (9, 8-15)

Lecture de la première lettre de St Pierre Apôtre (3, 18-22)

Évangile de Jésus Christ selon St Marc (1, 12-15)

HOMÉLIE

 

Jésus vient d’être baptisé. St. Marc est très bref sur cette scène, il nous dit cependant que « Lorsque Jésus remontait du Jourdain, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit, comme une colombe, descendre sur lui, et, des cieux, vint une voix : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi, j’ai  mis tout mon Amour. » Jésus reçoit la force de l’Esprit et le Père annonce au monde qu’il comble son Fils de toute la puissance de son Amour.

Après cela, le premier geste que l’Esprit inspire à Jésus c’est de le pousser au désert. Les spécialistes de l’Evangile nous disent qu’on devrait traduire non pas "pousser" mais "chasser" au désert, et là, il fut tenté…

« Ne nous laisse pas entrer en tentation ! »

Jésus est homme c’est à ce titre-là que le démon pense avoir une chance de détourner Jésus de sa mission. La tentation c’est cette force qui pousse l’homme à agir contre sa conscience, contre le commandement d’Amour du Seigneur, contre sa foi, par orgueil, il s'oppose à Dieu.

Aujourd’hui, qui de nous n’a pas, un jour ou l’autre, crié dans son cœur sa déception face à ce Dieu qui ne se manifeste pas ou qui permet ce mal dont je souffre : « Si Dieu existait,il ne pourrait pas permettre ça. »Et la tentation qui nous guette c’est de mépriser ce Dieu au rabais qui se laisse faire, qui n’est pas capable de terrasser ses adversaires...

Notre tentation c’est de refuser un Dieu qui se laisse arrêter, condamner, crucifier... « Si tu es le Fils de Dieu, descends de la Croix et nous croirons en toi ! »

« Ne nous laisse pas entrer en tentation ! »

Ce n’est plus Satan qui tente le Fils de Dieu, c’est l’homme, c’est moi-même qui devient tentateur et qui demande à Dieu d’être un Dieu à ma façon : unDieu triomphateur, un Dieu fort, capable de descendre de la Croix...

Et voilà que nous voulons donner des leçons à notre Dieu ! Heureusement le Père le proclame : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en lui j’ai mis tout mon Amour. »

Et c’est toute la force de cet Amour qui fait que notre Dieu, en Jésus, a voulu s’incarner, être faible, être capable de se préoccuper des plus petits, un Dieu capable de se faire du souci pour sa créature.

 Notre Dieu, en Jésus-Christ, est un Dieu fou d’Amour et de tendresse pour l’homme, un Dieu qui va tout donner, jusqu’à sa vie, pour que l’homme ne meure pas...

« Ne nous laisse pas entrer en tentation ! »

Mais notre Dieu est aussi un Dieu puissant, qui va avoir son triomphe, un Dieu qui va étonner tout le monde, un Dieu vainqueur de la mort car si par amour pour nous, il n’est pas descendu de la Croix,  Dieu, son Père l’a ressuscité d’entre les morts.Et là, nous arrivons au sommet de notre Foi. « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre Foi est vaine. »

Depuis mercredi, nous sommes entrés en carême. Je ne veux pas vous donner des directives pour réaliser telle ou telle privation pour mener à bien ce temps de pénitence. Je voudrais simplement que vous puissiez découvrir qui est véritablement Jésus, vous approcher de lui  et le prier : Jésus-Christ, Fils de Dieu, notre frère, nous voudrions te redire notre action de grâce, parce que tu es sorti vainqueur de toutes  les tentations.Tu as réalisé à la perfection ta mission de salut pour notre humanité. Tu nous l’as dit, nous aussi, nous sommes aimés du Père, nous aussi, nous sommes envahis par l’Esprit, alors, aide-nous, apprends-nous à résister aux tentations qui nous assaillent. Poussés par l’Esprit, nous réaliserons avec toi notre marche du Carême jusqu’à la joie de la Résurrection.

Père Paul BERTHIER

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14 Février 2021 HOMÉLIE 6ème dimanche B  père Charles BONIN

6eme dimanche du temps ordinaire B le 14/02/21

Lecture du livre des Lévites JOB (13, 1-2. 45-46)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens  (10,31 - 11,1)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc  (Mc 1, 40-45)

 

Homélie 

 

La lèpre était un motif d’exclusion de la société qui faisait l’objet de rituels précis de reconnaissance par le prêtre puis de purification et de réintégration en cas de guérison. Le livre du lévitique y consacre deux chapitres ce qui montre la peur que suscitait cette maladie et la vigilance extrême qu’elle suscitait. Aujourd’hui ce serait plutôt le coronavirus qui motiverait de telles préventions et ce ne sont plus les prêtres mais les médecins qui s’en chargent. On conserve toutefois les mêmes mesures de quarantaine et de mise à l’écart pour éviter la contagion qui nous permettent de comprendre ce que vivaient ces personnes. 

Néanmoins nous avons perdu l’aspect spirituel symbolique de cette maladie. On croyait autrefois qu’elle était le signe extérieur du péché et d’une malédiction de Dieu. C’est ce qui motivait l’intervention des prêtres dans le processus de guérison et lorsque celui-ci était aboutit, il convenait de rendre grâce par l’offrande de sacrifices. Dieu ne veut pas le mal. Il n’envoie pas les maladies pour nous punir. Toutefois le lien que faisaient nos anciens entre le mal moral et le mal physique n’est pas absurde. Il favorise au moins une prise de conscience de nos désordres spirituels qui sont des maladies dégradantes de l’âme et de la nécessité de se convertir pour en guérir. 

Aujourd’hui on a perdu, et le sens du péché, et la foi en la puissance de la prière, et la justice de l’action de grâce. S’il est évidement excessif de faire un lien de cause à effet direct entre le péché et la maladie, on est en revanche tombé dans l’excès inverse de ne plus voir que ce qui est physique et objet des sciences matérielles en négligeant le soin de nos âmes. Avant, Dieu était au principe de la santé, maintenant c’est la santé qui est un Dieu. Il serait temps de retrouver un juste équilibre et ce lépreux nous l’indique par un chemin en quatre étapes :

D’abord, prendre conscience de son péché : le lépreux reconnaissait son impureté publiquement. Le péché est une lèpre intérieure dont on a besoin de prendre conscience pour en guérir. Parfois nous sommes aveuglés sur nous même et ne voyons pas le mal dont nous avons besoin d’être libéré. Il est difficile de soigner un malade qui se croit en bonne santé. Sans se culpabiliser, il nous faut demander à l’Esprit Saint de nous éclairer sur tout ce qui nous éloigne de Dieu pour nous retourner vers lui. 

Ensuite, la foi : « si tu le veux tu peux me purifier ». Cette confiance en Dieu devrait être le mantra de toutes nos journées. Le lépreux va au devant de Jésus malgré les interdits de la loi. Nous même, sans peur, nous devons nous tourner résolument vers lui qui seul peut nous rendre meilleurs. Nous ne sommes pas maitres de notre guérison, c’est le Seigneur.

Troisièmement, le lépreux se laisse toucher. Il n’y a pas de croissance spirituelle sans abandon. Sommes-nous dociles à sa parole ? Parvient-elle aux jointures de notre âme ou reste-t-elle à la surface de notre intelligence ? On a besoin de temps et de silence pour laisser descendre en nous cette parole qui libère et relève, ce « je le veux sois purifié ! ». Est-ce qu’on se donne les moyens de se laisser rejoindre par la parole de vie que Dieu nous adresse chaque jour dans l’Ecriture et les évènements de notre histoire ? 

Quatrièmement, la réintégration dans la communautéd’action de grâce: « va te monter aux prêtres et donne ce que la loi prescrit ». Le Salut que Dieu nous offre nous met en lien. Dieu nous relie à lui et aux autres pour nous délier du mal qui nous isole et nous renferme. On ne se sauve pas tout seul, mais par l’intégration au corps du Christ qui est l’Eglise. Avons-nous conscience d’appartenir à ce corps dont chaque membre tire sa subsistance ou n’est-il qu’un outil dont on se sert quand on en a besoin ? On ne peut pas être un chrétien consommateur qui ne s’investit pas dans la vie de sa paroisse. Si l’on fait ainsi on tourne en rond autour de soi-même sans croissance possible, sans vie. Que serait le bras sans le corps ? Une fois réintégré dans la communauté, ce lépreux devient un témoin, source de vie pour les autres en rendant grâce des merveilles du Seigneur. Comment le sommes-nous pour nos frères et sœurs ? Demandons à l’Esprit Saint d’élargir notre cœur pour faire de nous des Etres à la louange de sa Gloire et que nos communautés s’élargissent ainsi dans l’exultation d’Etres sauvés. 

Voilà un bel itinéraire de conversion pour chacun : Conscience droite, foi, abandon, communion ! Prendre conscience que nos misères sont le trône de la miséricorde divine qui nous restaure dans notre dignité d’être membres du Christ nous fait réceptacles et témoins de la grâce. Au début de ce Carême prenons les résolutions qui nous mettront en route à la suite de ce lépreux vers le Christ pour partager avec lui la joie de la résurrection. Amen. 

P. Charles Bonin

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07 Février 2021 HOMÉLIE 5ème dimanche B  père Charles BONIN

Lecture du livre de JOB (jb 7, 1-4 . 6-7)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens  (1 Co 9, 16-19 . 22-23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc  (Mc 1, 29-39)

 

Homélie pour le 5èmedimanche du temps ordinaire B

J’ai lu la première lecture du livre de Job après un article assez déprimant sur la situation des étudiants face aux restrictions imposées pour lutter contre la pandémie. Je me suis dit qu’un bon nombre d’entre eux auraient pu dire la même chose que ce pauvre homme frappé d’un mal injuste qui n’aperçoit aucune lueur pour éclairer son avenir. 

Mais dans l’évangile, on voit Jésus venir au secours de toutes les détresses de ses contemporains pour leur apporter précisément cette lumière qui manque aux pauvres Jobs de notre monde. Je suis frappé par sa sollicitude envers tous. 

Parallèlement cette semaine, dans une instance diocésaine on se demandait comment intéresser les gens aux activités de l’Eglise et il m’a semblé que c’était plutôt à l’Eglise de s’intéresser aux activités des gens, comme Jésus l’avait fait en son temps. 

C’est un fait que l’Eglise n’attire plus beaucoup de monde, mais si tout le monde cherchait Jésus il y plus de deux mille ans, c’est que lui-même s’était d’abord employé à prendre soin des autres. Voilà donc ce que nous devons changer radicalement dans notre manière de vivre notre foi. Comment répondons-nous aux détresses qui nous entourent ? Nous allons bientôt entrer en Carême ; c’est donc le thème que je vous propose pour ces quarante jours à la suite du Christ. Comment serons-nous les vrais amis de Job ? Comment nous ferons nous l’esclave de tous, faible parmi les faibles comme St Paul dans la deuxième lecture ? Comment allons-nous nous faire tout à tous au nom d’une bonne nouvelle vécue qui veut manifester partout l’amour infini de Dieu ? 

L’itinéraire de cette conversion nous est clairement tracé par Jésus lui-même : 

1/ Si l’Evangile commence dans la synagogue et se termine en prière sur la montagne, c’est pour nous signifier que toutes nos actions doivent être encadrées par la prière. Ne commençons pas nos journées sans un regard vers Dieu, ne nous couchons pas le soir sans lui rendre grâce pour tout ce qui a été vécu. Ne faisons rien sans lui puisque sans lui nous ne pouvons rien faire. Ainsi tout ce que nous ferons sera emprunt de cette charité dont il est la source et sans laquelle tout est vain. 

2/ Entre ces deux moments, « aussitôt », nous dit le texte pour exprimer cette hâte de la charité, Jésus va à la rencontre. Tout au long de sa journée il prend soin des autres. Il s’approche et se laisse approcher pour guérir, relever, libérer. L’identité chrétienne, c’est cette ouverture fondamentale en particulier aux plus pauvres, jusqu’à l’oubli de soi-même. Il nous faut donc cultiver cette attitude en nous rendant attentif à ceux qui nous entourent pour répondre généreusement aux besoins de chacun. Quand le monde dit actuellement « prenez soin de vous » Dieu nous dit prenez soin les uns des autres

3/ Enfin, Jésus annonce explicitement la bonne nouvelle, car « c’est pour cela qu’il est sorti » dit-il. Après avoir subvenu aux besoins de survie, Jésus donne la vie en ranimant l’espérance de ceux qui l’auraient perdue. « Beaucoup ne savent plus où ils en sont et s’inquiètent pour leur avenir, ils sont désorientés dans tous les sens du terme » disait récemment un lanceur d’alerte su la situation des étudiants (La Vie 4 février 2021, p19). Dans le livre de Job, c’est Dieu lui-même qui lui donne la lumière ultime par laquelle il retrouvera la joie en l’ouvrant à l’éternité, et à la transcendance. Nous aussi devons sortir pour porter cette lumière. 

Prier, prendre soin, annoncer : voilà donc la volonté du Seigneur pour chacun de nous. Il nous appartient d’y répondre pour partager sa vie bienheureuse. En communauté redoublons donc de ferveur, montrons nous solidaires des plus éprouvés par les mesures sanitaires, et portons joyeusement l’espérance que Dieu nous donne. Peut-être pourrions-nous par exemple nous organiser pour accueillir des étudiants ? Partageons dès aujourd’hui ce que l’Esprit nous suggère pour concrétiser ensemble notre réponse à l’appel de Job et vivre plus pleinement de l’Evangile. 

Amen. 

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31 Janvier 2021 HOMÉLIE 4ème dimanche B  père Charles BONIN

Lecture du livre du Deutéronome   (Dt 18, 15-20)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens  (1 Co 7, 32-35)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc  (Mc 1, 21-28)

 

Homélie pour le 4edimanche du temps ordinaire B

 

Dans l’Ancien Testament Dieu apparait dans des tremblements de terre, des tonnerres et des éclairs qui ont de quoi effrayer le peuple hébreu au point qu’il demande à ne plus entendre sa voix ni à le voir de peur de mourir. Ce fut l’origine du prophétisme : Dieu suscite des intermédiaires pour porter sa parole sans s’imposer. Il agit ainsi avec discrétion et délicatesse pour respecter notre liberté. Par ces médiations Dieu veut se faire connaitre et aimer plus que craindre. Il se donne ainsi à travers des hommes qu’il choisit pour conduire son peuple jusqu’à lui. C’est la mission des prophètes et ultimement celle de Jésus qui l’accomplit pleinement puisqu’il n’est plus seulement porteur de la Parole mais qu’il est lui-même La Parole, le Verbe de Dieu fait homme livré aux mains des hommes. Les auditeurs de son temps reconnaissent cette autorité qui chasse les démons et fait grandir dans la connaissance et dans l’Amour bien autrement que ne le faisaient les scribes c’est-à-dire avec efficacité mais sans s’imposer ni se faire valoir. 

Mais le revers de cette attitude humble c’est de n’être pas reçu, oublié ou méprisé. C’est bien ce qui arriva au Christ et c’est encore la situation de notre Eglise dans un monde fermé à la parole de Dieu, sceptique quant à son existence ou dédaigneux de lui plaire. On s’occupe aujourd’hui de ses affaires sans trop s’intéresser à Dieu ni chercher à le connaitre. Le peu de vocations consacrées dans notre société révèle cette absence de Dieu dans le paysage occidental contemporain au point qu’on parle d’exculturation du christianisme. Parallèlement, les soucis quotidiens sont en croissance exacerbés par les crises qui se succèdent, sanitaire, économique, et sociale. Le nombre de divorces, de suicide et de dépression ou de burn-out en augmentation sont l’expression du grand désarroi de l’homme sans Dieu devant l’oppression matérialiste édoniste et productiviste. 

C’est de cela dont St Paul voudrait que les corinthiens soient libérés lorsqu’il les exhorte à s’attacher davantage au Seigneur plutôt que de se préoccuper démesurément des affaires matérielles de cette vie. Il ne s’oppose pas au mariage mais propose de remettre Dieu à la première place de s’attacher à lui sans partage pour s’affranchir des soucis du monde. Combien ce conseil est-il d’actualité aujourd’hui, quand tant d’hommes et de femmes sont esclaves de leur travail, de relations nocives et mêmes de ce qu’ils pensent être leurs loisirs. Comme il serait urgent dans tant de situation de détresse de retrouver le vrai visage du Christ aimant, consolateur et victorieux du mal ! 

N’est-il pas temps de faire entendre à nouveau cet enseignement d’autorité pour ré-ordonner vers l’essentiel tant de vies dispersées ? Ne faut-il pas que nous commencions nous-même par en vivre en vérité en remettant l’Amour de Dieu au centre de notre vie pour en témoigner comme le Christ par tout notre être ? A sa suite nous sommes appelés nous aussi par notre baptême à être de ces prophètes qui portent dans leur chair la parole de Dieu. Alors, "ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur" pour la porter au monde. Ainsi, au soir de notre vie nous paraitrons sans crainte devant celui qui nous demandera compte des paroles de vie qu’il nous aura confiées pour se révéler à travers nous. 

Amen. 

Père Charles Bonin

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24 Janvier 2021 HOMÉLIE 3ème dimanche B  père Charles BONIN

Lecture du livre de Jonas (Jon 3, 1-5.10)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens(1 Co 7, 29-31)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1, 14-20)

 

Homélie du troisième dimanche du temps ordinaire B

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». C’est la parole que nous entendrons le mercredi des cendres et dans la bouche de Jésus ce n’est pas une option mais un impératif catégorique. Se convertir, c’est se détourner de quelque chose pour se tourner vers autre chose. 

Se détourner d’une conduite mauvaise pour se tourner vers Dieu comme les habitants de Ninive. Ça c’est le minimum requis dès l’ancien testament pour échapper à l’enfer. C’est le premier degré de la vie chrétienne, la base du Salut nécessaire mais non suffisante. On ne saurait en rester là, ce n’est qu’un point de départ et surtout pas un terme. Le psalmiste demande au Seigneur de lui enseigner ses voies, de lui faire connaitre sa route, car à partir de ce préalable, la conversion est en effet un chemin qui s’ouvre à nous. 

Sur ce chemin qui est toute notre vie, St Paul recommande de ne pas s’attarder à ce qui passe, au risque d’oublier le but de son voyage. Ça semblerait absurde mais c’est pourtant ce que nous faisons lorsque nous attachons plus d’importance à nos biens matériels qu’à notre vie spirituelle. La conversion commence par le regard qui se fait plus perspicace pour percevoir l’invisible au-delà du visible, l’éternel au-delà du temporel. C’est une éducation qui s’acquière patiemment dans la prière et la méditation des écritures pour ne pas perdre de vue le but de notre voyage qui est le Père. 

Ultimement, la conversion c’est donc de suivre le Christ qui nous conduit au Père à l’instar des disciples qui quittèrent tout, leur travail et leur famille pour demeurer avec lui avant d’être à leur tour envoyés vers d’autres hommes. Il faut bien remarquer que Jésus appelle ses disciples au cœur même de leurs activités. Soit qu’ils jettent leur filet, soit qu’ils les réparent, Jésus vient les déranger dans leur action pour faire d’eux des itinérants. Et nous, est-ce que nous nous laissons déranger dans nos activités pour laisser ne serait-ce qu’une petite place à Dieu ? Se convertir ce n’est pas troquer une activité pour une autre, c’est changer d’être ! C’est ne plus se définir seulement par son travail : pêcheur de poissons, menuisier, comptable…, c’est devenir pêcheur d’homme, autrement dit « aller vers », c’est se définir par ses relations à autrui et non plus seulement par ce qu’on fait. Sommes-nous prêts à suivre le Christ à la rencontre des autres ? Voilà bien l’appel qui nous est aujourd’hui adressé : se décentrer de soi pour se concentrer sur autrui. 

Acceptons-nous de changer nos plans de carrière ou de vie familiale pour porter au monde la bonne nouvelle ? De plus en plus de jeunes répondent à cet appel, au service d’une cause humanitaire ou pour chercher Dieu dans une vie plus fraternelle. Ils nous montrent l’Église de demain. Et nous dans notre paroisse, accepterons-nous de changer nos habitudes pour oser rencontrer nos frères et sœurs et nous engager à vivre cette fraternité ? C’est notre avenir que nous construirons ainsi ensemble grâce à toutes les initiatives simples que vous prendrez pour sortir d’un schéma très institutionnel et établi pour fonder des petites communautés de vie ouvertes et vraiment animées par la présence du Christ. Osons donc répondre généreusement à cet appel que le Seigneur nous adresse et nous mettre en chemin à sa suite. Devenons ces disciples envoyés dans le monde pour vivre et partager cette bonne nouvelle. Amen. 

Père Charles Bonin

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24 Janvier 2021 HOMÉLIE 3ème dimanche B  père Paul BERTHIER

Lecture du livre de Jonas (Jon 3, 1-5.10)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens(1 Co 7, 29-31)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1, 14-20)

3èmeDIMANCHE ORDINAIREB 2021

Hérode vient d’emprisonner Jean Baptiste. Il n’y a maintenant plus personne pour proclamer la Bonne Nouvelle. C’est Dieu lui-même qui va s’en charger. C’est son Fils Jésus qui va maintenant proclamer partout : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche ; convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »

Le temps dont dispose Jésus pour sa mission est très court et c’est une œuvre gigantesque qu’il a à accomplir. Jamais il ne pourra… Il est certain que si Dieu voulait bien convertir le monde en peu de temps, il lui suffirait d’agir sur le cœur des hommes pour les améliorer… Mais non, Dieu n’agit pas ainsi.

Dieu préfère de loin laisser sa liberté à l’homme. Pour lui, il n’y a rien de plus beau que quelqu’un qui vient lui demander librement comment faire pour avoir la vie éternelle, comment faire pour aimer, pour secourir ceux qui nous entourent … La réponse est exigeante : « Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu possèdes puis vient et suis-moi. »

Il est clair que Dieu ne fait pas tout. Il nous en laisse une bonne part. C’est pourquoi au cours de sa mission, il va se choisir des hommes pour continuer son œuvre. Dieu a besoin des hommes. Déjà, dans l’ancien Testament Dieu envoie Jonas pour inviter les hommes à la conversion.  

Dieu appelle, et il appelle tout le mondeà des tâches diverses, selon les capacités de chacun. Avant de partir de chez nous il a lancé une invitation qui ne peut pas nous laisser inactifs : « Allez par le monde entier, de tous les peuples faites mes disciples... »

Dieu appelle, et il appelle tout le monde,à la sainteté. Lorsque le Christ nous dit dans l’Evangile : « Soyez parfaits, comme le Père du Ciel est parfait, »c’est bien un appel à la sainteté. Et cette sainteté, nous n’aurons jamais fini de l’accueillir en nous, de la réaliser, de la faire grandir... Qui peut se vanter d’être un saint ?

Dieu appelle, et il appelle tout le mondeà vivre l’amour, amour de Dieu et du prochain : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi même... » 

Dieu appelle, et il appelle tout le mondeà la conversion.C’est dit en toutes lettres dans l’évangile d’aujourd’hui : « Les temps sont accomplis, le Royaume de Dieu est tout proche, convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »Vous voyez, il est urgent de bouger, de faire quelque chose.

Le Royaume de Dieu est en marche, c’est à nous de le faire avancer ; chaque fois qu’un acte d’amour est réalisé dans le monde, le Royaume avance.

Cette semaine en parlant avec une personne, je lui disais que, dans le monde créé par Dieu, si les hommes n’avaient réalisé qu’un seul acte de véritable amour, le monde n’aurait pas été créé pour rien. Uniquement pour ce seul acte d’amour, Dieu aurait sans doute créé le monde.

Et ces actes de véritable amour, nous sommes tous capables de les faire, alors ne me dites pas que nous ne sommes pas concernés lorsqu’on parle de vocation. Ne me dites pas que vous n’êtes pas appelés... Tous nous sommes appelés. L’important, c’est la réponse que nous faisons à cet appel de Dieu.

On est encore dans la semaine de l’Unité des Chrétiens... Qu’avons-nous fait ?« Qu’ils soient un pour que le monde croie. » 

Nous nous disons chrétiens... Que faisons-nous ?« Celui qui veut être mon disciple... »

Le Christ nous appelle... Dieu a besoin de nous. Qu’attendons-nous pour laisser nos filets et pour le suivre ?  Amen

Père Paul BERTHIER

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17 Janvier 2021 HOMÉLIE 2ieme dimanche B  père Charles BONIN

PREMIÈRE LECTURE

Lecture du premier livre de Samuel(1 S 3, 3b-10.19)

DEUXIÈME LECTURE

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Co 6, 13c-15a. 17-20)

ÉVANGILE

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean(Jn 1, 35-42)

Homélie pour le 2eme Dimanche B

 

Quel est le point commun entre Samuel, André, Pierre et Jean ?

Ils entendent une parole qui les met en route et change leur vie. C’est à proprement parler « une vocation », un appel déterminant qui saisit tout leur être en vue de leur plein épanouissement. Dieu appelle ainsi chacun de nous de manière particulière. Tout homme en tant qu’être spirituel est capable de Dieu et invité à cette relation personnelle avec lui. Nous sommes faits pour cela. Comme le dit st Paul dans la deuxième lecture : « Le corps est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps qui est le temple de l’Esprit Saint ». Mais comment entendre cette proposition personnelle et y répondre ?

Ce qui caractérise d’abord ces disciples, c’est leur disponibilité de cœur. Ils écoutent et cherchent Dieu. Ils se sont préparés à cette rencontre : Samuel en demeurant auprès du prophète Elie dans le Temple ; André et Jean en s’étant mis à l’école de Jean Baptiste. L’expérience de Dieu est universellement accessible, elle n’exige qu’un peu de bonne volonté et d’intelligence pour se rendre attentif à l’invisible. 

A ceux qui se disposent ainsi à le recevoir, Dieu parle de diverse manière selon le caractère de chacun. Parole directe et personnelle à Samuel qu’il appelle par son nom ; parole énigmatique qui éveille la curiosité et le désir de connaissance de Jean et d’André auxquels il est présenté comme l’Agneau de Dieu, parole affective, médiatisée par une relation fraternelle pour Simon amené à Jésus par son frère. Dieu respecte et s’adapte à ce que nous sommes sans jamais contrarier notre liberté, mais en sollicitant le meilleur de nous-mêmes. 

Le troisième temps de cette expérience mystique, c’est la rencontre : « Ils demeurèrent auprès de lui ce jour là » ; l’échange d’un regard pour Simon, le dialogue intime avec Samuel que la liturgie de ce jour passe sous silence, pour mieux en souligner les fruits: « parle Seigneur ton serviteur écoute. Samuel grandit, le Seigneur était avec lui et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet ». Voilà donc ce qui rend notre vie féconde. 

Quel effet produit cette rencontre ? C’est le quatrième aspect qu’il nous faut souligner dans ces lectures : Ils suivirent Jésus. Tous les évangiles sont parsemés et ponctués de rencontres. Jésus s’invite chez les pécheurs, guérit les malades et les possédés, les foules viennent à lui. Mais combien l’ont vraiment suivi ? Combien se sont engagés corps et âme, à l’aimer de tout leur cœur, de tout leur esprit, de toute leur force suivant le premier commandement du traditionnel « Shma Israël »(Mc12,30)? Comme le jeune homme riche beaucoup, malgré cette rencontre s’en vont tout tristes vers d’autres biens, sans se laisser saisir dans tout leur être pour accomplir pleinement leur vocation. Combien passent ainsi à côté de leur vraie vie ? La radicalité de la réponse des disciples qui quittent tout pour suivre le Christ c’est l’exigence de la foi exprimée par le psaume : « Me voici seigneur, je viens faire ta volonté ». 

Parcourant cet itinéraire de sainteté, puissions nous à notre tour, avec le secours de sa grâce découvrir le bonheur de nous engager pleinement à vivre ce que nous avons proclamé : « Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles. »

P. Charles Bonin

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10 JANVIER 2021.  BAPTÊME DU CHRIST B  HOMÉLIE  DU PÈRE CHARLES BONIN

Homélie pour le baptême du Christ B 10/01/21

L’évangile de Marc est le plus court et se distingue par une grande sobriété. Il ne dit rien de la naissance du Christ mais commence par cet épisode du baptême précédé par le ministère prophétique de Jean Baptiste. C’est qu’il veut nous montrer que quelque chose de radicalement nouveau survient dans cet évènement qui inaugure la vie publique du Christ. On passe du baptême de l’eau au baptême de l’Esprit, des temps prophétiques à l’accomplissement de la Parole. Marc nous invite à contempler tout particulièrement les cieux qui se déchirent. Il est le seul des quatre évangélistes à employer ici cette expression qu’il reprendra pour décrire le rideau du Temple qui se fend en deux lors de la mort de Jésus pour signifier que l’accès au sanctuaire est désormais libre. Tout ce qui était voilé se trouve révélé, Le Dieu caché se donne à connaitre, le sceau du péché est brisé. Ce baptême initie une ère nouvelle, celle de l’ouverture des cieux, le temps de la rédemption. 

Marc nous donne à méditer sur cette porte dans le ciel dont parlera aussi le voyant de l’Apocalypse (Ap4,1). L’homme bannit, par sa faute, du jardin d’Eden, interdit d’approcher de l’arbre de vie et séparé de Dieu, retrouve dès lors un accès au Père. Sa voix se fait entendre, l’Esprit se rend visible, le Fils est désigné. Le baptême de Jésus est une théophanie trinitaire par laquelle Dieu se fait reconnaitre comme jamais dans la plénitude de ce qu’il est : un être de relation qui nous appelle à le rejoindre dans cette dynamique de l’Amour. Il se donne à nos sens, la vue, l’ouïe, le toucher apaisant de l’eau du Jourdain pour nous rejoindre dans la réalité concrète de notre existence sensible et par elle nous ouvrir à lui et à la profondeur de notre être spirituel. C’est une main tendue, offerte ; une proposition renouvelée de l’alliance, plus proche et immédiate, une nouvelle perspective pour notre vie. 

Quel besoin Jésus avait-il de se faire baptiser lui qui étant Dieu, était sans péché ? Ce n’est pas pour lui mais pour nous qu’il agit ainsi. En s’immergeant dans l’eau, il l’imprègne de sa sainteté pour que tout homme qui y sera plongé au nom du Père et du Fils et du saint Esprit reçoive de lui une part de sa divinité. Le baptême de Jésus nous rappelle que nous sommes faits pour le ciel. Ce mystère est grand ! Non pas comme quelque chose d’incompréhensible mais comme une vérité qu’on ne finit jamais d’explorer, de découvrir et dont on ne cesse de s’émerveiller. Y sommes-nous seulement attentifs ? Avons-nous conscience de cette porte ouverte dans les cieux, de cette déchirure dans ce qui nous séparait de Dieu ? De cette rupture fondamentale avec les temps anciens de notre esclavage ? Que faisons-nous de cette liberté spirituelle retrouvée ? 

Le baptême de Jésus interroge notre relation à Dieu et nous invite à l’investir. Il nous invite à le retrouver comme un Père miséricordieux tendre et plein d’amour qui nous a préparé un festin savoureux, comme l’imaginait Isaïe. Il nous invite à vivre des sentiments du Fils qui humblement, se soumet au baptême de Jean et partage le sort de toute une humanité ployant sous le joug du péché pour y substituer les commandements bienfaisants de la loi. Le baptême de Jésus nous invite enfin à être animés de l’Esprit de vérité et de paix signifié par la colombe. Comment recevons-nous cette offre ? Comment vivons-nous cette réconciliation, cet appel à la conversion, à changer notre regard et nos relations au monde et à Dieu ? Comment entretenons-nous et cultivons-nous ce lien d’amour rétablit par le Christ ? 

En ce début d’année, accueillons cette présence de Dieu qui nous appelle à relever la tête pour contempler les cieux ouverts et nous avancer vers la béatitude qu’ils promettent. Ouvrons-nous à notre tour, comme les eaux du Jourdain à la présence sanctifiante du Christ. Laissons-nous saisir par cette parole qui nous est adressée à nous aussi, pour y répondre généreusement comme Jésus : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. Amen

P. Charles Bonin

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03 JANVIER 2021 HOMÉLIE ÉPIPHANIE B Père Paul BERTHIER

ÉPIPHANIE B 2021

 

Epiphanie, voilà un mot bien compliqué. Il signifie :"manifestation". A Noël, Jésus qui vient de naître se manifeste aux bergers. Aujourd’hui, il se manifeste aux rois mages. Figurez-vous qu’on n’est pas sûrs que ce soit des rois, ni même des mages. Ce sont sans doute de riches savants étrangers qui ont vu une étoile qui se déplaçait, et ils l’ont suivie. « Où est le Roi des juifs ? Nous vu son étoile en Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui et lui offrir nos cadeaux… »

Ils ont dû tomber de haut, ces étrangers. Venir de si loin pour rendre hommage à un roi et ne trouver qu’un petit enfant couché dans une mangeoire d’animaux, non vraiment ça ne valait pas le déplacement.

La crèche, c’est d’abord une naissance. L’arrivée d’un enfant dans une famille c’est la joie, les coups de téléphone, les faire-part et même un petit article dans le journal du canton. Ici, pour Jésus, ce sont des anges qui ébruitent la nouvelle et annoncent aux bergers :«Aujourd’hui, un sauveur vous est né.»

Dieu est né chez nous, d’une femme. Celui qui déclarera plus tard : « Je suis la Lumière du monde »vient de naître et on voudrait cacher la nouvelle… Avez-vous essayé, au milieu des ténèbres, de vouloir cacher, avec vos mains, la lumière d’une bougie ? Et Jésus-Christ, Lumière du monde n’a rien à voir avec la flamme d’une bougie. Isaïe nous dit l’intensité de cette lumière : « Les nations marcheront vers ta lumière et les rois, vers la clarté de ton aurore. »

Et les mages, puisqu’il faut bien les appeler comme ça, ont été pris par l’ambiance. Cet Enfant n’est pas comme les autres, il y a près de lui ce désir de paix, ce désir d’être meilleur… C’est vrai, on ne peut pas comprendre le mystère de la crèche si on n’a pas la foi : rappelez-vous ce que disait St Jean le jour de Noël : « A ceux qui croient en son nom il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. » 

Et les mages viennent adorer l’Enfant de la crèche. Ils reçoivent cette lumière. 

Ils se sentent attirés par ce petit Enfant. Ils comprennent que ce petit Roi n’est pas seulement le Roi d’Israël.Cet Enfant est Dieu, et Dieu est Amour, et on voudrait garder cet Amour pour soi tout seul ; ce n’est pas possible. Enfermer l’Amour dans les limites d’un pays ou d’un peuple c’est limiter l’Amour. Or l’amour n’a pas de limite. Ce roi des Juifs que les mages sont venus adorer, est le roi de tout l’univers : « Mon Royaume n’est pas de ce monde. » « Lorsque j’aurai été élevé de terre j’attirerai à moi tous les hommes. » L’Epiphanie, c’est la manifestation de Jésus qui vient sauver les hommes de toute la terre.

Comme toujours Dieu nous déroute. Je le répète, il n’y a que la foi pour nous faire entrevoir et pénétrer un peu dans le mystère de ce Dieu qui s’est fait petit Enfant.

L’Epiphanie c’est la lumière du monde qui se révèle aux nations païennes.

L’Epiphanie, c’est Dieu qui demande à tous les hommes de le recevoir en eux pour devenir enfants de Dieu.

Dieu, on ne peut pas le garder pour soi tout seul.Dieu est Amour et l’Amour est fait pour être donné, partagé, vécu par tous sans exception. C’est là, tout le mystère de l’Epiphanie. C’est Dieu qui se révèle et qui se donne à tous. C’est l’Eglise qui ouvre tout grand ses portes et qui invite tous les hommes à venir partager la joie et le bonheur que Dieu nous promet. 

Paul BERTHIER 

 

 

25 DÉCEMBRE 2020 NOËL  HOMÉLIE Paul BERTHIER

NOEL !  NOEL ! NOEL ! 2020

Noël, avec le corona virus, cette fête de ce soir risque bien de perdre de son éclat. Encore que dans certaines villes on assiste à des débauches de lumières, de la pure folie. 

Oui, Noël, une nuit de folie, je suis d’accord, mais pas tout à fait dans le même sens que le monde l’entend... Ce qui prend naissance, cette nuit, ce n’est pas seulement un petit enfant, mais une véritable révolution du monde. A cause de cette naissance, le monde entier va basculer, va être transformé de fond en comble. Dans sa folie d’amour Dieu veut sauver le monde

L’empereur César-Auguste, dans son palais à Rome, est le maître de presque toute la terre habitée. En tous cas, c’est son désir le plus profond, et il voudrait bien savoir sur combien de sujets il règne. « En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre. »

Dans une étable, près de Bethléem, un petit enfant vient de naître. Par un ange, Dieu annonce la nouvelle et invite à la Joie : non pas un petit plaisir passager, non  non, une joie profonde qui met de la bonne humeur dans tout le corps et autour de nous, parce qu’elle est Paix, Espérance et Salut.

Côté César Auguste, c’est un édit qu’il lance, un ordre qui ne peut pas se discuter : si on n’obéit pas, il y a des enquêtes, des représailles, des sanctions... Marie et Joseph vont être obligés de s’y plier. 

Côté naissance du Petit, c’est une Bonne Nouvelle qu’on nous annonce, surtout, n’ayez pas peur ! « Un Sauveur vous est né. »Il ne vient pas pour tout casser, pour condamner, « il vient nous sauver... »Il vient pour « Nous donner la Vie et la Vie en abondance. »

César veut recenser toute la terre habitée, toute la terre dont il veut faire une colonie et mettre les habitants sous la coupe romaine. On n’est pas loin de l’oppression, de l’esclavage...

Dieu, lui, annonce sa Bonne Nouvelle à tous les peuples. Ce qui l’intéresse avant tout, c’est l’homme à qui il propose le Bonheur. On est bien loin de l’esclavage... C’est le règne de la liberté. « Si tu veux être mon disciple, si tu veux être parfait. »Dieu invite, il propose mais n’impose jamais. Dieu fait signe à l’homme : « C’est à ce signe que vous le reconnaîtrez. »

Cette nuit, César est à Rome dans un de ses palais. 

Le Fils de Dieu naît dans une étable.

Mais  laissons César et son cortège de guerres, de haine, de souffrances, et approchons-nous de ce berceau où repose le « Prince de la Paix. »Il nous fait découvrir un nouveau Règne, c’est le Règne de l’Amour. Voilà pourquoi cet Enfant est le Roi de l’Univers.Voilà sa révolution.    

 Nous savons bien, aujourd’hui comment il a rempli sa mission. 

Il a conquis le monde en lui apportant le Salut. 

Il a vaincu le péché des hommes en mourant sur une croix, mais  son  Père l’a ressuscité. 

Il a donné aux hommes une Espérance et un sens à leur vie.

Voilà pourquoi Jésus, ce petit enfant, est appelé le Roi de l’Univers. Voilà la folie de Dieu. Voilà la révolution qu’il est venu apporter. Voilà la Bonne Nouvelle que les Anges annoncent aux bergers de Bethléem. Avec eux, nous pouvons nous réjouir : « Gloire à Dieu dans le Ciel, et Paix sur la terre aux hommes qui l’aiment. »

Ce soir, à l’invitation de Jésus enfant, nous pouvons accueillir en nous sa révolution. Autour De son berceau elle ne s’aurait être que Réconciliation, Amour, Paix et Joie.

 JOYEUX NOEL A TOUS  

Père Paul BERTHIER

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DIMANCHE 20 DÉCEMBRE 2020. 4ème DIMANCHE DE L'AVENT B  Père Charles BONIN

Homélie pour le Quatrième dimanche de l’Avent B

Le roi David a des scrupules. Il s’est construit un palais mais il a oublié de faire un Temple pour le Seigneur. Même Louis XIV à Versailles avait pensé bâtir une chapelle un peu plus haute que sa propre demeure ! Car c’est bien le plus important : disposer d’un lieu qui réponde à la vocation fondamentale de l’homme à la transcendance et lui permette de rencontrer Dieu. 

L’intention de David de réparer cette omission était louable, et il donnera ses instructions pour que son fils Salomon la réalise. Pourtant, Dieu lui fait comprendre que ce n’est pas lui qui établira la demeure de Dieu au milieu de son peuple, mais qu’au contraire, c’est Dieu qui fortifiera la demeure d’Israël et en assurera la postérité pour y demeurer. Notons bien ce renversement instructif pour notre propre relation à Dieu: c’est Dieu qui édifie son peuple en s’offrant à lui dans une alliance de proximité, et non l’homme qui met la main sur Dieu pour l’assigner à résidence selon sa volonté propre. 

1000 ans plus tard Dieu accomplit sa promesse en s’incarnant dans le sein de la Vierge Marie : « Voici la demeure de Dieu parmi les hommes, Marie terre admirable, terre de la promesse, mère de l’Emmanuel ». La véritable demeure de Dieu c’est l’homme dont il a voulu partager la condition. En se faisant l’un de nous il établit l’humanité entière qui le reçoit, pour toujours, dans la filiation divine, dans le règne éternel et bienheureux avec le Père. Il fait de nous un sanctuaire, un temple de son Esprit, le tabernacle vivant de sa Parole.

Du moins, c’est ce qu’il nous propose à travers la Vierge Marie. Il faut bien remarquer en effet, que l’annonce de l’ange n’est pas une question, mais un exposé du Salut auquel on adhère dans la foi ou pas. Marie la reçoit parce qu’elle est toute disponible à la parole de Dieu « qu’elle conservait et méditait dans son cœur » dira plus loin St Luc (Lc2,19). Elle est comblée de grâce parce qu’elle est à l’écoute et cherche humblement à accomplir la volonté de Dieu comme en témoigne sa réponse : « voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole » ? Comme Marie, nous sommes appelés à nous positionner par rapport à cet avènement qui accomplit la promesse de l’alliance tant attendue et espérée par David. Ce « oui » de Marie, c’est le oui de tous ceux qui s’ouvrent à la présence de Dieu et préfèrent le laisser établir en eux son royaume plutôt que de construire par eux-mêmes d’éphémères châteaux en Espagne. Sommes-nous prêts à le recevoir, à nous laisser habiter par lui, à nous laisser conduire et façonner par sa Parole ? 

Pour cela, apprenons de notre mère à nous disposer à accueillir le Verbe de Dieu. Profitons de ces jours avant Noël pour lire les prophètes qui ont annoncé sa venue, en particulier Michée et les chapitre 6 à 12 d’Isaïe. Ou bien, relisons comment Dieu nous parle à travers les évènements de notre histoire sainte. Nous serons peut-être surpris de découvrir l’œuvre de la grâce qui nous prépare à la joie de sa présence en nos cœurs et tous les bienfaits dont il veut nous combler. AMEN 

P. Charles Bonin

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DIMANCHE 20 DÉCEMBRE 2020. 4ème DIMANCHE DE L'AVENT B  Père Paul BERTHIER

4èmeDIMANCHE DE L’AVENT B 2020

 

Dieu avait, depuis toujours, envie de faire partager son Bonheur à ses créatures. Mais, dès le départ, son plan a été perturbé. L’homme refuse l’amour que Dieu lui propose. Le péché entre dans le monde. Et ce fut la catastrophe pour l’homme.Mais c’est mal connaître Dieu, que de croire qu’en amour il va abandonner : le psaume 105 nous dit sa façon de faire : « le Seigneur se souvient de son alliance avec eux, et dans son grand amour il se ravise. »Voilà que de nouveau, il y a des relations qui s’établissent entre Dieu et les hommes. Dieu se choisit un peuple.Il va mettre du temps à le façonner car ce peuple est rebelle à sa volonté : ce peuple retourne toujours à ses anciennes idoles.

Disons que, ces derniers temps, ça s’est un peu amélioré, du moins, c’est ce que Dieu croit dans sa façon amoureuse de regarder les hommes. Les choses vont se précipiter. Dans ce peuple, Dieu se choisit une femme pour lui confier une mission spéciale, mais cette femme il la veut toute belle toute pure, librement disponible à sa volonté. C’est pourquoi il lui fait une grâce toute particulière, une grande, très grande grâce : il lui donne la possibilité d’éviter de connaître le péché.

Et c’est l’Immaculée Conception.Le premier acte concret en vue du salut des hommes.  La petite Marie va naître, va grandir, car c’est bien d’elle dont il s’agit... Elle est heureuse de vivre, et comme tout le monde elle est affrontée à un tas de choix qu’elle doit faire dans sa vie, mais elle réussit toujours à choisir ce qui est agréable à Dieu.

Et voilà qu’un jour Marie reçoit la visite de l’ange Gabriel, l’envoyé du Seigneur : « Salut, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Voilà que tu vas avoir un enfant. Il sera appelé Fils du Très –Haut. Il sauvera son Peuple. »

Pour Marie, c’est un vrai coup de tonnerre. Elle en est toute troublée. Dieu qui la visite... Dieu qui lui demande son aide... Dieu qui l’honore : être la Mère du Messie… Les paroles de l’ange résonnent en elle : « Il sera appelé Fils du Très Haut. »Mais le Très Haut, c’est Dieu ! Dieu me demande-t-il de devenir la mère de son Fils ? C’est là que tout prend un sens dans sa vie. C’est là que la grâce de Dieu l’a conduite : Dieu a besoin d’elle pour venir chez les hommes. 

Tous les fidèles de l’Ancien Testament ont attendu cette venue du Messie. Tous les fidèles du monde entier attendent la
réponse de Marie. Nous-mêmes chrétiens d’aujourd’hui nous attendons aussi cette réponse, c’est notre salut qui dépend de cette réponse.

La communion de Marie avec Dieu est si grande qu’elle n’hésite pas un seul instant : « Qu’il me soit fait selon ta parole. »Marie a dit OUI !Marie accepte d’être la Mère du Messie. Dès cet instant le Messie est en elle. Dès cet instant le Messie est sur notre terre et nous savons que ce Messie est Fils de Dieu. Parce que Marie a dit oui à la demande de Dieu, notre salut est en marche : notre Sauveur va naître.

La voilà, la Bonne Nouvelle ! La voilà, l’annonce d’aujourd’hui ! Marie a dit oui, elle devient la demeure de Dieu sur terre.Elle porte en elle Celui que le monde entier ne peut contenir. Et, à Noël, elle va le donner pour qu’il sauve le monde. 

Mais dites-moi, depuis le jour de notre Baptême, nous aussi, comme Marie, nous sommes devenus porteurs de Dieu.Nous avons reçu l’Esprit-Saint. Nous portons nous aussi en nous Celui que le monde ne peut contenir.

Nous aussi, comme Marie, nous avons à donner le Christ aux hommes, à le faire naître par toutes nos actions.N’est-ce pas le bon moyen pour préparer en nous cette venue du Sauveur ? Il ne nous reste que quelques jours avant Noël : ravivons en nous la présence de l’Esprit et comme Marie va donner le Sauveur au monde, annonçons par toute notre vie Celui que nous portons en nous. 

Père Paul BERTHIER

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DIMANCHE  13 DÉCEMBRE 2020. 3ème Dimanche de l'Avent B:  Père Charles BONIN

Homélie pour le 3èmedimanche de l’Avent B Gaudete

« Un saint triste est un triste saint » disait St jean Bosco au jeune Dominique Savio. La joie que nous célébrons aujourd’hui est un caractère propre du chrétien. C’est la marque de l’esprit de Jésus promise à ses disciples lorsqu’il les exhorte à garder le commandement de l’Amour, « je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». (Jn 15,11)

Facile à dire sans doute, mais quand tout va mal, comment garder la joie ? Qu’est ce que la joie d’abord ? Dans les fioreti de St François, on raconte qu’après avoir cheminé toute la journée avec son frère Léon, dans la neige et la boue, sans avoir rien mangé, malade et déguenillé, il se présenta au portier du monastère qui, ne les reconnaissant pas, les chassa et se mit à les insulter. « Voici dit St François la joie parfaite ». Elle n’est pas la satisfaction d’une quelconque réussite mondaine, elle ne se confond pas avec le plaisir, elle ne s’exprime pas dans un rire grossier. Elle est douce, paisible, sereine, profonde, stable et s’accommode autant de l’aisance que de la gêne et des plus grande souffrances. Elle est un fruit de la présence de Dieu, une expérience de la béatitude à laquelle Dieu nous appelle et qui place toute autre chose au deuxième plan. 

Comment donc atteindre cette joie parfaite manifestée par ce petit enfant dans la crèche, signe de douceur et de paix malgré le froid et la pauvreté ? 

Isaïe nous répond dans la première lecture : « Porter la bonne nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté ». La première source de joie c’est de prendre soin de son frère. Sur mon chemin de conversion j’ai rencontré des jeunes handicapés et plus tard, des malades, des pauvres et des prisonniers. C’est auprès d’eux que j’ai découvert ce que c’était qu’aimer, ce sont eux qui m’ont montré le visage du Christ et qui m’ont enseigné du fond de leur misère ce qu’était la vraie joie… à moi qui pensais tout avoir et croyais leur apporter quelque chose des miettes de sa suffisance, ce sont eux qui m’ont tout donné. En route vers le royaume des cieux, les plus petits seront toujours nos maîtres. 

St Paul nous donne un autre moyen de la vraie joie : « priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance, n’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez ce qui est bien ». Louer Dieu est un don de sa grâce qui rend joyeux. La louangeouvre le cœur, elle rend attentif à l’action de Dieu dans le monde, elle éveille le regard à sa présence, elle écoute le souffle de l’Esprit et se laisse conduire par lui. Dans un groupe de prière, on peut expérimenter cet esprit d’enfance, d’une joie simple et éclatante. 

L’Evangile enfin nous cite l’exemple de Jean Baptiste comme modèle de joie du témoignage. L’ascèse et l’humilité de Jean retiré au désert lui ont permis de se dépouiller de tout ce qui l’aurait empêché de voir le Christ. L’ayant vu, et reconnu, il l’a montré à ses disciples : « voici l’agneau de Dieu » et témoigne : « l’ami de l’époux qui se tient là et qui l’entend est ravi de joie à la voix de l’époux. Voilà ma joie et elle est maintenant parfaite. » (Jn 3,29). Contemplation et missionvoilà l’ultime voie de la joie, le fruit d’une quête amoureuse qui cherche et conduit à Dieu. N’est-ce pas la joyeuse expérience vécue dans les fraternités qui s’ouvrent à leurs voisins ou dans les groupes Alpha lorsque soudain un invité découvre la lumière d’une parole qui le bouleverse ? Ecouter ensemble la Parole, scruter les écritures et en partager le message, telle est la joie chrétienne. 

Dans cette troisième semaine de l’Avent, alors qu’il nous reste encore quelques jours entre nos dernières courses pensons au plus beau cadeau que nous pourrions faire à Jésus et nous offrir les uns aux autres : la joie ! Pour l’acquérir et le donner, mettons en place dans nos vies : le service, la louange, et le témoignage. Alors nous serons dans la joie parfaite pour accueillir Dieu parmi nous, bienheureux mystère, seule béatitude. Amen. 

P. Charles Bonin

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DIMANCHE 06 DÉCEMBRE 2020. 2ème DIMANCHE DE L'AVENT B Père Charles BONIN

Homélie pour le 2eme dimanche de l’Avent B

 

Notre vie est un chemin. Un chemin qu’il nous faut préparer et aplanir pour la venue du Seigneur. Il vient à notre rencontre comme il est venu en ce petit enfant de Bethléem, épouser notre humanité. Il marche sur notre route comme avec les pèlerins d’Emmaüs pour ouvrir nos yeux endormis à la lumière de l’écriture. Notre vie, c’est l’histoire de ce chemin qui va de l’homme vers Dieu, de Dieu à l’homme. Ont-ils réussi à se rencontrer ? C’est la question de ce deuxième dimanche de l'Avent. C’est la question que nous entendrons aussi au bout de ce chemin. 

L’homme est-il retourné vers lui-même ou s’est-il avancé face à Dieu ? Est-il resté dans les ténèbres de la matière dont il était formé ou s’est-il ouvert aux profondeurs de l’esprit donné à son baptême? Telle est la conversion que prêchait Jean et St Paul à sa suite. Tel est le chemin qu’il nous faut accomplir pour accueillir celui qui vient nous sauver de tout ce qui en nous est promis à la mort pour nous laisser conduire par lui vers la vie. Se convertir c’est accueillir l’Esprit de Dieu et se détourner de tout ce qui nous en éloigne. 

C’est le sens de la vie ascétique de Jean Baptiste. Il n’a pas cherché à accomplir une performance mais à se détacher d’un maximum de choses pour faire de la place à Dieu. Ce qui est curieux à Noël c’est qu’on fait exactement le contraire : on s’encombre d’une multitude de cadeaux qui réussissent à nous faire oublier pourquoi nous sommes là et ce que nous fêtons ce jour là. Il est bon et légitime de se manifester l’affection que nous avons les uns pour les autres mais si le moyen de cette manifestation devient plus important que celui à qui il est destiné, il perd sa raison d’être, il a manqué sa cible, il devient occasion de péché. Préparer les chemins du Seigneur, c’est combler les ravins de nos concupiscences, le vide de nos désirs superficiels qui nous laissent toujours insatisfaits. C’est abaisser les montagnes de notre orgueil pour retrouver la paix de l’humilité. C’est redresser notre esprit malade et compliqué pour chercher la vérité simple de Dieu. C’est polir des rugosités de nos caractères emportés ou désabusés pour que se révèle en notre humanité restaurée, libérée du mal, la gloire du Seigneur qui est venu l’habiter. 

Il y a un dépouillement inhérent à Noël, manifesté par la pauvreté de la crèche. Il nous réclame de repérer les aspérités de notre chemin, les cailloux de notre vie pour les enlever. Demandons-nous donc quels sont les obstacles dans notre relation à Dieu. A quels attachements désordonnés le Seigneur nous demande t’il de renoncer pour mieux le recevoir ? Examinons ce qui nous empêche de prier, d’aller vers les autres, ou ce qui nous met en colère ou nous rend triste. Ce sont des lieux que le Seigneur veut habiter dans notre cœur comme dans la pauvreté de la crèche. Ce sont les montagnes à abaisser ou les ravins à combler par la présence du Seigneur. Sachons nous en dépouiller et les lui offrir afin que libérés nous puissions l’accueillir. Que l’Esprit saint nous éclaire pour reconnaitre ces cailloux de notre chemin et nous donne la force et les moyens de les enlever pour en faire un chemin de vraie rencontre et d’alliance.  Amen,

P. Charles Bonin

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DIMANCHE 06 DÉCEMBRE 2020. 2ème DIMANCHE DE L'AVENT B Père Paul BERTHIER

2èmeDIMANCHE DE L’AVENTB 2020

Dimanche dernier, le mot d’ordre était : « Veillez ! »aujourd’hui les textes nous le demandent avec insistance : « Préparez ! »Préparez la venue du Seigneur ! C’est ce qu’annonce  le prophète Isaïe « Une voix le proclame : Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit dans les terres arides, une route pour notre Dieu. »Ce n’est pas pour n’importe qui qu’il faut préparer la route, Isaïe le précise : « Voici votre Dieu, voici le Seigneur Dieu. »

Il faut comprendre, Isaïe invite les fidèles à préparer la venue du Messie. Pour nous, cette venue s’est déjà réalisée lorsque Jésus notre Sauveur est venu chez nous en toute discrétion, sans bruit, dans une étable. Personne n’a été averti à part quelques bergers. Ce Sauveur est venu, non pas pour mettre les Romains hors du pays, mais pour nous libérer de tous nos péchés, des envahisseurs bien pires que les Romains. Cette venue de Jésus nous la célébrons chaque année, et cette fête il nous faut la préparer.

Isaïe encore nous en touche un mot : « Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine et les sommets en larges vallées ! »Ces paroles du prophète me font penser à ces constructeurs d’autoroute qui rasent les collines, percent des tunnels dans les montagnes et jettent des ponts sur les vallées. Isaïe nous inviterait-il à tracer une autoroute pour la venue de Jésus ? Préparer la venue de Jésus comporte toujours un temps de conversion, un désir de changer. N’est-ce pas le moment de détruire nos montagnes d’orgueil ? N’est-ce pas le moment de jeter un pont  pour aller vers l’autre, celui avec qui je suis brouillé, et de passer pardessus ma méchanceté et mon désir de vengeance ? N’est-ce pas le moment d’enterrer, sous les gravas, nos idoles qui nous éloignent de Dieu ?

Jean Baptiste le proclame, ce qu’il nous faut, c’est un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Saint Pierre dans la deuxième lecture prend le relai : « Voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous attendez, vous hâtez l’avènement du jour de Dieu. » Et là il parle de la deuxième venue de Jésus sur terre : venue cette foi-ci en pleine gloire pour inviter les fidèles à la joie du Royaume : Là, « C’est un ciel nouveau et une terre nouvelle »qui nous attendent.

Le psaume que nous avons chanté nous le décrit ce Royaume : 

« Amour et vérité se rencontrent, Justice et paix s’embrassent ; La vérité germera de la terre Et du ciel se penchera la justice. »

« La vérité germera de la terre »avez-vous pensé que dans ce Royaume, où nous sommes invités, le mensonge n’existera plus. Dans nos relations la confiance en l’autre sera totale. C’est ça le fruit de la venue de Jésus et de l’Esprit qu’il nous a envoyé : « Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint. » 

Paul  BERTHIER

DIMANCHE  29 NOVEMBRE 2020. 1ER DIMANCHE DE L'AVENT  B  Père Charles BONIN

Homélie du 29 novembre 2020

1erDimanche de l’Avent B

Il y a un peu plus de 2000 ans, les caprices d’un empereur tout puissant jetaient des milliers de personnes sur les routes de toute la terre pour les recenser. Qu’importaient alors la distance ou la situation des uns et des autres, c’était la loi, il fallait obéir. Parmi eux un homme et son épouse sur le point d’accoucher entreprirent un long et pénible voyage, sans révolte, ils ne furent pas de ceux qui se ruèrent dans les auberges prises d’assaut, ni des dénonciateurs prompt à chercher querelle au voisin qui interpréterait la situation autrement qu’eux, ni des errants désabusés et perdus. 

Deux mille ans après, autres avanies du pouvoir, autres édits incohérents, autres mécontents et oubliés. Mais l’attitude de Marie et de Joseph ne peut-elle inspirer le chemin que nous avons à faire nous aussi vers Noël ? 

Ils n’allaient pas se faire recenser, ils ne subissaient pas, ils attendaient activement leur sauveur. Ils n’étaient pas un numéro dans une statistique, ils étaient des veilleurs. Combien étaient-ils de leur espèce? Quelques pauvres bergers, et des savants étrangers marginaux, les uns gardaient leur troupeaux, les autres scrutaient les étoiles mais eux savaient pourquoi ils étaient là : chercheurs patients de l’essentiel invisible. Ils étaient déterminés, finalisés, par une espérance plus haute qui leur donnait de vivre paisiblement les contrariétés de l’instant présent pour en recevoir toutes les grâces. Et ce sont eux qui ont fait basculer le monde dans la lumière qu’ils s’étaient préparés à accueillir. 

Veiller d’après l’Ecriture c’est se souvenir du maître qui reviendra et lui demeurer fidèle. C’est attendre de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ car lui seul nous fera tenir solidement jusqu’au bout rappelle St Paul. En mer dans la tourmente ou le brouillard seul se sauve le marin qui a su tenir son cap. Il en est de même pour notre vie car il n’est de bon vent pour celui qui ne sait où il va. Savons nous où nous allons ? Ce que nous voulons ? Ou comptons-nous parmi les foules versatiles emportées par tout courant d’opinion et d’émotions ? 

L’Avent doit nous recentrer sur le cœur de notre vie et le sens de nos actions. C’est un temps pour la croissance du désir et la détermination pour ce qui a vraiment du prix à nos yeux : Se suffire de Dieu seul et tout ordonner à lui. On connait cette histoire d’un homme qui en passant près d’un chantier, interrogeait les ouvriers : Le premier dit d’un air las : « je porte des pierres à longueur de journée ». Le deuxième répondit : « je monte un mur ! ». Et le troisième lançait avec fierté: « je bâtis une cathédrale ! ». Lequel des trois sommes nous ? L’Avent c’est cette invitation à relever la tête ; à prendre de la hauteur et à sortir de notre quotidien pour en considérer la fin. C’est déjà en cela une démarche salutaire. 

Cette semaine, osons donc mettre un peu de distance avec tout ce qui nous préoccupe matériellement pour nous remettre paisiblement entre les mains de Dieu. « Nous sommes l’argile tu es le potier » dit Isaïe. Laissons-nous faire par lui en lui accordant seulement un peu plus d’attention. Commençons cet Avent par une petite retraite spirituelle qui pourrait consister à prier chaque jour à partir de lundi une dizaine de chapelet pour nos paroisses et ses habitants, afin que nous soyons dociles et zélés pour annoncer et recevoir la venue du sauveur, prince de la paix dans notre monde. Quel plus beau cadeau pourrions-nous offrir à nos contemporains que de vivre et partager avec eux cette bonne nouvelle ? Jusqu’au 8 décembre nous serons ainsi unis dans une neuvaine à l’immaculée conception pour marcher avec elle sur la route de Bethléem. 

P. Charles Bonin

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DIMANCHE  29 NOVEMBRE 2020. 1ER DIMANCHE DE L'AVENT  B  Père Paul BERTHIER

1er DIMANCHE  DE L’AVENTB 2020

La Covid 19 nous a imposé un nouveau confinement. Beaucoup de personnes ont été obligées de se renouveler dans leur façon de prier. Mais ce n’est pas toujours facile et on entend des réflexions comme celles-ci : « « Je ne peux plus supporter le silence de Dieu ! Je le prie, il ne me répond jamais … »C’est vrai, où est Dieu dans toutes ces misères qui nous accablent : la maladie, les inondations, les guerres, les meurtres etc, ? Que fait Dieu ? Ce Dieu que le prophète Isaïe ose l’appeler Père : « Tu es Seigneur, notre Père, notre Rédempteur, ah si tu pouvais déchirer les cieux et venir chez nous ! »

Dieu n’est pas si sourd que ça. Il répond à nos prières, il n’est pas muet non plus : Il nous a envoyé sa Parole, son Fils, pour nous dire, nous montrer comment vivre l’Amour… Il est reparti en nous disant qu’il reviendra,  mais ne nous a rien dit sur la date de son retour. Il ne nous a laissé qu’un seul mot : Veillez !Veillez, c’est-à-dire ne dormez pas !

Ne dormez pas ! Est-ce que cela suffit ? A nos âges, vous savez bien que lorsqu’on reste sans rien faire, la somnolence a vite fait de nous rattraper. Veillez !Oui, ne pas dormir mais surtout être actif.

Avec ce dimanche, nous entrons en Avent. Nous commençons cette période d’attente de la venue du Fils de Dieu. Je n’ai rien à vous apprendre, une attente comme celle-ci, ça se prépare.

« Prenez garde. Restez éveillés. Veillez ! »On ne pourra pas dire qu’on n’est pas avertis. Le Seigneur ne cesse pas de nous le dire et de nous le redire : « Veillez, ne dormez pas. »Le Maître est parti, il va revenir mais on ne sait pas quand…

Déjà Isaïe désirait cette venue : « Ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face. »

C’est sûr, un jour Jésus reviendra. Nous ne savons ni le jour ni l’heure, mais ce qui est important c’est de préparer sa venue et cette rencontre avec lui. Nous sommes, sur cette terre, en apprentissage de l’amour et le but de notre vie c’est ce rendez-vous avec Dieu. Un rendez-vous d’amour. Ce jour-là, nous rencontrerons, nous vivrons, nous deviendrons nous-mêmes cet amour qui est Dieu. Vous ne pensez pas que ça vaut quelques sacrifices ?

Veillez : dans l’Evangile cette invitation va souvent avec prier : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation ! » 

Veillez : pour le moment, Jésus est reparti vers son Père mais il est encore présent au milieu de nous : « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux… »

Veillez : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang. Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang, celui-là a la vie en lui. »

Veillez : c’est à dire ayez un peu de foi pour reconnaître ma présence dans les autres, eux aussi sont créés à mon image…  « Tout ce que vous ferez aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez… »

Veillez : c'est garder sa porte ouverte, vous savez bien, la porte de notre cœur pour lui ouvrir dès qu'il frappera : « C'est à l'heure où vous n'y pensez pas que le Fils de l'Homme viendra. »

Veillez : C'est tout le contraire de dormir. Imaginez, s'Il arrive et que nous soyons tout endormis, il nous faudra du temps pour retrouver nos esprits, il nous faudra du temps pour comprendre ce qui nous arrive, pour rassembler toutes nos affaires pour le Grand Voyage...

Par contre, si nous veillons, si nous sommes actifs, si nous sommes en prière, il nous trouvera debout, nous serons prêts, pas besoin de bagages. Alors, vous imaginez le bonheur lorsque chacun de nous entendra cette invitation : « Viens, serviteur bon et fidèle, viens partager la Joie de ton Maître. »   

Paul BERTHIER

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Dimanche 22 novembre 2020 Homélie du 34ème semaine du Temps Ordinaire  Père Charles  BONIN

première lecture: Lecture du livre du prophète Ézekiel                  Ez 34, 11-12.15-17)

deuxième lecture: Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens        (1 Co 15, 20-26.28)

évangile : selon St Mathieu          ( 25,  31-46)

Homélie du dimanche 22 novembre 2020 - 34èmedu temps ordinaire

Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l'Univers. 

Le Christ roi se présente sous différents visages dans les lectures de ce jour: celui d’un paisible berger, puis d’un guerrier triomphant et enfin d’un juge impartial. Cette pluralité nous rappelle qu’on ne peut enfermer Dieu dans une conception bien circonscrite. Il dépassera toujours les bornes de notre raison parce qu’il est une plénitude d’Être qu’aucune culture ne suffit à exprimer. Si Shiva ou Janus adoptent des profils variés, ce n’est que dans le Christ que Dieu se révèle tel qu’il est dans son inépuisable majesté. En lui, toutes ces images s’accordent en une harmonieuse synthèse d’un maître juste et bon : il juge selon le critère de l’attention portée aux autres à l’instar du berger qui garde ses brebis, permettant aux justes de partager sa gloire et laissant les malfaisants libres de s’éloigner de lui pour leur propre perte. 

C’est ainsi qu’il est roi ; car on l’a peut-être malheureusement oublié, mais le vrai chef, c’est celui qui par son exemple conduit vers le bien ceux dont il a la charge dans le respect de leur libre arbitre. Qui peut se prétendre maître des autres s’il n’est déjà maître de lui-même et ne gouverne sa vie dans le bien et la cohérence pour lui faire porter de bons fruits? Le Christ nous montre  par lui-même, qu’il n’est de royauté véritable que le service bienveillant de son frère. 

La royauté du Christ est ainsi d’un tout autre ordre que nos conceptions humaines classiques du pouvoir. Elle n’est pas de ce monde et pourtant elle est dans le monde, appelée à le transfigurer (Jn 17,14-18) avec le concours de tous les hommes de bonne volonté. Alors que nos univers familiers sont bousculés et que d’aucuns demandent un « nouveau paradigme », cette royauté nous interroge sur la gouvernance que nous voulons sur nous-mêmes, et nos communautés ! Quel règne souhaitons-nous et comment pouvons nous y contribuer ? A quelles règles soumettons-nous nos vies et notre société ? Le service ou la domination ? L’accumulation ou le don ? Quel est le critère d’une vie réussie ? Une position bien établie ou le temps dépensé pour autrui ? Au jour de notre mort, quelle mémoire laisserons-nous derrière nous et qu’emporterons-nous aux portes de ce royaume? 

Les évangiles de ces derniers dimanches nous laissent entrevoir ce qu’il nous faut déployer pour le bâtir et en devenir les fidèles sujets : Les béatitudes, les vierges sages et les serviteurs auxquels le maître confie tous ses biens pour les faire fructifier… Qu’en faisons-nous ? Cela peut nous paraître démesuré, abstrait ou trop exigeant…

Inspiré par ces enseignements il m’a semblé pourtant qu’il existait peut-être un moyen simple de participer au règne du Christ, de construire dès ici bas la cité de la joie : 

A quelqu’un qui m’annonçait rassuré, qu’il avait été testé négatif, j’ai répondu que moi au contraire j’avais été trouvé positif…et que ça pouvait être très contagieux ! On a diagnostiqué que devant la maladie j’étais plutôt optimiste, que malgré le masque je paraissais souriant, que les perspectives de crise économique ne m’empêchaient pas de bien faire mon travail jusqu’au bout, joyeusement sans trop compter mon temps. J’ai développé des symptômes d’altruisme avancé, avec perte du goût d’amertume, acuité d’écoute et de service prononcée. J’ai subitement arrêté de râler et de tout critiquer et j’ai même commencé à remercier et encourager les gens autour de moi avec des pensées positives. J’ai veillé certaines nuits en murmurant des paroles que personne n’entendait plutôt que de regarder le décompte des morts à la télé. On m’a cru fou mais je n’avais pas d’autre fièvre que celle d’aimer… et d’espérer. 

Bref, je suis positif ! Je construis un royaume, je suis chrétien tout simplement… 

IMPORTANT : Quiconque a été en contact avec moi au cours des quinze derniers jours devrait rapidement consulter, il pourrait lui arriver la même chose et devant tout le bien qu’il nous reste à accomplir nous pourrions chanter ensemble : Seigneur fais de nous des ouvriers de paix, Seigneur fais de nous des bâtisseurs d’Amour. 

P. Charles Bonin

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Dimanche 15 novembre 2020 Homélie du 33ème semaine du Temps Ordinaire  Père Charles BONIN

première lecture: Lecture du livre des proverbes                  31, 10-13.  19-20.  30-31

deuxième lecture: Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens         5, 1-6

évangile : selon St Mathieu          25, 14-30

Homélie du 33èmeDimanche du temps ordinaire A

La peur est mauvaise conseillère elle n’apporte pas le bonheur ni ne porte pas de bons fruits. Elle entretient un climat de défiance et d’hostilité qui conduit à des actions aussi stériles qu’absurdes. Elle condamne le serviteur mauvais et paresseux à demeurer dans les ténèbres, la tristesse et la rancœur. Les serviteurs qui au contraire font confiance à leur maître et s’efforcent de comprendre ses volontés pour lui obéir sans calculs ont la satisfaction de se voir reconnus et responsabilisés. Voilà un message de cette parabole qu’il est profitable de méditer pour notre temps.

Une certaine morosité défaitiste qu’on serait tenté d’entretenir devant les incertitudes de notre époque n’a rien d’évangélique. Jésus nous invite au contraire à combattre la peur et à aller de l’avant, c'est-à-dire à devancer les intentions du Père en s’efforçant de comprendre ce qu’il attend de nous à travers notre fidélité première au devoir d’état. 

Aujourd’hui les spéculations vont bon train, certaines initiatives animées d’intentions droites sèment finalement plus de trouble qu’elles n’apportent de paix. La parole de Dieu y oppose l’exemple d’une femme vaillante qui fait simplement ce qu’elle a à faire. Dieu nous invite à la sobriété d’un labeur paisible pour valoriser les biens qu’il nous confie. 

Cette attitude humble et respectueuse est assortie d’une béatitude dans le psaume de ce jour: « heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ». Elle peut être reliée à un autre psaume (36) qui nous dit : « mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton cœur, dirige ton chemin vers le Seigneur, fais lui confiance et lui il agira. » 

La crainte de Dieu est donc le contraire de la peur, elle en est même l’antidote : c’est un amour confiant et respectueux, désireux de faire sa volonté. Le vaccin tant espéré nous est déjà donné sinon pour notre corps du moins pour notre âme ; mais n’est-ce pas l’âme qui vivifie le corps ? 

A la peur qui fausse le jugement et replie sur soi-même dans l’inquiétude, Dieu nous propose de substituer la paix et la joie que procure la recherche du plus grand bien qu’il veut pour nous dans les circonstances où nous sommes avec la ferme assurance qu’il nous accompagne. 

A la question de savoir quelle est cette volonté, le prophète Michée (6,8) répond : « On t’a fait connaître ô homme ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. » Autrement dit : 

Donner à chacun ce qui lui est dû, 

Accomplir son travail paisiblement du mieux possible,

Remettre sa vie entre les mains de Dieu,

Voici une recette de sérénité qu’il serait salutaire de retrouver plutôt que de se saturer d’informations d’autant plus anxiogènes qu’elles sont indéfiniment discutées. Cela doit nous interpeller : cherchons-nous ce que Dieu veut nous dire dans les évènements de notre vie ou entretenons nous la peur en les dramatisant systématiquement? Plutôt que de passer des heures devant la télévision ou internet n’avons-nous pas quelque tâche domestique trop longtemps différée à accomplir ou quelque chose à donner pour le bien de ses proche ou de ses voisins ? N’aurions nous pas un coup de fil à passer ou une visite à rendre à une personne isolée ou dans le besoin d’un peu de fraternité ? Ou encore, ne serait-ce pas le moment d’aménager un petit coin de prière pour y passer plus de temps seul ou en famille ? Pourquoi ne pas investir nos longues soirées d’hiver pour nous plonger dans la Bible, reprendre un livre de spiritualité ou se former à l’intelligence des Ecritures ? Le Seigneur nous invite à cultiver ainsi les biens qu’il nous donne, chacun selon ses capacités. Ces biens, ce sont la foi, l’espérance et la charité. Allons-nous les enfouir dans la terre ou leur faire porter du fruit en se risquant à y consacrer d’avantage de labeur et de temps ? L’opportunité nous est donnée de sortir de nous-mêmes, de notre sidération, de nos confortables paresses et de nos peurs pour nous remettre en présence du Seigneur, au service des uns et des autres. La joie et l’abondance seront notre salaire, « alors ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres » réceptifs aux justes actions que l’Esprit Saint nous inspire. Amen. 

P. Charles Bonin.

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Dimanche 15 novembre 2020 Homélie du 33ème semaine du Temps Ordinaire  Père Paul BERTHIER

première lecture: Lecture du livre des proverbes                  31, 10-13.  19-20.  30-31

deuxième lecture: Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens         5, 1-6

évangile : selon St Mathieu          25, 14-30

33ème DIMANCHE ORDINAIRE A 2020

Au temps de Jésus, savez-vous ce que représentait un talent ? Les auteurs nous disent qu’il équivalait à 6000  journées de travail d’un ouvrier, soit 20 ans de travail. Au SMIC actuel, ça représente 380 000 €. Ça fait une belle somme. Le Maître en donne cinq au premier serviteur qui va vite le faire fructifier. Il en est de même pour le deuxième avec ses deux talents. Le dernier serviteur de la parabole n’en reçoit qu’un seul et il n’en fait rien du tout. Quand le Maître revient, il lui rend tel quel…

Ça me fait penser à une petite histoire que mon frère Henri racontait. « Un homme avait reçu un tableau de très grande valeur. Mais depuis qu’il avait ce tableau il ne dormait plus : il avait peur qu’on lui vole. Alors il eut l’idée de mettre sur son tableau une couche de peinture qui ne détruirait pas le chef d’œuvre mais qui le cacherait ; puis il demanda à un peintre de lui faire par-dessus un paysage quelconque. Il retrouva son sommeil. »

Quel gâchis ! Cet homme a chez lui un tableau d’une grande beauté, d’un prix inestimable et il ne peut même pas l’admirer parce qu’un jour il s’est laissé prendre par l’inquiétude : il a eu peur.

Pour nous aujourd’hui, les talents ne sont plus de l’argent mais ce sont les dons, les aptitudes que nous avons tous reçus plus ou moins, « selon nos capacités », comme nous le dit l’Evangile. Qu’en faisons-nous de ces dons reçus ?

Une de nos plus grandes richesses n’est-ce pas cette image de lui que Dieu a mise en nous ? Bien souvent nous mettons sur cette image cette affreuse peinture qui va tout voiler, tout abîmer… Nous devenons alors incapables de voir que nous sommes enfants de Dieu. Nous devenons incapables de reconnaître, en ceux qui nous entourent, cette image de Dieu. Nous devenons incapables de reconnaître tout ce que le Seigneur nous donne.

Pourtant, il a mis à notre disposition des richesses incroyables : un esprit vif, une intelligence, un cœur capable d’aimer et beaucoup d’autres encore. Et nous les gardons pour nous. Nous ne les faisons pas fructifier. A quoi servent-ils tous ces dons  sous cet enduit qui les fait disparaître ? Cet enduit, il s’appelle égoïsme, orgueil, envie, désir de richesses etc. Et nous en avons beaucoup de cet enduit…

Oui, notre Dieu nous a comblés. En nous laissant agir libres, il nous a fait entièrement confiance. Il ne nous a jamais dit de cacher nos talents, notre amour.Bien au contraire : « Croissez, multipliez-vous remplissez la terre, soumettez-la. » Dieu nous fait confiance. Il nous confie la terre, l’univers, la création toute entière.

Il est temps de voir ce que l’on peut faire. Nous sommes riches des dons de Dieu. Qui que nous soyons, tels que nous sommes, nous pouvons tous agir. "Ne restons pas endormis comme ceux qui n’ont pas d’espérance, nous dit St. Paul, mais soyons vigilants et restons sobres." 

Le Maître va revenir, il est proche, il est même déjà au milieu de nous ? Ouvrons-nous à sa présence, à sa grâce, à son amour. Gardons confiance en lui, et tous les talents qui nous restent, mettons-les au service de nos frères. Ainsi, un jour, nous pourrons entendre le Seigneur nous appeler et nous inviter : "Viens, serviteur bon et fidèle, entre dans la Joie de ton Maître." 

Père Paul Berthier

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Dimanche 8 novembre 2020 Homélie du 32ème semaine du Temps Ordinaire: Père Charles  BONIN

première lecture: Lecture du livre de la sagesse                6, 12-16

deuxième lecture: Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens        4, 13-18

évangile : selon St Mathieu          25, 1-13

Homélie du Dimanche 8 novembre 2020 32ème semaine du Temps Ordinaire:

Se confiner ne veut pas dire hiberner. Au contraire, la Parole de Dieu nous invite aujourd’hui à veiller et même à se réveiller ! Ce n’est pas fortuit : les perturbations que nous subissons nous donnent  l’occasion de réviser nos agendas habituellement surchargés d’activités dont on se demande maintenant si elles sont vraiment essentielles. Cela nous invite à nous recentrer sur le cœur de notre vie. 

Quelqu’un m’a récemment fait remarquer que le confinement, que l’on comprend en général comme un enfermement, pouvait aussi signifier « aller aux confins », c'est-à-dire au fin fond de soi-même, dans cette intimité profonde où l’on rencontre Dieu. Se confiner, c’est toucher ses limites, entrer au-dedans de soi pour découvrir dans le sanctuaire de sa conscience, débarrassée du superficiel, cette voix qui appelle : « Voici l’époux sortez à sa rencontre ». L’époux c’est celui qui aime et espère d’être aimé en retour, c’est une image de Dieu qui est l’Amour absolu qui nous appelle à aimer comme lui, dans le don de soi. Voilà donc l’essentiel sur lequel nous sommes invités à veiller : la présence de  Dieu dans nos vies. 

Pendant que les insouciants continuent de faire leurs achats comme si de rien n’était, feignant d’ignorer ce monde qui change, bercés de l’illusion de lendemains qui chantent et endormis par les promesses de conséquents subsides ou d’une miraculeuse panacée, les sages entrent pas à pas dans la salle des noces. Veilleurs au cœur ardent, animés de désir, brûlés d’une vive flamme d’amour, prévoyants, ils tiennent leurs lampes allumées cherchant dans les signes des temps, à la lumière de la Parole de vérité, la trace de l’époux qui vient. N’était-il pas annoncé dans les ténèbres de l’iniquité (2 Th2), dans la désolation et l’ébranlement des puissances de ce monde (Lc 21,8-36 ; Mt 24,4-44) ? C’est bien au milieu de la nuit que vient le bien-aimé de cette parabole, peut-être justement parce que c’est dans la nuit qu’on voit le mieux la lumière. Il n’y a donc pas de raison d’avoir peur puisqu’il nous dit par ailleurs : « N’allez pas vous effrayer » (Lc 21,9) « pas un cheveu de votre tête ne périra, c’est par votre constance que vous sauverez vos vies » (Lc 21,18-19). Encore faut-il avoir de l’huile pour allumer sa lampe et discerner l’époux qui s’avance dans l’obscurité. C’est l’huile du baptême, qui assouplit, éclaire, guérit et protège. C’est la constance des saints qui se fonde sur la garde des commandements de Dieu et la foi en Jésus (Ap13,10 ; 14,12). Elle permet aux sages de marcher dans la nuit avec pleine assurance, repérant les obstacles et confiant en celui qui les guide par sa voix. Mais quelle provision en avons-nous fait pour faire resplendir dans nos obscurités le rayonnement de l’espérance que le Christ est présent au milieu de nous ? 

Veiller et sortir à la rencontre de l’époux, c’est ne pas rester hébétés ou terrorisés par ce que nous vivons, c’est s’instruire intelligemment pour en comprendre les enjeux à la lumière de l’Evangile, c’est ranimer les promesses de son baptême par une prière plus fervente, c’est vivre des sacrements de l’Amour qui se donne, voilà la Sagesse pour notre temps. Alors, « Tenez-vous sur vos gardes de peur que vos cœurs ne s’appesantissent » (Lc 21, 34) nous dit Jésus, « Veillez et priez pour avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver» (Lc 21, 36) et entrer joyeusement dans l’alliance que Dieu veut conclure avec nous dans la salle des noces. Amen. 

P. Charles Bonin

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02 Novembre 2021 Homélie POUR LA MESSE DES DÉFUNTS: Père Charles BONIN

première lecture: Lecture de l'apocalypse de Saint Jean                  14,13

deuxième lecture: Lecture de la lettre de saint Paul aux Romains         5, 17-21

évangile : selon St Luc          12, 35-40

Homélie pour la messe des défunts 2 nov 2020

Pourquoi prions-nous aujourd’hui pour les morts ? Pourquoi est-il juste et bon de célébrer des messes à leur intention ? 

C’est en raison de notre espérance en la vie éternelle. En effet, nous croyons, du fait de la résurrection du Christ, qu’un jour nous aussi nous serons transformés « pour que cet être périssable que nous sommes » revête ce qui est impérissable comme l’explique St Paul aux Corinthiens. Toutefois, l’évangile nous dit bien que cela se fait dans un jugement : « Quand le fils de l’homme viendra dans sa gloire, il séparera les hommes les uns des autres comme un berger sépare les brebis des boucs ». « Ceux qui seront trouvés dignes de lui après l’épreuve de cette vie, reposeront dans la paix, ils sont dans la main de Dieu » dit aussi le livre de la sagesse. 

Mais qui peut-être trouvé digne de Dieu ? Quel est le critère de ce jugement ? 

C’est la charité. « Tout ce que vous aurez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères,  c’est à moi que vous l’avez fait ». « Ceux qui ainsi lui sont restés fidèles dit encore le livre de la sagesse resteront dans l’Amour près de lui ». « Au soir de cette vie nous seront jugés sur l’Amour » résume Ste Thérèse de Lisieux. Notre passage sur la terre n’a donc pas d’autre motif, pas d’autre fin que de nous apprendre à aimer, il nous prépare ainsi à voir Dieu face à face, autrement dit à entrer dans la gloire de l’Amour absolu puisque Dieu est amour.

Tout ce qui restera de notre vie sur terre ce sont nos œuvres de charité, tout ce que nous aurons accompli par pur amour. Tout le reste est périssable, voué à la destruction. L’impératif de la charité est donc en vue de nous laisser transfigurer par l’Amour du Christ, pour nous rendre semblable à lui afin que nous le voyions tel qu’il est. 

De la parole de Dieu nous pouvons donc déduire ce qui se passe au jour de notre mort. Si nos actes bons nous ont habitués à l’éclat de l’Amour de Dieu, alors nous entrerons dans sa lumière. Plus nous aurons aimé, plus notre cœur se sera élargi pour recevoir l’amour de Dieu, mieux nous le verrons, plus grande sera notre béatitude. Ceux qui au contraire n’auront vécu que dans les ténèbres du mal au long de leur vie  ne pourront supporter la Gloire de Dieu. Comme éblouis, ils s’en détourneront. L’enfer n’est rien d’autre que la privation infiniment douloureuse de l’amour de Dieu. Entre les deux, le purgatoire est l’état des âmes qui sans se détourner complètement de l’amour de Dieu ont encore besoin d’être purifiées pour le recevoir. Cette attente est douloureuse car elle est une privation du bien pour lequel nous sommes faits mais elle est aussi emplie de l’espérance en la miséricorde de Dieu. C’est pour ces âmes que nous prions, car seules nos prières peuvent leur ouvrir les portes du bonheur éternel. 

Cette prière est en effet un acte de charité au bénéfice de nos frères et sœurs défunts. Implorons donc aujourd’hui pour eux la tendresse du Père et demandons à ceux qui déjà reposent dans la paix de nous fortifier dans l’amour. Qu’ils nous inspirent les moyens de profiter de ce temps de confinement pour redoubler de charité. Gardons le contact les uns avec les autres par téléphone ou tout autre moyen. N’ayons pas de crainte d’utiliser les attestations de déplacement dérogatoire pour aller visiter une personne seule ou fragile. Proposons notre aide aux plus démunis, partageons de ce que nous avons… Alors par notre charité nous avancerons sur le chemin de nos frères et sœurs les saints pour les rejoindre un jour, transfigurés dans la Gloire. Amen.  

Père Charles BONIN

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01 Novembre 2021 Homélie de la TOUSSAINT Père Charles BONIN

première lecture: Lecture de l'apocalypse de Saint Jean                  7, 2-4.  9-14

deuxième lecture: Lecture de la première lettre de saint Jean         3, 1-3

évangile : selon St Matthieu           5, 1-12a

Homélie pour le dimanche de la Toussaint 1erNovembre 2020

« La sainteté pour aujourd’hui. »

Les Béatitudes et l’Apocalypse ! On ne pouvait trouver de texte plus opportun pour les circonstances troublées dans lesquelles nous sommes. 

Jean écrit vraisemblablement l’Apocalypse aux membres d’une communauté persécutée et soumise à de lourdes épreuves pour les encourager et les fortifier. C’est un texte énigmatique, plein de symboles et d’allégories qu’on ne peut pas prendre au pied de la lettre. Il faut pour en décoder les secrets et bien le comprendre le lire à la lumière d’autres textes bibliques. Aujourd’hui, c’est au premier grand discours de Jésus dans l’évangile de Mathieu que cette vision des derniers temps apporte une résonnance particulière et un éclairage sur la sainteté que nous sommes appelés à vivre, à la suite de ceux qui nous précèdent dans la vision béatifique. 

« Qui sont ces gens vêtus de blanc et d’où viennent-ils ? » interroge Jean avant d’assister à la dévastation de la terre. « Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve, ils ont lavé leur vêtement, ils les ont purifié dans le sang de l’agneau ». Jésus explique cette réponse obscure : ce sont les bienheureux :

Les pauvres, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés et ceux que l’on insulte. 

Elles sont étranges ces béatitudes, où le mal et le bien s’enchevêtrent, tels, le bon grain et l’Ivraie, comme s’ils étaient indissociables. C’est le paradoxe au cœur de notre foi, bien rendu par l’image impossible d’un vêtement blanc lavé dans du sang ! C’est le miracle de toute sainteté qui d’un mal fait surgir un bien

Le vêtement dans la bible est signe de protection et de dignité, (pensons à la tunique dont le fils prodigue est revêtu par son père ou à celle dont Jésus est dépouillé au calvaire). Le blanc est signe de pureté et le sang de l’agneau c’est l’image à la fois violente de la passion et de la croix du Christ et le signe de l’Amour absolu jusqu’au don de soi malgré le mal qui s’acharne. Etre saint, c’est donc se laisser purifier et revêtir par l’Amour ainsi manifesté. C’est, comme le Christ, ne pas répondre au mal par le mal, mais être victorieux du mal par le bien(Rm 12,21). C’est chercher l’acte bon à accomplir au moment présent, sans se laisse troubler par les vents contraires, sans céder ni à la colère, ni à la peur, ou au désespoir pour laisser l’espérance triompher de toute souffrance. Voilà l’enjeu de nos vies : avec la grâce du Christ triompher du mal par le bien. 

Prenons un exemple actuel concret : On parle aujourd’hui d’un droit au blasphème. Qu’est-ce qu’un blasphème : une insulte, un manque de respect vis-à-vis de quelqu’un ou de quelque chose considéré comme sacré ou de haute valeur. A-t-on le droit en France de se manquer de respect ? Est-ce une valeur de la république ? Non, c’est un abus de la liberté bonne qui nous est laissé de nous exprimer, pour un mauvais usage. La loi fixe un cadre de vie en société, mais elle ne dit pas ce qui est bien: « Tout est permis mais tout n’est pas profitable » remarque St Paul (1Co10,23). En ce sens, la loi n’est pas un absolu au dessus de tout, elle n’est que l’environnement qui rend possible le meilleur bien à dire et accomplir, mais il nous faut une norme transcendante, la parole de Dieu, la sagesse de l’Esprit pour nous guider vers ce bon usage du droit pour le vrai développement de notre humanité et son plein épanouissement. La sainteté, c’est être docile à cette voix intérieure de la conscience éclairée, qui face à la violence, au manque de respect, à la maladie ou à toute autre souffrance cherche en toute circonstance : quel bien pourrais-je faire aujourd’hui ?Qu’est-ce que Jésus ferait, s’il était à ma place ? 

Ainsi, plus le mal se déchaîne, plus nous avons d’opportunités de déployer en réponse, le bien et la bonté, en réprimant les premiers mouvements négatifs qu’il suscite. C’est cela, la grande épreuve de l’Apocalypse qu’ont traversée les saints. 

Alors, comme cette communauté éprouvée à laquelle s’adresse Jean, comme la pauvre esclave battue Joséphine Bakita, comme le juste Maximilien Kolbe s’offrant à Auschwitz, comme le bon et doux Charles de Jésus assassiné par ceux qu’il aimait, comme les frères de Tibhirine assoiffés de justice et de paix, laissons nous saisir par l’Amour du Christ victorieux du mal et de la mort par la force de vie de sa résurrection. Alors, nous compterons dès aujourd’hui parmi les 144 000 bienheureux (qui au passage, ne sont pas un nombre restreint comme le croient les témoins de Jéhovah dans une lecture trop littérale, mais désignent une multitude). 

C’est la seule espérance qui ne déçoive pas parce qu’elle est une assurance, celle du grand bonheur promis par Dieu. Le voir face à face, c’est vivre d’Amour, répandre la joie, la bonté, la paix fraternelle, quoi qu’il en coûte, comme dirait quelqu’un que nous connaissons bien, mais justement parce que là, ça ne coûte rien… Rien que l’effort de se vaincre soi-même, dans ce que nous avons de moins bon pour laisser émerger ce qu’il y a de meilleur en chacun

Voilà la chance extraordinaire de notre temps pour laquelle nous avons bien des raisons de nous réjouir et d’être dans l’allégresse comme nous y invite l’évangile. Nous vivons une époque formidable pour laisser la foi, l’espérance et la charité triompher des ténèbres de la confusion, de l’ignorance et du doute, du désespoir ou de la haine. C’est cela être saint. Rendons grâce pour tous ceux qui nous ont précédés sur ce chemin et demandons leur de nous apprendre à garder toujours les yeux fixés sur Jésus Christ pour entrer dans la Gloire du Père.      Amen.                                                                                                    

Père Charles BONIN

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01 Novembre 2021 Homélie de la TOUSSAINT Père Paul BERTHIER

première lecture: Lecture de l'apocalypse de Saint Jean                  7, 2-4.  9-14

deuxième lecture: Lecture de la première lettre de saint Jean         3, 1-3

évangile : selon St Matthieu           5, 1-12a

TOUSSAINT  2020

Les grands de ce monde, les petits les anciens, les jeunes, les hommes, les femmes, tous, un jour ou l’autre passeront par la mort. Cette mort qui nous fait si peur. Y a-t-il quelque chose après ? Ya-t-il une autre vie ?

Au siècle des découvertes de l’univers, des fusées, des satellites des stations spatiales, nous sommes incapables de répondre à cette question ; du moins la science est incapable de nous donner une réponse basée sur des preuves solides. Alors la création du monde serait-elle un échec ? Est-ce que tout se terminerait là ? Est-ce que l’homme ne connaîtrait jamais le bonheur à la perfection ? Pourtant toute sa vie, toute son énergie, toute sa philosophie n’auront été qu’une recherche de ce bonheur pour lequel il est créé.

La fête de la Toussaint peut donner quelques réponses à notre désarroi devant une tombe creusée où l’on descend un cercueil. Tous les textes nous le disent, le bonheur existe. Un bonheur total dans un au-delà lumineux. Ce bonheur c’est Dieu qui nous le propose. Dieu qui est infiniment bon veut nous faire partager son amour et sans doute ce sera le sommet du bonheur. Ecoutons ce qu’en dit Ste Thérèse de Lisieux : « Ce que le bon Dieu me réserve après la mort, ce que je pressens de gloire et d’amour dépasse tellement tout ce que l’on peut concevoir que j’en ai le vertige. » Etonnant, non ! St Jean nous l’a dit : « Nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. » Nous resterons bouche bée dans ce moment de joie incroyable qui sera tellement fort qu’il deviendra éternel…

Voilà ce que nous réserve Dieu, voilà ce qu’il nous invite à vivre auprès de lui, voilà sans doute ce que sera notre vie après la mort.

Mais nous pouvons, déjà aujourd’hui découvrir le bonheur : les béatitudes que nous avons entendues sont la recette de ce bonheur. Pour vivre ces béatitudes il nous faut poser les vraies questions : Moi, homme , qui suis-je : un estomac, un outil de production, un fou du volant, un tablier de cuisine ?  Non, il ne s’agit pas de se fier aux apparences, les saints aujourd’hui, ça existe. Ce sont bien souvent les simples, les petits, ceux qui n’ont jamais rien fait d’extraordinaire. Vous vous souvenez bien de la grand-mère qui priait tout le temps son chapelet pour ses petits enfants qui avaient perdu la foi ! Je l’ai bien connue, cette mère de famille qui se cachait pour aller rendre à une vieille dame du village le linge qu’elle venait de laver… Elle était bien connue aussi,  dans la paroisse, cette mère de cinq enfants qui trouvait encore le temps de faire le caté aux enfants… Vous voyez bien, ce sont eux les saints d’aujourd’hui. Vous en avez certainement rencontré. 

Oh non, eux non plus n’étaient pas parfaits : ils avaient leur caractère, leurs manies, leurs défauts…Mais si le ciel n’était ouvert qu’à ceux qui sont sans faute, il serait vide ou presque et Dieu nous aurait bien trompés.

Les saints que nous fêtons aujourd’hui et que nous essayons d’être, ce sont ceux qui ont compris que seuls, nous ne pouvons pas grand-chose. Ce sont tous ceux qui ont mis Dieu dans leur vie, ceux qui se sont dévoués pour les autres, ceux qui ont su pardonner : « Heureux les pauvres, Heureux les doux, Heureux les miséricordieux, Heureux ceux qui ont soif de justice… »

Les saints d’aujourd’hui ce sont ceux qui savent que Dieu seul peut les aider, les guider, les secourir, les pardonner. Ce sont ceux qui savent que c’est Dieu qui les sauve et leur promet le bonheur.

Père  PAUL BERTHIER

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Fête de la dédicace dimanche 25  octobre 2020  Père Charles BONIN

première lecture: Lecture du premier livre des Rois                                       8, 22-23.27-30

deuxième lecture: Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre         2, 4-9

évangile : selon St Matthieu           16, 13-19

Homélie pour la fête de la dédicace

L’Église est fondée sur la profession de foi de Pierre. Sans cette reconnaissance de la divinité de Jésus, il n’y aurait pas d’Église. 

L’Église n’est donc pas seulement prophétique, elle est présence de Dieu parmi les hommes comme l’annonçait déjà le livre des rois à propos du Temple qui préfigurait l’alliance entre Dieu et les hommes pleinement accomplie dans le Christ. 

Mais ce n’est pas seulement le bâtiment, dont nous célébrons la fête aujourd’hui, qui manifeste cette présence visible de Dieu au milieu de son peuple, au cœur de nos villages. C’est aussi nous-mêmes qui sommes les pierres vivantes de cette construction comme le rappelle St Pierre. 

Dieu se révèle aux hommes premièrement en se faisant l’un de nous dans le Christ, Verbe incarné. Ensuite par les apôtres et l’Église fondée sur Pierre qui continue de favoriser et d’entretenir cette relation de l’homme à Dieu. Nos bâtiments en sont les témoins visible et le moyens de cette communication de la grâce. Mais ultimement, c’est nous-mêmes comme membres de cette Église qui devons annoncer les merveilles de Dieu, être demeures de l’Esprit Saint et resplendir de sa lumière. 

Nous devons donc nous interroger : Comment nos églises sont-elles présence de Dieu au monde ? Et comment nous-mêmes sommes présence de Dieu dans le monde. Comment nos bâtiments et nos communautés sont-elles au service de la communion d’alliance entre les hommes et Dieu ? 

Les lectures de ce jour nous proposent trois moyens pour répondre à notre vocation sainte d’être présence de Dieu au milieu du monde. 

            Le premier c’est l’ouverture à Dieu et aux autres : « Entrez dans la construction de la demeure spirituelle et présentez des sacrifices spirituels. » Comment entrer si les portes sont fermées ? Il ne s’agit pas seulement d’ouvrir les portes de nos églises ce qui est pourtant le service minimal que nous devons à nos contemporains, mais il faut encore ouvrir la porte de nos cœurs par la prière qui nous relie à Dieu et à nos frères. Elle est une échelle dressée  entre la terre et le ciel. C’est ce que symbolisent nos clochers mais c’est aussi ce que nous devons vivre à leur ombre en les animant de nos louanges et en nous y rassemblant fraternellement sous le regard de Dieu, et pas seulement pour l’Eucharistie dominicale.  

            Le deuxième moyen, c’est la profession de foi que le Seigneur nous engage à faire à la suite de Pierre. Acte intérieur de confiance en Dieu mais aussi proclamation publique de notre attachement au Christ. Sortons de nos craintes et de nos complexes : Le monde a tant besoin d’une bonne nouvelle, ne soyons pas avares de partager le trésor que nous avons reçu par une annonce explicite et joyeuse de la foi à ceux qui vivent autour de nous. Nous le devons comme une lumière à ceux de nos frères qui se perdent dans les ténèbres. « Vous êtes une nation sainte pour que vous annonciez les merveilles de Dieu » nous dit St Pierre. 

            Le troisième moyen, c’est le lien de la charité. « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans les cieux. Tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans les cieux ». Tous les liens d’amitié vraie demeureront pour l’éternité, tous les conflits que vous aurez dénoués vous seront comptés. La charité ne passera jamais dit St Paul aux Corinthiens (1Co13,8). Les prophéties, elles, passeront mais la présence du Christ dont nous vivons et témoignons en nous reliant ensemble à l’unique nécessaire, elle, demeurera pour toujours : c’est l’éternelle béatitude.

Prière ouverte, annonce explicite et charité active voilà ce qui manifeste la présence de Dieu dans nos vies et dans nos églises, voilà ce qui fera de nous des saints. Ils sont représentés dans nos églises pour nous montrer ce chemin de lumière sur lequel nous sommes appelés, n’attendons pas de les fêter dans quelques jours pour marcher à leur suite, soyons nous aussi, bâtisseurs d’Église.

P. Charles Bonin

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Fête de la dédicace dimanche 25  octobre 2020  Père Paul BERTHIER

première lecture: Lecture du premier livre des Rois                                       8, 22-23.27-30

deuxième lecture: Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre         2, 4-9

évangile : selon St Matthieu           16, 13-19                            DÉDICACE DE L’ÉGLISE ST. BENOIT    25 OCTOBRE 2020

On peut prier Dieu partout mais les églises sont tout de même des lieux privilégiés où l’on peut rencontrer Dieu plus facilement. Déjà, dans l’Ancien Testament Salomon, dans sa prière, se posait la question : « Est-ce que Dieu habiterait notre terre? »  Sa réponse ne fait aucun doute : « Dieu est présent aussi bien sur la terre que dans les cieux. »C’est pourquoi Salomon va bâtir le Temple de Jérusalem. 

Mais Salomon sait très bien que Dieu, personne ne peut le contenir. Il le dit dans sa prière : « Les Cieux et les hauteurs des Cieux ne peuvent te contenir, encore moins cette maison que j’ai bâtie. »Il sait pourtant que Dieu est là et que les fidèles peuvent venir le prier. « Ecoute donc la prière que ton serviteur fera en ce lieu. Ecoute la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël lorsqu’ils prieront en ce lieu. Toi, dans les cieux où tu habites, écoute et pardonne ? »

Autrefois le Temple, aujourd’hui nos églises, voici donc les lieux où Dieu se fait présent pour ses fidèles. Heureusement dans la plupart de nos églises Jésus est présent dans son Eucharistie et là, nous pouvons le rencontrer. «  Approchez-vous de lui », nous dit St Pierre, c’est lui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. »

Notre invitation de ce jour c’est donc de nous approcher de Jésus, de ne pas avoir peur de lui. Peut-être que comme avec ses disciples, il va nous poser des questions. 

Dans le cadre d’une enquête des  jeunes avaient posé aux passants d’une rue commerçante la question : « Pour vous qui est Jésus ? »Ils avaient recueilli beaucoup de réponses : « C’est un grand homme ! Jésus, il est né dans une écurie ! Jésus c’est le Dieu des chrétiens ! Jésus, c’est quelqu’un de formidable comme il en faudrait encore aujourd’hui ! »  

Et si maintenant, Jésus lui-même descendait dans cette allée 

Et posait la question à quelques uns d’entre nous : « Pour vous qui suis-je ? -- C’est à moi, Seigneur que tu t’adresses ?  -- Oui, pour toi, qui suis-je ? Tu es entré dans cette église, tu viens peut-être pour me rencontrer, ou pour te reposer un moment ou même, tout simplement  pour profiter de l’ambiance des lieux ou pour retrouver des amis ? Mais je suis là, c’est là que j’habite, je t’attendais un peu. Un jour tu as été baptisé, tu es donc de ma famille, je reconnais la marque du St Chrême sur ton front »

A toutes ces questions, je ne sais pas ce que vous répondriez. Personnellement je crois que je tomberais aux pieds de Jésus et je lui dirais simplement : « Mon Seigneur et mon Dieu, je t’adore ; augmente ma foi. »

Cette famille dont nous parle Jésus c’est nous tous qui la formons. C’est l’Eglise, non pas l’édifice en pierre dans lequel nous sommes, mais l’ensemble des membres qui vivent d’une même foi, d’un même cœur. Cette Eglise Jésus l’a confiée à Pierre et à ses successeurs : « Sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise. »   

Aujourd’hui ce sont les édifices en pierre dans lesquels nous nous réunissons qui sont à l’honneur. Le jour de sa consécration les colonnes de l’église ont été marquées avec le St Chrême. Ces lieux sont des lieux remplis de sainteté, des lieux où Dieu nous donne rendez-vous, des lieux où Dieu se laisse découvrir : « Pour toi, qui suis-je »

Père Paul BERTHIER

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29° dimanche du temps ordinaire année A : 18 octobre 2020  Père Charles BONIN

première lecture: livre du prophète Isaïe (45, 1. 4-6)

deuxième lecture: première lettre de Saint Paul apôtre aux thessalonissiens (1, 1-5b)

évangile : selon St Matthieu (22, 15-21)

Homélie du 29° Dimanche du temps ordinaire. 

Dimanche de la mission et premières communions à Roybon. 

Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. 

Qu’est-ce qui est à César, Qu’est ce qui est à Dieu ? Que leur devons-nous ? qu’est-ce qu’il est juste et bon de faire ? Tout ce dialogue de Jésus avec les pharisiens pose la question du bien. Quel est le bien fondamental de nos vies ? Qu’est-ce qui est vraiment bon pour nous ? Qu’est-ce qui fait notre bonheur. Qu’est-ce qui nous épanouit ? Nous rend heureux et libres ? L’argent, le plaisir, les loisirs ? Tout cela est bon certes mais est-ce suffisant ? La paix, la justice sociale, l’ordre, la sécurité, la santé ? A tout cela nous devons concourir notamment en payant nos impôts dans l’intérêt général et pour le bien commun dont l’Etat est garant. Mais il ne s’agit encore que d’un cadre, des conditions nécessaires de notre épanouissement, ça reste périphérique, accessoire. Ce sont des moyens mais est-ce la finalité de notre vie ? Alors quel est notre bien propre ? 

Le bien c’est ce pour quoi chaque chose est faite. L’eau est le bien du poisson. Le blé est le bien de la poule, le nectar et le pollen est le bien de l’abeille… Et pour l’homme ? C’est plus complexe car l’homme est composé de corps et d’esprit qui peut se satisfaire de nombreux biens : jouer, travailler, rire. 

Tous pourtant ne sont pas du même niveau. Certains sont de l’ordre du nécessaire vital (manger dormir) d’autres sont de l’ordre du plaisir (jouer, voyager). Mais ce qui nous est spécifique, c’est notre âme spirituelle, la dimension la plus élevée de notre être. Donc le bien propre de l’homme, ce sont les biens spirituel, ce qui nourrit l’âme, l’intelligence et la volonté, ce qui élève vers plus grand que notre nature, qui nous ouvre, nous épanouit spirituellement, c’est à dire nous fait grandir dans la connaissance de la vérité et dans l’amour. Or la vérité et l’Amour c’est Dieu lui-même, source de tout bien. Donc le bien propre de l’homme c’est Dieu. 

L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu dit St Ignace. 

Voilà donc notre bien fondamental, vital, essentiel sans lequel notre humanité se dégrade. Chaque fois que l’homme par son péché se détourne de cette finalité qu’est Dieu, il s’éloigne de son bonheur, il manque un peu de ce pour quoi il est fait, comme une flèche qui tomberait à côté de sa cible. Aujourd’hui beaucoup de gens sont tristes parce qu’ils ont oublié Dieu, ils ont perdu le sens de leur vie, ils ne croient plus ni en la vérité, ni en l’Amour, ils n’ont plus d’espérance.

Pourtant, chaque dimanche à la messe, la vérité et l’Amour nous sont donnés. La messe c’est une rencontre avec Dieu. Il nous parle en vérité, nous éclaire sur ce que nous devons faire pour être heureux, il donne sens et valeur à notre vie, il nous écoute et nous répond comme un ami à son ami. A chaque communion, on accueille tout l’Amour de Dieu pour nous et pour nos frères, on est immergé dans l’Amour et la Vérité. On vit ce pour quoi nous sommes fait, alors on est heureux, toutes nos actions, (manger, faire du sport, se détendre entre amis, travailler…) s’ordonnent et trouvent leur cohérence vers ce bien  ultime qu’est Dieu. 

Nous devons donc être attentif à bien garder ce don et à le cultiver : la vérité et l’amour de Dieu. Le remercier pour cela, lui demander de nous y ouvrir toujours plus voilà le vrai bonheur. Carlo Acutis un jeune de 15 décédé d’une leucémie en 2006 et béatifié la semaine dernière disait : « Si l'on s'approche tous les jours de l’eucharistie on va tout droit au paradis. C’est l’autoroute qui mène au ciel». Voilà ce que nous devons rendre à Dieu : tout l’amour qu’il nous a donné sur la croix en le recevant le plus souvent possible dans un cœur pur et en le partageant avec nos frères. Voilà le cœur de la mission que nous célébrons aujourd’hui : transmettre cette bonne nouvelle de l’Amour de Dieu réellement présent dans ce sacrement.  Si seulement nous avions conscience de cette réalité de la présence de Dieu à chaque messe, on mourrait de bonheur disait le St curé d’Ars. L’Eucharistie, c’est tout l’Amour du cœur de Jésus. 

Retrouvons ce goût de l’Eucharistie, ce sens profond de la messe.Je le demande aux enfants : Jésus vous appelle, là dans le tabernacle pour vous emplir d’amour, ne l’oubliez pas. Je le demande aux parents : ne privez pas vos enfants, vous-même, votre famille d’un si grand bien venez puiser ensemble à cette source de vie. Je le redis à tous, c’est notre trésor le plus précieux et si facile d’accès, c’est notre droit le plus fondamental dont aucune loi ne pourrait nous priver, parce qu’il est le sens même de notre vie. Dans la période troublée que nous traversons avec tant d’incertitude et d’angoisse, devant tant de violence absurde, l’Eucharistie est une source inépuisable de joie, la consolation dans les épreuves, la lumière dans le doute, la paix dans le trouble. 

Ouvrons donc nos églises pour que chacun puisse y rencontrer le Christ, visitons le, participons plus régulièrement à l’Eucharistie, parlons-en autour de nous à tous ceux qui sont dans la peine  et nous verrons nos vies changer. Je prie chacun de s’engager résolument pour cela. et que l’Esprit Saint ouvre nos cœurs et nos intelligences à ce grand mystère que nous allons célébrer pour en recevoir tous les fruits d’amour et de paix.