Ordination diaconale de James Alcantara Almada

Ordination diaconale de James Alcantara Almada

Homélie

Ordination diaconale de James Alcantara Almada Homélie

James, le Seigneur t’a embauché pour travailler à sa vigne comme diacre, serviteur de sa Parole, de la liturgie et de la charité. Tu reçois, aujourd’hui, un don particulier de l’Esprit saint et tu t’engages pour que l’Église, Corps du Christ, grandisse en se nourrissant à la table de la Parole et à celle du Corps du Christ, et qu’elle développe une charité active et missionnaire, particulièrement envers les plus pauvres.

Pour accomplir ta mission avec fécondité, il te faut sans cesse apprendre à entrer dans les pensées de Dieu, qui ne sont pas les pensées des hommes, à connaître les chemins de Dieu qui ne sont pas nos chemins. C’est ce que tu fais depuis le début de ta formation en vue du sacerdoce ministériel, et même déjà depuis ton choix de te mettre à la suite du Christ. Ces pensées de Dieu, longtemps demeurées cachées, nous ont été dévoilées dans le Christ ; les chemins de Dieu sont le Christ Lui-même qui nous conduit vers le Père. En effet, Il a dit de Lui-même : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6).

Comme ministre de la Parole, tu annonceras et transmettras ce que tu auras pris le temps d’écouter, de méditer, de contempler. Les Écritures qui contiennent la Parole de Dieu ne sont pas un recueil de belles paroles que nous pourrions utiliser pour être confortés dans nos propres idées, mais le lieu de la rencontre avec le Christ qui nous décentre de nous-mêmes pour nous introduire dans la pensée de Dieu. Ce que Dieu pense et ce qu’Il veut est bien plus beau et bien plus grand que ce que les hommes pensent et veulent. En nous laissant saisir par la Parole, nous découvrons des horizons infinis qui répondent à la soif de plénitude du cœur humain. Aujourd’hui, il est urgent d’ouvrir ces horizons à nos contemporains en quête de sens, et prisonniers d’un monde sans avenir et sans but. Par l’évangélisation, par la prédication, par la catéchèse et la formation, tu permettras aux hommes et aux femmes, aux jeunes et aux enfants, d’accueillir la lumière de la foi et de grandir dans cette lumière vivifiante.

Comme ministre de la liturgie, serviteur de l’autel et de la communauté, tu aideras les célébrants et les communautés à entrer dans le mystère d’Alliance, scellée dans la mort et la résurrection du Christ. Comme les servants aux noces de Cana, tu prépareras ce qui est nécessaire pour que le vin nouveau coule à flot et que le pain de vie soit distribué à la foule. Tu prépareras ce qui est nécessaire pour que le prêtre, agissant au nom du Christ, puisse célébrer le mémorial de l’unique sacrifice qui sauve le monde. Tu distribueras avec le prêtre le Corps du Christ, Pain de vie donné en nourriture pour la vie du monde.

Comme ministre de la charité, tu veilleras à ce que les plus petits, les plus pauvres, aient toute leur place dans la communauté chrétienne. Ta mission consiste à ce que les derniers soient les premiers. Pourquoi Dieu a-t-Il une préférence pour les derniers ? Parce que Dieu a un cœur de pauvre, Il n’a jamais rien gardé pour Lui et Il mendie notre amour. Jésus, le Fils de Dieu, s’est abaissé jusqu’à prendre la dernière place. En reprenant l’évangile de ce jour, nous voyons que certains ont la chance d’avoir trouvé du travail dès le petit matin, et d’autres un peu plus tard. Puis il y a ceux qui sont restés toute la journée sans rien faire parce que personne ne les a embauchés. À ces derniers, souvent laissés de côté, tu dois manifester la Miséricorde de Dieu. Ils ont du prix aux yeux de Dieu, autant que les premiers qui ont eu la chance d’être embauchés au début du jour. Ces hommes et ces femmes qui ont eu moins de chance dans la vie, qui ont été méprisés, marginalisés, méritent autant que les autres qui ont eu plus de chance. Ils ont autant de valeur car ils ont la même dignité humaine.

Ces multiples ouvriers de la parabole, embauchés à la vigne, même jusqu’à la dernière heure, nous rappellent que la mission pastorale est portée avec d’autres. Ceux qui, avant nous, ont porté le poids du jour et de la chaleur, ceux qui après nous s’engageront, mais aussi ceux qui, avec nous, sont envoyés en mission. C’est toute la communauté chrétienne qui est envoyée en mission, accompagnée par ses pasteurs légitimes. Ensemble, chacun selon les dons reçus de l’Esprit saint, nous poursuivons jusqu’à la fin des temps la mission du Christ. Comme diacre, James, tu auras à encourager tous les fidèles à se mettre au service les uns des autres et de l’annonce de l’Évangile. La charité fraternelle vécue en communauté est un témoignage important aux yeux du monde. Elle est une garantie de crédibilité.

James, en recevant l’ordination diaconale aujourd’hui, tu te lies au diocèse de Grenoble-Vienne. Je n’oublie pas que tu es membre de la communauté Reine de la Paix, née au Brésil, ton pays d’origine. En t’accueillant dans le diocèse, avec tes frères et sœurs de communauté, je me suis engagé à respecter le charisme de votre communauté qui est l’adoration eucharistique et l’évangélisation, et à respecter ton engagement premier. L’incardination qui te lie aujourd’hui, par l’ordination diaconale, à notre diocèse, ne remet pas en cause ton appartenance communautaire. Elle enracine un peu plus la communauté Reine de la Paix dans notre diocèse. Je rends grâce au Seigneur de ce don qu’Il nous a fait à travers toi et tes frères et sœurs, et pour la fécondité de votre présence humble, joyeuse et missionnaire dans le diocèse.

James, tu t’es engagé à la chasteté en vue du Royaume. Le concile Vatican II dit de la chasteté qu’elle est « signe et stimulant de la charité et source particulière de fécondité spirituelle dans le monde » (Cf. Lumen Gentium, 42). Par là, tu signifies ton désir d’être tout à Dieu et tout à tous. Que l’Esprit saint embrase tout ton être du feu du véritable et pur amour !

Tu as renoncé au mariage, tu as quitté ton pays, tu as choisi de vivre pauvrement, tu te donnes à la mission. Quel sera ton salaire ? Ton salaire de ministre ordonné sera le Christ Lui-même, selon la parole de saint Paul dans la deuxième lecture : « pour moi, vivre c’est le Christ ! ». Ton salaire sera aussi d’être comblé de joie en voyant que « les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle » (Mt 11, 5).

Puissent d’autres jeunes de France et d’ailleurs entendre l’appel de Dieu et venir nous rejoindre pour travailler à la vigne du Seigneur en Isère ! Amen !

† Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne